Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-08-17
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 août 1914 17 août 1914
Description : 1914/08/17 (Numéro 19399). 1914/08/17 (Numéro 19399).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
S. LE "TEMPS. •– Î7' août 1914'.
ta se demande, où tout cela était caché. J'ai vu plus de
60,000 résefvjstës tous portaient des effets nouveau.
L'artillerie n'a pas un cheval harnaché autrement qu'à
Heuf. -Et l'on. sent la main qui dirige'. Pas de contre-
ordres. Tout marche à" la baguette et on ne. regarde pas
à la dépense. En un mot, c'est merveilleux.
J'ajouterai que cela a beaucoup contribué à donner
confiance aux hommes. Là seule difficulté que les gra-
dés rencontrent, c'est de retenir les hommes qui, tous,
voudraient partir au feu "tout de suite.
Avec de telles troupes, nous devons avoir conflanoe.
f
QUESTIONS MILITAIRES et MARITIMES
Le Bulletin des Armées publie en tête de son
second numéro expédié cette nuit aux troupes de
ta zone des armées, l'article suivant de notre émi-
rent collaborateur. M. Ernest Lavisse.
A CEUX QUI SE BATTENT
Chers enfants de la France, '̃'
Je viens, pour obéir au ministre l'dë' 'la "guerre,
yous donner., de nos.nouvelles.
A l'heure même où vous partiez, toutes nos dis-
cordes se sont' apaisées; nous ne sommes plus
qu'une grande famille, de qui la jeunesse est par-
tie pour aller défendre à la frontière le patri-
moine sacré légué par nos ancêtres.
Des adversaires d'hier, qui souvent échan..
geaient de mortelles injures, s'efforcent ensemble
d'assurer les moyens de vivre aux familles de
ceux qui offrent leur sang à la patrie.
Vous aurez peut-être peine à croire que des
royalistes, des bonapartistes, des républicains mo-
dérés, des radicaux, des socialistes, des révolu-
tionnaires, et Mgr l'archevêque do Paris, et le
grand-rabbin, et des protestants, et des libres
penseurs s'accordent. fraternellement. Ceh est,
cependant, et je le vois tous les jours.
Voilà donc de bonnes nouvelles, et vous voyez
que nous nous portons bien.
Toutes nos pensées vont vers vous tous. Sans
doute, chacun de nous pense de préférence aux
siens il les cherche dans votre grande foule.
C'est de tel front chéri qu'une mère, une sœur,
une femme, une fiancée voudrait en ces jours tor-
rides essuyer la sueur. Mais notre amour vous
embrasse tous, chers enfants de la France. Tous
ensemble, vous êtes notre enfant.
tV Savez-vous que c'est la première fois que toute
îa. jeunesse de la France est assemblée sous les
drapeaux, et que toute la nation est de coeur avec
son armée, la première fois dans notre histoire si
Jongue?
C'est que jamais nous ne vécûmes une heure
plus grave que celle-ci.
Le peuple.d'Allemagne^ est,.perverti par un co.
îossal orgueil. ")\, exalte sa force comme une vertu'
divine; il en menace le monde entier, la France
surtout, qu'il déteste, sentant bien que point par
point l'âme française s'oppose à l'âme allemande.
Des voix allemandes insultent chaque jour notre
France, criant qu'elle est déchue, moribonde dans
'la pourriture, et que le moment est venu de l'a-
chever. '̃'
Il est donc parti en guerre, le colosse d'Alîoma-
gne. Ce peuple, qui. se dit civilisé par excellence,
apporte à la guerre des mœurs de Peaux-Rouges.
Mais il n'a pas le flair des sauvages. Il semble
n'avoir rien prévu comme un homme ivre, il se
heurte à des obstacles à droite et à gauche, il s'é-
tonne et il crie sa colère.
Le premier grand obstacle a été la Belgique.
Gloire à ce peuple, et à son roi! Ils viennent de.
prouver que la force d'une âme de peuple ne se
mesure pas à l'étendue d'un territoire. Ils ont
frappé du poing le visage du colosse, qui s'est
arrêté étourdi.
A vous maintenant, chers enfants de la France!
Le signal va être donné. Nous vous sentons re-
cueillis, impatients, héroïques; mais quelle œuvre
grande et glorieuse faire rentrer dans ces gor-
ges rauques insultes et mensonges, faire claquer
au vent nos nobles et claires couleurs sur notre
rive 'du Rhin, de Huningue à Strasbourg, repren-
,dre notre Lorraine avec notre Alsace; et puis,
par la victoire du droit, sauver l'humanité
La lutte sera rude. Des heures seront pénibles,
inquiétantes même peut-être, mais la finale vic-
toire est certaine et suivie d'un beau lendemain.
'<£$W¥ cette.. ( gu erre, çomm^, après Tun j lonago,:
Tatmosplière se raTrâîchira;. les poitrines humai-
nes respireront librement. Nous ne serons plus
obligés de nous demander chaque année « A
quand la guerre? » Ou bien Quel traquenard
nous ménagent-ils, ces perfides? »
Nous ne nous préoccuperons plus des hoche-
ments d'un casque impérial irrité. On ne noua
parlera plus de sabre aiguisé, de poudre tèche
«t Je tapage des anniversaires chômera. `
Vraiment, il y a trop longtemps, comme je l'ai
souvent entendu dire ces jours-ci dans nos, rues,
que « ces gens embêtent le monde ». Leur ôcer la
possibilité d'embêter le monde, c'est votre tâche;
après que vous .l'aurez accomplie, la patrie. vous
bénira et l'humanité vous acclamera, chers so!-
dats de la France!
Ernest Lavisse.
de l'Académie française.
L'exploit du lieutenant Bruyant
On sait que le lieutenant de dragons Bruyant
a été fait chevalier de la Légion d'honneur à la
suite d'un exploit qui marqua le début des hostili-
tés et sur lequel on possède aujourd'hui des dé-
.tails précis.
Vers 3 h. 30 de l'après-midi, le lieutenant Bruyant,
avec 7 hommes, dont le sous-officier Portec, 2 briga-
diers et 4 cavaliers,. faisait une reconnaissance dans les
environs d'Erbéviller. Soudain, il aperçut une patrouille
allemande du 14" uhlans.
Son premier mouvement fut de foncer sur eux. Mais
la distance éiail'trop grande et la patrouille allemande.
Watt bien supérieure en nombre on compta 27 ca-
yaliers, dont un officier. le lieutenant Dickmann.
y Lâ.Pruclénce s'imprjàit. Voi&ïXév français dut em-l
pêcher ses hommes de charger tout de suite sabre au
clair. >
Un premier contact -nt ]'?u, un cavalier allemand
.tomba. Les autres s'enfuirent. Au lieu de faire face, à
4 contre 1, ils cherchèrent à gagner un bois, pour met-
tre entre eux et les nôtres un obstacle infranchissable
11 était temps d'agir.
Chargez commanda le lieutenant Bruyant.
Et nos sept cavaliers partirent comme une bombe.
Les Allemands s'étaient, de leur côté, mis en bataille.
La mêlCe fut courte. D'un coup do sabre sous le
ceinturon, le lieutenant Bruyant désarçonne le lieutenant
allemand, qui s'apprêtait à lui brûler la cervelle aveo
Bon revolver.
Un dragon tuait un uhlan d'un coup de lance, 6 au-
tres allemands, désarçonnés et blessés, craignant d'être
achevés, comme ils, l'ont avoué, s'aprr5!nient à se ssr-
:vir de leur carabine. tandis que leurs 20 autres cama-
rades battaient en retraite à toute bride.
Les blessés furent mis dans l'impossibilité de conti-
nuer la résis'e:
Le lieutenant Bruyant prit les papiers du HeulP^t
allemand mort nour les remettre à l'état-major, et em-
porta aussi son casque, son manteau, sa jumelle et sa
carte.
L'infériorité de l'artillerie allemande
Dans les derniers combats qui ont eu lieu en
Haute-Alsace l'infériorité de l'artillerie allemande
est nettement ressortie. Le pointage est défec-
tueux et beaucoup d'obus n'éclatent pas; par
contre, notre artillerie cause dans les rangs al-
lemands des ravages terribles. Un combattant a
,vu, près de Mulhouse, un seul projectile de 75
faire 16 morts dans une tranchée.
Les charges à la baïonnette de nos fantassins
«èment chetf nos adversaires une véritable épou-
'~actc. n.
Les engagements
pour la durée de la guerre
Une instruction du ministre de la guerre, que
publie le Journal officiel relativement aux enga-
gements volontaires pour là durée de la guerre,
pose les règles suivantes
̃ 1* Les engagements pour la durée de la guerre se-
ront reçus partir du 20* jour de la mobilisation
(21 août);
Ils ne pourront être contractés que pour les corps
(métropolitains et coloniaux) et services dont les dépots
sont stationnés dans la zone de l'intérieur, hors de la
subdivision du domicile de l'intéressé, et sous réserve
que l'effectif de ces dépôts ne dépassera pas l'effectif de
guerre majoré de 20 0/0 pour les corps d'infanterie, de
éavalerie, d'artillerie, du génie et de l'aéronautique et
de 10 0/0 pour les autres oorps et services.
Les commandants des régions où sont stationnés les
dépôts suspendront en conséquence les engagements
dans chaque corps et service lorsque ce sera néces-
saire ils en aviseront directement par télégramme les
commandants des autres régions et le ministre ils agi-
ront de même pour autoriser la reprise des engageiftenls
vlorsflue la situation des effectifs le .atrjiieWraA i ff.
3e Les engagés seront désormais tous dirigés sur les
dépôts
4° Les opérations relatives à l'appel du contingent
de 1914 étant -actuellement en cours d'exécution, les
jeunes gens qui en font partie ne seront pas admis à
contracter d'engagements pour la durée de la guerre,
ils rejoindront leur corps d'affectation suivant les indi-
cations de l'ordre d'appel, qui leur sera adressé en temps
utile.
La communication des notes des officiers
Aux termes do la loi du 22 avril 1905 les fonc-
tionnaires civils et militaires ont droit à la commu-
nication personnelle et confidentielle de toutes les
pièces composant leur dossier avant d'être l'objet
d'une mesure disciplinaire ou d'un retard dans
l'avancement à l'ancienneté.
Cette mesure n'est pas, en ce qui concerne les
militaires des armées de terre et de mer, compati-
ble avec les nécessités du temps de guerre qui
exigent que les sanctions disciplinaires soient im-
médiates. En conséquence un décret vient de siis-
pendre pendant la durée de la guerre l'application
des dispositions de la loi du 22 avril 1905 à cet
égard, dans les deux départements de la guerre et
de la marine.
La mise à la retraite d'office
Un décret dispose que pendant la durée de la
guerre, et à raison de l'impossibilité do réunir,
dans les circonstances actuelles, le conseil supé-
rieur de la guerre, la consultation de ce conseil,
prévue par l'article 1" de la loi du 16 février 1912
pour la mise à là retraite d'office des officiers géné-
raux et des fonctionnaires militaires'de grades cor-
respondants, sera remplacée, pour la zone des
armées, par l'avis du général commandant en chef
des armées, et en dehors de cotte zone par l'avis
d'un officier général désigné par lo ministre do la
guerre et appartenant ou ayant appartenu au con-
seil supérieur de la guerre. Pp
Création de nouveaux bataillons
Il sora créé un bataillon de tirailleurs à chacun
des 2e, 3°, 4' et 8° régiments do tirailleurs indigè-
nes. Les 2° et 5° sont situés dans chacune des divi-
sions d'Oran et d'Alger et les 4» et 8° dans la divi-
sion d'occupation do Tunisie.
Promotions dans l'artillerie
Le Journal officiel publie la promotion au grade
de sous-lieutenant dans l'artillerie, avec leur af-
fectation dans les régiments de l'arme, de 260
élèves de l'Ecole polytechnique, pour prendre rang
du 6 août 1914.
Eleves officiers de marine
Le ministre de la marine a décidé que les
épreuves orales des concours d'admission nu
cours préparatoire a l'Ecole' des élèves officiers
d3 marine et a l'Ecole des élèves officiers mécani-
ciens, sont supprimées, et'que tous les candidats
qui avaient été déclarés admissibles la suite des
épreuves écrites, sont admis ces écoles.
La télégraphie sans fil
dans les eaux territoriales
Par arrêté du ministre de la marine, l'emploi
de la télégraphie sans fil est interdit à bord des
bâtiments de commerce dans les eaux territoriales
et dans les ports de Franco.
En entrant dans les ports, ou sur l'ordre des
autorités maritimes ou militaires dans les eaux
territoriales, l'antenne doit être amenée, isolée
de la cabine de T. S. F., ses drisses défrappées.
L'antenne ne devra pas être rétablie pendant le
séjour du navire dans les eaux territoriales.
Toute infraction à ce règlement expose les ca-
pitaines des navires contrevenants à des pour-
suites judiciaires et à la saisie des appareils
radiotélégraphiques.
Ce règlement ne s'applique pas aux bâtiments
de la marine nationale, ni a ceux qui sont armés
temporairement pour son service. II pourra en
outre y être dérogé sur licence spéciale délivrée
par l'autorité maritime, en faveur de certains
bâtiments étrangers (anglais notamment), .eff.ee-,
tuant des transports spéciaux. "̃
r
POUR SERVIR LA FRANCE
Les parlementaires sous les drapeaux
M. Pierre. Ma'sse, député do l'Hérault, est incor-
"porf corn'mc Bergéat W2S« i-é^Mtar'ffifffâ^flef
territoriale..
M. Mistral, député socialiste de l'Isère, a été in-
corporé comme sergent au 105° territorial d'infan-
terie, a Grenoble.
L'observatoire de M. Santos-Dumont
M. Santos-Dumont possède sur la côte de Be-
nerville, aux environs de Deauville, un observa-
toire dont la situation, au point de vue de la dé-
fense nationale, offre de tels avantages que le gé-
néral "Vayssièro a prié le célèbre sportsman de
mettre cette installation à là disposition de l'au-
torité militaire.
M. Santos-Dumont, dont la France est la patrie
d'adoption et qui a si souvent prouvé sa sympa-
thie pour notre pays, a immédiatement télégraphié
au général Vayssiere que son observatoire de Be-
nerville était dès aujourd'hui à sa disposition.
La situation du duc d'Orléans
Le secrétariat du duc d'Orléans nous commu-
nique la note suivante
Mgr le duc d'Orléans a reçu un très aimable
message de Sa Majesté le roi d'Angleterre qui lui a
été remis personnellement par le ministre du roi à
Bruxelles. Le roi George a chargé son représentant
d'exprimer au chef de la maison de France ses remer-
ciements et ses regrets que sa situation spéciale ne
permit pas d'accepter ses services dans les rangs de
l'armée anglaise.
Aux Alsaciens-Lorrains
Les Alsaciens-Lorrains qui ont signé leurs feuil-
les d'enrôlement aux Marches de ïTïst devront se
trouver à. huit heures, mardi matin 18. août, rue de
Vaugirard, 84, pour être dirigés sur les bureaux de
recrutement.
Les volontaires polonais
Un comité do volontaires polonais s'est constitué a
Paris, rue Edouârd-Vll. 4, dans le but de grouper les
Polonais des trois parties de la Pologne pour com-
battre les Allemands par tous les moyens, et spé-
cialement pour grouper les Polonais résidant en
France, en vue de leur enrôlement dans l'armée
française. ♦
L'ORGÀNISÀTIONJES SECOURS
Des externes des hôpitaux de Paris
partent pour Nancy
Par suite de la mobilisation, les hôpitaux civils
de Nancy furent brusquement privés de tout leur
personnel médical, les jeunes internes et externes
étant tous partis vers le front.
Pour remédier à cette situation, le doyen de la
faculté de médecine de Nancy adressa un pressant
appel au recteur de l'université de Paris, M. Liard,
et au doyen de la faculté de médecine, M. Lan-
douzy.
On fit aussitôt passer dans nos hôpitaux une
circulaire demandant des volontaires. Ils s'offri-
rent en foule étudiantes russes et françaises,
étudiants grecs, serbes, roumains et français non
astreints au service militaire, revendiquèrent à
l'envi l'honneur d'aller donner leurs soins à la
courageuse population civile de nos frontières. Un
premier convoi de 30 personnes est parti hier.
M. Bayet, directeur de l'enseignement supérieur,
représentant le ministre, était venu saluer à la
gare les jeunes volontaires. De son côté, M. le
doyen Landouzy, en quelques paroles émues, re-
mercia ses élèves de leur attachement à. la France
et de leur dévouement à l'humanité. Un autre
convoi partira dans trois ou quatre jours.
Secours privés
Tout est prêt dans les 204 hôpitaux auxiliaires
qu'a organisés l'Union des Femmes de France sur
tout le territoire et qui peuvent recevoir plus de
13,000 malades ou blessés. 10,000 infirmières ou
aides-infirmières en assurent le service, secondées
par plus de 2,600 dames administratrices. Des
cours théoriques et pratiques sont organisés
1, place Malesherbes; ils nous doteront en quel-
ques jours de plus de 5.000 aides- infirmières. La
société a pris en outre 1 initiative de faire instai-
ler des voitures automobiles pour le transport
des blessés et a organisé, sous la direction du ba-
ron de Friedberg, le service des brancardiers. En-
fin le contrôle financier est assuré par de hautes
personnalités et des magistrats de la Cour des
comptes réunis, en une commission qu^ préside
M. Kœehlin-Sohwartz4 fila de la, regrettée fonda-
icieg ,da l'œuyjce© T" =
de tirailleurs
< Mme la comtesse de Paris a mis les dépen-
dances du château de Randaux à la disposition
de la Croix-Rouge, qui déjà y a établi un ouvroir
où les dames et les jeunes filles de la ville tra-
vaillent pour nos blessés.
'< Un grand nombre de personnes riches ou
simplement aisées, dans un élan patriotique as-
surément louable, ont entrepris de confectionner
elles-mêmes ou de faire confectionner gratuite-
ment des articles de lingerie destinés à nos sol-
dats. Se rendent-elles compte qu'en agissant ainsi
elles privent de leur seul moyen d'existence un
plus grand nombre do femmes? Les commandes
particulières ont cessé. Le chômage. des ouvrières
s'étend chaque jour. Leur procurer du travail ré-
tribué est une œuvre sociale urgente. Il y a péril
à les en priver.
Qu'au lieu de travailler soi-même, on fasse
travailler celles qui sont réduites à accepter un
morceau de pain. :-̃̃
C'est la justice et c'est l'intérêt de tous. Mmes
G. Duchene, présidente de la section du travail du
Conseil national des femmes françaises; Louise
Compain, membre du conseil d'administration de
l'Entr'aide; Jeanne Bouvier, membre du comité
de l'Office français pour le travail à domicile.
Les employés et ouvriers des ateliers de Paris
du P.-L.-M. ont décidé de s'imposer une cotisation
spéciale de 3 francs par mois, au minimum, pen-
dant toute la durée de la guerre, afin de venir en
aide aux familles des citoyens appelés sous les
drapeaux. Ils espèrent que cet exemple sera suivi
par tous les cheminots des autres reseaux.
tP''M' 1P''SSA'Mr
EJ~
Le général French à Paris
Le général French qui était allé, hier après-
midi, en sortant de l'Elysée, chez Je ministre de,la
guerre, est resté en conversation avec M. Messimy
durant près d'une heure.
A quatre heures, le général French rentrait à
l'ambassade d'Angleterre salué sur tout'son pas-
sage par des acclamations enthousiastes.
Il reçut quelques amis personnels, s'entretint
avec ses officiers et manifesta ensuite l'intention
de.se reposer.
Vers sept heures; le général French, qui avait
revêtu des vêtements civils, est allé dîner chez des
amis. Pour éviter d'être reconnu, il est sorti par
les jardins donnant avenue Gabriel. A dix heures,
il était de retour à l'ambassade.
Le général French et les officiers de son état-
major sont partis à onze heures et demie du soir
par la gare du Nord pour rejoindre le quartier gé-
néral anglais.
A l'Elysée
Sont attachés la personne du président de la
République pour la durée de la guerre
M. Gauchotte, colonel breveté d'infanterie en
retraite, renommé colonel de réserve.
M. Vallière, li'éutènant-coloncl de résolve d'in-
fanterie? coloniale, rayé des cadres et renommé
lieutenant-colonel de réserve.
M. Nazareth, chef d'escadrons do cavalerie en re-
traite, nommé chef d'escadrons de réserve de cava-
lerie. ̃̃
Les Alsaciens en France
Le rédacteur du Petit Comtois de Besançon a
eu l'occasion de voir l'artiste alsacien Henri Zislin,
fondateur du Dur's Elsass.
Zislin a pu, comme Hansi, échapper aux prisons
allemandes, peut-être à pis encore. Il est à Be-
sançon où il va s'engager.
Il confirme qu'un certain nombre d'Alsaciens et
Lorrains 'menacés par les Allemands sont sains et
saufs Spinner, promoteur du monument de
Geisberg; Jean, ancien administrateur du Lorrain
et président du Souvenir alsacien-lorrain; Langel,
M"' Hellmer et l'abbé Wetterlé, de Colmar, dont
lu Nouvelliste a été supprimé; Léon Boll, direc-
teur du Journal d'Alsace-Lorraine.
Mais Zislin est inquiet pour MM. Blumenthal
et Jacques Preiss, pour le publiciste Bourson,
pour M. Ostermeyer et d'autres encore. Il se de-
mande s'ils sont emprisonnés « ou assassinés,
comme le pauvre Sam»in »; On n'en a aucune
nouvelle.
La réorganisation des postes
C'est une question capitale entre toutes. Nou;
savons mieux que personne quelles difficultés elle
peut rencontrer, avec la mobilisation au moins
partielle des employés et des facteurs, avec la
suppression, de la plupart des trains. Aujourd'hui
cependant sur tous les réseaux^ même sur tes plus '1
exposés comme le .Nord et l'Est,' les compagnies
do chemins do fer'M^t^sWf-uii SEi'V.iccPTliitjlfBr/
comportant quatre trains au moins par jour. If
n'en ést as quatre vrai ue moins lé mé lieuros
n'en est pas moins vrai que malgré les meilleures
volontés, y compris celles de l'administration des
postes et des services militaires, les lettres arri-
vent de presque toutes les directions avec un re-
tard extrêmement pénible pour les familles. On
nous dit que cette situation tiendrait à deux cau-
ses la suppression de ce qu'on appelle le? wa-
gons-ambulants où se faisait le tri des correspon-
dances, et la centralisation de celles-ci au chef-
lieu, du. département.
Pour certains départements, il est évident que
cette mesure doit nécessiter des allées et venues
singulières. Nous connaisons un arrondissement
situé à 100 kilomètres de Paris, sur une grande
ligne, et d'où les correspondances arrivent à Pa-
ris avec un retard très considérable, précisément
à cause de cet envoi préalable au chef-lieu. N'est-
il pas possible de rétablir, au moins en partie,
le service des ambulants? Nous connaissons, encore
une fois, le zèle méritoire qu'apporte à tâcher de
remplir ses obligations l'administration des pos-
tes, malgré le trouble des temps, mais c'est là une
question vitale qu'on doit examiner avant toutes
autres pour les familles, au stoïcisme desquelles
il ne faut pas trop demander, et pour les commer-
çants et industriels désireux de reprendre le tra-.
vail, et qui ne le peuvent sans cet instrument in-
dispensable. "V;,
La reprise du trafic
sur les chemins de fer
Plusieurs journaux, ont publié des informations
aux termes desquelles le trafic commercial des
chemins de fer serait repris normalement sur la
plupart des lignes à partir du mercredi 19 août.
Présentée 'sous cette forme l'information est
inexacte. Les transports de troupes et d'approvi-
sionnements seront trop importants pendant long-
temps encore pour permettre la reprise du service
normal sur aucune ligne. Mais à partir du 20 août,
il sera possible d'augmenter dans une certaine
mesure le nombre des trains de voyageurs et sur-
tout de marchandises sur les lignes et dans les
zones qui ne seront pas utilisées pour les trans-
ports militaires. Il sera également possible d'accé-
lérer, exceptionnellement, la marche de quelques
trains.
La reprise complète ne pouvant être envisagée
que progressivement des affiches apposées pério-
diquement dans les gares indiqueront les heures
des trains mis à la disposition des voyageurs et
les limites du trafic des marchandises.
Il doit être d'ailleurs bien entendu que le ser-
vice commercial peut être ralenti et même sus-
pendu à tout moment si les nécessités militaires
viennent à l'exiger. (Communiqué.)
Le ravitaillement est assuré
.Dans les réunions quotidiennes tenues au mi-
nistère de la guerre par la sous-commission du
ravitaillement avec le concours des divers ser-
vices intéressés et de négociants, il a été fait les
constatations suivantes qu'il paraît utile de porter
à la connaissance du publie
Le stock du blé actuellement existant en France,
abstraction faite de la récolte de cette année, dont
la rentrée et le battage se poursuivent actuelle-
ment, suffira à la consommation de l'armée et de
la population civile pendant de longs mois; les
arrivages de blé signalés ces jours-ci sont au sur-
plus importants, et grâce à la liberté de la navi-
gation, qui paraît dès à présent assurée, ces arri-
vages ne feront qu'augmenter;.la récolte des Etats-
Unis, qui accuse cette année un excédent considéT
rable, permettra faclement de maintenir en tout
temps cette abondance.
Si un certain resserrement s'est produit sur
quelques points il a été dû, d'une part, à l'embar-
go mis aussitôt sur le stock par l'autorité mili-
taire, et d'autre part, à la difficulté des transports
causée par la mobilisation. Vérification faite de
l'importance des stocks existants, l'autorité mili-
taire a pris des mesures pour rendre à la consom-
mation civile le nécessaire et d'autre part la fin
de la mobilisation va marquer un retour à une
circulation presque normale.
Les approvisionnements en sucre, riz, café, etc.,
sont. particulièrement abondants.
Les stocks de charbon sont également considéra-
bles et les commandes faites par l'industrie et le
commerce seront facilement servies dès que les
transports vont redevenir faciles, c'est-à-dire dans
quatre ou cinq jours; pour les livraisons par cha-
lands, les expéditions vont reprendre de suite.
Le pétrole et l'essence ne manqueront pas.
Les quantités de lait arrivées ne sont en rien in-
férieures aux chiffres normaux et c'est la diffi-
culté de la distribution seule qui a pu faire croire,
sur certains points, qu'il y avait disette.
Le «el, peu abondant dans les régions du Nord,
jjsfc heureusement très abondant u»i« iâ «iiu. ,Z~~
Les Anglais nous offrent du charbon
La chambre de commerce britannique à Paris est
informée, par l'intermédiaire du Foreign office,
qu'il existe actuellement à Cardiff de grandes quan-
tités de charbon menu qui encombrent les voies et
dépôts des chemins de fer. Comme ces charbons
sont un article d'exportation courante à destination
de la France, l'administration anglaise sollicite des
offres de service d'armateurs français qui pourraient
faire enlever ce menu à Cardifi.
Les navires français faisant ce service pourraient
en même temps apporter dans ce port du bois de
mines de provenance française, qui est en ce mo-
ment très demandé par les houillères de la Galles
du Sud. `
Les offres sont reçues soit à la chambre de com-
merce britannique, rue des Pyramides, 9; à Paris,
soit à la chambre de commerce de Cardiff.
Suspension de droits de douane
A partir du 15 août 1914 inclusivement, les droits
d'entrée sur l'iode brut ou raffiné sont supprimés.
Ces droits seront rétablis par uri décret rendu
dans la même forme que le présent acte.
,Dans-. ce cas, les expéditions que l'on justifiera
aybir-ëté faites directement pour la France avant
la publication au Journal officiel' du décret de- réta-'
blissement resteront admissibles au bénéfice du-
tarif intérieur.
Ces dispositions sont applicables à l'Algérie.,
Suspension des délais p our les brevets
d'invention
A partir du 1" août 1914 inclusivement et jusqu'à
une date qui sera fixée par décret à la cessation des
hostilités, sont suspendus les délais légaux dans
lesquels les titulaires de brevets d'invention doi-
vent, sous peine de déchéance de tous leurs droits,
acquitter les annuités de leurs brevets.
La même suspension- est applicable au versement
à effectuer lors du dépôt de toute demande de bre-
vet d'invention ou de certificat d'addition.
Sont également suspendus pendant le même
temps les délais prévus par les actes susvisés soit
pour la mise en exploitation, en France, de l'inven-
tion brevetée, soit pour la cessation de cette exploi-
tation, sans que dans l'un ou l'autre cas le titulaire
du brevet ait aucune justification à fournir pour bé-
néficier de ladite suspension.
Les dispositions qui précèdent ne sont pas appli-
cables aux brevetés qui auraient encouru avant lé
lor août 1914 la déchéance prévue par les lois en
vigueur..
A. partir du 1er août 1914 inclusivement sont sus-
pendus
1° Les délais impartis aux titulaires de certificats
dé garantie délivrés à l'occasion d'expositions or-
ganisées en France avec l'autorisation de l'admi-
nistration ou avec son patronage, pour réclamer la
protection dont leurs découvertes, dessins, mo-
dèles ou marques sont légalement susceptibles;
2° Le délai pendant lequel il est loisible au dépo-
-iet d'un dessin ou modèle de requérir le maintien
̃cfôvson dépôt, soit avec publicité, soit sous la formé
secrète.
Le présent décret est applicable à l'Algérie.
Les agents consulaires dAutriche-Hongrie
En raison de la rupture des relations diploma-
tiques entre la République française et la monarJ
chie austro-hongroise, un décret prescrit le retrait
de l'exequatur qui avait été accordé aux consuls
généraux, consuls, vice-consuls et agents consu-
laires austro-hongrois sur le territoire de la Répu-
blique, de l'Algérie, des colonies et possessions
françaises..
NOUVELLES DIVERSES
Le rapatriement des Franc-Comtois 'et Belfor-
tains. M. Gouyba, ministre du travail, a reçu
hier M. Laurent Thiérv, sénateur du Haut-Rhin,
et, M. Léonce Armbruster, vice-président de -l'lf~
nion des associations franc-comtoises et belfor-
taines de Paris, et les a entretenus de la question
du rapatriement de leurs compatriotes. II leur a
indiqué que des wagons spéciaux pourraient être
réservés aux Francs-Comtois et Belfortains ̃ par
̃la Compagnie P.-L.-M., dans les trains organisés
prochainement. Les membres des associations af-
liées qui désireraient retourner dans leurs
foyers aux conditions très avantageuses propo-
sées, devront adresser leurs demandes aux rési-
dents de leurs associations respectives non mobi-
lisés, et à M. Lamiel, 45, rue Rambuteau, pour
l'Union fraternelle de la Haute-Saône, et Ber-
rard, 75, rue Denfert-Rochereau pour les'Franc-
GJomtois 4 JParis. Les Franc-Comtois et Beifor-
̃4aias •no&'soeiéteires'-deyi'on-t.aîadreflser-.aux per-
manences ci-dessous rive gauche, M. L. Thiéry,
sénateur, 52, boulevard Saint-Germain; ,rive
droite, M. Sohmoll, 51, boulevard Saint-Martin.
Les permanences fonctionnent tous les jours de
neuf à dix heures.
-'̃
̃ Le consulat général de Russie à Paris nous com-
munique la note suivante
1 Les personnes dont les noms suivent et dont les pa-
rents et amis sont sans nouvelles sont priées d'indiquer
au-consutat général leur adresse actuelle Lydie Mos-
kvine, Catherine Navrotzky, Vanda Novikof, Victor
Novitzky, Ludmila Okerblum, la famille Ossipof; Boris
Osteltzky, Basile Retrom, Pierre Petrof, Rosalie Paus-
nier, Véra Piatibokof, directeur d'institut Rougaekof;
Constantin Roumyntzef, Marie Toustclienko, Nicolas
Sokolovsky, Léon Svirsky, Alexandra Seizow, Euphra-
sle Spolatbog, Marie Strépétof, Anne Fusnot, Clara
Zoppy, Nadine Stchekine, Olga Mikhaltzef, Basile Ë0r
lotine, Olga Brummer.
» ;•̃̃
DES TIRS RÉELS D'ARTILLERIE
vont avoir lieu
AUX ENVIRONS DE PARIS
On nous communique la note suivante
La population de la ville de Paris et celle de
la banlieue sont informées que des tirs réels d'ar-
tillerie auront lieu les 18, 19, 20 et 21 août, dans
la matinée, dans la région du nord-est de Paris,
sur les territoires des communes de Vaud'Her-
land, îLouyres, Epjais-les-Lpuvres, .Mauregârd, le
Mesnil-Amelot, Mitry, Tremblay-Ies-Gonesse et
Roissy. y
Ces tirs, ayant un but d'instruction, ne doivent
en aucun cas être une cause d'alarme pour. les
populations.
A PARIS
Le premier drapeau pris à l'ennemi
Mme veuve de Plunkett a adressé au Figaro la
lettre suivante
Monsieur le rédacteur en chef,
Mon regretté mari, M. de Plunkett, direoteurpendant
vingt-cinq ans du théâtre du Palais-Royal, avait, dans
son testament, laissé à la ville de Paris la somme de
5,000 francs, exprimant le vœu qu'elle fût conservée
pour être remise au soldat français qui, lors.de la re-
vanche, prendrait le premier drapeau allamand.
La Ville, à cette époque (1893), n'a pas cru devoir
accepter ce don dans les conditions où il était fait.
^Aujourd'hui j'espère que la ville de Paris ne refusera
pas cet argent que je tiens à sa disposition, et je
viens vous demander, au nom et en souvenir de mon
mari, de vouloir bien me servir d'interprète auprès de
;qui de droit.
Ces cinq mille francs devront être remis au premier
,soldat ou officier français qui prendra le premier dra-
peau allemand.
Avec mes remerciements, croyez à ma haute oonsi-
dération..
Veuve de Plu^kett.
t 11 faut espérer que la ville de Paris donnera sa-
ttisfaction aux patriotiques et généreuses réclama-
tions de Mme veuve de Plunkett.
h" T.
Une généreuse initiative
Le secrétaire général de l'Association frater-
;nello du personnel de la préfecture de police, M.
Rigail, vient d'adresser la lettre circulaire sui-
vante à tous les membres de l'association ̃: •
Cher camarade,
En raison de la situation douloureuse que traverse la
France, il importe que les gardiens de la paix fassent
tout leur devoir et même plus s'il leur est possible.
Tous parmi nous auraient voulu verser leur sang
à la frontière pour repousser le peuple barbare, qui
veut mettre sous sa botte les nations civilisées. Le gou-
vernement a décidé que nous devions rester à notre
poste, au 'milieu de la population laborieuse de la
Seine, pour assurer l'ordre. Nous nous inclinons respec-
tueusement devant cette décision, et resterons à. notre
poste.
Devant la situation privilégiée qui nous est faite, le
secrétaire général do l'Association fraternelle du per-
sonnel de la préfecture de police croit de son devoir de
vous proposer de nous imposer un léger sacrifice pour
venir en aide aux familles qui sont dans la misère, par
suite du départ à la guerre du chef de famille, seul
capable de leur apporter le pain quotidien.
Je jerofios.e (ilengagei toss les jswdiens_de-.l».,£gjV
sans distinction a verser un minimum de 2 francs par
mois pour secourir les malheureux.
^es fonda seront centralisés à « l'Amicale et is
à M. le préfet de police, qui les fera parvenir aux fa-
milles nécessiteuses.
Prière de consulter d'urgence les camarades et m'en-
voyer votre avis dans le ;us bref délai, pour que je le'
soumette à M. le préfet avant de le mettre en Vigueur,
Salutations fraternelles.
Le secrétaire général "“• RIGAIL.
Dès qu'il a eu connaissance de cette circulaire,
M. Hennion, préfet de police, s'est empressé de lui
donner son approbation et a immédiatement avisé
tous ses chefs de service de la généreuse initiative
de M. Rigail.
La vente de l'absinthe interdite
M. Hennion, préfet de police, d'accord avec l'au-
torité militaire, vient de rendre une ordonnance in-
terdisant formellement la vente de l'absinthe. Les
commerçants qui contreviendraient à cette ordon-
nance s'exposeraient à la fermeture de leur établis-
sement.
Le parc à moutons de Longchamp
En temps ordinaire, quand la saison des steeple-
chases est terminée, la pelouse d'Auteuil devient
un pâturage où les vaches d'une grande ferme
viennent s'ébattre.
C'est le tour de Longchamp. Une réquisition mi-
litaire vient de transformer en bergerie le plus élé-
gant des hippodromes. Les sabots de nos pur-sang
foulent, à cette heure, d'autres pistes et ce sont des
moutons qui attendent dans les enceintes de l'élé-
gant hippodrome qu'on les dirige vers d'autres
étapes. PP q °
4 Mf t t~f t tf~F'RS~TtLT'~f
DANS LES DEPARTEMENTS
Les émigrants en France
Le préfet de la Vienne a adressé au ministre de
l'intérieur un rapport, daté du 13 août, de Poitiers,
rendant compte du passage dans cette ville de
2,000 émigrants, venant de la région de Conflans,
parmi lesquels se trouvaient des Belges, des Alsa-
ciens, des Autrichiens, des Allemands, des Luxem-
bourgeois, des Serbes et, en majorité, des Italiens.
Des soins de toutes sortes ont été prodigués à ces
malheureux qui étaient pour la plupart dans un
profond dénuement. Des médecins ont soigné les
malades et les enfants; des dames de la ville ont
dirigé un service de subsistance, d'accord avec
l'administration préfectorale.
Les Italiens ont tous été mis ensemble, dit le rapport,
les gens mariés avec leur famille, et on pu fournir à
toutes les femmes et mères de famille, des lits, des ma-
telas et des draps. Les hommes et les célibataires ont
reçu 5 kilogrammes de paille par têto. Dans la visite que
je leur fis le lendemain, ils se déclarèrent enchantés et
voulaient même rédiger en commun une dépêche au
r,oi d'Italie pour lui signaler combien ils étaient re-
connaissants des bons traitements qu'on avait pour eux.
Les Belges, les Alsaciens, les Allemands, les Autrichiens,
les Luxembourgeois formèrent une section à part que
je retiens à Poitiers jusqu'aux ordres de votre part.
Les émigrants italiens, hommes et femmes, ont fait
une promenade dans les jardins publics et dans les en-
virons de la ville. Un professeur de la faculté (garde
civil) leur a fait visiter, les monuments et les quelques
curiosités locales.
Avant de quitter Poitiers, les membres de la
colonie italienne ont envoyé à la municipalité, de
Poitiers l'adresse suivante .̃<
Les membres de la colonie italienne tiennent à ex-
primer leurs sentiments de profonde gratitude à la na-
tion française, à la municipalité, aux habitants de la
ville pour l'hospitalité bienveillante dont ils ont été
l'objet pendant les jours pénibles que nous traversons.
Vive la France I Vive l'Italie 1'
De notre correspondant de Perpignan
Six mille émigrants italiens attendaient depuis
deux jours à Port-Vendres. leur embarquement à
destination de Gênes et de Naples; ils étaient ravi-
taillés par les soins du gouvernement français.
L'embarquement eut lieu hier soir sur trois vapeurs
italiens, en présence de M.Pompéi, consul royal
d'Italie.
A leur départ tous les Italiens poussèrent le cri de
« Vive la France! » et entonnèrent la Marseillaise.
Sept mille autres Italiens sont arrivés hier à Port-
Vendres pour être également embarqués à destina-
tion de l'Italie.
L'esprit de nos hôtes est excellent; ils ne cachent
pas leurs sentiments de sympathie pour la France
et leur aversion pour les gouvernements autri-
chien et allemand.
Une manifestation franco-itâïiërihe's'eàtproduit<î
hier en gare de Nice, au passage d'un train rame-1
nant trois mille Italiens dans leur pays.
Dans un élan unanime, les voyageurs ont salué
la France d'acclamations frénétiques, tandis qu'ils
se livraient contre l'Autriche à une manifestation
violemment hostile.
Convois de blessés
De notre correspondant de Versailles
Le service de santé de Juvisy informait hier la
gare des Chantiers qu'un convoi de 165 blessés pas-
serait à Versailles à midi 58 et qu'on ait à fournir
un repas. Aussitôt avisées les Dames de la Croix-
Rouge prirent leurs dispositions et servirent elles-
mêmes à nos blessés un repas composé de viandes
froides, fromage, gâteaux, bourgogne, lait et ciga-
rettes.
J'ai pu m'entretenir quelques instants avec un
sous-oificier Nous étions, m'a-t-il dit, dans une
tranchée sous le feu de deux batteries d'artillerie
allemande appuyées par de l'infanterie. Nous avons
été blessés par des balles. L'artillerie a tiré tou-
jours trop long ou trop court. »
Pendant la nuit 58 blessés ont été dirigés sur
Maintenon. 55 prisonniers allemands sont passés à
la même heure via Chartres. Ils ont demandé à
boire et les employés de la gare des Chantiers leur
ont fourni de l'eau fraîche.
La Liberté du Jura annonce que la nuit dernière
est arrivé à Lons-le-Saunier un convoi d'environ
150 blessés militaires 120 sont soignés à l'hôpital
et une trentaine à l'hôpital annexe de la Croix-
Rouge.
Ils appartiennent à toutes les armes. Parmi eux,
il n'y a pas de « grands blessés»; presque tous sont
atteints aux jambes ou aux bras, la plupart par
.des/çclats d'obus, plusieurs sont de simples malades
comme en fournissent même les troupes en temps
̃de- manoeuvres.
On a amené avant-hier à l'hôpital militaire de
Belfort un convoi de blessés dont la plupart étaient
allemands, et l'on a vu l'un des nôtres soutenant
dans ses bras, lui prodiguant les soins nécessaires,
un Allemand plus grièvement touché que lui; ce
trait est donc tout à l'honneur de nos soldats et
contraste singulièrement avec les procédés des
Allemands.
Alors que nos blessés sont calmes et silencieux
dans les hôpitaux où ils sont soignés, par contre
les blessés allemands faits prisonniers ne font que
gémir et se plaindre, réclamant continuellement de
l'eau.
Le récit du jeune Gaudefroy-Demonbynes
(De notre correspondant particulier)
Montpellier, 15 août.
Dans la déposition qu'il a faite devant un com-
missaire de Paris et que le Temps a reproduite le
• 11 août, le jeune Gaudefroy-Demonbynes a dit
qu'une famille de Montpellier, voyageant en Alle-
magne, fut, comme lui, molestée.
Cette famille est actuellement à Montpellier, où
elle habite, rue de la République, 22.
Son chef, M. Arthur Martm, rentier, voulant
récompenser un de ses fils, qui venait d'obtenir do
brillants succès universitaires et s'était notam-
ment distingué dans l'étude de la langue alle-
mande, offrit un voyage à sa famille, qu'il condui-
sit à Fribourg-en-Brisgau, dans le grand-duché de
Bade, où la mobilisation générale les surprit..
Cette famille, composée de cinq. personnes, le
père, la mère, un jeune homme de dix-sept ans
et deux jeunes filles, passa quatre jours sur les
voies ferrées dans des wagons inconfortables
avant. de pouvoir franchir les soixante kilomè-
tres qui la séparaient de la frontière suisse. On
refusa de lui donner toute nourriture et elle dut
s'en procurer avec mille difficultés et à des prix
exorbitants. Pendant quatre jours on l'empêcha
de sortir des gares. Elle fut en butte, comme tous
ses compagnons de malheur, à toutes sortes d'a-
vanies. Les soldats allemands qui la gardaient
baïonnette au canon, étaient ivres pour la plu-
part. Ils faisaient, devant les jeunes filles, des ges-
tes obscènes en chantant des refrains stupide-
ment scatologiques. Tout cela sous l'œil des, offi-
ciers. Ceux-ci riaient à gorge déployée de ces
plaisanteries qui auraient soulevé le cœur de tout
homme civilisé.
M. Martin père porte les cheveux longs. Les roi-
tres allemands menaçaient d'y mettre le feu afin
de faire pousser des cris d'effroi aux jeunes filles.
La famille Martin n'assista pas à l'exécution de
nos compatriotes, voyageurs de commerce et étu-
diants, mais elle en entendit parler pendant le
dernier jour du voyage par des compagnons de
route témoins oculaires de ces assassinats.
A leur arrivée en Suisse les réfugiés français
furent admirablement traités par les fonctionnai-
res de la Confédération helvé'tague et oar. la 'Pppu-
̃Mjon»/ :T .̃ .T">°V 1t~ ̃"• "̃̃;
FAITS DIVERS
Dimanche 16 août. > La pression barométrique s'est
relevée en Ecosse et en Irlande, tandis qu'elle reste un
peu bas sur la France et la Méditerranée occidentale.
On note 766 mm. à Stornoway, 737 mm. à Paris, Mar-
seille et Alger.
Le vent est faible du nord-est aveo mer belle
sur la mer du Nord et en Provence; il est assez fort du
pas de Calais, fort à Barcelone.
Des pluies orageuses sont tombées sur toute la
France; elles ont été très abondantes dans l'est et en
Suisse (28 mm. d'eau à Berne). On a recueilli 20 mm.
à Nancy, 14 à Belfort, il à Gharleville, 5 à Paris, 12 à
Bruxelles.
La température a baissé sur l'ouest de l'Europe elle
était ce matin de 12° au ballon de Servance, 13° à
Berne, 14° à Bruxelles, 15° à Belfort. 16° à Paris, 17° à
Nancy, 18° à Yarmouth, 20° à Nice, à Rome et à Madrid,
26° à Alger.
En France, le temps va rester moyennement chaud;
des pluies orageuses sont encore probables, principa-r
lement dans l'est et le sud.
A Paris, hier, la température moyenne, J8", a (Hé. voi-
sine de la normale (18°4). « ̃'
Observatoire municipal (Tour Saint-Jacques>
Le ciel, qui s'est partiellement dégagé à la fin de l'a-
près-midi d'hier, reste nuageux ce matin.
Le vent a rétrogradé aux régions sud-sud-est a sud-
sud-ouest sa vitesse,^ en décroissance notable, ne dé-
passe pas aujourd'hui 5 mètres par seconde.
La température se relève assez rapidement, bien qu'on
note des minima. de 12° à 14> sur la yille et la banlieue.
A PARIS
ta fête du 15 août
Bien des gens ont été surpris d'apprendre", hier.
que c'était la fête 'de l'Assomption. La « sainte
Marie », qui fleurit d'ordinaire les marchés, les
éventaires et les boutiques, a passé presque ina-
perçue. On a vu, le matin, quelques bouquets aux
Halles; mais le quai aux Fleurs fut quasi désert
et les alentours de la Madeleine mornes et sans
parfums.
Les préoccupations de l'heure, présente nous
ont fait oublier la marche ordinaire des 'choses.
Comme dans les campagnes et dans les villes de
province, la. vie de Paris a changé. Si les gares
sont mouvementées oe n'est pas qu'elles soient
envahies par le flot des Parisiens avides d'aller
passer douze heures au bord de la mer ou de se
reposer en quelque coin tranquille des banlieues.
Nul n'a quitté Paris aujourd'hui; mais l'on peut
dire que nul ne le regrette, car nous avons re-
nonoé aux délassements champêtres. Nos rues
sont calmes, le public, peu nombreux, n'est préoc-
cupé que du grand événement qui s'est abattu sur
l'Europe et qui a trouvé la France en si noble
posture. Promettons-nous des plaisirs estivaux
pour l'an prochain quand, la France victorieuse et
l'Europe pacifiée, nous n'aurons plus à songer,
qu'à revivre et à nous réjouir. P à
Collision d'automobiles
Deux automobiles, l'une appartenant à M. Da-
niel Berthelot, boulevard Saint-Germain, 168,
l'autre à M. Béar, rue Auber, 5, sont entrées en
collision hier, vers quatre heures de l'après-midi,
rue de Vaugirard. Dans le choc, M. Pierre Cladie,
imprimeur, qui se trouvait à côté du chauffeur, a
eu la jambe gauche presque complètement sec-
tionnée. Un cantonnier, M. Lapra, demeurant rue
Jean-Bart, 1 qui passait, à cetinstant' sur le trot-
toir, à proximité des deux véhicules, a été griève-
ment atteint aux jambes.
Les deux blessés ont été transportés à l'hôpital
de la Charité.
Par désespoir d'avoir été réformé
Un employé de commerce, M.'Marcel Sellet, âgé
de vingt-doux ans demeurant rue de la Reine-
HenrialtolJ.G&IonaJba's, kthit été aiouriié_pour son
service militaire. Il y a quelques leurs, il fut ré-
formé définitivement. Désespéré, il se leva au cours
de la nuit dernière, écrivit un billet au crayon dans
lequel il disait « qu'il préférait la mort à la honte
de ne pas pouvoir servir sa patrie et se tira un
coup de revolver dans la tempe droite. Il a suc-
combé après une courte anonié Ii a suc
combé après une courte agonie.
DEPARTEMENTS
Mort du lieutenant Kuçjagûeiïr
Le lieutenant Augagneur, du 15° dragons, à Auch,
neveu du ministre de la marine, a fait une chute
avant-hier, en montant un cheval difficile.
A l'hôpital militaire, où le lieutenant a été trans-
porté, on a constaté une fracture, du crâne.
Le lieutenant Augagneur a succombé peu après
aux suites de cet accident.
;.T.Am. y
IMFQRMATiQMS DIVERSES
M. Karcher a été nommé maire du 20° arron-
dissement.
Sur la demande de là Croix-Rouge, le cardi-
nal-archevêque de Paris fera célébrer le lundi 17,
à 10 heures, en l'église de la Madeleine, une messe,
à laquelle il assistera, pour attirer les bénédictions
du ciel sur les soldats de nos armées et sur les mé-
decins et les infirmières qui se consacrent à les
soigner. ̃̃̃̃̃̃
MEcmoLoaie
Nous apprenons la mort de Mme Ernest Barge-
ton, décédee le 9 août, à Paris, à l'âge de soixante-
cinq ans. En raison des circonstances, les obsèques
ont eu lieu le 11 août dans la plus stricte intimité.
Cette mort met en* deuil M. Ernest Bargeton, préfet
honoraire, son mari; MM. Pierre et Paul Bargeton,
Gaston Guiot et Marc Bœgner, ses fils et gendres.
Mme Bargeton était la fille de M. Pierre Lefranc,'
ancien membre de la Constituante et, de la Législa-
tive de 1848, fondateur-rédacteur de l'Indépendant
des Pyrénées-Orientales, député puis sénateur de ce
département.
Les obsèques de M. Léon Nozal, négociant en
fers, décédé hier matin en son domicile, rue du
Ranelagh, 52, auront lieu demain lundi à midi en
l'église Notre-Dame de la Miséricorde, rue de
l'Assomption, 88 (16°).
On annonce la mort à Jussey (Haute-Saône), de
M. Mayer Blum, décédé à 85 ans.
De la part de Mme Mayer Blum, sa veuve; dg
Mme Albert Blum, de M. et Mme Henri Blum, sei
enfants; de ses petits-fils et de toute sa famille.
En raison des événements, aucun faire-part.
TRIBUNAUX
'La Gon damnation à mort d'un espion
Nous avons relaté hier dans nos nouvelles dè
Dernière heure la condamnation à mort pronon-:
cée par le premier conseil de guerre contre l'es-
pion Paul-Eugène Gruault, demeurant 101, rue
Saint-Dominique. Il est un détail de cette affaire
qu'il convient de rapporter.
-Gruault avait, il y a quelques mois, fait ses of-
fres de service pour l'espionnage en écrivant à la
Gazette de Cologne. Mais sa lettre était sans doute
rédigée avec une telle prudence qu'à la Gazette
de Cologne on ne comprit pas; on crut qu'il s'a-:
gissait d'une affaire de publicité, et la direction
du journal allemand transmit la lettre à une
agence parisienne de publicité avec laquelle elle
était en relations. Celle-ci comprit fort bien ce
dont il s'agissait, et remit la lettre à la Sûreté.
C'est alors qu'un agent de la Sûreté, se faisant
passer pour un des représentants du service d'es-
pionnage allemand en France, tendit un piège à
l'auteur de la lettre qui s'y raissa prendre.
Il est aussi un détail de la procédure .des çon-
setls de guerre qui étonna le public à la première
audience d'avant-hier. On sait qu'en temps ordi-
naire, c'est-à-dire lorsque le conseil de guerro
ne juge que des militaires, les incudpés n'assis-
tent pas au prononcé de la sentence. Celie-oi leur
est lue par le greffier devant la garde assemblée.
Aujourd'hui qu'en raison de l'état de siège le con-i
seil de guerre juge indifféremment civils et mili-<
taires, rien n'est changé à cette procédure. Ler
civils, eux aussi, s'entendent lire la sentence àe.
jvaat i&JSfîiâ assemblée. »g r 7
ta se demande, où tout cela était caché. J'ai vu plus de
60,000 résefvjstës tous portaient des effets nouveau.
L'artillerie n'a pas un cheval harnaché autrement qu'à
Heuf. -Et l'on. sent la main qui dirige'. Pas de contre-
ordres. Tout marche à" la baguette et on ne. regarde pas
à la dépense. En un mot, c'est merveilleux.
J'ajouterai que cela a beaucoup contribué à donner
confiance aux hommes. Là seule difficulté que les gra-
dés rencontrent, c'est de retenir les hommes qui, tous,
voudraient partir au feu "tout de suite.
Avec de telles troupes, nous devons avoir conflanoe.
f
QUESTIONS MILITAIRES et MARITIMES
Le Bulletin des Armées publie en tête de son
second numéro expédié cette nuit aux troupes de
ta zone des armées, l'article suivant de notre émi-
rent collaborateur. M. Ernest Lavisse.
A CEUX QUI SE BATTENT
Chers enfants de la France, '̃'
Je viens, pour obéir au ministre l'dë' 'la "guerre,
yous donner., de nos.nouvelles.
A l'heure même où vous partiez, toutes nos dis-
cordes se sont' apaisées; nous ne sommes plus
qu'une grande famille, de qui la jeunesse est par-
tie pour aller défendre à la frontière le patri-
moine sacré légué par nos ancêtres.
Des adversaires d'hier, qui souvent échan..
geaient de mortelles injures, s'efforcent ensemble
d'assurer les moyens de vivre aux familles de
ceux qui offrent leur sang à la patrie.
Vous aurez peut-être peine à croire que des
royalistes, des bonapartistes, des républicains mo-
dérés, des radicaux, des socialistes, des révolu-
tionnaires, et Mgr l'archevêque do Paris, et le
grand-rabbin, et des protestants, et des libres
penseurs s'accordent. fraternellement. Ceh est,
cependant, et je le vois tous les jours.
Voilà donc de bonnes nouvelles, et vous voyez
que nous nous portons bien.
Toutes nos pensées vont vers vous tous. Sans
doute, chacun de nous pense de préférence aux
siens il les cherche dans votre grande foule.
C'est de tel front chéri qu'une mère, une sœur,
une femme, une fiancée voudrait en ces jours tor-
rides essuyer la sueur. Mais notre amour vous
embrasse tous, chers enfants de la France. Tous
ensemble, vous êtes notre enfant.
tV Savez-vous que c'est la première fois que toute
îa. jeunesse de la France est assemblée sous les
drapeaux, et que toute la nation est de coeur avec
son armée, la première fois dans notre histoire si
Jongue?
C'est que jamais nous ne vécûmes une heure
plus grave que celle-ci.
Le peuple.d'Allemagne^ est,.perverti par un co.
îossal orgueil. ")\, exalte sa force comme une vertu'
divine; il en menace le monde entier, la France
surtout, qu'il déteste, sentant bien que point par
point l'âme française s'oppose à l'âme allemande.
Des voix allemandes insultent chaque jour notre
France, criant qu'elle est déchue, moribonde dans
'la pourriture, et que le moment est venu de l'a-
chever. '̃'
Il est donc parti en guerre, le colosse d'Alîoma-
gne. Ce peuple, qui. se dit civilisé par excellence,
apporte à la guerre des mœurs de Peaux-Rouges.
Mais il n'a pas le flair des sauvages. Il semble
n'avoir rien prévu comme un homme ivre, il se
heurte à des obstacles à droite et à gauche, il s'é-
tonne et il crie sa colère.
Le premier grand obstacle a été la Belgique.
Gloire à ce peuple, et à son roi! Ils viennent de.
prouver que la force d'une âme de peuple ne se
mesure pas à l'étendue d'un territoire. Ils ont
frappé du poing le visage du colosse, qui s'est
arrêté étourdi.
A vous maintenant, chers enfants de la France!
Le signal va être donné. Nous vous sentons re-
cueillis, impatients, héroïques; mais quelle œuvre
grande et glorieuse faire rentrer dans ces gor-
ges rauques insultes et mensonges, faire claquer
au vent nos nobles et claires couleurs sur notre
rive 'du Rhin, de Huningue à Strasbourg, repren-
,dre notre Lorraine avec notre Alsace; et puis,
par la victoire du droit, sauver l'humanité
La lutte sera rude. Des heures seront pénibles,
inquiétantes même peut-être, mais la finale vic-
toire est certaine et suivie d'un beau lendemain.
'<£$W¥ cette.. ( gu erre, çomm^, après Tun j lonago,:
Tatmosplière se raTrâîchira;. les poitrines humai-
nes respireront librement. Nous ne serons plus
obligés de nous demander chaque année « A
quand la guerre? » Ou bien Quel traquenard
nous ménagent-ils, ces perfides? »
Nous ne nous préoccuperons plus des hoche-
ments d'un casque impérial irrité. On ne noua
parlera plus de sabre aiguisé, de poudre tèche
«t Je tapage des anniversaires chômera. `
Vraiment, il y a trop longtemps, comme je l'ai
souvent entendu dire ces jours-ci dans nos, rues,
que « ces gens embêtent le monde ». Leur ôcer la
possibilité d'embêter le monde, c'est votre tâche;
après que vous .l'aurez accomplie, la patrie. vous
bénira et l'humanité vous acclamera, chers so!-
dats de la France!
Ernest Lavisse.
de l'Académie française.
L'exploit du lieutenant Bruyant
On sait que le lieutenant de dragons Bruyant
a été fait chevalier de la Légion d'honneur à la
suite d'un exploit qui marqua le début des hostili-
tés et sur lequel on possède aujourd'hui des dé-
.tails précis.
Vers 3 h. 30 de l'après-midi, le lieutenant Bruyant,
avec 7 hommes, dont le sous-officier Portec, 2 briga-
diers et 4 cavaliers,. faisait une reconnaissance dans les
environs d'Erbéviller. Soudain, il aperçut une patrouille
allemande du 14" uhlans.
Son premier mouvement fut de foncer sur eux. Mais
la distance éiail'trop grande et la patrouille allemande.
Watt bien supérieure en nombre on compta 27 ca-
yaliers, dont un officier. le lieutenant Dickmann.
y Lâ.Pruclénce s'imprjàit. Voi&ïXév français dut em-l
pêcher ses hommes de charger tout de suite sabre au
clair. >
Un premier contact -nt ]'?u, un cavalier allemand
.tomba. Les autres s'enfuirent. Au lieu de faire face, à
4 contre 1, ils cherchèrent à gagner un bois, pour met-
tre entre eux et les nôtres un obstacle infranchissable
11 était temps d'agir.
Chargez commanda le lieutenant Bruyant.
Et nos sept cavaliers partirent comme une bombe.
Les Allemands s'étaient, de leur côté, mis en bataille.
La mêlCe fut courte. D'un coup do sabre sous le
ceinturon, le lieutenant Bruyant désarçonne le lieutenant
allemand, qui s'apprêtait à lui brûler la cervelle aveo
Bon revolver.
Un dragon tuait un uhlan d'un coup de lance, 6 au-
tres allemands, désarçonnés et blessés, craignant d'être
achevés, comme ils, l'ont avoué, s'aprr5!nient à se ssr-
:vir de leur carabine. tandis que leurs 20 autres cama-
rades battaient en retraite à toute bride.
Les blessés furent mis dans l'impossibilité de conti-
nuer la résis'e:
Le lieutenant Bruyant prit les papiers du HeulP^t
allemand mort nour les remettre à l'état-major, et em-
porta aussi son casque, son manteau, sa jumelle et sa
carte.
L'infériorité de l'artillerie allemande
Dans les derniers combats qui ont eu lieu en
Haute-Alsace l'infériorité de l'artillerie allemande
est nettement ressortie. Le pointage est défec-
tueux et beaucoup d'obus n'éclatent pas; par
contre, notre artillerie cause dans les rangs al-
lemands des ravages terribles. Un combattant a
,vu, près de Mulhouse, un seul projectile de 75
faire 16 morts dans une tranchée.
Les charges à la baïonnette de nos fantassins
«èment chetf nos adversaires une véritable épou-
'~actc. n.
Les engagements
pour la durée de la guerre
Une instruction du ministre de la guerre, que
publie le Journal officiel relativement aux enga-
gements volontaires pour là durée de la guerre,
pose les règles suivantes
̃ 1* Les engagements pour la durée de la guerre se-
ront reçus partir du 20* jour de la mobilisation
(21 août);
Ils ne pourront être contractés que pour les corps
(métropolitains et coloniaux) et services dont les dépots
sont stationnés dans la zone de l'intérieur, hors de la
subdivision du domicile de l'intéressé, et sous réserve
que l'effectif de ces dépôts ne dépassera pas l'effectif de
guerre majoré de 20 0/0 pour les corps d'infanterie, de
éavalerie, d'artillerie, du génie et de l'aéronautique et
de 10 0/0 pour les autres oorps et services.
Les commandants des régions où sont stationnés les
dépôts suspendront en conséquence les engagements
dans chaque corps et service lorsque ce sera néces-
saire ils en aviseront directement par télégramme les
commandants des autres régions et le ministre ils agi-
ront de même pour autoriser la reprise des engageiftenls
vlorsflue la situation des effectifs le .atrjiieWraA i ff.
3e Les engagés seront désormais tous dirigés sur les
dépôts
4° Les opérations relatives à l'appel du contingent
de 1914 étant -actuellement en cours d'exécution, les
jeunes gens qui en font partie ne seront pas admis à
contracter d'engagements pour la durée de la guerre,
ils rejoindront leur corps d'affectation suivant les indi-
cations de l'ordre d'appel, qui leur sera adressé en temps
utile.
La communication des notes des officiers
Aux termes do la loi du 22 avril 1905 les fonc-
tionnaires civils et militaires ont droit à la commu-
nication personnelle et confidentielle de toutes les
pièces composant leur dossier avant d'être l'objet
d'une mesure disciplinaire ou d'un retard dans
l'avancement à l'ancienneté.
Cette mesure n'est pas, en ce qui concerne les
militaires des armées de terre et de mer, compati-
ble avec les nécessités du temps de guerre qui
exigent que les sanctions disciplinaires soient im-
médiates. En conséquence un décret vient de siis-
pendre pendant la durée de la guerre l'application
des dispositions de la loi du 22 avril 1905 à cet
égard, dans les deux départements de la guerre et
de la marine.
La mise à la retraite d'office
Un décret dispose que pendant la durée de la
guerre, et à raison de l'impossibilité do réunir,
dans les circonstances actuelles, le conseil supé-
rieur de la guerre, la consultation de ce conseil,
prévue par l'article 1" de la loi du 16 février 1912
pour la mise à là retraite d'office des officiers géné-
raux et des fonctionnaires militaires'de grades cor-
respondants, sera remplacée, pour la zone des
armées, par l'avis du général commandant en chef
des armées, et en dehors de cotte zone par l'avis
d'un officier général désigné par lo ministre do la
guerre et appartenant ou ayant appartenu au con-
seil supérieur de la guerre. Pp
Création de nouveaux bataillons
Il sora créé un bataillon de tirailleurs à chacun
des 2e, 3°, 4' et 8° régiments do tirailleurs indigè-
nes. Les 2° et 5° sont situés dans chacune des divi-
sions d'Oran et d'Alger et les 4» et 8° dans la divi-
sion d'occupation do Tunisie.
Promotions dans l'artillerie
Le Journal officiel publie la promotion au grade
de sous-lieutenant dans l'artillerie, avec leur af-
fectation dans les régiments de l'arme, de 260
élèves de l'Ecole polytechnique, pour prendre rang
du 6 août 1914.
Eleves officiers de marine
Le ministre de la marine a décidé que les
épreuves orales des concours d'admission nu
cours préparatoire a l'Ecole' des élèves officiers
d3 marine et a l'Ecole des élèves officiers mécani-
ciens, sont supprimées, et'que tous les candidats
qui avaient été déclarés admissibles la suite des
épreuves écrites, sont admis ces écoles.
La télégraphie sans fil
dans les eaux territoriales
Par arrêté du ministre de la marine, l'emploi
de la télégraphie sans fil est interdit à bord des
bâtiments de commerce dans les eaux territoriales
et dans les ports de Franco.
En entrant dans les ports, ou sur l'ordre des
autorités maritimes ou militaires dans les eaux
territoriales, l'antenne doit être amenée, isolée
de la cabine de T. S. F., ses drisses défrappées.
L'antenne ne devra pas être rétablie pendant le
séjour du navire dans les eaux territoriales.
Toute infraction à ce règlement expose les ca-
pitaines des navires contrevenants à des pour-
suites judiciaires et à la saisie des appareils
radiotélégraphiques.
Ce règlement ne s'applique pas aux bâtiments
de la marine nationale, ni a ceux qui sont armés
temporairement pour son service. II pourra en
outre y être dérogé sur licence spéciale délivrée
par l'autorité maritime, en faveur de certains
bâtiments étrangers (anglais notamment), .eff.ee-,
tuant des transports spéciaux. "̃
r
POUR SERVIR LA FRANCE
Les parlementaires sous les drapeaux
M. Pierre. Ma'sse, député do l'Hérault, est incor-
"porf corn'mc Bergéat W2S« i-é^Mtar'ffifffâ^flef
territoriale..
M. Mistral, député socialiste de l'Isère, a été in-
corporé comme sergent au 105° territorial d'infan-
terie, a Grenoble.
L'observatoire de M. Santos-Dumont
M. Santos-Dumont possède sur la côte de Be-
nerville, aux environs de Deauville, un observa-
toire dont la situation, au point de vue de la dé-
fense nationale, offre de tels avantages que le gé-
néral "Vayssièro a prié le célèbre sportsman de
mettre cette installation à là disposition de l'au-
torité militaire.
M. Santos-Dumont, dont la France est la patrie
d'adoption et qui a si souvent prouvé sa sympa-
thie pour notre pays, a immédiatement télégraphié
au général Vayssiere que son observatoire de Be-
nerville était dès aujourd'hui à sa disposition.
La situation du duc d'Orléans
Le secrétariat du duc d'Orléans nous commu-
nique la note suivante
Mgr le duc d'Orléans a reçu un très aimable
message de Sa Majesté le roi d'Angleterre qui lui a
été remis personnellement par le ministre du roi à
Bruxelles. Le roi George a chargé son représentant
d'exprimer au chef de la maison de France ses remer-
ciements et ses regrets que sa situation spéciale ne
permit pas d'accepter ses services dans les rangs de
l'armée anglaise.
Aux Alsaciens-Lorrains
Les Alsaciens-Lorrains qui ont signé leurs feuil-
les d'enrôlement aux Marches de ïTïst devront se
trouver à. huit heures, mardi matin 18. août, rue de
Vaugirard, 84, pour être dirigés sur les bureaux de
recrutement.
Les volontaires polonais
Un comité do volontaires polonais s'est constitué a
Paris, rue Edouârd-Vll. 4, dans le but de grouper les
Polonais des trois parties de la Pologne pour com-
battre les Allemands par tous les moyens, et spé-
cialement pour grouper les Polonais résidant en
France, en vue de leur enrôlement dans l'armée
française. ♦
L'ORGÀNISÀTIONJES SECOURS
Des externes des hôpitaux de Paris
partent pour Nancy
Par suite de la mobilisation, les hôpitaux civils
de Nancy furent brusquement privés de tout leur
personnel médical, les jeunes internes et externes
étant tous partis vers le front.
Pour remédier à cette situation, le doyen de la
faculté de médecine de Nancy adressa un pressant
appel au recteur de l'université de Paris, M. Liard,
et au doyen de la faculté de médecine, M. Lan-
douzy.
On fit aussitôt passer dans nos hôpitaux une
circulaire demandant des volontaires. Ils s'offri-
rent en foule étudiantes russes et françaises,
étudiants grecs, serbes, roumains et français non
astreints au service militaire, revendiquèrent à
l'envi l'honneur d'aller donner leurs soins à la
courageuse population civile de nos frontières. Un
premier convoi de 30 personnes est parti hier.
M. Bayet, directeur de l'enseignement supérieur,
représentant le ministre, était venu saluer à la
gare les jeunes volontaires. De son côté, M. le
doyen Landouzy, en quelques paroles émues, re-
mercia ses élèves de leur attachement à. la France
et de leur dévouement à l'humanité. Un autre
convoi partira dans trois ou quatre jours.
Secours privés
Tout est prêt dans les 204 hôpitaux auxiliaires
qu'a organisés l'Union des Femmes de France sur
tout le territoire et qui peuvent recevoir plus de
13,000 malades ou blessés. 10,000 infirmières ou
aides-infirmières en assurent le service, secondées
par plus de 2,600 dames administratrices. Des
cours théoriques et pratiques sont organisés
1, place Malesherbes; ils nous doteront en quel-
ques jours de plus de 5.000 aides- infirmières. La
société a pris en outre 1 initiative de faire instai-
ler des voitures automobiles pour le transport
des blessés et a organisé, sous la direction du ba-
ron de Friedberg, le service des brancardiers. En-
fin le contrôle financier est assuré par de hautes
personnalités et des magistrats de la Cour des
comptes réunis, en une commission qu^ préside
M. Kœehlin-Sohwartz4 fila de la, regrettée fonda-
icieg ,da l'œuyjce© T" =
de tirailleurs
< Mme la comtesse de Paris a mis les dépen-
dances du château de Randaux à la disposition
de la Croix-Rouge, qui déjà y a établi un ouvroir
où les dames et les jeunes filles de la ville tra-
vaillent pour nos blessés.
'< Un grand nombre de personnes riches ou
simplement aisées, dans un élan patriotique as-
surément louable, ont entrepris de confectionner
elles-mêmes ou de faire confectionner gratuite-
ment des articles de lingerie destinés à nos sol-
dats. Se rendent-elles compte qu'en agissant ainsi
elles privent de leur seul moyen d'existence un
plus grand nombre do femmes? Les commandes
particulières ont cessé. Le chômage. des ouvrières
s'étend chaque jour. Leur procurer du travail ré-
tribué est une œuvre sociale urgente. Il y a péril
à les en priver.
Qu'au lieu de travailler soi-même, on fasse
travailler celles qui sont réduites à accepter un
morceau de pain. :-̃̃
C'est la justice et c'est l'intérêt de tous. Mmes
G. Duchene, présidente de la section du travail du
Conseil national des femmes françaises; Louise
Compain, membre du conseil d'administration de
l'Entr'aide; Jeanne Bouvier, membre du comité
de l'Office français pour le travail à domicile.
Les employés et ouvriers des ateliers de Paris
du P.-L.-M. ont décidé de s'imposer une cotisation
spéciale de 3 francs par mois, au minimum, pen-
dant toute la durée de la guerre, afin de venir en
aide aux familles des citoyens appelés sous les
drapeaux. Ils espèrent que cet exemple sera suivi
par tous les cheminots des autres reseaux.
tP''M' 1P''SSA'Mr
EJ~
Le général French à Paris
Le général French qui était allé, hier après-
midi, en sortant de l'Elysée, chez Je ministre de,la
guerre, est resté en conversation avec M. Messimy
durant près d'une heure.
A quatre heures, le général French rentrait à
l'ambassade d'Angleterre salué sur tout'son pas-
sage par des acclamations enthousiastes.
Il reçut quelques amis personnels, s'entretint
avec ses officiers et manifesta ensuite l'intention
de.se reposer.
Vers sept heures; le général French, qui avait
revêtu des vêtements civils, est allé dîner chez des
amis. Pour éviter d'être reconnu, il est sorti par
les jardins donnant avenue Gabriel. A dix heures,
il était de retour à l'ambassade.
Le général French et les officiers de son état-
major sont partis à onze heures et demie du soir
par la gare du Nord pour rejoindre le quartier gé-
néral anglais.
A l'Elysée
Sont attachés la personne du président de la
République pour la durée de la guerre
M. Gauchotte, colonel breveté d'infanterie en
retraite, renommé colonel de réserve.
M. Vallière, li'éutènant-coloncl de résolve d'in-
fanterie? coloniale, rayé des cadres et renommé
lieutenant-colonel de réserve.
M. Nazareth, chef d'escadrons do cavalerie en re-
traite, nommé chef d'escadrons de réserve de cava-
lerie. ̃̃
Les Alsaciens en France
Le rédacteur du Petit Comtois de Besançon a
eu l'occasion de voir l'artiste alsacien Henri Zislin,
fondateur du Dur's Elsass.
Zislin a pu, comme Hansi, échapper aux prisons
allemandes, peut-être à pis encore. Il est à Be-
sançon où il va s'engager.
Il confirme qu'un certain nombre d'Alsaciens et
Lorrains 'menacés par les Allemands sont sains et
saufs Spinner, promoteur du monument de
Geisberg; Jean, ancien administrateur du Lorrain
et président du Souvenir alsacien-lorrain; Langel,
M"' Hellmer et l'abbé Wetterlé, de Colmar, dont
lu Nouvelliste a été supprimé; Léon Boll, direc-
teur du Journal d'Alsace-Lorraine.
Mais Zislin est inquiet pour MM. Blumenthal
et Jacques Preiss, pour le publiciste Bourson,
pour M. Ostermeyer et d'autres encore. Il se de-
mande s'ils sont emprisonnés « ou assassinés,
comme le pauvre Sam»in »; On n'en a aucune
nouvelle.
La réorganisation des postes
C'est une question capitale entre toutes. Nou;
savons mieux que personne quelles difficultés elle
peut rencontrer, avec la mobilisation au moins
partielle des employés et des facteurs, avec la
suppression, de la plupart des trains. Aujourd'hui
cependant sur tous les réseaux^ même sur tes plus '1
exposés comme le .Nord et l'Est,' les compagnies
do chemins do fer'M^t^sWf-uii SEi'V.iccPTliitjlfBr/
comportant quatre trains au moins par jour. If
n'en ést as quatre vrai ue moins lé mé lieuros
n'en est pas moins vrai que malgré les meilleures
volontés, y compris celles de l'administration des
postes et des services militaires, les lettres arri-
vent de presque toutes les directions avec un re-
tard extrêmement pénible pour les familles. On
nous dit que cette situation tiendrait à deux cau-
ses la suppression de ce qu'on appelle le? wa-
gons-ambulants où se faisait le tri des correspon-
dances, et la centralisation de celles-ci au chef-
lieu, du. département.
Pour certains départements, il est évident que
cette mesure doit nécessiter des allées et venues
singulières. Nous connaisons un arrondissement
situé à 100 kilomètres de Paris, sur une grande
ligne, et d'où les correspondances arrivent à Pa-
ris avec un retard très considérable, précisément
à cause de cet envoi préalable au chef-lieu. N'est-
il pas possible de rétablir, au moins en partie,
le service des ambulants? Nous connaissons, encore
une fois, le zèle méritoire qu'apporte à tâcher de
remplir ses obligations l'administration des pos-
tes, malgré le trouble des temps, mais c'est là une
question vitale qu'on doit examiner avant toutes
autres pour les familles, au stoïcisme desquelles
il ne faut pas trop demander, et pour les commer-
çants et industriels désireux de reprendre le tra-.
vail, et qui ne le peuvent sans cet instrument in-
dispensable. "V;,
La reprise du trafic
sur les chemins de fer
Plusieurs journaux, ont publié des informations
aux termes desquelles le trafic commercial des
chemins de fer serait repris normalement sur la
plupart des lignes à partir du mercredi 19 août.
Présentée 'sous cette forme l'information est
inexacte. Les transports de troupes et d'approvi-
sionnements seront trop importants pendant long-
temps encore pour permettre la reprise du service
normal sur aucune ligne. Mais à partir du 20 août,
il sera possible d'augmenter dans une certaine
mesure le nombre des trains de voyageurs et sur-
tout de marchandises sur les lignes et dans les
zones qui ne seront pas utilisées pour les trans-
ports militaires. Il sera également possible d'accé-
lérer, exceptionnellement, la marche de quelques
trains.
La reprise complète ne pouvant être envisagée
que progressivement des affiches apposées pério-
diquement dans les gares indiqueront les heures
des trains mis à la disposition des voyageurs et
les limites du trafic des marchandises.
Il doit être d'ailleurs bien entendu que le ser-
vice commercial peut être ralenti et même sus-
pendu à tout moment si les nécessités militaires
viennent à l'exiger. (Communiqué.)
Le ravitaillement est assuré
.Dans les réunions quotidiennes tenues au mi-
nistère de la guerre par la sous-commission du
ravitaillement avec le concours des divers ser-
vices intéressés et de négociants, il a été fait les
constatations suivantes qu'il paraît utile de porter
à la connaissance du publie
Le stock du blé actuellement existant en France,
abstraction faite de la récolte de cette année, dont
la rentrée et le battage se poursuivent actuelle-
ment, suffira à la consommation de l'armée et de
la population civile pendant de longs mois; les
arrivages de blé signalés ces jours-ci sont au sur-
plus importants, et grâce à la liberté de la navi-
gation, qui paraît dès à présent assurée, ces arri-
vages ne feront qu'augmenter;.la récolte des Etats-
Unis, qui accuse cette année un excédent considéT
rable, permettra faclement de maintenir en tout
temps cette abondance.
Si un certain resserrement s'est produit sur
quelques points il a été dû, d'une part, à l'embar-
go mis aussitôt sur le stock par l'autorité mili-
taire, et d'autre part, à la difficulté des transports
causée par la mobilisation. Vérification faite de
l'importance des stocks existants, l'autorité mili-
taire a pris des mesures pour rendre à la consom-
mation civile le nécessaire et d'autre part la fin
de la mobilisation va marquer un retour à une
circulation presque normale.
Les approvisionnements en sucre, riz, café, etc.,
sont. particulièrement abondants.
Les stocks de charbon sont également considéra-
bles et les commandes faites par l'industrie et le
commerce seront facilement servies dès que les
transports vont redevenir faciles, c'est-à-dire dans
quatre ou cinq jours; pour les livraisons par cha-
lands, les expéditions vont reprendre de suite.
Le pétrole et l'essence ne manqueront pas.
Les quantités de lait arrivées ne sont en rien in-
férieures aux chiffres normaux et c'est la diffi-
culté de la distribution seule qui a pu faire croire,
sur certains points, qu'il y avait disette.
Le «el, peu abondant dans les régions du Nord,
jjsfc heureusement très abondant u»i« iâ «iiu. ,Z~~
Les Anglais nous offrent du charbon
La chambre de commerce britannique à Paris est
informée, par l'intermédiaire du Foreign office,
qu'il existe actuellement à Cardiff de grandes quan-
tités de charbon menu qui encombrent les voies et
dépôts des chemins de fer. Comme ces charbons
sont un article d'exportation courante à destination
de la France, l'administration anglaise sollicite des
offres de service d'armateurs français qui pourraient
faire enlever ce menu à Cardifi.
Les navires français faisant ce service pourraient
en même temps apporter dans ce port du bois de
mines de provenance française, qui est en ce mo-
ment très demandé par les houillères de la Galles
du Sud. `
Les offres sont reçues soit à la chambre de com-
merce britannique, rue des Pyramides, 9; à Paris,
soit à la chambre de commerce de Cardiff.
Suspension de droits de douane
A partir du 15 août 1914 inclusivement, les droits
d'entrée sur l'iode brut ou raffiné sont supprimés.
Ces droits seront rétablis par uri décret rendu
dans la même forme que le présent acte.
,Dans-. ce cas, les expéditions que l'on justifiera
aybir-ëté faites directement pour la France avant
la publication au Journal officiel' du décret de- réta-'
blissement resteront admissibles au bénéfice du-
tarif intérieur.
Ces dispositions sont applicables à l'Algérie.,
Suspension des délais p our les brevets
d'invention
A partir du 1" août 1914 inclusivement et jusqu'à
une date qui sera fixée par décret à la cessation des
hostilités, sont suspendus les délais légaux dans
lesquels les titulaires de brevets d'invention doi-
vent, sous peine de déchéance de tous leurs droits,
acquitter les annuités de leurs brevets.
La même suspension- est applicable au versement
à effectuer lors du dépôt de toute demande de bre-
vet d'invention ou de certificat d'addition.
Sont également suspendus pendant le même
temps les délais prévus par les actes susvisés soit
pour la mise en exploitation, en France, de l'inven-
tion brevetée, soit pour la cessation de cette exploi-
tation, sans que dans l'un ou l'autre cas le titulaire
du brevet ait aucune justification à fournir pour bé-
néficier de ladite suspension.
Les dispositions qui précèdent ne sont pas appli-
cables aux brevetés qui auraient encouru avant lé
lor août 1914 la déchéance prévue par les lois en
vigueur..
A. partir du 1er août 1914 inclusivement sont sus-
pendus
1° Les délais impartis aux titulaires de certificats
dé garantie délivrés à l'occasion d'expositions or-
ganisées en France avec l'autorisation de l'admi-
nistration ou avec son patronage, pour réclamer la
protection dont leurs découvertes, dessins, mo-
dèles ou marques sont légalement susceptibles;
2° Le délai pendant lequel il est loisible au dépo-
-iet d'un dessin ou modèle de requérir le maintien
̃cfôvson dépôt, soit avec publicité, soit sous la formé
secrète.
Le présent décret est applicable à l'Algérie.
Les agents consulaires dAutriche-Hongrie
En raison de la rupture des relations diploma-
tiques entre la République française et la monarJ
chie austro-hongroise, un décret prescrit le retrait
de l'exequatur qui avait été accordé aux consuls
généraux, consuls, vice-consuls et agents consu-
laires austro-hongrois sur le territoire de la Répu-
blique, de l'Algérie, des colonies et possessions
françaises..
NOUVELLES DIVERSES
Le rapatriement des Franc-Comtois 'et Belfor-
tains. M. Gouyba, ministre du travail, a reçu
hier M. Laurent Thiérv, sénateur du Haut-Rhin,
et, M. Léonce Armbruster, vice-président de -l'lf~
nion des associations franc-comtoises et belfor-
taines de Paris, et les a entretenus de la question
du rapatriement de leurs compatriotes. II leur a
indiqué que des wagons spéciaux pourraient être
réservés aux Francs-Comtois et Belfortains ̃ par
̃la Compagnie P.-L.-M., dans les trains organisés
prochainement. Les membres des associations af-
liées qui désireraient retourner dans leurs
foyers aux conditions très avantageuses propo-
sées, devront adresser leurs demandes aux rési-
dents de leurs associations respectives non mobi-
lisés, et à M. Lamiel, 45, rue Rambuteau, pour
l'Union fraternelle de la Haute-Saône, et Ber-
rard, 75, rue Denfert-Rochereau pour les'Franc-
GJomtois 4 JParis. Les Franc-Comtois et Beifor-
̃4aias •no&'soeiéteires'-deyi'on-t.aîadreflser-.aux per-
manences ci-dessous rive gauche, M. L. Thiéry,
sénateur, 52, boulevard Saint-Germain; ,rive
droite, M. Sohmoll, 51, boulevard Saint-Martin.
Les permanences fonctionnent tous les jours de
neuf à dix heures.
-'̃
̃ Le consulat général de Russie à Paris nous com-
munique la note suivante
1 Les personnes dont les noms suivent et dont les pa-
rents et amis sont sans nouvelles sont priées d'indiquer
au-consutat général leur adresse actuelle Lydie Mos-
kvine, Catherine Navrotzky, Vanda Novikof, Victor
Novitzky, Ludmila Okerblum, la famille Ossipof; Boris
Osteltzky, Basile Retrom, Pierre Petrof, Rosalie Paus-
nier, Véra Piatibokof, directeur d'institut Rougaekof;
Constantin Roumyntzef, Marie Toustclienko, Nicolas
Sokolovsky, Léon Svirsky, Alexandra Seizow, Euphra-
sle Spolatbog, Marie Strépétof, Anne Fusnot, Clara
Zoppy, Nadine Stchekine, Olga Mikhaltzef, Basile Ë0r
lotine, Olga Brummer.
» ;•̃̃
DES TIRS RÉELS D'ARTILLERIE
vont avoir lieu
AUX ENVIRONS DE PARIS
On nous communique la note suivante
La population de la ville de Paris et celle de
la banlieue sont informées que des tirs réels d'ar-
tillerie auront lieu les 18, 19, 20 et 21 août, dans
la matinée, dans la région du nord-est de Paris,
sur les territoires des communes de Vaud'Her-
land, îLouyres, Epjais-les-Lpuvres, .Mauregârd, le
Mesnil-Amelot, Mitry, Tremblay-Ies-Gonesse et
Roissy. y
Ces tirs, ayant un but d'instruction, ne doivent
en aucun cas être une cause d'alarme pour. les
populations.
A PARIS
Le premier drapeau pris à l'ennemi
Mme veuve de Plunkett a adressé au Figaro la
lettre suivante
Monsieur le rédacteur en chef,
Mon regretté mari, M. de Plunkett, direoteurpendant
vingt-cinq ans du théâtre du Palais-Royal, avait, dans
son testament, laissé à la ville de Paris la somme de
5,000 francs, exprimant le vœu qu'elle fût conservée
pour être remise au soldat français qui, lors.de la re-
vanche, prendrait le premier drapeau allamand.
La Ville, à cette époque (1893), n'a pas cru devoir
accepter ce don dans les conditions où il était fait.
^Aujourd'hui j'espère que la ville de Paris ne refusera
pas cet argent que je tiens à sa disposition, et je
viens vous demander, au nom et en souvenir de mon
mari, de vouloir bien me servir d'interprète auprès de
;qui de droit.
Ces cinq mille francs devront être remis au premier
,soldat ou officier français qui prendra le premier dra-
peau allemand.
Avec mes remerciements, croyez à ma haute oonsi-
dération..
Veuve de Plu^kett.
t 11 faut espérer que la ville de Paris donnera sa-
ttisfaction aux patriotiques et généreuses réclama-
tions de Mme veuve de Plunkett.
h" T.
Une généreuse initiative
Le secrétaire général de l'Association frater-
;nello du personnel de la préfecture de police, M.
Rigail, vient d'adresser la lettre circulaire sui-
vante à tous les membres de l'association ̃: •
Cher camarade,
En raison de la situation douloureuse que traverse la
France, il importe que les gardiens de la paix fassent
tout leur devoir et même plus s'il leur est possible.
Tous parmi nous auraient voulu verser leur sang
à la frontière pour repousser le peuple barbare, qui
veut mettre sous sa botte les nations civilisées. Le gou-
vernement a décidé que nous devions rester à notre
poste, au 'milieu de la population laborieuse de la
Seine, pour assurer l'ordre. Nous nous inclinons respec-
tueusement devant cette décision, et resterons à. notre
poste.
Devant la situation privilégiée qui nous est faite, le
secrétaire général do l'Association fraternelle du per-
sonnel de la préfecture de police croit de son devoir de
vous proposer de nous imposer un léger sacrifice pour
venir en aide aux familles qui sont dans la misère, par
suite du départ à la guerre du chef de famille, seul
capable de leur apporter le pain quotidien.
Je jerofios.e (ilengagei toss les jswdiens_de-.l».,£gjV
sans distinction a verser un minimum de 2 francs par
mois pour secourir les malheureux.
^es fonda seront centralisés à « l'Amicale et is
à M. le préfet de police, qui les fera parvenir aux fa-
milles nécessiteuses.
Prière de consulter d'urgence les camarades et m'en-
voyer votre avis dans le ;us bref délai, pour que je le'
soumette à M. le préfet avant de le mettre en Vigueur,
Salutations fraternelles.
Le secrétaire général "“• RIGAIL.
Dès qu'il a eu connaissance de cette circulaire,
M. Hennion, préfet de police, s'est empressé de lui
donner son approbation et a immédiatement avisé
tous ses chefs de service de la généreuse initiative
de M. Rigail.
La vente de l'absinthe interdite
M. Hennion, préfet de police, d'accord avec l'au-
torité militaire, vient de rendre une ordonnance in-
terdisant formellement la vente de l'absinthe. Les
commerçants qui contreviendraient à cette ordon-
nance s'exposeraient à la fermeture de leur établis-
sement.
Le parc à moutons de Longchamp
En temps ordinaire, quand la saison des steeple-
chases est terminée, la pelouse d'Auteuil devient
un pâturage où les vaches d'une grande ferme
viennent s'ébattre.
C'est le tour de Longchamp. Une réquisition mi-
litaire vient de transformer en bergerie le plus élé-
gant des hippodromes. Les sabots de nos pur-sang
foulent, à cette heure, d'autres pistes et ce sont des
moutons qui attendent dans les enceintes de l'élé-
gant hippodrome qu'on les dirige vers d'autres
étapes. PP q °
4 Mf t t~f t tf~F'RS~TtLT'~f
DANS LES DEPARTEMENTS
Les émigrants en France
Le préfet de la Vienne a adressé au ministre de
l'intérieur un rapport, daté du 13 août, de Poitiers,
rendant compte du passage dans cette ville de
2,000 émigrants, venant de la région de Conflans,
parmi lesquels se trouvaient des Belges, des Alsa-
ciens, des Autrichiens, des Allemands, des Luxem-
bourgeois, des Serbes et, en majorité, des Italiens.
Des soins de toutes sortes ont été prodigués à ces
malheureux qui étaient pour la plupart dans un
profond dénuement. Des médecins ont soigné les
malades et les enfants; des dames de la ville ont
dirigé un service de subsistance, d'accord avec
l'administration préfectorale.
Les Italiens ont tous été mis ensemble, dit le rapport,
les gens mariés avec leur famille, et on pu fournir à
toutes les femmes et mères de famille, des lits, des ma-
telas et des draps. Les hommes et les célibataires ont
reçu 5 kilogrammes de paille par têto. Dans la visite que
je leur fis le lendemain, ils se déclarèrent enchantés et
voulaient même rédiger en commun une dépêche au
r,oi d'Italie pour lui signaler combien ils étaient re-
connaissants des bons traitements qu'on avait pour eux.
Les Belges, les Alsaciens, les Allemands, les Autrichiens,
les Luxembourgeois formèrent une section à part que
je retiens à Poitiers jusqu'aux ordres de votre part.
Les émigrants italiens, hommes et femmes, ont fait
une promenade dans les jardins publics et dans les en-
virons de la ville. Un professeur de la faculté (garde
civil) leur a fait visiter, les monuments et les quelques
curiosités locales.
Avant de quitter Poitiers, les membres de la
colonie italienne ont envoyé à la municipalité, de
Poitiers l'adresse suivante .̃<
Les membres de la colonie italienne tiennent à ex-
primer leurs sentiments de profonde gratitude à la na-
tion française, à la municipalité, aux habitants de la
ville pour l'hospitalité bienveillante dont ils ont été
l'objet pendant les jours pénibles que nous traversons.
Vive la France I Vive l'Italie 1'
De notre correspondant de Perpignan
Six mille émigrants italiens attendaient depuis
deux jours à Port-Vendres. leur embarquement à
destination de Gênes et de Naples; ils étaient ravi-
taillés par les soins du gouvernement français.
L'embarquement eut lieu hier soir sur trois vapeurs
italiens, en présence de M.Pompéi, consul royal
d'Italie.
A leur départ tous les Italiens poussèrent le cri de
« Vive la France! » et entonnèrent la Marseillaise.
Sept mille autres Italiens sont arrivés hier à Port-
Vendres pour être également embarqués à destina-
tion de l'Italie.
L'esprit de nos hôtes est excellent; ils ne cachent
pas leurs sentiments de sympathie pour la France
et leur aversion pour les gouvernements autri-
chien et allemand.
Une manifestation franco-itâïiërihe's'eàtproduit<î
hier en gare de Nice, au passage d'un train rame-1
nant trois mille Italiens dans leur pays.
Dans un élan unanime, les voyageurs ont salué
la France d'acclamations frénétiques, tandis qu'ils
se livraient contre l'Autriche à une manifestation
violemment hostile.
Convois de blessés
De notre correspondant de Versailles
Le service de santé de Juvisy informait hier la
gare des Chantiers qu'un convoi de 165 blessés pas-
serait à Versailles à midi 58 et qu'on ait à fournir
un repas. Aussitôt avisées les Dames de la Croix-
Rouge prirent leurs dispositions et servirent elles-
mêmes à nos blessés un repas composé de viandes
froides, fromage, gâteaux, bourgogne, lait et ciga-
rettes.
J'ai pu m'entretenir quelques instants avec un
sous-oificier Nous étions, m'a-t-il dit, dans une
tranchée sous le feu de deux batteries d'artillerie
allemande appuyées par de l'infanterie. Nous avons
été blessés par des balles. L'artillerie a tiré tou-
jours trop long ou trop court. »
Pendant la nuit 58 blessés ont été dirigés sur
Maintenon. 55 prisonniers allemands sont passés à
la même heure via Chartres. Ils ont demandé à
boire et les employés de la gare des Chantiers leur
ont fourni de l'eau fraîche.
La Liberté du Jura annonce que la nuit dernière
est arrivé à Lons-le-Saunier un convoi d'environ
150 blessés militaires 120 sont soignés à l'hôpital
et une trentaine à l'hôpital annexe de la Croix-
Rouge.
Ils appartiennent à toutes les armes. Parmi eux,
il n'y a pas de « grands blessés»; presque tous sont
atteints aux jambes ou aux bras, la plupart par
.des/çclats d'obus, plusieurs sont de simples malades
comme en fournissent même les troupes en temps
̃de- manoeuvres.
On a amené avant-hier à l'hôpital militaire de
Belfort un convoi de blessés dont la plupart étaient
allemands, et l'on a vu l'un des nôtres soutenant
dans ses bras, lui prodiguant les soins nécessaires,
un Allemand plus grièvement touché que lui; ce
trait est donc tout à l'honneur de nos soldats et
contraste singulièrement avec les procédés des
Allemands.
Alors que nos blessés sont calmes et silencieux
dans les hôpitaux où ils sont soignés, par contre
les blessés allemands faits prisonniers ne font que
gémir et se plaindre, réclamant continuellement de
l'eau.
Le récit du jeune Gaudefroy-Demonbynes
(De notre correspondant particulier)
Montpellier, 15 août.
Dans la déposition qu'il a faite devant un com-
missaire de Paris et que le Temps a reproduite le
• 11 août, le jeune Gaudefroy-Demonbynes a dit
qu'une famille de Montpellier, voyageant en Alle-
magne, fut, comme lui, molestée.
Cette famille est actuellement à Montpellier, où
elle habite, rue de la République, 22.
Son chef, M. Arthur Martm, rentier, voulant
récompenser un de ses fils, qui venait d'obtenir do
brillants succès universitaires et s'était notam-
ment distingué dans l'étude de la langue alle-
mande, offrit un voyage à sa famille, qu'il condui-
sit à Fribourg-en-Brisgau, dans le grand-duché de
Bade, où la mobilisation générale les surprit..
Cette famille, composée de cinq. personnes, le
père, la mère, un jeune homme de dix-sept ans
et deux jeunes filles, passa quatre jours sur les
voies ferrées dans des wagons inconfortables
avant. de pouvoir franchir les soixante kilomè-
tres qui la séparaient de la frontière suisse. On
refusa de lui donner toute nourriture et elle dut
s'en procurer avec mille difficultés et à des prix
exorbitants. Pendant quatre jours on l'empêcha
de sortir des gares. Elle fut en butte, comme tous
ses compagnons de malheur, à toutes sortes d'a-
vanies. Les soldats allemands qui la gardaient
baïonnette au canon, étaient ivres pour la plu-
part. Ils faisaient, devant les jeunes filles, des ges-
tes obscènes en chantant des refrains stupide-
ment scatologiques. Tout cela sous l'œil des, offi-
ciers. Ceux-ci riaient à gorge déployée de ces
plaisanteries qui auraient soulevé le cœur de tout
homme civilisé.
M. Martin père porte les cheveux longs. Les roi-
tres allemands menaçaient d'y mettre le feu afin
de faire pousser des cris d'effroi aux jeunes filles.
La famille Martin n'assista pas à l'exécution de
nos compatriotes, voyageurs de commerce et étu-
diants, mais elle en entendit parler pendant le
dernier jour du voyage par des compagnons de
route témoins oculaires de ces assassinats.
A leur arrivée en Suisse les réfugiés français
furent admirablement traités par les fonctionnai-
res de la Confédération helvé'tague et oar. la 'Pppu-
̃Mjon»/ :T .̃ .T">°V 1t~ ̃"• "̃̃;
FAITS DIVERS
Dimanche 16 août. > La pression barométrique s'est
relevée en Ecosse et en Irlande, tandis qu'elle reste un
peu bas sur la France et la Méditerranée occidentale.
On note 766 mm. à Stornoway, 737 mm. à Paris, Mar-
seille et Alger.
Le vent est faible du nord-est aveo mer belle
sur la mer du Nord et en Provence; il est assez fort du
pas de Calais, fort à Barcelone.
Des pluies orageuses sont tombées sur toute la
France; elles ont été très abondantes dans l'est et en
Suisse (28 mm. d'eau à Berne). On a recueilli 20 mm.
à Nancy, 14 à Belfort, il à Gharleville, 5 à Paris, 12 à
Bruxelles.
La température a baissé sur l'ouest de l'Europe elle
était ce matin de 12° au ballon de Servance, 13° à
Berne, 14° à Bruxelles, 15° à Belfort. 16° à Paris, 17° à
Nancy, 18° à Yarmouth, 20° à Nice, à Rome et à Madrid,
26° à Alger.
En France, le temps va rester moyennement chaud;
des pluies orageuses sont encore probables, principa-r
lement dans l'est et le sud.
A Paris, hier, la température moyenne, J8", a (Hé. voi-
sine de la normale (18°4). « ̃'
Observatoire municipal (Tour Saint-Jacques>
Le ciel, qui s'est partiellement dégagé à la fin de l'a-
près-midi d'hier, reste nuageux ce matin.
Le vent a rétrogradé aux régions sud-sud-est a sud-
sud-ouest sa vitesse,^ en décroissance notable, ne dé-
passe pas aujourd'hui 5 mètres par seconde.
La température se relève assez rapidement, bien qu'on
note des minima. de 12° à 14> sur la yille et la banlieue.
A PARIS
ta fête du 15 août
Bien des gens ont été surpris d'apprendre", hier.
que c'était la fête 'de l'Assomption. La « sainte
Marie », qui fleurit d'ordinaire les marchés, les
éventaires et les boutiques, a passé presque ina-
perçue. On a vu, le matin, quelques bouquets aux
Halles; mais le quai aux Fleurs fut quasi désert
et les alentours de la Madeleine mornes et sans
parfums.
Les préoccupations de l'heure, présente nous
ont fait oublier la marche ordinaire des 'choses.
Comme dans les campagnes et dans les villes de
province, la. vie de Paris a changé. Si les gares
sont mouvementées oe n'est pas qu'elles soient
envahies par le flot des Parisiens avides d'aller
passer douze heures au bord de la mer ou de se
reposer en quelque coin tranquille des banlieues.
Nul n'a quitté Paris aujourd'hui; mais l'on peut
dire que nul ne le regrette, car nous avons re-
nonoé aux délassements champêtres. Nos rues
sont calmes, le public, peu nombreux, n'est préoc-
cupé que du grand événement qui s'est abattu sur
l'Europe et qui a trouvé la France en si noble
posture. Promettons-nous des plaisirs estivaux
pour l'an prochain quand, la France victorieuse et
l'Europe pacifiée, nous n'aurons plus à songer,
qu'à revivre et à nous réjouir. P à
Collision d'automobiles
Deux automobiles, l'une appartenant à M. Da-
niel Berthelot, boulevard Saint-Germain, 168,
l'autre à M. Béar, rue Auber, 5, sont entrées en
collision hier, vers quatre heures de l'après-midi,
rue de Vaugirard. Dans le choc, M. Pierre Cladie,
imprimeur, qui se trouvait à côté du chauffeur, a
eu la jambe gauche presque complètement sec-
tionnée. Un cantonnier, M. Lapra, demeurant rue
Jean-Bart, 1 qui passait, à cetinstant' sur le trot-
toir, à proximité des deux véhicules, a été griève-
ment atteint aux jambes.
Les deux blessés ont été transportés à l'hôpital
de la Charité.
Par désespoir d'avoir été réformé
Un employé de commerce, M.'Marcel Sellet, âgé
de vingt-doux ans demeurant rue de la Reine-
HenrialtolJ.G&IonaJba's, kthit été aiouriié_pour son
service militaire. Il y a quelques leurs, il fut ré-
formé définitivement. Désespéré, il se leva au cours
de la nuit dernière, écrivit un billet au crayon dans
lequel il disait « qu'il préférait la mort à la honte
de ne pas pouvoir servir sa patrie et se tira un
coup de revolver dans la tempe droite. Il a suc-
combé après une courte anonié Ii a suc
combé après une courte agonie.
DEPARTEMENTS
Mort du lieutenant Kuçjagûeiïr
Le lieutenant Augagneur, du 15° dragons, à Auch,
neveu du ministre de la marine, a fait une chute
avant-hier, en montant un cheval difficile.
A l'hôpital militaire, où le lieutenant a été trans-
porté, on a constaté une fracture, du crâne.
Le lieutenant Augagneur a succombé peu après
aux suites de cet accident.
;.T.Am. y
IMFQRMATiQMS DIVERSES
M. Karcher a été nommé maire du 20° arron-
dissement.
Sur la demande de là Croix-Rouge, le cardi-
nal-archevêque de Paris fera célébrer le lundi 17,
à 10 heures, en l'église de la Madeleine, une messe,
à laquelle il assistera, pour attirer les bénédictions
du ciel sur les soldats de nos armées et sur les mé-
decins et les infirmières qui se consacrent à les
soigner. ̃̃̃̃̃̃
MEcmoLoaie
Nous apprenons la mort de Mme Ernest Barge-
ton, décédee le 9 août, à Paris, à l'âge de soixante-
cinq ans. En raison des circonstances, les obsèques
ont eu lieu le 11 août dans la plus stricte intimité.
Cette mort met en* deuil M. Ernest Bargeton, préfet
honoraire, son mari; MM. Pierre et Paul Bargeton,
Gaston Guiot et Marc Bœgner, ses fils et gendres.
Mme Bargeton était la fille de M. Pierre Lefranc,'
ancien membre de la Constituante et, de la Législa-
tive de 1848, fondateur-rédacteur de l'Indépendant
des Pyrénées-Orientales, député puis sénateur de ce
département.
Les obsèques de M. Léon Nozal, négociant en
fers, décédé hier matin en son domicile, rue du
Ranelagh, 52, auront lieu demain lundi à midi en
l'église Notre-Dame de la Miséricorde, rue de
l'Assomption, 88 (16°).
On annonce la mort à Jussey (Haute-Saône), de
M. Mayer Blum, décédé à 85 ans.
De la part de Mme Mayer Blum, sa veuve; dg
Mme Albert Blum, de M. et Mme Henri Blum, sei
enfants; de ses petits-fils et de toute sa famille.
En raison des événements, aucun faire-part.
TRIBUNAUX
'La Gon damnation à mort d'un espion
Nous avons relaté hier dans nos nouvelles dè
Dernière heure la condamnation à mort pronon-:
cée par le premier conseil de guerre contre l'es-
pion Paul-Eugène Gruault, demeurant 101, rue
Saint-Dominique. Il est un détail de cette affaire
qu'il convient de rapporter.
-Gruault avait, il y a quelques mois, fait ses of-
fres de service pour l'espionnage en écrivant à la
Gazette de Cologne. Mais sa lettre était sans doute
rédigée avec une telle prudence qu'à la Gazette
de Cologne on ne comprit pas; on crut qu'il s'a-:
gissait d'une affaire de publicité, et la direction
du journal allemand transmit la lettre à une
agence parisienne de publicité avec laquelle elle
était en relations. Celle-ci comprit fort bien ce
dont il s'agissait, et remit la lettre à la Sûreté.
C'est alors qu'un agent de la Sûreté, se faisant
passer pour un des représentants du service d'es-
pionnage allemand en France, tendit un piège à
l'auteur de la lettre qui s'y raissa prendre.
Il est aussi un détail de la procédure .des çon-
setls de guerre qui étonna le public à la première
audience d'avant-hier. On sait qu'en temps ordi-
naire, c'est-à-dire lorsque le conseil de guerro
ne juge que des militaires, les incudpés n'assis-
tent pas au prononcé de la sentence. Celie-oi leur
est lue par le greffier devant la garde assemblée.
Aujourd'hui qu'en raison de l'état de siège le con-i
seil de guerre juge indifféremment civils et mili-<
taires, rien n'est changé à cette procédure. Ler
civils, eux aussi, s'entendent lire la sentence àe.
jvaat i&JSfîiâ assemblée. »g r 7
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