Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-08-31
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 août 1907 31 août 1907
Description : 1907/08/31 (Numéro 16869). 1907/08/31 (Numéro 16869).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
1E TEMPS; 51 aôùtTÔO/
F.
1 La cris© yiticole f' y
'{Dépêches de nos correspondants partkuSeïi},
Narbonne, 30 août.
Dans la République sociale, organe de la munici-
'palité narbonnaise, le docteur Ferroul publie un
appel aux viticulteurs, où il leur dit
Vous n'avez rien à attendre d'autres que de vous-
TBiêmes, le Parlement et le gouvernement viennent de
tous le démontrer..
Donc, deux décisions restent capituler ou agir. La
capitulation, c'est l'acceptation de la ruine. L'action,
c'est le salut possible, certain.
Agissons donc. Créons, de l'union de toutes nos éner-
gies, de la communauté de nos misères, du faisceau de
tous nos efforts, l'instrument puissant qui nous af-
franchira. Nous vivons tous de la terre où pousse la
-vigne d'où sort le vin. Si cette terre, cette vigne, ce'
vin ne peuvent plus nourrir ni ceux qui la détiennent,
îii ceux qui la travaillent, ni ceux qui vivant au milieu
des viticulteurs sont solidaires de. leur fortune, c'est
pour tous, sans oxception, la détresse définitive.
Donc, tous, sans exception, sauvons la terre du Midi,
sauvons la vigne, sauvons le vin, sauvons-nous nous-
snemes par conséquent.
Laissons parler les politiciens, 3a gouvernement,
ceux qui en vivent, ses agents, ses policiers, ses sala-
ries, ses quémandeurs. Ils nous disent Ouvriers,
n'allez pas avec les propriétaires; et ils disent aux pro-
priétaires N'allez pas avec les ouvriers. S ils parlent
ainsi, c'est parce que leur fortune et leur domination
sont intéressées à notre division.
Répondons-leur qu'avant d'être propriétaires ou pro-
létaires, nous sommes des hommes ayant besoin de
vivre pour défendre nos opinions, nos principes et nos
préférences. Béziers, 30 août.
M. Marcelin Albert a été invité à un banquet de
2,000 viticulteurs qui avait lieu en son honneur- à
Cazouls-d'Hérauît. Appelé à prendre la parole, il a
demandé aux vignerons de réaliser la formation
immédiate do syndicats professionnels dans les;
communes adhérant àla confédération générale des
vignerons du Midi, la création de caisses rurales de
crédit mutuel et l'oubli de toutes les divisions, de
toutes les haines. « Pas de politique, a-t-il dit; tous
unis pour faire améliorer par le Parlement les lois
déjà votées 1 » o
Un accueil chaleureux a été fait au « Rédempteur ».
Montpellier, 30 août.
Le conseil d'arrondissement de Montpellier a émis
le vœu que les bons de tabac soient désormais rem-
placés dans l'armée par des bons de vin, afin de
remédier dans une certaine mesure à la crise viti-
«ole.
FAITS DIVERS
L.A. TBMPÉRATXTRB
Bureau central météorologique
Vendredi 30 août. La pression barométrique s'est
relevée assez rapidement dans l'ouest de l'Europe et
une aire supérieure à 765 mm. s'étend sur nos régions
et le sud des îles Britanniques.
La dépression des Shetland .s'éloig-ne vers la aord-
est (Bodœ 753 mm.).
Le vent est faiblé des régions ouest sur la Manche,
un nord sur nos côtes de l'Océan et de la Méditerra-
3iée la mer est belle généralement.
Des pluies sont tombées dans' le nord-ouest de l'Eu-
Tope en France, de nombreux orages ont éclaté hier,
notamment dans le centre et l'est; on a recueilli 11 mm.
d'eau au cap Béar, 7 au Mans, 3 à Nancy, 2 à Lyon.
La température s'est abaissée sur nos régions.
Ce matin, le thermomètre marquait 7» à Arkangel,
15° à Paris, 1S° à Toulouse, 27° à Alger.
On notait 11° au mont Aigoual, 10° aupuy de Dôme,
4° au pic dû Midi.
En France, un temps beau -est probable avec -tempé-
rature voisine de la -normale.
A Paris, hier, la température moyenne, 19°2, a été
supérieure-de 2C6 à la normale y.6°6).
Observatoire municipal (RÉGION parisienne)'
Un orage rapide, mais .1res intense, éclate hier
vers 3 h. soir sur la région parisienne les nuages qui
le produisent viennent de 1 ouest-nord-ouest avec une 'e
vitesse d'environ 6 mètres par seconde il traverse la
ville dans sa partie centrale et vers le nord, et y est
zénithal à 2 h. 56.
On observe cinq coups à éclat, très violents, entre
Z h r>6 et 3 h. 4 le premier au centre, lo dernier au
nord de la ville; l'orage s'éloigne dans l'est-nord-est
et cesse vers 3 h. 30.
La pluie qu'il détermine est forte sur Paris, ainsi
que dans la banlieue ouest-nord-ouest (11 à 13 mm.),
elle-dure de 2 h. 45 à 3 h. 25. En banlieue est, elle est
peu importante.
Un nouvel orage, plus faible, intéressant le nord-
ouest de la région, est encore observé vers 8 h. 30 soir.
Ce matin, le ciel est couvert les vents, qui donnent
pendant l'orage de 3 h. un à-coup de nord-nord-est
de li mètres par seconde, s'affaiblissent, et reviennent
à l'ouest-nord-ouest.
La température fraîchit, et la pression barométrique
ïe relève modérément elle accuse à midi 766 mm. 6.
e Jeudi 29 août Vendredi 30 août îg
•E? TOI 3 4 6 8 10 M* 2 i 6 S 10 HOI g
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LES. ORAGES. Nous signalions hier l'éboulement
nui s'est produit avenue de Clichy, à cinq heures
du matin, dans les tranchées creusées pour les
travaux du Métropolitain. La circulation est restée
interrompue jusqu'à deux heures de l'après-midi.
Les travaux de consolidation sont maintenant ter-
minés et les ouvriers ont pu reprendre leur travail
normal.
Dans l'après-midi, un violent orage s'est de nou-
veau abattu sur Paris. Comme dans la nuit précé-
dente, les éclairs illuminaient le ciel presque sans
interruption. La foudre est tombée sur plusieurs
points de Paris, notamment à l'Hôtel de Ville, sous
la voûte qui relie les cours nord et sud. Personne
n'a été atteint, mais le compteur électrique et son
tableau ont été détériorés. Le tonnerre est encore
tombé rue des Gravilliers et il a en partie démoli
une cheminée de la rue Dancourt.
A l'usine génératrice du Métropolitain du quai de
la Râpée, l'un des paratonnerres de l'établissement
ayant été atteint par la foudre, le fluide courant le
long du fil conducteur a renversé une douzaine
d'ouvriers qui se trouvaient à proximité. Aucun
d'eux n'a été blessé.
Des infiltrations se sont produites au Métropoli-
tain, près de la gare de Lyon, à un endroit, où la
̃chaussée est en réparation. Ces infiltrations ont dé-
térioré des câbles et il en est résulté un arrêt de ser-
vice sur la ligne n° 1 de 5 h. 30 à 9 h. 25 ce matin.
Le vent a aussi déraciné ou brisé plusieurs ar-
fcres de nos boulevards.
En banlieue, l'orage a également provoqué des
accidents. A Argenteuil, la foudre a démoli la toi-
ture d'une propriété et les pluies ont fait déborder
un égout dont les eaux ont inondé la voie du che-
min de fer de Grande-Ceinture. A Drancy, un en-
fant a été blessé par la chute d'un arbre que le ton-
nerre avait déraciné. A Clermont-de-l'Oise, toute la
partie basse de la localité a été inondée. Les mai-
sons ont été envahies par l'eau et les cultures ont
beaucoup souffert. A Senlis, une énorme meule
d'avoine et d'orge a été incendiée par la foudre.
UNE VICTIME DU DEVOIR. Nous avons annoncé la
mort du capitaine Casties, qui avait contracté une
pneumonie double à l'incendie de la. rue de Bercy.
Le bureau du Conseil municipal, à la demande de
M. Lépine, a décidé hier que les obsèques de ce
vaillant officier auraient lieu aux frais de la ville de
Paris.
Demain samedi, à dix heures du matin, il sera
procédé à la levée du corps à la caserne de l'état-
major des pompiers, boulevard du Palais. Un ser-
vice religieux sera célébré à l'église Notre-Dame.
L'inhumation devait avoir lieu au cimetière Mont-
parnasse, dans le caveau des victimes du devoir;
mais à la demande de la famille, le corps sera trans-
porté à Montpellier, d'où le capitaine Casties est
originaire.
LES « UNIJAMBISTES ». On sait que deux « unijam-
bistes » marseillais, MM. François Rosin et Emile
Caiiier, avaient quitté Marseille, il y a quelques se-
maines, pour venir à Paris fonder la confédération
générale des estropiés français. Ils ont franchi les
̃800 kilomètres qui séparent la Canebière de la ca-
pitale d'un pied léger, et ils sont arrivés à Quatre
heures de l'après-midi à la barrière de Vincennes,
frais et dispos, n'ayant éprouvé qu'une légère usure
de leur jambe de bois, dommage facilement répa-
rable.
Ils ont été reçus avenue Daumesnil par une délé-
gation d'estropiés parisiens. En dépit de la pluie di-
luvienne, amputés, culs-de-jatte, paralytiques les
attendaient, impassibles sous l'averse, depuis plus
de deux heures. Comme certains de ceux-ci avaient
apporté leurs instruments de travail, c'est aux ac-
cents d'une Marseillaise jouée par des orgues da
barbarie que les défenseurs de la cause des estro-
piés ont fait leurs premiers pas dans la capitale.
Les deux unijambistes marseillais sont descendus
dans un petit hôtel du boulevard de Grenelle où ils
étaient attendus par le fondateur du syndicat pari-
sien, le « zérojambiste » Doussineau, qui avait même
organisé une réception en leur honneur.
M. Rosin raconta les incidents de son voyage.
Reçus partout avec cordialité par les estropiés, et
avec bienveillance par les municipalités et la gen-
darmerie, son collègue Carlier et lui-même ont fait
des conférences dans plusieurs villes.
Pour édifier le public sur les procédés des faux
infirmes, les deux unijambistes feront également une
série de conférences à Paris. La première aura lieu
samedi, 18, rue Croix-Nivert. Mais ils comptent
aussi faire des démarches auprès des pouvoirs
publics pour obtenir que les 85,000 estropiés de
France soient efficacement protégés contre les
390,000 simulateurs et mendiants étrangers qui ex-'
ploitent la pitié publique.
UNE AFFAIRE DÉLICATE. M. Boucard, juge d'instruc-
tion, vient d'être chargé d'une affaire des plus déli-
cates. Il s'agit d'une plainte en chantage portée par
deux négociants de Milan, MM. Z. et M. contre la
eomtesse de P. veuve d'un baron hongrois, et
contre M. F. de P. un jeune homme appartenant
à une famille des plus honorables.;
Voici, d'après les déclarations faites par les négo-
ciants milanais à M. Chanot, commissaire de police
du quartier des Champs-Elysées, quels seraient les
faits qui motiveraient leur plainte.
MM. Z. et M. avaient rencontré la comtesse
dans un restaurant italien du boulevard; invités par
elle, ils étaient allés à plusieurs reprises prendre le
thé dans l'appartement qu'elle occupe, rue Cham-
biges. avec sa jeune fille Germaine, âgée de treize
ans. ils ont déclaré au magistrat qu'ils s'étaient
aperçus rapidement que la conversation et les ma-
mères de Mme de P. prêtaient à l'équivoque.
Vendredi dernier, cette dame les avait laissés
seuls avec sa fille. Les deux négociants se cru-
rent autorisés par ce langage et cette conduite à se
permettre quelques privautés familières. Brusque-
ment, la comtesse revint dans le salon, et à la vue
de la scène, entra dans une colère des plus violentes,
injuriant les-deux visiteurs, criant qu'elle allait s'a-
dresser à la justice. C'est ce moment qu'aurait
paru M. F. de P. La comtesse le mit brièvement
au courant, et les deux négociants assurent que sur
les exhortations de cette dame et devant Tes me-
naces do M. F. de P. qui avait sorti un revolver,
ils furent contraints, pour recouvrer leur liberté,
de remettre tout l'argent qu'ils avaient sur eux,
5,000 francs.
En quittant l'appartement de la rue Chambiges,
lis avaient couru cnez le commissaire de-police dé-
poser leur plainte.
A la suite de cette plainte, Mme de P. et M. F-de
P. furent arrêtés; quelques heures plus tard, sur
l'avis du parquet, ils ont été mis en liberté provi-
soire.
Les inculpés nient absolument les faits qui leur
sont reprochés.
Mme de P. qui a choisi pour avocat Me Henri t
Robert, reconnaît qu'elle a invité chez elle les deux
négociants milanais, maisjiie que jamais ses paroles £
et ses manières aient pu encourager .ses visiteurs à se c
conduire envers sa fillette comme ils l'ont fait. Jus-
qu'à la scène de vendredi dernier, â-t-ellë ajouté, ils
s'étaient montrés fort convenables, à ce point qu'elle
avait pensé à demander à l'un d'eux, qui parle très
bien l'allemand, de donner des leçons à sa fille. Leur
conduite, vendredi, la surprit étrangement, et avec
l'aide de M. F. de P. heureusement survenu à ce
moment, elle dut les mettre dehors,' Mais jamais,
i affirme-t-elle, elle n'a dit un mot d'argent et elle n'a
rien reçu d'eux.
M. F. de P. qui est assisté de M" Python, a
confirmé les déclarations de la comtesse. Il a mon-
tré qu'avec sa situation de fortune, il n'avait nul
besoin de se procurer des ressources illicites. Il a re-
connu cependant que Mme de P. au départ des
négociants, tenait à la main des papiers bleus, mais
il n'a pu dire si c'étaient des billets de banque ou
des télégrammes.
La petite Germaine, qui avait été confiée pendant
la courte détention do Mme de P. à l'Assistance pu-
blique, a été réclamée et rendue à sa mère.
IMPORTANTE RAFLE. M. Hamard, chef de la Sûreté,
accompagné de M. Vallette, chef de la brigade mo-
bile, et d'une soixantaine d'inspecteurs et d'agents
du 17e arrondissement, a opéré ce matin à quatre
heures uno descente de police entre les portes
Champerret, de Courcelles et d'Asnières, et a per-
quisitionné dans plus de 300 roulottes, maisonnettes
et baraques volantes. 42 Individus– ia plupart dos
repris de justice ont été arrêtés et diriges sur le
poste de police du boulevard Malesherbés, d'où ils
on? été envoyés au Dépôt. Cette /opération, a la-
quelle assistaient plusieurs-chefs de police ctran<
gcrs de passage à. Paris en ce moment, s'est termi-r
néeà huit heures.
MEURTRE. Au cours d'une discussion, survenue
cette nuit, vers une heure, en face du n° 234 du bou-
levard de la Villette, une jeune fille de dix-huit ans,
Léonie Walter a été frappée d'un coup de couteau,
qui lui a tranché l'artère fémorale, par un peintre
en voiture, Henri Dupraz, qui a pris la fuite.
Léonie Walter a rendu le dernier soupir tandis
qu'on la transportait a une pharmacie voisine. Son
cadavre a été envoyé à la Morgue. M. Pétré, com-
missaire de police du quartier do la Villette, a pro-
cédé à l'arrestation du meurtrier et l'a envoyé au
Dépôt.
PRÉVENU RÉCALCITRANT. -A Montpellier, un nommé
Georges Fourcal, dix-neuf ans, jardinier, inculpé du
vol d'une bicyclette, a tenté de frapper- M. Aspe,
juge d'instruction, au moment où celui-ci signait le
mandat de dépôt. Le greffier et les agents de service
réussirent, non sans peine, a maîtriser Fourcal et à
le conduire en prison.
UN CADAVRE DE FEMME DANS UNE MAL1E. La malle
qui a servi aux époux Goold à transporter le corps
d'Emma Levin était déposée depuis le commence-
ment de l'instruction dans une pièce- du greffe du
palais de justice de Marseille. Cette importante pièce
à conviction a failli être détruite hier par un incen-
die. Une chemise de Vere Goold, qu'elle contient, a
été à demi consumée. L'incendie a été éteint presque
aussitôt. On suppose que des enfants auront jeté par
la fenêtre une allumette enflammée qui aura com-
muniqué le feu à la malle.
IE CRIME DE TOURCOING. Paul Vanàamraé, l'auteur
présumé du double assassinat commis hier sur la
servante do Mllo Vandamme et la petite Madeleine
Vanverdeghem, avait d'abord nié catégoriquement
être le meurtrier. Conduit en voiture à la maison du
crime, le prisonnier a demandé en route à no pas
aller plus loin et a avoué avoir tué les victimes avec
un marteau à casser le charbon. Il a ajouté qu'étant
entré pour voler et ayant été surpris, il avait perdu
la tête et commis son forfait. Il avait volé une somme
de 15 francs.
VOL A LA MAIRIE DE CAEN. Des cambrioleurs se
sont introduits de nuit dans l'appartement occupé à
l'hôtel de ville de Caen par le secrétaire général de
la mairie, actuellement en congé. Les malfaiteurs
n'ont dérobé qu'une somme de 50 francs.
Déjà, il y a un an, une somme de 700 francs avait
été dérobée dans un tiroir du bureau d'un chef de
division, sans que l'auteur en ait pu être découvert»
TUÉ PAR LE FILS DE SA MAITRESSE. Un nommé Louis
Mangin se présentait vers dix heures du soir à
Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), au domi-
cile de la veuve Lesjjuoy, sa maîtresse, d'où il avait
été chassé l'an dernier par les fils Lesquoy. Il frappa
à la porte et reçut pour toute réponse, d'un des fils s
Lesquoy, plusieurs coups violents qui lui fendirent
le crâne. Mangin a été porté agonisant à l'hôpital
son meurtrier a été arrêté. g p
NUIT SANGLANTE. Divers incidents se sont produits
la nuit dernière à Marseille.
D'abord, vers neuf heures, rue Sainte-Barbe, un
bonneteur, nommé Jean Orbea, a été tué par une balle
de revolver tirée par un de ses amis au moment où
il sortait d'un bar. On croit à une vengeance. Le
meurtrier a pris la fuite.
Vers onze heures un apache, Tomasi Chérubin,
connu sous le nom du « Rempart du Panier », a été
trouvé mort boulevard des Dames, tué vraisembla-
ment par des individus de son monde. Quelques ins-
tants avant, Tomasi avait, en effet, essuyé plusieurs
coups de revolver; puis s étant armé lui-même, il
s'était mis à la poursuite de ses agresseurs, mais il
était tombé bientôt pour ne plus se relever. Les as-
sassins sont activement recherchés.
Enfin vers minuit, sur la place Saint-Michel, une
femme Lucie Alcouff a jeté un bol de vitriol au vi-
sage de M. Falip, patron boucher. Le malheureux a
la face complètement brûlée; ses yeux sont perdus.
Arrêtée, la vitrioleuse a déclaré que M. Falip devait
l'épouser; il était même allé demander sa main à sa
'̃ famille qui habite Paris. Depuis, il l'a abondonnée.
Lucie Alcouft ajoute qu'elle n'a aucun regret, car elle
1 se trouve dans une situation intéressante. La vitrio-
leuse a été écrouée.
LES SATYRES. A Marlotte, près de Fontainebleau,
un vagabond a abordé en plein jour, dans un
champ, une jeune fille de quatorze ans, Mlle Cécils
P. a d'abord cherché à l'embrasser, puis s'est rué
t sur elle, l'a terrassée et violentée. La. mère de la
jeune fille survenant, l'individu prit la fuite. Quoi-
que traqué de toutes parts, il a réussi à disparaître.
3 EXPLOITATIONS AGRICOLES INCENDIEES. A Bouglainval,
près de Chartres, un incendie, qui avait pris nais-
ï sance dans une grange remplie de blé, se propagea
s rapidement et s'étendit bientôt sur une superficie de
plus de 15,000 mètres. Cinq- grandes fermes furent
e la proie des flammes.
~t. .F.
INFORMATIONS DIVERSES
Le grand prix du Limousin (branche de onâtai-;
gnier en or) a été décerné cette anûée par les Félibres
limousins à M. Jean Nesmy pour l'ensemble de son
œuvre littéraire l'Ivraie, les Egarés, l'Ame limousine, le
Pays de la Chabrette.
Demandez l'envoi franco du livret explicatif de la
Banque automobile, 47, boulevard Haussmann, à
Paris, relatif à toutes les marques d'automobiles
voitures de luxe, de livraison, camions, canots auto-
mobiles, etc., payables au gré du client, sans majora-
tion, sur les prix des catalogues des constructeurs.
TRIBUNAUX
Rejet du pourvoi de Soleilland. La cham-
bre criminelle do la Cour de cassation a examiné
hier le pourvoi formé par Soleilland contre l'arrêt
de la cour d'assises de la Seine qui le condamnait à
mort.
Dans le mémoire déposé par son avocat, Mo
Raynal, étaient développés ces quatre moyens de
cassation:
1° L'inventaire des pièces de la procédure n'a pas
été daté.
2° Mme Erbelding a été entendue comme témoin;
elle a donc prêté serment; sa déposition terminée,
elle a déclaré se porter partie civile la cour a
alors annulé le serment; on se trouve donc d une
part en présence d'une constitution tardive de partie
civile, et d'autre part un témoin a été entendu alors
qu'il n'avait pas prêté serment, puisque la presta-
tion a été annulée. turo d üno
3» Le président Baffrey a donné lecture d'une
déposition de Mme Erbelding avantsa déposition
orale.
4° Le chef du jury n'a pas apposé sa signature sur
la feuille des questions, à l'endroit indiqué.
Le conseiller rapporteur Petitier a conclu au rejet
du pourvoi.
Après plaidoirie de Mo Raynal, avocat de Soleil-
land, l'avocat général Lombard a demandé dans son
réquisitoire le rejet du pourvoi.
Après une longue délibération, la Cour a rejeté le
pourvoi de Soleilland auquel il ne reste plus que le
recours en grâce.
LE « SILLO3ST »
Au directeur du Temps.
Monsieur le directeur,
L'histoire du Sillon, que j'ai essayé de résumer
dans ma première lettre, montre bien que le Sillon
n'a jamais été une association, ni même à propre-
ment parler un groupement organisé avec un pro-
gramme, des statuts, des membres payant des coti-
sations et prenant des engagements. Le Sillon a tou-
jours été un mouvement d'opinion, une action très
pénétrante et très souple, mais nullement assujettie
a uni; règle ultérieure, imc ainiue conquérante, «no-
vie. Partout où pénètre cette vie, dans les collèges,
dans les séminaires, dans les casernes, aussi bien
que dans les bureaux et dans les ateliers, le Sillon
recrute par propagande individuelle des adeptes ou
tout au moins des amis.
L'unité du Sillon a cela de particulier qu'elle est
extrêmement -forte, et qu'elle n'est cependant main-
tenue par aucune réglementation extérieure. Les
seuls groupements un peu organisés sont les cer-
cles d'études répandus sur: tout le territoire, et qui,
au nombre de quatre ou cinq cents, sont en relation
avec le Sillon. Ce sont les centres effectifs de propa-
gande les militants extrêmement dévoués appar-
tiennent pour la plupart aux classes populaires.
Voici, du reste, une statistique assez intéressante
que nous avons faite en 1906 sur 100 militants sil-
lonnistes, il y a 46 ouvriers (33 ouvriers des villes,
13 ouvriers des champs), 27 employés, 12 camarades
appartenant aux professions libérales, 9 ecclésias-
tiques, 3 patrons et 3 camarades sans profession.
Tous ces cercles sont, dans la plupart des provin-
ces, réunis autour de centres plus importants les
Sillons régionaux. Ceux-ci, comme du reste tous les
cercles directement, sont rattachés au Sillon cen-
tral, dont le siège est à Paris, 34, boulevard Ras-
nail. et dont le travail est assez considérable pour
qu'il soit nécessaire d'y employer constamment une
douzaine de camarades.
Le Sillon central édite des brochures de propa-
gande, publie la revue le Sillon; organe officiel du
mouvement, qui compte plusieurs milliers d'abon-
nés, et l'Eveil démocratique, journal hebdomadaire,
qui tire à plus de 5p,000 exemplaires. C'est lui qui
organise les congrès nationaux, manifestations tou-
jours très considérables. Le cinquième congrès na-
tinnaLp'1'' oxoTOpip,.tp,tin.Ji .Tîaris.ftîi 19£KLne cornu.
tait pas moins do 1,503 congressistes, son banquet
avait 1,824 convives et la foule venue pour assister
au discours de clôture remplissait, une immense
tente do cinquante et un mètres de long sur trente
et un mètres de large, construite tout exprès, sur
ce terrain du meeting sanglant attenant au Sillon,
et où, quatre ans auparavant, le sang de nos cama-
rades avait coulé après la fameuse réunion des
Mille-Colonnes. C'est également au Sillon central
que se réunissent, tous les trois mois, les camarades
les plus influents des divers Sillons de province,
réunions importantes parce qu'on y élabore la mar-
che générale du mouvement.
Le Sillon n'a pas pour vivre de ressources régu-
lières assurées par des cotisations, et cependant,
tant sont nombreux les congrès, les meetings et
réunions de toutes sortes qui se multiplient chaque
jour à travers toute la France, qu'il s'y dépense bien
par an plus de 100,000 francs. Ce sont surtout les
camarades les plus pauvres qui, à force de petites
économies et en se privant parfois du nécessaire,
arrivent subvenir à ces dépenses. D'ailleurs, Y Eveil
démocratique, la revue et les brochures de propa-
gande du Sillon produisent assez pour permettre
d'indemniser les camarades employés au Sillon cen-
tral, et pour fournir chaque année quelques billets
de mille francs à la caisse de propagande.
Du reste, l'autonomie financière de chaque groupe
et de chaque région est encore le meilleur stimulant
pour le dévouement des sillonnistes. Celui-ci est,
pour ainsi dire, sans limite. Que penser, par exem-
ple, de l'abnégation de ces camelots volontaires, qui
après avoir travaillé rudement pendant la semaine,
s'en vont chaque dimanche, et cela durant toute
l'année, crier et vendre Y Eveil démocratique dans les
rues pendant cinq ou six heures?
Nous avons donc, au Sillon, le maximum de co-
hésion et le minimum d'organisation. Il n'y a pas
d'élections. Les plus capables sont désignés tout
naturellement par voie de sélection. Du reste, com-
me il n'y a pas à proprement parler de membres du
Sillon, comme il n'y a pas de programme écrit,
comme chacun à tout instant peut adhérer ou au
contraire se retirer, le Sillon progresse ainsi qu'un
corps vivant par accessions et éliminations succes-
sives. Bien entendu, ce système si simple et si fé-
cond réussit au Sillon parce que celui-ci n'est qu'un
mouvement moral, et aussi parce qu'il ne présente
aucun avantage matériel à ceux qui s'y dévouent,
exigeant d'eux tout au contraire de continuels sa-
crifices.
Quant aux œuvres sociales sorties do l'initiative
des sillonnistes, à Paris même nous en comptons
deux: l'Effort démocratique, société coopérative de
consommation, et le Restaurant coopératif du Sillon,
70, rue de Cléry, elles sont évidemment matériel-
lement distinctes du Sillon, reliées à lui par un sim-
ple lien moral. Après avoir eu des débuts difficiles,
elles commencent maintenant à entrer dans la voie
des bénéfices, et les assemblées générales de ces
deux coopératives ont voté que les bonis seraient
affectés au Sillon.
Nous ne voulons pas nous attarder plus longtemps
sur l'organisation du Sillon, encore qu'elle soit assez
originale et sortie de sa vie même, car il faut enfin
que nous résumions les principales idées du Sillon,
et que nous nous efforcions de dégager ce que l'on
pourrait appeler, quoique assez inexactement, ses
doctrines.
Nous sommes démocrates. La démocratie est;
pour nous, « l'organisation sociale qui tend à porter
au maximum la conscience et la responsabilité ci-
vique de chacun». Nous aimons la démocratie non
pas seulement à cause des avantages matériels
quelle peut procurer à la classe la plus nombreuse
et la plus déshéritée, mais surtout parce qu'elle nous
apparaît comme capable d'élever les citoyens à une
dignité plus haute, d'agrandir en quelque façon leur
i. capacité intellectuelle et morale. Nous avons évi-
t demment, et nous en sommes fiers, un « parti pris
moral n.
1 Dès lors, nous sommes républicains, parce que la
[ République nous apparaît comme la forme la plus
parfaite de la démocratie politique.
De même, sur le terrain économique, et sans
rien préjuger, bien entendu, d'une façon catégo-
» rique, de ce que nous réserve l'avenir, nous
accueillons avec sympathie la solution coopérative
i toute chose égale d'ailleurs, nous la préférons au
i patronat; et dans tous les cas, nous aspirons à une
transformation sociale qui élève la masse du prolé-
tariat jusqu'à une dignité économique réservée jus-
qu'alors aux seuls patrons.
l Nous nous proposons donc de travailler de toutes
l nos forces à réaliser en France la véritable Répu-
e blique démocratique. Nous constatons d'ailleurs
t aisément que la France d'aujourd'hui ressemble
a_£].us à une monarchie décapitée gu'à nne RépubliflSS.
et qùè notre organisation économi<ïtte n'est encore
rien moins que démocratique.
Pour atteindre ce but, nous croyons qu'un triple
effort s'impose à la génération dont nous faisons
partie.
1° Action législative. –La loi doit protéger non
seulement les femmes et les enfants, mais même les
adultes contre l'excès des maux engendrés par l'or-
ganisation sociale actuelle le Code civil protège
bien la fortune des familles contre les dilapidations
des prodigues la santé, la force musculaire et in-
tellectuelle des travailleurs sont un capital autre-
ment précieux que les titres de rente. Donc, il faut
élaborer un Code du travail, faire aboutir les re-
traites ouvrières, imposer un minimum de salaire,
au moins dans les adjudications publiques, assurer
la réalité du repos hebdomadaire, etc., etc.
Z" Action économique.– La loi à elle seule est insuf-
fisante. Du reste, comme un échafaudage, elle doit
disparaître au fur et à mesure que s'élève l'édiflco
de liberté que doit être la démocratie. Il faut donc
que les prolétaires eux-mêmes s'organisent et déve-
loppent en particulier les coopératives et les syndi-
cats, et voient en eux non seulement un remède
aux maux présents, mais encore un instrument de
transformation sociale.
3° Action morale. Ni les lois ni les oeuvres ne
serviront à rien si elles ne sont animées d'un esprit
véritablement démocratique. Or, l'obstacle au dé-
veloppement de cet esprit est justement le conflit
dans chacun de nous entré l'intérêt particulier et
l'intérêt général. Nous avons besoin de force morale
pour sacrifier notre intérêt propre à l'intérêt com-
mun. Il faut donc respecter les sources où les hom-
mes puisent des forces morales. Or, le christianisme
est une incomparable source d'énergie démocratique,
puisqu'il identifie l'intérêt particulier à l'intérêt gé-
néral. Nous ne jouirons, en effet, éternellement de
la justice, dans l'autre monde, que dans la mesure
où nous aurons travaillé à la réaliser en nous et
autour de nous dans celui-ci; nous ne réaliserons
notre fin personnelle qu'en essayant d'entraîner les
autres avec nous vers ce but idéal et « qu'en ai-
mant le prochain comme nous-mêmes ».
C'est ce triple effort vers la démocratie que nous
nous proposons. Nous sommes des révolutionnaires
en ce sens que nous ne sommes pas contents de la
société présente et que nous voulons la transformer
en commençant du reste par nous transformer,
nouslmêmes et par faire la révolution en nous pour
être ensuite capables de la faire autour de nous.
Nous sommes, en même, temps, des traditionalis-
tes. Pour nous, le progrès, ce n'est autre chose que
la tradition en marche; nous voulons continuer
l'œuvre de nos pères et faire non pas ce qu'ils ont
fait, mais ce qu'auraient fait les meilleurs d'entre
eux s'ils avaient vécu à notre époque. La France
d'ailleurs nous apparaît comme la plus humaine des
patries, traditionnellement orientée vers les ques-
tions internationales et toujours assez généreuse
pour être tentée de s'immoler au bien du monde. Le
chauvinisme étroit, qui sous prétexte de la mieux
aimer lui voue un culte faux et idolâtrique, et parle
de lui sacrifier même s'il le fallait la justice et la vé-
rité, méconnaît son esprit et ne la sert pas comme
elle entend être servie.
Rien de plus clair, en somme, que ces quelques
idées très simples. Au fur et à mesure, pourtant,
qu'elles se précisaient et que le Sillon les formulait
avec plus de netteté, les attaques se faisaient plus
nombreuses et plus pressantes.
Seuls, d'abord, les anticléricaux violents nous
avaient combattu. Mais dès le début même de no-
tre effort, nous avions rencontré de très intéres-
santes sympathies dans les milieux de gauche. C'est
ainsi qu'à l'Alcazar d'Italie, le jeudi 25 novembre
1903, M. Buisson ne craignait pas d'appeler le Sil-
lcn « une grande force organisée pour la liberté,
dans la liberté, par la liberté ». Il nous félicitait
« d'avoir fait appel à la liberté, à l'étude, à la ré-
flexion, à l'expérience, au libre examen et à toutes
les méthodes que nous considérons, disait-il, comme
les méthodes décisives et définitives, comme les mé-
thodes émancipatrices ». Et il ajoutait « Voilà ce
que j'ai trouvé de commun entre nous, la méthode
libérale et l'esprit républicain. »
Nombreux sont encore maintenant toutefois, sur-
tout dans les milieux mal informés de province, ces
étranges républicains qui nous excommunient avec
jette imprécation
Retirez-vous loin de nous 1 Vous êtes des in-
conscients ou des hypocrites on ne peut pas être
républicain, quand on est catholique. Quelles que
soient vos idées politiques et sociales, nous vous
combattrons toujours, tant que vous ne vous décla-
rerez pas avec nous les ennemis JeJïEeHç»-
^Bientôt toutefois, les conservateurs, qui n'avaient
d'abord vu en nous que de bons jeunes gens très
chrétiens et nullement dangereux, commencèrent à
s'inquiéter de nos affirmations trop répétées! dé répu-
blicanisme et de nos tendances trop hardiment dé-
mocratiques. D'autre, part, on nous fit un. grief de
notre indépendance on s'irrita de voir le Sillon re-
belle; à toute compromission, et après avoir 'en vain*
essayé de nous faire plus ou moins rentrer dans les
cadrés de l'Association catholique de la jeunesse
française, puis de l'Action libérale, et après avoir en
vain également tâché d'obtenir du Vatican un dé-
saveu de notre autonomie, nos adversaires de
droite commencèrent à nous livrer le plus. furieux
des assauts.
Nous continuàmes à avancer, sans tenir compte
do toutes ces attaques. Les coups que nous rece-
vions étaient souvent d'une très grande brutalité.
Usant de notre droit d'examen et de critique, nous
avions refusé d'emboîter le pas derrière les syndi-
cats jaunes, les trouvant trop artificiels, trop peu
issus d'initiative prolétarienne, trop soutenus par
le patronat, par les réactionnaires et les royalistes.,
Il nous fut répondu par un débordement d'injures,
et nous comprimes, au peu de scandale que produi-
sirent dans certains milieux de telles agressions,
quelle était l'antipathie que l'on nourrissait à notre
endroit.
Une autre campagne, plus habile et plus hypo-
crite, fut savamment conduite dans les presbytères,
dans les évêchés et même au Vatican. Il s'agissait
de nous discréditer aux yeux du clergé, et de déta-
cher de nous les séminaristes et les jeunes prêtres,
si particulièrement ardents dans leur affection pour
le Sillon,
On essaya pour-aboutir de tous les moyens. On
suspecta notre orthodoxie. On tenta de nous com-
promettre dans les erreurs àusnodernisme, récem-
ment condamné par lo nouveau Syllabus de Pie X,
alors que le Sillon ne s^occupe nullement d'exégèse,
et que l'immense majorité de nos camarades ne sa-
vent pas ce que c'est que la méthode d'immanence,
n'ont jamais lu une ligne de l'abbé Loisy, et ne
connaissent même pas le nom de M. Leroy.
Et comme on n'aboutissait ainsi pas à grand'chose
et que l'on perdait en somme son temps contre l'é-
vidence, on songea à une autre tactique.
On tenta de nous accuser d'insoumission à l'E-
glise. Puisque l'on ne pouvait nous faire passer pour
des hérétiques, on allait s'efforcer de nous présenter
comme des révoltés. On trouva le prétexte sui-
vant »
Vous êtes catholiques, nous dit-on, etvotre Sillon
se prétend laïque, il no veut recevoir de mot d'ordre
de personne. C'est un instrument de division, un
étendard de révolte.
Rien de plus invraisemblable, de plus stupéfiant,
que toutes les équivoques accumulées contre nous à
ce propos. Nous avons cent fois répété que le Sillon
était un mouvement laïque, se proposant direc-
tement un but temporel l'élaboration d'une véri-
table République démocratique, juste et fraternels,
dans notre pays; que c'était, usant de la liberté civi-
que que l'Eglise a toujours professé devoir recon-
naître à ses enfants, que nous avions fondé et déve-
loppé le Sillon. Nous avons sans cesse affirmé recon-
naître comme catholiques non seulement la direc-
tion religieuse do l'Eglise, mais même son contrôle
sur toutes les questions qui touchent à la religion,
et que c'était elle qui, à nos yeux, limitait son pro-
pre domaine. Nous n'avons' cependant jamais pu
faire comprendre à nos irréductibles adversaires
l'évidente légitimité dé notre attitude, et nous avons
vu ces derniers temps, non sans tristesse et regrets,
quelques évoques affirmer publiquement des inquié-
tudes que nos loyales déclarations ne sont encore
pas parvenues à dissiper complètement.
A Rome toutefois, où nous fûmes récemment reçu
par le pape, en mai 1907, et où nous pûmes causer
de longues heures avec le cardinal Merry del Val,
nous devions rencontrer une intelligence plus exacte
de ce qu'est le Sillon. Voici sur ce sujet, formulées
en quelques propositions très brèves, les conclu-
sions qui résument ce que nous avons recueilli des
lèvres du pape et du secrétaire d'Etat, conclusions
que nous avons tenu à lire nous-même au Vatican,
lors de notre dernière audience, pour bien nous as-
surer de leur exactitude
1» Le Sillon, mouvement laïque, se propose de réa-
liser en France une République démocratique honnête,
juste et fraternelle. Sa situation est parfaitement légi-
time. Il use d'un droit que nul ne saurait songer à lui
contester.
2° Le Sillon veut puiser dans le christianisme une
force et des vertus sociales autant qu'individuelles.
Les prêtres se doivent aux sillonnistes comme à tcus
ceux qui recourent à leur ministère. Ils ne peuvent
que souhaiter voir, grâce au Sillon, le peuple se
rapprocher de ÏEgUsej et jjue se féliciter de l'utUfli
influence religieuse du Sillon, partout où ils la consta-
tent.
3° Si, comme citoyens, les prêtres peuvent avoir des
opinions et des préférences politiques et sociales par-
ticulières, comme prêtres ils sont à tous, et par con-
séquent, leur place n'est pas, d'une façon générale,
parmi les propagandistes publics ni les membres mili-
tants du Sillon.
4» Dans des cas particuliers, ils peuvent se départir
de cette réserve et prendre part à la propagande exté-
rieure du Sillon; mais alors il faut évidemment que
leur évèque y consente.
Puisque nous ne sommes ni hérétiques ni insou-
mis, il faut pour nous combattre trouver un autre
grief. On le formule à peu près ainsi
-^Vous travaillez pour la République et pour la
démocratie, donc vous faites de la politique. C'est
sans doute votre droit, mais alors il vous faut re- ]
noncer à votre œuvre d'éducation populaire, il faut
vous transformer en un parti exclusivement poli- j
tique.
Cette objection est étrange, d'abord parce qu'on
.ne saurait reprocher au nom d'aucun principe théo-
logique le loyalisme républicain d'une œuvre d'ôdu-
cation populaire dans un pays dont le gouvernement
est républicain, surtout depuis que le pape Léon XIII
a si vigoureusement remisen lumière les vrais prin-
cipes ensuite parce que si c'est faire de la politique
que de préparer des citoyens capables de travailler
dans leur propre pays, et dans le siècle même où
ils vivent, toute œuvre d'éducation est nécessaire-
ment une œuvre politique; et enfin parce que si
mauvais qu'il nous paraisse, le prétexte allégué
n'existe même pas, le Sillon n'ayant jamais en fait
mêlé l'action politique militante, et en particulier
l'action électorale, à son travail d'éducation démo-
cratique.
En effet, quelques jours avant les élections de
1906, le Sillon faisait placarder sur les murs des
principales villes de France une affiche où l'on pou-
vait lire les déclarations suivantes
Le Sillon croit de son devoir, pour éviter toute fausse
interprétation de son effort et toute équivoque, d'affir-
mer loyalement qu'il ne se mêlera en aucune façon à
l'agitation politique des prochaines élections.
Nous ne prêchons nullement l'abstention nos amis
ont un sens assez vif de leur responsabilité civique
pour faire courageusement et sans défaillance tout leur"
devoir, sans que nous ayons besoin de leur communi-
quer aucun mot d'ordre. Ils voteront chacun suivant
sa conscience, et chacun saura se souvenir qu'il doit
avant tout se préoccuper de la défense des intérêts re-
ligieux du pays, les plus menacés à l'heure actuelle.
Ainsi, on ne pourra pas nous accuser de compro-
mettre l'union nécessaire, et d'autre part nous ne nous
présenterons pas devant les électeurs avec un pro-
gramme faussé aucun parti ne correspondant à ses
aspirations, le Sillon n'a le droit de se mettre au ser-
vice d'aucun parti.
Depuis lors l'attitude du Sillon n'a pris changé, et
si nous affirmons qu'il h1' aucun terrain sur le-
quel liuu.3 n'ayona l'oapoir <3o p^7i<5ti»oi- tua joui pour
l'assainir, pas même celui de la politique militante,
qui elle aussi doit être soumise aux lois de l'univer-
selle morale, nous ne faisons que répéter ce que
nous n'avons cessé de dire depuis les origines mê-
mes du Sillon.
Quant à ce dernier grief que nous. font. :plusieurs
avec àpreté, nous reprochant notre collaboration
avec des protestants et des libres penseurs, nous ne
voyons pas qu'il puisse résister à un examen quel-
que peu sérieux. [ ][
En effet, le Sillon n'est pas une œuvre confession-
nelle. Sans doute ceux qui l'ont fondé et qui le diri-
gent sont catholiques avant tout; mais Léon XIII ne
conseillait-il pas déjà aux catholiques dé travailler
au bien de la cité avec tous les hommes de bonne
volonté? Et d'ailleurs, qui donc oserait jamais pré-
tendre, qu'il faut que les catholiques abandonnent
dans votre pays de France toute collaboration po-
litique et sociale avec les non-catholiques? Du reste,
n'a-t-on pas vu des promiscuités autrement scan-
daleuses et qui ne choquent pas ceux qui nous font
un crime des plus loyaux et des plus honnêtes rap-
prochements Qu'était-ce que le boulangisme et
même que la Patrie française ? Qu'est-ce à l'heure
actuelle que le. mouvement jaune? Et enfin ne se-
rait-ce pas un détestable cléricalisme, tout à fait
antîchrétien et anticatholique, que cette funeste con-
fusion des deux pouvoirs que le Christ, le premier,
a nettement distingués, que cette constitution d'un
parti politique catholique, qui restreindrait la reli-
gion universelle aux limites étroites d'une coterie,
et dont l'effet le plus immédiat serait peut-être de
rendre l'Eglise en France impopulaire, de toute
l'immense impopularité des vieux partis déchus.
J'espère, monsieur le directeur, en avoir dit assez
_pour flcmnor-t{uo~uo~tion présente du Sillon, et de la lutte si âpre qu'il a
à soutenir contre des adversaires dont il n'arrivé
pas à comprendre l'acharnement. Je sens bien tout
ce qu'il y a d'incomplet et :de hâtif .dans ces quel-
ques notes. Je crois toutefois qu'elles apporteront
un peu de clarté dans' l'esprit de ceux' qui les liront,
Peut-être même quelques-uns se sentiront-ils; de la
[; sympathie pour l'effort de ces jeunes. hommes, aux-
quels on ne veut pas pardonner « d'avoir cru à
l'Amour », et que l'on juge coupables de se donner
i sans compter à la plus désintéressée des causes.
Cet espoir m'est très doux, monsieur le directeur,
et je vous prie, etc.
MABC SANGNIER
NÉCROLOGIE
Adrien Duvand
C'est avec regret que nous apprenons la mort de
notre confrère M. Adrien Duvand, qui a succombé
ce matin à cinq heures, dans son appartement,
8, rue Fromentin, aux suites d'une douloureuse ma-
ladie qui ne lui laissait, depuis longtemps, que des
moments de répit
Publiciste, il n'avait cessé, depuis l'Empire, d'être
mêlé aux luttes politiques. Sous l'Empire déjà, il
avait fondé ou rédigé en chef des' journaux républi-
cains, notamment le Petit Lyonnais, et avait été
condamné pour délits de presse. Au 16 mai, il était
directeur de la Lanterne. Il fut plus -tard rédacteur
en chef de l'ancien Gil Blas. Il avait été plusieurs
fois candidat aux élections législatives, récemment
encore dans la Loire, en 1902.
Il avait gardé de sa carrière de journaliste le goût
de toutes les questions qui touchent à la presse et
remplissait avec dévouement les fonctions de syndic
de 1 Association des journalistes républicains. rn
Son activité eo. dépensait également en d'autres
œuvres républicaines et laïques. Il était vice-prési-
dent de la Ligue française de l'enseignement, prési-
dent de l'œuvre du Foyer du soldat, vice-président
de la Ligue franco-italienne, membre du comité de
la Société de l'histoire de la Révolution française,
membre de la commission centrale exécutive de
l'Alliance républicaine démocratique. Le 10 juillet
dernier, il faisait à Courbevoie, comme délégué de
l'Alliance une conférence applaudie sur « le Devoir
républicain. »
M. Adrien Duvand était officier de la, Légion d'hon-
neur.
Nous apprenons la mort de M. Félix Millet, secré-
taire général de l'Aurore.
M. Félix Millet est décédé hier après-midi à Porte-
Joie, par Saint-Pierre-du-Vauvray (Eure), des suites
d'une fièvre typhoïde infectieuse. Ses obsèques au-
ront lieu à Paris.
LIVRES ITOXTVBA.XJSZ
La politique coloniale sous Louis XIV et Louis XV,
par LUCIEN Schœne. 1 vol. in-8°, Paris, Challemel,
1907.
L'auteur ne dissimule pas les fautes qui ont fait
perdre à Louis XV les colonies françaises; il n'ad-
mire que médiocrement la politique médiocre du
cardinal Fleury. Les ménagements de la France
pour la grandeur naissante de la Prusse etplustard
l'alliance avec l'Autriche, si justement impopulaire,
le trouvent sans indulgence. Il se propose seulement
de rectifier une erreur historique qu'on a fréquem-
ment commise au dix-neuvième siècle en exagérant
l'importance du domaine colonial que nous avons
perdu et en accablant la monarchie de reproches
qu'elle n'a pas tout à fait mérités.
D'abord si on examine avec soin, comme le fait
M. Lucien Schœne, les correspondances diplomati-
ques, les mémoires, les pamphlets, on reconnaît as-
sez vite que l'indifférence témoignée par le gouver-
nement à nos établissements d'outre-mer est sur-
tout le reflet de l'opinion publique. Presque per-
sonne ne s'intéressait en France à un domaine colo-
nial immense, il est vrai, mais fort neu solide et de
peu de valeur immédiate.
Ne nous représentons pas le Canada et la Louisiane
tels qu'ils sont aujourd'hui, florissants et prospères.
Voyons-les tels qu'ils étaient au cours du dix-huitiè-
me siècle. En 1712, un missionnaire écrit de la Loui-
siane « Notre vie se passe à parcourir le pays pour
atteindre un pauvre sauvage qui nous fuit. Il n'y a
que trois villages, en comptant le nôtre, dont l'un
est à plus de cent lieues d'ici. Nous avons marché
douze jours sans rencontrer une seule âme. » Au
fond, on cherchait moins à coloniser qu'à occuper
quelques points choisis afin de faire obstacle à la
colonisation anglaise. Le nombre des colons arrivés
en un siècle au Canada ne paraît pas avoir dépassé
4,300. Cette popuiation pauvre et sans industrie,
jjroduiBait ai peu au delà de sea besoins aue la
moindre surcharge de troupes amenait la rareté deïf,
subsistances.
Au moment où nous les perdîmes, le Canada n&
comptait que 12,000 Ames, y compris les soldats `
l'Acadie un millier, la Louisiane 200. M. Lucie
Schœne a Taison de donner ces chiffres pour no
consoler un peu des pertes que nous avons faites.1.
Mais ce raisonnement ne s'applique pas à Saint-
Domingue, pour laquelle il partait de nos ports cent
cinquante-quatre navires de commerce par an, taa-~
dis qu'il n'en partait que quatre pour la Louisianà4
C'est là qu'est le véritable désastre de notre politi-
que coloniale, c'est à Saint-Domingue que noua-j
avons perdu la plus belle, la plus riche, la plus flo,
rissante de nos colonies. M. Lucien Schœne indiqui*
bien ce que valait pour nous une colonie si impoli
tante, peut-être la plus importante qu'un pays ait
jamais possédée. Mais il n'a pas à nous en raconteç"
l'histoire. Ce n'est pas sous la monarchie que noué^
l'avons perdue. On ne peut pas rendre le gouverne^,
ment de Louis XV responsable de ce malheur.
Le prince de Hanau, roman national (1792-1815), par:
TANCRÈDE MARTEL.
L'auteur de ce roman fait vivre et grandir ses hé*
ros en pleine épopée républicaine et impériale «
faut même le louer de l'exactitude et du pittoresque'
qu'il a apportés dans la restitution de ce cadre héro$«
que. Mais si le Prince de Hanau est un roman histo?
Tique, s'il fait défiler sous nos yeux des scènes qu$
flattent, en le consolant, l'amour-propre de la na-
tion, c'est aussi un. roman d'amour extrêmement
émouvant et touchant. Un enfant du peuple, Anto-
nin Taraille, instruit par charité, orphelin, s'engagg
à l'armée d'Italie avec Bonaparte, devient successi-
vement duc d'Espinosa et prince de Hanau. A ce
moment, il est maréchal do France, et depuis long-
temps a épousé la femme qu'il aimait, c est-à-dire
Rosette de Vaufrège, fille d'un vieux noble de l'an»
cien régime, devenu chambellan. Les amours d'Ati-
tonin et de Rosette ont permis à M. Tancrède Mar-
tel de faire œuvre de délicat conteur et psycholo-
gue. Il faut le louer aussi de son style, de l'origina-
lité de son affàbulation et surtout du grand air de
vie et de vérité que respire son « roman national ».
J. T.
LIBRAIRIE
Le nouveau roman de Victor Margueritte, Prosti-
tuée, obtient un succès considérable. Le voici en peu
de jours arrivé au 20e mille. C'est un maître livre.
(Fasquelle.) Voir aux annonces.
THÉÂTRES
r
Notre correspondant particulier nous écrit d'intéresj
sants détails sur la prochaine saison d'opéra en Italie| `
et sur les travaux des compositeurs en vue
Puccini, l'auteur de la Bohème avoue qu'il serait
embarrassé de donner quelque chose de nouveau ait
théâtre cet hiver, car il travaille sans hâte, av«a
scrupule, et commence parfois des œuvres qu'il in-
terrompt ensuite pour longtemps. On avait annonça
de lui une Marie-Antoinette et on la. donnait -commet
une des plus importantes œuvres attendues pour
la saison prochaine, mais Pilccinl y renonce, du
moins pour le moment. En revanche, il met en mu-
sique un drame lyrique du librettiste Velaco, dont
l'action tragique se déroule dans, les mines de Ca-
lifornie et dont le titre est encore, à. trouver.
Leoncavallo, l'auteur de Paillasse devait faire
jouer à Milan une nouvelle œuvré, Maja; iiiaas cet
opéra sera joué au Mexique, en espagnol, et lui-mêma
ira diriger l'orchestre à Mexico. Maja, ensuite, sert*
traduite en italien. Leoncavallo travaille également
à une oeuvre nationale évoquant l'épopée garibàl-
dienne et intitulée Chemise rouge; ̃
Quant à l'auteur de Cavallefia rùslicana, il vient
de se remettre au manuscrit. de Yestilia qu'il avatt
abandonné depuis cinq ans. C'est- l'œuvre, paraît-H,
à laquelle Mascagni s'est donné àv.ec le plus dé pas?
sion, et il espère pouvoir la faire représenter 1 hiver
prochain.
Enfin Màscagni veut donner en .octobre prochain
à Milan une reprise des Maschere.
Ceux qui s'intéressent aux choses musicales et
théâtrales n'ont peut-être pas tout lait oublié le
sort bruyant et rapide qu'eut cet opéra des Masques
en 1901. Ce fut un événement dont toute l'Italie
parla. six mois avant l'apparition de l'œuvre, maia
dont on ne parlait plus six iours après. Mascagni
avait tenté de faire un symbole de l'Italie entière
dans cette évocation des « masques j> nationaux dont
chacun rappelait la tradition particulière dune
grande cité. Et pour que l'événement fût vraiment
italien, les Masques furent représentés le même soir
dans huit ou neuf des plus grands théâtres de*
grandes villes d'Italie. Hélas! Milan, Rome, Génes,.
Turin Veniso Naples, etc. furont unanimes dan4
leur verdict. Ce fut un échec. Mascagni a repris en-
tièrement son œuvre et il tient beaucoup à faire ap-
pel des sévérités du public d'alors, au public dau*
jourd'hui. o..
--Ce soir:
A l'Opéra, Mlle Yvonne Dubël ohantera le rôle de
Marguerite, de Faust, qui lui valut-un si vif succès.
Le chef-d'œuvre de Gounod aura' également pour
interprètes Mlles d'Eltjs Goulançonrt; MM. Dubois,
A. Grasse, Gilly et Cancelier
Au divertissement figurent les noms de Mlles bar-
bier, Meunier, L.Couat, Salle, L. Mante, S. Mante,
Sirède et Ricotti.
Le programme pour la dernière matinée de di-
manche prochain à Pont-aux-Dames sera très intéres-
sant et très varié à la fois. Le public aura le plaisir
d'applaudir le trio de Jérusalem,. par MM. Dubois, Del-
pouget, de l'Opéra, et Mme Nauger-Dubois; le duo a?»
Roi d'Ys, par M. Dubois, de l'Opéra, et Mme NaugfiF;
Dubois; la Nuit d'octobre, par M. Albert Lambert e*
Mlle Madeleine Roch, de la Comédie-Française Plaisg-
de rompre, par M. Paul Numa et MlleMitzy-Dalti, de la
Comédie-Française plus un brillant intermède, par-
MM. Dubois, Delpouget, Delaunay, Jean Coquena,
Morton, Bruet-Rivière, Vaunel, 13. Bloch Mmes Kau--
ger-Dubois, Duval-Melchissédec, Marie Tissier, Ka-
mouna, Aussourd, accompagnés par M.Bachelet, chef
d'orchestre de l'Opéra, M. Léo Pouget et M. Petit, com-
positeurs.
La représentation des Hommes de proie, dimanche e
prochain, au théâtre antique de la Nature, à Chatnpi-
gny-la-Bataille, aura la même interprétation homogène
et brillante à la tête de laquelle se trouve M. Henry
Krauss.
Le dimanche 8 septembre, aura lieu la première re-
présentation de Bayard, la nouvelle pièce héroïque da
J. de Wils, dont le drame, Sang gaulois, fut précédera*
ment joué au théâtre de la Nature. Les principaux in-,
terprètes de cette œuvre nouvelle sont MM. Henry
Perrin et Godeau.
La direction du théâtre de 1'Ambigu annonce pouj
dimanche prochain son avant-dermère matinée dit
l'Enfant du Temple, qui atteindra ces jours-ci sa 100e ra-
présentation.
A ce même théâtre, on répète activement tous le»
jours fc Curé dé Foréville, de M. Joseph de Gramont,
qui sera la première nouveauté ÛQ- la saison, au Ahûâti»'
de l'Ambigu-Comique.
L'un des premiers spectacles que donnera '16
théâtre Mévisto sera une comédie en trois actes dà
MM. Théodore Cahu et Abel Tarride. La pièce est inti-
tulée le Mari et son action se passe à Saumur.
-M. Gabriel Dupont, le compositeur de la Cabrera,
a terminé la musique de la Glu, sur le livret de M.Jean
Richepin.
-Le théâtre Cluny, entièrement remis à neuf, ou-
vrira prochainement ses portes. Grâce à un système
nouveau et à l'emploi de matériaux spéciaux, le théâ-
tre. Cluny se flatte de ne plus avoir un grain de pouS*
sière dans la salle. Ce ne sera pas la moindre de ses
curiosités..
Ce soir, le Cirque d'Hiver fait sa réouverture avec
un spectacle nouveau.
Demain, à Marigny, débuts de la chanteuse Dort
Parnès.
L'exposition coloniale du bois de Vincennes sera
prolongée jusqu'au dimanche 6 octobre.
A partir du 1" septembre, l'exposition restera ou-,
verte le jeudi et le dimanche soir.
SPECTACLES DU VENDREDI 30 AOUT
Opéra, 8 h. Faust. Samedi, relâche.
Français, 8 h. 1/2. Le Mariage forcé. -,Le Barbi^
de séville.
Porte Saint-Martin, 8 h. 1/2. Le Courrier de Lyon. f
Châtelet, 8 h. 1/2. -Les Pilules du diable.
Athénée, 8 h. 1/2. Chauffée. –Le Cœur et le -reste.
Palais Royal, 8 h. 3/4. Justin etC"! -Le Contrôleur
des wagons-lits.
Ambigu, 8 h. 1/2. -L'Enfant du Temple.
Nouveautés, 8 h. 3/4. Le Bon agent et le mauvai*
cambrioleur. Vous n'avez rien à déclarer?
Th Marisïny.Tél.l01-S9.8hl/2.Une soirée dans leBowery.
Saharet. Goldin. Les Ville. Hadji Mohamed*
Déjazet. 8 h. 1/2. 11.?. ou elle?. Tire-au-Flanc! 1
Grands Magasins Dulayel. 2 h. 1/2 à 6 heures, concert
et cinématographe tous les jours, sauf le dimanche.
Cirque d'Hiver. Réouverture.
Variétés, 9 h. Au cinématographe l'Enfant prodigue.
Cinématographe Pathé, 5, boulevard Montmartre, da
2 h. 1/2 à 6" h., de 8 h. 1/2 à 11 h., nouveautés.
Enghien, 11 minutes de Paris, 152 trains par jour.–
Etah. thermal. –Casino.– .Concert.
Mus. Grévin. Le Siège de Port-Arthur. Les Catacombes.
romaines. Le Cirque. L'actualité prle cinématographe.
T'EiffeLlOh. m. àlànuit.l«ét., restaurant-bras, déj.iir.
et à la carte, Matinée au théâtre dim.ett6tes à heures.:
Jardin d'acclimatation. Ouvert tous les jours.
SPECTACLES DU SAMEDI 31 AOUT
Opéra, relâche. Dimanche, relâche.
Français, 8 h. 1/2. Le Plaisir de rompre. Le Dêpl»
amoureux. L'Avare.
(Les autres spectacles comme vendredi)
LE 17 ~io9 ~i1 B 8d i'n6i1 i~HA f~ Sf·Honarl.
tMaënicur. Anciens et importants ët:~blisse·
ments de construction mécanique et de chaudron-
nerie de l'Ouest de la France cherchent un jeune
ingénieur susceptible de s'y intéresser pécuniaire-
ment afin de développer leur outillage et leur rayon
d'action. Il en serait le sous-directeur appointé avec
participation dans les bénéfices garantie par contrat.,
S'adr.à M. Théodore Collot» 4guld des Italiens, 5.
̃Uj,
F.
1 La cris© yiticole f' y
'{Dépêches de nos correspondants partkuSeïi},
Narbonne, 30 août.
Dans la République sociale, organe de la munici-
'palité narbonnaise, le docteur Ferroul publie un
appel aux viticulteurs, où il leur dit
Vous n'avez rien à attendre d'autres que de vous-
TBiêmes, le Parlement et le gouvernement viennent de
tous le démontrer..
Donc, deux décisions restent capituler ou agir. La
capitulation, c'est l'acceptation de la ruine. L'action,
c'est le salut possible, certain.
Agissons donc. Créons, de l'union de toutes nos éner-
gies, de la communauté de nos misères, du faisceau de
tous nos efforts, l'instrument puissant qui nous af-
franchira. Nous vivons tous de la terre où pousse la
-vigne d'où sort le vin. Si cette terre, cette vigne, ce'
vin ne peuvent plus nourrir ni ceux qui la détiennent,
îii ceux qui la travaillent, ni ceux qui vivant au milieu
des viticulteurs sont solidaires de. leur fortune, c'est
pour tous, sans oxception, la détresse définitive.
Donc, tous, sans exception, sauvons la terre du Midi,
sauvons la vigne, sauvons le vin, sauvons-nous nous-
snemes par conséquent.
Laissons parler les politiciens, 3a gouvernement,
ceux qui en vivent, ses agents, ses policiers, ses sala-
ries, ses quémandeurs. Ils nous disent Ouvriers,
n'allez pas avec les propriétaires; et ils disent aux pro-
priétaires N'allez pas avec les ouvriers. S ils parlent
ainsi, c'est parce que leur fortune et leur domination
sont intéressées à notre division.
Répondons-leur qu'avant d'être propriétaires ou pro-
létaires, nous sommes des hommes ayant besoin de
vivre pour défendre nos opinions, nos principes et nos
préférences. Béziers, 30 août.
M. Marcelin Albert a été invité à un banquet de
2,000 viticulteurs qui avait lieu en son honneur- à
Cazouls-d'Hérauît. Appelé à prendre la parole, il a
demandé aux vignerons de réaliser la formation
immédiate do syndicats professionnels dans les;
communes adhérant àla confédération générale des
vignerons du Midi, la création de caisses rurales de
crédit mutuel et l'oubli de toutes les divisions, de
toutes les haines. « Pas de politique, a-t-il dit; tous
unis pour faire améliorer par le Parlement les lois
déjà votées 1 » o
Un accueil chaleureux a été fait au « Rédempteur ».
Montpellier, 30 août.
Le conseil d'arrondissement de Montpellier a émis
le vœu que les bons de tabac soient désormais rem-
placés dans l'armée par des bons de vin, afin de
remédier dans une certaine mesure à la crise viti-
«ole.
FAITS DIVERS
L.A. TBMPÉRATXTRB
Bureau central météorologique
Vendredi 30 août. La pression barométrique s'est
relevée assez rapidement dans l'ouest de l'Europe et
une aire supérieure à 765 mm. s'étend sur nos régions
et le sud des îles Britanniques.
La dépression des Shetland .s'éloig-ne vers la aord-
est (Bodœ 753 mm.).
Le vent est faiblé des régions ouest sur la Manche,
un nord sur nos côtes de l'Océan et de la Méditerra-
3iée la mer est belle généralement.
Des pluies sont tombées dans' le nord-ouest de l'Eu-
Tope en France, de nombreux orages ont éclaté hier,
notamment dans le centre et l'est; on a recueilli 11 mm.
d'eau au cap Béar, 7 au Mans, 3 à Nancy, 2 à Lyon.
La température s'est abaissée sur nos régions.
Ce matin, le thermomètre marquait 7» à Arkangel,
15° à Paris, 1S° à Toulouse, 27° à Alger.
On notait 11° au mont Aigoual, 10° aupuy de Dôme,
4° au pic dû Midi.
En France, un temps beau -est probable avec -tempé-
rature voisine de la -normale.
A Paris, hier, la température moyenne, 19°2, a été
supérieure-de 2C6 à la normale y.6°6).
Observatoire municipal (RÉGION parisienne)'
Un orage rapide, mais .1res intense, éclate hier
vers 3 h. soir sur la région parisienne les nuages qui
le produisent viennent de 1 ouest-nord-ouest avec une 'e
vitesse d'environ 6 mètres par seconde il traverse la
ville dans sa partie centrale et vers le nord, et y est
zénithal à 2 h. 56.
On observe cinq coups à éclat, très violents, entre
Z h r>6 et 3 h. 4 le premier au centre, lo dernier au
nord de la ville; l'orage s'éloigne dans l'est-nord-est
et cesse vers 3 h. 30.
La pluie qu'il détermine est forte sur Paris, ainsi
que dans la banlieue ouest-nord-ouest (11 à 13 mm.),
elle-dure de 2 h. 45 à 3 h. 25. En banlieue est, elle est
peu importante.
Un nouvel orage, plus faible, intéressant le nord-
ouest de la région, est encore observé vers 8 h. 30 soir.
Ce matin, le ciel est couvert les vents, qui donnent
pendant l'orage de 3 h. un à-coup de nord-nord-est
de li mètres par seconde, s'affaiblissent, et reviennent
à l'ouest-nord-ouest.
La température fraîchit, et la pression barométrique
ïe relève modérément elle accuse à midi 766 mm. 6.
e Jeudi 29 août Vendredi 30 août îg
•E? TOI 3 4 6 8 10 M* 2 i 6 S 10 HOI g
î5o=--l -E.no
20< -< -165
1 _1sn
H)0- -̃- ^-1S5
LES. ORAGES. Nous signalions hier l'éboulement
nui s'est produit avenue de Clichy, à cinq heures
du matin, dans les tranchées creusées pour les
travaux du Métropolitain. La circulation est restée
interrompue jusqu'à deux heures de l'après-midi.
Les travaux de consolidation sont maintenant ter-
minés et les ouvriers ont pu reprendre leur travail
normal.
Dans l'après-midi, un violent orage s'est de nou-
veau abattu sur Paris. Comme dans la nuit précé-
dente, les éclairs illuminaient le ciel presque sans
interruption. La foudre est tombée sur plusieurs
points de Paris, notamment à l'Hôtel de Ville, sous
la voûte qui relie les cours nord et sud. Personne
n'a été atteint, mais le compteur électrique et son
tableau ont été détériorés. Le tonnerre est encore
tombé rue des Gravilliers et il a en partie démoli
une cheminée de la rue Dancourt.
A l'usine génératrice du Métropolitain du quai de
la Râpée, l'un des paratonnerres de l'établissement
ayant été atteint par la foudre, le fluide courant le
long du fil conducteur a renversé une douzaine
d'ouvriers qui se trouvaient à proximité. Aucun
d'eux n'a été blessé.
Des infiltrations se sont produites au Métropoli-
tain, près de la gare de Lyon, à un endroit, où la
̃chaussée est en réparation. Ces infiltrations ont dé-
térioré des câbles et il en est résulté un arrêt de ser-
vice sur la ligne n° 1 de 5 h. 30 à 9 h. 25 ce matin.
Le vent a aussi déraciné ou brisé plusieurs ar-
fcres de nos boulevards.
En banlieue, l'orage a également provoqué des
accidents. A Argenteuil, la foudre a démoli la toi-
ture d'une propriété et les pluies ont fait déborder
un égout dont les eaux ont inondé la voie du che-
min de fer de Grande-Ceinture. A Drancy, un en-
fant a été blessé par la chute d'un arbre que le ton-
nerre avait déraciné. A Clermont-de-l'Oise, toute la
partie basse de la localité a été inondée. Les mai-
sons ont été envahies par l'eau et les cultures ont
beaucoup souffert. A Senlis, une énorme meule
d'avoine et d'orge a été incendiée par la foudre.
UNE VICTIME DU DEVOIR. Nous avons annoncé la
mort du capitaine Casties, qui avait contracté une
pneumonie double à l'incendie de la. rue de Bercy.
Le bureau du Conseil municipal, à la demande de
M. Lépine, a décidé hier que les obsèques de ce
vaillant officier auraient lieu aux frais de la ville de
Paris.
Demain samedi, à dix heures du matin, il sera
procédé à la levée du corps à la caserne de l'état-
major des pompiers, boulevard du Palais. Un ser-
vice religieux sera célébré à l'église Notre-Dame.
L'inhumation devait avoir lieu au cimetière Mont-
parnasse, dans le caveau des victimes du devoir;
mais à la demande de la famille, le corps sera trans-
porté à Montpellier, d'où le capitaine Casties est
originaire.
LES « UNIJAMBISTES ». On sait que deux « unijam-
bistes » marseillais, MM. François Rosin et Emile
Caiiier, avaient quitté Marseille, il y a quelques se-
maines, pour venir à Paris fonder la confédération
générale des estropiés français. Ils ont franchi les
̃800 kilomètres qui séparent la Canebière de la ca-
pitale d'un pied léger, et ils sont arrivés à Quatre
heures de l'après-midi à la barrière de Vincennes,
frais et dispos, n'ayant éprouvé qu'une légère usure
de leur jambe de bois, dommage facilement répa-
rable.
Ils ont été reçus avenue Daumesnil par une délé-
gation d'estropiés parisiens. En dépit de la pluie di-
luvienne, amputés, culs-de-jatte, paralytiques les
attendaient, impassibles sous l'averse, depuis plus
de deux heures. Comme certains de ceux-ci avaient
apporté leurs instruments de travail, c'est aux ac-
cents d'une Marseillaise jouée par des orgues da
barbarie que les défenseurs de la cause des estro-
piés ont fait leurs premiers pas dans la capitale.
Les deux unijambistes marseillais sont descendus
dans un petit hôtel du boulevard de Grenelle où ils
étaient attendus par le fondateur du syndicat pari-
sien, le « zérojambiste » Doussineau, qui avait même
organisé une réception en leur honneur.
M. Rosin raconta les incidents de son voyage.
Reçus partout avec cordialité par les estropiés, et
avec bienveillance par les municipalités et la gen-
darmerie, son collègue Carlier et lui-même ont fait
des conférences dans plusieurs villes.
Pour édifier le public sur les procédés des faux
infirmes, les deux unijambistes feront également une
série de conférences à Paris. La première aura lieu
samedi, 18, rue Croix-Nivert. Mais ils comptent
aussi faire des démarches auprès des pouvoirs
publics pour obtenir que les 85,000 estropiés de
France soient efficacement protégés contre les
390,000 simulateurs et mendiants étrangers qui ex-'
ploitent la pitié publique.
UNE AFFAIRE DÉLICATE. M. Boucard, juge d'instruc-
tion, vient d'être chargé d'une affaire des plus déli-
cates. Il s'agit d'une plainte en chantage portée par
deux négociants de Milan, MM. Z. et M. contre la
eomtesse de P. veuve d'un baron hongrois, et
contre M. F. de P. un jeune homme appartenant
à une famille des plus honorables.;
Voici, d'après les déclarations faites par les négo-
ciants milanais à M. Chanot, commissaire de police
du quartier des Champs-Elysées, quels seraient les
faits qui motiveraient leur plainte.
MM. Z. et M. avaient rencontré la comtesse
dans un restaurant italien du boulevard; invités par
elle, ils étaient allés à plusieurs reprises prendre le
thé dans l'appartement qu'elle occupe, rue Cham-
biges. avec sa jeune fille Germaine, âgée de treize
ans. ils ont déclaré au magistrat qu'ils s'étaient
aperçus rapidement que la conversation et les ma-
mères de Mme de P. prêtaient à l'équivoque.
Vendredi dernier, cette dame les avait laissés
seuls avec sa fille. Les deux négociants se cru-
rent autorisés par ce langage et cette conduite à se
permettre quelques privautés familières. Brusque-
ment, la comtesse revint dans le salon, et à la vue
de la scène, entra dans une colère des plus violentes,
injuriant les-deux visiteurs, criant qu'elle allait s'a-
dresser à la justice. C'est ce moment qu'aurait
paru M. F. de P. La comtesse le mit brièvement
au courant, et les deux négociants assurent que sur
les exhortations de cette dame et devant Tes me-
naces do M. F. de P. qui avait sorti un revolver,
ils furent contraints, pour recouvrer leur liberté,
de remettre tout l'argent qu'ils avaient sur eux,
5,000 francs.
En quittant l'appartement de la rue Chambiges,
lis avaient couru cnez le commissaire de-police dé-
poser leur plainte.
A la suite de cette plainte, Mme de P. et M. F-de
P. furent arrêtés; quelques heures plus tard, sur
l'avis du parquet, ils ont été mis en liberté provi-
soire.
Les inculpés nient absolument les faits qui leur
sont reprochés.
Mme de P. qui a choisi pour avocat Me Henri t
Robert, reconnaît qu'elle a invité chez elle les deux
négociants milanais, maisjiie que jamais ses paroles £
et ses manières aient pu encourager .ses visiteurs à se c
conduire envers sa fillette comme ils l'ont fait. Jus-
qu'à la scène de vendredi dernier, â-t-ellë ajouté, ils
s'étaient montrés fort convenables, à ce point qu'elle
avait pensé à demander à l'un d'eux, qui parle très
bien l'allemand, de donner des leçons à sa fille. Leur
conduite, vendredi, la surprit étrangement, et avec
l'aide de M. F. de P. heureusement survenu à ce
moment, elle dut les mettre dehors,' Mais jamais,
i affirme-t-elle, elle n'a dit un mot d'argent et elle n'a
rien reçu d'eux.
M. F. de P. qui est assisté de M" Python, a
confirmé les déclarations de la comtesse. Il a mon-
tré qu'avec sa situation de fortune, il n'avait nul
besoin de se procurer des ressources illicites. Il a re-
connu cependant que Mme de P. au départ des
négociants, tenait à la main des papiers bleus, mais
il n'a pu dire si c'étaient des billets de banque ou
des télégrammes.
La petite Germaine, qui avait été confiée pendant
la courte détention do Mme de P. à l'Assistance pu-
blique, a été réclamée et rendue à sa mère.
IMPORTANTE RAFLE. M. Hamard, chef de la Sûreté,
accompagné de M. Vallette, chef de la brigade mo-
bile, et d'une soixantaine d'inspecteurs et d'agents
du 17e arrondissement, a opéré ce matin à quatre
heures uno descente de police entre les portes
Champerret, de Courcelles et d'Asnières, et a per-
quisitionné dans plus de 300 roulottes, maisonnettes
et baraques volantes. 42 Individus– ia plupart dos
repris de justice ont été arrêtés et diriges sur le
poste de police du boulevard Malesherbés, d'où ils
on? été envoyés au Dépôt. Cette /opération, a la-
quelle assistaient plusieurs-chefs de police ctran<
gcrs de passage à. Paris en ce moment, s'est termi-r
néeà huit heures.
MEURTRE. Au cours d'une discussion, survenue
cette nuit, vers une heure, en face du n° 234 du bou-
levard de la Villette, une jeune fille de dix-huit ans,
Léonie Walter a été frappée d'un coup de couteau,
qui lui a tranché l'artère fémorale, par un peintre
en voiture, Henri Dupraz, qui a pris la fuite.
Léonie Walter a rendu le dernier soupir tandis
qu'on la transportait a une pharmacie voisine. Son
cadavre a été envoyé à la Morgue. M. Pétré, com-
missaire de police du quartier do la Villette, a pro-
cédé à l'arrestation du meurtrier et l'a envoyé au
Dépôt.
PRÉVENU RÉCALCITRANT. -A Montpellier, un nommé
Georges Fourcal, dix-neuf ans, jardinier, inculpé du
vol d'une bicyclette, a tenté de frapper- M. Aspe,
juge d'instruction, au moment où celui-ci signait le
mandat de dépôt. Le greffier et les agents de service
réussirent, non sans peine, a maîtriser Fourcal et à
le conduire en prison.
UN CADAVRE DE FEMME DANS UNE MAL1E. La malle
qui a servi aux époux Goold à transporter le corps
d'Emma Levin était déposée depuis le commence-
ment de l'instruction dans une pièce- du greffe du
palais de justice de Marseille. Cette importante pièce
à conviction a failli être détruite hier par un incen-
die. Une chemise de Vere Goold, qu'elle contient, a
été à demi consumée. L'incendie a été éteint presque
aussitôt. On suppose que des enfants auront jeté par
la fenêtre une allumette enflammée qui aura com-
muniqué le feu à la malle.
IE CRIME DE TOURCOING. Paul Vanàamraé, l'auteur
présumé du double assassinat commis hier sur la
servante do Mllo Vandamme et la petite Madeleine
Vanverdeghem, avait d'abord nié catégoriquement
être le meurtrier. Conduit en voiture à la maison du
crime, le prisonnier a demandé en route à no pas
aller plus loin et a avoué avoir tué les victimes avec
un marteau à casser le charbon. Il a ajouté qu'étant
entré pour voler et ayant été surpris, il avait perdu
la tête et commis son forfait. Il avait volé une somme
de 15 francs.
VOL A LA MAIRIE DE CAEN. Des cambrioleurs se
sont introduits de nuit dans l'appartement occupé à
l'hôtel de ville de Caen par le secrétaire général de
la mairie, actuellement en congé. Les malfaiteurs
n'ont dérobé qu'une somme de 50 francs.
Déjà, il y a un an, une somme de 700 francs avait
été dérobée dans un tiroir du bureau d'un chef de
division, sans que l'auteur en ait pu être découvert»
TUÉ PAR LE FILS DE SA MAITRESSE. Un nommé Louis
Mangin se présentait vers dix heures du soir à
Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), au domi-
cile de la veuve Lesjjuoy, sa maîtresse, d'où il avait
été chassé l'an dernier par les fils Lesquoy. Il frappa
à la porte et reçut pour toute réponse, d'un des fils s
Lesquoy, plusieurs coups violents qui lui fendirent
le crâne. Mangin a été porté agonisant à l'hôpital
son meurtrier a été arrêté. g p
NUIT SANGLANTE. Divers incidents se sont produits
la nuit dernière à Marseille.
D'abord, vers neuf heures, rue Sainte-Barbe, un
bonneteur, nommé Jean Orbea, a été tué par une balle
de revolver tirée par un de ses amis au moment où
il sortait d'un bar. On croit à une vengeance. Le
meurtrier a pris la fuite.
Vers onze heures un apache, Tomasi Chérubin,
connu sous le nom du « Rempart du Panier », a été
trouvé mort boulevard des Dames, tué vraisembla-
ment par des individus de son monde. Quelques ins-
tants avant, Tomasi avait, en effet, essuyé plusieurs
coups de revolver; puis s étant armé lui-même, il
s'était mis à la poursuite de ses agresseurs, mais il
était tombé bientôt pour ne plus se relever. Les as-
sassins sont activement recherchés.
Enfin vers minuit, sur la place Saint-Michel, une
femme Lucie Alcouff a jeté un bol de vitriol au vi-
sage de M. Falip, patron boucher. Le malheureux a
la face complètement brûlée; ses yeux sont perdus.
Arrêtée, la vitrioleuse a déclaré que M. Falip devait
l'épouser; il était même allé demander sa main à sa
'̃ famille qui habite Paris. Depuis, il l'a abondonnée.
Lucie Alcouft ajoute qu'elle n'a aucun regret, car elle
1 se trouve dans une situation intéressante. La vitrio-
leuse a été écrouée.
LES SATYRES. A Marlotte, près de Fontainebleau,
un vagabond a abordé en plein jour, dans un
champ, une jeune fille de quatorze ans, Mlle Cécils
P. a d'abord cherché à l'embrasser, puis s'est rué
t sur elle, l'a terrassée et violentée. La. mère de la
jeune fille survenant, l'individu prit la fuite. Quoi-
que traqué de toutes parts, il a réussi à disparaître.
3 EXPLOITATIONS AGRICOLES INCENDIEES. A Bouglainval,
près de Chartres, un incendie, qui avait pris nais-
ï sance dans une grange remplie de blé, se propagea
s rapidement et s'étendit bientôt sur une superficie de
plus de 15,000 mètres. Cinq- grandes fermes furent
e la proie des flammes.
~t. .F.
INFORMATIONS DIVERSES
Le grand prix du Limousin (branche de onâtai-;
gnier en or) a été décerné cette anûée par les Félibres
limousins à M. Jean Nesmy pour l'ensemble de son
œuvre littéraire l'Ivraie, les Egarés, l'Ame limousine, le
Pays de la Chabrette.
Demandez l'envoi franco du livret explicatif de la
Banque automobile, 47, boulevard Haussmann, à
Paris, relatif à toutes les marques d'automobiles
voitures de luxe, de livraison, camions, canots auto-
mobiles, etc., payables au gré du client, sans majora-
tion, sur les prix des catalogues des constructeurs.
TRIBUNAUX
Rejet du pourvoi de Soleilland. La cham-
bre criminelle do la Cour de cassation a examiné
hier le pourvoi formé par Soleilland contre l'arrêt
de la cour d'assises de la Seine qui le condamnait à
mort.
Dans le mémoire déposé par son avocat, Mo
Raynal, étaient développés ces quatre moyens de
cassation:
1° L'inventaire des pièces de la procédure n'a pas
été daté.
2° Mme Erbelding a été entendue comme témoin;
elle a donc prêté serment; sa déposition terminée,
elle a déclaré se porter partie civile la cour a
alors annulé le serment; on se trouve donc d une
part en présence d'une constitution tardive de partie
civile, et d'autre part un témoin a été entendu alors
qu'il n'avait pas prêté serment, puisque la presta-
tion a été annulée. turo d üno
3» Le président Baffrey a donné lecture d'une
déposition de Mme Erbelding avantsa déposition
orale.
4° Le chef du jury n'a pas apposé sa signature sur
la feuille des questions, à l'endroit indiqué.
Le conseiller rapporteur Petitier a conclu au rejet
du pourvoi.
Après plaidoirie de Mo Raynal, avocat de Soleil-
land, l'avocat général Lombard a demandé dans son
réquisitoire le rejet du pourvoi.
Après une longue délibération, la Cour a rejeté le
pourvoi de Soleilland auquel il ne reste plus que le
recours en grâce.
LE « SILLO3ST »
Au directeur du Temps.
Monsieur le directeur,
L'histoire du Sillon, que j'ai essayé de résumer
dans ma première lettre, montre bien que le Sillon
n'a jamais été une association, ni même à propre-
ment parler un groupement organisé avec un pro-
gramme, des statuts, des membres payant des coti-
sations et prenant des engagements. Le Sillon a tou-
jours été un mouvement d'opinion, une action très
pénétrante et très souple, mais nullement assujettie
a uni; règle ultérieure, imc ainiue conquérante, «no-
vie. Partout où pénètre cette vie, dans les collèges,
dans les séminaires, dans les casernes, aussi bien
que dans les bureaux et dans les ateliers, le Sillon
recrute par propagande individuelle des adeptes ou
tout au moins des amis.
L'unité du Sillon a cela de particulier qu'elle est
extrêmement -forte, et qu'elle n'est cependant main-
tenue par aucune réglementation extérieure. Les
seuls groupements un peu organisés sont les cer-
cles d'études répandus sur: tout le territoire, et qui,
au nombre de quatre ou cinq cents, sont en relation
avec le Sillon. Ce sont les centres effectifs de propa-
gande les militants extrêmement dévoués appar-
tiennent pour la plupart aux classes populaires.
Voici, du reste, une statistique assez intéressante
que nous avons faite en 1906 sur 100 militants sil-
lonnistes, il y a 46 ouvriers (33 ouvriers des villes,
13 ouvriers des champs), 27 employés, 12 camarades
appartenant aux professions libérales, 9 ecclésias-
tiques, 3 patrons et 3 camarades sans profession.
Tous ces cercles sont, dans la plupart des provin-
ces, réunis autour de centres plus importants les
Sillons régionaux. Ceux-ci, comme du reste tous les
cercles directement, sont rattachés au Sillon cen-
tral, dont le siège est à Paris, 34, boulevard Ras-
nail. et dont le travail est assez considérable pour
qu'il soit nécessaire d'y employer constamment une
douzaine de camarades.
Le Sillon central édite des brochures de propa-
gande, publie la revue le Sillon; organe officiel du
mouvement, qui compte plusieurs milliers d'abon-
nés, et l'Eveil démocratique, journal hebdomadaire,
qui tire à plus de 5p,000 exemplaires. C'est lui qui
organise les congrès nationaux, manifestations tou-
jours très considérables. Le cinquième congrès na-
tinnaLp'1'' oxoTOpip,.tp,tin.Ji .Tîaris.ftîi 19£KLne cornu.
tait pas moins do 1,503 congressistes, son banquet
avait 1,824 convives et la foule venue pour assister
au discours de clôture remplissait, une immense
tente do cinquante et un mètres de long sur trente
et un mètres de large, construite tout exprès, sur
ce terrain du meeting sanglant attenant au Sillon,
et où, quatre ans auparavant, le sang de nos cama-
rades avait coulé après la fameuse réunion des
Mille-Colonnes. C'est également au Sillon central
que se réunissent, tous les trois mois, les camarades
les plus influents des divers Sillons de province,
réunions importantes parce qu'on y élabore la mar-
che générale du mouvement.
Le Sillon n'a pas pour vivre de ressources régu-
lières assurées par des cotisations, et cependant,
tant sont nombreux les congrès, les meetings et
réunions de toutes sortes qui se multiplient chaque
jour à travers toute la France, qu'il s'y dépense bien
par an plus de 100,000 francs. Ce sont surtout les
camarades les plus pauvres qui, à force de petites
économies et en se privant parfois du nécessaire,
arrivent subvenir à ces dépenses. D'ailleurs, Y Eveil
démocratique, la revue et les brochures de propa-
gande du Sillon produisent assez pour permettre
d'indemniser les camarades employés au Sillon cen-
tral, et pour fournir chaque année quelques billets
de mille francs à la caisse de propagande.
Du reste, l'autonomie financière de chaque groupe
et de chaque région est encore le meilleur stimulant
pour le dévouement des sillonnistes. Celui-ci est,
pour ainsi dire, sans limite. Que penser, par exem-
ple, de l'abnégation de ces camelots volontaires, qui
après avoir travaillé rudement pendant la semaine,
s'en vont chaque dimanche, et cela durant toute
l'année, crier et vendre Y Eveil démocratique dans les
rues pendant cinq ou six heures?
Nous avons donc, au Sillon, le maximum de co-
hésion et le minimum d'organisation. Il n'y a pas
d'élections. Les plus capables sont désignés tout
naturellement par voie de sélection. Du reste, com-
me il n'y a pas à proprement parler de membres du
Sillon, comme il n'y a pas de programme écrit,
comme chacun à tout instant peut adhérer ou au
contraire se retirer, le Sillon progresse ainsi qu'un
corps vivant par accessions et éliminations succes-
sives. Bien entendu, ce système si simple et si fé-
cond réussit au Sillon parce que celui-ci n'est qu'un
mouvement moral, et aussi parce qu'il ne présente
aucun avantage matériel à ceux qui s'y dévouent,
exigeant d'eux tout au contraire de continuels sa-
crifices.
Quant aux œuvres sociales sorties do l'initiative
des sillonnistes, à Paris même nous en comptons
deux: l'Effort démocratique, société coopérative de
consommation, et le Restaurant coopératif du Sillon,
70, rue de Cléry, elles sont évidemment matériel-
lement distinctes du Sillon, reliées à lui par un sim-
ple lien moral. Après avoir eu des débuts difficiles,
elles commencent maintenant à entrer dans la voie
des bénéfices, et les assemblées générales de ces
deux coopératives ont voté que les bonis seraient
affectés au Sillon.
Nous ne voulons pas nous attarder plus longtemps
sur l'organisation du Sillon, encore qu'elle soit assez
originale et sortie de sa vie même, car il faut enfin
que nous résumions les principales idées du Sillon,
et que nous nous efforcions de dégager ce que l'on
pourrait appeler, quoique assez inexactement, ses
doctrines.
Nous sommes démocrates. La démocratie est;
pour nous, « l'organisation sociale qui tend à porter
au maximum la conscience et la responsabilité ci-
vique de chacun». Nous aimons la démocratie non
pas seulement à cause des avantages matériels
quelle peut procurer à la classe la plus nombreuse
et la plus déshéritée, mais surtout parce qu'elle nous
apparaît comme capable d'élever les citoyens à une
dignité plus haute, d'agrandir en quelque façon leur
i. capacité intellectuelle et morale. Nous avons évi-
t demment, et nous en sommes fiers, un « parti pris
moral n.
1 Dès lors, nous sommes républicains, parce que la
[ République nous apparaît comme la forme la plus
parfaite de la démocratie politique.
De même, sur le terrain économique, et sans
rien préjuger, bien entendu, d'une façon catégo-
» rique, de ce que nous réserve l'avenir, nous
accueillons avec sympathie la solution coopérative
i toute chose égale d'ailleurs, nous la préférons au
i patronat; et dans tous les cas, nous aspirons à une
transformation sociale qui élève la masse du prolé-
tariat jusqu'à une dignité économique réservée jus-
qu'alors aux seuls patrons.
l Nous nous proposons donc de travailler de toutes
l nos forces à réaliser en France la véritable Répu-
e blique démocratique. Nous constatons d'ailleurs
t aisément que la France d'aujourd'hui ressemble
a_£].us à une monarchie décapitée gu'à nne RépubliflSS.
et qùè notre organisation économi<ïtte n'est encore
rien moins que démocratique.
Pour atteindre ce but, nous croyons qu'un triple
effort s'impose à la génération dont nous faisons
partie.
1° Action législative. –La loi doit protéger non
seulement les femmes et les enfants, mais même les
adultes contre l'excès des maux engendrés par l'or-
ganisation sociale actuelle le Code civil protège
bien la fortune des familles contre les dilapidations
des prodigues la santé, la force musculaire et in-
tellectuelle des travailleurs sont un capital autre-
ment précieux que les titres de rente. Donc, il faut
élaborer un Code du travail, faire aboutir les re-
traites ouvrières, imposer un minimum de salaire,
au moins dans les adjudications publiques, assurer
la réalité du repos hebdomadaire, etc., etc.
Z" Action économique.– La loi à elle seule est insuf-
fisante. Du reste, comme un échafaudage, elle doit
disparaître au fur et à mesure que s'élève l'édiflco
de liberté que doit être la démocratie. Il faut donc
que les prolétaires eux-mêmes s'organisent et déve-
loppent en particulier les coopératives et les syndi-
cats, et voient en eux non seulement un remède
aux maux présents, mais encore un instrument de
transformation sociale.
3° Action morale. Ni les lois ni les oeuvres ne
serviront à rien si elles ne sont animées d'un esprit
véritablement démocratique. Or, l'obstacle au dé-
veloppement de cet esprit est justement le conflit
dans chacun de nous entré l'intérêt particulier et
l'intérêt général. Nous avons besoin de force morale
pour sacrifier notre intérêt propre à l'intérêt com-
mun. Il faut donc respecter les sources où les hom-
mes puisent des forces morales. Or, le christianisme
est une incomparable source d'énergie démocratique,
puisqu'il identifie l'intérêt particulier à l'intérêt gé-
néral. Nous ne jouirons, en effet, éternellement de
la justice, dans l'autre monde, que dans la mesure
où nous aurons travaillé à la réaliser en nous et
autour de nous dans celui-ci; nous ne réaliserons
notre fin personnelle qu'en essayant d'entraîner les
autres avec nous vers ce but idéal et « qu'en ai-
mant le prochain comme nous-mêmes ».
C'est ce triple effort vers la démocratie que nous
nous proposons. Nous sommes des révolutionnaires
en ce sens que nous ne sommes pas contents de la
société présente et que nous voulons la transformer
en commençant du reste par nous transformer,
nouslmêmes et par faire la révolution en nous pour
être ensuite capables de la faire autour de nous.
Nous sommes, en même, temps, des traditionalis-
tes. Pour nous, le progrès, ce n'est autre chose que
la tradition en marche; nous voulons continuer
l'œuvre de nos pères et faire non pas ce qu'ils ont
fait, mais ce qu'auraient fait les meilleurs d'entre
eux s'ils avaient vécu à notre époque. La France
d'ailleurs nous apparaît comme la plus humaine des
patries, traditionnellement orientée vers les ques-
tions internationales et toujours assez généreuse
pour être tentée de s'immoler au bien du monde. Le
chauvinisme étroit, qui sous prétexte de la mieux
aimer lui voue un culte faux et idolâtrique, et parle
de lui sacrifier même s'il le fallait la justice et la vé-
rité, méconnaît son esprit et ne la sert pas comme
elle entend être servie.
Rien de plus clair, en somme, que ces quelques
idées très simples. Au fur et à mesure, pourtant,
qu'elles se précisaient et que le Sillon les formulait
avec plus de netteté, les attaques se faisaient plus
nombreuses et plus pressantes.
Seuls, d'abord, les anticléricaux violents nous
avaient combattu. Mais dès le début même de no-
tre effort, nous avions rencontré de très intéres-
santes sympathies dans les milieux de gauche. C'est
ainsi qu'à l'Alcazar d'Italie, le jeudi 25 novembre
1903, M. Buisson ne craignait pas d'appeler le Sil-
lcn « une grande force organisée pour la liberté,
dans la liberté, par la liberté ». Il nous félicitait
« d'avoir fait appel à la liberté, à l'étude, à la ré-
flexion, à l'expérience, au libre examen et à toutes
les méthodes que nous considérons, disait-il, comme
les méthodes décisives et définitives, comme les mé-
thodes émancipatrices ». Et il ajoutait « Voilà ce
que j'ai trouvé de commun entre nous, la méthode
libérale et l'esprit républicain. »
Nombreux sont encore maintenant toutefois, sur-
tout dans les milieux mal informés de province, ces
étranges républicains qui nous excommunient avec
jette imprécation
Retirez-vous loin de nous 1 Vous êtes des in-
conscients ou des hypocrites on ne peut pas être
républicain, quand on est catholique. Quelles que
soient vos idées politiques et sociales, nous vous
combattrons toujours, tant que vous ne vous décla-
rerez pas avec nous les ennemis JeJïEeHç»-
^Bientôt toutefois, les conservateurs, qui n'avaient
d'abord vu en nous que de bons jeunes gens très
chrétiens et nullement dangereux, commencèrent à
s'inquiéter de nos affirmations trop répétées! dé répu-
blicanisme et de nos tendances trop hardiment dé-
mocratiques. D'autre, part, on nous fit un. grief de
notre indépendance on s'irrita de voir le Sillon re-
belle; à toute compromission, et après avoir 'en vain*
essayé de nous faire plus ou moins rentrer dans les
cadrés de l'Association catholique de la jeunesse
française, puis de l'Action libérale, et après avoir en
vain également tâché d'obtenir du Vatican un dé-
saveu de notre autonomie, nos adversaires de
droite commencèrent à nous livrer le plus. furieux
des assauts.
Nous continuàmes à avancer, sans tenir compte
do toutes ces attaques. Les coups que nous rece-
vions étaient souvent d'une très grande brutalité.
Usant de notre droit d'examen et de critique, nous
avions refusé d'emboîter le pas derrière les syndi-
cats jaunes, les trouvant trop artificiels, trop peu
issus d'initiative prolétarienne, trop soutenus par
le patronat, par les réactionnaires et les royalistes.,
Il nous fut répondu par un débordement d'injures,
et nous comprimes, au peu de scandale que produi-
sirent dans certains milieux de telles agressions,
quelle était l'antipathie que l'on nourrissait à notre
endroit.
Une autre campagne, plus habile et plus hypo-
crite, fut savamment conduite dans les presbytères,
dans les évêchés et même au Vatican. Il s'agissait
de nous discréditer aux yeux du clergé, et de déta-
cher de nous les séminaristes et les jeunes prêtres,
si particulièrement ardents dans leur affection pour
le Sillon,
On essaya pour-aboutir de tous les moyens. On
suspecta notre orthodoxie. On tenta de nous com-
promettre dans les erreurs àusnodernisme, récem-
ment condamné par lo nouveau Syllabus de Pie X,
alors que le Sillon ne s^occupe nullement d'exégèse,
et que l'immense majorité de nos camarades ne sa-
vent pas ce que c'est que la méthode d'immanence,
n'ont jamais lu une ligne de l'abbé Loisy, et ne
connaissent même pas le nom de M. Leroy.
Et comme on n'aboutissait ainsi pas à grand'chose
et que l'on perdait en somme son temps contre l'é-
vidence, on songea à une autre tactique.
On tenta de nous accuser d'insoumission à l'E-
glise. Puisque l'on ne pouvait nous faire passer pour
des hérétiques, on allait s'efforcer de nous présenter
comme des révoltés. On trouva le prétexte sui-
vant »
Vous êtes catholiques, nous dit-on, etvotre Sillon
se prétend laïque, il no veut recevoir de mot d'ordre
de personne. C'est un instrument de division, un
étendard de révolte.
Rien de plus invraisemblable, de plus stupéfiant,
que toutes les équivoques accumulées contre nous à
ce propos. Nous avons cent fois répété que le Sillon
était un mouvement laïque, se proposant direc-
tement un but temporel l'élaboration d'une véri-
table République démocratique, juste et fraternels,
dans notre pays; que c'était, usant de la liberté civi-
que que l'Eglise a toujours professé devoir recon-
naître à ses enfants, que nous avions fondé et déve-
loppé le Sillon. Nous avons sans cesse affirmé recon-
naître comme catholiques non seulement la direc-
tion religieuse do l'Eglise, mais même son contrôle
sur toutes les questions qui touchent à la religion,
et que c'était elle qui, à nos yeux, limitait son pro-
pre domaine. Nous n'avons' cependant jamais pu
faire comprendre à nos irréductibles adversaires
l'évidente légitimité dé notre attitude, et nous avons
vu ces derniers temps, non sans tristesse et regrets,
quelques évoques affirmer publiquement des inquié-
tudes que nos loyales déclarations ne sont encore
pas parvenues à dissiper complètement.
A Rome toutefois, où nous fûmes récemment reçu
par le pape, en mai 1907, et où nous pûmes causer
de longues heures avec le cardinal Merry del Val,
nous devions rencontrer une intelligence plus exacte
de ce qu'est le Sillon. Voici sur ce sujet, formulées
en quelques propositions très brèves, les conclu-
sions qui résument ce que nous avons recueilli des
lèvres du pape et du secrétaire d'Etat, conclusions
que nous avons tenu à lire nous-même au Vatican,
lors de notre dernière audience, pour bien nous as-
surer de leur exactitude
1» Le Sillon, mouvement laïque, se propose de réa-
liser en France une République démocratique honnête,
juste et fraternelle. Sa situation est parfaitement légi-
time. Il use d'un droit que nul ne saurait songer à lui
contester.
2° Le Sillon veut puiser dans le christianisme une
force et des vertus sociales autant qu'individuelles.
Les prêtres se doivent aux sillonnistes comme à tcus
ceux qui recourent à leur ministère. Ils ne peuvent
que souhaiter voir, grâce au Sillon, le peuple se
rapprocher de ÏEgUsej et jjue se féliciter de l'utUfli
influence religieuse du Sillon, partout où ils la consta-
tent.
3° Si, comme citoyens, les prêtres peuvent avoir des
opinions et des préférences politiques et sociales par-
ticulières, comme prêtres ils sont à tous, et par con-
séquent, leur place n'est pas, d'une façon générale,
parmi les propagandistes publics ni les membres mili-
tants du Sillon.
4» Dans des cas particuliers, ils peuvent se départir
de cette réserve et prendre part à la propagande exté-
rieure du Sillon; mais alors il faut évidemment que
leur évèque y consente.
Puisque nous ne sommes ni hérétiques ni insou-
mis, il faut pour nous combattre trouver un autre
grief. On le formule à peu près ainsi
-^Vous travaillez pour la République et pour la
démocratie, donc vous faites de la politique. C'est
sans doute votre droit, mais alors il vous faut re- ]
noncer à votre œuvre d'éducation populaire, il faut
vous transformer en un parti exclusivement poli- j
tique.
Cette objection est étrange, d'abord parce qu'on
.ne saurait reprocher au nom d'aucun principe théo-
logique le loyalisme républicain d'une œuvre d'ôdu-
cation populaire dans un pays dont le gouvernement
est républicain, surtout depuis que le pape Léon XIII
a si vigoureusement remisen lumière les vrais prin-
cipes ensuite parce que si c'est faire de la politique
que de préparer des citoyens capables de travailler
dans leur propre pays, et dans le siècle même où
ils vivent, toute œuvre d'éducation est nécessaire-
ment une œuvre politique; et enfin parce que si
mauvais qu'il nous paraisse, le prétexte allégué
n'existe même pas, le Sillon n'ayant jamais en fait
mêlé l'action politique militante, et en particulier
l'action électorale, à son travail d'éducation démo-
cratique.
En effet, quelques jours avant les élections de
1906, le Sillon faisait placarder sur les murs des
principales villes de France une affiche où l'on pou-
vait lire les déclarations suivantes
Le Sillon croit de son devoir, pour éviter toute fausse
interprétation de son effort et toute équivoque, d'affir-
mer loyalement qu'il ne se mêlera en aucune façon à
l'agitation politique des prochaines élections.
Nous ne prêchons nullement l'abstention nos amis
ont un sens assez vif de leur responsabilité civique
pour faire courageusement et sans défaillance tout leur"
devoir, sans que nous ayons besoin de leur communi-
quer aucun mot d'ordre. Ils voteront chacun suivant
sa conscience, et chacun saura se souvenir qu'il doit
avant tout se préoccuper de la défense des intérêts re-
ligieux du pays, les plus menacés à l'heure actuelle.
Ainsi, on ne pourra pas nous accuser de compro-
mettre l'union nécessaire, et d'autre part nous ne nous
présenterons pas devant les électeurs avec un pro-
gramme faussé aucun parti ne correspondant à ses
aspirations, le Sillon n'a le droit de se mettre au ser-
vice d'aucun parti.
Depuis lors l'attitude du Sillon n'a pris changé, et
si nous affirmons qu'il h1' aucun terrain sur le-
quel liuu.3 n'ayona l'oapoir <3o p^7i<5ti»oi- tua joui pour
l'assainir, pas même celui de la politique militante,
qui elle aussi doit être soumise aux lois de l'univer-
selle morale, nous ne faisons que répéter ce que
nous n'avons cessé de dire depuis les origines mê-
mes du Sillon.
Quant à ce dernier grief que nous. font. :plusieurs
avec àpreté, nous reprochant notre collaboration
avec des protestants et des libres penseurs, nous ne
voyons pas qu'il puisse résister à un examen quel-
que peu sérieux. [ ][
En effet, le Sillon n'est pas une œuvre confession-
nelle. Sans doute ceux qui l'ont fondé et qui le diri-
gent sont catholiques avant tout; mais Léon XIII ne
conseillait-il pas déjà aux catholiques dé travailler
au bien de la cité avec tous les hommes de bonne
volonté? Et d'ailleurs, qui donc oserait jamais pré-
tendre, qu'il faut que les catholiques abandonnent
dans votre pays de France toute collaboration po-
litique et sociale avec les non-catholiques? Du reste,
n'a-t-on pas vu des promiscuités autrement scan-
daleuses et qui ne choquent pas ceux qui nous font
un crime des plus loyaux et des plus honnêtes rap-
prochements Qu'était-ce que le boulangisme et
même que la Patrie française ? Qu'est-ce à l'heure
actuelle que le. mouvement jaune? Et enfin ne se-
rait-ce pas un détestable cléricalisme, tout à fait
antîchrétien et anticatholique, que cette funeste con-
fusion des deux pouvoirs que le Christ, le premier,
a nettement distingués, que cette constitution d'un
parti politique catholique, qui restreindrait la reli-
gion universelle aux limites étroites d'une coterie,
et dont l'effet le plus immédiat serait peut-être de
rendre l'Eglise en France impopulaire, de toute
l'immense impopularité des vieux partis déchus.
J'espère, monsieur le directeur, en avoir dit assez
_pour flcmnor-t{uo~uo~
à soutenir contre des adversaires dont il n'arrivé
pas à comprendre l'acharnement. Je sens bien tout
ce qu'il y a d'incomplet et :de hâtif .dans ces quel-
ques notes. Je crois toutefois qu'elles apporteront
un peu de clarté dans' l'esprit de ceux' qui les liront,
Peut-être même quelques-uns se sentiront-ils; de la
[; sympathie pour l'effort de ces jeunes. hommes, aux-
quels on ne veut pas pardonner « d'avoir cru à
l'Amour », et que l'on juge coupables de se donner
i sans compter à la plus désintéressée des causes.
Cet espoir m'est très doux, monsieur le directeur,
et je vous prie, etc.
MABC SANGNIER
NÉCROLOGIE
Adrien Duvand
C'est avec regret que nous apprenons la mort de
notre confrère M. Adrien Duvand, qui a succombé
ce matin à cinq heures, dans son appartement,
8, rue Fromentin, aux suites d'une douloureuse ma-
ladie qui ne lui laissait, depuis longtemps, que des
moments de répit
Publiciste, il n'avait cessé, depuis l'Empire, d'être
mêlé aux luttes politiques. Sous l'Empire déjà, il
avait fondé ou rédigé en chef des' journaux républi-
cains, notamment le Petit Lyonnais, et avait été
condamné pour délits de presse. Au 16 mai, il était
directeur de la Lanterne. Il fut plus -tard rédacteur
en chef de l'ancien Gil Blas. Il avait été plusieurs
fois candidat aux élections législatives, récemment
encore dans la Loire, en 1902.
Il avait gardé de sa carrière de journaliste le goût
de toutes les questions qui touchent à la presse et
remplissait avec dévouement les fonctions de syndic
de 1 Association des journalistes républicains. rn
Son activité eo. dépensait également en d'autres
œuvres républicaines et laïques. Il était vice-prési-
dent de la Ligue française de l'enseignement, prési-
dent de l'œuvre du Foyer du soldat, vice-président
de la Ligue franco-italienne, membre du comité de
la Société de l'histoire de la Révolution française,
membre de la commission centrale exécutive de
l'Alliance républicaine démocratique. Le 10 juillet
dernier, il faisait à Courbevoie, comme délégué de
l'Alliance une conférence applaudie sur « le Devoir
républicain. »
M. Adrien Duvand était officier de la, Légion d'hon-
neur.
Nous apprenons la mort de M. Félix Millet, secré-
taire général de l'Aurore.
M. Félix Millet est décédé hier après-midi à Porte-
Joie, par Saint-Pierre-du-Vauvray (Eure), des suites
d'une fièvre typhoïde infectieuse. Ses obsèques au-
ront lieu à Paris.
LIVRES ITOXTVBA.XJSZ
La politique coloniale sous Louis XIV et Louis XV,
par LUCIEN Schœne. 1 vol. in-8°, Paris, Challemel,
1907.
L'auteur ne dissimule pas les fautes qui ont fait
perdre à Louis XV les colonies françaises; il n'ad-
mire que médiocrement la politique médiocre du
cardinal Fleury. Les ménagements de la France
pour la grandeur naissante de la Prusse etplustard
l'alliance avec l'Autriche, si justement impopulaire,
le trouvent sans indulgence. Il se propose seulement
de rectifier une erreur historique qu'on a fréquem-
ment commise au dix-neuvième siècle en exagérant
l'importance du domaine colonial que nous avons
perdu et en accablant la monarchie de reproches
qu'elle n'a pas tout à fait mérités.
D'abord si on examine avec soin, comme le fait
M. Lucien Schœne, les correspondances diplomati-
ques, les mémoires, les pamphlets, on reconnaît as-
sez vite que l'indifférence témoignée par le gouver-
nement à nos établissements d'outre-mer est sur-
tout le reflet de l'opinion publique. Presque per-
sonne ne s'intéressait en France à un domaine colo-
nial immense, il est vrai, mais fort neu solide et de
peu de valeur immédiate.
Ne nous représentons pas le Canada et la Louisiane
tels qu'ils sont aujourd'hui, florissants et prospères.
Voyons-les tels qu'ils étaient au cours du dix-huitiè-
me siècle. En 1712, un missionnaire écrit de la Loui-
siane « Notre vie se passe à parcourir le pays pour
atteindre un pauvre sauvage qui nous fuit. Il n'y a
que trois villages, en comptant le nôtre, dont l'un
est à plus de cent lieues d'ici. Nous avons marché
douze jours sans rencontrer une seule âme. » Au
fond, on cherchait moins à coloniser qu'à occuper
quelques points choisis afin de faire obstacle à la
colonisation anglaise. Le nombre des colons arrivés
en un siècle au Canada ne paraît pas avoir dépassé
4,300. Cette popuiation pauvre et sans industrie,
jjroduiBait ai peu au delà de sea besoins aue la
moindre surcharge de troupes amenait la rareté deïf,
subsistances.
Au moment où nous les perdîmes, le Canada n&
comptait que 12,000 Ames, y compris les soldats `
l'Acadie un millier, la Louisiane 200. M. Lucie
Schœne a Taison de donner ces chiffres pour no
consoler un peu des pertes que nous avons faites.1.
Mais ce raisonnement ne s'applique pas à Saint-
Domingue, pour laquelle il partait de nos ports cent
cinquante-quatre navires de commerce par an, taa-~
dis qu'il n'en partait que quatre pour la Louisianà4
C'est là qu'est le véritable désastre de notre politi-
que coloniale, c'est à Saint-Domingue que noua-j
avons perdu la plus belle, la plus riche, la plus flo,
rissante de nos colonies. M. Lucien Schœne indiqui*
bien ce que valait pour nous une colonie si impoli
tante, peut-être la plus importante qu'un pays ait
jamais possédée. Mais il n'a pas à nous en raconteç"
l'histoire. Ce n'est pas sous la monarchie que noué^
l'avons perdue. On ne peut pas rendre le gouverne^,
ment de Louis XV responsable de ce malheur.
Le prince de Hanau, roman national (1792-1815), par:
TANCRÈDE MARTEL.
L'auteur de ce roman fait vivre et grandir ses hé*
ros en pleine épopée républicaine et impériale «
faut même le louer de l'exactitude et du pittoresque'
qu'il a apportés dans la restitution de ce cadre héro$«
que. Mais si le Prince de Hanau est un roman histo?
Tique, s'il fait défiler sous nos yeux des scènes qu$
flattent, en le consolant, l'amour-propre de la na-
tion, c'est aussi un. roman d'amour extrêmement
émouvant et touchant. Un enfant du peuple, Anto-
nin Taraille, instruit par charité, orphelin, s'engagg
à l'armée d'Italie avec Bonaparte, devient successi-
vement duc d'Espinosa et prince de Hanau. A ce
moment, il est maréchal do France, et depuis long-
temps a épousé la femme qu'il aimait, c est-à-dire
Rosette de Vaufrège, fille d'un vieux noble de l'an»
cien régime, devenu chambellan. Les amours d'Ati-
tonin et de Rosette ont permis à M. Tancrède Mar-
tel de faire œuvre de délicat conteur et psycholo-
gue. Il faut le louer aussi de son style, de l'origina-
lité de son affàbulation et surtout du grand air de
vie et de vérité que respire son « roman national ».
J. T.
LIBRAIRIE
Le nouveau roman de Victor Margueritte, Prosti-
tuée, obtient un succès considérable. Le voici en peu
de jours arrivé au 20e mille. C'est un maître livre.
(Fasquelle.) Voir aux annonces.
THÉÂTRES
r
Notre correspondant particulier nous écrit d'intéresj
sants détails sur la prochaine saison d'opéra en Italie| `
et sur les travaux des compositeurs en vue
Puccini, l'auteur de la Bohème avoue qu'il serait
embarrassé de donner quelque chose de nouveau ait
théâtre cet hiver, car il travaille sans hâte, av«a
scrupule, et commence parfois des œuvres qu'il in-
terrompt ensuite pour longtemps. On avait annonça
de lui une Marie-Antoinette et on la. donnait -commet
une des plus importantes œuvres attendues pour
la saison prochaine, mais Pilccinl y renonce, du
moins pour le moment. En revanche, il met en mu-
sique un drame lyrique du librettiste Velaco, dont
l'action tragique se déroule dans, les mines de Ca-
lifornie et dont le titre est encore, à. trouver.
Leoncavallo, l'auteur de Paillasse devait faire
jouer à Milan une nouvelle œuvré, Maja; iiiaas cet
opéra sera joué au Mexique, en espagnol, et lui-mêma
ira diriger l'orchestre à Mexico. Maja, ensuite, sert*
traduite en italien. Leoncavallo travaille également
à une oeuvre nationale évoquant l'épopée garibàl-
dienne et intitulée Chemise rouge; ̃
Quant à l'auteur de Cavallefia rùslicana, il vient
de se remettre au manuscrit. de Yestilia qu'il avatt
abandonné depuis cinq ans. C'est- l'œuvre, paraît-H,
à laquelle Mascagni s'est donné àv.ec le plus dé pas?
sion, et il espère pouvoir la faire représenter 1 hiver
prochain.
Enfin Màscagni veut donner en .octobre prochain
à Milan une reprise des Maschere.
Ceux qui s'intéressent aux choses musicales et
théâtrales n'ont peut-être pas tout lait oublié le
sort bruyant et rapide qu'eut cet opéra des Masques
en 1901. Ce fut un événement dont toute l'Italie
parla. six mois avant l'apparition de l'œuvre, maia
dont on ne parlait plus six iours après. Mascagni
avait tenté de faire un symbole de l'Italie entière
dans cette évocation des « masques j> nationaux dont
chacun rappelait la tradition particulière dune
grande cité. Et pour que l'événement fût vraiment
italien, les Masques furent représentés le même soir
dans huit ou neuf des plus grands théâtres de*
grandes villes d'Italie. Hélas! Milan, Rome, Génes,.
Turin Veniso Naples, etc. furont unanimes dan4
leur verdict. Ce fut un échec. Mascagni a repris en-
tièrement son œuvre et il tient beaucoup à faire ap-
pel des sévérités du public d'alors, au public dau*
jourd'hui. o..
--Ce soir:
A l'Opéra, Mlle Yvonne Dubël ohantera le rôle de
Marguerite, de Faust, qui lui valut-un si vif succès.
Le chef-d'œuvre de Gounod aura' également pour
interprètes Mlles d'Eltjs Goulançonrt; MM. Dubois,
A. Grasse, Gilly et Cancelier
Au divertissement figurent les noms de Mlles bar-
bier, Meunier, L.Couat, Salle, L. Mante, S. Mante,
Sirède et Ricotti.
Le programme pour la dernière matinée de di-
manche prochain à Pont-aux-Dames sera très intéres-
sant et très varié à la fois. Le public aura le plaisir
d'applaudir le trio de Jérusalem,. par MM. Dubois, Del-
pouget, de l'Opéra, et Mme Nauger-Dubois; le duo a?»
Roi d'Ys, par M. Dubois, de l'Opéra, et Mme NaugfiF;
Dubois; la Nuit d'octobre, par M. Albert Lambert e*
Mlle Madeleine Roch, de la Comédie-Française Plaisg-
de rompre, par M. Paul Numa et MlleMitzy-Dalti, de la
Comédie-Française plus un brillant intermède, par-
MM. Dubois, Delpouget, Delaunay, Jean Coquena,
Morton, Bruet-Rivière, Vaunel, 13. Bloch Mmes Kau--
ger-Dubois, Duval-Melchissédec, Marie Tissier, Ka-
mouna, Aussourd, accompagnés par M.Bachelet, chef
d'orchestre de l'Opéra, M. Léo Pouget et M. Petit, com-
positeurs.
La représentation des Hommes de proie, dimanche e
prochain, au théâtre antique de la Nature, à Chatnpi-
gny-la-Bataille, aura la même interprétation homogène
et brillante à la tête de laquelle se trouve M. Henry
Krauss.
Le dimanche 8 septembre, aura lieu la première re-
présentation de Bayard, la nouvelle pièce héroïque da
J. de Wils, dont le drame, Sang gaulois, fut précédera*
ment joué au théâtre de la Nature. Les principaux in-,
terprètes de cette œuvre nouvelle sont MM. Henry
Perrin et Godeau.
La direction du théâtre de 1'Ambigu annonce pouj
dimanche prochain son avant-dermère matinée dit
l'Enfant du Temple, qui atteindra ces jours-ci sa 100e ra-
présentation.
A ce même théâtre, on répète activement tous le»
jours fc Curé dé Foréville, de M. Joseph de Gramont,
qui sera la première nouveauté ÛQ- la saison, au Ahûâti»'
de l'Ambigu-Comique.
L'un des premiers spectacles que donnera '16
théâtre Mévisto sera une comédie en trois actes dà
MM. Théodore Cahu et Abel Tarride. La pièce est inti-
tulée le Mari et son action se passe à Saumur.
-M. Gabriel Dupont, le compositeur de la Cabrera,
a terminé la musique de la Glu, sur le livret de M.Jean
Richepin.
-Le théâtre Cluny, entièrement remis à neuf, ou-
vrira prochainement ses portes. Grâce à un système
nouveau et à l'emploi de matériaux spéciaux, le théâ-
tre. Cluny se flatte de ne plus avoir un grain de pouS*
sière dans la salle. Ce ne sera pas la moindre de ses
curiosités..
Ce soir, le Cirque d'Hiver fait sa réouverture avec
un spectacle nouveau.
Demain, à Marigny, débuts de la chanteuse Dort
Parnès.
L'exposition coloniale du bois de Vincennes sera
prolongée jusqu'au dimanche 6 octobre.
A partir du 1" septembre, l'exposition restera ou-,
verte le jeudi et le dimanche soir.
SPECTACLES DU VENDREDI 30 AOUT
Opéra, 8 h. Faust. Samedi, relâche.
Français, 8 h. 1/2. Le Mariage forcé. -,Le Barbi^
de séville.
Porte Saint-Martin, 8 h. 1/2. Le Courrier de Lyon. f
Châtelet, 8 h. 1/2. -Les Pilules du diable.
Athénée, 8 h. 1/2. Chauffée. –Le Cœur et le -reste.
Palais Royal, 8 h. 3/4. Justin etC"! -Le Contrôleur
des wagons-lits.
Ambigu, 8 h. 1/2. -L'Enfant du Temple.
Nouveautés, 8 h. 3/4. Le Bon agent et le mauvai*
cambrioleur. Vous n'avez rien à déclarer?
Th Marisïny.Tél.l01-S9.8hl/2.Une soirée dans leBowery.
Saharet. Goldin. Les Ville. Hadji Mohamed*
Déjazet. 8 h. 1/2. 11.?. ou elle?. Tire-au-Flanc! 1
Grands Magasins Dulayel. 2 h. 1/2 à 6 heures, concert
et cinématographe tous les jours, sauf le dimanche.
Cirque d'Hiver. Réouverture.
Variétés, 9 h. Au cinématographe l'Enfant prodigue.
Cinématographe Pathé, 5, boulevard Montmartre, da
2 h. 1/2 à 6" h., de 8 h. 1/2 à 11 h., nouveautés.
Enghien, 11 minutes de Paris, 152 trains par jour.–
Etah. thermal. –Casino.– .Concert.
Mus. Grévin. Le Siège de Port-Arthur. Les Catacombes.
romaines. Le Cirque. L'actualité prle cinématographe.
T'EiffeLlOh. m. àlànuit.l«ét., restaurant-bras, déj.iir.
et à la carte, Matinée au théâtre dim.ett6tes à heures.:
Jardin d'acclimatation. Ouvert tous les jours.
SPECTACLES DU SAMEDI 31 AOUT
Opéra, relâche. Dimanche, relâche.
Français, 8 h. 1/2. Le Plaisir de rompre. Le Dêpl»
amoureux. L'Avare.
(Les autres spectacles comme vendredi)
LE 17 ~io9 ~i1 B 8d i'n6i1 i~HA f~ Sf·Honarl.
tMaënicur. Anciens et importants ët:~blisse·
ments de construction mécanique et de chaudron-
nerie de l'Ouest de la France cherchent un jeune
ingénieur susceptible de s'y intéresser pécuniaire-
ment afin de développer leur outillage et leur rayon
d'action. Il en serait le sous-directeur appointé avec
participation dans les bénéfices garantie par contrat.,
S'adr.à M. Théodore Collot» 4guld des Italiens, 5.
̃Uj,
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