Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-04-02
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 avril 1920 02 avril 1920
Description : 1920/04/02 (Numéro 21431). 1920/04/02 (Numéro 21431).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
SOIXANTIEME ANNÉE. N* 21431
-p- 7y w i ~èwm
Ob 3'aboane aux Bureau du Jbqraal, 5, RUE DES W AMEW5, A Fâias~~t dams tons les Bnreare de Poste
VENDREDI S AVREL 1920
PRIX DE L'ABONNEMENT
PASIS, SEIBS & SHKE-&-0ISE Troismois, 14 fr.; Sixmoia, SS fr.; Un sa, SQ fr,
DÉPART» &3OLOHIESFKAN5&ISÏS. IV fr.; 34 fr.; S3 fr
BHIOH VOSIàZE is fr.; SS fr.; 72 Ss.
IES ABOSWEHENTS BATEKT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (à Paris) IS centSassos
,,• Directeur politique Emile- Adrien Hébrard .<.•
Tortes les lettres destinées à la Eédaction doivent être adrossêes an D&ectaiff
Le Journal ne pouvant répondre des manuscrits communiqués
prie les auteurs d'en garder copie
ABRBSSE TÉLÉGRAPHIQUE TEMPS PAB18
PRIX DE L'ABONNEMENT
TiSIS, SBHE 4 asiHE-4-mSB Troismois, 14 fr.; Sixmois, 33 fr.; Dnsa, 5S
DÉPABT* S COLOHIÏS FRANÇAISES. IV fr.; 34 fr.; @S fr
roiOH POSTALE 18 fr.; 36 fr.; 78 Jt
LES ABOSSBMENTS DATB3T DES 1" ET 16 KE CHAQUE MOIS
tin numéro (départements) s »O centime»
ABHOHC~ Société GÉNÉRALE des ANNONCES, 8, place de la Bourse
ET AUX BUREAUX DU JOURNAL
Le Jottnwl et les Régisseurs déclinent toute responsabilité-, quant à teucttem»
T~1ÉPDolWE clive tHtH
©ntei*6rg «3.07 Q3J0& 03.09 03.32 03&S 1
CSÈ-QUE POSTAI* •• Numéro OO ,1
Y e "°'~n.`
~̃î'àris,- 1er avril
BULLETINJU JOB-R
m REMÈDE DE LA CRiSE ALLEMANDE
M. Millerand a reçu ce matin M. Mayer, le
chargé d'affaires allemand, qui venait de nou-
veau lui parler de la Ruhr. invoquant les ren-
seignements qu'il a reçus de cette région, et
qu'il a fait communiquer à M. Millerand par
M. Mayer, le gouvernement allemand persiste
à penser qu'il peut avoir besoin d'envoyer des
troupes supplémentaires dans la zone démili-
tarisée. Le gouvernement français, toujours
désireux d'éviter une répression sanglante, va
s'efforcer de vérifier les informations qui lui
sont "fournies; car elles ne concordent point
avec celles qu'il a recueillies, et il ne peut rien
changer actuellement à la décision que M. Mil-
lerand a formulée dans sa lettre d'hier.
En > attendant, M. Hermann Millier fait à
Berlin une politique d'équilibre il refuse
de rappeler le général Watter, qui a lancé l'ul-
timatum aux ouvriers de la Ruhr, mais il lui
prescrit de ne pas agir sans l'assentiment d'un
haut-commissaire socialiste, M. Severing.
Entre les menaces du'militarisme et les me-
` naces du syndicalisme, le gouvernement alle-
mand est dans une position difficile. Comment
pourrait-il en sortir, sans verser dans l'un des]
deux dangers qui le guettent? Si. l'on regarde J
la crisé alleji*ande., comme une simple bataille
de partis, l'on ne trouve pas d'issue. Mais les
passions politiques sont ici un effet plutôt
qu'une cause, comme les vagues qui secouent
un navire ne sont elles-mêmes qu'un effet du
vent. La crise actuelle de l'Allemagne, c'est
avant tout un conflit d'intérêts matériels. Dans `
ce pays surpeuplé, qui avait tout aventuré,
dans la guerre et qui a tout perdu, on lutte |
pour savoir qui mangera encore demain.
M. Noske, qui publie dans le Vorweerts de si
curieux plaidoyers,, expliquait dimanche der-
nier l'embarras où il s'est trouvé pour choisir
les officiers de la Reichsivehr. Ce n'étaient pas
les candidats qui manquaient la suppression
de l'ancienne armée allait laisser sans emploi
32,000 officiers de carrière, sans compter ceux
des officiers de complément qui auraient voulu
rester dans le service actif, et sans compter
les sous-officiers qui avaient acquis des droits
à un avancement. Tous voulaient conserver
leur gagne-pain, et cette concurrence n'amé-
liorait ni leur discipline, ni leur moralité
« Quiconque était forcé de partir, sans avoir
en vue une place satisfaisante, était mécontent
et se répandait en reproches. Le besoin de
vivre a produit des intrigues qui étaient pro-
fondément pénibles. Des généraux mêmes
n'ont pas reculé devant les plus vilaines dé-
nonciations, afin d'écarter des rivaux. Plus
d'un qui figurait sur la liste des radiations s'est
présenté à moi comme un démocrate. » Ainsi
parle l'ancien ministre Noske, dont les confes-
KinnK n'p.vfvnKP.nt. li'a'illp.iirs nas Ips fanf.As
Comment s'étonner que ses officiers « démo-
crates » aient trahi la République, lé jour où ils
ont eu l'espoir de rétablir un régime qui les
sourrira.it mieux et les honorerait davantage?
comment s'étonner, surtout, que tout organi-
sateur de pronunçiamiento, que tout prêcheur
s de revanche puisse constamment recruter une>
sorte de garde prétorienne parmi les dizaines
de milliers d'officiers qui ont dû « partir sans
avoir en vue une place satisfaisante »? Croit-on
qu'elles sont pressées de se disperser et d'aller
gagner 'leur vie à la sueur de leur front, ces
jfcroupes réactionnaires que l'on concentre si sin-
gulièrement dans le camp de Lockstedt, entre
l'Elbe et la frontière danoise?
Gagner sa vie, du reste, c'est une tâche qui
devient de plus en plus compliquée. En Alle-
magne comme ailleurs, la vie renchérit sans
'cesse. Quelques jours avant le coup d'Etat de
Berlin, le gouvernement avait fait annoncer
.que le prix du pain subirait une nouvelle aug-
mentation à partir du 15 mars. La population
'des villes attribue cette situation à la cupidité
,des producteurs ruraux et à la rapacité des in-
termédiaires. Aussi l'accord conclu entre le
gouvernement légal et les syndicats, après la
isenirée des ministres à Berlin, contient-il deux
clauses dont les syndicalistes espèrent se servir
pour mettre les cultivateurs et les « accapa-
reurs » à la raison. Dans l'article premier, il est
stipulé que les syndicats d'ouvriers, d'employés
et de fonctionnaires exerceront « une influence
décisive » sur la législation économique du
fbeich. Dans l'article 6, on lit « Prise en charge
g£, îe cas échéant, expropriation des denrées
alimentaires qui sont disponibles. Lutte' plus
intense contre l'accaparement et la fraude, à
ïa ville et à la campagne. Création d'unions qui
Bissureront l'exécution des engagements pris
(j>ar tes producteurs ruraux) et la livraison des
iquaniités promises. On prescrira des peines no-
Mbtes contre ceux qui violeront de mauvaise foi
fteurs engagements. » Ce programme consiste,
en réalité, à placer les campagnes sous le con-
fedle des villes, les paysans sous la domination
ïtes? ,rm-ujr4p?v:
Mais comment obliger le campagnard à li-
v vrer ses récoltes et comment contrôler son tra-
itas!, surtout quand on a la prétention de ne
travailler soi-même que huit heures? Ce n'est
même pas un agriculteur,,mais bien un grand
négociant de Berlin, M. Otto Keinath, qui écri-
vit le 9 mars dans le Berliner Tageblatt « Le
problème central consiste toujours à accroître
la production, à travailler davantage. Ainsi,
ld?après des chiffres qu'on a récemment cités,
le parcours quotidien d'une locomotive n'est
jjlus que de 176 kilomètres en moyenne, alors
cela parce qu'on a changé les conditions du
travail. Voilà ce qui se passe dans une période
où le manque de locomotives est le plus aigu!»
Quand ces réflexions sont signées à Berlin par
te président du syndicat central des commer-
çants en gros, on devine ce que les grands et
petits propriétaires ruraux de la Poméranie ou
du Holstein peuvent penser de la classe ou-
vrière. Ils se disent à coup sûr « Pourquoi
nourrir des fainéants? » Et chaque village a
des fusils, semble-t-il, pour défendra ses
champs ou ses greniers.
Le gouvernement du Reich se figure peut-
#re que des réformes fiscales arrangeront tout:
"FeEe paraît avoir été l'idée de M. Erzberger.
Wais M. Walter Rathenau montrait dimanche
dernier, dans un remarquable article qu'il a
donné à la Gazette de Voss, combien on se
t|ompe en croyant que la première de toutes les
taches est la réorganisation des finances « II
n'en est rien, écrit-il. Si l'on ne réorganise pas
fa. vie économique, les finances recommence-
iFODt perpétuellement à se désorganiser. » M.
iWalter Rathenau déclare qu'on ne peut pas re-
couvrer les impôts multiples et perfectionnés
dont l'Allemagne s'est' dotée, si le 'gouverne-
ment continue à donner l'impression qu'il est
incapable de rétablir la prospérité publique et
si le contribuable est réduit à songer « On
fait des expériences, et j'en suis la victime. On
bavarde, et il n'y a que les sots qui y croient.
On prodigue des consolations, et tout cela ne
'sert à rien. »
C'est pourquoi, s'il existe un remède efficace
contre la crise allemande, il ne peut guère
consister qu'à améliorer la situation écono-j
inique de l'Allemagne. On ne saurait faird
régner à la fois l'ordre et la démocratie, dans
un pays où les différentes classes de la popu-
lation professent les unes envers les autres les
séaûûtfâsfe-iies aaaffiaeés_s.u£ le jcadgait~ie-la..
w- '-̃̃.̃•• ̃• • • -i
Méduse. Mais, améliorer la situation écono-
mique de l'Allemagne, c'est une œuvre qui
exige et l'assentiment, et le concours du gou-
vernement français. La France est disposée à
accorder l'un et l'autre, à mesure que l'Alle-
magne fera des efforts sincères pour respecter
les garanties du traité et pour en tenir les en-
gagements.
«s»
DÉPÊCHES TELEGRAPHIQUES
DES CORRESPOîiDANTS PARTICULIERS DU Qtmps
Madrid, 1« avril.
A partir d'aujourd'hui commence à fonctionner
le service postal aérien entre la France, Barcelone,
Alicante, Malaga et le Maroc.
Washington, 1er avril.
M. Joseph C. Grew, conseiller de l'ambassade des
Etats-Unis d'Amérique à Paris, est nommé minis-
tre des Etats-Unis à Copenhague.
*$•
Les nouveaux douzièmes provisoiros.
Hier, vers trois heures de l'après-midi, le mi-
nistre des finances a déposé sur le bureau du
Sénat le projet de loi, adopté. par la Chambre,
relatif aux douzièmes provisoires demandés
pour le deuxième trimestre de l'exercice en
cours. Or, comme on le sait, les services publics
auraient dû être suspendus ce matin, faute de
crédits et d'autorisation de recettes, si. ces deux
conditions n'avaient pas été remplies avant mi-
nuit premièrement, le vote des douzièmes par
le Sénat; en second lieu, une promulgation ré-
gulière de la loi dans tous les départements.
Il serait difficile d'exagérer l'émotion du Sé-
nat devant les résolutions auxquelles il était
~accuïé. A force d'être traité en quantité négli-
geable, il se révolte, et, dans la séance d'hier, il
a été sur le point de céder à un mouvement de
colère justifié par le souci de sa dignité, de ses
droits et de ses devoirs.
A l'unanimité, sa commission des finances,
mise dans l'impossibilité d'exercer le contrôle 1
dont elle a la charge, décida de limiter à deux
le nombre des douzièmes provisoires à accorder
au gouvernement.
Successivement, le rapporteur général, le
président de la commission des finances, et M.
Ribot ont soutenu la proposition de réduction.
Dans un rapport sommaire, M. Paul Doumer
avait dit
De vérification de dépenses que nous sommes appelés
à autoriser, H n'en existe pas, et c'est. un blanc-seing
que nous donnerons au gouvernement, ou mieux aux 1
administrations et aux services, de dépenser sans comp-
ter, de continuer à gaspiller pendant trois mois.
M. Doumer a repris, avec une énergie qui ré-
pondait visiblement aux sentiments du Sénat,
ce thème des gaspillages qui n'ont même plus
pour s'excuser les improvisations du temps de
guerre. Nos finances sont en proie à une multi-
tude de parasites malfaisants. L'Etat occupe un
personnel improvisé, dont le dénombrement
exact n'est même pas fait, et « qui n'a ni les
qualités administratives, ni les traditions de no-
tre vieille- administration, je veux_, parler de
ses traditions d'honneur, de probité, qui sont
restées intacbes dans notre ancien personnel
administratif ». A cette allusion terrible, accen-
tuée par le légitime hommage qui y est joint,
le Sénat a applaudi.
Par le retour à un budget effectif, rigoureu-
sement contrôlé, et par ce moyen seulement, les
coupes indispensables pourront s'opérer, les
économies se faire, l'ordre et la régularité ren-
trer dans nos finances, les concours dont le
Trésor a besoin, au dedans et au dehors, trou-
ver une base solide. Voter trois nouveaux dou-
zièmes provisoires, ce serait, de l'avis unanime
de la commission, prolonger dangereusement
un état de choses intolérable. A la conclusion
de ce discours, le Sénat aillait-il se rallier?
Peut-être l'eût-il fait, si le débat avait été
circonscrit sur le terrain financier. Mais, répon-
dant à M. Doumer, le président du conseil a aus-
sitôt posé la question de confiance. Le débat de-
venait politique.
Jugeant que l'autorité du gouvernement se-
rait diminuée, si les crédits qu'il a réclamés lui
étaient marchandés, M. Millerand s'est refusé
à s'en tenir aux deux douzièmes offerts. Il a
maintenu le projet de loi voté par la Chambre.
Quel espoir, d'ailleurs, de faire voter, d'ici au
30 juin, par les deux Chambres, le budget
de 1920, avec les impositions nouvelles qu'il
implique?
Le président de la commission des finances et
M. Ribot ont répondu que, si l'on accepte les
trois douzièmes, ce sera un encouragement à
des pertes de temps déplorables. M. Ribot a in-
sisté sur les efforts utiles qu'un délai limité à
deux mois suscitera. Si une impossibilité ma-
térielle se révèle, « on le verra bien, a-t-il dit;
mais, vis-à-vis du pays, et vis-à-vis du monde.
qui nous observe, il faut que nous fassions cet
effort, en nous dégageant de toute autre consi-
dération, et, surtout, des considérations subal-
ternes qui n'ont pas de place dans ce débat ».
Considérations subalternes? M. Millerand ne
l'a pas admis. « Je demande à la commission,
a-t-il déclaré, de ne pas maintenir une propo-
sition que le gouvernement ne pourrait pas
accepter. »
Pour en délibérer, la commission a sollicité
une suspension de séance. Après un long débat,
et seulement « à la majorité », elle s'est incli-
née. Puis, par 280 voix contre 5, le Sénat a voté
le projet comportant l'adjonction de trois nou-
veaux douzièmes provisoires à ceux qui avaient
été ouverts pour le premier trimestre de 1920.
Donc,! trois mois sont donnés encore pour que
le pays soit doté d'un budget normal. Le gou-
vernement s'est engagé à hâter la discussion
des impositions nouvelles. Une crise ministé-
rielle est évitée. Qui pouvait la souhaiter? Mais
qu aucune illusion ne se produise le Sénat est
[as du rôle sacrifié auquel il se voit, depuis si
longtemps, condamné. II compte des compéten-
ces financières, qui s'impatientent, et dont une
utilisation meilleure est à désirer dans l'intérêt
3u pays..
VîGIlÂNCSjréCESSÂIRS
La Chambre s'est occupée hier, avant de se
séparer jusqu'au là avril, des incidents récents
survenus dans deux réunions, l'une tenue au
syndicat des cheminots de l'Est, l'autre à
Rouen. Au syndicat, M. Bidegarray, secrétaire
général de la fédération des cheminots, aurait,
a après le compte rendu de divers journaux,
prononcé un discours au cours duquel il aurait
dit « La lutte ne fait que commencer. Tenez-
vous prêts pour le i" mai. Il vous faudra i
sans doute abandonner le travail et ne pas faire j
seulement la grève des bras croisés. » M. Bi- j
degarray a démenti ces paroles. M. Georges
Barthélemy, député socialiste du Pas-de-Calais, i i
aurait, à Rouen, dit à ses auditeurs, en réunion i
•publique « Il n'est qu'un remède à tout
c'est la révolution sociale à main armée. »
Tels sont les faits, les griefs. Sur le premier,
M. Steeg, ministre de l'intérieur, a confirmé l
le démenti de M. Bidegarray. Sur les discours l
prononcés à la réunion de Rouen, il a annoncé 1 l
que le parquet de cette ville était saisi et qu'il s
était à la fois légal et nécessaire d'attendre les t t
résultats de la poursuite. f
Que tel ou tel propos ait été tenu à telle l
heure, dans telle réunion, qu'il soit démenti- i
de bonne foi ou du bout des lèvres, il n'est
LaS- ~~ae.œm"IwikJthej@,=jj&twill.e,k
de discours, trop d'articles, trop d'actes sem-
blables sont prononcés, écrits, accomplis ou
essayés. Il y a, dans notre pays, en ce aî'omexitï
des socialistes extrémistes, des révolutionnaires
qui, de parti pris, par une action concertée et
incessante, ne veulent pas permettre à la
France de se reconstituer et de vivre. Qu'ils
soient, une minorité, même dans leur parti, ils
le savent. Ils veulent remplacer le nombre in-
suffisant par l'audace croissante. Ils réclament
à grands cris la paix entre les peuples et pré-
parent la guerre entre les citoyens. Et quelle
guerre? plus criminelle, plus odieuse encore,
s'il est possible, que la guerre entre races dif-
férentes, la guerre fratricide entre Français.
Ils vantent l'arbitrage entre les nations; ils le
repoussent entre fils d'un même pays. La crosse
en l'air à l'appel sacré de la patrie, le fusil en
joue contre le voisin de France. La guerre, qui
n'est pas un article d'exportation, devient article
d'importation. L'exemple venu de Russie est le
seul à retenir on traite avec l'Allemand, on
maltraite le compatriote.
Il y a ainsi, en attendant qu'on l'installe par
la force, toute une dictature larvée qu'on entre-
tient, par des essais. Les extrémistes briment,
injurient dans leurs congrès, dans leurs réu-
nions, dans leur conférences, les éléments mo-
dérés qui ont peine à leur tenir tête tant, dans
certains milieux, la sagesse semble trahison
envers le prolétariat; quand elle n'est qu'un
dernier geste de respect envers la patrie, en-
vers la société. Sagesse relative d'ailleurs,
même chez ceux qui résistent aux appels de 1
révolution sanglante. Le moins qu'ils nous of-
fi'ent sont des grèves à répétition, qui font res-
sembler désormais le travail à un spasme entre
deux repos menaçants.
On use trop souvent et avec trop de complai-
sance, par une sorte de rite traditionnel, d'un
mot auquel nous ne saurions souscrire. On
parle du « mysticisme » socialiste, « de ce ver-
balisme mystique dont on essaye d'étourdir la
classe ouvrière », a dit hier le ministre de l'in-
térieur. Il a pu y avoir, à certaines périodes du
romantisme socialiste, une part de mysticité
dans les rêves de quelques-uns des adeptes de
la Cité future. Où donc est le mysticisme dans
ces cris de haine, dans cette fureur de destruc-
tion, dans ces clameurs de vol, de meurtre, de
pillage, de satisfaction des instincts les plus
bas et dés appétits matériels dont s'enorgueil-
lissent les extrémistes? La Cité future ne serait
plus ce lieu apaisé et heureux, cette Salente
dont rêvait Jaurès. Ce serait l'Enfer sanguinaire
où une minorité égarée tenterait d'imposer par
la terreur son exécrable domination. Qui dit
mystique dit rêveur qui marche à l'étoile
et se sacrifie pour une idée. L'extrémiste mo-
derne, le bolcheviste, est un homme pratique
qui marche au pouvoir en sacrifiant les autres.
Voilà pourquoi de telles doctrines répugnent à
notre pays, toujours épris d'idéal, aujourd'hui
avide de calme et d'ordre.
Ces essais anarchiques, ces répétitions de
mobilisation en vue de l'insurrection et de la
révolution ouvertament prêchées, ces appels pu-
blics à la violence et aux conflits « à main ar-
mée » commandent le devoir du gouvernement
et celui de la nation. L'un et l'autre doivent
s'appuyer l'un sur l'autre pour tenir tête, par
es moyens légaux, aux conseillers criminels- -`
les moyens illégaux. Le ministre de l'intérieur
a dit « qu'il avait confiance » pour trois raisons
îu'il a énumérées le concours actif « de ses
collaborateurs pour faire respecter la sécurité
Publique »; celui des forces générales du pays,
< qui sauraient se dresser contre les entreprises
ie subversion dont on le menace »; enfin la
grande majorité des travailleurs « qui n'est pas
disposée à quitter le terrain des revendications
professionnelles pour s'engager dans la voie l,
les révolutions ». Considérations fort justes
isperances légitimes, mais, à côté de ces
noyens en quelque sorte répressifs, qui se pré- |
sentent après coup, il y a les moyens préven-
ifs qui s'emploient avant le mal. La prophy- <
axie est supérieure à la thérapeutique, parce
fu'elle empêche celui-ci de s'installer, parce
[u'elle écarte de l'organisme sain, menacé par (
a contagion extérieure, jusqu'aux possibilités a
tes atteintes funestes.
–<
i L~ RELÈVEMENT 'DES TAXES
S LE RELÈVEilEMT DES TAXES
postales, télégrapMip es eî tiptafiss
Aujourd'hui, 1" avril, entrent en vigueur les
nouvelles taxes postales, télégraphiques et télé-
phoniques établies par la loi du 29 mars 1920.
Constatons, sans les examiner en détail,
quelles sont estimées devoir produire un sup-
[ plément de recettes de 414 millions, pour
une année entière. L'augmentation ressort à
68,75 0/0, par rapport au montant des recettes
qu eut données l'ensemble des taxes précéden-
tes. Celles-ci étaient évaluées, en effet, à 603 mil-
lions.
La surcharge est, évidemment, énorme. Il se-
rait téméraire d'essayer d'en mesurer les ré-
percussions. Suivant que le poids pourra ou
non en' être reporté sur les factures, il pèsera
finalement ici ou là. Des restrictions sont aussi
à appréhender, quant au nombre des corres-
pondances. Le rapporteur de la commission sé-
natoriale des finances, M. Paul Doumer, s'est
bien gardé de tenir pour assurée la rentrée des
414 millions espérés.
Malgré l'importance des aggravations admi-
ses, elles seront loin encore d'avoir permis l'é-
quilibre des dépenses et des recettes des postes,
télégraphes et téléphones. Les dépenses dont il
est fait état dans les calculs présentés par l'ad-
ministration s'élèvent, pour l'année courante, à
1,0*1 millions. Si les rehaussements acceptés
n'avaient pas eu lieu, les recettes totales de
1-annee 1920 n'eussent été que de 603 millions.
Le déficit n'eût donc pas" été moindre de
744 millions.
Les surtaxes ne profitant à l'exercice en
cours que pour neuf douzièmes, soit pour
310 millions environ, le déficit de 1920 ne sera
vraisemblablement pas inférieur à 434 millions.
Quand les nouvelles taxes auront pu être ap-
pliquées à une année entière, et si les dépenses
correspondantes n'ont pas augmenté, le bud-
l get des postes, télégraphes et téléphones lais-
sera un trou de 330 millions.
Le rapport de M. Doumer contient, entre au-
tres renseignements intéressants, une indica-
tion qui montre pour quelle part l'élévation des
traitements figure dans le déficit auquel les
surtaxes actuelles ont pour but de parer en
partie. Les dépenses de personnel se sont ac-
crues, de 1913 à 1920, de 769 millions. Non seu-
lement les 414 millions de nouvelles taxes y au-
ront été engloutis, mais, en fait, la somme des
majorations dont il s'agit dépasse même le chif-
fre de l'ancien déficit total, qui était de 744 mil-
lions. M. Dotteier a formulé, à ce propos, les ¡
observations suivantes
L'accroissement des dépensçs de personnel, de 1913
à 1020, qui monte au chiffre énorme de 769 millions, se
divise en deux parties
10 L'élévation des traitements et salaires du person- I
net, comptant dans le total pour 65i millions;
?" L'augmentation du nombre des fonctionnaires et
agents, qui produit une dépense de 115 millions.
Que l'augmentation des traitements ait été iuévita-
ble, étant donné l'élévation du prix de la vie, personne
n'y contredlra. Mais l'accroissement en nombre du per-
sonnel, dans une proportion aussi forte, est chose con-
testable, surtout quand il s'en faut qu'on ait accru îa
facilité donnée au public pour sa correspondance.
Celui-ci se plaint avec raison, alors que, de 1913 &
1020, le personnel est passé de 116.000 agents à i
146,000, soit une augmentation de 30,01)0. '•'
~e&B~Mia.Naa~u .~s~ 1. d8a&a&.
bonne », ajoute réminent rapporteur de-la com-
mission sénatoriale. Pour quelles causes? Ce se.
rait toute une étude tt faire. L'activité, le zèle
le dévouement sont-ils partout les mêmes? LE
public en a-t-il, suivant l'expression vulgaire
pour son argent? Une organisation, meilleure
est sur le chantier. Le gouvernement a déposé
sur le bureau de la Chambre, le 27 février der-
nier, un projet de réorganisation des services
postaux, télégraphiques et téléphoniques. Espé-
rons, tout au moins, que les dispositions qui en
sortiront n'ajouteront pas aux difficultés ac-
tuelles.
A cet égard, le Sénat a pris une précaution
dont le Temps avait immédiatement signalé la
nécessité. Il a écarté un article que la Chambre
avait introduit, au dernier moment, dans le pro-
jet de loi relatif aux surtaxes, article par lequel
les droits du Sénat eussent été bel et bien
étranglés. Dans le cas, en effet, où la haute
Assemblée n'eût pas « voté » avant le 31 dé-
cembre 1920 la loi instituant l'organisation nou-
velle telle que la Chambre l'aurait arrêtée, tou-
tes les surtaxes établies par la loi du 29 mars
eussent été abolies.
Une pareille clause était inadmissible. Elle
acculait le Sénat à une soumission intolérable,
ou bien à la suppression de recettes qui sont
reconnues indispensables. Le Sénat a montré
que sa vigilance ne serait pas surprise. S'il
avait, par mégarde, laissé passer la disposition
qui le liait, ce n'est pas seulement une somme
d'argent plus de quatre cents millions que
la-loi du 29 mars eût coûté au pays.
«a»
SUR PÔUCHKHSHE
'Mme Hélène Isu&hky donne, dans la Revue des
Deux> Mondes, d'émouvants détails sur 'la vie et
la mort de Pouchkine, puisés pour la plupart
dans les ouvrages biographiques de M. Stehegolef
Un triait tout à fait curieux, c'est que il'auteur
d'Eugène Qnéguine et de Boris Godounof, le fon-
dateur de la poésie russe, diescendait en ligne ma-
ternelle d'un prince d'Abyssinie, Annibal, favori
de Pierre le Grand. Le sang africain se révélait
dans la figure de Pouchkine, dans ses cheveux
crtàpus et ses lièvres épaisses. Se révélait-il dans
ses œuvres? H ne le semble pas, puisqu'elles ont
un caractère essentiellement national. A cet égard,
'l'hérédité n'a rien empêche. Peut-être même fut-
eflite pour une part dans son essor. Gotiîmeau a
soutenu que le sentiment artistique n'était pas
d'origine aryenne, mais nègre. Cet exemple il-
lustre n'apporte-t-il pas, pour une fois, une sorte
de vraisembtoooe à l'étrange paradoxe de l'au-
teur de l'Essai sur l'inégalité des races humaines'!
Mais ce physique de Pouchkine a été l'une des
premières causes de sa mort.
Il .ne fut point aimé de Nathalie Goacharowa,
|eunie fllfe de l'aristocratie péterstoùrgeoise, dont
H s'éprit et qu'i!l épousa en 1831. EMe était mer-
yeHfeusement jolie, mais froid© et d'aine intëlili-
gerace médiocre une poupée de salon. Elile ne
sut pas comprendre la grande âme et l'ardtente
passion de son mari. On les comparait à Vénus
et Vufcakt, et l'on sait que Vuilcain a eu tort. Il a
fallu un autre poète, Théodore dé Banville, pour
rendue justice, âaos Je Forgeron, à ce dieu génial
et'-cord avec sa famille et la société àe Péters'bourg.
Les Goncharof avaient aoeap'tié Pouchkine parce
qu'il était de vieillie noblesse, mais à contre-cœur,
parce qu'il n'était pas 'très riche et qu'ils mépri-
saient sa Hitbérature. Les sifccès (mondains de sa
femme édtipsèrent sa propre gloire, qui ne survi-
vait plus guère que dans le .peuple et dans 'les
provinces. Ses angoisses d'amoureux déçu et cette
pénible hostilité du milieu 'où il vivait te frappè-
rent de stérilité. La date de son mariage est aussi
ïeilre qui cllôt 'la série de ses chefs-d'œuvre. Il
l'eut pas l'énergie de réagir et de produire envers
at contre tous, comme Byron, que sa femme, son
nonde et son pays avaient traité au moins aussi
>ruellement. Pouchkine, plus tendre et plus faible,
'ut désarmé et tout de suite vaincu. Son nom au-
rait mérité de figurer dans le Stello de Vigny, et
levra rester inscrit au martyrologe des poètes
naodifcs et m'éccowiais.
Le baron dAnthes de Heckeren, Alsacien légi-
timiste, émigré en Russie après 1830, devenu
chevalier-garde, bien en cour et fort à la mode
i personnifie cet esprit philistin qui avait anni-
hilé Pouchkine littérairement avant de le suppri-
mer au sens intégral du mot. Ce baron d'Anthès
fit une cour pressante à Mme Pouchkine; il épousa
Catherine Goncharowa, belle-soeur du poète, sans
doute, pour s'introduire dans la famille et se
rapprocher ainsi de oeil a qu'il aimait. Catherine
ne tlui en garda pas rancune ils firent très bon
ménage, et devenu veuf, il la regretta toujours.
Pouchkine ne douta jamais de l'innocence de sa
femme, et la crut simplement coquette la vérité
sur ce/point n'est peut-être pas définitivement
élucidée. Mais il détestait d'Anthès à 'la fois comme
son rivai. et comme le représentant accompli des
idées adverses, comme son parfait ennemi intel-
lectuel. Des 'lettres anonymes déelanchèrent 'le
drame. Dans un duel sans ménagement, Pouchkine
blessa légèrement d'Anthès et fut lui-même blessé
à mort. Il expira deux jours après, à trente-huit
ans, victime de son amour et de son génie. Et
d'Anfihès, rentré en France, finit sénateur du se-
cond Empire. P. S.
-*&
Le règlement de la paix
Les relations économiques franco-allemandes
Une note officieuse publiée à Berlin annonce
que la commission internationale des pays rhénans
a approuvé presque intégralement 'les règles éta-
blies par l'Allemagne au sujet de la réalisation
des importations et le contrôle des exportations.
Cette note ajoute 1
On sait que la France, qui a reculé depuis juillet 1910
l'explication que nous désirions sur la question des
importations, est maintenant décidée à avoir des ex-
plications avec nous. Il est à espérer que les pour-
parlers aboutiront à fermer effectivement le trou doua-
nier à l'ouest et à pouvoir relever notre change et par
contre-coup à améliorer le change français, et qu'enfin
ces pourparlers prépareront la voie à un Iraflc régulier
franco-allemand d'importations et d'exportations.
Un office de vérification et de compensation
à Strasbourg
q»P.our le règlement des dettes et autres obliga-
tions pécuniaires énumérées à l'article 296 du
traité de Versailles, échues à la mise en vigueur
die ce traité et contractées avant te 11 novembre
1918, entre l'empire allemand, ies Etats allemands
ou feurs ressortissants résidant en Allemagne au
moment de 'la anise en vigueur du traité d'une part
et -les Alsaciens et Lorrains résidant en Alsace et
en Lorraine, d'autre part, il est créé à Strasbourg
un office central annexe de vérification et de com- 1
̃pensation dans les conditions prévues aux arti-
c?'es_72 et 296 du traité du 28 juin 1919.
L'office des réclamations de guerre de Stras-
bourg remplira -le rôle et portera le titre d-'bffkvî
central annexe de vérification et de compensation
•pour l'Alsace et ta ̃LonrahM» Cet office est doté de
l'autanoimie financière et de la ipereonmaJifté ci-
vile. y
Le cas de Guillaume II
La Nederland Telegraf Agentschaf dit que la note
des alliés au gouvernement hollandais sur le cas
de Guillaume II peut être considérée comme met-
tant fin à la correspondance échangée à ce propos,
Les relations germano-américaines
On mande de Washington le 31 mars
La 'résolution déclarant que l'état de guerre avec <
l'Aliliem'aign'e a pris fin a été déposée aujourd'hui <
sur le bureau de la Chambre des représentants et ̃"
cenvoiyée à Ba commission. BKe sera discutée vers 1
aâi de la semaine. f (
.1fh~2(t~ioo: m~n. jj~
gomvecn-ement, en alléguant gueGa Ckmstitation m
dooiïe pas au Congrès le droit de déclarer un étal
de ,paix. Le Congrès 'me "peut que demander- au
président die proclamer l'état de paix.
D'autre part le correspondant du T.imes à Washing-
ton expose en ces termes la situation que orée le rejel
du traité par le Sénat américain
Après quelques jours de repos, le Congrès va s(
mettre à l'œuvre afin de rechercher le moyen de
rétablir les relations avec l'Allemagne. La réso-
lution Knox ayant été éliminée, les leaders des
deux Chambres ont rédigé un nouveau projet d<
résolution qui se bornera à déclarer que l'état d<
paix est rétabli.
L'initiative des leaders des deux partis est du*
à l'inaction du président Wilson. On espérait que
M. Wilson suggérerait des mesures destinées à l'é-
tablissement d'un modus vivendi satisfaisant à Is
fois l'Allemagne et les alliés jusqu'au moment où
les Etats-Unis décideraient d'entrer dans une
Société des nations modifiée.
Mais le président continue à garder le silence, e1
bien que personne ne puisse prévoir ce qu'il fera
demain, on estime généralement qu'il se proposE
d'observer à l'égard de la seconde manifestation
du Sénat une attitude de complète inertie. On base
cette opinion sur le sentiment que le présideni
persiste à croire que le pays est derrière lui el
qu'on devait en conséquence lui fournir d'occa-
sion d'exprimer sa façon de penser.
Au surplus, il ne faut pas s imaginer que le pays
dans son ensemble, se préoccupe autant que Was-
hington de cette question du traité. Les nouvelles
ayant trait au traité sont depuis une quinzaine de
jours reléguées dans les colonnes les moins lues
des journaux qui discutent avec beaucoup plus de
passion la campagne présidentielle, les nouvelles
d'Allemagne, les scandales de la police de New-
York, la désorganisation des téléphones, la crise
qes loyers, etc.
Les traités avec l'Autriche et la Bulgarie
Hier, à 'la Chambre des communes, le sous-se-
crétaire d'Etat aux affaires étrangères a déposé
sur le -bureau de la Chambre te projet tendant à
la mise en vigueur des traités de paix avec f Autri-
che et la Bulgarie.
LE SORT DE LA TURQUIE
Les coadittoas de paix
La conférence des ambassadeurs a tenu hïeir à
Londres, sous la présidence dé lord Curzon, deux
séances dans lesquelles ©Me a poursuivi ta discus-
sion des clauses financières relatives au traité de
paix avec la Turquie.
La note de M. Wilson
On mande de Washington
Dans sa note aux affilés, M. Wilson dit que la
portion orientale de la Thrace hors la zone de
Constantinople devrait faire partie intégrante de la
Grèce, à l'exception de la région nord, où la po-
pulation est «nettement bulgare Andrinopie, Kirk-
Killissé et les territoires environnants devraient re-
venir à la Bulgarie. Celle-ci a le droit qu'on fasse
bon accueil à ses revendications territoriales, parce
qu'on l'a forcée à renoncer, sur sa frontière oc-
cidentale, à des territoires et à de nombreux mil-
liers de ressortissants bulgares, à seule fin de don-
ner des positions stratégiques à la Serbie.
Le gouvernement des Etats-Unis voudrait de
plus arnples renseignements avant de prendre une
décision au sujet de la proposition de donner aux
trois grandes puissances méditerranéennes le droit
de fournir à certaines régions dés conseillers et
des inisitruoteurs.
Les frontières assignées à l'Arménie devraient
être teilles qu'elles satisfassent toutes les revendii-
cations arméniennes et comprenaient un accès à la
mer. M. Wilson souhaite que les puissances don-
nent Trébizondie à 1' Arménie.
La Turquie devrait s'en remettre aux puis-
sances du soin de déterminer le sort de Ha Méso-
potamie, de l'Arabie, de la Syrie et des îles.
Le gouvernement américain ne se senit pas en
mesure de formuler une opinion au sujet de
Smyrne, parce qu'il ne possède pas d'informations
suffisantes.
Il a le ferme espoir que 3'on traitera les ques-
tions économiques dams un esprit d'équité pour les
vainqueurs, les vaincus et les 'neutres, mais il
voudrait avoir ,de plus amptles renseignements à
ce sujet.
La situation à Constantinople
Notre correspondant particulier télégraphie de Cons-
tnnlinople
Les alliés ont remis à la Porte une nouvelle
note collective demandant au cabinet de désavouer
officiellement Je mouvement nationaliste. De ce
fait, la situation du cabinet redevient incertaine.
Les forces nationalistes ont occupé Adabazar et
vont constituer un front en face des forces an-
glaises dans le secteur Ismidt.
Le mouvement d'opposition antikemaliste prend
de l'extension dans la région de Bigha; tes partisans
de cette opposition ont occupé Panderma. Leur
groupement pourrait constituer un parti politique
sur lequel s'appuierait à l'avenir un cabinet
« antikemaliste ».
D'autre part, on mande de Constantinople
Une commission parlementaire est partie pour
l'Anatolie. Elle est ehar(gée d'inviter Mous,tapha
Kemal pacha à cesser son attitude hostile envers
l'Entente, ses pe.rsécut ions contre les chrétiens et
à déposer les armes dans le plus bref délai.
Une délégation composée de six musulmans, un
Grec et un Arménien, est arrivée ici, venant de
Bigha. Elle a présenté au sultan une pétition con-
tenant les doléances de la population contre les
exactions des bandes nationalistes.
Hier, la délégation s'est rendue à la Chambre,
et, par l'intermédiaire d'Izzet bey, député des Dar-
daTOlles, a sollicité la Chambre de faire dos dé-
marches auprès du gouvernement afin de mettre
fin aux agissements des nationalistes.
Izzet bey, chef de la délégation, a déclaré :1
« Nous sommes ici pour prier les autorités, le r
sultan, le gouvernement et le Parlement de pren-
ire des mesures énergiques, car la population,
réduite à la misère, est exaspérée. »,
1 Le mandat sur l'Arménie
Une dépêche officieuse de Londres dit que lé
conseil suprême a offert le mandat sur l'Arménie
à Ia,£qciété des nations. Le mandat a trait à l'Etat
arménien tel qu'il existe à l'heure actuelle, c'est-
à-dire y compris la RiâpubMque d'Erivan et les ter-
ritoires turcs avoisinants, avec débouché sur la
mer Noire. La Giliwie est laissée sous la protection
de Ua France selon l'accord Sykes-Picot. Le conseil
de la Société des nations se réunira à Londres
après les fêtes de Pâques pour étudier la question, 1 ¡
LE PROBLÈME RVSSE
Les négociations pcloueJsec
Notre correspondant de Varsovie nous télégraphie à
la date du 31 mars
Je. crois savoir que de gouvernement polonais
envisage pour les conférences ipolono-bolohevietes
une série de mesures propres à restreindre la li-
bevlé de mouvements, et éviter lo cantact indé-
sirable des délégués soviétistes en deçà de la'
ligne du front. A cet effet, bien que le lieu des
négociations doive être Borissof, on semble ne
vouloir procéder à an, échange de vues qu'en 1
wagons-salons devant faire la navette entre Bo-
rissof et un endroit situé sur la rive orientale
de la Bérézina, cette rivière constituant le front
sur ce point. 'Le siège de la délégation polonaise
sera Borissof, et 'la presse, si son admission est
décidée, ne sera probablement pas en état. de dé-
passer cette ville. 1
DANS LE PROCHE OKIENT
Les Yougo-Slaves et l'Allemagne û. 1
On mande de Belgrade r i
̃Opaiformément aux décisions prises à la Con- 5
fér«associés, le traité de paix avec l'A'llamagroe étant j ·
entré on vigueur, te gouvernement a décidé de o
reprendre les rapports diplomatiques avec Ka Ré- ff
poiblique allemande; il a désigné comme chara-é t t
l'affairés de la légation du royaume des Seïtoès, c
Croates et Slovènes à Berlin, M. Raiko VintTo-' t
/itch, directeur do lr* classe à la section eonsu- d
aire et commerciale du miwistère dies affaires j.
étrangères. Le ïwraveau chargé éfaitbiïBe&joaçiiygi v
KHjrBe,pimcbT~'tej3~t
w.v.~
K L'Albanie et le président Wilson
Le président du gouvernement albanais a fait
1 parvenir au président Wilson un mémorandum
détaillé démodant que des droite de l'Albanie
• soient s&uve~dés. Ge (mémoire afifirme que dans
la région de Goritza la majorité de la population
est albanaise. Il conclut en demandant rindépen-
damce de l'Albanie.
DANS LE LEVANT
Le général Gouraud au Liban
On télégraphie de Beyrouth; 28 jpars
Le général Gouraud vient de se- rendre à Tri-
» poli et dans le nord du Liban.
A Tripoli, les hautes autorèbés religieuses,
muftis et évêques, ont fait des déclarations chaleu-
reuses en faveur de la France. Le cadi a vanté
i Ja tolérance que la France seule peut assurer
dans îles rapports entre confessions différentes.
Le général Gouraud a remis un drapeau au 3'
régiment mixte, en présence d'une grande af-
i fluenoe.
Les populations libanaises de Zogorta ont ac-
i cueilli le général avec enthousiasme. Le général
Gouraud a pu difficilement se frayer un passage-
à travers la foule, évaluée à dix mille personnes,
qui acclamaient la France et son représentant.
Ge voyage a été une véritable tournée triom-'
iphaie.
«e»
tes événements f JÉHnape
« Inutile et dangereuse » ces deux mots de
M. Millerand caractérisent à merveille la de-
mande du gouvernement de fîèrîin dvo&upier la
Ruhr. -M est à espérer que ce jugement restera
définitif.
Une entrée de la Reichswehr en fanfare et en
force ̃ quarante ou cinquante mille hommes
est inutile les nouvelles les plus sûres montrent
que les bataillons rouges, laissés sans solde, se
débandent d'eux-mêmes; que les ouvriers sont
'las des désordres et des grèves; qu'il n'y a pas
de munitions; -qu'il n'y a pas de pain. On risque-
rait de verser le sang pour une répression dont se
charge ta disette? La Reichswehr, et ses chefs
surtout, désirent leur revanche de l'échec de Ber-
lin, c'est visible. Tirer sur des révolutionnaires,
écraser des autonomistes, excellent coup double.
Nous ne nous y prêterons pas. Après avoir perdu
la guerre, le parti militaire a manqué le coup
d'Etat. Nous n'allons pas remettre en selle et ra-
mener nous-mêmes sur le Rhin le militarisme
prussien.
Hier, une démarche bien significative a été faite
auprès des alliés la population de la Ruhr, me-
nacée, a envoyé des délégués aux commissaires de
l'Entente pour leur demander de s'opposer à
l'entrée des troupes que Berlin projette d'envoyer.
̃K faut espérer que cette démarche sera comprise
par les autorités assez flottantes et assez per-
plexes que nous avons là-foas. Nous sommes dans
la vérité et fur la bonne voie. Continuons réso-
lument. On a parlé souvent, à propos de tout, du
droit des populations à disposer d'elles-mêmes. Il
serait paradoxal que la seule population qui en
resterait privée fût celle du pays rhénan-west-
phalien, c'est-à-dire une des pdus éclairées et
consciente©- d'elles-antoes qui soient' en' Allema-
gne. La France, du moins, ne sera pas complice.
La fédération ouvrière contre la grève générale
On télégraphie de. Berlin à l'agence Radio
Les (négociations relatives au conflit de la Ruhr
semblent avoir amené déjà une sensible détente.
La fédération ouvrière allemande s'est pronon-
cée catégoriquement mardi contre la grève géné-
rale et tout donne à penser qu'elle exprime l'opi-
nion véritable de la classe ouvrière, qui paraît se
rendre compte qu'une nouvelle explosion de dé-
sordres aboutirait non à l'abolition, mais au ren-
forcement du militarisme.
Le Vorwœrts est vivement irrité contre ceux qui
lancent de fausses nouvelles et des projets de
grève générale qu'i ne feraient qu'envenimer les
choses. L'organe socialiste se prononce pour la
destitution du général Watter.
Le Berliner Tageblatt et tes autres journaux dé-
mocrates écrivent qu'une simple question de per-
sonnes ne doit pas faire échouer les négociations.
Selon la Gazette de Berlin à midi, le gouverne-
ment de l'emipire a reçu un télégramme signé par
'Je bourgmestre de Buisbourg, par 'le parti du cen-
tre et par les partis socialiste et démocrate.
Ce télégramme réclame l'intervention •immé-
diate de la Reichswehr contre l'arbitraire é&s élé-
ments coiramuinisteis de ïa gauche.
Dans le bassin de la Ruar
La situation, dans le bassin industriel, s'est dé-
veloppée selon les négociations en cours. Le com-
missaire civil Severing procède conformément à
ses pouvoirs. Le général Watter n'agit qu'on
exécution des décisions et des décrète du gouver-
nem.ent.
Toutes les nouvelles arrivant de la Ruhr an-
noncent que les derniers décrets ont eu le meil-
leur effet sur ta situation. L'armée rouge se dis-
pense peu à peu. Elle n'a plus ni munitions, ni
vivres. De nombreux groupes de soldats rouges
regagnent leur pays. Cependunit-, quelques révol-
tés continuent à piller.
Le bourgmestre de Mulheim a été chassé par
les communistes qui se sont emparés des stocks
de vivres de la ville.
Le manque de vivres se fait sentir au plus haut
point. La disette est extrême. Jusqu'à présent il
na pu être distribué que deux livres de pain. La
semaine prochaine, il n'y aurait plus ni farine, ni
sommes de terre.
Les troupes rouges exercent partout ia ter-
reur. Des groupes de révoltés se sont fait déli-
vrer des passeports pour l'étranger et une grosse
somme d'argent par .la ville de Duisbourg.
La Gazette générale allemande annonce que îles
troupes de la Reichswchr sont entrées à Harom,
hier mardi, à une heure de l'après-midi.
Suivant le Lokal-Anzeiger, de Berlin, il grève
générale est effective à Essen. Le travail est par-
tout arrêté. Le trafic par chemin de fer est sus-
pendu et 'les gares sont fermées. Seuls ne parti-
cipent pas à la grève générale fesx exploitations ·
servant à la répartition des denrées alimentaires
ainsi que les usines électriques et les services des
eaux.
Le correspondant du Times à Coblentz croit sa-
voir que Dortmund a été investi le 30 mars par
fv. Reichswehr, et on s'attend à la reddition de la
i«y#e d'un moment à l'autre. Les habitante sont
̃absolument sans nourriture.
Une démarche auprès des alliés
On mande de Coblentz, le 31 mars, au Times
Le conseil suprême des ouvriers' a envoyé lundi
soir, par train spécial, une délégation de Cologne
pour se mettre en rapport avec les autorités al-
liées, et leur demander que les alliés ordonnent
l'arrêt de l'invasion de la Ruhr par la Reicliswehr.
Les délégués ont menacé de faire sauter les ponts
et de détruire les mines à moins que l'Entente n'a-
gisse. Le conseil suprême des ouvriers Savait
encore reçu aucune communication des délégués
tard dans la soirée.
Impressions populaires à Berlin
On nous communique les impressions suivantes d'un
Wmoin oculaire des récents coups d'Etat
.Tout bien considéré, ce fut un drame erofces-
que, une opérette avec des morts. Un peuple vouile
et affamé qui recevait des coups de fusil sans
réagir, qu'on provoquait à plaisir pour amener un
œruvement de révotte qui aurait été qualifie" de
ooloheviste; des chefs qui négociaient en sous-
nain, tout en repoussant bruyamment tout com-
>romas, les troupes du coup d'Etat composées de
>aodits s'amusant à tirer au lapin dans la rue et
i épouvanter une foule, possédée à la fois de peur
it de curiosité niaise. Ce spectacle n'a pas fait re-
nonter les Boches dans mon estime. C'est du bé-
ail qu'i ftlera toujours, sous la trique et qui donne
tes coups de cornes à plus faible que lui. Pour-
ant, je crois qu'aujourd'hui ses bergers risquent s
le le fendre enragé. L'aveuglement des partis ma-
OTîtaires, qui ne comprennent pas qu'ayant pro-
oqué une grève générale politique il leur faut
$9E $&&s à ronger au peucle «Bii"a marché douî
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ET AUX BUREAUX DU JOURNAL
Le Jottnwl et les Régisseurs déclinent toute responsabilité-, quant à teucttem»
T~1ÉPDolWE clive tHtH
©ntei*6rg «3.07 Q3J0& 03.09 03.32 03&S 1
CSÈ-QUE POSTAI* •• Numéro OO ,1
Y e "°'~n.`
~̃î'àris,- 1er avril
BULLETINJU JOB-R
m REMÈDE DE LA CRiSE ALLEMANDE
M. Millerand a reçu ce matin M. Mayer, le
chargé d'affaires allemand, qui venait de nou-
veau lui parler de la Ruhr. invoquant les ren-
seignements qu'il a reçus de cette région, et
qu'il a fait communiquer à M. Millerand par
M. Mayer, le gouvernement allemand persiste
à penser qu'il peut avoir besoin d'envoyer des
troupes supplémentaires dans la zone démili-
tarisée. Le gouvernement français, toujours
désireux d'éviter une répression sanglante, va
s'efforcer de vérifier les informations qui lui
sont "fournies; car elles ne concordent point
avec celles qu'il a recueillies, et il ne peut rien
changer actuellement à la décision que M. Mil-
lerand a formulée dans sa lettre d'hier.
En > attendant, M. Hermann Millier fait à
Berlin une politique d'équilibre il refuse
de rappeler le général Watter, qui a lancé l'ul-
timatum aux ouvriers de la Ruhr, mais il lui
prescrit de ne pas agir sans l'assentiment d'un
haut-commissaire socialiste, M. Severing.
Entre les menaces du'militarisme et les me-
` naces du syndicalisme, le gouvernement alle-
mand est dans une position difficile. Comment
pourrait-il en sortir, sans verser dans l'un des]
deux dangers qui le guettent? Si. l'on regarde J
la crisé alleji*ande., comme une simple bataille
de partis, l'on ne trouve pas d'issue. Mais les
passions politiques sont ici un effet plutôt
qu'une cause, comme les vagues qui secouent
un navire ne sont elles-mêmes qu'un effet du
vent. La crise actuelle de l'Allemagne, c'est
avant tout un conflit d'intérêts matériels. Dans `
ce pays surpeuplé, qui avait tout aventuré,
dans la guerre et qui a tout perdu, on lutte |
pour savoir qui mangera encore demain.
M. Noske, qui publie dans le Vorweerts de si
curieux plaidoyers,, expliquait dimanche der-
nier l'embarras où il s'est trouvé pour choisir
les officiers de la Reichsivehr. Ce n'étaient pas
les candidats qui manquaient la suppression
de l'ancienne armée allait laisser sans emploi
32,000 officiers de carrière, sans compter ceux
des officiers de complément qui auraient voulu
rester dans le service actif, et sans compter
les sous-officiers qui avaient acquis des droits
à un avancement. Tous voulaient conserver
leur gagne-pain, et cette concurrence n'amé-
liorait ni leur discipline, ni leur moralité
« Quiconque était forcé de partir, sans avoir
en vue une place satisfaisante, était mécontent
et se répandait en reproches. Le besoin de
vivre a produit des intrigues qui étaient pro-
fondément pénibles. Des généraux mêmes
n'ont pas reculé devant les plus vilaines dé-
nonciations, afin d'écarter des rivaux. Plus
d'un qui figurait sur la liste des radiations s'est
présenté à moi comme un démocrate. » Ainsi
parle l'ancien ministre Noske, dont les confes-
KinnK n'p.vfvnKP.nt. li'a'illp.iirs nas Ips fanf.As
Comment s'étonner que ses officiers « démo-
crates » aient trahi la République, lé jour où ils
ont eu l'espoir de rétablir un régime qui les
sourrira.it mieux et les honorerait davantage?
comment s'étonner, surtout, que tout organi-
sateur de pronunçiamiento, que tout prêcheur
s de revanche puisse constamment recruter une>
sorte de garde prétorienne parmi les dizaines
de milliers d'officiers qui ont dû « partir sans
avoir en vue une place satisfaisante »? Croit-on
qu'elles sont pressées de se disperser et d'aller
gagner 'leur vie à la sueur de leur front, ces
jfcroupes réactionnaires que l'on concentre si sin-
gulièrement dans le camp de Lockstedt, entre
l'Elbe et la frontière danoise?
Gagner sa vie, du reste, c'est une tâche qui
devient de plus en plus compliquée. En Alle-
magne comme ailleurs, la vie renchérit sans
'cesse. Quelques jours avant le coup d'Etat de
Berlin, le gouvernement avait fait annoncer
.que le prix du pain subirait une nouvelle aug-
mentation à partir du 15 mars. La population
'des villes attribue cette situation à la cupidité
,des producteurs ruraux et à la rapacité des in-
termédiaires. Aussi l'accord conclu entre le
gouvernement légal et les syndicats, après la
isenirée des ministres à Berlin, contient-il deux
clauses dont les syndicalistes espèrent se servir
pour mettre les cultivateurs et les « accapa-
reurs » à la raison. Dans l'article premier, il est
stipulé que les syndicats d'ouvriers, d'employés
et de fonctionnaires exerceront « une influence
décisive » sur la législation économique du
fbeich. Dans l'article 6, on lit « Prise en charge
g£, îe cas échéant, expropriation des denrées
alimentaires qui sont disponibles. Lutte' plus
intense contre l'accaparement et la fraude, à
ïa ville et à la campagne. Création d'unions qui
Bissureront l'exécution des engagements pris
(j>ar tes producteurs ruraux) et la livraison des
iquaniités promises. On prescrira des peines no-
Mbtes contre ceux qui violeront de mauvaise foi
fteurs engagements. » Ce programme consiste,
en réalité, à placer les campagnes sous le con-
fedle des villes, les paysans sous la domination
ïtes? ,rm-ujr4p?v:
Mais comment obliger le campagnard à li-
v vrer ses récoltes et comment contrôler son tra-
itas!, surtout quand on a la prétention de ne
travailler soi-même que huit heures? Ce n'est
même pas un agriculteur,,mais bien un grand
négociant de Berlin, M. Otto Keinath, qui écri-
vit le 9 mars dans le Berliner Tageblatt « Le
problème central consiste toujours à accroître
la production, à travailler davantage. Ainsi,
ld?après des chiffres qu'on a récemment cités,
le parcours quotidien d'une locomotive n'est
jjlus que de 176 kilomètres en moyenne, alors
travail. Voilà ce qui se passe dans une période
où le manque de locomotives est le plus aigu!»
Quand ces réflexions sont signées à Berlin par
te président du syndicat central des commer-
çants en gros, on devine ce que les grands et
petits propriétaires ruraux de la Poméranie ou
du Holstein peuvent penser de la classe ou-
vrière. Ils se disent à coup sûr « Pourquoi
nourrir des fainéants? » Et chaque village a
des fusils, semble-t-il, pour défendra ses
champs ou ses greniers.
Le gouvernement du Reich se figure peut-
#re que des réformes fiscales arrangeront tout:
"FeEe paraît avoir été l'idée de M. Erzberger.
Wais M. Walter Rathenau montrait dimanche
dernier, dans un remarquable article qu'il a
donné à la Gazette de Voss, combien on se
t|ompe en croyant que la première de toutes les
taches est la réorganisation des finances « II
n'en est rien, écrit-il. Si l'on ne réorganise pas
fa. vie économique, les finances recommence-
iFODt perpétuellement à se désorganiser. » M.
iWalter Rathenau déclare qu'on ne peut pas re-
couvrer les impôts multiples et perfectionnés
dont l'Allemagne s'est' dotée, si le 'gouverne-
ment continue à donner l'impression qu'il est
incapable de rétablir la prospérité publique et
si le contribuable est réduit à songer « On
fait des expériences, et j'en suis la victime. On
bavarde, et il n'y a que les sots qui y croient.
On prodigue des consolations, et tout cela ne
'sert à rien. »
C'est pourquoi, s'il existe un remède efficace
contre la crise allemande, il ne peut guère
consister qu'à améliorer la situation écono-j
inique de l'Allemagne. On ne saurait faird
régner à la fois l'ordre et la démocratie, dans
un pays où les différentes classes de la popu-
lation professent les unes envers les autres les
séaûûtfâsfe-iies aaaffiaeés_s.u£ le jcadgait~ie-la..
w- '-̃̃.̃•• ̃• • • -i
Méduse. Mais, améliorer la situation écono-
mique de l'Allemagne, c'est une œuvre qui
exige et l'assentiment, et le concours du gou-
vernement français. La France est disposée à
accorder l'un et l'autre, à mesure que l'Alle-
magne fera des efforts sincères pour respecter
les garanties du traité et pour en tenir les en-
gagements.
«s»
DÉPÊCHES TELEGRAPHIQUES
DES CORRESPOîiDANTS PARTICULIERS DU Qtmps
Madrid, 1« avril.
A partir d'aujourd'hui commence à fonctionner
le service postal aérien entre la France, Barcelone,
Alicante, Malaga et le Maroc.
Washington, 1er avril.
M. Joseph C. Grew, conseiller de l'ambassade des
Etats-Unis d'Amérique à Paris, est nommé minis-
tre des Etats-Unis à Copenhague.
*$•
Les nouveaux douzièmes provisoiros.
Hier, vers trois heures de l'après-midi, le mi-
nistre des finances a déposé sur le bureau du
Sénat le projet de loi, adopté. par la Chambre,
relatif aux douzièmes provisoires demandés
pour le deuxième trimestre de l'exercice en
cours. Or, comme on le sait, les services publics
auraient dû être suspendus ce matin, faute de
crédits et d'autorisation de recettes, si. ces deux
conditions n'avaient pas été remplies avant mi-
nuit premièrement, le vote des douzièmes par
le Sénat; en second lieu, une promulgation ré-
gulière de la loi dans tous les départements.
Il serait difficile d'exagérer l'émotion du Sé-
nat devant les résolutions auxquelles il était
~accuïé. A force d'être traité en quantité négli-
geable, il se révolte, et, dans la séance d'hier, il
a été sur le point de céder à un mouvement de
colère justifié par le souci de sa dignité, de ses
droits et de ses devoirs.
A l'unanimité, sa commission des finances,
mise dans l'impossibilité d'exercer le contrôle 1
dont elle a la charge, décida de limiter à deux
le nombre des douzièmes provisoires à accorder
au gouvernement.
Successivement, le rapporteur général, le
président de la commission des finances, et M.
Ribot ont soutenu la proposition de réduction.
Dans un rapport sommaire, M. Paul Doumer
avait dit
De vérification de dépenses que nous sommes appelés
à autoriser, H n'en existe pas, et c'est. un blanc-seing
que nous donnerons au gouvernement, ou mieux aux 1
administrations et aux services, de dépenser sans comp-
ter, de continuer à gaspiller pendant trois mois.
M. Doumer a repris, avec une énergie qui ré-
pondait visiblement aux sentiments du Sénat,
ce thème des gaspillages qui n'ont même plus
pour s'excuser les improvisations du temps de
guerre. Nos finances sont en proie à une multi-
tude de parasites malfaisants. L'Etat occupe un
personnel improvisé, dont le dénombrement
exact n'est même pas fait, et « qui n'a ni les
qualités administratives, ni les traditions de no-
tre vieille- administration, je veux_, parler de
ses traditions d'honneur, de probité, qui sont
restées intacbes dans notre ancien personnel
administratif ». A cette allusion terrible, accen-
tuée par le légitime hommage qui y est joint,
le Sénat a applaudi.
Par le retour à un budget effectif, rigoureu-
sement contrôlé, et par ce moyen seulement, les
coupes indispensables pourront s'opérer, les
économies se faire, l'ordre et la régularité ren-
trer dans nos finances, les concours dont le
Trésor a besoin, au dedans et au dehors, trou-
ver une base solide. Voter trois nouveaux dou-
zièmes provisoires, ce serait, de l'avis unanime
de la commission, prolonger dangereusement
un état de choses intolérable. A la conclusion
de ce discours, le Sénat aillait-il se rallier?
Peut-être l'eût-il fait, si le débat avait été
circonscrit sur le terrain financier. Mais, répon-
dant à M. Doumer, le président du conseil a aus-
sitôt posé la question de confiance. Le débat de-
venait politique.
Jugeant que l'autorité du gouvernement se-
rait diminuée, si les crédits qu'il a réclamés lui
étaient marchandés, M. Millerand s'est refusé
à s'en tenir aux deux douzièmes offerts. Il a
maintenu le projet de loi voté par la Chambre.
Quel espoir, d'ailleurs, de faire voter, d'ici au
30 juin, par les deux Chambres, le budget
de 1920, avec les impositions nouvelles qu'il
implique?
Le président de la commission des finances et
M. Ribot ont répondu que, si l'on accepte les
trois douzièmes, ce sera un encouragement à
des pertes de temps déplorables. M. Ribot a in-
sisté sur les efforts utiles qu'un délai limité à
deux mois suscitera. Si une impossibilité ma-
térielle se révèle, « on le verra bien, a-t-il dit;
mais, vis-à-vis du pays, et vis-à-vis du monde.
qui nous observe, il faut que nous fassions cet
effort, en nous dégageant de toute autre consi-
dération, et, surtout, des considérations subal-
ternes qui n'ont pas de place dans ce débat ».
Considérations subalternes? M. Millerand ne
l'a pas admis. « Je demande à la commission,
a-t-il déclaré, de ne pas maintenir une propo-
sition que le gouvernement ne pourrait pas
accepter. »
Pour en délibérer, la commission a sollicité
une suspension de séance. Après un long débat,
et seulement « à la majorité », elle s'est incli-
née. Puis, par 280 voix contre 5, le Sénat a voté
le projet comportant l'adjonction de trois nou-
veaux douzièmes provisoires à ceux qui avaient
été ouverts pour le premier trimestre de 1920.
Donc,! trois mois sont donnés encore pour que
le pays soit doté d'un budget normal. Le gou-
vernement s'est engagé à hâter la discussion
des impositions nouvelles. Une crise ministé-
rielle est évitée. Qui pouvait la souhaiter? Mais
qu aucune illusion ne se produise le Sénat est
[as du rôle sacrifié auquel il se voit, depuis si
longtemps, condamné. II compte des compéten-
ces financières, qui s'impatientent, et dont une
utilisation meilleure est à désirer dans l'intérêt
3u pays..
VîGIlÂNCSjréCESSÂIRS
La Chambre s'est occupée hier, avant de se
séparer jusqu'au là avril, des incidents récents
survenus dans deux réunions, l'une tenue au
syndicat des cheminots de l'Est, l'autre à
Rouen. Au syndicat, M. Bidegarray, secrétaire
général de la fédération des cheminots, aurait,
a après le compte rendu de divers journaux,
prononcé un discours au cours duquel il aurait
dit « La lutte ne fait que commencer. Tenez-
vous prêts pour le i" mai. Il vous faudra i
sans doute abandonner le travail et ne pas faire j
seulement la grève des bras croisés. » M. Bi- j
degarray a démenti ces paroles. M. Georges
Barthélemy, député socialiste du Pas-de-Calais, i i
aurait, à Rouen, dit à ses auditeurs, en réunion i
•publique « Il n'est qu'un remède à tout
c'est la révolution sociale à main armée. »
Tels sont les faits, les griefs. Sur le premier,
M. Steeg, ministre de l'intérieur, a confirmé l
le démenti de M. Bidegarray. Sur les discours l
prononcés à la réunion de Rouen, il a annoncé 1 l
que le parquet de cette ville était saisi et qu'il s
était à la fois légal et nécessaire d'attendre les t t
résultats de la poursuite. f
Que tel ou tel propos ait été tenu à telle l
heure, dans telle réunion, qu'il soit démenti- i
de bonne foi ou du bout des lèvres, il n'est
LaS- ~~ae.œm"IwikJthej@,=jj&twill.e,k
de discours, trop d'articles, trop d'actes sem-
blables sont prononcés, écrits, accomplis ou
essayés. Il y a, dans notre pays, en ce aî'omexitï
des socialistes extrémistes, des révolutionnaires
qui, de parti pris, par une action concertée et
incessante, ne veulent pas permettre à la
France de se reconstituer et de vivre. Qu'ils
soient, une minorité, même dans leur parti, ils
le savent. Ils veulent remplacer le nombre in-
suffisant par l'audace croissante. Ils réclament
à grands cris la paix entre les peuples et pré-
parent la guerre entre les citoyens. Et quelle
guerre? plus criminelle, plus odieuse encore,
s'il est possible, que la guerre entre races dif-
férentes, la guerre fratricide entre Français.
Ils vantent l'arbitrage entre les nations; ils le
repoussent entre fils d'un même pays. La crosse
en l'air à l'appel sacré de la patrie, le fusil en
joue contre le voisin de France. La guerre, qui
n'est pas un article d'exportation, devient article
d'importation. L'exemple venu de Russie est le
seul à retenir on traite avec l'Allemand, on
maltraite le compatriote.
Il y a ainsi, en attendant qu'on l'installe par
la force, toute une dictature larvée qu'on entre-
tient, par des essais. Les extrémistes briment,
injurient dans leurs congrès, dans leurs réu-
nions, dans leur conférences, les éléments mo-
dérés qui ont peine à leur tenir tête tant, dans
certains milieux, la sagesse semble trahison
envers le prolétariat; quand elle n'est qu'un
dernier geste de respect envers la patrie, en-
vers la société. Sagesse relative d'ailleurs,
même chez ceux qui résistent aux appels de 1
révolution sanglante. Le moins qu'ils nous of-
fi'ent sont des grèves à répétition, qui font res-
sembler désormais le travail à un spasme entre
deux repos menaçants.
On use trop souvent et avec trop de complai-
sance, par une sorte de rite traditionnel, d'un
mot auquel nous ne saurions souscrire. On
parle du « mysticisme » socialiste, « de ce ver-
balisme mystique dont on essaye d'étourdir la
classe ouvrière », a dit hier le ministre de l'in-
térieur. Il a pu y avoir, à certaines périodes du
romantisme socialiste, une part de mysticité
dans les rêves de quelques-uns des adeptes de
la Cité future. Où donc est le mysticisme dans
ces cris de haine, dans cette fureur de destruc-
tion, dans ces clameurs de vol, de meurtre, de
pillage, de satisfaction des instincts les plus
bas et dés appétits matériels dont s'enorgueil-
lissent les extrémistes? La Cité future ne serait
plus ce lieu apaisé et heureux, cette Salente
dont rêvait Jaurès. Ce serait l'Enfer sanguinaire
où une minorité égarée tenterait d'imposer par
la terreur son exécrable domination. Qui dit
mystique dit rêveur qui marche à l'étoile
et se sacrifie pour une idée. L'extrémiste mo-
derne, le bolcheviste, est un homme pratique
qui marche au pouvoir en sacrifiant les autres.
Voilà pourquoi de telles doctrines répugnent à
notre pays, toujours épris d'idéal, aujourd'hui
avide de calme et d'ordre.
Ces essais anarchiques, ces répétitions de
mobilisation en vue de l'insurrection et de la
révolution ouvertament prêchées, ces appels pu-
blics à la violence et aux conflits « à main ar-
mée » commandent le devoir du gouvernement
et celui de la nation. L'un et l'autre doivent
s'appuyer l'un sur l'autre pour tenir tête, par
es moyens légaux, aux conseillers criminels- -`
les moyens illégaux. Le ministre de l'intérieur
a dit « qu'il avait confiance » pour trois raisons
îu'il a énumérées le concours actif « de ses
collaborateurs pour faire respecter la sécurité
Publique »; celui des forces générales du pays,
< qui sauraient se dresser contre les entreprises
ie subversion dont on le menace »; enfin la
grande majorité des travailleurs « qui n'est pas
disposée à quitter le terrain des revendications
professionnelles pour s'engager dans la voie l,
les révolutions ». Considérations fort justes
isperances légitimes, mais, à côté de ces
noyens en quelque sorte répressifs, qui se pré- |
sentent après coup, il y a les moyens préven-
ifs qui s'emploient avant le mal. La prophy- <
axie est supérieure à la thérapeutique, parce
fu'elle empêche celui-ci de s'installer, parce
[u'elle écarte de l'organisme sain, menacé par (
a contagion extérieure, jusqu'aux possibilités a
tes atteintes funestes.
–<
i L~ RELÈVEMENT 'DES TAXES
S LE RELÈVEilEMT DES TAXES
postales, télégrapMip es eî tiptafiss
Aujourd'hui, 1" avril, entrent en vigueur les
nouvelles taxes postales, télégraphiques et télé-
phoniques établies par la loi du 29 mars 1920.
Constatons, sans les examiner en détail,
quelles sont estimées devoir produire un sup-
[ plément de recettes de 414 millions, pour
une année entière. L'augmentation ressort à
68,75 0/0, par rapport au montant des recettes
qu eut données l'ensemble des taxes précéden-
tes. Celles-ci étaient évaluées, en effet, à 603 mil-
lions.
La surcharge est, évidemment, énorme. Il se-
rait téméraire d'essayer d'en mesurer les ré-
percussions. Suivant que le poids pourra ou
non en' être reporté sur les factures, il pèsera
finalement ici ou là. Des restrictions sont aussi
à appréhender, quant au nombre des corres-
pondances. Le rapporteur de la commission sé-
natoriale des finances, M. Paul Doumer, s'est
bien gardé de tenir pour assurée la rentrée des
414 millions espérés.
Malgré l'importance des aggravations admi-
ses, elles seront loin encore d'avoir permis l'é-
quilibre des dépenses et des recettes des postes,
télégraphes et téléphones. Les dépenses dont il
est fait état dans les calculs présentés par l'ad-
ministration s'élèvent, pour l'année courante, à
1,0*1 millions. Si les rehaussements acceptés
n'avaient pas eu lieu, les recettes totales de
1-annee 1920 n'eussent été que de 603 millions.
Le déficit n'eût donc pas" été moindre de
744 millions.
Les surtaxes ne profitant à l'exercice en
cours que pour neuf douzièmes, soit pour
310 millions environ, le déficit de 1920 ne sera
vraisemblablement pas inférieur à 434 millions.
Quand les nouvelles taxes auront pu être ap-
pliquées à une année entière, et si les dépenses
correspondantes n'ont pas augmenté, le bud-
l get des postes, télégraphes et téléphones lais-
sera un trou de 330 millions.
Le rapport de M. Doumer contient, entre au-
tres renseignements intéressants, une indica-
tion qui montre pour quelle part l'élévation des
traitements figure dans le déficit auquel les
surtaxes actuelles ont pour but de parer en
partie. Les dépenses de personnel se sont ac-
crues, de 1913 à 1920, de 769 millions. Non seu-
lement les 414 millions de nouvelles taxes y au-
ront été engloutis, mais, en fait, la somme des
majorations dont il s'agit dépasse même le chif-
fre de l'ancien déficit total, qui était de 744 mil-
lions. M. Dotteier a formulé, à ce propos, les ¡
observations suivantes
L'accroissement des dépensçs de personnel, de 1913
à 1020, qui monte au chiffre énorme de 769 millions, se
divise en deux parties
10 L'élévation des traitements et salaires du person- I
net, comptant dans le total pour 65i millions;
?" L'augmentation du nombre des fonctionnaires et
agents, qui produit une dépense de 115 millions.
Que l'augmentation des traitements ait été iuévita-
ble, étant donné l'élévation du prix de la vie, personne
n'y contredlra. Mais l'accroissement en nombre du per-
sonnel, dans une proportion aussi forte, est chose con-
testable, surtout quand il s'en faut qu'on ait accru îa
facilité donnée au public pour sa correspondance.
Celui-ci se plaint avec raison, alors que, de 1913 &
1020, le personnel est passé de 116.000 agents à i
146,000, soit une augmentation de 30,01)0. '•'
~e&B~Mia.Naa~u .~s~ 1. d8a&a&.
bonne », ajoute réminent rapporteur de-la com-
mission sénatoriale. Pour quelles causes? Ce se.
rait toute une étude tt faire. L'activité, le zèle
le dévouement sont-ils partout les mêmes? LE
public en a-t-il, suivant l'expression vulgaire
pour son argent? Une organisation, meilleure
est sur le chantier. Le gouvernement a déposé
sur le bureau de la Chambre, le 27 février der-
nier, un projet de réorganisation des services
postaux, télégraphiques et téléphoniques. Espé-
rons, tout au moins, que les dispositions qui en
sortiront n'ajouteront pas aux difficultés ac-
tuelles.
A cet égard, le Sénat a pris une précaution
dont le Temps avait immédiatement signalé la
nécessité. Il a écarté un article que la Chambre
avait introduit, au dernier moment, dans le pro-
jet de loi relatif aux surtaxes, article par lequel
les droits du Sénat eussent été bel et bien
étranglés. Dans le cas, en effet, où la haute
Assemblée n'eût pas « voté » avant le 31 dé-
cembre 1920 la loi instituant l'organisation nou-
velle telle que la Chambre l'aurait arrêtée, tou-
tes les surtaxes établies par la loi du 29 mars
eussent été abolies.
Une pareille clause était inadmissible. Elle
acculait le Sénat à une soumission intolérable,
ou bien à la suppression de recettes qui sont
reconnues indispensables. Le Sénat a montré
que sa vigilance ne serait pas surprise. S'il
avait, par mégarde, laissé passer la disposition
qui le liait, ce n'est pas seulement une somme
d'argent plus de quatre cents millions que
la-loi du 29 mars eût coûté au pays.
«a»
SUR PÔUCHKHSHE
'Mme Hélène Isu&hky donne, dans la Revue des
Deux> Mondes, d'émouvants détails sur 'la vie et
la mort de Pouchkine, puisés pour la plupart
dans les ouvrages biographiques de M. Stehegolef
Un triait tout à fait curieux, c'est que il'auteur
d'Eugène Qnéguine et de Boris Godounof, le fon-
dateur de la poésie russe, diescendait en ligne ma-
ternelle d'un prince d'Abyssinie, Annibal, favori
de Pierre le Grand. Le sang africain se révélait
dans la figure de Pouchkine, dans ses cheveux
crtàpus et ses lièvres épaisses. Se révélait-il dans
ses œuvres? H ne le semble pas, puisqu'elles ont
un caractère essentiellement national. A cet égard,
'l'hérédité n'a rien empêche. Peut-être même fut-
eflite pour une part dans son essor. Gotiîmeau a
soutenu que le sentiment artistique n'était pas
d'origine aryenne, mais nègre. Cet exemple il-
lustre n'apporte-t-il pas, pour une fois, une sorte
de vraisembtoooe à l'étrange paradoxe de l'au-
teur de l'Essai sur l'inégalité des races humaines'!
Mais ce physique de Pouchkine a été l'une des
premières causes de sa mort.
Il .ne fut point aimé de Nathalie Goacharowa,
|eunie fllfe de l'aristocratie péterstoùrgeoise, dont
H s'éprit et qu'i!l épousa en 1831. EMe était mer-
yeHfeusement jolie, mais froid© et d'aine intëlili-
gerace médiocre une poupée de salon. Elile ne
sut pas comprendre la grande âme et l'ardtente
passion de son mari. On les comparait à Vénus
et Vufcakt, et l'on sait que Vuilcain a eu tort. Il a
fallu un autre poète, Théodore dé Banville, pour
rendue justice, âaos Je Forgeron, à ce dieu génial
et'-
Les Goncharof avaient aoeap'tié Pouchkine parce
qu'il était de vieillie noblesse, mais à contre-cœur,
parce qu'il n'était pas 'très riche et qu'ils mépri-
saient sa Hitbérature. Les sifccès (mondains de sa
femme édtipsèrent sa propre gloire, qui ne survi-
vait plus guère que dans le .peuple et dans 'les
provinces. Ses angoisses d'amoureux déçu et cette
pénible hostilité du milieu 'où il vivait te frappè-
rent de stérilité. La date de son mariage est aussi
ïeilre qui cllôt 'la série de ses chefs-d'œuvre. Il
l'eut pas l'énergie de réagir et de produire envers
at contre tous, comme Byron, que sa femme, son
nonde et son pays avaient traité au moins aussi
>ruellement. Pouchkine, plus tendre et plus faible,
'ut désarmé et tout de suite vaincu. Son nom au-
rait mérité de figurer dans le Stello de Vigny, et
levra rester inscrit au martyrologe des poètes
naodifcs et m'éccowiais.
Le baron dAnthes de Heckeren, Alsacien légi-
timiste, émigré en Russie après 1830, devenu
chevalier-garde, bien en cour et fort à la mode
i personnifie cet esprit philistin qui avait anni-
hilé Pouchkine littérairement avant de le suppri-
mer au sens intégral du mot. Ce baron d'Anthès
fit une cour pressante à Mme Pouchkine; il épousa
Catherine Goncharowa, belle-soeur du poète, sans
doute, pour s'introduire dans la famille et se
rapprocher ainsi de oeil a qu'il aimait. Catherine
ne tlui en garda pas rancune ils firent très bon
ménage, et devenu veuf, il la regretta toujours.
Pouchkine ne douta jamais de l'innocence de sa
femme, et la crut simplement coquette la vérité
sur ce/point n'est peut-être pas définitivement
élucidée. Mais il détestait d'Anthès à 'la fois comme
son rivai. et comme le représentant accompli des
idées adverses, comme son parfait ennemi intel-
lectuel. Des 'lettres anonymes déelanchèrent 'le
drame. Dans un duel sans ménagement, Pouchkine
blessa légèrement d'Anthès et fut lui-même blessé
à mort. Il expira deux jours après, à trente-huit
ans, victime de son amour et de son génie. Et
d'Anfihès, rentré en France, finit sénateur du se-
cond Empire. P. S.
-*&
Le règlement de la paix
Les relations économiques franco-allemandes
Une note officieuse publiée à Berlin annonce
que la commission internationale des pays rhénans
a approuvé presque intégralement 'les règles éta-
blies par l'Allemagne au sujet de la réalisation
des importations et le contrôle des exportations.
Cette note ajoute 1
On sait que la France, qui a reculé depuis juillet 1910
l'explication que nous désirions sur la question des
importations, est maintenant décidée à avoir des ex-
plications avec nous. Il est à espérer que les pour-
parlers aboutiront à fermer effectivement le trou doua-
nier à l'ouest et à pouvoir relever notre change et par
contre-coup à améliorer le change français, et qu'enfin
ces pourparlers prépareront la voie à un Iraflc régulier
franco-allemand d'importations et d'exportations.
Un office de vérification et de compensation
à Strasbourg
q»P.our le règlement des dettes et autres obliga-
tions pécuniaires énumérées à l'article 296 du
traité de Versailles, échues à la mise en vigueur
die ce traité et contractées avant te 11 novembre
1918, entre l'empire allemand, ies Etats allemands
ou feurs ressortissants résidant en Allemagne au
moment de 'la anise en vigueur du traité d'une part
et -les Alsaciens et Lorrains résidant en Alsace et
en Lorraine, d'autre part, il est créé à Strasbourg
un office central annexe de vérification et de com- 1
̃pensation dans les conditions prévues aux arti-
c?'es_72 et 296 du traité du 28 juin 1919.
L'office des réclamations de guerre de Stras-
bourg remplira -le rôle et portera le titre d-'bffkvî
central annexe de vérification et de compensation
•pour l'Alsace et ta ̃LonrahM» Cet office est doté de
l'autanoimie financière et de la ipereonmaJifté ci-
vile. y
Le cas de Guillaume II
La Nederland Telegraf Agentschaf dit que la note
des alliés au gouvernement hollandais sur le cas
de Guillaume II peut être considérée comme met-
tant fin à la correspondance échangée à ce propos,
Les relations germano-américaines
On mande de Washington le 31 mars
La 'résolution déclarant que l'état de guerre avec <
l'Aliliem'aign'e a pris fin a été déposée aujourd'hui <
sur le bureau de la Chambre des représentants et ̃"
cenvoiyée à Ba commission. BKe sera discutée vers 1
aâi de la semaine. f (
.1fh~2(t~ioo: m~n. jj~
gomvecn-ement, en alléguant gueGa Ckmstitation m
dooiïe pas au Congrès le droit de déclarer un étal
de ,paix. Le Congrès 'me "peut que demander- au
président die proclamer l'état de paix.
D'autre part le correspondant du T.imes à Washing-
ton expose en ces termes la situation que orée le rejel
du traité par le Sénat américain
Après quelques jours de repos, le Congrès va s(
mettre à l'œuvre afin de rechercher le moyen de
rétablir les relations avec l'Allemagne. La réso-
lution Knox ayant été éliminée, les leaders des
deux Chambres ont rédigé un nouveau projet d<
résolution qui se bornera à déclarer que l'état d<
paix est rétabli.
L'initiative des leaders des deux partis est du*
à l'inaction du président Wilson. On espérait que
M. Wilson suggérerait des mesures destinées à l'é-
tablissement d'un modus vivendi satisfaisant à Is
fois l'Allemagne et les alliés jusqu'au moment où
les Etats-Unis décideraient d'entrer dans une
Société des nations modifiée.
Mais le président continue à garder le silence, e1
bien que personne ne puisse prévoir ce qu'il fera
demain, on estime généralement qu'il se proposE
d'observer à l'égard de la seconde manifestation
du Sénat une attitude de complète inertie. On base
cette opinion sur le sentiment que le présideni
persiste à croire que le pays est derrière lui el
qu'on devait en conséquence lui fournir d'occa-
sion d'exprimer sa façon de penser.
Au surplus, il ne faut pas s imaginer que le pays
dans son ensemble, se préoccupe autant que Was-
hington de cette question du traité. Les nouvelles
ayant trait au traité sont depuis une quinzaine de
jours reléguées dans les colonnes les moins lues
des journaux qui discutent avec beaucoup plus de
passion la campagne présidentielle, les nouvelles
d'Allemagne, les scandales de la police de New-
York, la désorganisation des téléphones, la crise
qes loyers, etc.
Les traités avec l'Autriche et la Bulgarie
Hier, à 'la Chambre des communes, le sous-se-
crétaire d'Etat aux affaires étrangères a déposé
sur le -bureau de la Chambre te projet tendant à
la mise en vigueur des traités de paix avec f Autri-
che et la Bulgarie.
LE SORT DE LA TURQUIE
Les coadittoas de paix
La conférence des ambassadeurs a tenu hïeir à
Londres, sous la présidence dé lord Curzon, deux
séances dans lesquelles ©Me a poursuivi ta discus-
sion des clauses financières relatives au traité de
paix avec la Turquie.
La note de M. Wilson
On mande de Washington
Dans sa note aux affilés, M. Wilson dit que la
portion orientale de la Thrace hors la zone de
Constantinople devrait faire partie intégrante de la
Grèce, à l'exception de la région nord, où la po-
pulation est «nettement bulgare Andrinopie, Kirk-
Killissé et les territoires environnants devraient re-
venir à la Bulgarie. Celle-ci a le droit qu'on fasse
bon accueil à ses revendications territoriales, parce
qu'on l'a forcée à renoncer, sur sa frontière oc-
cidentale, à des territoires et à de nombreux mil-
liers de ressortissants bulgares, à seule fin de don-
ner des positions stratégiques à la Serbie.
Le gouvernement des Etats-Unis voudrait de
plus arnples renseignements avant de prendre une
décision au sujet de la proposition de donner aux
trois grandes puissances méditerranéennes le droit
de fournir à certaines régions dés conseillers et
des inisitruoteurs.
Les frontières assignées à l'Arménie devraient
être teilles qu'elles satisfassent toutes les revendii-
cations arméniennes et comprenaient un accès à la
mer. M. Wilson souhaite que les puissances don-
nent Trébizondie à 1' Arménie.
La Turquie devrait s'en remettre aux puis-
sances du soin de déterminer le sort de Ha Méso-
potamie, de l'Arabie, de la Syrie et des îles.
Le gouvernement américain ne se senit pas en
mesure de formuler une opinion au sujet de
Smyrne, parce qu'il ne possède pas d'informations
suffisantes.
Il a le ferme espoir que 3'on traitera les ques-
tions économiques dams un esprit d'équité pour les
vainqueurs, les vaincus et les 'neutres, mais il
voudrait avoir ,de plus amptles renseignements à
ce sujet.
La situation à Constantinople
Notre correspondant particulier télégraphie de Cons-
tnnlinople
Les alliés ont remis à la Porte une nouvelle
note collective demandant au cabinet de désavouer
officiellement Je mouvement nationaliste. De ce
fait, la situation du cabinet redevient incertaine.
Les forces nationalistes ont occupé Adabazar et
vont constituer un front en face des forces an-
glaises dans le secteur Ismidt.
Le mouvement d'opposition antikemaliste prend
de l'extension dans la région de Bigha; tes partisans
de cette opposition ont occupé Panderma. Leur
groupement pourrait constituer un parti politique
sur lequel s'appuierait à l'avenir un cabinet
« antikemaliste ».
D'autre part, on mande de Constantinople
Une commission parlementaire est partie pour
l'Anatolie. Elle est ehar(gée d'inviter Mous,tapha
Kemal pacha à cesser son attitude hostile envers
l'Entente, ses pe.rsécut ions contre les chrétiens et
à déposer les armes dans le plus bref délai.
Une délégation composée de six musulmans, un
Grec et un Arménien, est arrivée ici, venant de
Bigha. Elle a présenté au sultan une pétition con-
tenant les doléances de la population contre les
exactions des bandes nationalistes.
Hier, la délégation s'est rendue à la Chambre,
et, par l'intermédiaire d'Izzet bey, député des Dar-
daTOlles, a sollicité la Chambre de faire dos dé-
marches auprès du gouvernement afin de mettre
fin aux agissements des nationalistes.
Izzet bey, chef de la délégation, a déclaré :1
« Nous sommes ici pour prier les autorités, le r
sultan, le gouvernement et le Parlement de pren-
ire des mesures énergiques, car la population,
réduite à la misère, est exaspérée. »,
1 Le mandat sur l'Arménie
Une dépêche officieuse de Londres dit que lé
conseil suprême a offert le mandat sur l'Arménie
à Ia,£qciété des nations. Le mandat a trait à l'Etat
arménien tel qu'il existe à l'heure actuelle, c'est-
à-dire y compris la RiâpubMque d'Erivan et les ter-
ritoires turcs avoisinants, avec débouché sur la
mer Noire. La Giliwie est laissée sous la protection
de Ua France selon l'accord Sykes-Picot. Le conseil
de la Société des nations se réunira à Londres
après les fêtes de Pâques pour étudier la question, 1 ¡
LE PROBLÈME RVSSE
Les négociations pcloueJsec
Notre correspondant de Varsovie nous télégraphie à
la date du 31 mars
Je. crois savoir que de gouvernement polonais
envisage pour les conférences ipolono-bolohevietes
une série de mesures propres à restreindre la li-
bevlé de mouvements, et éviter lo cantact indé-
sirable des délégués soviétistes en deçà de la'
ligne du front. A cet effet, bien que le lieu des
négociations doive être Borissof, on semble ne
vouloir procéder à an, échange de vues qu'en 1
wagons-salons devant faire la navette entre Bo-
rissof et un endroit situé sur la rive orientale
de la Bérézina, cette rivière constituant le front
sur ce point. 'Le siège de la délégation polonaise
sera Borissof, et 'la presse, si son admission est
décidée, ne sera probablement pas en état. de dé-
passer cette ville. 1
DANS LE PROCHE OKIENT
Les Yougo-Slaves et l'Allemagne û. 1
On mande de Belgrade r i
̃Opaiformément aux décisions prises à la Con- 5
fér«
entré on vigueur, te gouvernement a décidé de o
reprendre les rapports diplomatiques avec Ka Ré- ff
poiblique allemande; il a désigné comme chara-é t t
l'affairés de la légation du royaume des Seïtoès, c
Croates et Slovènes à Berlin, M. Raiko VintTo-' t
/itch, directeur do lr* classe à la section eonsu- d
aire et commerciale du miwistère dies affaires j.
étrangères. Le ïwraveau chargé éfaitbiïBe&joaçiiygi v
KHjrBe,pimcbT~'tej3~t
w.v.~
K L'Albanie et le président Wilson
Le président du gouvernement albanais a fait
1 parvenir au président Wilson un mémorandum
détaillé démodant que des droite de l'Albanie
• soient s&uve~dés. Ge (mémoire afifirme que dans
la région de Goritza la majorité de la population
est albanaise. Il conclut en demandant rindépen-
damce de l'Albanie.
DANS LE LEVANT
Le général Gouraud au Liban
On télégraphie de Beyrouth; 28 jpars
Le général Gouraud vient de se- rendre à Tri-
» poli et dans le nord du Liban.
A Tripoli, les hautes autorèbés religieuses,
muftis et évêques, ont fait des déclarations chaleu-
reuses en faveur de la France. Le cadi a vanté
i Ja tolérance que la France seule peut assurer
dans îles rapports entre confessions différentes.
Le général Gouraud a remis un drapeau au 3'
régiment mixte, en présence d'une grande af-
i fluenoe.
Les populations libanaises de Zogorta ont ac-
i cueilli le général avec enthousiasme. Le général
Gouraud a pu difficilement se frayer un passage-
à travers la foule, évaluée à dix mille personnes,
qui acclamaient la France et son représentant.
Ge voyage a été une véritable tournée triom-'
iphaie.
«e»
tes événements f JÉHnape
« Inutile et dangereuse » ces deux mots de
M. Millerand caractérisent à merveille la de-
mande du gouvernement de fîèrîin dvo&upier la
Ruhr. -M est à espérer que ce jugement restera
définitif.
Une entrée de la Reichswehr en fanfare et en
force ̃ quarante ou cinquante mille hommes
est inutile les nouvelles les plus sûres montrent
que les bataillons rouges, laissés sans solde, se
débandent d'eux-mêmes; que les ouvriers sont
'las des désordres et des grèves; qu'il n'y a pas
de munitions; -qu'il n'y a pas de pain. On risque-
rait de verser le sang pour une répression dont se
charge ta disette? La Reichswehr, et ses chefs
surtout, désirent leur revanche de l'échec de Ber-
lin, c'est visible. Tirer sur des révolutionnaires,
écraser des autonomistes, excellent coup double.
Nous ne nous y prêterons pas. Après avoir perdu
la guerre, le parti militaire a manqué le coup
d'Etat. Nous n'allons pas remettre en selle et ra-
mener nous-mêmes sur le Rhin le militarisme
prussien.
Hier, une démarche bien significative a été faite
auprès des alliés la population de la Ruhr, me-
nacée, a envoyé des délégués aux commissaires de
l'Entente pour leur demander de s'opposer à
l'entrée des troupes que Berlin projette d'envoyer.
̃K faut espérer que cette démarche sera comprise
par les autorités assez flottantes et assez per-
plexes que nous avons là-foas. Nous sommes dans
la vérité et fur la bonne voie. Continuons réso-
lument. On a parlé souvent, à propos de tout, du
droit des populations à disposer d'elles-mêmes. Il
serait paradoxal que la seule population qui en
resterait privée fût celle du pays rhénan-west-
phalien, c'est-à-dire une des pdus éclairées et
consciente©- d'elles-antoes qui soient' en' Allema-
gne. La France, du moins, ne sera pas complice.
La fédération ouvrière contre la grève générale
On télégraphie de. Berlin à l'agence Radio
Les (négociations relatives au conflit de la Ruhr
semblent avoir amené déjà une sensible détente.
La fédération ouvrière allemande s'est pronon-
cée catégoriquement mardi contre la grève géné-
rale et tout donne à penser qu'elle exprime l'opi-
nion véritable de la classe ouvrière, qui paraît se
rendre compte qu'une nouvelle explosion de dé-
sordres aboutirait non à l'abolition, mais au ren-
forcement du militarisme.
Le Vorwœrts est vivement irrité contre ceux qui
lancent de fausses nouvelles et des projets de
grève générale qu'i ne feraient qu'envenimer les
choses. L'organe socialiste se prononce pour la
destitution du général Watter.
Le Berliner Tageblatt et tes autres journaux dé-
mocrates écrivent qu'une simple question de per-
sonnes ne doit pas faire échouer les négociations.
Selon la Gazette de Berlin à midi, le gouverne-
ment de l'emipire a reçu un télégramme signé par
'Je bourgmestre de Buisbourg, par 'le parti du cen-
tre et par les partis socialiste et démocrate.
Ce télégramme réclame l'intervention •immé-
diate de la Reichswehr contre l'arbitraire é&s élé-
ments coiramuinisteis de ïa gauche.
Dans le bassin de la Ruar
La situation, dans le bassin industriel, s'est dé-
veloppée selon les négociations en cours. Le com-
missaire civil Severing procède conformément à
ses pouvoirs. Le général Watter n'agit qu'on
exécution des décisions et des décrète du gouver-
nem.ent.
Toutes les nouvelles arrivant de la Ruhr an-
noncent que les derniers décrets ont eu le meil-
leur effet sur ta situation. L'armée rouge se dis-
pense peu à peu. Elle n'a plus ni munitions, ni
vivres. De nombreux groupes de soldats rouges
regagnent leur pays. Cependunit-, quelques révol-
tés continuent à piller.
Le bourgmestre de Mulheim a été chassé par
les communistes qui se sont emparés des stocks
de vivres de la ville.
Le manque de vivres se fait sentir au plus haut
point. La disette est extrême. Jusqu'à présent il
na pu être distribué que deux livres de pain. La
semaine prochaine, il n'y aurait plus ni farine, ni
sommes de terre.
Les troupes rouges exercent partout ia ter-
reur. Des groupes de révoltés se sont fait déli-
vrer des passeports pour l'étranger et une grosse
somme d'argent par .la ville de Duisbourg.
La Gazette générale allemande annonce que îles
troupes de la Reichswchr sont entrées à Harom,
hier mardi, à une heure de l'après-midi.
Suivant le Lokal-Anzeiger, de Berlin, il grève
générale est effective à Essen. Le travail est par-
tout arrêté. Le trafic par chemin de fer est sus-
pendu et 'les gares sont fermées. Seuls ne parti-
cipent pas à la grève générale fesx exploitations ·
servant à la répartition des denrées alimentaires
ainsi que les usines électriques et les services des
eaux.
Le correspondant du Times à Coblentz croit sa-
voir que Dortmund a été investi le 30 mars par
fv. Reichswehr, et on s'attend à la reddition de la
i«y#e d'un moment à l'autre. Les habitante sont
̃absolument sans nourriture.
Une démarche auprès des alliés
On mande de Coblentz, le 31 mars, au Times
Le conseil suprême des ouvriers' a envoyé lundi
soir, par train spécial, une délégation de Cologne
pour se mettre en rapport avec les autorités al-
liées, et leur demander que les alliés ordonnent
l'arrêt de l'invasion de la Ruhr par la Reicliswehr.
Les délégués ont menacé de faire sauter les ponts
et de détruire les mines à moins que l'Entente n'a-
gisse. Le conseil suprême des ouvriers Savait
encore reçu aucune communication des délégués
tard dans la soirée.
Impressions populaires à Berlin
On nous communique les impressions suivantes d'un
Wmoin oculaire des récents coups d'Etat
.Tout bien considéré, ce fut un drame erofces-
que, une opérette avec des morts. Un peuple vouile
et affamé qui recevait des coups de fusil sans
réagir, qu'on provoquait à plaisir pour amener un
œruvement de révotte qui aurait été qualifie" de
ooloheviste; des chefs qui négociaient en sous-
nain, tout en repoussant bruyamment tout com-
>romas, les troupes du coup d'Etat composées de
>aodits s'amusant à tirer au lapin dans la rue et
i épouvanter une foule, possédée à la fois de peur
it de curiosité niaise. Ce spectacle n'a pas fait re-
nonter les Boches dans mon estime. C'est du bé-
ail qu'i ftlera toujours, sous la trique et qui donne
tes coups de cornes à plus faible que lui. Pour-
ant, je crois qu'aujourd'hui ses bergers risquent s
le le fendre enragé. L'aveuglement des partis ma-
OTîtaires, qui ne comprennent pas qu'ayant pro-
oqué une grève générale politique il leur faut
$9E $&&s à ronger au peucle «Bii"a marché douî
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