Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-07-12
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 juillet 1911 12 juillet 1911
Description : 1911/07/12 (Numéro 18273). 1911/07/12 (Numéro 18273).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
3. LE TEMPS. 12 juillet 1911.
C'est la troisième fois que je viens reproduire à cette
tribune les engagements inscrits dans la déclaration
ministérielle, et confirmés ensuite dans mes déclarations
Terbales.
Toutes les mesures d'humanité seront provoquées et
obtenues. Tous les efforts seront faits pour obtenir les
réintégrations raisonnables. (Bruit.)
M. Gabriel-Ellen Prévôt. Les représailles pren-
dront-elles fin?
Le président du conseil.- SI des représailles sont
exercées, je les réprouve de toutes mes forces, et je
ferai en sorte quelles ne continuent pas. (Applaudis-
sements.)
Voilà jusqu'où ira le gouvernement. Il n'ira pas et
ne peut pas aller jusqu'à la théorie, soutenue par
M. Thomas.
M. Vaillant. La vraie! 1
Le président du conseil. C'est votre avis, par con-
séquent oe n'est pas le mien. (Vifs applaudissements à
gauche et au centre. Bruit prolongé à l'extrême
gauche.) ̃•̃••̃
M. Jaurès. -r- Aux temps loiot-ains, très lointains, de
l'impôt sur le revenu, M. Caillaux ne parlait pas ainsi.
(Applaudissem/entSià-.rextrÊmg^gauche.j,
Le, président du conseil. M. Jaurès me fournit la
fin de mon développement. Nous pourrons nous trouver
d'accord sur des réformes démocratiques nous ne nous
trouverons jamais d'accord pour la démagogie et pour
le désordre. (Vifs applaudissements répétés à gauche.-
Bruit à l'extrême gauche,)
Le mot de démagogie vient fouetter M. Jau-
rès en plein figure; pâle, il se dresse à son banc:
et sous le flot des interruptions qui se croisent
et dont la violence déjà annonce les orages pro-
chains, il crie
M. Jaurès. M. le président du conseil oublie qu'il
faisait partie, comme ministre responsable, de ce cabinet
Monis qui avait promis de réintégrer les cheminots.
(Vifs applaudissements à l'extrême gauche. Bruit.)
Et si c'était là de la démagogie, il n'aurait pas dû,
alors, rester à son banc. (Bruit.)
M. Maginot. Il y restera parce que tant qu'il vous
combattra, nous le défendrons. (Vives interruptions à
l'extrême gauche.) -̃̃-•.
M. Jaurès. Ce qui est de la démagogie, et de la plus
abominable, c'est de se hisser au pouvoir en prodiguant
les promesses au peuple, et puis, quand on croit qu'en
les violant on pourra monter plus haut, de les déchirer!
(Vifs applaudissements répétés à l'extrême gauche.
Bruit prolongé à gauche.)
Quant au parti radical, il nous dira s'il veut être offi-
ciellement le parti des renégats. (Vives protestations à
gauche.)
M. Caillaux hausse les épaules, reste à son banc,
se tait oui, les temps sont lointains où on fac-
cusait d'être en coquetterie réglée avec M. Jau-
rès, dont on disait qu'il était le fourrier; c'était
vendredi, sur l'ordre du jour de M. Péchadre, con-
cernant les cheminots, la coupure entre radicaux
et unifiés; ce fut hier la rupture personnelle
entre M. Jaurès et M. Caillaux.
Au tour de M. Colly de venir défendre tes che-
minots; ils le- fit avec -une .violence qui parut à
beaucoup moins spontanée que. réfléchie. Peut-
on analyser un discours d'injures? Il suffit de les
citer. A peine- M. Colly est-il à la tribune que
la Chambre, excédée de ce débat qui revient pour
la troisième fois depuis dix jours, réclame la
clôture >
Plusieurs membres. La clôture i
M. Colly. Nous la demandons aussi, mais nous y
mettons une condition la réintégration des cheminots.
(Applaudissements à l'extrême gauche. Bruit.)
Et tant que les cheminots ne seront pas réintégrés.
(Interruptions.)
M. Fernand David. Alors vous avouez votre inten-
tion de brimer la Chambre ?
Plusieurs membres à l'extrême gauche. Oui I (Vives
protestations à gauche et bruit.)
M. Colly. Notre collègue Fernand David ne se sou-
vient plus de ses anciens votes, en faveur des cheminots?
M. Fernand David. Vous tombez mal, car je n'ai
pas voté l'ordre du jour dont vous parlez. (Applaudis-
sements ironiques à l'extrême gauche.)
M. Colly. C'est tant pis pour vous. La clôture ne
eera prononcée, définitivement prononcée que lorsque
les cheminots seront réintégrés. (Exclamations sur un
grand nombre de bancs. Applaudissements à l'ex-
trême gauche. Bruit.)
Il ajoute cet avertissement qui donne un avant-
goût de la cité sociale, et de la liberté qui y ré-
gnerait
Ah vraiment, nous vous brimons! Si nous avions la
force comme nous avons la-volonté, ce seraient d'autre3
brimades que nous vous ferions subir. (Exclamations.
Bruit).
Quelles violences ajoute- 1- il encore ? Les voi-
ei
Vous.n'aurez la paix ici que lorsque nous l'aurons
nou^n^émes,' que lorsqu'il n£ aura P^,3e cheminots.
révoqués, plus de cheminots, dans la misère. Cela peut
vous gêner, vous", les ventres dorés 1 (Exclamations sur
un grand nombre de bancs. Bruit.)
Le président. Je vous rappelle à l'ordre.
M. Colly. Vous ne digérerez en paix que lorsque
nous aurons la paix nous-mêmes.
Tant qu'il nous restera un souffle de vie (Mouve-
ments divers,) vous pouvez rire, je sais que vous êtes
incapables'de tels dévouements nous le mettrons au
service de notre cause, et lorsque, par la volonté minis-
térielle, les travaux parlementaires seront clos, nous
irons dans vos circonscriptions.
M. de Boury. Venez-y; on vous recevra bien. (Très
bien! Très bien!) ̃
M. Colly. dire à vos électeurs quelles sont vos
félonies. (Vives exclamations. Bruit.)
Le président. Je vous rappelle à l'ordre avec
inscription au procès-verbal. (Très bien! Très bien!)
M. Colly. Nous irons au milieu des canards de vos
mares stagnantes, dire comment vous vous conduisez ici,
représentants menteurs du peuple! (Vives exolamations.
»– Bruit répété et prolongé.)
M Maginot. Ce sont vos mensonges accumulés qui
ont conduit les cheminots où ils sont. (Nouvelles excla-
mations. Vives interruptions. Bruit prolongé.
Tumulte. Agitation.)
Le mot « tumulte » des comptes rendus offi-
ciels indique proprement que l'on va se battre. On
Voit M. Walter, M., Emile Dumas, M. Lavaud, so-
cialistes unifiés, qui descendent de leurs bancs si-
tués sur les hauteurs pour se jeter vers M. Ma-
ginot dont la. haute taille se dresse au centre
mais il leur faut traverser tes banc radicaux. C'est
d'abord M. Walter qui est arrêté au passage par
plusieurs députés.
Quant à M. Dumas, tout petit, tout menu ce-
kti-là même à qui, l'autre jour, dans une scène
préliminaire 8e violence, M. Coûtant conseillait
amicalement «ede se faire refaire par sa mère »,
il a la mauvaise fortune d'escalader un banc qui
se trouve au-dessous de celui de M. Dusevel. M.
Dusevel est un grand et solide gaillard, un bon
géant, silencieux et doux, qui, sans un mot, sans
violence, cueille par derrière les revers de la ja-
quette de M. Dumas, et de ses deux mains puissan-
tes, nouées autour du cou de celui-ci, immobilise
ses efforts. C'est fait sans violence, simplement
pour arrêter dans son élan un homme un peu ra-
geur qui veut se livrer à des actes excessifs sur
«on voisin.
Pas de coups par bonheur dans l'Assemblée; mais
un tumulte tel que le président se couvre et sus-
pend la séance.
On* la reprend une demi-heure après; M. Colly.
remonte à la tribune et reprend ses injures
« Vous devriez dire, si vous aviez la conscience
"droite. Je souffre, moi, moralement, des mi-
sères de mes camarades. Si je n'avais pas le cœur
plus haut que vous. Les représentants du peuple
sont des fumistes. » °
Il termine enfin. On demande à gauche l'ordre
du jour pur et simple. M. Caillaux l'accepte en
y attachant le sens de la confiance.
Et nous, le sens que lui donne simplement
la langue française, réplique M. Bonnefous, à qui
M. Jules Roche se joint pour rappeler que le
gouvernement accepte à présent l'ordre du jour
pur et simple qu'il a refusé l'avant-veille sur
la même question.
Les unifiés présentent une demande de scrutin
public à la tribune; puis ils la retirent. On ri-
cane à gauche; alors ils la reprennent; mais sur
les quarante signataires 36 seulement répondent
à l'appel; les autres sont partis. Les unifiés ré-
clament on n'a pas bien lu les noms. M. Tho-
mas, M. Raffin-Dugens escaladent l'escalier
présidentiel et gesticulent avec violence; mais le
règlement est là; ilfaut -l'appliquer; le scrutin
public rie peut avoir lieu à 4a tribune.
Par 433 voix contre 86; au scrutin ordinaire,
l'ordre du jour pur et simple est adopté.
Est-ce fini? Non pas. Il y a le troisième projet
de résolution du troisième unifié, M. Lauche.
Le marchandage
Mais M. Lauche est fort gêné il est neuf heu-
res un quart; et, à neuf hsures, s'ouvre le meeting
de la salle Wagram en faveur des cheminots; il
faut y être.
M. Jaurès y est déjà parti. M. Lauche se décide
à demander la remisé de la discussion au lende-
main mais c'est au tour de la majorité de ne pas
se considérer comme à la disposition des unifiés;
brimée pour brimée, elle préfère en finir le soir
même; elle réclame, avec énergie la discussion im-
médiate. 'Elle est ordonnée.
Voici le projet de résolution que développe M.
Lauche
La Chambre, rappelant les votes répétés par lesquels
eue a condamné la pratique du marchandage, demande
au gouvernement de poursuivre devant le Sénat le vote
définitif de la loi interdisant le marchandage sous toutes
ses formes et passe à l'ordre du jour.
M. René Renoult, ministre du travail, en termes
très nets, a condamné le marchandage et promis
d'appuyer au Sénat le vote du projet adopté par
la Chambre qui complète le décret du 2 mars
1848 le prohibant.
M. Colly, remontant à la tribune, s'apprêtait à
renouveler ses violences. La Chambre, tout de mê-
me impatientée, a réclamé la clôture avec une
telle énergie qu'elle a été, prononcée.
L'ordre du jour suivant de MM. Dumesnil et
Perrissoud a clos le débat
La Chambre, approuvant les déclarations du gouver-
nement et confiante en lui pour faire aboutir dans le
plus bref délai la loi contre le marchandage, et repous-
sant toute addition passe à l'ordre du jour. (Bruit à
l'extrême gauche.)
Par 384 voix contre 76, il a été adopté.
Cette séance de violences est enfin levée à dix
heures et demie.
CHRONIQUE ÉLECTORALE 1
Conseils généraux
Marne, Dans Ile canton do Verzy, M. Remy,
radical, a été élu conseiller général par 2,218 voix
sur 2,32G votants.
Il s'agissait de remplacer M. Pochet, conseiller
radical, décédé.
NOUVELLES MUNICIPALES
Le palais des expositions
II semble qu'on touche au moment où sera résolue
la question de la construction à Paris d'un palais
des expositions destiné à remplacer l'ancienne gale-
rie des Machines. Et il est désirable qu'on aboutisse
rapidement autant pour la satisfaction qu'en tire-
ront les agriculteurs, les commerçants et les indus-
triels, que parce qu'on mettra ainsi fin au conflit
pendant entre le Parlement et le Conseil municipal.
La Ville n'ayant pas assez rapidement, au gré des
députés, résolu le problème qu'on lui posait a vu
depuis'de longs mois opposer systématiquement
une fin de non-recevoir a toutes ses propositions
concernant la suppression des fortifications. les tra-
vaux du Gaz, l'emprunt du Métropolitain, etc.
Il est temps, pour le bien de tous, que cette situa-
tion prenne fin, et c'est pourquoi, à l'instigation de
M. Félix Roussel, président du Conseil municipal,
une importante réunion a eu lieu hier soir au mi-
nistère des finances. sous la présidence de M. Klotz.
M. Messimy, ministre de la guerre, et M. Pams,
ministre de l'agriculture, y assistaient, avec MM.
Méline et Gomot, sénateurs Cochery, Clémentel,
Raynaud et Plissonnier, députés Félix Roussel,
Dausset, Chérioux, conseillers municipaux; Ogier,
secrétaire général du ministère de l'intérieur De-
lanney, préfet de la Seine; le général Chevalier,
directeur du génie, et M. Privat-Deschanel, direc-
teur général do la comptabilité publique.
Sur la question de construction du palais, tout
le immonde est d'accord; c'est sur l'emplacement
qu'on diffère d'avis. Le choix de l'emplacement a donc
fait tous les frais de la conversation, et on a exa-
miné une à une toutes les propositions faites de
divers côtés. Par élimination on est arrivé à n'en
retenir que trois celles qui placeraient le palais
soit à la porte Maillot, sur les terrains des fortifica-
tions, soit du côté de Passy, soit enfin au Champ
de Mars.
La solution de Passy a été écartée, comme néces-
sitant une mise de fonds trop.importante. Et après
un long débat on a dû écarter aussi la solution de
la porte Maillot. Le ministère de la guerre ne s'op-
pose plus en principe au déclassement des fortifica-
tions, mais il se refuse formellement a entreprendre
l'opération par petits paquets. Or il faudra six mois
au moins pour mettre sur pied un projet d'ensemble
et la question du palais ne peut plus attendre.
Reste donc le Champ de Mars. Le Conseil muni-
cipal s'est, à maintes reprises, prononcé contre la
construction en ce lieu d'un palais d'exposition il
craignait de voir abîmer la, perspective des bâti-
ments de l'Ecole militaire et il redoutait aussi qu'on
ne saccageât le parc qu'il a créé dans la partie cen-
trale du Champ de Mars. P
Or les représentants des régions agricoles dési-
rent plus particulièrement obtenir cet emplace-
ment. M. Méline y a insisté, faisant valoir d'ail-
leurs que dans la construction on se conformerait
aux alignements fixés par la Ville elle-même, et
acceptant la charge de remise on état aussitôt
après chaque concours agricole, c'est-à-dire avant
le printemps, des quelques pelouses qui auraient été
abîmées en février.
M. Chérioux, rapporteur au Conseil municipal, a
maintenu sa manière de voir, qui est tout opposée,
mais il est possible que le Conseil se laisse impres-
sionner par l'argumentation de M. Méline.
Il'sera en tout baas&isf 'dès demain* par"M,î>FéliX'
Roussel de la question suivante, dont le texte a été
arrêté à la réunion d'hier
La Ville consentirait-elle, le cas échéant et en prin-
cipe, à l'établissement de palais de l'agriculture, pou-
vant servir à d'autres expositions sur l'emplacement
dujChamp-de-Mars ? Ces palais seraient établis sur les
deux côtes des terrains restés libres et dans l'aligne-
ment des constructions autorisées par la Ville, de ma-
nière à ne pas nuire à la perspective de l'Ecole mili-
taire, et à conserver entre les palais le même espace
libre que dans le surplus du Champ-de-Mars.
M. Félix Roussel insistera sur- les avantages qu'il
y aurait pour la Ville, en donnant satisfaction aux
Chambres à supprimer tout prétexte à boycottage
de ses propositions. Et au cas où le Conseil adopte-
rait cette manière de voir, il l'informera que le mi-
nistre des finances nommera pour étuier les voies
et moyens de réaliser l'opération une sous-com-
mission composée de MM. Méline, Cochery, Clé-
mentel, Raynaud, Delanney, Félix Roussel, Daus-
set, Ogier, le général Chevalier, Privat-Deschanel
et Barat, directeur de l'hydraulique au ministère
de l'agriculture.
M. de Selves à l'Hôtel de Ville
Après les adieux qu'il a officiellement adressés
au Conseil municipal, le ministre des affaires étran-
gères a manifesté le désir de se retrouver une fois
encore dans une réunion intime avec les membres
de l'assemblée. Aussi sera-t-il reçu sans protocole
et sans faste cet après-midi, à six heures, dans le
bureau du président du Conseil.
CONSEIL MUNICIPAL
SÉANCE DU 10 JUILLET
M. Félix Roussel préside.
[Travaux dans Paris. M. Froment-Meurice fait
décider l'élargissement de la rue de Sèvres au
droit du n° 10. Il rapporte également un projet d'é-
tablissement d'accès pour la ligne métropolitaine
n° 8 place de la Concorde. Mais le conseil refuse
d'approuver ce projet, qui placerait les accès de-
vant le ministère de la marine et le Cercle de l'auto-
mobile par des trottoirs élargis à neuf mètres'
Comme d'autre part rien n'est prévu pour les com-
munications souterraines des lignes nos. 1 et 8, le
Conseil, qui se refuse à faire éventrer là place à
deux reprises, ajourne l'affaire. L'administration
devra présenter un plan d'ensemble, et envisager
l'accès du souterrain soit par les socles des statues,
soit par la rue Boissy-d'Anglas, soit par les ouver-
tures existant déjà par les autres lignes.
M. Deslandres fait approuver diverses propo-
sitions ayant pour but d'améliorer le service des
cours de rivière. On s'occupera aussi des eaux de
source en réparant l'aqueduc de laDhuis et en pro-
tégeant mieux les sources captées.
Contre les publicités obscènes. M. Marcel Habert
pose au préfet de police une question sur la « saleté
morale » de Paris. Tolérera-t-il longtemps qu'à
tous les kiosques s'étalent des publications porno-
graphiques et des gravures obscènes qu'au théâ-
tre et au café-concert les spectacles soient parfois
scandaleux, qu'on crie et qu'on vende sur la voie
publique des feuilles immondes ? A l'étranger, en
Belgique notamment, où une liberté très grande
avaitconduit aux mêmes résultats que chez nous,
il a suffi d'un peu d'énergie et d'entente pour ba-
layer définitivement les publications licencieuses. Il
est urgent pour la morale publique qu'on agisse
de même à Paris.
M. Lépine convient que la situation est fâcheuse.
Les actes de répression pourtant n'ont pas manqué,
mais on ne peut atteindre l'obscénité que lorqu'elle
est matérielle, brutale. Or elle s'ingénie à se cacher
sous des dehors artistiques, et les magistrats, qui
ne veulent point passer pour des « philistins », sont
indulgents dès qu'on invoque l'esthétique S'agit-il
de prospectus ou d'annonces? La Cour de cassation
exige que l'immoralité soit nettement caractérisée
par le texte ou par l'image. Essayera-t-on de pour-
suivre les auteurs de scènes révoltantes comme
celles de certains bals annuels? Impossible la re-
présentation est privée, il n'y a pas eu outrage
public à la pudeur.
On conçoit que dans ces conditions la .répression
soit difficile. Et ceci amène le Conseil, après avoir
entendu MM. Deslandres et Duval-Arnould, à émet-
tre le vœu « que les pouvoirs publics appliquent
rigoureusement les lois existantes et que les nou-
veaux projets de loi destinés à réprimer les outra-
ges aux bonnes mœurs soient examinés par le Par-
lement dans le plus bref délai possible. »
En attendant le préfet de la Seine et le préfet de
police à qui appartiennent la concession et la sur-
veillance des kiosques peuvent user avec énergie
des armes dont ils disposent.
Affaires diverses. Sur le rapport de M. A. Ou-
din, on décide de ne plus autoriser, jusqu'à nouvel
avis, l'installation d'edicules sur la voie publique.
M. Massard fait approuver le renouvellement
aux Concerts-Colonne de leur bail au théâtre du
Châtelet.
A la demande de M. Alpy et sur avis favorable
de l'administration, le Conseil invite le préfet à
exiger l'application du compteur à toutes les voi-
tures de place.
M. Maurice Quentin fait voter 8,000 francs pour
organisation aux gares de l'Est et de Lyon d'un
service médical de protection contre le choléra.
M. Massard, d'accord avec M. Alpy, dépose un
projet de vœu tendant à rejeter la responsabilité
pécuniaire des troubles publics sur l'Etat ou sur la
commune, suivant qu'au cours de ces troubles c'est
l'Etat ou la commune qui étaient investis des pou-
voirs de police.
Enfin à une question de M. Mithouard sur le re-
tard apporté par le Parlement au vote de l'emprunt
de 205 millions qui permettra d'améliorer le service
du gaz, le préfet de la Seine répond qu'il a déjà
fait et qu'il va faire encore de pressantes démar-
ches pour obtenir ce vote.
Séance mercredi.
HOUVEKLES DU JOUR
;u;. ü: ¡¡; 1'1'
La conférence des républicains socialistes
La première, conférence interfédérale du parti
socialiste, qui, s'est terminée hier, s'est occupée
surtout de l'organisation matérielle du nouveau
parti. ̃̃̃̃̃
Une commission administrative provisoire a été
chargée de mettre au point et d'appliquer les ré-
solutions prises.
Cependant les questions doctrinales sont éga-
lement tenues en discussion. Et Jà, l'accord fut
loin d'être parfait. Plusieurs tendances se sont fait
jour et se sont manifestées par des incidents assez
violents.
On sait que les « républicains socialistes » com-
prennent, sauf quelques hommes nouveaux, les
membres de l'ancien parti socialiste français, de
la fédération réformiste née du discours de Saint-
Mand'é, etc. Il ne fut pas possible de fondre entiè-
rement toutes ces tendances .diverses pour obtenir
l'unanimité.
Un incident a montré clairement Jes diver-
gences de vues des délégués.
L'assemblée avait adopté •un© résolution dont
nous avons donné hier le texte en faveur de la
'réintégration des cheminots.
Or, au cours de l'après-midi, comme la question
de l'arbitrage était à l'ordre du jour, un délégué
profita de ta présence de M. Millerand pour lui
demander à l'issue du grand discours pro-
noncé par île député du 12° sur le programme po-
litique et économique du nouveau parti de
prendre la parole à la Chambre en faveur des
réintégrations.
M. Millerand déclara qu'il se refusait à parler
devant la Chambre dans ce sens.
Un gouvernement, a-t-il dit en substance, man-
querait à tous, ses devoirs s'il n'empêchait «de
toutes ses, forces et par tous les moyens » l'in-
terruption d'un service public aussi important que
celui des chemins de fer. D'aùitre part, -M' serait
inhabile de faine aux compagnies des menaces non
suivies d'effet.
M. Millerand voit bien une solution c'est
le rachat. Mais le rachat comporte d'innom-
brables difficultés. « Je connais ces difficul-
tés, a dit l'ancien ministre, et comme je ne sou'-
haite pas d« mal à mes successeurs, comme le
rachat de l'Ouest n'est pas encore digéré, je me
refuse à sortir des foudres mouillées d'avance. »
La réponse de M. Millerand fut, à plusieurs re-
prises, violemment interrompue.
Des délégués rappelèrent le discours de M. Bar-
thou, affirmant, devant de Sénat, le droit de grève
des employés des chemims d-e fer, et le vote de
la Ohambre demandant au gouvernement de pren-
dre des mesures pour contraindre les compagnies
à réin-tégner les employés révoqués à 'l'occasion
de la grève.
Il'y a des armas, s'écria l'un d'eux, le projet
Dumont, par exemple!
M. Zévaès vint ensuite reconnaître que des pa-
roles .impru'dentes avaient été ̃ prononcées à la-
Chambre. « Ce n'est pas, en tout cas, ajouta-t-il,
par le sabotage des séances parlementaires, ajouté
au sabotage des voi-fis ferrées, que les réintégra-
tions pourront avoir lieu. »
Il n'y a, pour M. Zévaès, qu'une solution lé
vote du projet d'arbitrage présenté par M. Mille-
̃rand. Et l'orateur dépose un vceu dans ce sens.
Mais ce vœu n'est pas adopté. La plupart des
délégués sont debout et discutent avec véhémence
sur les paroiles prononcées Par M. Millerand.
D'autres divergences de vues, non moins impor-
tantes, s'étaient manifestées dans les précédentes
séances.
Tous les délégués étaient d'accord pour mar-
jqixor les raisons qui les séparent des unifiés. Pour
eux, ié OT'lèctiv-isme*îÔté%raï'à fait 'son temps;; 'et
à « la socialisation de tous moyens de production'
et d'échange», ils opposent la « socialisaition des
forces naturelles et des services publics ».
Mais il fut moins facile de délimiter le nouveau
parti du .parti .radical socialiste. Ce dernier, lui
aussi, est partisan des monopoles, et l'on ne voit
pas bien que'Ides sovit les différences essen>tieHes
entre tes deux doctrines. Telles furent du moms
les raisons données par quelques-uns des délé-
gués qui se refusaient à exclure les radicaux so-
cialistes.
D'autre part, l'article 1" de la déclaration du
nouveau parti prévoit « ̃l'adhésion des syndicats
et des coopératives ». M. Zévaès indiqua Jwen que
ce seul paragraphe était l'objet de toutes les di-
vergences entre socia'listes, « depuis 'la vieille In-
temationale jusqu'aux derniers congrès unifiés ».
Aussi la conférence jugea-t-elle qu'il était sage
de renvoyer toute la déclaration à l'étude des
fédérations. Elle se contenta d'affirmer l'existence
du parti républicain socialiste, et son désir d'agir.
L'unanimité se (fit complète sur le principe de
l'arbitrage obligatoire exposé par M. iMdlerand.
Le nom de notre parti, a déclaré M. Millerand, dit
assez que les questions sociales sont considérées par
nous comme fondamentales, mais alors que dans d'au-
tres milieux, on parle de lutte de classes, nous ne par-
lons ici que de solidarité des classes.
Nous n'attendons pas;, do la haine et de la violence
les réalisations nécessaires. La violence est un signe
de faiblesse et la haine est une preuve d'inintelligence.
C'est pourquoi l'arbitrage s'impose dans tous les con-
flits sociaux, et cette réforme écarte toute une série de
procédés divers.
La grève, comme la guerre, s'écrie l'ancien ministre,
est un mal nécessaire, mais. c'est par la persuasion et
l'entente, ajoute-t-il tout aussitôt, que doivent être ré-
solus tous les conflits.
M. Millerand termine son discours en disant r
Sans doute, il y aura encore des conflits, demain
comme aujourd'hui, mais par l'arbitrage obligatoire, ils
ne seront plus de même nature, et par la discussion
entre le capital et le travail ils aboutiront à des solu-
tions plus heureuses pour les deux parties.
La suppression des délimitations
Le rapport de M. Fernand David sur le projet
de loi tendant à supprimer les délimitations ré-
gionales, et à rattacher à la loi de 1824, dont
quelques dispositions seraient modifiées, la protec-
uori des appellations d'origine, doit être distribué
aujourd'hui à la Chambre. La nouvelle loi serait
intitulée « Loi relative aux altérations ou sup-
positions de noms sur les produits fabriqués et à
la protection des appellations d'origine. »
Dans son exposé des motifs, l'honorable rappor-
teur dit qu'après un sérieux examen de la ques-
tion, « la commission a été conduite à se rallier
à la thèse gouvernementale et à proposer à la
Chambre l'adoption du texte du projet de loi,
de préférence aux divers autres textes dont elle
était saisie ».'
Toutefois, la commission a apporté au texte
gouvernemental des modifications, dont la prin-
cipale vise l'article premier du projet de loi.
Le texte de la commission stipule que seront
punis ceux qui auront « sciemment employé dans
un but commercial une dénomination géographi-
que pour désigner des produits différents par leur
origine, ou par leur nature, de ceux auxquels
cette dénomination s'applique. »
Or, dans le texte gouvernemental, les mots « par
leur origine ou par leur nature », étaient suivis
des mots « Par leur composition et leurs qualités
substantielles », que la commission a supprimés.
a supprimés. j
M. Fernand David explique dans 1 expose des
motifs, les. raisons que ont amené la commission
à prévoir la « nature » du produit en même
temps que son « origine ».
D'autre part, la commission a cru devoir ajou-
ter, au texte gouvernemental de l'article premier,
un paragraphe appliquant aux infractions visées
les pénalités édictées par la loi du 1" août 1905.
Telles sont les modifications apportées par la
commission à l'article premier du projet gouver-
nemental. Pour tes autres articles, le projet de la
commission est conforme, sauf quelques modifi-
cations de détail, au projet déposé par M. Pams.
Le rapport de M. Fernand David n'a pas l'heur
de plaire aux vignerons aubois. Les comités cen-
traux de Bar-sur-Aube et de Bar-sur-Seine ont
en effet publié la protestation suivante
Les comités centraux, interprètes des sentiments una-
nimes des comités locaux des communes viticoles,
Protestent énergiquement contre la nouvelle tendan-
cieuse qui a été envoyée à une agence parisienne par
des personnalités connues, qui ont donné à entendre que
les vignerons de l'Aube étaient satisfaits du rapport de
M. Fernand David;
Ils constatent, au contraire, que M. Fernand David,
malgré des phrases aimabfes, aboutit à consacrer l'ini-
quité commise en 1908, en aggravant même la situation
actuelle; i
Les comités repoussent tout spécialement la rédaction
de l'article premier du projet de loi, parce que cette ré-
daction, par une innovation inadmissible et une violation
flagrante du droit commun, subordonne à des conditions
et à des restrictions, pour trois départements français,
le droit naturel de donner à des produits du sol le nom
du pays d'origine;
Ils regrettent qu'on cherche une fois de plus à trom-
per l'opinion; en faisant accroire que les décrets de dé-
limitation déjà rendus sont abrogés, alors que la modi-
fication introduite dans le texte de la loi de 1908 n'a cer-
tainement pas d'effet rétroactif
Ils constatent enfin que le système des caves séparées
ne doit disparaître que pour être remplacé par un sys-
tème plus draconien encore, et tel qu'aucune vente, ne
sera possible, la confiscation étant toujours à craindre
jusqu'à l'issue du litige; si bien qu'aucun négociant ne
se risquera à acheter, personne ne tenant à courir les
risques terribles d'un procès, en cas d'insuccès.
Ils demandent le vote immédiat du projet des séna-
teurs de l'Aube, qui est clair et net, et replace chacun
dans la.situation d'autrefois.
Le congres des chambres de commerce
Le congres.; des .chambres de commerce, qui s'est
ouvert;, hier à Roubaix sous la présidence de
M. D,avid-Meunier, vice-président de la chambre de
commerce de Paris, s'est réparti en trois commis-
sions pour l'examen des rapports présentés sur les
questions àl'ordre du jour: arbitrage international
pour le règlement des difficultés douanières, repré-
sentatlons commerciales à l'étranger, pénétration
industrielle et commerciale du Maroc, unification
de la, législation des chèques, coopératives et paten-
tes, monopoles d'Etat, responsabilité des commu-
nes, 'etc.
MOUVEMENT SOCIAL
La manifestation syndicaliste du 14 juillet
Les socialistes unifiés ont décidé de s'associer
à la manifestation que les syndicalistes préparent
pour le 14 juillet. Le bureau fédéral de la Seine a
on effet, communiqué ce matin la note suivante
La commission executive de la fédération de la Seine
a décidé, dans sa séance d'hier soir, de prendre part
à l'organisation de la manifestation pour l'amnistie qui
doit avoir lieu le 14 juillet prochain.
La manifestation aura lieu dans la matinée. Son iti-
néraire sera fixé ultérieurement et porté à la connais-
sance du prolétariat parisien par la presse.
Ailn de donner à cette manifestation le caractère de
force et de calme qu'elle doit revêtir, toutes les mesures
pour, en assurer l'ordre seront prises par les organisa-
teurs eux-mêmes comme il a été fait pour les mani-
festations antérieures de la fédération.
Les sections de la fédération de la Seine sont invi-
tées à adresser tout de suite au secrétariat, 49, rue de
Bretagne, les noms de leurs hommes de confiance.
Un meeting de cheminots
;4yeç, le patronage de la C. G. T., le Syndicat na-
.taonfll des-travailleurs des chemins de fer et-la fé-
dération des groupements de mécaniciens et chauf-
feurs avaient organisé hier, à la salle Wagram,
un meeting en faveur de la réintégration des che-
minots révoqués. L'affluence était grande, car des
travailleurs de toutes les corporations s'étaient
joints aux cheminots. Mais l'entente ne fut pas
facile à établir entre ces éléments divers. Dès qu'il
s'est agi de nommer le bureau, les réformistes et
les révolutionnaires se sont dressés les uns contre
les autres. Tandis que les premiers acceptaient
les noms proposés par le syndicat national et
réclamaient M. Bidegarray à la présidence, les ré-
volutionnaires voulaient imposer M. Le Guennic,
dont on connaît les théories violentes. Pendant près
d'une heure le tapage fut effroyable, le tumulte
indescriptible. Non seulement des injures, mais
aussi des coups furent échangés.
M. Bidegarray, secrétaire général du syndicat,
criait aux révolutionnaires « Si vous êtes venus
ici pour faire de l'obstruction, une obstruction
folle qui fait la joie des compagnies, il faut le
dire. »
Mais il réussissait simplement à se faire cons-
puer et à faire conspuer avec lui M. Jaurès
et les députés socialistes qui se trouvaient sur la
tribune. « A bas les députés! A bas les quinze
mille! » répétaient avec obstination'de nombreux
contradicteurs.
L'orage ne se calma que lorsque M. Bidegarray
eut offert à M. Le Guennic de venir siéger à son
côté, au bureau. Mais les divergences d'opinions,
dé tendances continuèrent de s'affirmer dans les
discours. Tandis que MM. Toulouse, Morin, Gom-
munay sont partisans des négociations, d'autras
orateurs, tels que MM. Le Guennic, Jouhàux, se-
crétaire général de la C. G. T., prêchent l'action di-
recte, la lutte implacable et violente. Tous, il est
'̃v^ai,' Tritiquent'avec' véhémence -les; *"• palinodies, .̃̃
tes fraîiisons » 'des députés « qui ont renié le
7 juillet leur vote du 14 avril ».
M. Communay, du P.-L.-iM., réussit à se faire
applaudir par toute la salle en faisant cette dé-
claration
Aurions-nous été 300,000 grévistes que nous aurions
été .vaincus, tout de même parce que, entre nous, nous
ne connaissons pas la discipline. Souvent la classe ou-
vrière a été vaincue non point par manque de courage,
mais par manque de discipline. Abandonnons les riva-
lités de personnes, songeons aux révoqués et qu'il y a
deux mille familles encore ballottées onn point par:les
tendances, mais par la misère.
M. Le Guennic a invité ses auditeurs à agir
« en révoltés conscients ». Il a affirmé « qu'il se
moque de l'action des députés, qu'il condamne toute
entente avec les pouvoirs », et que le syndicalisme
« n'est pas une théorie, une doctrine, mais une
réaction constante et violente contre la société ca-
pitaliste ».
Au moment où M. Jaurès prenait la parole plu-
sieurs députés socialistes entrèrent dans la salle.
revenant de la Chambre. Comme on connaissait
déjà les incidents de la séance provoqués par les
socialistes à propos de la réintégration, les nou-
veaux arrivants furent accueillis par des acclama-
tions. M. Jaurès bénéficia de cette nouvelle dispo-
sition de la salle qui était restée jusqu'alors agi-,
tée et houleuse.
Oui, dit-il, le parlementarisme mapque à sa
tâche. Mais c'est la faute du peuple qui, l'élection
faite, abandonne l'élu à sa bonne ou à sa, mauvaise
conscience. j"
Et il insista sur l'action du groupe socialiste
On avait promis de réintégrer les cheminots..On ne
l'a pas fait. Le groupe socialiste se dressera tous les
joùrs.idevant le gouvernement et lui dira « Vous, avez,
le droit d'écraser le peuple, vous n'avez pas celui
de lui mentir » Jusqu'à la fin de la session et à la
prochaine encore si cela est nécessaire, chaque jour
notre obstruction se reproduira. Car la victoire est au
bout de ces batailles.
Pour ne pas périr asphyxiée par la honte de sa tra-
hison, la majorité de la Chambre, qui nous avait pro-
mis des armes, devra vous réintégrer, sinon elle est ap-
pelée à mourir.
Comme M. Colly, qui avait pris à partie les
jaunes de la Chambre », avait conseillé aux che-
minots de ne pas se laisser entraîner par les
théories antiparlementaristes, M. Jouhaux a tenu
à « mettre en garde les travailleurs contre l'ac-
tion endormante des parlementaires ».
Dans l'ordre du jour voté à la fin de la réunion,
les auditeurs « flétrissent l'attitude du gouverne-
ment et de la majorité qui n'ont pas craint de re-
nier cyniquement le vote du 14 avril»,- et « en-
gagent le groupe socialiste parlementaire à conti-
nuer son obstruction à la Chambre ».
La grève générale du bâtiment
LA SITUATION CE MATIN
Le lundi étant dans le bâtiment un jour ha-
bituel de chômage, on attendait la journée d'au-
jourd'hui pour se rendre compte de t'importance
réelle du mouvement de grève. On espérait géné-
ralement que le nombre des chômeurs serait plu-
tôt en diminution ce matin. Mais c'est le contraire
qui semble s'être produit de nouveaux chantiers
ont été désertés. D'ailleurs la statistique dressée
par les soins de la préfecture de police accuse
déjà une augmentation de 366 grévistes pour Pa-
ris seulement; car hier on comptait 16,562 chô-
meurs, sur 23,587 ouvriers travaillant en temps
normal, et aujourd'hui on en signalé 16,928. Mais
en banlieue le mouvement s'est étendu aux car-
'rjersr-plâtriers; plusieurs plâtrières et ;glaisières
ont été désertées ce matin.
AUX CHAMBRES PATRONALES
Au groupe des chambres syndicales patronales
du bâtiment, rue de Lutèce, on n'a pas encore
pu centraliser des renseignements complets. Ce
n'est qu'à partir de cet après-midi que fonction-
nera une permanence destinée à recueillir et à
fournir tous les renseignements utiles aux entre-
preneurs.
Les présidents de chambre se réuniront à la fin
de chaque après-midi pour échanger leurs im-
pressions.
L'un d'eux nous a dit
Ce matin, il a semblé à quelques-uns de nos collègues
qu'il y avait une certaine détente. Mais ce n'est qu'une
impression.
Nous laisserons en tout cas nos chantiers ouverts, et
tous les ouvriers qui voudront travailler auront la li-
berté de le faire. Les mesures de police qui ont été pri-
ses sont en général très suffisantes pour maintenir en
respect les perturbateurs. La préfecture de police a en
effet mobilisé la garde, la police municipale et des trou-
pes d'infanterie, et les entrepreneurs qui ont demandé
un service d'ordre l'ont obtenu.
AU COMITÉ DE GRÈVE
Le comité de .grève tient deux réunions par
jour à la Maison des fédérations. Et il a nommé
une commission permanente de quatre membres
afin de recueillir et de donner les renseigne-
ments sur la marche du mouvement à toute heure.
Dans une de ses réunions d'hier le comité a
décidé « d'interdire formellement à tout camarade
de rester sur les chantiers, même comme gar-
dien » Cette décision s'applique aux maîtres-gar-
çons ou aux chefs de chantiers.
Le comité invite dans ses communiqués les
grévistes à organiser la chasse aux renards ».
C'est ainsi que dans une note publiée ce matin il
déclare
La chasse est ouverte et se fait toute heure de la
journée.
Le comité, central de grève rappelle à tous les ca-
marades que la réussite de la grève générale du bâti-
ment dépend de l'énergie qu'ils apporteront dans la lutte
engagée. Il leur rappelle qu'ils n'auront que les avan-
tages qu'ils sauront prendre et imposer par leur force,
leur énergie, l'union parfaite de tous les travailleurs.
L'Union des syndicats de la Seine s'associe à cette
« chasse aux renards » en adressant l'appel sui-
vant à tous ses adhérents
Devant l'attitude nettement de parti pris du gouver-
nement, prenant fait* et cause pour lespatrons tdubâti-
ment il est indispensable que nos camarades du bâti-
ment en grève puissent compter sur la solidarité de tous
les travailleurs organisés du département de la Seine.
Cette solidarité doit se manifester par une action des
ouvriers de toutes les professions contre les « rené-
gats », les « renards ». Que partout, à tous moments, en
tous lieux, il soit fait la chasse aux lâches qui trahis-
sent la cause ouvrière;
UNE DÉMARCHE DES INDÉPENDANTS
Les ouvriers adhérents à la Bourse libre du tra-
val de la rue Grégoire-de-Tours ont décidé de nom-
mer une délégation des travailleurs libres du bâti-
ment terrassiers, cimentiers, maçons, etc., qui se
rendra en délégation auprès des entrepreneurs du
bâtiment. Ils ont chargé le camarade Lambert, dé-
légué, de solliciter une audience auprès de qui de
droit afin de mettre leur « organisation en dehors
de toute responsabilité ».
Dans un ordre du jour ils affirment qu'ils n'ont
rien de commun avec les organisations en grève et
qu'ils veulent rester libres et indépendants et
travailler quand bon leur semblera, d'après les
statuts.
Le personnel municipal
Les délégués des organisations professionnelles
du personnel municipal et assimilé (préfecture
de la Seine, Mont-de-Piété, octroi, police, gaz,
électricité, pompes funèbres et cimetières) ont
tenu, rue François-Miron, 68, une réunion dans
laquelle ils ont transformé leur comité provisoire
en organisation fédérale permanente.
Puis après avoir constate que le Conseil mu-
nicipal allait se séparer sans avoir réalisé la ré-
versibilité de la demi-pension aux veuves, ils ont
décidé de mener une campagne active jusqu'à ce
qu'ils aient obtenu cette revendication à l'étude
depuis le 30 novembre 1908.
Une réunion des gaziers et des électriciens
Les ouvriers, employés, allumeurs de la Société
du gaz de Paris, et les employés des secteurs élec-
triques se sont réunis hier soir à la Bourse du
travail, pour protester « contre la violation des
droits reconnus par les conventions des 29 juillet
et 5 septembre 1907 au personnel des services
concédés assimilés ».
Ils ont voté un ordre du jour par lequel ils
« blâment les procédés de l'administration préfec-
torale et de la commission de contrôle du gaz, qui
dans un but qui ne saurait échapper, déclinent
tour à tour toute compétence dans les questions
de personnel qui leur sont soumises ». ̃
Ils ont décidé toutefois « d'attendre le résultat
de l'entrevue prochaine avec le préfet de la Seine
et de l'interpellation qui doit lui être adressée
mercredi» .Leurs conseils syndicaux auront le choix
« des moyens propres à obtenir sur tous les points
et dans les délais les plus brefs complète satis-
faction ».
Les gantiers de Millan
Nous avons annoncé que les grévistes de Millau
ont voté la résistance à outrance. Mais la caisse
syndicale étant devenue insuffisante pour subvenir
à l'entretien'des 3,000 ou 4,000 chômeurs, des deux
sexes, la corporation a décidé de consacrer tous
les subsides fournis par la solidarité ouvrière à
l'organisation de soupes communistes, et dimanche
matin ce moyen de résistance a donné prétexte à
une grande manifestation.
Les grévistes se sont rendus en longues théories
à la gare, pour y prendre livraison des neuf gran-
des marmites envoyées par les mégissiers de
Graulhet. Le cortège, précédé du drapeau rouge
de al fédération oyyrière^ avait à ,sa tête un groupe
de bambins endimanchés dont l'un portait au bout.
d'une perche une grande pancarte avec cette ins-
cription « Millau ne laissera pas mourir ses
enfants. » Puis venaient tambours, clairons et
musique, et des chariots portant, au milieu des
rangs des manifestants, les marmites communis-
tes enguirlandées. Le cortège a défilé le long des
boulevards au chant de r Internationale.
La manifestation a été calme et pacifique, et
quand elle a été terminée, le sous-préfet, M.
Blanchard, et l'adjoint au maire, M. Rudel, se sont
rendus à la Maison du peuple pour féliciter les
organisateurs du cortège et les grévistes.
La grève des gens de mer
Les armateurs ont déclaré aux autorités du port
de Londres qu'ils acceptaient d'avance toutes les
conditions que les autorités offriraient aux dockers
et aux gens de mer. Si ceux-ci n'étaient pas satis-
faits, les armateurs s'en remettraient à l'arbitrage e
du lord-maire sur la question des salaires. g
A Amsterdam, une agitation violente persiste.
Les ministres de l'intérieur, de la justice et de la
guerre ont eu une entrevue avec le bourgmestre
au sujet des derniers désordres. La' justice a opéré
trois perquisitions dans des maisons où les gré-
vistes se réunissaient cinq arrestations ont été
opérées, et des armes à feu ont été saisies.
Hier soir, un incendie a éclaté dans un chantier
de la Compagnie, de transports néerlando-alle-
mande. Une trentaine de balles de tabac ont été
brûlées ou(endommag-ées. On soupçonne qu'il s'a-
git d'un acte de sabotage. D'autres croient à un
accident.
AU JOUR LE JOUR
tes incidents du Conservatoire 8
Les jurys d'admission
On a vu hier, que d'après M. Charles-Marie Wi-
dor, quarante-cinq au moins des professeurs du
Conservatoire étaient fort mécontents d'avoir été
exclus des jurys d'admission à cet établissement.
M. Widôr nous assurait même que ses collègues
et lui avaient été remplacés dans ces jurys par
des personnes étrangères au Conservatoire, qui ne
sont que « des industriels sans vergogne, profes-
seurs sans talent, sans autorité, qui tirent profit
de leur titre de membres du jury des concours
d'admission au Conservatoire, qui inscrivent ce ti-
tre en gros caractères sur leurs cartes de visite,
etc., etc. ».
Et M. Widor concluait « Nous voulons que ces
gens s'en aillent, et nous voulons avoir de nou-
veau le droit de siéger dans ces jurys. »
Que sont donc ces jurys d'admission ? Et de qui
sont-ils composés? Il nous paraît utile de donner
ces renseignements d'après les documents officiels.
Aux termes de l'article 23 du décret organique
du 8 octobre 1905, modifié par le décret du 5 mars
1910, les jurys d'admission sont ainsi composés
1° Les membres de droit du conseil supérieur
d'enseignement, qui sont MM. Gabriel Fauré, Bour-
geat, Adrien Bernheim et Jean d'Estournelles de
Constant.
2° Quatre membres du conseil supérieur de l'en-
seignement au Conservatoire désignés par leurs
collègues sauf les professeurs de la spécialité.
3° Huit à dix membres nommés par le ministre;
sur la proposition du directeur du Conservatoire.
Ces jurys d'admission sont présidés par le di-
recteur du Conservatoire et condition impor-
tante en l'occurence ils ne sont nommés que pour
un an.
Mais qu'est-ce que le conseil supérieur de l'en-
seignement au Conservatoire? Sa composition le
dit. Il est formé, conformément à l'article 16
du décret déjà cité, de quelques membres dits
« de droit » qui sont le ministre des beaux-arts
ou le sous-secrétaire d'Etat, qui le préside, le
directeur du Conservatoire, le chef de division de
l'enseignement au ministère, le chef du bureau des
théâtres, le commissaire du gouvernement près
des théâtres subventionnés et le secrétaire géné-
ral du Conservatoire.
Les autres membres sont divisés en deux catégo-
ries celle des études dramatiques et celle des étu-
des musicales. Voici la composition de la catégo-
rie des études musicales, la seule dont il soit ques-
tion dans les polémiques actuelles
1° Quinze membres nommés par le ministre et
choisis en dehors du Conservatoire. Ce sont MM.
Massenet, Saint-Saëns, Alfred Bruneau, Paladilhe,
Henri Maréchal, de La Nux, Guy Ropartz, Gabriel
Pierné, André Wormser, Claude Debussy, Francis
Planté, Edouard Risler, Pierre Lalo, Mme Rose Ga-
ron et M. Delmas.
2° Huit membres nommés par le ministre et
choisis parmi les professeurs titulaires du Con-
servatoire MM. Paul Dukas, Dubulle, Paul Vi-
dal, Widor, Chevillard, Philipp, Xavier Leroux,
Guilmant (ce dernier, décédé, non encore rem-<
placé).
Aux termes de l'article 17 les membres du con-:
seil sont nommés pour trois ans.
Voilà donc quel est ce conseil supérieur de l'en-
seignement au Conservatoire, qui désigne chaque
année quatre membres du jury d'admission.
Ces quatre membres étaient pour la dernière.
année scolaire
M. Messager, compositeur de musique, directeur
de l'Opéra;
M. Alfred Bruneau, compositeur de musique,
inspecteur de l'enseignement dans les conserva-
toires de province;
M. Paul V. de La Nux, compositeur de musi-
que, grand-prix de Rome, et lui aussi inspecteur
de l'enseignement dans les conservatoires de pro-
vince gn e epo
M. Delmas, de l'Opéra.
Mais on a vu que huit à dix autres des mem-
bres de ce jury étaient nommés par le ministre
sur la proposition du directeur du Conservatoire.
Pour chacune des spécialités de l'enseignement du
Conservatoire, ces membres sont naturellement
différents. Mais si l'on examine la catégorie du
chant, celle-là môme qui suscite tant de repro-
ches et de récriminations, on constateque les mem- ••
bres du jury d'admission à ces classes, jurés nom-
més par le ministre sur la proposition du direc-
teur du Conservatoire, étaient, pour la dernière
année scolaire, les suivants
M. Henri Bûsser, chef d'orchestre à l'Opéra,
professeur d'ensemble vocal au Conservatoire;
M. Henri Rabaud, chef d'orchestre à l'Opéra;
M. Albert Bertelin, compositeur de musique;
Le ténor Léon Escalaïs;
M. Dofranne, de l'Opéra et de l'Opéra-Comique*
M. Thomas Salignac, de l'Opéra-Comique;
M. Maurice Renaud, de l'Opéra;
Et enfin deux professeurs libres de chant, fai-
sant seuls partie par conséquent de la catégorie
des « professeurs étrangers au Conservatoire »
dont M. Widor nous parlait hier MM. Landes-
que-Dimitri et Fendall Pegram.'
Ajoutons que les jurys d'admission deviennent
les « comités d'examen » qui, à deux reprises, au
cours de l'année scolaire, se réunissent pour se
rendre compte de l'état des travaux des élèves.
Le cas de Mlle Devriès
Nous avons annoncé hier que le sous-secrétaire
d'Etat aux beaux-arts avait décidé que Mlle De-
vriès ne recevrait -pas le prix qui lui avait été
attribué au dernier concours d'opéra comique.
Avant de connaître cette décision, Mlle Devriès
avait écrit à M. Gabriel Fauré la lettre que voici
Paris, ce 10 juillet.
Monsieur le directeur,
Je suis navrée de voir qu'à propos d'un incident au-
quel j'ai été mêlée sans le vouloir et sans le savoir,
on entreprend une campagne contre les examens du
Conservatoire, le fonctionnement du jury, etc.
Vous savez mieux que personne combien le récit de
cet incident a été grossi et dénaturé. Je n'avais jamais
songé à protester en quoi que ce soit au' cours du
concours d'opéra comique, et si je me suis présentée
sur la scène avec mes excellentes camarades Mlles
Kirsch et Thévenet quand on a proclamé les résultats,
c'est que je croyais avoir été appelée avec elles.
Vous avez vu mon émotion et l'affolement dans. le-
quel cette erreur m'avait jeté,e vous avez eu alors
l'indulgente pensée de provoquer spontanément un
nouvel avis des membres du jury qui étaient à vos
cotés, et d'accord avec eux, par bonté, vous m'avez at-
tribué un premier prix. ·
Je ne vous cacherai pas que j'en ai été tout heu-
reuse et toute reconnaissante. C'était la joie de mon
professeur, M. Isnardon, toujours si bon et si dévoué
pour moi, l'orgueil de tous les miens et le couronne-
ment de mes efforts, et c'était aussi, pourquoi ne pas
l'avouer? ma seule ressource dans l'avenir difficile.
Mais en raison des polémiques soulevées, je viens
vous prier, mon cher maître, d'annuler cette décision
et de reprendre votre récompense.
Ce prix ne peut plus me faire aucun plaisir, s'il cause
tant de peines autour de moi. Il ne peut mefaireaucun
bien s'il fait du mal au Conservatoire lui-même, dont
j'ai reçu les leçons.
Au seuil de ma carrière, je ne veux pas que mon
nom apporte une douleur à ceux qui m'ont appris à
étudier, a "comprendre et à admirer dans cette grande
et belle maison.
Ce serait payer trop cher le succès d'une journée.
Je n'ai pasb esoin de vous dire mon chagrin, mais au
contraire l'immense respect que nous avons, tous et
toutes, pour notre illustre maître, et la profonde défé-
rence avec laquelle je suis votre élève très obéissante
et très dévouée. •
fieadémie des sciences
JÇj'Eçole golytechmque echni e
Leckire est 'donnée". 'd'une lettre par laquelle le
ministre de la guerre invite ".l'Académie à .lui
adresser une liste des deux membres désignés par
elle et chargés, de la sheprésen-ter au conseil de
perfectionnement de l'Ecole polytechnique.
Les deux membres sortante, lesquels sont rééli-
giibles, sont MM. Léauté et Henri Poincaré.
L'Académie procédera à cetbe désignation au
cours d'aine des prochaines séances.
Election d'un correspondant
L'Académie procède à l'élection d'un correspon-
dant national pour la section de zoologie et méde-
cine' en remplacement de M, Sabatier, décédé.
La section avait classé les candidats dans l'ordre
suivant et porté
En première ligne M. Renaut, de Lyon en
deuxième ligne et par ordre alphabétique MM.
Bataillon, professeur à la faculté des sciences de
Dijon; 'Cuenot, professeur à 'la facuiliié des scien-
ces de Nancy; Kœhler, professeur à la faculté des
sciences de Lyon, et Sauvage, de Boulogne.
Au premier tour de scrutin, M. Renaut a été élu
à la presque unanimité des suffrages sur 35 vo-
tants.
Le docteur Renaut, professeur à' la faculté de
médecine de Lyon. est l'auteur de travaux très
estimés, .notamment sur l'histologie des tissus.
Prix
L'Académie décerne les pijix suivants
Géométrie
Prix Prancœur (1,000 fr.). ^M. Emile Lemoine, pour
l'ensemble de ses travaux. ('
Mécaniqiie
Prix Montyon (700 fr.). M. Jouçiiet, professeur à'
l'Ecole des mines et répétiteur à'i'Ecole polytechnique,
autenr de nombreux travaux relatifs à la thermodyna-
mique et à la mécanique chimique;
Récompense à. M. Duchêne, capitaine du génie, pour
son ouvrage intitulé L'aéroplane étudié et calculé par
lis mathématiques élémentaires.
Prix Poncelet (2,000 fr.). M. Râteau, pour l'en-
semble de ses travaux.
Navigation
Prix Plumey (4,000 fr.). Prix de 1,000 francs à
M. R. Lelong, ingénieur en chef de la marine, pour la
contribution qu'il a apportée au perfectionnement des
appareils moteurs de la marine..
Astronomie
Prix Pierre Guzman (100,000 fr.). Décerné à celui
qui aura trouvé le moyen de communiquer avec un
astre autre que Mars. A défaut de ce prix, les intérêts
seront attribués, en 1915, à un savant qui aura fait faire
un progrès important à l'astronomie.
Le prix n'est pas décerné.
Prix Lalande (540 fr.). M. Lewis Boss, directeur du
département d'astronomie méridienne à l'institution
Carnegie de Washington, pour son Catalogue général
de 6,188 étoiles, préparé à l'observatoire Dudley à
Albany.
Prix Valz (460 fr.). M. G. Rambaud, attaché à
l'observatoire d'Alger, pour ses travaux relatifs à la
détermination des étoiles de culmination lunaire et à
l'observation des comètes.
Prix G. de Pontécoulant (700 fr.). M. L. Sehulof,
pour ses travaux relatifs principalement à la théorie
des comètes et pour la part effective qu'il a prise à.
l'achèvement des Tables de la lime, fondées sur la.
théorie de Delaunay.
Prix Damoiseau (2,000 fr.). Question posée
« Théorie de la planète Eros, basée sur toutes les obser-
vations connues ». Prix partagé entre MM. Millosewitch,
Witt/Lagarde.
Géographie
Prix Tchihatchef (3,0Q0; fr.). Prix partagé entrs.
M. de Schoialsky, major-général, chef du service hyp-
sométrique au ministère des voies et communications
et président de* la section de géographie physique de la
Société impériale russe de géographie, pour la » Nou-
velle: détermination de la superficie des bassins fluviaux
ou maritimes et des circonscriptions administratives de
l'Asie russe entreprise en 1896 aveo le lieutenant-
général de Tillot, correspondant de l'Académie, pour-
suivie et menée à bonne fin, en 1905, après la mort du
général de Tillot, survenue en 1899, et MM. Deprat et
Mansuy, pour les résultats obtenus par la mission de
reconnaissance géologique dans le Yunnan orientai, dont
ils avaient été chargés par le gouverneur général de
l'Indo-Chine avec l'agrément du gouvernement chinois.
Prix Gay (1,500 fr.). M. Paul Lemoine, pour l'en-
semble de ses travaux de géologie coloniale, consacrés
spécialement à l'atlas marocain de la région de Mara-
kech et surtout à Madagascar.
Minéralogie et géologie
Prix Fontannes (2,000 fr.). M. Cossmann, pour
l'ensemble de ses travaux paléontologiques.
Prix Victor Raulin (1,500 fr.). M. Emmanuel de.
Margerie, pour l'ensemble de ses travaux, et en parti-
culier pour sa tràdnction en notre langue du grand
ouvrage d'Edouard Suess AntlUz der Erde.
C'est la troisième fois que je viens reproduire à cette
tribune les engagements inscrits dans la déclaration
ministérielle, et confirmés ensuite dans mes déclarations
Terbales.
Toutes les mesures d'humanité seront provoquées et
obtenues. Tous les efforts seront faits pour obtenir les
réintégrations raisonnables. (Bruit.)
M. Gabriel-Ellen Prévôt. Les représailles pren-
dront-elles fin?
Le président du conseil.- SI des représailles sont
exercées, je les réprouve de toutes mes forces, et je
ferai en sorte quelles ne continuent pas. (Applaudis-
sements.)
Voilà jusqu'où ira le gouvernement. Il n'ira pas et
ne peut pas aller jusqu'à la théorie, soutenue par
M. Thomas.
M. Vaillant. La vraie! 1
Le président du conseil. C'est votre avis, par con-
séquent oe n'est pas le mien. (Vifs applaudissements à
gauche et au centre. Bruit prolongé à l'extrême
gauche.) ̃•̃••̃
M. Jaurès. -r- Aux temps loiot-ains, très lointains, de
l'impôt sur le revenu, M. Caillaux ne parlait pas ainsi.
(Applaudissem/entSià-.rextrÊmg^gauche.j,
Le, président du conseil. M. Jaurès me fournit la
fin de mon développement. Nous pourrons nous trouver
d'accord sur des réformes démocratiques nous ne nous
trouverons jamais d'accord pour la démagogie et pour
le désordre. (Vifs applaudissements répétés à gauche.-
Bruit à l'extrême gauche,)
Le mot de démagogie vient fouetter M. Jau-
rès en plein figure; pâle, il se dresse à son banc:
et sous le flot des interruptions qui se croisent
et dont la violence déjà annonce les orages pro-
chains, il crie
M. Jaurès. M. le président du conseil oublie qu'il
faisait partie, comme ministre responsable, de ce cabinet
Monis qui avait promis de réintégrer les cheminots.
(Vifs applaudissements à l'extrême gauche. Bruit.)
Et si c'était là de la démagogie, il n'aurait pas dû,
alors, rester à son banc. (Bruit.)
M. Maginot. Il y restera parce que tant qu'il vous
combattra, nous le défendrons. (Vives interruptions à
l'extrême gauche.) -̃̃-•.
M. Jaurès. Ce qui est de la démagogie, et de la plus
abominable, c'est de se hisser au pouvoir en prodiguant
les promesses au peuple, et puis, quand on croit qu'en
les violant on pourra monter plus haut, de les déchirer!
(Vifs applaudissements répétés à l'extrême gauche.
Bruit prolongé à gauche.)
Quant au parti radical, il nous dira s'il veut être offi-
ciellement le parti des renégats. (Vives protestations à
gauche.)
M. Caillaux hausse les épaules, reste à son banc,
se tait oui, les temps sont lointains où on fac-
cusait d'être en coquetterie réglée avec M. Jau-
rès, dont on disait qu'il était le fourrier; c'était
vendredi, sur l'ordre du jour de M. Péchadre, con-
cernant les cheminots, la coupure entre radicaux
et unifiés; ce fut hier la rupture personnelle
entre M. Jaurès et M. Caillaux.
Au tour de M. Colly de venir défendre tes che-
minots; ils le- fit avec -une .violence qui parut à
beaucoup moins spontanée que. réfléchie. Peut-
on analyser un discours d'injures? Il suffit de les
citer. A peine- M. Colly est-il à la tribune que
la Chambre, excédée de ce débat qui revient pour
la troisième fois depuis dix jours, réclame la
clôture >
Plusieurs membres. La clôture i
M. Colly. Nous la demandons aussi, mais nous y
mettons une condition la réintégration des cheminots.
(Applaudissements à l'extrême gauche. Bruit.)
Et tant que les cheminots ne seront pas réintégrés.
(Interruptions.)
M. Fernand David. Alors vous avouez votre inten-
tion de brimer la Chambre ?
Plusieurs membres à l'extrême gauche. Oui I (Vives
protestations à gauche et bruit.)
M. Colly. Notre collègue Fernand David ne se sou-
vient plus de ses anciens votes, en faveur des cheminots?
M. Fernand David. Vous tombez mal, car je n'ai
pas voté l'ordre du jour dont vous parlez. (Applaudis-
sements ironiques à l'extrême gauche.)
M. Colly. C'est tant pis pour vous. La clôture ne
eera prononcée, définitivement prononcée que lorsque
les cheminots seront réintégrés. (Exclamations sur un
grand nombre de bancs. Applaudissements à l'ex-
trême gauche. Bruit.)
Il ajoute cet avertissement qui donne un avant-
goût de la cité sociale, et de la liberté qui y ré-
gnerait
Ah vraiment, nous vous brimons! Si nous avions la
force comme nous avons la-volonté, ce seraient d'autre3
brimades que nous vous ferions subir. (Exclamations.
Bruit).
Quelles violences ajoute- 1- il encore ? Les voi-
ei
Vous.n'aurez la paix ici que lorsque nous l'aurons
nou^n^émes,' que lorsqu'il n£ aura P^,3e cheminots.
révoqués, plus de cheminots, dans la misère. Cela peut
vous gêner, vous", les ventres dorés 1 (Exclamations sur
un grand nombre de bancs. Bruit.)
Le président. Je vous rappelle à l'ordre.
M. Colly. Vous ne digérerez en paix que lorsque
nous aurons la paix nous-mêmes.
Tant qu'il nous restera un souffle de vie (Mouve-
ments divers,) vous pouvez rire, je sais que vous êtes
incapables'de tels dévouements nous le mettrons au
service de notre cause, et lorsque, par la volonté minis-
térielle, les travaux parlementaires seront clos, nous
irons dans vos circonscriptions.
M. de Boury. Venez-y; on vous recevra bien. (Très
bien! Très bien!) ̃
M. Colly. dire à vos électeurs quelles sont vos
félonies. (Vives exclamations. Bruit.)
Le président. Je vous rappelle à l'ordre avec
inscription au procès-verbal. (Très bien! Très bien!)
M. Colly. Nous irons au milieu des canards de vos
mares stagnantes, dire comment vous vous conduisez ici,
représentants menteurs du peuple! (Vives exolamations.
»– Bruit répété et prolongé.)
M Maginot. Ce sont vos mensonges accumulés qui
ont conduit les cheminots où ils sont. (Nouvelles excla-
mations. Vives interruptions. Bruit prolongé.
Tumulte. Agitation.)
Le mot « tumulte » des comptes rendus offi-
ciels indique proprement que l'on va se battre. On
Voit M. Walter, M., Emile Dumas, M. Lavaud, so-
cialistes unifiés, qui descendent de leurs bancs si-
tués sur les hauteurs pour se jeter vers M. Ma-
ginot dont la. haute taille se dresse au centre
mais il leur faut traverser tes banc radicaux. C'est
d'abord M. Walter qui est arrêté au passage par
plusieurs députés.
Quant à M. Dumas, tout petit, tout menu ce-
kti-là même à qui, l'autre jour, dans une scène
préliminaire 8e violence, M. Coûtant conseillait
amicalement «ede se faire refaire par sa mère »,
il a la mauvaise fortune d'escalader un banc qui
se trouve au-dessous de celui de M. Dusevel. M.
Dusevel est un grand et solide gaillard, un bon
géant, silencieux et doux, qui, sans un mot, sans
violence, cueille par derrière les revers de la ja-
quette de M. Dumas, et de ses deux mains puissan-
tes, nouées autour du cou de celui-ci, immobilise
ses efforts. C'est fait sans violence, simplement
pour arrêter dans son élan un homme un peu ra-
geur qui veut se livrer à des actes excessifs sur
«on voisin.
Pas de coups par bonheur dans l'Assemblée; mais
un tumulte tel que le président se couvre et sus-
pend la séance.
On* la reprend une demi-heure après; M. Colly.
remonte à la tribune et reprend ses injures
« Vous devriez dire, si vous aviez la conscience
"droite. Je souffre, moi, moralement, des mi-
sères de mes camarades. Si je n'avais pas le cœur
plus haut que vous. Les représentants du peuple
sont des fumistes. » °
Il termine enfin. On demande à gauche l'ordre
du jour pur et simple. M. Caillaux l'accepte en
y attachant le sens de la confiance.
Et nous, le sens que lui donne simplement
la langue française, réplique M. Bonnefous, à qui
M. Jules Roche se joint pour rappeler que le
gouvernement accepte à présent l'ordre du jour
pur et simple qu'il a refusé l'avant-veille sur
la même question.
Les unifiés présentent une demande de scrutin
public à la tribune; puis ils la retirent. On ri-
cane à gauche; alors ils la reprennent; mais sur
les quarante signataires 36 seulement répondent
à l'appel; les autres sont partis. Les unifiés ré-
clament on n'a pas bien lu les noms. M. Tho-
mas, M. Raffin-Dugens escaladent l'escalier
présidentiel et gesticulent avec violence; mais le
règlement est là; ilfaut -l'appliquer; le scrutin
public rie peut avoir lieu à 4a tribune.
Par 433 voix contre 86; au scrutin ordinaire,
l'ordre du jour pur et simple est adopté.
Est-ce fini? Non pas. Il y a le troisième projet
de résolution du troisième unifié, M. Lauche.
Le marchandage
Mais M. Lauche est fort gêné il est neuf heu-
res un quart; et, à neuf hsures, s'ouvre le meeting
de la salle Wagram en faveur des cheminots; il
faut y être.
M. Jaurès y est déjà parti. M. Lauche se décide
à demander la remisé de la discussion au lende-
main mais c'est au tour de la majorité de ne pas
se considérer comme à la disposition des unifiés;
brimée pour brimée, elle préfère en finir le soir
même; elle réclame, avec énergie la discussion im-
médiate. 'Elle est ordonnée.
Voici le projet de résolution que développe M.
Lauche
La Chambre, rappelant les votes répétés par lesquels
eue a condamné la pratique du marchandage, demande
au gouvernement de poursuivre devant le Sénat le vote
définitif de la loi interdisant le marchandage sous toutes
ses formes et passe à l'ordre du jour.
M. René Renoult, ministre du travail, en termes
très nets, a condamné le marchandage et promis
d'appuyer au Sénat le vote du projet adopté par
la Chambre qui complète le décret du 2 mars
1848 le prohibant.
M. Colly, remontant à la tribune, s'apprêtait à
renouveler ses violences. La Chambre, tout de mê-
me impatientée, a réclamé la clôture avec une
telle énergie qu'elle a été, prononcée.
L'ordre du jour suivant de MM. Dumesnil et
Perrissoud a clos le débat
La Chambre, approuvant les déclarations du gouver-
nement et confiante en lui pour faire aboutir dans le
plus bref délai la loi contre le marchandage, et repous-
sant toute addition passe à l'ordre du jour. (Bruit à
l'extrême gauche.)
Par 384 voix contre 76, il a été adopté.
Cette séance de violences est enfin levée à dix
heures et demie.
CHRONIQUE ÉLECTORALE 1
Conseils généraux
Marne, Dans Ile canton do Verzy, M. Remy,
radical, a été élu conseiller général par 2,218 voix
sur 2,32G votants.
Il s'agissait de remplacer M. Pochet, conseiller
radical, décédé.
NOUVELLES MUNICIPALES
Le palais des expositions
II semble qu'on touche au moment où sera résolue
la question de la construction à Paris d'un palais
des expositions destiné à remplacer l'ancienne gale-
rie des Machines. Et il est désirable qu'on aboutisse
rapidement autant pour la satisfaction qu'en tire-
ront les agriculteurs, les commerçants et les indus-
triels, que parce qu'on mettra ainsi fin au conflit
pendant entre le Parlement et le Conseil municipal.
La Ville n'ayant pas assez rapidement, au gré des
députés, résolu le problème qu'on lui posait a vu
depuis'de longs mois opposer systématiquement
une fin de non-recevoir a toutes ses propositions
concernant la suppression des fortifications. les tra-
vaux du Gaz, l'emprunt du Métropolitain, etc.
Il est temps, pour le bien de tous, que cette situa-
tion prenne fin, et c'est pourquoi, à l'instigation de
M. Félix Roussel, président du Conseil municipal,
une importante réunion a eu lieu hier soir au mi-
nistère des finances. sous la présidence de M. Klotz.
M. Messimy, ministre de la guerre, et M. Pams,
ministre de l'agriculture, y assistaient, avec MM.
Méline et Gomot, sénateurs Cochery, Clémentel,
Raynaud et Plissonnier, députés Félix Roussel,
Dausset, Chérioux, conseillers municipaux; Ogier,
secrétaire général du ministère de l'intérieur De-
lanney, préfet de la Seine; le général Chevalier,
directeur du génie, et M. Privat-Deschanel, direc-
teur général do la comptabilité publique.
Sur la question de construction du palais, tout
le immonde est d'accord; c'est sur l'emplacement
qu'on diffère d'avis. Le choix de l'emplacement a donc
fait tous les frais de la conversation, et on a exa-
miné une à une toutes les propositions faites de
divers côtés. Par élimination on est arrivé à n'en
retenir que trois celles qui placeraient le palais
soit à la porte Maillot, sur les terrains des fortifica-
tions, soit du côté de Passy, soit enfin au Champ
de Mars.
La solution de Passy a été écartée, comme néces-
sitant une mise de fonds trop.importante. Et après
un long débat on a dû écarter aussi la solution de
la porte Maillot. Le ministère de la guerre ne s'op-
pose plus en principe au déclassement des fortifica-
tions, mais il se refuse formellement a entreprendre
l'opération par petits paquets. Or il faudra six mois
au moins pour mettre sur pied un projet d'ensemble
et la question du palais ne peut plus attendre.
Reste donc le Champ de Mars. Le Conseil muni-
cipal s'est, à maintes reprises, prononcé contre la
construction en ce lieu d'un palais d'exposition il
craignait de voir abîmer la, perspective des bâti-
ments de l'Ecole militaire et il redoutait aussi qu'on
ne saccageât le parc qu'il a créé dans la partie cen-
trale du Champ de Mars. P
Or les représentants des régions agricoles dési-
rent plus particulièrement obtenir cet emplace-
ment. M. Méline y a insisté, faisant valoir d'ail-
leurs que dans la construction on se conformerait
aux alignements fixés par la Ville elle-même, et
acceptant la charge de remise on état aussitôt
après chaque concours agricole, c'est-à-dire avant
le printemps, des quelques pelouses qui auraient été
abîmées en février.
M. Chérioux, rapporteur au Conseil municipal, a
maintenu sa manière de voir, qui est tout opposée,
mais il est possible que le Conseil se laisse impres-
sionner par l'argumentation de M. Méline.
Il'sera en tout baas&isf 'dès demain* par"M,î>FéliX'
Roussel de la question suivante, dont le texte a été
arrêté à la réunion d'hier
La Ville consentirait-elle, le cas échéant et en prin-
cipe, à l'établissement de palais de l'agriculture, pou-
vant servir à d'autres expositions sur l'emplacement
dujChamp-de-Mars ? Ces palais seraient établis sur les
deux côtes des terrains restés libres et dans l'aligne-
ment des constructions autorisées par la Ville, de ma-
nière à ne pas nuire à la perspective de l'Ecole mili-
taire, et à conserver entre les palais le même espace
libre que dans le surplus du Champ-de-Mars.
M. Félix Roussel insistera sur- les avantages qu'il
y aurait pour la Ville, en donnant satisfaction aux
Chambres à supprimer tout prétexte à boycottage
de ses propositions. Et au cas où le Conseil adopte-
rait cette manière de voir, il l'informera que le mi-
nistre des finances nommera pour étuier les voies
et moyens de réaliser l'opération une sous-com-
mission composée de MM. Méline, Cochery, Clé-
mentel, Raynaud, Delanney, Félix Roussel, Daus-
set, Ogier, le général Chevalier, Privat-Deschanel
et Barat, directeur de l'hydraulique au ministère
de l'agriculture.
M. de Selves à l'Hôtel de Ville
Après les adieux qu'il a officiellement adressés
au Conseil municipal, le ministre des affaires étran-
gères a manifesté le désir de se retrouver une fois
encore dans une réunion intime avec les membres
de l'assemblée. Aussi sera-t-il reçu sans protocole
et sans faste cet après-midi, à six heures, dans le
bureau du président du Conseil.
CONSEIL MUNICIPAL
SÉANCE DU 10 JUILLET
M. Félix Roussel préside.
[Travaux dans Paris. M. Froment-Meurice fait
décider l'élargissement de la rue de Sèvres au
droit du n° 10. Il rapporte également un projet d'é-
tablissement d'accès pour la ligne métropolitaine
n° 8 place de la Concorde. Mais le conseil refuse
d'approuver ce projet, qui placerait les accès de-
vant le ministère de la marine et le Cercle de l'auto-
mobile par des trottoirs élargis à neuf mètres'
Comme d'autre part rien n'est prévu pour les com-
munications souterraines des lignes nos. 1 et 8, le
Conseil, qui se refuse à faire éventrer là place à
deux reprises, ajourne l'affaire. L'administration
devra présenter un plan d'ensemble, et envisager
l'accès du souterrain soit par les socles des statues,
soit par la rue Boissy-d'Anglas, soit par les ouver-
tures existant déjà par les autres lignes.
M. Deslandres fait approuver diverses propo-
sitions ayant pour but d'améliorer le service des
cours de rivière. On s'occupera aussi des eaux de
source en réparant l'aqueduc de laDhuis et en pro-
tégeant mieux les sources captées.
Contre les publicités obscènes. M. Marcel Habert
pose au préfet de police une question sur la « saleté
morale » de Paris. Tolérera-t-il longtemps qu'à
tous les kiosques s'étalent des publications porno-
graphiques et des gravures obscènes qu'au théâ-
tre et au café-concert les spectacles soient parfois
scandaleux, qu'on crie et qu'on vende sur la voie
publique des feuilles immondes ? A l'étranger, en
Belgique notamment, où une liberté très grande
avaitconduit aux mêmes résultats que chez nous,
il a suffi d'un peu d'énergie et d'entente pour ba-
layer définitivement les publications licencieuses. Il
est urgent pour la morale publique qu'on agisse
de même à Paris.
M. Lépine convient que la situation est fâcheuse.
Les actes de répression pourtant n'ont pas manqué,
mais on ne peut atteindre l'obscénité que lorqu'elle
est matérielle, brutale. Or elle s'ingénie à se cacher
sous des dehors artistiques, et les magistrats, qui
ne veulent point passer pour des « philistins », sont
indulgents dès qu'on invoque l'esthétique S'agit-il
de prospectus ou d'annonces? La Cour de cassation
exige que l'immoralité soit nettement caractérisée
par le texte ou par l'image. Essayera-t-on de pour-
suivre les auteurs de scènes révoltantes comme
celles de certains bals annuels? Impossible la re-
présentation est privée, il n'y a pas eu outrage
public à la pudeur.
On conçoit que dans ces conditions la .répression
soit difficile. Et ceci amène le Conseil, après avoir
entendu MM. Deslandres et Duval-Arnould, à émet-
tre le vœu « que les pouvoirs publics appliquent
rigoureusement les lois existantes et que les nou-
veaux projets de loi destinés à réprimer les outra-
ges aux bonnes mœurs soient examinés par le Par-
lement dans le plus bref délai possible. »
En attendant le préfet de la Seine et le préfet de
police à qui appartiennent la concession et la sur-
veillance des kiosques peuvent user avec énergie
des armes dont ils disposent.
Affaires diverses. Sur le rapport de M. A. Ou-
din, on décide de ne plus autoriser, jusqu'à nouvel
avis, l'installation d'edicules sur la voie publique.
M. Massard fait approuver le renouvellement
aux Concerts-Colonne de leur bail au théâtre du
Châtelet.
A la demande de M. Alpy et sur avis favorable
de l'administration, le Conseil invite le préfet à
exiger l'application du compteur à toutes les voi-
tures de place.
M. Maurice Quentin fait voter 8,000 francs pour
organisation aux gares de l'Est et de Lyon d'un
service médical de protection contre le choléra.
M. Massard, d'accord avec M. Alpy, dépose un
projet de vœu tendant à rejeter la responsabilité
pécuniaire des troubles publics sur l'Etat ou sur la
commune, suivant qu'au cours de ces troubles c'est
l'Etat ou la commune qui étaient investis des pou-
voirs de police.
Enfin à une question de M. Mithouard sur le re-
tard apporté par le Parlement au vote de l'emprunt
de 205 millions qui permettra d'améliorer le service
du gaz, le préfet de la Seine répond qu'il a déjà
fait et qu'il va faire encore de pressantes démar-
ches pour obtenir ce vote.
Séance mercredi.
HOUVEKLES DU JOUR
;u;. ü: ¡¡; 1'1'
La conférence des républicains socialistes
La première, conférence interfédérale du parti
socialiste, qui, s'est terminée hier, s'est occupée
surtout de l'organisation matérielle du nouveau
parti. ̃̃̃̃̃
Une commission administrative provisoire a été
chargée de mettre au point et d'appliquer les ré-
solutions prises.
Cependant les questions doctrinales sont éga-
lement tenues en discussion. Et Jà, l'accord fut
loin d'être parfait. Plusieurs tendances se sont fait
jour et se sont manifestées par des incidents assez
violents.
On sait que les « républicains socialistes » com-
prennent, sauf quelques hommes nouveaux, les
membres de l'ancien parti socialiste français, de
la fédération réformiste née du discours de Saint-
Mand'é, etc. Il ne fut pas possible de fondre entiè-
rement toutes ces tendances .diverses pour obtenir
l'unanimité.
Un incident a montré clairement Jes diver-
gences de vues des délégués.
L'assemblée avait adopté •un© résolution dont
nous avons donné hier le texte en faveur de la
'réintégration des cheminots.
Or, au cours de l'après-midi, comme la question
de l'arbitrage était à l'ordre du jour, un délégué
profita de ta présence de M. Millerand pour lui
demander à l'issue du grand discours pro-
noncé par île député du 12° sur le programme po-
litique et économique du nouveau parti de
prendre la parole à la Chambre en faveur des
réintégrations.
M. Millerand déclara qu'il se refusait à parler
devant la Chambre dans ce sens.
Un gouvernement, a-t-il dit en substance, man-
querait à tous, ses devoirs s'il n'empêchait «de
toutes ses, forces et par tous les moyens » l'in-
terruption d'un service public aussi important que
celui des chemins de fer. D'aùitre part, -M' serait
inhabile de faine aux compagnies des menaces non
suivies d'effet.
M. Millerand voit bien une solution c'est
le rachat. Mais le rachat comporte d'innom-
brables difficultés. « Je connais ces difficul-
tés, a dit l'ancien ministre, et comme je ne sou'-
haite pas d« mal à mes successeurs, comme le
rachat de l'Ouest n'est pas encore digéré, je me
refuse à sortir des foudres mouillées d'avance. »
La réponse de M. Millerand fut, à plusieurs re-
prises, violemment interrompue.
Des délégués rappelèrent le discours de M. Bar-
thou, affirmant, devant de Sénat, le droit de grève
des employés des chemims d-e fer, et le vote de
la Ohambre demandant au gouvernement de pren-
dre des mesures pour contraindre les compagnies
à réin-tégner les employés révoqués à 'l'occasion
de la grève.
Il'y a des armas, s'écria l'un d'eux, le projet
Dumont, par exemple!
M. Zévaès vint ensuite reconnaître que des pa-
roles .impru'dentes avaient été ̃ prononcées à la-
Chambre. « Ce n'est pas, en tout cas, ajouta-t-il,
par le sabotage des séances parlementaires, ajouté
au sabotage des voi-fis ferrées, que les réintégra-
tions pourront avoir lieu. »
Il n'y a, pour M. Zévaès, qu'une solution lé
vote du projet d'arbitrage présenté par M. Mille-
̃rand. Et l'orateur dépose un vceu dans ce sens.
Mais ce vœu n'est pas adopté. La plupart des
délégués sont debout et discutent avec véhémence
sur les paroiles prononcées Par M. Millerand.
D'autres divergences de vues, non moins impor-
tantes, s'étaient manifestées dans les précédentes
séances.
Tous les délégués étaient d'accord pour mar-
jqixor les raisons qui les séparent des unifiés. Pour
eux, ié OT'lèctiv-isme*îÔté%raï'à fait 'son temps;; 'et
à « la socialisation de tous moyens de production'
et d'échange», ils opposent la « socialisaition des
forces naturelles et des services publics ».
Mais il fut moins facile de délimiter le nouveau
parti du .parti .radical socialiste. Ce dernier, lui
aussi, est partisan des monopoles, et l'on ne voit
pas bien que'Ides sovit les différences essen>tieHes
entre tes deux doctrines. Telles furent du moms
les raisons données par quelques-uns des délé-
gués qui se refusaient à exclure les radicaux so-
cialistes.
D'autre part, l'article 1" de la déclaration du
nouveau parti prévoit « ̃l'adhésion des syndicats
et des coopératives ». M. Zévaès indiqua Jwen que
ce seul paragraphe était l'objet de toutes les di-
vergences entre socia'listes, « depuis 'la vieille In-
temationale jusqu'aux derniers congrès unifiés ».
Aussi la conférence jugea-t-elle qu'il était sage
de renvoyer toute la déclaration à l'étude des
fédérations. Elle se contenta d'affirmer l'existence
du parti républicain socialiste, et son désir d'agir.
L'unanimité se (fit complète sur le principe de
l'arbitrage obligatoire exposé par M. iMdlerand.
Le nom de notre parti, a déclaré M. Millerand, dit
assez que les questions sociales sont considérées par
nous comme fondamentales, mais alors que dans d'au-
tres milieux, on parle de lutte de classes, nous ne par-
lons ici que de solidarité des classes.
Nous n'attendons pas;, do la haine et de la violence
les réalisations nécessaires. La violence est un signe
de faiblesse et la haine est une preuve d'inintelligence.
C'est pourquoi l'arbitrage s'impose dans tous les con-
flits sociaux, et cette réforme écarte toute une série de
procédés divers.
La grève, comme la guerre, s'écrie l'ancien ministre,
est un mal nécessaire, mais. c'est par la persuasion et
l'entente, ajoute-t-il tout aussitôt, que doivent être ré-
solus tous les conflits.
M. Millerand termine son discours en disant r
Sans doute, il y aura encore des conflits, demain
comme aujourd'hui, mais par l'arbitrage obligatoire, ils
ne seront plus de même nature, et par la discussion
entre le capital et le travail ils aboutiront à des solu-
tions plus heureuses pour les deux parties.
La suppression des délimitations
Le rapport de M. Fernand David sur le projet
de loi tendant à supprimer les délimitations ré-
gionales, et à rattacher à la loi de 1824, dont
quelques dispositions seraient modifiées, la protec-
uori des appellations d'origine, doit être distribué
aujourd'hui à la Chambre. La nouvelle loi serait
intitulée « Loi relative aux altérations ou sup-
positions de noms sur les produits fabriqués et à
la protection des appellations d'origine. »
Dans son exposé des motifs, l'honorable rappor-
teur dit qu'après un sérieux examen de la ques-
tion, « la commission a été conduite à se rallier
à la thèse gouvernementale et à proposer à la
Chambre l'adoption du texte du projet de loi,
de préférence aux divers autres textes dont elle
était saisie ».'
Toutefois, la commission a apporté au texte
gouvernemental des modifications, dont la prin-
cipale vise l'article premier du projet de loi.
Le texte de la commission stipule que seront
punis ceux qui auront « sciemment employé dans
un but commercial une dénomination géographi-
que pour désigner des produits différents par leur
origine, ou par leur nature, de ceux auxquels
cette dénomination s'applique. »
Or, dans le texte gouvernemental, les mots « par
leur origine ou par leur nature », étaient suivis
des mots « Par leur composition et leurs qualités
substantielles », que la commission a supprimés.
a supprimés. j
M. Fernand David explique dans 1 expose des
motifs, les. raisons que ont amené la commission
à prévoir la « nature » du produit en même
temps que son « origine ».
D'autre part, la commission a cru devoir ajou-
ter, au texte gouvernemental de l'article premier,
un paragraphe appliquant aux infractions visées
les pénalités édictées par la loi du 1" août 1905.
Telles sont les modifications apportées par la
commission à l'article premier du projet gouver-
nemental. Pour tes autres articles, le projet de la
commission est conforme, sauf quelques modifi-
cations de détail, au projet déposé par M. Pams.
Le rapport de M. Fernand David n'a pas l'heur
de plaire aux vignerons aubois. Les comités cen-
traux de Bar-sur-Aube et de Bar-sur-Seine ont
en effet publié la protestation suivante
Les comités centraux, interprètes des sentiments una-
nimes des comités locaux des communes viticoles,
Protestent énergiquement contre la nouvelle tendan-
cieuse qui a été envoyée à une agence parisienne par
des personnalités connues, qui ont donné à entendre que
les vignerons de l'Aube étaient satisfaits du rapport de
M. Fernand David;
Ils constatent, au contraire, que M. Fernand David,
malgré des phrases aimabfes, aboutit à consacrer l'ini-
quité commise en 1908, en aggravant même la situation
actuelle; i
Les comités repoussent tout spécialement la rédaction
de l'article premier du projet de loi, parce que cette ré-
daction, par une innovation inadmissible et une violation
flagrante du droit commun, subordonne à des conditions
et à des restrictions, pour trois départements français,
le droit naturel de donner à des produits du sol le nom
du pays d'origine;
Ils regrettent qu'on cherche une fois de plus à trom-
per l'opinion; en faisant accroire que les décrets de dé-
limitation déjà rendus sont abrogés, alors que la modi-
fication introduite dans le texte de la loi de 1908 n'a cer-
tainement pas d'effet rétroactif
Ils constatent enfin que le système des caves séparées
ne doit disparaître que pour être remplacé par un sys-
tème plus draconien encore, et tel qu'aucune vente, ne
sera possible, la confiscation étant toujours à craindre
jusqu'à l'issue du litige; si bien qu'aucun négociant ne
se risquera à acheter, personne ne tenant à courir les
risques terribles d'un procès, en cas d'insuccès.
Ils demandent le vote immédiat du projet des séna-
teurs de l'Aube, qui est clair et net, et replace chacun
dans la.situation d'autrefois.
Le congres des chambres de commerce
Le congres.; des .chambres de commerce, qui s'est
ouvert;, hier à Roubaix sous la présidence de
M. D,avid-Meunier, vice-président de la chambre de
commerce de Paris, s'est réparti en trois commis-
sions pour l'examen des rapports présentés sur les
questions àl'ordre du jour: arbitrage international
pour le règlement des difficultés douanières, repré-
sentatlons commerciales à l'étranger, pénétration
industrielle et commerciale du Maroc, unification
de la, législation des chèques, coopératives et paten-
tes, monopoles d'Etat, responsabilité des commu-
nes, 'etc.
MOUVEMENT SOCIAL
La manifestation syndicaliste du 14 juillet
Les socialistes unifiés ont décidé de s'associer
à la manifestation que les syndicalistes préparent
pour le 14 juillet. Le bureau fédéral de la Seine a
on effet, communiqué ce matin la note suivante
La commission executive de la fédération de la Seine
a décidé, dans sa séance d'hier soir, de prendre part
à l'organisation de la manifestation pour l'amnistie qui
doit avoir lieu le 14 juillet prochain.
La manifestation aura lieu dans la matinée. Son iti-
néraire sera fixé ultérieurement et porté à la connais-
sance du prolétariat parisien par la presse.
Ailn de donner à cette manifestation le caractère de
force et de calme qu'elle doit revêtir, toutes les mesures
pour, en assurer l'ordre seront prises par les organisa-
teurs eux-mêmes comme il a été fait pour les mani-
festations antérieures de la fédération.
Les sections de la fédération de la Seine sont invi-
tées à adresser tout de suite au secrétariat, 49, rue de
Bretagne, les noms de leurs hommes de confiance.
Un meeting de cheminots
;4yeç, le patronage de la C. G. T., le Syndicat na-
.taonfll des-travailleurs des chemins de fer et-la fé-
dération des groupements de mécaniciens et chauf-
feurs avaient organisé hier, à la salle Wagram,
un meeting en faveur de la réintégration des che-
minots révoqués. L'affluence était grande, car des
travailleurs de toutes les corporations s'étaient
joints aux cheminots. Mais l'entente ne fut pas
facile à établir entre ces éléments divers. Dès qu'il
s'est agi de nommer le bureau, les réformistes et
les révolutionnaires se sont dressés les uns contre
les autres. Tandis que les premiers acceptaient
les noms proposés par le syndicat national et
réclamaient M. Bidegarray à la présidence, les ré-
volutionnaires voulaient imposer M. Le Guennic,
dont on connaît les théories violentes. Pendant près
d'une heure le tapage fut effroyable, le tumulte
indescriptible. Non seulement des injures, mais
aussi des coups furent échangés.
M. Bidegarray, secrétaire général du syndicat,
criait aux révolutionnaires « Si vous êtes venus
ici pour faire de l'obstruction, une obstruction
folle qui fait la joie des compagnies, il faut le
dire. »
Mais il réussissait simplement à se faire cons-
puer et à faire conspuer avec lui M. Jaurès
et les députés socialistes qui se trouvaient sur la
tribune. « A bas les députés! A bas les quinze
mille! » répétaient avec obstination'de nombreux
contradicteurs.
L'orage ne se calma que lorsque M. Bidegarray
eut offert à M. Le Guennic de venir siéger à son
côté, au bureau. Mais les divergences d'opinions,
dé tendances continuèrent de s'affirmer dans les
discours. Tandis que MM. Toulouse, Morin, Gom-
munay sont partisans des négociations, d'autras
orateurs, tels que MM. Le Guennic, Jouhàux, se-
crétaire général de la C. G. T., prêchent l'action di-
recte, la lutte implacable et violente. Tous, il est
'̃v^ai,' Tritiquent'avec' véhémence -les; *"• palinodies, .̃̃
tes fraîiisons » 'des députés « qui ont renié le
7 juillet leur vote du 14 avril ».
M. Communay, du P.-L.-iM., réussit à se faire
applaudir par toute la salle en faisant cette dé-
claration
Aurions-nous été 300,000 grévistes que nous aurions
été .vaincus, tout de même parce que, entre nous, nous
ne connaissons pas la discipline. Souvent la classe ou-
vrière a été vaincue non point par manque de courage,
mais par manque de discipline. Abandonnons les riva-
lités de personnes, songeons aux révoqués et qu'il y a
deux mille familles encore ballottées onn point par:les
tendances, mais par la misère.
M. Le Guennic a invité ses auditeurs à agir
« en révoltés conscients ». Il a affirmé « qu'il se
moque de l'action des députés, qu'il condamne toute
entente avec les pouvoirs », et que le syndicalisme
« n'est pas une théorie, une doctrine, mais une
réaction constante et violente contre la société ca-
pitaliste ».
Au moment où M. Jaurès prenait la parole plu-
sieurs députés socialistes entrèrent dans la salle.
revenant de la Chambre. Comme on connaissait
déjà les incidents de la séance provoqués par les
socialistes à propos de la réintégration, les nou-
veaux arrivants furent accueillis par des acclama-
tions. M. Jaurès bénéficia de cette nouvelle dispo-
sition de la salle qui était restée jusqu'alors agi-,
tée et houleuse.
Oui, dit-il, le parlementarisme mapque à sa
tâche. Mais c'est la faute du peuple qui, l'élection
faite, abandonne l'élu à sa bonne ou à sa, mauvaise
conscience. j"
Et il insista sur l'action du groupe socialiste
On avait promis de réintégrer les cheminots..On ne
l'a pas fait. Le groupe socialiste se dressera tous les
joùrs.idevant le gouvernement et lui dira « Vous, avez,
le droit d'écraser le peuple, vous n'avez pas celui
de lui mentir » Jusqu'à la fin de la session et à la
prochaine encore si cela est nécessaire, chaque jour
notre obstruction se reproduira. Car la victoire est au
bout de ces batailles.
Pour ne pas périr asphyxiée par la honte de sa tra-
hison, la majorité de la Chambre, qui nous avait pro-
mis des armes, devra vous réintégrer, sinon elle est ap-
pelée à mourir.
Comme M. Colly, qui avait pris à partie les
jaunes de la Chambre », avait conseillé aux che-
minots de ne pas se laisser entraîner par les
théories antiparlementaristes, M. Jouhaux a tenu
à « mettre en garde les travailleurs contre l'ac-
tion endormante des parlementaires ».
Dans l'ordre du jour voté à la fin de la réunion,
les auditeurs « flétrissent l'attitude du gouverne-
ment et de la majorité qui n'ont pas craint de re-
nier cyniquement le vote du 14 avril»,- et « en-
gagent le groupe socialiste parlementaire à conti-
nuer son obstruction à la Chambre ».
La grève générale du bâtiment
LA SITUATION CE MATIN
Le lundi étant dans le bâtiment un jour ha-
bituel de chômage, on attendait la journée d'au-
jourd'hui pour se rendre compte de t'importance
réelle du mouvement de grève. On espérait géné-
ralement que le nombre des chômeurs serait plu-
tôt en diminution ce matin. Mais c'est le contraire
qui semble s'être produit de nouveaux chantiers
ont été désertés. D'ailleurs la statistique dressée
par les soins de la préfecture de police accuse
déjà une augmentation de 366 grévistes pour Pa-
ris seulement; car hier on comptait 16,562 chô-
meurs, sur 23,587 ouvriers travaillant en temps
normal, et aujourd'hui on en signalé 16,928. Mais
en banlieue le mouvement s'est étendu aux car-
'rjersr-plâtriers; plusieurs plâtrières et ;glaisières
ont été désertées ce matin.
AUX CHAMBRES PATRONALES
Au groupe des chambres syndicales patronales
du bâtiment, rue de Lutèce, on n'a pas encore
pu centraliser des renseignements complets. Ce
n'est qu'à partir de cet après-midi que fonction-
nera une permanence destinée à recueillir et à
fournir tous les renseignements utiles aux entre-
preneurs.
Les présidents de chambre se réuniront à la fin
de chaque après-midi pour échanger leurs im-
pressions.
L'un d'eux nous a dit
Ce matin, il a semblé à quelques-uns de nos collègues
qu'il y avait une certaine détente. Mais ce n'est qu'une
impression.
Nous laisserons en tout cas nos chantiers ouverts, et
tous les ouvriers qui voudront travailler auront la li-
berté de le faire. Les mesures de police qui ont été pri-
ses sont en général très suffisantes pour maintenir en
respect les perturbateurs. La préfecture de police a en
effet mobilisé la garde, la police municipale et des trou-
pes d'infanterie, et les entrepreneurs qui ont demandé
un service d'ordre l'ont obtenu.
AU COMITÉ DE GRÈVE
Le comité de .grève tient deux réunions par
jour à la Maison des fédérations. Et il a nommé
une commission permanente de quatre membres
afin de recueillir et de donner les renseigne-
ments sur la marche du mouvement à toute heure.
Dans une de ses réunions d'hier le comité a
décidé « d'interdire formellement à tout camarade
de rester sur les chantiers, même comme gar-
dien » Cette décision s'applique aux maîtres-gar-
çons ou aux chefs de chantiers.
Le comité invite dans ses communiqués les
grévistes à organiser la chasse aux renards ».
C'est ainsi que dans une note publiée ce matin il
déclare
La chasse est ouverte et se fait toute heure de la
journée.
Le comité, central de grève rappelle à tous les ca-
marades que la réussite de la grève générale du bâti-
ment dépend de l'énergie qu'ils apporteront dans la lutte
engagée. Il leur rappelle qu'ils n'auront que les avan-
tages qu'ils sauront prendre et imposer par leur force,
leur énergie, l'union parfaite de tous les travailleurs.
L'Union des syndicats de la Seine s'associe à cette
« chasse aux renards » en adressant l'appel sui-
vant à tous ses adhérents
Devant l'attitude nettement de parti pris du gouver-
nement, prenant fait* et cause pour lespatrons tdubâti-
ment il est indispensable que nos camarades du bâti-
ment en grève puissent compter sur la solidarité de tous
les travailleurs organisés du département de la Seine.
Cette solidarité doit se manifester par une action des
ouvriers de toutes les professions contre les « rené-
gats », les « renards ». Que partout, à tous moments, en
tous lieux, il soit fait la chasse aux lâches qui trahis-
sent la cause ouvrière;
UNE DÉMARCHE DES INDÉPENDANTS
Les ouvriers adhérents à la Bourse libre du tra-
val de la rue Grégoire-de-Tours ont décidé de nom-
mer une délégation des travailleurs libres du bâti-
ment terrassiers, cimentiers, maçons, etc., qui se
rendra en délégation auprès des entrepreneurs du
bâtiment. Ils ont chargé le camarade Lambert, dé-
légué, de solliciter une audience auprès de qui de
droit afin de mettre leur « organisation en dehors
de toute responsabilité ».
Dans un ordre du jour ils affirment qu'ils n'ont
rien de commun avec les organisations en grève et
qu'ils veulent rester libres et indépendants et
travailler quand bon leur semblera, d'après les
statuts.
Le personnel municipal
Les délégués des organisations professionnelles
du personnel municipal et assimilé (préfecture
de la Seine, Mont-de-Piété, octroi, police, gaz,
électricité, pompes funèbres et cimetières) ont
tenu, rue François-Miron, 68, une réunion dans
laquelle ils ont transformé leur comité provisoire
en organisation fédérale permanente.
Puis après avoir constate que le Conseil mu-
nicipal allait se séparer sans avoir réalisé la ré-
versibilité de la demi-pension aux veuves, ils ont
décidé de mener une campagne active jusqu'à ce
qu'ils aient obtenu cette revendication à l'étude
depuis le 30 novembre 1908.
Une réunion des gaziers et des électriciens
Les ouvriers, employés, allumeurs de la Société
du gaz de Paris, et les employés des secteurs élec-
triques se sont réunis hier soir à la Bourse du
travail, pour protester « contre la violation des
droits reconnus par les conventions des 29 juillet
et 5 septembre 1907 au personnel des services
concédés assimilés ».
Ils ont voté un ordre du jour par lequel ils
« blâment les procédés de l'administration préfec-
torale et de la commission de contrôle du gaz, qui
dans un but qui ne saurait échapper, déclinent
tour à tour toute compétence dans les questions
de personnel qui leur sont soumises ». ̃
Ils ont décidé toutefois « d'attendre le résultat
de l'entrevue prochaine avec le préfet de la Seine
et de l'interpellation qui doit lui être adressée
mercredi» .Leurs conseils syndicaux auront le choix
« des moyens propres à obtenir sur tous les points
et dans les délais les plus brefs complète satis-
faction ».
Les gantiers de Millan
Nous avons annoncé que les grévistes de Millau
ont voté la résistance à outrance. Mais la caisse
syndicale étant devenue insuffisante pour subvenir
à l'entretien'des 3,000 ou 4,000 chômeurs, des deux
sexes, la corporation a décidé de consacrer tous
les subsides fournis par la solidarité ouvrière à
l'organisation de soupes communistes, et dimanche
matin ce moyen de résistance a donné prétexte à
une grande manifestation.
Les grévistes se sont rendus en longues théories
à la gare, pour y prendre livraison des neuf gran-
des marmites envoyées par les mégissiers de
Graulhet. Le cortège, précédé du drapeau rouge
de al fédération oyyrière^ avait à ,sa tête un groupe
de bambins endimanchés dont l'un portait au bout.
d'une perche une grande pancarte avec cette ins-
cription « Millau ne laissera pas mourir ses
enfants. » Puis venaient tambours, clairons et
musique, et des chariots portant, au milieu des
rangs des manifestants, les marmites communis-
tes enguirlandées. Le cortège a défilé le long des
boulevards au chant de r Internationale.
La manifestation a été calme et pacifique, et
quand elle a été terminée, le sous-préfet, M.
Blanchard, et l'adjoint au maire, M. Rudel, se sont
rendus à la Maison du peuple pour féliciter les
organisateurs du cortège et les grévistes.
La grève des gens de mer
Les armateurs ont déclaré aux autorités du port
de Londres qu'ils acceptaient d'avance toutes les
conditions que les autorités offriraient aux dockers
et aux gens de mer. Si ceux-ci n'étaient pas satis-
faits, les armateurs s'en remettraient à l'arbitrage e
du lord-maire sur la question des salaires. g
A Amsterdam, une agitation violente persiste.
Les ministres de l'intérieur, de la justice et de la
guerre ont eu une entrevue avec le bourgmestre
au sujet des derniers désordres. La' justice a opéré
trois perquisitions dans des maisons où les gré-
vistes se réunissaient cinq arrestations ont été
opérées, et des armes à feu ont été saisies.
Hier soir, un incendie a éclaté dans un chantier
de la Compagnie, de transports néerlando-alle-
mande. Une trentaine de balles de tabac ont été
brûlées ou(endommag-ées. On soupçonne qu'il s'a-
git d'un acte de sabotage. D'autres croient à un
accident.
AU JOUR LE JOUR
tes incidents du Conservatoire 8
Les jurys d'admission
On a vu hier, que d'après M. Charles-Marie Wi-
dor, quarante-cinq au moins des professeurs du
Conservatoire étaient fort mécontents d'avoir été
exclus des jurys d'admission à cet établissement.
M. Widôr nous assurait même que ses collègues
et lui avaient été remplacés dans ces jurys par
des personnes étrangères au Conservatoire, qui ne
sont que « des industriels sans vergogne, profes-
seurs sans talent, sans autorité, qui tirent profit
de leur titre de membres du jury des concours
d'admission au Conservatoire, qui inscrivent ce ti-
tre en gros caractères sur leurs cartes de visite,
etc., etc. ».
Et M. Widor concluait « Nous voulons que ces
gens s'en aillent, et nous voulons avoir de nou-
veau le droit de siéger dans ces jurys. »
Que sont donc ces jurys d'admission ? Et de qui
sont-ils composés? Il nous paraît utile de donner
ces renseignements d'après les documents officiels.
Aux termes de l'article 23 du décret organique
du 8 octobre 1905, modifié par le décret du 5 mars
1910, les jurys d'admission sont ainsi composés
1° Les membres de droit du conseil supérieur
d'enseignement, qui sont MM. Gabriel Fauré, Bour-
geat, Adrien Bernheim et Jean d'Estournelles de
Constant.
2° Quatre membres du conseil supérieur de l'en-
seignement au Conservatoire désignés par leurs
collègues sauf les professeurs de la spécialité.
3° Huit à dix membres nommés par le ministre;
sur la proposition du directeur du Conservatoire.
Ces jurys d'admission sont présidés par le di-
recteur du Conservatoire et condition impor-
tante en l'occurence ils ne sont nommés que pour
un an.
Mais qu'est-ce que le conseil supérieur de l'en-
seignement au Conservatoire? Sa composition le
dit. Il est formé, conformément à l'article 16
du décret déjà cité, de quelques membres dits
« de droit » qui sont le ministre des beaux-arts
ou le sous-secrétaire d'Etat, qui le préside, le
directeur du Conservatoire, le chef de division de
l'enseignement au ministère, le chef du bureau des
théâtres, le commissaire du gouvernement près
des théâtres subventionnés et le secrétaire géné-
ral du Conservatoire.
Les autres membres sont divisés en deux catégo-
ries celle des études dramatiques et celle des étu-
des musicales. Voici la composition de la catégo-
rie des études musicales, la seule dont il soit ques-
tion dans les polémiques actuelles
1° Quinze membres nommés par le ministre et
choisis en dehors du Conservatoire. Ce sont MM.
Massenet, Saint-Saëns, Alfred Bruneau, Paladilhe,
Henri Maréchal, de La Nux, Guy Ropartz, Gabriel
Pierné, André Wormser, Claude Debussy, Francis
Planté, Edouard Risler, Pierre Lalo, Mme Rose Ga-
ron et M. Delmas.
2° Huit membres nommés par le ministre et
choisis parmi les professeurs titulaires du Con-
servatoire MM. Paul Dukas, Dubulle, Paul Vi-
dal, Widor, Chevillard, Philipp, Xavier Leroux,
Guilmant (ce dernier, décédé, non encore rem-<
placé).
Aux termes de l'article 17 les membres du con-:
seil sont nommés pour trois ans.
Voilà donc quel est ce conseil supérieur de l'en-
seignement au Conservatoire, qui désigne chaque
année quatre membres du jury d'admission.
Ces quatre membres étaient pour la dernière.
année scolaire
M. Messager, compositeur de musique, directeur
de l'Opéra;
M. Alfred Bruneau, compositeur de musique,
inspecteur de l'enseignement dans les conserva-
toires de province;
M. Paul V. de La Nux, compositeur de musi-
que, grand-prix de Rome, et lui aussi inspecteur
de l'enseignement dans les conservatoires de pro-
vince gn e epo
M. Delmas, de l'Opéra.
Mais on a vu que huit à dix autres des mem-
bres de ce jury étaient nommés par le ministre
sur la proposition du directeur du Conservatoire.
Pour chacune des spécialités de l'enseignement du
Conservatoire, ces membres sont naturellement
différents. Mais si l'on examine la catégorie du
chant, celle-là môme qui suscite tant de repro-
ches et de récriminations, on constateque les mem- ••
bres du jury d'admission à ces classes, jurés nom-
més par le ministre sur la proposition du direc-
teur du Conservatoire, étaient, pour la dernière
année scolaire, les suivants
M. Henri Bûsser, chef d'orchestre à l'Opéra,
professeur d'ensemble vocal au Conservatoire;
M. Henri Rabaud, chef d'orchestre à l'Opéra;
M. Albert Bertelin, compositeur de musique;
Le ténor Léon Escalaïs;
M. Dofranne, de l'Opéra et de l'Opéra-Comique*
M. Thomas Salignac, de l'Opéra-Comique;
M. Maurice Renaud, de l'Opéra;
Et enfin deux professeurs libres de chant, fai-
sant seuls partie par conséquent de la catégorie
des « professeurs étrangers au Conservatoire »
dont M. Widor nous parlait hier MM. Landes-
que-Dimitri et Fendall Pegram.'
Ajoutons que les jurys d'admission deviennent
les « comités d'examen » qui, à deux reprises, au
cours de l'année scolaire, se réunissent pour se
rendre compte de l'état des travaux des élèves.
Le cas de Mlle Devriès
Nous avons annoncé hier que le sous-secrétaire
d'Etat aux beaux-arts avait décidé que Mlle De-
vriès ne recevrait -pas le prix qui lui avait été
attribué au dernier concours d'opéra comique.
Avant de connaître cette décision, Mlle Devriès
avait écrit à M. Gabriel Fauré la lettre que voici
Paris, ce 10 juillet.
Monsieur le directeur,
Je suis navrée de voir qu'à propos d'un incident au-
quel j'ai été mêlée sans le vouloir et sans le savoir,
on entreprend une campagne contre les examens du
Conservatoire, le fonctionnement du jury, etc.
Vous savez mieux que personne combien le récit de
cet incident a été grossi et dénaturé. Je n'avais jamais
songé à protester en quoi que ce soit au' cours du
concours d'opéra comique, et si je me suis présentée
sur la scène avec mes excellentes camarades Mlles
Kirsch et Thévenet quand on a proclamé les résultats,
c'est que je croyais avoir été appelée avec elles.
Vous avez vu mon émotion et l'affolement dans. le-
quel cette erreur m'avait jeté,e vous avez eu alors
l'indulgente pensée de provoquer spontanément un
nouvel avis des membres du jury qui étaient à vos
cotés, et d'accord avec eux, par bonté, vous m'avez at-
tribué un premier prix. ·
Je ne vous cacherai pas que j'en ai été tout heu-
reuse et toute reconnaissante. C'était la joie de mon
professeur, M. Isnardon, toujours si bon et si dévoué
pour moi, l'orgueil de tous les miens et le couronne-
ment de mes efforts, et c'était aussi, pourquoi ne pas
l'avouer? ma seule ressource dans l'avenir difficile.
Mais en raison des polémiques soulevées, je viens
vous prier, mon cher maître, d'annuler cette décision
et de reprendre votre récompense.
Ce prix ne peut plus me faire aucun plaisir, s'il cause
tant de peines autour de moi. Il ne peut mefaireaucun
bien s'il fait du mal au Conservatoire lui-même, dont
j'ai reçu les leçons.
Au seuil de ma carrière, je ne veux pas que mon
nom apporte une douleur à ceux qui m'ont appris à
étudier, a "comprendre et à admirer dans cette grande
et belle maison.
Ce serait payer trop cher le succès d'une journée.
Je n'ai pasb esoin de vous dire mon chagrin, mais au
contraire l'immense respect que nous avons, tous et
toutes, pour notre illustre maître, et la profonde défé-
rence avec laquelle je suis votre élève très obéissante
et très dévouée. •
fieadémie des sciences
JÇj'Eçole golytechmque echni e
Leckire est 'donnée". 'd'une lettre par laquelle le
ministre de la guerre invite ".l'Académie à .lui
adresser une liste des deux membres désignés par
elle et chargés, de la sheprésen-ter au conseil de
perfectionnement de l'Ecole polytechnique.
Les deux membres sortante, lesquels sont rééli-
giibles, sont MM. Léauté et Henri Poincaré.
L'Académie procédera à cetbe désignation au
cours d'aine des prochaines séances.
Election d'un correspondant
L'Académie procède à l'élection d'un correspon-
dant national pour la section de zoologie et méde-
cine' en remplacement de M, Sabatier, décédé.
La section avait classé les candidats dans l'ordre
suivant et porté
En première ligne M. Renaut, de Lyon en
deuxième ligne et par ordre alphabétique MM.
Bataillon, professeur à la faculté des sciences de
Dijon; 'Cuenot, professeur à 'la facuiliié des scien-
ces de Nancy; Kœhler, professeur à la faculté des
sciences de Lyon, et Sauvage, de Boulogne.
Au premier tour de scrutin, M. Renaut a été élu
à la presque unanimité des suffrages sur 35 vo-
tants.
Le docteur Renaut, professeur à' la faculté de
médecine de Lyon. est l'auteur de travaux très
estimés, .notamment sur l'histologie des tissus.
Prix
L'Académie décerne les pijix suivants
Géométrie
Prix Prancœur (1,000 fr.). ^M. Emile Lemoine, pour
l'ensemble de ses travaux. ('
Mécaniqiie
Prix Montyon (700 fr.). M. Jouçiiet, professeur à'
l'Ecole des mines et répétiteur à'i'Ecole polytechnique,
autenr de nombreux travaux relatifs à la thermodyna-
mique et à la mécanique chimique;
Récompense à. M. Duchêne, capitaine du génie, pour
son ouvrage intitulé L'aéroplane étudié et calculé par
lis mathématiques élémentaires.
Prix Poncelet (2,000 fr.). M. Râteau, pour l'en-
semble de ses travaux.
Navigation
Prix Plumey (4,000 fr.). Prix de 1,000 francs à
M. R. Lelong, ingénieur en chef de la marine, pour la
contribution qu'il a apportée au perfectionnement des
appareils moteurs de la marine..
Astronomie
Prix Pierre Guzman (100,000 fr.). Décerné à celui
qui aura trouvé le moyen de communiquer avec un
astre autre que Mars. A défaut de ce prix, les intérêts
seront attribués, en 1915, à un savant qui aura fait faire
un progrès important à l'astronomie.
Le prix n'est pas décerné.
Prix Lalande (540 fr.). M. Lewis Boss, directeur du
département d'astronomie méridienne à l'institution
Carnegie de Washington, pour son Catalogue général
de 6,188 étoiles, préparé à l'observatoire Dudley à
Albany.
Prix Valz (460 fr.). M. G. Rambaud, attaché à
l'observatoire d'Alger, pour ses travaux relatifs à la
détermination des étoiles de culmination lunaire et à
l'observation des comètes.
Prix G. de Pontécoulant (700 fr.). M. L. Sehulof,
pour ses travaux relatifs principalement à la théorie
des comètes et pour la part effective qu'il a prise à.
l'achèvement des Tables de la lime, fondées sur la.
théorie de Delaunay.
Prix Damoiseau (2,000 fr.). Question posée
« Théorie de la planète Eros, basée sur toutes les obser-
vations connues ». Prix partagé entre MM. Millosewitch,
Witt/Lagarde.
Géographie
Prix Tchihatchef (3,0Q0; fr.). Prix partagé entrs.
M. de Schoialsky, major-général, chef du service hyp-
sométrique au ministère des voies et communications
et président de* la section de géographie physique de la
Société impériale russe de géographie, pour la » Nou-
velle: détermination de la superficie des bassins fluviaux
ou maritimes et des circonscriptions administratives de
l'Asie russe entreprise en 1896 aveo le lieutenant-
général de Tillot, correspondant de l'Académie, pour-
suivie et menée à bonne fin, en 1905, après la mort du
général de Tillot, survenue en 1899, et MM. Deprat et
Mansuy, pour les résultats obtenus par la mission de
reconnaissance géologique dans le Yunnan orientai, dont
ils avaient été chargés par le gouverneur général de
l'Indo-Chine avec l'agrément du gouvernement chinois.
Prix Gay (1,500 fr.). M. Paul Lemoine, pour l'en-
semble de ses travaux de géologie coloniale, consacrés
spécialement à l'atlas marocain de la région de Mara-
kech et surtout à Madagascar.
Minéralogie et géologie
Prix Fontannes (2,000 fr.). M. Cossmann, pour
l'ensemble de ses travaux paléontologiques.
Prix Victor Raulin (1,500 fr.). M. Emmanuel de.
Margerie, pour l'ensemble de ses travaux, et en parti-
culier pour sa tràdnction en notre langue du grand
ouvrage d'Edouard Suess AntlUz der Erde.
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