Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1904-01-20
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 20 janvier 1904 20 janvier 1904
Description : 1904/01/20 (Numéro 15557). 1904/01/20 (Numéro 15557).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE TEMPS. 20 janvier 1904.
àet néerlandais à Bruxelles. On se souvient des ré-
sultats négatifs de ses deux précédents voyages
politiques, dont le premier devait amener, assurait-
on, une prompte cessation de la guerre sud-afri-
eaine, et dont le second ne tendait à rien moins qu'à
faire rentrer les Pays-Bas dans fa Triple-Alliance.
Et l'on se demande si une fois de plus l'opinion ne
s'est pas égarée en donnant à une simple villégia-
ture les proportions d'un événement politique.
La presse néerlandaise a soigneusement reproduit
les hypothèses aussi ingénieuses que variées, émi-
ses par la presse étrangère sur la signification de
ce voyage désormais historique, mais sans y atta-
cher d'importance; bien loin de renchérir sur les
nouvelles à sensation venues de Bruxelles, elle a
donné la préférence aux explications les plus sim-
ples.
Ainsi l'invitation royale, dont on a relevé le carac-
tère tout spécial, se serait faite dans-les conditions
suivantes
Informé par son ministre à la Haye de l'habitude
de M.Kuijper d'aller passer les vacances de Noël à
Bruxelles, le roi Léopold a exprimé le désir de faire
la connaissance de l'éminent homme d'Etat hollan-
dais et l'a invité à dîner au palais. L'exemple du roi
a été suivi par les ministres des affaires étrangères
et de la justice. Cette dernière invitation s'explique
tout naturellement par les relations amicales qui
existent entre M. van den Heuvel et M. Kuijper de-
puis le temps où, jeunes encore et journalistes tous
les deux, ils se sont connus à Gand.
Sur les entretiens que le roi a eus avec son"hôte,
on se montre d'autant plus circonspect que rien n'en
a transpiré, et qu'à toutes les questions qui ont été
posées à ce sujet à M. Kuijper il a invariablement
répondu Mystère et discrétion.
En tout cas, il paraît peu probable que le roi ait
entretenu son interlocuteur de la question du Con-
go, et que celui-ci ait insisté do son côté sur les dan-
gers que font courir aux possessions des Pays-Bas
aux Indes orientales les convoitises du Japon. Car,
d'une part, on ne voit pas bien quel intérêt aurait la
Hollande à prêter à la Belgique le concours de sa
flotte pour garantir ses possessions du Congo contre
une attaque de l'Angleterre, et, d'autre part, on voit
encore moins de quelle utilité serait aux Pays-Bas
l'appui de la Belgique pour la défense de leurs colo-
nies des Indes orientales.
A-t-il été question de former une alliance offen-
sive et défensive entre les deux pays voisins ? Mais
on ne s'explique pas les raisons qui pousseraient la
Belgique à renoncer à la neutralité qui lui est ga-
rantie par les grandes puissances pour contracter
avec la Hollande une alliance dont les avantages se-
raient hors de proportion avec les sacrifices coife"
sentis.
S'agit-il plus simplement d'un projet de conven-
tion douanière Mais une convention de cette na-
>ture, dont la probabilité est admise par la presse
étrangère, parait ici bien moins vraisemblable, tant
que la Belgique restera ouvertement protectionniste
et que la Hollande demeurera fidèle aux principes du
libre-échange. Il est vrai que le gouvernement ac-
tuel aurait des velléités d'entrer dans la voie pro-
tectionniste, mais il est peu probable qu'il serait
suivi par la majorité du Parlement. Aussi a-t-il bien
soin d'annoncer que le nouveau tarif douanier que
prépare le ministre des finances aura un caractère
fiscaletnonprotectionniste. C'estpourquoilo/fanrfeis-
Mad pense qu'il en sera du projet de convention
douanière comme des résultats annoncés d'avance,
des précédents voyages de M. Kuijper.
Par contre, on admet comme très vraisemblable
que le roi ait cherché à intéresser son hôte au suc-
ces de l'exposition de Liège qui a rencontré jusqu'ici,
paraît-il, peu d'enthousiasme, surtout en Hollande.
Et l'on considère aussi comme possible l'éventualité
d'un yoyage du roi Léopold à la Haye, qui serait
suivi de la visite de la reine Wilhelmine à Bruxelles.
En tout cas, l'on ne fonde pas ici de grandes espé-
rances sur lés effets du voyage actuel du chef du
cabinet, et si ces effets sont nuls ou à peu prés, la
déception ne sera pas très vive.
Il est possible que lors de la discussion générale
du budget qui aura lieu prochainement à la première
Ghambre, M. Kuijper sera amené à lever le voile du
mystère dont il s'est plu à s'entourer pendant son
séjour à Bruxelles.
'M. Kuijper a renoncé à son projet de voyage à
Saint-Pétersbourg, et il rentrera directement de
Bruxelles à la Haye.
PROPOS DIPLOMATIQUES
L'ENTREVUE DE NtCE
Un de nos confrères a publié hier une grosse
nouvelle.
Il a annoncé que, pendant son récent séjour
à Nice, à l'hôtel de la Méditerranée, M. Delcassé
a eu plusieurs entrevues avec son collègue ita-
lien, M. Tittoni. Les deux- ministres, assurait-il,
ont, dans cette conversation, abordé toutes sor-
tes de questions, financières, économiques, po-
litiques et, détail décisif, c'est sous un
faux nom, le nom de Mortara, que M. Tittoni
s'était fait inscrire à l'hôtel. Qu'un ministre
vienne voir un autre ministre, c'est sérieux.
Qu'il vienne le voir sous un faux nom, c'est
grave.
Or, quand M. Tittoni apprit dans son cabinet
de la Consulta qu'il venait de séjourner à Nice
et de s'y nommer Mortara, il éprouva une sur-
prise mêlée de gaieté. Et non moins vif fut l'é-
tonnement de M. Delcassé quand il sut qu'il
avait reçu la visite de son collègue italien. Et le
moins stupéfait des trois ne fut pas M..Mortara
d'apprendre que son existence réelle était mise
en doute; que sa personnalité s'évanouissait;
que le nom qu'il porte honorablement, le nom
sous lequel il se trouvait à Nice, son nom enfin
pour tout dire en un mot, devenait un pseudo-
nyme pour ministres en villégiature.
Car M. Mortara existe. Il est on ne peut plus
vivant. Il a été à Nice. Il a déjeuné avec M.
Delcassé. Il est descendu au même hôtel
que lui. Tout cela est vrai. Seulement M.
Mortara, qui est l'un des collaborateurs de
M. Luzzatti, n'a rien de commun avec M. Tit-
toni. Et M. Luzzatti est le seul ministre italien
qui soitvenu, l'autre semaine, sur la Côted'Azur.
Il y était venu pour voir M. Delcassé, un ami
,de longue date avec qui, naguère, il a négocié
le traité de commerce de 1898, avec qui aujour-
d'hui il entretient les plus affectueuses rela-
tions. M. Luzzatti a profité de cette visite pour
entrer en rapports avec M. Rouvier, chez qui
Delcassé l'a conduit. Et il est exact encore que,
deux jours durant, il a déjeuné et dîné avec no-
tre ministre des affaires étrangères.
Quant à M. Mortara, haut fonctionnaire du
ministère que dirige avec autorité M. Luzzatti,
son rôle s'était borné à accompagner son chef
et à retenir l'appartement qu'occupaient à
l'hôtel, le ministre, son secrétaire, et lui-
même. L'appartement des trois Italiens qui dé-
jeunaient avec M. Delcassé étaitretenuaunom
de Mortara. De là à transformer Mortara en
Tittoni, il n'y avait qu'un pas. Ce pas devait
être franchi. Et voilà comment l'histoire a failli
se trouver plus riche d'une entrevue ministé-
rielle aggravée d'incognito. Cette entrevue n'a
pas eu lieu, c'est vrai. Mais si l'on ne publiait que
des nouvelles authentiques, que deviendrait
information ? Que deviendraient les informa-
teurs ?
GEORGES VILLIERS.
le/crssiigi ET j\A.:po:isr
Dans l'administration et l'aristocratie russes on
commence, dit une dépêche du Neiv-York Herald, à
trouver irritante l'attitude de l'Angleterre. C'est elle
qu'on rend responsable des dispositions intransi-
geantes du Japon. Il ne faut pas s'étonner qu'à
Saint-Pétersbourg et à Moscou l'on distingue mal
entre les intentions du gouvernement anglais et
l'attitude de la presse britannique. Le gouvernement
cherche à éviter la guerre et les journaux à l'inven-
ter. Mais l'un travaille en silence et les autres font
du bruit.
D'après le correspondant du New-lork Herald à
Saint-Pétersbourg le comte Lamsdorf aurait reçu
froidement l'ambassadeur britannique il y a quel-
ques jours.
Cependant le cabinet russe continue à étudier la
réponse du Japon, au sujet de laquelle on garde ac-
tuellement un silence absolu.
Le représentant de la Daily Mail à Saint-Péters-
ïxmrg télégraphie qu'il tient do source officielle que
le tsar, en recevant les ministres en audience a
"Esarkoïé-Sélo, a dit qu'il n'y avait plus lieu de
«raindre un conflit.
On mande de Saint-Pétersbourg que le ministre
du Japon n'a pas été reçu en audience par l'empe-
reur. Cependant le bruit courait que cette audience
devait avoir lieu hier.
En réponse aux salutations que l'amiral Alexeïef
avait adressées à Sa Majesté, à l'occasion du nouvel
an, le tsar a télégraphié au vice-roi pour le remer-
jâer, et a ajouté « Sa Majesté prie Dieu pour que la
» Russie ait un nouvel an de paix et de prospérité. »
La dépêche du tsar a produit en Extrême-Orient
une vive impression, et on s'attend maintenant à ce
que le différend russo-japonais soit réglé d'une façon
pacifique.
Le vicomte Hayaski, ministre du Japon à Londres,
a fait au représentant d'une agence des déclarations
aux termes desquelles la situation n'a subi aucune
modification, et qu'aucune modification n'est à pré-
voir tant que l'on n'aura pas reçu la réponse russe,
réponse sur laquelle il n'a aucun renseignement.
Les nouvelles ayant trait aux préparatifs des di-
verses puissances sont rares aujourd'hui.
L'escadre asiatique des Etats-Unis est arrivée à
Manille. Elle se compose de cuirassés de première
ligne. L'escadre de croiseurs est attendue aujour-
d'hui. Lorsque l'escadre asiatique tout entière aura
été rassemblée, tous les vaisseaux disponibles iront
faire des manœuvres à Yougampho.
Le navire de guerre italien Eïba a débarqué vingt
marins pour la protection de M. Monaco, ministre
d'Italie à Séoul. Comme le bâtiment do la légation
n'est pas facile à défendre en cas de danger, M. Mo-
naco se réfugiera, s'il y a lieu, à la légation britan-
nique, et les marins italiens se joindront alors aux
marins anglais chargés de garder la légation bri-
tannique.
Le vapeur japonais Kamachi-Maru, venant du Ja-
pon et de Chine, est arrivé hiersoiràMarseille avec
cinquante-deux passagers, dont vingt ont débarqué.
Peu après son passage à Colombo, le commandant
de ce paquebot, croyant que les relations diplomati-
ques étaient rompues entre le Japon et la Russie, fit
enlever le nom du navire à l'avant et à l'arrière,
changer les couleurs de la cheminée et arborer à
l'arrière le drapeau anglais.
Le navire est arrivé à Marseille sans incident. Il
attend des ordres pour se rendre en Angleterre.
Une lettre d'Herbert Spencer
Le Times publie une longue lettre de Herbert
Spencer datée du 26 août 1892 et adressée au baron
Kaneko qui lui demandait pour le comte Ito des con-
seils et des avis sur la politique à suivre par le Ja-
pon. Herbert Spencer avait demandé que cette lettre
ne fût publiée qu'après sa mort. La situation ac-
tuelle donne à cette lettre un intérêt particulier. Le
philosophe conseille au Japon de tenir à distance les
Américains et les Européens, de leur donner le moins
de prise possible, de refuser aux étrangers non seu-
lement le droit d'acquérir des terres, mais môme de
signer des baux et de ne leur accorder que des loca-
tions annuelles, de défendre aux étrangers toute
participation dans l'exploitation dos mines du gou-
vernement. Le Japon doit, à son avis, conserver le
cabotage et empêcher les étrangers de s'en emparer.
Enfin il veut qu'on interdise les mariages entre
Japonais et étrangers" les résultats des croisements
do race ayant toujours été un affaiblissement. En
somme, il conseille aux Japonais de repousser forte-
ment loin de leurs rivages tout ce qui ressemblerait
à une influence européenne, militaire ou civile.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER
Dans l'isthme de Panama
La commission des relations extérieures du Sénat
des Etats-Unis a proposé trois amendements au
traité Hay-Bunau-varilla.
L'un d'eux confère aux Etats-Unis des pouvoirs
plus directs en ce qui concerne les règlements sani-
taires du canal.
Un autre leur donne la haute main sur les ports
de Panama et de Colon et leur permet de les amé-
liorer.
Le troisième tend à définir d'une manière plus pré-
cise les limites des villes de Panama et de Colon par
rapport à la zone du canal et soumet toutes les ques-
tions litigieuses aux tribunaux des Etats-Unis.
Allemagne
Les déclarations do M. de Bûlow au Rcichstag,
confirmant la gravité de la situation dans la colonie
du Damaraland ont causé une véritable stupeur.
L'aveu du gouvernement qu'il fut absolument sur-:
pris par l'insurrection des Herreros révéla une ex-
traordinaire imprévoyance des autorités locales et
de l'administration coloniale.
Malgré, la hâte fébrile à envoyer dos troupes, on
se rend compte qu'elles arriveront trop tard pour
empêcher le massacre des Européens et la dévasta-
tion des colonies. Une expédition coloniale très coû-
teuse et de longue durée paraît inévitable afin do
réprimer l'insurrection et do sauvegarder le prestige
de l'Allemagne dans ces parages.
La demande de crédits supplémentaires pour l'ex-
édition est accompagnée d'un exposé de motifs
ainsi conçu >-
Afin d'assurer les communications entre Swakop-
mund et Windhœk, il était nécessaire de réprimer
immédiatement la révolte des Herreros. Or, on ne dis-
posait dans les territoires du nord du protectorat, que
de 400 hommes. Il a fallu pour obtenir un avantage du-
rable sur les Herreros porter le chiffre des troupes à
1,125 hommes.
Entre autres dépenses figure celle do Vao.Yiat da 750
chevaux; on ne peut, en effet, employer ;avec succès
dans. ces régions que des troupes montées. On a ache-
té, en outre, 6 mitrailleuses et G canons-revolver.
Un projet de budget complémentaire au budget du
Sud-Ouest africain pour l'année 190i, se montant à
1,325,200 mark, a été déposé au Reichstag en même
temps que le budget complémentaire pour 1903.
♦ Le Reichstag a également discuté l'interpellation
déposée par les conservateurs relativement à la non-
dénonciation des traités de commerce. C'est M. de
Kanitz qui à développé cette interpellation en faisant
valoir que l'étranger préfère la situation actuelle
aux nouveaux traités de commerce qui protégeraient
mieux les intérêts allemands. °
Le secrétaire d'Etat à l'Office de l'intérieur, M. de
Posadowsky a répondu que le différend entre lo gou-
vernement et les interpellateurs consiste unique-
ment dans leur tactique
L'interpellation touche à des questions brûlantes
qu'on ne devrait même pas frôler, si on ne veut pas
mettre en danger nos moyens d'action, que les inter-
pellateurs sont les premiers pourtant à vouloir ren-
forcer.
Nous n'avons jamais déclaré que nous voulions dé-
noncer les traités de commerce à époque fixe. Notre
programme fut toujours de chercher à transformer
autant que possible les anciens traités en nouveaux,
afin de préserver la vie économique allemande d'ébran-
lements graves.
Sur une remarque de M. Schwerin, conservateur,
le comte Posadowsky ajoute
Nous ne pouvons faire aucune communication sur
les négociations en vue des traités de commerce, étant
donné que nous attendons aussi des gouvernements
étrangers que les négociations aient lieu confidentiel-
lement. On rendrait service au pays en montrant au
gouvernement de la confiance si non seulement des
semaines, mais des mois s'écoulent jusqu'à la conclu-
sion des traités de commerce.
A la Chambre bavaroise, le comte Moy a dépo-
sé une proposition invitant le gouvernement à étu-
dier, à l'occasion de la réforme électorale, si une
suppression ou une diminution du droit électoral dos
ecclésiastiques serait désirable dans l'intérêt de la
.paix religieuse et politique. Cette proposition a été
transmise sans discussion à la commission de la ré-
forme électorale.
La grève de Crimmitschau (Saxe) est terminée.
Par une proclamation, le comité de la grève invite
les ouvriers à reprendre le travail, sans conditions,
demain matin.
Autriche-Hongrie
On télégraphie de Vienne qu'une explosion s'est
produite, hier, au champ de tir situé près de Felix-
dorf, pendant qu'on chargeait des bombes.
Un officier et deux artilleurs ont été tués sur le
coup. Quatre artilleurs ont été blessés, dont deux
grièvement.
Angleterre
La Daily Chronicle croit que le colonel Lynch, qui
fut condamné à la servitude pénale à perpétuité pour
haute trahison pendant la guerre du Transvaal, sera
bientôt remis en liberté.
Les amis irlandais du colonel se sont beaucoup
agités en sa faveur et espèrent obtenir d'autant plus
rapidement sa grâce que son état de santé est in-
quiétant.
La cinquième audience du procès Whitaker
"Wright a été aussi fertile en révélations que les pré-
cédentes. q p
Lorsque la London and Globe Company avait per-
du une certaine somme en spéculations de bourse
sur des valeurs, on ajoutait la somme perdue à la
facture d'achat d'autres valeurs qui figuraient ainsi
pour des prix très majorés sur le bilan. Le secrétaire
a reconnu les faits comme il appert de ce fragment
d'interrogatoire
Donc, si vous perdiez, supposons, cinquante mille
livres sur certaines actions, pendant le premier semes-
tre, et que vous achetiez, pendant le second semestre,
cinquante mille des mêmes actions à une livre cha-
cune, vous évaluiez ces cinquante mille actions à
.raison de deux livres par action dans votre bilan?
C'était comme ça.
M. Whitaker Wright sera interroge aujourd'hui.
Belgique
Une agence avait reçu récemment de Charleroi
une dépêche lui annonçant que l'Association des
maîtres de forges avait contracté au prix de 9 francs
moins 2 0/0 d'escompte, un marché de 50,000 tonnes
de charbon gailletins avec un grand charbonnage
du Pas-de-Calais, celui de Bruay. Or, notre corres-
pondant d'Arras à qui nous avons demandé confir-
mation de ce renseignement, nous écrit que l'infoi*-
mation est inexacte. Les mines de Bruay auraient
fait avec la Belgique un marché sans importance et
qui ne peut influencer les cours. Les Belges, ajou-
tait-il, veulent sans doute se servir de ce prétexte
pour faire tomber les prix des charbons belges qui
d'ailleurs, depuis quelques jours, baissent d'une
façon considérable.
Notre correspondant de Charleroi nous écrit à la
date d'hier
Cette crainte des charbonniers belges vient de se
manifester par une baisse de deux francs à la tonne
annoncée par les charbonnages du Borinage, fournis-
seurs des établissements verriers.
Ajoutons que des maîtres de verrerie de la région
de Charleroi affirment que c'est dans la diminution du
prix des matières premières qu'ils vont rechercher la
réduction de leur prix de revient, et qu'ils disent n'a-
voir pris encore aucune résolution relative à la sup-
pression du « travail a deux pour un ».
On nous écrit de Charleroi
La situation est de plus en plus tendue entre les
maîtres de verreries et leurs ouvriers syndiqués. A la
menace de grève générale lancée par la Nouvelle Union
Verrière, les maîtres verriers viennent de riposter en
adoptant une convention ayant pour but de résister
aux prétentions qu'ils estiment exagérées et toujours
croissantes de la main-d'œuvre. Un des points princi-
paux de cette convention consiste dans l'engagement
pris par les patrons de ne plus permettre dans leurs
établissements l'organisation du « Travail à deux pour
un ».. ̃̃
Cette mesure prive le syndicat ouvrier verrier d'un
de ses principaux moyens de défense. En effet l'orga-
nisation du travail « deux et même à trois pour un »
consiste à donner de l'occupation à tous les ouvriers
en partageant entre eux le travail, c'est-à-dire qu'elle
a pour but de supprimer les sans-travail et par contre-
coup, la concurrence que ceux-ci pourraient faire à
leurs camarades, en offrant leurs bras au rabais.
Du jour où les patrons interdiront le travail à deux
pour un, ils mettront des centaines d'ouvriers sur le
pavé, et ils espèrent sans doute amener une baisse du
prix de la main-d'œuvre par la concurrence que les
sans-travail feront aux ouvriers occupés.
On ne connaît pas encore les mesures que prendra
la Nouvelle Union Verrière pour parer à cette tactique
des directeurs de verreries, mais il est à présumer que
cette puissante association, qui dispose de capitaux
importants, ne se laissera pas abattre sans lutte et que
la décision prise par les patrons va faire prendre
immédiatement au conflit un caractère aigu.
Il ne faudrait pas s'étonner de voir éclater à très
bref délai la grève générale annoncée dans l'industrie
verrière.
Pays-Bas
A la première Chambre, la commission du budget
de la marine a déposé son rapport. Quelques mem-
bres de la commission ont insisté sur la nécessité
d'une prompte augmentation de l'escadre auxiliaire
en vue de la situation en Extrême-Orient.
Italie
Un anarchiste nommé Manfredi, a tenté de tuer
un lieutenant de cavalerie, M. César Sivelli, en plein
foyer du théâtre de la Scala, à Milan. On jouait l'Or
du Rhin, et c'est pendant un entr'acte que Manfredi
s'est précipité sur sa victime et l'a blessée griève-
ment en la frappant de plusieurs coups de couteau
en criant « Vive l'anarchie I »
Manfredi, arrêté aussitôt, a déclaré non pas avoir
voulu assassiner le lieutenant qu'il ne connaît pas,
mais avoir voulu manifester contre l'armée et le mi-
litarisme. Le couteau de l'anarchiste porte des de-
vises antimilitaristes.
Danemark
Notre correspondant de Copenhague nous écrit:
Il y a deux ans un vapeur transatlantique la Norge
(la Norvège), appartenant à une compagnie danoise,
coulait à pic, près de Terre-Neuve, pendant un
brouillard épais, une grande barque de pêche, la
Coquette, de Bayonnc/ Seize hommes de l'équipage
français furent victimes do cette catastrophe. Leurs
familles intentèrent devant les tribunaux de Copenha-
gue une action en dommages-intérêts au capitaine da-
nois Kundsen.'Elles perdirent leur procès d'abord au
tribunal maritime," puis à la Cour de cassation. Pen-
dant le procès, le capitaine Kundsen de la Norge
mourut. L'affaire terminée, les héritiers, sa mère et sa
sœur, qui sont sans fortune, ont eu la noble idée de
donner leur héritage (toute la petite fortune de M.
Kundsen, 10,000 francs) aux pauvres familles des seize
sinistrés de la Coquette.
Le ministre de France à Copenhague, M. Crozier,
fera expédier cette somme en France. M. Crozier, qui
est malade et garde le lit, a prié l'avocat delà légation
do France, M. Hoest, do porter ses sincères, remercie-
ments à la mère et la sœur du feu capitaine Kundsen.
Suède et Norvège
La session du Riksdag a été ouverte hier à Stock-
holm. Le discours du trône annonce que des négo-
ciations ont été entamées avec quelques puissances
en vue de conclure des traités d'arbitrage, et que
l'on est aussi sur le point d'en entamer avec d'autres
Etats.
Le Parlement sera saisi d'un projet de loi tendant
à réformer la loi électorale en prenant pour base le
suffrage universel et en établissant que les contri-
buables seront seuls électeurs et que les élections
auront lieu d'après le système proportionnel.
Le discours du trône exprime en outre l'espoir
que le Conseil d'Etat de Suède et Norvège parvien-
dra à résoudre la question dos consulats d'une façon
très satisfaisante. Il annonce en outre la présenta-
tion de projets de loi concernant la prolongation des
chemins de for de l'Etat jusqu'à la frontière de Fin-
lande et concernant les subsides que le gouverne-
ment désire fournir pour la création d'asiles pour les
ouvriers.
Le budget prévoit un chiffre de recettes de 178
millions do couronnes et un chiffre de dépenses de
189 millions, dont 11 millions seront à couvrir par
un emprunt. Ces 11 millions serviront à l'achat de
matériel do chemin de fer et à la construction de
voies ferrées de Gœteborg à Skee.
Etat libre du Congo
UAnversville, entré hier au port d'Anvers, a ap-
porté de l'Afrique centrale les nouvelles suivantes
La construction du chemin de fer des Grands-Lacs
est parvenue au douzième kilomètre; les terrassements
sont au dix-huitième. La construction d'un pont a ra-
lenti l'avancement des travaux auxquels sont occupés
1,500 ouvriers indigènes. Le trafic entre Faradjé et
Dungu se fait à l'aide de trois chariots automobiles.
De plus en plus ce dernier mode de locomotion tend à
se répandre dans la contrée. Depuis 1901, l'Etat fait
construire une route pour automobiles de Songololo
au Kassaï. Le capitaine Carton qui a commencé ce tra-
vail va rentrer en Europe et cédera la conduite de
l'opération à M. Coen, ancien directeur des travaux du
Mayumbé, avec M. Eeckaut comme second. M.Moulart
dirigera la construction de la routo de Kimpessé à
Luozzi en abandonnant l'ancien tracé pour le faite du
Kuilu.
On annonce la mort de M. l'ingénieur Vrebos, qui
s'était embarqué' en décembre 1902 pour étudier dans
le Haut-Congo le tracé d'un chemin de fer destiné à
relier le Congo belge à Zanzibar.
On assure que le gouvernement français n'est pas
très satisfait du résultat de la délimitation faite par la
commission mixte au sujet de l'incident de frontière
survenu à Kikonda dans le Manyenga. Aussi la con-
vention n'est-elle pas encore signée. Des troupes fran-
çaises occupent toujours Kibulu dans l'Etat indépen-
dant, tandis que les troupes congolaises belges sont à
Congo-Yanga dans le Congo français. La commission,
présidée par le major Cabra, attribue d'une façon inat-
tendue plusieurs grands villages à l'Etat du Congo.
D'où contestations nouvelles.
Iles Philippines
Une division de l'escadre asiatique des Etats-Unis
est arrivée à Manille. Elle se compose de cuirassés
de première ligne et a fait tout le voyage à une vi-
tesse de plus de 12 nœuds. La division des croiseurs
est attendue demain.
Lorsque l'escadre asiatique tout entière aura été
rassemblée, tous les vaisseaux disponibles iront
faire des manoeuvres à Olongampho.
Afrique du Sud
L'inondation des bas quartiers de Blcemfontein,
que nous avons signalée hier, a eu pour cause
l'éclatement d'un réservoir. A la suite des pluies
récentes, ce réservoir a cédé sous la pression. Quel-
ques centaines de personnes habitant les quartiers
envahis par l'eau sont actuellement sans abri, mais
l'on ne croit pas qu'il y ait beaucoup de victimes.
Les dégâts matériels, par contre, sont considéra-
bles.
États-Unis
Le Comité national du parti républicain a fixé au
21 juin, à Chicago, la date et le lieu de réunion de
la Convention qui proclamera le candidat du parti à
la présidence.
On donne comme imminente la complète rupture
entre le président Roosevelt et le sénateur Hanna,
qui est toujours président du Comité national et
grand électeur du parti, et à qui l'on prête l'inten-
tion de poser sa candidature, contre M. Roosevelt,
avec l'appui de toutes les puissances de l'argent.
La Convention républicaine de l'Etat de Pensylva-
nie a été convoquée en dehors du Comité national du
parti, et l'on assure que les amis de M. Hanna feront
tous leurs efforts pour empêcher cette Convention
de se déclarer pour la candidature Roosevelt; il en
serait de même, assure-t-on, dans les Conventions
républicaines des Etats de New- York et d'Ohio, qui
laisseraient toute liberté d'action à leurs délégués à
la Convention nationale.
Cette guerre intestine dans le sein du parti répu-
blicain favorise les démocrates, et certains « capi-
taines d'industrie » influents ne cachent pas qu'ils
préféreraient le triomphe de ces derniers, mainte-
nant qu'ils ont renoncé aux théories argentistes de
M. Bryan et se rallient aux principes de M. Cleve-
land.
Saint-Domingue
La capitaine Dillingham, commandant du Détroit,
télégraphie de Puerto-Plata au département de la
marine do Washington que le général Jimenez,
l'ancien président, a été battu et s est rendu au gé-
néral Morales, chef du gouvernement provisoire de
Saint-Domiague.
Uruguay
Les nouvelles officielles de Montevideo annoncent
que les insurgés sont poursuivis sans relâche par
les forces gouvernementales. On considère le mou-
vement révolutionnaire comme enrayé. II est actuel-
lement circonscrit à deux départements.
On espère que l'ordre ne tardera pas à être rétabli
dans toute la République.
Le croiseur français Dupleix, qui se trouve au cap
de Bonne-Espérance, doit partir aujourd'hui pour
Montevideo.
REPORTAGE RUSSE
Le peintre Verestchagin et la guerre
russo-japonaise
Le célèbre peintre Verestchagin, l'ami de Sko-
belef, qui a donné pendant la campagne russo-
turque tant de preuves de son courage, s'est déclaré
adversaire convaincu de la guerre contre le Japon.
Il engage le gouvernement russe non seulement à
abandonner la Mandchourie, mais à vendre la ligne
de chemin de fer de la Chine orientale, en exigeant
en échange de cette rétrocession une bande de ter-
rain qui permette à la Russie de relier Vladivostok
à Por t-Arthur.
Mais, objectent des patriotes russes, la Russie
n'est pas un entrepreneur qui construit des chemins
de fer pour les vendre.
Assurément pas, répond Verestchagin. Cepen-
dant nous avons un précédent lorsque l'empereur
Alexandre II s'est aperçu que les possessions russes
de l'Alaska étaient plutôt un embarras pour l'Etat,
il les a simplement vendues aux Américains. La
ligne de chemin de fer de la Manchourie gêne la
Russie plus qu'elle ne la sert. Il faut s'en débarrasser
et le plus avantageusement possible.
M. Verestchagin parle en connaissance de cause.
Il revient d'un voyage en Mandchourie et au Japon
et il publie dans les Novosli de Saint-Pétersbourg
les impressions qu'il a recueillies sur le théâtre
même où se préparent des événements qui intéres-
sent le monde entier.
Le peintre du fameux tableau: A Chvpka, tout est
tranquille croit que la Chine n'entrera pas officiel-
lement en campagne. Elle n'a pas encore perdu tout
espoir de rentrer en possession de la province occu-
pée par le chemin de fer et les troupes russes.
Elle craint qu'au cas ou elle entreprendrait les
hostilités ouvertement, elle s'exposerait à perdre
définitivement la Mandchourie.
La participation de la Chine à la guerre se bor-
nera sans doute à des attaques de Boxeurs que le
gouvernement de la Chine désavouera, s'il le faut,
en les traitant de tirailleurs rebelles.
Tout autre est l'attitude du Japon.
Je viens de visiter ce pays, a dit M. Verestcha-
gin, et j'en rapporte une excellente impression.
C'est un beau pays, vraiment civilisé. La population
non seulement est pleine d'énergie et de savoir-
faire, mais elle est douée d'une grande intelligence
et d'un vrai goût artistique.
« Malheureusement ce peuple a perdu le sentiment
juste de la mesure de ses forces et de sa puissance
militaire. Depuis qu'il a vaincu la Chine, le Japon
s'est mis dans la tête qu'il pourrait aussi facilement
vaincre la Russie. Aucun raisonnement ne pourrait
ébranler en lui cette conviction présomptueuse.
L'opinion au Japon est tellement surexcitée qu'il
faut absolument que son gouvernement accomplisse
un acte héroïque pour calmer son exaltation et lo
ramener au sens de la réalité des choses.
« Une des associations les plus importantes du
Japon est la « Société antirusso » elle vient d'en-
voyer à ses frais une commission à Port-Arthur, en
Mandchourie, et à Vladivostok, pour étudier la si-
tuation dos Russes en Extrême-Orient. »
M. Verestchagin cite quelques passages du rap-
port de la mission
« La Russie manque de charbon, elle ne possède
que 05,000 tonnes, et le chemin de fer, à lui seul, en
consomme 15,000 par mois.
» La Russie n'osera jamais attaquer la flotte japo-
naise sa troupe et ses marins en ont conscience et
sont pour cette raison déprimés.
» Les officiers russes sont bons, mais les soldats
sont indisciplinés et manquent de patriotisme. On
peut les mettre sur la môme ligne que les soldats
chinois. Avec de semblables soldats, la Russie
ne peut rien, et le Japon obtiendra tout ce qu'il vou-
dra.
» L'unique préoccupation de la Russie est de se
ménager à Port-Arthur un refuge pour ses navires
hors de l'atteinte des Japonais.
» En outre, les Japonais sont persuadés que la
guerre ne durera pas longtemps, que, contrairement
"à. ce qui s'ost. passé pendant la guerre sud-africaine,
la Russie n'attendra nullement que les Japonais
marchent sur sa capitale, mais s'empressera de con-
clure la paix dès que les Japonais l'auront chassée
de la Mandchourie. »
M. Verestchagin croit que, sur ce point, le Japon
est halluciné et que rien ne réussira à ébranler ses
illusions. Le peintre russe s'y est, en vain, efforcé
la confiance qu'a le Japon dans sa supériorité mili-
taire ne tombera qu'après un échec sérieux. ̃
Selon toutes probabilités, lo Japon débarquera dans
la Corée, mais alors la Russie pourrait, sans décla-
rer la guerre, affamer les Japonais, les mettre dans
l'obligation de dépenser tous leurs millions et finale-
ment de capituler.
Si, selon M. Veretschagin, les Japonais débar-
quent en Mandchourie, leur situation y serait en-
core plus précaire. Ne pouvant assurer leur re:raite
par la mer et étant pris entre deux forteresses
russes, ils se trouveraient dans une situation vrai-
ment critique et qui s'aggraverait à mesure qu'ils
avanceraient en Mandchourie.
Tout de même, pense le peintre russe, il serait
plus avantageux pour la Russie de se délester de la
Mandchourie et de se concilier ainsi l'amitié de la
Chine.
M. PRAVDINE.
r Op
AFFAIRES MILITAIRES
ARMÉE
Etat-major général. Le général de brigade
Pennequin, membre du comité technique des trou-
pes coloniales, est nommé au commandement de la
division de Cochinchine laquelle, comme on sait, est
de création récente.
MARINE
A LA RECHERCHE DE LA « Vienne ». Le ministre
de la marine a reçu du commandant dépêche suivante
Funchal, 18 janvier, 10 h. 45 matin.
Marine, Paris,
Galilée voyage de Mazagan à Funchal rien trouvé,
repartons immédiatement pour exploration entre Ma-
dère et Açores. Communiquez escadre Toulon.
On lit dans le Journal officiel
Ont été inscrits d'office au tableau d'avancement
Pour le grade de capitaine de frégate, M. le lieute-
nant de vaisseau Barbier (E.-G.-H.);
Pour le grade de lieutenant de vaisseau, M. l'ensei-
gne de vaisseau Quencez (B.-P.).
M. Barbier est le commandant de la Vienne, et
M. Quencez en est l'officier en second. Il est vrai-
semblable qu'ils feront partie de la promotion d'of-
ficiers de marine, et si malheureusement il arrivait
que tout espoir fût perdu de retrouver le croiseur,
la situation de la famille de ces deux officiers serait
améliorée du fait de leur promotion au grade supé-
rieur.
LE COMMANDANT Farret RELEVÉ DE SON comman-
dement. Le capitaine de vaisseau Farret, com-
mandant le Sully, vient d'être relevé de son com-
mandement. Le Journal officiel nous l'apprend en
ces termes
Par décision présidentielle du 17 janvier 1904, rendue
sur la proposition du ministre de la marine, M. le ca-
pitaine de vaisseau Guiberteau (Condorcet-Calvin-Ul-
ric), a été nommé au commandement du croiseur cui-
rassé Sully.
Le nom de M. Farret doit donc s'ajouter à .la liste
déjà longue des officiers généraux ou supérieurs que
M. Pelletan a brutalement enlevés à leurs fonc-
tions rappelons-les les vice-amiraux de Beau-
mont, Maréchal, le contre-amiral Servan, les capi-
taines de vaisseau de Surgy, Dufayot de la Maison-
neuve et Duroch.
Quelle est la faute de M. Farret? La définir se
rait bien difficile car les avis sont partagés à cet
égard les uns approuvent le commandant du Sully,
disant qu'on ne peut lui reprocher d'avoir la pleine
conscience des responsabilités du commandement,
ce qui n'est pas une faute. L'opinion des autres a été
formulée dans une interview de M. Pelletan publiée
par le Matin. Le commandant Farret apportait de la
résistance aux ordres de départ du Sully.
L'opinion sera mieux fixée par l'exposition des
faits.
Ordre a été donné par le ministre de la marine de
faire entrer le croiseur Sully en armement définitif
pour être envoyé dans les mers de Chine, où il doit
rallier l'escadre de l'Extrême-Orient. Au moment où
cet ordre arriva au port de Toulon, le commandant
Farret ne considérait pas que le Sully fût en état de
partir. Le croiseur avait eu en décembre un accident
dans l'arsenal la cuillère d'un de ses tubes lance-
torpilles avait été faussée de plus, il élevait des
doutes sur la solidité d'une hélice, et, enfin, les ex-
périences de l'artillerie n'étaient pas achevées. v
Les objections posées par le commandant Farret
reposaient-elles sur des bases exactes? Le ministre,
dans l'interview que nous rappelons plus haut, di-
sait qu'il s'étonnait qu'on pût découvrir, au dernier
moment, des lares à un bateau qui avait mis un an
à effectuer ses essais. Avait-on donc caché ces tares
au ministre? A ce sujet, le Figaro nous renseigne;
voici, en effet, ce que dit notre confrère
Tous les essais du croiseur Sully ont été faits très
rapidement. Les derniers furent les essais de tir qui
eurent lieu les 29 mai, 3 juin et 11 juillet. A chacun
d'eux, il y eut des avaries. Au dernier, comme nous
l'avons dit, les écrous de la vis de pointage ont été
brisés.
La commission d'essais rendit compte du fait dans
un rapport envoyé à Paris le 18 juillet et demandait
ce qu'elle devait faire.
On ne lui répondit pas. Ne voyant rien venir, son
président écrivit derechef à Paris le 24 août et le
1er septembre C'est le 7 septembre seulement que
le ministre a enfin daigné répondre ci 51 jours de re-
tard.
Le 19 septembre, la commission d'essais adresse au
ministre une observation d'ordre technique très im-
portante. C'est le 10 octobre qu'on lui répond 21 jours
se passent donc avant d'avoir cette réponse. Et la ré-
ponse est qu'il faut retarder l'essai jusqu'à ce qu'on
ait pris certaines mesures prescrites.
Le 24 novembre, la commission d'essais informe le
ministre qu'elle a essayé de se conformer aux instruc-
tions qui lui ont été envoyées. C'est le 21 décembre,
soit après vingt-neuf jours qu'on lui répond.
Qui est responsable de ces retards? Est-ce le port de
Toulon, est-ce le commandant du Sully, est-ce le mi-
nistre ? La réponse est aisée.
Ce n'est pas seulement pour les vis de pointage des
canons de ce croiseur que la rue Royale est directe-
ment en cause. Voici un autre point Le 25 mars 1903,
le port de Toulon a demandé à installer deux pompes
d'épuisement supplémentaires sur le Sully.
Il n'en a reçu l'autorisation après avoir plusienrs
fois rappelé sa demande que le 10 décembre, soit
huit mois et demi après.
Autre chose encore Le 7 septembre le port de Tou-
lon à demandé à modifier un tuyautage important des
chaudières. Il a reçu l'autorisation sollicitée le 21 dé-
cembre, soit deux mois et demi après.
On voit que bien des tares, sinon toutes, avaient
été signalées au ministre de la marine qui ne pou-
vait les ignorer mais qui, par contre, mit une singu-
lière lenteur à donner des ordres pour y porter re-
mède et, comme le remède exige un peu plus de
temps que la signature d'un ordre, on ne doit point
s'étonner que le Sully n'ait point été prêt à l'heure
voulue. La seule chose qui puisse surprendre dans
les retards du départ du croiseur c'est l'étonnement
du ministre.
D'ailleurs bien des faits sont venus corroborer
l'opinion du commandant Farret nous avons, dans
une dépêche, fait connaître les réserves d'une com-
mission technique au sujet des hélices et, avant-
hier, nous recevions une autre dépêche disant quele
Sully avait effectué des essais d'artillerie. Les objec-
tions du commandant étaient donc justifiées.
D'autre part, l'équipage du Sully ne se recrutait
pas sans difficulté; les effectifs du croiseur n'étaient
pas au complet et le dépôt des équipages do Toulon
était vide. Nous recevons, à ce sujet, la correspon-
dance suivante datée de Toulon, 18 janv ier
Le Sulhj a complété ce soir son équipage. Les hom-
mes ayant moins de dix-huit mois de service à ac-
complir ont été débarqués et remplacés par des ma-
rins des escadres de la Méditerranée, active et de ré-
serve, ayant au moins une période de deux ans devant
eux.
Le port de Toulon n'a encore reçu du ministère au-
cun ordre pour le départ. On croit ici, dans les milieux
maritimes qu'il ne quittera pas la rade de Toulon
avant le 5 février prochain, les travaux ne devant pas
être .terminés avant le 1er de ce mois.
Cotte lettre vient confirmer que le Sully n'était
pas en état de partir au moment où l'ordre d'arme-
ment définitif est parvenu à Toulon, tant au point
de vue du .matériel que du personnel.
Le Malin, au sujet du remplacement du capitaine
de vaisseau Farret par le commandant Guiberteau,
dit
Nous croyons savoir que les incidents récents dont
nous avons entretenu nos lecteurs à propos de l'envoi
en Extrême-Orient du Sully ne sont pas étrangers au
brusque remplacement du commandant de ce bâti-
ment. Il convient cependant de remarquer que le capi-
taine de vaisseau Farret exerçait le commandement
du Sully depuis le commencement de 1902, c'est-à-dire
depuis près de deux ans, et qu'il pouvait ûtre appelé à
d'autres fonctions.
Le motif du remplacement du commandant Farret
réside donc entièrement dans les objections que ce-
lui-ci a faites sur l'état de préparation du croiseur. Il
y a lieu toutefois de faire remarquer que M. Farret
n'exerçait pas de commandement depuis le commen-
cement de 1902. Le Sully était alors en achèvement
et n'a été armé pour essais qu'en 1903 le capitaine
de vaisseau Farret était précédemment simplement
chargé de suivre les travaux d'achèvement, et c'est
M. Pelletan, et non son prédécesseur, qui l'a nommé-
au commandement du navire. S'il estime qu'il a fait
un mauvais choix, il ne peut s'en prendre qu'à lui-
même.
Le capitaine de frégate André Fouét embarquera
comme officier en second du cuirassé Amiral-Tréhoiiart
dans l'escadre du Nord.
CHRONIQUE ÉLECTORALE
Élection législative
Vosges. Dimanche prochain, 24 janvier, doit
'avoir lieu, dans l'arrondissement de Remiremont,
l'élection législative rendue nécessaire par l'élection
do M. Méline comme sénateur.
Le candidat républicain, M. Desbleumortiers,
vient de publier sa profession de foi.
DansTce document, M. Dosbleumortiers, candidat
de l'union républicaine, remarque que son concur-
rent, qui était conservateur révisionniste en 1889,
est devenu républicain nationaliste en 1904.
M. Desbleumortiers se déclare républicain parle-
mentaire. « Il voudrait, dit-il, à la Chambre, une
majorité réunissant les radicaux et les progressistes
et répudiante la fois les périlleuses chimères du
collectivisme, les agitations stériles du nationalisme
et les revendications surannées de la droite. L'union
de toutes les forces républicaines permettrait l'évo-
lution pacifique et prudente de la société vers des
conditions toujours meilleures de bien-être matériel
et moral ».
M. Desbleumortiers signale ensuite les principes
qu'il défendrait à la Chambre.
II se déclare partisan, notamment, du maintien
du Concordat, de la liberté d'enseignement avec la
garantie des grades pour les professeurs, du droit
commun pour les congrégations religieuses autori-
sées. M. Desbleumortiers se déclare aussi favorable
à l'impôt sur le revenu qui permettrait le dégrève-
ment de la terre et des petits contribuables. Il conti-
nuerait l'oeuvre agricole et économique de M. Mé-
line.
NOUVELLES DU JOUR
M. Ferri de Ludre, député de Meurthe-et-Moselle,
a déposé hier soir sur le bureau de la Chambre une
demande d'interpellation relative au rapport trans-
mis par le sous-préfet de Lunéville, concernant l'ex-
pulsion de l'abbé Delsor et que le journal le Matin a
reproduit.
Cette interpellation a été jointe à celles qui doi-
vent être discutées vendredi.
Le comité central de la Ligue des droits de l'homme
a décidé d'ajourner après les débats parlementaires
la discussion de la motion de M. Joseph Reinach sur
le cas de l'abbé Delsor et le droit d'expulsion, ainsi
que des résolutions, en sens contraire, des sections
de Nancy et de Lunéville.
Dans la même séance, le comité a chargé son pré-
sident, M. de Pressensé, de demander au ministre
de la justice d'ouvrir une enquête sur le cas de Cy-
voct, et une sous-commission, composée de MM.
Reinach, Leblois et Bourdon, de lui présenter un
rapport sur l'état actuel de la question. On sait que
la commission consultative du ministère de la jus-
tice a donné un avis défavorable à une première de-
mande de Cyvoct en revision.
M. Martin, sous-directeur à la direction générale
de la comptabilité publique au ministère des finan-
ces, est nommé directeur adjoint de cette direction
générale.
M. Kulczewski, inspecteur de lre classe des con-
tributions diverses en Algérie, est nommé inspec-
teur de lre classe faisant fonctions de directeur, en
remplacement de M. Krefft, décédé.
M. Delfau, conseiller de préfecture de la Drôme,
est nommé conseiller de préfecture de Vaucluse, en
remplacement de M. Rencurel, admis, sur sa de-
mande, à la retraite.
M. Petit, docteur en droit, est nommé conseiller
de préfecture de la Drôme.
Le directeur, le sous-directeur et les maîtres de
conférences de l'école normale supérieure sont con-
voqués, le jeudi 4 février, à l'effet d'élire un délégué
(section des lettres) au conseil supérieur de l'instruc-
tion publique, en remplacement de M. Gaston Bois-
sier, démissionnaire. p
M. Féret, chef du cabinet du ministre de l'inté-
rieur et des cultes, est promu au grade d'officier de
la Légion d'honneur.
M. le docteur Crouzet, maire de Nîmes, est nommé
chevalier de la Légion d'honneur.
Le ministre de l'instruction publique vient de nom-
mer M. René Brancour, conservateur du musée ins-
trumental du Conservatoire de musiaue, sur la i>ré-
sentation du directeur, M. Th. Dubois, et la propo--
sition de M. H. Marcel, directeur des beaux-arts.
M. R. Brancour succède à L. Pillaut, récemment
décédé.
Le ministre de l'instruction publique vient, en
exécution de la loi du 5 juillet 1903, de faire signer
un décret par lequel l'enseignement professionnel de
la dentelle à la main sera organise dans les écoles
normales d'institutrices du Puy, de Caen et d'Alen-
çon.
A la suite de son échec à l'élection au conseil gé*
néral qui a eu lieu dimanche dans le canton est de
Caen et dans laquelle il obtint 1,762 voix contre
2,603 à M. Savare, nationaliste, M. Perrotte, maire
radical de Caen, à donné sa démission de maire.
La Semaine religieuse de Quimper dit que le nom-
bre des prêtres du diocèse de Quimper, qui ont été
frappés d'une suppression de traitement est de 92;
elle publie, en outre, le relevé que voici
5 curés de 1re classe à 1,500 francs. 7.500 fr.
7 curés de 2e classe à 1,200 francs. 8.~{)0"
2 desservants septuagénaires à1,200francs. 2.480 »
11 desservants sexagénaires à 1,100 francs. 12.100
55 desservants à 900 francs. 49.500 t
12 vicaires à 450 francs. 15.400
92 Total. 85.300 fr.
Notre correspondant de Brest nous télégraphïo
que le conseil municipal s'est occupé longuement
hier soir de l'épidémie de typhoïde et des moyens
d'assainir la ville.
Le maire s'est vivement élevé contre la commis-
sion parlementaire « qui est arrivée à Brest, dit-il,
avec des idées toutes faites qui, sans examen, sans
analyse, a déclaré une source contaminée alors qu'il
est visible que l'infection provient des casernes ».
Le maire rejette toute la faute sur le ministère à
qui des fonds ont été offerts par la municipalité pour,
la construction de casernes et qui n'a donné aucune
réponse. Le germe peut d'ailleurs, d'après lui, avoir
éte apporté par des recrues. Il s'est produit 162 cas,
pour la presque totalité chez les militaires.
Le conseil vote ensuite, en principe, toute une sé-
rie de mesures création d'un réseau complémen-
taire d'égouts, envoi du tout à l'égout et évacuation
des égouts directement dans la mer, au large de la
jetée du sud. Les ponts et chaussées se sont déjà
opposés à ce projet l'an dernier. Or, les ponts et
chaussées autorisent le tout à l'égout avec déverse-
ment dans la Penfcld, c'est-à-dire en plein arsenal.
Le conseil vote des captations de nouvelles sources.
Il offre 3 millions, à la condition que la guerre fera
remise à la ville des fortifications allant du cours
d'Ajot à la redoute de Keroriou et que les zones se-
ront enlevées, qu'elle autorisera do larges percées
dans les fortifications des côtes de Recouvrance. La
ville donnera son concours pécuniaire pour la con-
struction d'une caserne et d'un ou deux forts d'ar-
rêt remplaçant les fortifications ainsi démolies e$>-
partie.
Voici les procès-verbaux de la rencontre à l'épéé
qui a eu lieu entre MM. Jean Stern et de Montes-
quiou
A la suite d'un article du Cri de Paris, dont M. le
comte Robert de Montesquiou-Fezensac se reconnaît
l'auteur, article dans lequel Mme Stern se trouve
nommée dans des termes que M. Jean Stern a jugés
injurieux, M. Jean Stern a prié MM. W. de Blest-Gana
et André Lebey de demander au comte Robert de Mon-
tesquieu rétractation ou réparation par les armes.
Le comte Robert de Montesquiou a chargé MM. la
.^marquis de Clermont-Tonnerre et André Maurel de
défondre ses intérêts.
Les quatre témoins s'étant réunis, une rencontre a
été décidée dans les conditions suivantes
1° La rencontre aura lieu aux environs de Paris, le
18 janvier.
2° L'arme choisie est l'épée de combat:
3° Reprise de trois minutes;
Repos d'une minute.
4° Un terrain de 15 mètres sera compté derrière cha-
cun des adversaires et sera rendu une fois, après quoi
le terrain gagné sera acquis;
5° Le combat sera terminé sur l'avis des médecins?
6° Conditions ordinaires chemise molle, gand da
ville, bottines.
Fait en double à Paris le 17 janvier 1904.
Comme suite au procès-verbal du 17 janvier 1904, 18
rencontre décidée a eu lieu aux environs de Paris, à
deux heures de l'après-midi.
A la seconde reprise, M. de Montesquiou a été tou-
ché sous la clavicule droite. Les médecins n'ont pas
jugé la blessure suffisante pour arrêter le combat.
A la troisième reprise, M. de Montesquiou a été tou-
ché à deux centimètres au-dessous du sein droit. Com-
me dans le premier cas, le combat n'a pas été inter-
rompu.
A la quatrième reprise, M. de Montesquiou a été
atteint d'une blessure pénétrante au niveau du cin-
quième espace intercostal droit, à deux centimètres
du sternum. Les médecins ayant déclaré que cette
blessure mettait M. de Montesquiou en état d'infério-
rité ont arrêté le combat.
Fait en double à Paris, le 18 janvier 1904.
Pour M. de Montesquiou:
Marquis de CLERMONT-ToNNERRE,
ANDR Maurel.
Pour M. Stern:
W. de Blest-Gana,"
ANDRE LEBEY.
LES GRÈVES
On mande de Lyon:
La reprise du travail dans un certain nombre d'u-
sines de tissage mécanique est un fait accompli.
Les tisseurs et les tisseuses se sont remis à l'ou-
vrage hier dans vingt-sept usines, celles dont les
patrons ont accepté tout ou partie des réclamations
ouvrières. On peut évaluer à 1200 le nombre des gré-
vistes ayant repris le travail.
Pour onze usines ayant un personnel d'environ
quatre cents ouvriers, la grève continue, les patrons
se refusant à négocier avec d'autres personnes que
leurs ouvriers. De leur côté, les ouvriers persistent
à ne pas vouloir accepter d'entrevue avec les pa»»
trons sans qu'un délégué du syndicat y assiste.
On nous écrit de Carcassonne:
La grève continue à Coursan. Le parquet a mis en
état d'arrestation le gréviste Vernhes, un des au-
teurs de l'attentat commis sur M. Dressayre, régis-
seur du Pech, propriété appartenant à M. Séré de
Rivière.
La grève est déclarée à Moussan.
Des syndicats d'ouvriers agricoles viennent de
se créer dans la plupart des communes du Narbon-
nais.
AU JOUR LE JOUR
Le nouveau président de la Société
des artistes français
Le vote pour l'élection d'un nouveau président, en
remplacement de M. Bouguereau, de l'Institut, qui a
tenu, son mandat expiré, à se retirer en déclinant
toute candidature nouvelle, a eu lieu hier, au Grand
Palais.
Des nombreuses candidatures mises en avant par
différents groupes d'artistes, il en subsistait, à la
dernière heure, fort peu. Aux sollicitations dont il
avait été l'objet de la part d'un de ces groupes et
aussi de la part de ses collègues de l'Académie des
beaux-arts, M. Frémiet avait répondu par un refus
des plus nets. Ni ses quatre-vingts ans, ni les multi-
ples travaux qu'il mène de front en ce moment ne
lui permettaient d'assumer une charge aussi lourde
que celle de président.
M. Cormon, pour des raisons d'un autre ordre,
avait décliné la môme candidature. L'architecte de
la nouvelle Sorbonne, M. Nénot, de l'Institut, avait
seul maintenu la sienne.
La lutte était donc forcément circonscrite. Aussi
le comité de la Société des artistes s'est-il rapide-
ment mis d'accord sur la solution la plus favorable
aux intérêts généraux des artistes, et le vote, com-
mencé sous la, présidence de M. Harpignies, mem-
bre de l'Institut, doyen d'âge, a-t-il été enlevé rapi-
dement.
C'est M. Tony Robert-Fleury qui a été élu prési-
dent. Les vice-présidents sont MM. Nénot, architec-
te, et Coutan, statuaire, tous deux membres de
l'Institut. M. Albert Maignan reste secrétaire rap-
porteur M. Boisseau, secrétaire-trésorier; MM.
de Richemont, G. Lemaire, Pascal, membres de
l'Institut, et Mongin, secrétaires des quatre sec-
tions de peinture, sculpture, architecture et gra-
vure.
On a nommé en même temps les présidents des
différents jurys pour le Salon de 1904 Section de
peinture M. Ferdinand Humbert, membre de l'Insti-
tut section de sculpture, M. Boisseau; section des
arts décoratifs, M. Raphaël Collin.
Quelques mots, avant de terminer, sur le nouveau
président de la Société des artistes français.
M. Tony Robert-Fleury, par extraordinaire, n'est
pas de l'Institut. Fils du* peintre Robert-Fleury, qui
en fut, et qui fut en même temps commandeur de la
Légion d'honneur, le nouveau président est un des
derniers représentants de l'art classique dont son
père fut un des champions les plus intraitables.
Elève de Paul Delaroche et de Léon Cogniet, il a
gagné les nombreuses médailles qu'il a décrochées
aux Salons et aux Expositions universelles, par des
compositions historiques dont le succès fut réel
Charlotte Corday à Caen, Pitael à la Solpétrière,
Vauban fortifiant Bel fort, Mazarin et ses nièces, etc.
Les connaisseurs préfèrent à ces .grandes toiles, où.
l'artiste a continué la tradition qui sévit dans les ga-
leries historiques de Versailles, et qui date de Louis-
Philippe, les petites toiles de genre finement obser-
vées, délicatement peintes, que M. Robert-Fleury,
depuis une dizaine d'années, expose régulièrement
aux Salons.
L'homme, d'ailleurs, est charmant. Naguère en-
core un des plus beaux hommes de Paris, il se con-
tente d'en être aujourd'hui un des plus sympathi-
ques et des plus naturellement distingués. Sa cour-
toisie, son urbanité et la sûreté de ses relations sont
proverbiales. Nous doutons qu'on lui connaisse un
ennemi.
Né à Paris en 1837, M. Robert-Fleury a soixante-
six ans. Il est officier de la Légion d'honneur de-
puis 1892. •
àet néerlandais à Bruxelles. On se souvient des ré-
sultats négatifs de ses deux précédents voyages
politiques, dont le premier devait amener, assurait-
on, une prompte cessation de la guerre sud-afri-
eaine, et dont le second ne tendait à rien moins qu'à
faire rentrer les Pays-Bas dans fa Triple-Alliance.
Et l'on se demande si une fois de plus l'opinion ne
s'est pas égarée en donnant à une simple villégia-
ture les proportions d'un événement politique.
La presse néerlandaise a soigneusement reproduit
les hypothèses aussi ingénieuses que variées, émi-
ses par la presse étrangère sur la signification de
ce voyage désormais historique, mais sans y atta-
cher d'importance; bien loin de renchérir sur les
nouvelles à sensation venues de Bruxelles, elle a
donné la préférence aux explications les plus sim-
ples.
Ainsi l'invitation royale, dont on a relevé le carac-
tère tout spécial, se serait faite dans-les conditions
suivantes
Informé par son ministre à la Haye de l'habitude
de M.Kuijper d'aller passer les vacances de Noël à
Bruxelles, le roi Léopold a exprimé le désir de faire
la connaissance de l'éminent homme d'Etat hollan-
dais et l'a invité à dîner au palais. L'exemple du roi
a été suivi par les ministres des affaires étrangères
et de la justice. Cette dernière invitation s'explique
tout naturellement par les relations amicales qui
existent entre M. van den Heuvel et M. Kuijper de-
puis le temps où, jeunes encore et journalistes tous
les deux, ils se sont connus à Gand.
Sur les entretiens que le roi a eus avec son"hôte,
on se montre d'autant plus circonspect que rien n'en
a transpiré, et qu'à toutes les questions qui ont été
posées à ce sujet à M. Kuijper il a invariablement
répondu Mystère et discrétion.
En tout cas, il paraît peu probable que le roi ait
entretenu son interlocuteur de la question du Con-
go, et que celui-ci ait insisté do son côté sur les dan-
gers que font courir aux possessions des Pays-Bas
aux Indes orientales les convoitises du Japon. Car,
d'une part, on ne voit pas bien quel intérêt aurait la
Hollande à prêter à la Belgique le concours de sa
flotte pour garantir ses possessions du Congo contre
une attaque de l'Angleterre, et, d'autre part, on voit
encore moins de quelle utilité serait aux Pays-Bas
l'appui de la Belgique pour la défense de leurs colo-
nies des Indes orientales.
A-t-il été question de former une alliance offen-
sive et défensive entre les deux pays voisins ? Mais
on ne s'explique pas les raisons qui pousseraient la
Belgique à renoncer à la neutralité qui lui est ga-
rantie par les grandes puissances pour contracter
avec la Hollande une alliance dont les avantages se-
raient hors de proportion avec les sacrifices coife"
sentis.
S'agit-il plus simplement d'un projet de conven-
tion douanière Mais une convention de cette na-
>ture, dont la probabilité est admise par la presse
étrangère, parait ici bien moins vraisemblable, tant
que la Belgique restera ouvertement protectionniste
et que la Hollande demeurera fidèle aux principes du
libre-échange. Il est vrai que le gouvernement ac-
tuel aurait des velléités d'entrer dans la voie pro-
tectionniste, mais il est peu probable qu'il serait
suivi par la majorité du Parlement. Aussi a-t-il bien
soin d'annoncer que le nouveau tarif douanier que
prépare le ministre des finances aura un caractère
fiscaletnonprotectionniste. C'estpourquoilo/fanrfeis-
Mad pense qu'il en sera du projet de convention
douanière comme des résultats annoncés d'avance,
des précédents voyages de M. Kuijper.
Par contre, on admet comme très vraisemblable
que le roi ait cherché à intéresser son hôte au suc-
ces de l'exposition de Liège qui a rencontré jusqu'ici,
paraît-il, peu d'enthousiasme, surtout en Hollande.
Et l'on considère aussi comme possible l'éventualité
d'un yoyage du roi Léopold à la Haye, qui serait
suivi de la visite de la reine Wilhelmine à Bruxelles.
En tout cas, l'on ne fonde pas ici de grandes espé-
rances sur lés effets du voyage actuel du chef du
cabinet, et si ces effets sont nuls ou à peu prés, la
déception ne sera pas très vive.
Il est possible que lors de la discussion générale
du budget qui aura lieu prochainement à la première
Ghambre, M. Kuijper sera amené à lever le voile du
mystère dont il s'est plu à s'entourer pendant son
séjour à Bruxelles.
'M. Kuijper a renoncé à son projet de voyage à
Saint-Pétersbourg, et il rentrera directement de
Bruxelles à la Haye.
PROPOS DIPLOMATIQUES
L'ENTREVUE DE NtCE
Un de nos confrères a publié hier une grosse
nouvelle.
Il a annoncé que, pendant son récent séjour
à Nice, à l'hôtel de la Méditerranée, M. Delcassé
a eu plusieurs entrevues avec son collègue ita-
lien, M. Tittoni. Les deux- ministres, assurait-il,
ont, dans cette conversation, abordé toutes sor-
tes de questions, financières, économiques, po-
litiques et, détail décisif, c'est sous un
faux nom, le nom de Mortara, que M. Tittoni
s'était fait inscrire à l'hôtel. Qu'un ministre
vienne voir un autre ministre, c'est sérieux.
Qu'il vienne le voir sous un faux nom, c'est
grave.
Or, quand M. Tittoni apprit dans son cabinet
de la Consulta qu'il venait de séjourner à Nice
et de s'y nommer Mortara, il éprouva une sur-
prise mêlée de gaieté. Et non moins vif fut l'é-
tonnement de M. Delcassé quand il sut qu'il
avait reçu la visite de son collègue italien. Et le
moins stupéfait des trois ne fut pas M..Mortara
d'apprendre que son existence réelle était mise
en doute; que sa personnalité s'évanouissait;
que le nom qu'il porte honorablement, le nom
sous lequel il se trouvait à Nice, son nom enfin
pour tout dire en un mot, devenait un pseudo-
nyme pour ministres en villégiature.
Car M. Mortara existe. Il est on ne peut plus
vivant. Il a été à Nice. Il a déjeuné avec M.
Delcassé. Il est descendu au même hôtel
que lui. Tout cela est vrai. Seulement M.
Mortara, qui est l'un des collaborateurs de
M. Luzzatti, n'a rien de commun avec M. Tit-
toni. Et M. Luzzatti est le seul ministre italien
qui soitvenu, l'autre semaine, sur la Côted'Azur.
Il y était venu pour voir M. Delcassé, un ami
,de longue date avec qui, naguère, il a négocié
le traité de commerce de 1898, avec qui aujour-
d'hui il entretient les plus affectueuses rela-
tions. M. Luzzatti a profité de cette visite pour
entrer en rapports avec M. Rouvier, chez qui
Delcassé l'a conduit. Et il est exact encore que,
deux jours durant, il a déjeuné et dîné avec no-
tre ministre des affaires étrangères.
Quant à M. Mortara, haut fonctionnaire du
ministère que dirige avec autorité M. Luzzatti,
son rôle s'était borné à accompagner son chef
et à retenir l'appartement qu'occupaient à
l'hôtel, le ministre, son secrétaire, et lui-
même. L'appartement des trois Italiens qui dé-
jeunaient avec M. Delcassé étaitretenuaunom
de Mortara. De là à transformer Mortara en
Tittoni, il n'y avait qu'un pas. Ce pas devait
être franchi. Et voilà comment l'histoire a failli
se trouver plus riche d'une entrevue ministé-
rielle aggravée d'incognito. Cette entrevue n'a
pas eu lieu, c'est vrai. Mais si l'on ne publiait que
des nouvelles authentiques, que deviendrait
information ? Que deviendraient les informa-
teurs ?
GEORGES VILLIERS.
le/crssiigi ET j\A.:po:isr
Dans l'administration et l'aristocratie russes on
commence, dit une dépêche du Neiv-York Herald, à
trouver irritante l'attitude de l'Angleterre. C'est elle
qu'on rend responsable des dispositions intransi-
geantes du Japon. Il ne faut pas s'étonner qu'à
Saint-Pétersbourg et à Moscou l'on distingue mal
entre les intentions du gouvernement anglais et
l'attitude de la presse britannique. Le gouvernement
cherche à éviter la guerre et les journaux à l'inven-
ter. Mais l'un travaille en silence et les autres font
du bruit.
D'après le correspondant du New-lork Herald à
Saint-Pétersbourg le comte Lamsdorf aurait reçu
froidement l'ambassadeur britannique il y a quel-
ques jours.
Cependant le cabinet russe continue à étudier la
réponse du Japon, au sujet de laquelle on garde ac-
tuellement un silence absolu.
Le représentant de la Daily Mail à Saint-Péters-
ïxmrg télégraphie qu'il tient do source officielle que
le tsar, en recevant les ministres en audience a
"Esarkoïé-Sélo, a dit qu'il n'y avait plus lieu de
«raindre un conflit.
On mande de Saint-Pétersbourg que le ministre
du Japon n'a pas été reçu en audience par l'empe-
reur. Cependant le bruit courait que cette audience
devait avoir lieu hier.
En réponse aux salutations que l'amiral Alexeïef
avait adressées à Sa Majesté, à l'occasion du nouvel
an, le tsar a télégraphié au vice-roi pour le remer-
jâer, et a ajouté « Sa Majesté prie Dieu pour que la
» Russie ait un nouvel an de paix et de prospérité. »
La dépêche du tsar a produit en Extrême-Orient
une vive impression, et on s'attend maintenant à ce
que le différend russo-japonais soit réglé d'une façon
pacifique.
Le vicomte Hayaski, ministre du Japon à Londres,
a fait au représentant d'une agence des déclarations
aux termes desquelles la situation n'a subi aucune
modification, et qu'aucune modification n'est à pré-
voir tant que l'on n'aura pas reçu la réponse russe,
réponse sur laquelle il n'a aucun renseignement.
Les nouvelles ayant trait aux préparatifs des di-
verses puissances sont rares aujourd'hui.
L'escadre asiatique des Etats-Unis est arrivée à
Manille. Elle se compose de cuirassés de première
ligne. L'escadre de croiseurs est attendue aujour-
d'hui. Lorsque l'escadre asiatique tout entière aura
été rassemblée, tous les vaisseaux disponibles iront
faire des manœuvres à Yougampho.
Le navire de guerre italien Eïba a débarqué vingt
marins pour la protection de M. Monaco, ministre
d'Italie à Séoul. Comme le bâtiment do la légation
n'est pas facile à défendre en cas de danger, M. Mo-
naco se réfugiera, s'il y a lieu, à la légation britan-
nique, et les marins italiens se joindront alors aux
marins anglais chargés de garder la légation bri-
tannique.
Le vapeur japonais Kamachi-Maru, venant du Ja-
pon et de Chine, est arrivé hiersoiràMarseille avec
cinquante-deux passagers, dont vingt ont débarqué.
Peu après son passage à Colombo, le commandant
de ce paquebot, croyant que les relations diplomati-
ques étaient rompues entre le Japon et la Russie, fit
enlever le nom du navire à l'avant et à l'arrière,
changer les couleurs de la cheminée et arborer à
l'arrière le drapeau anglais.
Le navire est arrivé à Marseille sans incident. Il
attend des ordres pour se rendre en Angleterre.
Une lettre d'Herbert Spencer
Le Times publie une longue lettre de Herbert
Spencer datée du 26 août 1892 et adressée au baron
Kaneko qui lui demandait pour le comte Ito des con-
seils et des avis sur la politique à suivre par le Ja-
pon. Herbert Spencer avait demandé que cette lettre
ne fût publiée qu'après sa mort. La situation ac-
tuelle donne à cette lettre un intérêt particulier. Le
philosophe conseille au Japon de tenir à distance les
Américains et les Européens, de leur donner le moins
de prise possible, de refuser aux étrangers non seu-
lement le droit d'acquérir des terres, mais môme de
signer des baux et de ne leur accorder que des loca-
tions annuelles, de défendre aux étrangers toute
participation dans l'exploitation dos mines du gou-
vernement. Le Japon doit, à son avis, conserver le
cabotage et empêcher les étrangers de s'en emparer.
Enfin il veut qu'on interdise les mariages entre
Japonais et étrangers" les résultats des croisements
do race ayant toujours été un affaiblissement. En
somme, il conseille aux Japonais de repousser forte-
ment loin de leurs rivages tout ce qui ressemblerait
à une influence européenne, militaire ou civile.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER
Dans l'isthme de Panama
La commission des relations extérieures du Sénat
des Etats-Unis a proposé trois amendements au
traité Hay-Bunau-varilla.
L'un d'eux confère aux Etats-Unis des pouvoirs
plus directs en ce qui concerne les règlements sani-
taires du canal.
Un autre leur donne la haute main sur les ports
de Panama et de Colon et leur permet de les amé-
liorer.
Le troisième tend à définir d'une manière plus pré-
cise les limites des villes de Panama et de Colon par
rapport à la zone du canal et soumet toutes les ques-
tions litigieuses aux tribunaux des Etats-Unis.
Allemagne
Les déclarations do M. de Bûlow au Rcichstag,
confirmant la gravité de la situation dans la colonie
du Damaraland ont causé une véritable stupeur.
L'aveu du gouvernement qu'il fut absolument sur-:
pris par l'insurrection des Herreros révéla une ex-
traordinaire imprévoyance des autorités locales et
de l'administration coloniale.
Malgré, la hâte fébrile à envoyer dos troupes, on
se rend compte qu'elles arriveront trop tard pour
empêcher le massacre des Européens et la dévasta-
tion des colonies. Une expédition coloniale très coû-
teuse et de longue durée paraît inévitable afin do
réprimer l'insurrection et do sauvegarder le prestige
de l'Allemagne dans ces parages.
La demande de crédits supplémentaires pour l'ex-
édition est accompagnée d'un exposé de motifs
ainsi conçu >-
Afin d'assurer les communications entre Swakop-
mund et Windhœk, il était nécessaire de réprimer
immédiatement la révolte des Herreros. Or, on ne dis-
posait dans les territoires du nord du protectorat, que
de 400 hommes. Il a fallu pour obtenir un avantage du-
rable sur les Herreros porter le chiffre des troupes à
1,125 hommes.
Entre autres dépenses figure celle do Vao.Yiat da 750
chevaux; on ne peut, en effet, employer ;avec succès
dans. ces régions que des troupes montées. On a ache-
té, en outre, 6 mitrailleuses et G canons-revolver.
Un projet de budget complémentaire au budget du
Sud-Ouest africain pour l'année 190i, se montant à
1,325,200 mark, a été déposé au Reichstag en même
temps que le budget complémentaire pour 1903.
♦ Le Reichstag a également discuté l'interpellation
déposée par les conservateurs relativement à la non-
dénonciation des traités de commerce. C'est M. de
Kanitz qui à développé cette interpellation en faisant
valoir que l'étranger préfère la situation actuelle
aux nouveaux traités de commerce qui protégeraient
mieux les intérêts allemands. °
Le secrétaire d'Etat à l'Office de l'intérieur, M. de
Posadowsky a répondu que le différend entre lo gou-
vernement et les interpellateurs consiste unique-
ment dans leur tactique
L'interpellation touche à des questions brûlantes
qu'on ne devrait même pas frôler, si on ne veut pas
mettre en danger nos moyens d'action, que les inter-
pellateurs sont les premiers pourtant à vouloir ren-
forcer.
Nous n'avons jamais déclaré que nous voulions dé-
noncer les traités de commerce à époque fixe. Notre
programme fut toujours de chercher à transformer
autant que possible les anciens traités en nouveaux,
afin de préserver la vie économique allemande d'ébran-
lements graves.
Sur une remarque de M. Schwerin, conservateur,
le comte Posadowsky ajoute
Nous ne pouvons faire aucune communication sur
les négociations en vue des traités de commerce, étant
donné que nous attendons aussi des gouvernements
étrangers que les négociations aient lieu confidentiel-
lement. On rendrait service au pays en montrant au
gouvernement de la confiance si non seulement des
semaines, mais des mois s'écoulent jusqu'à la conclu-
sion des traités de commerce.
A la Chambre bavaroise, le comte Moy a dépo-
sé une proposition invitant le gouvernement à étu-
dier, à l'occasion de la réforme électorale, si une
suppression ou une diminution du droit électoral dos
ecclésiastiques serait désirable dans l'intérêt de la
.paix religieuse et politique. Cette proposition a été
transmise sans discussion à la commission de la ré-
forme électorale.
La grève de Crimmitschau (Saxe) est terminée.
Par une proclamation, le comité de la grève invite
les ouvriers à reprendre le travail, sans conditions,
demain matin.
Autriche-Hongrie
On télégraphie de Vienne qu'une explosion s'est
produite, hier, au champ de tir situé près de Felix-
dorf, pendant qu'on chargeait des bombes.
Un officier et deux artilleurs ont été tués sur le
coup. Quatre artilleurs ont été blessés, dont deux
grièvement.
Angleterre
La Daily Chronicle croit que le colonel Lynch, qui
fut condamné à la servitude pénale à perpétuité pour
haute trahison pendant la guerre du Transvaal, sera
bientôt remis en liberté.
Les amis irlandais du colonel se sont beaucoup
agités en sa faveur et espèrent obtenir d'autant plus
rapidement sa grâce que son état de santé est in-
quiétant.
La cinquième audience du procès Whitaker
"Wright a été aussi fertile en révélations que les pré-
cédentes. q p
Lorsque la London and Globe Company avait per-
du une certaine somme en spéculations de bourse
sur des valeurs, on ajoutait la somme perdue à la
facture d'achat d'autres valeurs qui figuraient ainsi
pour des prix très majorés sur le bilan. Le secrétaire
a reconnu les faits comme il appert de ce fragment
d'interrogatoire
Donc, si vous perdiez, supposons, cinquante mille
livres sur certaines actions, pendant le premier semes-
tre, et que vous achetiez, pendant le second semestre,
cinquante mille des mêmes actions à une livre cha-
cune, vous évaluiez ces cinquante mille actions à
.raison de deux livres par action dans votre bilan?
C'était comme ça.
M. Whitaker Wright sera interroge aujourd'hui.
Belgique
Une agence avait reçu récemment de Charleroi
une dépêche lui annonçant que l'Association des
maîtres de forges avait contracté au prix de 9 francs
moins 2 0/0 d'escompte, un marché de 50,000 tonnes
de charbon gailletins avec un grand charbonnage
du Pas-de-Calais, celui de Bruay. Or, notre corres-
pondant d'Arras à qui nous avons demandé confir-
mation de ce renseignement, nous écrit que l'infoi*-
mation est inexacte. Les mines de Bruay auraient
fait avec la Belgique un marché sans importance et
qui ne peut influencer les cours. Les Belges, ajou-
tait-il, veulent sans doute se servir de ce prétexte
pour faire tomber les prix des charbons belges qui
d'ailleurs, depuis quelques jours, baissent d'une
façon considérable.
Notre correspondant de Charleroi nous écrit à la
date d'hier
Cette crainte des charbonniers belges vient de se
manifester par une baisse de deux francs à la tonne
annoncée par les charbonnages du Borinage, fournis-
seurs des établissements verriers.
Ajoutons que des maîtres de verrerie de la région
de Charleroi affirment que c'est dans la diminution du
prix des matières premières qu'ils vont rechercher la
réduction de leur prix de revient, et qu'ils disent n'a-
voir pris encore aucune résolution relative à la sup-
pression du « travail a deux pour un ».
On nous écrit de Charleroi
La situation est de plus en plus tendue entre les
maîtres de verreries et leurs ouvriers syndiqués. A la
menace de grève générale lancée par la Nouvelle Union
Verrière, les maîtres verriers viennent de riposter en
adoptant une convention ayant pour but de résister
aux prétentions qu'ils estiment exagérées et toujours
croissantes de la main-d'œuvre. Un des points princi-
paux de cette convention consiste dans l'engagement
pris par les patrons de ne plus permettre dans leurs
établissements l'organisation du « Travail à deux pour
un ».. ̃̃
Cette mesure prive le syndicat ouvrier verrier d'un
de ses principaux moyens de défense. En effet l'orga-
nisation du travail « deux et même à trois pour un »
consiste à donner de l'occupation à tous les ouvriers
en partageant entre eux le travail, c'est-à-dire qu'elle
a pour but de supprimer les sans-travail et par contre-
coup, la concurrence que ceux-ci pourraient faire à
leurs camarades, en offrant leurs bras au rabais.
Du jour où les patrons interdiront le travail à deux
pour un, ils mettront des centaines d'ouvriers sur le
pavé, et ils espèrent sans doute amener une baisse du
prix de la main-d'œuvre par la concurrence que les
sans-travail feront aux ouvriers occupés.
On ne connaît pas encore les mesures que prendra
la Nouvelle Union Verrière pour parer à cette tactique
des directeurs de verreries, mais il est à présumer que
cette puissante association, qui dispose de capitaux
importants, ne se laissera pas abattre sans lutte et que
la décision prise par les patrons va faire prendre
immédiatement au conflit un caractère aigu.
Il ne faudrait pas s'étonner de voir éclater à très
bref délai la grève générale annoncée dans l'industrie
verrière.
Pays-Bas
A la première Chambre, la commission du budget
de la marine a déposé son rapport. Quelques mem-
bres de la commission ont insisté sur la nécessité
d'une prompte augmentation de l'escadre auxiliaire
en vue de la situation en Extrême-Orient.
Italie
Un anarchiste nommé Manfredi, a tenté de tuer
un lieutenant de cavalerie, M. César Sivelli, en plein
foyer du théâtre de la Scala, à Milan. On jouait l'Or
du Rhin, et c'est pendant un entr'acte que Manfredi
s'est précipité sur sa victime et l'a blessée griève-
ment en la frappant de plusieurs coups de couteau
en criant « Vive l'anarchie I »
Manfredi, arrêté aussitôt, a déclaré non pas avoir
voulu assassiner le lieutenant qu'il ne connaît pas,
mais avoir voulu manifester contre l'armée et le mi-
litarisme. Le couteau de l'anarchiste porte des de-
vises antimilitaristes.
Danemark
Notre correspondant de Copenhague nous écrit:
Il y a deux ans un vapeur transatlantique la Norge
(la Norvège), appartenant à une compagnie danoise,
coulait à pic, près de Terre-Neuve, pendant un
brouillard épais, une grande barque de pêche, la
Coquette, de Bayonnc/ Seize hommes de l'équipage
français furent victimes do cette catastrophe. Leurs
familles intentèrent devant les tribunaux de Copenha-
gue une action en dommages-intérêts au capitaine da-
nois Kundsen.'Elles perdirent leur procès d'abord au
tribunal maritime," puis à la Cour de cassation. Pen-
dant le procès, le capitaine Kundsen de la Norge
mourut. L'affaire terminée, les héritiers, sa mère et sa
sœur, qui sont sans fortune, ont eu la noble idée de
donner leur héritage (toute la petite fortune de M.
Kundsen, 10,000 francs) aux pauvres familles des seize
sinistrés de la Coquette.
Le ministre de France à Copenhague, M. Crozier,
fera expédier cette somme en France. M. Crozier, qui
est malade et garde le lit, a prié l'avocat delà légation
do France, M. Hoest, do porter ses sincères, remercie-
ments à la mère et la sœur du feu capitaine Kundsen.
Suède et Norvège
La session du Riksdag a été ouverte hier à Stock-
holm. Le discours du trône annonce que des négo-
ciations ont été entamées avec quelques puissances
en vue de conclure des traités d'arbitrage, et que
l'on est aussi sur le point d'en entamer avec d'autres
Etats.
Le Parlement sera saisi d'un projet de loi tendant
à réformer la loi électorale en prenant pour base le
suffrage universel et en établissant que les contri-
buables seront seuls électeurs et que les élections
auront lieu d'après le système proportionnel.
Le discours du trône exprime en outre l'espoir
que le Conseil d'Etat de Suède et Norvège parvien-
dra à résoudre la question dos consulats d'une façon
très satisfaisante. Il annonce en outre la présenta-
tion de projets de loi concernant la prolongation des
chemins de for de l'Etat jusqu'à la frontière de Fin-
lande et concernant les subsides que le gouverne-
ment désire fournir pour la création d'asiles pour les
ouvriers.
Le budget prévoit un chiffre de recettes de 178
millions do couronnes et un chiffre de dépenses de
189 millions, dont 11 millions seront à couvrir par
un emprunt. Ces 11 millions serviront à l'achat de
matériel do chemin de fer et à la construction de
voies ferrées de Gœteborg à Skee.
Etat libre du Congo
UAnversville, entré hier au port d'Anvers, a ap-
porté de l'Afrique centrale les nouvelles suivantes
La construction du chemin de fer des Grands-Lacs
est parvenue au douzième kilomètre; les terrassements
sont au dix-huitième. La construction d'un pont a ra-
lenti l'avancement des travaux auxquels sont occupés
1,500 ouvriers indigènes. Le trafic entre Faradjé et
Dungu se fait à l'aide de trois chariots automobiles.
De plus en plus ce dernier mode de locomotion tend à
se répandre dans la contrée. Depuis 1901, l'Etat fait
construire une route pour automobiles de Songololo
au Kassaï. Le capitaine Carton qui a commencé ce tra-
vail va rentrer en Europe et cédera la conduite de
l'opération à M. Coen, ancien directeur des travaux du
Mayumbé, avec M. Eeckaut comme second. M.Moulart
dirigera la construction de la routo de Kimpessé à
Luozzi en abandonnant l'ancien tracé pour le faite du
Kuilu.
On annonce la mort de M. l'ingénieur Vrebos, qui
s'était embarqué' en décembre 1902 pour étudier dans
le Haut-Congo le tracé d'un chemin de fer destiné à
relier le Congo belge à Zanzibar.
On assure que le gouvernement français n'est pas
très satisfait du résultat de la délimitation faite par la
commission mixte au sujet de l'incident de frontière
survenu à Kikonda dans le Manyenga. Aussi la con-
vention n'est-elle pas encore signée. Des troupes fran-
çaises occupent toujours Kibulu dans l'Etat indépen-
dant, tandis que les troupes congolaises belges sont à
Congo-Yanga dans le Congo français. La commission,
présidée par le major Cabra, attribue d'une façon inat-
tendue plusieurs grands villages à l'Etat du Congo.
D'où contestations nouvelles.
Iles Philippines
Une division de l'escadre asiatique des Etats-Unis
est arrivée à Manille. Elle se compose de cuirassés
de première ligne et a fait tout le voyage à une vi-
tesse de plus de 12 nœuds. La division des croiseurs
est attendue demain.
Lorsque l'escadre asiatique tout entière aura été
rassemblée, tous les vaisseaux disponibles iront
faire des manoeuvres à Olongampho.
Afrique du Sud
L'inondation des bas quartiers de Blcemfontein,
que nous avons signalée hier, a eu pour cause
l'éclatement d'un réservoir. A la suite des pluies
récentes, ce réservoir a cédé sous la pression. Quel-
ques centaines de personnes habitant les quartiers
envahis par l'eau sont actuellement sans abri, mais
l'on ne croit pas qu'il y ait beaucoup de victimes.
Les dégâts matériels, par contre, sont considéra-
bles.
États-Unis
Le Comité national du parti républicain a fixé au
21 juin, à Chicago, la date et le lieu de réunion de
la Convention qui proclamera le candidat du parti à
la présidence.
On donne comme imminente la complète rupture
entre le président Roosevelt et le sénateur Hanna,
qui est toujours président du Comité national et
grand électeur du parti, et à qui l'on prête l'inten-
tion de poser sa candidature, contre M. Roosevelt,
avec l'appui de toutes les puissances de l'argent.
La Convention républicaine de l'Etat de Pensylva-
nie a été convoquée en dehors du Comité national du
parti, et l'on assure que les amis de M. Hanna feront
tous leurs efforts pour empêcher cette Convention
de se déclarer pour la candidature Roosevelt; il en
serait de même, assure-t-on, dans les Conventions
républicaines des Etats de New- York et d'Ohio, qui
laisseraient toute liberté d'action à leurs délégués à
la Convention nationale.
Cette guerre intestine dans le sein du parti répu-
blicain favorise les démocrates, et certains « capi-
taines d'industrie » influents ne cachent pas qu'ils
préféreraient le triomphe de ces derniers, mainte-
nant qu'ils ont renoncé aux théories argentistes de
M. Bryan et se rallient aux principes de M. Cleve-
land.
Saint-Domingue
La capitaine Dillingham, commandant du Détroit,
télégraphie de Puerto-Plata au département de la
marine do Washington que le général Jimenez,
l'ancien président, a été battu et s est rendu au gé-
néral Morales, chef du gouvernement provisoire de
Saint-Domiague.
Uruguay
Les nouvelles officielles de Montevideo annoncent
que les insurgés sont poursuivis sans relâche par
les forces gouvernementales. On considère le mou-
vement révolutionnaire comme enrayé. II est actuel-
lement circonscrit à deux départements.
On espère que l'ordre ne tardera pas à être rétabli
dans toute la République.
Le croiseur français Dupleix, qui se trouve au cap
de Bonne-Espérance, doit partir aujourd'hui pour
Montevideo.
REPORTAGE RUSSE
Le peintre Verestchagin et la guerre
russo-japonaise
Le célèbre peintre Verestchagin, l'ami de Sko-
belef, qui a donné pendant la campagne russo-
turque tant de preuves de son courage, s'est déclaré
adversaire convaincu de la guerre contre le Japon.
Il engage le gouvernement russe non seulement à
abandonner la Mandchourie, mais à vendre la ligne
de chemin de fer de la Chine orientale, en exigeant
en échange de cette rétrocession une bande de ter-
rain qui permette à la Russie de relier Vladivostok
à Por t-Arthur.
Mais, objectent des patriotes russes, la Russie
n'est pas un entrepreneur qui construit des chemins
de fer pour les vendre.
Assurément pas, répond Verestchagin. Cepen-
dant nous avons un précédent lorsque l'empereur
Alexandre II s'est aperçu que les possessions russes
de l'Alaska étaient plutôt un embarras pour l'Etat,
il les a simplement vendues aux Américains. La
ligne de chemin de fer de la Manchourie gêne la
Russie plus qu'elle ne la sert. Il faut s'en débarrasser
et le plus avantageusement possible.
M. Verestchagin parle en connaissance de cause.
Il revient d'un voyage en Mandchourie et au Japon
et il publie dans les Novosli de Saint-Pétersbourg
les impressions qu'il a recueillies sur le théâtre
même où se préparent des événements qui intéres-
sent le monde entier.
Le peintre du fameux tableau: A Chvpka, tout est
tranquille croit que la Chine n'entrera pas officiel-
lement en campagne. Elle n'a pas encore perdu tout
espoir de rentrer en possession de la province occu-
pée par le chemin de fer et les troupes russes.
Elle craint qu'au cas ou elle entreprendrait les
hostilités ouvertement, elle s'exposerait à perdre
définitivement la Mandchourie.
La participation de la Chine à la guerre se bor-
nera sans doute à des attaques de Boxeurs que le
gouvernement de la Chine désavouera, s'il le faut,
en les traitant de tirailleurs rebelles.
Tout autre est l'attitude du Japon.
Je viens de visiter ce pays, a dit M. Verestcha-
gin, et j'en rapporte une excellente impression.
C'est un beau pays, vraiment civilisé. La population
non seulement est pleine d'énergie et de savoir-
faire, mais elle est douée d'une grande intelligence
et d'un vrai goût artistique.
« Malheureusement ce peuple a perdu le sentiment
juste de la mesure de ses forces et de sa puissance
militaire. Depuis qu'il a vaincu la Chine, le Japon
s'est mis dans la tête qu'il pourrait aussi facilement
vaincre la Russie. Aucun raisonnement ne pourrait
ébranler en lui cette conviction présomptueuse.
L'opinion au Japon est tellement surexcitée qu'il
faut absolument que son gouvernement accomplisse
un acte héroïque pour calmer son exaltation et lo
ramener au sens de la réalité des choses.
« Une des associations les plus importantes du
Japon est la « Société antirusso » elle vient d'en-
voyer à ses frais une commission à Port-Arthur, en
Mandchourie, et à Vladivostok, pour étudier la si-
tuation dos Russes en Extrême-Orient. »
M. Verestchagin cite quelques passages du rap-
port de la mission
« La Russie manque de charbon, elle ne possède
que 05,000 tonnes, et le chemin de fer, à lui seul, en
consomme 15,000 par mois.
» La Russie n'osera jamais attaquer la flotte japo-
naise sa troupe et ses marins en ont conscience et
sont pour cette raison déprimés.
» Les officiers russes sont bons, mais les soldats
sont indisciplinés et manquent de patriotisme. On
peut les mettre sur la môme ligne que les soldats
chinois. Avec de semblables soldats, la Russie
ne peut rien, et le Japon obtiendra tout ce qu'il vou-
dra.
» L'unique préoccupation de la Russie est de se
ménager à Port-Arthur un refuge pour ses navires
hors de l'atteinte des Japonais.
» En outre, les Japonais sont persuadés que la
guerre ne durera pas longtemps, que, contrairement
"à. ce qui s'ost. passé pendant la guerre sud-africaine,
la Russie n'attendra nullement que les Japonais
marchent sur sa capitale, mais s'empressera de con-
clure la paix dès que les Japonais l'auront chassée
de la Mandchourie. »
M. Verestchagin croit que, sur ce point, le Japon
est halluciné et que rien ne réussira à ébranler ses
illusions. Le peintre russe s'y est, en vain, efforcé
la confiance qu'a le Japon dans sa supériorité mili-
taire ne tombera qu'après un échec sérieux. ̃
Selon toutes probabilités, lo Japon débarquera dans
la Corée, mais alors la Russie pourrait, sans décla-
rer la guerre, affamer les Japonais, les mettre dans
l'obligation de dépenser tous leurs millions et finale-
ment de capituler.
Si, selon M. Veretschagin, les Japonais débar-
quent en Mandchourie, leur situation y serait en-
core plus précaire. Ne pouvant assurer leur re:raite
par la mer et étant pris entre deux forteresses
russes, ils se trouveraient dans une situation vrai-
ment critique et qui s'aggraverait à mesure qu'ils
avanceraient en Mandchourie.
Tout de même, pense le peintre russe, il serait
plus avantageux pour la Russie de se délester de la
Mandchourie et de se concilier ainsi l'amitié de la
Chine.
M. PRAVDINE.
r Op
AFFAIRES MILITAIRES
ARMÉE
Etat-major général. Le général de brigade
Pennequin, membre du comité technique des trou-
pes coloniales, est nommé au commandement de la
division de Cochinchine laquelle, comme on sait, est
de création récente.
MARINE
A LA RECHERCHE DE LA « Vienne ». Le ministre
de la marine a reçu du commandant
Funchal, 18 janvier, 10 h. 45 matin.
Marine, Paris,
Galilée voyage de Mazagan à Funchal rien trouvé,
repartons immédiatement pour exploration entre Ma-
dère et Açores. Communiquez escadre Toulon.
On lit dans le Journal officiel
Ont été inscrits d'office au tableau d'avancement
Pour le grade de capitaine de frégate, M. le lieute-
nant de vaisseau Barbier (E.-G.-H.);
Pour le grade de lieutenant de vaisseau, M. l'ensei-
gne de vaisseau Quencez (B.-P.).
M. Barbier est le commandant de la Vienne, et
M. Quencez en est l'officier en second. Il est vrai-
semblable qu'ils feront partie de la promotion d'of-
ficiers de marine, et si malheureusement il arrivait
que tout espoir fût perdu de retrouver le croiseur,
la situation de la famille de ces deux officiers serait
améliorée du fait de leur promotion au grade supé-
rieur.
LE COMMANDANT Farret RELEVÉ DE SON comman-
dement. Le capitaine de vaisseau Farret, com-
mandant le Sully, vient d'être relevé de son com-
mandement. Le Journal officiel nous l'apprend en
ces termes
Par décision présidentielle du 17 janvier 1904, rendue
sur la proposition du ministre de la marine, M. le ca-
pitaine de vaisseau Guiberteau (Condorcet-Calvin-Ul-
ric), a été nommé au commandement du croiseur cui-
rassé Sully.
Le nom de M. Farret doit donc s'ajouter à .la liste
déjà longue des officiers généraux ou supérieurs que
M. Pelletan a brutalement enlevés à leurs fonc-
tions rappelons-les les vice-amiraux de Beau-
mont, Maréchal, le contre-amiral Servan, les capi-
taines de vaisseau de Surgy, Dufayot de la Maison-
neuve et Duroch.
Quelle est la faute de M. Farret? La définir se
rait bien difficile car les avis sont partagés à cet
égard les uns approuvent le commandant du Sully,
disant qu'on ne peut lui reprocher d'avoir la pleine
conscience des responsabilités du commandement,
ce qui n'est pas une faute. L'opinion des autres a été
formulée dans une interview de M. Pelletan publiée
par le Matin. Le commandant Farret apportait de la
résistance aux ordres de départ du Sully.
L'opinion sera mieux fixée par l'exposition des
faits.
Ordre a été donné par le ministre de la marine de
faire entrer le croiseur Sully en armement définitif
pour être envoyé dans les mers de Chine, où il doit
rallier l'escadre de l'Extrême-Orient. Au moment où
cet ordre arriva au port de Toulon, le commandant
Farret ne considérait pas que le Sully fût en état de
partir. Le croiseur avait eu en décembre un accident
dans l'arsenal la cuillère d'un de ses tubes lance-
torpilles avait été faussée de plus, il élevait des
doutes sur la solidité d'une hélice, et, enfin, les ex-
périences de l'artillerie n'étaient pas achevées. v
Les objections posées par le commandant Farret
reposaient-elles sur des bases exactes? Le ministre,
dans l'interview que nous rappelons plus haut, di-
sait qu'il s'étonnait qu'on pût découvrir, au dernier
moment, des lares à un bateau qui avait mis un an
à effectuer ses essais. Avait-on donc caché ces tares
au ministre? A ce sujet, le Figaro nous renseigne;
voici, en effet, ce que dit notre confrère
Tous les essais du croiseur Sully ont été faits très
rapidement. Les derniers furent les essais de tir qui
eurent lieu les 29 mai, 3 juin et 11 juillet. A chacun
d'eux, il y eut des avaries. Au dernier, comme nous
l'avons dit, les écrous de la vis de pointage ont été
brisés.
La commission d'essais rendit compte du fait dans
un rapport envoyé à Paris le 18 juillet et demandait
ce qu'elle devait faire.
On ne lui répondit pas. Ne voyant rien venir, son
président écrivit derechef à Paris le 24 août et le
1er septembre C'est le 7 septembre seulement que
le ministre a enfin daigné répondre ci 51 jours de re-
tard.
Le 19 septembre, la commission d'essais adresse au
ministre une observation d'ordre technique très im-
portante. C'est le 10 octobre qu'on lui répond 21 jours
se passent donc avant d'avoir cette réponse. Et la ré-
ponse est qu'il faut retarder l'essai jusqu'à ce qu'on
ait pris certaines mesures prescrites.
Le 24 novembre, la commission d'essais informe le
ministre qu'elle a essayé de se conformer aux instruc-
tions qui lui ont été envoyées. C'est le 21 décembre,
soit après vingt-neuf jours qu'on lui répond.
Qui est responsable de ces retards? Est-ce le port de
Toulon, est-ce le commandant du Sully, est-ce le mi-
nistre ? La réponse est aisée.
Ce n'est pas seulement pour les vis de pointage des
canons de ce croiseur que la rue Royale est directe-
ment en cause. Voici un autre point Le 25 mars 1903,
le port de Toulon a demandé à installer deux pompes
d'épuisement supplémentaires sur le Sully.
Il n'en a reçu l'autorisation après avoir plusienrs
fois rappelé sa demande que le 10 décembre, soit
huit mois et demi après.
Autre chose encore Le 7 septembre le port de Tou-
lon à demandé à modifier un tuyautage important des
chaudières. Il a reçu l'autorisation sollicitée le 21 dé-
cembre, soit deux mois et demi après.
On voit que bien des tares, sinon toutes, avaient
été signalées au ministre de la marine qui ne pou-
vait les ignorer mais qui, par contre, mit une singu-
lière lenteur à donner des ordres pour y porter re-
mède et, comme le remède exige un peu plus de
temps que la signature d'un ordre, on ne doit point
s'étonner que le Sully n'ait point été prêt à l'heure
voulue. La seule chose qui puisse surprendre dans
les retards du départ du croiseur c'est l'étonnement
du ministre.
D'ailleurs bien des faits sont venus corroborer
l'opinion du commandant Farret nous avons, dans
une dépêche, fait connaître les réserves d'une com-
mission technique au sujet des hélices et, avant-
hier, nous recevions une autre dépêche disant quele
Sully avait effectué des essais d'artillerie. Les objec-
tions du commandant étaient donc justifiées.
D'autre part, l'équipage du Sully ne se recrutait
pas sans difficulté; les effectifs du croiseur n'étaient
pas au complet et le dépôt des équipages do Toulon
était vide. Nous recevons, à ce sujet, la correspon-
dance suivante datée de Toulon, 18 janv ier
Le Sulhj a complété ce soir son équipage. Les hom-
mes ayant moins de dix-huit mois de service à ac-
complir ont été débarqués et remplacés par des ma-
rins des escadres de la Méditerranée, active et de ré-
serve, ayant au moins une période de deux ans devant
eux.
Le port de Toulon n'a encore reçu du ministère au-
cun ordre pour le départ. On croit ici, dans les milieux
maritimes qu'il ne quittera pas la rade de Toulon
avant le 5 février prochain, les travaux ne devant pas
être .terminés avant le 1er de ce mois.
Cotte lettre vient confirmer que le Sully n'était
pas en état de partir au moment où l'ordre d'arme-
ment définitif est parvenu à Toulon, tant au point
de vue du .matériel que du personnel.
Le Malin, au sujet du remplacement du capitaine
de vaisseau Farret par le commandant Guiberteau,
dit
Nous croyons savoir que les incidents récents dont
nous avons entretenu nos lecteurs à propos de l'envoi
en Extrême-Orient du Sully ne sont pas étrangers au
brusque remplacement du commandant de ce bâti-
ment. Il convient cependant de remarquer que le capi-
taine de vaisseau Farret exerçait le commandement
du Sully depuis le commencement de 1902, c'est-à-dire
depuis près de deux ans, et qu'il pouvait ûtre appelé à
d'autres fonctions.
Le motif du remplacement du commandant Farret
réside donc entièrement dans les objections que ce-
lui-ci a faites sur l'état de préparation du croiseur. Il
y a lieu toutefois de faire remarquer que M. Farret
n'exerçait pas de commandement depuis le commen-
cement de 1902. Le Sully était alors en achèvement
et n'a été armé pour essais qu'en 1903 le capitaine
de vaisseau Farret était précédemment simplement
chargé de suivre les travaux d'achèvement, et c'est
M. Pelletan, et non son prédécesseur, qui l'a nommé-
au commandement du navire. S'il estime qu'il a fait
un mauvais choix, il ne peut s'en prendre qu'à lui-
même.
Le capitaine de frégate André Fouét embarquera
comme officier en second du cuirassé Amiral-Tréhoiiart
dans l'escadre du Nord.
CHRONIQUE ÉLECTORALE
Élection législative
Vosges. Dimanche prochain, 24 janvier, doit
'avoir lieu, dans l'arrondissement de Remiremont,
l'élection législative rendue nécessaire par l'élection
do M. Méline comme sénateur.
Le candidat républicain, M. Desbleumortiers,
vient de publier sa profession de foi.
DansTce document, M. Dosbleumortiers, candidat
de l'union républicaine, remarque que son concur-
rent, qui était conservateur révisionniste en 1889,
est devenu républicain nationaliste en 1904.
M. Desbleumortiers se déclare républicain parle-
mentaire. « Il voudrait, dit-il, à la Chambre, une
majorité réunissant les radicaux et les progressistes
et répudiante la fois les périlleuses chimères du
collectivisme, les agitations stériles du nationalisme
et les revendications surannées de la droite. L'union
de toutes les forces républicaines permettrait l'évo-
lution pacifique et prudente de la société vers des
conditions toujours meilleures de bien-être matériel
et moral ».
M. Desbleumortiers signale ensuite les principes
qu'il défendrait à la Chambre.
II se déclare partisan, notamment, du maintien
du Concordat, de la liberté d'enseignement avec la
garantie des grades pour les professeurs, du droit
commun pour les congrégations religieuses autori-
sées. M. Desbleumortiers se déclare aussi favorable
à l'impôt sur le revenu qui permettrait le dégrève-
ment de la terre et des petits contribuables. Il conti-
nuerait l'oeuvre agricole et économique de M. Mé-
line.
NOUVELLES DU JOUR
M. Ferri de Ludre, député de Meurthe-et-Moselle,
a déposé hier soir sur le bureau de la Chambre une
demande d'interpellation relative au rapport trans-
mis par le sous-préfet de Lunéville, concernant l'ex-
pulsion de l'abbé Delsor et que le journal le Matin a
reproduit.
Cette interpellation a été jointe à celles qui doi-
vent être discutées vendredi.
Le comité central de la Ligue des droits de l'homme
a décidé d'ajourner après les débats parlementaires
la discussion de la motion de M. Joseph Reinach sur
le cas de l'abbé Delsor et le droit d'expulsion, ainsi
que des résolutions, en sens contraire, des sections
de Nancy et de Lunéville.
Dans la même séance, le comité a chargé son pré-
sident, M. de Pressensé, de demander au ministre
de la justice d'ouvrir une enquête sur le cas de Cy-
voct, et une sous-commission, composée de MM.
Reinach, Leblois et Bourdon, de lui présenter un
rapport sur l'état actuel de la question. On sait que
la commission consultative du ministère de la jus-
tice a donné un avis défavorable à une première de-
mande de Cyvoct en revision.
M. Martin, sous-directeur à la direction générale
de la comptabilité publique au ministère des finan-
ces, est nommé directeur adjoint de cette direction
générale.
M. Kulczewski, inspecteur de lre classe des con-
tributions diverses en Algérie, est nommé inspec-
teur de lre classe faisant fonctions de directeur, en
remplacement de M. Krefft, décédé.
M. Delfau, conseiller de préfecture de la Drôme,
est nommé conseiller de préfecture de Vaucluse, en
remplacement de M. Rencurel, admis, sur sa de-
mande, à la retraite.
M. Petit, docteur en droit, est nommé conseiller
de préfecture de la Drôme.
Le directeur, le sous-directeur et les maîtres de
conférences de l'école normale supérieure sont con-
voqués, le jeudi 4 février, à l'effet d'élire un délégué
(section des lettres) au conseil supérieur de l'instruc-
tion publique, en remplacement de M. Gaston Bois-
sier, démissionnaire. p
M. Féret, chef du cabinet du ministre de l'inté-
rieur et des cultes, est promu au grade d'officier de
la Légion d'honneur.
M. le docteur Crouzet, maire de Nîmes, est nommé
chevalier de la Légion d'honneur.
Le ministre de l'instruction publique vient de nom-
mer M. René Brancour, conservateur du musée ins-
trumental du Conservatoire de musiaue, sur la i>ré-
sentation du directeur, M. Th. Dubois, et la propo--
sition de M. H. Marcel, directeur des beaux-arts.
M. R. Brancour succède à L. Pillaut, récemment
décédé.
Le ministre de l'instruction publique vient, en
exécution de la loi du 5 juillet 1903, de faire signer
un décret par lequel l'enseignement professionnel de
la dentelle à la main sera organise dans les écoles
normales d'institutrices du Puy, de Caen et d'Alen-
çon.
A la suite de son échec à l'élection au conseil gé*
néral qui a eu lieu dimanche dans le canton est de
Caen et dans laquelle il obtint 1,762 voix contre
2,603 à M. Savare, nationaliste, M. Perrotte, maire
radical de Caen, à donné sa démission de maire.
La Semaine religieuse de Quimper dit que le nom-
bre des prêtres du diocèse de Quimper, qui ont été
frappés d'une suppression de traitement est de 92;
elle publie, en outre, le relevé que voici
5 curés de 1re classe à 1,500 francs. 7.500 fr.
7 curés de 2e classe à 1,200 francs. 8.~{)0"
2 desservants septuagénaires à1,200francs. 2.480 »
11 desservants sexagénaires à 1,100 francs. 12.100
55 desservants à 900 francs. 49.500 t
12 vicaires à 450 francs. 15.400
92 Total. 85.300 fr.
Notre correspondant de Brest nous télégraphïo
que le conseil municipal s'est occupé longuement
hier soir de l'épidémie de typhoïde et des moyens
d'assainir la ville.
Le maire s'est vivement élevé contre la commis-
sion parlementaire « qui est arrivée à Brest, dit-il,
avec des idées toutes faites qui, sans examen, sans
analyse, a déclaré une source contaminée alors qu'il
est visible que l'infection provient des casernes ».
Le maire rejette toute la faute sur le ministère à
qui des fonds ont été offerts par la municipalité pour,
la construction de casernes et qui n'a donné aucune
réponse. Le germe peut d'ailleurs, d'après lui, avoir
éte apporté par des recrues. Il s'est produit 162 cas,
pour la presque totalité chez les militaires.
Le conseil vote ensuite, en principe, toute une sé-
rie de mesures création d'un réseau complémen-
taire d'égouts, envoi du tout à l'égout et évacuation
des égouts directement dans la mer, au large de la
jetée du sud. Les ponts et chaussées se sont déjà
opposés à ce projet l'an dernier. Or, les ponts et
chaussées autorisent le tout à l'égout avec déverse-
ment dans la Penfcld, c'est-à-dire en plein arsenal.
Le conseil vote des captations de nouvelles sources.
Il offre 3 millions, à la condition que la guerre fera
remise à la ville des fortifications allant du cours
d'Ajot à la redoute de Keroriou et que les zones se-
ront enlevées, qu'elle autorisera do larges percées
dans les fortifications des côtes de Recouvrance. La
ville donnera son concours pécuniaire pour la con-
struction d'une caserne et d'un ou deux forts d'ar-
rêt remplaçant les fortifications ainsi démolies e$>-
partie.
Voici les procès-verbaux de la rencontre à l'épéé
qui a eu lieu entre MM. Jean Stern et de Montes-
quiou
A la suite d'un article du Cri de Paris, dont M. le
comte Robert de Montesquiou-Fezensac se reconnaît
l'auteur, article dans lequel Mme Stern se trouve
nommée dans des termes que M. Jean Stern a jugés
injurieux, M. Jean Stern a prié MM. W. de Blest-Gana
et André Lebey de demander au comte Robert de Mon-
tesquieu rétractation ou réparation par les armes.
Le comte Robert de Montesquiou a chargé MM. la
.^marquis de Clermont-Tonnerre et André Maurel de
défondre ses intérêts.
Les quatre témoins s'étant réunis, une rencontre a
été décidée dans les conditions suivantes
1° La rencontre aura lieu aux environs de Paris, le
18 janvier.
2° L'arme choisie est l'épée de combat:
3° Reprise de trois minutes;
Repos d'une minute.
4° Un terrain de 15 mètres sera compté derrière cha-
cun des adversaires et sera rendu une fois, après quoi
le terrain gagné sera acquis;
5° Le combat sera terminé sur l'avis des médecins?
6° Conditions ordinaires chemise molle, gand da
ville, bottines.
Fait en double à Paris le 17 janvier 1904.
Comme suite au procès-verbal du 17 janvier 1904, 18
rencontre décidée a eu lieu aux environs de Paris, à
deux heures de l'après-midi.
A la seconde reprise, M. de Montesquiou a été tou-
ché sous la clavicule droite. Les médecins n'ont pas
jugé la blessure suffisante pour arrêter le combat.
A la troisième reprise, M. de Montesquiou a été tou-
ché à deux centimètres au-dessous du sein droit. Com-
me dans le premier cas, le combat n'a pas été inter-
rompu.
A la quatrième reprise, M. de Montesquiou a été
atteint d'une blessure pénétrante au niveau du cin-
quième espace intercostal droit, à deux centimètres
du sternum. Les médecins ayant déclaré que cette
blessure mettait M. de Montesquiou en état d'infério-
rité ont arrêté le combat.
Fait en double à Paris, le 18 janvier 1904.
Pour M. de Montesquiou:
Marquis de CLERMONT-ToNNERRE,
ANDR Maurel.
Pour M. Stern:
W. de Blest-Gana,"
ANDRE LEBEY.
LES GRÈVES
On mande de Lyon:
La reprise du travail dans un certain nombre d'u-
sines de tissage mécanique est un fait accompli.
Les tisseurs et les tisseuses se sont remis à l'ou-
vrage hier dans vingt-sept usines, celles dont les
patrons ont accepté tout ou partie des réclamations
ouvrières. On peut évaluer à 1200 le nombre des gré-
vistes ayant repris le travail.
Pour onze usines ayant un personnel d'environ
quatre cents ouvriers, la grève continue, les patrons
se refusant à négocier avec d'autres personnes que
leurs ouvriers. De leur côté, les ouvriers persistent
à ne pas vouloir accepter d'entrevue avec les pa»»
trons sans qu'un délégué du syndicat y assiste.
On nous écrit de Carcassonne:
La grève continue à Coursan. Le parquet a mis en
état d'arrestation le gréviste Vernhes, un des au-
teurs de l'attentat commis sur M. Dressayre, régis-
seur du Pech, propriété appartenant à M. Séré de
Rivière.
La grève est déclarée à Moussan.
Des syndicats d'ouvriers agricoles viennent de
se créer dans la plupart des communes du Narbon-
nais.
AU JOUR LE JOUR
Le nouveau président de la Société
des artistes français
Le vote pour l'élection d'un nouveau président, en
remplacement de M. Bouguereau, de l'Institut, qui a
tenu, son mandat expiré, à se retirer en déclinant
toute candidature nouvelle, a eu lieu hier, au Grand
Palais.
Des nombreuses candidatures mises en avant par
différents groupes d'artistes, il en subsistait, à la
dernière heure, fort peu. Aux sollicitations dont il
avait été l'objet de la part d'un de ces groupes et
aussi de la part de ses collègues de l'Académie des
beaux-arts, M. Frémiet avait répondu par un refus
des plus nets. Ni ses quatre-vingts ans, ni les multi-
ples travaux qu'il mène de front en ce moment ne
lui permettaient d'assumer une charge aussi lourde
que celle de président.
M. Cormon, pour des raisons d'un autre ordre,
avait décliné la môme candidature. L'architecte de
la nouvelle Sorbonne, M. Nénot, de l'Institut, avait
seul maintenu la sienne.
La lutte était donc forcément circonscrite. Aussi
le comité de la Société des artistes s'est-il rapide-
ment mis d'accord sur la solution la plus favorable
aux intérêts généraux des artistes, et le vote, com-
mencé sous la, présidence de M. Harpignies, mem-
bre de l'Institut, doyen d'âge, a-t-il été enlevé rapi-
dement.
C'est M. Tony Robert-Fleury qui a été élu prési-
dent. Les vice-présidents sont MM. Nénot, architec-
te, et Coutan, statuaire, tous deux membres de
l'Institut. M. Albert Maignan reste secrétaire rap-
porteur M. Boisseau, secrétaire-trésorier; MM.
de Richemont, G. Lemaire, Pascal, membres de
l'Institut, et Mongin, secrétaires des quatre sec-
tions de peinture, sculpture, architecture et gra-
vure.
On a nommé en même temps les présidents des
différents jurys pour le Salon de 1904 Section de
peinture M. Ferdinand Humbert, membre de l'Insti-
tut section de sculpture, M. Boisseau; section des
arts décoratifs, M. Raphaël Collin.
Quelques mots, avant de terminer, sur le nouveau
président de la Société des artistes français.
M. Tony Robert-Fleury, par extraordinaire, n'est
pas de l'Institut. Fils du* peintre Robert-Fleury, qui
en fut, et qui fut en même temps commandeur de la
Légion d'honneur, le nouveau président est un des
derniers représentants de l'art classique dont son
père fut un des champions les plus intraitables.
Elève de Paul Delaroche et de Léon Cogniet, il a
gagné les nombreuses médailles qu'il a décrochées
aux Salons et aux Expositions universelles, par des
compositions historiques dont le succès fut réel
Charlotte Corday à Caen, Pitael à la Solpétrière,
Vauban fortifiant Bel fort, Mazarin et ses nièces, etc.
Les connaisseurs préfèrent à ces .grandes toiles, où.
l'artiste a continué la tradition qui sévit dans les ga-
leries historiques de Versailles, et qui date de Louis-
Philippe, les petites toiles de genre finement obser-
vées, délicatement peintes, que M. Robert-Fleury,
depuis une dizaine d'années, expose régulièrement
aux Salons.
L'homme, d'ailleurs, est charmant. Naguère en-
core un des plus beaux hommes de Paris, il se con-
tente d'en être aujourd'hui un des plus sympathi-
ques et des plus naturellement distingués. Sa cour-
toisie, son urbanité et la sûreté de ses relations sont
proverbiales. Nous doutons qu'on lui connaisse un
ennemi.
Né à Paris en 1837, M. Robert-Fleury a soixante-
six ans. Il est officier de la Légion d'honneur de-
puis 1892. •
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