IMUmiVK. *?̃ JâHvIer 3fflj$
font une abondante nourriture sans peine et"
sans souci ce sont des rentiers qui n'ont,
besoin de personne. 1
Les merles et les grives sont loin d'être aussi
iavorisés. Nous en avons peu en cette saison,
mais il arrive encore souvent, malgré cela, que
notre approvisionnement en baies d'arbustes, j
qui sont le fond de leurs menus quotidiejis,n1est
pas suffisant pour les bien nourrir jusqu'au
retour du printemps. Beaucoup de ces baies,
gèlent, tombent,se gâtent et les pauvres oiseaux,
si le temps devient rigoureux et que la neige
couvre par trop longtemps le sol eu cachant
cette provende, connaissent le supplice de la
faim. Très timides, ils n'osent pas s'approcher
tout près des maisons autour desquelles il y a
toujours quelque chose, et au bout de huit jours
'de grosse neige ils n'ont presque plus la force de
voler. Poussés par la faim ils s'enhardissent un
peu, font un pas puis un autre du côté des hi-
bergeages, arrivent jusqu'aux cours où traînent
îles pailles, des graines, que picorent les poules,
haute bourgeoisie enviée quoique esclave,
regardent d'un œil inquiet tout ce qui remue,
tout ce qui a un aspect alarmant, se risquent,
avancent encore un peu pour attraper la maigre
bouchée. Le bec est déjà tendu; mais une fe-
nêtre s'ouvre à la ferme est-ce une main amie
qui va; jeter une aumône ? Non, un canon de fu*
sil brille, le coup part, et le malheureux petit oi-r
seau se débat sur la neige tachée de sang!
Et de toutes les maisons en bordure du vil-
lage, des écuries, des hangars, partent ainsi des
coups de fusil tant que la rigueur de la neige
force les misérables bestioles à venir mendier
jusqu'à nos portes. Cornaient qualifier cette
cruauté imbécile,- indigne de gens qui se croient
civilisés? Comment l'arrêter surtout? Comment
défendre ces oiseaux charmants, joie de nos
printemps, petites créatures inoffensives, toutes
,de grâce, toutes de gaieté? Mais les lois?. Ah!
les lois! Laissez-moi me taire. Ce sont les lois
de l'humanité, de la charité qu'il faudrait en-
seigner aux illettrés, de la pitié et delà miséri-
corde. Qui se chargera de cette tâche magnifi-
que, qui prêchera la douceur, qui défendra la
solidarité de tout ce qui vit, de tout ce qui sent,
"de tout ce qui souffre? Des siècles peut-être pas-
seront encore avant que l'horreur nous vienne
enfin de notre cruauté, de notre inconscience,
des tortures si sauvagement infligées à des
êtres d'innocence et de douceur.
Pauvres petits oiseaux, mourant de faim sur
la neige, vous devriez trouver partout le récon-
fort de notre vigilante charité; aux coins dis-
crets du jardin, où rien ne saurait mêler l'a-
mertume de la crainte à votre confiante arrivée,
il faudrait qu'il y eût toujours quelques reliefs,
quelques poignées de graines pour apaiser vo-
Ire faim. Il faudrait que les enfants de la mai-
son fussent chargés de cette aumône, et la le-
çon d'humanité qu'ils y prendraient vaudrait
bien, permettez-moi de le croire, celles où ils
perdent leur temps à apprendre ce qu'ont bien
pu faire Pharamond, « roi d'existence mal éta-
blie. », comme dit le savant M. Melin en son his-
toire, Chilpéric, Sigebert et autres figures à con-
tours vaguement définis. Mais non, nous rabâ-
chons encore ce que rabâchait Je moyen âge, et
cela n'est pas près de changer; quant à faire un
pas vers la compréhension du respect de la vie,
de l'horreur du sang versé, nous n'en sommes
pas encore capables et nous ne paraissons mê-
me point nous soucier de le devenir.
Comment reste-t-il encore des oiseaux après
la guerre éternelle et sans merci que nous leur
faisons? Il faut qu'ils aient une force de résis-
tance incroyable, une ténacité de vivre infinie.
Il est vrai qu'ils savent merveilleusement s'a-
dapter aux diverses conditions de la vie et tirer
parti de tout ce qui peut les favoriser. Ainsi
cette grande misère des grives et des merles en
temps de neige est un cas presque isolé. Leurs
petits voisins les verdiers, dont beaucoup pas-
sent l'hiver ici, tandis qu'un certain nombre de
ceux qui sont nés chez nous descendent au
Midi, se défendent fort bien contre les assauts
de l'hiver et savent mieux lutter contre lui.
que ceux-là. Ils fouillent les dessous des
buissons, des haies, des taillis et ils réussis-
sent à y trouver encore, par quelque
quinze degrés de froid, tout ce qu'il faut pour
.vivre. U est bien rare qu'ils en arrivent à la
dangereuse nécessité de s'approcher des mai-
sons pour y chercher du secours.
Quant aux roitelets, qui ne nous quittent ja-
mais. :ï semble que toute l'année ne soit pour
eux qu'un printemps perpétuel. Toujours vifs,
alertes, do bonne humeur, on les voit, souris em-
plumées, se glisser dans les tas de fagots, lés
monceaux de bûches, les meules de paille, pé-
nétrer sous les toits de chaume, et même sous
les autres, entrer hardiment dans les greniers,
chercher, fouiller et piquer d'un bec subtil tout
ce qui est mal caché d'insectes engourdis, de
larves et de chrysalides que leurs petits yeux
de diamant noir savent découvrir. Toujours de
bonne humeur, ils font, durant toute leur chasse,
entendre leurs petits cris joyeux; et si la jour-
née n'est pas trop sombre, si un rayon de so-
leil vient percer la sombre voûte des nuages, ils
se perchent en haut de quelque branche ou de
quelque poteau pour entonner leur chanson
cristalline ils sont la joie de nos hivers.
Cunisset-Carnot.
̃ ̃
LES DÉCORATIONS DU NOUVEL AN
Affaires étrangères
'Sont promus ou nommés dans la* Légion d'hon-
neur
Officiers
M. Brice, ministre plénipotentiaire à Addis-Aibaba.
%i. Lefaivre, consul général à Hambourg.
Chevaliers
•M- Clinchant, secrétaire d'ambassade de 2« classe.
M. Monnet, consul de lr« classe à Newcastle.
:M.-Mnnin, consul de 1" classe àDantzig,
:M: Velten, consul de 1™ classe, attache commercial
aux Etats-Unis.
FE~DMLJL'ET~M nu c~etit~~
DU 5 JANVIER 1908_(i)
LA MUSIQUE
A l'Opéra-Comique reprise à'Orphée. Débuts de
Mlle Raveau. Restitution de plusieurs morceaux
de la partition primitive. Les divertissements dans
l'œuvre de Glnck. La mise en scène â'Orjihce.
Au Concert-Lamoureux Mlle Agnès Borgo dans la
Mort de Brunnhilde. Les interprétations diverses
de cette scène finale du Crépuscule des dieux.
La reprise à'Orphée, que l'Opéra-Comique a
donnée la semaine dernière, offrait divers at-
traits au public le début sur ce théâtre de
Mlle Raveau, qui obtint récemment trois pre-
miers prix aux concours du Conservatoire, et
l'exécution de plusieurs morceaux de la parti-
tion primitive, morceaux que dans les versions
modernes on avait jusqu'ici coutume de sup-
primer. Orphée est, de tous les ouvrages de
Gluck, le plus populaire et le plus inégal. C'est
sans doute celui qui contient les choses
les plus émouvantes et les plus belles; c'est
aussi celui qui contient les plus faibles et
les plus factices. Dans aucune autre tragé-
die musicale du maître, on ne rencontre
rien qui pour la liberté de la forme, pour l'am-
pleur de l'expansion lyrique, pour l'attendris-
sante intensité de l'émotion, soit comparable
à la descente d'Orphée parmi les ombres infer-
nales, ni à son entrée dans les Champs-Ely-
sées; à ce merveilleux tableau musical, à ces
chants légers et profonds à la fois des violons,
du hautbois et de la flûte qui s'unissent, se
séparent et se mêlent de nouveau avec une si
harmonieuse souplesse à cette impression di-
vine de pureté, de poésie et de douceur qui naît
des sonorités des instruments autant que de la
noblesse et de la sensibilité des idées mélodi-
ques. Mais dans aucun de ses opéras non plus,
on ne trouve-rien d'aussivide et d'aussi pauvre, j
d'aussi semblable au désert et au néant que le
troisième acte, dans lequel Orphée ramène Eu-
rydice des Enfers, acte déplorablement vain,
superficiel et glacial, couronné par l'air fa-
meux « J'ai perdu mon Eurydice », par ce faux
bel air, qui est une des pages les plus médio-
cres de Gluck, J'une des plus vulgaires et des
plus emphatiques à la fois.
Malgré ce mélange, ou peut-être à cause de
ce mélange même, Orphée a dès son appa-
rition obtenu une faveur particulière. Rappe-
}ez-vous. les lettres où Mlle de Lespinasse parle
de cet ouvrage lorsqu'il fut représenté pour ia
première fois à Paris. « L'impression que j'^i
|e.çue de la musique. d'Orphée a é.t
w de la I).1.qsiqu~ ~'Orpi~éè a .~t~ si ~rqfonde,
si sensible, si séduisante, si absorbante, qu'il
m'était absolument imoossible. de parler de ce |
M. Waguet, consul de 2« classe à Santiago-de-Cuba.
M. Amyot, consul de 24 classe à Port-Louis.
M. Petithuguenin, interprète de 3" classe chargé, des
fonctions de premier interprète à Bangkok,
M. Mezière, attaché au ministère des affairés 'étran-
gères.
M. Gandolphe, publiciste.
FRANÇAIS RÉSIDANT A L'ÉTRANGER
Officiers
U- FéJîx Granfii, àaministratieur' de la Société des
«uais, âieks et .entrepôts de Constantinople.
M. Poucluïm, directeur de la Société du gaz et de
l'électricité à Rome.
Chevaliers
M. Chouillou, président de la chambre de commerce
̃française de Montréal.
M Gros, directeur de lprésident de la Compagnie immobilière de Novoros-
sisk
M.Léopold Ketten, cpmpositeur et professeur.de mu-
sique à Genève.
M. Auguste Petit. artiste peintïe, président du co-
mité de l'Alliance française de Rio.
M. Vitalien, docteur en médecine en Ethiopie.
̃NQUVWUE& DU JOUR
Hier, à Draffuignan, aussitôt après la proclama-
tion du scrutin qui le réélisait sénateur du Var et
assurait en même temps le triomphe des candidats
de sa liste, MM, Louis Martin, député, et Reymo-
nenq, M. Clemenceau, ac-compagné par la presque
unanimité des électeurs sénatoriaux, s'est rendu
Éku siège du comité .radical et radical socialiste, où °
il a été l'objet d'une longue ovation.
Dans une courte allocution, fréquemment cou-
verte par des applaudissements, le président du
conseil a remercie le corps électoral sénatorial du
témoignage de confiance qu'il venait do lui acepi"-
der.
Ce que nous fêtons maintenant, a-t-il ajouté, «e n'est
pas la victoire de telle ou telle personnalité, c'est la
victoire d'une idée. Vous avez prouvé que comme moi,
vous voûtiez le triomphe de la République, par la liberté
et la justice sociale. Tous nous voulons la paix au de-
dans et au deliors, la .liberté par la paix et par la jus-
tice. Nous n'avons ni haine ni rancune. Aujourd'hui
comme hier, nous ne connaissons pas d'ennemis 4ans le
parti républicain; ceux que nous -avons vaincus, nous
ne les considérons que çomira des républicains,
Il me reste un grand devoir a remplira j 'Essayerai
d'être à la hauteur de la tâche que vous m'avez imposée.
Je suis venu des côtes de l'Atlantique vous demander un
mandat que vous m'avez conservé sans hésitation; mon
cœur de républicain et de démocrate restera toujours
avec vous. Après la victoire que cette jpurnée consacre,
il nous faut nous préoccuper de luttes futures, des élec-
tions législatives prochaines. Je convie les républicains
de la France entière à imiter les républicains 4u Var;
qu'ils s'unissent afin d'installer définitivement dans no-
tre beau et grand pays une République de paix civile
qui ne laisse pas de placo aux révoltés. (Applaudisse-
ments prolonges.)
M. Louis Martin a joint ses remerciements à
ceux de M. Clemenceau.
Le président du conseiî, toujours très acclamé, a
quitté Draguignan doux heures pour se rendre
en automobile à. Hyères, auprès de sa sœur. Le
soir, à dix heures viltgt, il a pris à Toulon le ra-
pide pour rentrei' à Paris. De nombreuses person-
nes sont venues saluer le président du conseil à la
gare.
Hier a eu lieu, à Lisîeux, une élection pour la no-
mination d'un conseiller municipal, en remplacement
du maire, décédé. M. Rémy Lelièvre, radical, a été
élu par 1,414 voix, contre 1,284 à M. La Nècle, na-
tionaliste.
Cette élection a été suivie d'une manifestation ré-
publicaine. On a particulièrement acclamé M. Henry
Çhéron, conseiller municipal de Lisieux; qui a féli-
cité ses amis de leur victoire.
Aujourd'hui est promulgué au Journal officiel le
décret portant délimitation des territoires dans les-
quels 1 appellation régionale (Champagne) est réser-
vée aux vms qui y sont récoltés et manipulés en-
tièrement. Nous avons précédemment donné dans
notre numéro du 5 décembre le détail des territoires
ainsi délimités. Ce décret est daté du 17 décembre
1908; mais la publication en avait été retardée pour
permettre aux réclamations de se produire.
AU JOUR LE JOUR
Le musée du soir au Petit Palais
Lne délibération due Conseil rûHfifeïfral a décidé,
sur le rapport de MM. Henri Turot et Quentin-Bau-
chart, l'essai d'un. musée du soir au Petit Palais.
Conformément aux instructions de M. de Selves,
préfet de Ja Seine, toutes les mespres ont été prises
pour que cet essai puisse être 'tenté dès. les premiers
jours de janvier. Les deux étages de la collection
Dutuit, éclairés à l'électricité, seront donc ouverts
gratuitement au public, le soir, de huit heures à
dix heures, les mardi et vendredi de chaque semaine
pendant les mois de janvier, février, mars, avril et
mai 1909. On entrera par le Cours-la-Reine, à l'angle
de l'avenue Alexandre-Ill.
D'autre part, quinze conférences, avec projections,
seront faites aux dates ci-dessous
Janvier le 8, Tableaux de l'école française et des-
sins (conférence par M. Georges Lecomte); le 12, Ta-
bleaux des écoles hollandaise, flamande, italienne et
allemande (conférence par M. Thiébault-Sisson); le 19,
Verreries (conférence par M. Louis Vauxcelles); le 26,
Faïences italiennes (conférence par M. Arsène Alexan-
dre) le 29, Faïences françaises (conférence par M. Y.
Rambosson).
Février le 5, Bronzes et médailles de la Renaissance
(conférence par M. Edouard Sarradin); le 19, Ferron-
'iiërie' éteins, marbres, terres cuites, bois (conférence
par M. Camille de Sainte-Croix).
Mars: le 5, Bijoux, objets de vitrine, argenterie,hor-
logerie (conférence par M. Louis Lumet); le 19, Rem-
brandt (tableaux, dessins et estampes (conférence par
M. Henry Roujon, de l'Institut).
Avril: le 2, Emaux, orfèvrerie religieuse, ivoires
(conférence par M. de Mély) le 9, Gemmes, objets
d'art de Chine, du Japon, laques et céramiques (con-
férence par M. Ch. Saunier) le 16, Mobilier et tapis-
serie (conférence par M. A. Fauchier-Magnan); le 30,
Livres, manuscrits, reliures (conférence par M. Grou-
kowski).
Mai le 14, Estampes (conférence par M. Robert Hé-
nard) le 28, Antiques, monnaies ef médailles (.confé-
rence par M. Babelon, de l'Jnstitut).
Enfin dix conférences-promenades, avec projec-
tions, consacrées aux collections Duteit, seront fat-
tes par M. Henry Lapauze, conservateur du palais
des beaux-arts de la ville de Paris, les 15, 22 janvier i
2, 12, 26 février 1% 26 mars 23 avril 7, 21 mal
1909..
que je sentais; j'éprouvais le trouble, le bonheur
de la passion j'avais besoin de me recueillir.
Cette musique, ces accents attachaient du
charme à la douleur. Je vais sans cesse a
Orphée, et j'y vais seule; mardi encore,
j'ai dit à nos amie que j'allais faire des
visites, et j'ai été m'enfermer dans une loge.
Mon ami, je sors ^'Orphée il a amolli, il
a calmé mon âme. Cette musique me rend
folle, elle m'entraîne; je ne puis plus manquer
un jour; mon âme est avide de cette espèce de
douleur. U n'y a qu'Orphée que je puisse sou-
tenir. » Ne croit-on pas entendre parler une
admiratrice de Tristan et Yseult il y a vingt
ans, ou de nos jours une admiratrice de Pelléas
et Mélisande? De tous les opéras de Gluck,
Orphée seul a eu le privilège d'exciter de tels
transports. Mais à quoi doit-il cette fortune? A
ses beautés, ou à ses faiblesses? Il est permis
d'en douter lorsqu'on voit Mlle de Lespinasse
citer avant tout, parmi les passages dont elle
est émue « J"ai perdu mon Eurydice. » Elle y
revient sans cesse « Je me sentais poursuivie
par ces sons déchirants J'ai perdu mon Eury-
dice. Je voudrais entendre dix fois par jour
cet air qui me déchire et qui me fait jouir de
tout ce que je regrette J'ai perdu mon Eury-
dice. » Qui affirmerait qu'il n'en est plus de
même aujourd'hui, et que pour la plus grande
part du public, Orphée ne se résume pas dans
cet air illustre et détestable ?
Quoi qu'il en soit, c'est du moins là qu'on at-
tend pour la juger une chanteuse nouvelle,
lorsqu'elle entreprend d'interpréter Orphée; et
c'est là que l'on attendait Mlle Raveau. Je ne
puis dire que ce soit l'endroit où elle a le mieux
réussi; et l'on est presque tenté de l'en féliciter.
Une « tradition » fâcheuse veut que pour orner
de quelque variété cet air à trois couplets iden-
tiques, l'interprète donne à chacun des trois
couplets une expression différente: au premier
l'expression de la douleur pure et simple, au
second celle de la douleur sanglotante, et qui
parle avec des larmes dans la voix, au troisiè-
me celle de la douleur exaltée, éperdue, et
presque folle. Ce n'est qu'un artifice arbitraire
de chanteuse; rien dans les paroles ni la mu-
sique ne l'explique et ne le justifie. Mlle Ra-
veau, en se conformant à la tradition, parait
l'avoir fait sans enthousiasme elle a peu san-
gloté, et son délire a été assez calme c'est fort
bien. Dans les autres parties de son rôle, Mlle
Raveau a montré des mérites plus significatifs.
La qualité qui semble dominante chez elle, ce
n'est pas le sens du drame, c'est le sens de la
musique. Ce qu'elle fait est naturellement mu-
sical elle a le sentiment de la forme mélodique
et les sentiment du rythme il n'y a point de
mauvais goût dans son chank 4ont, le. contour
est iusta et sobre. Sa voix, api eat homogèûe et
Le cas de l'instituteur Marchand j
Au mois de février dernier, sur mandat du juge i
d'instruction de Pontoise, et à la suite d'une plainte
adressée au procureur de la République du même
ressort, M. Théouhile Marchand, instituteur de l'é- j
cole mixte d'Epiuches, petit hameau dépendant
de la commune de Saint-Ouen-l'Aumône,– était ar-
rêté sous la double inculpation ide viol commis sur
la pfirsonne d'une fillette de sa classe et d'attentats
à la pudeur .commis sur plusieurs.autres fillettes.
Les crimes dont Marchand était accusé sont pré-
vus et punis par les articles 331 à 333, -dont le mi-
nistère public demandait l'application et qui entraî-
nent la peine des travaux fopcés à perpétuité. Dé-
fendu par Me Henri Robert, au mois de mai suivant,
devant la cour d'assises de Seine-et-Oise, l'institu-
teur ne fut condamné qu'à trois-ans de prison.
Des aecusations formulées contre le prévenu, le
jury ne retint en effet que celle relative aux atten-
tats à la pudeur commis sur trois fillettes, c<_avec
circonstances atténuantes », et écarta catégorique-
ment de la cause les deux principales accusatrices,
les petites Germaine L. et Ludivine D. recon-
nues pour n'avoir pas été violentées par Marchand.
Or, ces deux enfants, seules, avaient cté la cause de .1
son arrestation.
Tant au cours ds l'instruction et des débats quo
depuis sa condamnation, l'instituteur Marchand n'a
cessé de .protester de sou innocence. Le jour -de
sa comparution devant le jury, un grand nombre
d'habitants d'Epluchés s'étaient rendus à la cour
d'assises do Versailles. Pendant toute l'audience et
surtout après le verdict, ils manifestèrent contreles
accusatrices et contre les témoins à charge.
Depuis lors, 95 électeurs, sur 105 que comporte le
hameau, ont sign-é, sans -distinction d'opinions poli-
tiques .ou religieuses., xme pétition en faveur de
rélargissement du prisonnier, alin qu'il puisse faire
plus facilement preuve de son innocence. Outre
que ce document était conçu dans les termes les plus
•chaleureux, les signataires ajoutaient en terminant
que, non seulement ils avaient conservé leur estime
au maître d'école, .mais :.encore qu'ils étaient prêts à
lui confier do nouveau.Jeurs enfants, le jour de .sa
mise en liberté, « persuadés qu'ils ne pourraient
trouver un meilleur et un plus digne éducateur ».
D'ailleurs, la. population d'Epluches -ne -s'en-tiat
pas là. Par l'intermédiaire de délégués nommés par
elle, la Ligue des Droits do l'homme et l'Amicale des
instituteurs furent saisies de la cause de Théophile
Marchand.
Au mois de juillet M. Gabriel Monod,
membre do l'Institut fit une première démarche
auprès de la commission des grâces, au ministère
delà justice, plus encore, si c'est possible, en
son nom personnel, que comme ancien président
de la section versailialse de la Ligue des Droits de
l'homme et de président de la fédération de Seine-
et-Oise, tant il. était convaincu de l'innocence -do
Marchand.
Il fut secondé dans cette généreuse initiative par y
M. Vormser, .agréé honoraire au tribunal do Ver-
sailles, et par M. Murgier, ancien directeur d'école
à Versailles, ancien membre du conseil supérieur
de l'instruction publique, aujourd'hui receveur bu-
raliste à Aubervilliers. Faute de faits nouveaux, la
commission des grâces refusa m momentanément »
de faire droit à leur demande.
Une seconde démarche fut tentée par les mômes
personnes auxquelles M* Henri Robert, défen-
seur de Marchand, avait tenu spontanément .à se
joindre il y a quinze jours environ. Des docu-
ments nouveaux avaient été rassemblés. Ils furent
soumis à M. Tissier, directeur des afta-ires crimi-
nelles. Et c'est au sujet de cette nouvelle manifes-
tation de sympathie dont,vient d'être l'objet l'an-
cien Instituteur d'Epiuches, qu'un de nos collabora-
teurs a interviewé M. Gabriel Monod.
Nous ne voulons en aucune façon, lui aditM. Mo-
nod, créer .une agitation .dans la presse autour de cette
affaire. Nous avons l'espérance d'aboutir, Dieu merci,
sans cela, et à bref délai. Mon opinion très sincère,
ainsi.que celle de tous les défenseurs de Marchand,
est que nous nous trouvons en présence d'une erreur
judiciaire nue tous les honnêtes gens doivent avoir à
cœur de réparer.
Notre conviction est faite. Elle est basée sur des
présomptions sérieuses. Non seulement les plus hono-
rables habitants d'Epluches n'ont cessé d'être persua-
dés, dès la première heure, de l'Innocence absolue de
Marchand, mais encore il demeure acquis que l'ancien
maître d'école n'aurait pu commettre son crime en
admettant, pour un instant, qu'il soit coupable dans
les circonstances relatées par l'accusation.
Tout d'abord Marchand fut de tout temps un mari
irréprochable et un excellent père de famille. Bon
beau-père a toujours protesté de son innocence. Sa
femme a fait de même. Deux fois par semaine, depuis
son incarcération, une personne d'Epluches accompagne
la malheureuse à la prison de Pontoise, où elle prodi-
gue son mari les encouragements et les consolations
que commande son état. Le 3 décembre dernier, c'était
"un vieillard impotent de soixante-seize ans qui tenait
à honneur de se faire porter en voiture jusqu'à là mai-
son d'arrêt, en compagnie de Mme Marchand,- pour as-
surer le prisonnier de sa sympathie.
Les conditions dans lesquelles on lui reproche d'a-
voir abusé de fillettes confiées à ses soins rendent
cette accusation tout à fait invraisemblable. L'heure?
Ce serait, parait-il, entre et 5 heures de l'après-midi.
Le lieu? Une salle ouverte à tout venant et où l'on
pouvait regarder par une fenêtre donnant sur la cour.
Nous avons pu constater que, de l'appartement do
Marchand (cuisine et salle à manger), on peut être en
deux minutes à la classe des garçons. Or il nous parait
peu soutenable que, "pendant deux ans », l'instituteur
ait pu s'enfermer dans ea classe et accomplir des actes
odieux sans donner l'éveil aux siens, étant donné sur-
tout que la bonne et la fillette de Marchand venaient
souvent le trouver dans la classe pour une cause ou
pour une autre, aussi bien que sa femme.
La table sur laquelle, d'après les accusatrices, B8
passaient des faits honteux est placée contre une fe-
nêtre. L'endroit semble mal choisi. Il est si facile, do
là, d'être vu du dehors 1 Un criminel se cache. Le bu-
reau, vaste, sis dans un angle, à l'endroit le moins
éclairé, aurait été plutôt choisi, semble-t-il, si Mar-
chand'avait eu l'intention de mal faire. On peut relever
tous les jours, sur les murs, les traces des pieds des
garçons qui grimpent sans cesse aux fenêtres, comme
tous les enfants de leur âge, pendant les récréations.
Or, aucun enfant n'a jamais rien vu de répréhensible
tous les garçons en ont témoigné par écrit. Un en-
fant, la jeune Degan, par exemple, restait tous les
soirs le dernier, et comme ses camarades, grimpait
aux fenêtres. 'Jamais il n'a rien remarqué d'anormal,
et les rideaux, a-4-il dit, n'étaient Jamais tirés comme
les accusatrices de l'instituteur l'ont prétendu.
M. Monod nous déclare en terminant que sans
vouloir s'appesantir plus longtemps sur des détails
qui sont soigneusement réunis dans un volumineux
dossier, soumis au ministre de la justice, il icroit que
la commission des affaires criminelles nie peut man-
quer d'accorder prochainement la grâce de Théo-
phile Marchand et que cette mesure le mettra à
même de poursuivre sa réhabilitation.
dont le timbre est beau, n'a pas la force et l'am-
pleur qu'on avait cru l'an dernier lui trouver
aux épreuves du Conservatoire nouvel effet,
après tant d'autres, du mirage des concours.
Elle a dit avec noblesse et pureté l'entrée d'Or-
phée aux Champs-Elysées, et avec une émotion
sincère les supplications d'Orphée aux ombres
infernales c'est sans doute la scène qu'elle a
le mieux interprétée. Il aurait cependant fallu
que la gradation contenue dans le drame et
dans la musique fût plus exactement et
plus fortement exprimée.
Vous savez qu'Orphée supplie à trois repri-
ses les gardiens du royaume des morts; il les
adjure de lui livrer passage, et chaque fois
les paroles et le chant sont différents ce ne
sont pas, comme dans « J'ai perdu mon Eury-
dice », trois couplets d'un même air, mais trois
strophes lyriques dont chacune marque un pro-
grès sur la précédente, en même temps qu'un
pas dans l'action. Gluck a voulu qu'à chaque
strophe le chant d'Orphée devînt plus passiouné
et plus pressant; il l'a marqué de la manière la
plus nette par l'accent et par le rythme de la
mélodie. La première, « Laissez-vous tou-
cher par mes pleurs », est une invocation
simple et émue, qui peu à peu va s'exaltant;
la deuxième, « Ah la flamme qui me dé-
vore », est un admirable élan de la passion
ardente et poignante; la troisième, « Là ten-
dresse quime presse", est lasupplication la plus
touchante, la plus directe, celle qui achève de
fléchir la rigueur des gardiens terribles des
En fers. Mlle Baveau n'èstpas sans avoir aperçu
cette progression, ni sans l'indiquer dans son
chant. Mais elle l'indique faiblement et timide-
ment à peu près, semble-t-il, comme on ferait
au concert, plutôt que comme on doit faire à la
scène. Je retrouve ici l'une des impressions
que m'avaient suggérées l'été dernier les con-
cours de Mlle Raveau: elle m'avait paru avoir
les qualités du concert mieux que celles du
théâtre. Mais cette artiste estencore fort jeune;
on conçoit aisément qu'elle n'ait pas encore le
pathétique de la tragédie musicale. Elle l'aura
peut-être plus tard. Aujourd'hui, elle interprète
Orphée sinon en tragédienne, du moins en mu-
sicienne si vous songez à certaines interpréta-
tions antérieures, vous reconnaîtrez que ce n'est
pas si peu de chose.
Les fragments de la partition primitive que
nous restitue la reprise actuelle sont au nombre
de trois. Le premIer, à la fin du tableau des
Enfers, est la danse des .Furies, admirable
morceau d'orchestre, d'une superbe véhémence
rythmique on a eu grande raison de le tirer
de l'oubli je regrette seulement qu'on l'exé-
cute en guise d'intermède, et devant le rideau
baissé, m Heu de Je faire servir, comme il de-
vrait, à la.da.nja des oœfeFês iaferRates apr^s
Ajoutons que d'ores et déjà, le préfet de Seine-et-
Oise a émis une opinion favorable à cette solution et
que le directeur départemental des prisons de Seine-
et-Oises'estrendu exprès à la prison de Pon toise pour
donner l'ordre d'adoucir dans toute la mesure du
possible la peine du malheureux instituteur d'Eplu-
cïxes, victime de dénonciations calomnieuses.
L'Ouest-Etat
L'Etat pris possession, le 1« janvier, des divers
services do la Compagnie des chemina de fer de
l'Ouest, M. Beaugey, directeur des services, ac-
compagné des deux sous-directeurs, MM. Le Grain et
Vienno t. s'est rendu dans la matinée au cabinet de M.
de Larminat, l'ex-directeur de la Compagnie de
l'Ouest, où ont eu lieu la transmission des services.
Mais en réalité, c'est seulement aujourd'hui 4 jan-
vier que M. Beaugey et les sous-directeurs se sont
installés dans les bureaux de la rue de Rome.
Deux ordres .du jour ont été lancés. Dans l'un, la
direction de la Compagnie de l'Ouest exprime à tout
le personnel sa profonde reconnaissance pour le dé-
vouement dont il a toujours fait preuve. Le second,
lancé par la nouvelle direction, annonce la prise de
-possession des services par l'Etat.
Aupune modification,* y est-il dit, n'est apportée,
quant à présent, aux ordres, règlements, circulaires,
instructions, avis, etc., de la compagnie.
Provisoirement et jusquià nouvel :ondre, les foBciisn-
naires,, agents et ouvriers du réseau de l^Guest conti-
nueront leur service dans -la situation où ils se trou-
vent actuellement placés ,par les règlements ou .les
déoisions .de la compagnie. Aucuae responsabilité ne
doit être déplacée ou amoindrie.
Rien n'est donc changé jusqu'à présent, pas plus
dans l'ordre administratif que dans les moyens d'ex-
ploitation,. Les voyageurs ont, d'ailleurs, pu s'en
apercevoir. Depuis le 1er janvier, quelques trains du
nouveau réseau da l'Etat pnt eu autant de retard
que pouvaient en avoir ceux de la Compagnie de
1 Ouest Même, à l'arrivée d'un train de .banlieue
à la gare Saint-Lazare, les voyageurs rede-
mandaient en chœur déjà 1 l'Ouest. Il paraît
que l'JStat avait négligé de changer les bouillottes
dans leiics compartiments.
Les employés eux-mêmes se montraient déjà quel-
que peu frondeurs. Sous les halls et le long des
voies de la gare Saint-Lazare, ils s'abordaient en se
demandant « As-tu ttu la casquette » On leur avait
affirmé, en effet, que dès le 1er janvier on leur don-
nerait des casquettes sur lesquelles brilleraient en
belles lettres d'argent le mot « Etat ». Et tous les
employés arboraient encore les vieilles casquettes
de l'Ouest.
Au demeurant, il ne s'agit là que de très menus
incidents où s'exerce la verve gouailleuse des Pari-
siens. Rien de grave n'a marqué la prise de posses-
sion des services par l'Etat.
FAITS DIVERS
LA. TEMPÉRATUKB
Bureau central météorologique
Lundi 4 janvier. Une aire anticyclonique couvre
encore presque tout le continent; son centre se trouve
ce ma tîn "sur les Pays-Bas .où le .baromètre marque
782 mm.
La pression est supérieure à 775 mm. dans tout
l'ouest et le centre du continent.
Des dépressions continuent à passer dans l'extrême-
nord (Arkangel 745 mm.).
Le vent est faible de l'est sur toutes nos côtes où la
mer est belle.
Des neiges et des pluies sont tombées dans le nord
de l'Europe. '• •
En France, on a recueillit mm. d'eau au Havre, 1 à
Cherbourg.
La température a baissé sur nos régions; elle a
monta presque partout ailleurs, notamment dans le
centra et l'est du continent.
Ce matin, le thermomètre marquait –16» à Kharkof
–9" à Jîeifort, –4° à Clermont-Ferrand, –1° à Paris,
Toulouse, +1*> à Alger.
Un notait 4° au puy de Dôme, –1° au mont Ven-
toux, 5° au pic du Midi.
En France, un temps brumeux et un peu froid est
probable.
A Paris, hier, la température moyenne, 1°4, a été
inférieure de 0«6 à la normale (2°).
A la tour Eiffel, maximum 6°4 le 3 à 1 heure du
soir; minimum 0°ôle 4 à 7 h. du matin.
Observatoire municipal 'région parisienne)
Le ciel reste couvert et est voilé ce matin d'un brouil-
lard assez intense..
Les vents, très faibles, souffeat de nord à est.
La température a baissé fortement les minimad'au-
jourd'hui descendent à S°.
La pression barométrique, très élevée et peu varia-
ble, accuse à midi 780 mm. 4.
qu'ellesontHvrépassage à Orphée. Le deuxième,
qui prend place à la fin du troisième acte, est un
délicieux trio chanté par Orphée, Eurydice et
l'Amour; trio dont l'idéeméJodique est exquise,
où la disposition des voix a une grâce extrême;
c'est dans cet acte fastidieux et glacial le seul
moment où l'on puisse prendre du plaisir on
nous le devait bien. Le troisième fragment, qui
forme à lui seul tout un tableau, est le ballet
final que l'on danse au dernier acte, pour célé-
brer le retour à la lumière et le bonheur recon-
quis d'Eurydice et d'Orphée. Ce ballet contient
d'agréables danses; il est fort joliment réglé
par Mme Mariquita, et Mlle Régina Badet y est
charmante sous les traits de l'Amour. Quel-
ques personnes ont paru trouver qu'il faisait
longueur après l'achèvement de l'action, et
que d'ailleurs un des signes particulier de la
réforme gluckiste ayant été de supprimer les
divertissements qui n'avaient point de rapport
avec le drame, il était inutile de nous restituer
celui-ci. Il est vrai que les divertissements dans
Gluck n'ont point du tout le même caractère
qu'ils ont dans Rameau, où ils sont une partie
essentielle du spectacle, où ils ont pour objet
de représenter dans l'opéra l'élément purement
musical, d'envelopper les scènes de la tragédie
d'une atmosphère de musique, de leur faire
équilibre, de donner à la marche et au dé-
veloppement de l'opéra un rythme, une ca-
dence, une ordonnance, qui ne sont point
proprement dramatiques, mais lyriques et
musicaux. Chez Gluck, ou bien le divertis-
sement fait partie de l'action, comme au
deuxième acte û'Alceste, ou bien il est étran-
ger à l'équilibre de l'œuvre, apparaît arbitraire
et postiche. C'est un peu ce qui advient pour le
ballet final d'O/?Ad'avis qu'on ait eu tort de tenter cette restitu-
tion, et je suis près de me ranger au sentiment
que l'un de nos juges les plus sagaces expri-
mait à ce propos « Les habitudes de l'opéra
moderne veulent que le spectacle finisse en
pleine action. Il n'en était pas de même dans
l'opéra ancien, où quand la tragédie était
achevée, une musique heureuse, de belles
danses, des chants paisibles venaient dé-
tendre l'esprit. C'est ce qui contribue à don-
ner à ces œuvres leur caractère de rêve
bienfaisant et serein. Pourquoi ne pas re-
venir ta cette conception? Je la trouve plus
haute que la nôtre (1). »
Quelques changements dans 1a mise en seè-
ne ont accompagné cette reprise. Vous vous
rappelez le décor de l'acte des Champs-Ely-
sées ce paysage ingénieusement inspiré des
calmes visions de Puvis de Chavannes, où dan-
(1) Romain Rolland Gluck. Mais ces remarques
s'appliquent mieux encore à Rameau, Que M. Rolland
a'ei»efiuèr»
Sur la Seine. Le brouillard qu!, depuis deux
jours, avait interrompu la circulation des bateaux
parisiens sur la Seine, s'étant un peu dissipé, le ser-
vice de ces bateaux a. repris ce matin, mais seule-
ment sur la rive droite.
La, crue de la Seine est terminée et les eaux sont
revenues à 'leur niveaunormaL
îi'affsire Steinîioil. M. Hamard s'est rendu
re matin impasse Ronsin pour y opérer la saisie
de quelques objets mobiliers po.uv.ant servir à l'ins-
truction.
Vn tamponnement à. Veva&illea. Un acci-
dent a eu lieu ce matin, entre les gares do Saint-Çyr
et de Versailles-Matelots, entre le train 98, venant
de Paris, et le .train 564, venant de Chartres. Cinq
voyageurs ont été blessés, dont deux plus par-
ticulièrement atteints Mme veuve Martin, pro-
priétaire à Trappes (plaies contuses au côté droit), et
M. Bouchary, licencié en droit, rue Véron à Paris,
qui a eu le tendon du pied droit coupé et qu'on a dû.
transporter à l'hôpital de 'Versailles. Les autres
n'ont reçu quedes blessures légères.
Dès qu'ils ont eu connaissance de l'accident, M.
Autrand, ^préfet «de Seine-et-Oise, «t son seerétair-e
général se sont fendus & la gare des Matelots.
E=e crime dé Colombes. Hier, vers neuf
heures du matin, M. Andrieu, commissaire de police
de Courbevoie, s'est rendu dans la. villa de l'avenue
de Genneyllliecs ^t a continaé l'examen de la «or-
respondance des époux Mathieu. Contrairement à
ce qu'on -croyait tout d'abord, cette -correspondance
ne révèle pas que le ménage apportât un grand soin
dansTadministratlon deson "budget, non plus aucune
grande attention à classer ;lea lettres des clients..
Sans ordre de date, des missives personnelles étaient
mélangées à des ife,ctttresïet à des prospectus.
D'autre part, une découverte qui montre la hâte
avec laquelle les cambrioleurs assassins >ont accom-
pli leur forfait a -été ladite par un charbonnier, M.
Unal, de Colombes. Il venait de livrer une commande
-dans les enviroais .,de la gare, .en compagnie d'un de
ses commis, lorsqu'à la hauteur 3fl l'avenue de
-GennevïHiers, il irouvasur le sol une montre en or,
sans chaîne, aux initiales G M entrelacées. Plu-
sieurs personnes ayant reconnu le chronomètre de
M. Mathieu, le charbonnier porta la montreau com- v
missaire de Courbevoie,
La trouvaille de cette montre, tombée sur la
route, laisse soupçonner une fuite .rapide, et tout
permet de croire qu'apcàs. avoir tué le chien, fouilla
les meubles de fond en comble, et assassiné les deux
malheureux rentiers dans les circonstances que
nous avons racontées, les malfaiteurs ont éxé pris
de peur et ont déguerpi avec précipitation.
Le neveu des victimes, l'abbé Moureaux, curé de
la commune d'Anrosey (Haute-Marne), est arrivé
hier:àParis où il est descendu chez sa cousine, Mme
Grandmaire,. brodeuse, rue Saint-Dominique. « Mon
oncle et ma tante, a-tdl dit, venaient habituelle-
ment passer quelques semaines à Anrosey. Cepen-
dant M. Mathieu s'abstint, ,cette année, dece voyage,
tant il avait pour que sa maison ne fût cambriolée
en son absence. »
BSort d'ua ûélégué sénatorial. On mande
d'Auxerre que le délégué sénatorial de Sainte-Pal-
laye, M. Robin, ancien instituteur à Saint-Sauveur,
est mort subitement à l'hôtel au moment où il allait
partir pour voter.
Volée par sa bonne. Vers la fin de l'année
qui vient de se terminer, Mlle Loiseau, habitant rue
Saint-Georges, 20, Nancy, engageait comme bonne
une jeune tille de 15 ans qui déclara se nommer
Minna Wagner, dont la famille était arrivée il y a
deux mois dans cette ville et habitait rue Saint-
Nicolas. Mlle Loiseau s'étant absentée pendant les
fêtes du nouvel an, ïut fort étonnée à son retour de
ne pas voir sa domestique. Mais elle constatait qu'un
petit coffre-fort dans lequel se trouvaient environ
5.000 francs en or ou billets de banque et 20.000 francs
de valeurs avait disparu, ainsi que ses bijoux, d'une
valeur de plusieurs milliers de francs. Les soupçons
s'étant portés sur sa domestique, on alla au domi-
cile des parents de celle-ci. lis étaient partis depuis
le jour du nouvel an. On trouva dans leur logement
le petit coffre^fort enlevé du domicile de Mlle Loi-
seau. Ce meuble avait été éventrô et vidé. Toute la
famille de la jeune Wagner et cette dernière ont
disparu sans laisser la moindre trace.
Arrestation de faux monnayeurs. Deux
inspecteurs de la brigade mobile de Bordeaux
-ayant remarqué dans la gare de Gazinet (Gironde),
un couple dont les ailures leur parurent touches. les
filèrent et montèrent avec eux dans le train qui allait
à Bordeaux.
En route, le couple demanda sous un prétexte
quelconque à changer de la monnaie. L'un" des ins-
pecteurs accéda à ce désir et s'aperçut que les pièces
à lui remises étaient fausses.
A l'arrivée du train à Bordeaux l'homme et la
femme furent arrêtés. Us déclarèrent s'appeler
Albert Gallet, âgé de trente-sept ans, et Marguerite
Barbe, femme Gallet, demeurant tous deux à Gazi-
net. Mais ils le prirent de très haut avecle commis-
saire et les agents et se précipitèrent même sur
cenx-ci pour les frapper.
Une enquête faite à leur domicile a fait décou-
vrir toute une série de moules pour les fausset
pièces d'argent.
Qallet et sa femme ont été; écroués à la prison de
Bordeaux.
Vu fratricide de huit ans. Au hameau de
Lagarde, près de Saint-Gaudens, le jeune Baron,
âgé de huit ans, à la suite d'une discussion avec sa
sœur, qui venait d'avoir cinq ans, décrocha le fusil
de son père, absent à ce moment, et tira à bout
portant sur la fillette, qui tomba morte surle coup.
Lorsque ses parents sont rentrés, le jeune Baron
leur a déclaré froides "nt qu'il détestait sa soeur et
que depuis longtemps il avait résolu de se débarras-
ser d'elle par un moyen quelconque.
INFORMATIONS DIVERSES
Nous avons ,raçu pour notre Caisse de Charité de
B. X., 20 ir.; Sonia, 5 iv.; T. V., .100 îfr.; ensemble, 125 If.
Demain mardi, à cinq heures et demie, à l'Ecole
des langues orientales, dernière .conférence de M. An-
dré Tardieu, premier secrétaire d'ambassade hono-
raire, sur la Question d'Orient ».
Les cours de l'Ecole des hautes études sociales,
16, rue de la Sorbonne, ont repris aujourd'hui par une
> confërenee de M. Camille "Le Senne sur « le Lys », et
de M. Saglio -sur « llHustratkm des journaux hier, au-
jourd'hui et demain. »
Samedi, à S h. 1/2, M. Denys Cochin, député deîa
Seine, traitera de « l'Entente franco-anglaise et ses
conséquences méditerranéennes », sous la. présidence
i de M. Paul DeschaneL
Cest un régal littéraire que nous offrira l'école
i Berîitz jeudi prochain à trois heures et demie, en pré-
sentant au public parisien l'auteur si justement re-
nommé de Three men in a boat. Jerome-K. Jeromej
saient des figures empruntées au Printemps de J
Botticelli. Il y avait un peu trop de précision
dans ces emprunts; ils évoquaient trop impé-
rieusement la pensée d'un tableau particulier;
cela s'accordait peu avec le style de la mu-
sique de Gluck et en détournait l'attention. Un
ballet nouveau a remplacé l'ancien; on n'y voit
plus ces figures et ces robes imitées de Botti-
celli et ce qu'il y avait de gênant dans cette
ressemblance trop minutieuse a disparu. Le
décor seul continue à évoquer de trop près le
souvenir de Puvis de Chavannes léger excès
de recherche, où il n'est pas surprenant que
M. Carré se soit laissé entraîner, lorsqu'il en-
treprit pour la première fois de représenter un
opéra de Gluck. En revanche, la mise en scène
de l'acte de l'Enfer est en accord parfait avec
la pensée de Gluck. Ces ténèbres opaques, cette
gorge formidable qui pénètre aux entrailles
de la terre, ces ombres incertaines cette foule
pâle et confuse, vaguement visible au fond
de la noire caverne, voilà bien le seuil
du funèbre empire, et les spectres qu'Or-
phée doit attendrir pour retrouver Eury-
dice. Et parmi cette obscurité, lorsqu'il sur-
git soudain rayonnant de clarté, sa blanche
apparition illumine les ténèbres, ainsi que son
chant, soutenu par les accords limpides de la
lyre, semble illuminer le sombre chœur des dé-
mons. C'est l'interprétation plastique la plus
fidéle de la musique. Rappelez-vous l'Orphée
qu'on représentait à l'ancien Opéra-Comique,
cette caverne pareille à une grotte artificielle
du parc Monceau, ces spectres enveloppés de
châles gris et coiffés de filasse, que l'on voyait
évoluer en pleine lumière, ou peu s'en faut c
vous mesurerez le progrès accompli.
Deux dimanches de suite, Mlle Agnès Borgo a
interprété, sous la direction de M. Chevillard,
la scène finale du Crépuscule des dieux. Le pu-
blicparisien n'ajamais eu tant d'occasions d'en-
tendre cette scène illustre Mlle Grandjean la
chante un ou deux soirs par semaine à l'Opéra,
Mme Litvinne l'a chantée deux fois au Châte-
let, et voici qu'à son tour Mlle Borgo vient de
la chanter deux fois aux Conçerts-Lamoureux.
C'est comme un concours; et cela fait songer à
certaine année où tous les kapellmeister alle-
mands de renom M. Mottl, M. Strauss, M.
Weingartner, en nous rendant visite, apportè-
rent dans leurs bagages leur interprétation per-
sonnelle de la symphonie en ut mineur. On
eût dit qu'ils s'étaient donné le mot, «t l'on
avait envie de leur distribuer des rangs; je crois
bien qu'on l'a fait. Je ne me rappelle plus qui
fut premier dans ce concours de la symphonie
en ut mineur; dans celui de la M ort de erwnn-
hilde, Mlle Borgo n'est point la dernière. Des
i trois eantairicÊS qui eet automne nous ont fait
dont on joue actuellement à Londres deux pièces 4
succès, The passîng of the third ftoor bock et Fanny, feraJ
dans la salle Berlitz une conférence en .anglais sur là
littérature dramatique anglaise.
TRIBUNAUX
.i
.L'essai avant la vente.-La sixième chambre,
du tribunal, présidée par M. Çallois, vient des
rendre un jugement intéressant «a matièr« d'assai
de chevaux avant l'acquisition.
Un sportsman connu, M. de S. L. désiranfi
acheter une paire de chevaux d'attelage, engageai
des pourparlers ,&yep un marchand de chevau? 4$
quartier des Champs-Elysées, en vue de l'acquisl*
tion d'une paire de juments de demi-sang.
kes juments furent attelées à un phaéton, èfj
pour les essayer, M. de S. L. les conduisit iuî^
même. Au cours ds l'essai, l'une des juments tooi&ai
et fut blessée au genou. Qui devait supporter lai
eoraéqusnce de -l'accident? M. de S, L. déclinai
toute responsabilité, estimant que l'amateur en
pourparlers d'acquisition ne saurait être rendu
responsable des accidents survenus au cours da
Tassai, alors surtout qu'il est aeeompagné dFuni
préposé du marchand
Le tribunal a résolu la question en sens eon-»
traire al a eoiadamné JM. M & L. à. payer »x$
marchand une .somme de 1,000 francs à titre a#
dommages-intérêts.
W Gaston Levisalles plaidait pour le maicciiana
et M° .Boisaantpour -M. de S. L.
X.e dntflt de «basse. On nous écrit
Quand un propriétaire a, pendaai de longues aaï
nées, laissé chasser sur un terrain lui appartenant,
suffit-il d'un simpïe'fcail verbal, »on porté à la con-<
naissance du publie, pour retirer cette autorisation
tacite ?
Telle est la question qui vient de se poser doy.anfi
le tribunal correctionnel de Paîmbœuf. Une société
de chasseurs de cette ville, ayant loué ̃verhaleraenâ
une vigne, y fit dresser procès-verbal dès le i&a-<
demain à deux chasseurs, qui auparavant avaient!
l'habitude d'y -chasser régulièrement.
Les (délinquants ont soutenu qu'en pareil cas, uni
bail verbal, qui Devait pas même été enregistré, »0
pouvait pas suffire à détruire, du jour au lende-
main, la tolérance de chasse accordée implicitemeaB
jusque-la par le propriétaire du terrain. Leuïi
thèse appuyée d'une consultation d'un expert!
réputé en la matière, 'le comte de Fleury a été
admise par le tribunal; qui les a mis hors de cause,
en spécifiant que quand un propriétaire retirait,
par une location ou pour toute autre cause, le droit
de chasse sur ses terres, qu'il avait précédemamenli
accordé à tout le monde, sa nouvelle -décision ëe-t
vait être rendue publique.
NECROLOGIE
On annonce la mort à Rochefort du docteur Léon
Ardou-in, ancien médecin principal de la marine, che-
valier de la Légion d'honneur.
M. Ardouin était un philosophe et un éruciït. fta
classé les collections du musée et la bibliothèque
de l'Ecole de médecine navale, la bibliothèque delà
marine, les archives municipales.
Il avait réuni une riche collée lion de monnaies jet.
médailles remarquables.
Au nombre des œuvres philanthropiques qu'il a
fondées, il convient de citer le sanatorium de Çoa-
ras.
Les obsèques de M. Emile-P. Simmonds, consul
général et administrateur de la Banque nationale.
dT3aïti, décédé en son domicile, 190, boulevard Hauss-
mann, auront lieu le mardi 5 janvier, à dix heures
•précises.
On se réunira à la maison mortuaire. L'inhuma-
tion aura lieu au cimetière Montmartre.
t~ ~&
LIBRAIRIE
Nouvelle Collection illustrée Calmami-Liévy.
La Petite paroisse, l'admirable chef-d'œuvre d'Al-
phonse Daudet, vient de paraître dans la Nouvelle
Collection illustrée Calmann-Lévy à 95 centime?
le roman complet.
802.UIII-
AVIS ET COMMUNICATIONS
FEU FLASIBAKT
Boulets-Bruyer; Bois sec; sacs plombés.
Bruyer, 2, rue Saint-Denis (Paris). Tôléph. 1C6-43,
~i
DÉPÊCHES COMMERCIALES
La Villette, 4 janvier. 'Bestinux. Vente diffi-
cile sur le gros bétail et les veaux, calme sur Ie3
.montons. mnTfinw sur les Dorcs,
•“ à es Ame- Ven- V 2« 3\ _Prixexwêmes_^
Ame- Ven- 1" 2. 3. ~Pn~ex~e~
lispec nés dus n;té- qté-. qté. yiand» 'netlpoids vil
Bœufs.. 2.540i 2.354!» 85 « 69,1» 53 » 50 à» «8 » 40 à» 60
Vaches 1.236' 1.128'» 85 69 » 5:1» 50 » 88 » 40 » 6ft
Taurx -250.1 213!» 73 » 61 » 491» 46 » 76 » 33 » 57
Veaux. 1.3091 1.18411 15 1 05 » 95 » 97 1 20 » 55 » 79
Veaux. 1.309: 1.1841115105.951" 97 1 20 55 » 79
Mouto,i. J7 882 16.170:1 20 1 10 1 ». • 95 1 28 » 66 » 80
Porcs.. 4. 3921 4.3921» 83|» 78! 73 » 70 » 66. » 36 » 56
V"I
Peaux de mouton selon laine. 1 75 à 6 francs
53 vaches laitières vendues de 440 à 675 frapes
Arrivages étrangers 206 moutons monténégrins.
Renvois figurant dans les arrivages 100 bœufs,
38 vaches,. taureaux, 214 montons.
Réserves vivantes aux abattoirs le 4 janv.: 1(O83 gros
bétail, 416 veau*, 2,259 moutons.
Entrées directes depuis le dernier marché -665 grog
bétail, 1,685 veaux, %$Z& moutons. 998 porcs.
Bordeaux, 3 janvier.
Blës. Affaires nulles. On cote 22 50 a 22 75 ïea
100 kilos rnndus les blés du Centre; 18 fr. 1 hectolitre
les blés du rayon.
Farines. Cours plus fermes. Farines supérieu-
res du haut pays 31 50; premières marques 31 S5 les
100 kilos.
Maïs°~ Tendance plus faille. Maïs roux de paya
18 '50; roux de la Piata 20 tt.\ Ctoçuantmi 23 50 de»
100 kilos logés.
Avoines.- Très calmes avec tendance faible. Grise»
du Poitou 18 85 à 18 50; :grises de Bretagne 18 îr.,
noires 18 50 les 100 kilos.
Seigles. Calmes à 17 50 les 400 kilos.
'Orges. Délaissées. Be pays 18 85 les 100 kidos.
VIOLETTE HOUB1GANT ""SSESwm
BATAT MOL OEHTIF8IC6 APPROUVÉ
igolraTrAngl:ACAMIE DE APPROUVt
0Vf Vf PAU L-ACAOE8IE DE BEDECWE DE PARIS
entendre le grandiose fragment d'épopée musi-
cale par quoi s'achève le Ring, elle n'a été ni la
moins vaillante, ni la moins intelligente, ni la
moins expressive. Elle a interprété ce formida-
ble monologue avec une-ardeur, une véhémence,
une passionremarquables.Sa voix n'apaslapuis-
sance énorme, imperturbable et comme indiffé-
rente qui rend la voix de Mme Litvinne compara-
ble à une force de la nature mais elle a autant de
sonoritéquecelledeMUeGrandjean, avec un tim-
bre plus agréable, et sans chevrotement. Et son
interprétation n'est pas traînante, inerte et
sans vie, comme celle qui à l'Opéra rend pres-
que fastidieuse cette surhumaine conclusion
d'un drame surhumain il s'y révèle une,spon-
tanéité, une volonté de bien faire, une ferveur
juvénile qui méritent de plaire, et ont beau-
coup plu.
Tout cela est encore assurément fort jeune
en effet, manque quelque peu d'autorité et de
profondeur; c'est ainsi que les moments les
plus satisfaisants de cette interprétation ont été
le commencement et la fin de la scène, où une
sincérité intrépide, l'élan vocal et la fougue du
mouvement, qui sont des qualités nécessaires,
ne sont pas lom d'être suffisantes tandis que
le moment où elle a faibli en a été le milieu,
l'adieu magnifique de Brunnhilde à Wotan, où
il faut, dans un chant contenu et sans éclat de
voix, une intensité souveraine de sentiment et
d'expression. II est naturel qu'une cantatrice
débutante dans l'art wagnérien n'atteigne pas
à cette hauteur; nous avons vu que d'autres,
qui sont expérimentées et célèbres, n'en appro-
chent pas davantage. En somme, Mlle Borgo
a soutenu victorieusement une redoutable.
épreuve. On l'entend rarement à l'Opéra; elle a
prouvé qu'elle était digne d'y être entendue plus
souvent. Mais quelle Brunnhildo nous dira ja-
mais comme elles doivent être dites les paro-
les suprêmes qui dénouent la destinée de
Wotan et le drame divin du Ring, les paroles
qui annoncent au maître des dieux, « attendant
la fin, tenant à la main sa lance brisée, muet et
grave sur son siège élevé », l'heure où il pourra
se reposer dans la mort et s'anéantir avec le
Walhall? Quelle Brunnhilde donnera sa gran-
deur d'émotion, sa beauté d'apaisement au su-
blime passage « Tout, je sais tout enfin oui,
tout m est devenu clair. J'entends les ailes de
tes corbeaux. Vois, je te les renvoie tous deux,
porteurs du message désiré, si douloureuse-
ment désiré Repose, repose, ô dieu. Rune,
ruhe, du Gottl » Une seuie le pourrait sans
doute celle qui dans la Walkure a compris
l'âme et exprimé la pensée du dieu, celle qu il a
endormie sur la roche cerclée de flânâmes.
Mais Siesfried ne l'a nas éveillée.
Pibbss Laia
font une abondante nourriture sans peine et"
sans souci ce sont des rentiers qui n'ont,
besoin de personne. 1
Les merles et les grives sont loin d'être aussi
iavorisés. Nous en avons peu en cette saison,
mais il arrive encore souvent, malgré cela, que
notre approvisionnement en baies d'arbustes, j
qui sont le fond de leurs menus quotidiejis,n1est
pas suffisant pour les bien nourrir jusqu'au
retour du printemps. Beaucoup de ces baies,
gèlent, tombent,se gâtent et les pauvres oiseaux,
si le temps devient rigoureux et que la neige
couvre par trop longtemps le sol eu cachant
cette provende, connaissent le supplice de la
faim. Très timides, ils n'osent pas s'approcher
tout près des maisons autour desquelles il y a
toujours quelque chose, et au bout de huit jours
'de grosse neige ils n'ont presque plus la force de
voler. Poussés par la faim ils s'enhardissent un
peu, font un pas puis un autre du côté des hi-
bergeages, arrivent jusqu'aux cours où traînent
îles pailles, des graines, que picorent les poules,
haute bourgeoisie enviée quoique esclave,
regardent d'un œil inquiet tout ce qui remue,
tout ce qui a un aspect alarmant, se risquent,
avancent encore un peu pour attraper la maigre
bouchée. Le bec est déjà tendu; mais une fe-
nêtre s'ouvre à la ferme est-ce une main amie
qui va; jeter une aumône ? Non, un canon de fu*
sil brille, le coup part, et le malheureux petit oi-r
seau se débat sur la neige tachée de sang!
Et de toutes les maisons en bordure du vil-
lage, des écuries, des hangars, partent ainsi des
coups de fusil tant que la rigueur de la neige
force les misérables bestioles à venir mendier
jusqu'à nos portes. Cornaient qualifier cette
cruauté imbécile,- indigne de gens qui se croient
civilisés? Comment l'arrêter surtout? Comment
défendre ces oiseaux charmants, joie de nos
printemps, petites créatures inoffensives, toutes
,de grâce, toutes de gaieté? Mais les lois?. Ah!
les lois! Laissez-moi me taire. Ce sont les lois
de l'humanité, de la charité qu'il faudrait en-
seigner aux illettrés, de la pitié et delà miséri-
corde. Qui se chargera de cette tâche magnifi-
que, qui prêchera la douceur, qui défendra la
solidarité de tout ce qui vit, de tout ce qui sent,
"de tout ce qui souffre? Des siècles peut-être pas-
seront encore avant que l'horreur nous vienne
enfin de notre cruauté, de notre inconscience,
des tortures si sauvagement infligées à des
êtres d'innocence et de douceur.
Pauvres petits oiseaux, mourant de faim sur
la neige, vous devriez trouver partout le récon-
fort de notre vigilante charité; aux coins dis-
crets du jardin, où rien ne saurait mêler l'a-
mertume de la crainte à votre confiante arrivée,
il faudrait qu'il y eût toujours quelques reliefs,
quelques poignées de graines pour apaiser vo-
Ire faim. Il faudrait que les enfants de la mai-
son fussent chargés de cette aumône, et la le-
çon d'humanité qu'ils y prendraient vaudrait
bien, permettez-moi de le croire, celles où ils
perdent leur temps à apprendre ce qu'ont bien
pu faire Pharamond, « roi d'existence mal éta-
blie. », comme dit le savant M. Melin en son his-
toire, Chilpéric, Sigebert et autres figures à con-
tours vaguement définis. Mais non, nous rabâ-
chons encore ce que rabâchait Je moyen âge, et
cela n'est pas près de changer; quant à faire un
pas vers la compréhension du respect de la vie,
de l'horreur du sang versé, nous n'en sommes
pas encore capables et nous ne paraissons mê-
me point nous soucier de le devenir.
Comment reste-t-il encore des oiseaux après
la guerre éternelle et sans merci que nous leur
faisons? Il faut qu'ils aient une force de résis-
tance incroyable, une ténacité de vivre infinie.
Il est vrai qu'ils savent merveilleusement s'a-
dapter aux diverses conditions de la vie et tirer
parti de tout ce qui peut les favoriser. Ainsi
cette grande misère des grives et des merles en
temps de neige est un cas presque isolé. Leurs
petits voisins les verdiers, dont beaucoup pas-
sent l'hiver ici, tandis qu'un certain nombre de
ceux qui sont nés chez nous descendent au
Midi, se défendent fort bien contre les assauts
de l'hiver et savent mieux lutter contre lui.
que ceux-là. Ils fouillent les dessous des
buissons, des haies, des taillis et ils réussis-
sent à y trouver encore, par quelque
quinze degrés de froid, tout ce qu'il faut pour
.vivre. U est bien rare qu'ils en arrivent à la
dangereuse nécessité de s'approcher des mai-
sons pour y chercher du secours.
Quant aux roitelets, qui ne nous quittent ja-
mais. :ï semble que toute l'année ne soit pour
eux qu'un printemps perpétuel. Toujours vifs,
alertes, do bonne humeur, on les voit, souris em-
plumées, se glisser dans les tas de fagots, lés
monceaux de bûches, les meules de paille, pé-
nétrer sous les toits de chaume, et même sous
les autres, entrer hardiment dans les greniers,
chercher, fouiller et piquer d'un bec subtil tout
ce qui est mal caché d'insectes engourdis, de
larves et de chrysalides que leurs petits yeux
de diamant noir savent découvrir. Toujours de
bonne humeur, ils font, durant toute leur chasse,
entendre leurs petits cris joyeux; et si la jour-
née n'est pas trop sombre, si un rayon de so-
leil vient percer la sombre voûte des nuages, ils
se perchent en haut de quelque branche ou de
quelque poteau pour entonner leur chanson
cristalline ils sont la joie de nos hivers.
Cunisset-Carnot.
̃ ̃
LES DÉCORATIONS DU NOUVEL AN
Affaires étrangères
'Sont promus ou nommés dans la* Légion d'hon-
neur
Officiers
M. Brice, ministre plénipotentiaire à Addis-Aibaba.
%i. Lefaivre, consul général à Hambourg.
Chevaliers
•M- Clinchant, secrétaire d'ambassade de 2« classe.
M. Monnet, consul de lr« classe à Newcastle.
:M.-Mnnin, consul de 1" classe àDantzig,
:M: Velten, consul de 1™ classe, attache commercial
aux Etats-Unis.
FE~DMLJL'ET~M nu c~etit~~
DU 5 JANVIER 1908_(i)
LA MUSIQUE
A l'Opéra-Comique reprise à'Orphée. Débuts de
Mlle Raveau. Restitution de plusieurs morceaux
de la partition primitive. Les divertissements dans
l'œuvre de Glnck. La mise en scène â'Orjihce.
Au Concert-Lamoureux Mlle Agnès Borgo dans la
Mort de Brunnhilde. Les interprétations diverses
de cette scène finale du Crépuscule des dieux.
La reprise à'Orphée, que l'Opéra-Comique a
donnée la semaine dernière, offrait divers at-
traits au public le début sur ce théâtre de
Mlle Raveau, qui obtint récemment trois pre-
miers prix aux concours du Conservatoire, et
l'exécution de plusieurs morceaux de la parti-
tion primitive, morceaux que dans les versions
modernes on avait jusqu'ici coutume de sup-
primer. Orphée est, de tous les ouvrages de
Gluck, le plus populaire et le plus inégal. C'est
sans doute celui qui contient les choses
les plus émouvantes et les plus belles; c'est
aussi celui qui contient les plus faibles et
les plus factices. Dans aucune autre tragé-
die musicale du maître, on ne rencontre
rien qui pour la liberté de la forme, pour l'am-
pleur de l'expansion lyrique, pour l'attendris-
sante intensité de l'émotion, soit comparable
à la descente d'Orphée parmi les ombres infer-
nales, ni à son entrée dans les Champs-Ely-
sées; à ce merveilleux tableau musical, à ces
chants légers et profonds à la fois des violons,
du hautbois et de la flûte qui s'unissent, se
séparent et se mêlent de nouveau avec une si
harmonieuse souplesse à cette impression di-
vine de pureté, de poésie et de douceur qui naît
des sonorités des instruments autant que de la
noblesse et de la sensibilité des idées mélodi-
ques. Mais dans aucun de ses opéras non plus,
on ne trouve-rien d'aussivide et d'aussi pauvre, j
d'aussi semblable au désert et au néant que le
troisième acte, dans lequel Orphée ramène Eu-
rydice des Enfers, acte déplorablement vain,
superficiel et glacial, couronné par l'air fa-
meux « J'ai perdu mon Eurydice », par ce faux
bel air, qui est une des pages les plus médio-
cres de Gluck, J'une des plus vulgaires et des
plus emphatiques à la fois.
Malgré ce mélange, ou peut-être à cause de
ce mélange même, Orphée a dès son appa-
rition obtenu une faveur particulière. Rappe-
}ez-vous. les lettres où Mlle de Lespinasse parle
de cet ouvrage lorsqu'il fut représenté pour ia
première fois à Paris. « L'impression que j'^i
|e.çue de la musique. d'Orphée a é.t
w de la I).1.qsiqu~ ~'Orpi~éè a .~t~ si ~rqfonde,
si sensible, si séduisante, si absorbante, qu'il
m'était absolument imoossible. de parler de ce |
M. Waguet, consul de 2« classe à Santiago-de-Cuba.
M. Amyot, consul de 24 classe à Port-Louis.
M. Petithuguenin, interprète de 3" classe chargé, des
fonctions de premier interprète à Bangkok,
M. Mezière, attaché au ministère des affairés 'étran-
gères.
M. Gandolphe, publiciste.
FRANÇAIS RÉSIDANT A L'ÉTRANGER
Officiers
U- FéJîx Granfii, àaministratieur' de la Société des
«uais, âieks et .entrepôts de Constantinople.
M. Poucluïm, directeur de la Société du gaz et de
l'électricité à Rome.
Chevaliers
M. Chouillou, président de la chambre de commerce
̃française de Montréal.
M Gros, directeur de lprésident de la Compagnie immobilière de Novoros-
sisk
M.Léopold Ketten, cpmpositeur et professeur.de mu-
sique à Genève.
M. Auguste Petit. artiste peintïe, président du co-
mité de l'Alliance française de Rio.
M. Vitalien, docteur en médecine en Ethiopie.
̃NQUVWUE& DU JOUR
Hier, à Draffuignan, aussitôt après la proclama-
tion du scrutin qui le réélisait sénateur du Var et
assurait en même temps le triomphe des candidats
de sa liste, MM, Louis Martin, député, et Reymo-
nenq, M. Clemenceau, ac-compagné par la presque
unanimité des électeurs sénatoriaux, s'est rendu
Éku siège du comité .radical et radical socialiste, où °
il a été l'objet d'une longue ovation.
Dans une courte allocution, fréquemment cou-
verte par des applaudissements, le président du
conseil a remercie le corps électoral sénatorial du
témoignage de confiance qu'il venait do lui acepi"-
der.
Ce que nous fêtons maintenant, a-t-il ajouté, «e n'est
pas la victoire de telle ou telle personnalité, c'est la
victoire d'une idée. Vous avez prouvé que comme moi,
vous voûtiez le triomphe de la République, par la liberté
et la justice sociale. Tous nous voulons la paix au de-
dans et au deliors, la .liberté par la paix et par la jus-
tice. Nous n'avons ni haine ni rancune. Aujourd'hui
comme hier, nous ne connaissons pas d'ennemis 4ans le
parti républicain; ceux que nous -avons vaincus, nous
ne les considérons que çomira des républicains,
Il me reste un grand devoir a remplira j 'Essayerai
d'être à la hauteur de la tâche que vous m'avez imposée.
Je suis venu des côtes de l'Atlantique vous demander un
mandat que vous m'avez conservé sans hésitation; mon
cœur de républicain et de démocrate restera toujours
avec vous. Après la victoire que cette jpurnée consacre,
il nous faut nous préoccuper de luttes futures, des élec-
tions législatives prochaines. Je convie les républicains
de la France entière à imiter les républicains 4u Var;
qu'ils s'unissent afin d'installer définitivement dans no-
tre beau et grand pays une République de paix civile
qui ne laisse pas de placo aux révoltés. (Applaudisse-
ments prolonges.)
M. Louis Martin a joint ses remerciements à
ceux de M. Clemenceau.
Le président du conseiî, toujours très acclamé, a
quitté Draguignan doux heures pour se rendre
en automobile à. Hyères, auprès de sa sœur. Le
soir, à dix heures viltgt, il a pris à Toulon le ra-
pide pour rentrei' à Paris. De nombreuses person-
nes sont venues saluer le président du conseil à la
gare.
Hier a eu lieu, à Lisîeux, une élection pour la no-
mination d'un conseiller municipal, en remplacement
du maire, décédé. M. Rémy Lelièvre, radical, a été
élu par 1,414 voix, contre 1,284 à M. La Nècle, na-
tionaliste.
Cette élection a été suivie d'une manifestation ré-
publicaine. On a particulièrement acclamé M. Henry
Çhéron, conseiller municipal de Lisieux; qui a féli-
cité ses amis de leur victoire.
Aujourd'hui est promulgué au Journal officiel le
décret portant délimitation des territoires dans les-
quels 1 appellation régionale (Champagne) est réser-
vée aux vms qui y sont récoltés et manipulés en-
tièrement. Nous avons précédemment donné dans
notre numéro du 5 décembre le détail des territoires
ainsi délimités. Ce décret est daté du 17 décembre
1908; mais la publication en avait été retardée pour
permettre aux réclamations de se produire.
AU JOUR LE JOUR
Le musée du soir au Petit Palais
Lne délibération due Conseil rûHfifeïfral a décidé,
sur le rapport de MM. Henri Turot et Quentin-Bau-
chart, l'essai d'un. musée du soir au Petit Palais.
Conformément aux instructions de M. de Selves,
préfet de Ja Seine, toutes les mespres ont été prises
pour que cet essai puisse être 'tenté dès. les premiers
jours de janvier. Les deux étages de la collection
Dutuit, éclairés à l'électricité, seront donc ouverts
gratuitement au public, le soir, de huit heures à
dix heures, les mardi et vendredi de chaque semaine
pendant les mois de janvier, février, mars, avril et
mai 1909. On entrera par le Cours-la-Reine, à l'angle
de l'avenue Alexandre-Ill.
D'autre part, quinze conférences, avec projections,
seront faites aux dates ci-dessous
Janvier le 8, Tableaux de l'école française et des-
sins (conférence par M. Georges Lecomte); le 12, Ta-
bleaux des écoles hollandaise, flamande, italienne et
allemande (conférence par M. Thiébault-Sisson); le 19,
Verreries (conférence par M. Louis Vauxcelles); le 26,
Faïences italiennes (conférence par M. Arsène Alexan-
dre) le 29, Faïences françaises (conférence par M. Y.
Rambosson).
Février le 5, Bronzes et médailles de la Renaissance
(conférence par M. Edouard Sarradin); le 19, Ferron-
'iiërie' éteins, marbres, terres cuites, bois (conférence
par M. Camille de Sainte-Croix).
Mars: le 5, Bijoux, objets de vitrine, argenterie,hor-
logerie (conférence par M. Louis Lumet); le 19, Rem-
brandt (tableaux, dessins et estampes (conférence par
M. Henry Roujon, de l'Institut).
Avril: le 2, Emaux, orfèvrerie religieuse, ivoires
(conférence par M. de Mély) le 9, Gemmes, objets
d'art de Chine, du Japon, laques et céramiques (con-
férence par M. Ch. Saunier) le 16, Mobilier et tapis-
serie (conférence par M. A. Fauchier-Magnan); le 30,
Livres, manuscrits, reliures (conférence par M. Grou-
kowski).
Mai le 14, Estampes (conférence par M. Robert Hé-
nard) le 28, Antiques, monnaies ef médailles (.confé-
rence par M. Babelon, de l'Jnstitut).
Enfin dix conférences-promenades, avec projec-
tions, consacrées aux collections Duteit, seront fat-
tes par M. Henry Lapauze, conservateur du palais
des beaux-arts de la ville de Paris, les 15, 22 janvier i
2, 12, 26 février 1% 26 mars 23 avril 7, 21 mal
1909..
que je sentais; j'éprouvais le trouble, le bonheur
de la passion j'avais besoin de me recueillir.
Cette musique, ces accents attachaient du
charme à la douleur. Je vais sans cesse a
Orphée, et j'y vais seule; mardi encore,
j'ai dit à nos amie que j'allais faire des
visites, et j'ai été m'enfermer dans une loge.
Mon ami, je sors ^'Orphée il a amolli, il
a calmé mon âme. Cette musique me rend
folle, elle m'entraîne; je ne puis plus manquer
un jour; mon âme est avide de cette espèce de
douleur. U n'y a qu'Orphée que je puisse sou-
tenir. » Ne croit-on pas entendre parler une
admiratrice de Tristan et Yseult il y a vingt
ans, ou de nos jours une admiratrice de Pelléas
et Mélisande? De tous les opéras de Gluck,
Orphée seul a eu le privilège d'exciter de tels
transports. Mais à quoi doit-il cette fortune? A
ses beautés, ou à ses faiblesses? Il est permis
d'en douter lorsqu'on voit Mlle de Lespinasse
citer avant tout, parmi les passages dont elle
est émue « J"ai perdu mon Eurydice. » Elle y
revient sans cesse « Je me sentais poursuivie
par ces sons déchirants J'ai perdu mon Eury-
dice. Je voudrais entendre dix fois par jour
cet air qui me déchire et qui me fait jouir de
tout ce que je regrette J'ai perdu mon Eury-
dice. » Qui affirmerait qu'il n'en est plus de
même aujourd'hui, et que pour la plus grande
part du public, Orphée ne se résume pas dans
cet air illustre et détestable ?
Quoi qu'il en soit, c'est du moins là qu'on at-
tend pour la juger une chanteuse nouvelle,
lorsqu'elle entreprend d'interpréter Orphée; et
c'est là que l'on attendait Mlle Raveau. Je ne
puis dire que ce soit l'endroit où elle a le mieux
réussi; et l'on est presque tenté de l'en féliciter.
Une « tradition » fâcheuse veut que pour orner
de quelque variété cet air à trois couplets iden-
tiques, l'interprète donne à chacun des trois
couplets une expression différente: au premier
l'expression de la douleur pure et simple, au
second celle de la douleur sanglotante, et qui
parle avec des larmes dans la voix, au troisiè-
me celle de la douleur exaltée, éperdue, et
presque folle. Ce n'est qu'un artifice arbitraire
de chanteuse; rien dans les paroles ni la mu-
sique ne l'explique et ne le justifie. Mlle Ra-
veau, en se conformant à la tradition, parait
l'avoir fait sans enthousiasme elle a peu san-
gloté, et son délire a été assez calme c'est fort
bien. Dans les autres parties de son rôle, Mlle
Raveau a montré des mérites plus significatifs.
La qualité qui semble dominante chez elle, ce
n'est pas le sens du drame, c'est le sens de la
musique. Ce qu'elle fait est naturellement mu-
sical elle a le sentiment de la forme mélodique
et les sentiment du rythme il n'y a point de
mauvais goût dans son chank 4ont, le. contour
est iusta et sobre. Sa voix, api eat homogèûe et
Le cas de l'instituteur Marchand j
Au mois de février dernier, sur mandat du juge i
d'instruction de Pontoise, et à la suite d'une plainte
adressée au procureur de la République du même
ressort, M. Théouhile Marchand, instituteur de l'é- j
cole mixte d'Epiuches, petit hameau dépendant
de la commune de Saint-Ouen-l'Aumône,– était ar-
rêté sous la double inculpation ide viol commis sur
la pfirsonne d'une fillette de sa classe et d'attentats
à la pudeur .commis sur plusieurs.autres fillettes.
Les crimes dont Marchand était accusé sont pré-
vus et punis par les articles 331 à 333, -dont le mi-
nistère public demandait l'application et qui entraî-
nent la peine des travaux fopcés à perpétuité. Dé-
fendu par Me Henri Robert, au mois de mai suivant,
devant la cour d'assises de Seine-et-Oise, l'institu-
teur ne fut condamné qu'à trois-ans de prison.
Des aecusations formulées contre le prévenu, le
jury ne retint en effet que celle relative aux atten-
tats à la pudeur commis sur trois fillettes, c<_avec
circonstances atténuantes », et écarta catégorique-
ment de la cause les deux principales accusatrices,
les petites Germaine L. et Ludivine D. recon-
nues pour n'avoir pas été violentées par Marchand.
Or, ces deux enfants, seules, avaient cté la cause de .1
son arrestation.
Tant au cours ds l'instruction et des débats quo
depuis sa condamnation, l'instituteur Marchand n'a
cessé de .protester de sou innocence. Le jour -de
sa comparution devant le jury, un grand nombre
d'habitants d'Epluchés s'étaient rendus à la cour
d'assises do Versailles. Pendant toute l'audience et
surtout après le verdict, ils manifestèrent contreles
accusatrices et contre les témoins à charge.
Depuis lors, 95 électeurs, sur 105 que comporte le
hameau, ont sign-é, sans -distinction d'opinions poli-
tiques .ou religieuses., xme pétition en faveur de
rélargissement du prisonnier, alin qu'il puisse faire
plus facilement preuve de son innocence. Outre
que ce document était conçu dans les termes les plus
•chaleureux, les signataires ajoutaient en terminant
que, non seulement ils avaient conservé leur estime
au maître d'école, .mais :.encore qu'ils étaient prêts à
lui confier do nouveau.Jeurs enfants, le jour de .sa
mise en liberté, « persuadés qu'ils ne pourraient
trouver un meilleur et un plus digne éducateur ».
D'ailleurs, la. population d'Epluches -ne -s'en-tiat
pas là. Par l'intermédiaire de délégués nommés par
elle, la Ligue des Droits do l'homme et l'Amicale des
instituteurs furent saisies de la cause de Théophile
Marchand.
Au mois de juillet M. Gabriel Monod,
membre do l'Institut fit une première démarche
auprès de la commission des grâces, au ministère
delà justice, plus encore, si c'est possible, en
son nom personnel, que comme ancien président
de la section versailialse de la Ligue des Droits de
l'homme et de président de la fédération de Seine-
et-Oise, tant il. était convaincu de l'innocence -do
Marchand.
Il fut secondé dans cette généreuse initiative par y
M. Vormser, .agréé honoraire au tribunal do Ver-
sailles, et par M. Murgier, ancien directeur d'école
à Versailles, ancien membre du conseil supérieur
de l'instruction publique, aujourd'hui receveur bu-
raliste à Aubervilliers. Faute de faits nouveaux, la
commission des grâces refusa m momentanément »
de faire droit à leur demande.
Une seconde démarche fut tentée par les mômes
personnes auxquelles M* Henri Robert, défen-
seur de Marchand, avait tenu spontanément .à se
joindre il y a quinze jours environ. Des docu-
ments nouveaux avaient été rassemblés. Ils furent
soumis à M. Tissier, directeur des afta-ires crimi-
nelles. Et c'est au sujet de cette nouvelle manifes-
tation de sympathie dont,vient d'être l'objet l'an-
cien Instituteur d'Epiuches, qu'un de nos collabora-
teurs a interviewé M. Gabriel Monod.
Nous ne voulons en aucune façon, lui aditM. Mo-
nod, créer .une agitation .dans la presse autour de cette
affaire. Nous avons l'espérance d'aboutir, Dieu merci,
sans cela, et à bref délai. Mon opinion très sincère,
ainsi.que celle de tous les défenseurs de Marchand,
est que nous nous trouvons en présence d'une erreur
judiciaire nue tous les honnêtes gens doivent avoir à
cœur de réparer.
Notre conviction est faite. Elle est basée sur des
présomptions sérieuses. Non seulement les plus hono-
rables habitants d'Epluches n'ont cessé d'être persua-
dés, dès la première heure, de l'Innocence absolue de
Marchand, mais encore il demeure acquis que l'ancien
maître d'école n'aurait pu commettre son crime en
admettant, pour un instant, qu'il soit coupable dans
les circonstances relatées par l'accusation.
Tout d'abord Marchand fut de tout temps un mari
irréprochable et un excellent père de famille. Bon
beau-père a toujours protesté de son innocence. Sa
femme a fait de même. Deux fois par semaine, depuis
son incarcération, une personne d'Epluches accompagne
la malheureuse à la prison de Pontoise, où elle prodi-
gue son mari les encouragements et les consolations
que commande son état. Le 3 décembre dernier, c'était
"un vieillard impotent de soixante-seize ans qui tenait
à honneur de se faire porter en voiture jusqu'à là mai-
son d'arrêt, en compagnie de Mme Marchand,- pour as-
surer le prisonnier de sa sympathie.
Les conditions dans lesquelles on lui reproche d'a-
voir abusé de fillettes confiées à ses soins rendent
cette accusation tout à fait invraisemblable. L'heure?
Ce serait, parait-il, entre et 5 heures de l'après-midi.
Le lieu? Une salle ouverte à tout venant et où l'on
pouvait regarder par une fenêtre donnant sur la cour.
Nous avons pu constater que, de l'appartement do
Marchand (cuisine et salle à manger), on peut être en
deux minutes à la classe des garçons. Or il nous parait
peu soutenable que, "pendant deux ans », l'instituteur
ait pu s'enfermer dans ea classe et accomplir des actes
odieux sans donner l'éveil aux siens, étant donné sur-
tout que la bonne et la fillette de Marchand venaient
souvent le trouver dans la classe pour une cause ou
pour une autre, aussi bien que sa femme.
La table sur laquelle, d'après les accusatrices, B8
passaient des faits honteux est placée contre une fe-
nêtre. L'endroit semble mal choisi. Il est si facile, do
là, d'être vu du dehors 1 Un criminel se cache. Le bu-
reau, vaste, sis dans un angle, à l'endroit le moins
éclairé, aurait été plutôt choisi, semble-t-il, si Mar-
chand'avait eu l'intention de mal faire. On peut relever
tous les jours, sur les murs, les traces des pieds des
garçons qui grimpent sans cesse aux fenêtres, comme
tous les enfants de leur âge, pendant les récréations.
Or, aucun enfant n'a jamais rien vu de répréhensible
tous les garçons en ont témoigné par écrit. Un en-
fant, la jeune Degan, par exemple, restait tous les
soirs le dernier, et comme ses camarades, grimpait
aux fenêtres. 'Jamais il n'a rien remarqué d'anormal,
et les rideaux, a-4-il dit, n'étaient Jamais tirés comme
les accusatrices de l'instituteur l'ont prétendu.
M. Monod nous déclare en terminant que sans
vouloir s'appesantir plus longtemps sur des détails
qui sont soigneusement réunis dans un volumineux
dossier, soumis au ministre de la justice, il icroit que
la commission des affaires criminelles nie peut man-
quer d'accorder prochainement la grâce de Théo-
phile Marchand et que cette mesure le mettra à
même de poursuivre sa réhabilitation.
dont le timbre est beau, n'a pas la force et l'am-
pleur qu'on avait cru l'an dernier lui trouver
aux épreuves du Conservatoire nouvel effet,
après tant d'autres, du mirage des concours.
Elle a dit avec noblesse et pureté l'entrée d'Or-
phée aux Champs-Elysées, et avec une émotion
sincère les supplications d'Orphée aux ombres
infernales c'est sans doute la scène qu'elle a
le mieux interprétée. Il aurait cependant fallu
que la gradation contenue dans le drame et
dans la musique fût plus exactement et
plus fortement exprimée.
Vous savez qu'Orphée supplie à trois repri-
ses les gardiens du royaume des morts; il les
adjure de lui livrer passage, et chaque fois
les paroles et le chant sont différents ce ne
sont pas, comme dans « J'ai perdu mon Eury-
dice », trois couplets d'un même air, mais trois
strophes lyriques dont chacune marque un pro-
grès sur la précédente, en même temps qu'un
pas dans l'action. Gluck a voulu qu'à chaque
strophe le chant d'Orphée devînt plus passiouné
et plus pressant; il l'a marqué de la manière la
plus nette par l'accent et par le rythme de la
mélodie. La première, « Laissez-vous tou-
cher par mes pleurs », est une invocation
simple et émue, qui peu à peu va s'exaltant;
la deuxième, « Ah la flamme qui me dé-
vore », est un admirable élan de la passion
ardente et poignante; la troisième, « Là ten-
dresse quime presse", est lasupplication la plus
touchante, la plus directe, celle qui achève de
fléchir la rigueur des gardiens terribles des
En fers. Mlle Baveau n'èstpas sans avoir aperçu
cette progression, ni sans l'indiquer dans son
chant. Mais elle l'indique faiblement et timide-
ment à peu près, semble-t-il, comme on ferait
au concert, plutôt que comme on doit faire à la
scène. Je retrouve ici l'une des impressions
que m'avaient suggérées l'été dernier les con-
cours de Mlle Raveau: elle m'avait paru avoir
les qualités du concert mieux que celles du
théâtre. Mais cette artiste estencore fort jeune;
on conçoit aisément qu'elle n'ait pas encore le
pathétique de la tragédie musicale. Elle l'aura
peut-être plus tard. Aujourd'hui, elle interprète
Orphée sinon en tragédienne, du moins en mu-
sicienne si vous songez à certaines interpréta-
tions antérieures, vous reconnaîtrez que ce n'est
pas si peu de chose.
Les fragments de la partition primitive que
nous restitue la reprise actuelle sont au nombre
de trois. Le premIer, à la fin du tableau des
Enfers, est la danse des .Furies, admirable
morceau d'orchestre, d'une superbe véhémence
rythmique on a eu grande raison de le tirer
de l'oubli je regrette seulement qu'on l'exé-
cute en guise d'intermède, et devant le rideau
baissé, m Heu de Je faire servir, comme il de-
vrait, à la.da.nja des oœfeFês iaferRates apr^s
Ajoutons que d'ores et déjà, le préfet de Seine-et-
Oise a émis une opinion favorable à cette solution et
que le directeur départemental des prisons de Seine-
et-Oises'estrendu exprès à la prison de Pon toise pour
donner l'ordre d'adoucir dans toute la mesure du
possible la peine du malheureux instituteur d'Eplu-
cïxes, victime de dénonciations calomnieuses.
L'Ouest-Etat
L'Etat pris possession, le 1« janvier, des divers
services do la Compagnie des chemina de fer de
l'Ouest, M. Beaugey, directeur des services, ac-
compagné des deux sous-directeurs, MM. Le Grain et
Vienno t. s'est rendu dans la matinée au cabinet de M.
de Larminat, l'ex-directeur de la Compagnie de
l'Ouest, où ont eu lieu la transmission des services.
Mais en réalité, c'est seulement aujourd'hui 4 jan-
vier que M. Beaugey et les sous-directeurs se sont
installés dans les bureaux de la rue de Rome.
Deux ordres .du jour ont été lancés. Dans l'un, la
direction de la Compagnie de l'Ouest exprime à tout
le personnel sa profonde reconnaissance pour le dé-
vouement dont il a toujours fait preuve. Le second,
lancé par la nouvelle direction, annonce la prise de
-possession des services par l'Etat.
Aupune modification,* y est-il dit, n'est apportée,
quant à présent, aux ordres, règlements, circulaires,
instructions, avis, etc., de la compagnie.
Provisoirement et jusquià nouvel :ondre, les foBciisn-
naires,, agents et ouvriers du réseau de l^Guest conti-
nueront leur service dans -la situation où ils se trou-
vent actuellement placés ,par les règlements ou .les
déoisions .de la compagnie. Aucuae responsabilité ne
doit être déplacée ou amoindrie.
Rien n'est donc changé jusqu'à présent, pas plus
dans l'ordre administratif que dans les moyens d'ex-
ploitation,. Les voyageurs ont, d'ailleurs, pu s'en
apercevoir. Depuis le 1er janvier, quelques trains du
nouveau réseau da l'Etat pnt eu autant de retard
que pouvaient en avoir ceux de la Compagnie de
1 Ouest Même, à l'arrivée d'un train de .banlieue
à la gare Saint-Lazare, les voyageurs rede-
mandaient en chœur déjà 1 l'Ouest. Il paraît
que l'JStat avait négligé de changer les bouillottes
dans leiics compartiments.
Les employés eux-mêmes se montraient déjà quel-
que peu frondeurs. Sous les halls et le long des
voies de la gare Saint-Lazare, ils s'abordaient en se
demandant « As-tu ttu la casquette » On leur avait
affirmé, en effet, que dès le 1er janvier on leur don-
nerait des casquettes sur lesquelles brilleraient en
belles lettres d'argent le mot « Etat ». Et tous les
employés arboraient encore les vieilles casquettes
de l'Ouest.
Au demeurant, il ne s'agit là que de très menus
incidents où s'exerce la verve gouailleuse des Pari-
siens. Rien de grave n'a marqué la prise de posses-
sion des services par l'Etat.
FAITS DIVERS
LA. TEMPÉRATUKB
Bureau central météorologique
Lundi 4 janvier. Une aire anticyclonique couvre
encore presque tout le continent; son centre se trouve
ce ma tîn "sur les Pays-Bas .où le .baromètre marque
782 mm.
La pression est supérieure à 775 mm. dans tout
l'ouest et le centre du continent.
Des dépressions continuent à passer dans l'extrême-
nord (Arkangel 745 mm.).
Le vent est faible de l'est sur toutes nos côtes où la
mer est belle.
Des neiges et des pluies sont tombées dans le nord
de l'Europe. '• •
En France, on a recueillit mm. d'eau au Havre, 1 à
Cherbourg.
La température a baissé sur nos régions; elle a
monta presque partout ailleurs, notamment dans le
centra et l'est du continent.
Ce matin, le thermomètre marquait –16» à Kharkof
–9" à Jîeifort, –4° à Clermont-Ferrand, –1° à Paris,
Toulouse, +1*> à Alger.
Un notait 4° au puy de Dôme, –1° au mont Ven-
toux, 5° au pic du Midi.
En France, un temps brumeux et un peu froid est
probable.
A Paris, hier, la température moyenne, 1°4, a été
inférieure de 0«6 à la normale (2°).
A la tour Eiffel, maximum 6°4 le 3 à 1 heure du
soir; minimum 0°ôle 4 à 7 h. du matin.
Observatoire municipal 'région parisienne)
Le ciel reste couvert et est voilé ce matin d'un brouil-
lard assez intense..
Les vents, très faibles, souffeat de nord à est.
La température a baissé fortement les minimad'au-
jourd'hui descendent à S°.
La pression barométrique, très élevée et peu varia-
ble, accuse à midi 780 mm. 4.
qu'ellesontHvrépassage à Orphée. Le deuxième,
qui prend place à la fin du troisième acte, est un
délicieux trio chanté par Orphée, Eurydice et
l'Amour; trio dont l'idéeméJodique est exquise,
où la disposition des voix a une grâce extrême;
c'est dans cet acte fastidieux et glacial le seul
moment où l'on puisse prendre du plaisir on
nous le devait bien. Le troisième fragment, qui
forme à lui seul tout un tableau, est le ballet
final que l'on danse au dernier acte, pour célé-
brer le retour à la lumière et le bonheur recon-
quis d'Eurydice et d'Orphée. Ce ballet contient
d'agréables danses; il est fort joliment réglé
par Mme Mariquita, et Mlle Régina Badet y est
charmante sous les traits de l'Amour. Quel-
ques personnes ont paru trouver qu'il faisait
longueur après l'achèvement de l'action, et
que d'ailleurs un des signes particulier de la
réforme gluckiste ayant été de supprimer les
divertissements qui n'avaient point de rapport
avec le drame, il était inutile de nous restituer
celui-ci. Il est vrai que les divertissements dans
Gluck n'ont point du tout le même caractère
qu'ils ont dans Rameau, où ils sont une partie
essentielle du spectacle, où ils ont pour objet
de représenter dans l'opéra l'élément purement
musical, d'envelopper les scènes de la tragédie
d'une atmosphère de musique, de leur faire
équilibre, de donner à la marche et au dé-
veloppement de l'opéra un rythme, une ca-
dence, une ordonnance, qui ne sont point
proprement dramatiques, mais lyriques et
musicaux. Chez Gluck, ou bien le divertis-
sement fait partie de l'action, comme au
deuxième acte û'Alceste, ou bien il est étran-
ger à l'équilibre de l'œuvre, apparaît arbitraire
et postiche. C'est un peu ce qui advient pour le
ballet final d'O/?A
tion, et je suis près de me ranger au sentiment
que l'un de nos juges les plus sagaces expri-
mait à ce propos « Les habitudes de l'opéra
moderne veulent que le spectacle finisse en
pleine action. Il n'en était pas de même dans
l'opéra ancien, où quand la tragédie était
achevée, une musique heureuse, de belles
danses, des chants paisibles venaient dé-
tendre l'esprit. C'est ce qui contribue à don-
ner à ces œuvres leur caractère de rêve
bienfaisant et serein. Pourquoi ne pas re-
venir ta cette conception? Je la trouve plus
haute que la nôtre (1). »
Quelques changements dans 1a mise en seè-
ne ont accompagné cette reprise. Vous vous
rappelez le décor de l'acte des Champs-Ely-
sées ce paysage ingénieusement inspiré des
calmes visions de Puvis de Chavannes, où dan-
(1) Romain Rolland Gluck. Mais ces remarques
s'appliquent mieux encore à Rameau, Que M. Rolland
a'ei»efiuèr»
Sur la Seine. Le brouillard qu!, depuis deux
jours, avait interrompu la circulation des bateaux
parisiens sur la Seine, s'étant un peu dissipé, le ser-
vice de ces bateaux a. repris ce matin, mais seule-
ment sur la rive droite.
La, crue de la Seine est terminée et les eaux sont
revenues à 'leur niveaunormaL
îi'affsire Steinîioil. M. Hamard s'est rendu
re matin impasse Ronsin pour y opérer la saisie
de quelques objets mobiliers po.uv.ant servir à l'ins-
truction.
Vn tamponnement à. Veva&illea. Un acci-
dent a eu lieu ce matin, entre les gares do Saint-Çyr
et de Versailles-Matelots, entre le train 98, venant
de Paris, et le .train 564, venant de Chartres. Cinq
voyageurs ont été blessés, dont deux plus par-
ticulièrement atteints Mme veuve Martin, pro-
priétaire à Trappes (plaies contuses au côté droit), et
M. Bouchary, licencié en droit, rue Véron à Paris,
qui a eu le tendon du pied droit coupé et qu'on a dû.
transporter à l'hôpital de 'Versailles. Les autres
n'ont reçu quedes blessures légères.
Dès qu'ils ont eu connaissance de l'accident, M.
Autrand, ^préfet «de Seine-et-Oise, «t son seerétair-e
général se sont fendus & la gare des Matelots.
E=e crime dé Colombes. Hier, vers neuf
heures du matin, M. Andrieu, commissaire de police
de Courbevoie, s'est rendu dans la. villa de l'avenue
de Genneyllliecs ^t a continaé l'examen de la «or-
respondance des époux Mathieu. Contrairement à
ce qu'on -croyait tout d'abord, cette -correspondance
ne révèle pas que le ménage apportât un grand soin
dansTadministratlon deson "budget, non plus aucune
grande attention à classer ;lea lettres des clients..
Sans ordre de date, des missives personnelles étaient
mélangées à des ife,ctttresïet à des prospectus.
D'autre part, une découverte qui montre la hâte
avec laquelle les cambrioleurs assassins >ont accom-
pli leur forfait a -été ladite par un charbonnier, M.
Unal, de Colombes. Il venait de livrer une commande
-dans les enviroais .,de la gare, .en compagnie d'un de
ses commis, lorsqu'à la hauteur 3fl l'avenue de
-GennevïHiers, il irouvasur le sol une montre en or,
sans chaîne, aux initiales G M entrelacées. Plu-
sieurs personnes ayant reconnu le chronomètre de
M. Mathieu, le charbonnier porta la montreau com- v
missaire de Courbevoie,
La trouvaille de cette montre, tombée sur la
route, laisse soupçonner une fuite .rapide, et tout
permet de croire qu'apcàs. avoir tué le chien, fouilla
les meubles de fond en comble, et assassiné les deux
malheureux rentiers dans les circonstances que
nous avons racontées, les malfaiteurs ont éxé pris
de peur et ont déguerpi avec précipitation.
Le neveu des victimes, l'abbé Moureaux, curé de
la commune d'Anrosey (Haute-Marne), est arrivé
hier:àParis où il est descendu chez sa cousine, Mme
Grandmaire,. brodeuse, rue Saint-Dominique. « Mon
oncle et ma tante, a-tdl dit, venaient habituelle-
ment passer quelques semaines à Anrosey. Cepen-
dant M. Mathieu s'abstint, ,cette année, dece voyage,
tant il avait pour que sa maison ne fût cambriolée
en son absence. »
BSort d'ua ûélégué sénatorial. On mande
d'Auxerre que le délégué sénatorial de Sainte-Pal-
laye, M. Robin, ancien instituteur à Saint-Sauveur,
est mort subitement à l'hôtel au moment où il allait
partir pour voter.
Volée par sa bonne. Vers la fin de l'année
qui vient de se terminer, Mlle Loiseau, habitant rue
Saint-Georges, 20, Nancy, engageait comme bonne
une jeune tille de 15 ans qui déclara se nommer
Minna Wagner, dont la famille était arrivée il y a
deux mois dans cette ville et habitait rue Saint-
Nicolas. Mlle Loiseau s'étant absentée pendant les
fêtes du nouvel an, ïut fort étonnée à son retour de
ne pas voir sa domestique. Mais elle constatait qu'un
petit coffre-fort dans lequel se trouvaient environ
5.000 francs en or ou billets de banque et 20.000 francs
de valeurs avait disparu, ainsi que ses bijoux, d'une
valeur de plusieurs milliers de francs. Les soupçons
s'étant portés sur sa domestique, on alla au domi-
cile des parents de celle-ci. lis étaient partis depuis
le jour du nouvel an. On trouva dans leur logement
le petit coffre^fort enlevé du domicile de Mlle Loi-
seau. Ce meuble avait été éventrô et vidé. Toute la
famille de la jeune Wagner et cette dernière ont
disparu sans laisser la moindre trace.
Arrestation de faux monnayeurs. Deux
inspecteurs de la brigade mobile de Bordeaux
-ayant remarqué dans la gare de Gazinet (Gironde),
un couple dont les ailures leur parurent touches. les
filèrent et montèrent avec eux dans le train qui allait
à Bordeaux.
En route, le couple demanda sous un prétexte
quelconque à changer de la monnaie. L'un" des ins-
pecteurs accéda à ce désir et s'aperçut que les pièces
à lui remises étaient fausses.
A l'arrivée du train à Bordeaux l'homme et la
femme furent arrêtés. Us déclarèrent s'appeler
Albert Gallet, âgé de trente-sept ans, et Marguerite
Barbe, femme Gallet, demeurant tous deux à Gazi-
net. Mais ils le prirent de très haut avecle commis-
saire et les agents et se précipitèrent même sur
cenx-ci pour les frapper.
Une enquête faite à leur domicile a fait décou-
vrir toute une série de moules pour les fausset
pièces d'argent.
Qallet et sa femme ont été; écroués à la prison de
Bordeaux.
Vu fratricide de huit ans. Au hameau de
Lagarde, près de Saint-Gaudens, le jeune Baron,
âgé de huit ans, à la suite d'une discussion avec sa
sœur, qui venait d'avoir cinq ans, décrocha le fusil
de son père, absent à ce moment, et tira à bout
portant sur la fillette, qui tomba morte surle coup.
Lorsque ses parents sont rentrés, le jeune Baron
leur a déclaré froides "nt qu'il détestait sa soeur et
que depuis longtemps il avait résolu de se débarras-
ser d'elle par un moyen quelconque.
INFORMATIONS DIVERSES
Nous avons ,raçu pour notre Caisse de Charité de
B. X., 20 ir.; Sonia, 5 iv.; T. V., .100 îfr.; ensemble, 125 If.
Demain mardi, à cinq heures et demie, à l'Ecole
des langues orientales, dernière .conférence de M. An-
dré Tardieu, premier secrétaire d'ambassade hono-
raire, sur la Question d'Orient ».
Les cours de l'Ecole des hautes études sociales,
16, rue de la Sorbonne, ont repris aujourd'hui par une
> confërenee de M. Camille "Le Senne sur « le Lys », et
de M. Saglio -sur « llHustratkm des journaux hier, au-
jourd'hui et demain. »
Samedi, à S h. 1/2, M. Denys Cochin, député deîa
Seine, traitera de « l'Entente franco-anglaise et ses
conséquences méditerranéennes », sous la. présidence
i de M. Paul DeschaneL
Cest un régal littéraire que nous offrira l'école
i Berîitz jeudi prochain à trois heures et demie, en pré-
sentant au public parisien l'auteur si justement re-
nommé de Three men in a boat. Jerome-K. Jeromej
saient des figures empruntées au Printemps de J
Botticelli. Il y avait un peu trop de précision
dans ces emprunts; ils évoquaient trop impé-
rieusement la pensée d'un tableau particulier;
cela s'accordait peu avec le style de la mu-
sique de Gluck et en détournait l'attention. Un
ballet nouveau a remplacé l'ancien; on n'y voit
plus ces figures et ces robes imitées de Botti-
celli et ce qu'il y avait de gênant dans cette
ressemblance trop minutieuse a disparu. Le
décor seul continue à évoquer de trop près le
souvenir de Puvis de Chavannes léger excès
de recherche, où il n'est pas surprenant que
M. Carré se soit laissé entraîner, lorsqu'il en-
treprit pour la première fois de représenter un
opéra de Gluck. En revanche, la mise en scène
de l'acte de l'Enfer est en accord parfait avec
la pensée de Gluck. Ces ténèbres opaques, cette
gorge formidable qui pénètre aux entrailles
de la terre, ces ombres incertaines cette foule
pâle et confuse, vaguement visible au fond
de la noire caverne, voilà bien le seuil
du funèbre empire, et les spectres qu'Or-
phée doit attendrir pour retrouver Eury-
dice. Et parmi cette obscurité, lorsqu'il sur-
git soudain rayonnant de clarté, sa blanche
apparition illumine les ténèbres, ainsi que son
chant, soutenu par les accords limpides de la
lyre, semble illuminer le sombre chœur des dé-
mons. C'est l'interprétation plastique la plus
fidéle de la musique. Rappelez-vous l'Orphée
qu'on représentait à l'ancien Opéra-Comique,
cette caverne pareille à une grotte artificielle
du parc Monceau, ces spectres enveloppés de
châles gris et coiffés de filasse, que l'on voyait
évoluer en pleine lumière, ou peu s'en faut c
vous mesurerez le progrès accompli.
Deux dimanches de suite, Mlle Agnès Borgo a
interprété, sous la direction de M. Chevillard,
la scène finale du Crépuscule des dieux. Le pu-
blicparisien n'ajamais eu tant d'occasions d'en-
tendre cette scène illustre Mlle Grandjean la
chante un ou deux soirs par semaine à l'Opéra,
Mme Litvinne l'a chantée deux fois au Châte-
let, et voici qu'à son tour Mlle Borgo vient de
la chanter deux fois aux Conçerts-Lamoureux.
C'est comme un concours; et cela fait songer à
certaine année où tous les kapellmeister alle-
mands de renom M. Mottl, M. Strauss, M.
Weingartner, en nous rendant visite, apportè-
rent dans leurs bagages leur interprétation per-
sonnelle de la symphonie en ut mineur. On
eût dit qu'ils s'étaient donné le mot, «t l'on
avait envie de leur distribuer des rangs; je crois
bien qu'on l'a fait. Je ne me rappelle plus qui
fut premier dans ce concours de la symphonie
en ut mineur; dans celui de la M ort de erwnn-
hilde, Mlle Borgo n'est point la dernière. Des
i trois eantairicÊS qui eet automne nous ont fait
dont on joue actuellement à Londres deux pièces 4
succès, The passîng of the third ftoor bock et Fanny, feraJ
dans la salle Berlitz une conférence en .anglais sur là
littérature dramatique anglaise.
TRIBUNAUX
.i
.L'essai avant la vente.-La sixième chambre,
du tribunal, présidée par M. Çallois, vient des
rendre un jugement intéressant «a matièr« d'assai
de chevaux avant l'acquisition.
Un sportsman connu, M. de S. L. désiranfi
acheter une paire de chevaux d'attelage, engageai
des pourparlers ,&yep un marchand de chevau? 4$
quartier des Champs-Elysées, en vue de l'acquisl*
tion d'une paire de juments de demi-sang.
kes juments furent attelées à un phaéton, èfj
pour les essayer, M. de S. L. les conduisit iuî^
même. Au cours ds l'essai, l'une des juments tooi&ai
et fut blessée au genou. Qui devait supporter lai
eoraéqusnce de -l'accident? M. de S, L. déclinai
toute responsabilité, estimant que l'amateur en
pourparlers d'acquisition ne saurait être rendu
responsable des accidents survenus au cours da
Tassai, alors surtout qu'il est aeeompagné dFuni
préposé du marchand
Le tribunal a résolu la question en sens eon-»
traire al a eoiadamné JM. M & L. à. payer »x$
marchand une .somme de 1,000 francs à titre a#
dommages-intérêts.
W Gaston Levisalles plaidait pour le maicciiana
et M° .Boisaantpour -M. de S. L.
X.e dntflt de «basse. On nous écrit
Quand un propriétaire a, pendaai de longues aaï
nées, laissé chasser sur un terrain lui appartenant,
suffit-il d'un simpïe'fcail verbal, »on porté à la con-<
naissance du publie, pour retirer cette autorisation
tacite ?
Telle est la question qui vient de se poser doy.anfi
le tribunal correctionnel de Paîmbœuf. Une société
de chasseurs de cette ville, ayant loué ̃verhaleraenâ
une vigne, y fit dresser procès-verbal dès le i&a-<
demain à deux chasseurs, qui auparavant avaient!
l'habitude d'y -chasser régulièrement.
Les (délinquants ont soutenu qu'en pareil cas, uni
bail verbal, qui Devait pas même été enregistré, »0
pouvait pas suffire à détruire, du jour au lende-
main, la tolérance de chasse accordée implicitemeaB
jusque-la par le propriétaire du terrain. Leuïi
thèse appuyée d'une consultation d'un expert!
réputé en la matière, 'le comte de Fleury a été
admise par le tribunal; qui les a mis hors de cause,
en spécifiant que quand un propriétaire retirait,
par une location ou pour toute autre cause, le droit
de chasse sur ses terres, qu'il avait précédemamenli
accordé à tout le monde, sa nouvelle -décision ëe-t
vait être rendue publique.
NECROLOGIE
On annonce la mort à Rochefort du docteur Léon
Ardou-in, ancien médecin principal de la marine, che-
valier de la Légion d'honneur.
M. Ardouin était un philosophe et un éruciït. fta
classé les collections du musée et la bibliothèque
de l'Ecole de médecine navale, la bibliothèque delà
marine, les archives municipales.
Il avait réuni une riche collée lion de monnaies jet.
médailles remarquables.
Au nombre des œuvres philanthropiques qu'il a
fondées, il convient de citer le sanatorium de Çoa-
ras.
Les obsèques de M. Emile-P. Simmonds, consul
général et administrateur de la Banque nationale.
dT3aïti, décédé en son domicile, 190, boulevard Hauss-
mann, auront lieu le mardi 5 janvier, à dix heures
•précises.
On se réunira à la maison mortuaire. L'inhuma-
tion aura lieu au cimetière Montmartre.
t~ ~&
LIBRAIRIE
Nouvelle Collection illustrée Calmami-Liévy.
La Petite paroisse, l'admirable chef-d'œuvre d'Al-
phonse Daudet, vient de paraître dans la Nouvelle
Collection illustrée Calmann-Lévy à 95 centime?
le roman complet.
802.UIII-
AVIS ET COMMUNICATIONS
FEU FLASIBAKT
Boulets-Bruyer; Bois sec; sacs plombés.
Bruyer, 2, rue Saint-Denis (Paris). Tôléph. 1C6-43,
~i
DÉPÊCHES COMMERCIALES
La Villette, 4 janvier. 'Bestinux. Vente diffi-
cile sur le gros bétail et les veaux, calme sur Ie3
.montons. mnTfinw sur les Dorcs,
•“ à es Ame- Ven- V 2« 3\ _Prixexwêmes_^
Ame- Ven- 1" 2. 3. ~Pn~ex~e~
lispec nés dus n;té- qté-. qté. yiand» 'netlpoids vil
Bœufs.. 2.540i 2.354!» 85 « 69,1» 53 » 50 à» «8 » 40 à» 60
Vaches 1.236' 1.128'» 85 69 » 5:1» 50 » 88 » 40 » 6ft
Taurx -250.1 213!» 73 » 61 » 491» 46 » 76 » 33 » 57
Veaux. 1.3091 1.18411 15 1 05 » 95 » 97 1 20 » 55 » 79
Veaux. 1.309: 1.1841115105.951" 97 1 20 55 » 79
Mouto,i. J7 882 16.170:1 20 1 10 1 ». • 95 1 28 » 66 » 80
Porcs.. 4. 3921 4.3921» 83|» 78! 73 » 70 » 66. » 36 » 56
V"I
Peaux de mouton selon laine. 1 75 à 6 francs
53 vaches laitières vendues de 440 à 675 frapes
Arrivages étrangers 206 moutons monténégrins.
Renvois figurant dans les arrivages 100 bœufs,
38 vaches,. taureaux, 214 montons.
Réserves vivantes aux abattoirs le 4 janv.: 1(O83 gros
bétail, 416 veau*, 2,259 moutons.
Entrées directes depuis le dernier marché -665 grog
bétail, 1,685 veaux, %$Z& moutons. 998 porcs.
Bordeaux, 3 janvier.
Blës. Affaires nulles. On cote 22 50 a 22 75 ïea
100 kilos rnndus les blés du Centre; 18 fr. 1 hectolitre
les blés du rayon.
Farines. Cours plus fermes. Farines supérieu-
res du haut pays 31 50; premières marques 31 S5 les
100 kilos.
Maïs°~ Tendance plus faille. Maïs roux de paya
18 '50; roux de la Piata 20 tt.\ Ctoçuantmi 23 50 de»
100 kilos logés.
Avoines.- Très calmes avec tendance faible. Grise»
du Poitou 18 85 à 18 50; :grises de Bretagne 18 îr.,
noires 18 50 les 100 kilos.
Seigles. Calmes à 17 50 les 400 kilos.
'Orges. Délaissées. Be pays 18 85 les 100 kidos.
VIOLETTE HOUB1GANT ""SSESwm
BATAT MOL OEHTIF8IC6 APPROUVÉ
igolraTrAngl:ACAMIE DE APPROUVt
0Vf Vf PAU L-ACAOE8IE DE BEDECWE DE PARIS
entendre le grandiose fragment d'épopée musi-
cale par quoi s'achève le Ring, elle n'a été ni la
moins vaillante, ni la moins intelligente, ni la
moins expressive. Elle a interprété ce formida-
ble monologue avec une-ardeur, une véhémence,
une passionremarquables.Sa voix n'apaslapuis-
sance énorme, imperturbable et comme indiffé-
rente qui rend la voix de Mme Litvinne compara-
ble à une force de la nature mais elle a autant de
sonoritéquecelledeMUeGrandjean, avec un tim-
bre plus agréable, et sans chevrotement. Et son
interprétation n'est pas traînante, inerte et
sans vie, comme celle qui à l'Opéra rend pres-
que fastidieuse cette surhumaine conclusion
d'un drame surhumain il s'y révèle une,spon-
tanéité, une volonté de bien faire, une ferveur
juvénile qui méritent de plaire, et ont beau-
coup plu.
Tout cela est encore assurément fort jeune
en effet, manque quelque peu d'autorité et de
profondeur; c'est ainsi que les moments les
plus satisfaisants de cette interprétation ont été
le commencement et la fin de la scène, où une
sincérité intrépide, l'élan vocal et la fougue du
mouvement, qui sont des qualités nécessaires,
ne sont pas lom d'être suffisantes tandis que
le moment où elle a faibli en a été le milieu,
l'adieu magnifique de Brunnhilde à Wotan, où
il faut, dans un chant contenu et sans éclat de
voix, une intensité souveraine de sentiment et
d'expression. II est naturel qu'une cantatrice
débutante dans l'art wagnérien n'atteigne pas
à cette hauteur; nous avons vu que d'autres,
qui sont expérimentées et célèbres, n'en appro-
chent pas davantage. En somme, Mlle Borgo
a soutenu victorieusement une redoutable.
épreuve. On l'entend rarement à l'Opéra; elle a
prouvé qu'elle était digne d'y être entendue plus
souvent. Mais quelle Brunnhildo nous dira ja-
mais comme elles doivent être dites les paro-
les suprêmes qui dénouent la destinée de
Wotan et le drame divin du Ring, les paroles
qui annoncent au maître des dieux, « attendant
la fin, tenant à la main sa lance brisée, muet et
grave sur son siège élevé », l'heure où il pourra
se reposer dans la mort et s'anéantir avec le
Walhall? Quelle Brunnhilde donnera sa gran-
deur d'émotion, sa beauté d'apaisement au su-
blime passage « Tout, je sais tout enfin oui,
tout m est devenu clair. J'entends les ailes de
tes corbeaux. Vois, je te les renvoie tous deux,
porteurs du message désiré, si douloureuse-
ment désiré Repose, repose, ô dieu. Rune,
ruhe, du Gottl » Une seuie le pourrait sans
doute celle qui dans la Walkure a compris
l'âme et exprimé la pensée du dieu, celle qu il a
endormie sur la roche cerclée de flânâmes.
Mais Siesfried ne l'a nas éveillée.
Pibbss Laia
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 67.27%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 67.27%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"France-Japon France-Japon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FranceJp0" Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires Nefftzer Auguste Nefftzer Auguste /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Nefftzer Auguste" or dc.contributor adj "Nefftzer Auguste")Hébrard Adrien Hébrard Adrien /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Hébrard Adrien" or dc.contributor adj "Hébrard Adrien")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 3/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k239608g/f3.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k239608g/f3.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k239608g/f3.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k239608g/f3.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k239608g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k239608g
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k239608g/f3.image × Aide