Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-08-10
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 août 1919 10 août 1919
Description : 1919/08/10 (Numéro 21216). 1919/08/10 (Numéro 21216).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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Directeur politique j Emile-Adrien Hébrard
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te Journal ne pouvant répandre Ses manuscrits copirnvM^u^
̃ prie le? (tuteurs d'en garder cçpia
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE 5 TTESIIPS ïMïMg
Paris, 9 août
~,T,.u~
BULLETÏNJJU JOUR
LA LEÇON DE BUDAPEST
Un publiciste'' d'outre-^Manche, qui se pique
d'idées avancées, M, Brailsford, écrivait mer-
credi dernier dans le Daily Herald « Bêla
IKkih'n était un homme d'ordre -r- ierme, cou-
irâgeux, ̃ mais •opposé aux effusions de sang
̃iinu'tiiles. Aucun lerrorisnie ne souillait son
(passé. » T-el pas l'avis des populations
magyares qui ont passé quatre mois sous le
régime bolchevisté, tandis que M. Brailsford
ipan'trait en Angleterre et y vivait en bon boûr-
g'-eoi«. Il suffisait de lire les décisions officielles
du gouvernement soviétique hongrois, reipro-
duites parla presse aufcrichtenne, pour oonsk-
ter que le système de Bela Kuhn avait com-
plètiement saboté la vie économique du paysî'
et qu'il -se maintenait uniquement par la peur.
C'est pourquoi, dès que l'armée rouge a été
ibattue par les Roumains, aucun pouvoir bol-
cheviste, ou semi-bol<3li€viste n'-a plus eu
ohanoe de -durer à Budapest. Il n'a fallu qu'une
^poignée de gendarmes pour renverser les oau-
dataires- de B&la Kulm et ppur les remplacer
par l'archiduc Joseph, générad pourtant peu,
nabitué à gagner des batailles. Que le règne de
oét arohiduc soit provisoire ou • durab-le, l'im-
ïriense majorité des Magyars veut nrcunïfeste-
siîent un régime qui' rendra aux habitants des
vHlès l-euips moyens d'existence et qui donnera
des terres aux paysans. M. Brailsford lui-
même reconnaît mélancoliquement qu'un re-
flux irrésistible emporte les idées de son ami
Bêla Kuhn « A coup sûr, écrit-il, la grande
propriété' féodale disparaît partout dans l'Eu-
irope: orientale. -A sa place, il naît une société
de 'petits propriétaires paysans, inébranlables
dans leurs opinions conservatrices et. cléri-
cales. Cette société ajournera tout progrès vers
lé socialisme, jusqu'à ce qu'il se soit formé de
nouveau, au-dessous d'elle, une génération de
travailleurs qui ne posséderont pas de terre.»»
On pourrait répondre à M. Brailsford que les
petits propriétaires paysans ne seront pas né-
cess-ak'em'&nt çonsai"va;teiirs ni cléricaux té-
îïibin le parti1 aigrarién de Bohême, par exem-
ple et que, si le bonheur des kulinistes et
des brailsfordiens exige la formation d'une
plèbe rurale,' Je bonheur de rhiimanaté s'en
passera pàffaifemeni. Mais d'autres sujets
plus importants sollicitent notre attention.
Les événements de Hongrie res&emblenit un
peu; à une pièce de théâtre. Ils se déroudent
dans un pâ.âre bien étroit et, même quand ils
sont tragiques, ils.. sont toujours factices., Se.u-
îemeait, le s-pectacle qu'ils donnent influe sur
une vaste assistance. Tous les peuples de
l'Europe font partie du public, et les péripéties
.qiii se prôd-uisent sur la' scène peuvent engen-
drer..des scènes dans la salle! ,• ̃
''En 1917, la révolution russe a enselgriié aux^
toktion$ qu'un trône s'écrou-lé aisémeiri, quand
X*. îTiO'n-irïyguo çjui y B5>£ aîjoîo rie actfil pas o^u
^rnef ni yâlricr.e" GeUèi'ëçoji ri'a pâte' été' per-
due. L'année 'Cuivrante, les Habsbourgs et les
IIohèn2>i>Hern se soné effondrés à leur tour, non
moins aisément. Aujourd'hui, les afïairfiî de
Hongrie démonlrent qu'une ré%'ol.ution est
aussi facile faire de la gauche vers ia droite
que dé la droite vers* la gauche, pourvu que1
ie pays ait subi une profonds humiliation na-
̃fâoaaie .et pourvu qu'il souffre beaucoup dans
éà-vié. matérielle. 'Cette seconde Jeçori ne se
perdra pas flon plus. ̃
Installé à Budapest, le bolchevisme faisait
Ses adeptes à Vienne. Réhistaîlée à .Budapest,
la dynastie, des Habsbourgs peut réveiller à
iVienne bien ëes^' souvenirs, bien "des regrets.
D'autre part, Budapest n'est pas la première
capitale européenne qu'on délivre du bolche-
,visme. Dans cette voie, les Magyars ont été pré-
cédés par les Bavarois. Munich, cependant,
n^est pas allé' jusqu'à rappeler un Wittelsbach
epmme Budapest vient de rappeler un Habs-
bourg. Parmi les Allemands qui regardent les
événements de Hongrie, ne s'en trouve-t-il
point qui se repentiront de s'être arrêtés à
nii-route? La Germania, qui est le principal
organe du parti catholique, et qui paraît à Ber-
•lin, réservait l'autre jour une place singulière-
ment voyante à la lettre où le-prinoe Rupprec'ht
demaiidait à être jugé par la Diète bavaroise.
tAu-dèssus*de cette lettre, qui occupait le milieu
de îa première page, on lisait en grosses let-
tres « Rupprecht de Baviè-pe se met à la dis-
position du peuple .bavarois. »
Mais le spectacle déjà Hongrie ne produira-
t-il des effets qu'à 'l'ouest de Budapest? N'y
fi,4-il pas, à -l'est;' uh immense pays qui est. ra-
yagé par lé boîcoevisme de Lénine, bien plus
intolérable encore que le bolchevismé de Bêla
Kuhn? Est-ce que tous les Russes patriotes ne
vpnt pas,ëtn tentés de dire, en voyant la res-
vont pas être es de dire, en voyant la res-
tauration hongroise « Chez nous aussi, un
jour, cela finira ainsi »?
Tandis que ces idées cheminent dans la
conscience des peuples, que préparent les gou-
vei-nemérits .des « principales puissances »
alliées et associées? Selon toute vraisemblance,
l^Eùfope centrale H orientale arrive à un tour-
nant de son' liistoiive. Il peut saccomplir, au
cours des'mois prochains, des changements qui
agiront pendant une génération sur le sort de
notre continent tout entier. Voulons-nous con-
duire les événements ou les suivre? Avons-nous
une politique ou n'en avons-nous pas?
«^
BÉPÊGMS TÈLÊGHÂPIIIQUES
̃ Londres,. 9 août.
• hes négaolation'S qui se poursuivaient depuis
quelque temps à Rawalpindi entre tes dt-légu<5s.
britanniques et^.afghans ont abouti. Là paix: a été
ëignée hier.
'̃ ̃̃̃̃̃- Rome, 9 août.
L'Avanti annonce: qu'environ 50 navires mar-
iehands so-iit 'toinobilteée dans 'les ports.
;̃•̃̃ Eile, 9 août..
Le Lokal-Anzciger, résumant les conversations
polilkjues qui ont eu .'lieu 'récemment entre ies
:aifféreïits! Etats -.qu'intéresse la f.ormaticii d'une
Graride-ïhuringe, en tuv là conclusion que la
constitution de cette dernière est înaint'inant as-
eurée.
Madrid, 9 août.
Le directeur de la Correspondancia inilitar, M.
Julio Aniado, a été nommé gouverneur civil de
,Ba-roeloQ«.
;i -Heîsingfors, 9 aoû!.
Les journaux de Peteog rad annorreent que te
nombre des cas de choléra dans la viHe est quo-
tidiennemeiït de 60. Lo nombre des cas de dysen-
terie dépasse .100 chaque jour. Le. manque de vaé-
dieaments se fait orueltement sentir.
D'autre part, suivant un journal de Stockholm,
.deux navires américains, chargés de vivres, des-
tioés aux Soviets, sont arrivés à Petrogrâd.
'̃̃' Varsovie, S août.
La colonie russe a reçu une communication que
le gouvernement de l'amiral Koltchak désirait en-
trer en reia'tions avec le gouvernement polonais.
Pour la moment, on annonco l'arrivée prochaine
d'un cqnsul'russe à Varsovie.
Les journaux polonais, commentant cette nou-
velle, expriment l'opinion que les Russes devraient
enfin régler leur politique envers la Pologne, en
abandonnant leurs prétentions sur les provinces
polonaises libérées de l'invasion bolcheviste et rat-
tachées actuellement à la Pologne; dans ce cas, une
collaboration efficace de l'armée polonaise avec les
Russes serait possible, et F-oppression du peuple
russe par les imposteurs bolebevisto*- toucherait
bientôt à sa îint
Les tfiasprls militaires
sur les pends réseaux i Éetios de ft
Les paradoxes sont, parfois,- assez plaisants,
et pour peu qu'ils soient soutenus avec esprit,
ils ont droit alors au sourire, et ils provoquent t
d'aimables reparties. Celui dont la Chambre
s'est occupée hier est d'un tout autre caractère.
Si l'on en rit, c'est pour ne pas être tenté d'en
pleurer.
Comment l'Etat a-t-il pu, en effet, laisser
s'accumuler les payements qu'il devait aux
grands, réseaux de chemins de fer, pour les
transports militaires depuis la guerre? II. a
comblé- d'éloges les compagnies, en raison, des
services qu'elles ont rendus à la défense natio-
nale. Ce fut justice. Mais, quant à rémunérer
ces services, l'Etat jugea bon de s'en dispenser.
Les prix pour les transports militaires avaient
fait l'objet d'un contrat, en date du 12 juin 1808,
connu sous lenom de traité Cotelle. Cet accord,
conclu pour' dix ans, devait continuer par tacite
reconduction de dix ans en dix ans. 11 ne fut
pas dénoncé en 1007. La guerre survenant, les
conditions fondamentales s'en trouvaient alté-
rées, 'Lé 17 juin 1018, les compagnies dénoncè-
rent le traité. A partir de, cette date, la rému-
nération des transports devait régulièrement
être réglée suivant- les tarifs du cahier des
charges. ̃
Or, pour la période antérieure elle-même,
celle des premiers transports miîifcires. opérés
jusqu'au 17 julii ÎOÏ'S, dos contestations surgis-
saient, notamment au sujet des transports effec-
tués pour les armées alliées. Une commission
instituée au ministère de la guerre par le gou-
vernement, commission présidée par M. Co-
telle, fit cette déclaration
En toute bonne foi, les administrations de chemins de
fer pouvaient utilement soutenir que l'extension ainsi
donnée aux transports militaires dépassait, en fait, les
intentions des parties contractantes, telles qu'elles
avaient pu être raisonnablement envisagées lors do la
négociation du traité du 12 juin 1898, et que l'applica-
tion qui serait faite d.ès dispositions de ce traité aux
•transports exécuté1; pour le compte dos armées alliées
serait, dès lorst. susceptible de leur ouvrir, le cas
éphéant, un droit à, indemnité à débattre, si elles éta-
blissaient que l'application du traite dé 1898 leur. causait
un préjudice excessif.
En outre, ,un arrêt du, Conseil d'Etat, en date
du 30 mars 191(i, a reconnu le droit à- une in-
demnité pour les concessionnaires des services
publics, dans le cas où des charges « extra-
contractuelles » leur sont imposées en dehors
des prévisions .des parties. Par suite, les ré-
seaux de. chemins' de fer, étaient fondés à ré-
clamer le payement de prix supérieurs à ceux
du traité de ISOSj jRien,en somme, n'eût, été
simple comme de s'entendre rapidement avec
les entreprises en-cause. Mais quoi!. Paraître
céder à. des réclamations de « grandes compa-
gnies»? L'ombre de Camille Pelletan en, eût
frémi.
Les mois, les années passaient; Ja dette de
grossissait, et non pas la sienne unique-
xoptih Eu~Mn, les allin6 dollioi6iLtr~iyb da a~3,o
quitter envers les -Dompagnies: les bases âé..
leur dette demeurant incertaines,, les alliés ne;
savaient pas quels déboursés ils devaient faire.
On arrivait à cette situation paradoxale: des
versements, dus à des réseaux français par des
puissances étrangères alliées de la France, se
«trouvaient ajournés.
Le paradoxe ne pouvait pas, cependant, s'é-
terniser. Le gouvernement finit par comprendre
que, s'il affrontait Un procès, il avait les plus
grandes chances du monde de le perdre. Il en-
tr.. en négociations. Le 12 juin dernier, une en-
tente s'est faite, et, le lendemain, -un projet de
loi a été soumis à la Chambre afin de mettre
fin au litige. C'est ce projet de loi qui à fait
l'objet du débat d'hier. Il tient en un article.
Une somme de 683,390,000 francs .est ajoutée
aux- crédits provisoires alloués au ministre de
la guerre pour l'exercice 1919.'
Le rapporteur de la com.mission du budget,
•M. André Hesse, a expliqué que cette somme
n'implique même, aucuniôment, un débours
égal pour l'Etat « Lé Trésor, a-*Ml dit, n^aura
à supporter de décaissement' effectief que pour
lés Compagnies du Nord et du P.-L.-M. n. Sur
le- réseau- de l'Etat, en particulier, ce qui aura
été touché en plus ne fera que Combler un irou
déjà 'bouché. Pour d'autres réseaux, le compte
des avances déjà effectuées au titre de la ga-
rantie d'intérêt se verra. allégé. Les aîlisës se
̃libéreront. Bref, « les charges définitives du
Trésor sont réduites à 195 millions », tandis que
des aléas considérables .sont évités, les récla-
mations des réseaux ayant atteint près de
2, milliards et demi.
Néanmoins, en dépit de l'urgence du, projet
de toi, les socialistes et un certain cambre de
Seurs -alliés traibitue'ls ont tenté de faire pro-
noncer par la Chambre un ajournement. Mais
il a été repoussé, par, 323 voix contre 136. Et,
quand on. a voté sur le fond même du projet
de loi, il ne s'est plus rencontré que 96 oppo-
sants. L'approbation a réuni 321 voix. Vote de
simple bon sens. Le Sénat ne peut manquer de
le faire sien. Ainsi aura fini le paradoxe.
.LA COTE
Dàns cette lutte contre la vje chère qui s'orga-
nise eu ce moment uii peu partout et sous les for-
mes les plus pittoresques, il est une sorte de rite
quotidien qui correspond à ce que fut si. long-
temps le communiqué militaire, c'est le tableau
des valeurs des denrées, la cote des marchés. De
même que jadis, aussitôt notre journal déplié,
nous courions aux quelques lignes chargées d'es-
poir ou redoutables qui constituaient notre indi-
cation barométrique de l'atmosphère du moment,
do raênîo ̃ et toutes proportions gardées nos
ménagères consultent fiévreusement, chaque ma-
tin les étiquettes qui, en une, seconde, rassurent
leurs yeux ou les épouvantent sur la baisse ou la
hausse.
Tout le monde tient à la lire, cette cote qui, hier
encore, ne passior.nait presque personne. On par-
court ses chiffres fatidiques* on suit avec une
émotion communicative les'progrès qu'ils trace'ht
dans un sens ou dans l'autre, on suppute la façon
dont va s'achever'le diagramme comnïencé. Si i'on
entrevoit une baisse de dix centimes sur le ca-
membert ou que les correspondants étrangers si-
gnalent un fléchissement certain sur, le prix des
oranges ou des bananes, c'est une victoire qu'on
proclame en caractères gras. Si le poisson abonde,
c'est un triomphe -dont on se félicite d'une Voix
émue. Si le prix du beurre diminue un jour; par
on ne sait quel miracle, c'est une frénésie comme
l'annonce. d'un' succès national. Il y a de la fièvre
dans l'air des marchés et cette nervosité qui s'ob-
serve, d'ordinaire, autour de la corbeille de la
Bourse. Aussi le moindre, incident y provoque-t-il
des accidents une étiquette' qn'on change, et voiiâ
un magasin pillé par la foule, un chiffre qu'on
baisse provoque' des applaudissements comme à
Montmartre hier. La cohorte des acheteurs n'a
plus rjen de cette attitude inerta du chœur anti-
que qui se contente d'enregistrer, en gémissant,
les coups dont le destin l'accable.
Voyez les ligues de consommateurs leur pre-
mier soin est de descendre dans l'arène, de se
pencher sur les étiquettes, de jauger la marchan-
dise, de l'évaluer, de la tarifer, d'en cômparer les
prix à ceux de la côte officielle. Tout le monde
veut plus ou moins participer à ce jeu perpétuel
de l'offre et de la. demande, a ce mécanisme de
baseuîe où d'aucuns retrouvent le même intérêt
puissant qu'à une spéculation dû valeurs mobi-
lières: ̃
CoÇle atmosphère de bataille, ces étiquettes
qu'on se 'jette à la- tête, cette cote qui" monte' et
descend par on ne sait quelles lois mystérieuses,
voilà bien ce qui inquiète la simple ménagère, la-
quelle. n'entend rien à toutes ces histoires, est al-
lée faire son marché simplement et constate avec
effroi la sarabande que mènent les n prix mar-
qués n. Cette danse des chiffres d'un jour, et par- r
fois d'une heure à l'autre, l'affole plus :quo tout;
L'incertitude de cours lui cause à elle et, ses
semblables, c'est-à-dire à la majorité des ache-
teurs, une angoisse plus grande que la vie chère
elle-naôme. Si haut que soit tarifée une chose, on
s'habitue à cet excès, quand bien même il signi-
fierait que nous devions nous passer de l'ache-
ter on peut régler sa vie matérielle lorsque les
bases de celle-ci demeurent à peu près sembla-
Mais si l'on a l'impression quotidienne de les
voir varier san? cesse, quel trouble et quel désap-
pointement
Nul ne dira assez les perplexités dans lesquel-
les l'annoncé de la cote de chaque jour jette l'âme
simple do nos; ménagères habituées à supputer
d'avance la dépense du pot-au-feu et auxquelles
répugnent comme 'n tous les tempéraments bien
français -la. gpût du risque et l'angoisse du jeu.
Elles ont l'impression d'être entraînées, malgré
elles, dans une manière d'agio général, dans un
dédale de coups de Bourse perpétuels dont leur
portemonhaie paye toutes les différences, et ce
sera probablement le, plus mauvais .Souvenir
qu'elles, conscryçr.ont de la.. crise actuelle, r– /.̃ B.
-®»
LA PAIX
AU CONSEIL SlIPRlfBE
MEO~EtLSUM~E
Dans >a réunion d'hier, le conseil- suprême des
alliés s'est surtout préoccupé des événements de
Hongrie, du coup d'!Ëtat dirigé par l'archiduc Jo-,
seph et de l'occupation militaire de Budapest par
les Roumains. ••̃
Au cours de ces derniers jours, le conseil su-
prême a adressé trois notes au gouvernement rou-
main. La première invitait le haut commandement
roumain à arrêter l'avance de .ses troupes; la se-
conde informait le cabinet de Bucarest que l'En-
tente ne pouvait reconnaître l'armistice que la
Roumanie voulait imposer à la Hongrie; la troir
siènie formulait 1'espoiç .que la Roumanie se con-
certerait amicalement avec le conseil suprême et
accepterait l'orientation générale établie par les
membres du conseil.
Signalons à. ce propos que, suivant la Chicago,
Tribune, le conseil des Cinq aurait définitivement
fixé les frontières du nouvel Etat hongrois.
D'autres questions ont été examinées hier par
le conseil suprême. Il a, notamment, fixé la répar-
tition des effectifs alliés dans la zone de Haute-
Silésic, où doit avoir lieu le plébiscite- déterminé
les contingents des troupes alliées qui seraient
chargés de surveiller la remise en état des champs
de bataille dans les paya libérés; adopté les' clau-
ses financières et celles relatives aux réparations
qui seront insérées dans le traité avec la Bulsa-
iter». aeciûû iguuoe-.ç/v.^w.jçjsfw^ wss»feMts!» .»."»*?.-
!erait les aliénations, de biens du, domaine public
auxquelles la Turquie procède actuellement.
IttdouîHîîics et réparations
Une note Wc-iff officielle annonce qu'une or-
dornian-ce, du président d'empire prescrit fè oons-
titotion d'une commiasion chairg-éa d© fixer les in-
diëmnités à .paj'er, aux alliés en exxîçution des dis-
positions du traité "de paix. Cette commission a
pour tâche de conduire les négociations avec la
commission- in-terallliée chargée âes indemnités,
avec la participation dt l'office de^ affaires étran-
gères, ainsi' que de grouper les travaux des auto-
rités allemandes à cet effet. Un certain nomtore
d'experts économiques feront partie de cette com-
mission. .̃-̃
Une autre dépêche de Berlin annonce:
Huit réunions puMkmes dtendépendants ont été
'tenuœ mercredi soiT. On y a adopté une réec'l'U-
tioa de ̃protestation contre la composition arbi-
̃tpaire de la commission de reconstruction des .(ré-
gions dévastées envoyée à VërsaiHes, .et on a de-
mandé i'excluaion du capital privé, le reorute-
ineiït.des trawaiiteure seuil-om-ent par 'les organisa-
tions ouvrières et l'application intégrale des me-
sures sooiatos. Les' soçi-alistes indép^ndîmits voient
là la condition d'une libre et cordiale ooiHaboratiion
"des ouvriers à l'œuvre c( qui contribuera à la ré-'
conciliation des peuples et au .-relèvement éco-
iiomiquo allemand »..
ïiOs coaitosekis n!Secuanc3s
«laias les teirefitolres rhénans
Suivant' l&CMtago Tribune, 'le conseil des Cinq
a- adopté hier la proposition du maréchal Foch
tendant à autoriser l'Allemagne à envoyer de nou-
veaux oontingen's dans la zone de 50, kilomè-
tres à 'l'est dm Rhin, les forces dont 'les Allemand^
disposent actuellement dans cette zone étant in-
suffisantes' pour nr.'nteiiir. l'ordre en cas de désor-
dres .provoqués par les grèves.
!îl. tùjâelMfç et le Sénat amérteain
De New- York au Daily Mail
Les journaux républicains commentent longue-
ment les déclarations de M. Lansing devant la
commission sénatoriale des affaires étrangères.
D'après c&s journaux,. le secrétaire. d'Etat a' montré
qu'il possédait au plus haut degré l'art, d'éluder
les.questions .embarrassantes. Il a cependant fait
quelques déclarations positives que reproduisent
les journaux et dont les principales sont lés sui-
vantes .•̃
Le président Wilson a prié récemment M. Cle-
menceau de ne pas; publier les documents relatifs
aux travaux da Ja ̃Conférence. Le, projet améri-
cain relatif à la Société des nations n'a pas fait
l'objet de diseussions la Conférence. M. Lansing
̃estime que le projet actuel est supérieur au projet
américain; personnellement, lé secrétaire d'Etat
croit que le Japon aurait signé le traité même sans
la concession relative au Chantoung, que les Amé-
rioaiiis n'ont 'amais-a1 ~rquv&e. M. LansiBg ne croit
pas à la légalité do. la mise en.. jugement de l'ex-
kaiser. Il considère la clause de garantie territo-
riale dè l'article 10 du pacte de la Société des
nations comme comportant une obligation morale
plutôt que légale; enfin il estime que le pacte au-
rait pu être plus explicite en ce qui concerne la
doctrine de Monroe. ̃
aiais si ces aveux ont rempli d'aise, les adversai-
res du traité, Jëur stupéfaction a été profonde en
apprenant de la bouche du secrétaire d'Etat que
le fameux article 10, qui fait l'objet de si violen-
tes critiques parce que de caractère essentielle-.
ment non ainmcain,.est en réalité un projet amé-;
..Eioain. • ..̃̃̃
-̃ M. Laireing se présentera à «nouveau lundi de-;
vant la commission.
Le fPaï-îeciteKi Ejelgo ratifie îe ivalté
Ao paix
La Chambre belge a discuté vendredi le projet
de loi portant ratification du traité de paix. M.
Woeste, chef de la vieille-droite, a prononcé un
discours pour défendre une fois de plus la thèss
de la neutraiité. Il a fait remarquer que ce fut
la, violation de la neutralité de la Belgique qui
détermina l'entrée en guerre de la Grande-Breta-
gne. M. Woeste considère que le traité de Versail-
les laisse en suspens dos questions primordiales
et constate que le trajt^ de .1839 se trouve abrogé
de fait. Il termine en disant qu'il votsra en faveur
de la 'ratification.
M. Paul Hymans, ministre des affaires étrangè-
res, a retracé dans, un grand discours les diffi-
cultés qu'eurent à surmonter les puissances al-
liées pour arriver à une entente, à Versailles
Si l'entreprise de la Société des nations réussit, ajoute
le ministre, elle sauvera le monde, mais elle ne peut
réussir qu'à la condition de ne pas être sceptique. 11
faut se garder, cependant,, des illusions.
La Société des nations n'offre pas de garanties im-
médiates et il faut songer a sa -propre défense, c'est
pour, cela que nous poursuivons à Paris la. revision des
traités de 1839.
J'adresse nos vœux à nos délézués. cm'ils sachent auà 1
K: 1» iuUioa 'V entière est derrièret"êux. u (Tonnerre d'applau-
dissements..)
La -révision des traités de 1839 doit nous donner dss
garanties. • .̃
Au sujet de la question du Luxembourg, M. Paul
Hymâns a dit,:
Nous cherchons un rapprochement économique pour
maintenir l'autonomie .du grand-duché et nous avons
.obtenu déjà des facilités de transport et de transit.
Le ministre des affaires étrangères a rendu
hommage à tous les alliés dont la solidarité a
contribué puissamment à la libération du terri-
toire belge. Il a fait ressortir, en terminant, que
la part faite à la Belgique par le traité n! est point
négligeable.. • •
M. Bertrand, au nom du groupe socialiste, a
donné lecture d'une -déclaration disant que les so-
cialistes voteront le traité pour empêcher la con-
tinuation de l'état de guerre, parce qu'ils ne veu-
lent pas prendre la responsabilité de voir refuser
à la Belgique pact de légitimes réparations
à laquelle elle a droit. Si les articles du traité
relatifs au travail ne réalisent pas toutes les, as-
pirations 8oc-ïa!istes, la charte pe cependant.
devenir la base de la Ligue des peuples.
Après avoir exprimé le regret /[ue, Bruxelles
n'ait pas été choisi comme siège de la Société" dos
nations, M. Bertrand a dit qu'au point de vue in-
ternational le traité oblige les socialistes à for-
muler des réserves, au sujet des garanties néces-
saires aux consultations prévues, à l'organisation
de la -Société des nations, au désarmement, à la
question des colonies et au mode de payement des
indemnité}* Mais ces réserves, ne sauraient faire
oublier que le traité consacre la libération du ter-
ritoire; qu',il rend à la France les provinces ravies
par la force, qu'il réalise, la résurrection de la Po-
logne, • qu'il crée le pacte de la Société, des nations
et la. conférence' de 'la législation du' travail,
M. Delacroix, président du conseil, au nom du
gouvernement belge, a remercié chaleureusement
les plénipotentiaires des résultats acquis.
̃M. Destrée, socialiste, dit qu'il votera le traité,
mais que ce vote est un vote de résignation.
« Loin d'être à l'abri d'une prochaine' guerre,
dit-il, nous restons le champ de bataille de l'Eu-
rope. Le .traité de paix n'est pas l'œuvre de jus-
tice que nous attendions. » »
M. Terwagne, socialiste; dit qu'il est à remar-
quer que pas un socialiste belge, comme certains
socialistes neutres ou défaitistes alliés, ne. trouve
le traité trop dur pour l'Allemagne.
Par appel nominal, la traité a été voté à l'una-
nimité des 128 membres présents. (Applaudisse-
ments.)
Par appel nominal, te Chambre vote ensuite l'an-
nexe' du traité do paix concernant la convention
militaire entre la France, l'Amérique, la Belgi-
que et la Grande-Bretagne, concernant l'occupa-
tion de la rive gauche du Rhin.
La question du Chrantoniag
Un membre de la délégation chinoise nous a
donné son im-pression sur lia déclaration dû vi-
comte tfçhida, ministre des affaires étrangères du
Japon, que nous ayons publiée hier.
/̃«-.Cet/te -.déclaration, nous dit-il, ne sau>raït sa-
tisfaire île peuple chinois qui d'amande au' Japon
de déclarer • d'une façon très 'nette qu'il rendra le
-ôhantoung à.Ja Chine en toute souveraineté, et-âe
fixer d'une -manière précise-
titution1. »
ug.
ULSS ÉVÉKEMBm DE HONGRIE
~¡'HP V»7é ~t:nM*A– 't~tr]~~ ~M
iîôn .màiïote de Budapest, vîâ B&le, en data du 8 août: *̃̃
^a praclamation suivante a été affichée jeudi
"• Au peuple hongrois, .•̃
poussé par l'amour impérissable qui me rattache au
̃peuple hongrois, jetant un regard sur les cinq dernlè-
res années et donnant suite au désir qui m'est parvenu
de itous côtés, j'ai pris en main la solution de la situa-
tion devenue intenable depuis longtemps.
4e.no puis rester spectateur inactif lorsque des poli-
ticiens ou des groupes et des partis d'intérêts diffé-
rents se battènt sur lo sort de notre pauvre patrie' ef-
fondrée.
t!n ministère en fonctions qui n'est'reoonnu par per-
sonne, ainsi que l'interruption complète du ravitaille-
ment eu denrées alimentaires menacent d'une oatastro-
phe,, si la population intellectuelle hongroise #nie au pro-
îétçirJat raisonnable et au peuple des paysans no crée
pas l'ordre d'une main ferme.
Je confié la direction provisoire et la présidence du
gouvernement hongrois au secrétaire d'Etat pour les af-
faires' étrangères M. Stefan Friedrich, la direction pro-
visoire du ministère, hongrois de l'intérieur à M. Adolf
Samassa, conseiller ministériel, la direction provisoire
du ministère hongrois des affaires extérieures au général
Gabriel Tanozos,' la direction provisoire du ministère
hongrois des cultes et de l'instruction publique au doc-
teur Alexandre Imre, secrétaire d'Etat, la direction pro-
visoire du ministère de la guerre -au général Ifrani
Sohretaer, là direction provisoire par intérim du minis-
tère du commerce et des industries à M. Stefan Fried-
rich! la direction provisoire du ministère des finanoes au
-docteur Johan Oruenn, secrétaire d'Etat, la direction
provisoire du ministère deU'hygiène publique au docteur
Andréas Osillery, médecin. e ministère du ravitaille-
ment reste provisoirement non pourvu.
La docteur Jaitib Bleyer est chargé de la direction
provisoire du ministère des minorités nationales, la. di-
rection provisoire du ministère, do lajustice est confiée
au docteur Belal 'Szassy, secrétaire d'Etat; la direction
provisoire du ministère de l'agrioullurp au docteur
Bolàjïd jGyory, secrétaire d'Etat.
te gouvernement provisoire a été formé en quelques
jo.ùrs, après des entretiens avec des représentants des
bourgeois, des agriculteurs et des ouvriers.
tenus par l'idée de désintéressement complet du "gou-
vernement qui a pris le pouvoir dans des circonstances
difficiles! p1 •̃'•̃'
À bas lit désunion, la critique, les subtilités! Que vien-
nent l'union, la comprëhension réciproque et lé travail i
Ayons une conûanoe. absolue dans l'avenir meilleur de
n.otre pa.trie. '̃
t,it. Archiduc Joseph, feld-maréchal.
'-̃"?̃'̃̃ Les nouveaux ministres
.Kotre correspond nt particulier nous télégraphie, sur.
tes collaborateurs de l'archjduc Joseph, les détails carâc-
ténstiques suivants
r Vienne, 8 août.
.11 est singulier que rar.chiduc Joseph, petit-fWs
dSine princesse française et le plus Magyar des
HjiBsbourgs, ait confié là présidence de son pre-
mier gouvernement à un Allemand d'origine,
Stefan Friedrich, et les affaires dea « nationa-
lités » non magyares dé Hongrie à un autre Alle-
mand, Jakob Bleyer, professeur de langue et de lit-
térature germaniques à l'université de Budapest.
Is'o. Ta-t-ii pas fait peut-être sous l'influence de sa
ftrnme, l'énergique et ambitieuse Augiista de Ba-
vîère qui; quoique résidant depuis vingt-six ans
en-Hongrie, ne s'est même pas donné la peine d'ap-
prendre correctement la langue magyare.
̃Friedrich était un des amis intimes de Michel
Karoiyi et l'avait hc-compagnd en juin 191-1 dans sa
tournée aux Etats-Unis. Revenu en Europe, il fût
interné. quelqueiS semaines en France, au début
des hostilité?, puis rentra en Hongrie bû: son pré-'
Bjjflr soin fut de. publier dans un gëand quotidien
bùdapestois des articles haineux contre la France.
Sous le régime Kiarolyi, il fut sous-secrétaire
d'Etat 'du- ministère du la guerre à un moment,' 1
donné. On vanta alors son énergie, mais il n'eut
pas le temps d'en fournir des preuves. Quant à
Blc-yer, il ne fit pendant toute la durée de la
guerre. que yiariner l'Allemagne et les Allemands
dans ses cours à l'université et dans d'innombra-
bles articles.
Il est ..vrai que Friedrich et Bleyer, tout Alle-
mands Qu'ils sont, profesent le chauvinisme ma-
gyar le plus effréné, mais l'on ne sait que trop
que magyamme et pangermanisme font bien sou-
vent la .paire. A. L.
'̃" Déoiaratiôns du général Mardaresco
On mande de Vieune, via Berne, à la date du 8 août
Le général Mardanjsco a fait au correspondant
de l'Agence télégraphique suisse à Budapest les
déclarations suivantes
Le soldat roumain vient d'acquérir de nouveaux ti-
tres à la reconnaissance du monde civilisé. S'il avait
failli, lui aussi, c'en était fait de l'Europe.
'Nous sommes arrivés à Budapest uaiquement dans
l'intention d'éteindre le foyer qui menaçait l'Europe cen-
trale, et nous tout particulièrement. Nous ne comptons
pas y rester 'un instant de plus que le temps nécessaire
pour que le peuple hongrois puisse nous donner un
gouvernement digne de notre confiance et de celle de
̃nos .aHlégi. ̃ :•
I Kous ne demanderons au peupla hongroisv avec le-
j !ous l1eden;a¡::deronsaupeupl~hG\lgrois\a.v..cld.
I quel nous voulons vivre en bonne intelligence, que ce
qui aû*us est dû ea toute équité.-
Attentat contre un miaistra i.
Berne, 8 août.
Un télégramme de 'Vienne dit que le ministre
du commerce do Hongrie, Dworsak, aurait été vic-
time d'un attentat et qu'il aurait succombé.
SILHOUETTES HONGEIOESES
Aurai-jo le temps d'esquisser ces silhouettes
avant qu'elles s'éclipsent dé l'écran politique hon-
grois ? Cette manière à la turque de « démis-
sionner » un gouvernement rappelle l'entrée
d'Enver pacha an conseil des ministres. J'ai tou-
jours constaté de grandes affinités 'entre Magyars
et, Turcs. 'Le Hongrois Vambéry de savante mé-
moire avait là-dessus des idées plus .précises que
les miennes, bien. que .contredites par d'illustres
confrères. Que les. Hongrois soient d'origine finno-
oûgrienne. ou qu'ils soient des Turco-Tatars, tou-
jours est-il que j'ai plus d'une fois remarqué non
seulement des affinités,- je le répète, mais des
sympathies évidentes entre eux et les Turcs dans
leurs rapporte ordinaires et quotidiens.
Bref, le ministère social-démocrate de M. Peidl
a été brusquement et brutalement remplacé par
un gouvernement « sous les auspices de l'ex-
archiduc Joseph, personnage dont on parlait fort
peu dans le monde autrefois et qui n'a pour ainsi
dire figuré pendant la guerre que dans là nomen-
clature des défaites de Tannée austro-hongroise.
Après, tout, il est .permis-'d'être'1 un p'iè.fcre' stra-
tège tout en étant un « gouverneur d'Etat » accep-
table..
Sous la monarchie dualiste, l'archiduc Joseph
résidait généralement à Budapest, sur la colline
de Bude, dans un palais situé entre le château
royal constamment désert et le palais de la pré-
sidence. C'est îa que je le voyais quand j'étais
chargé d'apprendre notre littérature à son fils
aîné, l'archiduc Joseph -François, alors âgé de
seize ans.
J'ai raconté ici 1;/ façon dont mon élève, jeune
garçon studieux et distingué, passait sas examens
do fin d'année en présence de son père Net de sa
mère, la princesse Augustine de Bavière, fille de
l'archiduchesse Gisèle et petite-aile par consé-
quent de l'empereur François-Joseph, dont elle
était hélas tout le portrait.
Outre ce fils, l'archiduc Joseph avait un second
fils et deux filles dont la dernière était alors un
•bébé.
L'archiduc Joseph était un homme fort peu
bruyant, peu fait pour jouer les premiers rôles
et peu enclin, selon moi, à les rechercher; aussi
son élévation d'aujourd'hui semble-t-elle être le
résultat de la politique des autres.
Le général Tanczos qui vient de prendre le por-
tefeuille des affaires étrangères dans la poche du
professeur Agoston était lors de la mobilisation
attaché militaire à Athènes. 'Je fis là sa connais-
sance. Brun, mince, distingué de 6a personne,
c'était un hotnme actif et fort intelligent; au
mieux avec le ministre d'Autriohe-Hongrie, G. de
Sziîassy, un de nos ennemis jurés à Athènes, ce
F""t. 'es deux' diplomates qui entretinrent le Tihis
babjtemen, iiusîru.au fforn'i'er. raomênti fe$:f léga-
tions et .le gouvernement grec dans l'idée que les
.puissances centraSes > né pousseraient pas à 'la
guerre. _̃̃̃ t
Très mondain,.comme sa situation du reste lui
en faisait une obligation, très sociable en môme
•temps, il avait su s'attirer des sympathies dans
toutes les légations. Parmi la foule des diplomates
de tous pays et de tous rangs qu'il m'a été donné
de fréquenter, c'est un des hommes qui m'ont
paru, le mieux adaptées à leur emploi. Je le crois
très bien préparé, quoique jeune encore, à'rem-
jplir sa nouvelle fonction. II a été promu pendant
la guerre général de hussards.
Mon impression est que l'archiduc et son mi-
nistre pourraient être bien accueillis à l'heure
qu'il est par le' pays, surtout s'ils prennent des
collaborateurs dans les principaux partis poli-
tiques. Mais quel régime se prépare en Hongrie
avec do tels gouvernants? S'il m'est permis d'é-
mettre par comparaison une opinion personnelle
sur les Hongrois en général, je dirai en toute sin-
cérité que l'esprit des Chinois me parait plus na-
turellement enclin au régime républicain que
celui de la plupart des Magyars. Aiidré pu-
boscq,
LES ÉVÉNEMENTS DE RUSSIE
,LES l~ DE R~J~SIE
Sur le front d'Arkkangel
L'agence Reuter apprend dès milieux officiels
de Londres que la nouvelle de source bolcheviste,
suivant laquelle Arldiangel serait entre les mains
des bolchevistes, est dénuée de fondement.
D'autre part, un journal de Stockholm annonce
que les oolchevisfces auraient coupé les communica-
tions entre la côte môurmane et Arkhangel.
L'armée Youdenitch en retraite
Lo bureau de presse estonien de Copenhague an-
nonce, le 8 août, que l'armée russe du nord-ouest,
commandée par le général Youdenitch, qui mar-
chait sur Petrograd, a été obligée de battre en re-
traite sous la pression de forces ennemies supé-
rieures. L'armée Youdenitch s'est arrêtée près de
Hambourg, à quelques kilomètres de Narva. IjHie a
•fait sauter la pont du chemin de fer qui franchit
la Louga. et a repoussé, plusieurs tentatives des
bolchevistesqui cherchaient à franchir le fleuve.
i/n sous-marin rouge coulé
i/amiraûté britannique a communiqué hier la, note.
.suivante ,̃•
Un télégramme reçu co matin de l'officier com-
mandant dans la Baltique fait connaître que le
sous-marin bolchevisto Ersh a été coulé par les
destroyers britanniques Valorous et Vancouver.
Les Français à (Masse
L'agence Reuter apprend que, suivant un télé-
gramme ;d'H61singfors du 5 août, un communiqué
bolcheviste du 29 juillet annonce que la flotte
française de la mer Noire a donné ordre au com-
mandant d'Odessa de remettre tous les Français
d'Odessa aux autorités françaises, sous peine de
bombardement de la ville.
-sa*
DANS LE PROCHE OUIENl
Deux notes des alliés à la Sublime-Porte
-On mande de Constantinople
Les hauts^commissàires alliés ont remis à la
Sublime-Porte deux "notes collectives. l'une sur
la décision de la Conférence d'envoyer, à Smyrne
ane commission chargée d'enquêter sur les évé-
nements survenus lors de l'occupation, l'autre sur
la, fixation de la limite d'occupation grecque.
Le général anglais sir George Mime a été chargé
au nom des alliés du maintien de l'ordre dans le
district de Smyrne.
Le bolchevisme en Turquie
On télégraphie de Salonique à l'agence des Baisons
On mande de Constantinople que les autorités
turques se montrent très préoccupées de la rapide
extension du ̃ bolchevismé parmi les classes ou-
vrières dans toute l'ancienne Turquie. Le gou-
vernement turc aurait acquis la preuve que les
membres de l'ancien comité Union et progrès sont
en relations suivies avec Lénine et Trotzky et
agissent selon leurs instructions. Les sujets des
puissances ennemies, les Allemands surtout, qui
ont reçu l'autorisation de continuer à séjourner
on Turquie favorisent de tous leurs moyens la pro-
pagande-bolcheviste, et subventionnent largement
les émissaires que les bolchevistes musulmans ex-
pédient en Asie-Mineure.
Un office commercial français du Levant
Notre correspondant particulier télégraphie d'AMiènes
ii'office commercial français du Levant a été
Inauguré lundi dernier en présence du chargé
d'affaires de France et des notables de la colonie.
Sous la direction de l'attaché commercial de
France et, en liaison, avec l'office: national du com-
merce extérieur de Paris, l'activité de l'office du
Levant s'étend à tous les pays riverains de la Mé-
diterranée orientale. Dans les principales villes,
des bureaux spéciaux seront constitués. Son ob-
jet est de créer et de développer les relations
commerciales, financières et industrielles entre la
France et le Levant.
«SB»-^ _̃
JLettr e de Houmanie
La situation iiitém et l'étal des esprits
(De notre correspondant particulier)
Bucarest, août.
Depuis des mois, la situation politique inté-
rieure de la Roumanie consiste en un piétinement
sur place pénible, qui a démoralisé l'opinion. La
rentrée de M. Bratiano n'a en rien modifié cette
situation. En quittant Paris, le président du con-
seil roumain avait déclaré aux journaux français
qu'il retournait à Bucarest présenter sa démission
au roi. Plus d'un mois est passé depuis son arri-
vée et la crise n'est pas encore résolue. M. Bra-
tiano n'est pas démissionnaire au moment où j'é-
cris ces lignes, bien que le gouvernement déclare
qu'il ne signera pas le traité. La raison de' cet
ajournement de. la décision annoncée à Paris est
un mystère pour le monde politique roumain, et
forme, depuis l'arrivée du président, l'objet d'in-
terminables, vains et fatigants commentaires dans
les journaux d'opposition, qui sont très nombreux.
Le. résultat en est qu'à l'heure actuelle l'éventua-
lité d'une collaboration est exclue entre MM. Brâ-.
tiano d'une part, Take Jonesco et Averèsco dvau-
tre part. Le gouvernement actuel déclare qu'il ne
peut pas signer un traité dont certaines clauses
méconnaissent les intérêts du pays, et demande
en même temps à M:M. Take Jonesco et Averesco
de déclarer à leur tour si eux acceptent ces clau-
ses, à savoir protection des minorités par les
grandes puissances et liberté du transit. Etant
allé demander à M. Take Jonesco son avis, il m'a
répondu qu'il le ferait connaître après que M. Bra-
tiano aurait défini son attitude et sa po-
litique. Cependant, la presse et certains hommes
politiques croient que le chef du 'parti conserva-
teur nationaliste, sans approuver les clauses du
traité, estime qu'une politique de résistance se-
rait illusoire et ne saurait -que nuire à la Rouma-
nie. M. Take Jonesco et ses partisans seraient
d'avis qu'un autre gouvernement, jouissant de
plus de crédit auprès des grandes puissances, de-
vrait prendre le pouvoir et essayer d'obtenir une
amélioration des conditions imposées à la Rou-
manie, si, toutefois, il n'est pas 'trop tard. C'est
pourquoi l'opposition reproche à M. Bratiano
d empêcher, en s'attardant à la direction du pays,
ces efforts que d'autres pourraient faire avec plus
de chances de succès. Et les partisans de M. Bra-
tiano reprochent à M. Take Jonesco de ne pas ac-
cepter le pouvoir.
L'ignorance où vit le public dos décisions pri-
ses par la Conférence au sujet de la Dobroudja
méridionale, de la Bessarabie et du Quadrilatero
rend la situation encore, plus trouble. On a lu dans
la presse parisienne que la possession intégrale
de la Bessarabie serait contestée à la Roumanie,
que Ion discute à la Conférence sur le sort de la
bande de terrain du sud' de la Dobroudja. et le
.gouvernement n'a donné aucune explication sur
ces questions. Cette incertitude sur i« ««w h« rf>s
r*v"n7 Su"K""tv «MftAïïïm!a encore Féner,vjë..
ment et la dépression des gens sérieux.
A tout cela est venue s'ajouter l'attaque ma-
gyare. Il est inutile que je vous cache la vérité •
on rend responsable ici de ces attaques, encore et
toujours, l'ancien, conseil des Quatre. L'offensive
magyare est ce que la presse officieuse appelle
un « effet posthume » de la politique de cet or-
ganisme défunt. Je vous ai télégraphié déjà les
détails militaires de cette nouvelle campagne.
L armée roumaine a eu finalement le dessus mais
avec dos pertes très élevées. Plusieurs milliers de
morts ot de blessés, dont un grand nombre d'of-
ficiers, sont le prix dont les Roumains ont payé.
j_ écrasement des Magyars sur la rive droite de la
T~L
Dans toutes ces luttes, les Roumains constatent
qu'ils n'ont reçu aucun secours do leurs alliés. On
les a laisses soutenir seuls le coup et le repousser.
Et la presse se demande pourquoi cet abandon?
Quand les Tchéco-Slovaques furent attaqués et
repoussés par les Hongrois, la Conférence exigea
immédiatement de Bela Kuhn d'arrêter son of-
fensive victorieuse et alla même jusqu'à l'inviter
à traiter avec les alliés. Maintenant que ce fut le
tour des ^Roumains de recevoir le choc aucun
mouvement n'a été fait soit pour arrêter l'attaque
magyare, soit pour venir au secours des Rou-
mains.
Une première conséquence de cette situation est
d ébranler quelque peu la confiance dans certai-
nes clauses politiques du traité. On n'a pas ici
l intention de S'opposer aux grands alliés, mais on
se persuade que leur contrôle n'est pas possible
en pratique. Après les libéraux -2 sans plus pari
1er de M. Marghiloman, qui, naturellement, « ré-
siste » tant qu'il peut, voici -le général -ive-
resco qui fait écrire dans son journal que la Rou-
manie no doit pas accepter le contrôle des mino-
rités et la liberté du. transit. Ce changement est
d.autant plus surprenant que le général avait été
.lusqu ici complètement d'accord avec M. Take Jo-
nesco. M. Marghiloman, dans son dernier discours
politique à ses partisans, discutant les possibilités
pour les alliés de faire pression sur la Roumanie
au cas où elle refuserait d'accepter les clauses du
traite, allait jusqu'à déclarer qu'un éventuel boy-
cottage économique et financier de l'Entente cûn-
tre la Roumanie aurait' pour conséquence auto-
matique 1 ouverture des frontières roumaines à
l'importation de marchandises allemandes II y a
lieu oi>aindre que la chose ne se produise même
tl ailleurs sans ce boycottage à cause des difficul–
tés dues au change. E. Algazij. ~AIIi!lÏJl8:
̃NOUVELLES DE E L'ETRANGER
GRANDE-BRETAGNE
La propagande bolcheviste `.
Le Daily Mail annonce que ,1a police- de Londres
vient de découvrir de nombreux documents et des
photographies établissant l'existence d'un vaste
complot révolutionnaire. L'un de ces documents
programme du Soviet des travailleurs dû la Clyde,
comporte les points principaux suivants
Désarmement de tous les soldats n'appartenant pas
au prolétariat; armement et enrôlement de toute -la,
population ouvrière dans une armée rouge; création
d'un tribunal révolutionnaire abolition du Parlement et.
des conseils municipaux, remplacés par le conseil révo,-
lutionnaire suppression de toutes les distinctions de
classes, titres nobiliaires, ordres, et égalité sociale des
sexes. Pour éviter le chômage, réduction à 6. heures
de la Journée de .'travail, avec saiaire .minimum do
17-5 francs 'par semaine; confiscation de tous les bi&ni
de îa couronne au profit du prolétariat expropriation
de toutes les terres, propriétés, fonds, «très et valeurs'
appartenant aux capitalistes; expropriation des banques,
raines, établissements industriels et commerciaux; le co-
mité républicain prendra possession de tous les moyens
de communications et moyens de transports.
Le document se termine par ces mots « Vivent
la révolution et l'armée rouge de Grande-Breta-
gne!,» »
D'autre part, notee correspondant de Londres télé-
graphie
Le journal du soir radical .Star, qui affecte le
plus grand scepticisme au sujet des déolaratioas
i-éc-erfes dé ia police de Scotland Yard sur les
menées bolchevistes en -Angleterre, a -révélé hier
soir que la personne, aux vues avancées, qui au-
rait reçu des fonds- de 'la propagande .boMieviste,
n'est autre que miss Sylvia Pankhurst. On sait
que ce^tte perisonn*, à- la différence de sa mère et
e ea sœur, miss ChriiSt«bel.Pankhuo«t, s'est dis^
tinguée pendant la gueiT-e par son -agitation paci-
fiste et qu'el'îe Mt actuel lemept secrétaire de la
« Workers Sociaiist Fédération » et rédacteur
en chef d'une pubiie-ation The Workers Dread-
nought.
Il ressort des inierviews du Star avec îes auto-
rités de Scotland Yard et avec miss Sylvia, qu'elle
a été en rapport avec le Norvégien Zaciiariassan,
qui fut arrêté 'le mois dernier et déparié après
avoir fait certains aveux. Miss Sylvia dément
'DIMANCHE 10 rA10Wn 1019
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PARIS, SHBE4 5KIIIE-6-0ISÇ. Trotsnois, 14 fr.; Biimoia, SS fr.; tnan, S5GS ir.
BÈPABT" 6 COIOrnESFRAHÇÀKœs. 17 fr. S4fr.; 68 fr,
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i les ABOSNBsnmrs datent DES i" et le DE chaqoe mois
Un ~nunaëro (dépa'rt.eDie,n'ts),: 2"® ~e~a'a~ïe~
Un numéro (départements)', s SK* centime»
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ÏÉtÉPHIOWE CIIÏO MÊME*»
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BÊPAET»& COLÔBIESFSÀNgilfflS. 17&; 3<3? fr.; 68 fr,
BKïOK POSTALE 1S fr.; SS fr.; 78 fr,
itS ABOKXEMESTS DATBNT DES i" ET 16 BE CHAQUE MOIS
Un ntunéro (à Paris) s ISî een-tlra^s
Directeur politique j Emile-Adrien Hébrard
Tontes les lettres destinées à la Rédaction doivent être adressées au Directeur
te Journal ne pouvant répandre Ses manuscrits copirnvM^u^
̃ prie le? (tuteurs d'en garder cçpia
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE 5 TTESIIPS ïMïMg
Paris, 9 août
~,T,.u~
BULLETÏNJJU JOUR
LA LEÇON DE BUDAPEST
Un publiciste'' d'outre-^Manche, qui se pique
d'idées avancées, M, Brailsford, écrivait mer-
credi dernier dans le Daily Herald « Bêla
IKkih'n était un homme d'ordre -r- ierme, cou-
irâgeux, ̃ mais •opposé aux effusions de sang
̃iinu'tiiles. Aucun lerrorisnie ne souillait son
(passé. » T-el pas l'avis des populations
magyares qui ont passé quatre mois sous le
régime bolchevisté, tandis que M. Brailsford
ipan'trait en Angleterre et y vivait en bon boûr-
g'-eoi«. Il suffisait de lire les décisions officielles
du gouvernement soviétique hongrois, reipro-
duites parla presse aufcrichtenne, pour oonsk-
ter que le système de Bela Kuhn avait com-
plètiement saboté la vie économique du paysî'
et qu'il -se maintenait uniquement par la peur.
C'est pourquoi, dès que l'armée rouge a été
ibattue par les Roumains, aucun pouvoir bol-
cheviste, ou semi-bol<3li€viste n'-a plus eu
ohanoe de -durer à Budapest. Il n'a fallu qu'une
^poignée de gendarmes pour renverser les oau-
dataires- de B&la Kulm et ppur les remplacer
par l'archiduc Joseph, générad pourtant peu,
nabitué à gagner des batailles. Que le règne de
oét arohiduc soit provisoire ou • durab-le, l'im-
ïriense majorité des Magyars veut nrcunïfeste-
siîent un régime qui' rendra aux habitants des
vHlès l-euips moyens d'existence et qui donnera
des terres aux paysans. M. Brailsford lui-
même reconnaît mélancoliquement qu'un re-
flux irrésistible emporte les idées de son ami
Bêla Kuhn « A coup sûr, écrit-il, la grande
propriété' féodale disparaît partout dans l'Eu-
irope: orientale. -A sa place, il naît une société
de 'petits propriétaires paysans, inébranlables
dans leurs opinions conservatrices et. cléri-
cales. Cette société ajournera tout progrès vers
lé socialisme, jusqu'à ce qu'il se soit formé de
nouveau, au-dessous d'elle, une génération de
travailleurs qui ne posséderont pas de terre.»»
On pourrait répondre à M. Brailsford que les
petits propriétaires paysans ne seront pas né-
cess-ak'em'&nt çonsai"va;teiirs ni cléricaux té-
îïibin le parti1 aigrarién de Bohême, par exem-
ple et que, si le bonheur des kulinistes et
des brailsfordiens exige la formation d'une
plèbe rurale,' Je bonheur de rhiimanaté s'en
passera pàffaifemeni. Mais d'autres sujets
plus importants sollicitent notre attention.
Les événements de Hongrie res&emblenit un
peu; à une pièce de théâtre. Ils se déroudent
dans un pâ.âre bien étroit et, même quand ils
sont tragiques, ils.. sont toujours factices., Se.u-
îemeait, le s-pectacle qu'ils donnent influe sur
une vaste assistance. Tous les peuples de
l'Europe font partie du public, et les péripéties
.qiii se prôd-uisent sur la' scène peuvent engen-
drer..des scènes dans la salle! ,• ̃
''En 1917, la révolution russe a enselgriié aux^
toktion$ qu'un trône s'écrou-lé aisémeiri, quand
X*. îTiO'n-irïyguo çjui y B5>£ aîjoîo rie actfil pas o^u
^rnef ni yâlricr.e" GeUèi'ëçoji ri'a pâte' été' per-
due. L'année 'Cuivrante, les Habsbourgs et les
IIohèn2>i>Hern se soné effondrés à leur tour, non
moins aisément. Aujourd'hui, les afïairfiî de
Hongrie démonlrent qu'une ré%'ol.ution est
aussi facile faire de la gauche vers ia droite
que dé la droite vers* la gauche, pourvu que1
ie pays ait subi une profonds humiliation na-
̃fâoaaie .et pourvu qu'il souffre beaucoup dans
éà-vié. matérielle. 'Cette seconde Jeçori ne se
perdra pas flon plus. ̃
Installé à Budapest, le bolchevisme faisait
Ses adeptes à Vienne. Réhistaîlée à .Budapest,
la dynastie, des Habsbourgs peut réveiller à
iVienne bien ëes^' souvenirs, bien "des regrets.
D'autre part, Budapest n'est pas la première
capitale européenne qu'on délivre du bolche-
,visme. Dans cette voie, les Magyars ont été pré-
cédés par les Bavarois. Munich, cependant,
n^est pas allé' jusqu'à rappeler un Wittelsbach
epmme Budapest vient de rappeler un Habs-
bourg. Parmi les Allemands qui regardent les
événements de Hongrie, ne s'en trouve-t-il
point qui se repentiront de s'être arrêtés à
nii-route? La Germania, qui est le principal
organe du parti catholique, et qui paraît à Ber-
•lin, réservait l'autre jour une place singulière-
ment voyante à la lettre où le-prinoe Rupprec'ht
demaiidait à être jugé par la Diète bavaroise.
tAu-dèssus*de cette lettre, qui occupait le milieu
de îa première page, on lisait en grosses let-
tres « Rupprecht de Baviè-pe se met à la dis-
position du peuple .bavarois. »
Mais le spectacle déjà Hongrie ne produira-
t-il des effets qu'à 'l'ouest de Budapest? N'y
fi,4-il pas, à -l'est;' uh immense pays qui est. ra-
yagé par lé boîcoevisme de Lénine, bien plus
intolérable encore que le bolchevismé de Bêla
Kuhn? Est-ce que tous les Russes patriotes ne
vpnt pas,ëtn tentés de dire, en voyant la res-
vont pas être es de dire, en voyant la res-
tauration hongroise « Chez nous aussi, un
jour, cela finira ainsi »?
Tandis que ces idées cheminent dans la
conscience des peuples, que préparent les gou-
vei-nemérits .des « principales puissances »
alliées et associées? Selon toute vraisemblance,
l^Eùfope centrale H orientale arrive à un tour-
nant de son' liistoiive. Il peut saccomplir, au
cours des'mois prochains, des changements qui
agiront pendant une génération sur le sort de
notre continent tout entier. Voulons-nous con-
duire les événements ou les suivre? Avons-nous
une politique ou n'en avons-nous pas?
«^
BÉPÊGMS TÈLÊGHÂPIIIQUES
̃ Londres,. 9 août.
• hes négaolation'S qui se poursuivaient depuis
quelque temps à Rawalpindi entre tes dt-légu<5s.
britanniques et^.afghans ont abouti. Là paix: a été
ëignée hier.
'̃ ̃̃̃̃̃- Rome, 9 août.
L'Avanti annonce: qu'environ 50 navires mar-
iehands so-iit 'toinobilteée dans 'les ports.
;̃•̃̃ Eile, 9 août..
Le Lokal-Anzciger, résumant les conversations
polilkjues qui ont eu .'lieu 'récemment entre ies
:aifféreïits! Etats -.qu'intéresse la f.ormaticii d'une
Graride-ïhuringe, en tuv là conclusion que la
constitution de cette dernière est înaint'inant as-
eurée.
Madrid, 9 août.
Le directeur de la Correspondancia inilitar, M.
Julio Aniado, a été nommé gouverneur civil de
,Ba-roeloQ«.
;i -Heîsingfors, 9 aoû!.
Les journaux de Peteog rad annorreent que te
nombre des cas de choléra dans la viHe est quo-
tidiennemeiït de 60. Lo nombre des cas de dysen-
terie dépasse .100 chaque jour. Le. manque de vaé-
dieaments se fait orueltement sentir.
D'autre part, suivant un journal de Stockholm,
.deux navires américains, chargés de vivres, des-
tioés aux Soviets, sont arrivés à Petrogrâd.
'̃̃' Varsovie, S août.
La colonie russe a reçu une communication que
le gouvernement de l'amiral Koltchak désirait en-
trer en reia'tions avec le gouvernement polonais.
Pour la moment, on annonco l'arrivée prochaine
d'un cqnsul'russe à Varsovie.
Les journaux polonais, commentant cette nou-
velle, expriment l'opinion que les Russes devraient
enfin régler leur politique envers la Pologne, en
abandonnant leurs prétentions sur les provinces
polonaises libérées de l'invasion bolcheviste et rat-
tachées actuellement à la Pologne; dans ce cas, une
collaboration efficace de l'armée polonaise avec les
Russes serait possible, et F-oppression du peuple
russe par les imposteurs bolebevisto*- toucherait
bientôt à sa îint
Les tfiasprls militaires
sur les pends réseaux i Éetios de ft
Les paradoxes sont, parfois,- assez plaisants,
et pour peu qu'ils soient soutenus avec esprit,
ils ont droit alors au sourire, et ils provoquent t
d'aimables reparties. Celui dont la Chambre
s'est occupée hier est d'un tout autre caractère.
Si l'on en rit, c'est pour ne pas être tenté d'en
pleurer.
Comment l'Etat a-t-il pu, en effet, laisser
s'accumuler les payements qu'il devait aux
grands, réseaux de chemins de fer, pour les
transports militaires depuis la guerre? II. a
comblé- d'éloges les compagnies, en raison, des
services qu'elles ont rendus à la défense natio-
nale. Ce fut justice. Mais, quant à rémunérer
ces services, l'Etat jugea bon de s'en dispenser.
Les prix pour les transports militaires avaient
fait l'objet d'un contrat, en date du 12 juin 1808,
connu sous lenom de traité Cotelle. Cet accord,
conclu pour' dix ans, devait continuer par tacite
reconduction de dix ans en dix ans. 11 ne fut
pas dénoncé en 1007. La guerre survenant, les
conditions fondamentales s'en trouvaient alté-
rées, 'Lé 17 juin 1018, les compagnies dénoncè-
rent le traité. A partir de, cette date, la rému-
nération des transports devait régulièrement
être réglée suivant- les tarifs du cahier des
charges. ̃
Or, pour la période antérieure elle-même,
celle des premiers transports miîifcires. opérés
jusqu'au 17 julii ÎOÏ'S, dos contestations surgis-
saient, notamment au sujet des transports effec-
tués pour les armées alliées. Une commission
instituée au ministère de la guerre par le gou-
vernement, commission présidée par M. Co-
telle, fit cette déclaration
En toute bonne foi, les administrations de chemins de
fer pouvaient utilement soutenir que l'extension ainsi
donnée aux transports militaires dépassait, en fait, les
intentions des parties contractantes, telles qu'elles
avaient pu être raisonnablement envisagées lors do la
négociation du traité du 12 juin 1898, et que l'applica-
tion qui serait faite d.ès dispositions de ce traité aux
•transports exécuté1; pour le compte dos armées alliées
serait, dès lorst. susceptible de leur ouvrir, le cas
éphéant, un droit à, indemnité à débattre, si elles éta-
blissaient que l'application du traite dé 1898 leur. causait
un préjudice excessif.
En outre, ,un arrêt du, Conseil d'Etat, en date
du 30 mars 191(i, a reconnu le droit à- une in-
demnité pour les concessionnaires des services
publics, dans le cas où des charges « extra-
contractuelles » leur sont imposées en dehors
des prévisions .des parties. Par suite, les ré-
seaux de. chemins' de fer, étaient fondés à ré-
clamer le payement de prix supérieurs à ceux
du traité de ISOSj jRien,en somme, n'eût, été
simple comme de s'entendre rapidement avec
les entreprises en-cause. Mais quoi!. Paraître
céder à. des réclamations de « grandes compa-
gnies»? L'ombre de Camille Pelletan en, eût
frémi.
Les mois, les années passaient; Ja dette de
grossissait, et non pas la sienne unique-
xoptih Eu~Mn, les allin6 dollioi6iLtr~iyb da a~3,o
quitter envers les -Dompagnies: les bases âé..
leur dette demeurant incertaines,, les alliés ne;
savaient pas quels déboursés ils devaient faire.
On arrivait à cette situation paradoxale: des
versements, dus à des réseaux français par des
puissances étrangères alliées de la France, se
«trouvaient ajournés.
Le paradoxe ne pouvait pas, cependant, s'é-
terniser. Le gouvernement finit par comprendre
que, s'il affrontait Un procès, il avait les plus
grandes chances du monde de le perdre. Il en-
tr.. en négociations. Le 12 juin dernier, une en-
tente s'est faite, et, le lendemain, -un projet de
loi a été soumis à la Chambre afin de mettre
fin au litige. C'est ce projet de loi qui à fait
l'objet du débat d'hier. Il tient en un article.
Une somme de 683,390,000 francs .est ajoutée
aux- crédits provisoires alloués au ministre de
la guerre pour l'exercice 1919.'
Le rapporteur de la com.mission du budget,
•M. André Hesse, a expliqué que cette somme
n'implique même, aucuniôment, un débours
égal pour l'Etat « Lé Trésor, a-*Ml dit, n^aura
à supporter de décaissement' effectief que pour
lés Compagnies du Nord et du P.-L.-M. n. Sur
le- réseau- de l'Etat, en particulier, ce qui aura
été touché en plus ne fera que Combler un irou
déjà 'bouché. Pour d'autres réseaux, le compte
des avances déjà effectuées au titre de la ga-
rantie d'intérêt se verra. allégé. Les aîlisës se
̃libéreront. Bref, « les charges définitives du
Trésor sont réduites à 195 millions », tandis que
des aléas considérables .sont évités, les récla-
mations des réseaux ayant atteint près de
2, milliards et demi.
Néanmoins, en dépit de l'urgence du, projet
de toi, les socialistes et un certain cambre de
Seurs -alliés traibitue'ls ont tenté de faire pro-
noncer par la Chambre un ajournement. Mais
il a été repoussé, par, 323 voix contre 136. Et,
quand on. a voté sur le fond même du projet
de loi, il ne s'est plus rencontré que 96 oppo-
sants. L'approbation a réuni 321 voix. Vote de
simple bon sens. Le Sénat ne peut manquer de
le faire sien. Ainsi aura fini le paradoxe.
.LA COTE
Dàns cette lutte contre la vje chère qui s'orga-
nise eu ce moment uii peu partout et sous les for-
mes les plus pittoresques, il est une sorte de rite
quotidien qui correspond à ce que fut si. long-
temps le communiqué militaire, c'est le tableau
des valeurs des denrées, la cote des marchés. De
même que jadis, aussitôt notre journal déplié,
nous courions aux quelques lignes chargées d'es-
poir ou redoutables qui constituaient notre indi-
cation barométrique de l'atmosphère du moment,
do raênîo ̃ et toutes proportions gardées nos
ménagères consultent fiévreusement, chaque ma-
tin les étiquettes qui, en une, seconde, rassurent
leurs yeux ou les épouvantent sur la baisse ou la
hausse.
Tout le monde tient à la lire, cette cote qui, hier
encore, ne passior.nait presque personne. On par-
court ses chiffres fatidiques* on suit avec une
émotion communicative les'progrès qu'ils trace'ht
dans un sens ou dans l'autre, on suppute la façon
dont va s'achever'le diagramme comnïencé. Si i'on
entrevoit une baisse de dix centimes sur le ca-
membert ou que les correspondants étrangers si-
gnalent un fléchissement certain sur, le prix des
oranges ou des bananes, c'est une victoire qu'on
proclame en caractères gras. Si le poisson abonde,
c'est un triomphe -dont on se félicite d'une Voix
émue. Si le prix du beurre diminue un jour; par
on ne sait quel miracle, c'est une frénésie comme
l'annonce. d'un' succès national. Il y a de la fièvre
dans l'air des marchés et cette nervosité qui s'ob-
serve, d'ordinaire, autour de la corbeille de la
Bourse. Aussi le moindre, incident y provoque-t-il
des accidents une étiquette' qn'on change, et voiiâ
un magasin pillé par la foule, un chiffre qu'on
baisse provoque' des applaudissements comme à
Montmartre hier. La cohorte des acheteurs n'a
plus rjen de cette attitude inerta du chœur anti-
que qui se contente d'enregistrer, en gémissant,
les coups dont le destin l'accable.
Voyez les ligues de consommateurs leur pre-
mier soin est de descendre dans l'arène, de se
pencher sur les étiquettes, de jauger la marchan-
dise, de l'évaluer, de la tarifer, d'en cômparer les
prix à ceux de la côte officielle. Tout le monde
veut plus ou moins participer à ce jeu perpétuel
de l'offre et de la. demande, a ce mécanisme de
baseuîe où d'aucuns retrouvent le même intérêt
puissant qu'à une spéculation dû valeurs mobi-
lières: ̃
CoÇle atmosphère de bataille, ces étiquettes
qu'on se 'jette à la- tête, cette cote qui" monte' et
descend par on ne sait quelles lois mystérieuses,
voilà bien ce qui inquiète la simple ménagère, la-
quelle. n'entend rien à toutes ces histoires, est al-
lée faire son marché simplement et constate avec
effroi la sarabande que mènent les n prix mar-
qués n. Cette danse des chiffres d'un jour, et par- r
fois d'une heure à l'autre, l'affole plus :quo tout;
L'incertitude de cours lui cause à elle et, ses
semblables, c'est-à-dire à la majorité des ache-
teurs, une angoisse plus grande que la vie chère
elle-naôme. Si haut que soit tarifée une chose, on
s'habitue à cet excès, quand bien même il signi-
fierait que nous devions nous passer de l'ache-
ter on peut régler sa vie matérielle lorsque les
bases de celle-ci demeurent à peu près sembla-
Mais si l'on a l'impression quotidienne de les
voir varier san? cesse, quel trouble et quel désap-
pointement
Nul ne dira assez les perplexités dans lesquel-
les l'annoncé de la cote de chaque jour jette l'âme
simple do nos; ménagères habituées à supputer
d'avance la dépense du pot-au-feu et auxquelles
répugnent comme 'n tous les tempéraments bien
français -la. gpût du risque et l'angoisse du jeu.
Elles ont l'impression d'être entraînées, malgré
elles, dans une manière d'agio général, dans un
dédale de coups de Bourse perpétuels dont leur
portemonhaie paye toutes les différences, et ce
sera probablement le, plus mauvais .Souvenir
qu'elles, conscryçr.ont de la.. crise actuelle, r– /.̃ B.
-®»
LA PAIX
AU CONSEIL SlIPRlfBE
MEO~EtLSUM~E
Dans >a réunion d'hier, le conseil- suprême des
alliés s'est surtout préoccupé des événements de
Hongrie, du coup d'!Ëtat dirigé par l'archiduc Jo-,
seph et de l'occupation militaire de Budapest par
les Roumains. ••̃
Au cours de ces derniers jours, le conseil su-
prême a adressé trois notes au gouvernement rou-
main. La première invitait le haut commandement
roumain à arrêter l'avance de .ses troupes; la se-
conde informait le cabinet de Bucarest que l'En-
tente ne pouvait reconnaître l'armistice que la
Roumanie voulait imposer à la Hongrie; la troir
siènie formulait 1'espoiç .que la Roumanie se con-
certerait amicalement avec le conseil suprême et
accepterait l'orientation générale établie par les
membres du conseil.
Signalons à. ce propos que, suivant la Chicago,
Tribune, le conseil des Cinq aurait définitivement
fixé les frontières du nouvel Etat hongrois.
D'autres questions ont été examinées hier par
le conseil suprême. Il a, notamment, fixé la répar-
tition des effectifs alliés dans la zone de Haute-
Silésic, où doit avoir lieu le plébiscite- déterminé
les contingents des troupes alliées qui seraient
chargés de surveiller la remise en état des champs
de bataille dans les paya libérés; adopté les' clau-
ses financières et celles relatives aux réparations
qui seront insérées dans le traité avec la Bulsa-
iter». aeciûû iguuoe-.ç/v.^w.jçjsfw^ wss»feMts!» .»."»*?.-
!erait les aliénations, de biens du, domaine public
auxquelles la Turquie procède actuellement.
IttdouîHîîics et réparations
Une note Wc-iff officielle annonce qu'une or-
dornian-ce, du président d'empire prescrit fè oons-
titotion d'une commiasion chairg-éa d© fixer les in-
diëmnités à .paj'er, aux alliés en exxîçution des dis-
positions du traité "de paix. Cette commission a
pour tâche de conduire les négociations avec la
commission- in-terallliée chargée âes indemnités,
avec la participation dt l'office de^ affaires étran-
gères, ainsi' que de grouper les travaux des auto-
rités allemandes à cet effet. Un certain nomtore
d'experts économiques feront partie de cette com-
mission. .̃-̃
Une autre dépêche de Berlin annonce:
Huit réunions puMkmes dtendépendants ont été
'tenuœ mercredi soiT. On y a adopté une réec'l'U-
tioa de ̃protestation contre la composition arbi-
̃tpaire de la commission de reconstruction des .(ré-
gions dévastées envoyée à VërsaiHes, .et on a de-
mandé i'excluaion du capital privé, le reorute-
ineiït.des trawaiiteure seuil-om-ent par 'les organisa-
tions ouvrières et l'application intégrale des me-
sures sooiatos. Les' soçi-alistes indép^ndîmits voient
là la condition d'une libre et cordiale ooiHaboratiion
"des ouvriers à l'œuvre c( qui contribuera à la ré-'
conciliation des peuples et au .-relèvement éco-
iiomiquo allemand »..
ïiOs coaitosekis n!Secuanc3s
«laias les teirefitolres rhénans
Suivant' l&CMtago Tribune, 'le conseil des Cinq
a- adopté hier la proposition du maréchal Foch
tendant à autoriser l'Allemagne à envoyer de nou-
veaux oontingen's dans la zone de 50, kilomè-
tres à 'l'est dm Rhin, les forces dont 'les Allemand^
disposent actuellement dans cette zone étant in-
suffisantes' pour nr.'nteiiir. l'ordre en cas de désor-
dres .provoqués par les grèves.
!îl. tùjâelMfç et le Sénat amérteain
De New- York au Daily Mail
Les journaux républicains commentent longue-
ment les déclarations de M. Lansing devant la
commission sénatoriale des affaires étrangères.
D'après c&s journaux,. le secrétaire. d'Etat a' montré
qu'il possédait au plus haut degré l'art, d'éluder
les.questions .embarrassantes. Il a cependant fait
quelques déclarations positives que reproduisent
les journaux et dont les principales sont lés sui-
vantes .•̃
Le président Wilson a prié récemment M. Cle-
menceau de ne pas; publier les documents relatifs
aux travaux da Ja ̃Conférence. Le, projet améri-
cain relatif à la Société des nations n'a pas fait
l'objet de diseussions la Conférence. M. Lansing
̃estime que le projet actuel est supérieur au projet
américain; personnellement, lé secrétaire d'Etat
croit que le Japon aurait signé le traité même sans
la concession relative au Chantoung, que les Amé-
rioaiiis n'ont 'amais-a1 ~rquv&e. M. LansiBg ne croit
pas à la légalité do. la mise en.. jugement de l'ex-
kaiser. Il considère la clause de garantie territo-
riale dè l'article 10 du pacte de la Société des
nations comme comportant une obligation morale
plutôt que légale; enfin il estime que le pacte au-
rait pu être plus explicite en ce qui concerne la
doctrine de Monroe. ̃
aiais si ces aveux ont rempli d'aise, les adversai-
res du traité, Jëur stupéfaction a été profonde en
apprenant de la bouche du secrétaire d'Etat que
le fameux article 10, qui fait l'objet de si violen-
tes critiques parce que de caractère essentielle-.
ment non ainmcain,.est en réalité un projet amé-;
..Eioain. • ..̃̃̃
-̃ M. Laireing se présentera à «nouveau lundi de-;
vant la commission.
Le fPaï-îeciteKi Ejelgo ratifie îe ivalté
Ao paix
La Chambre belge a discuté vendredi le projet
de loi portant ratification du traité de paix. M.
Woeste, chef de la vieille-droite, a prononcé un
discours pour défendre une fois de plus la thèss
de la neutraiité. Il a fait remarquer que ce fut
la, violation de la neutralité de la Belgique qui
détermina l'entrée en guerre de la Grande-Breta-
gne. M. Woeste considère que le traité de Versail-
les laisse en suspens dos questions primordiales
et constate que le trajt^ de .1839 se trouve abrogé
de fait. Il termine en disant qu'il votsra en faveur
de la 'ratification.
M. Paul Hymans, ministre des affaires étrangè-
res, a retracé dans, un grand discours les diffi-
cultés qu'eurent à surmonter les puissances al-
liées pour arriver à une entente, à Versailles
Si l'entreprise de la Société des nations réussit, ajoute
le ministre, elle sauvera le monde, mais elle ne peut
réussir qu'à la condition de ne pas être sceptique. 11
faut se garder, cependant,, des illusions.
La Société des nations n'offre pas de garanties im-
médiates et il faut songer a sa -propre défense, c'est
pour, cela que nous poursuivons à Paris la. revision des
traités de 1839.
J'adresse nos vœux à nos délézués. cm'ils sachent auà 1
K: 1» iuUioa 'V entière est derrièret"êux. u (Tonnerre d'applau-
dissements..)
La -révision des traités de 1839 doit nous donner dss
garanties. • .̃
Au sujet de la question du Luxembourg, M. Paul
Hymâns a dit,:
Nous cherchons un rapprochement économique pour
maintenir l'autonomie .du grand-duché et nous avons
.obtenu déjà des facilités de transport et de transit.
Le ministre des affaires étrangères a rendu
hommage à tous les alliés dont la solidarité a
contribué puissamment à la libération du terri-
toire belge. Il a fait ressortir, en terminant, que
la part faite à la Belgique par le traité n! est point
négligeable.. • •
M. Bertrand, au nom du groupe socialiste, a
donné lecture d'une -déclaration disant que les so-
cialistes voteront le traité pour empêcher la con-
tinuation de l'état de guerre, parce qu'ils ne veu-
lent pas prendre la responsabilité de voir refuser
à la Belgique pact de légitimes réparations
à laquelle elle a droit. Si les articles du traité
relatifs au travail ne réalisent pas toutes les, as-
pirations 8oc-ïa!istes, la charte pe cependant.
devenir la base de la Ligue des peuples.
Après avoir exprimé le regret /[ue, Bruxelles
n'ait pas été choisi comme siège de la Société" dos
nations, M. Bertrand a dit qu'au point de vue in-
ternational le traité oblige les socialistes à for-
muler des réserves, au sujet des garanties néces-
saires aux consultations prévues, à l'organisation
de la -Société des nations, au désarmement, à la
question des colonies et au mode de payement des
indemnité}* Mais ces réserves, ne sauraient faire
oublier que le traité consacre la libération du ter-
ritoire; qu',il rend à la France les provinces ravies
par la force, qu'il réalise, la résurrection de la Po-
logne, • qu'il crée le pacte de la Société, des nations
et la. conférence' de 'la législation du' travail,
M. Delacroix, président du conseil, au nom du
gouvernement belge, a remercié chaleureusement
les plénipotentiaires des résultats acquis.
̃M. Destrée, socialiste, dit qu'il votera le traité,
mais que ce vote est un vote de résignation.
« Loin d'être à l'abri d'une prochaine' guerre,
dit-il, nous restons le champ de bataille de l'Eu-
rope. Le .traité de paix n'est pas l'œuvre de jus-
tice que nous attendions. » »
M. Terwagne, socialiste; dit qu'il est à remar-
quer que pas un socialiste belge, comme certains
socialistes neutres ou défaitistes alliés, ne. trouve
le traité trop dur pour l'Allemagne.
Par appel nominal, la traité a été voté à l'una-
nimité des 128 membres présents. (Applaudisse-
ments.)
Par appel nominal, te Chambre vote ensuite l'an-
nexe' du traité do paix concernant la convention
militaire entre la France, l'Amérique, la Belgi-
que et la Grande-Bretagne, concernant l'occupa-
tion de la rive gauche du Rhin.
La question du Chrantoniag
Un membre de la délégation chinoise nous a
donné son im-pression sur lia déclaration dû vi-
comte tfçhida, ministre des affaires étrangères du
Japon, que nous ayons publiée hier.
/̃«-.Cet/te -.déclaration, nous dit-il, ne sau>raït sa-
tisfaire île peuple chinois qui d'amande au' Japon
de déclarer • d'une façon très 'nette qu'il rendra le
-ôhantoung à.Ja Chine en toute souveraineté, et-âe
fixer d'une -manière précise-
titution1. »
ug.
ULSS ÉVÉKEMBm DE HONGRIE
~¡'HP V»7é ~t:nM*A– 't~tr]~~ ~M
iîôn .màiïote de Budapest, vîâ B&le, en data du 8 août: *̃̃
^a praclamation suivante a été affichée jeudi
"• Au peuple hongrois, .•̃
poussé par l'amour impérissable qui me rattache au
̃peuple hongrois, jetant un regard sur les cinq dernlè-
res années et donnant suite au désir qui m'est parvenu
de itous côtés, j'ai pris en main la solution de la situa-
tion devenue intenable depuis longtemps.
4e.no puis rester spectateur inactif lorsque des poli-
ticiens ou des groupes et des partis d'intérêts diffé-
rents se battènt sur lo sort de notre pauvre patrie' ef-
fondrée.
t!n ministère en fonctions qui n'est'reoonnu par per-
sonne, ainsi que l'interruption complète du ravitaille-
ment eu denrées alimentaires menacent d'une oatastro-
phe,, si la population intellectuelle hongroise #nie au pro-
îétçirJat raisonnable et au peuple des paysans no crée
pas l'ordre d'une main ferme.
Je confié la direction provisoire et la présidence du
gouvernement hongrois au secrétaire d'Etat pour les af-
faires' étrangères M. Stefan Friedrich, la direction pro-
visoire du ministère, hongrois de l'intérieur à M. Adolf
Samassa, conseiller ministériel, la direction provisoire
du ministère hongrois des affaires extérieures au général
Gabriel Tanozos,' la direction provisoire du ministère
hongrois des cultes et de l'instruction publique au doc-
teur Alexandre Imre, secrétaire d'Etat, la direction pro-
visoire du ministère de la guerre -au général Ifrani
Sohretaer, là direction provisoire par intérim du minis-
tère du commerce et des industries à M. Stefan Fried-
rich! la direction provisoire du ministère des finanoes au
-docteur Johan Oruenn, secrétaire d'Etat, la direction
provisoire du ministère deU'hygiène publique au docteur
Andréas Osillery, médecin. e ministère du ravitaille-
ment reste provisoirement non pourvu.
La docteur Jaitib Bleyer est chargé de la direction
provisoire du ministère des minorités nationales, la. di-
rection provisoire du ministère, do lajustice est confiée
au docteur Belal 'Szassy, secrétaire d'Etat; la direction
provisoire du ministère de l'agrioullurp au docteur
Bolàjïd jGyory, secrétaire d'Etat.
te gouvernement provisoire a été formé en quelques
jo.ùrs, après des entretiens avec des représentants des
bourgeois, des agriculteurs et des ouvriers.
vernement qui a pris le pouvoir dans des circonstances
difficiles! p1 •̃'•̃'
À bas lit désunion, la critique, les subtilités! Que vien-
nent l'union, la comprëhension réciproque et lé travail i
Ayons une conûanoe. absolue dans l'avenir meilleur de
n.otre pa.trie. '̃
t,it. Archiduc Joseph, feld-maréchal.
'-̃"?̃'̃̃ Les nouveaux ministres
.Kotre correspond nt particulier nous télégraphie, sur.
tes collaborateurs de l'archjduc Joseph, les détails carâc-
ténstiques suivants
r Vienne, 8 août.
.11 est singulier que rar.chiduc Joseph, petit-fWs
dSine princesse française et le plus Magyar des
HjiBsbourgs, ait confié là présidence de son pre-
mier gouvernement à un Allemand d'origine,
Stefan Friedrich, et les affaires dea « nationa-
lités » non magyares dé Hongrie à un autre Alle-
mand, Jakob Bleyer, professeur de langue et de lit-
térature germaniques à l'université de Budapest.
Is'o. Ta-t-ii pas fait peut-être sous l'influence de sa
ftrnme, l'énergique et ambitieuse Augiista de Ba-
vîère qui; quoique résidant depuis vingt-six ans
en-Hongrie, ne s'est même pas donné la peine d'ap-
prendre correctement la langue magyare.
̃Friedrich était un des amis intimes de Michel
Karoiyi et l'avait hc-compagnd en juin 191-1 dans sa
tournée aux Etats-Unis. Revenu en Europe, il fût
interné. quelqueiS semaines en France, au début
des hostilité?, puis rentra en Hongrie bû: son pré-'
Bjjflr soin fut de. publier dans un gëand quotidien
bùdapestois des articles haineux contre la France.
Sous le régime Kiarolyi, il fut sous-secrétaire
d'Etat 'du- ministère du la guerre à un moment,' 1
donné. On vanta alors son énergie, mais il n'eut
pas le temps d'en fournir des preuves. Quant à
Blc-yer, il ne fit pendant toute la durée de la
guerre. que yiariner l'Allemagne et les Allemands
dans ses cours à l'université et dans d'innombra-
bles articles.
Il est ..vrai que Friedrich et Bleyer, tout Alle-
mands Qu'ils sont, profesent le chauvinisme ma-
gyar le plus effréné, mais l'on ne sait que trop
que magyamme et pangermanisme font bien sou-
vent la .paire. A. L.
'̃" Déoiaratiôns du général Mardaresco
On mande de Vieune, via Berne, à la date du 8 août
Le général Mardanjsco a fait au correspondant
de l'Agence télégraphique suisse à Budapest les
déclarations suivantes
Le soldat roumain vient d'acquérir de nouveaux ti-
tres à la reconnaissance du monde civilisé. S'il avait
failli, lui aussi, c'en était fait de l'Europe.
'Nous sommes arrivés à Budapest uaiquement dans
l'intention d'éteindre le foyer qui menaçait l'Europe cen-
trale, et nous tout particulièrement. Nous ne comptons
pas y rester 'un instant de plus que le temps nécessaire
pour que le peuple hongrois puisse nous donner un
gouvernement digne de notre confiance et de celle de
̃nos .aHlégi. ̃ :•
I Kous ne demanderons au peupla hongroisv avec le-
j !ous l1eden;a¡::deronsaupeupl~hG\lgrois\a.v..cld.
I quel nous voulons vivre en bonne intelligence, que ce
qui aû*us est dû ea toute équité.-
Attentat contre un miaistra i.
Berne, 8 août.
Un télégramme de 'Vienne dit que le ministre
du commerce do Hongrie, Dworsak, aurait été vic-
time d'un attentat et qu'il aurait succombé.
SILHOUETTES HONGEIOESES
Aurai-jo le temps d'esquisser ces silhouettes
avant qu'elles s'éclipsent dé l'écran politique hon-
grois ? Cette manière à la turque de « démis-
sionner » un gouvernement rappelle l'entrée
d'Enver pacha an conseil des ministres. J'ai tou-
jours constaté de grandes affinités 'entre Magyars
et, Turcs. 'Le Hongrois Vambéry de savante mé-
moire avait là-dessus des idées plus .précises que
les miennes, bien. que .contredites par d'illustres
confrères. Que les. Hongrois soient d'origine finno-
oûgrienne. ou qu'ils soient des Turco-Tatars, tou-
jours est-il que j'ai plus d'une fois remarqué non
seulement des affinités,- je le répète, mais des
sympathies évidentes entre eux et les Turcs dans
leurs rapporte ordinaires et quotidiens.
Bref, le ministère social-démocrate de M. Peidl
a été brusquement et brutalement remplacé par
un gouvernement « sous les auspices de l'ex-
archiduc Joseph, personnage dont on parlait fort
peu dans le monde autrefois et qui n'a pour ainsi
dire figuré pendant la guerre que dans là nomen-
clature des défaites de Tannée austro-hongroise.
Après, tout, il est .permis-'d'être'1 un p'iè.fcre' stra-
tège tout en étant un « gouverneur d'Etat » accep-
table..
Sous la monarchie dualiste, l'archiduc Joseph
résidait généralement à Budapest, sur la colline
de Bude, dans un palais situé entre le château
royal constamment désert et le palais de la pré-
sidence. C'est îa que je le voyais quand j'étais
chargé d'apprendre notre littérature à son fils
aîné, l'archiduc Joseph -François, alors âgé de
seize ans.
J'ai raconté ici 1;/ façon dont mon élève, jeune
garçon studieux et distingué, passait sas examens
do fin d'année en présence de son père Net de sa
mère, la princesse Augustine de Bavière, fille de
l'archiduchesse Gisèle et petite-aile par consé-
quent de l'empereur François-Joseph, dont elle
était hélas tout le portrait.
Outre ce fils, l'archiduc Joseph avait un second
fils et deux filles dont la dernière était alors un
•bébé.
L'archiduc Joseph était un homme fort peu
bruyant, peu fait pour jouer les premiers rôles
et peu enclin, selon moi, à les rechercher; aussi
son élévation d'aujourd'hui semble-t-elle être le
résultat de la politique des autres.
Le général Tanczos qui vient de prendre le por-
tefeuille des affaires étrangères dans la poche du
professeur Agoston était lors de la mobilisation
attaché militaire à Athènes. 'Je fis là sa connais-
sance. Brun, mince, distingué de 6a personne,
c'était un hotnme actif et fort intelligent; au
mieux avec le ministre d'Autriohe-Hongrie, G. de
Sziîassy, un de nos ennemis jurés à Athènes, ce
F""t. 'es deux' diplomates qui entretinrent le Tihis
babjtemen, iiusîru.au fforn'i'er. raomênti fe$:f léga-
tions et .le gouvernement grec dans l'idée que les
.puissances centraSes > né pousseraient pas à 'la
guerre. _̃̃̃ t
Très mondain,.comme sa situation du reste lui
en faisait une obligation, très sociable en môme
•temps, il avait su s'attirer des sympathies dans
toutes les légations. Parmi la foule des diplomates
de tous pays et de tous rangs qu'il m'a été donné
de fréquenter, c'est un des hommes qui m'ont
paru, le mieux adaptées à leur emploi. Je le crois
très bien préparé, quoique jeune encore, à'rem-
jplir sa nouvelle fonction. II a été promu pendant
la guerre général de hussards.
Mon impression est que l'archiduc et son mi-
nistre pourraient être bien accueillis à l'heure
qu'il est par le' pays, surtout s'ils prennent des
collaborateurs dans les principaux partis poli-
tiques. Mais quel régime se prépare en Hongrie
avec do tels gouvernants? S'il m'est permis d'é-
mettre par comparaison une opinion personnelle
sur les Hongrois en général, je dirai en toute sin-
cérité que l'esprit des Chinois me parait plus na-
turellement enclin au régime républicain que
celui de la plupart des Magyars. Aiidré pu-
boscq,
LES ÉVÉNEMENTS DE RUSSIE
,LES l~ DE R~J~SIE
Sur le front d'Arkkangel
L'agence Reuter apprend dès milieux officiels
de Londres que la nouvelle de source bolcheviste,
suivant laquelle Arldiangel serait entre les mains
des bolchevistes, est dénuée de fondement.
D'autre part, un journal de Stockholm annonce
que les oolchevisfces auraient coupé les communica-
tions entre la côte môurmane et Arkhangel.
L'armée Youdenitch en retraite
Lo bureau de presse estonien de Copenhague an-
nonce, le 8 août, que l'armée russe du nord-ouest,
commandée par le général Youdenitch, qui mar-
chait sur Petrograd, a été obligée de battre en re-
traite sous la pression de forces ennemies supé-
rieures. L'armée Youdenitch s'est arrêtée près de
Hambourg, à quelques kilomètres de Narva. IjHie a
•fait sauter la pont du chemin de fer qui franchit
la Louga. et a repoussé, plusieurs tentatives des
bolchevistesqui cherchaient à franchir le fleuve.
i/n sous-marin rouge coulé
i/amiraûté britannique a communiqué hier la, note.
.suivante ,̃•
Un télégramme reçu co matin de l'officier com-
mandant dans la Baltique fait connaître que le
sous-marin bolchevisto Ersh a été coulé par les
destroyers britanniques Valorous et Vancouver.
Les Français à (Masse
L'agence Reuter apprend que, suivant un télé-
gramme ;d'H61singfors du 5 août, un communiqué
bolcheviste du 29 juillet annonce que la flotte
française de la mer Noire a donné ordre au com-
mandant d'Odessa de remettre tous les Français
d'Odessa aux autorités françaises, sous peine de
bombardement de la ville.
-sa*
DANS LE PROCHE OUIENl
Deux notes des alliés à la Sublime-Porte
-On mande de Constantinople
Les hauts^commissàires alliés ont remis à la
Sublime-Porte deux "notes collectives. l'une sur
la décision de la Conférence d'envoyer, à Smyrne
ane commission chargée d'enquêter sur les évé-
nements survenus lors de l'occupation, l'autre sur
la, fixation de la limite d'occupation grecque.
Le général anglais sir George Mime a été chargé
au nom des alliés du maintien de l'ordre dans le
district de Smyrne.
Le bolchevisme en Turquie
On télégraphie de Salonique à l'agence des Baisons
On mande de Constantinople que les autorités
turques se montrent très préoccupées de la rapide
extension du ̃ bolchevismé parmi les classes ou-
vrières dans toute l'ancienne Turquie. Le gou-
vernement turc aurait acquis la preuve que les
membres de l'ancien comité Union et progrès sont
en relations suivies avec Lénine et Trotzky et
agissent selon leurs instructions. Les sujets des
puissances ennemies, les Allemands surtout, qui
ont reçu l'autorisation de continuer à séjourner
on Turquie favorisent de tous leurs moyens la pro-
pagande-bolcheviste, et subventionnent largement
les émissaires que les bolchevistes musulmans ex-
pédient en Asie-Mineure.
Un office commercial français du Levant
Notre correspondant particulier télégraphie d'AMiènes
ii'office commercial français du Levant a été
Inauguré lundi dernier en présence du chargé
d'affaires de France et des notables de la colonie.
Sous la direction de l'attaché commercial de
France et, en liaison, avec l'office: national du com-
merce extérieur de Paris, l'activité de l'office du
Levant s'étend à tous les pays riverains de la Mé-
diterranée orientale. Dans les principales villes,
des bureaux spéciaux seront constitués. Son ob-
jet est de créer et de développer les relations
commerciales, financières et industrielles entre la
France et le Levant.
«SB»-^ _̃
JLettr e de Houmanie
La situation iiitém et l'étal des esprits
(De notre correspondant particulier)
Bucarest, août.
Depuis des mois, la situation politique inté-
rieure de la Roumanie consiste en un piétinement
sur place pénible, qui a démoralisé l'opinion. La
rentrée de M. Bratiano n'a en rien modifié cette
situation. En quittant Paris, le président du con-
seil roumain avait déclaré aux journaux français
qu'il retournait à Bucarest présenter sa démission
au roi. Plus d'un mois est passé depuis son arri-
vée et la crise n'est pas encore résolue. M. Bra-
tiano n'est pas démissionnaire au moment où j'é-
cris ces lignes, bien que le gouvernement déclare
qu'il ne signera pas le traité. La raison de' cet
ajournement de. la décision annoncée à Paris est
un mystère pour le monde politique roumain, et
forme, depuis l'arrivée du président, l'objet d'in-
terminables, vains et fatigants commentaires dans
les journaux d'opposition, qui sont très nombreux.
Le. résultat en est qu'à l'heure actuelle l'éventua-
lité d'une collaboration est exclue entre MM. Brâ-.
tiano d'une part, Take Jonesco et Averèsco dvau-
tre part. Le gouvernement actuel déclare qu'il ne
peut pas signer un traité dont certaines clauses
méconnaissent les intérêts du pays, et demande
en même temps à M:M. Take Jonesco et Averesco
de déclarer à leur tour si eux acceptent ces clau-
ses, à savoir protection des minorités par les
grandes puissances et liberté du transit. Etant
allé demander à M. Take Jonesco son avis, il m'a
répondu qu'il le ferait connaître après que M. Bra-
tiano aurait défini son attitude et sa po-
litique. Cependant, la presse et certains hommes
politiques croient que le chef du 'parti conserva-
teur nationaliste, sans approuver les clauses du
traité, estime qu'une politique de résistance se-
rait illusoire et ne saurait -que nuire à la Rouma-
nie. M. Take Jonesco et ses partisans seraient
d'avis qu'un autre gouvernement, jouissant de
plus de crédit auprès des grandes puissances, de-
vrait prendre le pouvoir et essayer d'obtenir une
amélioration des conditions imposées à la Rou-
manie, si, toutefois, il n'est pas 'trop tard. C'est
pourquoi l'opposition reproche à M. Bratiano
d empêcher, en s'attardant à la direction du pays,
ces efforts que d'autres pourraient faire avec plus
de chances de succès. Et les partisans de M. Bra-
tiano reprochent à M. Take Jonesco de ne pas ac-
cepter le pouvoir.
L'ignorance où vit le public dos décisions pri-
ses par la Conférence au sujet de la Dobroudja
méridionale, de la Bessarabie et du Quadrilatero
rend la situation encore, plus trouble. On a lu dans
la presse parisienne que la possession intégrale
de la Bessarabie serait contestée à la Roumanie,
que Ion discute à la Conférence sur le sort de la
bande de terrain du sud' de la Dobroudja. et le
.gouvernement n'a donné aucune explication sur
ces questions. Cette incertitude sur i« ««w h« rf>s
r*v"n7 Su"K""tv «MftAïïïm!a encore Féner,vjë..
ment et la dépression des gens sérieux.
A tout cela est venue s'ajouter l'attaque ma-
gyare. Il est inutile que je vous cache la vérité •
on rend responsable ici de ces attaques, encore et
toujours, l'ancien, conseil des Quatre. L'offensive
magyare est ce que la presse officieuse appelle
un « effet posthume » de la politique de cet or-
ganisme défunt. Je vous ai télégraphié déjà les
détails militaires de cette nouvelle campagne.
L armée roumaine a eu finalement le dessus mais
avec dos pertes très élevées. Plusieurs milliers de
morts ot de blessés, dont un grand nombre d'of-
ficiers, sont le prix dont les Roumains ont payé.
j_ écrasement des Magyars sur la rive droite de la
T~L
Dans toutes ces luttes, les Roumains constatent
qu'ils n'ont reçu aucun secours do leurs alliés. On
les a laisses soutenir seuls le coup et le repousser.
Et la presse se demande pourquoi cet abandon?
Quand les Tchéco-Slovaques furent attaqués et
repoussés par les Hongrois, la Conférence exigea
immédiatement de Bela Kuhn d'arrêter son of-
fensive victorieuse et alla même jusqu'à l'inviter
à traiter avec les alliés. Maintenant que ce fut le
tour des ^Roumains de recevoir le choc aucun
mouvement n'a été fait soit pour arrêter l'attaque
magyare, soit pour venir au secours des Rou-
mains.
Une première conséquence de cette situation est
d ébranler quelque peu la confiance dans certai-
nes clauses politiques du traité. On n'a pas ici
l intention de S'opposer aux grands alliés, mais on
se persuade que leur contrôle n'est pas possible
en pratique. Après les libéraux -2 sans plus pari
1er de M. Marghiloman, qui, naturellement, « ré-
siste » tant qu'il peut, voici -le général -ive-
resco qui fait écrire dans son journal que la Rou-
manie no doit pas accepter le contrôle des mino-
rités et la liberté du. transit. Ce changement est
d.autant plus surprenant que le général avait été
.lusqu ici complètement d'accord avec M. Take Jo-
nesco. M. Marghiloman, dans son dernier discours
politique à ses partisans, discutant les possibilités
pour les alliés de faire pression sur la Roumanie
au cas où elle refuserait d'accepter les clauses du
traite, allait jusqu'à déclarer qu'un éventuel boy-
cottage économique et financier de l'Entente cûn-
tre la Roumanie aurait' pour conséquence auto-
matique 1 ouverture des frontières roumaines à
l'importation de marchandises allemandes II y a
lieu oi>aindre que la chose ne se produise même
tl ailleurs sans ce boycottage à cause des difficul–
tés dues au change. E. Algazij. ~AIIi!lÏJl8:
̃NOUVELLES DE E L'ETRANGER
GRANDE-BRETAGNE
La propagande bolcheviste `.
Le Daily Mail annonce que ,1a police- de Londres
vient de découvrir de nombreux documents et des
photographies établissant l'existence d'un vaste
complot révolutionnaire. L'un de ces documents
programme du Soviet des travailleurs dû la Clyde,
comporte les points principaux suivants
Désarmement de tous les soldats n'appartenant pas
au prolétariat; armement et enrôlement de toute -la,
population ouvrière dans une armée rouge; création
d'un tribunal révolutionnaire abolition du Parlement et.
des conseils municipaux, remplacés par le conseil révo,-
lutionnaire suppression de toutes les distinctions de
classes, titres nobiliaires, ordres, et égalité sociale des
sexes. Pour éviter le chômage, réduction à 6. heures
de la Journée de .'travail, avec saiaire .minimum do
17-5 francs 'par semaine; confiscation de tous les bi&ni
de îa couronne au profit du prolétariat expropriation
de toutes les terres, propriétés, fonds, «très et valeurs'
appartenant aux capitalistes; expropriation des banques,
raines, établissements industriels et commerciaux; le co-
mité républicain prendra possession de tous les moyens
de communications et moyens de transports.
Le document se termine par ces mots « Vivent
la révolution et l'armée rouge de Grande-Breta-
gne!,» »
D'autre part, notee correspondant de Londres télé-
graphie
Le journal du soir radical .Star, qui affecte le
plus grand scepticisme au sujet des déolaratioas
i-éc-erfes dé ia police de Scotland Yard sur les
menées bolchevistes en -Angleterre, a -révélé hier
soir que la personne, aux vues avancées, qui au-
rait reçu des fonds- de 'la propagande .boMieviste,
n'est autre que miss Sylvia Pankhurst. On sait
que ce^tte perisonn*, à- la différence de sa mère et
e ea sœur, miss ChriiSt«bel.Pankhuo«t, s'est dis^
tinguée pendant la gueiT-e par son -agitation paci-
fiste et qu'el'îe Mt actuel lemept secrétaire de la
« Workers Sociaiist Fédération » et rédacteur
en chef d'une pubiie-ation The Workers Dread-
nought.
Il ressort des inierviews du Star avec îes auto-
rités de Scotland Yard et avec miss Sylvia, qu'elle
a été en rapport avec le Norvégien Zaciiariassan,
qui fut arrêté 'le mois dernier et déparié après
avoir fait certains aveux. Miss Sylvia dément
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