Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1915-12-02
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 décembre 1915 02 décembre 1915
Description : 1915/12/02 (Numéro 19871). 1915/12/02 (Numéro 19871).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
"S; LE TEMPbV = 2 'dêeëmHë Î915.1
j Sur le iront
LE fLEGME fRANÇAIS
̃' Le flegme, « le bon flegme britannique ». a un
frère; valeureux et cordial en la personne du flegme
français, un flegme très particulier, tout à la fois
sublime et bon enfant, qui sous la mitraille se
manifeste chaque jour en des traits héroïques et
charmants.
J'en ai eu sous les yeux vingt exemples au cours
de cette magnifique offensive de Champagne dont
nos ennemis ressentent encore les foudroyants ef-
fets, et je garde le souvenir do certain cuisinier
que ses vertus culinaires et guerrières ont fait
adopter par. le colonel -d'un de nos régiments.
Ce garçon accommode le « singe » avec un art
ïaffiné, il le décore, l'apprête c'est un rêve Et
il met autour des choux délicatement mijotés qui
relèvent, par un assaisonnement savant, le goût
vai peu fade de cette conserve nationale. Sa répu-
iaiion s'est répandue alentour et les invitations du
colonel, très accueillant, sont fort courues. Vous
pensez qu'elles ne cessèrent point do l'être pen-
dant l'attaque, malgré le marmitage intense du
poste de commandement. Et l'accident prévu, cer-
tain, fatal, arriva un jour que le colonel avait
à déjeuner quatre convives auxquels on avait an-
noncé le fameux singe aux choux », tandis qu'on
'dégustait paisiblement les hors-d'œUvre, une déto-
nation" effroyable. vint ébranler la cahute; une
marmite était tombée en plein sur la cuisine, et
des éclats étaient venus s'enfoncer dans le sol de
la salle à manger attenante, brisant la table, écor-
nant les murs..
Personne n'est blessé; on se précipite, le cœur
eerré, vers la cuisine; amas de décombres, de pous-
.sïères et de ferràille's, et au milieu de ces ruines,
on a la surprise da découvrir le cuisinier tout
couvert de terre et.de débris, mais sans une égra-
Itïgnure, et qui contemple, dans la casserole où
mijotaient les choux, l'assaisonnement imprévu
de deux fragments d'obus et d'un amas de terre
et de poussière. Avec une fureur concentrée, il la
montre au colonel et lui dit
Si c'est pas malheureux Des si bons choux,
Que j'avais si bien soignes Regardez ce'qu'y m'ont
ï.tu dedans, ces sal.là. Et, qu'est-ce qu'on va
bouffer maintenant?
Plus calme encore sous la mitraiîîe, le sous-offi-
itier territorial qui fait fonction de chef de gare
'dans l'humble petite station voisine, eut son poste
littéralement pulvérisé par une marmite dont un
gros éclat lui frôla le bras, sans lui causer d'autre
mal qu'une commotion très passagère au sortir de
laquelle nous le vîmes; non sans surprise, porter
$on poignet à l'oreille. ̃
Y a du bon, dit-il d'un air satisfait, en. abais-
idant le bras ma montre-bracelet n'a pas été tou-
chée, et elle marche .toujours. C'est que j'y tiens
elle a fait toute la campagne avec moi, et j'espère
bien la ramener.
Ce sang-froid sous l'obus, ce calme souriant de-
vant le péril, nos troupiers l'ont dans le sang, c'est
ieertain; mais ils sont aussi à bonne école; et tout
près d'eux, leurs généraux leur en offrent chaque
jour de superbes exemples. A la table de mon
général, j'ai entendu, l'autre soir, de bien belles
(histoires. Il avait convié à dîner, dans sa cagnah
on reçoit beaucoup en ce moment, et la vie mon-
daine bat son plein au front, quelques officiers
parmi 'lesquels un de ses deux brigadiers, beau
type de vieux soldat français, qui porte allégre-
ineut, sur sa vareuse, la médaille de 1870 et la
Croix de guerre côte à côte. Il est intarissable, il
aime à raconter des histoires de jadis et d'hier, et
j'adore l'entendre parce qu'il est si sincère, si vi-
brant, si loyal.
Après nous avoir régalés d'une foule de gibernes
héroïques de 1870 et de 1915, il concluait philo-
sophiquement
Tout ça prouve, entre autres choses, qu'il ne
faut pas avoir peur, ni chercher la tangente. Le
'destin est là on n'y,.échappe pas. Le mieux, dès
tors, est de suivre, où que ce soit, en toutes cir-
constances, son chemin tout droit, sans dévier,
bravement, simplement.
Vous avez raison, lui répondit notre général;
tout de même, on va loin avec votre système de
ligne droite. Moi, je vous avoue que lorsqu'il m'est
arrivé, sur une route, d'être netten~çnf~~Bgéç~T
ment, encadré par dea-«iai>mites, jë'n'âi pas hésite"
à. me détourner de mon: chemin, et à faire un ero-
,chet vers la droite ou vers la gauche. Et je suis
!&ertain d'avoir eu raison.
Bien sûr, mon général, mais vous comprenez
bien ça n'est pas ça que je voulais dire.
• Vous, peut-être; mais j'étais l'hiver dernier
sur les bords de l'Yeer avec un général qui avait
adopté à la lettre et dans toute sa rigueur votre
théorie du destin et de la ligne droite. Nous che-
minions, certain jour de novembre, avec lui et un
commandant de mon état-major sur une route
maronitée, je ne vous dis que ça. Comme le tir
se precisp.it, et que les obus, en ligne droite, se
rapprochaient de plus en plus, je suggérai à mes
compagnons qu'il serait peut-être prudent d'aller
à. quelque cent mètres à droite, dans les champs.
Le commandant me suivit, mais le général n'en
voulut rien faire.: il tenait à ses idées, et mal-
gré tous mes arguments et toutes mes prières, il
refusa de dévier de sa ligne.
»: Non, mon général, me dit-il, je crois qu'il
faut suivre son chemin- et son destin. Si mon
heure n'est pas venue, je ne risque rien; si elle
iasomté, l'obus saura me trouver là où je serai.
la'EUILLETON DU ~fl~$
DU 3 DÉCEMBRE 1915
.r.
LES LIVRES
à
iifiufi 'CCixjmV '• Trois poèmes dé guerre, ï pla-
quette in-4*. Edition de la Nouvelle Reiiue fran-
vaise; Corona benignitatis anni Dei, 1 vol.,
ïibid. André Suarès Péguy, 1 vol. Emile
<%>aul; C'est la guerre, 1 vol., ibid. ۈbl- Spit-
&TELER le Lieutenant Conrad, traduction de
J/2*. Valentin, i vol. Payot.
-Les Trois -poèmes de guerre de M. Paul.
iCkudel portent bien sa marque et se distin-
Iguent singulièrement des nombreux poèmes de
Iguerre qu'on a vus surgir de tous côtés, sans
(qu'on puisse louer autre chose dans la plu-
part d'entre eux que leurs bonnes intentions.
(Pour être écrits non pas en vers, mais en ver-
isefe, selon son habitude, et magnifiquement
limages, ceux de M. Paul Claudel n'en sont-
pas moins claire, empoignants, tout vibrants
ide patriotisme. lis ont été dits en public, avec
succès, par Mlle Eve Francis.
Le plus beau des trois est le second, ou sont
[évoques les morts innombrables, les victimes
innocentes qui sont sous terre, mais qui veil-
lent, derrière les lignes allemandes, dans les
[régions envahies et dévastées' « Il y a une
grande armée sans aucun bruit qui se ras-
semble derrière vous Depuis Louvain jus-
,;qu'à Rétbelj depuis Termonde jusques à Ko-
£neny, -Il y a de la terre, mal tassée, qui
s'agite et une' grande tache noire qui s'élargit!
» II y a uxe frontière derrière vous qui se re-
iferme plus infranchissable que le Rhin!
• Ecoute, peuple qui es parmi les autres peu-
ples comme Caïn Entends les morts dans
rton dos qui revivent, et dans la nuit derrière
̃toi pleine de Dieu, Le souffle de la résurrec-
ifciori qiïi passe su ton crime populeux! Peu-
ple de sauterelles mangeur d'hommes, le
(temps vient que tu seras force de reculer
Voici le fleuve sans gué de la Justice, voici
Iles bras innocents autour de toi inextricables
«omme des ronces Ressens la terre sous
tes pieds pleine de morts qui est molle et qui
enfonce! » L'idée fait songer un peu lointaine-
ment au cri désormais fameux « Debout les
morts » lequel a renouvelé avec un laconisme
et un à-propos sublimes un thème souvent
"développé en poésie, notamment dans le ta-
bleau de Wagram de V Aiglon; toutefois la. vi-
'ision vengeresse de $1. Paul Claudel apparaît
d'autant plus tragique qu'elle n'est pas détaillée
et mise en scène, niais suggérée avec l'impré-
cision qui convient, aa royaume des ombres tl
« Je haussai les épaules, et comme le danger
pressait et que j'aurais trouvé stupide de me
faire tuer sur cette route sans utilité pour le ser-
vice, je laissai mon brigadier à ses théories et à
son destin, et je pris, avec le commandanl, tra-
vers champs.
» Nous n'avions pas fait cinquante pas qu'à
l'endroit précis que nous venions do quitter, un
obus de 15 tombait, et notre compagnon dispa-
raissait dans un véritable volcan do pierres et do
terres projetées.
» En proie. à une affreuse angoisse, nous rega-
gnons la route où doit être étendu le corps de
notre malheureux camarade, et nous le trouvons
debout, en train d'épous&eter vigoureusement sa
vareuse toute maculée.
» Vous voyez, mon général, comme j'avais
raison, et comme j'ai bien fait de' rester sur la
route.. -̃̃̃
» Le comble, c'est qu'il le croyait comme il le
disait, et qu'il le croit encore. »
Très flegmatique aussi, ce jeune lieutenant qui
vient d'arriver à la brigade. C'est un gamin, mais
un gamin sans, jeunesse, à la figure impassible ret
froide, à la 'lèvre dédaigneuse. Il s'est conduit
comme un héros il a gagné en même temps la
Croix de guerre et une affreuse blessure qui lui
a déchiqueté le bras et la main. Après de longues
semaines de souffrances et de soins, il a été guéri,
dans Ja mesure où l'on peut guérir d'une telle
blessure sa main est déformée et aux trois quarts
paralysée. Renvoyé au dépôt, il a été, par trois
commissions successives, déclaré inapte définitive-
ment au service actif. Mais cette décision ne lui
convenait pas; il veut encore se battre pour la
patrie, et puis, il a un compte personnel à ré-
gler les Allemands ont pris son vieux père comme
otage et l'ont martyrisé. Alors, il a multiplié les
démarches, intrigué de tous côtés, et il fini par
obtenir d'être renvoyé au front.
La vie est si ennuyeuse au dépôt! me décla-
rait-il, pendant que nous nous rendions ensemble
au poste de commandement du général de brigade.
Et à Paris! Elle est intenable! Je viens d'y passer
quelques jours,, et j'y ai subi un tas d'avanies.
Tenez, avant-hier, j'étais en civil dans le métro.
Une dame en face de moi me dévisageait, puis s'a-
dressant tout haut à sa voisine, elle lui dit
» Est-ce que ce n'est pas une honte de voir
à Paris des jeunes gens sains, bien portants, et qui
se promènent dans le métro! Mon mari qui a
trente-sept ans est dans.les tranchées, lui.
» Alors, comme j'étais de mauvaise humeur et
que cette dame m'agaçait, je lui dis
» C'est pour moi que vous dites ça, madame?
Eh bien, qu'est-ce que ça. prouve? C'est que je
suis un malin. Je ne veux pas alterà la guerre,
moi; et j'ai su m'arranger pour. •̃'
» J'arriyais à destination il était temps. Je crois
que je me serais fait sortir par les voyageurs; et
vous reconnaîtrez que pour faire le coup de poing,
avec mon-bras en compote, ça n'aurait pas été com-
mode. »
J'étais amusé par cette histoire; 'le commandant
qui était avec nous ne la trouva pas drôle; et gra-
vement, il dit au petit lieutenant
On voit bien que vous n'êtes pas marié. Si,
comme moi, vous aviez une femme qui attend,
qui se tourmente, et qui souffre, vous auriez été
plus indulgent aux nerfs de cette dame irascible;
vous lui auriez montré votre main, et très dou-
cement, vous lui auriez expliqué votre histoire.
Ça aurait été plus gentil, je vous assure.
Trois jours après, c'était pendant la bataille.
Notre lieutenant était en liaison au poste de com-
nfandement du général de division, lorsqu'un coup
de téléphone nous informa que le poste du général
de brigade, encadré par les obus, venait d'en rece-
voir un qui avait tout démoli. Il se leva, s'avança
vers le général, et lui dit:
̃' Mon général, je vous demande la permission
de quitter mon poste de liaison. On marmite là-
bas il y a dès camarades blessés, morts peut-être,
ma place est auprès d'eux.
Le général fit oui de la tête, et sans dire un
mot, il serra la main du lieutenant qui partit,
très pâle, mais l'œil plus brillant que d'habitude,
et la lèvre moins dédaigneuse, l'air jeune vrai-
ment. Il avait à ce moment le flegme, le bon
flegme français, celui qui n'exclut pas un brin
d'émotion.
d'éinoüon: P. E. G.
F 'e
Les pupilles de ta nation
La commission sénatoriale relative au projet de
loi sur les pupilles de la nation s'est réunie sous la
présidence de M. Poirrier.
Elle a entendu MM. Vivjani, garde des sceaux;
Painlevé, ministre de l'instruction publique, et
Léon Bourgeois, ministre d'Etat.
Les ministres ont déclaré que sauf quelques mo-
difications de détail, ils se ralliaient au texte rédigé
par la commission..
M. Perchot, rapporteur, demandera au Sénat de
mettre le projet de loi a son ordre du jour, dès que
son rapport aura été distribué.
Une offrande de la Nouvelle-Galles du Sud
L'ambassadeur d'Angleterre a présenté au prési-
dent de la République M. Wise, agent général de
la Nouvelle-Galles du Sud, qui, au nom de ses
compatriotes et des membres de la colonie fran-
çaise, lui à remis un chèque de 278,100 francs.
Conformément au vœu des souscripteurs, le pré-
qui est une des sources mêmes de l'épouvante.
On souhaiterait que ce poème pût être tra-
duit et répandu parmi. les troupes ennemies, eu
il ne manquerait pas de semer la terreur, car
ces rêves fantastiques ont toujours eu une
prise spécialement forte sur les cervelles al-
lemandes. Celui-là eût fourni un admirable
sujet de Ballade qui aurait eu le plus grand
succès outre-Rhin, aux temps du romantisme,
avec ou sans musique de Sclrubei't. 'L'em-
preinte française et latine se révèle par la sim-
plicité descriptive et surtout par la conception
première qui ne vise pas seulement à ébran-
ler les nerfs par un choc macabre, mais à sa-
tisfaire l'esprit par une réalisation, logique de
la justice. Même chez un Paul Claudel, qui
n'est ni très classique ni rationaliste à aucun
degpé, notre art est toujours plus intellectuel
que l'art germanique, et dans le vrai sens d'un
mot que l'abus a failli ridiculiser, plus moral.
M.' Paul Claudel pourrait-il être ce poète de
la guerre, tant désiré, que Péguy eût été par vo-
cation évidente? Celui-ci aurait eu l'avantage
de l'avoir vue de plus près, étant plus jeune
de quelques années, et il avait aussi un tem-
pérament plus militant et plus militaire, plus
tourné vers les points de vue historiques et so-
ciaux. M. Claudel est par nature, sinon par sys-
tème, plus contemplatif et moins iribunïtien.
Cependant il n'a jamais habité délibérément
une tour, d'ivoire; il ne méprise pas l'action.
H n'est même pas, on le voit, de ces écrivains
qui partagent, en tant qu'hommes et que ci-
toyens, toutes les grandes émotions nationales,
mais qui ne s'y associent pas effectivement
comme artistes et ne peuvent les exprimer,
parce que leur, esthétique lès 'en détourne et
que leur technique ne s'y adapte pas. Bien qu'à
certains égards il procède de l'école symbo-
liste, surtout d'Arthur Rimbaud, M. Paul Clau-
del n'est pas un poète essentiellement, hermé-
tique peut-être sa forme seule rempêche-
t-elle d'être un» poète populaire. Encore ii'a-t-il
pas besoin, comme oi vient d:en avoir la
preuve, do changer complètement sa manière
usuelle, mais seulement de la surveiller un
peu, pour devenir très accessible et commu-
nier avec l'âme des foulés.
Lorsqu'il, est obscur, ce qui en temps ordi-
naire lui arrive ̃ assez souvent, ce n'est .point
ou ce n'est que-rarement à cause d'une abs-
traction exceptionnelle de l'idée ou d'un ex-
cessif raffinement de l'expression on ne res-
pire pas chez lui l'atmosphère raréfiée des ver-
tigineuses solitudes où se complaît un Mal-
larmé. Malgré les apparences contraires, et
avec une imagination incomparablement plus
riche, il rappellerait plutôt, au fond, le bon et
pieux François Coppée, par la familiarité de la
pensée et l'expansion du sentiment. Cette ana-
logie un peu imprévue apparaît nettement dans
ses derniers recueils. Quant à son style, ce n'est c,
certes pas, comme celui de l'auteur de la Prose
pour des Esseintes, une trop studieuse recherche
de la concision et de l'ellipse qui le rend quel-
quefois un peu -abscons il pèche par excès,
sident de la République fera répartir cette somme
par les soins des différents comités des départe-
ments envahis constitués pour venir en aide aux
réfugiés et aux soldats de ces régions.
La fabrication des explosifs
Aujourd'hui est promulguée la.loi relative au
traitement du gaz d éclairage en vue d'en extraire
les produits nécessaires à la fabrication des ex-
plosifs.
Les opérations des caisses d'épargne
̃Voici le relevé des opérations des caisses d'épar-
gne ordinaires avec la Caisse des dépôts et consi-
gnations du 21 au 30 novembre
Dépôts de fonds. 637.-112 15
Retraits do fonds. S.759.153 .60
Excédent de retraits. 3.101.68145
Excédent de retraits du 1" janvier au 30 novem-
bre: 121,313,913 fr. 01..
i ,AR1~S~F
Citations à l'ordre da jour
lie Journal' officiel publie les citations à l'ordre
d,u jour des militaires dont les noms suivent
i" corps d'armée colonial sous l'énergique impul-
sion de son chef, le général Berdôulat, s'est emparé,
avec un élan magnifique, de positions ennemies puissam-
ment fortifiées, a combattu pendant sept jours consé-
cutifs, du 25 septembre au 2 octobre, avec uns vigueur
et une ténacité remarquables, 'triomphant de. violentes
contre-attaques et' refoulant constamment l'ennemi de
position en position.
2" corps colonial, comprenant les -lu» et. 15° divisions
coloniales et la division métropolitaine du Maroc sous
l'impulsion énergique du général Blondlat ont, le 25 sep-
tembre,, enlevé,' dans un vigoureux assaut, la première
position ennemie organisée, et par certains
de leurs éléments (division Marchand), atteint d'un seul
bond la deuxième position allemande.' Ont complète leur
succès dans la journée du 26, rejetant partout l'ennemi,
au delà de sa deuxième position, faisant plus de 4,000
prisonniers, enlevant 25 canons, 60 mitrailleuses et re-
cueillant un butin considérable. •
7° corps d'armée, comprenant les l-i° et 37e divisions
sous l'impuliipn énergique de son chef, le général de Vi.l-
laret, a. enlevé lé 25 septembre, sur tout son front, par un
vigoureux, assaut, la première position ennemie composée
de quatre à cinq lignes de tranchées a poursuivi, le 26,
sa brillante offensive, rejetant partout l'ennemi au delà
de sa' deuxième position de défense, faisant dans ces
deux jours de- bataille 3,000 prisonniers, enlevant i0 ca-
nons et recueillant un butin considérable.
.22° division d'infanterie sous la vigoureuse impul-
sion de .son chef, le général Bouyssou, le 25 septembre,
a enlevé, dans un superbe élan, les positions ennemies
fortement organisées sur une profondeur de quatre ki-
lomètres, en s'emparant de plusieurs batteries. Pendant
deux semaines, au prix -d'efforts soutenus et énergiques,
n'a céssédë'luttev contre l'ennemi qui se défendait pied
a pied, le refoulant sans cesse et faisant chaque jour
de nombreux prisonniers.
14e corps d'armée sous l'impulsion énergique, de son
chef, le général Baret, les 25 et 26 septembre, a brillam-
ment enlevé les'positions ennemies sur une profondeur
de quatre ̃kilomètres, en s'emparant dé 4,000 prisonniers
et de 30 canons. Pendant que la 27a division (général de
Bazelaire) traversait d'un magnifique élan les tran-
chées allemandes fortement organisées, !aZ6" ui vision
(général. Sorbets) réussissait, par une habile. manœuvre,
à. encercler une position puissamment fortifiée, obligeant
des bataillons entiers à déposer lés armes.
Maxime L;e Verrier, .caporal pilote-aviateur à l'es-
cadrille V. B. 108 dès son arrivée au front, s'est dis-
tingué dans des missions de bombardement exécutées
dans des conditions particulièrement périlleuses, tant
en'raison de l'atmosphère que de la canonnade violente
dont il fut l'objet. A disparu le' 26 mai 1915; son avion
a été vu tombant dans les lignes ennemies après un
combat engagé contre deux avions ennemis.
Shigeno .Kiyotake, capitaine de l'armée japonaise, pi-
lote à l'escadrille V. 24 pilote aussi habile qu'intrépide;
exécute quotidiennement des .bombardements pendant
lesquels son avion a. été canonné par. les. projectiles en-
nemis sans jamais se laisser détourner de sa mission.
Application de la loi sur les réquisitions
militaires
C'est à partir d'aujourd'hui, 1" décembre, que
commenceront, dans les conditions que nous avons
précédemment fait connaître, les différents recen-
sements prévus par la loi sur les réquisitions mi-
litaires, recensement des chevaux, mules et mu-
lets, des voitures attelées autres que celles servant
au transport des personnes, voitures automobiles
de toute nature.
L'es déclarations relatives, |irce§r.-div&iisnr.6peagep
ments,-iet qui ont ÛHt6ftrâç~8tii*'st"f"ri5tèpîmt-,©h)igà~
toire, "doivent être faites à dater d'aujourd'hui
et au plus tard le 31 décembre.
Des instructions très strictes ont été envoyées
aux autorités militaires et civiles et les disposi-
tions pénales de la loi sur les réquisitions mili-
taires seront appliquées dans toute leur rigueur à
l'égard des délinquants. *jgt*?àr"
• ̃̃ ~~R.i?sr.B. :V*
Commandement la mer
iié .capitaine de vaisseau Thomas de Glosmadeuc
est nommé au commandement du croiseur cui-
rasaé Marseillaise.
Les sttrvÎTants de 1' « Omara »
La direction de la Compagnie mixte de Marseille
a reçu avant-hier, de son agent à Tunis, une dépê-
che "'lui annonçant que vingt-six hommes de
l'équipage du vapeur Omara, torpillé par un sous-
marin ennemi, avaient pu gagner le port de Sousse
d'où ils sont partis en chemin de fer pour Tunis.
Ces marins regagneront Marseille par un paque-
bot de la même compagnie; celle-ci- est toujours
sans nouvelles de l'équipage de l'Algérien.
par surabondance, voire par négligence et lais-
ser-aller à l'occasion. M. Paul Claudel est si
éloigné de faire le renchéri qu'on est parfois
tenté, pour être dans le ton, de dire qu'il se
débonde. Alors il advient qu'on perde pied,
sous ce flot torrentiel, qui roule beaucoup d'or
et un peu de limon. M. Claudel a fait, dans la.
cinquième !de ses Cinq grandes odes, l'éloge, de
la tempérance, « conscience infaillible, et goût
suprême- du poète .supérieur à l'explication »',
mais il n'a pas assidûment pratiqué, en litté-
rature, cette vertu cardinale.
Les Trois poèmes. de guerre étaient, il est vrai,
relativement sobres. En revanche, certaines
pièces de ja Corona benignitatis anvi Dei nous
submergent sous un déluge de mots. Et dans
ce volume, l'intérêt, du thème n'aide pas tou-
jours à supporter cette incontinence .verbale.
J'entrevois ici un malentendu entre 'M. Claudel
et une assez grande ou même probablement la
plus grande partie de ses lecteurs habituels.
Avec une amertume extrême et particulière-
ment injustifiée, s'il s'agit de lui dans ce pas-
sage, il écrit « Enseignez,-nous, Véronique, à
braver le respect humain. Car celui à qui
Jésus-Christ n'est pas seulement une image,
mais vrai, Aux autres hommes aussitôt de-
vient "désagréable et suspect. Un homme
fait qui dit son CL qui va impudem-
ment à confesse, Qui fait maigre le ven-
dredi et qu'on voit parmi les iemrnes à la messe,
Cela fait rire et ça choque, c'est drôle et c'est
irritant aussi. Qu'il prenne garde à ce qu'il
fait, car on a les yeux sur lui. » Au moins en
ce qui le concerne personnellement, M. Paul
Claudel se trompe.
Tandis qu'il ne semble pas bénéficier d'une
vogue appréciable parmi le public catholique
et qu'il eût eu toutes les chances de rester in-
connu s'il n'y avait eu que les docteurs de
l'Eglise pour" le faire connaître, ni les pre-
miers critiques qui. ont parlé de lui>vnî ceux
qui l'ont loué par la, suite, ni les spectateurs
qui l'ont applaudi au 'théâtre de l'OBuvre et à
celui du Vieux-Colombier, ne partageaient
'pour la plupart, ses convictions religieuses. Ils
les; respectaient, eu vertu du principe de la li-
berté de conscience, et ils ne s'étonnaient même
pas beaucoup qu'un pur poète, sensitif et sen-
timental, que la science et la raison en-
nuyaient. fut revenu à la jolie foi mystique de
ses" pères et de son enfance. Avec des nuances
individuelles, ce fut aussi l'aventure de Fran-
cis Jammes, ce disciple de saint François-
d' Assise, et de Charles Péguy, qui le serait
plutôt de saint Bernard..Ces admirateurs pro-
fanes de Claudel, comme ceux de Péguy et
de" Jammes (d'ailleurs, ce sont les mêmes) ont
| assez prouvé qu'ils ne leur reprochaient pas
j leurs croyances, et se plaçant au point de vue
j exclusivement, littéraire, ils ne leur ont d'e-
mandé que d'en tirer de belle matière poéti-
que, ce qui n'est. assurément pas difficile, ainsi
que Chateaubriand l'a rappelé, au début du
dernier siècle. et que la connaissance de l'art
du moyen use" suffit à le démontrer..̃
Journée parlementaire
LA CHAMBRE
Séance du 30 novembre
L'INCORPORATION DE LA CLASSE 1917
.-̃•Selon la décision prise vendredi, la Chambre a
consacré une séance spéciale à la discussion du
projet autorisant l'appel de la classe 1917.
Cette séance, présidée par M. Paul Deschanel, a
dure de 3 heures à 8 heures i/-i.
On a entendu d'abord M. Turmel demander
l'ajournement du débat jusque après discussion
par la Chambre des conclusions d'une enquête gé-
nérale faite par une commission parlementaire
encore à nommer' sur l'utilisation des hommes
actuellement sous les drapeaux.
'Cette motion a amené à la tribune M. Briand,
*• LE PRÉSIDENT DU CONSEIL
}f. Aristide Briand, président dû conseil:
Messieurs, je vous demande de bien vouloir re-
pousser la motion préjudicielle de l'honorable M.
Tunnel. Si j'osais, je dirais que je ne désespère
pas d'amener, après qu'il aura entendu mes expli-
cations, notre honorable collègue à renoncer a sa
proposition.
Ce qui me fait concevoir cette espérance, c'est
que l'honorable M. Turmel a commencé ses expli-
cations en nous faisant connaître qu'il avait pleine
confiance dans le gouvernement pour accomplir sa
mission et son devoir. C'est à cette confiance de
M. Turmel que je fais appel, en le priant de ré-
lléchir sur les inconvénients graves qu'aurait l'a-
doption de sa proposition, et en même temps
qu'il ne m'en veuille pas de le lui dire sur sa
complète inefficacité.
Que veut 'M. Turmel? Il désire que tous les
ihommes valides du service armé soient employés
selon les grands intérêts de la défense nationale,
que ceux qui ne se trouvent pas, à l'heure actuelle,
par suite d'une négligence, d'une erreur, même
d'un abus. (Très bien! Très bien!)
M. Charles Bernard. Vous êtes bien indulgent.
Le président du conseil, ministre des affaires
étrangères. à la place qu'ils doivent occuper
y soient envoyés..
Je suis tout à fait d'accord avec M. Turmel sur
ce point. Mais il ne vous échappera pas que la
tcâhe à accomplir est d'ordre gouvernemental et
que substituer aux organes réguliers du gouver-
nement une- commission parlementaire, ce serait
un acte de défiance. (Bruit sur les bancs du parti
socialiste.)-
Veuillez m'écoute?, messieurs, et vous reconnaî-
trez qu'à ma place vous ne tiendriez pas un autre
langage. (Applaudissements) pour peu que vous
ayez, comme moi, le sentiment que les responsa-
bilité ̃gouvernementales de l'heure présente ne
peuveïrFpas aller sans l'autorité morale correspon-
dante. (Applaudissements.)
̃M. le ministre de la guerre vous a fait connaître,
dès son arrivée à la tête de son ministère, que sa
bonne volonté ne saurait être soupçonnée; il a pris
aussitôt toutes les mesures propres à vous rassu-
rer à cet egard. Des officiers généraux parcourent
toutes les régions de la France, visitent les dépôts,
s'enquièrent des conditions dans lesquelles les
ihommes sont utilisés et feront demain tout ce
qu'ils doivent faire pour qu'ils soient employés
selon, je le répète, les intérêts de la défense na-
tionale. (Applaudissements.)
Cette assurance vous ayant été donnée, ou bien
vous ôtes disposés à l'accueillir avec confiance, et
alors c'est une nécessité pour vous d'écarter la
motion préjudicielle, ou vous concevez des doutes,
et alors je conçois que vous entendiez .confier à
d'autres mains que celles du gouvernement la tâ-
che qui s'impose; mais c'est pour le gouvernement
une nécessité de ne pas accepter le vote qu'on vous
demande d'émettre. •̃
Vous voulez, messieurs, un contrôle. C'est en-
tendu, mais le contrôle qui devance les actes dù
gouvernement n'est plus un contrôle; c'est un acte
de méfiance. (Applaudissements.) Dans les circons-
tances présentes, il n'est pas un gouvernement, di-
gne de ce nom, qui pourrait admettre une telle
substitution de compétence. (Applaudissements.)
Une pareille procédure, outre qu'elle entraîne-
rait des lenteurs, risquerait d'être inefficace, et
même elle ne serait pas sans de gros inconvénients.
-Quarante-quatre membres du Parlement iraient,
à travers tout le pays, enquêter dans les dépôts!
(Exclamations et mouvements divers.) Ils vous fe-
raient un rapport sur ce qu'ils- auraient vu et en-
tendu, sur les chiffres des effectifs; ce rapport
serait discuté h -ht trabune'>deisJa>iJh8inbre et eo
i n'est -qu'ensuite qte- vmis'toras déteàîiftieriez. One
telle procédure aboutissant à un tel débat ne me
semble pas pouvoir raisonnablement être adoptée
dans la situation actuelle.
J'ajoute que, quand bien même vous auriez
constaté, par vous-mêmes qu'il n'existe pas en
France un seul homme qui ne soit employé selon
vos intentions, vous ne seriez pas dispensés de
voter le.projet de loi qui vous est soumis par le
.gouvernement.
Nous n'avons pas le souci des effectifs; nous
n'avons pas d'inquiétudes à cet égard. Nous som-
mes sûrs de nos ressources en hommes. Elles.nous
permettront d'aller jusqu'au bout, c'est-à-dire jus-
qu'à la victoire. (Vifs applaudissements.)
Biais l'appel de la classe 1917 est une mesure de e
prudence (Très bien! Très bien!) qui s'inspire
des préoccupations les plus élémentaires de la dé-
fense nationale. (Applaudissements.)
Certes, messieurs, je conçois que vous vous in-
quiétiez des conditions dans lesquelles cette classe
sera appelée, du régime auquel elle sera soumise,
des mesures d'hygiène qui lut seront appliquées.
(Applaudissements.) Mais la question même de
l'appel de la classe 1917, quand le gouvernement
vous dit que cet appel est nécessaire, apparaît, au
premier chef, comme une question de confiance.
{Très bien! Très bien!)
̃Ces.' lettrés poussaient môme la bonhomie
jusqu'à ne pas tenir rigueur à M. Paul Claudel
de certaines boutades, qui cependant passent
un peu les bornes, telles que ce trait du Che-
min de la Croix (1) sur la passion de Jésus
« Le valet d'Anne le soufflette et Renan le
baise »; ou cette agression contre un homme
qm fut un penseur et un érudit des plus émi-
neh'is et certes fort supérieur intellectuelle-
ment à M. Paul Claudel « Le marié (nous
sommes aux ÏSToces de Cana) baisse les yeux,
il est pauvre, et la honte le consterne; Ce
n'est pas une boisson pour un repas de noces
que de l'eau de citerne Telle qu'elle est au
mois d'août, quand les réservoirs ne sont plus
grands, Toute pleine de saletés et d'insectes
dégoûtants. Tels les sombres collégiens qui
sablent comme du Champagne Tout Ernest
Havet liquéfié dans les fioles de la Saint-Char-
lernagne » (2) ou encore ces versets du Ma-
gnificat, devenus fameux parmi les collection-
neurs de bizarreries et qui auraient fait monter
à des prix de milliardaire les exemplaires de
la première édition des Cinq grandes Odes si
̃M. Claudel les avait supprimés d*as les édi-
fions suivantes « Restez avec moi, Seigneur,
parce que le soir approche et ne m'abandonnez
pas! Ne me perdez point avec les Voltaire, et
les Renan, et les Michelet, et les Hugo, et tous
les 'autres infâmes Leur âme est avec les
chiens morts, leurs livres sont joints au i'u-'
iiiier. Ils sont morts, et leur nom même.
après leur mort est un poison et une pourri-
turc. » Voilà les exemples de charité chré-
tienne et de suavité évangélique que nous pro-
pose M. Paul Claudel. Aucun libre penseur
n'en a. pourtant abusé pour le traiter de 1$,
même façon, ou d'une façon approchantè.
Alors de quel cô.té se, trouvent le fanatisme et
l'intolérance? Pourvu que les tragédies et les
odes de M. Claudel fussent intéressantes et
ordinales, qnfmettait ces sornettes au compte
de se-s caprices de poète ou d'enfant gâté, pn
se contentait do sourire e.fc on lui pardonnait
tout' ̃̃̃
.̃̃•Diva-t-il qu'il y a là' un dilettantisme cou-
pable, et qu'il né se soucie point de pareils
lecteurs, et qu'il" prétend ne s'adresser qu'a
ceux qui l'approuvent sans réserve? Nom, il
ne le dira point d'abord paire que s'il fallait
souscrire aux doctrines d'un poète pour l'ad-
mirer; Louis Ménard, qui croyait fermement
à Zeus, à Phœbus Apollon, à Pallas Alhèma, à
tout l'olympe hellénique, eût été à peu prjûs lu
seul moderne digne de lire les anciens; en-
suite parce- quo M. Paul Claudel est, quoi. qu'il
en ait, trop artiste et trop homme do fettres
(1) Le Chemin de la Croix, qui avait paru séparément
en 1911, à Bruxelles, aux éditions do la revue Dverendal,
est réuni au volume da Corona berdgnHaiis.
(2)- On a tout de suite deviné que c'est son grand et
remarquable ouvrage sur lé Christianisme eu ses: origines
qui vaut à Ernest Havet d'être comparé par..11. Paul
Claudol à ui7î> « eau croupie » On on aura la, confirma-
tion à la page <;T du même volume. Le texte~cf ic ici est
"us1'i»3g*i3 Si-Si.
Toute motion préjudicielle qui, sous un pré-
texte ou sous un autre, si légitime qu'il puisse
sembler, aurait pour effet d'ëcaï ter un vote que,
sous sa responsabilité, le gouvernement sollicite
de vous, ne pourrait être accepte par lui. (Très
bien! Très bien!) ̃•
Puisque l'honorable M. Turme/1, au début de ses
explications, a déclaré qu'il avq.it confiance dans
le gouvernement, dans le ministre de la guerre, je
le prie, maintenant qu'il a expri nié ses désirs à là
tribune, qu'il a fourni ses arguments, de vouloir
bien s'en rapporter à notre bornée foi, à notre ac-
tivité, à notre énergie pour atteindre le but que
vise sa motion préjudicielle. Je le supplie de vou-
loir'bien la retirer et de ne pas obliger la Chambre
à voter sur une pareille proposition, après que le
gouvernement a fait connaître -qu'il la tenait pour
inacceptable. (Vifs applaudissements.)
M. Turmel n'en a pas moimi maintenu sa mo-
tion.
Au nom de la commission dte l'armée,. le lieute-
nant-colonel Driant, rapporteur, l'a combattue à
son tour. ̃
Et, faisant allusion à cette assertion de M. Tur-
mcL- que, grâce aux embusqué» il ne resterait plus
dans les tranchées que des soldats paysans
J'ai, dit-il, entendu a*oe regret dire qu'il
n'y avait plus dans les tranonëes que certaines ca-
nyyatp é-îto-y--éns. q certaines ca-
tégories de citoyens.
Vota à l'extrâme gauche Les prolétaires!
(Bruit.) r
M. de Gailhard-Bancd. Les nôtres y sont
morts (Très bienl Très bifjn!)
Le président. Vous en tendez ce qu'on vous
dit! Je vous prie, une fois pour toutes, de vous
abstenir de pareilles interruptions. Elles sont bles-
santes pour le patriotisme, de tous les Français.
(Vifs applaudissements.)
Le rapporteur. Je vouf; prie, mon cher collè-
gue, de croire que, dans le s tranchées, toutes les
classes sociales, sans exception, sont représentées
et y vivent. p
Le président. Et y nj eurent! (Nouveaux ap-
plaudissements.)
Le rapporteur. ̃ .da'10? une ère de fraternité
dont il serait désirable que l'écho pénétrât jus-
qu'ici. (Applâudissemenis.J
A son tour, M. Vincent! Auriol, au nom de ses
amis, vient développer cotte autre motion préju-
dicielle 1
La Chambre, toujours rdsolue à consentir tous les
sacrifices nécessaires à la défense nationale et voulant
que l'effort à accomplir sol un effort éclairé et vrai-
nïent efficace, invite le gouvernement à lui faire con-
naitre, avant toute délibération sur le projet qui lui est
soumis, les résultats dej l'application de la loi du
17 août 19:15, et à lui permettre ainsi de vérifier si tou-
tes les forces utilisables dii pays ont étô employées avec
le maximum d'efficacité pq ur la défense nationale.
L'orateur se défend, J ui et, ses amis socialistes,
d'obéir à aucune pensf 5e d'hostilité ou de parti
pris systématique contii e le projet.
Mais ils entendent q/ao le gouvernement donne
préalablement la preuve qu'il tire de nos forces
militaires- -le meilleur1. /parti possible.
Autrement, la confiance quïL •demande serait t
une confiance sans dignité et sans valeur.
Nouvelle intertentiqn du président du conseil
M. Aristide Briano' président du conseil.
Le gouvernement ne /peut que s'en tenir a la ré-
ponse qu'il a déjà faftte à H. Turmel.
La motion présentée par le -groupe socialiste
procède du même esprit, de la même préoccupa-
tion quo la proposition de notre honorable col-
lègue, les argumenta que j'ai opposés a ceux~de
M. Turmel s'opposeiiit également à 'la motion dé-
veloppée par l'honoB able M. Auriol.
Vous demandez afi gouvernement d'apporter la
.preuve que la Hoi votée il y a quelques mois par
la Chambre et qui (tendait à la meilleure utilisa-
tion des hommes va lides' est réellement appliquée.
Le gouvernement vous dit oui, elle est apliquée.
Le ministre de la guerre vous indique qu'il a
pris les dispositions nes. plus .minutieuses, les
plus énergiques ipdur que inexécution de cette loi
soit assurée.
Je vous répète au nom du gouvernement que
si nous venons 'vous demander avec force de
voter le projet de: loi qui vous est soumis d'ac-
cord avec votre commission de l'armée, c'est que
nous y sommes pond-uits par des raisons supé-
rieures.
Je tiens à 'le redire bien haut 'i mous n'avons
aucune inquiétude du point de vue do nos ef-
fectifs. '.̃̃̃
Le projet qui vous est présenté dérive dune
idée de prudence qui prend 'sa source dans les
préoccupations Mes plus élémentaires de la dé-
fense nationale. Nous avons comme vous le souci
de ne pas gaspiller 'la jeunesse de France, mais
les circonstances peuvent nous appeler à deman-
der àemjùnaÀJisoix,Mloismo Ja ikMvSj~ ?ous
der, demni»M.it~o..P., '11¡JÍ!;oJê.I{IP .If!. ¥lçt.Qjr'~liet J!°~IS
serions vWM#femiHPc5upaWS,~reSpt crimi-
nels, si nous 3.1e préparions pas cette jeunesse il
iraccomplissen!):ent d'un si, haut devoir. (Vifs ap-
plaudissements.)
Quand nous vous affirmons que 'le moment est
venu de comtneucer à l'instruire, et par consé-
quent de Tinc-or-porer avec toute îa prudence né-
cessaire, avec toutes lies précautions indiquées
par son âge~et dans des conditions qui, du. point
de vue de l'îiygiène, sont de nature à vous offrir
toutes garanties, je vous en supplie, messieurs,
répondez-nous Xoqs somme.3 avec le gouverne-
ment.
Je vous j.'épète que l'utilisation de tous les
hommes vidides; sera poursuivie avec la ipkis
grande én~~gie, sans aucune défaillance..
Je sais lut vous savez comme moi • c'est &
juste titre, que M. Auriol l'a dit à la tribune •–
que le ministre de la guerre, quelle que soit sa
bonne vokmté, rencontrera des résistances, se
lieurtera à des difficultés, à. des ruses; eh bien, il
faudra quf'&vec des sanctions appropriées, allant
'là, où elles, seront nécessaires, ces obstacles soient
brisés. MJiis on riy parviendra qu'au moyen de
tout un ensemble de dispositions qui demandent
du temps. Ce n'est pas, pour ainsi dire instanta-
nément, en quelques jours, qu'on peut enlever
des planes où ils sont des hommes valides qui
pour vouloir se réduire à une clientèle dont
un au/tre converti, Joris-Karl Huysmans, a
stigmsfîisé avec tant de verve l'incompétence
et le béotisme. Mais, ne le disant point, il ne
faudrait pas que M. Claudel fit comme s'il
̃l'avait dit, et nous refusât les compensations
.auxquelles notre libéralisme nous donne droit.
jS'il eiat-enŒaii désormais travailler pour la rue
Saint-Sulpice, et faire concurrence à la: Jour-
née au chrétien ou à d'autres publications ana-
logues, comme son Chemin do la Croix, ses
Hymnes de la Pentecôte, du Saint-Sacrement
et de je ne sais plus quelle fête carillonnée in-
duiraient à le craindre, il agirait sagement en
éditent ces choses à part et en épargnant à
cei/x qui s'attendent à de la littérature la dé-
coivenue de tomber sur de purs ouvrages ou
tracts d'édification. Pour le croyant et le pra-
tiquant, la banalité, dans ce genre de livres,
em garantit l'orthodoxie, et la prolixité assure
l'amplitude convenable aux exercices spiri-
tuels. Ce sont donc des qualités qui ont leu?
valeur. Mais tout le monde n'a pas les mêmes
,5?aisons de les apprécier, et il y a gros à parier
ijue les amateurs n'iront pas les chercher dans
les Hymnes ou les Chemins de Croix d'un au-
teur qu'ils jugeront ̃« décadent » et qui n'a
;même pas -l'imprimatur.
Bien entendu, tout n'est pas de ce nive-9.ii
dans ce recueil, d'ailleurs composé do pièces
qui ont paru à des dates -différentes et toutes,
je crois, antérieures à la guerre (ce qui éli-
imine le grief de manquement direct à l'union
sacrée). Un poète aussi merveilleusement doué
que M. Paul Claudel, qui a souvent du génie et
serait un très grand poète s'il était moins iné-
gal, ne peut donner en aucun cas tout un vo-
lume où il n'y ait aucun mérite. 11 y a, parmi
quelque fatras, de grandes beautés dans cette
Coronà benlgnUalis anni 1)ei. On aimera la sa-
veur de.légende'ct de « vieux Noël » qui prête
un charme a l'histoire des Rois. Mages, contée
par M. Paul Claudel; sa méditation sur « le feu
confidentiel et fragile d'un cierge pur '», image
de l'amour divin, « réduisant le corps à la cen-
dre, aspirant l'esprit dans la flamme »; sa vue
ingénieuse sur les avantages de la « voie
étroite », qui est la plus facile, en somme,
« Car le désert est grand, et le marécage est im-
mense, –'Mais la route est mince et unique»;
et ce bon conseil do. directeur prudent « Plu-
tôt que de lutter contre le monde, il est plus
simple de ne pas le regarder Et de tirer son
capuchon. » Mais ce n'est pas une maxime quo
Paul Claudel soit prédisposé à suivre; il re-
garde le monde avec des .yeux émerveillés et
avides; il s'écrie « Que Dieu est grand, et qu'il
| est magnifique d'être né » Il est si amoureux
de la terre que c'est bien par principe qu'il lève
la tête vers le ciel. Comme les imagiers du quat-
trocento, si on ne lui avait enseigné un autre
catéchisme, il eût été sans doute ingénument
païen, et non point même avec une délicatesse
élégiaque et idyllique, à la mode ombrienne,
mais avec une rondeur franche et allègre
d'homme robuste, jovial «t bien -endenié. Il y a
ne devraient peut-être pas s'y trouver pour les
envoyer là où il importe qu'ils soient, (Très bien!
Très bien!)
En attendant que cette œuvre soit menée h
bien, messieurs, ce serait commettre une faute
grave, une faute contre la patrie que de ne pas
préparer la jeunesse sur laquelle, un moment
donné, elle peut avoir à compter. (Applaudisse-
ments.)
C'est parce qu'il a le souci de son devoir h cet
égard que le gouvernement a pris l'initiative du
projet de loi qui vous est soumis. H vous deman-
dera tout à l'heure de, le voter; il vous suppliera
môme de 'le voter dans un de ces mouvements qui,
depuis le début de la guerre, ont fait tant de fois
l'honneur de cette Assemblée, dans un mouve-:
ment d'unanimité qui montrera là-bas, à 3'ennemi,
qu'eu cette circonstance comme dans toutes les
autres, quand il s'agit d'assurer !la défense na-
tionale.
M. Nadi. <– La défense nationale n'est pas en
cause.
Le président du, conseil. le. Parlement,
en pleine confiance avec le gouvernement, mar-
che tout entier. (Vifs applaudissements sur ks
bancs1 des partis républicain radical et radical
socialiste, républicain de gauche, gauche radi-
cale et de la fédération républicaine.)
Quelques mots encore de Jf. tiracke, reprochant
au gouvernement de n'apporter que des promes-
ses do M. Varenne, déclarant que la motion tend
simplement à solliciter du ministre de la guerre des
explications sur les résultats de la loi Dalbiez, et de
If. Turmel, qui se rallie à la motion Auriol.
Puis, on vote: par 390 voix contre 112, la motion
est repoussée.
DISCUSSION GÉNÉRALE LE RAPPORTEUR
Dans la discussion générale qui s'est ensuite dé-
roulée, MM. Peyroux, Poitevin, C.h. Bernard et Le-
vasscur ont tour à tour insisté sur la nécessité
d'une sélection sévère à opérer parmi les jeunes
gens de la classe 1917, les prescriptions hygiéni-
ques et les conditions d'alimentation que réclament
leur âge et leur changement d'existence.
Puis, le lieutenant- colonel priant, rapporteur,
a exposé les vues de la commission.
Tout le monde, Parlement et pays, est d'accord
pour donner jusqu'au bout au gouvernement tout
ce qui est nécessaire.
Que l'heure soit opportune, inutile d'y insister:
la classe 1917 doit être mobilisable en mai, et pour
cela il faut l'appeler sans tarder, ̃̃
Mais on doit l'incorporer dans les meilleures
conditions d'hygiène et l'instruction du 10 octobre,
y pare pleinement: elle réserve aux jeunes classes
les casernes neuves, prévoit le nettoyage des
chambres, le minimum de cube d'air, l'améliora-
tion du couchage et du chauffage, des bains-dou-
ches, etc.
La commission s'est ralliée à un amendement de
̃M. Bénazet. demandant que les "conditions de salu-
brité soient partout réalisées; cette préoccupation
est celle du ministre de la guerre.
Et l'orateur rappelle les instructions données
pour l'alimentation, l'augmentation de la ration do
viande et de pain, le vin aux repas, pour un régime
rationnel d'entraînement, la sélection des hommes
d'après leurs aptitudes et leur vigueur.
Comptez, dit-il, sur la sollicitude des chefs; il
n'y a pas à cette heure de famille, plus unie qua
l'armée, les chefs de corps regardent les soldats
comme leurs enfants.
M. Alexandre Blanc. Même Içs instituteurs,
que vous avez injuriés! (Exclamations et bruit. Ap-
plaudissements sur les bancs du parti socialiste.) 1
M. le président. Abstenez-vous de pareilles in-
terruptions. Ce n'est pas le moment. (Très bien I
Très bien !)
M. Alexandre Blanc. Ceux que M. Driant a in-
juriés et calomniés avant la guerre. (Bruit.)
M. le président. Ce n'est pas le moment de
laisser planer dans nos armées le souvenir de nos
anciennes querelles. (Applaudissements.)
̃M. Raffin-Dugens. Et qui se perpétuent dans
certaines armées.
M. Alexandre Blanc. M. Driant a calomnié;
insulté dans ses romans les instituteurs. (Nouvel-
les exclamations. Bruit.)
Le président. Je vous en prie, monsieur
Alexandre Blanc, contenez-vous. Si vous conti-
nuez, je vous rappellerai à l'ordre.̃.<̃̃
M. Alexandre Blanc. .Qui cependant ont fait
leur devoir.
Sur plusieurs bancs. Ne répondez pas
Le rapporteur. La Chambre me permettra, au
contraire, de répondre à cette interruption qui me
vise personnellement, et j'y tiens d'autant plus qn<;
mon interrupteur, qui est de bonne foi, parce qu'il
n'est pas renseigné, voudra bien, après mes expli-
cations, reconnaître qu'il s'est trompé.
J'ai écrit avant la guerre, il y a trois ans, un
roma~û dans lequel je malmenais vigoureusement
un instituteur, en raison des déclarations antimili-
taristes qu'il, yenaif; de, i'aire au congrès des inst.itu-
teurs à~S&HthMfârMrt “̃
,M. Alexandre Blaw;h-~ Je demande la parole
pour un fait personnel.
Le rapporteur. La guerre est venue: lorsque
j'ai vu à côté de'moi, partout, les instituteurs faire
bravement leur devoir, répudiant ainsi par leur
conduite et leurs exemples les théories de jadis;
j'ai exprimé à mon éditeur mon désir de refondre
mon roman pour .en faire disparaître ce personnage
odieux, ce que j'ai fait en le remplaçant par un
Boche naturalisé.
Le nouveau a paru il y a trois mois; j'ai tenu à
rectifier à l'égard des instituteurs mes sentiments
de jadis dans une préface que je demande à M.
Alexandre Blanc de lire: quand il l'aura lue, ses
sentiments à mon endroit changeront aussi.
(Très bien!) Très bien !) Car j'y rends hautement
justice aux instituteurs qui ont fait bravement
leur devoir (Vifs applaudissements), comme les
prêtres, dont on a parlé tout à l'heure. (Très bien!
Très bien !).
M. Raffin-Dugens. II y. en à 12,5S0 d'embus-
qués .'•"•'̃
Le rapporteur. Tout le monde a fait son de-'
voir et il n'y a pas d'embusqués. (Nouveaux ap-
plaudissements.) '̃̃̃
M. Jugy. Et les automobilistes ? •̃" ;•
If. Mignot-Bozérian. Il y en aqui sont morts:
au champ d'honneur 1 Ily en a-qui
même chez lui, à la- rencontre,, quelque chosje
de rabelaisien et de truculent. Sa foi
de préférence en termes concrets, presque sen-
suels, avec une espèce de gourmandise 'et* un
quasi-matérialisme. Ainsi que Péguy, il repré-
sente Dieu comme tout près de nous, comme un
personnage condescendant eUun peu paterne
ou avunculaire, avec qui l'on peut engager des
colloques dépourvus de solennité. « Va, c'est
vrai que je suis un homme et je sais bien quo.
tu es Dieu! Et c'est vrai que mes péchés sont
grands, je le sais, mais mon malheur est au-
dessus d'eux Laisse-moi en repos un mo-
ment, éloigne-Toi' de moi un peu Le temps
que j'avale ma salive Ça ne fait rien,
ô mon Dieu, et je sais bien que ça n'est pas
Votre faute Mais quand Vous .auriez
tort, je dirais encore que Vous ayez raison. ô
mon Père. » Et des déclarations d'amour
Une idée fixe de Claudel, comme de Péguy,
c'est que Dieu a besoin de nous, de notre
amour, tout autant que nous avons besoin du
sien. «Le Ciel et la Terre interdits considèrent
cette débauche indicible, Ce scandale d'un
Dieu ivre d'amour et blessé.!» .Et plus loin,
dans une Nativité « Vous avez porté votre
créateur, vous l'avez ~engepdré sous votre cein-
ture; Marie, notre sœur, a cru, la femme a
entouré l'homme, de toutes parts, Un petit
être nu est blotti sur le sein de la. DéiparcL.
Paradis raisonnable de Dieu, .'traîne-nous à!
l'odeur de tes baumes! Comme Lui-même
à qui dans son éternité manquait la, douceui.'
de votre lait. » C'est une idée féconde en poé-
sie, mais un peu dangereuse, d'abord comme
assez proche de l'hypothèse ironique de Renan
sur l'univers qui serait' un spectacle que le
démiurge s'offrirait pour se divertir, et aussi-
comme conduisant tout droit au panthéisme
car si le monde est nécessaire, à Dieu, Texis-.
tence de Dieu est inséparable de celle du
monde, inconcevable sans celle du monde,
c'cst-à-diî'e logiquement immanente et non
point distincte. Renouvier avait remarqué, si
j'ai bonne mémoire, ces tendances incons-
ciemment panthéistes de certains théologiens:
elles se manifestent ici en pleine lumière,' bien
que M. Paul Claudel soit à cent lieues de s'en
aviser. Peut-être un vrai poèic a-t-il trop d'i-
magination, trop d'aptitude à créer lui-t'uiêmB
des mythes, pour n'être pas sans casse en péril
de verser involontairement dans, riiéi'ésie.
L'occasion se présentera prochainement do
revenir aux commentaires sur la guerre de M.
André Suarè?, et au célèbre et sympathique
poète bàlois Garl Spitteler, dont l'oeuvre capi-
tale, Printemps olympique, doit bientôt paraî-
tre en traduction française je recommande
dès aujourd'hui aux amateurs de romans son
Lieutenant Conrad, récit très pathétique, très
coloré et sentant lé terroir.- C'est un drame de
famille ̃pùro contre fils encadré dans do
curieuses études de mœurs villageoises eu II
Suisse. Un livre àjlire.
N 'PAl'Ii' Sor»iY.
j Sur le iront
LE fLEGME fRANÇAIS
̃' Le flegme, « le bon flegme britannique ». a un
frère; valeureux et cordial en la personne du flegme
français, un flegme très particulier, tout à la fois
sublime et bon enfant, qui sous la mitraille se
manifeste chaque jour en des traits héroïques et
charmants.
J'en ai eu sous les yeux vingt exemples au cours
de cette magnifique offensive de Champagne dont
nos ennemis ressentent encore les foudroyants ef-
fets, et je garde le souvenir do certain cuisinier
que ses vertus culinaires et guerrières ont fait
adopter par. le colonel -d'un de nos régiments.
Ce garçon accommode le « singe » avec un art
ïaffiné, il le décore, l'apprête c'est un rêve Et
il met autour des choux délicatement mijotés qui
relèvent, par un assaisonnement savant, le goût
vai peu fade de cette conserve nationale. Sa répu-
iaiion s'est répandue alentour et les invitations du
colonel, très accueillant, sont fort courues. Vous
pensez qu'elles ne cessèrent point do l'être pen-
dant l'attaque, malgré le marmitage intense du
poste de commandement. Et l'accident prévu, cer-
tain, fatal, arriva un jour que le colonel avait
à déjeuner quatre convives auxquels on avait an-
noncé le fameux singe aux choux », tandis qu'on
'dégustait paisiblement les hors-d'œUvre, une déto-
nation" effroyable. vint ébranler la cahute; une
marmite était tombée en plein sur la cuisine, et
des éclats étaient venus s'enfoncer dans le sol de
la salle à manger attenante, brisant la table, écor-
nant les murs..
Personne n'est blessé; on se précipite, le cœur
eerré, vers la cuisine; amas de décombres, de pous-
.sïères et de ferràille's, et au milieu de ces ruines,
on a la surprise da découvrir le cuisinier tout
couvert de terre et.de débris, mais sans une égra-
Itïgnure, et qui contemple, dans la casserole où
mijotaient les choux, l'assaisonnement imprévu
de deux fragments d'obus et d'un amas de terre
et de poussière. Avec une fureur concentrée, il la
montre au colonel et lui dit
Si c'est pas malheureux Des si bons choux,
Que j'avais si bien soignes Regardez ce'qu'y m'ont
ï.tu dedans, ces sal.là. Et, qu'est-ce qu'on va
bouffer maintenant?
Plus calme encore sous la mitraiîîe, le sous-offi-
itier territorial qui fait fonction de chef de gare
'dans l'humble petite station voisine, eut son poste
littéralement pulvérisé par une marmite dont un
gros éclat lui frôla le bras, sans lui causer d'autre
mal qu'une commotion très passagère au sortir de
laquelle nous le vîmes; non sans surprise, porter
$on poignet à l'oreille. ̃
Y a du bon, dit-il d'un air satisfait, en. abais-
idant le bras ma montre-bracelet n'a pas été tou-
chée, et elle marche .toujours. C'est que j'y tiens
elle a fait toute la campagne avec moi, et j'espère
bien la ramener.
Ce sang-froid sous l'obus, ce calme souriant de-
vant le péril, nos troupiers l'ont dans le sang, c'est
ieertain; mais ils sont aussi à bonne école; et tout
près d'eux, leurs généraux leur en offrent chaque
jour de superbes exemples. A la table de mon
général, j'ai entendu, l'autre soir, de bien belles
(histoires. Il avait convié à dîner, dans sa cagnah
on reçoit beaucoup en ce moment, et la vie mon-
daine bat son plein au front, quelques officiers
parmi 'lesquels un de ses deux brigadiers, beau
type de vieux soldat français, qui porte allégre-
ineut, sur sa vareuse, la médaille de 1870 et la
Croix de guerre côte à côte. Il est intarissable, il
aime à raconter des histoires de jadis et d'hier, et
j'adore l'entendre parce qu'il est si sincère, si vi-
brant, si loyal.
Après nous avoir régalés d'une foule de gibernes
héroïques de 1870 et de 1915, il concluait philo-
sophiquement
Tout ça prouve, entre autres choses, qu'il ne
faut pas avoir peur, ni chercher la tangente. Le
'destin est là on n'y,.échappe pas. Le mieux, dès
tors, est de suivre, où que ce soit, en toutes cir-
constances, son chemin tout droit, sans dévier,
bravement, simplement.
Vous avez raison, lui répondit notre général;
tout de même, on va loin avec votre système de
ligne droite. Moi, je vous avoue que lorsqu'il m'est
arrivé, sur une route, d'être netten~çnf~~Bgéç~T
ment, encadré par dea-«iai>mites, jë'n'âi pas hésite"
à. me détourner de mon: chemin, et à faire un ero-
,chet vers la droite ou vers la gauche. Et je suis
!&ertain d'avoir eu raison.
Bien sûr, mon général, mais vous comprenez
bien ça n'est pas ça que je voulais dire.
• Vous, peut-être; mais j'étais l'hiver dernier
sur les bords de l'Yeer avec un général qui avait
adopté à la lettre et dans toute sa rigueur votre
théorie du destin et de la ligne droite. Nous che-
minions, certain jour de novembre, avec lui et un
commandant de mon état-major sur une route
maronitée, je ne vous dis que ça. Comme le tir
se precisp.it, et que les obus, en ligne droite, se
rapprochaient de plus en plus, je suggérai à mes
compagnons qu'il serait peut-être prudent d'aller
à. quelque cent mètres à droite, dans les champs.
Le commandant me suivit, mais le général n'en
voulut rien faire.: il tenait à ses idées, et mal-
gré tous mes arguments et toutes mes prières, il
refusa de dévier de sa ligne.
»: Non, mon général, me dit-il, je crois qu'il
faut suivre son chemin- et son destin. Si mon
heure n'est pas venue, je ne risque rien; si elle
iasomté, l'obus saura me trouver là où je serai.
la'EUILLETON DU ~fl~$
DU 3 DÉCEMBRE 1915
.r.
LES LIVRES
à
iifiufi 'CCixjmV '• Trois poèmes dé guerre, ï pla-
quette in-4*. Edition de la Nouvelle Reiiue fran-
vaise; Corona benignitatis anni Dei, 1 vol.,
ïibid. André Suarès Péguy, 1 vol. Emile
<%>aul; C'est la guerre, 1 vol., ibid. ۈbl- Spit-
&TELER le Lieutenant Conrad, traduction de
J/2*. Valentin, i vol. Payot.
-Les Trois -poèmes de guerre de M. Paul.
iCkudel portent bien sa marque et se distin-
Iguent singulièrement des nombreux poèmes de
Iguerre qu'on a vus surgir de tous côtés, sans
(qu'on puisse louer autre chose dans la plu-
part d'entre eux que leurs bonnes intentions.
(Pour être écrits non pas en vers, mais en ver-
isefe, selon son habitude, et magnifiquement
limages, ceux de M. Paul Claudel n'en sont-
pas moins claire, empoignants, tout vibrants
ide patriotisme. lis ont été dits en public, avec
succès, par Mlle Eve Francis.
Le plus beau des trois est le second, ou sont
[évoques les morts innombrables, les victimes
innocentes qui sont sous terre, mais qui veil-
lent, derrière les lignes allemandes, dans les
[régions envahies et dévastées' « Il y a une
grande armée sans aucun bruit qui se ras-
semble derrière vous Depuis Louvain jus-
,;qu'à Rétbelj depuis Termonde jusques à Ko-
£neny, -Il y a de la terre, mal tassée, qui
s'agite et une' grande tache noire qui s'élargit!
» II y a uxe frontière derrière vous qui se re-
iferme plus infranchissable que le Rhin!
• Ecoute, peuple qui es parmi les autres peu-
ples comme Caïn Entends les morts dans
rton dos qui revivent, et dans la nuit derrière
̃toi pleine de Dieu, Le souffle de la résurrec-
ifciori qiïi passe su ton crime populeux! Peu-
ple de sauterelles mangeur d'hommes, le
(temps vient que tu seras force de reculer
Voici le fleuve sans gué de la Justice, voici
Iles bras innocents autour de toi inextricables
«omme des ronces Ressens la terre sous
tes pieds pleine de morts qui est molle et qui
enfonce! » L'idée fait songer un peu lointaine-
ment au cri désormais fameux « Debout les
morts » lequel a renouvelé avec un laconisme
et un à-propos sublimes un thème souvent
"développé en poésie, notamment dans le ta-
bleau de Wagram de V Aiglon; toutefois la. vi-
'ision vengeresse de $1. Paul Claudel apparaît
d'autant plus tragique qu'elle n'est pas détaillée
et mise en scène, niais suggérée avec l'impré-
cision qui convient, aa royaume des ombres tl
« Je haussai les épaules, et comme le danger
pressait et que j'aurais trouvé stupide de me
faire tuer sur cette route sans utilité pour le ser-
vice, je laissai mon brigadier à ses théories et à
son destin, et je pris, avec le commandanl, tra-
vers champs.
» Nous n'avions pas fait cinquante pas qu'à
l'endroit précis que nous venions do quitter, un
obus de 15 tombait, et notre compagnon dispa-
raissait dans un véritable volcan do pierres et do
terres projetées.
» En proie. à une affreuse angoisse, nous rega-
gnons la route où doit être étendu le corps de
notre malheureux camarade, et nous le trouvons
debout, en train d'épous&eter vigoureusement sa
vareuse toute maculée.
» Vous voyez, mon général, comme j'avais
raison, et comme j'ai bien fait de' rester sur la
route.. -̃̃̃
» Le comble, c'est qu'il le croyait comme il le
disait, et qu'il le croit encore. »
Très flegmatique aussi, ce jeune lieutenant qui
vient d'arriver à la brigade. C'est un gamin, mais
un gamin sans, jeunesse, à la figure impassible ret
froide, à la 'lèvre dédaigneuse. Il s'est conduit
comme un héros il a gagné en même temps la
Croix de guerre et une affreuse blessure qui lui
a déchiqueté le bras et la main. Après de longues
semaines de souffrances et de soins, il a été guéri,
dans Ja mesure où l'on peut guérir d'une telle
blessure sa main est déformée et aux trois quarts
paralysée. Renvoyé au dépôt, il a été, par trois
commissions successives, déclaré inapte définitive-
ment au service actif. Mais cette décision ne lui
convenait pas; il veut encore se battre pour la
patrie, et puis, il a un compte personnel à ré-
gler les Allemands ont pris son vieux père comme
otage et l'ont martyrisé. Alors, il a multiplié les
démarches, intrigué de tous côtés, et il fini par
obtenir d'être renvoyé au front.
La vie est si ennuyeuse au dépôt! me décla-
rait-il, pendant que nous nous rendions ensemble
au poste de commandement du général de brigade.
Et à Paris! Elle est intenable! Je viens d'y passer
quelques jours,, et j'y ai subi un tas d'avanies.
Tenez, avant-hier, j'étais en civil dans le métro.
Une dame en face de moi me dévisageait, puis s'a-
dressant tout haut à sa voisine, elle lui dit
» Est-ce que ce n'est pas une honte de voir
à Paris des jeunes gens sains, bien portants, et qui
se promènent dans le métro! Mon mari qui a
trente-sept ans est dans.les tranchées, lui.
» Alors, comme j'étais de mauvaise humeur et
que cette dame m'agaçait, je lui dis
» C'est pour moi que vous dites ça, madame?
Eh bien, qu'est-ce que ça. prouve? C'est que je
suis un malin. Je ne veux pas alterà la guerre,
moi; et j'ai su m'arranger pour. •̃'
» J'arriyais à destination il était temps. Je crois
que je me serais fait sortir par les voyageurs; et
vous reconnaîtrez que pour faire le coup de poing,
avec mon-bras en compote, ça n'aurait pas été com-
mode. »
J'étais amusé par cette histoire; 'le commandant
qui était avec nous ne la trouva pas drôle; et gra-
vement, il dit au petit lieutenant
On voit bien que vous n'êtes pas marié. Si,
comme moi, vous aviez une femme qui attend,
qui se tourmente, et qui souffre, vous auriez été
plus indulgent aux nerfs de cette dame irascible;
vous lui auriez montré votre main, et très dou-
cement, vous lui auriez expliqué votre histoire.
Ça aurait été plus gentil, je vous assure.
Trois jours après, c'était pendant la bataille.
Notre lieutenant était en liaison au poste de com-
nfandement du général de division, lorsqu'un coup
de téléphone nous informa que le poste du général
de brigade, encadré par les obus, venait d'en rece-
voir un qui avait tout démoli. Il se leva, s'avança
vers le général, et lui dit:
̃' Mon général, je vous demande la permission
de quitter mon poste de liaison. On marmite là-
bas il y a dès camarades blessés, morts peut-être,
ma place est auprès d'eux.
Le général fit oui de la tête, et sans dire un
mot, il serra la main du lieutenant qui partit,
très pâle, mais l'œil plus brillant que d'habitude,
et la lèvre moins dédaigneuse, l'air jeune vrai-
ment. Il avait à ce moment le flegme, le bon
flegme français, celui qui n'exclut pas un brin
d'émotion.
d'éinoüon: P. E. G.
F 'e
Les pupilles de ta nation
La commission sénatoriale relative au projet de
loi sur les pupilles de la nation s'est réunie sous la
présidence de M. Poirrier.
Elle a entendu MM. Vivjani, garde des sceaux;
Painlevé, ministre de l'instruction publique, et
Léon Bourgeois, ministre d'Etat.
Les ministres ont déclaré que sauf quelques mo-
difications de détail, ils se ralliaient au texte rédigé
par la commission..
M. Perchot, rapporteur, demandera au Sénat de
mettre le projet de loi a son ordre du jour, dès que
son rapport aura été distribué.
Une offrande de la Nouvelle-Galles du Sud
L'ambassadeur d'Angleterre a présenté au prési-
dent de la République M. Wise, agent général de
la Nouvelle-Galles du Sud, qui, au nom de ses
compatriotes et des membres de la colonie fran-
çaise, lui à remis un chèque de 278,100 francs.
Conformément au vœu des souscripteurs, le pré-
qui est une des sources mêmes de l'épouvante.
On souhaiterait que ce poème pût être tra-
duit et répandu parmi. les troupes ennemies, eu
il ne manquerait pas de semer la terreur, car
ces rêves fantastiques ont toujours eu une
prise spécialement forte sur les cervelles al-
lemandes. Celui-là eût fourni un admirable
sujet de Ballade qui aurait eu le plus grand
succès outre-Rhin, aux temps du romantisme,
avec ou sans musique de Sclrubei't. 'L'em-
preinte française et latine se révèle par la sim-
plicité descriptive et surtout par la conception
première qui ne vise pas seulement à ébran-
ler les nerfs par un choc macabre, mais à sa-
tisfaire l'esprit par une réalisation, logique de
la justice. Même chez un Paul Claudel, qui
n'est ni très classique ni rationaliste à aucun
degpé, notre art est toujours plus intellectuel
que l'art germanique, et dans le vrai sens d'un
mot que l'abus a failli ridiculiser, plus moral.
M.' Paul Claudel pourrait-il être ce poète de
la guerre, tant désiré, que Péguy eût été par vo-
cation évidente? Celui-ci aurait eu l'avantage
de l'avoir vue de plus près, étant plus jeune
de quelques années, et il avait aussi un tem-
pérament plus militant et plus militaire, plus
tourné vers les points de vue historiques et so-
ciaux. M. Claudel est par nature, sinon par sys-
tème, plus contemplatif et moins iribunïtien.
Cependant il n'a jamais habité délibérément
une tour, d'ivoire; il ne méprise pas l'action.
H n'est même pas, on le voit, de ces écrivains
qui partagent, en tant qu'hommes et que ci-
toyens, toutes les grandes émotions nationales,
mais qui ne s'y associent pas effectivement
comme artistes et ne peuvent les exprimer,
parce que leur, esthétique lès 'en détourne et
que leur technique ne s'y adapte pas. Bien qu'à
certains égards il procède de l'école symbo-
liste, surtout d'Arthur Rimbaud, M. Paul Clau-
del n'est pas un poète essentiellement, hermé-
tique peut-être sa forme seule rempêche-
t-elle d'être un» poète populaire. Encore ii'a-t-il
pas besoin, comme oi vient d:en avoir la
preuve, do changer complètement sa manière
usuelle, mais seulement de la surveiller un
peu, pour devenir très accessible et commu-
nier avec l'âme des foulés.
Lorsqu'il, est obscur, ce qui en temps ordi-
naire lui arrive ̃ assez souvent, ce n'est .point
ou ce n'est que-rarement à cause d'une abs-
traction exceptionnelle de l'idée ou d'un ex-
cessif raffinement de l'expression on ne res-
pire pas chez lui l'atmosphère raréfiée des ver-
tigineuses solitudes où se complaît un Mal-
larmé. Malgré les apparences contraires, et
avec une imagination incomparablement plus
riche, il rappellerait plutôt, au fond, le bon et
pieux François Coppée, par la familiarité de la
pensée et l'expansion du sentiment. Cette ana-
logie un peu imprévue apparaît nettement dans
ses derniers recueils. Quant à son style, ce n'est c,
certes pas, comme celui de l'auteur de la Prose
pour des Esseintes, une trop studieuse recherche
de la concision et de l'ellipse qui le rend quel-
quefois un peu -abscons il pèche par excès,
sident de la République fera répartir cette somme
par les soins des différents comités des départe-
ments envahis constitués pour venir en aide aux
réfugiés et aux soldats de ces régions.
La fabrication des explosifs
Aujourd'hui est promulguée la.loi relative au
traitement du gaz d éclairage en vue d'en extraire
les produits nécessaires à la fabrication des ex-
plosifs.
Les opérations des caisses d'épargne
̃Voici le relevé des opérations des caisses d'épar-
gne ordinaires avec la Caisse des dépôts et consi-
gnations du 21 au 30 novembre
Dépôts de fonds. 637.-112 15
Retraits do fonds. S.759.153 .60
Excédent de retraits. 3.101.68145
Excédent de retraits du 1" janvier au 30 novem-
bre: 121,313,913 fr. 01..
i ,AR1~S~F
Citations à l'ordre da jour
lie Journal' officiel publie les citations à l'ordre
d,u jour des militaires dont les noms suivent
i" corps d'armée colonial sous l'énergique impul-
sion de son chef, le général Berdôulat, s'est emparé,
avec un élan magnifique, de positions ennemies puissam-
ment fortifiées, a combattu pendant sept jours consé-
cutifs, du 25 septembre au 2 octobre, avec uns vigueur
et une ténacité remarquables, 'triomphant de. violentes
contre-attaques et' refoulant constamment l'ennemi de
position en position.
2" corps colonial, comprenant les -lu» et. 15° divisions
coloniales et la division métropolitaine du Maroc sous
l'impulsion énergique du général Blondlat ont, le 25 sep-
tembre,, enlevé,' dans un vigoureux assaut, la première
position ennemie organisée, et par certains
de leurs éléments (division Marchand), atteint d'un seul
bond la deuxième position allemande.' Ont complète leur
succès dans la journée du 26, rejetant partout l'ennemi,
au delà de sa deuxième position, faisant plus de 4,000
prisonniers, enlevant 25 canons, 60 mitrailleuses et re-
cueillant un butin considérable. •
7° corps d'armée, comprenant les l-i° et 37e divisions
sous l'impuliipn énergique de son chef, le général de Vi.l-
laret, a. enlevé lé 25 septembre, sur tout son front, par un
vigoureux, assaut, la première position ennemie composée
de quatre à cinq lignes de tranchées a poursuivi, le 26,
sa brillante offensive, rejetant partout l'ennemi au delà
de sa' deuxième position de défense, faisant dans ces
deux jours de- bataille 3,000 prisonniers, enlevant i0 ca-
nons et recueillant un butin considérable.
.22° division d'infanterie sous la vigoureuse impul-
sion de .son chef, le général Bouyssou, le 25 septembre,
a enlevé, dans un superbe élan, les positions ennemies
fortement organisées sur une profondeur de quatre ki-
lomètres, en s'emparant de plusieurs batteries. Pendant
deux semaines, au prix -d'efforts soutenus et énergiques,
n'a céssédë'luttev contre l'ennemi qui se défendait pied
a pied, le refoulant sans cesse et faisant chaque jour
de nombreux prisonniers.
14e corps d'armée sous l'impulsion énergique, de son
chef, le général Baret, les 25 et 26 septembre, a brillam-
ment enlevé les'positions ennemies sur une profondeur
de quatre ̃kilomètres, en s'emparant dé 4,000 prisonniers
et de 30 canons. Pendant que la 27a division (général de
Bazelaire) traversait d'un magnifique élan les tran-
chées allemandes fortement organisées, !aZ6" ui vision
(général. Sorbets) réussissait, par une habile. manœuvre,
à. encercler une position puissamment fortifiée, obligeant
des bataillons entiers à déposer lés armes.
Maxime L;e Verrier, .caporal pilote-aviateur à l'es-
cadrille V. B. 108 dès son arrivée au front, s'est dis-
tingué dans des missions de bombardement exécutées
dans des conditions particulièrement périlleuses, tant
en'raison de l'atmosphère que de la canonnade violente
dont il fut l'objet. A disparu le' 26 mai 1915; son avion
a été vu tombant dans les lignes ennemies après un
combat engagé contre deux avions ennemis.
Shigeno .Kiyotake, capitaine de l'armée japonaise, pi-
lote à l'escadrille V. 24 pilote aussi habile qu'intrépide;
exécute quotidiennement des .bombardements pendant
lesquels son avion a. été canonné par. les. projectiles en-
nemis sans jamais se laisser détourner de sa mission.
Application de la loi sur les réquisitions
militaires
C'est à partir d'aujourd'hui, 1" décembre, que
commenceront, dans les conditions que nous avons
précédemment fait connaître, les différents recen-
sements prévus par la loi sur les réquisitions mi-
litaires, recensement des chevaux, mules et mu-
lets, des voitures attelées autres que celles servant
au transport des personnes, voitures automobiles
de toute nature.
L'es déclarations relatives, |irce§r.-div&iisnr.6peagep
ments,-iet qui ont ÛHt6ftrâç~8tii*'st"f"ri5tèpîmt-,©h)igà~
toire, "doivent être faites à dater d'aujourd'hui
et au plus tard le 31 décembre.
Des instructions très strictes ont été envoyées
aux autorités militaires et civiles et les disposi-
tions pénales de la loi sur les réquisitions mili-
taires seront appliquées dans toute leur rigueur à
l'égard des délinquants. *jgt*?àr"
• ̃̃ ~~R.i?sr.B. :V*
Commandement la mer
iié .capitaine de vaisseau Thomas de Glosmadeuc
est nommé au commandement du croiseur cui-
rasaé Marseillaise.
Les sttrvÎTants de 1' « Omara »
La direction de la Compagnie mixte de Marseille
a reçu avant-hier, de son agent à Tunis, une dépê-
che "'lui annonçant que vingt-six hommes de
l'équipage du vapeur Omara, torpillé par un sous-
marin ennemi, avaient pu gagner le port de Sousse
d'où ils sont partis en chemin de fer pour Tunis.
Ces marins regagneront Marseille par un paque-
bot de la même compagnie; celle-ci- est toujours
sans nouvelles de l'équipage de l'Algérien.
par surabondance, voire par négligence et lais-
ser-aller à l'occasion. M. Paul Claudel est si
éloigné de faire le renchéri qu'on est parfois
tenté, pour être dans le ton, de dire qu'il se
débonde. Alors il advient qu'on perde pied,
sous ce flot torrentiel, qui roule beaucoup d'or
et un peu de limon. M. Claudel a fait, dans la.
cinquième !de ses Cinq grandes odes, l'éloge, de
la tempérance, « conscience infaillible, et goût
suprême- du poète .supérieur à l'explication »',
mais il n'a pas assidûment pratiqué, en litté-
rature, cette vertu cardinale.
Les Trois poèmes. de guerre étaient, il est vrai,
relativement sobres. En revanche, certaines
pièces de ja Corona benignitatis anvi Dei nous
submergent sous un déluge de mots. Et dans
ce volume, l'intérêt, du thème n'aide pas tou-
jours à supporter cette incontinence .verbale.
J'entrevois ici un malentendu entre 'M. Claudel
et une assez grande ou même probablement la
plus grande partie de ses lecteurs habituels.
Avec une amertume extrême et particulière-
ment injustifiée, s'il s'agit de lui dans ce pas-
sage, il écrit « Enseignez,-nous, Véronique, à
braver le respect humain. Car celui à qui
Jésus-Christ n'est pas seulement une image,
mais vrai, Aux autres hommes aussitôt de-
vient "désagréable et suspect. Un homme
fait qui dit son CL qui va impudem-
ment à confesse, Qui fait maigre le ven-
dredi et qu'on voit parmi les iemrnes à la messe,
Cela fait rire et ça choque, c'est drôle et c'est
irritant aussi. Qu'il prenne garde à ce qu'il
fait, car on a les yeux sur lui. » Au moins en
ce qui le concerne personnellement, M. Paul
Claudel se trompe.
Tandis qu'il ne semble pas bénéficier d'une
vogue appréciable parmi le public catholique
et qu'il eût eu toutes les chances de rester in-
connu s'il n'y avait eu que les docteurs de
l'Eglise pour" le faire connaître, ni les pre-
miers critiques qui. ont parlé de lui>vnî ceux
qui l'ont loué par la, suite, ni les spectateurs
qui l'ont applaudi au 'théâtre de l'OBuvre et à
celui du Vieux-Colombier, ne partageaient
'pour la plupart, ses convictions religieuses. Ils
les; respectaient, eu vertu du principe de la li-
berté de conscience, et ils ne s'étonnaient même
pas beaucoup qu'un pur poète, sensitif et sen-
timental, que la science et la raison en-
nuyaient. fut revenu à la jolie foi mystique de
ses" pères et de son enfance. Avec des nuances
individuelles, ce fut aussi l'aventure de Fran-
cis Jammes, ce disciple de saint François-
d' Assise, et de Charles Péguy, qui le serait
plutôt de saint Bernard..Ces admirateurs pro-
fanes de Claudel, comme ceux de Péguy et
de" Jammes (d'ailleurs, ce sont les mêmes) ont
| assez prouvé qu'ils ne leur reprochaient pas
j leurs croyances, et se plaçant au point de vue
j exclusivement, littéraire, ils ne leur ont d'e-
mandé que d'en tirer de belle matière poéti-
que, ce qui n'est. assurément pas difficile, ainsi
que Chateaubriand l'a rappelé, au début du
dernier siècle. et que la connaissance de l'art
du moyen use" suffit à le démontrer..̃
Journée parlementaire
LA CHAMBRE
Séance du 30 novembre
L'INCORPORATION DE LA CLASSE 1917
.-̃•Selon la décision prise vendredi, la Chambre a
consacré une séance spéciale à la discussion du
projet autorisant l'appel de la classe 1917.
Cette séance, présidée par M. Paul Deschanel, a
dure de 3 heures à 8 heures i/-i.
On a entendu d'abord M. Turmel demander
l'ajournement du débat jusque après discussion
par la Chambre des conclusions d'une enquête gé-
nérale faite par une commission parlementaire
encore à nommer' sur l'utilisation des hommes
actuellement sous les drapeaux.
'Cette motion a amené à la tribune M. Briand,
*• LE PRÉSIDENT DU CONSEIL
}f. Aristide Briand, président dû conseil:
Messieurs, je vous demande de bien vouloir re-
pousser la motion préjudicielle de l'honorable M.
Tunnel. Si j'osais, je dirais que je ne désespère
pas d'amener, après qu'il aura entendu mes expli-
cations, notre honorable collègue à renoncer a sa
proposition.
Ce qui me fait concevoir cette espérance, c'est
que l'honorable M. Turmel a commencé ses expli-
cations en nous faisant connaître qu'il avait pleine
confiance dans le gouvernement pour accomplir sa
mission et son devoir. C'est à cette confiance de
M. Turmel que je fais appel, en le priant de ré-
lléchir sur les inconvénients graves qu'aurait l'a-
doption de sa proposition, et en même temps
qu'il ne m'en veuille pas de le lui dire sur sa
complète inefficacité.
Que veut 'M. Turmel? Il désire que tous les
ihommes valides du service armé soient employés
selon les grands intérêts de la défense nationale,
que ceux qui ne se trouvent pas, à l'heure actuelle,
par suite d'une négligence, d'une erreur, même
d'un abus. (Très bien! Très bien!)
M. Charles Bernard. Vous êtes bien indulgent.
Le président du conseil, ministre des affaires
étrangères. à la place qu'ils doivent occuper
y soient envoyés..
Je suis tout à fait d'accord avec M. Turmel sur
ce point. Mais il ne vous échappera pas que la
tcâhe à accomplir est d'ordre gouvernemental et
que substituer aux organes réguliers du gouver-
nement une- commission parlementaire, ce serait
un acte de défiance. (Bruit sur les bancs du parti
socialiste.)-
Veuillez m'écoute?, messieurs, et vous reconnaî-
trez qu'à ma place vous ne tiendriez pas un autre
langage. (Applaudissements) pour peu que vous
ayez, comme moi, le sentiment que les responsa-
bilité ̃gouvernementales de l'heure présente ne
peuveïrFpas aller sans l'autorité morale correspon-
dante. (Applaudissements.)
̃M. le ministre de la guerre vous a fait connaître,
dès son arrivée à la tête de son ministère, que sa
bonne volonté ne saurait être soupçonnée; il a pris
aussitôt toutes les mesures propres à vous rassu-
rer à cet egard. Des officiers généraux parcourent
toutes les régions de la France, visitent les dépôts,
s'enquièrent des conditions dans lesquelles les
ihommes sont utilisés et feront demain tout ce
qu'ils doivent faire pour qu'ils soient employés
selon, je le répète, les intérêts de la défense na-
tionale. (Applaudissements.)
Cette assurance vous ayant été donnée, ou bien
vous ôtes disposés à l'accueillir avec confiance, et
alors c'est une nécessité pour vous d'écarter la
motion préjudicielle, ou vous concevez des doutes,
et alors je conçois que vous entendiez .confier à
d'autres mains que celles du gouvernement la tâ-
che qui s'impose; mais c'est pour le gouvernement
une nécessité de ne pas accepter le vote qu'on vous
demande d'émettre. •̃
Vous voulez, messieurs, un contrôle. C'est en-
tendu, mais le contrôle qui devance les actes dù
gouvernement n'est plus un contrôle; c'est un acte
de méfiance. (Applaudissements.) Dans les circons-
tances présentes, il n'est pas un gouvernement, di-
gne de ce nom, qui pourrait admettre une telle
substitution de compétence. (Applaudissements.)
Une pareille procédure, outre qu'elle entraîne-
rait des lenteurs, risquerait d'être inefficace, et
même elle ne serait pas sans de gros inconvénients.
-Quarante-quatre membres du Parlement iraient,
à travers tout le pays, enquêter dans les dépôts!
(Exclamations et mouvements divers.) Ils vous fe-
raient un rapport sur ce qu'ils- auraient vu et en-
tendu, sur les chiffres des effectifs; ce rapport
serait discuté h -ht trabune'>deisJa>iJh8inbre et eo
i n'est -qu'ensuite qte- vmis'toras déteàîiftieriez. One
telle procédure aboutissant à un tel débat ne me
semble pas pouvoir raisonnablement être adoptée
dans la situation actuelle.
J'ajoute que, quand bien même vous auriez
constaté, par vous-mêmes qu'il n'existe pas en
France un seul homme qui ne soit employé selon
vos intentions, vous ne seriez pas dispensés de
voter le.projet de loi qui vous est soumis par le
.gouvernement.
Nous n'avons pas le souci des effectifs; nous
n'avons pas d'inquiétudes à cet égard. Nous som-
mes sûrs de nos ressources en hommes. Elles.nous
permettront d'aller jusqu'au bout, c'est-à-dire jus-
qu'à la victoire. (Vifs applaudissements.)
Biais l'appel de la classe 1917 est une mesure de e
prudence (Très bien! Très bien!) qui s'inspire
des préoccupations les plus élémentaires de la dé-
fense nationale. (Applaudissements.)
Certes, messieurs, je conçois que vous vous in-
quiétiez des conditions dans lesquelles cette classe
sera appelée, du régime auquel elle sera soumise,
des mesures d'hygiène qui lut seront appliquées.
(Applaudissements.) Mais la question même de
l'appel de la classe 1917, quand le gouvernement
vous dit que cet appel est nécessaire, apparaît, au
premier chef, comme une question de confiance.
{Très bien! Très bien!)
̃Ces.' lettrés poussaient môme la bonhomie
jusqu'à ne pas tenir rigueur à M. Paul Claudel
de certaines boutades, qui cependant passent
un peu les bornes, telles que ce trait du Che-
min de la Croix (1) sur la passion de Jésus
« Le valet d'Anne le soufflette et Renan le
baise »; ou cette agression contre un homme
qm fut un penseur et un érudit des plus émi-
neh'is et certes fort supérieur intellectuelle-
ment à M. Paul Claudel « Le marié (nous
sommes aux ÏSToces de Cana) baisse les yeux,
il est pauvre, et la honte le consterne; Ce
n'est pas une boisson pour un repas de noces
que de l'eau de citerne Telle qu'elle est au
mois d'août, quand les réservoirs ne sont plus
grands, Toute pleine de saletés et d'insectes
dégoûtants. Tels les sombres collégiens qui
sablent comme du Champagne Tout Ernest
Havet liquéfié dans les fioles de la Saint-Char-
lernagne » (2) ou encore ces versets du Ma-
gnificat, devenus fameux parmi les collection-
neurs de bizarreries et qui auraient fait monter
à des prix de milliardaire les exemplaires de
la première édition des Cinq grandes Odes si
̃M. Claudel les avait supprimés d*as les édi-
fions suivantes « Restez avec moi, Seigneur,
parce que le soir approche et ne m'abandonnez
pas! Ne me perdez point avec les Voltaire, et
les Renan, et les Michelet, et les Hugo, et tous
les 'autres infâmes Leur âme est avec les
chiens morts, leurs livres sont joints au i'u-'
iiiier. Ils sont morts, et leur nom même.
après leur mort est un poison et une pourri-
turc. » Voilà les exemples de charité chré-
tienne et de suavité évangélique que nous pro-
pose M. Paul Claudel. Aucun libre penseur
n'en a. pourtant abusé pour le traiter de 1$,
même façon, ou d'une façon approchantè.
Alors de quel cô.té se, trouvent le fanatisme et
l'intolérance? Pourvu que les tragédies et les
odes de M. Claudel fussent intéressantes et
ordinales, qnfmettait ces sornettes au compte
de se-s caprices de poète ou d'enfant gâté, pn
se contentait do sourire e.fc on lui pardonnait
tout' ̃̃̃
.̃̃•Diva-t-il qu'il y a là' un dilettantisme cou-
pable, et qu'il né se soucie point de pareils
lecteurs, et qu'il" prétend ne s'adresser qu'a
ceux qui l'approuvent sans réserve? Nom, il
ne le dira point d'abord paire que s'il fallait
souscrire aux doctrines d'un poète pour l'ad-
mirer; Louis Ménard, qui croyait fermement
à Zeus, à Phœbus Apollon, à Pallas Alhèma, à
tout l'olympe hellénique, eût été à peu prjûs lu
seul moderne digne de lire les anciens; en-
suite parce- quo M. Paul Claudel est, quoi. qu'il
en ait, trop artiste et trop homme do fettres
(1) Le Chemin de la Croix, qui avait paru séparément
en 1911, à Bruxelles, aux éditions do la revue Dverendal,
est réuni au volume da Corona berdgnHaiis.
(2)- On a tout de suite deviné que c'est son grand et
remarquable ouvrage sur lé Christianisme eu ses: origines
qui vaut à Ernest Havet d'être comparé par..11. Paul
Claudol à ui7î> « eau croupie » On on aura la, confirma-
tion à la page <;T du même volume. Le texte~cf ic ici est
"us1'i»3g*i3 Si-Si.
Toute motion préjudicielle qui, sous un pré-
texte ou sous un autre, si légitime qu'il puisse
sembler, aurait pour effet d'ëcaï ter un vote que,
sous sa responsabilité, le gouvernement sollicite
de vous, ne pourrait être accepte par lui. (Très
bien! Très bien!) ̃•
Puisque l'honorable M. Turme/1, au début de ses
explications, a déclaré qu'il avq.it confiance dans
le gouvernement, dans le ministre de la guerre, je
le prie, maintenant qu'il a expri nié ses désirs à là
tribune, qu'il a fourni ses arguments, de vouloir
bien s'en rapporter à notre bornée foi, à notre ac-
tivité, à notre énergie pour atteindre le but que
vise sa motion préjudicielle. Je le supplie de vou-
loir'bien la retirer et de ne pas obliger la Chambre
à voter sur une pareille proposition, après que le
gouvernement a fait connaître -qu'il la tenait pour
inacceptable. (Vifs applaudissements.)
M. Turmel n'en a pas moimi maintenu sa mo-
tion.
Au nom de la commission dte l'armée,. le lieute-
nant-colonel Driant, rapporteur, l'a combattue à
son tour. ̃
Et, faisant allusion à cette assertion de M. Tur-
mcL- que, grâce aux embusqué» il ne resterait plus
dans les tranchées que des soldats paysans
J'ai, dit-il, entendu a*oe regret dire qu'il
n'y avait plus dans les tranonëes que certaines ca-
nyyatp é-îto-y--éns. q certaines ca-
tégories de citoyens.
Vota à l'extrâme gauche Les prolétaires!
(Bruit.) r
M. de Gailhard-Bancd. Les nôtres y sont
morts (Très bienl Très bifjn!)
Le président. Vous en tendez ce qu'on vous
dit! Je vous prie, une fois pour toutes, de vous
abstenir de pareilles interruptions. Elles sont bles-
santes pour le patriotisme, de tous les Français.
(Vifs applaudissements.)
Le rapporteur. Je vouf; prie, mon cher collè-
gue, de croire que, dans le s tranchées, toutes les
classes sociales, sans exception, sont représentées
et y vivent. p
Le président. Et y nj eurent! (Nouveaux ap-
plaudissements.)
Le rapporteur. ̃ .da'10? une ère de fraternité
dont il serait désirable que l'écho pénétrât jus-
qu'ici. (Applâudissemenis.J
A son tour, M. Vincent! Auriol, au nom de ses
amis, vient développer cotte autre motion préju-
dicielle 1
La Chambre, toujours rdsolue à consentir tous les
sacrifices nécessaires à la défense nationale et voulant
que l'effort à accomplir sol un effort éclairé et vrai-
nïent efficace, invite le gouvernement à lui faire con-
naitre, avant toute délibération sur le projet qui lui est
soumis, les résultats dej l'application de la loi du
17 août 19:15, et à lui permettre ainsi de vérifier si tou-
tes les forces utilisables dii pays ont étô employées avec
le maximum d'efficacité pq ur la défense nationale.
L'orateur se défend, J ui et, ses amis socialistes,
d'obéir à aucune pensf 5e d'hostilité ou de parti
pris systématique contii e le projet.
Mais ils entendent q/ao le gouvernement donne
préalablement la preuve qu'il tire de nos forces
militaires- -le meilleur1. /parti possible.
Autrement, la confiance quïL •demande serait t
une confiance sans dignité et sans valeur.
Nouvelle intertentiqn du président du conseil
M. Aristide Briano' président du conseil.
Le gouvernement ne /peut que s'en tenir a la ré-
ponse qu'il a déjà faftte à H. Turmel.
La motion présentée par le -groupe socialiste
procède du même esprit, de la même préoccupa-
tion quo la proposition de notre honorable col-
lègue, les argumenta que j'ai opposés a ceux~de
M. Turmel s'opposeiiit également à 'la motion dé-
veloppée par l'honoB able M. Auriol.
Vous demandez afi gouvernement d'apporter la
.preuve que la Hoi votée il y a quelques mois par
la Chambre et qui (tendait à la meilleure utilisa-
tion des hommes va lides' est réellement appliquée.
Le gouvernement vous dit oui, elle est apliquée.
Le ministre de la guerre vous indique qu'il a
pris les dispositions nes. plus .minutieuses, les
plus énergiques ipdur que inexécution de cette loi
soit assurée.
Je vous répète au nom du gouvernement que
si nous venons 'vous demander avec force de
voter le projet de: loi qui vous est soumis d'ac-
cord avec votre commission de l'armée, c'est que
nous y sommes pond-uits par des raisons supé-
rieures.
Je tiens à 'le redire bien haut 'i mous n'avons
aucune inquiétude du point de vue do nos ef-
fectifs. '.̃̃̃
Le projet qui vous est présenté dérive dune
idée de prudence qui prend 'sa source dans les
préoccupations Mes plus élémentaires de la dé-
fense nationale. Nous avons comme vous le souci
de ne pas gaspiller 'la jeunesse de France, mais
les circonstances peuvent nous appeler à deman-
der àemjùnaÀJisoix,Mloismo Ja ikMvSj~ ?ous
der, demni»M.it~o..P., '11¡JÍ!;oJê.I{IP .If!. ¥lçt.Qjr'~liet J!°~IS
serions vWM#femiHPc5upaWS,~reSpt crimi-
nels, si nous 3.1e préparions pas cette jeunesse il
iraccomplissen!):ent d'un si, haut devoir. (Vifs ap-
plaudissements.)
Quand nous vous affirmons que 'le moment est
venu de comtneucer à l'instruire, et par consé-
quent de Tinc-or-porer avec toute îa prudence né-
cessaire, avec toutes lies précautions indiquées
par son âge~et dans des conditions qui, du. point
de vue de l'îiygiène, sont de nature à vous offrir
toutes garanties, je vous en supplie, messieurs,
répondez-nous Xoqs somme.3 avec le gouverne-
ment.
Je vous j.'épète que l'utilisation de tous les
hommes vidides; sera poursuivie avec la ipkis
grande én~~gie, sans aucune défaillance..
Je sais lut vous savez comme moi • c'est &
juste titre, que M. Auriol l'a dit à la tribune •–
que le ministre de la guerre, quelle que soit sa
bonne vokmté, rencontrera des résistances, se
lieurtera à des difficultés, à. des ruses; eh bien, il
faudra quf'&vec des sanctions appropriées, allant
'là, où elles, seront nécessaires, ces obstacles soient
brisés. MJiis on riy parviendra qu'au moyen de
tout un ensemble de dispositions qui demandent
du temps. Ce n'est pas, pour ainsi dire instanta-
nément, en quelques jours, qu'on peut enlever
des planes où ils sont des hommes valides qui
pour vouloir se réduire à une clientèle dont
un au/tre converti, Joris-Karl Huysmans, a
stigmsfîisé avec tant de verve l'incompétence
et le béotisme. Mais, ne le disant point, il ne
faudrait pas que M. Claudel fit comme s'il
̃l'avait dit, et nous refusât les compensations
.auxquelles notre libéralisme nous donne droit.
jS'il eiat-enŒaii désormais travailler pour la rue
Saint-Sulpice, et faire concurrence à la: Jour-
née au chrétien ou à d'autres publications ana-
logues, comme son Chemin do la Croix, ses
Hymnes de la Pentecôte, du Saint-Sacrement
et de je ne sais plus quelle fête carillonnée in-
duiraient à le craindre, il agirait sagement en
éditent ces choses à part et en épargnant à
cei/x qui s'attendent à de la littérature la dé-
coivenue de tomber sur de purs ouvrages ou
tracts d'édification. Pour le croyant et le pra-
tiquant, la banalité, dans ce genre de livres,
em garantit l'orthodoxie, et la prolixité assure
l'amplitude convenable aux exercices spiri-
tuels. Ce sont donc des qualités qui ont leu?
valeur. Mais tout le monde n'a pas les mêmes
,5?aisons de les apprécier, et il y a gros à parier
ijue les amateurs n'iront pas les chercher dans
les Hymnes ou les Chemins de Croix d'un au-
teur qu'ils jugeront ̃« décadent » et qui n'a
;même pas -l'imprimatur.
Bien entendu, tout n'est pas de ce nive-9.ii
dans ce recueil, d'ailleurs composé do pièces
qui ont paru à des dates -différentes et toutes,
je crois, antérieures à la guerre (ce qui éli-
imine le grief de manquement direct à l'union
sacrée). Un poète aussi merveilleusement doué
que M. Paul Claudel, qui a souvent du génie et
serait un très grand poète s'il était moins iné-
gal, ne peut donner en aucun cas tout un vo-
lume où il n'y ait aucun mérite. 11 y a, parmi
quelque fatras, de grandes beautés dans cette
Coronà benlgnUalis anni 1)ei. On aimera la sa-
veur de.légende'ct de « vieux Noël » qui prête
un charme a l'histoire des Rois. Mages, contée
par M. Paul Claudel; sa méditation sur « le feu
confidentiel et fragile d'un cierge pur '», image
de l'amour divin, « réduisant le corps à la cen-
dre, aspirant l'esprit dans la flamme »; sa vue
ingénieuse sur les avantages de la « voie
étroite », qui est la plus facile, en somme,
« Car le désert est grand, et le marécage est im-
mense, –'Mais la route est mince et unique»;
et ce bon conseil do. directeur prudent « Plu-
tôt que de lutter contre le monde, il est plus
simple de ne pas le regarder Et de tirer son
capuchon. » Mais ce n'est pas une maxime quo
Paul Claudel soit prédisposé à suivre; il re-
garde le monde avec des .yeux émerveillés et
avides; il s'écrie « Que Dieu est grand, et qu'il
| est magnifique d'être né » Il est si amoureux
de la terre que c'est bien par principe qu'il lève
la tête vers le ciel. Comme les imagiers du quat-
trocento, si on ne lui avait enseigné un autre
catéchisme, il eût été sans doute ingénument
païen, et non point même avec une délicatesse
élégiaque et idyllique, à la mode ombrienne,
mais avec une rondeur franche et allègre
d'homme robuste, jovial «t bien -endenié. Il y a
ne devraient peut-être pas s'y trouver pour les
envoyer là où il importe qu'ils soient, (Très bien!
Très bien!)
En attendant que cette œuvre soit menée h
bien, messieurs, ce serait commettre une faute
grave, une faute contre la patrie que de ne pas
préparer la jeunesse sur laquelle, un moment
donné, elle peut avoir à compter. (Applaudisse-
ments.)
C'est parce qu'il a le souci de son devoir h cet
égard que le gouvernement a pris l'initiative du
projet de loi qui vous est soumis. H vous deman-
dera tout à l'heure de, le voter; il vous suppliera
môme de 'le voter dans un de ces mouvements qui,
depuis le début de la guerre, ont fait tant de fois
l'honneur de cette Assemblée, dans un mouve-:
ment d'unanimité qui montrera là-bas, à 3'ennemi,
qu'eu cette circonstance comme dans toutes les
autres, quand il s'agit d'assurer !la défense na-
tionale.
M. Nadi. <– La défense nationale n'est pas en
cause.
Le président du, conseil. le. Parlement,
en pleine confiance avec le gouvernement, mar-
che tout entier. (Vifs applaudissements sur ks
bancs1 des partis républicain radical et radical
socialiste, républicain de gauche, gauche radi-
cale et de la fédération républicaine.)
Quelques mots encore de Jf. tiracke, reprochant
au gouvernement de n'apporter que des promes-
ses do M. Varenne, déclarant que la motion tend
simplement à solliciter du ministre de la guerre des
explications sur les résultats de la loi Dalbiez, et de
If. Turmel, qui se rallie à la motion Auriol.
Puis, on vote: par 390 voix contre 112, la motion
est repoussée.
DISCUSSION GÉNÉRALE LE RAPPORTEUR
Dans la discussion générale qui s'est ensuite dé-
roulée, MM. Peyroux, Poitevin, C.h. Bernard et Le-
vasscur ont tour à tour insisté sur la nécessité
d'une sélection sévère à opérer parmi les jeunes
gens de la classe 1917, les prescriptions hygiéni-
ques et les conditions d'alimentation que réclament
leur âge et leur changement d'existence.
Puis, le lieutenant- colonel priant, rapporteur,
a exposé les vues de la commission.
Tout le monde, Parlement et pays, est d'accord
pour donner jusqu'au bout au gouvernement tout
ce qui est nécessaire.
Que l'heure soit opportune, inutile d'y insister:
la classe 1917 doit être mobilisable en mai, et pour
cela il faut l'appeler sans tarder, ̃̃
Mais on doit l'incorporer dans les meilleures
conditions d'hygiène et l'instruction du 10 octobre,
y pare pleinement: elle réserve aux jeunes classes
les casernes neuves, prévoit le nettoyage des
chambres, le minimum de cube d'air, l'améliora-
tion du couchage et du chauffage, des bains-dou-
ches, etc.
La commission s'est ralliée à un amendement de
̃M. Bénazet. demandant que les "conditions de salu-
brité soient partout réalisées; cette préoccupation
est celle du ministre de la guerre.
Et l'orateur rappelle les instructions données
pour l'alimentation, l'augmentation de la ration do
viande et de pain, le vin aux repas, pour un régime
rationnel d'entraînement, la sélection des hommes
d'après leurs aptitudes et leur vigueur.
Comptez, dit-il, sur la sollicitude des chefs; il
n'y a pas à cette heure de famille, plus unie qua
l'armée, les chefs de corps regardent les soldats
comme leurs enfants.
M. Alexandre Blanc. Même Içs instituteurs,
que vous avez injuriés! (Exclamations et bruit. Ap-
plaudissements sur les bancs du parti socialiste.) 1
M. le président. Abstenez-vous de pareilles in-
terruptions. Ce n'est pas le moment. (Très bien I
Très bien !)
M. Alexandre Blanc. Ceux que M. Driant a in-
juriés et calomniés avant la guerre. (Bruit.)
M. le président. Ce n'est pas le moment de
laisser planer dans nos armées le souvenir de nos
anciennes querelles. (Applaudissements.)
̃M. Raffin-Dugens. Et qui se perpétuent dans
certaines armées.
M. Alexandre Blanc. M. Driant a calomnié;
insulté dans ses romans les instituteurs. (Nouvel-
les exclamations. Bruit.)
Le président. Je vous en prie, monsieur
Alexandre Blanc, contenez-vous. Si vous conti-
nuez, je vous rappellerai à l'ordre.̃.<̃̃
M. Alexandre Blanc. .Qui cependant ont fait
leur devoir.
Sur plusieurs bancs. Ne répondez pas
Le rapporteur. La Chambre me permettra, au
contraire, de répondre à cette interruption qui me
vise personnellement, et j'y tiens d'autant plus qn<;
mon interrupteur, qui est de bonne foi, parce qu'il
n'est pas renseigné, voudra bien, après mes expli-
cations, reconnaître qu'il s'est trompé.
J'ai écrit avant la guerre, il y a trois ans, un
roma~û dans lequel je malmenais vigoureusement
un instituteur, en raison des déclarations antimili-
taristes qu'il, yenaif; de, i'aire au congrès des inst.itu-
teurs à~S&HthMfârMrt “̃
,M. Alexandre Blaw;h-~ Je demande la parole
pour un fait personnel.
Le rapporteur. La guerre est venue: lorsque
j'ai vu à côté de'moi, partout, les instituteurs faire
bravement leur devoir, répudiant ainsi par leur
conduite et leurs exemples les théories de jadis;
j'ai exprimé à mon éditeur mon désir de refondre
mon roman pour .en faire disparaître ce personnage
odieux, ce que j'ai fait en le remplaçant par un
Boche naturalisé.
Le nouveau a paru il y a trois mois; j'ai tenu à
rectifier à l'égard des instituteurs mes sentiments
de jadis dans une préface que je demande à M.
Alexandre Blanc de lire: quand il l'aura lue, ses
sentiments à mon endroit changeront aussi.
(Très bien!) Très bien !) Car j'y rends hautement
justice aux instituteurs qui ont fait bravement
leur devoir (Vifs applaudissements), comme les
prêtres, dont on a parlé tout à l'heure. (Très bien!
Très bien !).
M. Raffin-Dugens. II y. en à 12,5S0 d'embus-
qués .'•"•'̃
Le rapporteur. Tout le monde a fait son de-'
voir et il n'y a pas d'embusqués. (Nouveaux ap-
plaudissements.) '̃̃̃
M. Jugy. Et les automobilistes ? •̃" ;•
If. Mignot-Bozérian. Il y en aqui sont morts:
au champ d'honneur 1 Ily en a-qui
même chez lui, à la- rencontre,, quelque chosje
de rabelaisien et de truculent. Sa foi
de préférence en termes concrets, presque sen-
suels, avec une espèce de gourmandise 'et* un
quasi-matérialisme. Ainsi que Péguy, il repré-
sente Dieu comme tout près de nous, comme un
personnage condescendant eUun peu paterne
ou avunculaire, avec qui l'on peut engager des
colloques dépourvus de solennité. « Va, c'est
vrai que je suis un homme et je sais bien quo.
tu es Dieu! Et c'est vrai que mes péchés sont
grands, je le sais, mais mon malheur est au-
dessus d'eux Laisse-moi en repos un mo-
ment, éloigne-Toi' de moi un peu Le temps
que j'avale ma salive Ça ne fait rien,
ô mon Dieu, et je sais bien que ça n'est pas
Votre faute Mais quand Vous .auriez
tort, je dirais encore que Vous ayez raison. ô
mon Père. » Et des déclarations d'amour
Une idée fixe de Claudel, comme de Péguy,
c'est que Dieu a besoin de nous, de notre
amour, tout autant que nous avons besoin du
sien. «Le Ciel et la Terre interdits considèrent
cette débauche indicible, Ce scandale d'un
Dieu ivre d'amour et blessé.!» .Et plus loin,
dans une Nativité « Vous avez porté votre
créateur, vous l'avez ~engepdré sous votre cein-
ture; Marie, notre sœur, a cru, la femme a
entouré l'homme, de toutes parts, Un petit
être nu est blotti sur le sein de la. DéiparcL.
Paradis raisonnable de Dieu, .'traîne-nous à!
l'odeur de tes baumes! Comme Lui-même
à qui dans son éternité manquait la, douceui.'
de votre lait. » C'est une idée féconde en poé-
sie, mais un peu dangereuse, d'abord comme
assez proche de l'hypothèse ironique de Renan
sur l'univers qui serait' un spectacle que le
démiurge s'offrirait pour se divertir, et aussi-
comme conduisant tout droit au panthéisme
car si le monde est nécessaire, à Dieu, Texis-.
tence de Dieu est inséparable de celle du
monde, inconcevable sans celle du monde,
c'cst-à-diî'e logiquement immanente et non
point distincte. Renouvier avait remarqué, si
j'ai bonne mémoire, ces tendances incons-
ciemment panthéistes de certains théologiens:
elles se manifestent ici en pleine lumière,' bien
que M. Paul Claudel soit à cent lieues de s'en
aviser. Peut-être un vrai poèic a-t-il trop d'i-
magination, trop d'aptitude à créer lui-t'uiêmB
des mythes, pour n'être pas sans casse en péril
de verser involontairement dans, riiéi'ésie.
L'occasion se présentera prochainement do
revenir aux commentaires sur la guerre de M.
André Suarè?, et au célèbre et sympathique
poète bàlois Garl Spitteler, dont l'oeuvre capi-
tale, Printemps olympique, doit bientôt paraî-
tre en traduction française je recommande
dès aujourd'hui aux amateurs de romans son
Lieutenant Conrad, récit très pathétique, très
coloré et sentant lé terroir.- C'est un drame de
famille ̃pùro contre fils encadré dans do
curieuses études de mœurs villageoises eu II
Suisse. Un livre àjlire.
N 'PAl'Ii' Sor»iY.
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