Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-08-30
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 30 août 1905 30 août 1905
Description : 1905/08/30 (Numéro 16142). 1905/08/30 (Numéro 16142).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
QUARANTE-CINQUIÈME ANNÉE. N# 16144
On s'aïwime aux Bureau* fin Tournai, 5, BOULEYARD DES ITA^ENS, 1 PARTS (2*), ékaatns tous les Bureaux de Postà
MERCREDI 30 AOUT 1ÔÔ5
PRIX DE L'ABONNEMENT
WE1S, SEINE et SEINE-ET-01SE. Troi» moi», l<4fr.; Six àois, 28 fr.J Vu M, E56 B\
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»" 1O3.OT 1O3.DS 1O3.0B 113.3-7 11O.4O
Paris, 29 août
BULLETIN DE L'ÉTRAMEE
LA FLOTTE ANGLAISE A SWINEMUNDE
Lorsque l'on annonça vers la fin du mois der-
nier qu'une flotte anglaise se disposait à croiser
dans la Baltique, ce fut dans la presse alle-
mande une tempête d'imprécations. N'allait-on
pas avoir la guerre? Celte visite inattendue
n'était-elle pas une menace? « Ce que vient faire
la flotte anglaise? écrivait le comte Revent-
low. Elle vient d'abord préparer la guerre par
des sondages dans le Belt et dans le Sund,
photographier lés points importants de la
côte, étudier la nature des fortifications. Elle
vient ensuite opérer une très grave manifesta-
tion politique. » Après avoir prévenu les An-
lais que la Baltique était d'une navigation dif-
ficile, le Berline?' Tageblatt prévoyait que des
accidents pourraient se produire, avaries inex-
plicables, conflits entre matelots. « Gare aux
incidents 1 », disait-il. Le Reichsbote, plus agres-
sif, déniait aux navires britanniques le droit de
parcourir une mer sur les rivages de laquelle
l'Angleterre ne possède aucun territoire et au-
cun intérêt. Les autres journaux reproduisaient
cet article plein de véhémence sans trop de sur-
prise et sans grandes protestations.
La spontanéité de ce mouvement d'opinion
traduisait exactement les sentiment du peuple
allemand. On croit de l'autre côté du Rhin que
les flottes allemande et anglaise se heurteront
un jour dans le fracas des batailles. On le re-
doute on feint de n'y pas croire, mais on en est
convaincu. L'inquiétude allemande à l'annonce
de la visite actuelle paraissait avoir d'autant
plus de fondements que la flotte anglaise n'avait
pas l'habitude de venir dans la Baltique par
courtoisie pure. La dernière fois qu'elle lit ce
voyage en 1854, elle échangea plus de coups de
canon que d'amabilités. On s'explique encore
parfaitemen t les crai n tes soulevées parla mesure
de l'amirauté anglaise, en réfléchissant qu'elle
fut prise au moment où l'on prêtait à l'empereur
Guillaume l'intention de transformer la Balti-
que en mer fermée. Cependant elles durèrent
peu: Le gouvernement mit une sourdine aux
violons des protestataires. La presse se consola
en disant que la visite était décidée depuis long-
temps, que d'ailleurs, et « heureusement, les-
Anglais renonçaient à toutes réceptions super-
/lues».
La flotte anglaise est arrivée samedi soir à
Swinemunde. La presse allemande sera satis-
faite cette présence ne donne lieu à aucune
réception « superflue ». Les autorités alleman-
des s'efforcent d'éviter tout incident, elles
accordent aux navires anglais toutes facilités
de ravitaillement et d'ancrage; c'est le traite-
ment que l'on réserve à tous les navires étran-
gers qui séjournent isolément en ports alle-
mands. Tout au plus l'escadre de l'amiral de
Koester est venue saluer dans le port les navi-
res de l'amiral Wilson. Lorsque l'on se remé-
more les fêtes enthousiastes auxquelles ont
donné lieu les rencontres de Brest et de Ports-
mouth, on ne peut s'empêcher de remarquer la
froideur de cette réception. Elle n'a cepen-
dant rien qui nous doive surprendre.
11 n'y a pas de peuples, y compris la Russie
et le Japon, qui se soient entendu dire depuis
un an plus de choses désagréables par des
bouches plus autorisées que l'Allemagne et
l'Angleterre. La rivalité maritime anglo-alle-
mande remonte plus haut. Elle date de la
fameuse phrase- « Notre avenir est sur
J'eau. » Mais notez qu'en décembre 1904, le
chancelier Btilow lui-même, tout en déclarant
qu'une guerre anglo-allemande n'était ni pro-
bable ni désirable, portait en langage mesuré
un coup droit à l'opinion anglaise en disant
« Le nombre des nations maritimes a augmenté
beaucoup trop rapidement pour qu'une puis-
sance quelconque puisse se proclamer mal-
tresse universelle des mers. » En février 1905,
un des lords de l'amirauté, M. Austin Lee, dé-
clarait publiquement « II a été fait une nou-
velle et complète répartition de la flotte an-
glaise afin de faire face à tous les ennemis
possibles. Nous n'avons pas tant à ou-
vrir l'oeil sur la France dans la Méditerranée,
qu'à regarder avec plus d'anxiété vers la
mer du Nord..» L'amiral allemand Thom-
sen, ayant dans la Deutsche Revue protesté
contre ce langage, c'est un amiral anglais,
M. C. C. Penrose Fitzgerald, qui, dans Army
cmdNavy Gazette, lui répond. Il ne croit pas aux
assurances pacifiques de l'Allemagne. Actuelle-
ment, elle ne veut pas la guerre parce qu'elle
est la plus faible, mais quand elle aura accru sa
flotte, il n'en sera plus de même. En continuant
àaugmentersapuissance maritime, l'Allemagne
menace la suprématie que l'Angleterre réclame
à tort ou à raison. Ajoutez a ces aménités la
propagande incessante faite à l'aide de pam-
phlets par la Ligue navale allemande, les décla-
rations anglophobes de plusieurs députés alle-
mands, les violences bien connues des journaux
d'outre-Rhin, et vous aurez le bilan de l'amitié
anglo-allemande qui s'exprime en ce moment à
Swinemunde.
Les efforts que l'on a faits pour réchauffer
l'enthousiasme du public allemand et de la po-
pulation de Swinemunde en particulier ne laisse-
ront d'autre souvenir que celui d'une tentative
FEUILLETON B>ÏJ %tVX$Q
DU 30 AOUT 1905 (5)
L'HISTOIRE DES GÂDSBY
CONTE SANS INTRIGUE
LE CAP. Gadsby (en réponse à l'orage qui s'a-
masse dans les yeux de Mrs. H.). Oh! là là,
mes cors. C'est mon plus sensible.
Mrs. Herrtott. Ma parole, vous êtes l'homme
le plus grossier de la terre! Jamais -plus je ne
recommencerai.
LE CAP. G. (à part). Non, je ne crois pas
que vous recommenciez; mais je me demande
ce que vous ferez avant que tout soit fini. (Au
khitmalgar. ) Thorah ur Simpkin do (1).
MRS. H. -Eh bien, vous n'avez pas même la
politesse de vous excuser, vilain homme?
Le CAP.G. (à part). Ce n'est pas la peine de
fôcher pied maintenant. Fiez-vous à une femme
pour être aussi aveugle qu'une chauve-souris
lorsqu'elle ne veut pas voir.
Mrs. H. J'attends. Ou vous sied-il que je
dicte une formule d'excuse ?
LE cap. G. (en désespéré). –Parfaitement,
diciez.
MRs. H. {gaiement). Fort bien. Répétez
tous vos noms de baptême après moi et conti-
nuez « Professe mon sincère repentir. ».
LE CAP. G. « Sincère repentir. ».
Mas. H. « Pour m'être conduit. »
LE CAP. G. {à part). Enfin! Si seulement
«Ile voulait regarder ailleurs «Pour m'être
«onduit » comme je me suis conduit, et dé-
CUrejue je suis à fond et franchement malade
il) Donnez-moi du chamcagneT
'vaine. La visite de la flotte anglaise ne modifie
aucunement les relations anglo-allemandes.
Elles/restent tellesque les déterminent la con-
-currence commerciale et la rivalité maritime,
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Rome, 29 août.
Un communiqué officiel déclare que lo pape n'a
.pas l'intention de voir les nonces et les délégués
.apostoliques pour conférer avec eux sur la politique
étrangère. La raison de ce communiqué est que trop
souvent on attribue au souverain pontife l'intention
de s'occuper de politique étrangère et de se mêler
des affaires des autres Etats. Encore ces derniers
jours, on a dit que le pape interviendrait dans le
conflit austro-hongrois, comme aussi qu'il établirait
des relations diplomatiques avec la Chine et le Ja-
pon, et qu'il traiterait avec quelques puissances
pour la protection des chrétiens en Orient et ail-
leurs.
Le pape a voulu faire comprendre par ce commu-
nique officiel qu'il entend ne pas s'occuper de po-
litique étrangère, qu'il est un pape purement ieli-
gieux, éloigné des intrigues diplomatiques, et qu'il
n'a rien à changer à ce qu'on appelle le protectorat
des chrétiens.
Pour mieux appuyer sur ses intentions, le pape a
envoyé en villégiature non seulement Mgr Merry
del Val, mais encorè tous les attachés à la secrétai-
rerie d'Etat, ce que ne lit jamais Léon XIII durant
:tout son pontificat.
Constantinople (via Sofia), 28 août.
Lorsque, immédiatement après l'assassinat du no-
table Arménien Apik Oundjian, la nouvelle par-
vint au palais, le patriarche arménien était auprès
du premier secrétaire, qui lui transmit les regrets et
les eofcdolôanêao a» -sultan, i.» &mt&n ajouta, par
l'entremise do son premier secrétaire, que des mau-
vaises gens se trouvaient dans tous les pays, et que
ce crime ne touchait en rien sa considération pour la
nation arménienne dont il connaissait et appréciait le
dévouement. L'assassin était venu à Constantinople
depuis huit jours avec un passeport américain que
la police déclare faux. Il n'a encore fait aucune dé-
claration donnant le vrai mobile de son crime ouré-
vélant un complot. Les funérailles d'Apik Oundjian
ont eu lieu hier après-midi, sans aucune manifesta-
tion. Dans son panégyrique, le patriarche arménien
qui officiait rapporta aux nombreux fidèles massés
dans l'église les paroles du sultan.
Madrid, 29 août.
Alphonse XIII, arrivé hier en automobile à Bur-
gos, y a été chaleureusement acclamé par la popu-
lation et a reçu, à l'hôtel de ville, les astronomes
.étrangers venus pour observer l'éclipse de soleil,
demain.
Le maire de Burgos a souhaité la bienvenue aux.
savants étrangers. M. Rayet, directeur de l'obser-
vatoire de Bordeaux, a répondu. Le roi a prononcé
ensuite quelques paroles pleines de bonne grâce.
Alphonse XIII va poser à Burgos la première
pierre du monument du Cid Campeador, qui naquit
dans la capitale de l'ancien royaume de Léon, ber-
ceau de la monarchie espagnole. Il inaugurera la
nouvelle gare du chemin de ter.
M. Camille Saint-Saëns est arrivé à Burgos.
Constantinople, 29 août.
Le prince Nicolas de Grèce, allant en Russie, pas-
sera demain à Constantinople. Ce sera la première
fois qu'un prince grec touchera à Constantinople.
Castellon, 29 août.
L'astronome Janssen est toujours dans un état de
santé délicat. Des paysans l'ont conduit en chaise à
porteurs jusqu'aux observatoires. r-
LA CRISE SUCRIÈRE
Parce que sur la place de Paris des spécula-
teurs ont joué à la hausse et que les événements
leur ont donné tort, on parle d'une crise sucrière.
Il est certain que l'affaire Jaluzot et le suicide
dé M. Cronier ont affecté le marché. Mais
il ne faut pas exagérer l'importance des appré-
ciations que cela suscite plus d'une habileté
s'y mêle. Rien ne vaut une bonne « crise »,
sucrière ou non, pour permettre à des im-
prudents d'éluder les conséquences logiques
de leur manque de clairvoyance. Chercher
à sortir d'engagements témérairement con-
clus, et, rejeter sur les circonstances, sur la
fatalité de surprises extraordinaires la dif-
ficulté qu on éprouve à rester fidèle à des
contrats devenus gênants, sinon ruineux, ce
sont là choses toutes simples. Il n'y aurait
qu'à: observer cette agitation avec une indiffé-
rence relative, si les intérêts en cause étaient
exclusivement privés. Mais elle risque de décon-
certer et de troubler l'opinion; elle obscurcit à
plaisir une question qui, pour la pleine sauve-
garde de l'intérêt public, appelle une absolue
clarté; sous prétexte de moralité, elle tend au
bouleversement des usages commerciaux les
plus utiles; elle vise à faire interdire les opéra-
tions les plus légitimes. Dès lors, il serait vrai-
ment fâcheux qu'on en fût dupe.
Un premier point doit, tout d'abord, être rap-
pelé si les sucres viennent de baisser sensi-
blement, ils avaient, auparavant, monté dans
des proportions considérables. Analysant une
étude spéciale de la Revue politique et parle-
mentaire sur la question des sucres, nous avons
retracé ce mouvement; nous avons montré
de toute cette histoire, et saisis cette occasion
de faire connaître clairement mon intention d'y
mettre fin, maintenant, désormais, et pour tou-
jours. (Apart.) Si quelqu'un m'eût jamais dit
que-je jouerais jamais ce rôle de mufle
Mns. H, (versant une cuillerée de pommes de
terre paille dans son assiette). Ce n'est pas
une belle plaisanterie.
LE CAP. G. Non, c'est une réalité. (Apart.)
Je me demande si les catastrophes de ce genre
sont toujours aussi brutales.
Mrs. II. En vérité, Pip, vous devenez plus
drôle de jour en jour.
LE cap. G. Je crois que vous ne me com-
prenez pas bien. Faut-il le répéter?
Mrs. H. Non 1 Par pitié, ne faites pas celai
C'est trop terrible, même pour rire.
LE cap. G. (à part). Je vais la laisser y ré-
fléchir pendant un moment. Mais je mériterais
la cravache.
Mrs. H. Je veux savoir ce qu'il y avait au
fond de ce que vous venez de me dire.
LE CAP. G. Exactement ce que j'ai dit. Rien
de moins.
MRS. H. Mais qu'est-ce que j'ai fait pour le
mériter? Qu'est-ce que j'ai donc fait?
LE CAP. G. (à part). Si seulement elle vou-
lait bien ne pas me regarder! (Haut et très len-
tement, les yeux sur son assiette.)Vous rappelez-
vous ce soir de juillet, avant que les pluies
éclatent, où vous me disiez que la fin arrive-
rait forcément tôt ou tard. et où vous vous
demandiez pour lequel de nous elle arriverait le
premier?
MRS. H. -Oui, c'était seulement pour rire.
Etvous jurâtes que, aussi longtemps qu'il vous
resterait un souffle dans la poitrine, jamais elle
n'arriverait. Et je vous crus.
LE CAP. G. (jouant avec le menu). Eh bien,
elle est arrivée. Voilà tout.
Une longue pause, durant laquelle Mrs. B. tient la
tête courbée et roule son pain viennois en petites
boulettes. G. regarde les lauriers-roses, en pe
Mas. H. (rejetant la tète en arrière et riant
d'un rire naturel). On nous dresse bien, nous
autres femmes, n'est-ce pas, Pip?
LE CAP. G. (brutalement en touchant son bou-
ton de chemise). Pour ce qui est de savoir
porter le masque. (Apart.) Ce n'est pas dans
sa nature de prendre les choses tranquillement.
Il faudra bien qu'il y ait une explosion.
Mrs. H. {avec tmfrissoiû. Merci. Ma-ais les J
combien il avait préoccupé l'Angleterre, grande
.consommatrice de sucre, comme on. sait et
finalement, nous établissions, avec l'auteur de
cette étude, que les .conditions déterminarjtjes
des cours étaient, en fait,, les résultats des" ré-
coltes sucrières, les réactions réciproques de la
production et de la consommation l'une sur
l'autre, et cela non point dans tel ou tel pays
considéré isolément, mais sur l'ensemble du
marché mondial. Pour se garantir contre la
continuation du mouvement de hausse, on
avait « le libre jeu de la loi économique », resti-
tuée dans sa souveraine et féconde puissance
par la convention de Bruxelles. Les primes
ayant été abolies, les protections douanières
-ayant été nivelées et réduites de façon à n'être
plus prohibitives, la concurrence universelle
reprenant ses droits, il devenait inévitable que
les cours démesurément enflés de l'année 1004
suscitassent, avec une extension notable des
emblavements, une heureuse diminution des
prix. Que tel ou tel spéculateur l'ait méconnu,
son erreur n'est qu'un incident. Elle ne pouvait
pas empêcher les cours effectifs de refléter la
situation véritable du marché.
Par l'effet des hauts prix, la consommation
s'est restreinte, tandis que, par contre, la cul-
ture était incitée à accroître sa production. Des
offres plus abondantes se sont trouvées ainsi en
face de demandes moins actives. Dans ce phé-
nomène si régulier et dans les variations de
cours qui en découlent, quelle « crise »'peut-on
apercevoir? Quand des excès sont commis, la
liberté, là où elle existe, suffit à les corriger.
Sous peine de condamner toute production li-
bre et toute liberté commerciale, et d'ambition-
ner nous ne savons quelle réglementation col-
lectiviste du travail, on doit reconnaître com-
bien sont opportuns, efficaces et bienfaisants
les avertissements que donnent aux produc-
teurs et au monde des affaires les fluctuations
-de la cote. (Tes avertissements eraient-ns passes
inapercus? A Ja Société nationale d'agriculture,
au mois de novembre 1904, le vice-président du
syndicat des fabricants de sucre disait « Les
cours du sucre ont monté, ils montent même
trop haut, mais enfin ils permettent aux culti-
vateurs de s'apprêter à faire beaucoup de bette-
raves en 1905. » Tout le monde pouvait enten-
dre ce langage. Une production supplémentaire
était annoncée. Elle ne pouvait pas ne pas exer-
cer une influence déprimante sur les cours. Il
n'était pas moins évident que la consommation,
après avoir été stimulée par les bas prix, se ra-
lentirait à la suite de la hausse. La baisse qui
est survenue n'est qu'une résultante de ces
changements. Eminemment favorable au con-
sommateur, elle est en harmonie avec les inté-
rêts généraux. Elle a d'ailleurs également ses
limites naturelles la culture se refuserait à
produire à perte, et sous le coup d'un resser-
rement de la production, les cours ne tarde-
raient pas à se relever.
Cette éventualité de reprise est-elle plus ou
moins prochaine? Dans quelle mesure la pro-
duction pourrait-elle supporter une réduction
plus rigoureuse de ses bénéfices? N'est-elle pas
déjà en perte? Ce sont là questions d'ordre
technique qu'il ne nous appartient pas d'abor-
der. Telle réponse, au point de vue des bénéfi-
ces ou des pertes, exacte dans telle région ou
pour tel producteur, serait, au surplus, ou
pourrait être inexacte pour telle autre circons-
cription agricole ou pour tel autre producteur.
Ce que l'on peut dire, d'une façon générale,
c'est que sur lé grand marché régulateur de
Londres, les cours cotés au commencement du
mois d'août de la présente année ne s'éloi-
gnaient gnkre, fin somme, des cours moyens de.
la période décennale, 1892-1901, qui a précédé- la
convention de Bruxelles. A la Chambre des
communes, dans la séance du.7 août dernier,
le secrétaire du bureau du commerce a fourni
les indications suivantes « La baisse du prix
du sucre de betterave 88°, franco à bord Ham-
bourg, atteint, depuis le mois de mai, 2 shillings
et 5 1/2 pence par cwt (quintal de 50 kil. 800).
Au 3 août, le cours était de 10 shillings pour
le courant; de 9 shillings 3 d. pour le livrable
sur octobre, et de 9 sh. 1 1/4 sur novembre-
décembre. Le cours moyen du courant, pour les
dix années ayant précédé la signature de la
convention de Bruxelles était d'environ
10 sh. 9 d. par cwt. » Des écrivains qui ont fait
de ces questions une étude approfondie ont
émis l'avis qu'en Allemagne le coût de pro-
duction ne serait pas inférieur à 9 shillings par
cwt, avec un rendement de 14 pour cent. Si le
rendement descendait à 13 pour cent, le prix de
revient s'élèverait à 10 sh. 10 d., non compris
le fret jusqu'à Hambourg, ni les frais de maga-
sinage et de chargement sur le bateau. Pour le
sucre de betterave, celui tvquel tous ces
chiffres s'appliquent, une rupture d'équi-
libre entre les prix de revient et les cours du
sucre sembleraitdoncdanslalogiquedes calculs,
ce qui revient à dire qu'un renchérissement se-
rait normal. Encore faudra-t-il compter avec la
production du sucre de canne. Nous laissons
aux spécialistes le soin de pousser plus loin Cet
examen.
En tout cas, ainsi que l'a fait remarquer der-
nièrement le Journal dès fabricants de sucre, il
est une conclusion à laquelle aucun producteur
ne saurait échapper « En ce qui concerne le
sucre de betterave, il estvisible que le problème
de l'abaissement du prix de revient de la bette-
rave et du sucre s'impose plus que jamais à l'at-
tention et aux efforts des producteurs. » Et no-
Peaux-Rouges eux-mêmes laissent, je crois, les
gens se tortiller pendant qu'on les torture. (Elle
tire so7i éventail de sa ceinture et s'évente lente-
ment, le bord de V éventail au niveau du menton.)
VOISIN DE gauche. Très lourd; ce soir,
n'est-ce pas? Cela vous incommode?
MRs. H. Oh 1 non, pas le moins du monde.
Mais on devrait avoir vraiment des punkahs,
même dans-vôtre frais Naini-Tal, ne trouvez-
vous pas ? (Elle se retourne en laissant retomber
son éventail et en levant les sourcils.)
LE CAP. G. Cela va-t-il mieux? (A part.)
Voici venir l'orage
Mrs. H. (les yeux sur la nappe, l'éventail tout
prêt dans la main droite). Cela fut fort habile-
ment conduit, Pip, et je vous félicite. Vous aviez
juré-vous ne vous contentiez jamais de dire
simplement les choses vous aviez juré que,
autant qu'il serait en votre pouvoir, vous ren-
driez aimable pour moi ma triste existence. Et
vous m'avez refusé la consolation de pouvoir
pleurer. Moi, je l'eusse fait. certes, je l'eusse
fait. C'est à peine si une femme eût pensé à ce
raffinement, mon prévenant, prudent ami.
(L 'éventail au niveau du menton, comme plus
haut.) Vous vous êtes en outre expliqué avec
une telle tendresse, une telle véracité 1 Vous
n'avez pas prononcé, pas écrit un mot d'avertis-
sement, et vous m'avez laissé croire en vous
jusqu'à la dernière minute. Vous n'avez pas
condescendu jusqu'à me donner encore la rai-
son. Non Une femme n'eût pu conduire l'af-
faire la moitié aussi bien. Est-ce qu'il y a beau-
coup ù'hommes comme vous dans le monde?
LE CAP. G. Pour sûr, je n'en sais rien. (Au
hhitmatgar.) Eh là Simpkindo.
Mrs. H. Vous vous dites un homme du
monde, n'est-ce pas? Est-ce que les hommes du
monde se conduisent comme des tortionnaires
lorsqu'ils font à une femme l'honneur d'être fa-
tigués d'elle?
LE CAP. G. Pour sûr, je n'en sais rien. Ne
parlez pas si haut I
Mrs. H. Conservons la correction, ô sei-
gneur, quoi qu'il arrive. Vous avez trop bien
choisi votre terrain et j'ai été convenablement
élevée. (Baissant son éventail.) N'avez-vous pas
de pitié, Pip, si ce n'est pour vous-même? 7
LE cap. G. Ne serait-il pas quelque peu im-
pertinent de ma part de dire que je suis fâché
pour vous ? 1
Mrs. H. Je crois que vous l'avez dit une ou
deux fois jadis. Voua devenez très soucietuuiâ^
tre confrère ajoute « Privé de primes, placé
sur le pied d'égalité absolue avec le sucre de
canne, le sucre de betterave n'aura chance de
conserver sa place sur le marché mondial qu'au-
tant qu'il proviendra d'une culture et d'une fa-
brication extrêmement économiques et sera, en
outre,'offert sous une forme entièrement appro-
priée aux besoins, aux goûts et.aux usages de la
clientèle à laquelle il est destiné. » Voilà la vé-
rité. Cultivateurs et fabricants doivent la regar-
der en face. C'est les desservir que de la leur
voiler et que de les tourner vers de prétendus
remèdes, tels qu'un concours nouveau de l'Etat,
la guerre aux spéculateurs, la suppression des
marchés à terme et autres imaginations du
même genre. Tout relèvement factice des cours,
toute manœuvre pour limiter soit la production
soit les échanges, toute intervention arbitraire
des pouvoirs publics ne pourraient que nuire à
la masse du pays.
Qu'y a-t-il au fond de la « crise sucrière »?
Ceci tous les fabricants de sucre n'ont pas la
sagesse, lors de la conclusion des contrats avec
les cultivateurs, de subordonner leur prix d'a-
chat de betteraves aux cours ultérieurs du su-
cre, ou bien, en cas de fixation d'u prix ferme,
de se garantir contre tout aléa par une vente à
terme des futurs produits fabriqués. Au lieu de
profiter des marchés à terme pour se mettre à
l'abri de tout risque et pour éviter toute spécu-
lation, il est des fabricants qui préfèrent courir
les chances de la hausse. C'est leur droit absolu.
En- rie se servant pas des marchés à terme, ils
font, à proprement parler, œuvre de spécula-
teurs, ces marchés ayant pour office essentiel
et pour caractéristique d'être un moyen d'as-
surance contre les variations des cours. On
peut, sans' doute, regretter cet esprit d'a-
venture. Et l'on conçoit que n'ayant pris au-
cune précaution contre les oscillations des prix,
ces spéculateurs cherchent à se dérober aux
veonséquonooe Jo fcu. touA uaivui. jjca uuo .Uu-
^rajerjt rp AàURr des prix fermes qu'ils ont pro-
rmis. Ils ne désespèrent pas d'obtenir une « ré-
faction », une modération des prix, de nature à
alléger leurs pertes. D'autres ont recours à la
menace, et ils annoncent aux cultivateurs
qu'à l'époque des livraisons, on procédera par
voie de réceptions draconiennes. D'autres s'en
prennent de leurs mécomptes à la législation;
c'est d'elle que viendrait tout le mal, alors, au
contraire, qu'ils souffrent pour n'avoir pas voulu
ou pour n'avoir pas su l'utiliser. Ce qu'on nomme
la « crise sucrière est une de ces doléances di-
verses et l'un de ces intérêts particuliers habiles
à se couvrir de l'intérêt général.
Si, se méprenant sur les conditions de la
production et du commerce des sucres, comme
d'ailleurs de toute autre denrée ou marchandi-
se, l'opinion se laissait égarer par des sophismes
sur le rôle de l'Etat en matière de fixation de
cours, toutes les inquiétudes seraient permises.
Le jour où, faute de cours sincères, privé des
lumières et de l'appui que donne un large mar-
ché, le producteur irait à l'aveuglette et le spé-
culateur pourrait devenir maître des prix, et ce
jour-là, cultivateurs, fabricants, négociants
seraient livrés aux pires hasards. On aurait or-
ganisé la crise permanente. Mais on n'en est
heureusement pas là. Et nous attendons, quant
à nous, avec une entière confiance, les résultats
des travaux de la commission extraparlemen-
taire constituée par M. le ministre du com-
merce.
LA FLOTTE AH&U'SE A SWUiEgUHDE
fD&pe'ches de notre envoyé spécial et de nos
correspondants particuliers)
La comparaison des deux flottes
Swinemunde, 29 août.
La présence de la flotte allemande parait avoir
attiré de plus nombreux visiteurs et dégelé dans
une certaine mesure le public qui paraissait en
proie à un malaise inexplicable.
Des excursionnistes à bord de nombreux vapeurs
ornés d'oriflammes et avec orchestres s'empressent
d'aller acclamer les navires allemands ancrés vers
la haute mer, derrière la flotte anglaise et en repas-
sant devant celle-ci ils lui adressent également des
saluts dont la cordialité va en s'accentuant.
Des embarcations anglaises conduisent des cu-
rieux visiter les navires britanniques dont les impo-
santes dimensions produisent une grande impres-
sion. La belle tenue de la flotte allemande, ses qua-
torze cuirassés et ses quatre croiseurs, dépassant en
nombro la flotte anglaise de dix cuirassés et de deux
croiseurs, flattent l'amour-propre des Allemands, ce
qui entretient leur bonne humeur.
Les soldats et les marins anglais descendent à
terre en grand nombre et conversent tant bien que
mal avec le public, qui vante leur jovialité. Les ma-
rins allemands s'efforcent, de leur côté, de faire
preuve de bonne camaraderie. Les officiers des na-
vires des deux nations et les matelots échangent des
politesses et des dîners.
Un incident
Le correspondant du Daily Mail à Swinemunde
raconte l'incident suivant dont il dit avoir été le té-
moin oculaire
Un grand vapeur d'excursion, l'Odin, transportait un
millier de personnes au large pour voir les deux flot-
tes. Il y avait à bord une douzaine d'Américains que
l'on avait pris pour des Anglais. Quand 'VOdin passa
près des cuirassés allemands, les Américains saluèrent
avec des cris et des bravos. Ils renouvelèrent cette
manifestation quelques instants plus tard en passant
devant les navires anglais. Leurs voisins allemands,
qui avaient accepté leurs hommages aux cuirassés
allemands, prirent très mal leur enthousiasme angle-
mes sentiments. Mon Dieu, Pip, j'étais jadis
une honnête femme 1 Vous le disiez. Vous m'a-
vez faite ce que je suis. Qu'allez-vous faire de
moi? Qu'allez-vous faire de moi? Vous ne vou-
lez pas même dire que vous êtes fâché? (Elle
se sert des asperges glacées.)
LE CAP. G. Je suis fâché pour vous, s'il vous
faut la pitié d'une brute comme moi. Je suis hor-
riblement fâché pour vous.
Mrs. H. Quelque peu bénin pour un
homme du monde. Pensez-vous vous sauver
par cet aveu ? 2
LE cap. G. Que puis-je faire ? Je ne peux
que vous dire ce que je pense de moi-même.
Vous ne pouvez en penser pire?
Mrs. H. Oh 1 oui, je le peux. Et maintenant,
voulez-vous me dire la raison de tout cela? Dure-
mords ? Bayard a-t-il été soudain frappé de
scrupule?
LE CAP. G. (avec colère, les yeux toujours bais-
sésj. Non La chose a pris fin de mon côté.
C'est tout. Afaftsch 1
Mrs. H. « C'est tout. Mafisch! » Comme si
j'étais un interprète arabe. Vous faisiez jadis
de plus jolis discours. Vous rappelez-vous lors-
que vous disiez?.
LE CAP. G.-Pour l'amour du ciel, ne revenez
plus là-dessus. Appelez-moi tout ce que vous
voudrez et je l'admettrai.
Mrs. H. Mais vous ne tenez pas à ce qu'on
vous remette en mémoire les vieux mensonges?
Si jepouvais espérervous faire ladixième partie
du mal que vous m'avez fait ce soir! Non, je
ne voudrais pas. je ne pourrais pas le faire.
quelque menteur que vous soyez.
LE CAP. G. -J'ai dit la vérité.
Mrs. H.- Mon cher monsieur, vous vous flat-
tez. Vous avez menti au sujet du motif. Pip,
rappelez-vous que je vous connais comme vous
ne vous connaissez pas vous-même. Vous avez
été tout pour moi, quoique vous soyez. (Même
jeu d'éventail.) Oli 1 comme tout cela est mépri-
sable Ainsi, vous êtes tout simplement fatigué
de moi?
LE CAP. G. Puisque vous insistez pour que
je le répète. Oui.
Mas. H. Mensonge numéro un. Que ne suis-
je en possession d'un mot plus cru 1 Mensonge
semble si insuffisant dans votre cas. Le feu
vient, de s'éteindre, et il n'y en a pas un nou-
veau ? Réfléchissez une minute, Pip, si vous ne
voulez pas que je vous méprise plus que je ne
jfajs. Simplement Msfiçch, alors? ̃
phile et cherchèrent à étouffer leurs applaudissements
sous une bordée de sifflets.
Les sifflets laissant les Américains insensibles, ceux-
ci furent apostrophés
• « AntfWfs effrontésT honteux! Des gens vulgaires
comme ils sont tous! 1 furent quelques-unes des amé-
nités entendues. 11 y eut même des Allemands pour
traitér les Américains d'agents provocateurs.
Le banquet
Swinemunde, 28 août.
Soixante-douze personnes ont pris part au diner
offert aujourd'hui au Kursaal par la ville de Swine-
munde en l'honneur des officiers anglais.
On remarquait du côté anglais l'amiral Wilson,
le vice-amiral Moore, le contre-amiral Povre, et du
côté allemand le grand-amiral von Koester, inspec-
teur général de la marine allemande, et l'inspecteur
Lesscn, inspecteur de l'artillerie de marine.
Un triple hourra a été tout d'abord poussé par
l'amiral Wilson en l'honneur de l'empereur d'Alle-
magne et la musique a joué l'hymne national.
Puis le maire a bu à la santé du roi Edouard et la
musique a joué l'hymne national anglais.
Ensuite, M. Schiemann, président du conseil com-
munal, a prononcé, pour saluer les hôtes de la ville,
un long discours en anglais dont voici les principaux
passages:
Swinemunde a été en rapport d'affaires avec l'An-
gleterre depuis que la ville existe. Nous fûmes tou-
jours heureux de voir le drapeau anglais flotter dans
notre port et nous avons pensé que ce n'était pas seu-
lement un honneur, mais un devoir pour nous d'invi-
ter les officiers de Sa Majesté britannique.
Nous sommes très heureux qu'ils aient accepté
notre invitation. Nous nous sentons au milieu d'amis
et nous espérons que les officiers de la marine an-
glaise sentent également qu'ils sont au milieu d'amis.
M. Schiemann a terminé par un triple «hoch » en
l'honneur du peuple anglais et de la marine an-
glaise.
L'amiral Wilson, à son tour, a bu au peuple alle-
mand et à la ville de Swinemunde.
Le Lokal-Anzciger rapporte ainsi le toast prononcé
hifiF à. Rwinnmiinrlp.. nsïr. l'amiral .WtiJcnr» ̃.
Je remercie spécialement l'empereur de la bonté à
Je remercie spéoiale.ment l'empereur de !a. bonté
qu'il a eue d'envoyer sa flotte pour nous souhaiter la
bienvenue. La fréquentation entre les marins des deux
pays est, plus que tout autre moyen, propre à favori-
ser les relations entre nos deux grandes nations.
L'amiral a terminé en demandant un hourra for-
midable pour Swinemunde et pour la flotte alle-
mande.
L'impression à Berlin
La nouvelle que la flotte de guerre allemande
avait reçu l'ordre de rendre les honneurs à l'escadre
anglaise devant Swinemunde a été une surprise,
même pour les cercles officiels de Berlin, cet ordre
étant en complète contradiction avec les dispositions
qui avaient été prises jusqu'alors dans les cercles
de la cour.
On prétend que cette volte-face de l'empereur est
le résultat des efforts de sa soeur la duchesse de
Sparte, qui aurait profité de son dernier séjour à la
cour de Londres et de sa visite actuelle au couple
impérial allemand pour opérer une réconciliation en-
tre Edouard VII et Guillaume Il. La réception de la
flotte anglaise par les navires de guerre allemands
serait un symptôme que l'intervention de la du-
chesse n'aurait pas été vaine.
L'accueil fait tout d'abord à la croisière de la
flotte britannique dane la mer Baltique, considérée
comme une provocation, et la polémique des jour-
naux allemands à cet égard, ainsi que la, proposi-
tion de fermer la Baltique, sont trop récents pour
qu'on ne soit pas surpris de la volte-face accomplie
par la presse officieuse sur l'ordre du gouvernement,
et cela malgré l'échec de l'entrevue tant souhaitée
ici entre l'empereur et le roi Edouard. Ce n'est pas,
il est vrai, la première fois que les cercles officiels
berlinois répondent par une excessive amabilité à
des manifestations considérées par le pays comme
de mauvais procédés.
Le journal officieux par excellence, le Lokal-Anzeî-
ger, ne craint pas d'affirmer que le public, à Swine-
munde, était éJectrisé, qu'il poussait des hourras,
que son enthousiasme -était difficile à contenir et
qu'il était heureux de pouvoir témoigner aux marins
anglais sa reconnaissance pour l'hospitalité anglaise
accordée si souvent aux vaisseaux allemands.
Mais les journaux indépendants, comme la Tsegli-
che Rundschau, refusent avec quelque dédain de s as-
socier à ce procédé, qu'ils relèvent même vertement
en le qualifiant d'entorse à la vérité.
Le Éerliner Tageblatt, mettant les choses au point,
dit que la réception a été correcte et réservée. Puis
il ajoute:
« Par là, nous nous distinguons des Anglais qui
n'auraient certes pas compté, après les préparatifs
peu amicaux de la croisière dans la Baltique, sur
une pareille réception.
» Malgré cette réception par le gouvernement
allemand, auquel se sont joints des milliers d'Alle-
mands, il faudrait se garder d'exagérer la portée
des journées de Swinemunde. La courtoisie alle-
mande dénote seulement que les autorités et le peu-
ple n'ont aucune animosité contre l'Angleterre et
les marins anglais. Ils comprendront et emporte-
ront, comme nous le souhaitons, des souvenirs
agréables des bords de la Baltique allemande. Reste
à savoir si le monde politique et la presse anglais
sont touchés de cet échange de sentiments ami-
caux. »
Le comte Reventlow reconnaît avec regret, dans
le même journal, que les navires anglais sont bien
supérieurs aux navires allemands.
La visite de Swinemunde et l'entente franco-
anglaise Vienne, 29 août.
La Neue Freie Presse attribue à l'attitude de l'em-
pereur d'Allemagne une importance politique qui
n'est point négligeable.
« La réception faite par la flotte allemande à la
flotte anglaise, écrit-elle, peut être considérée
comme une démonstration éclatante en faveur de la
paix européenne. Elle constitue un acte de la politi-
que allemande extrêmement habile et très intelli-
gent il convient d'autant plus de le relever que
l'opinion publique en Allemagne n'était nullement
préparée à faire bon accueil à la flotte anglaise après
la visite à Cowes de la flotte française et après les
LE CAP. G. Oui. (A part.) Je crois le mé-
riter.
Mrs. H. Mensonge numéro deux. Avant
que le prochain verre ne vous étrangle, dites-
moi son nom.
LE CAP. G. (à part). -Je lui revaudrai cela,
de faire intervenir Minnie dans l'affaire! (Haut.)
Est-ce vraisemblable?
MRS. H.- Fort vraisemblable si vous pensiez
que cela flatterait votre vanité. Vous crieriez
mon nom sur les toits pour faire se retourner
les gens.
LE CAP. G. Que ne l'ai-je fait? Cela eût mis
fin à cette affaire.
Mrs. H. Oh! non, cela n'eût mis fin à rien
du tout. Ainsi, monsieur allait devenir ver-
tueux et blasé, n'est-ce pas? Venir me dire:
« J'ai assez de vous. L'incident est clo-os. » Je
devrais être fière d'avoir gardé un homme pareil
si longtemps.
LE CAP. G. (à part). Il ne me reste qu'à prier
pour que le dîner finisse. (Haut.) Vous savez ce
que je pense de moi-même.
Mrs. H. Comme c'est la seule personne du
monde à laquelle jamais vous pensiez, et comme
je vous connais jusqu'au fond de l'âme, oui, je
le sais. Vous voulez qu'on n'en parle plus et.
Oh 1 je ne peux pas vous en empêcher Et vous
allez pensez-y, Pip me mettre au rancart
pour une autre femme. Et vous aviez juré que
toutes les autres femmes étaient. Pip, mon
Pip Elle ne peut se soucier de vous comme je
fais. Croyez-moi, elle ne le peut. Est-ce quel-
qu'un que je connais?
LE CAP. G. Dieu merci, non (A part.) Je
m'attendais à un cyclone, mais pas à un trem-
blement de terre.
Mrs. H: Elle ne le peut! Y a-t-il quelque
chose que je ne ferais pas pour vous. ou que
je n'aie fait? Et penser que je me donne ce mal
a votre sujet, sachant ce que vous êtes M'en
méprisez-vous ?
LE CAP. G. (se passant la serviette sur la bou-
che pour dissimuler un sourire.) Encore ? C'est
entièrement une œuvre de charité de votre
part.
Mas. H. Ahhhl 1 Mais je n'ai aucun droit à
me formaliser. Est-elle mieux que moi? Qui
est-ce qui disait, ?
LE CAP. G. Non. pas cela 1
MRS. H. Je serai plus compatissante que
vous. Ne savez-vous Basxuie toutes les femmes 1
AO.ntj>areilles» 9
commentaires des journaux anglais et français qut
en ont été la conséquence.
» Guillaume II, agissant avec la prompte décision
qui le caractérise, a mis en scène une réception di-
gne des vaisseaux de guerre anglais et a prouvé pat
là qu'il ne désire pas seulement des relations çor-
rectes avec l'Angleterre; mais encore des rapport?
amicaux. Rien de plus naturel entre des puissances
qui n'ont aucune raison sérieuse de conflit.
» On est donc autorisé à espérer que la réception
allemande à Swinemunde jettera un pont sur l'â<
bîme moral qui sépare l'Angleterre de 1 Allemagne.
» En France et en Angleterre on affirme que Pen-
tente entre ces deux pays ne cache aucune pointe
contre un tiers, mais l'opinion publique en France
comme en Angleterre semble croire que cette pointe
existe et est dirigée contre un tiers qu'on devine.
» L'envoi de l'escadre allemande à la rencontre de
la flotte anglaise démontre que l'Allemagne n'est
pas cause du refroidissement de ses relations avec
cette dernière, et qu'elle est toute disposée à faire en
sorte de les rendre plus amicales. La politique d'iso-
lement de l'Allemagne dont rêvait M. Delcassé ne
peut être réalisée. La preuve en est dans le rappro-
chement qui s'accentue entre l'Allemagne et la
Russie. Sans cette dernière, l'entente franco-an-
glaise manque effectivement de cette pointe qu'elle
pourrait tourner contre l'Allemagne. »
«j>
LES AFFAIRES DU MAROC
(Dépêches de notre correspondant particulier)
Berlin, 29 août,
On suit avec grand intérêt les commentaires de
la presse française relatifs à la réponse allemande
dans l'affaire marocaine, mais on ajoute qu'ils ne
doivent pas être interprétés comme l'opinion du
gouvernement français, car on pense que M. Rou-
vier ne se prononcera qu'après avoir étudié minu«
tieusement le contenu assez long de cette réponse.
En tout cas, les milieux berlinois autorisés s'accor-
dent à reconnaître avec le Temps que cette réponse
fera encore l'objet d'un échange de vues ultérieures
a. r* ..a ri u_
VERS LA PAIX
La situation à Portsmouth
Les bruits déroutants, venus de Portsmouth, ont
créé dans la public un état de doute effet naturel de
la fermeté réciproque par laquelle ies deux parties
essayent mutuellement de s'en imposer; mais ca
douta, croyons-nous, ne saurait porter que sur la
manière dont la difficulté sera résolue, et non sur la
solution elle-même, dont la forme amiable ne fait
que se confirmer et devenir plus certaine, à mesurt
que dure davantage la négociation.
On sait que l'impossibilité mutuelle à laquelle les,
plénipotentiaires s'étaient heurtés, du fait de l'in-
compatibilité des instructions reçues par eux de
leurs gouvernements respectifs, avait motivé l'en.
trée en scène du président Roosevelt et l'instance
personnellement introduite auprès des chefs des
deux Etats, pour les amener à corriger, si pos-
sible, la lettre de ces instructions. L'accommode-
ment qu'il proposait consistait àpaitagerla diffi-
culté en deux et à faire de part et d'autre la moitié
du chemin le Japon céderait sur Sakhaline, mais la
Russie céderait sur l'indemnité; la somme payée
aurait le caractère d'une prime de rachat, et non pas
d'une contribution do guerre; le taux en serait fixé
par un tribunal d'arbitrage, auquel appartiendrait le
soin du règlement définitif. q
Cette solution éprouva d'abord de part et d'autre
un égal insuccès, et maintenant encore l'attitude
dilatoire des plénipotentiaires démontre clairement
qu'elle n'est pas mûre. L'adhésion du Japon à la
proposition du président n'en paraît pas moins un
fait acquis. Indépendamment des influences spéciales
qui peuvent l'avoir déterminée et dont la mise en
jeu se rattache au renouvellement du traité anglo-
japonais, elle est implicitement traduite par l'acte
important auquel M. Takahira ne craignait pas de
condescendre, quand il se rendait dimanche chez M.
Witte et lui demandait de retarder d'un jour la réu-
nion fixée primitivement au 28.
La Russie resterait donc seule irréductible? Les
bruits de Pétersbourg voudraient qu'elle' le fût;
mais ses dernières démarches diplomatiques mon-
trent qu'en somme elle ne l'est pas et qu'ollo s'a-
vance vers le but à pas comptés. Alors que dans les
premières discussions de Portsmouth, M. Witte re-
,était purement et simplement, comme inaccepta-
ble, la clause relative à Sakhalino, on sait quo
Nicolas II a modifié sur ce sujet son point de vue.
Peut-être cette concession de sa part indique-t-elle
un esprit de conciliation prêt à se traduire ultérieu-
rement d'une autre manière et n'est-elle que l'ébau-
che d'un accord dont la forme définitive reste à
trouver.
La première condition pour que la Russie consen-
tît à racheter Sakhaline, était qu'elle reconnût d'a-
bord l'avoir perdue; c'est ce qu'elle vient de faire,
en la concédant au Japon. Ainsi la réponse de Nico-
las II à la proposition du président n'était pas néga-
tive, mais incomplète; elle était le commencement
d'une réponse dont le monde attend avec anxiété
l'autre moitié. Les plénipotentiaires russes, secrète-
mentgagnésàla thèse de M. Roosevelt, une partieim-
portante de la presse russe montrant 1g problème de
Portsmouth ramené à une simple question d'argent
enfin la nation elle-même accusant un état général
de malaise auquel n'a pas fait trêve la promulgation
de l'oukase relatif à la Douma, se coalisent pour
triompher sur ce point des intluences contraires qui
s'exercent à Péterhof.
L'entrevue de MM. Witte et Takahira
Dans la matinée de dimanche, le secrétaire Ada-
chi avait été chargé par les plénipotentiaires iapo-
nais de demander, par l'intermédiaire de M. Plan-
çon, secrétaire de la mission russe, si M. Witte con-
sentirait à ajourner la séance, primitivement lixée à
lundi. M. Witte parut ignorer cette démarche et
sortit en automobile pour ne rentrer qu'à six lieu-
res à son hôtel. Peu après, M. Takahira se faisait
annoncer et demandait un entretien. M. Witte fit
répondre qu'il recevrait après diner.
A huit heures trente, M. Takahira, qu'accompa-
LE CAP. G. (à part). Alors, il s'agit ici de.
l'exception qui prouve la règle.
Mrs H. Toutes Je vous dirai n'importe ce
que vous voulez. Je vous le dirai, sur ma pa-
role 1 Ce qu'il leur faut, c'est uniquement l'ad-
miration. du premier venu peu importe
qui du premier venu 1 Mais il est toujours un
homme dont elles se soucient plus que de per-
sonne au monde, et auquel elles sacrifieraient
tous les autres. Oh 1 écoutez bien J'ai laissé ce
Vaynor trotter derrière moi comme un caniche,
et il se croit le seul homme auquel je m'inté-
resse. Je vais vous raconter ce qu'il m'a dit.
LE CAP. G. Epargnez-le. (A part.) Je me de-
mande quelle est sa version, à ce Vaynor.
MRS. H. Pendant tout le dîner il a attendu
que je le regarde. Le regarderai-je, pour que
vous puissiez voir l'air idiot qu'il va prendre?
LE CAP. G. Mais qu'importe l'entrée en
scène de ce monsieur?
MRS. H. Regardez (Elle adresse un coup
d'œil audit Vaynor, lequel essaye vainement de
concilier une bouchée de pudding à la lace un
sourire de salis faction personnelle, un regard de
dévotion intense et la solidité d'une contenance
britannique à une table de dîner.) ̃ ̃ ̃
LE CAP. G. (judicieusement). Il n'a pas l'air-
joli. Pourquoi n avez-vous pas attendu que la"
cuiller lui soit sortie de la bouche?
Mrs. H. Pour vous amuser. Elle vous don-
nera en spectacle comme j'ai fait pour lui et les
gens riront de vous. Oh 1 Pip, ne le voyez-vous
pas? C'est aussi clair que le soleil en plein midi,
On vous fera trotter de côté et d'autre et on
vous contera des mensonges, on fera de vous
un objet de risée comme les autres. Je n'ai
jamais, moi, fait de vous un objet de risée!
n'est-ce pas?
LE cap. G. (à part). L'intelligente petit*
femme! i
MRS. H. Èh bien, qu'avez-vous à dire?
Leûap. G. Je me sens mieux.
Mrs. M. Oui, je le suppose, maintenant
que me voici descendue à votre niveau. Je
n'aurais jamais pil le faire si je ne vous aimais
pas autant. J'ai dit la vérité.
LE cap. G. Cela ne cii^nge en rien la situa-
tion.
RUDYAi^P KJPLINO.
Traduit de l'anglais par
Louis Fabulet et Arthur àustïn-JacksoM*
(A suivrtJ
On s'aïwime aux Bureau* fin Tournai, 5, BOULEYARD DES ITA^ENS, 1 PARTS (2*), ékaatns tous les Bureaux de Postà
MERCREDI 30 AOUT 1ÔÔ5
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»" 1O3.OT 1O3.DS 1O3.0B 113.3-7 11O.4O
Paris, 29 août
BULLETIN DE L'ÉTRAMEE
LA FLOTTE ANGLAISE A SWINEMUNDE
Lorsque l'on annonça vers la fin du mois der-
nier qu'une flotte anglaise se disposait à croiser
dans la Baltique, ce fut dans la presse alle-
mande une tempête d'imprécations. N'allait-on
pas avoir la guerre? Celte visite inattendue
n'était-elle pas une menace? « Ce que vient faire
la flotte anglaise? écrivait le comte Revent-
low. Elle vient d'abord préparer la guerre par
des sondages dans le Belt et dans le Sund,
photographier lés points importants de la
côte, étudier la nature des fortifications. Elle
vient ensuite opérer une très grave manifesta-
tion politique. » Après avoir prévenu les An-
lais que la Baltique était d'une navigation dif-
ficile, le Berline?' Tageblatt prévoyait que des
accidents pourraient se produire, avaries inex-
plicables, conflits entre matelots. « Gare aux
incidents 1 », disait-il. Le Reichsbote, plus agres-
sif, déniait aux navires britanniques le droit de
parcourir une mer sur les rivages de laquelle
l'Angleterre ne possède aucun territoire et au-
cun intérêt. Les autres journaux reproduisaient
cet article plein de véhémence sans trop de sur-
prise et sans grandes protestations.
La spontanéité de ce mouvement d'opinion
traduisait exactement les sentiment du peuple
allemand. On croit de l'autre côté du Rhin que
les flottes allemande et anglaise se heurteront
un jour dans le fracas des batailles. On le re-
doute on feint de n'y pas croire, mais on en est
convaincu. L'inquiétude allemande à l'annonce
de la visite actuelle paraissait avoir d'autant
plus de fondements que la flotte anglaise n'avait
pas l'habitude de venir dans la Baltique par
courtoisie pure. La dernière fois qu'elle lit ce
voyage en 1854, elle échangea plus de coups de
canon que d'amabilités. On s'explique encore
parfaitemen t les crai n tes soulevées parla mesure
de l'amirauté anglaise, en réfléchissant qu'elle
fut prise au moment où l'on prêtait à l'empereur
Guillaume l'intention de transformer la Balti-
que en mer fermée. Cependant elles durèrent
peu: Le gouvernement mit une sourdine aux
violons des protestataires. La presse se consola
en disant que la visite était décidée depuis long-
temps, que d'ailleurs, et « heureusement, les-
Anglais renonçaient à toutes réceptions super-
/lues».
La flotte anglaise est arrivée samedi soir à
Swinemunde. La presse allemande sera satis-
faite cette présence ne donne lieu à aucune
réception « superflue ». Les autorités alleman-
des s'efforcent d'éviter tout incident, elles
accordent aux navires anglais toutes facilités
de ravitaillement et d'ancrage; c'est le traite-
ment que l'on réserve à tous les navires étran-
gers qui séjournent isolément en ports alle-
mands. Tout au plus l'escadre de l'amiral de
Koester est venue saluer dans le port les navi-
res de l'amiral Wilson. Lorsque l'on se remé-
more les fêtes enthousiastes auxquelles ont
donné lieu les rencontres de Brest et de Ports-
mouth, on ne peut s'empêcher de remarquer la
froideur de cette réception. Elle n'a cepen-
dant rien qui nous doive surprendre.
11 n'y a pas de peuples, y compris la Russie
et le Japon, qui se soient entendu dire depuis
un an plus de choses désagréables par des
bouches plus autorisées que l'Allemagne et
l'Angleterre. La rivalité maritime anglo-alle-
mande remonte plus haut. Elle date de la
fameuse phrase- « Notre avenir est sur
J'eau. » Mais notez qu'en décembre 1904, le
chancelier Btilow lui-même, tout en déclarant
qu'une guerre anglo-allemande n'était ni pro-
bable ni désirable, portait en langage mesuré
un coup droit à l'opinion anglaise en disant
« Le nombre des nations maritimes a augmenté
beaucoup trop rapidement pour qu'une puis-
sance quelconque puisse se proclamer mal-
tresse universelle des mers. » En février 1905,
un des lords de l'amirauté, M. Austin Lee, dé-
clarait publiquement « II a été fait une nou-
velle et complète répartition de la flotte an-
glaise afin de faire face à tous les ennemis
possibles. Nous n'avons pas tant à ou-
vrir l'oeil sur la France dans la Méditerranée,
qu'à regarder avec plus d'anxiété vers la
mer du Nord..» L'amiral allemand Thom-
sen, ayant dans la Deutsche Revue protesté
contre ce langage, c'est un amiral anglais,
M. C. C. Penrose Fitzgerald, qui, dans Army
cmdNavy Gazette, lui répond. Il ne croit pas aux
assurances pacifiques de l'Allemagne. Actuelle-
ment, elle ne veut pas la guerre parce qu'elle
est la plus faible, mais quand elle aura accru sa
flotte, il n'en sera plus de même. En continuant
àaugmentersapuissance maritime, l'Allemagne
menace la suprématie que l'Angleterre réclame
à tort ou à raison. Ajoutez a ces aménités la
propagande incessante faite à l'aide de pam-
phlets par la Ligue navale allemande, les décla-
rations anglophobes de plusieurs députés alle-
mands, les violences bien connues des journaux
d'outre-Rhin, et vous aurez le bilan de l'amitié
anglo-allemande qui s'exprime en ce moment à
Swinemunde.
Les efforts que l'on a faits pour réchauffer
l'enthousiasme du public allemand et de la po-
pulation de Swinemunde en particulier ne laisse-
ront d'autre souvenir que celui d'une tentative
FEUILLETON B>ÏJ %tVX$Q
DU 30 AOUT 1905 (5)
L'HISTOIRE DES GÂDSBY
CONTE SANS INTRIGUE
LE CAP. Gadsby (en réponse à l'orage qui s'a-
masse dans les yeux de Mrs. H.). Oh! là là,
mes cors. C'est mon plus sensible.
Mrs. Herrtott. Ma parole, vous êtes l'homme
le plus grossier de la terre! Jamais -plus je ne
recommencerai.
LE CAP. G. (à part). Non, je ne crois pas
que vous recommenciez; mais je me demande
ce que vous ferez avant que tout soit fini. (Au
khitmalgar. ) Thorah ur Simpkin do (1).
MRS. H. -Eh bien, vous n'avez pas même la
politesse de vous excuser, vilain homme?
Le CAP.G. (à part). Ce n'est pas la peine de
fôcher pied maintenant. Fiez-vous à une femme
pour être aussi aveugle qu'une chauve-souris
lorsqu'elle ne veut pas voir.
Mrs. H. J'attends. Ou vous sied-il que je
dicte une formule d'excuse ?
LE cap. G. (en désespéré). –Parfaitement,
diciez.
MRs. H. {gaiement). Fort bien. Répétez
tous vos noms de baptême après moi et conti-
nuez « Professe mon sincère repentir. ».
LE CAP. G. « Sincère repentir. ».
Mas. H. « Pour m'être conduit. »
LE CAP. G. {à part). Enfin! Si seulement
«Ile voulait regarder ailleurs «Pour m'être
«onduit » comme je me suis conduit, et dé-
CUrejue je suis à fond et franchement malade
il) Donnez-moi du chamcagneT
'vaine. La visite de la flotte anglaise ne modifie
aucunement les relations anglo-allemandes.
Elles/restent tellesque les déterminent la con-
-currence commerciale et la rivalité maritime,
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Rome, 29 août.
Un communiqué officiel déclare que lo pape n'a
.pas l'intention de voir les nonces et les délégués
.apostoliques pour conférer avec eux sur la politique
étrangère. La raison de ce communiqué est que trop
souvent on attribue au souverain pontife l'intention
de s'occuper de politique étrangère et de se mêler
des affaires des autres Etats. Encore ces derniers
jours, on a dit que le pape interviendrait dans le
conflit austro-hongrois, comme aussi qu'il établirait
des relations diplomatiques avec la Chine et le Ja-
pon, et qu'il traiterait avec quelques puissances
pour la protection des chrétiens en Orient et ail-
leurs.
Le pape a voulu faire comprendre par ce commu-
nique officiel qu'il entend ne pas s'occuper de po-
litique étrangère, qu'il est un pape purement ieli-
gieux, éloigné des intrigues diplomatiques, et qu'il
n'a rien à changer à ce qu'on appelle le protectorat
des chrétiens.
Pour mieux appuyer sur ses intentions, le pape a
envoyé en villégiature non seulement Mgr Merry
del Val, mais encorè tous les attachés à la secrétai-
rerie d'Etat, ce que ne lit jamais Léon XIII durant
:tout son pontificat.
Constantinople (via Sofia), 28 août.
Lorsque, immédiatement après l'assassinat du no-
table Arménien Apik Oundjian, la nouvelle par-
vint au palais, le patriarche arménien était auprès
du premier secrétaire, qui lui transmit les regrets et
les eofcdolôanêao a» -sultan, i.» &mt&n ajouta, par
l'entremise do son premier secrétaire, que des mau-
vaises gens se trouvaient dans tous les pays, et que
ce crime ne touchait en rien sa considération pour la
nation arménienne dont il connaissait et appréciait le
dévouement. L'assassin était venu à Constantinople
depuis huit jours avec un passeport américain que
la police déclare faux. Il n'a encore fait aucune dé-
claration donnant le vrai mobile de son crime ouré-
vélant un complot. Les funérailles d'Apik Oundjian
ont eu lieu hier après-midi, sans aucune manifesta-
tion. Dans son panégyrique, le patriarche arménien
qui officiait rapporta aux nombreux fidèles massés
dans l'église les paroles du sultan.
Madrid, 29 août.
Alphonse XIII, arrivé hier en automobile à Bur-
gos, y a été chaleureusement acclamé par la popu-
lation et a reçu, à l'hôtel de ville, les astronomes
.étrangers venus pour observer l'éclipse de soleil,
demain.
Le maire de Burgos a souhaité la bienvenue aux.
savants étrangers. M. Rayet, directeur de l'obser-
vatoire de Bordeaux, a répondu. Le roi a prononcé
ensuite quelques paroles pleines de bonne grâce.
Alphonse XIII va poser à Burgos la première
pierre du monument du Cid Campeador, qui naquit
dans la capitale de l'ancien royaume de Léon, ber-
ceau de la monarchie espagnole. Il inaugurera la
nouvelle gare du chemin de ter.
M. Camille Saint-Saëns est arrivé à Burgos.
Constantinople, 29 août.
Le prince Nicolas de Grèce, allant en Russie, pas-
sera demain à Constantinople. Ce sera la première
fois qu'un prince grec touchera à Constantinople.
Castellon, 29 août.
L'astronome Janssen est toujours dans un état de
santé délicat. Des paysans l'ont conduit en chaise à
porteurs jusqu'aux observatoires. r-
LA CRISE SUCRIÈRE
Parce que sur la place de Paris des spécula-
teurs ont joué à la hausse et que les événements
leur ont donné tort, on parle d'une crise sucrière.
Il est certain que l'affaire Jaluzot et le suicide
dé M. Cronier ont affecté le marché. Mais
il ne faut pas exagérer l'importance des appré-
ciations que cela suscite plus d'une habileté
s'y mêle. Rien ne vaut une bonne « crise »,
sucrière ou non, pour permettre à des im-
prudents d'éluder les conséquences logiques
de leur manque de clairvoyance. Chercher
à sortir d'engagements témérairement con-
clus, et, rejeter sur les circonstances, sur la
fatalité de surprises extraordinaires la dif-
ficulté qu on éprouve à rester fidèle à des
contrats devenus gênants, sinon ruineux, ce
sont là choses toutes simples. Il n'y aurait
qu'à: observer cette agitation avec une indiffé-
rence relative, si les intérêts en cause étaient
exclusivement privés. Mais elle risque de décon-
certer et de troubler l'opinion; elle obscurcit à
plaisir une question qui, pour la pleine sauve-
garde de l'intérêt public, appelle une absolue
clarté; sous prétexte de moralité, elle tend au
bouleversement des usages commerciaux les
plus utiles; elle vise à faire interdire les opéra-
tions les plus légitimes. Dès lors, il serait vrai-
ment fâcheux qu'on en fût dupe.
Un premier point doit, tout d'abord, être rap-
pelé si les sucres viennent de baisser sensi-
blement, ils avaient, auparavant, monté dans
des proportions considérables. Analysant une
étude spéciale de la Revue politique et parle-
mentaire sur la question des sucres, nous avons
retracé ce mouvement; nous avons montré
de toute cette histoire, et saisis cette occasion
de faire connaître clairement mon intention d'y
mettre fin, maintenant, désormais, et pour tou-
jours. (Apart.) Si quelqu'un m'eût jamais dit
que-je jouerais jamais ce rôle de mufle
Mns. H, (versant une cuillerée de pommes de
terre paille dans son assiette). Ce n'est pas
une belle plaisanterie.
LE CAP. G. Non, c'est une réalité. (Apart.)
Je me demande si les catastrophes de ce genre
sont toujours aussi brutales.
Mrs. II. En vérité, Pip, vous devenez plus
drôle de jour en jour.
LE cap. G. Je crois que vous ne me com-
prenez pas bien. Faut-il le répéter?
Mrs. H. Non 1 Par pitié, ne faites pas celai
C'est trop terrible, même pour rire.
LE cap. G. (à part). Je vais la laisser y ré-
fléchir pendant un moment. Mais je mériterais
la cravache.
Mrs. H. Je veux savoir ce qu'il y avait au
fond de ce que vous venez de me dire.
LE CAP. G. Exactement ce que j'ai dit. Rien
de moins.
MRS. H. Mais qu'est-ce que j'ai fait pour le
mériter? Qu'est-ce que j'ai donc fait?
LE CAP. G. (à part). Si seulement elle vou-
lait bien ne pas me regarder! (Haut et très len-
tement, les yeux sur son assiette.)Vous rappelez-
vous ce soir de juillet, avant que les pluies
éclatent, où vous me disiez que la fin arrive-
rait forcément tôt ou tard. et où vous vous
demandiez pour lequel de nous elle arriverait le
premier?
MRS. H. -Oui, c'était seulement pour rire.
Etvous jurâtes que, aussi longtemps qu'il vous
resterait un souffle dans la poitrine, jamais elle
n'arriverait. Et je vous crus.
LE CAP. G. (jouant avec le menu). Eh bien,
elle est arrivée. Voilà tout.
Une longue pause, durant laquelle Mrs. B. tient la
tête courbée et roule son pain viennois en petites
boulettes. G. regarde les lauriers-roses, en pe
Mas. H. (rejetant la tète en arrière et riant
d'un rire naturel). On nous dresse bien, nous
autres femmes, n'est-ce pas, Pip?
LE CAP. G. (brutalement en touchant son bou-
ton de chemise). Pour ce qui est de savoir
porter le masque. (Apart.) Ce n'est pas dans
sa nature de prendre les choses tranquillement.
Il faudra bien qu'il y ait une explosion.
Mrs. H. {avec tmfrissoiû. Merci. Ma-ais les J
combien il avait préoccupé l'Angleterre, grande
.consommatrice de sucre, comme on. sait et
finalement, nous établissions, avec l'auteur de
cette étude, que les .conditions déterminarjtjes
des cours étaient, en fait,, les résultats des" ré-
coltes sucrières, les réactions réciproques de la
production et de la consommation l'une sur
l'autre, et cela non point dans tel ou tel pays
considéré isolément, mais sur l'ensemble du
marché mondial. Pour se garantir contre la
continuation du mouvement de hausse, on
avait « le libre jeu de la loi économique », resti-
tuée dans sa souveraine et féconde puissance
par la convention de Bruxelles. Les primes
ayant été abolies, les protections douanières
-ayant été nivelées et réduites de façon à n'être
plus prohibitives, la concurrence universelle
reprenant ses droits, il devenait inévitable que
les cours démesurément enflés de l'année 1004
suscitassent, avec une extension notable des
emblavements, une heureuse diminution des
prix. Que tel ou tel spéculateur l'ait méconnu,
son erreur n'est qu'un incident. Elle ne pouvait
pas empêcher les cours effectifs de refléter la
situation véritable du marché.
Par l'effet des hauts prix, la consommation
s'est restreinte, tandis que, par contre, la cul-
ture était incitée à accroître sa production. Des
offres plus abondantes se sont trouvées ainsi en
face de demandes moins actives. Dans ce phé-
nomène si régulier et dans les variations de
cours qui en découlent, quelle « crise »'peut-on
apercevoir? Quand des excès sont commis, la
liberté, là où elle existe, suffit à les corriger.
Sous peine de condamner toute production li-
bre et toute liberté commerciale, et d'ambition-
ner nous ne savons quelle réglementation col-
lectiviste du travail, on doit reconnaître com-
bien sont opportuns, efficaces et bienfaisants
les avertissements que donnent aux produc-
teurs et au monde des affaires les fluctuations
-de la cote. (Tes avertissements eraient-ns passes
inapercus? A Ja Société nationale d'agriculture,
au mois de novembre 1904, le vice-président du
syndicat des fabricants de sucre disait « Les
cours du sucre ont monté, ils montent même
trop haut, mais enfin ils permettent aux culti-
vateurs de s'apprêter à faire beaucoup de bette-
raves en 1905. » Tout le monde pouvait enten-
dre ce langage. Une production supplémentaire
était annoncée. Elle ne pouvait pas ne pas exer-
cer une influence déprimante sur les cours. Il
n'était pas moins évident que la consommation,
après avoir été stimulée par les bas prix, se ra-
lentirait à la suite de la hausse. La baisse qui
est survenue n'est qu'une résultante de ces
changements. Eminemment favorable au con-
sommateur, elle est en harmonie avec les inté-
rêts généraux. Elle a d'ailleurs également ses
limites naturelles la culture se refuserait à
produire à perte, et sous le coup d'un resser-
rement de la production, les cours ne tarde-
raient pas à se relever.
Cette éventualité de reprise est-elle plus ou
moins prochaine? Dans quelle mesure la pro-
duction pourrait-elle supporter une réduction
plus rigoureuse de ses bénéfices? N'est-elle pas
déjà en perte? Ce sont là questions d'ordre
technique qu'il ne nous appartient pas d'abor-
der. Telle réponse, au point de vue des bénéfi-
ces ou des pertes, exacte dans telle région ou
pour tel producteur, serait, au surplus, ou
pourrait être inexacte pour telle autre circons-
cription agricole ou pour tel autre producteur.
Ce que l'on peut dire, d'une façon générale,
c'est que sur lé grand marché régulateur de
Londres, les cours cotés au commencement du
mois d'août de la présente année ne s'éloi-
gnaient gnkre, fin somme, des cours moyens de.
la période décennale, 1892-1901, qui a précédé- la
convention de Bruxelles. A la Chambre des
communes, dans la séance du.7 août dernier,
le secrétaire du bureau du commerce a fourni
les indications suivantes « La baisse du prix
du sucre de betterave 88°, franco à bord Ham-
bourg, atteint, depuis le mois de mai, 2 shillings
et 5 1/2 pence par cwt (quintal de 50 kil. 800).
Au 3 août, le cours était de 10 shillings pour
le courant; de 9 shillings 3 d. pour le livrable
sur octobre, et de 9 sh. 1 1/4 sur novembre-
décembre. Le cours moyen du courant, pour les
dix années ayant précédé la signature de la
convention de Bruxelles était d'environ
10 sh. 9 d. par cwt. » Des écrivains qui ont fait
de ces questions une étude approfondie ont
émis l'avis qu'en Allemagne le coût de pro-
duction ne serait pas inférieur à 9 shillings par
cwt, avec un rendement de 14 pour cent. Si le
rendement descendait à 13 pour cent, le prix de
revient s'élèverait à 10 sh. 10 d., non compris
le fret jusqu'à Hambourg, ni les frais de maga-
sinage et de chargement sur le bateau. Pour le
sucre de betterave, celui tvquel tous ces
chiffres s'appliquent, une rupture d'équi-
libre entre les prix de revient et les cours du
sucre sembleraitdoncdanslalogiquedes calculs,
ce qui revient à dire qu'un renchérissement se-
rait normal. Encore faudra-t-il compter avec la
production du sucre de canne. Nous laissons
aux spécialistes le soin de pousser plus loin Cet
examen.
En tout cas, ainsi que l'a fait remarquer der-
nièrement le Journal dès fabricants de sucre, il
est une conclusion à laquelle aucun producteur
ne saurait échapper « En ce qui concerne le
sucre de betterave, il estvisible que le problème
de l'abaissement du prix de revient de la bette-
rave et du sucre s'impose plus que jamais à l'at-
tention et aux efforts des producteurs. » Et no-
Peaux-Rouges eux-mêmes laissent, je crois, les
gens se tortiller pendant qu'on les torture. (Elle
tire so7i éventail de sa ceinture et s'évente lente-
ment, le bord de V éventail au niveau du menton.)
VOISIN DE gauche. Très lourd; ce soir,
n'est-ce pas? Cela vous incommode?
MRs. H. Oh 1 non, pas le moins du monde.
Mais on devrait avoir vraiment des punkahs,
même dans-vôtre frais Naini-Tal, ne trouvez-
vous pas ? (Elle se retourne en laissant retomber
son éventail et en levant les sourcils.)
LE CAP. G. Cela va-t-il mieux? (A part.)
Voici venir l'orage
Mrs. H. (les yeux sur la nappe, l'éventail tout
prêt dans la main droite). Cela fut fort habile-
ment conduit, Pip, et je vous félicite. Vous aviez
juré-vous ne vous contentiez jamais de dire
simplement les choses vous aviez juré que,
autant qu'il serait en votre pouvoir, vous ren-
driez aimable pour moi ma triste existence. Et
vous m'avez refusé la consolation de pouvoir
pleurer. Moi, je l'eusse fait. certes, je l'eusse
fait. C'est à peine si une femme eût pensé à ce
raffinement, mon prévenant, prudent ami.
(L 'éventail au niveau du menton, comme plus
haut.) Vous vous êtes en outre expliqué avec
une telle tendresse, une telle véracité 1 Vous
n'avez pas prononcé, pas écrit un mot d'avertis-
sement, et vous m'avez laissé croire en vous
jusqu'à la dernière minute. Vous n'avez pas
condescendu jusqu'à me donner encore la rai-
son. Non Une femme n'eût pu conduire l'af-
faire la moitié aussi bien. Est-ce qu'il y a beau-
coup ù'hommes comme vous dans le monde?
LE CAP. G. Pour sûr, je n'en sais rien. (Au
hhitmatgar.) Eh là Simpkindo.
Mrs. H. Vous vous dites un homme du
monde, n'est-ce pas? Est-ce que les hommes du
monde se conduisent comme des tortionnaires
lorsqu'ils font à une femme l'honneur d'être fa-
tigués d'elle?
LE CAP. G. Pour sûr, je n'en sais rien. Ne
parlez pas si haut I
Mrs. H. Conservons la correction, ô sei-
gneur, quoi qu'il arrive. Vous avez trop bien
choisi votre terrain et j'ai été convenablement
élevée. (Baissant son éventail.) N'avez-vous pas
de pitié, Pip, si ce n'est pour vous-même? 7
LE cap. G. Ne serait-il pas quelque peu im-
pertinent de ma part de dire que je suis fâché
pour vous ? 1
Mrs. H. Je crois que vous l'avez dit une ou
deux fois jadis. Voua devenez très soucietuuiâ^
tre confrère ajoute « Privé de primes, placé
sur le pied d'égalité absolue avec le sucre de
canne, le sucre de betterave n'aura chance de
conserver sa place sur le marché mondial qu'au-
tant qu'il proviendra d'une culture et d'une fa-
brication extrêmement économiques et sera, en
outre,'offert sous une forme entièrement appro-
priée aux besoins, aux goûts et.aux usages de la
clientèle à laquelle il est destiné. » Voilà la vé-
rité. Cultivateurs et fabricants doivent la regar-
der en face. C'est les desservir que de la leur
voiler et que de les tourner vers de prétendus
remèdes, tels qu'un concours nouveau de l'Etat,
la guerre aux spéculateurs, la suppression des
marchés à terme et autres imaginations du
même genre. Tout relèvement factice des cours,
toute manœuvre pour limiter soit la production
soit les échanges, toute intervention arbitraire
des pouvoirs publics ne pourraient que nuire à
la masse du pays.
Qu'y a-t-il au fond de la « crise sucrière »?
Ceci tous les fabricants de sucre n'ont pas la
sagesse, lors de la conclusion des contrats avec
les cultivateurs, de subordonner leur prix d'a-
chat de betteraves aux cours ultérieurs du su-
cre, ou bien, en cas de fixation d'u prix ferme,
de se garantir contre tout aléa par une vente à
terme des futurs produits fabriqués. Au lieu de
profiter des marchés à terme pour se mettre à
l'abri de tout risque et pour éviter toute spécu-
lation, il est des fabricants qui préfèrent courir
les chances de la hausse. C'est leur droit absolu.
En- rie se servant pas des marchés à terme, ils
font, à proprement parler, œuvre de spécula-
teurs, ces marchés ayant pour office essentiel
et pour caractéristique d'être un moyen d'as-
surance contre les variations des cours. On
peut, sans' doute, regretter cet esprit d'a-
venture. Et l'on conçoit que n'ayant pris au-
cune précaution contre les oscillations des prix,
ces spéculateurs cherchent à se dérober aux
veonséquonooe Jo fcu. touA uaivui. jjca uuo .Uu-
^rajerjt rp AàURr des prix fermes qu'ils ont pro-
rmis. Ils ne désespèrent pas d'obtenir une « ré-
faction », une modération des prix, de nature à
alléger leurs pertes. D'autres ont recours à la
menace, et ils annoncent aux cultivateurs
qu'à l'époque des livraisons, on procédera par
voie de réceptions draconiennes. D'autres s'en
prennent de leurs mécomptes à la législation;
c'est d'elle que viendrait tout le mal, alors, au
contraire, qu'ils souffrent pour n'avoir pas voulu
ou pour n'avoir pas su l'utiliser. Ce qu'on nomme
la « crise sucrière est une de ces doléances di-
verses et l'un de ces intérêts particuliers habiles
à se couvrir de l'intérêt général.
Si, se méprenant sur les conditions de la
production et du commerce des sucres, comme
d'ailleurs de toute autre denrée ou marchandi-
se, l'opinion se laissait égarer par des sophismes
sur le rôle de l'Etat en matière de fixation de
cours, toutes les inquiétudes seraient permises.
Le jour où, faute de cours sincères, privé des
lumières et de l'appui que donne un large mar-
ché, le producteur irait à l'aveuglette et le spé-
culateur pourrait devenir maître des prix, et ce
jour-là, cultivateurs, fabricants, négociants
seraient livrés aux pires hasards. On aurait or-
ganisé la crise permanente. Mais on n'en est
heureusement pas là. Et nous attendons, quant
à nous, avec une entière confiance, les résultats
des travaux de la commission extraparlemen-
taire constituée par M. le ministre du com-
merce.
LA FLOTTE AH&U'SE A SWUiEgUHDE
fD&pe'ches de notre envoyé spécial et de nos
correspondants particuliers)
La comparaison des deux flottes
Swinemunde, 29 août.
La présence de la flotte allemande parait avoir
attiré de plus nombreux visiteurs et dégelé dans
une certaine mesure le public qui paraissait en
proie à un malaise inexplicable.
Des excursionnistes à bord de nombreux vapeurs
ornés d'oriflammes et avec orchestres s'empressent
d'aller acclamer les navires allemands ancrés vers
la haute mer, derrière la flotte anglaise et en repas-
sant devant celle-ci ils lui adressent également des
saluts dont la cordialité va en s'accentuant.
Des embarcations anglaises conduisent des cu-
rieux visiter les navires britanniques dont les impo-
santes dimensions produisent une grande impres-
sion. La belle tenue de la flotte allemande, ses qua-
torze cuirassés et ses quatre croiseurs, dépassant en
nombro la flotte anglaise de dix cuirassés et de deux
croiseurs, flattent l'amour-propre des Allemands, ce
qui entretient leur bonne humeur.
Les soldats et les marins anglais descendent à
terre en grand nombre et conversent tant bien que
mal avec le public, qui vante leur jovialité. Les ma-
rins allemands s'efforcent, de leur côté, de faire
preuve de bonne camaraderie. Les officiers des na-
vires des deux nations et les matelots échangent des
politesses et des dîners.
Un incident
Le correspondant du Daily Mail à Swinemunde
raconte l'incident suivant dont il dit avoir été le té-
moin oculaire
Un grand vapeur d'excursion, l'Odin, transportait un
millier de personnes au large pour voir les deux flot-
tes. Il y avait à bord une douzaine d'Américains que
l'on avait pris pour des Anglais. Quand 'VOdin passa
près des cuirassés allemands, les Américains saluèrent
avec des cris et des bravos. Ils renouvelèrent cette
manifestation quelques instants plus tard en passant
devant les navires anglais. Leurs voisins allemands,
qui avaient accepté leurs hommages aux cuirassés
allemands, prirent très mal leur enthousiasme angle-
mes sentiments. Mon Dieu, Pip, j'étais jadis
une honnête femme 1 Vous le disiez. Vous m'a-
vez faite ce que je suis. Qu'allez-vous faire de
moi? Qu'allez-vous faire de moi? Vous ne vou-
lez pas même dire que vous êtes fâché? (Elle
se sert des asperges glacées.)
LE CAP. G. Je suis fâché pour vous, s'il vous
faut la pitié d'une brute comme moi. Je suis hor-
riblement fâché pour vous.
Mrs. H. Quelque peu bénin pour un
homme du monde. Pensez-vous vous sauver
par cet aveu ? 2
LE cap. G. Que puis-je faire ? Je ne peux
que vous dire ce que je pense de moi-même.
Vous ne pouvez en penser pire?
Mrs. H. Oh 1 oui, je le peux. Et maintenant,
voulez-vous me dire la raison de tout cela? Dure-
mords ? Bayard a-t-il été soudain frappé de
scrupule?
LE CAP. G. (avec colère, les yeux toujours bais-
sésj. Non La chose a pris fin de mon côté.
C'est tout. Afaftsch 1
Mrs. H. « C'est tout. Mafisch! » Comme si
j'étais un interprète arabe. Vous faisiez jadis
de plus jolis discours. Vous rappelez-vous lors-
que vous disiez?.
LE CAP. G.-Pour l'amour du ciel, ne revenez
plus là-dessus. Appelez-moi tout ce que vous
voudrez et je l'admettrai.
Mrs. H. Mais vous ne tenez pas à ce qu'on
vous remette en mémoire les vieux mensonges?
Si jepouvais espérervous faire ladixième partie
du mal que vous m'avez fait ce soir! Non, je
ne voudrais pas. je ne pourrais pas le faire.
quelque menteur que vous soyez.
LE CAP. G. -J'ai dit la vérité.
Mrs. H.- Mon cher monsieur, vous vous flat-
tez. Vous avez menti au sujet du motif. Pip,
rappelez-vous que je vous connais comme vous
ne vous connaissez pas vous-même. Vous avez
été tout pour moi, quoique vous soyez. (Même
jeu d'éventail.) Oli 1 comme tout cela est mépri-
sable Ainsi, vous êtes tout simplement fatigué
de moi?
LE CAP. G. Puisque vous insistez pour que
je le répète. Oui.
Mas. H. Mensonge numéro un. Que ne suis-
je en possession d'un mot plus cru 1 Mensonge
semble si insuffisant dans votre cas. Le feu
vient, de s'éteindre, et il n'y en a pas un nou-
veau ? Réfléchissez une minute, Pip, si vous ne
voulez pas que je vous méprise plus que je ne
jfajs. Simplement Msfiçch, alors? ̃
phile et cherchèrent à étouffer leurs applaudissements
sous une bordée de sifflets.
Les sifflets laissant les Américains insensibles, ceux-
ci furent apostrophés
• « AntfWfs effrontésT honteux! Des gens vulgaires
comme ils sont tous! 1 furent quelques-unes des amé-
nités entendues. 11 y eut même des Allemands pour
traitér les Américains d'agents provocateurs.
Le banquet
Swinemunde, 28 août.
Soixante-douze personnes ont pris part au diner
offert aujourd'hui au Kursaal par la ville de Swine-
munde en l'honneur des officiers anglais.
On remarquait du côté anglais l'amiral Wilson,
le vice-amiral Moore, le contre-amiral Povre, et du
côté allemand le grand-amiral von Koester, inspec-
teur général de la marine allemande, et l'inspecteur
Lesscn, inspecteur de l'artillerie de marine.
Un triple hourra a été tout d'abord poussé par
l'amiral Wilson en l'honneur de l'empereur d'Alle-
magne et la musique a joué l'hymne national.
Puis le maire a bu à la santé du roi Edouard et la
musique a joué l'hymne national anglais.
Ensuite, M. Schiemann, président du conseil com-
munal, a prononcé, pour saluer les hôtes de la ville,
un long discours en anglais dont voici les principaux
passages:
Swinemunde a été en rapport d'affaires avec l'An-
gleterre depuis que la ville existe. Nous fûmes tou-
jours heureux de voir le drapeau anglais flotter dans
notre port et nous avons pensé que ce n'était pas seu-
lement un honneur, mais un devoir pour nous d'invi-
ter les officiers de Sa Majesté britannique.
Nous sommes très heureux qu'ils aient accepté
notre invitation. Nous nous sentons au milieu d'amis
et nous espérons que les officiers de la marine an-
glaise sentent également qu'ils sont au milieu d'amis.
M. Schiemann a terminé par un triple «hoch » en
l'honneur du peuple anglais et de la marine an-
glaise.
L'amiral Wilson, à son tour, a bu au peuple alle-
mand et à la ville de Swinemunde.
Le Lokal-Anzciger rapporte ainsi le toast prononcé
hifiF à. Rwinnmiinrlp.. nsïr. l'amiral .WtiJcnr» ̃.
Je remercie spécialement l'empereur de la bonté à
Je remercie spéoiale.ment l'empereur de !a. bonté
qu'il a eue d'envoyer sa flotte pour nous souhaiter la
bienvenue. La fréquentation entre les marins des deux
pays est, plus que tout autre moyen, propre à favori-
ser les relations entre nos deux grandes nations.
L'amiral a terminé en demandant un hourra for-
midable pour Swinemunde et pour la flotte alle-
mande.
L'impression à Berlin
La nouvelle que la flotte de guerre allemande
avait reçu l'ordre de rendre les honneurs à l'escadre
anglaise devant Swinemunde a été une surprise,
même pour les cercles officiels de Berlin, cet ordre
étant en complète contradiction avec les dispositions
qui avaient été prises jusqu'alors dans les cercles
de la cour.
On prétend que cette volte-face de l'empereur est
le résultat des efforts de sa soeur la duchesse de
Sparte, qui aurait profité de son dernier séjour à la
cour de Londres et de sa visite actuelle au couple
impérial allemand pour opérer une réconciliation en-
tre Edouard VII et Guillaume Il. La réception de la
flotte anglaise par les navires de guerre allemands
serait un symptôme que l'intervention de la du-
chesse n'aurait pas été vaine.
L'accueil fait tout d'abord à la croisière de la
flotte britannique dane la mer Baltique, considérée
comme une provocation, et la polémique des jour-
naux allemands à cet égard, ainsi que la, proposi-
tion de fermer la Baltique, sont trop récents pour
qu'on ne soit pas surpris de la volte-face accomplie
par la presse officieuse sur l'ordre du gouvernement,
et cela malgré l'échec de l'entrevue tant souhaitée
ici entre l'empereur et le roi Edouard. Ce n'est pas,
il est vrai, la première fois que les cercles officiels
berlinois répondent par une excessive amabilité à
des manifestations considérées par le pays comme
de mauvais procédés.
Le journal officieux par excellence, le Lokal-Anzeî-
ger, ne craint pas d'affirmer que le public, à Swine-
munde, était éJectrisé, qu'il poussait des hourras,
que son enthousiasme -était difficile à contenir et
qu'il était heureux de pouvoir témoigner aux marins
anglais sa reconnaissance pour l'hospitalité anglaise
accordée si souvent aux vaisseaux allemands.
Mais les journaux indépendants, comme la Tsegli-
che Rundschau, refusent avec quelque dédain de s as-
socier à ce procédé, qu'ils relèvent même vertement
en le qualifiant d'entorse à la vérité.
Le Éerliner Tageblatt, mettant les choses au point,
dit que la réception a été correcte et réservée. Puis
il ajoute:
« Par là, nous nous distinguons des Anglais qui
n'auraient certes pas compté, après les préparatifs
peu amicaux de la croisière dans la Baltique, sur
une pareille réception.
» Malgré cette réception par le gouvernement
allemand, auquel se sont joints des milliers d'Alle-
mands, il faudrait se garder d'exagérer la portée
des journées de Swinemunde. La courtoisie alle-
mande dénote seulement que les autorités et le peu-
ple n'ont aucune animosité contre l'Angleterre et
les marins anglais. Ils comprendront et emporte-
ront, comme nous le souhaitons, des souvenirs
agréables des bords de la Baltique allemande. Reste
à savoir si le monde politique et la presse anglais
sont touchés de cet échange de sentiments ami-
caux. »
Le comte Reventlow reconnaît avec regret, dans
le même journal, que les navires anglais sont bien
supérieurs aux navires allemands.
La visite de Swinemunde et l'entente franco-
anglaise Vienne, 29 août.
La Neue Freie Presse attribue à l'attitude de l'em-
pereur d'Allemagne une importance politique qui
n'est point négligeable.
« La réception faite par la flotte allemande à la
flotte anglaise, écrit-elle, peut être considérée
comme une démonstration éclatante en faveur de la
paix européenne. Elle constitue un acte de la politi-
que allemande extrêmement habile et très intelli-
gent il convient d'autant plus de le relever que
l'opinion publique en Allemagne n'était nullement
préparée à faire bon accueil à la flotte anglaise après
la visite à Cowes de la flotte française et après les
LE CAP. G. Oui. (A part.) Je crois le mé-
riter.
Mrs. H. Mensonge numéro deux. Avant
que le prochain verre ne vous étrangle, dites-
moi son nom.
LE CAP. G. (à part). -Je lui revaudrai cela,
de faire intervenir Minnie dans l'affaire! (Haut.)
Est-ce vraisemblable?
MRS. H.- Fort vraisemblable si vous pensiez
que cela flatterait votre vanité. Vous crieriez
mon nom sur les toits pour faire se retourner
les gens.
LE CAP. G. Que ne l'ai-je fait? Cela eût mis
fin à cette affaire.
Mrs. H. Oh! non, cela n'eût mis fin à rien
du tout. Ainsi, monsieur allait devenir ver-
tueux et blasé, n'est-ce pas? Venir me dire:
« J'ai assez de vous. L'incident est clo-os. » Je
devrais être fière d'avoir gardé un homme pareil
si longtemps.
LE CAP. G. (à part). Il ne me reste qu'à prier
pour que le dîner finisse. (Haut.) Vous savez ce
que je pense de moi-même.
Mrs. H. Comme c'est la seule personne du
monde à laquelle jamais vous pensiez, et comme
je vous connais jusqu'au fond de l'âme, oui, je
le sais. Vous voulez qu'on n'en parle plus et.
Oh 1 je ne peux pas vous en empêcher Et vous
allez pensez-y, Pip me mettre au rancart
pour une autre femme. Et vous aviez juré que
toutes les autres femmes étaient. Pip, mon
Pip Elle ne peut se soucier de vous comme je
fais. Croyez-moi, elle ne le peut. Est-ce quel-
qu'un que je connais?
LE CAP. G. Dieu merci, non (A part.) Je
m'attendais à un cyclone, mais pas à un trem-
blement de terre.
Mrs. H: Elle ne le peut! Y a-t-il quelque
chose que je ne ferais pas pour vous. ou que
je n'aie fait? Et penser que je me donne ce mal
a votre sujet, sachant ce que vous êtes M'en
méprisez-vous ?
LE CAP. G. (se passant la serviette sur la bou-
che pour dissimuler un sourire.) Encore ? C'est
entièrement une œuvre de charité de votre
part.
Mas. H. Ahhhl 1 Mais je n'ai aucun droit à
me formaliser. Est-elle mieux que moi? Qui
est-ce qui disait, ?
LE CAP. G. Non. pas cela 1
MRS. H. Je serai plus compatissante que
vous. Ne savez-vous Basxuie toutes les femmes 1
AO.ntj>areilles» 9
commentaires des journaux anglais et français qut
en ont été la conséquence.
» Guillaume II, agissant avec la prompte décision
qui le caractérise, a mis en scène une réception di-
gne des vaisseaux de guerre anglais et a prouvé pat
là qu'il ne désire pas seulement des relations çor-
rectes avec l'Angleterre; mais encore des rapport?
amicaux. Rien de plus naturel entre des puissances
qui n'ont aucune raison sérieuse de conflit.
» On est donc autorisé à espérer que la réception
allemande à Swinemunde jettera un pont sur l'â<
bîme moral qui sépare l'Angleterre de 1 Allemagne.
» En France et en Angleterre on affirme que Pen-
tente entre ces deux pays ne cache aucune pointe
contre un tiers, mais l'opinion publique en France
comme en Angleterre semble croire que cette pointe
existe et est dirigée contre un tiers qu'on devine.
» L'envoi de l'escadre allemande à la rencontre de
la flotte anglaise démontre que l'Allemagne n'est
pas cause du refroidissement de ses relations avec
cette dernière, et qu'elle est toute disposée à faire en
sorte de les rendre plus amicales. La politique d'iso-
lement de l'Allemagne dont rêvait M. Delcassé ne
peut être réalisée. La preuve en est dans le rappro-
chement qui s'accentue entre l'Allemagne et la
Russie. Sans cette dernière, l'entente franco-an-
glaise manque effectivement de cette pointe qu'elle
pourrait tourner contre l'Allemagne. »
«j>
LES AFFAIRES DU MAROC
(Dépêches de notre correspondant particulier)
Berlin, 29 août,
On suit avec grand intérêt les commentaires de
la presse française relatifs à la réponse allemande
dans l'affaire marocaine, mais on ajoute qu'ils ne
doivent pas être interprétés comme l'opinion du
gouvernement français, car on pense que M. Rou-
vier ne se prononcera qu'après avoir étudié minu«
tieusement le contenu assez long de cette réponse.
En tout cas, les milieux berlinois autorisés s'accor-
dent à reconnaître avec le Temps que cette réponse
fera encore l'objet d'un échange de vues ultérieures
a. r* ..a ri u_
VERS LA PAIX
La situation à Portsmouth
Les bruits déroutants, venus de Portsmouth, ont
créé dans la public un état de doute effet naturel de
la fermeté réciproque par laquelle ies deux parties
essayent mutuellement de s'en imposer; mais ca
douta, croyons-nous, ne saurait porter que sur la
manière dont la difficulté sera résolue, et non sur la
solution elle-même, dont la forme amiable ne fait
que se confirmer et devenir plus certaine, à mesurt
que dure davantage la négociation.
On sait que l'impossibilité mutuelle à laquelle les,
plénipotentiaires s'étaient heurtés, du fait de l'in-
compatibilité des instructions reçues par eux de
leurs gouvernements respectifs, avait motivé l'en.
trée en scène du président Roosevelt et l'instance
personnellement introduite auprès des chefs des
deux Etats, pour les amener à corriger, si pos-
sible, la lettre de ces instructions. L'accommode-
ment qu'il proposait consistait àpaitagerla diffi-
culté en deux et à faire de part et d'autre la moitié
du chemin le Japon céderait sur Sakhaline, mais la
Russie céderait sur l'indemnité; la somme payée
aurait le caractère d'une prime de rachat, et non pas
d'une contribution do guerre; le taux en serait fixé
par un tribunal d'arbitrage, auquel appartiendrait le
soin du règlement définitif. q
Cette solution éprouva d'abord de part et d'autre
un égal insuccès, et maintenant encore l'attitude
dilatoire des plénipotentiaires démontre clairement
qu'elle n'est pas mûre. L'adhésion du Japon à la
proposition du président n'en paraît pas moins un
fait acquis. Indépendamment des influences spéciales
qui peuvent l'avoir déterminée et dont la mise en
jeu se rattache au renouvellement du traité anglo-
japonais, elle est implicitement traduite par l'acte
important auquel M. Takahira ne craignait pas de
condescendre, quand il se rendait dimanche chez M.
Witte et lui demandait de retarder d'un jour la réu-
nion fixée primitivement au 28.
La Russie resterait donc seule irréductible? Les
bruits de Pétersbourg voudraient qu'elle' le fût;
mais ses dernières démarches diplomatiques mon-
trent qu'en somme elle ne l'est pas et qu'ollo s'a-
vance vers le but à pas comptés. Alors que dans les
premières discussions de Portsmouth, M. Witte re-
,était purement et simplement, comme inaccepta-
ble, la clause relative à Sakhalino, on sait quo
Nicolas II a modifié sur ce sujet son point de vue.
Peut-être cette concession de sa part indique-t-elle
un esprit de conciliation prêt à se traduire ultérieu-
rement d'une autre manière et n'est-elle que l'ébau-
che d'un accord dont la forme définitive reste à
trouver.
La première condition pour que la Russie consen-
tît à racheter Sakhaline, était qu'elle reconnût d'a-
bord l'avoir perdue; c'est ce qu'elle vient de faire,
en la concédant au Japon. Ainsi la réponse de Nico-
las II à la proposition du président n'était pas néga-
tive, mais incomplète; elle était le commencement
d'une réponse dont le monde attend avec anxiété
l'autre moitié. Les plénipotentiaires russes, secrète-
mentgagnésàla thèse de M. Roosevelt, une partieim-
portante de la presse russe montrant 1g problème de
Portsmouth ramené à une simple question d'argent
enfin la nation elle-même accusant un état général
de malaise auquel n'a pas fait trêve la promulgation
de l'oukase relatif à la Douma, se coalisent pour
triompher sur ce point des intluences contraires qui
s'exercent à Péterhof.
L'entrevue de MM. Witte et Takahira
Dans la matinée de dimanche, le secrétaire Ada-
chi avait été chargé par les plénipotentiaires iapo-
nais de demander, par l'intermédiaire de M. Plan-
çon, secrétaire de la mission russe, si M. Witte con-
sentirait à ajourner la séance, primitivement lixée à
lundi. M. Witte parut ignorer cette démarche et
sortit en automobile pour ne rentrer qu'à six lieu-
res à son hôtel. Peu après, M. Takahira se faisait
annoncer et demandait un entretien. M. Witte fit
répondre qu'il recevrait après diner.
A huit heures trente, M. Takahira, qu'accompa-
LE CAP. G. (à part). Alors, il s'agit ici de.
l'exception qui prouve la règle.
Mrs H. Toutes Je vous dirai n'importe ce
que vous voulez. Je vous le dirai, sur ma pa-
role 1 Ce qu'il leur faut, c'est uniquement l'ad-
miration. du premier venu peu importe
qui du premier venu 1 Mais il est toujours un
homme dont elles se soucient plus que de per-
sonne au monde, et auquel elles sacrifieraient
tous les autres. Oh 1 écoutez bien J'ai laissé ce
Vaynor trotter derrière moi comme un caniche,
et il se croit le seul homme auquel je m'inté-
resse. Je vais vous raconter ce qu'il m'a dit.
LE CAP. G. Epargnez-le. (A part.) Je me de-
mande quelle est sa version, à ce Vaynor.
MRS. H. Pendant tout le dîner il a attendu
que je le regarde. Le regarderai-je, pour que
vous puissiez voir l'air idiot qu'il va prendre?
LE CAP. G. Mais qu'importe l'entrée en
scène de ce monsieur?
MRS. H. Regardez (Elle adresse un coup
d'œil audit Vaynor, lequel essaye vainement de
concilier une bouchée de pudding à la lace un
sourire de salis faction personnelle, un regard de
dévotion intense et la solidité d'une contenance
britannique à une table de dîner.) ̃ ̃ ̃
LE CAP. G. (judicieusement). Il n'a pas l'air-
joli. Pourquoi n avez-vous pas attendu que la"
cuiller lui soit sortie de la bouche?
Mrs. H. Pour vous amuser. Elle vous don-
nera en spectacle comme j'ai fait pour lui et les
gens riront de vous. Oh 1 Pip, ne le voyez-vous
pas? C'est aussi clair que le soleil en plein midi,
On vous fera trotter de côté et d'autre et on
vous contera des mensonges, on fera de vous
un objet de risée comme les autres. Je n'ai
jamais, moi, fait de vous un objet de risée!
n'est-ce pas?
LE cap. G. (à part). L'intelligente petit*
femme! i
MRS. H. Èh bien, qu'avez-vous à dire?
Leûap. G. Je me sens mieux.
Mrs. M. Oui, je le suppose, maintenant
que me voici descendue à votre niveau. Je
n'aurais jamais pil le faire si je ne vous aimais
pas autant. J'ai dit la vérité.
LE cap. G. Cela ne cii^nge en rien la situa-
tion.
RUDYAi^P KJPLINO.
Traduit de l'anglais par
Louis Fabulet et Arthur àustïn-JacksoM*
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