Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-07-07
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 juillet 1905 07 juillet 1905
Description : 1905/07/07 (Numéro 16089). 1905/07/07 (Numéro 16089).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE TEMPS: 1 Juillet !$(&,
eours de l'été 1904. Cette fois, c'est un parti de pê-
cheurs de phoques qui aurait cherché à s'emparer
des pêcheries du Kamtchatka. Les Russes firent
prisonniers 40 Japonais, qui furent tués après un in-
terrogatoire sommaire. Le navire japonais qui avait
amené les pêcheurs put s'échapper.
Le nouveau ministre de la guerre russe
La retraite du général Sakharof témoigné de l'in-
fluence prédominante exercée par le grand-duc Ni-
colas Nicolaïevitch dans toutes les questions relati-
ves à la défense nationale.
C'est, dit-on, la désignation du général Grippen-
berg comme inspecteur général do l'infanterie et
celle dû général Ostrogradski comme inspecteur
général de la cavalerie, au lieu et place du grand-duc
Nicolas lui-même, qui déterminèrent le général Sa-
kharof à présenter sa démission définitive à l'empe-
reur le 23 juin. Son départ a été immédiatement
suivi de la nomination du général Rediger comme
ministre, et de celle du général Palitzyne comme
chef d'état-major général; ces deux choix sont en-
core dictés par le grand-duc, particulièrement celui
du général Palitzyne, en dernier lieu chef d'état-
major de l'inspection générale de la cavalerie.
Le général Rediger est Finlandais d'origine et
luthérien de religion bien que portant un de ces
noms à consonnance non russe qui ont peine à de-
venir populaires en Russie, il est universellement
estimé pour ses connaissances approfondies et pour
son expérience consommée dans toutes les matières
touchant à l'administration militaire. Il fit la cam-
pagne de 1877-1878 dans les Balkans et servit dans
état-major du corps de la garde. Professeur à l'aca-
démie d'état-major pendant quinze ans, il écrivit
plusieurs ouvrages estimés sur les problèmes d'or-
ganisation militaire. Il dirigea ensuite la chancelle-
rie du ministère de la guerre et se mit par là à même
de connaître dans le détaille fonctionnement de tous
les services de l'administration centrale.
Le général Rediger passe pour partisan de la
paix et rompt sur ce point avec les errements de
son prédécesseur, qui conseillait de continuer la
guerre au moins jusqu'à l'obtention d'un succès.
Les négociations de paix
Il résulte de renseignements officiels qu'un armis-
tice no peut être conclu, le Japon ayant fait connaî-
tre qtfif n'accorderait pas d'armistice avant que les
plénipotentiaires russes eussent formellement ac-
cepté les propositions qu'il veut donner comme bases
aux négociations.
Le général Silvestre
Le général Silvestre, chef de la mission française
en Mandchourie, a été reçu par l'empereur le 5 juil-
let et retenu à déjeuner par le souverain.
Nouvelles mobilisations en Russie
En même temps que la 8° mobilisation partielle se
poursuit dans les différents gouvernements de la
Russie d'Europe et fournit des renforts destinés aux
armées de Mandchourie, on annonce deNovo-Tcher-
kask (province du Don) la mobilisation spéciale de
six régiments cosaques destinés au maintien de l'or-
dre intérieur.
<£
AFFAIRES COLONIALES
Algérie
Un télégramme de l'ingénieur en chef des ponts
ét chaussées d'Oran annonce que la locomotive est
arrivée pour la première .fois le 3 juillet en gare de
Colomb-Béehar, notre poste avancé du sud-oranais,
récemment établi à l'ouest du Djebel-Béchar.
Malgré les grandes difficultés qu'il a fallu surmon-
ter, la section du chemin de fer Ben-Zireg-Béchar de
51 kilomètres a été exécutée en six mois.
Le steamer Loire est arrivé hier soir à Alger ve-
nant de l'île d'Aix. Ce paquebot a à son bord un con-
voi de 600 condamnés aux travaux forcés et des re-
légués. Il embarquera aujourd'hui les condamnés qui
sont au dépôt de l'Harrach et fera ensuite route
pour la Guyane.
Le croiseur protégé autrichien Kaiser-F'rans-To-
seph-I™ a mouillé hier dans le port d'Alger. Ce na-
vire vient de Fiume et appareillera samedi pour
Carthagène.
NOUVELLES DE L'iTRâHGlR
Affaires du Maroc
Le correspondant du Times à Madrid, dans une
dépêche en date du 5 juillet, se dit en mesure d'an-
noncer que le gouvernement espagnol n'a pas répon-
du au sultan du Maroc, parce qu'il considère comme
indispensable de savoir d'abord officiellement les
questions que la conférence aura à discuter. Il
estime que l'indépendance du sultan, l'intégrité de
ses domaines et la porte ouverte au commerce in-
taruatioïial. sotvt &3.mraçça.rdéQS par le traité do 1880
et par les accords franco-anglais et franco-espa-
gnol.'
En .tout cas, l'Espagne ne décidera rien avant
-d'être officiellement informée de ce que feront les
puissances, surtout l'Angleterre et la Franco, car
elle se considère comme la puissance la plus inté-
ressée, après ces dernières, dans la question maro-
taine.
L'Italie, la Porte et Tripoli
Notre correspondant de Constantinople nous écrit
II est fort probable, comme le. dit la Stampa de
Turin, qu'un syndicat italien se .forme en vue d'ac-
tiver la pénétration pacifique et commerciale de
l'Italie en Tripolitaine; mais c'est se bercer d'illu-
sions que de croire que l'on réussira à amener le
gouvernement ottoman à s'associer à cette initia-
tive. On ne s'est pas fait faute de crier par-dessus
les toits les aspirations de l'Italie à l'égard de la
Tripolitaine, et on a éveillé les soupçons de la Tur-
quie à un tel point que l'on peut être aujourd'hui
bien certain de toujours rencontrer auprès de la
Porte une opposition systématique aux demandes
les plus simples. Croire que le gouvernement otto-
man, dans les dispositions d'esprit où il se trouve,
consentirait à souscrire à un programme de « péné-
tration pacifique», comme il est de mode de dire au-
jourd'hui, est enfantin.
Il n'est pas étonnant que l'ambassadeur de Tur-
quie à Rome soit venu ici pour « conférer avec le
gouvernement sur la question de la Tripolitaine »,
comme le dit une dépêche de je ne sais quelle
agence; seulement il y a à ce propos deux remarques
à faire la première, c'est qu'il n'y a pas de question
de la Tripolitaine la seconde, c'est que si 1 ambas-
sadeur avait demandé un congé pour son plaisir,
pour affaires privées ou pour affaires de famille, il
ne l'aurait fort probablement pas obtenu, tandis
qu'on appuyant sa demande sur une raison poli-
tique, il était certain de réussir. Je ne dis pas que
dans le cas de Rechid bey, il en a été ainsi. Il n en
est pas moins vrai qu'un événement va avoir lieu
dans sa famille: le mariage de son fils avec sa cou-
sine, la fille de Zia pacha, ex-ambassadeur à Paris,
actuellement directeur général du cadastre de l'em-
pire, et certainement c'est bien plutôt cette raison
qui motive la présence ici de l'ambassadeur près le
Quirinal que la question de la Tripolitaine, non exis-
tante aux yeux du gouvernement ottoman.
La crise économique en Espagne
Le comité organisateur de la campagne entrepriso
dans le but d'obtenir l'abaissement du prix des den-
rées a décidé d'inviter la population ouvrière à ces-
ser le travail le 20 juillet, pendant vingt-quatre heu-
res, dans toute l'Espagne, en signe de protestation
contre les procédés des classes dirigeantes et des
députés aux Cortès, y compris les républicains.
Après la manifestation, la campagne reprendra
avec plus d'énergie que jamais afin d'obtenir l'ou-
verture de travaux publics et l'abaissement du prix
des denrées alimentaires.
Le ministre de l'agriculture a fait des démar-
ches pour obtenir l'abaissement du prix des trans-
ports et des billets de chemins de fer. Il partira lun-
di pour l'Andalousie.
Allemagne
Les journaux allemands reproduisent .une lettre
récente du professeur Koch, en mission, comme on
sait, dans l'Afrique équatoriale pour l'étude de la
maladie du sommeil et des ravages dont la mouche
tsé-tsé est l'instrument.
L'illustre bactériologiste écrit d'Iringa qu'il a tra-
versé un foyer de tsé-tsé par lequel d'innombrables
boeufs ont trouvé la mort; il est convaincu que ce
foyer peut être rendu inoffensif grâce à quelques
mesures très simples qu'il faudra prendre. L'essen-
tiel pour lui, c'est qu'il a réussi à trouver dans la
mouche 'tsé-tsé le trypanosome, qu'il a la certitude
que le parasite accomplit son évolution dans le
corps môme de la mouche. A son retour il espère
compléter sa découverte, et tirer parti de ses obser-
vations sur la fièvre et la peste.
Autriche-Hongrie
On nous écrit de Prague
De nombreux Tchèques de Prague se réuniront le
13 juillet, à la veille de la Fête nationale française,
à la « Mestanskei Besedei » (Cercle des citoyens de
Prague) pour manifester les sentiments d'amitié
fidèle dont la Bohême est animée envers la France
ît Paris. ~gleterre
̃iftjigleterre
M. Balfour, considérant qu'il ne reste que dix-
sept jours au gouvernement pour achever son pro-
gramme législatif (le reste des séances do juillet et
̃août étant consacré au vote des crédits), a décidé
d'user de la guillotine parlementaire dont il se servit
l'an dernier lors de la discussion de la loi sur les dé-
bitants afin de hâter le vote de cette loi et d'éyiter
l'obstruction.
TJAliens bill sera donc, malgré les protestations de
l'opposition, voté le W juillet.
«** L'honorable W. GuIIy, ancien président do la
£hambxe des eexamunes^ oui vient d'être anobli
par le roi, prendra dorénavant le titre de vicomte
Seîby, nom de jeune fille de sa femme.
Belgique
Les nouvelles qui arrivent de province donnent
des détails navrants sur les effets do l'ouragan de
cette nuit. La foudre qui n'a cessé de gronder toute
la nuit a renversé des centaines d'arbres et incendié
plusieurs;fermes. Les récoltes ont été ravagées ou
couchées par la pluie torrentielle.
Espagne
Le banquet offert à Barcelone par la municipalité
à l'amiral lord Charles Beresford sur la montagne
Tibidado s'est terminé par des toasts du maire et de.
l'amiraljportant réciproquement la santé des familles
royales d'Angleterre et d'Espagne.
Le juge chargé de l'instruction dans l'affaire de
la catastrophe du réservoir des eaux a déposé son
rapport. Les conclusions ne mettent en cause que
les trois ingénieurs qui dirigeaient les travaux et
contre lesquels un procès en responsabilité était
déjà ouvert.
Afrique du Sud
Lord Solborne a reçu mardi une députation de
l'organisation boer Het Volk et du parti du gouver-
nement responsable, au sujet du droit dé vote qu'il
est question d'accorder aux soldats anglais en gar-
nison dans l'Afrique du Sud.
Les organisations boers protestent contre ce plan.
Lord Selborne a répondu que le soin de décider si
les militaires étaient attitrés pour le vote était con-
fié aux cours, mais qu'en tous les cas le nombre de
ceux qui auraient les qualifications requises était in-
signifiant.
États-TJni3
La célébration de la fête nationale américaine,
Independance day (4 juillet), donne lieu tous les ans
aux Etats-Unis à des manifestations patriotiques si
violentes qu'il y a de nombreux morts et blessés à
déplorer.
D'après le Daily Express, cette année 486 personnes
ont été tuées et 2,431 blessées.
L'année dernière, il y avait eu 468 tués et 1,977
blessés.
D'après un télégramme de l'agence Laffan, 8 per-
sonnes ont été tuées, 17 blessées mortellement et
206 blessées dans l'Etat de Manhattan; 75 incendies
ont également été allumés accidentellement dans
ce même Etat. Les gens tiraient des coups de revol-
ver à tort et à travers.
**• A la suite d'une explosion dans les charbonna-
ges de Tidewater, à Vivian, dans la Virginie occi-
dentale, on a relevé 9 morts et 80 blessés, dont 15
sont mourants. De plus, il y a trente ouvriers man-
quant à l'appel qui ont probablement péri.
La ~Vio à Paris
Un roman maritime. Le Potemkine. Les feuilletons
du télégraphe. La suite au prochain numéro.
Nadar et les aérostiers du siège. l/Histoire d'un
ruisseau. Un- homme. Les décorations. La
fièvre rouge. L'acteur Raymond. Un souvenir du
Conservatoire. Le lendemain du Salon. La
décorite. Symptômes et guérison. Rubans et en-
rubannés. La maladie de l'espoir.
Prùsper Mérimée fut un narquois sentimen-
tal, cachant sous une froideur voulue des ten-
dresses qu'il redoutait de voir traiter de faibles-
ses. G'étaitsa pudeur. Il affectait de répéter que
les scélérats sont moins dangereux que les sots,
et avant J.-J. Weiss il eût volontiers déclaré
que « c'est beau, un beau crime ». Entre un
bandit corse l'invitant à manger quelque mou-
ton embroché par une branchetté et rôti au-des-
sus d'un feu de sarments dans le maquis, et une
mondaine le priant à son thé de cinq heures, il
n'eût pas hésité il eût préféré le bandit. Pros-
per Mérimée adorait le pittoresque..
Il avait écrit une nouvelle- saisissante
comme toutes ses nouvelles -r et conté l'histoire
de ce Taînango, le révolté nègre secouant le
joug du navire négrier et envoyant par-dessus
bord le capitaine et les officiers. Tamango,
maître du navire, fier de sa liberté, ne sait plus
comment voguer sur cet océan, sans maître,
mais sans limite. Et le spectacle de ce noir, es-
clave de la destinée comme il l'était de ses
chefs, ne manque ni de grandeur ni de mélan-
colie.
L'aventure duPotemkine fût fait sourire l'au-
teur de Tamango. Il eût écrit à l'ami Panizzi ou
à telle ou telle "inconnue » fervente de ses auto-
graphes quelque ironique petit billet du matin
où il n'eût point manqué de déclarer que
son histoire des faux Démétrius était terri-
blement froide ce qui est vrai comparée à
Ta rcailte des romans Ecrivez comme Léon Gozlan,
l'Histoire de cent trente femmes (un chef-d'œu-
vre), la révolte des matelots transportant des
convicts en Australie et s'emparant, en pleine
mer, de cette proie humaine, de cette chair fé-
minine. Inventez, comme Eugène Sue, la baccha-
nale de ce roman byronien qui s'appelle itx.Sa-
la?nandre, décrivez le tapage, la tuerie, la coulée
d'alcool et de sang dans le chapitre, un moment
fameux: «la Salamandre a touché sa paye hier»
-sorte de beuverie de Jordaens ou de Téniers
tournant au tragique! Toutes ces imaginations
réunies paraîtront fades, modérées, timides,
banales, comparées à cette réalité fantastique
un cuirassé qui tient sous ses canons en révolte
une. ville en alarme. Une mouvante citadelle
russe menaçant une cité moscovite. Un vais-
seau-fantôme apparaissant, çàet là, à Constanza
ou à Théodosie, comme une menace de mort.
Il faudrait un Jules Verne uni à un Rudyard
Kipling ou à un Wells, il faudrait un Edgar
Poë pour donner à un tel roman toute sa ccu-
leur farouche. Quel étonnant, incroyable, émou-
vant, effrayant roman-feuilleton, et comme
notre ami Malot doit suivre avec passion cette
aventure, du fond de sa retraite de Fontenay-
sous-Bois l « La suite au prochain numéro. »
Jamais formule n'a été plus admirablement
employée, et le romancier, cette fois, l'Eugène
Sue, le Gozlan, le Soulié, c'est le télégraphe. Il
suspend l'intérêt avec un art parfait. Il a des
demi-silences et des demi-informations qui rap-
pellent les points d'interrogation célèbres d'un
Ponson du Terrail ou d'un Gaboriau « Quelle
était cette main? Quelle était cette tête? » Les
« On ignore où se trouve le Potemkine. On est
sans nouvelles des bateaux mutinés » valent
bien ces points de suspension lourds d'angois-
ses. Le télégraphe dose l'émotion avec un art
infini et avant peu la véritable maîtresse du
roman-feuilleton, sera la télégraphie sans fil.
Nous vivons dans l'improbable, et le ving-
tième siècle, impresario stupéfiant, commence
par d'étranges spectacles. C'était bien l'heure
pour un savant tel qu'Elisée Reclus de faire
son testament plein de foi, malgré tout, dans
l'avenir de l'humanité, en écrivant ce livre su-
prême dont les premières livraisons commen-
cent à paraître alors que leur auteur disparaît
l'Homme et la Terre. L'heure viendra-t-elle
bientôt où la terre sera plus maternelle, où les
hommes seront plus heureux?
Elisée Reclus le croyait fermement, et des
êtres tels que lui eussent hâté l'avènement des
sociétés fraternelles. Ce grand laborieux, hon-
neur de la science française, était à la fois le
plus doux et le plus résolu des hommes. Le bon
Nadar, qui durant le siège de Paris avait orga-
nisé une compagnie d'aérostiers .destinés à
.surveiller l'ennemi bulle d'air servant d'ob-
servatoire à la ville de pierre,. disait en causant
Victor Hugo -vit arriver, un matin, à Mont-
martre, un homme d'une quarantaine d'années,
vêtu de la capote de garde national, qui lui dit
doucement
-On ne nous fait rien faire par terre. Y a-t-il
quelque chose à tenter en l'air ? 'l
Certes, dit Nadar. Il y a même plus de
-dangers à courir dans nos ascensions que dans
les sorties. On couche sur la place Saint-Pierre
si l'on n'a pas peur des rhumatismes. On monte
en ballon si l'on n'a pas peur des balles. Et l'on
n'a pas de solde. Dévouement volontaire et gra-
tuit.
A la bonne heure répondit Elisée Reclus.
Mais vous savez, si je n'ai rien à faire avec vous
je retourne aux remparts 1
Il y retourna quelques mois plus tard et fut
arrêté à Châtillon, dans une reconnaissance
matinale, un jour d'avril. Envoyé à Brest, il se
fit le professeur des compagnons de sa déten-
tion. Il leur enseigna les mathématiques, la géo-
graphie. Lui-même voulut repasser pour «ap-
prendre » encore, comme disait le vieil Ingres
en copiant des dessins de Léonard de Vinci
la philosophie. Il n'avait besoin cependant ni
de courage ni de patience. Il demanda, lui qui
ne demandait rien, des livres à M. Barthélemy
Saint-Hilaire.
Des livres? 2 Quels livres?. s'écriait,
bourru, le secrétaire du chef du pouvoir exé-
cutif. Envoyez-lui des livres, soit 1. Mais des
traductions, de simples traductions. Pas de
textes originaux. Cela lui apprendra à avoir pris
le fusil.
Châtiment de savant à savant I Ai tu nous
combats ? £« jn'e. liras joas tes auteur^ .dans Je
texte l Jules Simon contait l'anecdote avec sa
bonhomie malicieuse.
Elisée Reclus, calme, continua se conten-
tant des traductions à songer à ses œuvres
futures. Il avait écrit jadis, avant la monumen-
tale œuvre qui rendra son nom impérissable,
un délicieux ouvrage profond et exquis comme
d'un Michelet naturaliste, l'Histoire d'un ruis-
seau. Sa vie s'écoulait comme ce ruisseau
môme, limpide et pure, avec de l'or au fond la
tendresse de son âme. «L'histoire d'un ruisseau,
même lie celui qui naît et se perd dans la
mousse, est l'histoire de l'infini. » On eût pu
répéter à propos de lui le mot de la nièce de
Lamartine, Mme de Pierreclos, sur Emile Lit-
tré « Littré? C'est un saint qui ne croit pas en
Dieu. » Elisée Reclus était un saint ou un sage
qui croyait en l'humanité.
II aura assisté à une sorte d'éruption volcani-
que du vieux monde. Il aura vu la guerre d'A-
sie, l'avènement de ce Japon militaire qu'il
avait connu fleuri, souriant, paradisiaque.
La vie a de ces ironies. Autrefois, pour les
« Guides Joanne », la maison Hachelte avait
« Guides Jeanne H, la maison Hachette avait
demandé à Elisée Reclus, le géographe, la des-
cription des « villes d'hiver de la Méditerra-
née », Nice, Menton, Monaco, tous ces coins de
terre qui; lorsque Reclus les étudiait il y a
quarante-cinq ans étaient encore accessibles
aux énamourés de repos et sont devenus des
stations internationales, de grands « halls »
mondiaux aux bords de la mer. N'est-il pas
curieux que les premiers « Guides », à ces cités
de joies dont un Jean Lorrain exprime le par-
fum pénétrant, l'étrange griserie morbide,
aient été écrits par cet austère et puissant pen-
seur qui meurt aujourd'hui, non pas en exil,
'maison sa retraite toujours laborieuse,, dans
une ville paisible de Belgique?
L'historien du Ruisseau attendait que les cou-
rants humains ne formassent qu'un même
fleuve. « Alors, réunis en un même flot, nous
descendrons ensemble vers la grande mer où
toutes les vies vont se perdre et se renouveler.»
Et le ruisseau le ruisseau que chanta
Reclus, en vrai poète le ruisseau vient, avant
le fleuve, de se perdre dans l'immense Océan,
l'infini.
Ce n'est pas Elisée Reclus qui se fût préoccupé
de l'approche du 14 juillet autrement que par
les souvenirs évoqués par la date historique.
Pour d'autres, le 14 juillet est une échéance qui
cause, çà et là, bien des insomnies. Le 14 juil-
let est le jour où l'on décore. Des rêves enru-
bannés bercent présentement le sommeil d'un
nombre considérable de citoyens français et les
apostilles courent les ministères.
Je'plains les puissants qui tiennent en main
les destinées des candidats. Ils sont assiégés de
recommandations. Ils sont bombardés de de-
mandes. C'est le Port-Arthur de la Légion
d'honneur.
On n'imagine pas les assauts que subissent
les détenteurs de rubans et de rosettes. J'en-
tends encore l'excellent Eugène Spuller me
dire, pâle d'émotion, quand j'entrai, une veille
de « décorations », dans son cabinet de ministre
de l'instruction publique
Yous ne croirez pas à ce qui m'arrive? Là,
tout a l'heure, à la place où vous êtes, un do
vos confrères m'a diten propres termes « Mon-
sieur le ministre, jamais je n'oserai rentrer chez
moi et revoir ma femme et mes enfants si je ne
leur apporte- pas l'assurance que je suis dé-
coré J'aime mieux mourir » Et il a tiré de sa
poche un revolver qu'il a un moment appliqué
sous son menton. Voyez-vous le scandale s'il
avait eu le malheur de presser la gâchette
Je crois bien que j'ai conté le trait déjà, sans
nommer le confrère qui appuyait ainsi sa de-
mande de croix d'un canon de revolver.
Mais jrai'eu à peu près la même aventure que
notre ami Spuller, mon ministre. Le pauvre
Raymond, cet acteur de drame qui mourait
l'autre jour, ignoré de la foule, estimé de ses
amis, me disait dans mon cabinet, après une
audition à la Comédie
J'ai femme et enfants. Si vous ne m'en-
gagez pas aujourd'hui je me jette à l'eau ce
soir
Et le malheureux eût été homme à mettre à
exécution sa menace. C'était l'engagement
comme la décoration par la pitié.
Lavoixprofonde, intelligent, plein de foi, Ray-
mond avait un physique terrible. La face était
celle d'une tête de mort. On ne pouvaitg-uère l'u-
VMseTfet \emE01ieureuxisc ùcaoYaiVAen'a^ovï pas
d'engagement après avoir, çà et -là, interprété
les poètes. A l'Odéon, il avait joué un combat-
tant écossais dans les Jacobites de François
Coppée. Il évoquait fièrement ce souvenir. Mais
ce qui le soutenait, l'encourageait, l'hypnotisait,
c'était la parole que lui avait dite, un soir, ave-
nue d'Eylau, Victor Hugo, après l'avoir entendu
dans une des tirades du Roi s'amuse
Monsieur, je n'ai jamais entendu interpré-
ter le rôle par personne mieux que par vous.
Si l'on reprend le Roi s'amuse, le comédien qui;
jouera Triboulet, je le connais, c'est vous! 1
Raymond traduisait ainsi du moins les paro-
les du poète. Et il attendait il attendit tou-
jours la reprise du Roi s'amuse. On ne saura
jamais tout ce qu'un compliment peut causer de
joie et de malheurs à un brave homme.
Et j'entends encore le pauvre artiste, convain-
cu et désespéré, me dire
Mais enfin l'opinion de Victor Hugo va-
lait ,bien celle d'un jury du Conservatoire!
Ce jury lui-même, il est exposé à ces mena-
ces de suicide qui vous font hésiter entre la co-
lère et la pitié. « Couronnez-moi ou je me tue! »
Je vois encore, pendant une séance d'examens,
Ambroise Thomas, le meilleur des hommes, ar-
river, tout pâle, une dépêehe télégraphique à la
main
Ah messieurs, si vous saviez la nouvelle
que je reçois! 1
Un des concurrents avait déclaré que s'il n'é-
tait pas admis à concourir il se brûlerait la cer-
velle il en avait donné l'assurance à la souve-
raine de son pays (car c'étaitun étranger), et la
reine, éperdue, en avertissait le directeur du
Conservatoire.
-7- Il serait capable d'avoir dit vrai s'écria
Camille Doucet. Faisons-le concourir, d'autant
plus qu'il aura du talent.
Il en a un, fit Dumas. Il a déjà le télé-
gramme tragique!
Et royal, appuya Ambroise Thomas.
Je souhaite que les dispensateurs du ruban
rouge n'aient pas à supporter de tels assauts,
à subir d'aussi énervantes épreuves. Rien n'est
plus triste, je le sais bien, rien n'est plus na-
vrant que d'avoir à tenir entre ses mains lesort
d'un pauvre diable qui croit en son génie, et se
heurtant aux obstacles quotidiens, se révolte
contré l'injustice humaine, mesure sa valeur a
son ambition ou à sa foi, et de déceptions en
déceptions, traîne ses rêves à la remorque,
lassé et mécontent.
Je voyais passer hier, remontant ou dascen-
dant l'avenue des Champs-Elysées, les haquets
et les voitures de déménagement qui portaient
reportaient-aux exposants duSalon de 1905
les toiles décrochées, la plupart invendues, qui
allaient réintégrer les ateliers des peintres. Dé-
filé mélancolique de cadres entassés comme en
des fourgons funèbres Lente théorie de ta-
bleaux'sans acheteurs Des nudités vainement
roses, des paysages inutilement verts, des ba-
tailles sans victoire, des scènes théâtrales sans
public tout le déballage de l'exhibition qui
fut brillante, le lendemain des œillades aux vi-
.siteurs, ce qui reste de nos fêtes, de nos pre-
mières, le «décrochez-moi çà » des attractions
passées
Et je calculais mentalement tout ce qu'il y a
de déboires dans ces lendemains, de peu d'élus
parmi tous les appelés du catalogue, de tris-
tesses après tant d espoirs, d'amertumes après
tant d'illusions.
On rêve alors de n'avoir pas à se prononcer
sur le mérite et le sort des gens et de regarder
en son coin passer la farandole des appétits,
des ambitions, des espérances I
Pour le moment elle s'en va, la farandole,
vers le ruban rouge. Elle enguirlande les mi-
nistres, elle leur sourit, elle fait des grâces.
L'étoile d'émail est le rayonnant accessoire de
cet immense cotillon.
Et c'est ainsi que deux fois par an sévit cette
fièvre spéciale qu'une femme d'infiniment
d'esprit et de grâce appelait hier devant moi la
« décorite ». La « décorite », maladie inflam-
matoire qui se calme pendant de longs mois et
reparaît, à dates fixes, tous les semestres, aux
approches du jour de l'an et de la Fête natio-
nale. Maladie lancinante, sorte de fièvre céré-
brale, qui fait vraiment souffrir ceux qui en
sont atteints. Variété de méningite qui trouble
l'intelligence et donne le délire aux plus cal-
mes. Fièvre d'ailleurs contagieuse, car le fait de
mes. Fièvre d'ailleurs s c Q- ntameuse car le fa de
_xoir un_ ami atteint de « iié£Qrjiê_» jguérijBâr
~<)'t~t?.K~<
la simple application d'un bout de ruban en
forme de sparadrap rose, communique immé-
diatement au malade non satisfait une crise
nouvelle, un accès plus aigu.
Il faudrait un thermomètre spécial pour ob-
server les degrés de la « décorite ». On a vu
des cas mortels. La « fièvre verte », dite acadé-
mique, est moins violente et-moins répandue
d'ailleurs que la « fièvre rouge » la « déco-
rite » fait comprendre le mot toujours actuel de
ëchœlcher « Je crois que la Légion d'honneur
a fait Gommettre plus de bassesses qu elle n'a,
inspiré de grandes choses. »
Elle en inspiré de grandes joies, et cela suffit.
Elle est encore une façon touchante de récom-
penser de braves gens qui croient à l'amulette
sacrée. Un de mes amis, un Parisien, un bou-
levardier, un sceptique, ayant eu à Buzenval
le gosier traversé par une balle, me disait, la
voix à peine saisissable par suite de sa bles-
sure qui ne guérit jamais
Ah I j'ai eu de la chance I
Et il me montrait sa boutonnière rougie. On
lui eût rendu la parole nette et claire, il eût dit:
« Non 1 j'aime mieux ma croix !» »
Il est de ces croyants encore, et c'est parmi ,i
eux que la « décorite » fait des ravages. Quand
on pense qu'une simple signature peut devenir
le remède décisif et qu'un décret à l'Officiel
vaut mieux que toutes les ordonnances des sa-
vants, on souhaite que l'épidémie de « décorite »
soit le plus largement possible enrayée pour six
mois au moins-, mais on plaint les maîtres
docteurs qui n'ont dans leur lot qu'un petit
nombre de remèdes quelques centimètres à
peine du sparadrap officiel et auraient vrai-
ment besoin de plusieurs aunes de ruban pour
les malheureux pris de fièvre.
Mais là encore la « décorite » a un caractère de
malignité étrange. Le malade ne souhaite pas
seulement sa propre guérison. Il ne lui déplaît
pas que le voisin demeure fiévreux. Si tout le
monde était décoré, personne, en réalité, ne le
serait. Un des symptômes de la «décorite», c'est
le peu d'indulgence qu'a le sujet pour le confrère
atteint du même malaise. J'en sais qui se con-
solent de n'être point guéris en constatant que
tel rival ne l'est pas non plus. D'autres ont leur
convalescence gâtée par l'idée que le remède
officiel a été également appliqué au voisin de
combat. C'est ainsi que l'émulation s'affirme et
que la « décorite » laisse destraces. Mais le cerveau
est si léger, oui, allégé ainsi qu'au lendemain
d'une migraine quand elle disparaît, qu'à tout
prendre la «décorite», variété de l'espérance, est
un mal dont on regrette aussi d'être guéri
une fièvre de jeunesse qu'on regrette comme
tant d'autres amourettes et qui s'en va comme
ces autres ivresses où il suffisait d'un gant ra-
massé après une valse, d'un brin de bouquet
conservé, d'un bout de ruban enfermé dans un
tiroir pour vous rendre heureux 1
Un pas de plus, et quelque savant, de ceux
qui voient des maladies partout, va me traiter
de fétichiste. Une rose fanée, c'est un fétiche,
-en effet. Et le ruban rouge, c'est le fétiche des
amoureux de la gloire. La« décorite», après tout,
c'est la maladie de l'humanité tout entière, c'est
la maladie de l'espoir et, plus ambitieuse que
les enfiévrés du ruban rouge, l'humanité rêve,
réclame, attend quoi ? le Bonheur, tout
simplement.
On ne le distribue pas, comme les rubans,
deux fois par année.
̃ • Jules Claretie.
AFFAIRES MILITAIRES
ÂEMËS
LE CONTINGENT DE LA Seine., Le service du
recrutement vient d'établir comme suit la statisti-
que du contingent de la classe 1904 qui sera appelée
sous les drapeaux au mois d'octobre
Inscrits, 24,249; appelés pour trois ans, 11,179; dis-
pensés en vertu de l'article 21 (fils de veuves, frères de
militaires, etc.), 3,214; dispensés en vertu de l'article 23
(étudiants, élèves des grandes écoles, etc.), 377 pré-
sents sous les drapeaux comme engagés, 3,027; ajour-
nés, 3,766 classés dans les services auxiliaires, 878
condamnés exclus de l'armée, 7; exemptés pour infir-
mités, 1,801.
Le nombre des jeunes gens formant les quatre
premières parties de la liste de recrutement, et qui
par conséquent sont astreints au service, s'élève à
17,797, soit environ 75 0/0 des inscrits.
Cette proportion est sensiblement égale à. celle de
l'année derniôro.
MARINE
LE MINISTRE DE LA MARINE AUX manœuvres NA-
VALES. On annonce que M. Thomson, ministre de
la marine, assistera à la revue qui-terminera les ma-
nœuvres navales..
M. Thomson se rendrait le 27 juillet à Marseille
où il s'embarquerait sur le Brennus qui porte le pa-
villon du vice-amiral Fournier, commandant en
chef des forces réunies pour les manoeuvres, et irait
de Marseille aux Salins-d'Hyères, où aura lieu la
revue.
«ifc^_
LA COUPE GORDON-BENNETT
(Dépêches de notre envoyé spécial)
Clermont-Ferrand, 6 juillet, 8 h.
La France a gagné.
Ce fut hier, à Laschamp, une journée d'enthou-
siasme inoubliable; la victoire récompensa heureu-
sement l'effort considérable que représente pour
notre industrie nationale de l'automobile la prépa-
ration, les dépenses, les sélections et la lutte su-
prême pour conquérir la première place dans une
épreuve où nous luttions avec une représentation
qui n'est pas proportionnelle à notre importance.
La victoire d'hier avait une importance particu-
lière après les déclarations faites par l'Automobile-
Club do France de ne plus recourir la coupe Gordon-
Bennett en 1906. Battus, c'était un double échec mo-
ral et matériel; vainqueurs, nous aurons pour nous
le beau geste, lorsque le trophée conquis hier sera
rendu à son créateur, M. James Gordon-Bennett.
C'est Théry qui, pour la deuxième fois consécu-
tive, a battu hier, par sa persévérance et sa téna-
cité, le champ international qui lui était opposé. La
lutte fut rude et la victoire longtemps incertaine;
elle n'en a pour Théry que plus de valeur.
Voici, avant de passer à l'historique de l'épreuve,
quel en fut le classement officiel
1 Théry (France). 7 h. 2' 42" 3/5
2 Nazzari (Italie) 7 19' 9" 1/5
3 Cagno (Italie). 7 21' 22" 3/5
4 Caillois (France) 7 27' 6\2/5
5 Werner (Allemagne). 8 3' 30"
6 Duray (France). 8 5' 50"
7 De Caters (Allemagne). 8 11' 3"
8 Rolls (Angleterre). 8 26' 42" 1/5
9 Clifford-Earp (Angleterre) 8 27' 29" 4/5
10 Braun (Autriche). 8 33' 5" 3/5
11 Bianchi (Angleterre). 8 38' 39" 2/5
12 Lyttle (Amérique).. 9 30" 32"
Voici le classement par équipes, en attribuant à
chacun des coureurs ayant abandonné dix-neuf
points, chiffre représentant le nombre des partants
plus un
1 Equipe française (Théry 1er, Caillois 4", Duray 6e),
11 points.
2 Equipe italienne (Nazzari 2a, Cagno 3°, Lancia aban-
donné), 24 points.
3 Equipe anglaise (Rolls 8e, Clifford-Earp 9°, Bianchi
11»), 28 points..
4 Equipe allemande (Werner 5e, de Caters 7«, Jenatzy
abandonné), 31 points.
5 Equipe autrichienne (Braun 10e, Burton et Hiero-
nymus abandonné), 48 points.
6 Equipe américaine (Lyttle 12», Tracy et Dingley
abandonné), 50 points.
Dix-huit voitures, représentant six nations, étaient
parties; douze seulement terminèrent dans les dé-
lais réglementaires.
Depuis le début jusqu'à la fin, la course ne fut
qu'un duel entre la France et l'Italie. Jamais, à au-
cun moment, aucun autre pays n'inquiéta les deux
sœurs latines dans cette lutte sportive et indus-
trielle. Ce fut, du reste, très émouvant. Dès le pre-
mier tour, l'Italien Lancia, grand favori au départ,
prenait nettement l'avantage. Sa voiture était plus
rapide que celle de Théry, incontestablement. Au
second tour, Lancia augmentait son avance et les
partisans de l'Italien Voyaient leurs chances aug-
menter. On savait que c était un conducteur froid,
méthodique, habitue à la montagne il paraissait
devoir gagner par vingt à trente minutes d'avance.
Quant à Théry, il poursuivait sa marche régu-
lière bien plus rapide qu'aux éliminatoires, puis-
qu'il gagna celles-ci en 7 h. 34 et qu'il remporta hier
la coupe en 7 h. 5 m. 2 s.; gagnant ainsi 32 minutes
sur son temps d'il y a trois semaines.
Lancia maintiendrait-il son allure pendant 550 ki-
lomètres ? Telle était la seule question qu'on se po-
sât. L'endurance et la régularité de Théry auraient-
elles raison de la furia italienne ? C'est ce qui ar-
riva.
On commençait à désespérer dans le camp fran-
çais, lorsque quelques minutes après que Théry eut
fini son troisième tour on annonça que Lancia était
arrêté aux Quatre-Routes de Clermont par suite
d'un accident de machine. L'espoir revint et les mi-
nutes succédèrent aux minutes. On les comptait
anxieusement. Dix passèrent, puis douze,puis quinze
minutes. Mais un concurrent surgit à l'extrémité de
la ligne droite qui mène aux tribunes. Emotion vio-
lente, bientôt calmée ce n'est pas Lancia, c'est la
voiture rouge d'un Américain qui passé. On atten-
dit ençora quarante-cinq minutes une nouvelle voi-
ture, mais Lsncia ne j>assa .plus jamais.
Théry avait la victoire, mais ceux qui à quelques
minutes près, le menaçaient encore, furent deux
Italiens, Nazzari et Çaçno, prêts à profiter de la
moindre défaillance du champion français. Il n'eri
eut pas.
Les Allemands et les Autrichiens n'inquiétèrent
jamais les coureurs de tête. Quant aux Américains
un seul finit sur trois. Seuls, les Anglais, et il faut
leur rendre cet hommage, finirent tous les trois dans
un temps honorable. C'est la seule nation avec la
France dont toutes les voitures finirent. Ajoutons
que le prix spécial de régularité décerné à la nation
dont les trois voitures font le meilleur total de temps
est échu naturellement à la France.
I/épreuye d'hier s'est courue sans accidents, pres-
que sans incidents, on doit s'en féliciter. Seul, Lan-
cia à son premier tour, au tournant de la Baraque,
ayant pris trop vite le virage, a fait faire un tour
complet à sa voiture, mais il n'a rien heurté et il est
reparti après cette petite émotion.
Le circuit d'Auvergne, dont le choix fut critiqué^
aura été clément aux coureurs il a imposé à ceux-ci
un travail considérable, il a chez eux développé en-
core les bonnes qualités d'un conducteur et il a mis
les voitures qui ont pris part à la coupe à une telle
épreuve que celles qui ont terminé se sont décerné
un brevet de robustesse et de maniabilité à nul autre
pareil.
La voiture Richard-Brasier que Théry a menée
hier à la victoire comme celle de Caillois, du
reste, n'avait pas besoin de ce testimonial. C'est le
même engin qui triompha. l'an dernier à Mazagran
et au Taunus, qui vient de triompher encore, con-
firmant sa victoire des éliminatoires. Jamais pa-
reille série de succès n'a été constatée et il serait in-
juste de ne pas associer ensemble dans la victoire le
conducteur Théry et l'ingénieur Brasier. La voiture
qu'a construite ce dernier était la plus faible de tou-
tes, quatre-vingt-seize chevaux, contre d'autres qui
en accusaient cent trente et cent cinquante. C'est
aussi le triomphe de la transmission par chaînes
qui semble condamner pour les grosses puissan-
ces la transmission à la cardan. Autre détail à. re-
marquer tous les roulements de la voiture Richard-
Brasier sont des roulements à billes dits D. W. F.
Il y a trois ans ce perfectionnement n'existait pas;
il était nécessaire aujourd'hui, dans une épreuve
où des démarrages fréquents n'étaient obtenus ra-
pidement qu'à cette condition. Enfin, dernière parti-
cularité l'allumage du moteur par une magnéto est
obtenu par un rupteur de l'invention de M. Brasier.
Ce sont les voitures italiennes Fiat qui, avec Naz-
zari et Cagno, ont pris la seconde et la troisième
place. M. le marquis de Vintimiglia, qui assistait
hier à la course, a tenu à complimenter de leur suc-
cès, en même temps que les coureurs, celui qui cons-
truisit leurs voitures, l'ingénieur Marchesi, de Tu-
rin, auquel s'était jointM. Emile Lamberjack, l'agent
général à Paris de cette maison.
Il est un nom également qu'il faut associer à
ceux des trois premiers classés c'est celui de M. Mi-
chelin, qui, fabricant en Franco et fabricant en
Italie, a réussi le double event de voir ses produits
triompher sur toute la ligne. Certains ont prétendu
que la course d'hier avait été une course de pneu-
matiques c'est un peu exagéré et ce serait excessif
de dire que le pneumatique est tout dans une
course où le moteur compte surtout. Du reste,
M. Michelin, complimenté sur sa troisième victoire
dans la coupe Gordon-Bennett car il gagna
déjà en 1900 et 1901 disait ceci « J'ai été
très heureux du choix de la dureté des routes
du « circuit » c'est pour nous un moyen de per-
fectionner. Mais je suis aussi content parce que
.l'on a ainsi montré à tout le monde les fatigues
qu'éprouvent des pneumatiques. Quand on va trop
vite dans les virages, il faut les changer, et on" les
a changés hier. Mais il en découle cet enseignement
utile aux touristes, c'est qu'il faut aller lentement
dans les virages. Un coup de frein mal donné, c'est
un pneumatique endommagé; un arrêt trop brusque,
c'est un pneumatique perdu. Si la coupe a pu faire
réfléchir quelques touristes en les rendant prudents,
ce faisant ils économiseront et utiliseront leurs
pneumatiques normalement, et ce ne sera pas un
mince service qu'aura rendu cette épreuve. »
Nous avons aussi interviewé M. Ernest Loeser, di-
recteur de la compagnie Continental, qui nous a dit
à ce sujet « Quoique le sort ne leur ait pas souri,
vous avez pu voir comment se sont comportés les
pneumatiques des voitures allemandes et autri-
chiennes. Malgré son importance, le pneumatique
n'est pas tout dans une course d'automobiles l'im-
portant est de savoir-comment il se comporte. Wer-
ner, qui montait nos pneumatiques, s'est classé le
premier de son équipe, et nous avons fait pour la
première fois en course l'application de l'antidéra-
pant Samson que beaucoup de touristes connaissent
déjà, mais qui a pu être employé sur nos pneus
aux vitesses que Ion a faites hier. »
Tout a concouru à rendre la course d'hier intéres-
sante à tous les points de vue. Les renseignements
qu'en dégageront les industries de l'automobile et
celles qui s'y rattachent vont encore permettre des
perfectionnements dont les touristes seront les pre-
miers à profiter. Ainsi se justifie la nécessité de la
course.
Maintenant Laschamp est désert. Le théâtre de
tant de compétitions, de tant d'espoirs et de décep-
tions est eLbandaïmé On n'-y reviendra pifoba3>leï*ieïvt
plus jamais courir une course d'automobiles.
Théry, le grand vainqueur, se repose de ses -fati-
gues d hier, la boutonnière ornée du ruban violet
que lui remit hier après sa victoire M. Clémentel,
ministre des colonies. Il parcourt tranquillement les
allées ombreuses du parc de Royat. Nous lui avons
demandé de nous raconter sa course. Il n'a pu nous
entretenir longuement, puisqu'il n'avait rien à dire,
sinon qu'il avait marché comme une horloge. Il nous
a seulement déclaré qu'il ne courrait plus jamais sa
petite fortune est faite, et il préfère, dit-il, la tran-
quillité de l'atelier et le calme de la vie de famille.
Il ne dérogerait à cette promesse qu'il s'est bien
faite à lui-même que pour aller courir en Amérique
la coupe Vanderbilt, pour laquelle il était engagé
avant la coupe Gordon-Bennett.
Mais il y a peu de chance qu'il traverse l'Atlanti-
que, car les Américains manquant de route veulent
faire disputer la coupe du célèbre millionnaire sur
un circuit de trente-quatre kilomètres de tour.
Comme il y a trente voitures engagées dans cette
épreuve, Théry ne veut pas aller se rompre les os
dans une exhibition de ce genre.
NOUVELLES DU JOUR
Le conseil supérieur et la commission centrale
executive de l'Alliance républicaine démocratique
ont, sur la proposition de M. Barthou, voté la mo-
tion suivante:
Le conseil supérieur, fidèle au programme politique
.et social de l'Alliance républicaine démocratique; ré-
solu à maintenir et à développer contre toutes les coa-
litions l'œuvre de laïcité par laquelle la République a
affirmé et défendu les droits supérieurs de l'Etat; ré-
solu également, dans l'ordre économique, à poursuivre
par la loi, avec méthode et sans violence, les réformes
d'assistance, de prévoyance et de liberté syndicale dont
la démocratie attend la réalisation; fermement atta-
ché à l'idée de patrie et au respect de l'armée nationale
qu'il tient pour inséparables du devoir et du progrès
républicains invite la commission exécutive en vue
des élections sénatoriales et législatives (Je 1S06, à as-
surer le triomphe de ce programme par l^union loyale
et active de tous les républicains qui s'inspirent du
même idéal.
Le bureau reste ainsi composé:
Président, M. Ad. Carnot vice-présidents, MM. Lour-
ties, Viger, J. Godin, Louis Barthou, Muteau, Fr. Hat-
tat secrétaire général, M. C. Pallu de la Barrière; tré-
sorier, M. Fr. 5,-hœn,
Hier a eu lieu, au Palais-d'Orsay, le banquet an-
nuel de la Société des artistes français, sous la pré-
sidence de M. Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire
d'Etat aux beaux-arts.
A la table d'honneur avaient pris place MM. To-
ny Robert-Fleury, président de la Société des artis-
tes français, Berthelot, Poincaré, Henry Boucher,
Mesureur, Roujon, Nénot, Roll, Henry Marcel, Ca-
rolus-Duran, Théodore Dubois, Fauré, etc.
Au dessert, NI. Tony Robert-Fleury exprime la
joie qu'il éprouve de voir un artiste, appelé par le
gouvernement au sous-secrétariat des ^beaux-arts,
présider cette fête toute familiale. Il félicite M. Du-
jardin-Beaumetz de l'incessante sollicitude avec la-
quelle il préside aux destinées des arts.
M. Dujardin-Bèaumetz, dans un discours très ap-
plaudi, après avoir rappelé la communauté d'éduca-
tion et d'origine qui l'unit aux artistes, expose le
rôle social de l'art et de l'artiste dans la société mo-
derne, et rappelle la nécessité pour l'artiste d'une,
étude approfondie de la nature.
Le sous-secrétaire d'Etat a ensuite assuré le pré-
sident de la Société des artistes qu'il ne négligerait
aucun moyen pour donner satisfaction à ses vœux
en ce qui concerne le musée des artistes vivants, et
il a terminé, aux applaudissements de l'assistance,
en annonçant qu'il avait obtenu le matin même, du
président du conseil, la création à l'Ecole des beaux-
arts d'ateliers et de chaires de gravure à l'eau-forte,
de gravure sur bois et de lithographie.
Enfin, M. Roll a porté, au nom de la Société na-
tionale des beaux-arts, un toast aux Artistcs fran-
çais.
Nous avons reçu la lettre suivante
Au directeur du Temps
Mon cher directeur,
Le banquet d'hier, en réunissant la Société des ar-
tistes français et la Société nationale aux côtés des re-
présentants de toutes les grandes administrations pu-
bliques, a montré une fois de plus la brillante et forts
organisation de ceux à qui Paris doit son cher Salon
annuel.
A cette occasion, voulez-vous me permettre d'avoir
recours au Temps pour faire connaître aux intéressés
un projet qui a déjà l'assentiment chaleureux de per-
sonnes émmentes, et dont la réalisation sans dimi-
nuer matériellement personne, en ajoutant au con-
traire un charme de plus à ce qui existe déjà -serait
peut-être un progrès considérable ? 2
Il s'agit des musiciens et surtout des exécutants.
Vous savez combien ils sont nombreux et quelle dif-
ficulté ils éprouvent parfois pour arriver jusqu'au pu-
blic. Ils ont créé des sociétés diverses de quatuor, de
musique de chambre, de chant choral, d'instruments
etc. mais ils vivent encore, on doit le déplo-
rer, à l'état de dispersion. Ils ignorent la force des
vaiûniés unies et le prestige des xpaaKestations coflefib-
tives. Pour guérir ce mal, pour offrir aux talents d»'
tout ordre 1 occasion de se produire dans des condi-
tions également favorables, on $ songé à demander
que, dans le Salop de 1908, une place fût faite aux mu-
siciens. Les sociétés & qui l'Etat concède pendant quel-
ques mois l'usage du Grand Palais, et pour qui posses*
sion vaut titre, n'auraient nullement à restreindre eij
faveur 4& nouveaux venus l'espace qu'elles occù--
pent. mais une des salles de l'immeuble, par exemple
le « salon des Fêtes », qui semble tout indiqué, accueil+
lerait les virtuoses régulièrement autorisés par un
jury à se faire entendre. Des tableaux, comme à l'or-
dinaire, seraient aecrochés aux murs; mais à des
heures déterminées de la journée, ils encadreraient
des concerts de choix pour lesquels le publia payerait
un supplément.
N'est-il pas équitable que tous les arts soient admis
dans un monument construit pour les beaux-arts? La
musique n'est pas gènanta; elle est immatérielle c'est
un souffle qui passe. Dans une même salle, sans sa
nuire l'un a l'autre, et même en se faisant valoir mu-
tuellement, pourraient très bien s'exposer un Tony
Robert-Fleury ou un Roll et un quatuor de Fauré ou:
de dlndy, un Besnard et un Pugno, un Détaille et un
Diémer, un Cormon et un Sarasate.
Qui pourrait se plaindre de cette innovation.? Le pu-
blic ? On peut affirmer qu'il en serait enchanté. La So-
ciété des artistes ? C'est un surcroît de visiteurs qu on,
lui amènerait. Les musiciens? Ils trouveraient là, entre
autres avantages, l'occasion de s'organiser d'une façon
sérieuse en nommant d'abord un jury chargé de les
représenter.
Veuillez, etc.. aomnna~azr;
I. COMBARIEC.
M. Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire d'Etat aux
beaux-arts, vient d'adresser au ministre de l'instruc-
tion publique un rapport sur la création d'une com-
mission chargée d'étudier toutes les questions rela-
tives à l'organisation des musées de province et à.
la conservation de leurs richesses artistiques.
Dans ce document, le sous-secrétaire d'Etat-aux
beaux-arts, rappelant les propres constatations de
son rapport sur le budget des beaux-arts de 1900,
ainsi que la circulaire du directeur des musées
nationaux en avril 1848, et les rapports annuels des
inspecteurs visant les défectuosités de la législation
concernant les musées, conclut de la sorte
Une enquête sur l'état présent des musées de pro-
vince peut seule fournir de précieuses indications à,
mon administration qui recueillera en même temps
les desiderata des municipalités intéressées, des con-
servateurs et des collectivités artistiques locales ou
régionales, dont la collaboration est parfois très utile-
ment réclamée par les musées provinciaux.
L'occasion serait également propice de provoquer le,
rédaction des inventaires partout où ils font défaut,
ce qui permettrait à l'Etat de se rendra un compte
exact de lai situation où sont presentement les œuvres
envoyées par lui en province depuis plus d'un siècle.
J'ai pensé, monsieur le ministre, quil conviendrait
de charger une commission extraparlementaire de cette
vaste enquête. Ladite commission comprendrait, avec
MM. les rapporteurs du budget de la Chambre des dé-
pûtes et du Sénat, un certain nombre de personnalités
connues en particulier par leurs travaux sur les mu-
sées de province.
La liste de ces personnalités, que j'ai l'honneur 0|
vous soumettre, jointe au projet d'arrêté ci-contre, est
de nature à donner sur ce point toute satisfaction 9-
l'opinion publique.
A la suite de rapport, M. Bienvenu-Martin a pris
un arrêté constituant, de la manière suivante, cett^
commission
MM.Deandreis,Antonin Dubost, Maurice Faure, Poin-
caré, Franck Chauveau, Fernand Crémieux, Destieux-
Junca, Lintilhac, Sébline, sénateurs.
Augagneur, Barthou, Pierre Baudin, Georges Ber-
ger, Léon Bourgeois, Henri Brisson, Couyba, ̃ Enge,-
rand, Gérault-Richàrd, Henry Maret, Massé, .Louis
Puech, Albert Sarraut, Sarrien, Serres, Simyan, dé-
putés. `.
Bayet, directeur de l'enseignement supérieur; Bi-
gard-Fabre, -chef du bureau des musées; Léon Bonnat;
Henri Bouchot; 'Bruman, directeur au ministère de
l'intérieur; Dayot; inspecteur des beaux-arts; Dislère,
• président de section au Conseil d'Etat; Guiffrey;
Hayard, inspecteur général des beaux-arts; Héron de
Villefosse; Homolle, de Lasteyrie, Cagnat, Pascal,
Emile Michel, membres de l'Institut; Paul Léon, chef
du cabinet du sous-secrétaire d'Etat; Liard, vice-rec-
teur de l'académie de Paris; Roger Marx, inspecteur
général des musées des départements.
Henry Roujon, secrétaire perpétuel de l'Académia
des beaux-arts; Sainsère, conseiller d'Etat; de Saint-
Arroman, chef de bureau à la direction de l'ensei-
gnement supérieur; Tissier, maître des requêtes au
Conseil d'Etat; de Fourcaud, professeur à l'Ecole des
beaux-arts Henry Lapauze, conservateur adjoint du
palais des beaux-arts de la ville de Paris Jules Gau-
tier, inspecteur général de l'instruction publique, chef
du cabinet du ministre de l'instruction publique.
Gustave Geffroy, Louis Gonsa, Frantz Jourdain, Er-
nest Laur, Louis Lumet, Léon Millot, Charles Sau-
nier, Edouard Sarradin. Eugène Thébault, Thiébault-
Sisson, Roger-Miles, écrivains d'art.
Rapporteur: M. Henry Lagrange, membre de la corn*
mission.
Secrétaires: MM. les inspecteurs de l'enseignement
du dessin et des musées, qui feront partie de la com-
mission avec voix consultative; Pelletier, chef adjoint
du secrétariat du sous-secrétaire d'Etat; Raoul Pradel,
secrétaire particulier du sous-secrétaire d'Etat; Riotr
tot, sous-chef du bureau des travaux d'art, musées et
expositions; Eugéne Berteaux, attaché au cabinet du
sous -secrétaire d'Etat.
M. Robineau, directeur des contributions indi-
rectes à Gap, est nommé en la même qualité à
Mâcon en remplacement de M. Rimpot, retraité.
M. Nourrissèt, sous-directeur a Lisieux, est nom*
mé directeur à Gap.
M. Lesage, inspecteur des finances, est nommé
contrôleur des dépenses engagées du ininistère dèV
travaux publics.
Par décret, les, élèves ingénieurs des ponts et
chaussées dont les noms suivent sont nommés in-
génieurs ordinaires de 3e classe des ponts et chaus-»
sées •
MM. Pellarin, François, Freyssinet, Epinay, Fou-
rault, Ott, Lutton, Caquot, Rocheray, Delande, Thé-
venot, Soulassol.
LES GRÈVES
On mande de Saint-Etienne
La teinturerie Fessy, à Val-Fleury, qui travaillait
encore hier, a congédié aujourd'hui ses ouvriers.
Le « lock-out patronal de la teinturerie stéphanoise
est complet.
AU JOUR LE JOUR
Les Américains à Paris Il
Le ministre de la mariné et Mme Gaston Thomso^
ont offert hier un dîner en l'honneur des ambassa,s
deurs extraordinaires et des officiers de l'escadre
dés Etats-Unis.
Mme Gaston Thomson avait à sa droite M. Mac
Cormick, ambassadeur des Etats-Unis à Paris, Mme
Motono, M. Rouvier, président du conseil, et à sa
gauche le général Horace Porter, ambassadeur extra-
ordinaire, Mme Fournier et le contre-amiral Sigsbee.
Le ministre de la marine avait à sa droite Mme Mac
Cormick, M. Loomis, ambassadeur extraordinaire,
Mme Abel Combarieu, et à. sa gauche Mme Rou-
vier, M. Motono, ministre du Japon, et Mme Smith.
Assistaient également au dîner:
Mme P. Crémieux, Mlles Valentine et Marguerite
Thomson; MM. Etienne, ministre de l'intérieur; Jon-
nart, gouverneur général de l'Algérie Mlle Arnould';
MM. Abel Combarieu, Paul Loubet, Cochery, Pierre
Baudin, Arène, le capitaine de vaisseau Hawley, les
capitaines de frégate Nicholson, Cutter, Sharp; le com-
missaire Heap, le médecin SteeLe, le commandant
Bowers, le lieutenant de vaisseau Cauley, l'aumônier
Livington-Bayard, de la marine américaine; Bailly-
Blanchard, secrétaire de l'ambassade des Etats-Unis;
le capitaine de corvette Smith, attaché naval à l'am-
bassade des Etats-Unis M. et Mme Moreau, le géné-
ral Dessirier, gouverneur militaire de Paris les vice-
amiraux de Maigret, Fournier Touchard, Melchior;
MM. Mollard, les docteurs Vidai et Delbet; Adrien Hé-
brard, Calmette.
Au dessert, M. Thomson a prononcé les paroles
suivantes
Messieurs,
II est de certaines circonstances qui parlent assfc^
haut pour se passer de commentaires. Celle qui nous
réunit aujourd'hui est de ce nombre.
Nul discours n'aurait l'éloquence de ce fait solennel
et mémorable d'une délégation de la grande Répu-
blique américaine venant rendre à la nation amie, à la
République française, une visite à laquelle son objet
même donne un caractère patriotique et affectueux de
nature à resserrer encore les liens qui unissent nos
deux nations.
Je souhaite la plus cordiale bienvenue aux membres
de cette délégation qui viennent du pays de Washing-
ton au pays de La Fayette pour y recueillir les reste*
glorieux d'un héroïque marin.
Retracer la vie de Paul Jones serait ouvrir le livre
d'or où les grands peuples, reconnaissants, inscrivent
et se transmettent de génération en génération et dèf
nation à nation les exploits do leurs illustres enfants;'
Je me contenterai de rappeler qu'en juillet 1792, notre.
Assemblée nationale, voulant honorer la mémoire da'
Paul Jones, décrétait que douze de ses membres asf-
sisteraient aux obsèques d'un homme qui avait bién;;
su défendre la cause de la liberté.
Cette cause est impérissable. C'est une grande joie
et un grand honneur pour moi, messieurs, de salue?*
en vous ses défenseurs les plus sincères et les plus
ardents, de saluer les fils d'une terre libre, d'une na-
tion qui depuis un siècle a marché à pas de géant
dans la voie du progrès, et qui à cette heure même,'
sous la haute et féconde présidence de l'homme émi*-
nent en l'honneur duquel je lève mon verre, sait prou-
ver que le seul désir, que la plus belle mission des
peuples puissants et forts est, toujours et partout, d'es*
sayer de maintenir la paix où de la rétablir.
M. Mac Corrnick, ambassadeur des Etats-Unis, a
répondu en ces termes
Je suis profondément touché, monsieur le ministre
des sentiments que vous venez d'exprimer à l'égard 4«
la République des Etats-Unis et de notre président. J<£
vous en remercie au nom de ma patrie, en mon noni
personnel, au nom des ambassadeurs en mission spôï
ciale et au noia de Famiral et des officiers de le.
flotte, j
jç lève mon verre en l'honneur de M. le président
de la République française, et je bois à l'amitié â&al
deux nâtiorisl çpnyataïu jjùe de même dija laPraneï
eours de l'été 1904. Cette fois, c'est un parti de pê-
cheurs de phoques qui aurait cherché à s'emparer
des pêcheries du Kamtchatka. Les Russes firent
prisonniers 40 Japonais, qui furent tués après un in-
terrogatoire sommaire. Le navire japonais qui avait
amené les pêcheurs put s'échapper.
Le nouveau ministre de la guerre russe
La retraite du général Sakharof témoigné de l'in-
fluence prédominante exercée par le grand-duc Ni-
colas Nicolaïevitch dans toutes les questions relati-
ves à la défense nationale.
C'est, dit-on, la désignation du général Grippen-
berg comme inspecteur général do l'infanterie et
celle dû général Ostrogradski comme inspecteur
général de la cavalerie, au lieu et place du grand-duc
Nicolas lui-même, qui déterminèrent le général Sa-
kharof à présenter sa démission définitive à l'empe-
reur le 23 juin. Son départ a été immédiatement
suivi de la nomination du général Rediger comme
ministre, et de celle du général Palitzyne comme
chef d'état-major général; ces deux choix sont en-
core dictés par le grand-duc, particulièrement celui
du général Palitzyne, en dernier lieu chef d'état-
major de l'inspection générale de la cavalerie.
Le général Rediger est Finlandais d'origine et
luthérien de religion bien que portant un de ces
noms à consonnance non russe qui ont peine à de-
venir populaires en Russie, il est universellement
estimé pour ses connaissances approfondies et pour
son expérience consommée dans toutes les matières
touchant à l'administration militaire. Il fit la cam-
pagne de 1877-1878 dans les Balkans et servit dans
état-major du corps de la garde. Professeur à l'aca-
démie d'état-major pendant quinze ans, il écrivit
plusieurs ouvrages estimés sur les problèmes d'or-
ganisation militaire. Il dirigea ensuite la chancelle-
rie du ministère de la guerre et se mit par là à même
de connaître dans le détaille fonctionnement de tous
les services de l'administration centrale.
Le général Rediger passe pour partisan de la
paix et rompt sur ce point avec les errements de
son prédécesseur, qui conseillait de continuer la
guerre au moins jusqu'à l'obtention d'un succès.
Les négociations de paix
Il résulte de renseignements officiels qu'un armis-
tice no peut être conclu, le Japon ayant fait connaî-
tre qtfif n'accorderait pas d'armistice avant que les
plénipotentiaires russes eussent formellement ac-
cepté les propositions qu'il veut donner comme bases
aux négociations.
Le général Silvestre
Le général Silvestre, chef de la mission française
en Mandchourie, a été reçu par l'empereur le 5 juil-
let et retenu à déjeuner par le souverain.
Nouvelles mobilisations en Russie
En même temps que la 8° mobilisation partielle se
poursuit dans les différents gouvernements de la
Russie d'Europe et fournit des renforts destinés aux
armées de Mandchourie, on annonce deNovo-Tcher-
kask (province du Don) la mobilisation spéciale de
six régiments cosaques destinés au maintien de l'or-
dre intérieur.
<£
AFFAIRES COLONIALES
Algérie
Un télégramme de l'ingénieur en chef des ponts
ét chaussées d'Oran annonce que la locomotive est
arrivée pour la première .fois le 3 juillet en gare de
Colomb-Béehar, notre poste avancé du sud-oranais,
récemment établi à l'ouest du Djebel-Béchar.
Malgré les grandes difficultés qu'il a fallu surmon-
ter, la section du chemin de fer Ben-Zireg-Béchar de
51 kilomètres a été exécutée en six mois.
Le steamer Loire est arrivé hier soir à Alger ve-
nant de l'île d'Aix. Ce paquebot a à son bord un con-
voi de 600 condamnés aux travaux forcés et des re-
légués. Il embarquera aujourd'hui les condamnés qui
sont au dépôt de l'Harrach et fera ensuite route
pour la Guyane.
Le croiseur protégé autrichien Kaiser-F'rans-To-
seph-I™ a mouillé hier dans le port d'Alger. Ce na-
vire vient de Fiume et appareillera samedi pour
Carthagène.
NOUVELLES DE L'iTRâHGlR
Affaires du Maroc
Le correspondant du Times à Madrid, dans une
dépêche en date du 5 juillet, se dit en mesure d'an-
noncer que le gouvernement espagnol n'a pas répon-
du au sultan du Maroc, parce qu'il considère comme
indispensable de savoir d'abord officiellement les
questions que la conférence aura à discuter. Il
estime que l'indépendance du sultan, l'intégrité de
ses domaines et la porte ouverte au commerce in-
taruatioïial. sotvt &3.mraçça.rdéQS par le traité do 1880
et par les accords franco-anglais et franco-espa-
gnol.'
En .tout cas, l'Espagne ne décidera rien avant
-d'être officiellement informée de ce que feront les
puissances, surtout l'Angleterre et la Franco, car
elle se considère comme la puissance la plus inté-
ressée, après ces dernières, dans la question maro-
taine.
L'Italie, la Porte et Tripoli
Notre correspondant de Constantinople nous écrit
II est fort probable, comme le. dit la Stampa de
Turin, qu'un syndicat italien se .forme en vue d'ac-
tiver la pénétration pacifique et commerciale de
l'Italie en Tripolitaine; mais c'est se bercer d'illu-
sions que de croire que l'on réussira à amener le
gouvernement ottoman à s'associer à cette initia-
tive. On ne s'est pas fait faute de crier par-dessus
les toits les aspirations de l'Italie à l'égard de la
Tripolitaine, et on a éveillé les soupçons de la Tur-
quie à un tel point que l'on peut être aujourd'hui
bien certain de toujours rencontrer auprès de la
Porte une opposition systématique aux demandes
les plus simples. Croire que le gouvernement otto-
man, dans les dispositions d'esprit où il se trouve,
consentirait à souscrire à un programme de « péné-
tration pacifique», comme il est de mode de dire au-
jourd'hui, est enfantin.
Il n'est pas étonnant que l'ambassadeur de Tur-
quie à Rome soit venu ici pour « conférer avec le
gouvernement sur la question de la Tripolitaine »,
comme le dit une dépêche de je ne sais quelle
agence; seulement il y a à ce propos deux remarques
à faire la première, c'est qu'il n'y a pas de question
de la Tripolitaine la seconde, c'est que si 1 ambas-
sadeur avait demandé un congé pour son plaisir,
pour affaires privées ou pour affaires de famille, il
ne l'aurait fort probablement pas obtenu, tandis
qu'on appuyant sa demande sur une raison poli-
tique, il était certain de réussir. Je ne dis pas que
dans le cas de Rechid bey, il en a été ainsi. Il n en
est pas moins vrai qu'un événement va avoir lieu
dans sa famille: le mariage de son fils avec sa cou-
sine, la fille de Zia pacha, ex-ambassadeur à Paris,
actuellement directeur général du cadastre de l'em-
pire, et certainement c'est bien plutôt cette raison
qui motive la présence ici de l'ambassadeur près le
Quirinal que la question de la Tripolitaine, non exis-
tante aux yeux du gouvernement ottoman.
La crise économique en Espagne
Le comité organisateur de la campagne entrepriso
dans le but d'obtenir l'abaissement du prix des den-
rées a décidé d'inviter la population ouvrière à ces-
ser le travail le 20 juillet, pendant vingt-quatre heu-
res, dans toute l'Espagne, en signe de protestation
contre les procédés des classes dirigeantes et des
députés aux Cortès, y compris les républicains.
Après la manifestation, la campagne reprendra
avec plus d'énergie que jamais afin d'obtenir l'ou-
verture de travaux publics et l'abaissement du prix
des denrées alimentaires.
Le ministre de l'agriculture a fait des démar-
ches pour obtenir l'abaissement du prix des trans-
ports et des billets de chemins de fer. Il partira lun-
di pour l'Andalousie.
Allemagne
Les journaux allemands reproduisent .une lettre
récente du professeur Koch, en mission, comme on
sait, dans l'Afrique équatoriale pour l'étude de la
maladie du sommeil et des ravages dont la mouche
tsé-tsé est l'instrument.
L'illustre bactériologiste écrit d'Iringa qu'il a tra-
versé un foyer de tsé-tsé par lequel d'innombrables
boeufs ont trouvé la mort; il est convaincu que ce
foyer peut être rendu inoffensif grâce à quelques
mesures très simples qu'il faudra prendre. L'essen-
tiel pour lui, c'est qu'il a réussi à trouver dans la
mouche 'tsé-tsé le trypanosome, qu'il a la certitude
que le parasite accomplit son évolution dans le
corps môme de la mouche. A son retour il espère
compléter sa découverte, et tirer parti de ses obser-
vations sur la fièvre et la peste.
Autriche-Hongrie
On nous écrit de Prague
De nombreux Tchèques de Prague se réuniront le
13 juillet, à la veille de la Fête nationale française,
à la « Mestanskei Besedei » (Cercle des citoyens de
Prague) pour manifester les sentiments d'amitié
fidèle dont la Bohême est animée envers la France
ît Paris. ~gleterre
̃iftjigleterre
M. Balfour, considérant qu'il ne reste que dix-
sept jours au gouvernement pour achever son pro-
gramme législatif (le reste des séances do juillet et
̃août étant consacré au vote des crédits), a décidé
d'user de la guillotine parlementaire dont il se servit
l'an dernier lors de la discussion de la loi sur les dé-
bitants afin de hâter le vote de cette loi et d'éyiter
l'obstruction.
TJAliens bill sera donc, malgré les protestations de
l'opposition, voté le W juillet.
«** L'honorable W. GuIIy, ancien président do la
£hambxe des eexamunes^ oui vient d'être anobli
par le roi, prendra dorénavant le titre de vicomte
Seîby, nom de jeune fille de sa femme.
Belgique
Les nouvelles qui arrivent de province donnent
des détails navrants sur les effets do l'ouragan de
cette nuit. La foudre qui n'a cessé de gronder toute
la nuit a renversé des centaines d'arbres et incendié
plusieurs;fermes. Les récoltes ont été ravagées ou
couchées par la pluie torrentielle.
Espagne
Le banquet offert à Barcelone par la municipalité
à l'amiral lord Charles Beresford sur la montagne
Tibidado s'est terminé par des toasts du maire et de.
l'amiraljportant réciproquement la santé des familles
royales d'Angleterre et d'Espagne.
Le juge chargé de l'instruction dans l'affaire de
la catastrophe du réservoir des eaux a déposé son
rapport. Les conclusions ne mettent en cause que
les trois ingénieurs qui dirigeaient les travaux et
contre lesquels un procès en responsabilité était
déjà ouvert.
Afrique du Sud
Lord Solborne a reçu mardi une députation de
l'organisation boer Het Volk et du parti du gouver-
nement responsable, au sujet du droit dé vote qu'il
est question d'accorder aux soldats anglais en gar-
nison dans l'Afrique du Sud.
Les organisations boers protestent contre ce plan.
Lord Selborne a répondu que le soin de décider si
les militaires étaient attitrés pour le vote était con-
fié aux cours, mais qu'en tous les cas le nombre de
ceux qui auraient les qualifications requises était in-
signifiant.
États-TJni3
La célébration de la fête nationale américaine,
Independance day (4 juillet), donne lieu tous les ans
aux Etats-Unis à des manifestations patriotiques si
violentes qu'il y a de nombreux morts et blessés à
déplorer.
D'après le Daily Express, cette année 486 personnes
ont été tuées et 2,431 blessées.
L'année dernière, il y avait eu 468 tués et 1,977
blessés.
D'après un télégramme de l'agence Laffan, 8 per-
sonnes ont été tuées, 17 blessées mortellement et
206 blessées dans l'Etat de Manhattan; 75 incendies
ont également été allumés accidentellement dans
ce même Etat. Les gens tiraient des coups de revol-
ver à tort et à travers.
**• A la suite d'une explosion dans les charbonna-
ges de Tidewater, à Vivian, dans la Virginie occi-
dentale, on a relevé 9 morts et 80 blessés, dont 15
sont mourants. De plus, il y a trente ouvriers man-
quant à l'appel qui ont probablement péri.
La ~Vio à Paris
Un roman maritime. Le Potemkine. Les feuilletons
du télégraphe. La suite au prochain numéro.
Nadar et les aérostiers du siège. l/Histoire d'un
ruisseau. Un- homme. Les décorations. La
fièvre rouge. L'acteur Raymond. Un souvenir du
Conservatoire. Le lendemain du Salon. La
décorite. Symptômes et guérison. Rubans et en-
rubannés. La maladie de l'espoir.
Prùsper Mérimée fut un narquois sentimen-
tal, cachant sous une froideur voulue des ten-
dresses qu'il redoutait de voir traiter de faibles-
ses. G'étaitsa pudeur. Il affectait de répéter que
les scélérats sont moins dangereux que les sots,
et avant J.-J. Weiss il eût volontiers déclaré
que « c'est beau, un beau crime ». Entre un
bandit corse l'invitant à manger quelque mou-
ton embroché par une branchetté et rôti au-des-
sus d'un feu de sarments dans le maquis, et une
mondaine le priant à son thé de cinq heures, il
n'eût pas hésité il eût préféré le bandit. Pros-
per Mérimée adorait le pittoresque..
Il avait écrit une nouvelle- saisissante
comme toutes ses nouvelles -r et conté l'histoire
de ce Taînango, le révolté nègre secouant le
joug du navire négrier et envoyant par-dessus
bord le capitaine et les officiers. Tamango,
maître du navire, fier de sa liberté, ne sait plus
comment voguer sur cet océan, sans maître,
mais sans limite. Et le spectacle de ce noir, es-
clave de la destinée comme il l'était de ses
chefs, ne manque ni de grandeur ni de mélan-
colie.
L'aventure duPotemkine fût fait sourire l'au-
teur de Tamango. Il eût écrit à l'ami Panizzi ou
à telle ou telle "inconnue » fervente de ses auto-
graphes quelque ironique petit billet du matin
où il n'eût point manqué de déclarer que
son histoire des faux Démétrius était terri-
blement froide ce qui est vrai comparée à
Ta rcailte
l'Histoire de cent trente femmes (un chef-d'œu-
vre), la révolte des matelots transportant des
convicts en Australie et s'emparant, en pleine
mer, de cette proie humaine, de cette chair fé-
minine. Inventez, comme Eugène Sue, la baccha-
nale de ce roman byronien qui s'appelle itx.Sa-
la?nandre, décrivez le tapage, la tuerie, la coulée
d'alcool et de sang dans le chapitre, un moment
fameux: «la Salamandre a touché sa paye hier»
-sorte de beuverie de Jordaens ou de Téniers
tournant au tragique! Toutes ces imaginations
réunies paraîtront fades, modérées, timides,
banales, comparées à cette réalité fantastique
un cuirassé qui tient sous ses canons en révolte
une. ville en alarme. Une mouvante citadelle
russe menaçant une cité moscovite. Un vais-
seau-fantôme apparaissant, çàet là, à Constanza
ou à Théodosie, comme une menace de mort.
Il faudrait un Jules Verne uni à un Rudyard
Kipling ou à un Wells, il faudrait un Edgar
Poë pour donner à un tel roman toute sa ccu-
leur farouche. Quel étonnant, incroyable, émou-
vant, effrayant roman-feuilleton, et comme
notre ami Malot doit suivre avec passion cette
aventure, du fond de sa retraite de Fontenay-
sous-Bois l « La suite au prochain numéro. »
Jamais formule n'a été plus admirablement
employée, et le romancier, cette fois, l'Eugène
Sue, le Gozlan, le Soulié, c'est le télégraphe. Il
suspend l'intérêt avec un art parfait. Il a des
demi-silences et des demi-informations qui rap-
pellent les points d'interrogation célèbres d'un
Ponson du Terrail ou d'un Gaboriau « Quelle
était cette main? Quelle était cette tête? » Les
« On ignore où se trouve le Potemkine. On est
sans nouvelles des bateaux mutinés » valent
bien ces points de suspension lourds d'angois-
ses. Le télégraphe dose l'émotion avec un art
infini et avant peu la véritable maîtresse du
roman-feuilleton, sera la télégraphie sans fil.
Nous vivons dans l'improbable, et le ving-
tième siècle, impresario stupéfiant, commence
par d'étranges spectacles. C'était bien l'heure
pour un savant tel qu'Elisée Reclus de faire
son testament plein de foi, malgré tout, dans
l'avenir de l'humanité, en écrivant ce livre su-
prême dont les premières livraisons commen-
cent à paraître alors que leur auteur disparaît
l'Homme et la Terre. L'heure viendra-t-elle
bientôt où la terre sera plus maternelle, où les
hommes seront plus heureux?
Elisée Reclus le croyait fermement, et des
êtres tels que lui eussent hâté l'avènement des
sociétés fraternelles. Ce grand laborieux, hon-
neur de la science française, était à la fois le
plus doux et le plus résolu des hommes. Le bon
Nadar, qui durant le siège de Paris avait orga-
nisé une compagnie d'aérostiers .destinés à
.surveiller l'ennemi bulle d'air servant d'ob-
servatoire à la ville de pierre,. disait en causant
Victor Hugo -vit arriver, un matin, à Mont-
martre, un homme d'une quarantaine d'années,
vêtu de la capote de garde national, qui lui dit
doucement
-On ne nous fait rien faire par terre. Y a-t-il
quelque chose à tenter en l'air ? 'l
Certes, dit Nadar. Il y a même plus de
-dangers à courir dans nos ascensions que dans
les sorties. On couche sur la place Saint-Pierre
si l'on n'a pas peur des rhumatismes. On monte
en ballon si l'on n'a pas peur des balles. Et l'on
n'a pas de solde. Dévouement volontaire et gra-
tuit.
A la bonne heure répondit Elisée Reclus.
Mais vous savez, si je n'ai rien à faire avec vous
je retourne aux remparts 1
Il y retourna quelques mois plus tard et fut
arrêté à Châtillon, dans une reconnaissance
matinale, un jour d'avril. Envoyé à Brest, il se
fit le professeur des compagnons de sa déten-
tion. Il leur enseigna les mathématiques, la géo-
graphie. Lui-même voulut repasser pour «ap-
prendre » encore, comme disait le vieil Ingres
en copiant des dessins de Léonard de Vinci
la philosophie. Il n'avait besoin cependant ni
de courage ni de patience. Il demanda, lui qui
ne demandait rien, des livres à M. Barthélemy
Saint-Hilaire.
Des livres? 2 Quels livres?. s'écriait,
bourru, le secrétaire du chef du pouvoir exé-
cutif. Envoyez-lui des livres, soit 1. Mais des
traductions, de simples traductions. Pas de
textes originaux. Cela lui apprendra à avoir pris
le fusil.
Châtiment de savant à savant I Ai tu nous
combats ? £« jn'e. liras joas tes auteur^ .dans Je
texte l Jules Simon contait l'anecdote avec sa
bonhomie malicieuse.
Elisée Reclus, calme, continua se conten-
tant des traductions à songer à ses œuvres
futures. Il avait écrit jadis, avant la monumen-
tale œuvre qui rendra son nom impérissable,
un délicieux ouvrage profond et exquis comme
d'un Michelet naturaliste, l'Histoire d'un ruis-
seau. Sa vie s'écoulait comme ce ruisseau
môme, limpide et pure, avec de l'or au fond la
tendresse de son âme. «L'histoire d'un ruisseau,
même lie celui qui naît et se perd dans la
mousse, est l'histoire de l'infini. » On eût pu
répéter à propos de lui le mot de la nièce de
Lamartine, Mme de Pierreclos, sur Emile Lit-
tré « Littré? C'est un saint qui ne croit pas en
Dieu. » Elisée Reclus était un saint ou un sage
qui croyait en l'humanité.
II aura assisté à une sorte d'éruption volcani-
que du vieux monde. Il aura vu la guerre d'A-
sie, l'avènement de ce Japon militaire qu'il
avait connu fleuri, souriant, paradisiaque.
La vie a de ces ironies. Autrefois, pour les
« Guides Joanne », la maison Hachelte avait
« Guides Jeanne H, la maison Hachette avait
demandé à Elisée Reclus, le géographe, la des-
cription des « villes d'hiver de la Méditerra-
née », Nice, Menton, Monaco, tous ces coins de
terre qui; lorsque Reclus les étudiait il y a
quarante-cinq ans étaient encore accessibles
aux énamourés de repos et sont devenus des
stations internationales, de grands « halls »
mondiaux aux bords de la mer. N'est-il pas
curieux que les premiers « Guides », à ces cités
de joies dont un Jean Lorrain exprime le par-
fum pénétrant, l'étrange griserie morbide,
aient été écrits par cet austère et puissant pen-
seur qui meurt aujourd'hui, non pas en exil,
'maison sa retraite toujours laborieuse,, dans
une ville paisible de Belgique?
L'historien du Ruisseau attendait que les cou-
rants humains ne formassent qu'un même
fleuve. « Alors, réunis en un même flot, nous
descendrons ensemble vers la grande mer où
toutes les vies vont se perdre et se renouveler.»
Et le ruisseau le ruisseau que chanta
Reclus, en vrai poète le ruisseau vient, avant
le fleuve, de se perdre dans l'immense Océan,
l'infini.
Ce n'est pas Elisée Reclus qui se fût préoccupé
de l'approche du 14 juillet autrement que par
les souvenirs évoqués par la date historique.
Pour d'autres, le 14 juillet est une échéance qui
cause, çà et là, bien des insomnies. Le 14 juil-
let est le jour où l'on décore. Des rêves enru-
bannés bercent présentement le sommeil d'un
nombre considérable de citoyens français et les
apostilles courent les ministères.
Je'plains les puissants qui tiennent en main
les destinées des candidats. Ils sont assiégés de
recommandations. Ils sont bombardés de de-
mandes. C'est le Port-Arthur de la Légion
d'honneur.
On n'imagine pas les assauts que subissent
les détenteurs de rubans et de rosettes. J'en-
tends encore l'excellent Eugène Spuller me
dire, pâle d'émotion, quand j'entrai, une veille
de « décorations », dans son cabinet de ministre
de l'instruction publique
Yous ne croirez pas à ce qui m'arrive? Là,
tout a l'heure, à la place où vous êtes, un do
vos confrères m'a diten propres termes « Mon-
sieur le ministre, jamais je n'oserai rentrer chez
moi et revoir ma femme et mes enfants si je ne
leur apporte- pas l'assurance que je suis dé-
coré J'aime mieux mourir » Et il a tiré de sa
poche un revolver qu'il a un moment appliqué
sous son menton. Voyez-vous le scandale s'il
avait eu le malheur de presser la gâchette
Je crois bien que j'ai conté le trait déjà, sans
nommer le confrère qui appuyait ainsi sa de-
mande de croix d'un canon de revolver.
Mais jrai'eu à peu près la même aventure que
notre ami Spuller, mon ministre. Le pauvre
Raymond, cet acteur de drame qui mourait
l'autre jour, ignoré de la foule, estimé de ses
amis, me disait dans mon cabinet, après une
audition à la Comédie
J'ai femme et enfants. Si vous ne m'en-
gagez pas aujourd'hui je me jette à l'eau ce
soir
Et le malheureux eût été homme à mettre à
exécution sa menace. C'était l'engagement
comme la décoration par la pitié.
Lavoixprofonde, intelligent, plein de foi, Ray-
mond avait un physique terrible. La face était
celle d'une tête de mort. On ne pouvaitg-uère l'u-
VMseTfet \emE01ieureuxisc ùcaoYaiVAen'a^ovï pas
d'engagement après avoir, çà et -là, interprété
les poètes. A l'Odéon, il avait joué un combat-
tant écossais dans les Jacobites de François
Coppée. Il évoquait fièrement ce souvenir. Mais
ce qui le soutenait, l'encourageait, l'hypnotisait,
c'était la parole que lui avait dite, un soir, ave-
nue d'Eylau, Victor Hugo, après l'avoir entendu
dans une des tirades du Roi s'amuse
Monsieur, je n'ai jamais entendu interpré-
ter le rôle par personne mieux que par vous.
Si l'on reprend le Roi s'amuse, le comédien qui;
jouera Triboulet, je le connais, c'est vous! 1
Raymond traduisait ainsi du moins les paro-
les du poète. Et il attendait il attendit tou-
jours la reprise du Roi s'amuse. On ne saura
jamais tout ce qu'un compliment peut causer de
joie et de malheurs à un brave homme.
Et j'entends encore le pauvre artiste, convain-
cu et désespéré, me dire
Mais enfin l'opinion de Victor Hugo va-
lait ,bien celle d'un jury du Conservatoire!
Ce jury lui-même, il est exposé à ces mena-
ces de suicide qui vous font hésiter entre la co-
lère et la pitié. « Couronnez-moi ou je me tue! »
Je vois encore, pendant une séance d'examens,
Ambroise Thomas, le meilleur des hommes, ar-
river, tout pâle, une dépêehe télégraphique à la
main
Ah messieurs, si vous saviez la nouvelle
que je reçois! 1
Un des concurrents avait déclaré que s'il n'é-
tait pas admis à concourir il se brûlerait la cer-
velle il en avait donné l'assurance à la souve-
raine de son pays (car c'étaitun étranger), et la
reine, éperdue, en avertissait le directeur du
Conservatoire.
-7- Il serait capable d'avoir dit vrai s'écria
Camille Doucet. Faisons-le concourir, d'autant
plus qu'il aura du talent.
Il en a un, fit Dumas. Il a déjà le télé-
gramme tragique!
Et royal, appuya Ambroise Thomas.
Je souhaite que les dispensateurs du ruban
rouge n'aient pas à supporter de tels assauts,
à subir d'aussi énervantes épreuves. Rien n'est
plus triste, je le sais bien, rien n'est plus na-
vrant que d'avoir à tenir entre ses mains lesort
d'un pauvre diable qui croit en son génie, et se
heurtant aux obstacles quotidiens, se révolte
contré l'injustice humaine, mesure sa valeur a
son ambition ou à sa foi, et de déceptions en
déceptions, traîne ses rêves à la remorque,
lassé et mécontent.
Je voyais passer hier, remontant ou dascen-
dant l'avenue des Champs-Elysées, les haquets
et les voitures de déménagement qui portaient
reportaient-aux exposants duSalon de 1905
les toiles décrochées, la plupart invendues, qui
allaient réintégrer les ateliers des peintres. Dé-
filé mélancolique de cadres entassés comme en
des fourgons funèbres Lente théorie de ta-
bleaux'sans acheteurs Des nudités vainement
roses, des paysages inutilement verts, des ba-
tailles sans victoire, des scènes théâtrales sans
public tout le déballage de l'exhibition qui
fut brillante, le lendemain des œillades aux vi-
.siteurs, ce qui reste de nos fêtes, de nos pre-
mières, le «décrochez-moi çà » des attractions
passées
Et je calculais mentalement tout ce qu'il y a
de déboires dans ces lendemains, de peu d'élus
parmi tous les appelés du catalogue, de tris-
tesses après tant d espoirs, d'amertumes après
tant d'illusions.
On rêve alors de n'avoir pas à se prononcer
sur le mérite et le sort des gens et de regarder
en son coin passer la farandole des appétits,
des ambitions, des espérances I
Pour le moment elle s'en va, la farandole,
vers le ruban rouge. Elle enguirlande les mi-
nistres, elle leur sourit, elle fait des grâces.
L'étoile d'émail est le rayonnant accessoire de
cet immense cotillon.
Et c'est ainsi que deux fois par an sévit cette
fièvre spéciale qu'une femme d'infiniment
d'esprit et de grâce appelait hier devant moi la
« décorite ». La « décorite », maladie inflam-
matoire qui se calme pendant de longs mois et
reparaît, à dates fixes, tous les semestres, aux
approches du jour de l'an et de la Fête natio-
nale. Maladie lancinante, sorte de fièvre céré-
brale, qui fait vraiment souffrir ceux qui en
sont atteints. Variété de méningite qui trouble
l'intelligence et donne le délire aux plus cal-
mes. Fièvre d'ailleurs contagieuse, car le fait de
mes. Fièvre d'ailleurs s c Q- ntameuse car le fa de
_xoir un_ ami atteint de « iié£Qrjiê_» jguérijBâr
~<)'t~t?.K~<
la simple application d'un bout de ruban en
forme de sparadrap rose, communique immé-
diatement au malade non satisfait une crise
nouvelle, un accès plus aigu.
Il faudrait un thermomètre spécial pour ob-
server les degrés de la « décorite ». On a vu
des cas mortels. La « fièvre verte », dite acadé-
mique, est moins violente et-moins répandue
d'ailleurs que la « fièvre rouge » la « déco-
rite » fait comprendre le mot toujours actuel de
ëchœlcher « Je crois que la Légion d'honneur
a fait Gommettre plus de bassesses qu elle n'a,
inspiré de grandes choses. »
Elle en inspiré de grandes joies, et cela suffit.
Elle est encore une façon touchante de récom-
penser de braves gens qui croient à l'amulette
sacrée. Un de mes amis, un Parisien, un bou-
levardier, un sceptique, ayant eu à Buzenval
le gosier traversé par une balle, me disait, la
voix à peine saisissable par suite de sa bles-
sure qui ne guérit jamais
Ah I j'ai eu de la chance I
Et il me montrait sa boutonnière rougie. On
lui eût rendu la parole nette et claire, il eût dit:
« Non 1 j'aime mieux ma croix !» »
Il est de ces croyants encore, et c'est parmi ,i
eux que la « décorite » fait des ravages. Quand
on pense qu'une simple signature peut devenir
le remède décisif et qu'un décret à l'Officiel
vaut mieux que toutes les ordonnances des sa-
vants, on souhaite que l'épidémie de « décorite »
soit le plus largement possible enrayée pour six
mois au moins-, mais on plaint les maîtres
docteurs qui n'ont dans leur lot qu'un petit
nombre de remèdes quelques centimètres à
peine du sparadrap officiel et auraient vrai-
ment besoin de plusieurs aunes de ruban pour
les malheureux pris de fièvre.
Mais là encore la « décorite » a un caractère de
malignité étrange. Le malade ne souhaite pas
seulement sa propre guérison. Il ne lui déplaît
pas que le voisin demeure fiévreux. Si tout le
monde était décoré, personne, en réalité, ne le
serait. Un des symptômes de la «décorite», c'est
le peu d'indulgence qu'a le sujet pour le confrère
atteint du même malaise. J'en sais qui se con-
solent de n'être point guéris en constatant que
tel rival ne l'est pas non plus. D'autres ont leur
convalescence gâtée par l'idée que le remède
officiel a été également appliqué au voisin de
combat. C'est ainsi que l'émulation s'affirme et
que la « décorite » laisse destraces. Mais le cerveau
est si léger, oui, allégé ainsi qu'au lendemain
d'une migraine quand elle disparaît, qu'à tout
prendre la «décorite», variété de l'espérance, est
un mal dont on regrette aussi d'être guéri
une fièvre de jeunesse qu'on regrette comme
tant d'autres amourettes et qui s'en va comme
ces autres ivresses où il suffisait d'un gant ra-
massé après une valse, d'un brin de bouquet
conservé, d'un bout de ruban enfermé dans un
tiroir pour vous rendre heureux 1
Un pas de plus, et quelque savant, de ceux
qui voient des maladies partout, va me traiter
de fétichiste. Une rose fanée, c'est un fétiche,
-en effet. Et le ruban rouge, c'est le fétiche des
amoureux de la gloire. La« décorite», après tout,
c'est la maladie de l'humanité tout entière, c'est
la maladie de l'espoir et, plus ambitieuse que
les enfiévrés du ruban rouge, l'humanité rêve,
réclame, attend quoi ? le Bonheur, tout
simplement.
On ne le distribue pas, comme les rubans,
deux fois par année.
̃ • Jules Claretie.
AFFAIRES MILITAIRES
ÂEMËS
LE CONTINGENT DE LA Seine., Le service du
recrutement vient d'établir comme suit la statisti-
que du contingent de la classe 1904 qui sera appelée
sous les drapeaux au mois d'octobre
Inscrits, 24,249; appelés pour trois ans, 11,179; dis-
pensés en vertu de l'article 21 (fils de veuves, frères de
militaires, etc.), 3,214; dispensés en vertu de l'article 23
(étudiants, élèves des grandes écoles, etc.), 377 pré-
sents sous les drapeaux comme engagés, 3,027; ajour-
nés, 3,766 classés dans les services auxiliaires, 878
condamnés exclus de l'armée, 7; exemptés pour infir-
mités, 1,801.
Le nombre des jeunes gens formant les quatre
premières parties de la liste de recrutement, et qui
par conséquent sont astreints au service, s'élève à
17,797, soit environ 75 0/0 des inscrits.
Cette proportion est sensiblement égale à. celle de
l'année derniôro.
MARINE
LE MINISTRE DE LA MARINE AUX manœuvres NA-
VALES. On annonce que M. Thomson, ministre de
la marine, assistera à la revue qui-terminera les ma-
nœuvres navales..
M. Thomson se rendrait le 27 juillet à Marseille
où il s'embarquerait sur le Brennus qui porte le pa-
villon du vice-amiral Fournier, commandant en
chef des forces réunies pour les manoeuvres, et irait
de Marseille aux Salins-d'Hyères, où aura lieu la
revue.
«ifc^_
LA COUPE GORDON-BENNETT
(Dépêches de notre envoyé spécial)
Clermont-Ferrand, 6 juillet, 8 h.
La France a gagné.
Ce fut hier, à Laschamp, une journée d'enthou-
siasme inoubliable; la victoire récompensa heureu-
sement l'effort considérable que représente pour
notre industrie nationale de l'automobile la prépa-
ration, les dépenses, les sélections et la lutte su-
prême pour conquérir la première place dans une
épreuve où nous luttions avec une représentation
qui n'est pas proportionnelle à notre importance.
La victoire d'hier avait une importance particu-
lière après les déclarations faites par l'Automobile-
Club do France de ne plus recourir la coupe Gordon-
Bennett en 1906. Battus, c'était un double échec mo-
ral et matériel; vainqueurs, nous aurons pour nous
le beau geste, lorsque le trophée conquis hier sera
rendu à son créateur, M. James Gordon-Bennett.
C'est Théry qui, pour la deuxième fois consécu-
tive, a battu hier, par sa persévérance et sa téna-
cité, le champ international qui lui était opposé. La
lutte fut rude et la victoire longtemps incertaine;
elle n'en a pour Théry que plus de valeur.
Voici, avant de passer à l'historique de l'épreuve,
quel en fut le classement officiel
1 Théry (France). 7 h. 2' 42" 3/5
2 Nazzari (Italie) 7 19' 9" 1/5
3 Cagno (Italie). 7 21' 22" 3/5
4 Caillois (France) 7 27' 6\2/5
5 Werner (Allemagne). 8 3' 30"
6 Duray (France). 8 5' 50"
7 De Caters (Allemagne). 8 11' 3"
8 Rolls (Angleterre). 8 26' 42" 1/5
9 Clifford-Earp (Angleterre) 8 27' 29" 4/5
10 Braun (Autriche). 8 33' 5" 3/5
11 Bianchi (Angleterre). 8 38' 39" 2/5
12 Lyttle (Amérique).. 9 30" 32"
Voici le classement par équipes, en attribuant à
chacun des coureurs ayant abandonné dix-neuf
points, chiffre représentant le nombre des partants
plus un
1 Equipe française (Théry 1er, Caillois 4", Duray 6e),
11 points.
2 Equipe italienne (Nazzari 2a, Cagno 3°, Lancia aban-
donné), 24 points.
3 Equipe anglaise (Rolls 8e, Clifford-Earp 9°, Bianchi
11»), 28 points..
4 Equipe allemande (Werner 5e, de Caters 7«, Jenatzy
abandonné), 31 points.
5 Equipe autrichienne (Braun 10e, Burton et Hiero-
nymus abandonné), 48 points.
6 Equipe américaine (Lyttle 12», Tracy et Dingley
abandonné), 50 points.
Dix-huit voitures, représentant six nations, étaient
parties; douze seulement terminèrent dans les dé-
lais réglementaires.
Depuis le début jusqu'à la fin, la course ne fut
qu'un duel entre la France et l'Italie. Jamais, à au-
cun moment, aucun autre pays n'inquiéta les deux
sœurs latines dans cette lutte sportive et indus-
trielle. Ce fut, du reste, très émouvant. Dès le pre-
mier tour, l'Italien Lancia, grand favori au départ,
prenait nettement l'avantage. Sa voiture était plus
rapide que celle de Théry, incontestablement. Au
second tour, Lancia augmentait son avance et les
partisans de l'Italien Voyaient leurs chances aug-
menter. On savait que c était un conducteur froid,
méthodique, habitue à la montagne il paraissait
devoir gagner par vingt à trente minutes d'avance.
Quant à Théry, il poursuivait sa marche régu-
lière bien plus rapide qu'aux éliminatoires, puis-
qu'il gagna celles-ci en 7 h. 34 et qu'il remporta hier
la coupe en 7 h. 5 m. 2 s.; gagnant ainsi 32 minutes
sur son temps d'il y a trois semaines.
Lancia maintiendrait-il son allure pendant 550 ki-
lomètres ? Telle était la seule question qu'on se po-
sât. L'endurance et la régularité de Théry auraient-
elles raison de la furia italienne ? C'est ce qui ar-
riva.
On commençait à désespérer dans le camp fran-
çais, lorsque quelques minutes après que Théry eut
fini son troisième tour on annonça que Lancia était
arrêté aux Quatre-Routes de Clermont par suite
d'un accident de machine. L'espoir revint et les mi-
nutes succédèrent aux minutes. On les comptait
anxieusement. Dix passèrent, puis douze,puis quinze
minutes. Mais un concurrent surgit à l'extrémité de
la ligne droite qui mène aux tribunes. Emotion vio-
lente, bientôt calmée ce n'est pas Lancia, c'est la
voiture rouge d'un Américain qui passé. On atten-
dit ençora quarante-cinq minutes une nouvelle voi-
ture, mais Lsncia ne j>assa .plus jamais.
Théry avait la victoire, mais ceux qui à quelques
minutes près, le menaçaient encore, furent deux
Italiens, Nazzari et Çaçno, prêts à profiter de la
moindre défaillance du champion français. Il n'eri
eut pas.
Les Allemands et les Autrichiens n'inquiétèrent
jamais les coureurs de tête. Quant aux Américains
un seul finit sur trois. Seuls, les Anglais, et il faut
leur rendre cet hommage, finirent tous les trois dans
un temps honorable. C'est la seule nation avec la
France dont toutes les voitures finirent. Ajoutons
que le prix spécial de régularité décerné à la nation
dont les trois voitures font le meilleur total de temps
est échu naturellement à la France.
I/épreuye d'hier s'est courue sans accidents, pres-
que sans incidents, on doit s'en féliciter. Seul, Lan-
cia à son premier tour, au tournant de la Baraque,
ayant pris trop vite le virage, a fait faire un tour
complet à sa voiture, mais il n'a rien heurté et il est
reparti après cette petite émotion.
Le circuit d'Auvergne, dont le choix fut critiqué^
aura été clément aux coureurs il a imposé à ceux-ci
un travail considérable, il a chez eux développé en-
core les bonnes qualités d'un conducteur et il a mis
les voitures qui ont pris part à la coupe à une telle
épreuve que celles qui ont terminé se sont décerné
un brevet de robustesse et de maniabilité à nul autre
pareil.
La voiture Richard-Brasier que Théry a menée
hier à la victoire comme celle de Caillois, du
reste, n'avait pas besoin de ce testimonial. C'est le
même engin qui triompha. l'an dernier à Mazagran
et au Taunus, qui vient de triompher encore, con-
firmant sa victoire des éliminatoires. Jamais pa-
reille série de succès n'a été constatée et il serait in-
juste de ne pas associer ensemble dans la victoire le
conducteur Théry et l'ingénieur Brasier. La voiture
qu'a construite ce dernier était la plus faible de tou-
tes, quatre-vingt-seize chevaux, contre d'autres qui
en accusaient cent trente et cent cinquante. C'est
aussi le triomphe de la transmission par chaînes
qui semble condamner pour les grosses puissan-
ces la transmission à la cardan. Autre détail à. re-
marquer tous les roulements de la voiture Richard-
Brasier sont des roulements à billes dits D. W. F.
Il y a trois ans ce perfectionnement n'existait pas;
il était nécessaire aujourd'hui, dans une épreuve
où des démarrages fréquents n'étaient obtenus ra-
pidement qu'à cette condition. Enfin, dernière parti-
cularité l'allumage du moteur par une magnéto est
obtenu par un rupteur de l'invention de M. Brasier.
Ce sont les voitures italiennes Fiat qui, avec Naz-
zari et Cagno, ont pris la seconde et la troisième
place. M. le marquis de Vintimiglia, qui assistait
hier à la course, a tenu à complimenter de leur suc-
cès, en même temps que les coureurs, celui qui cons-
truisit leurs voitures, l'ingénieur Marchesi, de Tu-
rin, auquel s'était jointM. Emile Lamberjack, l'agent
général à Paris de cette maison.
Il est un nom également qu'il faut associer à
ceux des trois premiers classés c'est celui de M. Mi-
chelin, qui, fabricant en Franco et fabricant en
Italie, a réussi le double event de voir ses produits
triompher sur toute la ligne. Certains ont prétendu
que la course d'hier avait été une course de pneu-
matiques c'est un peu exagéré et ce serait excessif
de dire que le pneumatique est tout dans une
course où le moteur compte surtout. Du reste,
M. Michelin, complimenté sur sa troisième victoire
dans la coupe Gordon-Bennett car il gagna
déjà en 1900 et 1901 disait ceci « J'ai été
très heureux du choix de la dureté des routes
du « circuit » c'est pour nous un moyen de per-
fectionner. Mais je suis aussi content parce que
.l'on a ainsi montré à tout le monde les fatigues
qu'éprouvent des pneumatiques. Quand on va trop
vite dans les virages, il faut les changer, et on" les
a changés hier. Mais il en découle cet enseignement
utile aux touristes, c'est qu'il faut aller lentement
dans les virages. Un coup de frein mal donné, c'est
un pneumatique endommagé; un arrêt trop brusque,
c'est un pneumatique perdu. Si la coupe a pu faire
réfléchir quelques touristes en les rendant prudents,
ce faisant ils économiseront et utiliseront leurs
pneumatiques normalement, et ce ne sera pas un
mince service qu'aura rendu cette épreuve. »
Nous avons aussi interviewé M. Ernest Loeser, di-
recteur de la compagnie Continental, qui nous a dit
à ce sujet « Quoique le sort ne leur ait pas souri,
vous avez pu voir comment se sont comportés les
pneumatiques des voitures allemandes et autri-
chiennes. Malgré son importance, le pneumatique
n'est pas tout dans une course d'automobiles l'im-
portant est de savoir-comment il se comporte. Wer-
ner, qui montait nos pneumatiques, s'est classé le
premier de son équipe, et nous avons fait pour la
première fois en course l'application de l'antidéra-
pant Samson que beaucoup de touristes connaissent
déjà, mais qui a pu être employé sur nos pneus
aux vitesses que Ion a faites hier. »
Tout a concouru à rendre la course d'hier intéres-
sante à tous les points de vue. Les renseignements
qu'en dégageront les industries de l'automobile et
celles qui s'y rattachent vont encore permettre des
perfectionnements dont les touristes seront les pre-
miers à profiter. Ainsi se justifie la nécessité de la
course.
Maintenant Laschamp est désert. Le théâtre de
tant de compétitions, de tant d'espoirs et de décep-
tions est eLbandaïmé On n'-y reviendra pifoba3>leï*ieïvt
plus jamais courir une course d'automobiles.
Théry, le grand vainqueur, se repose de ses -fati-
gues d hier, la boutonnière ornée du ruban violet
que lui remit hier après sa victoire M. Clémentel,
ministre des colonies. Il parcourt tranquillement les
allées ombreuses du parc de Royat. Nous lui avons
demandé de nous raconter sa course. Il n'a pu nous
entretenir longuement, puisqu'il n'avait rien à dire,
sinon qu'il avait marché comme une horloge. Il nous
a seulement déclaré qu'il ne courrait plus jamais sa
petite fortune est faite, et il préfère, dit-il, la tran-
quillité de l'atelier et le calme de la vie de famille.
Il ne dérogerait à cette promesse qu'il s'est bien
faite à lui-même que pour aller courir en Amérique
la coupe Vanderbilt, pour laquelle il était engagé
avant la coupe Gordon-Bennett.
Mais il y a peu de chance qu'il traverse l'Atlanti-
que, car les Américains manquant de route veulent
faire disputer la coupe du célèbre millionnaire sur
un circuit de trente-quatre kilomètres de tour.
Comme il y a trente voitures engagées dans cette
épreuve, Théry ne veut pas aller se rompre les os
dans une exhibition de ce genre.
NOUVELLES DU JOUR
Le conseil supérieur et la commission centrale
executive de l'Alliance républicaine démocratique
ont, sur la proposition de M. Barthou, voté la mo-
tion suivante:
Le conseil supérieur, fidèle au programme politique
.et social de l'Alliance républicaine démocratique; ré-
solu à maintenir et à développer contre toutes les coa-
litions l'œuvre de laïcité par laquelle la République a
affirmé et défendu les droits supérieurs de l'Etat; ré-
solu également, dans l'ordre économique, à poursuivre
par la loi, avec méthode et sans violence, les réformes
d'assistance, de prévoyance et de liberté syndicale dont
la démocratie attend la réalisation; fermement atta-
ché à l'idée de patrie et au respect de l'armée nationale
qu'il tient pour inséparables du devoir et du progrès
républicains invite la commission exécutive en vue
des élections sénatoriales et législatives (Je 1S06, à as-
surer le triomphe de ce programme par l^union loyale
et active de tous les républicains qui s'inspirent du
même idéal.
Le bureau reste ainsi composé:
Président, M. Ad. Carnot vice-présidents, MM. Lour-
ties, Viger, J. Godin, Louis Barthou, Muteau, Fr. Hat-
tat secrétaire général, M. C. Pallu de la Barrière; tré-
sorier, M. Fr. 5,-hœn,
Hier a eu lieu, au Palais-d'Orsay, le banquet an-
nuel de la Société des artistes français, sous la pré-
sidence de M. Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire
d'Etat aux beaux-arts.
A la table d'honneur avaient pris place MM. To-
ny Robert-Fleury, président de la Société des artis-
tes français, Berthelot, Poincaré, Henry Boucher,
Mesureur, Roujon, Nénot, Roll, Henry Marcel, Ca-
rolus-Duran, Théodore Dubois, Fauré, etc.
Au dessert, NI. Tony Robert-Fleury exprime la
joie qu'il éprouve de voir un artiste, appelé par le
gouvernement au sous-secrétariat des ^beaux-arts,
présider cette fête toute familiale. Il félicite M. Du-
jardin-Beaumetz de l'incessante sollicitude avec la-
quelle il préside aux destinées des arts.
M. Dujardin-Bèaumetz, dans un discours très ap-
plaudi, après avoir rappelé la communauté d'éduca-
tion et d'origine qui l'unit aux artistes, expose le
rôle social de l'art et de l'artiste dans la société mo-
derne, et rappelle la nécessité pour l'artiste d'une,
étude approfondie de la nature.
Le sous-secrétaire d'Etat a ensuite assuré le pré-
sident de la Société des artistes qu'il ne négligerait
aucun moyen pour donner satisfaction à ses vœux
en ce qui concerne le musée des artistes vivants, et
il a terminé, aux applaudissements de l'assistance,
en annonçant qu'il avait obtenu le matin même, du
président du conseil, la création à l'Ecole des beaux-
arts d'ateliers et de chaires de gravure à l'eau-forte,
de gravure sur bois et de lithographie.
Enfin, M. Roll a porté, au nom de la Société na-
tionale des beaux-arts, un toast aux Artistcs fran-
çais.
Nous avons reçu la lettre suivante
Au directeur du Temps
Mon cher directeur,
Le banquet d'hier, en réunissant la Société des ar-
tistes français et la Société nationale aux côtés des re-
présentants de toutes les grandes administrations pu-
bliques, a montré une fois de plus la brillante et forts
organisation de ceux à qui Paris doit son cher Salon
annuel.
A cette occasion, voulez-vous me permettre d'avoir
recours au Temps pour faire connaître aux intéressés
un projet qui a déjà l'assentiment chaleureux de per-
sonnes émmentes, et dont la réalisation sans dimi-
nuer matériellement personne, en ajoutant au con-
traire un charme de plus à ce qui existe déjà -serait
peut-être un progrès considérable ? 2
Il s'agit des musiciens et surtout des exécutants.
Vous savez combien ils sont nombreux et quelle dif-
ficulté ils éprouvent parfois pour arriver jusqu'au pu-
blic. Ils ont créé des sociétés diverses de quatuor, de
musique de chambre, de chant choral, d'instruments
etc. mais ils vivent encore, on doit le déplo-
rer, à l'état de dispersion. Ils ignorent la force des
vaiûniés unies et le prestige des xpaaKestations coflefib-
tives. Pour guérir ce mal, pour offrir aux talents d»'
tout ordre 1 occasion de se produire dans des condi-
tions également favorables, on $ songé à demander
que, dans le Salop de 1908, une place fût faite aux mu-
siciens. Les sociétés & qui l'Etat concède pendant quel-
ques mois l'usage du Grand Palais, et pour qui posses*
sion vaut titre, n'auraient nullement à restreindre eij
faveur 4& nouveaux venus l'espace qu'elles occù--
pent. mais une des salles de l'immeuble, par exemple
le « salon des Fêtes », qui semble tout indiqué, accueil+
lerait les virtuoses régulièrement autorisés par un
jury à se faire entendre. Des tableaux, comme à l'or-
dinaire, seraient aecrochés aux murs; mais à des
heures déterminées de la journée, ils encadreraient
des concerts de choix pour lesquels le publia payerait
un supplément.
N'est-il pas équitable que tous les arts soient admis
dans un monument construit pour les beaux-arts? La
musique n'est pas gènanta; elle est immatérielle c'est
un souffle qui passe. Dans une même salle, sans sa
nuire l'un a l'autre, et même en se faisant valoir mu-
tuellement, pourraient très bien s'exposer un Tony
Robert-Fleury ou un Roll et un quatuor de Fauré ou:
de dlndy, un Besnard et un Pugno, un Détaille et un
Diémer, un Cormon et un Sarasate.
Qui pourrait se plaindre de cette innovation.? Le pu-
blic ? On peut affirmer qu'il en serait enchanté. La So-
ciété des artistes ? C'est un surcroît de visiteurs qu on,
lui amènerait. Les musiciens? Ils trouveraient là, entre
autres avantages, l'occasion de s'organiser d'une façon
sérieuse en nommant d'abord un jury chargé de les
représenter.
Veuillez, etc.. aomnna~azr;
I. COMBARIEC.
M. Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire d'Etat aux
beaux-arts, vient d'adresser au ministre de l'instruc-
tion publique un rapport sur la création d'une com-
mission chargée d'étudier toutes les questions rela-
tives à l'organisation des musées de province et à.
la conservation de leurs richesses artistiques.
Dans ce document, le sous-secrétaire d'Etat-aux
beaux-arts, rappelant les propres constatations de
son rapport sur le budget des beaux-arts de 1900,
ainsi que la circulaire du directeur des musées
nationaux en avril 1848, et les rapports annuels des
inspecteurs visant les défectuosités de la législation
concernant les musées, conclut de la sorte
Une enquête sur l'état présent des musées de pro-
vince peut seule fournir de précieuses indications à,
mon administration qui recueillera en même temps
les desiderata des municipalités intéressées, des con-
servateurs et des collectivités artistiques locales ou
régionales, dont la collaboration est parfois très utile-
ment réclamée par les musées provinciaux.
L'occasion serait également propice de provoquer le,
rédaction des inventaires partout où ils font défaut,
ce qui permettrait à l'Etat de se rendra un compte
exact de lai situation où sont presentement les œuvres
envoyées par lui en province depuis plus d'un siècle.
J'ai pensé, monsieur le ministre, quil conviendrait
de charger une commission extraparlementaire de cette
vaste enquête. Ladite commission comprendrait, avec
MM. les rapporteurs du budget de la Chambre des dé-
pûtes et du Sénat, un certain nombre de personnalités
connues en particulier par leurs travaux sur les mu-
sées de province.
La liste de ces personnalités, que j'ai l'honneur 0|
vous soumettre, jointe au projet d'arrêté ci-contre, est
de nature à donner sur ce point toute satisfaction 9-
l'opinion publique.
A la suite de rapport, M. Bienvenu-Martin a pris
un arrêté constituant, de la manière suivante, cett^
commission
MM.Deandreis,Antonin Dubost, Maurice Faure, Poin-
caré, Franck Chauveau, Fernand Crémieux, Destieux-
Junca, Lintilhac, Sébline, sénateurs.
Augagneur, Barthou, Pierre Baudin, Georges Ber-
ger, Léon Bourgeois, Henri Brisson, Couyba, ̃ Enge,-
rand, Gérault-Richàrd, Henry Maret, Massé, .Louis
Puech, Albert Sarraut, Sarrien, Serres, Simyan, dé-
putés. `.
Bayet, directeur de l'enseignement supérieur; Bi-
gard-Fabre, -chef du bureau des musées; Léon Bonnat;
Henri Bouchot; 'Bruman, directeur au ministère de
l'intérieur; Dayot; inspecteur des beaux-arts; Dislère,
• président de section au Conseil d'Etat; Guiffrey;
Hayard, inspecteur général des beaux-arts; Héron de
Villefosse; Homolle, de Lasteyrie, Cagnat, Pascal,
Emile Michel, membres de l'Institut; Paul Léon, chef
du cabinet du sous-secrétaire d'Etat; Liard, vice-rec-
teur de l'académie de Paris; Roger Marx, inspecteur
général des musées des départements.
Henry Roujon, secrétaire perpétuel de l'Académia
des beaux-arts; Sainsère, conseiller d'Etat; de Saint-
Arroman, chef de bureau à la direction de l'ensei-
gnement supérieur; Tissier, maître des requêtes au
Conseil d'Etat; de Fourcaud, professeur à l'Ecole des
beaux-arts Henry Lapauze, conservateur adjoint du
palais des beaux-arts de la ville de Paris Jules Gau-
tier, inspecteur général de l'instruction publique, chef
du cabinet du ministre de l'instruction publique.
Gustave Geffroy, Louis Gonsa, Frantz Jourdain, Er-
nest Laur, Louis Lumet, Léon Millot, Charles Sau-
nier, Edouard Sarradin. Eugène Thébault, Thiébault-
Sisson, Roger-Miles, écrivains d'art.
Rapporteur: M. Henry Lagrange, membre de la corn*
mission.
Secrétaires: MM. les inspecteurs de l'enseignement
du dessin et des musées, qui feront partie de la com-
mission avec voix consultative; Pelletier, chef adjoint
du secrétariat du sous-secrétaire d'Etat; Raoul Pradel,
secrétaire particulier du sous-secrétaire d'Etat; Riotr
tot, sous-chef du bureau des travaux d'art, musées et
expositions; Eugéne Berteaux, attaché au cabinet du
sous -secrétaire d'Etat.
M. Robineau, directeur des contributions indi-
rectes à Gap, est nommé en la même qualité à
Mâcon en remplacement de M. Rimpot, retraité.
M. Nourrissèt, sous-directeur a Lisieux, est nom*
mé directeur à Gap.
M. Lesage, inspecteur des finances, est nommé
contrôleur des dépenses engagées du ininistère dèV
travaux publics.
Par décret, les, élèves ingénieurs des ponts et
chaussées dont les noms suivent sont nommés in-
génieurs ordinaires de 3e classe des ponts et chaus-»
sées •
MM. Pellarin, François, Freyssinet, Epinay, Fou-
rault, Ott, Lutton, Caquot, Rocheray, Delande, Thé-
venot, Soulassol.
LES GRÈVES
On mande de Saint-Etienne
La teinturerie Fessy, à Val-Fleury, qui travaillait
encore hier, a congédié aujourd'hui ses ouvriers.
Le « lock-out patronal de la teinturerie stéphanoise
est complet.
AU JOUR LE JOUR
Les Américains à Paris Il
Le ministre de la mariné et Mme Gaston Thomso^
ont offert hier un dîner en l'honneur des ambassa,s
deurs extraordinaires et des officiers de l'escadre
dés Etats-Unis.
Mme Gaston Thomson avait à sa droite M. Mac
Cormick, ambassadeur des Etats-Unis à Paris, Mme
Motono, M. Rouvier, président du conseil, et à sa
gauche le général Horace Porter, ambassadeur extra-
ordinaire, Mme Fournier et le contre-amiral Sigsbee.
Le ministre de la marine avait à sa droite Mme Mac
Cormick, M. Loomis, ambassadeur extraordinaire,
Mme Abel Combarieu, et à. sa gauche Mme Rou-
vier, M. Motono, ministre du Japon, et Mme Smith.
Assistaient également au dîner:
Mme P. Crémieux, Mlles Valentine et Marguerite
Thomson; MM. Etienne, ministre de l'intérieur; Jon-
nart, gouverneur général de l'Algérie Mlle Arnould';
MM. Abel Combarieu, Paul Loubet, Cochery, Pierre
Baudin, Arène, le capitaine de vaisseau Hawley, les
capitaines de frégate Nicholson, Cutter, Sharp; le com-
missaire Heap, le médecin SteeLe, le commandant
Bowers, le lieutenant de vaisseau Cauley, l'aumônier
Livington-Bayard, de la marine américaine; Bailly-
Blanchard, secrétaire de l'ambassade des Etats-Unis;
le capitaine de corvette Smith, attaché naval à l'am-
bassade des Etats-Unis M. et Mme Moreau, le géné-
ral Dessirier, gouverneur militaire de Paris les vice-
amiraux de Maigret, Fournier Touchard, Melchior;
MM. Mollard, les docteurs Vidai et Delbet; Adrien Hé-
brard, Calmette.
Au dessert, M. Thomson a prononcé les paroles
suivantes
Messieurs,
II est de certaines circonstances qui parlent assfc^
haut pour se passer de commentaires. Celle qui nous
réunit aujourd'hui est de ce nombre.
Nul discours n'aurait l'éloquence de ce fait solennel
et mémorable d'une délégation de la grande Répu-
blique américaine venant rendre à la nation amie, à la
République française, une visite à laquelle son objet
même donne un caractère patriotique et affectueux de
nature à resserrer encore les liens qui unissent nos
deux nations.
Je souhaite la plus cordiale bienvenue aux membres
de cette délégation qui viennent du pays de Washing-
ton au pays de La Fayette pour y recueillir les reste*
glorieux d'un héroïque marin.
Retracer la vie de Paul Jones serait ouvrir le livre
d'or où les grands peuples, reconnaissants, inscrivent
et se transmettent de génération en génération et dèf
nation à nation les exploits do leurs illustres enfants;'
Je me contenterai de rappeler qu'en juillet 1792, notre.
Assemblée nationale, voulant honorer la mémoire da'
Paul Jones, décrétait que douze de ses membres asf-
sisteraient aux obsèques d'un homme qui avait bién;;
su défendre la cause de la liberté.
Cette cause est impérissable. C'est une grande joie
et un grand honneur pour moi, messieurs, de salue?*
en vous ses défenseurs les plus sincères et les plus
ardents, de saluer les fils d'une terre libre, d'une na-
tion qui depuis un siècle a marché à pas de géant
dans la voie du progrès, et qui à cette heure même,'
sous la haute et féconde présidence de l'homme émi*-
nent en l'honneur duquel je lève mon verre, sait prou-
ver que le seul désir, que la plus belle mission des
peuples puissants et forts est, toujours et partout, d'es*
sayer de maintenir la paix où de la rétablir.
M. Mac Corrnick, ambassadeur des Etats-Unis, a
répondu en ces termes
Je suis profondément touché, monsieur le ministre
des sentiments que vous venez d'exprimer à l'égard 4«
la République des Etats-Unis et de notre président. J<£
vous en remercie au nom de ma patrie, en mon noni
personnel, au nom des ambassadeurs en mission spôï
ciale et au noia de Famiral et des officiers de le.
flotte, j
jç lève mon verre en l'honneur de M. le président
de la République française, et je bois à l'amitié â&al
deux nâtiorisl çpnyataïu jjùe de même dija laPraneï
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