Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-12-27
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 décembre 1902 27 décembre 1902
Description : 1902/12/27 (Numéro 15171). 1902/12/27 (Numéro 15171).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE TEMPS;. 27 ^cemïrelfflB;:
S1H6IBE AU CORSERVAItHBE. Un garçon de bureau
du Conservatoire, M. Sylvain Longeac, âgé de
soixante-six ans, qui souffrait depuis longtemps
d'une maladie incurable, a été trouvé pendu hier,
après-midi, dans un des couloirs du bâtiment de la
tue Bergère.
M. Rieux, commissaire de police, a ouvert une
enquête.
L'ESCALIER DE 1» RUE D'RLSACE. L'escalier qui relie
,le long de la gare de l'Est la partie haute et la partie
basse de la rue d'Alsace a été descendu, à deux re-
prises, comme on le sait, par des chevaux de fiacre
sans le moindre dommage pour ces honnêtes qua-
drupèdes et pour leur véhicule. Cet escalier n est
pas aussi clément pour les passants. Hier après-
midi, un typographe, M. Reboulleau, âgé de 60 ans,
a glissé sur une marche et, dans sa chute, s'est
«ïaeturé le crâne. Transporté tout sanglant dans une
pharmacie,- il y est mort quelques instants après.
INFORMATIONS DIVERSES
->• M. Albert Métin, agrégé de VUniiéersité, fera. une
conférence, demain samedi, à huit heures et demie, à
ia «Coopération des Idées", 157, faubourg Saint-
Antoine, sur « Les peuples et religions de l'Inde ».
NOTES ET LECTURES
Un roman d'actualité ̃
te Venezuela jouit, en ce moment, du privilège
d'occuper la presse, les chancelleries et les marines °
des principaux Etats Européens. Un puissant sou-
verain a cru même devoir expliquer à ses fidèles
sujets que son gouvernement avait été obligé d'in-
sister auprès de la République vénézuélienne pour
lui 1expliquer qu'elle avait le devoir d'indemniser les
résidents étrangers, dont les intérêts ont eu à souffrir
des quatre-vingt-dix Pronunciamientos ou Révolu-
tions qu'elle s'est offerten moins d'un siècle. Lorsque
l'on sait que cette insistance s'est manifestée à coups
de canon, on ne peut qu'admirer l'heureux euphé-
misme du discours royal, aussi bien que la portée des
raisonnements employés. Quoi qu'il en soit, il se-
rait intéressant d'être renseigné sur l'état d'âme
d'un Pays et d'un Gouvernement qui provoquent de1"
semblables manifestations, et on ne saurait mieux
taire pour cela que de consulter une étude très cu-
riease, très approfondie, publiée sous forme de ro-
man, par M. Diaz Rodriguez, un des meilleurs écri-
vains de l'Amérique du Sud. Ce livre, intitulé Idolos
rotos (Idoles brisées), a eu un énorme retentisse-
ment dans toutes les Républiques du Sud américain
chacune ayant pris pour elle-même quelques-unes
des critiques acerbes formulées par l'auteur. L'ou-
vrage n'a pas encore été traduit, que nous sachions,
et en attendant qu'un journal en publie une édition
française, nous allons essayer d'en donner un ré-
sumé succinct en laissant à M. Diaz Rodriguez la
responsabilité de ses assertions. ZD
Le roman, si on peut appeler ainsi une série d'étu-
des de mœurs familiales ou politiques, reliées entre
elles par un fil très menu, met-en scène un jeune
Vénézuélien, doué des plus heureuses qualités de
cœur et d'esprit, Albert Soria, appartenant à une
excellente famille, et venu en France pour terminer
des études scientifiques, pour lesquelles il n'a aucun
goût, tandis qu'il possède au plus haut degré le
sens et les dispositions artistiques. Il entre donc
dans un atelier de sculpteur, et, après cinq ans d'un
labeur acharné, il expose à l'un de nos derniers Sa-
lons un « groupe de Faune découvrant une Nym-
phè », qui obtient un légitime succès et lui vaut une
médaille. Au moment où Albert Soria va jouir de
son triomphe, il est rappelé dans son .pays par l'état
de santé de son père. Il part donc et ses regrets sont
tempérés par l'idée qu'il va revoir son pays, et re-
trouver les affections qu'il a laissées sur la terre
natale.
B. arrive, et dès son débarquement, il éprouve un
sentiment de désillusion; il ne revoit pas les choses
telles qu'elles lui apparaissaient à travers la magie
du souvenir. La nature a. bien gardé son immuable
beauté et son inépuisable richesse; mais l'œuvre de
l'homme lui paraît laide et mesquine. Les places
quil se figurait si grandes sont en réalité petites les
rues sont sales et mal pavées, ou même pas pavées
du;tout, les maisons éveillent l'idée de ruines; en-
fin^lout paraît révéler la négligence, la misère et le
manque d'administration régulière.
Écherche à réagir contre cette première impres-
sion-, il compte sur la douceur de la vie de famille
dont il a été privé si longtemps, pour dissiper ce
malaise moral, mais son père est souffrant de corps
et d'esprit, sa sœur n'est pas heureuse en. ménage
et son jeune frère, à peine âgé de vingt ans, pro-
fesse des idées d' « arriviste » qui le blessent dans
sesf sentiments d'artiste et d'honnête homme. Au
reste, nous n'avons qu'à écouter les confidences
mises par l'auteur dans la bouche de ces divers
personnages et nous pénétrerons dans les senti-
ments intimes d'une famille vénézuélienne.
gisons toutd'abord qu'au Venezuela, deux grands
.partis- se disputent le pouvoir, les modérés et les li-
bétàux, et que la famille Soria tient un rang impor-
tant dans le parti libéral. Dès le lendemain de son
ariÉvée, Albert reçoit les douloureuses confidences
de son père, qui craint, dit-il, d'avoir été la victime
d'une comédie vulgaire, le jour où il a donné sa fille
à M. d'Uribe, qui appartient à une famille aristo-
cratiquedu parti modéré, puis il s'exprime comme
suit:
jSh! Quand j'y pense et aujourd'hui il me
paraît qu'il eût été simple et si naturel d'y songer
dès le premier moment. Oui! J'aurais dû y songer,
rien qu'en me rappelant ce qu'était le père d'Uri-
be; un de ces politiciens, habiles improvisateurs
de fortunes, qui savent s'accrocher à tous les gou-
vernements 1 Cet homme a réalisé plusieurs
fortunes, qu'il a dissipées, en fanfreluches, en fêtes,
en bijoux 1 Que peuvent être les mœurs, les idées
d'enfants élevés dans un semblable milieu? Dans
une famille de pauvres, avec des habits et l'arro-
gance de marquis! Famille de parasites 1
Et lorsque le vieillard a fini de développer un su-
jet si triste pour lui et pour sa fille, Albert se heurte
à son jeune frère, à qui il a voulu faire de la morale
et qui lui réponde
Quand je te dis qu'il faut savoir] s'accommoder.
FEIIILLETOM OU ©ÉtttJJ0
DU 27 DECEMBRE 1902
Causerie Scientifique
NATURE ET LA VIE
POURQUOI RIONS-NOUS?
Les récentes recherches sur la cause du rire. Seul
l'homme rit, et seul l'homme est risible. Les cau-
ses du rire.- Le rire de la férocité.– Si l'homme est
plus bête ou plus méchant. La théorie pessimiste
du rire:la joie de la dérision.– La théorie de l'incon-
gru ou de la non-congruence. Circonstances qui
nous font rire. Le disproportionné; l'incohérent.
l,a théorie de la raideur mentale. Don Quichotte et
Tartarin. L'automatisme professionnel. Existe-
't-il une théorie générale du rire? L'opinion de
M. James Sully. La fonction sociale du rire, et de
l'humour en particulier. L'humour comme forme
nouvelle et supérieure. Les transformations du
rire-,
ÎLe philosophé est, de sa nature, un animal plein
de curiosité. D'autres se contentent de constater les
faits (et encore}; pour lui, ce n'est point assez, il
veut les interpréter. Toute chose a sa théorie, dit-il
il y a une théorie de la volonté et du magnétisme,
de la chimie et du pendule, pourquoi n'y aurait-il
pas une théorie du rire? Car le rire, pour déraison-
nable et frivole qu'il paraisse, est un phénomène
psychologique très général, et dès lors il convien-
drait d'en découvrir la signification. Sur ce, après
Aristote, Kant et d'autres encore, deux philosophes
français se sont attaqués au problème M. Berg-
son et M. Dugas, dans deux courtes, mais intéres-
santes études, et sur leurs talons, voici s'avancer
un psychologue anglais fort connu, M. James
Sully (1), avec un important travail à peine sorti
des presses.
Le rire est à l'ordre du jour, décidément. Donc,
avec les philosophes, cherchons pourquoi nous
tions.
Observons d'abord que le rire est le propre de
l'homme, ainsi qu'il a été dit, et souvent répété, de-
puis,Rabelais. Car il est admis (il y aurait quelques
réserves à faire là-dessus, mais l'espace manque-
fait) que seul l'homme est capable de rire. Le phé-
nomène est essentiellement humain, par conséquent.
IL l'est même à deu* titres.
(!) H. Bergson: Le Rire, essai sur la signification du
temique (F; Alcan, 1900); L. Dugas: Psyeliolo&ie du rire
i?. Alcan, 1902);, James Sully An Essay on. Lau$hter
iLongmaor et C*, 1902, Londres).
du milieu dans lequel on se trouve, j'entends qu'il
faut profiter de l'esprit et des tendances de ce mi-
lieu en prendre ce qu'il peut offrir de plus sûr pour
arriver au but que l'on se propose d'atteindre^ pour
monter, en un mot, le plus haut et le plus vite pos-
sible. Et pour cela, ce qu'il y a de plus sûr ici,, c'est
la politique, et non pas la politique d'opposition,
car elle ne mène à rien. Nos chemins sont diffé-
rents tu vis en plein idéal et tu rêves «la Gloire »,
tandis que, par tempérament, je suis ennemi des
rêves. Je désire vivre et savourer les joies et les
âpretés de la vie, de toute la vie! Tu songes
quelque chose de lointain; je veux, moi, posséder
quelque chose d'immédiat, que je puisse étreindre
avec la main. C'est pour cela que mon choix est
fait et que j'ai choisi la politique. Parce que, dans
notre pays, c'est par la politique, et par elle seule,,
qu'il est possible d'être quelqu'un, de faire figure
et. d'amasser de l'argent. q
Albert oppose la question d'honorabilité à cette
profession de foi, et le jeune Pedro répond à son.
aîné
« Oh l'honorabilité est une question relative,
surtout en politique et à notre époque. Je connais
beaucoup de personnes ayantla réputation d'être
fort honnêtes et qui ont su remplir leur bourse
avec beaucoup d'adresse. D'autres moins fins ou
plus cyniques ont laissé voir leur jeu. En cas de
tourmente, ils laissent passer la bourrasque; ils
vont faire un tour en Europe, et mangent à Paris
le pain de l'exil, en l'arrosant de champagne.
Le jeune homme en dit long sur ce chapitre, puis,
dirigeant contre son frère une attaque ad hominem,
il ajoute
On songe à glorifier un des héros du pays, et
comme tu es notre seul bon sculpteur, tu as solli-
cité cette commande et tu crois que l'on va te con-
fier cette œuvre Voilà ce que tu crois. Ce serait
d'ailleurs fort naturel. Mais les choses ne vont pas
comme tu le supposes. Ne te figure pas, parce que
tu es le seul sculpteur, que tu n'auras pas de con-
currents. Tu en auras, et de très pussants. Je
crains notamment un individu de la famille du Pré-
sident, un certain Guanipe, négociant, et par-des-
sus le marché, agent de contrebande.
Mais s'il n'est pas statuaire ?
Et qu'importe cela ? Ce qui imDorte, c'est l'af-
faire. La statue n'est que le prétexte de l'affaire, à
laquelle elle prête un petit côté d'idéal, pour flatter
ou distraire les pauvres d'esprit.
Et de fait, Pedro a raison, Guanipe reçoit la com-
mande de la statue au prix de 40,000 francs, sur
lesquels il en abandonne 30,000 pour le ministre et
les personnages influents qui se sont occupés de
l'affaire.
Le vieux Soria meurt; sa disparition brise les
liens qui retenaient les divers membres de la fa-
mille Albert cherche dans le travail l'oubli de ses
ambitions et de ses affections perdues, de ses ido-
les brisées. Il a fait don à l'Académie des beaux-
arts, d'une reproduction de son groupe du Faune et
de la Nymphe; il veut y joindre une oeuvre origi-
nale qui symbolise la beauté de son pays, une Vé-
nus crëoCe. Il découvre une jeune métisse réunissant
en sa personne les perfections des deux races, Il la
décide à poser, et obtient, au dire des gens de goût,
un véritable chef-d'œuvre symbolique. La statue
est exposée dans un café sur la place du Gouverne-
ment, qui sert de lieu de réunion à toute la société;
mais elle n'excite aucun enthousiasme. Les jour-
naux d'opposition la critiquent. Le vulgaire ne sait
pas l'apprécier, et d'ailleurs l'attention publique est
absorbée par le bruit des événements politiques et
financiers qui se préparent, car il est question d'un
pronunciamiento et d'un énorme emprunt la Vénus
créole va rejoindre le Faune à l'Académie des beaux-
arts, sans qu'un remerciement soit adressé à l'ar-
tiste, dont les nobles aspirations sont de plus en
plus froissées, et les idoles déplus en plus endom-
magées..
Albert a retrouvé auprès de sa sœur une amie
d'enfance, Marie Almeida, qu'il a quittée enfant et
qui est devenue une jeune fille belle et charmante.
Il s'en éprend et devient son fiancé. Suivant la cou-
tume du pays il se rend chaque jour à la réception
de sa novia et il se laisse aller un jour à conter la vi-
site qu'il a faite à l'un des ministres pour obtenir la
commande de la statue qui devait être confiée à
Guanipe cet éminent personnage est un ancien
régisseur rural, devenu général- par la grâce d'un
pronunciamiento, mais resté un rustre, sans aucune
éducation et Albert s'exprime comme suit
En entendant les paroles stupides de cet homme,
en voyant la façon satisfaite, épanouie dont les em-
ployés qui m'entouraient, acceptaient de pareilles
insanités comme des marques d'esprit, je sentis le
rouge de la honte me monter au visage. Cet individu
parlait de son parti politique, du parti libéral, com-
me il eût parlé de sa maison, de sa chose, de son
hôtel, ou plutôt de son hôtellerie.
-Et il a bien raison, s'écria Marie Almeida, ce qu'ils
appellentle parti libéral n'estni plus, ni moins,
qu'une auberge de réputation douteuse où se réfu-
gient les coquins de toute espèce.
Pas tantque cela. Vous exagérez. Le succèsa
naturellement poussé vers le parti libéral beaucoup
d'éléments pernicieux. Croyez bien que si c'était le
parti modéré qui fût au pouvoir, ce parti contien-
drait un nombre au moins égal de coquins. Sans
doute il y a des canailles dans le parti libéral, mais
il a renfermé et il renferme encore beaucoup d'hom-
mes d'honneur.
Non! non les libéraux sont tous des fripons et
des coquins, répéta Marie Almeida, avec toute l'é-
nergique' conviction des sentiments conservateurs
de sa famille appartenant au parti modéré.
Je ne crois pas, répondit Albert, dont le ton de-
vint plus sérieux et le visage très pâle. Puis, cher-
chant à dissimuler sous un sourire l'impression dé-
sastreuse que lui avaient causée les :paroles de Ma-
rie,ilajouta:-Je me vois contraint de prendre pour
moi- vos paroles et vos injures, puisque toute 'ma
famille est composée de libéraux.
Marie comprit alors ""son imprudence et son trou-
ble fut tel, qu'elle ne. put arriver à balbutier même
L'ombre d'une excuse.
Encore une idole brisée,
Le pronunciamiènto- eu lieu, la guerre civile bat
son plein. Ce qui fournit à M. Diaz Rodriguez le
moyen de mettre en scène des politiciens et des fai-
seurs de toute espèce chef d^Etat marchandant le
concours de Sénateurs et'dè Députés, Ministres péro-
rant dans les cafés, fonctionnaires cherchant à dé-
fendre leur prébende, ambitieux essayant de la leur
prendre, tout un monde grouillant, vivant, comme
un tableau de cinématographe.
Car seul l'homme rit, et c'est l'homme seul qui est
risible. Les choses inanimées ne font point rire, ni
les bêtes; elles né font.rire qu'autant qu'elles rap-
pellent l'homme, qu'elles-lui ressemblent par la
forme ou le geste, ou portent les traces de son
action. Le comique n'a donc fait son apparition
qu'avec la création de la race humaine.
Ceci posé, passons à l'étude du problème, et cher-
chons quels sont les motifs de notre rire.
Ils varient infiniment. Et si l'on considérait de
manière plus particulière ceux qui paraissent inter-
venir chez l'enfant qui n'a pas été désanimalisé
par l'éducation, et chez le sauvage, on conclurait
volontiers que le rire est surtout une manifesta-
tion de sentiments vils et cruels, le signe d'une sa-
tisfaction méchante des maux, petits ou grands,,
dont les hommes ou les bêtes sont atteints, satis-
faction d'autant plus grande que l'on à soi-même
plus contribué à engendrer ces maux. Le rire serait
un indice et la conséquence de la férocité de
l'homme. Quelques moralistes, toutefois, observent
que cette façon de voir est exagérée. L'homme, di-
sent-ils, est encore plus bête que méchant. Le rire
est plutôt un signe d'inintelligence que de cruauté
véritable. De là la théorie pessimiste du rire, autre-
fois esquissée par Aristote et Platon, et nettement
formulée par Hobbes, Lamennais et Bain. Nous
rions, dit Hobbes, parce que .nous éprouvons une
façon de gloire subite à nous comparer aux autres
nous jouissons (étant méchants) de ce que (étant
bêtes) nous nous croyons supérieurs aux autres;
nous prenons plaisir à voir dégrader toute chose.
Et ce plaisir est d'autant plus vif qu'il s'accompagne
d'une détente psychique. Nous étions contraints,
tendus un fait ou un mot qui nous détend nous
fait du bien.
Evidemment, il n'est point difficile de montrer
que la dégradation des choses et des gens est une
cause quotidienne de rire. Les petites misères du
voisin nous procurent une aimable gaieté Ajax
tombant à la course et se remplissant la bouche de
terre, le passant qui court après son chapeau, tel
l'immortel Pickwick-; le clown sans cesse bousculé,
l'homme pressé qui se jette dans un réverbère, les
passagers débarquant après une mauvaise traver-
sée, tout cela nous divertit. Les maladresses aussi
maladresses physiques, ignorance, incompétence,
naïveté. Maladresse du garçon de café qui trébuche
avec une pile d'assiettes; ignorance du touriste qui
cherche sa. route; naïveté du paysan qui, à Taéro-
naute près d'atterrir, demandant « Où suis-je? » ré-
pond « Dans un ballon »; naïveté du personnage
de comédie s'écriant: «Ils avaient un volcan, et
ils l'ont laissé éteindre » simplicité d'Ev,e qui
étant tombée à l'eau d'après les récentes ré-
vélations de Maris Twain -m est prise d'une telle;
pitié pour les poissons qu'elle en remplit le lit
d'Adam pour- qu'il les tienne au chaud: et tant
d'autres
Puis la révolution trîomphe,le président s'échappe,
en emportant la caisse; les bandes d'insurgés pénè-
trent dans Caracas, une d'elles est casernée dans
l'Académie des beaux-arts, et Albert, qui craint
pour ses statues le contact d'une pareille soldates-
que, accourt avec un de ses amis et. Ici laissons
encore la parole &M. Diaz Rodrïguez
Albert et Romero, dès leur entrée dans la salle,
comprirent la véritable portée des réticences de lan-
gage du sergent Miyarès. Apollon, fils de Latone,
renversé de son piédestal, les bras et une jambe
brisés, était étendu à plat ventre sur le sol près de
lui, et dans la même attitude ignominieuse, gisait
l'Antinoüs, aux formes divines tous deux,
comme s'ils avaient été frappés traîtreusement,
portaient dans le dos la marque d'une profonde
blessure. Les statues de Vénus, contrairement
à ce qui avait été fait pour le Dieu de la lumiè-
re, étaient étendues sur le dos et semblaient con-
templer le plafond de la salle. Les soldats, dans une
explosion frénétique d'un érotisme bestial, avaient,
à coups de baïonnette, déshonoré la blancheur mar-
moréenne de ces corps de déesses. Albert eut un
instant d'espérance trompeuse, à laquelle il se rat-
tacha désespérément, lorsqu'il aperçut au loin la
tête intacte de son Faune, unique statue que cette
horde de sauvages avait respectée. Mais la rage
de ces barbares s'était acharnée sur le corps de la
nymphe, et surtout sur celui de la Vénus créole, à
qui le ton de la terre cuite, donnait comme une
teinte de réalité. C'était une ruine dans laquelle il
était impossible de reconnaître l'ancienne et rayon-
nante beauté.
Rage et désespoir de l'artiste qui exhale sa douleur
de la façon suivante
Non, jamais je ne pourrai réaliser mon idéal dans
mon pays.- Jamais je ne pourrai vivre mon idéal
dans ma Patrie. Patrie!! 11 Pays Est-ce donc cela
mon Pays!! Est-cecelama Patrie Et, avant que
de nouveaux conquérants, venus du Nord, courbent
sous leur botte de fer cette tourbe infâme, aveugle à
toute vérité, sourde à tout avertissement, et n'im-
prime sur le front des vaincus, en un langage bar-
bare, l'arrêt irrévocable; je veux, moi, l'artiste
injurié, calomnié, je veux, avec le sang tiré du fond
de mon cœur, inscrire sur la ruine de mon foyer,
sur le tombeau de mes affections perdues, cette pa-
role fatidique, irrémédiable « Finis Patrix »
CONSEIL MUNICIPAL
SÉANCE DU 2Q DÉCEMBRE
M. Escudier préside.
Au début de la séance, M. Escudier donne lecture
de la lettre de démission de M. John Labusquière,
conseiller du quartier de Picpus.
Monsieur le président, écrit M. Labusquière, j'ai
l'honneur de vous informer que je viens d'adresser à
M. le préfet de la Seine ma démission de membre du
Conseil municipal. Les soucis et les charges d'une nom-
breuse famille m'ont dicté cette résolution. Mes con-
victions républicaines socialistes ne s'en trouveront
pas modifiées, je leur resterai fidèle toute ma vie.
Ce n'est pas sans un vif regret, une profonde émo-
tion, que je renonce à la vie militante de propagan-
diste à laquelle je me suis consacré depuis une tren-
taine d'années ce n'est pas non plus sans un vif
regret, une profonde émotion que je quitte l'assemblée
communale, et ce sera pour moi une consolation si,
dans ma retraite, j'emporte la sympathie de mes col-
lègues de la gauche et l'estime de mes adversaires,
que j'ai combattus parfois avec violence, toujours avec
loyauté.
Vous me permettrez aussi de remercier publique-
ment les électeurs du quartier de Picpus pour la con-
fiance qu'ils m'ont toujours manifestée depuis que je
suis leur représentant.
Agréez, etc., IOHN
̃.<̃ JOHN LABUSQUIERE.
M. Escudier déclare que le Conseil sera unanime
à regretter le départ de M. Labusquière, qui prive
l'assemblée d'un de ses membres les plus écoutés. Il
ajoute que si quelque chose peut atténuer ces re-
grets, est l'espoir que des circonstances très pro-
chaines permettront à M. Labusquière de continuer
son concours à la Ville et de lui consacrer comme
par le passé, toute son intelligence et tout son
cœur. (Très bien très bien!)
Les dernières paroles de M. Escudier font allusion
à la nomination qu'on'dit prochaine de M. Labus-
quière à la direction de l'école de dessin Germain-
Pilon.
M. Labusquière était conseiller du quartier de
Picpus depuis 1896. 11 fut successivement secré-
taire, rapporteur général du compte, rapporteur gé-
néral du budget, et premier vice-président (1899-
1900). Aux élections de 1900, M. Labusquière avait
été réélu au premier tour une majorité considéra-
ble.
L'emprunt hospilalieri Le Conseil aborde la dis-
cussion du rapport de M. Chérot sur la reorganisa-
tion des services hospitaliers de l'Assistance publi-
que. Nous avons exposé que cette réorganisation
consistait notamment en la reconstruction de divers
hôpitaux, dans la remise en état des autres. Nous
avons dit aussi quels systèmes financiers préconi-
sait M. Mesureur, directeurde l'Assistance, d'accord
avec la 5° commission du Conseil municipal.
C'est l'Assistance publique qui, sur ses ressources
particulières, avancera les. 45 millions nécessaires
pour les travaux- à effectuer jusqu'en 1910. A ce mo-
ment, l'emprunt de 1869 étant amorti, la Ville aura
des disponibilités qui lui permettront de rembourser
l'Assistance publique et même de gager un emprunt
hospitalier plus considérable.
Cette combinaison, critiquée sans grande vigueur
à la tribune par quelques conseillers, soutenue vive-
ment au contraire par la grande majorité do l'as-
semblée et par M. Mesureur, directeur de l'Assis-
tance publique, est finalement approuvée et les con-
clusions du rapport de M. Chérot adoptées.
JDJ Hi
On annonce le décès à Toulon du contre-amiral en
retraite Rocomaure, commandeur de la Légion
d'honneur.
Né le 6 juin 1832, l'amiral Rocomaure avait été
admis à TEcole navale à quinze ans; comme capi-
taine de vaisseau il commanda le cuirassé Suffren
dans l'escadre de la Méditerranée, et fut appelé en-
suite au commandement de l'lphigénie, frégate-école
d'application des aspirants.
Promu contre-amiral le 25 septembre 1889, il fut
nommé l'année suivante major général à Toulon,
poste qu'il occupa jusqu'à son passage dans le cadre
de réserve en 1894.
Mais notre rire est d'autant plus vif que la dé-
gradation paraît plus profonde. La dégradation d'une
personne, ou d'une institution, qui sont ou sem-
blent prétentieuses, nous est particulièrement agréa-
ble.
Est-il rien de plus doux que de voir rosser le com-
missaire ? Que de surprendre les défaillances de
ceux qui se croyaient impeccables? Ou la lâcheté
de ceux dont la profession est d'avoir du courage? 2
« Saint-Père, disait lo maréchal de Créquy, con-
sulté sur le costume à donner à ses soldats,– Saint-
Père, habillez-les en rouge, habillez-les en jaune,
habillez-les en vert, ils f.ront toujours le camp. »
Ou la jactance, encore: « A moi! crie un guerrier
j'ai fait trois prisonniers. Pas la peine, répond un
camarade; avance. -Je ne puis pas ils ne veu-
lent pas me lâcher 1 »
Et ainsi de suite les exemples sont innombrables.
Tous les jours nous rions du rire que Lamennais
condamnait comme étant l'indice d'un manque de
sympathie, d'une dérision plus ou moins justifiée.
Notre rire, toutefois, n'est pas invariablement celui
de la dérision. Aussi, à côté de la théorie d'Aristote
et de Hobbes, s'en est-il dressé une autre celle
qu'ont principalement défendue Kant et Schopen-
hauer. C'est la théorie de l'incongru. On rit de ce
qui n'est point conforme à l'ordre établi, qu'il soit
général ou particulier. Il reste bien un peu trace de
dérision dans notre rire, à la vue d'un comique
coiffé d'un chapeau trop grand ou trop petit, mais
il n'y en a plus quand nous rions d'un âne. qui
se roule dans le sable, les quatre fers en l'air.
L'enfant ne rit point de dérision au rayon de so-
leil qui se joue dans la chambre il rit d'une nou-
veauté (de quelque chose qu'il ne sait point encore
être dans l'ordre), tout comme le sauvage à qui l'on
montre un mécanisme ou fait avaler un mets nou-
veau.
Le rire qu'excite chez les âmes élémentaires" la
vue d'une difformité physique, n'est pas nécessai-
rement celui de la dérision. Le difforme, le 'bossu,
est.incongru il n'est pas conforme au type; il n'est
pas proportionné; il n'est pas dans l'ordre, il sort
de la convention. Il en va de même pour le nain.
D'autres circonstances nous font rire où le nouveau,
ou le difforme, constituent l'agent principal la
laideur physique, qui est surtout faite de dispropor-
tion et d'hétéro topie la laideur morale, qu'exploite
si souvent la comédie moderne> après avoir servi
de base aux fabliaux du temps passé, surtout quand
elle se complique d'hypocrisie ou de vanité, comme le
fait: à juste raison remarquer M. J. Sully; l'indécent,
depuis la forme grossière et pratique qu'il revêt
chez les sauvages en gaieté, ou dans une noce de
campagne, jusqu'aux formes très affinées sous les-
quelles il est déguisé dans un conte ou une pièce lit-
téraires les petites infractions aux usages établis,
aux conventions sociales, aux manières du monde;
les gaucheries, les solécismes, les provincialismes,
toute la famille des «. gaffes m. La çamme est très
Hier est mort à Fontainebleau, après une courte
maladie, le général de division en. retraite, de
Boërio.
Fils d'un ancien colonel du premier Empire, le
général est né à Bourges en 1833.
Elève de Saint-Cyr et de Saumur, il. a fait toute
sa carrière dans la cavalerie. Après plusieurs cam-
pagnes en Algérie il était, au début de la guerre al-
lemande, colonel du 9.e lanciers.
C'est avec ce régiment qu'il fit la campagne au
cours de laquelle if combattit vaillamment à Beau-
mont et à Sedan.
Echappé, dans cette fatale journée, avec une par-
tie de son régiment, à travers les lignes prussien-
nes, nous le retrouvons, quelques semaines plus
tard, à l'armée de la Loire, puis à l'armée de l'Est,
où il passa général et commanda la réserve de ca-
valerie de Bourbaki.
Divisionnaire en 1877 et inspecteur de cavalerie,
le général de Boërio commanda la 6e division de ca-
valerie à Lyon et fut, en dernier lieu,, inspecteur
permanent de cavalerie à Bordeaux.
M. Durand, ancien sénateur de Lot-et-Garonne,
est mort presque subitement hier soir, à Agen. Il
était âgé de cinquante-neuf ans.
M. Durand fut maire d'Agen de 1880 à 1888, épo-
que où il démissionna. Il siégea au Sénat de 1888' à
1897. C'est lui qui, le 26 avril 1889, reçut, en sa qua-
lité de maire, le président Carnot, venu à Agen pour
poser la première pierre du musée Bernard-Palissy.
Le nom de M. Durand restera attaché à l'histoire
des grands travax effectués dans Agen au cours des
vingt dernières années percement du grand bou-
levard, construction du lycée de garçons et du mar-
ché couvert.
Il avait occupé pendant longtemps à Agen, une
charge d'avoué.
Nous apprenons la mort de Mme veuve Adolphe
Joanne, décédée à l'âge de quatre-vingt-un ans, en
son domicile, rue Gay-Lussac, 38.
Mme A. Joanne était la veuve de l'auteur des
Itinéraires et des Guides, et la mère du géographe
Paul Joanne..
Les obsèques auront lieu samedi, à dix heures, à
l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas.
Nous apprenons la mort de Mme veuve L. Schlé
singer, décédée en son domicile, 51, rue Saint-La-
zare, à l'âge de quatre-vingt-deux ans.
LIBRAIRIE
LA REVUE
(ancienne" Revue des Revues»), la plus importante
et la plus répandue parmi les grandes revues fran-
çaises et étrangères.
Numéro spécimen sur demande. Directeur Jean
Finot, Paris, 12, avenue de l'Opéra. «
LA REVUE BLEUE
Dans le n" du 27 décembre une curieuse corres-
pondance inédite de Baudelaire; un article de Me-
rejkowsky sur Tolstoï; une étude de Faguet sur la
réforme du divorce; la fin et les conclusions de la
saisissante enquête surla presse,; les articles de cri-
tique littéraire, dramatique et artistique d'Ernest
Charles, Paul Flat et Raymond Bouyer, et le portrait
de Maurice Donnay, par A.-E. Sorel.
Collection Hetzel
Ce qui assure à la Collection Hetzel une place à
part dans la librairie française, c'est que les livres
qui la composent sont le résultat d'un plan d'en-
semble mûrément étudié par son fondateur! l'émi-
nent et aimable moraliste, P.-J. Stahl, et fidèlement
suivi après lui, .,en vue d'offrir/à la jeunesse des- li-
vres qui soient dignes de figurer dans la bibliothè-
que de la famille et apportant autant de plaisir, au-
tant de profit aux parents et aux maîtres qu'aux
jeunes lecteurs eux-mêmes, car ils -ont une valeur
littéraire qui les fait rechercher du public lettré, et
un cachet artistique qui séduit les bibliophiles.
Depuis bientôt quarante ans, dans cette librairie,
le libre d'étrennes est l'affaire essentielle, le travail
longuement mûri, fortement étudié et mené à bonne
fin,' de deux ou trois générations d'écrivains, d'artis-
tes groupés dans une pensée commune. Aussi n'y
a-t-il jamais de fausse note dans les ouvrages nou-
veaux qui viennent chaque année prendre place
dans cette collection riche aujourd'hui de près de six
cents volumes. •
Nous avons analysé récemment les nouvelles pu-
blications de cette collection. Nos lecteurs nous sau-
ront gré en ce moment de leur en remettre les titres
sous les yeux. (Voir aux annonces;)
AVIS ET, COMMUNICATIONS
UNE REPRÉSENTATION UNIQUE
Quelle merveilleuse affiche que celle de la matinée
extraordinaire offerte par le Courrier français à ses
abonnés, samedi 27 à l'Olympia, à heures. Silvain
de la Comédie-Française, Gauthier de l'Qpéra-Co-
mique, Yvette Guilbert, Séverin dans une panto-
mime inédite avec Clémence de Pibrac et Lally, La
Frascuelita et sa troupe, Germaine Gallois, Auguste
Pouget, Marfa Dheryilly, Leuise Dauville, Madia
et ses danses japonaises, une saynète avec Cora
Laparcerië, un ballet-pantomime avec Georgette
Wendling et cinq jeunes danseuses, Dranem, Pau-
lus, Claudius, Fragson, Maurel, Sulbac, Regnard,
Henri Lëoni, Juifs, Moy, Footit et Chocolat, un con-
cours de Cake Walk, etc., etc. Un très beau pro-
gramme illustré et colorie parWillette et Widopff
donnera les détails de cette représentation unique
pour laquelle on peut encore avoir des fauteuils, en
s'adressant soit au bureau de location de l'Olympia
ou au Courrier français, 11, faubourg Montmartre.
CE QU'ON NE DIT PAS
Peu de personnes ignorent quelle triste infirmité
constituent les hémorroïdes, car c'est une des af-
fections les plus répandues; mais comme on n'aime
pas parler de ce genre de souffrances, même à son
médecin, on sait beaucoup moins qu'il existe,.de-
puis quelques années, un médicament, l'EIixir de
Virginie, qui les guérit radicalement et sans aucun
danger.-On n'a qu'à écrire 2, rue de la Tacherie,
Paris, pour recevoir franco la brochure explicative.
On verra combien il est facile de se débarrasser de
la maladie la plus pénible, quand elle n'est pas la
plus douloureuse. Le flacon, 4 frv 5Q, franco.
étendue; les degrés de finesse varient à. l'infini. Ici
nous avons le rire qu'on éprouve à voir un gamin
briser un réverbère; à l'autre bout, celui que provo-
que la scène de comédie citée par Schopenhauer r
un voleur arrêté, conduit au. poste^ avec lequel les
agents, pour tuer le temps, font une partie de car-
tes le voleur triche, et les agents le jettent à la
porte, comme indigne de jouer avec d'honnê-
tes, gens, ce qui fait que le voleur retrouve
sa liberté. Ou encore le rire plus fin, plus atténué,
tempéré par une pointe d'émotion,, que provoque
la petite scène relatée par Kropotkine (Autour
d'une vie). Il s'agit d'un exilé russe qui, réfugié
à Genève, y vit à composer un journal anar-
chiste. Kropotkine le rencontre, portant un petit
paquet à la main. « Est-ce que vous allez au
bain, Jean ? Non. Je déménage, répondit-il de sa
voix mélodieuse. » Ici, c'est la disproportion qui
amusé la disproportion qui est une modalité dé l'in-
congru, du contraire à la règle, de l'inusité.
L'incohérence aussi est une forme de l'incongru..
Et elle est fréquente en littérature Bouvard et
Pécuchet l'eussent fait voir et produit parfois
d'excellents effets. « Mlle Acacia est une étoile en
herbe qui chante de main de maître » (F. Coppée,
cité par L. Dugas); ou encore dit un maître
d'études de ses élèves indisciplinés « ces lapins-là
sont des moineaux qu'il faut tanner ». Autre forme,
élémentaire d'ailleurs, de l'incongru l'inversion, si
souvent employée au théâtre, mais qui ne manque
guère son effet, qu'il s'agisse de malfaiteurs emme-
nant les gendarmes, du commissaire refusant de
coffrer des mécréants qui sollicitent la prison, ou
du terlium quid chargé de tous les soucis qui in-
combent normalement au mari.
N'est-ce pas,. enfin, l'incongru qui amuse dans
ces deux immortels, Don Quichotte et Tartarin? Ne
sont-ils pas, l'un et l'autre, dans une constante in-
congruité à l'égard de leur entourage? M. Bergson a
très finement, et exactement, analysé le rire qu'ils
suscitent, en exposant sa « théorie de la raideur n.
Don Quichotte et Tartarin sont raides c'est-à-dire
d'une pièce. Ils ont un parti pris; ils voyent le
monde et les choses à travers un prisme invariable
dès lors agissant selon leur imagination, ils sont
perpétuellement incongrus, c'est-à-dire à côté, en
dehors. L'homme normal passe son temps à s'adap-
ter aux faits; Don Quichotte et Tartarin passent le
leur à adapter la réalité à leur rêve, à la déformer par
conséquent. Le premier ne voit que géants et enne-
mis le second imagine les dangers, ou bien nie
ceux qui existent réellement selon qu'il chasse le
lion aux portes d'Alger, ou s'adonne à l'alpinisme
en Suisse. L'un et l'autre ont l' inélasticité native »
qui fait le succès de Guignol,. qui rend risible Mé-
nalque, qui assure la fusée des rires quand l'au-
teur dramatique met en scène le jaloux, l'avare, le
matamore, ou quand le clown et le pitre s'adonnent
à leurs ébats: mécaniques sur le sable du, cirque.
L'eftet o,sj;siir etfacile ottl?ohtieQtav£c hs carac-.
,i TIC IÉ \A. T IË& IÈ3 S
Le « Chien du Régiment »
C'est sous Louis XV, quelque temps après Fon-
tenoy. Le régiment de Pomponne, dépendant de
l'armée du maréchal de Saxe, assiège la petite ville
hollandaise de Pompernickel. Les assiégés font
une belle défense; au'on ne leur parle pas de se ren-
dre Ils ont les pieds pumpernickelés. Reste la ruse.
Une jeune cantinière s'introduit dans la ville en se
faisant passer pour la nièce du bourgmestre, que
celui-ci n'a pas vue depuis dix ans. Un paysan du
parti français se travestit en gouvernante de la
fausse nièce. Le capitaine Brétigny se donne pour
montreur de bêtes, et deux de ses ours sont des
soldats déguisés, comme dans l'Ours et le Pacha. Le
bourgmestre, assailli par ces gens qui veulent s'em-
parer des clefs de la ville accrochées à sa ceinture,
les jettç dans le fossé. Mais le bon chien Mousta-
che se précipite et les rapporte au capitaine. Vive
le chien du régiment! L'amusant animal qui inter-
prétait ce rôle a certainement le don du théâtre il a
paru prendre un vif plaisir aux applaudissements
qui ne lui ont pas été ménagés. On a été heureux de
revoir Mme Simon-Girard, et toute la troupe de la
Gaité a eu part au succès de l'opérette bonne enfant
de MM. Pierre Decourcelle et Louis Varney.
Nous avons donné hier les résultats de la, séance
du comité d'administration tenue mercredi au Théâ-
tre-Français.
A la suite de ces décisions, la situation des socié-
taires, au point de vue de la répartition des bénéfi-
ces, se trouvera être la suivante
Sociétaire à part entière MM. Mounet-Sully (1874),
Coquelin cadet (1879), Silvain (1883), Baillet (1887), Le
Bargy (1887)', de Féraudy (1887), Leloir (1889); Mmes Bar-
tet (1881), Dudlay (1883), Pierson (1886).
A onze douzièmes et demi MM. Albert Lambert
(1891), Paul Mounet (1891).
A neuf douzièmes et demi Mlle Muller (1887).
A neuf douzièmes M. Truffier.
A huit douzièmes M. Georges Berr (1893).
A sept douzièmes MM..Laugier (1894), Raphaël Du-
flos (1896), Mlle Brandès (1896).
A six douzièmes Mme Marie Kalb (1894), M. Leitner
(1896), Mme Segond-Weber (1902).
A cinq douzièmes et demi Mlle Lara (1899).
A cinq douzièmes Mlle du Minil (1896).
A trois douzièmes M. Dehelly (1902), Mlle Marie
Leconte (1902).
(La date qui suit le nom de chaque sociétaire est
celle de son élévation au sociétariat.) )
Mme Eleonora Duse vient de signer un nouvel
engagement pour une tournée en Amérique durant
la saison 1903-1904. Elle jouera six pièces différentes,
dont trois nouvelles, et peut-être une nouvelle pièce
de M. d'Anriunzio qui, ayant pour titre Malatesta,
serait une suite de Francesca di Mimini.
Ce soir
Au Châteautd'Eau, reprise de Napoléon.
A la Comédie-Française, M. Raphaël Duflos étant
toujours alité, et M. Laugier, à son tour, se trouvant
souffrant, la représentation du Passé sera remplacée
par le Mari de la veuve et Mlle de Belle-Isle.
Au Vaudeville, reprennent les représentations du
Joug, interrompues, hier, matin et soir, par Mme Sans-
Gêne.
A- l'Atb.éaéôT &. la. aorte d'una -soudaine indisposition
de M. André Dubosc, Par vertu, la pièce de M. Francis
de Croisset, -n'a pas pu être achevée hier soir.
Le théâtre Antoine, depuis quelques jours, a ad-
joint, à la Bonne Espérance, l'Aventure, l'amusante comé-
die de M. Max Maurey,
Le soir du réveillon, les Mathurins ont encaissé
l'énorme somme de 3,327 francs, et on a refusé plus de
deux cents personnes; fort ennuyées de ne pouvoir ap-
plaudir Mmes Polaire, Margel, L. France, MM. Dar-
mont, Montelaux et André Hall.
-La charmante idée qu'a eue M. Gustave Charpen-
tier de procurer un délassement et une jouissance ar-
tistique aux ouvrières et employées de magasin par la
création de cours populaires de musique, a trouvé un
écho à Genève. Ufie artiste renommée de l'Opéra ita-
lien, aujourd'hui professeur supérieur de chant à l'A-
cadémie de aiusique" de cette ville. Mme Torrigi-Hei-
roth, vient de fonder 4'Œuvra Mimi-Pinson à. Genève;
elle a attiré aussitôt Un très grand nombre d'élèves.
M. Gustave Charpentier a accepté la présidence d'hon-
neur de l'Œuvre.
SPECTACLES DU VENDREDI 26 DECEMBRE
Opéra. 8 h., Salammbô. Samedi, 8 h. 1/2, Paillasse,
Bacchus.
Français. 8 h. 1/2. Le Mari de la veuve. Mlle de
Beïie-Isle.
Opéra-Com. 8 h; »/». Manon. '̃̃
Odéon. 8 h. 1/2;. Résurrection.
Vaudeville. 8 H.' 1/4. La Visite de maman.' Le Joug.
Gymnase. 8 h. i/2. Où est passée la maison? -Joujou.
Variétés. 8 h. ».». -Manumilitarf. –Orphée, aux Enfers.
Th. Sarah-Bernhardt. 8 1/4. Théroigne de Méricourt.
Porte-St^Martin. 8 h. 1/4. Cyrano de Bergerae.
Renaissance. 8 h. 1/4. Le Pain*de ménage.- La Cha-
telaine..
Monsieur marié, comptable expérimenté, demande
place de caissier ou comptable pour janvier.
Bon correspondant français et allemand. Excellen-
tes références. S'adresser M. Provost, 52, rue Bi-
chat, à Paris. «
^SrMSnÊ^f^J-'É^ÊlJ^f » base de Vin généreux et de Quinquina.
Le ATElLLEUA et le PLUS ANCIEIY des
HYGàÈt4iQUF. PAR EXCEL.L£riClg
W tiY©1ENI4i~iE PAR. EXCELLENCII
tëre individuel; on l'obtient aussi avec le caractère
professionnel, c'est-à-dire, toujours, avec l'automa-
tisme, avec la raideur, naturels ou acquis. « Vous
n'avez rien à déclarer? » demande le douanier, rigide
observateur de la consigne, aux naufragés qui s'ef-
forcent de s'accrocher aux rochers. Transposez la
question selon la profession et les circonstances le
rire jaillira nécessairement.
Il est manifeste que la théorie de l'incongru ex-
plique souvent le rire dans bien des cas notre
gaieté provient non point de la dérision, de la satis-
faction que nous avons à croire que nous serions
moins maladroits, moins sots, ou moins ignorants
que celui que nous voyons, ou entendons, ou dont
l'histoire nous est narrée, mais d'un sentiment plus
intellectuel, de la perception d'une non-congruence,
d'une non-conformité, d'une non-séquence.
Maintenant une question se dresse tout naturelle-
ment. Est-il quelque chose de commun au rire de la
dérision, et au rire que provoque l'incongru? Le rire
aurait-il une cause générale, supérieure, unique?
C'est bien probable, dit M. James Sully. Le rire,
avons-nous vu, est chose propre à l'homme, ou qui,
du moins, n'atteint son plein développement que
chez l'homme. Le rire, encore, ne se rapporte qu'à
l'homme et aux choses humaines, ou aux choses qui
rappellent l'homme. Le'rire, enfin, qui est un phé-
nomène individuel, se produit surtout en société. Il a
un caractère social, par conséquent et ceci se voit
aux conditions requises-pour qu'il se développe, et
à son caractère contagieux, infectieux môme. Dès
lors, il pourrait bien avoir une fonction sociale tout
comme le langage, utile à l'individu, par la précision
qu'il donne à la pensée, est plus utile encore comme
moyen de relier les' individus, c'est-à-dire par
son rôle social. Mais quelle pourrait être la fonc-
tion sociale du rire? Il n'est pas besoin de chercher
bien loin. Nous rions du nouveau, de l'inusité, de
l'anormal, des défauts d'adaptation, d'intelligence,
d'adresse, des défectuosités morales, des infor-
tunes, etc.; or, dans toutes ces causes de rire, il y a
un élément commun. Nous rions, dans chaque cas,
de quelque chose qui est antisocial, de quelque
chose qui ne cadre pas exactement avec les exigen-
ces sociales. Le rire devient par là une méthode de
correction, une façon de rappel à l'ordre dirigé con-
tre les manquements sans gravité. C'est un instru-
ment dont la société fait usage pour réprimer de
petits écarts. Instrument fort solide au reste aucun
homme de quelque sens ne prend plaisir à devenir
la risée de ses semblables.
Ainsi, le rire, comme le jeu avec lequel il a d'ail-
leurs de fortes affinités, pourrait et devrait être con-
sidéré comme une fonction sociale. Cette thèse se
peut très bien défendre dans un grand nombre de
cas, cela n'est pas douteux. Explique-t-eUe tout le
rire? Ceci est une autre: question..
Car le rire a ses degrés, et sea fornies.Ily a un rira
presque animal, ùn rire physiologique (je ne parle
pas, du rire-du chatouillement où il entre, en réalité,
Châtelet. 174. Les Aventures du capitaine Corcoran»
Gaîté. 8 h. 1/2. -Le Chien du régiment.
Pal.-Royal. 8 h. 1/2.– Une rage de dents»– La Carottai
Ambigu. 8 h. 1/2. Le Juif errant.
Nouveautés. 8h. 3/4. La Duchesse des Folies-Bergère*
Th. Antoine. 8 h. 3/4. LaBonne Espérance.– L'Aveai
ture.
Athénée. 8 h. 1/2. Trotinette. Leurs Amants. Par vertUi'
Bouffes. 8 h. 1/2. Le Cadeau d'Alain. Le Jockey
malgré lui.
Fblies-Dram. 8 »/».– L'Hôtel Godet. –Le Billet de-logj?
ment. L'Anglais tel qu'on le parle.
Cluny.8h.l/2. Ma Femme m'ennuie. Le Paradis..
Déjazet. 8 h. 1/4. -Au Poste. -Ferdinand le Noceuri,
Château-d'Eau. 8 h. 1/2.– Napoléon.
Olympia. 8 h. 1/2; Miss Bouton-d'Or.
Th.desCaDucines.91/4.Gémier(Daisy). Monsieur estserv)r
Mathurins. 91/4. Banque Tirlaine. LTnfidèle. L'Arbalète.
Fol.-Bergère. 81/2. Tél. 102-59. Pierrot Don Juan (Séverin)j.
Boîte etTr. Tabarin. 58. r. Pigaile. 91/2. Tél. 267-92. Fursy.
Casino de Paris. 8 1/2: Tél. 154-44. Robert Macaire.
Nouv:-Cirque.8h.l/2.– Joyeuxnègres.– Nains Colibri^.
Cïrq. d'Hiver. 8 h. 1/2. Les Phoques jongleurs.
Salle ^Eolian, 32, av. de l'Opéra. 4 h. Mardis et vendredis,
iEolian récitals. Pour invitations, s'adress"àl'jEoliaa.
Grands Magasins Dufayel. De 2 à6 h. Attractions variées^
Cigale. 9112. Tél. 407-60. V'là l' Métro J. Bloch, Cernay.
Pal. d e Glace (Champs-Elysées). Patinage sur vraie glace.
Scala.Tél.lOL-16. Polin. P. Darty. Marville. C'estd un raid!
Mus. Grévin.Réceptlon chezl'emp. Ménélik. Jnal lumineux.
Jardin d'acclimatation, Ouvert tous iea jours».
Tr Eiffel. De midi àlanuitjusqu'au26ét.etpar eseal.rlÛS
SPECTACLES DU SAMEDI 27 DÉCEMBRE'
Opéra. 8 h. 1/2, Paillasse, Bacchus. Dimanche, relâcHa.
Français. 8 h. 1/2. L'Autre Danger.
Opéra-Com. 8 h. 1/2.- La Carmélite.
(Les autres spectacles comme vendredi)
P O RT
Courses de Pau
Temps fort agréable à la troisième journée de El
réunion de Pau, où l'hippodrome présentait un aspect
très animé.
Le prix de Jurançon (haies, 1,500 fr., 3,000 m.), a été
gagné par Sombrun (Charlier), à la baronne Pichon.
Pari-mutuel unité 5 francs pesage 8 francs et pelou-
se 9 fr. 50. ±
Antipode, à M. Tasse (M. Labordc), a gagné le stea-
ple-chase militaire (objet d'art, 3,000 m.). Pari mu-
tuel 8 fr. et 8 fr.
Hasledon, à M. Espir (Bashford), qui avait, dimanche
dernier, fourni une très mauvaise course, a gagné de
loin, le prix deBilIière (haies, 3,500 fr., 3,200 m.)– Par*
mutuel 33 fr. 50 et 106 50.
Dans le prix de Bizanos (steeple-chase, 4,000 francs..
3,800 m.), Inshallah, au comte de Cherisey (M. Defflsï,
l'a emporté facilement sur ses adversaires. Pari mt»
tuel 47 fr. et 50 fr. L. G.
Bilan DE LA Banque DE FRANCE du 18 au 26 décembre
Encaisse or. 2.542:668.859 aug; ZLb.WT
argent. 1.107.565.605 dim. 889.637
Portefeuille. 624.947.307 dim. 4.689.80»
Avances sur titres. 449.338.497 aug. 3.421.382
Comntes courants part" 426. 629. 768 dim. 25.295.260
Comble C du Trésor. 139.081.387 aug. 2.426.082
Billets en circulation. 4.304.319.820 aug. 23.985.3â5.
Bénéfices bruts des es-
comptes et intérêts di-
vers'pour la semaine. 375.92!*
DéDenses •̃
Bénéfices nets orovisoires de la première semaine
du premier semestre des quatre dernières années, tels,
qu'ils ressortent- de la situation hebdomadaire
Bénéfices Cours correspij
Année 1899. 2.787.787 3.749
1900. 3.984.923 4.220
1901. 2.307.509 ̃ 3.790: y
1903. 1.864.555 3.825
1 iaaaaiàia
Recettes des chemins de fer
Lyon. 460.000 6.51 1 Alger.. + 35.000 + 27.7S
r~ o
BULLETIN COMMERCIAL:;
Suifs. La cote officielle du suif frais à chandelles
de la boucherie de Paris a été maintenue avant-hier
à 74 fr.
Suif province 74 fr.
Marché fort calme avec uné demande très modéré»*.
Le maintien de la cote n'est dû qu'à la faiblesse, de 1g.,
production.
Suif province sans affaires cote nominale. ̃
Le suif pressé est très faible et offert sur décembre et:-
janvier à 118 francs le livrable est délaissé.
On cote: 1" jus de mouton, 115 francs: pressé frais
à bouche, 118 francs: pressé à fabrique, 118 francs?--
au creton comestible, 92 fr.; margarine extra, 1261t.
1". 120 fr.; ordinaire, 106 fr.; infér., 90'fr.
En produits fabriqués, on cote: stéarine saponification,, `
125 à 115 fr.; dito distillation, 110 à. 100 fr. nominal;;
oléine saponification, 68 fr.: dito dis-tillation, 60 fr.
très offert en livrable sur 1903.
fjm ~p p1~ ~~T teafva~aDErleldebovrlaTOtL6'1lL~
EAU O HOUBÎUÂN I BOUBIGAHT. 19.F»ub.Saint-H«a*
RATS nCHTICDIPC n-f$8V¥iit'T SupiSriorfté reconnue. Exigez la
~~DEIITIf111CE~ ~Q~'Staatare80TOT:EnYenfeParlout.
PATE UtN I IrlilLt K gfj g y isianaturcBOTWV.En Ventahirtoiit.
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IHKÎ ^'v"LA^g^-5tf ,BoulaSébastopol.PM-iB.
GB.ANÛS MAGASINS DU
L'oGRANuDS MAvGASINnS DUEl
OUVRE
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1
Les Magasins du Louvre seront
OUVERTS PAR EXCEPTION r
DIMANCHE 28 DÉCEMBRE'
HORS CONCDORSExo.Unlv.PARIS1900'
beaucoup de psychologie), comme celui de l'enfant
enfin débarrassé d'une émotion ou d'une tâche il y
a un rire intellectuel, qui résulte de perceptions et
de comparaisons d'ordre intellectuel; il y a un rire:
d'ordre moral. Ces différents rires supposent des;
degrés de culture et de moralité qui diffèrent. Et une;
explication générale devient chose très difficile,
même après la magistrale étuda de M. James Sully.
Os s'explique toutefois la doctrine de ce der-
nier. Elie ne surprend pas de la part d'un Anglais
cultivé, d'un concitoyen des Sterne, des Meredith,.
des Dickens, d'un contemporain des Mark Twain,
des Bret Harte, des Artemus Ward, d'un contem-
porain averti qui a assisté à-une phase de l'éclosioa
du rire nouveau. Car il y a un rire nouveau, subtil
et atténué. Le rire évolue, lui aussi. Les formes
anciennes persistent sans doute et persisteront
longtemps encore. Mais une forme nouvelle se ma-
nifeste. L'humour est de date récente. Cette forme»
très intellectuelle, mais pleine de sensibilité aussi,
très humaine au sens élevé du terme, très philoso-
phique et indulgente à la fois, est neuve et encore
rare. Ce qui la caractérise, c'est que l'émotion .y a,
part or l'émotion nuit au rire. L'humour fait donc
sourire plutôt que rire. II est la propriété d'une pe-
tite élite; il est la propriété du philosophe assez
perspicace pour percevoir le côté risible des choses:
et des gens, et assez doué de sensibilité pour ne le
mettre en relief que de manière discrète, comme.
sans y toucher, avec une pointe de philosophie,
c'est-à-dire d'indulgence éclairée, de bonté intelli-
gente.
Le mélange est singulier, et le sentiment com-
plexe. Là aussi il y a quelque chose de la raideur
dont parle M. Bergson dans l'attitude mentale,
dans le parti-pris de voir, mais de ne point se fâ-
cher d'a voir l'esprit également ouvert au comique
et au pathétique qui l'accompagne, et de traduire
l'un et l'autre simultanément. Avec quel bonheur
ceci se peut faire, un Sterne, un Dickens, un Daudet
l'ont fait voir. Mais l'art est difficile parce qu'il
y faut plus que de l'art je veux dire de l'âme.
Certainement, toutefois, pouren reveniràM. James
Sully, l'humour remplit une fonction sociale. On
comprend très bien que le philosophe anglais, qui
envisage surtout la forme supérieure et plus sub-
tile, plus rare aussi, du rire, ait formulé sa conclu-
sion. Mais la forme nouvelle ne doit pas faire oublier
les anciennes. Et une théorie générale doit expliquer
celles-ci comme celle-là.
La conclusion probable est donc que la fonction
du rire varie et se transforme, comme le rire lui-
même comme tant d'institutions et d'usages dans
les sociétés, comme tant d'organes dans les orga-
nismes. Nous rions pour des raisons diverses, et le
rire remplit des fonctions variées. Au moins nous
l'heure présente. :>
HENBY/SE VARIGNTr
S1H6IBE AU CORSERVAItHBE. Un garçon de bureau
du Conservatoire, M. Sylvain Longeac, âgé de
soixante-six ans, qui souffrait depuis longtemps
d'une maladie incurable, a été trouvé pendu hier,
après-midi, dans un des couloirs du bâtiment de la
tue Bergère.
M. Rieux, commissaire de police, a ouvert une
enquête.
L'ESCALIER DE 1» RUE D'RLSACE. L'escalier qui relie
,le long de la gare de l'Est la partie haute et la partie
basse de la rue d'Alsace a été descendu, à deux re-
prises, comme on le sait, par des chevaux de fiacre
sans le moindre dommage pour ces honnêtes qua-
drupèdes et pour leur véhicule. Cet escalier n est
pas aussi clément pour les passants. Hier après-
midi, un typographe, M. Reboulleau, âgé de 60 ans,
a glissé sur une marche et, dans sa chute, s'est
«ïaeturé le crâne. Transporté tout sanglant dans une
pharmacie,- il y est mort quelques instants après.
INFORMATIONS DIVERSES
->• M. Albert Métin, agrégé de VUniiéersité, fera. une
conférence, demain samedi, à huit heures et demie, à
ia «Coopération des Idées", 157, faubourg Saint-
Antoine, sur « Les peuples et religions de l'Inde ».
NOTES ET LECTURES
Un roman d'actualité ̃
te Venezuela jouit, en ce moment, du privilège
d'occuper la presse, les chancelleries et les marines °
des principaux Etats Européens. Un puissant sou-
verain a cru même devoir expliquer à ses fidèles
sujets que son gouvernement avait été obligé d'in-
sister auprès de la République vénézuélienne pour
lui 1expliquer qu'elle avait le devoir d'indemniser les
résidents étrangers, dont les intérêts ont eu à souffrir
des quatre-vingt-dix Pronunciamientos ou Révolu-
tions qu'elle s'est offerten moins d'un siècle. Lorsque
l'on sait que cette insistance s'est manifestée à coups
de canon, on ne peut qu'admirer l'heureux euphé-
misme du discours royal, aussi bien que la portée des
raisonnements employés. Quoi qu'il en soit, il se-
rait intéressant d'être renseigné sur l'état d'âme
d'un Pays et d'un Gouvernement qui provoquent de1"
semblables manifestations, et on ne saurait mieux
taire pour cela que de consulter une étude très cu-
riease, très approfondie, publiée sous forme de ro-
man, par M. Diaz Rodriguez, un des meilleurs écri-
vains de l'Amérique du Sud. Ce livre, intitulé Idolos
rotos (Idoles brisées), a eu un énorme retentisse-
ment dans toutes les Républiques du Sud américain
chacune ayant pris pour elle-même quelques-unes
des critiques acerbes formulées par l'auteur. L'ou-
vrage n'a pas encore été traduit, que nous sachions,
et en attendant qu'un journal en publie une édition
française, nous allons essayer d'en donner un ré-
sumé succinct en laissant à M. Diaz Rodriguez la
responsabilité de ses assertions. ZD
Le roman, si on peut appeler ainsi une série d'étu-
des de mœurs familiales ou politiques, reliées entre
elles par un fil très menu, met-en scène un jeune
Vénézuélien, doué des plus heureuses qualités de
cœur et d'esprit, Albert Soria, appartenant à une
excellente famille, et venu en France pour terminer
des études scientifiques, pour lesquelles il n'a aucun
goût, tandis qu'il possède au plus haut degré le
sens et les dispositions artistiques. Il entre donc
dans un atelier de sculpteur, et, après cinq ans d'un
labeur acharné, il expose à l'un de nos derniers Sa-
lons un « groupe de Faune découvrant une Nym-
phè », qui obtient un légitime succès et lui vaut une
médaille. Au moment où Albert Soria va jouir de
son triomphe, il est rappelé dans son .pays par l'état
de santé de son père. Il part donc et ses regrets sont
tempérés par l'idée qu'il va revoir son pays, et re-
trouver les affections qu'il a laissées sur la terre
natale.
B. arrive, et dès son débarquement, il éprouve un
sentiment de désillusion; il ne revoit pas les choses
telles qu'elles lui apparaissaient à travers la magie
du souvenir. La nature a. bien gardé son immuable
beauté et son inépuisable richesse; mais l'œuvre de
l'homme lui paraît laide et mesquine. Les places
quil se figurait si grandes sont en réalité petites les
rues sont sales et mal pavées, ou même pas pavées
du;tout, les maisons éveillent l'idée de ruines; en-
fin^lout paraît révéler la négligence, la misère et le
manque d'administration régulière.
Écherche à réagir contre cette première impres-
sion-, il compte sur la douceur de la vie de famille
dont il a été privé si longtemps, pour dissiper ce
malaise moral, mais son père est souffrant de corps
et d'esprit, sa sœur n'est pas heureuse en. ménage
et son jeune frère, à peine âgé de vingt ans, pro-
fesse des idées d' « arriviste » qui le blessent dans
sesf sentiments d'artiste et d'honnête homme. Au
reste, nous n'avons qu'à écouter les confidences
mises par l'auteur dans la bouche de ces divers
personnages et nous pénétrerons dans les senti-
ments intimes d'une famille vénézuélienne.
gisons toutd'abord qu'au Venezuela, deux grands
.partis- se disputent le pouvoir, les modérés et les li-
bétàux, et que la famille Soria tient un rang impor-
tant dans le parti libéral. Dès le lendemain de son
ariÉvée, Albert reçoit les douloureuses confidences
de son père, qui craint, dit-il, d'avoir été la victime
d'une comédie vulgaire, le jour où il a donné sa fille
à M. d'Uribe, qui appartient à une famille aristo-
cratiquedu parti modéré, puis il s'exprime comme
suit:
jSh! Quand j'y pense et aujourd'hui il me
paraît qu'il eût été simple et si naturel d'y songer
dès le premier moment. Oui! J'aurais dû y songer,
rien qu'en me rappelant ce qu'était le père d'Uri-
be; un de ces politiciens, habiles improvisateurs
de fortunes, qui savent s'accrocher à tous les gou-
vernements 1 Cet homme a réalisé plusieurs
fortunes, qu'il a dissipées, en fanfreluches, en fêtes,
en bijoux 1 Que peuvent être les mœurs, les idées
d'enfants élevés dans un semblable milieu? Dans
une famille de pauvres, avec des habits et l'arro-
gance de marquis! Famille de parasites 1
Et lorsque le vieillard a fini de développer un su-
jet si triste pour lui et pour sa fille, Albert se heurte
à son jeune frère, à qui il a voulu faire de la morale
et qui lui réponde
Quand je te dis qu'il faut savoir] s'accommoder.
FEIIILLETOM OU ©ÉtttJJ0
DU 27 DECEMBRE 1902
Causerie Scientifique
NATURE ET LA VIE
POURQUOI RIONS-NOUS?
Les récentes recherches sur la cause du rire. Seul
l'homme rit, et seul l'homme est risible. Les cau-
ses du rire.- Le rire de la férocité.– Si l'homme est
plus bête ou plus méchant. La théorie pessimiste
du rire:la joie de la dérision.– La théorie de l'incon-
gru ou de la non-congruence. Circonstances qui
nous font rire. Le disproportionné; l'incohérent.
l,a théorie de la raideur mentale. Don Quichotte et
Tartarin. L'automatisme professionnel. Existe-
't-il une théorie générale du rire? L'opinion de
M. James Sully. La fonction sociale du rire, et de
l'humour en particulier. L'humour comme forme
nouvelle et supérieure. Les transformations du
rire-,
ÎLe philosophé est, de sa nature, un animal plein
de curiosité. D'autres se contentent de constater les
faits (et encore}; pour lui, ce n'est point assez, il
veut les interpréter. Toute chose a sa théorie, dit-il
il y a une théorie de la volonté et du magnétisme,
de la chimie et du pendule, pourquoi n'y aurait-il
pas une théorie du rire? Car le rire, pour déraison-
nable et frivole qu'il paraisse, est un phénomène
psychologique très général, et dès lors il convien-
drait d'en découvrir la signification. Sur ce, après
Aristote, Kant et d'autres encore, deux philosophes
français se sont attaqués au problème M. Berg-
son et M. Dugas, dans deux courtes, mais intéres-
santes études, et sur leurs talons, voici s'avancer
un psychologue anglais fort connu, M. James
Sully (1), avec un important travail à peine sorti
des presses.
Le rire est à l'ordre du jour, décidément. Donc,
avec les philosophes, cherchons pourquoi nous
tions.
Observons d'abord que le rire est le propre de
l'homme, ainsi qu'il a été dit, et souvent répété, de-
puis,Rabelais. Car il est admis (il y aurait quelques
réserves à faire là-dessus, mais l'espace manque-
fait) que seul l'homme est capable de rire. Le phé-
nomène est essentiellement humain, par conséquent.
IL l'est même à deu* titres.
(!) H. Bergson: Le Rire, essai sur la signification du
temique (F; Alcan, 1900); L. Dugas: Psyeliolo&ie du rire
i?. Alcan, 1902);, James Sully An Essay on. Lau$hter
iLongmaor et C*, 1902, Londres).
du milieu dans lequel on se trouve, j'entends qu'il
faut profiter de l'esprit et des tendances de ce mi-
lieu en prendre ce qu'il peut offrir de plus sûr pour
arriver au but que l'on se propose d'atteindre^ pour
monter, en un mot, le plus haut et le plus vite pos-
sible. Et pour cela, ce qu'il y a de plus sûr ici,, c'est
la politique, et non pas la politique d'opposition,
car elle ne mène à rien. Nos chemins sont diffé-
rents tu vis en plein idéal et tu rêves «la Gloire »,
tandis que, par tempérament, je suis ennemi des
rêves. Je désire vivre et savourer les joies et les
âpretés de la vie, de toute la vie! Tu songes
quelque chose de lointain; je veux, moi, posséder
quelque chose d'immédiat, que je puisse étreindre
avec la main. C'est pour cela que mon choix est
fait et que j'ai choisi la politique. Parce que, dans
notre pays, c'est par la politique, et par elle seule,,
qu'il est possible d'être quelqu'un, de faire figure
et. d'amasser de l'argent. q
Albert oppose la question d'honorabilité à cette
profession de foi, et le jeune Pedro répond à son.
aîné
« Oh l'honorabilité est une question relative,
surtout en politique et à notre époque. Je connais
beaucoup de personnes ayantla réputation d'être
fort honnêtes et qui ont su remplir leur bourse
avec beaucoup d'adresse. D'autres moins fins ou
plus cyniques ont laissé voir leur jeu. En cas de
tourmente, ils laissent passer la bourrasque; ils
vont faire un tour en Europe, et mangent à Paris
le pain de l'exil, en l'arrosant de champagne.
Le jeune homme en dit long sur ce chapitre, puis,
dirigeant contre son frère une attaque ad hominem,
il ajoute
On songe à glorifier un des héros du pays, et
comme tu es notre seul bon sculpteur, tu as solli-
cité cette commande et tu crois que l'on va te con-
fier cette œuvre Voilà ce que tu crois. Ce serait
d'ailleurs fort naturel. Mais les choses ne vont pas
comme tu le supposes. Ne te figure pas, parce que
tu es le seul sculpteur, que tu n'auras pas de con-
currents. Tu en auras, et de très pussants. Je
crains notamment un individu de la famille du Pré-
sident, un certain Guanipe, négociant, et par-des-
sus le marché, agent de contrebande.
Mais s'il n'est pas statuaire ?
Et qu'importe cela ? Ce qui imDorte, c'est l'af-
faire. La statue n'est que le prétexte de l'affaire, à
laquelle elle prête un petit côté d'idéal, pour flatter
ou distraire les pauvres d'esprit.
Et de fait, Pedro a raison, Guanipe reçoit la com-
mande de la statue au prix de 40,000 francs, sur
lesquels il en abandonne 30,000 pour le ministre et
les personnages influents qui se sont occupés de
l'affaire.
Le vieux Soria meurt; sa disparition brise les
liens qui retenaient les divers membres de la fa-
mille Albert cherche dans le travail l'oubli de ses
ambitions et de ses affections perdues, de ses ido-
les brisées. Il a fait don à l'Académie des beaux-
arts, d'une reproduction de son groupe du Faune et
de la Nymphe; il veut y joindre une oeuvre origi-
nale qui symbolise la beauté de son pays, une Vé-
nus crëoCe. Il découvre une jeune métisse réunissant
en sa personne les perfections des deux races, Il la
décide à poser, et obtient, au dire des gens de goût,
un véritable chef-d'œuvre symbolique. La statue
est exposée dans un café sur la place du Gouverne-
ment, qui sert de lieu de réunion à toute la société;
mais elle n'excite aucun enthousiasme. Les jour-
naux d'opposition la critiquent. Le vulgaire ne sait
pas l'apprécier, et d'ailleurs l'attention publique est
absorbée par le bruit des événements politiques et
financiers qui se préparent, car il est question d'un
pronunciamiento et d'un énorme emprunt la Vénus
créole va rejoindre le Faune à l'Académie des beaux-
arts, sans qu'un remerciement soit adressé à l'ar-
tiste, dont les nobles aspirations sont de plus en
plus froissées, et les idoles déplus en plus endom-
magées..
Albert a retrouvé auprès de sa sœur une amie
d'enfance, Marie Almeida, qu'il a quittée enfant et
qui est devenue une jeune fille belle et charmante.
Il s'en éprend et devient son fiancé. Suivant la cou-
tume du pays il se rend chaque jour à la réception
de sa novia et il se laisse aller un jour à conter la vi-
site qu'il a faite à l'un des ministres pour obtenir la
commande de la statue qui devait être confiée à
Guanipe cet éminent personnage est un ancien
régisseur rural, devenu général- par la grâce d'un
pronunciamiento, mais resté un rustre, sans aucune
éducation et Albert s'exprime comme suit
En entendant les paroles stupides de cet homme,
en voyant la façon satisfaite, épanouie dont les em-
ployés qui m'entouraient, acceptaient de pareilles
insanités comme des marques d'esprit, je sentis le
rouge de la honte me monter au visage. Cet individu
parlait de son parti politique, du parti libéral, com-
me il eût parlé de sa maison, de sa chose, de son
hôtel, ou plutôt de son hôtellerie.
-Et il a bien raison, s'écria Marie Almeida, ce qu'ils
appellentle parti libéral n'estni plus, ni moins,
qu'une auberge de réputation douteuse où se réfu-
gient les coquins de toute espèce.
Pas tantque cela. Vous exagérez. Le succèsa
naturellement poussé vers le parti libéral beaucoup
d'éléments pernicieux. Croyez bien que si c'était le
parti modéré qui fût au pouvoir, ce parti contien-
drait un nombre au moins égal de coquins. Sans
doute il y a des canailles dans le parti libéral, mais
il a renfermé et il renferme encore beaucoup d'hom-
mes d'honneur.
Non! non les libéraux sont tous des fripons et
des coquins, répéta Marie Almeida, avec toute l'é-
nergique' conviction des sentiments conservateurs
de sa famille appartenant au parti modéré.
Je ne crois pas, répondit Albert, dont le ton de-
vint plus sérieux et le visage très pâle. Puis, cher-
chant à dissimuler sous un sourire l'impression dé-
sastreuse que lui avaient causée les :paroles de Ma-
rie,ilajouta:-Je me vois contraint de prendre pour
moi- vos paroles et vos injures, puisque toute 'ma
famille est composée de libéraux.
Marie comprit alors ""son imprudence et son trou-
ble fut tel, qu'elle ne. put arriver à balbutier même
L'ombre d'une excuse.
Encore une idole brisée,
Le pronunciamiènto- eu lieu, la guerre civile bat
son plein. Ce qui fournit à M. Diaz Rodriguez le
moyen de mettre en scène des politiciens et des fai-
seurs de toute espèce chef d^Etat marchandant le
concours de Sénateurs et'dè Députés, Ministres péro-
rant dans les cafés, fonctionnaires cherchant à dé-
fendre leur prébende, ambitieux essayant de la leur
prendre, tout un monde grouillant, vivant, comme
un tableau de cinématographe.
Car seul l'homme rit, et c'est l'homme seul qui est
risible. Les choses inanimées ne font point rire, ni
les bêtes; elles né font.rire qu'autant qu'elles rap-
pellent l'homme, qu'elles-lui ressemblent par la
forme ou le geste, ou portent les traces de son
action. Le comique n'a donc fait son apparition
qu'avec la création de la race humaine.
Ceci posé, passons à l'étude du problème, et cher-
chons quels sont les motifs de notre rire.
Ils varient infiniment. Et si l'on considérait de
manière plus particulière ceux qui paraissent inter-
venir chez l'enfant qui n'a pas été désanimalisé
par l'éducation, et chez le sauvage, on conclurait
volontiers que le rire est surtout une manifesta-
tion de sentiments vils et cruels, le signe d'une sa-
tisfaction méchante des maux, petits ou grands,,
dont les hommes ou les bêtes sont atteints, satis-
faction d'autant plus grande que l'on à soi-même
plus contribué à engendrer ces maux. Le rire serait
un indice et la conséquence de la férocité de
l'homme. Quelques moralistes, toutefois, observent
que cette façon de voir est exagérée. L'homme, di-
sent-ils, est encore plus bête que méchant. Le rire
est plutôt un signe d'inintelligence que de cruauté
véritable. De là la théorie pessimiste du rire, autre-
fois esquissée par Aristote et Platon, et nettement
formulée par Hobbes, Lamennais et Bain. Nous
rions, dit Hobbes, parce que .nous éprouvons une
façon de gloire subite à nous comparer aux autres
nous jouissons (étant méchants) de ce que (étant
bêtes) nous nous croyons supérieurs aux autres;
nous prenons plaisir à voir dégrader toute chose.
Et ce plaisir est d'autant plus vif qu'il s'accompagne
d'une détente psychique. Nous étions contraints,
tendus un fait ou un mot qui nous détend nous
fait du bien.
Evidemment, il n'est point difficile de montrer
que la dégradation des choses et des gens est une
cause quotidienne de rire. Les petites misères du
voisin nous procurent une aimable gaieté Ajax
tombant à la course et se remplissant la bouche de
terre, le passant qui court après son chapeau, tel
l'immortel Pickwick-; le clown sans cesse bousculé,
l'homme pressé qui se jette dans un réverbère, les
passagers débarquant après une mauvaise traver-
sée, tout cela nous divertit. Les maladresses aussi
maladresses physiques, ignorance, incompétence,
naïveté. Maladresse du garçon de café qui trébuche
avec une pile d'assiettes; ignorance du touriste qui
cherche sa. route; naïveté du paysan qui, à Taéro-
naute près d'atterrir, demandant « Où suis-je? » ré-
pond « Dans un ballon »; naïveté du personnage
de comédie s'écriant: «Ils avaient un volcan, et
ils l'ont laissé éteindre » simplicité d'Ev,e qui
étant tombée à l'eau d'après les récentes ré-
vélations de Maris Twain -m est prise d'une telle;
pitié pour les poissons qu'elle en remplit le lit
d'Adam pour- qu'il les tienne au chaud: et tant
d'autres
Puis la révolution trîomphe,le président s'échappe,
en emportant la caisse; les bandes d'insurgés pénè-
trent dans Caracas, une d'elles est casernée dans
l'Académie des beaux-arts, et Albert, qui craint
pour ses statues le contact d'une pareille soldates-
que, accourt avec un de ses amis et. Ici laissons
encore la parole &M. Diaz Rodrïguez
Albert et Romero, dès leur entrée dans la salle,
comprirent la véritable portée des réticences de lan-
gage du sergent Miyarès. Apollon, fils de Latone,
renversé de son piédestal, les bras et une jambe
brisés, était étendu à plat ventre sur le sol près de
lui, et dans la même attitude ignominieuse, gisait
l'Antinoüs, aux formes divines tous deux,
comme s'ils avaient été frappés traîtreusement,
portaient dans le dos la marque d'une profonde
blessure. Les statues de Vénus, contrairement
à ce qui avait été fait pour le Dieu de la lumiè-
re, étaient étendues sur le dos et semblaient con-
templer le plafond de la salle. Les soldats, dans une
explosion frénétique d'un érotisme bestial, avaient,
à coups de baïonnette, déshonoré la blancheur mar-
moréenne de ces corps de déesses. Albert eut un
instant d'espérance trompeuse, à laquelle il se rat-
tacha désespérément, lorsqu'il aperçut au loin la
tête intacte de son Faune, unique statue que cette
horde de sauvages avait respectée. Mais la rage
de ces barbares s'était acharnée sur le corps de la
nymphe, et surtout sur celui de la Vénus créole, à
qui le ton de la terre cuite, donnait comme une
teinte de réalité. C'était une ruine dans laquelle il
était impossible de reconnaître l'ancienne et rayon-
nante beauté.
Rage et désespoir de l'artiste qui exhale sa douleur
de la façon suivante
Non, jamais je ne pourrai réaliser mon idéal dans
mon pays.- Jamais je ne pourrai vivre mon idéal
dans ma Patrie. Patrie!! 11 Pays Est-ce donc cela
mon Pays!! Est-cecelama Patrie Et, avant que
de nouveaux conquérants, venus du Nord, courbent
sous leur botte de fer cette tourbe infâme, aveugle à
toute vérité, sourde à tout avertissement, et n'im-
prime sur le front des vaincus, en un langage bar-
bare, l'arrêt irrévocable; je veux, moi, l'artiste
injurié, calomnié, je veux, avec le sang tiré du fond
de mon cœur, inscrire sur la ruine de mon foyer,
sur le tombeau de mes affections perdues, cette pa-
role fatidique, irrémédiable « Finis Patrix »
CONSEIL MUNICIPAL
SÉANCE DU 2Q DÉCEMBRE
M. Escudier préside.
Au début de la séance, M. Escudier donne lecture
de la lettre de démission de M. John Labusquière,
conseiller du quartier de Picpus.
Monsieur le président, écrit M. Labusquière, j'ai
l'honneur de vous informer que je viens d'adresser à
M. le préfet de la Seine ma démission de membre du
Conseil municipal. Les soucis et les charges d'une nom-
breuse famille m'ont dicté cette résolution. Mes con-
victions républicaines socialistes ne s'en trouveront
pas modifiées, je leur resterai fidèle toute ma vie.
Ce n'est pas sans un vif regret, une profonde émo-
tion, que je renonce à la vie militante de propagan-
diste à laquelle je me suis consacré depuis une tren-
taine d'années ce n'est pas non plus sans un vif
regret, une profonde émotion que je quitte l'assemblée
communale, et ce sera pour moi une consolation si,
dans ma retraite, j'emporte la sympathie de mes col-
lègues de la gauche et l'estime de mes adversaires,
que j'ai combattus parfois avec violence, toujours avec
loyauté.
Vous me permettrez aussi de remercier publique-
ment les électeurs du quartier de Picpus pour la con-
fiance qu'ils m'ont toujours manifestée depuis que je
suis leur représentant.
Agréez, etc., IOHN
̃.<̃ JOHN LABUSQUIERE.
M. Escudier déclare que le Conseil sera unanime
à regretter le départ de M. Labusquière, qui prive
l'assemblée d'un de ses membres les plus écoutés. Il
ajoute que si quelque chose peut atténuer ces re-
grets, est l'espoir que des circonstances très pro-
chaines permettront à M. Labusquière de continuer
son concours à la Ville et de lui consacrer comme
par le passé, toute son intelligence et tout son
cœur. (Très bien très bien!)
Les dernières paroles de M. Escudier font allusion
à la nomination qu'on'dit prochaine de M. Labus-
quière à la direction de l'école de dessin Germain-
Pilon.
M. Labusquière était conseiller du quartier de
Picpus depuis 1896. 11 fut successivement secré-
taire, rapporteur général du compte, rapporteur gé-
néral du budget, et premier vice-président (1899-
1900). Aux élections de 1900, M. Labusquière avait
été réélu au premier tour une majorité considéra-
ble.
L'emprunt hospilalieri Le Conseil aborde la dis-
cussion du rapport de M. Chérot sur la reorganisa-
tion des services hospitaliers de l'Assistance publi-
que. Nous avons exposé que cette réorganisation
consistait notamment en la reconstruction de divers
hôpitaux, dans la remise en état des autres. Nous
avons dit aussi quels systèmes financiers préconi-
sait M. Mesureur, directeurde l'Assistance, d'accord
avec la 5° commission du Conseil municipal.
C'est l'Assistance publique qui, sur ses ressources
particulières, avancera les. 45 millions nécessaires
pour les travaux- à effectuer jusqu'en 1910. A ce mo-
ment, l'emprunt de 1869 étant amorti, la Ville aura
des disponibilités qui lui permettront de rembourser
l'Assistance publique et même de gager un emprunt
hospitalier plus considérable.
Cette combinaison, critiquée sans grande vigueur
à la tribune par quelques conseillers, soutenue vive-
ment au contraire par la grande majorité do l'as-
semblée et par M. Mesureur, directeur de l'Assis-
tance publique, est finalement approuvée et les con-
clusions du rapport de M. Chérot adoptées.
JDJ Hi
On annonce le décès à Toulon du contre-amiral en
retraite Rocomaure, commandeur de la Légion
d'honneur.
Né le 6 juin 1832, l'amiral Rocomaure avait été
admis à TEcole navale à quinze ans; comme capi-
taine de vaisseau il commanda le cuirassé Suffren
dans l'escadre de la Méditerranée, et fut appelé en-
suite au commandement de l'lphigénie, frégate-école
d'application des aspirants.
Promu contre-amiral le 25 septembre 1889, il fut
nommé l'année suivante major général à Toulon,
poste qu'il occupa jusqu'à son passage dans le cadre
de réserve en 1894.
Mais notre rire est d'autant plus vif que la dé-
gradation paraît plus profonde. La dégradation d'une
personne, ou d'une institution, qui sont ou sem-
blent prétentieuses, nous est particulièrement agréa-
ble.
Est-il rien de plus doux que de voir rosser le com-
missaire ? Que de surprendre les défaillances de
ceux qui se croyaient impeccables? Ou la lâcheté
de ceux dont la profession est d'avoir du courage? 2
« Saint-Père, disait lo maréchal de Créquy, con-
sulté sur le costume à donner à ses soldats,– Saint-
Père, habillez-les en rouge, habillez-les en jaune,
habillez-les en vert, ils f.ront toujours le camp. »
Ou la jactance, encore: « A moi! crie un guerrier
j'ai fait trois prisonniers. Pas la peine, répond un
camarade; avance. -Je ne puis pas ils ne veu-
lent pas me lâcher 1 »
Et ainsi de suite les exemples sont innombrables.
Tous les jours nous rions du rire que Lamennais
condamnait comme étant l'indice d'un manque de
sympathie, d'une dérision plus ou moins justifiée.
Notre rire, toutefois, n'est pas invariablement celui
de la dérision. Aussi, à côté de la théorie d'Aristote
et de Hobbes, s'en est-il dressé une autre celle
qu'ont principalement défendue Kant et Schopen-
hauer. C'est la théorie de l'incongru. On rit de ce
qui n'est point conforme à l'ordre établi, qu'il soit
général ou particulier. Il reste bien un peu trace de
dérision dans notre rire, à la vue d'un comique
coiffé d'un chapeau trop grand ou trop petit, mais
il n'y en a plus quand nous rions d'un âne. qui
se roule dans le sable, les quatre fers en l'air.
L'enfant ne rit point de dérision au rayon de so-
leil qui se joue dans la chambre il rit d'une nou-
veauté (de quelque chose qu'il ne sait point encore
être dans l'ordre), tout comme le sauvage à qui l'on
montre un mécanisme ou fait avaler un mets nou-
veau.
Le rire qu'excite chez les âmes élémentaires" la
vue d'une difformité physique, n'est pas nécessai-
rement celui de la dérision. Le difforme, le 'bossu,
est.incongru il n'est pas conforme au type; il n'est
pas proportionné; il n'est pas dans l'ordre, il sort
de la convention. Il en va de même pour le nain.
D'autres circonstances nous font rire où le nouveau,
ou le difforme, constituent l'agent principal la
laideur physique, qui est surtout faite de dispropor-
tion et d'hétéro topie la laideur morale, qu'exploite
si souvent la comédie moderne> après avoir servi
de base aux fabliaux du temps passé, surtout quand
elle se complique d'hypocrisie ou de vanité, comme le
fait: à juste raison remarquer M. J. Sully; l'indécent,
depuis la forme grossière et pratique qu'il revêt
chez les sauvages en gaieté, ou dans une noce de
campagne, jusqu'aux formes très affinées sous les-
quelles il est déguisé dans un conte ou une pièce lit-
téraires les petites infractions aux usages établis,
aux conventions sociales, aux manières du monde;
les gaucheries, les solécismes, les provincialismes,
toute la famille des «. gaffes m. La çamme est très
Hier est mort à Fontainebleau, après une courte
maladie, le général de division en. retraite, de
Boërio.
Fils d'un ancien colonel du premier Empire, le
général est né à Bourges en 1833.
Elève de Saint-Cyr et de Saumur, il. a fait toute
sa carrière dans la cavalerie. Après plusieurs cam-
pagnes en Algérie il était, au début de la guerre al-
lemande, colonel du 9.e lanciers.
C'est avec ce régiment qu'il fit la campagne au
cours de laquelle if combattit vaillamment à Beau-
mont et à Sedan.
Echappé, dans cette fatale journée, avec une par-
tie de son régiment, à travers les lignes prussien-
nes, nous le retrouvons, quelques semaines plus
tard, à l'armée de la Loire, puis à l'armée de l'Est,
où il passa général et commanda la réserve de ca-
valerie de Bourbaki.
Divisionnaire en 1877 et inspecteur de cavalerie,
le général de Boërio commanda la 6e division de ca-
valerie à Lyon et fut, en dernier lieu,, inspecteur
permanent de cavalerie à Bordeaux.
M. Durand, ancien sénateur de Lot-et-Garonne,
est mort presque subitement hier soir, à Agen. Il
était âgé de cinquante-neuf ans.
M. Durand fut maire d'Agen de 1880 à 1888, épo-
que où il démissionna. Il siégea au Sénat de 1888' à
1897. C'est lui qui, le 26 avril 1889, reçut, en sa qua-
lité de maire, le président Carnot, venu à Agen pour
poser la première pierre du musée Bernard-Palissy.
Le nom de M. Durand restera attaché à l'histoire
des grands travax effectués dans Agen au cours des
vingt dernières années percement du grand bou-
levard, construction du lycée de garçons et du mar-
ché couvert.
Il avait occupé pendant longtemps à Agen, une
charge d'avoué.
Nous apprenons la mort de Mme veuve Adolphe
Joanne, décédée à l'âge de quatre-vingt-un ans, en
son domicile, rue Gay-Lussac, 38.
Mme A. Joanne était la veuve de l'auteur des
Itinéraires et des Guides, et la mère du géographe
Paul Joanne..
Les obsèques auront lieu samedi, à dix heures, à
l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas.
Nous apprenons la mort de Mme veuve L. Schlé
singer, décédée en son domicile, 51, rue Saint-La-
zare, à l'âge de quatre-vingt-deux ans.
LIBRAIRIE
LA REVUE
(ancienne" Revue des Revues»), la plus importante
et la plus répandue parmi les grandes revues fran-
çaises et étrangères.
Numéro spécimen sur demande. Directeur Jean
Finot, Paris, 12, avenue de l'Opéra. «
LA REVUE BLEUE
Dans le n" du 27 décembre une curieuse corres-
pondance inédite de Baudelaire; un article de Me-
rejkowsky sur Tolstoï; une étude de Faguet sur la
réforme du divorce; la fin et les conclusions de la
saisissante enquête surla presse,; les articles de cri-
tique littéraire, dramatique et artistique d'Ernest
Charles, Paul Flat et Raymond Bouyer, et le portrait
de Maurice Donnay, par A.-E. Sorel.
Collection Hetzel
Ce qui assure à la Collection Hetzel une place à
part dans la librairie française, c'est que les livres
qui la composent sont le résultat d'un plan d'en-
semble mûrément étudié par son fondateur! l'émi-
nent et aimable moraliste, P.-J. Stahl, et fidèlement
suivi après lui, .,en vue d'offrir/à la jeunesse des- li-
vres qui soient dignes de figurer dans la bibliothè-
que de la famille et apportant autant de plaisir, au-
tant de profit aux parents et aux maîtres qu'aux
jeunes lecteurs eux-mêmes, car ils -ont une valeur
littéraire qui les fait rechercher du public lettré, et
un cachet artistique qui séduit les bibliophiles.
Depuis bientôt quarante ans, dans cette librairie,
le libre d'étrennes est l'affaire essentielle, le travail
longuement mûri, fortement étudié et mené à bonne
fin,' de deux ou trois générations d'écrivains, d'artis-
tes groupés dans une pensée commune. Aussi n'y
a-t-il jamais de fausse note dans les ouvrages nou-
veaux qui viennent chaque année prendre place
dans cette collection riche aujourd'hui de près de six
cents volumes. •
Nous avons analysé récemment les nouvelles pu-
blications de cette collection. Nos lecteurs nous sau-
ront gré en ce moment de leur en remettre les titres
sous les yeux. (Voir aux annonces;)
AVIS ET, COMMUNICATIONS
UNE REPRÉSENTATION UNIQUE
Quelle merveilleuse affiche que celle de la matinée
extraordinaire offerte par le Courrier français à ses
abonnés, samedi 27 à l'Olympia, à heures. Silvain
de la Comédie-Française, Gauthier de l'Qpéra-Co-
mique, Yvette Guilbert, Séverin dans une panto-
mime inédite avec Clémence de Pibrac et Lally, La
Frascuelita et sa troupe, Germaine Gallois, Auguste
Pouget, Marfa Dheryilly, Leuise Dauville, Madia
et ses danses japonaises, une saynète avec Cora
Laparcerië, un ballet-pantomime avec Georgette
Wendling et cinq jeunes danseuses, Dranem, Pau-
lus, Claudius, Fragson, Maurel, Sulbac, Regnard,
Henri Lëoni, Juifs, Moy, Footit et Chocolat, un con-
cours de Cake Walk, etc., etc. Un très beau pro-
gramme illustré et colorie parWillette et Widopff
donnera les détails de cette représentation unique
pour laquelle on peut encore avoir des fauteuils, en
s'adressant soit au bureau de location de l'Olympia
ou au Courrier français, 11, faubourg Montmartre.
CE QU'ON NE DIT PAS
Peu de personnes ignorent quelle triste infirmité
constituent les hémorroïdes, car c'est une des af-
fections les plus répandues; mais comme on n'aime
pas parler de ce genre de souffrances, même à son
médecin, on sait beaucoup moins qu'il existe,.de-
puis quelques années, un médicament, l'EIixir de
Virginie, qui les guérit radicalement et sans aucun
danger.-On n'a qu'à écrire 2, rue de la Tacherie,
Paris, pour recevoir franco la brochure explicative.
On verra combien il est facile de se débarrasser de
la maladie la plus pénible, quand elle n'est pas la
plus douloureuse. Le flacon, 4 frv 5Q, franco.
étendue; les degrés de finesse varient à. l'infini. Ici
nous avons le rire qu'on éprouve à voir un gamin
briser un réverbère; à l'autre bout, celui que provo-
que la scène de comédie citée par Schopenhauer r
un voleur arrêté, conduit au. poste^ avec lequel les
agents, pour tuer le temps, font une partie de car-
tes le voleur triche, et les agents le jettent à la
porte, comme indigne de jouer avec d'honnê-
tes, gens, ce qui fait que le voleur retrouve
sa liberté. Ou encore le rire plus fin, plus atténué,
tempéré par une pointe d'émotion,, que provoque
la petite scène relatée par Kropotkine (Autour
d'une vie). Il s'agit d'un exilé russe qui, réfugié
à Genève, y vit à composer un journal anar-
chiste. Kropotkine le rencontre, portant un petit
paquet à la main. « Est-ce que vous allez au
bain, Jean ? Non. Je déménage, répondit-il de sa
voix mélodieuse. » Ici, c'est la disproportion qui
amusé la disproportion qui est une modalité dé l'in-
congru, du contraire à la règle, de l'inusité.
L'incohérence aussi est une forme de l'incongru..
Et elle est fréquente en littérature Bouvard et
Pécuchet l'eussent fait voir et produit parfois
d'excellents effets. « Mlle Acacia est une étoile en
herbe qui chante de main de maître » (F. Coppée,
cité par L. Dugas); ou encore dit un maître
d'études de ses élèves indisciplinés « ces lapins-là
sont des moineaux qu'il faut tanner ». Autre forme,
élémentaire d'ailleurs, de l'incongru l'inversion, si
souvent employée au théâtre, mais qui ne manque
guère son effet, qu'il s'agisse de malfaiteurs emme-
nant les gendarmes, du commissaire refusant de
coffrer des mécréants qui sollicitent la prison, ou
du terlium quid chargé de tous les soucis qui in-
combent normalement au mari.
N'est-ce pas,. enfin, l'incongru qui amuse dans
ces deux immortels, Don Quichotte et Tartarin? Ne
sont-ils pas, l'un et l'autre, dans une constante in-
congruité à l'égard de leur entourage? M. Bergson a
très finement, et exactement, analysé le rire qu'ils
suscitent, en exposant sa « théorie de la raideur n.
Don Quichotte et Tartarin sont raides c'est-à-dire
d'une pièce. Ils ont un parti pris; ils voyent le
monde et les choses à travers un prisme invariable
dès lors agissant selon leur imagination, ils sont
perpétuellement incongrus, c'est-à-dire à côté, en
dehors. L'homme normal passe son temps à s'adap-
ter aux faits; Don Quichotte et Tartarin passent le
leur à adapter la réalité à leur rêve, à la déformer par
conséquent. Le premier ne voit que géants et enne-
mis le second imagine les dangers, ou bien nie
ceux qui existent réellement selon qu'il chasse le
lion aux portes d'Alger, ou s'adonne à l'alpinisme
en Suisse. L'un et l'autre ont l' inélasticité native »
qui fait le succès de Guignol,. qui rend risible Mé-
nalque, qui assure la fusée des rires quand l'au-
teur dramatique met en scène le jaloux, l'avare, le
matamore, ou quand le clown et le pitre s'adonnent
à leurs ébats: mécaniques sur le sable du, cirque.
L'eftet o,sj;siir etfacile ottl?ohtieQtav£c hs carac-.
,i TIC IÉ \A. T IË& IÈ3 S
Le « Chien du Régiment »
C'est sous Louis XV, quelque temps après Fon-
tenoy. Le régiment de Pomponne, dépendant de
l'armée du maréchal de Saxe, assiège la petite ville
hollandaise de Pompernickel. Les assiégés font
une belle défense; au'on ne leur parle pas de se ren-
dre Ils ont les pieds pumpernickelés. Reste la ruse.
Une jeune cantinière s'introduit dans la ville en se
faisant passer pour la nièce du bourgmestre, que
celui-ci n'a pas vue depuis dix ans. Un paysan du
parti français se travestit en gouvernante de la
fausse nièce. Le capitaine Brétigny se donne pour
montreur de bêtes, et deux de ses ours sont des
soldats déguisés, comme dans l'Ours et le Pacha. Le
bourgmestre, assailli par ces gens qui veulent s'em-
parer des clefs de la ville accrochées à sa ceinture,
les jettç dans le fossé. Mais le bon chien Mousta-
che se précipite et les rapporte au capitaine. Vive
le chien du régiment! L'amusant animal qui inter-
prétait ce rôle a certainement le don du théâtre il a
paru prendre un vif plaisir aux applaudissements
qui ne lui ont pas été ménagés. On a été heureux de
revoir Mme Simon-Girard, et toute la troupe de la
Gaité a eu part au succès de l'opérette bonne enfant
de MM. Pierre Decourcelle et Louis Varney.
Nous avons donné hier les résultats de la, séance
du comité d'administration tenue mercredi au Théâ-
tre-Français.
A la suite de ces décisions, la situation des socié-
taires, au point de vue de la répartition des bénéfi-
ces, se trouvera être la suivante
Sociétaire à part entière MM. Mounet-Sully (1874),
Coquelin cadet (1879), Silvain (1883), Baillet (1887), Le
Bargy (1887)', de Féraudy (1887), Leloir (1889); Mmes Bar-
tet (1881), Dudlay (1883), Pierson (1886).
A onze douzièmes et demi MM. Albert Lambert
(1891), Paul Mounet (1891).
A neuf douzièmes et demi Mlle Muller (1887).
A neuf douzièmes M. Truffier.
A huit douzièmes M. Georges Berr (1893).
A sept douzièmes MM..Laugier (1894), Raphaël Du-
flos (1896), Mlle Brandès (1896).
A six douzièmes Mme Marie Kalb (1894), M. Leitner
(1896), Mme Segond-Weber (1902).
A cinq douzièmes et demi Mlle Lara (1899).
A cinq douzièmes Mlle du Minil (1896).
A trois douzièmes M. Dehelly (1902), Mlle Marie
Leconte (1902).
(La date qui suit le nom de chaque sociétaire est
celle de son élévation au sociétariat.) )
Mme Eleonora Duse vient de signer un nouvel
engagement pour une tournée en Amérique durant
la saison 1903-1904. Elle jouera six pièces différentes,
dont trois nouvelles, et peut-être une nouvelle pièce
de M. d'Anriunzio qui, ayant pour titre Malatesta,
serait une suite de Francesca di Mimini.
Ce soir
Au Châteautd'Eau, reprise de Napoléon.
A la Comédie-Française, M. Raphaël Duflos étant
toujours alité, et M. Laugier, à son tour, se trouvant
souffrant, la représentation du Passé sera remplacée
par le Mari de la veuve et Mlle de Belle-Isle.
Au Vaudeville, reprennent les représentations du
Joug, interrompues, hier, matin et soir, par Mme Sans-
Gêne.
A- l'Atb.éaéôT &. la. aorte d'una -soudaine indisposition
de M. André Dubosc, Par vertu, la pièce de M. Francis
de Croisset, -n'a pas pu être achevée hier soir.
Le théâtre Antoine, depuis quelques jours, a ad-
joint, à la Bonne Espérance, l'Aventure, l'amusante comé-
die de M. Max Maurey,
Le soir du réveillon, les Mathurins ont encaissé
l'énorme somme de 3,327 francs, et on a refusé plus de
deux cents personnes; fort ennuyées de ne pouvoir ap-
plaudir Mmes Polaire, Margel, L. France, MM. Dar-
mont, Montelaux et André Hall.
-La charmante idée qu'a eue M. Gustave Charpen-
tier de procurer un délassement et une jouissance ar-
tistique aux ouvrières et employées de magasin par la
création de cours populaires de musique, a trouvé un
écho à Genève. Ufie artiste renommée de l'Opéra ita-
lien, aujourd'hui professeur supérieur de chant à l'A-
cadémie de aiusique" de cette ville. Mme Torrigi-Hei-
roth, vient de fonder 4'Œuvra Mimi-Pinson à. Genève;
elle a attiré aussitôt Un très grand nombre d'élèves.
M. Gustave Charpentier a accepté la présidence d'hon-
neur de l'Œuvre.
SPECTACLES DU VENDREDI 26 DECEMBRE
Opéra. 8 h., Salammbô. Samedi, 8 h. 1/2, Paillasse,
Bacchus.
Français. 8 h. 1/2. Le Mari de la veuve. Mlle de
Beïie-Isle.
Opéra-Com. 8 h; »/». Manon. '̃̃
Odéon. 8 h. 1/2;. Résurrection.
Vaudeville. 8 H.' 1/4. La Visite de maman.' Le Joug.
Gymnase. 8 h. i/2. Où est passée la maison? -Joujou.
Variétés. 8 h. ».». -Manumilitarf. –Orphée, aux Enfers.
Th. Sarah-Bernhardt. 8 1/4. Théroigne de Méricourt.
Porte-St^Martin. 8 h. 1/4. Cyrano de Bergerae.
Renaissance. 8 h. 1/4. Le Pain*de ménage.- La Cha-
telaine..
Monsieur marié, comptable expérimenté, demande
place de caissier ou comptable pour janvier.
Bon correspondant français et allemand. Excellen-
tes références. S'adresser M. Provost, 52, rue Bi-
chat, à Paris. «
^SrMSnÊ^f^J-'É^ÊlJ^f » base de Vin généreux et de Quinquina.
Le ATElLLEUA et le PLUS ANCIEIY des
HYGàÈt4iQUF. PAR EXCEL.L£riClg
W tiY©1ENI4i~iE PAR. EXCELLENCII
tëre individuel; on l'obtient aussi avec le caractère
professionnel, c'est-à-dire, toujours, avec l'automa-
tisme, avec la raideur, naturels ou acquis. « Vous
n'avez rien à déclarer? » demande le douanier, rigide
observateur de la consigne, aux naufragés qui s'ef-
forcent de s'accrocher aux rochers. Transposez la
question selon la profession et les circonstances le
rire jaillira nécessairement.
Il est manifeste que la théorie de l'incongru ex-
plique souvent le rire dans bien des cas notre
gaieté provient non point de la dérision, de la satis-
faction que nous avons à croire que nous serions
moins maladroits, moins sots, ou moins ignorants
que celui que nous voyons, ou entendons, ou dont
l'histoire nous est narrée, mais d'un sentiment plus
intellectuel, de la perception d'une non-congruence,
d'une non-conformité, d'une non-séquence.
Maintenant une question se dresse tout naturelle-
ment. Est-il quelque chose de commun au rire de la
dérision, et au rire que provoque l'incongru? Le rire
aurait-il une cause générale, supérieure, unique?
C'est bien probable, dit M. James Sully. Le rire,
avons-nous vu, est chose propre à l'homme, ou qui,
du moins, n'atteint son plein développement que
chez l'homme. Le rire, encore, ne se rapporte qu'à
l'homme et aux choses humaines, ou aux choses qui
rappellent l'homme. Le'rire, enfin, qui est un phé-
nomène individuel, se produit surtout en société. Il a
un caractère social, par conséquent et ceci se voit
aux conditions requises-pour qu'il se développe, et
à son caractère contagieux, infectieux môme. Dès
lors, il pourrait bien avoir une fonction sociale tout
comme le langage, utile à l'individu, par la précision
qu'il donne à la pensée, est plus utile encore comme
moyen de relier les' individus, c'est-à-dire par
son rôle social. Mais quelle pourrait être la fonc-
tion sociale du rire? Il n'est pas besoin de chercher
bien loin. Nous rions du nouveau, de l'inusité, de
l'anormal, des défauts d'adaptation, d'intelligence,
d'adresse, des défectuosités morales, des infor-
tunes, etc.; or, dans toutes ces causes de rire, il y a
un élément commun. Nous rions, dans chaque cas,
de quelque chose qui est antisocial, de quelque
chose qui ne cadre pas exactement avec les exigen-
ces sociales. Le rire devient par là une méthode de
correction, une façon de rappel à l'ordre dirigé con-
tre les manquements sans gravité. C'est un instru-
ment dont la société fait usage pour réprimer de
petits écarts. Instrument fort solide au reste aucun
homme de quelque sens ne prend plaisir à devenir
la risée de ses semblables.
Ainsi, le rire, comme le jeu avec lequel il a d'ail-
leurs de fortes affinités, pourrait et devrait être con-
sidéré comme une fonction sociale. Cette thèse se
peut très bien défendre dans un grand nombre de
cas, cela n'est pas douteux. Explique-t-eUe tout le
rire? Ceci est une autre: question..
Car le rire a ses degrés, et sea fornies.Ily a un rira
presque animal, ùn rire physiologique (je ne parle
pas, du rire-du chatouillement où il entre, en réalité,
Châtelet. 174. Les Aventures du capitaine Corcoran»
Gaîté. 8 h. 1/2. -Le Chien du régiment.
Pal.-Royal. 8 h. 1/2.– Une rage de dents»– La Carottai
Ambigu. 8 h. 1/2. Le Juif errant.
Nouveautés. 8h. 3/4. La Duchesse des Folies-Bergère*
Th. Antoine. 8 h. 3/4. LaBonne Espérance.– L'Aveai
ture.
Athénée. 8 h. 1/2. Trotinette. Leurs Amants. Par vertUi'
Bouffes. 8 h. 1/2. Le Cadeau d'Alain. Le Jockey
malgré lui.
Fblies-Dram. 8 »/».– L'Hôtel Godet. –Le Billet de-logj?
ment. L'Anglais tel qu'on le parle.
Cluny.8h.l/2. Ma Femme m'ennuie. Le Paradis..
Déjazet. 8 h. 1/4. -Au Poste. -Ferdinand le Noceuri,
Château-d'Eau. 8 h. 1/2.– Napoléon.
Olympia. 8 h. 1/2; Miss Bouton-d'Or.
Th.desCaDucines.91/4.Gémier(Daisy). Monsieur estserv)r
Mathurins. 91/4. Banque Tirlaine. LTnfidèle. L'Arbalète.
Fol.-Bergère. 81/2. Tél. 102-59. Pierrot Don Juan (Séverin)j.
Boîte etTr. Tabarin. 58. r. Pigaile. 91/2. Tél. 267-92. Fursy.
Casino de Paris. 8 1/2: Tél. 154-44. Robert Macaire.
Nouv:-Cirque.8h.l/2.– Joyeuxnègres.– Nains Colibri^.
Cïrq. d'Hiver. 8 h. 1/2. Les Phoques jongleurs.
Salle ^Eolian, 32, av. de l'Opéra. 4 h. Mardis et vendredis,
iEolian récitals. Pour invitations, s'adress"àl'jEoliaa.
Grands Magasins Dufayel. De 2 à6 h. Attractions variées^
Cigale. 9112. Tél. 407-60. V'là l' Métro J. Bloch, Cernay.
Pal. d e Glace (Champs-Elysées). Patinage sur vraie glace.
Scala.Tél.lOL-16. Polin. P. Darty. Marville. C'estd un raid!
Mus. Grévin.Réceptlon chezl'emp. Ménélik. Jnal lumineux.
Jardin d'acclimatation, Ouvert tous iea jours».
Tr Eiffel. De midi àlanuitjusqu'au26ét.etpar eseal.rlÛS
SPECTACLES DU SAMEDI 27 DÉCEMBRE'
Opéra. 8 h. 1/2, Paillasse, Bacchus. Dimanche, relâcHa.
Français. 8 h. 1/2. L'Autre Danger.
Opéra-Com. 8 h. 1/2.- La Carmélite.
(Les autres spectacles comme vendredi)
P O RT
Courses de Pau
Temps fort agréable à la troisième journée de El
réunion de Pau, où l'hippodrome présentait un aspect
très animé.
Le prix de Jurançon (haies, 1,500 fr., 3,000 m.), a été
gagné par Sombrun (Charlier), à la baronne Pichon.
Pari-mutuel unité 5 francs pesage 8 francs et pelou-
se 9 fr. 50. ±
Antipode, à M. Tasse (M. Labordc), a gagné le stea-
ple-chase militaire (objet d'art, 3,000 m.). Pari mu-
tuel 8 fr. et 8 fr.
Hasledon, à M. Espir (Bashford), qui avait, dimanche
dernier, fourni une très mauvaise course, a gagné de
loin, le prix deBilIière (haies, 3,500 fr., 3,200 m.)– Par*
mutuel 33 fr. 50 et 106 50.
Dans le prix de Bizanos (steeple-chase, 4,000 francs..
3,800 m.), Inshallah, au comte de Cherisey (M. Defflsï,
l'a emporté facilement sur ses adversaires. Pari mt»
tuel 47 fr. et 50 fr. L. G.
Bilan DE LA Banque DE FRANCE du 18 au 26 décembre
Encaisse or. 2.542:668.859 aug; ZLb.WT
argent. 1.107.565.605 dim. 889.637
Portefeuille. 624.947.307 dim. 4.689.80»
Avances sur titres. 449.338.497 aug. 3.421.382
Comntes courants part" 426. 629. 768 dim. 25.295.260
Comble C du Trésor. 139.081.387 aug. 2.426.082
Billets en circulation. 4.304.319.820 aug. 23.985.3â5.
Bénéfices bruts des es-
comptes et intérêts di-
vers'pour la semaine. 375.92!*
DéDenses •̃
Bénéfices nets orovisoires de la première semaine
du premier semestre des quatre dernières années, tels,
qu'ils ressortent- de la situation hebdomadaire
Bénéfices Cours correspij
Année 1899. 2.787.787 3.749
1900. 3.984.923 4.220
1901. 2.307.509 ̃ 3.790: y
1903. 1.864.555 3.825
1 iaaaaiàia
Recettes des chemins de fer
Lyon. 460.000 6.51 1 Alger.. + 35.000 + 27.7S
r~ o
BULLETIN COMMERCIAL:;
Suifs. La cote officielle du suif frais à chandelles
de la boucherie de Paris a été maintenue avant-hier
à 74 fr.
Suif province 74 fr.
Marché fort calme avec uné demande très modéré»*.
Le maintien de la cote n'est dû qu'à la faiblesse, de 1g.,
production.
Suif province sans affaires cote nominale. ̃
Le suif pressé est très faible et offert sur décembre et:-
janvier à 118 francs le livrable est délaissé.
On cote: 1" jus de mouton, 115 francs: pressé frais
à bouche, 118 francs: pressé à fabrique, 118 francs?--
au creton comestible, 92 fr.; margarine extra, 1261t.
1". 120 fr.; ordinaire, 106 fr.; infér., 90'fr.
En produits fabriqués, on cote: stéarine saponification,, `
125 à 115 fr.; dito distillation, 110 à. 100 fr. nominal;;
oléine saponification, 68 fr.: dito dis-tillation, 60 fr.
très offert en livrable sur 1903.
fjm ~p p1~ ~~T teafva~aDErleldebovrlaTOtL6'1lL~
EAU O HOUBÎUÂN I BOUBIGAHT. 19.F»ub.Saint-H«a*
RATS nCHTICDIPC n-f$8V¥iit'T SupiSriorfté reconnue. Exigez la
~~DEIITIf111CE~ ~Q~'Staatare80TOT:EnYenfeParlout.
PATE UtN I IrlilLt K gfj g y isianaturcBOTWV.En Ventahirtoiit.
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LE SANDOW
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GB.ANÛS MAGASINS DU
L'oGRANuDS MAvGASINnS DUEl
OUVRE
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1
Les Magasins du Louvre seront
OUVERTS PAR EXCEPTION r
DIMANCHE 28 DÉCEMBRE'
HORS CONCDORSExo.Unlv.PARIS1900'
beaucoup de psychologie), comme celui de l'enfant
enfin débarrassé d'une émotion ou d'une tâche il y
a un rire intellectuel, qui résulte de perceptions et
de comparaisons d'ordre intellectuel; il y a un rire:
d'ordre moral. Ces différents rires supposent des;
degrés de culture et de moralité qui diffèrent. Et une;
explication générale devient chose très difficile,
même après la magistrale étuda de M. James Sully.
Os s'explique toutefois la doctrine de ce der-
nier. Elie ne surprend pas de la part d'un Anglais
cultivé, d'un concitoyen des Sterne, des Meredith,.
des Dickens, d'un contemporain des Mark Twain,
des Bret Harte, des Artemus Ward, d'un contem-
porain averti qui a assisté à-une phase de l'éclosioa
du rire nouveau. Car il y a un rire nouveau, subtil
et atténué. Le rire évolue, lui aussi. Les formes
anciennes persistent sans doute et persisteront
longtemps encore. Mais une forme nouvelle se ma-
nifeste. L'humour est de date récente. Cette forme»
très intellectuelle, mais pleine de sensibilité aussi,
très humaine au sens élevé du terme, très philoso-
phique et indulgente à la fois, est neuve et encore
rare. Ce qui la caractérise, c'est que l'émotion .y a,
part or l'émotion nuit au rire. L'humour fait donc
sourire plutôt que rire. II est la propriété d'une pe-
tite élite; il est la propriété du philosophe assez
perspicace pour percevoir le côté risible des choses:
et des gens, et assez doué de sensibilité pour ne le
mettre en relief que de manière discrète, comme.
sans y toucher, avec une pointe de philosophie,
c'est-à-dire d'indulgence éclairée, de bonté intelli-
gente.
Le mélange est singulier, et le sentiment com-
plexe. Là aussi il y a quelque chose de la raideur
dont parle M. Bergson dans l'attitude mentale,
dans le parti-pris de voir, mais de ne point se fâ-
cher d'a voir l'esprit également ouvert au comique
et au pathétique qui l'accompagne, et de traduire
l'un et l'autre simultanément. Avec quel bonheur
ceci se peut faire, un Sterne, un Dickens, un Daudet
l'ont fait voir. Mais l'art est difficile parce qu'il
y faut plus que de l'art je veux dire de l'âme.
Certainement, toutefois, pouren reveniràM. James
Sully, l'humour remplit une fonction sociale. On
comprend très bien que le philosophe anglais, qui
envisage surtout la forme supérieure et plus sub-
tile, plus rare aussi, du rire, ait formulé sa conclu-
sion. Mais la forme nouvelle ne doit pas faire oublier
les anciennes. Et une théorie générale doit expliquer
celles-ci comme celle-là.
La conclusion probable est donc que la fonction
du rire varie et se transforme, comme le rire lui-
même comme tant d'institutions et d'usages dans
les sociétés, comme tant d'organes dans les orga-
nismes. Nous rions pour des raisons diverses, et le
rire remplit des fonctions variées. Au moins nous
l'heure présente. :>
HENBY/SE VARIGNTr
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