Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-08-05
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 août 1898 05 août 1898
Description : 1898/08/05 (Numéro 13575). 1898/08/05 (Numéro 13575).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
1E TEMPS. 5 Août 1898.
î & zone des manœuvres est comprise entre Tours,
PUv4, Montmorillon, Poitiers, Saumur.
3» DANS LE SUD-EST
̃*̃» corps. Dans le 14e corps, la 28« division manœu-
vrera dans les Bauges du 7 au 17 septembre. Chaque
brigade comptera 1 batterie montée et 1 de montagne;
le 4« dragons prendra part aux manœuvres. La 27° di-
vision exécute de simples manœuvres de brigade.
15 corps. Les deux divisions du 15° corps manœu-
vreront d'abord l'une contre l'autre, puis seront
réunies pour opérer contre un ennemi figuré, du 7 au
î5 septembre, dans la zone Draguignan, Cuers, Gar-
danne, Orgon, Cadenet, Aix, Cotignac.
4° MANOEUVRES DIVERSES
En outre, des manoeuvres de division seront exécu-
tées dans les 4«, 10e, lle, 12e 17" et 18» corps d'armée, et
des manœuvres de brigade dans les 1", 2e, 5°, ge et 16°
corps. Ces manœuvres auront lieu d'une manière gé-
nérale dans la première quinzaine de septembre.
Les cartes nécessaires pour suivre les grandés
manœuvres de cette année seront les suivantes
1» Pour les manœuvres de l'Est cartes au 1/80,000»
Mézières en entier, Verdun en entier, Bar-le-Duc
{quarts N.-E. et N.-O), Châlons (quart N.-E), Reims
ÎN.-E. et S.-E), Rethel (N.-E. et. S.-E).
Cartes au 1/200,000' Mézières, Châlons.
Cartes au 1/320,000" Metz, Mézières.
20 Pour tes manœuvres du Centre.- Une carte spéciale
sera tirée par les soins du service géographique de
l'armée.
Une épidémie. On écrit de Bourges
L'épidémie de dysenterie augmente. On a enregis-
tré deux nouveaux décès au 37° d'artillerie. Le nombre
des malades entrés à l'hôpital dépasse actuellement
cent. Jusqu'à présent l'enquête n'a pas permis de dé-
couvrir la cause de la maladie, qui sévit seulement
dans quelques batteries.
MARINE
Le lieutenant de vaisseau Benoît est nommé au
commandement du torpilleur de haute mer Lancier.
à Brest.
Le capitaine de frégate Boyer sera maintenu pro-
visoirement à la commission de réglage à Toulon.
NOUVELLES DU JOUR
Le président de la République est arrivé hier, à
4 h. 40 du soir, par le train du Havre. Il était ac-
compagné par M. Tillaye, ministre des travaux pu-
blics, les commandants Humbert et Legrand, offi-
ciers de sa maison militaire.
A la gare Saint-Lazare, l'attendaient MM. Del-
cassé, ministre des affaires étrangères, Trouillot,
ministre des colonies, Vic-er, ministre de l'agricul-
ture, Blanc, préfet de police, etc.
M. Félix Faure a quitté la gare Saint-Lazare par
la cour d'Amsterdam et s'est rendu directement à
l'Elysée.
Un banquet d'adieu a été offert hier soir, à M. La-
ferrière, gouverneur général de l'Algérie, par ses
anciens collègues du Conseil d'Etat.
A la table d'honneur avaient pris place, aux côtes
fle M. Laferrière, MM. Berger, doyen des présidents
de section, et Alfred Picard, commissaire général de
l'Exposition de 1900; MM. Tétreau, Georges Cou-
Ion, le général Mojon, présidents de section, etc.
Au dessert, M. Berger s'est fait l'interprète des
Tegrets que cause le départ de M. Laferrière et des
vœux que forme le Conseil d'Etat pour qu'il mène à
bien la tache difficile qu'il a acceptée.
M. Laferrière, au milieu des applaudissements, a
chaudement remercié, puis il a rappelé avec émo-
tion les étapes successives de sa carrière au Conseil
d'Etat, où il entra en 1871 comme commissaire du
gouvernement. Il est heureux de rappeler qu'un des
premiers votes qu'il eut à émettre concernait un
nouvel auditeur, M. Cambon, qui, plus tard, devait
précéder l'orateur, au gouvernement général de l'Al-
gérie.
Vos vœux, dit en terminant M. Laferrière, m'accom-
pagneront comme un talisman. Je suis fier des senti-
ments qui les inspirent, et, conscient de la tâche qui
m mci mbe, soyez sûrs qu'en toutes circonstances le
gouvrroaw général de l'Algérie saura rester digne du
Conseil d'Etat.
Le Moniteur officiel du commerce, dans son nu-
méro d'aujourd'hui, donne les renseignements sui-
vants sur le fonctionnement de l'Office national du
•commerce extérieur
Dans sa dernière séance, tenue le 29 juillet, le comité
de direction de l'Office national du commerce exté-
rieur a pris diverses mesures propres à assurer le
fonctionnement régulier des services ouverts au pu-
î>lic depuis le 18 juillet.
L'attention de ses membres s'est notamment portée
3ur le nombre et la nature des renseignements deman-
des à l'Office, verbalement ou par correspondance, de
mus les points de.la France.
Le comité a constaté que le monde des affaires avait
immédiatement commencé à faire appel au concours
de l'Office, en lui adressant des demandes très variées
l'informations et qui ont donné lieu à un mouyement
:1e correspondance s'élevant à 410 lettres et à 74 com-
munications sur place.
On nous communique la note suivante s
Plusieurs journaux interprètent inexactement les
.modifications que le ministre de l'instruction publique
ïe propose d'apporter à la distribution des palmes aca-
démiques.
Le projet de décret qui a été soumis au conseil su-
périeur de l'instruction publique et qui paraîtra demain
au Journal officiel aura notamment pour effet d'aug-
menter le nombre de palmes à décerner au personnel
enseignant, sans rendre plus rigoureuses, d'ailleurs,
nour ce personnel, les conditions de nomination. L'ex-
tension de cinq à dix ans de la durée des services ne
^applique qu'aux personnes ne faisant pas partie de
!'enseignement.
Sont chargés de cours supplémentaires à. la Fa-
julté des lettres de Paris MM. Egger, professeur à
la Faculté des lettres de Nancy.– Philosophie. Châ-
ielain, archiviste paléographe. Paléographie la-
gne classsique. P
M. Archdeacon nous écrit qu'il n'avait pas solli-
cité le renouvellement de son mandat de conseiller
général de l'Yonne.
Les 600 voix qu'il a obtenues lui ont été données
̃spontanément sans qu'il fût candidat.
D'autre part, M. Rétif, qui a été élu conseiller gé-
néral de l'Yonne, pour le canton de l'Isle-sur-Serein,
i'est pas radical, comme on l'a dit par erreur, mais
républicain progressiste; il a été élu contre M. Jac-
ijues, candidat radical.
On nous télégraphie de Nantes
Les manifestations annoncées contre M. Grimaux,
président du congrès pour l'avancement des scien-
ces, qui se tient cette année dans notre ville, ont
commencé hier soir.
Près de deux cents personnes ont manifesté sous
les fenêtres de l'hôtel de France où est descendu M.
Srimaux et devant le café de France où M. Grimaux
prenait un rafraîchissement en compagnie de M.
Yves Guyot. Les manifestants protestant contre
2'attitude de M. Grimaux dans le procès Zola chan-
ïaient « A bas Grimaux! Démission! » M. Grimaux
p'est retiré dans son hôtel et M. Yves Guyot s'est
?endu au télégraphe; en chemin il a été légèrement
bousculé par la foule. Il n'y a eu d'ailleurs aucun
désordre grave.
Quelques manifestations antisémites se sont pro-
duites devant des magasins israélites.
On nous télégraphie de Dijon "?
M. Hugot, sénateur, vient de recevoir de M. Ca-
vaignac, ministre de la guerre, une dépêche l'infor-
mant que, par suite de circonstances qu'il n'avait
pu prévoir tout d'abord, il ne pourra venir en per-
sonne présider la cérémonie d'inauguration du mo-
nument du général Junot, duc d'Abrantès, à Mont-
tard (Côte-d Or), le 28 août; mais il se fera représen-
ter par le général Caillard, commandant le 8° corps s
d'armée, à Bourges. p
Une caravane, composée de quatre professeurs et
vingt et un élèves de l'école normale d'indigènes
d'Alger, est arrivée à Dijon, venant du Creusot et t
de Beaune, sous la direction de M. Beaudelaire, in-
specteur des écoles du département d'Alger, accom-
pagné de M. Silveni, directeur de l'école de Gardhaï,
Voulet, instituteur à l'école française d'Alger, Sidi
Saïd, professeur de kabyle à l'école normale d'Al-
ger.
Ces élèves ont visité avec intérêt les monuments,
musées et collections de la ville. Ils partent demain
pour Besançon et iront ensuite à Lunéville, Reims
et Paris.
On nous télégraphie d'Arras: î
On signale depuis quelques jours des symptômes
d'agitatron assez graves dans le bassin houiller du
Pas-de-Calais. On rapproche ces symptômes du
mécontentement causé parmi les mineurs par l'échec
de tous les candidats du syndicat aux dernières élec-
tions cantonales. En effet, ont échoué MM. Sougey,
à Carvin; Delcourt, à Vimy; Ducroquet, à Béthune;
Somville, à Cambrin, et Cadot, à Houdain.
Cet échec atteint directement MM. Basly et La-
•înendin, qui avaient ouvertement patronné plusieurs
de ces candidatures. M. Lamendm, notamment, est
battu, en la personne des candidats qu'il soutenait,
dans les trois cantons de sa circonscription légis-
iative. &
On parle aussi d'autres causes sur lesquelles il y
aura peut-être lieu de revenir. L'état des esprits est
tel actuellement, dans le monde des mineurs, que, si
an revirement ne se produit pas, on prévoit une
.grève générale pour l'automne prochain.
On télégraphie d'Albi à l'agence Havas:
Le parquet d'Albi vient de faire perquisitionner au
siège du syndicat des verriers, des chapeliers fou-
teurs et des chapeliers approprieurs d'Albi dans le
put de découvrir la preuve de la participation des-
dits syndicats à la propagande politique entreprise
Par la fédération ouvrière du Tarn, de l'Aveyron, de
î Hérault, avant et depuis la dissolution, ordonnée
par le tribunal, et de l'allocation de subventions sur
les fonds des syndicats à l'organe socialiste révolu-
tionnaire le Cri des travailleurs, publié Carmaux.
LES GRÈVES
On télégraphie de Rouen
La grève des ouvrières du tissage Manchon conti-
nue. Les grévistes sont soutenues par les syndicats
de la région et les souscriptions atteignent un cer-
tain chiffre. P d
Cinq jeunes ouvrières ayant repris le travait, les
grévistes les ont attendues à leur sortie de l'atelier
et les ont attaquées. La police et la gendarmerie
ont dû intervenir et ce n'est que sous leur protection
que les cinq ouvrières ont pu rentrer chez elles.
On télégraphie de Parthenay
Les ouvriers maçons et tailleurs de pierre de Par-
thenay se sont mis en grève hier matin. Ils récla-
ment une augmentation de salaire. Les patrons et
les entrepreneurs doiventse réunir aujourd'hui pour
examiner la situation.
LES AFFAIRES DREYF USPICQUÂRT-ESTERHAZT
Une lettre de M. Sully Prudhomme
Nous avons reproduit les principaux passages
d'une lettre par laquelle M. Maurice Bouchor infor-
mait M. Sully Prudhomme, de l'Académie française,
et membre du conseil de la Légion d'honneur, que
les statuts de l'Ordre ne permettant pas aux légion-
naires de démissionner il renonçait à porter le
ruban de chevalier. M. Maurice Bouchor ajoutait
Je tiens à vous le dire, à vous, poète aimé et admiré,;
qui m'avez souvent témoigné votre bienveillance, à
vous, noble auteur d'un poème qui a pour titre la
Justice.
"Vous faites partie du conseil de l'Ordre. J'ignore
quel a été votre vote lorsque fut mise aux voix la me-
sure qui a frappé Zola, et je n'ai le droit d'émettre au-
cune supposition à cet égard. Mais je puis vous dire
que la décision prise me paraît injustifiable.
On reproche à Zola de troubler profondément la
France. Est-ce à lui qu'il faut adresser ce reproche?
La Révolution française a troublé bien davantage
notre pays et le monde entier. Mais à qui doit-on
imputer les troubles qu'elle a causés: à ceux qui la
firent, ou à ceux qui l'avaient rendue inévitable? L'at-
titude révolutionnaire de Zola est justifiée par l'obsti-
nation du gouvernement de M. Méline (dignement
continué par M. Brisson) à couvrir une évidente illé-
galité, les machinations les plus suspectes et probable-
ment une épouvantable injustice.
Il est vrai que Zola a violemment accusé plusieurs
officiers et çu"il a encouru, de ce fait, une grave res-
ponsabilité. Mais, tant que la lumière n'aura pas été
faite pleinement, comme il la demande à grands cris,
tant qu'il ne lui aura pas été possible de s'expliquer
dans un débat loyal et complet, on ne saurait porter
un jugement définitif sur la valeur de ses accusations.
M. Sully Prudhomme a répondu à M. Maurice
Bouchor par la lettre suivante, dont il veut bien
nous donner communication
A Jfaurice Boucltor.
Mon cher confrère,
Votre lettre m'a été renvoyée àFontenay-le-FIeuri,
chez mon ami Guiffrey, au moment où je revenais
dans ma famille à Chatenay, et pendant que vous la
publüez dans le Siècle. J'y réponds, malgré moi, tar-
divement. y P
En ce qui touche la question spéciale au sujet de
laquelle vous me faites part de votre détermination,
ma conduite ne pouvait être que conforme à mes
principes, et nos relations, fort anciennes déjà, vous
ont permis de les connaître. Je n'ai donc pas à vous
remercier de votre discrétion, très correcte d'ail-
leurs.
Quant au reste, mon devoir est rendu par ma si-
tuation plus complexe que le vôtre je le remplis
comme je le sens.
Pour composer le poème que vous me rappelez,
j'ai beaucoup étudié l'essence de la justice. A ce
commerce avec elle je dois de m'apercevoir que,
dans la crise présente, elle a étendu son ressort.
Elle n'a plus une cause unique à considérer; beau-
coup d'autres lui sont simultanément confiées. Une
foule de travailleurs aussi méritants qu'obscurs,
obligés de s'en remettre à de plus instruits qu'eux
pour la gestion des affaires publiques, ne sont en
rien solidaires de nos responsabilités. Ils sont en
droit d'attendre de nous la conciliation de nos plus
saints scrupules avec la sécurité du pays, qui est la
leur, et dont le souci, à ce titre, n'est pas moins sa-
cré pour nous.
Pouvons-nous ne pas nous en préoccuper et pou-
vons-nous nous en dégager?
N'assumons-nous pas, bon gré malgré, une tâ-
che d'hommes d'Etat hors cadre ?
Je m'y sens fort dépaysé, mais engagé par la
réflexion. Cette tâche expose à bien des blessures;
ma conscience y demeure intacte; c'est pour moi
l'essentiel. J'agis en pleine liberté je ne dépens
d'aucun intérêt temporel de religion, d'aucune li-
sière politique ni de personne, sans mon agrément.
Par bonheur, en outre, je puis me consacrer à la
recherche de la vérité pour elle-même et l'ornera
mon goût, pour essayer, comme vous, de la faire
aimer.
Bien à vous, mon cher confrère,.
SULLY PRUDHOMME.
Châtenay, 3 août 1898.
Albî, 3 août.
FAITS DIVERS
X..A. TEMPÉRATURE
Bureau central météorologique
Jeudi 4 août. Les fortes pressions-qui se retiraient
vers l'Atlantique reviennent sur la France (Biarritz,
769 mm.), tandis qu'une vaste zone inférieure à
760 mm. s'étend sur tout le nord de l'Europe (Bodœ,
750 mm.).
Le vent est faible ou modéré d'entre nord et ouest
sur nos côtes, où la mer est peu agitée.
Des pluies sont signalées sur la Norvège et les Iles
Britanniques.
En France, il a plu sur le littoral de la Manche et de
la Bretagne, et on a recueilli 4 mm. d'eau à Boulogne,
3 à Cherbourg, 2 à Brest et à Nantes.
La température s'abaisse sur l'Allemagne et les Pays-
Bas.
matin, le thermomètre marquait 11» à Christian-
sund, 16° à Paris, 26° à Alger.
On notait 10° au puy de Dôme et au mont Ventoux.
En France, le temps chaud va persister avec ciel
nuageux.
A Paris, hier, beau.
Moyenne d'hier, 3 août, 20»l, inférieure de 0°3 à la
normale.
Depuis hier midi, temnérature maxima, 27»8: mini-
mum de ce matin, 13°8.
A la tour Eiffel, max.: 25»5; min. 13*1.
Baromètre à sept heures du matin, 763 mm. 65, en
hausse.
Situation particulière aux ports
Manche. -Mer peu agitée à Dunkerque, Calais, Bou-
logne, le Havre; belle à Cherbourg.
Océan. Mer calme à Brest, belle à Lorient.
Méditerranée.– Mer belle à Marseille, Sicié; très belle
à Nice.
Corse. Mer belle aux îles Sanguinaires.
Variations atmosphériques du 4 août
JOUR HEURES THERMOMÈTRE BAROMÈTRE
Jeudi.4. 8 h. matin 17 1/2 au-dessus 763mm »/»
10 h. 20 »/» 763mm »/»
12 h. 21 »/» « 764mn> »/»
•- 2 h. soir 22 »/» 765™™ 1/2
LES DETTES DE Lfl MUSE. Le Matin raconte aujour-
d'hui que les artistes des chœurs de l'Opéra et des
concerts Colonne, qui apportèrent leur concours à la
fête du couronnement de la Muse, attendent encore,
après quinze jours, qu'on leur paye le prix du cachet
convenu entre eux et la ville de Paris.
Au bureau du Conseil municipal, on nous fait, à
ce sujet, la déclaration suivante
M. Bellan, syndic du Conseil, avait donné des ordres
pour que les cachets des musiciens et autres artistes
ayant participé au couronnement de la Muse fussent
payés dès le lendemain de la cérémonie.
Or, M. Maillard, qui, à l'Hôtel de Ville, a été chargé
de liquider les dépenses, attend depuis ce jour-là, et
non sans impatience, que les artistes veuillent bien
venir recevoir ce qui leur est dû.
éHANTEUSE ET CHANTAGE. Un jeune homme appar-
tenant à une très honorable et riche famille de com-
merçants parisiens. menait ta vie joyeuse sous le
pseudonyme ronflant de vicomte Bohémond de la
Garancière. Il avait fait ainsi, il y quelque temps,
la connaissance d'une demoiselle Caroline X. se
disant chanteuse légère dans les théâtres de genre
et habitant rue do Navarin. Caroline, flairant en Bo-
hémond une proie facile à exploiter, se renseigna
sur sa famille et ensuite lui proposa de lui donner
des leçons de chant. Le bon jeune homme accepta,
et reçut, en effet, une sévère leçon de. chantage.
Après quelques roucoulements fantaisistes, il vit
tout à coup, à son grand effroi, la belle Caroline
sortir de la poche de sa robe un revolver tout armé
et le coucher en joue en lui intimant l'ordre de lui
signer et de son vrai nom un billet d'une va-
leur de 5,000 francs, salaire de ses habiles leçons.
Bohémond s'exécuta tout penaud. La chanteuse eut
ensuite l'audace de se présenter chez les parents du
jeune homme pour réclamer le payement du billet.
Le père, moins naïf que son rejeton, choisit, pour
régler cette affaire, comme intermédiaire M. Ha-
mard, sous-chef de la sûreté. Celui-ci, après avoir
sévèrement admonesté la maîtresse chanteuse, lui
a fait restituer la valeur extorquée par elle, le pis-
tolet au poing.
PI6UÉ PftR U«E MOUCHE CHARBONNEUSE. Un gardien
.de la paix du septième arrondissement, nommé
Mesnard, se trouvait de service hier après midi, rue
du Bac lorsque soudain il ressentit une légère pi-
qûre à la lèvre inférieure. L'agent ne prit pas garde
tout d'abord à ladouleur que lui occasionnait cette
piqûre maïs au bout de quelques instants, sa lèvre
ayant enflé" dans des proportions démesurées, Û'en-
tra b l'hôpital de la Chanté pour demander que sa
plaie qu'il croyait sans gravité fût cautérisée.
Là, on reconnut aussitôt que l'infortuné gardien
avait été piqué par une mouche charbonneuse. Mal-
gré tous les soins qui lui furent prodigués, il est
mort ce matin. q g
L'agent Mesnard, qui était âgé de trente ans, avait
perdu sa femme il y a quelques mois. II laisse trois
enfants en bas âge, qui ont été recueillis provisoire-
ment par les voisins du défunt.
L'AMOUR ET LE REVOLVER. Il s'appelait Arthur, em-
ployé dans la bonneterie il avait vingt-cinq ans,
une laideur qu'on est convenu d'appeler sympathi-
que. Elle s'appelait Eugénie M. jolie et vive,
dans la fraîcheur de ses dix-huit printemps, et elle
l'aima, et pour tout de bon si bien que, le séduisant
commis ayant passé à d'autres caprices galants, la
pauvre fille est venue ce matin, devant la porte de
l'infidèle, trouer d'un coup de revolver la jeune poi-
trine où battait son cœur inconsolable. On a
transporté la pauvre enfant, mourante, à l'hôpital
Lariboisière. « Comme cola, il ne m'oubliera pas »,
a-t-elle balbutié au moment où on la relevait toute
sanglante.
LAS DE Lfl VIE. A Maincy (Seine-et-Marne),
étaient allés se fixer, il y a quelques années, un
jeune homme nommé Théodore Cognet, devenu
complètement aveugle, et sa mère, âgée de cin-
quante-deux ans.
On les a trouvés pendus hier dans leur domicile.
Il est à supposer que la mère, suggestionnée par
son fils, l'aura aidé à se pendre au piton de la sus-
pension de la salle à manger et que, résolue à ne pas
lui survivre, elle est allée se pendre à son tour dans
la chambre voisine.
EXCURSIONS TRAGIQUES.– Trois jeunes Genevois, MM.
Christian Belli, âgé de vingt-deux ans, élève en phar-
macie, Oscar Dalleyigh, négociant, et Henri Wiegan,
horloger, se rendaient, dimanche, en excursion dans
la vallée du Grand-Bornand.
Arrivés au chalet du Petit-Bornand, ils y passaient
la nuit, et, lundi, vers six heures du matin, ils ten-
taient l'ascension du mont Jalouvre, de 2,436 mètres
d'altitude.
L'ascension s'étant effectuée dans d'excellentes
conditions, les trois touristes décidèrent de descen-
dre sur le versant du Grand-Bornand. A un moment
donné, l'un d'eux, M. Belli, s'étant engagé dans un
sentier escarpé pour y cueillir des edelweiss, glissa
et fit une chute de deux cents cinquante mètres.
Ses camarades se portèrent immédiatement à son
secours, mais ce n'est qu'après beaucoup de recher-
ches qu'ils découvrirent son cadavre dans un déplo-
rable état, au bas d'un rocher à pic.
Au Salève, sur le territoire de la commune de Col-
longes-sous-Salève, un jeune homme de dix-sept
ans, Georges Golay, fils dudocteurGolay,deGenève,
s'est aventuré dans un passage dangereux et a fait
une chute dans laquelle il s'est tué sur le coup.
INFORMATIONS DIVERSES
Ont été reçues au certificat d'aptitude à l'enseigne-
ment secondaire des jeunes filles Miles 1 Lion, 2 Det-
chebarne, 3 Bnrtin, 4 Dubus, 5 Soulier.
,~TRIBUNAUg
M. Zola contre le « Petit Journal n
Nos lecteurs ont eu hier, en « Dernière heure », le
texte du jugement par lequel les magistrats de la
9e chambre correctionnelle s'étaient déclarés compé-
tents pour connaître de la plainte en diffamation dé-
posée par M. Emile Zola contre MM. Judet, Mari-
noni et Lasseur, gérant du Petit Journal. Il s'est pro-
duit, par suite de l'omission typographique d'un
feuillet du jugement, une lacune qu'il convient de
combler. Nous rétablissons donc le passage ainsi
involontairement supprimé, et qui avait sa place
après le deuxième attendu, dont la fin avait été alté-
rée par suite de cette suppression.
Voici le texte à partir de ce deuxième attendu,
jusqu'aux passages intégralements reproduits
Attendu quo Zola, dans son assignation, expose que,
s'il a cru pouvoir dédaigner les attaques dont il était
l'objet depuis quelques mois, il ne saurait agir de même
à propos de diffamations et d'injures adressées à la
mémoire de son père
Qu'il semble donc résulter des termes de l'assigna-
tion que Zola se propose avant tout de venger la mé-
moire de son père
Mais attendu que le tribunal doit uniquement se
préoccuper, non pas de la pensée qu'a pu avoir la per-
sonne diffamée en intentant sa poursuite, mais du vé-
ritable but que s'est proposé le diffamateur;
Attendu, en fait, qu'il estmanifestequ'en accusantZola
père d'avoir, en 1832, alors qu'il était lieutenant-comp-
table, été chassé de L'armée pour dilapidation et vol,
l'auteur des articles incriminés a eu pour seul but d'at-
teindre Zola fils dans son honneur en déconsidérant
son nom.
C'est après la lecture de ce jugement et au mo-
ment où les débats allaient s'engager sur le fond,
que Me Labori fit, on le sait, poser plusieurs ques-
tions à M. Judet et qu'il déposa, ainsi que nous l'a-
vons dit, entre les mains du substitut occupant à
l'audience, une plainte! en faux contre inconnu, et
usage de faux contre M. Judet. Cette plainte est si-
gnée « Emile Zola n et datée « Paris, 2 août ».
La parole a été ensuite donnée à Me Labori pour
M. Zola et aux avocats de MM. Judet, Marinoni et
Lasseur, Mc» Ménard, Deloison et Henri Bonnet. La
loi nous interdit l'analyse de ces plaidoiries.
A cinq heures et demie, après une suspension
d'une vingtaine de minutes, le tribunal rentre en
séance pour le prononcé du jugement. Mais au mo-
ment ou le président Puget allait en donner lecture,
Me Ménard se lève
J'ai, dit-il, des conclusions à déposer sur le bureau
du tribunal.
Et il donne lecture des conclusions suivantes
POUR M. JUDET CONTRE M. ZOLA
Donner acte au concluant de ce que, au cours des
débats et après interrogatoire de M. Judet, il a été dé-
posé et partiellement donné lecture au nom de Zola
d'une plainte de lui signée à Paris, le 2 août courant,
et par laquelle le concluant est dénoncé à M. le pro-
cureur de la République, aux mains de qui a été remise
la plainte, comme ayant fait usage d'un ou plusieurs
faux commis par auteur inconnu.
Sous toutes réserves utiles.
Le tribunal ayant donné acte à M" Ménard du dé-
pôt de ces conclusions, le président Puget a pro-
noncé le jugement qui condamne M. Judet à 2,000
francs d'amende, MM. Marinoni et Lasseur à 500
francs d'amende et tous trois, solidairement, à 5,000
francs de dommages-intérêts envers M. Zola.
Voici, au surplus, le texte de ce jugement
Le tribunal,
Attendu qu'il résulte des débats qu'à la date du 23
mai a paru dans le Petit Journal un article intitulé
« Zola père et fils dans lequel il y a lieu de relever
les expressions suivantes, adressées à Zola père « En
» mai 1832, il est arrêté pour vols et malversations, su-
bit une détention de deux mois », « misérable »,
les preuves explicites de vols commis par lé pré-
tendu proscrit existent », « rapport qui noue la
» destinée du fils anarchiste à celle du père voleur",
son nom a eu le malheur de déshonorer l'armée »,
« vilenie », « testament d'un voleur », « forfaiture »,
pris la main dans le sac, dans la caisse de son régi-
» ment »
Attendu que dans le même article il y a lieu de re-
lever les expressions suivantes, adressées à Zola fils:
Son nom a eu le malheur de déshonorer l'armée et
il ne venge qu'une querelle personnelle •>. « 11 de-
vait aller spontanément, sans efforts, à la trahison
comme les pornographes vont à l'aberration, comme
les bêtes stercoraires vont au fumier et se délectent
» dans la pourriture », « détraqué pernicieux »,
« maniaque en délire, sur la poitrine de qui, par une
» jncroyable tolérance, brille encore la rosette de la
» Légion d'honneur », « obstination criminelle du
» romancier sans patrie », « ce sot », « vani-
» teux », « affamé de vices », « passionné d'or-
» dure », « son cas où la littérature obscène s'allie à
» la suprême inconscience morale »;
Attendu que dans le numéro du Petit Journal daté
du 25 mai il y a lieu de relever les expressions sui-
vantes, adressées à Zola père « avait volé dans l'exer-
cice de ses fonctions et fut obligé de quitter l'armée
par la porte la plus honteuse », « également chassé
de l'armée austro-sarde pour des actes analogues »,
« récidiviste de la fraude et du vol », « tellement
malversé dans les rangs de deux armées européennes
et en a été honteusement expulsé », « forban »
Attendu que ces expressions constituent les injures
et les diffamations les plus graves;
Attendu que la seule lecture des articles incriminés
démontre manifestement que l'ardeur patriotique in-
voquée par Judet n'a pas, ainsi qu'il le prétend, été
son unique mobile; que l'intention qui l'animait de
nuire à Zola en divulguant les actes indélicats qu'au-
rait commis son père ne saurait être déniée, puisque
lui-même déclare qu'il a voulu le disqualifier.
En ce qui concerne Marinoni, assigné en qualité de
directeur du Petit Journal
Attendu que les articles incriminés font partie d'une
longue série d'autres articles contenant les plus vio-
lentes attaques contre Zola qu'il est manifeste qu'une
telle campagne engageant d'une façon si formelle et si
grave la direction politique du Petit Journal n'a pu être
menée sans l'aveu et le consentement formels de Mari-
noni qu'il est inadmissible qu'il ait ignoré la teneur
des articles incriminés
Qu'il est donc établi qu'il a sciemment participé au
délit commis par Lasseur et Judet.
Sur l'application de la peine
Attendu que, d'une part,, il y a lieu de tenir compte
de l'ardeur de la polémique engagée entre les journaux
d'opinions différentes, des attaques indignes adressées
à un certain nombre d'officiers de notre armée .et de
la violence des passions déchaînées à la suite de l'at-
titude prise par Zola au sujet de l'affaire Dreyfus mais
que, d'autre part, le tribunal ne peut juger sans sévé-
rité le procédé de polémique consistant à divulguer,
pour atteindre le fils dans son honneur en déconsidé-
rant son nom, les fautes qu'aurait pu commettre son
père il y a soixante-six ans, quelque gravité, d'ailleurs,
que puissent avoir ces fautes, ignorées vraisemblable-
ment du fils et en tout cas n'entachant en aucune ma-
nière Sa propre honorabilité i.
Par ces motifs
Condamne Judet à 2,000 francs d'amende, Lasseur à
500 francs et Marinoni à 500 franegj
Les condamne solidairement à 5,000 francs de dom-
mages-intérêts, une insertion dans le Petit Journal, dix
insertions dans dix journaux au choix du plaignant,
le coût de chaque insertion ne devant pas dépasser
100 francs, sous une astreinte de 100 francs pour
chaque numéro qui paraîtrait sans contenir le juge
ment.
A la sortie de l'audience, MM. Judet et Marinoni
sont très entourés. De nombreux cris de « Vive
Judet! Vive le Petit Journal! » accueillirent leur ar-
rivée dans la salle des Pas-Perdus du tribunal cor-
rectionnel. Cependant un cri de « Vive Zola! » est
poussé par un de nos confrères de la Lanterne, qui
fait qu'un certain nombre de curieux, menaçants, se
retournent contre lui. On va le frapper, mais le
commandant des gardes du palais intervient à
temps et fait entrer le manifestant dans la salle des
témoins, où, protégé par des gardes républicains, il
se trouve en lieu sûr. Entre temps, un autre cri est
poussé, celui de « Vive la liberté qui vaut à son
auteur d'être assez violemment bousculé. Mais on
fait évacuer le vestibule et les curieux se retirent
sans autre incident.
MM. Judet, Marinoni et Lasseur ont fait immédia-
tement appel du jugement rendu contre eux.
VARIÉTÉS
LES FRÈRES DE NAPOLÉON^
Il.entrait dans la faiblesse de Napoléon pour
ses frères beaucoup d'orgueil.
A ses frères, dit M. Masson, il accorde sans expé-
rience préalable une part des qualités qu'il possède.,
Raisonnant d'après lui, se jugeant tel qu'il est, il les
assimile en son esprit à lui-même, parce qu'ils sont
de sa race. Son égoïsme transposé d'individuel est
devenu familial; c'est de bonne foi, c'est avec une
conviction entière qu'il attribue aux siens la faculté
de remplir tout emploi, d'accomplir toute mission
où lui-même croirait réussir. Il les tient pour les
meilleurs ouvriers, les seuls mêmes qu'il puisse
rencontrer pour l'œuvre commune, oeuvre qui n'est
point seulement son élévation à lui-même, mais celle
de la famille entière à sa suite. Il ne sent ni la ja-
lousie latente, ni 1,'envie sourde, ni l'hostilité pro-
che. Ils sont parce qu'il est et, si, devant leurs
fautes, il arrive à concevoir des doutes, ce n'est ni
sur leur aptitude, ni sur leur intelligence, ni sur
leur dévouement, c'est seulement sur leur bonne vo-
lonté et leur activité physique.
Il n'y a qu'une limite à cette indulgence ex-
trême c'est son pouvoir, c'est l'Etat, c'est la
France. Cela est à lui, à lui seul. Il en est ef-
froyablement jaloux, jaloux il le dit, il le ré-
pète comme d'une maîtresse. Que nul, même
l'aîné, même Joseph, ne se permette de lever
les yeux jusque-là, Napoléon le ramène, et rude-
ment, à la mesure. « Vous oubliez, disait-il, en
1804, à Rœderer, confident et complice des am-
bitions de Joseph, vous oubliez que mes frères
ne sont rien que par moi, qu'ils ne sont grands
que parce que je les ai faits grands; le peuple
français ne les connaît que par les choses que je
lui en ai dites. Il y a des milliers de personnes
en France qui ont rendu plus de services qu'eux
à l'Etat; vous-même êtes de ce nombre. Je n&
peux pas souffrir qu'on les mette à côté de moi
sur la même ligne. Joseph n'est pas destiné à
régner. Je suis né dans la misère, il est né
comme moi dans la dernière médiocrité je me
suis élevé par mes actions, il est resté au point
où sa naissance l'a placé. »
Quand il parlait de « règne », il l'entendait
du règne par excellence l'empire français. Des
royaumes de seconde classe, il leur en distribua
autant qu'ils en voulurent et l'on ne vit jamais
largesse faite à ce degré de terres et d'âmes eu-
ropéennes. Qu'est-ce, en comparaison, que les
distributions de seigneuries et de châteaux que
les papes faisaient à leurs frères et neveux que
les distributions de Polonais faites par Catherine
à ses amants que les morceaux d'Italie décou-
pés par Elisabeth Farnèse pour ses enfants? Et, en
attendant les grands-duchés et les royaumes,
c'est l'argent donné de la main à la main, la part
prélevée sur les produits de la guerre, sur les
revenus de l'Etat, l'écume de la victoire. Il faut
lire dans le livre de M. Masson l'inventaire de
ces richesses accumulées en moins de cinq ans
par les Bonaparte. Dès 1802, la fortune de Jo-
seph est faite. Lucien est plus riche encore il
rapporte de son ambassade, vaine et sotte, mais
cupide, en Espagne, les profits d'un vice-roi du
Mexique ou du Pérou.
Murat, sans un sou en 1792, a tellement récolté
de régales en Italie, sans parler de ses places et
de ses indemnités en France, qu'il loge et vit à
Paris en grand seigneur. Au moins vit-il en
grand seigneur gai, exubérant, empanaché, glo-
rieux..
Ce n'est pas le cas des frères et c'est ici que
M. Masson dévoile merveilleusement leurs per-
sonnages le faux républicain en Lucien, le faux
libéral en Joseph, le faux méconnu et le faux dis-
gracié chez l'un et chez l'autre, le jaloux, l'hos-
tile, l'impatient; chez l'un et chez l'autre, la cour
d'opposants et de gens de lettres; les cabales, les
complots même peut-être; tous les défauts,
toutes les grimaces, tout le manège des branches
cadettes, tels que Saint-Simon nous les montre à
Sceaux, tels qu'on les avait vus au Luxembourg,
tels qu'on les vit, et en tout temps, au Palais-
Royal.
A cette étude très aiguë, très coupante, par-
fois jusqu'au sang, Lucien est celui qui perd le
moins. Mais il faut en finir avec la légende de
pureté républicaine qui s'est formée autour de
lui. M. Masson n'en laisse rien. Lucien a fait
une grosse fortune et il en a joui; Lucien, prin-
cipal auteur du 19 Brumaire, a été le plus ar-
dent promoteur de l'Empire. Nul parmi les Bo-
naparte n'a été plus intimement eésarien. Mais
nul n'a été plus homme; il a subordonné tout
calcul et toute ambition non à des principes po-
litiques, mais à des principes d'honneur intime
et à des affections de cœur. Sa brouille- avec son
frère eut pour cause décisive son mariage, et la
conduite que tint alors Lucien, l'honore. Il fit
une belle sortie, au second acte, au final triom-
phal, ce qui lui dessina, par la suite, un pom-
peux personnage de philosophe et procura un
cadre austère à sa disgrâce dorée.
Joseph demeura, ce qui l'amena à tomber en
1814, à glisser plutôt, en posture assez vulgaire,
dont il ne se releva point. Il resta ci-devant roi,
ci-devant prince, ci-devant millionnaire, mais
sans la grandeur de la chute, sans le prestige
même de la ruine. C'est lui qui perd le plus au li-
vre de M. Masson. Ses apologistes, Rœderer, Miot
surtout, avaient fait de lui une sorte de Louis-
Philippe de l'Empire, attendant ses journées de
Juillet, et l'occasion d'offrir à l'Europe et à la
France réconciliées, le Napoléon de la paix dans
la meilleure des républiques. Il affecte la froideur
le calme, la modestie affectation facile à sa
médiocrité d'esprit. il affecte le désintéresse-
ment qui lui est plus facile encore avec son im-
mense fortune il recherche l'obscurité, qui lui
est douce en son parc de Mortefontaine où la
table est somptueuse et le salon brillant, où l'on
rencontre Bernadotte, Daunou, les ci-devant ré-
publicains, absorbés par le Sénat, réfugiés à
l'Institut, les idéologues relégués àAuteuil, par-
fois Mme de Staël, Rœderer, et au milieu de ce
cercle, il tolère bénévolement la critique, il
laisse soupçonner en lui le libéral en souffrance.
Avec les diplomates étrangers, il se pose en
ami, en protecteur de la paix. Il leur présente
une France modeste, à son image. Il leur confie
ses inquiétudes sur les ambitions démesurées
de son frère. Il leur insinue qu'il en est la pre-
mière victime. « Ami de la paix, connais-
sant à fond le besoin qu'en a la France, mais
courbé tout le premier sous le sceptre de fer, »
écrit un diplomate, en 1805, il permet de deviner
que, le cas échéant, l'Europe trouverait en lui
l'homme qu'elle cherche en vain.-Il le fait avec
discrétion, avec tant de discrétion même, qu'il
n'attend pas la réponse de ses interlocuteurs,
qu'il juge superflu de s'enquérir si l'Europe
récompenserait sa modestie au prix où il l'es-
time, c'est-à-dire par la reconnaissance des « li-
mites naturelles » à la Fraise. Les diplomates
qui ont percé son jeu n'ont garde de contrarier
ses illusions: il sera toujours temps de les dissi-
per,. comme ils feront, en 1814, quand ils en se-
ront les maîtres. Flattant à l'intérieur les libé-
raux, au dehors les diplomates, Joseph mène si
bien sa partie avec les Prussiens, les Autrichiens
les Anglais même, qu'en septembre 1805, au
moment où Napoléon va, de nouveau, jouer sa
vie et sa fortune dans une guerre redoutable,
le ministre de Prusse à Paris peut écrire à son
roi: « Maintenant les amis de l'ordre et des
idées sages et modérées qui le reconnaissent
(l'empereur) pour l'Hercule qui a terrassé l'hy-
dre de la Révolution ne seraient plus effrayés
de l'idée de le perdre et croiraient même trouver
le complément des bienfaits de la Providence,
si la mort de Napoléon pouvait mettre le prince
Joseph à sa place. »
(1) Par Frédéric Masson. 1. 1, 1769-1802; t. H. 1802-1805.
Paris, Ollendorft'
C'est le secret de la comédie. M. Masson l'a
dévoilé, ce secret, avec une adresse rare, il le
déroule, en ses nuances changeantes. Ce n'est
encore que la comédie, mais quelle comédie d'in-
trigues valut celle-là et comme on y voit, ànu, le
ridicule et la misère des petites âmes, haussées
sur la grande scène.
Elle se développe en deux épisodes, enchaînés
l'un à l'autre, l'affaire du Consulat à vie, l'affaire
de l'hérédité de l'empire. Napoléon, avec son
génie tout romain et dans cette conception pre-
mière de règne qui le fit empereur de la Répu-
blique française, aurait incliné vers l'adoption.
Mais s'il conçut ce dessein, « le seul juste et rai-
sonnable, » dit M. Masson, il n'eut pas le courage
de l'exécuter. II transigea, par complaisance
pour ses frères, qui d'ailleurs, ne lui en surent
aucun gré. Il s'imposa de choisir son héritier
dans leur descendance. C'est l'hérédité de droit
qu'ils auraient voulue, encore que pour arriver
à Joseph, elle eût dû remonter au lieu de
descendre, contrairement à tous les précédents
et au sens commun.
Joseph se défendait d'y penser « Je ne veux
point, disait-il, être son successeur je veux être
indépendant; je ne serais pas assez fort pour
soutenir la comparaison avec lui. » Et après cet
effort de modestie, il se reprend etpoursuit:
« Vous connaissez mal mon frère; l'idée de par-
tager son pouvoir l'effarouche tellement que
mon ambition lui est aussi suspecte que celle
de tout autre, peut-être même davantage, parce
qu'elle est la plus plausible de toutes celles qui
peuvent se manifester et parce qu'elle serait
plus aisément justifiée dans l'opinion générale.
Il veut surtout que le besoin de son existence
soit vivement senti. Si demain, si un jour, on
pouvait se dire «Voilà un ordre de choses stable
et tranquille, voilà un successeur désigné qui
le maintiendra, il n'y a ni trouble m novation à
craindre, mon frère ne se croirait plus en sû-
reté. »
Ce fut un jeu très serré, très tendu, un mo-
ment même jusqu'à la rupture, entre Napoléon
et Joseph Napoléon voulant combler Joseph de
dignités et d'honneurs, mais l'y séquestrer en
quelque sorte et l'écarter ainsi de la succession
possible; Joseph prétendant se réserver pour le
cas d'un accident que tant de complots ren-
daient probable et se dérobant par des refus
obstinés. C'est au cours d'une de ces crises que,
laissant échapper son secret, il écrit à son frère,,
qui se préparait alors à passer en Angleterre
Vous me reprochez de sacrifier votre intérêt, l'in-
térêt de l'Etat, à mes habitudes et à la modération
de mon caractère. Si le malheur de la France veut
que vous quittiez le continent, je prends ici l'enga-
gement d'occupeI les postes les plus périlleux qu'il
vous plaira de me confier. Je ferai ce que vous vou-
drez membre du gouvernement, successeur désigné,
rien ne m'épouvantera, quoique je ne désire rien.
Avec ses confidents, il s'abandonnait jusqu'à
la colère, jusqu'à l'invective, reprochant à Na-
poléon de lui avoir « escamoté son droit d'aî-
nesse ». « Je suis las de sa tyrannie et de
ses vaines promesses, tant de fois répétées e"
jamais remplies. Je veux tout ou rien; qu'il me
laisse simple particulier ou qu'il m'offre un
poste qui m'assure la puissance après lui Alors
je me livrerai, je m'engagerai. Mais s'il s'y re-
fuse, qu'il n'attende rien de moi! Je me réu-
nirai à Sieyès, à Moreau même, s'il le faut, à tout
ce qui reste en France de patriotes et d'amis de
la liberté pour me soustraire à tant de tyran-
nie. » Un jour, sa fureur fut telle, au rapport de
Lucien, qu'il prit un pistolet et tira sur le por-
trait en pied de Napoléon.
Mais la colère s'atténuait toujours quand il
s'agissait de passer à la trésorerie. Et c'est, ainsi
que peu de temps après cette belle déclamation
contre les tyrans, il subit un don annuel de
120,000 francs et une gratification de 200,000 (no-
vembre 1803).
Les beaux-frères et les sœurs renchérissent,
et c'est ici qu'avec le panache de Murât, le co-
mique apparaît un instant. Napoléon laissait
entendre à tous que son choix se porterait sur
le fils de Louis et d'Hortense. Un jour qu'il le
tenait sur ses genoux, il dit, de façon a être en-
tendu « Sais-tu bien, petit bambin, que tu ris-
ques d'être roi un jour? Et Achille s'écria
aussitôt Murat. Ah, Achille I répondit Napo-
léon, Achille fera un bon soldat, » Caroline en
fut vivement blessée et le montra. Les frères al-
longaient le visage, et, tout à coup, le drame, et
le drame à la corse, qui couvait; éclate. Na-
poléon continuant de s'adresser à l'enfant, re-
prit « En tout cas, je te conseille, mon pauvre
enfant, si tu veux vivre, de ne point accepter
les repas que t'offriront tes cousins !» »
Toutes ces passions, toutes ces convoitises,
toutes ces prétentions, toutes ces rivalités se
révèlent dans les jours qui précèdent le sacre.
IL s'agit de régler les préséances. C'est l'occasion
misérable où les cours les plus augustes dé-
couvrent leurs ridicules et leurs petitesses.
Celle-ci n'y manque point, et le ridicule domine:
les sœurs qui veulent être altesses et enlèvent
le titre à coups d'attaques de nerfs; Mme Lee-
titia qui ne veut point déchoir sur ses filles et à
laquelle on cherche en vain, dans les protoca-
les, un titre qui convienne à la naissance de son
fils les maisons des princes et princesses que
l'on forme à grands renforts deci-devants; Pau-
lette qui a un aumônier Joseph qui se nomme
des chambellans; les princesses qui peuplent
leurs cours d'émigrés rentrés; Joseph qui remplit
la sienne de libéraux en disponibilité. La page
des princesses, dans VAlmanach, est presque du
1816 celle de Joseph est déjà du 1830. José-
phine, enfin, toujours discrète, toujours adroite,
politique même à force de nonchalance, trouve
moyen de se faire épouser entre deux portes,
épouser pour de bon, pense-t-elle, devant le
prêtre, et occupe la veillée des armes de Char-
lemagne par un acte du Mariage forcé.
Je ne connais, dans aucuns mémoires, de scè-
nes plus remplies de contrastes, plus traversées
d'imprévu. Avant de nous ramener devant l'im-
mortel tableau de David qu'il replace en son
cadre et éclaire de sa lumière, M. Masson nous
promène dans la coulisse, dans l'atelier aux cos-
tumes, dans la loge des artistes, dans le maga-
sin aux accessoires; il nous fait assister aux
querelles des acteurs qui tous veulent occuper
le premier rang, aux disputes des actrices dont
aucune ne veut s'effacer devant le premier rôle,
à l'embarras du metteur en scène, à la gau-
cherie des figurants improvisés à l'ironie des
ralliés de la monarchie, comme Talleyrand, à
la mauvaise humeur des ralliés de l'armée et
de la République; à la toilette, aux distractions,
aux impatiences du héros de la fête, harcelé
jusqu'au moment de paraître sur le théâtre; on
voit les princesses lâchant le manteau de José-
phine quand elle monte au grand trône, de fa-
çon qu'elle manque de tomber en arrière, en-
iraînée par le poids on voit l'empereur, dans
le passage à l'église, frappant Fesch du sceptre,
dans le dos pour l'appeler.
Ces scènes font penser à Saint-Simon, et il
faut y penser pour en juger avec justesse, pour
discerner ce qui est le fait de l'improvisation, le
fait du parvenu la moindre part, en réalité
et ce qui est le fait de la pièce même qui se
joue et du théâtre où on la joue. Comme toutes
les grandes œuvres de théâtre, il faut considé-
rer celle-là en son optique, de la galerie et dans
la perspective. Mais la curiosité talonne le
spectateur il frappe à la porte des coulisses et,
s'il n'y peut entrer, il interroge, dans l'entr'acte,
ceux qui en sortent. OnsuitM. Masson jusqu'au
grand salon du Louvre où il nous conduit,
mais au lieu de s'y arrêter, comme il nous y
convie, on rouvre son livre, et l'on comprend
mieux. Et de même qu'après avoir visité les
couloirs et les dessous du palais de Louis XIV,
on pressent la Régence et l'on voit poindre la
ruine, de même à pénétrer dans l'intimité de la
famille impériale on pressent les. grandes er-
reurs qui firent de Joseph, de Louis, de Jérôme,
de Murat des rois incapables, des alliés inutiles
ou même infidèles, et l'on devine la catastrophe
de {814. ̃̃̃̃-̃• ALBERT SOREL.
ALBERT SOREL.
STATISTIQUE DE LA VILLE DE PARIS
Le service de la Statistique municipale a compté, pen-
dant la 30° semaine, 814 décès, chiffre voisin de celui
des semaines précédentes (796) et sensiblement infé-
rieur à la moyenne ordinaire de la saison (894).
La rougeole présente une diminution considérable
sur les semaines précédentes (14 décès au lieu de 28
pendant la semaine précédente et au lieu de 26,
moyenne ordinaire de la saison). Aussi bien entrons-
nous dans la saison où cette maladie diminue ordinai-
rement de fréquence pour atteindre son minimum en
octobre.
1001LLEÏÏES aux. EOFS fllIOlRE et CARRET
Les autres maladies épidémiques sont rares. La flè(
vre typhoïde a causé 5 décès (au lieu de la moyenne'
10); la scarlatine, 2 décès (au lieu de la moyenne 4); lî
coqueluche, 10 décès (au lieu de la moyenne 8), la diph-
térie, enfin, 4 décès (au lieu de la moyenne 12).
La diarrhée infantile, encore rare relativement^ fr
causé 51 décès de 0 à 1 an.
Il y a eu 19 suicides et 12 autres morts violentes.
On a célébré à Paris 433 mariages. V
On a enregistré la naissance de 1,166 enfants vivant
(633 garçons et 533 filles), dont 846 légitimes et 320 illé-
gitimes. Parmi ces derniers, 49 ont été reconnus, im-
médiatement.
a
CONSEIL D'ETAT
La pension de la veuve du colonel Flattera:
Le Conseil d'Etat vient d'avoir à résoudre une
question d'une nature toute particulière. On sait
qu'une loi du 22 août 1881 a alloué une pension
exceptionnelle de 6,000 francs à la veuve du colone)
Flatters. Le texte ajoutait « Cette pension ne se
confondra pas avec celle à laquelle a droit Mme Flat-
ters comme veuve d'un colonel. » Cette dernière
pension de veuve monte à 2,500 francs.
Mais, après la mort du colonel Flatters, sa veuve
épousa le général de Gressot, qui est décédé depuis.
En qualité de veuve du général de Gressot, elle au-
rait encore droit à la jouissance d'une troisième pen-
sion de 3,500 francs.
Mais la loi du 9 juin 1853 n'autorise le cumul de
pensions que jusqu'à la limite daj6,000 francs. Il est
vrai que cette loi ajoute que la limite ne concerne
pas les pensions que des lois spéciales ont affran-
chies des prohibitions du cumul. Cette loi spéciale
est intervenue le 22 août 1881 pour la dame Flatters,
puisqu'elle jouit à. la fois de la pension exception-
nelle de 6,000 francs et de la pension de veuve de
colonel de 2,500 francs, ce. qui fait 8,500 francs.
Mais doit-on en étendre le bénéfice à la troisième
pension de 3,500 francs ? 2
Le Conseil d'Etat ne l'a pas pensé, et il estime que
des termes de la loi de 1881 il résulte que la déroga-
tion à, la règle prohibant le cumul ne concerne que
la pension de veuve d'un colonel et là pension.: ex-
ceptionnelle. Il a, en conséquence, décidé qu'on na
saurait étendre le bénéfice de cette disposition excep-
tionnelle à la troisième pension.
La patente des compagnies' de tramways-
Une compagnie de tramway doit-elle être,, au
point de vue de la contribution des patentes, consi-
dérée comme omnibus ou comme voie ferrée? Telle
est la question que le Conseil d'Etat vient d'avoir à
trancher, et elle a une sérieuse importance, car la
patente imposée aux omnibus est notablement
moins lourde que celle des chemins. de fer.
La question s'est posée sur un pourvoi de la com-
pagnie générale française de tramways pour sa li-
gne d'Orléans. Il est intéressant de reproduire une
partie de. là décision rendue par la haute assem-
blée
« Considérant que là Compagnie des tramwys-
à la différence des entrepreneurs d'omnibus, assure
un service public; qu'elle jouit du monopole} d& l'ex-
ploitation d'une voie ferrée qui doit, à l'expiration
du délai fixé par l'acte de concession, faire retour à lt
l'autorité concédante, en même temps que doit avoir
lieu là reprise par celle-ci du matériel roulant; qu'elle
perçoit des taxes de péage et de transport réglées
conformément au décret de concession qu'elle est
assujettie à. des obligations déterminées en vue de
la bonne exécution du service qui leur est. confié. »
Par tous ces motifs, le Conseil d'Etat décide que
la Compagnie de tramways sera imposée, comme
voie ferrée.
La Compagnie internationale. des Wagons-Lits nous
informe que des trains de luxe composés de wagons-
restaurants et salons seront mis en marche, comme
les années précédentes, à l'occasion des principales
courses normandes, aux dates ci-après
Courses de Caen, le dimanche, 7 et lundi 8 août
Aller. Départ de Paris, à 8' h. 20 matin; arrivée i
Caen, à midi 37.
Retour. Départ de Caen, & 5 fi. 55 soir; ascives à
Paris, à 10 h.10 soir.
Courses de Beau ville, les 1% 14,15,18, 20, 21,23 et24 août
Aller. Départ de Paris, à 9 h. 20 matin; arrivée à
Trouville* à 1 h. 20 soir.
Retour. Départ de Trouville, à 6 h. 2 soir; arriSét
à Paris, à 10 h. soir.
Courses de Bernay, le samedi 13 août
Aller. Dspart de Paris, à 10 h. 49 matin; arrivée i
Bernay, à 1 h- 50 soir.
Retour. Départ de Bernay, â5îi. 30; soir; arrivée
à Paris, à 8 h. 26 soir.
Courses de Dieppe, les 26, 28, 30 août et 1er septembre
Aller. Départ de. Paris, à 9 h. 50 matin; arrivée t
Dieppe (champ de courses), à.l.h. 30 soir.
Retour. Départ de Dieppe (champ de courses); à
5 h. 30 soir; arrivée à Paris, à 9 h. 10 soir.
Les prix des suppléments et des repas seront de r
10 francs, parcours simple 15 francs,, aller et retoûri
déjeuner 7 francs et dîner 9 francs.
Chemin de fer de Paris à Orléans
CARTES O'ABOHNEMEHT MEHSttELLES ET DE BAINS DE ME
La Compagnie du chemln de: fer d'Orléans délivre,
de toute gare à toute gare de son réseau, des abonne-
ments mensuels.
En outre, pendant la période comprise entre la veille
des.Rameaux et le 31 octobre de chaque année, tout(
personne qui prendra au moins trois billets pour ler
membres, de sa famille ou ses domestiques allant sé-
journer ensemble dans une des stations balnéaires du
réseau pourra obtenir une carte d'abonnement tri«
mestriel ou mensuel avec une' réduction de 40 0/0 sut
le prix ordinaire de ces abonnements, à condition qut
le parcours inscrit sur la carte soit d'au moins 30 ki-
lomètres..
L'obligation de prendre trois. billets ne sera pas exi-
gée pour les abonnements à prix réduits concernant e
un parcours reliant directement deux stations bal«
néaires.
Les demandes. des billets et de la carte d'abonnement
doivent être adressées ensemble à, la gare de départi
accompagnées des noms et. adresses des: titulaires ei
d'une photographie de la personne à laquelle est d«s«
tinée labonnement. (
NECROLOGIE
r
On annonce de Saint-Ouen-STtr-Mbrin (Seinei-et~
Marne) la mort, à soixante-dix-sept ans, du mairedfr
cette commune, M. Chazal, ancien caissier-payeur
central du Trésor public,. directeur honoraire au mi-
nistère des finances, ancien vice-président du con-
seil général de Seine-et-Marne, officier de la. Légiotf
d'honneur..
M. Guillemet, conseiller général dé Labruguièrf
(Tam), réélu dimanche, est mort hier soir.
LIBRAIRIE
Livres à emporter en voyagea V. Amour est mot,
péché, par l'autour dî Amitié amoureuse Cocardes ei
Dentelles, par Richard O'Monroy; Autour du mondt
,DenfelLes, par Richard r O'Mom'oy; Aufouf· du M:on~t'
millionnaire américain, par F.-E. Johanet Golo, par
Pol Neveux.
AVIS ET COMMUNICATIONS
~,» V~.€!5BTrBM
Voici la saison des belles croisières; pourtant il J
a des jours où la mer se fait mauvaise. Le yachts-
man expérimenté se rit de ses colères il brave h
désagréable mal, ayant à bord une provisioa. de
Byrrh, le tonique cordial par excellence.
Rocamadour, 4 août. Grand enthousiasme i
l'occasion du départ pour Decazeville des 80 touris<
tes que le journal la Nature a eu- l'heureuse idée de
grouper pour une excursion scientifique dans 1(
massif central.
fiS'/f&l ARSa/àSW!Eltvia **SΫt4a>B*£iW KOLAS et MANGOSlraU»
BILAN db LA banque DB FRANCE (du 28 juillet au 4 août
Encaisse or 1.879.088.806 aug. 1.722.381
argent. 1.242 338.652 aug. 702.45r
Portefeuille. 656 677 632 dim. 83. 768 .,31!;
Avances sur titres. 392.185.876 aug. 6. 25 1. 56£
Comptes courants part» 492.176.113 dim. 26.530 37£
Compte c' du Trésor 301.264.012 dim.. 9.70896(
Billets en circulation. 3.577.991.815 dim. 2.678*255
Bénéfices bruts des es-
comptes et intérêts di-
vers' cour la semaine. 556-.?7{
Dépenses 73#.34£
Bénéfices nets des escomptes et intérêts divers des
six premières semaines du deuxième semestre dos six
dernières années
Bénéfices Cours c0rresp~'
AHnëeM93. 436.697 4.050:
1894. 3~ao5
1895. 686.485 3.590
1896 374.319 3.585
1897. 276.869 3.690
1898. 610.467 3.550
m
Recettes des chemina de fer
Ouest.. + 50.000 + 0.34 Orléans + 130.000
Lyon.+ 50.000 an.an Nord.+142.000 + 3.5f
Est. + 28.000 + 0.84 Midi. + 544-000 5.24
Etat.+ 20.800 + 1.68 Algér.. + 1.000 + 0.51
ROYAL HOU BIG ANT «ffisay î"nmS.ÏÏ~+
PARFUMERIE E-ENTHERI&
PARIS. Se vend Province, Etranger, dans Maisons autoriuSes.
IfO lîlITIHEPouiIre de Riz sPécfaJB
WtE&.MSs B BaBB- préparée au Bismuth.
~B'Mqae. Ad6érenta, Inris~I~
vtfn P A H JlnT«nteur.9,RuedclaFaix,Parla.
î & zone des manœuvres est comprise entre Tours,
PUv4, Montmorillon, Poitiers, Saumur.
3» DANS LE SUD-EST
̃*̃» corps. Dans le 14e corps, la 28« division manœu-
vrera dans les Bauges du 7 au 17 septembre. Chaque
brigade comptera 1 batterie montée et 1 de montagne;
le 4« dragons prendra part aux manœuvres. La 27° di-
vision exécute de simples manœuvres de brigade.
15 corps. Les deux divisions du 15° corps manœu-
vreront d'abord l'une contre l'autre, puis seront
réunies pour opérer contre un ennemi figuré, du 7 au
î5 septembre, dans la zone Draguignan, Cuers, Gar-
danne, Orgon, Cadenet, Aix, Cotignac.
4° MANOEUVRES DIVERSES
En outre, des manoeuvres de division seront exécu-
tées dans les 4«, 10e, lle, 12e 17" et 18» corps d'armée, et
des manœuvres de brigade dans les 1", 2e, 5°, ge et 16°
corps. Ces manœuvres auront lieu d'une manière gé-
nérale dans la première quinzaine de septembre.
Les cartes nécessaires pour suivre les grandés
manœuvres de cette année seront les suivantes
1» Pour les manœuvres de l'Est cartes au 1/80,000»
Mézières en entier, Verdun en entier, Bar-le-Duc
{quarts N.-E. et N.-O), Châlons (quart N.-E), Reims
ÎN.-E. et S.-E), Rethel (N.-E. et. S.-E).
Cartes au 1/200,000' Mézières, Châlons.
Cartes au 1/320,000" Metz, Mézières.
20 Pour tes manœuvres du Centre.- Une carte spéciale
sera tirée par les soins du service géographique de
l'armée.
Une épidémie. On écrit de Bourges
L'épidémie de dysenterie augmente. On a enregis-
tré deux nouveaux décès au 37° d'artillerie. Le nombre
des malades entrés à l'hôpital dépasse actuellement
cent. Jusqu'à présent l'enquête n'a pas permis de dé-
couvrir la cause de la maladie, qui sévit seulement
dans quelques batteries.
MARINE
Le lieutenant de vaisseau Benoît est nommé au
commandement du torpilleur de haute mer Lancier.
à Brest.
Le capitaine de frégate Boyer sera maintenu pro-
visoirement à la commission de réglage à Toulon.
NOUVELLES DU JOUR
Le président de la République est arrivé hier, à
4 h. 40 du soir, par le train du Havre. Il était ac-
compagné par M. Tillaye, ministre des travaux pu-
blics, les commandants Humbert et Legrand, offi-
ciers de sa maison militaire.
A la gare Saint-Lazare, l'attendaient MM. Del-
cassé, ministre des affaires étrangères, Trouillot,
ministre des colonies, Vic-er, ministre de l'agricul-
ture, Blanc, préfet de police, etc.
M. Félix Faure a quitté la gare Saint-Lazare par
la cour d'Amsterdam et s'est rendu directement à
l'Elysée.
Un banquet d'adieu a été offert hier soir, à M. La-
ferrière, gouverneur général de l'Algérie, par ses
anciens collègues du Conseil d'Etat.
A la table d'honneur avaient pris place, aux côtes
fle M. Laferrière, MM. Berger, doyen des présidents
de section, et Alfred Picard, commissaire général de
l'Exposition de 1900; MM. Tétreau, Georges Cou-
Ion, le général Mojon, présidents de section, etc.
Au dessert, M. Berger s'est fait l'interprète des
Tegrets que cause le départ de M. Laferrière et des
vœux que forme le Conseil d'Etat pour qu'il mène à
bien la tache difficile qu'il a acceptée.
M. Laferrière, au milieu des applaudissements, a
chaudement remercié, puis il a rappelé avec émo-
tion les étapes successives de sa carrière au Conseil
d'Etat, où il entra en 1871 comme commissaire du
gouvernement. Il est heureux de rappeler qu'un des
premiers votes qu'il eut à émettre concernait un
nouvel auditeur, M. Cambon, qui, plus tard, devait
précéder l'orateur, au gouvernement général de l'Al-
gérie.
Vos vœux, dit en terminant M. Laferrière, m'accom-
pagneront comme un talisman. Je suis fier des senti-
ments qui les inspirent, et, conscient de la tâche qui
m mci mbe, soyez sûrs qu'en toutes circonstances le
gouvrroaw général de l'Algérie saura rester digne du
Conseil d'Etat.
Le Moniteur officiel du commerce, dans son nu-
méro d'aujourd'hui, donne les renseignements sui-
vants sur le fonctionnement de l'Office national du
•commerce extérieur
Dans sa dernière séance, tenue le 29 juillet, le comité
de direction de l'Office national du commerce exté-
rieur a pris diverses mesures propres à assurer le
fonctionnement régulier des services ouverts au pu-
î>lic depuis le 18 juillet.
L'attention de ses membres s'est notamment portée
3ur le nombre et la nature des renseignements deman-
des à l'Office, verbalement ou par correspondance, de
mus les points de.la France.
Le comité a constaté que le monde des affaires avait
immédiatement commencé à faire appel au concours
de l'Office, en lui adressant des demandes très variées
l'informations et qui ont donné lieu à un mouyement
:1e correspondance s'élevant à 410 lettres et à 74 com-
munications sur place.
On nous communique la note suivante s
Plusieurs journaux interprètent inexactement les
.modifications que le ministre de l'instruction publique
ïe propose d'apporter à la distribution des palmes aca-
démiques.
Le projet de décret qui a été soumis au conseil su-
périeur de l'instruction publique et qui paraîtra demain
au Journal officiel aura notamment pour effet d'aug-
menter le nombre de palmes à décerner au personnel
enseignant, sans rendre plus rigoureuses, d'ailleurs,
nour ce personnel, les conditions de nomination. L'ex-
tension de cinq à dix ans de la durée des services ne
^applique qu'aux personnes ne faisant pas partie de
!'enseignement.
Sont chargés de cours supplémentaires à. la Fa-
julté des lettres de Paris MM. Egger, professeur à
la Faculté des lettres de Nancy.– Philosophie. Châ-
ielain, archiviste paléographe. Paléographie la-
gne classsique. P
M. Archdeacon nous écrit qu'il n'avait pas solli-
cité le renouvellement de son mandat de conseiller
général de l'Yonne.
Les 600 voix qu'il a obtenues lui ont été données
̃spontanément sans qu'il fût candidat.
D'autre part, M. Rétif, qui a été élu conseiller gé-
néral de l'Yonne, pour le canton de l'Isle-sur-Serein,
i'est pas radical, comme on l'a dit par erreur, mais
républicain progressiste; il a été élu contre M. Jac-
ijues, candidat radical.
On nous télégraphie de Nantes
Les manifestations annoncées contre M. Grimaux,
président du congrès pour l'avancement des scien-
ces, qui se tient cette année dans notre ville, ont
commencé hier soir.
Près de deux cents personnes ont manifesté sous
les fenêtres de l'hôtel de France où est descendu M.
Srimaux et devant le café de France où M. Grimaux
prenait un rafraîchissement en compagnie de M.
Yves Guyot. Les manifestants protestant contre
2'attitude de M. Grimaux dans le procès Zola chan-
ïaient « A bas Grimaux! Démission! » M. Grimaux
p'est retiré dans son hôtel et M. Yves Guyot s'est
?endu au télégraphe; en chemin il a été légèrement
bousculé par la foule. Il n'y a eu d'ailleurs aucun
désordre grave.
Quelques manifestations antisémites se sont pro-
duites devant des magasins israélites.
On nous télégraphie de Dijon "?
M. Hugot, sénateur, vient de recevoir de M. Ca-
vaignac, ministre de la guerre, une dépêche l'infor-
mant que, par suite de circonstances qu'il n'avait
pu prévoir tout d'abord, il ne pourra venir en per-
sonne présider la cérémonie d'inauguration du mo-
nument du général Junot, duc d'Abrantès, à Mont-
tard (Côte-d Or), le 28 août; mais il se fera représen-
ter par le général Caillard, commandant le 8° corps s
d'armée, à Bourges. p
Une caravane, composée de quatre professeurs et
vingt et un élèves de l'école normale d'indigènes
d'Alger, est arrivée à Dijon, venant du Creusot et t
de Beaune, sous la direction de M. Beaudelaire, in-
specteur des écoles du département d'Alger, accom-
pagné de M. Silveni, directeur de l'école de Gardhaï,
Voulet, instituteur à l'école française d'Alger, Sidi
Saïd, professeur de kabyle à l'école normale d'Al-
ger.
Ces élèves ont visité avec intérêt les monuments,
musées et collections de la ville. Ils partent demain
pour Besançon et iront ensuite à Lunéville, Reims
et Paris.
On nous télégraphie d'Arras: î
On signale depuis quelques jours des symptômes
d'agitatron assez graves dans le bassin houiller du
Pas-de-Calais. On rapproche ces symptômes du
mécontentement causé parmi les mineurs par l'échec
de tous les candidats du syndicat aux dernières élec-
tions cantonales. En effet, ont échoué MM. Sougey,
à Carvin; Delcourt, à Vimy; Ducroquet, à Béthune;
Somville, à Cambrin, et Cadot, à Houdain.
Cet échec atteint directement MM. Basly et La-
•înendin, qui avaient ouvertement patronné plusieurs
de ces candidatures. M. Lamendm, notamment, est
battu, en la personne des candidats qu'il soutenait,
dans les trois cantons de sa circonscription légis-
iative. &
On parle aussi d'autres causes sur lesquelles il y
aura peut-être lieu de revenir. L'état des esprits est
tel actuellement, dans le monde des mineurs, que, si
an revirement ne se produit pas, on prévoit une
.grève générale pour l'automne prochain.
On télégraphie d'Albi à l'agence Havas:
Le parquet d'Albi vient de faire perquisitionner au
siège du syndicat des verriers, des chapeliers fou-
teurs et des chapeliers approprieurs d'Albi dans le
put de découvrir la preuve de la participation des-
dits syndicats à la propagande politique entreprise
Par la fédération ouvrière du Tarn, de l'Aveyron, de
î Hérault, avant et depuis la dissolution, ordonnée
par le tribunal, et de l'allocation de subventions sur
les fonds des syndicats à l'organe socialiste révolu-
tionnaire le Cri des travailleurs, publié Carmaux.
LES GRÈVES
On télégraphie de Rouen
La grève des ouvrières du tissage Manchon conti-
nue. Les grévistes sont soutenues par les syndicats
de la région et les souscriptions atteignent un cer-
tain chiffre. P d
Cinq jeunes ouvrières ayant repris le travait, les
grévistes les ont attendues à leur sortie de l'atelier
et les ont attaquées. La police et la gendarmerie
ont dû intervenir et ce n'est que sous leur protection
que les cinq ouvrières ont pu rentrer chez elles.
On télégraphie de Parthenay
Les ouvriers maçons et tailleurs de pierre de Par-
thenay se sont mis en grève hier matin. Ils récla-
ment une augmentation de salaire. Les patrons et
les entrepreneurs doiventse réunir aujourd'hui pour
examiner la situation.
LES AFFAIRES DREYF USPICQUÂRT-ESTERHAZT
Une lettre de M. Sully Prudhomme
Nous avons reproduit les principaux passages
d'une lettre par laquelle M. Maurice Bouchor infor-
mait M. Sully Prudhomme, de l'Académie française,
et membre du conseil de la Légion d'honneur, que
les statuts de l'Ordre ne permettant pas aux légion-
naires de démissionner il renonçait à porter le
ruban de chevalier. M. Maurice Bouchor ajoutait
Je tiens à vous le dire, à vous, poète aimé et admiré,;
qui m'avez souvent témoigné votre bienveillance, à
vous, noble auteur d'un poème qui a pour titre la
Justice.
"Vous faites partie du conseil de l'Ordre. J'ignore
quel a été votre vote lorsque fut mise aux voix la me-
sure qui a frappé Zola, et je n'ai le droit d'émettre au-
cune supposition à cet égard. Mais je puis vous dire
que la décision prise me paraît injustifiable.
On reproche à Zola de troubler profondément la
France. Est-ce à lui qu'il faut adresser ce reproche?
La Révolution française a troublé bien davantage
notre pays et le monde entier. Mais à qui doit-on
imputer les troubles qu'elle a causés: à ceux qui la
firent, ou à ceux qui l'avaient rendue inévitable? L'at-
titude révolutionnaire de Zola est justifiée par l'obsti-
nation du gouvernement de M. Méline (dignement
continué par M. Brisson) à couvrir une évidente illé-
galité, les machinations les plus suspectes et probable-
ment une épouvantable injustice.
Il est vrai que Zola a violemment accusé plusieurs
officiers et çu"il a encouru, de ce fait, une grave res-
ponsabilité. Mais, tant que la lumière n'aura pas été
faite pleinement, comme il la demande à grands cris,
tant qu'il ne lui aura pas été possible de s'expliquer
dans un débat loyal et complet, on ne saurait porter
un jugement définitif sur la valeur de ses accusations.
M. Sully Prudhomme a répondu à M. Maurice
Bouchor par la lettre suivante, dont il veut bien
nous donner communication
A Jfaurice Boucltor.
Mon cher confrère,
Votre lettre m'a été renvoyée àFontenay-le-FIeuri,
chez mon ami Guiffrey, au moment où je revenais
dans ma famille à Chatenay, et pendant que vous la
publüez dans le Siècle. J'y réponds, malgré moi, tar-
divement. y P
En ce qui touche la question spéciale au sujet de
laquelle vous me faites part de votre détermination,
ma conduite ne pouvait être que conforme à mes
principes, et nos relations, fort anciennes déjà, vous
ont permis de les connaître. Je n'ai donc pas à vous
remercier de votre discrétion, très correcte d'ail-
leurs.
Quant au reste, mon devoir est rendu par ma si-
tuation plus complexe que le vôtre je le remplis
comme je le sens.
Pour composer le poème que vous me rappelez,
j'ai beaucoup étudié l'essence de la justice. A ce
commerce avec elle je dois de m'apercevoir que,
dans la crise présente, elle a étendu son ressort.
Elle n'a plus une cause unique à considérer; beau-
coup d'autres lui sont simultanément confiées. Une
foule de travailleurs aussi méritants qu'obscurs,
obligés de s'en remettre à de plus instruits qu'eux
pour la gestion des affaires publiques, ne sont en
rien solidaires de nos responsabilités. Ils sont en
droit d'attendre de nous la conciliation de nos plus
saints scrupules avec la sécurité du pays, qui est la
leur, et dont le souci, à ce titre, n'est pas moins sa-
cré pour nous.
Pouvons-nous ne pas nous en préoccuper et pou-
vons-nous nous en dégager?
N'assumons-nous pas, bon gré malgré, une tâ-
che d'hommes d'Etat hors cadre ?
Je m'y sens fort dépaysé, mais engagé par la
réflexion. Cette tâche expose à bien des blessures;
ma conscience y demeure intacte; c'est pour moi
l'essentiel. J'agis en pleine liberté je ne dépens
d'aucun intérêt temporel de religion, d'aucune li-
sière politique ni de personne, sans mon agrément.
Par bonheur, en outre, je puis me consacrer à la
recherche de la vérité pour elle-même et l'ornera
mon goût, pour essayer, comme vous, de la faire
aimer.
Bien à vous, mon cher confrère,.
SULLY PRUDHOMME.
Châtenay, 3 août 1898.
Albî, 3 août.
FAITS DIVERS
X..A. TEMPÉRATURE
Bureau central météorologique
Jeudi 4 août. Les fortes pressions-qui se retiraient
vers l'Atlantique reviennent sur la France (Biarritz,
769 mm.), tandis qu'une vaste zone inférieure à
760 mm. s'étend sur tout le nord de l'Europe (Bodœ,
750 mm.).
Le vent est faible ou modéré d'entre nord et ouest
sur nos côtes, où la mer est peu agitée.
Des pluies sont signalées sur la Norvège et les Iles
Britanniques.
En France, il a plu sur le littoral de la Manche et de
la Bretagne, et on a recueilli 4 mm. d'eau à Boulogne,
3 à Cherbourg, 2 à Brest et à Nantes.
La température s'abaisse sur l'Allemagne et les Pays-
Bas.
matin, le thermomètre marquait 11» à Christian-
sund, 16° à Paris, 26° à Alger.
On notait 10° au puy de Dôme et au mont Ventoux.
En France, le temps chaud va persister avec ciel
nuageux.
A Paris, hier, beau.
Moyenne d'hier, 3 août, 20»l, inférieure de 0°3 à la
normale.
Depuis hier midi, temnérature maxima, 27»8: mini-
mum de ce matin, 13°8.
A la tour Eiffel, max.: 25»5; min. 13*1.
Baromètre à sept heures du matin, 763 mm. 65, en
hausse.
Situation particulière aux ports
Manche. -Mer peu agitée à Dunkerque, Calais, Bou-
logne, le Havre; belle à Cherbourg.
Océan. Mer calme à Brest, belle à Lorient.
Méditerranée.– Mer belle à Marseille, Sicié; très belle
à Nice.
Corse. Mer belle aux îles Sanguinaires.
Variations atmosphériques du 4 août
JOUR HEURES THERMOMÈTRE BAROMÈTRE
Jeudi.4. 8 h. matin 17 1/2 au-dessus 763mm »/»
10 h. 20 »/» 763mm »/»
12 h. 21 »/» « 764mn> »/»
•- 2 h. soir 22 »/» 765™™ 1/2
LES DETTES DE Lfl MUSE. Le Matin raconte aujour-
d'hui que les artistes des chœurs de l'Opéra et des
concerts Colonne, qui apportèrent leur concours à la
fête du couronnement de la Muse, attendent encore,
après quinze jours, qu'on leur paye le prix du cachet
convenu entre eux et la ville de Paris.
Au bureau du Conseil municipal, on nous fait, à
ce sujet, la déclaration suivante
M. Bellan, syndic du Conseil, avait donné des ordres
pour que les cachets des musiciens et autres artistes
ayant participé au couronnement de la Muse fussent
payés dès le lendemain de la cérémonie.
Or, M. Maillard, qui, à l'Hôtel de Ville, a été chargé
de liquider les dépenses, attend depuis ce jour-là, et
non sans impatience, que les artistes veuillent bien
venir recevoir ce qui leur est dû.
éHANTEUSE ET CHANTAGE. Un jeune homme appar-
tenant à une très honorable et riche famille de com-
merçants parisiens. menait ta vie joyeuse sous le
pseudonyme ronflant de vicomte Bohémond de la
Garancière. Il avait fait ainsi, il y quelque temps,
la connaissance d'une demoiselle Caroline X. se
disant chanteuse légère dans les théâtres de genre
et habitant rue do Navarin. Caroline, flairant en Bo-
hémond une proie facile à exploiter, se renseigna
sur sa famille et ensuite lui proposa de lui donner
des leçons de chant. Le bon jeune homme accepta,
et reçut, en effet, une sévère leçon de. chantage.
Après quelques roucoulements fantaisistes, il vit
tout à coup, à son grand effroi, la belle Caroline
sortir de la poche de sa robe un revolver tout armé
et le coucher en joue en lui intimant l'ordre de lui
signer et de son vrai nom un billet d'une va-
leur de 5,000 francs, salaire de ses habiles leçons.
Bohémond s'exécuta tout penaud. La chanteuse eut
ensuite l'audace de se présenter chez les parents du
jeune homme pour réclamer le payement du billet.
Le père, moins naïf que son rejeton, choisit, pour
régler cette affaire, comme intermédiaire M. Ha-
mard, sous-chef de la sûreté. Celui-ci, après avoir
sévèrement admonesté la maîtresse chanteuse, lui
a fait restituer la valeur extorquée par elle, le pis-
tolet au poing.
PI6UÉ PftR U«E MOUCHE CHARBONNEUSE. Un gardien
.de la paix du septième arrondissement, nommé
Mesnard, se trouvait de service hier après midi, rue
du Bac lorsque soudain il ressentit une légère pi-
qûre à la lèvre inférieure. L'agent ne prit pas garde
tout d'abord à ladouleur que lui occasionnait cette
piqûre maïs au bout de quelques instants, sa lèvre
ayant enflé" dans des proportions démesurées, Û'en-
tra b l'hôpital de la Chanté pour demander que sa
plaie qu'il croyait sans gravité fût cautérisée.
Là, on reconnut aussitôt que l'infortuné gardien
avait été piqué par une mouche charbonneuse. Mal-
gré tous les soins qui lui furent prodigués, il est
mort ce matin. q g
L'agent Mesnard, qui était âgé de trente ans, avait
perdu sa femme il y a quelques mois. II laisse trois
enfants en bas âge, qui ont été recueillis provisoire-
ment par les voisins du défunt.
L'AMOUR ET LE REVOLVER. Il s'appelait Arthur, em-
ployé dans la bonneterie il avait vingt-cinq ans,
une laideur qu'on est convenu d'appeler sympathi-
que. Elle s'appelait Eugénie M. jolie et vive,
dans la fraîcheur de ses dix-huit printemps, et elle
l'aima, et pour tout de bon si bien que, le séduisant
commis ayant passé à d'autres caprices galants, la
pauvre fille est venue ce matin, devant la porte de
l'infidèle, trouer d'un coup de revolver la jeune poi-
trine où battait son cœur inconsolable. On a
transporté la pauvre enfant, mourante, à l'hôpital
Lariboisière. « Comme cola, il ne m'oubliera pas »,
a-t-elle balbutié au moment où on la relevait toute
sanglante.
LAS DE Lfl VIE. A Maincy (Seine-et-Marne),
étaient allés se fixer, il y a quelques années, un
jeune homme nommé Théodore Cognet, devenu
complètement aveugle, et sa mère, âgée de cin-
quante-deux ans.
On les a trouvés pendus hier dans leur domicile.
Il est à supposer que la mère, suggestionnée par
son fils, l'aura aidé à se pendre au piton de la sus-
pension de la salle à manger et que, résolue à ne pas
lui survivre, elle est allée se pendre à son tour dans
la chambre voisine.
EXCURSIONS TRAGIQUES.– Trois jeunes Genevois, MM.
Christian Belli, âgé de vingt-deux ans, élève en phar-
macie, Oscar Dalleyigh, négociant, et Henri Wiegan,
horloger, se rendaient, dimanche, en excursion dans
la vallée du Grand-Bornand.
Arrivés au chalet du Petit-Bornand, ils y passaient
la nuit, et, lundi, vers six heures du matin, ils ten-
taient l'ascension du mont Jalouvre, de 2,436 mètres
d'altitude.
L'ascension s'étant effectuée dans d'excellentes
conditions, les trois touristes décidèrent de descen-
dre sur le versant du Grand-Bornand. A un moment
donné, l'un d'eux, M. Belli, s'étant engagé dans un
sentier escarpé pour y cueillir des edelweiss, glissa
et fit une chute de deux cents cinquante mètres.
Ses camarades se portèrent immédiatement à son
secours, mais ce n'est qu'après beaucoup de recher-
ches qu'ils découvrirent son cadavre dans un déplo-
rable état, au bas d'un rocher à pic.
Au Salève, sur le territoire de la commune de Col-
longes-sous-Salève, un jeune homme de dix-sept
ans, Georges Golay, fils dudocteurGolay,deGenève,
s'est aventuré dans un passage dangereux et a fait
une chute dans laquelle il s'est tué sur le coup.
INFORMATIONS DIVERSES
Ont été reçues au certificat d'aptitude à l'enseigne-
ment secondaire des jeunes filles Miles 1 Lion, 2 Det-
chebarne, 3 Bnrtin, 4 Dubus, 5 Soulier.
,~TRIBUNAUg
M. Zola contre le « Petit Journal n
Nos lecteurs ont eu hier, en « Dernière heure », le
texte du jugement par lequel les magistrats de la
9e chambre correctionnelle s'étaient déclarés compé-
tents pour connaître de la plainte en diffamation dé-
posée par M. Emile Zola contre MM. Judet, Mari-
noni et Lasseur, gérant du Petit Journal. Il s'est pro-
duit, par suite de l'omission typographique d'un
feuillet du jugement, une lacune qu'il convient de
combler. Nous rétablissons donc le passage ainsi
involontairement supprimé, et qui avait sa place
après le deuxième attendu, dont la fin avait été alté-
rée par suite de cette suppression.
Voici le texte à partir de ce deuxième attendu,
jusqu'aux passages intégralements reproduits
Attendu quo Zola, dans son assignation, expose que,
s'il a cru pouvoir dédaigner les attaques dont il était
l'objet depuis quelques mois, il ne saurait agir de même
à propos de diffamations et d'injures adressées à la
mémoire de son père
Qu'il semble donc résulter des termes de l'assigna-
tion que Zola se propose avant tout de venger la mé-
moire de son père
Mais attendu que le tribunal doit uniquement se
préoccuper, non pas de la pensée qu'a pu avoir la per-
sonne diffamée en intentant sa poursuite, mais du vé-
ritable but que s'est proposé le diffamateur;
Attendu, en fait, qu'il estmanifestequ'en accusantZola
père d'avoir, en 1832, alors qu'il était lieutenant-comp-
table, été chassé de L'armée pour dilapidation et vol,
l'auteur des articles incriminés a eu pour seul but d'at-
teindre Zola fils dans son honneur en déconsidérant
son nom.
C'est après la lecture de ce jugement et au mo-
ment où les débats allaient s'engager sur le fond,
que Me Labori fit, on le sait, poser plusieurs ques-
tions à M. Judet et qu'il déposa, ainsi que nous l'a-
vons dit, entre les mains du substitut occupant à
l'audience, une plainte! en faux contre inconnu, et
usage de faux contre M. Judet. Cette plainte est si-
gnée « Emile Zola n et datée « Paris, 2 août ».
La parole a été ensuite donnée à Me Labori pour
M. Zola et aux avocats de MM. Judet, Marinoni et
Lasseur, Mc» Ménard, Deloison et Henri Bonnet. La
loi nous interdit l'analyse de ces plaidoiries.
A cinq heures et demie, après une suspension
d'une vingtaine de minutes, le tribunal rentre en
séance pour le prononcé du jugement. Mais au mo-
ment ou le président Puget allait en donner lecture,
Me Ménard se lève
J'ai, dit-il, des conclusions à déposer sur le bureau
du tribunal.
Et il donne lecture des conclusions suivantes
POUR M. JUDET CONTRE M. ZOLA
Donner acte au concluant de ce que, au cours des
débats et après interrogatoire de M. Judet, il a été dé-
posé et partiellement donné lecture au nom de Zola
d'une plainte de lui signée à Paris, le 2 août courant,
et par laquelle le concluant est dénoncé à M. le pro-
cureur de la République, aux mains de qui a été remise
la plainte, comme ayant fait usage d'un ou plusieurs
faux commis par auteur inconnu.
Sous toutes réserves utiles.
Le tribunal ayant donné acte à M" Ménard du dé-
pôt de ces conclusions, le président Puget a pro-
noncé le jugement qui condamne M. Judet à 2,000
francs d'amende, MM. Marinoni et Lasseur à 500
francs d'amende et tous trois, solidairement, à 5,000
francs de dommages-intérêts envers M. Zola.
Voici, au surplus, le texte de ce jugement
Le tribunal,
Attendu qu'il résulte des débats qu'à la date du 23
mai a paru dans le Petit Journal un article intitulé
« Zola père et fils dans lequel il y a lieu de relever
les expressions suivantes, adressées à Zola père « En
» mai 1832, il est arrêté pour vols et malversations, su-
bit une détention de deux mois », « misérable »,
les preuves explicites de vols commis par lé pré-
tendu proscrit existent », « rapport qui noue la
» destinée du fils anarchiste à celle du père voleur",
son nom a eu le malheur de déshonorer l'armée »,
« vilenie », « testament d'un voleur », « forfaiture »,
pris la main dans le sac, dans la caisse de son régi-
» ment »
Attendu que dans le même article il y a lieu de re-
lever les expressions suivantes, adressées à Zola fils:
Son nom a eu le malheur de déshonorer l'armée et
il ne venge qu'une querelle personnelle •>. « 11 de-
vait aller spontanément, sans efforts, à la trahison
comme les pornographes vont à l'aberration, comme
les bêtes stercoraires vont au fumier et se délectent
» dans la pourriture », « détraqué pernicieux »,
« maniaque en délire, sur la poitrine de qui, par une
» jncroyable tolérance, brille encore la rosette de la
» Légion d'honneur », « obstination criminelle du
» romancier sans patrie », « ce sot », « vani-
» teux », « affamé de vices », « passionné d'or-
» dure », « son cas où la littérature obscène s'allie à
» la suprême inconscience morale »;
Attendu que dans le numéro du Petit Journal daté
du 25 mai il y a lieu de relever les expressions sui-
vantes, adressées à Zola père « avait volé dans l'exer-
cice de ses fonctions et fut obligé de quitter l'armée
par la porte la plus honteuse », « également chassé
de l'armée austro-sarde pour des actes analogues »,
« récidiviste de la fraude et du vol », « tellement
malversé dans les rangs de deux armées européennes
et en a été honteusement expulsé », « forban »
Attendu que ces expressions constituent les injures
et les diffamations les plus graves;
Attendu que la seule lecture des articles incriminés
démontre manifestement que l'ardeur patriotique in-
voquée par Judet n'a pas, ainsi qu'il le prétend, été
son unique mobile; que l'intention qui l'animait de
nuire à Zola en divulguant les actes indélicats qu'au-
rait commis son père ne saurait être déniée, puisque
lui-même déclare qu'il a voulu le disqualifier.
En ce qui concerne Marinoni, assigné en qualité de
directeur du Petit Journal
Attendu que les articles incriminés font partie d'une
longue série d'autres articles contenant les plus vio-
lentes attaques contre Zola qu'il est manifeste qu'une
telle campagne engageant d'une façon si formelle et si
grave la direction politique du Petit Journal n'a pu être
menée sans l'aveu et le consentement formels de Mari-
noni qu'il est inadmissible qu'il ait ignoré la teneur
des articles incriminés
Qu'il est donc établi qu'il a sciemment participé au
délit commis par Lasseur et Judet.
Sur l'application de la peine
Attendu que, d'une part,, il y a lieu de tenir compte
de l'ardeur de la polémique engagée entre les journaux
d'opinions différentes, des attaques indignes adressées
à un certain nombre d'officiers de notre armée .et de
la violence des passions déchaînées à la suite de l'at-
titude prise par Zola au sujet de l'affaire Dreyfus mais
que, d'autre part, le tribunal ne peut juger sans sévé-
rité le procédé de polémique consistant à divulguer,
pour atteindre le fils dans son honneur en déconsidé-
rant son nom, les fautes qu'aurait pu commettre son
père il y a soixante-six ans, quelque gravité, d'ailleurs,
que puissent avoir ces fautes, ignorées vraisemblable-
ment du fils et en tout cas n'entachant en aucune ma-
nière Sa propre honorabilité i.
Par ces motifs
Condamne Judet à 2,000 francs d'amende, Lasseur à
500 francs et Marinoni à 500 franegj
Les condamne solidairement à 5,000 francs de dom-
mages-intérêts, une insertion dans le Petit Journal, dix
insertions dans dix journaux au choix du plaignant,
le coût de chaque insertion ne devant pas dépasser
100 francs, sous une astreinte de 100 francs pour
chaque numéro qui paraîtrait sans contenir le juge
ment.
A la sortie de l'audience, MM. Judet et Marinoni
sont très entourés. De nombreux cris de « Vive
Judet! Vive le Petit Journal! » accueillirent leur ar-
rivée dans la salle des Pas-Perdus du tribunal cor-
rectionnel. Cependant un cri de « Vive Zola! » est
poussé par un de nos confrères de la Lanterne, qui
fait qu'un certain nombre de curieux, menaçants, se
retournent contre lui. On va le frapper, mais le
commandant des gardes du palais intervient à
temps et fait entrer le manifestant dans la salle des
témoins, où, protégé par des gardes républicains, il
se trouve en lieu sûr. Entre temps, un autre cri est
poussé, celui de « Vive la liberté qui vaut à son
auteur d'être assez violemment bousculé. Mais on
fait évacuer le vestibule et les curieux se retirent
sans autre incident.
MM. Judet, Marinoni et Lasseur ont fait immédia-
tement appel du jugement rendu contre eux.
VARIÉTÉS
LES FRÈRES DE NAPOLÉON^
Il.entrait dans la faiblesse de Napoléon pour
ses frères beaucoup d'orgueil.
A ses frères, dit M. Masson, il accorde sans expé-
rience préalable une part des qualités qu'il possède.,
Raisonnant d'après lui, se jugeant tel qu'il est, il les
assimile en son esprit à lui-même, parce qu'ils sont
de sa race. Son égoïsme transposé d'individuel est
devenu familial; c'est de bonne foi, c'est avec une
conviction entière qu'il attribue aux siens la faculté
de remplir tout emploi, d'accomplir toute mission
où lui-même croirait réussir. Il les tient pour les
meilleurs ouvriers, les seuls mêmes qu'il puisse
rencontrer pour l'œuvre commune, oeuvre qui n'est
point seulement son élévation à lui-même, mais celle
de la famille entière à sa suite. Il ne sent ni la ja-
lousie latente, ni 1,'envie sourde, ni l'hostilité pro-
che. Ils sont parce qu'il est et, si, devant leurs
fautes, il arrive à concevoir des doutes, ce n'est ni
sur leur aptitude, ni sur leur intelligence, ni sur
leur dévouement, c'est seulement sur leur bonne vo-
lonté et leur activité physique.
Il n'y a qu'une limite à cette indulgence ex-
trême c'est son pouvoir, c'est l'Etat, c'est la
France. Cela est à lui, à lui seul. Il en est ef-
froyablement jaloux, jaloux il le dit, il le ré-
pète comme d'une maîtresse. Que nul, même
l'aîné, même Joseph, ne se permette de lever
les yeux jusque-là, Napoléon le ramène, et rude-
ment, à la mesure. « Vous oubliez, disait-il, en
1804, à Rœderer, confident et complice des am-
bitions de Joseph, vous oubliez que mes frères
ne sont rien que par moi, qu'ils ne sont grands
que parce que je les ai faits grands; le peuple
français ne les connaît que par les choses que je
lui en ai dites. Il y a des milliers de personnes
en France qui ont rendu plus de services qu'eux
à l'Etat; vous-même êtes de ce nombre. Je n&
peux pas souffrir qu'on les mette à côté de moi
sur la même ligne. Joseph n'est pas destiné à
régner. Je suis né dans la misère, il est né
comme moi dans la dernière médiocrité je me
suis élevé par mes actions, il est resté au point
où sa naissance l'a placé. »
Quand il parlait de « règne », il l'entendait
du règne par excellence l'empire français. Des
royaumes de seconde classe, il leur en distribua
autant qu'ils en voulurent et l'on ne vit jamais
largesse faite à ce degré de terres et d'âmes eu-
ropéennes. Qu'est-ce, en comparaison, que les
distributions de seigneuries et de châteaux que
les papes faisaient à leurs frères et neveux que
les distributions de Polonais faites par Catherine
à ses amants que les morceaux d'Italie décou-
pés par Elisabeth Farnèse pour ses enfants? Et, en
attendant les grands-duchés et les royaumes,
c'est l'argent donné de la main à la main, la part
prélevée sur les produits de la guerre, sur les
revenus de l'Etat, l'écume de la victoire. Il faut
lire dans le livre de M. Masson l'inventaire de
ces richesses accumulées en moins de cinq ans
par les Bonaparte. Dès 1802, la fortune de Jo-
seph est faite. Lucien est plus riche encore il
rapporte de son ambassade, vaine et sotte, mais
cupide, en Espagne, les profits d'un vice-roi du
Mexique ou du Pérou.
Murat, sans un sou en 1792, a tellement récolté
de régales en Italie, sans parler de ses places et
de ses indemnités en France, qu'il loge et vit à
Paris en grand seigneur. Au moins vit-il en
grand seigneur gai, exubérant, empanaché, glo-
rieux..
Ce n'est pas le cas des frères et c'est ici que
M. Masson dévoile merveilleusement leurs per-
sonnages le faux républicain en Lucien, le faux
libéral en Joseph, le faux méconnu et le faux dis-
gracié chez l'un et chez l'autre, le jaloux, l'hos-
tile, l'impatient; chez l'un et chez l'autre, la cour
d'opposants et de gens de lettres; les cabales, les
complots même peut-être; tous les défauts,
toutes les grimaces, tout le manège des branches
cadettes, tels que Saint-Simon nous les montre à
Sceaux, tels qu'on les avait vus au Luxembourg,
tels qu'on les vit, et en tout temps, au Palais-
Royal.
A cette étude très aiguë, très coupante, par-
fois jusqu'au sang, Lucien est celui qui perd le
moins. Mais il faut en finir avec la légende de
pureté républicaine qui s'est formée autour de
lui. M. Masson n'en laisse rien. Lucien a fait
une grosse fortune et il en a joui; Lucien, prin-
cipal auteur du 19 Brumaire, a été le plus ar-
dent promoteur de l'Empire. Nul parmi les Bo-
naparte n'a été plus intimement eésarien. Mais
nul n'a été plus homme; il a subordonné tout
calcul et toute ambition non à des principes po-
litiques, mais à des principes d'honneur intime
et à des affections de cœur. Sa brouille- avec son
frère eut pour cause décisive son mariage, et la
conduite que tint alors Lucien, l'honore. Il fit
une belle sortie, au second acte, au final triom-
phal, ce qui lui dessina, par la suite, un pom-
peux personnage de philosophe et procura un
cadre austère à sa disgrâce dorée.
Joseph demeura, ce qui l'amena à tomber en
1814, à glisser plutôt, en posture assez vulgaire,
dont il ne se releva point. Il resta ci-devant roi,
ci-devant prince, ci-devant millionnaire, mais
sans la grandeur de la chute, sans le prestige
même de la ruine. C'est lui qui perd le plus au li-
vre de M. Masson. Ses apologistes, Rœderer, Miot
surtout, avaient fait de lui une sorte de Louis-
Philippe de l'Empire, attendant ses journées de
Juillet, et l'occasion d'offrir à l'Europe et à la
France réconciliées, le Napoléon de la paix dans
la meilleure des républiques. Il affecte la froideur
le calme, la modestie affectation facile à sa
médiocrité d'esprit. il affecte le désintéresse-
ment qui lui est plus facile encore avec son im-
mense fortune il recherche l'obscurité, qui lui
est douce en son parc de Mortefontaine où la
table est somptueuse et le salon brillant, où l'on
rencontre Bernadotte, Daunou, les ci-devant ré-
publicains, absorbés par le Sénat, réfugiés à
l'Institut, les idéologues relégués àAuteuil, par-
fois Mme de Staël, Rœderer, et au milieu de ce
cercle, il tolère bénévolement la critique, il
laisse soupçonner en lui le libéral en souffrance.
Avec les diplomates étrangers, il se pose en
ami, en protecteur de la paix. Il leur présente
une France modeste, à son image. Il leur confie
ses inquiétudes sur les ambitions démesurées
de son frère. Il leur insinue qu'il en est la pre-
mière victime. « Ami de la paix, connais-
sant à fond le besoin qu'en a la France, mais
courbé tout le premier sous le sceptre de fer, »
écrit un diplomate, en 1805, il permet de deviner
que, le cas échéant, l'Europe trouverait en lui
l'homme qu'elle cherche en vain.-Il le fait avec
discrétion, avec tant de discrétion même, qu'il
n'attend pas la réponse de ses interlocuteurs,
qu'il juge superflu de s'enquérir si l'Europe
récompenserait sa modestie au prix où il l'es-
time, c'est-à-dire par la reconnaissance des « li-
mites naturelles » à la Fraise. Les diplomates
qui ont percé son jeu n'ont garde de contrarier
ses illusions: il sera toujours temps de les dissi-
per,. comme ils feront, en 1814, quand ils en se-
ront les maîtres. Flattant à l'intérieur les libé-
raux, au dehors les diplomates, Joseph mène si
bien sa partie avec les Prussiens, les Autrichiens
les Anglais même, qu'en septembre 1805, au
moment où Napoléon va, de nouveau, jouer sa
vie et sa fortune dans une guerre redoutable,
le ministre de Prusse à Paris peut écrire à son
roi: « Maintenant les amis de l'ordre et des
idées sages et modérées qui le reconnaissent
(l'empereur) pour l'Hercule qui a terrassé l'hy-
dre de la Révolution ne seraient plus effrayés
de l'idée de le perdre et croiraient même trouver
le complément des bienfaits de la Providence,
si la mort de Napoléon pouvait mettre le prince
Joseph à sa place. »
(1) Par Frédéric Masson. 1. 1, 1769-1802; t. H. 1802-1805.
Paris, Ollendorft'
C'est le secret de la comédie. M. Masson l'a
dévoilé, ce secret, avec une adresse rare, il le
déroule, en ses nuances changeantes. Ce n'est
encore que la comédie, mais quelle comédie d'in-
trigues valut celle-là et comme on y voit, ànu, le
ridicule et la misère des petites âmes, haussées
sur la grande scène.
Elle se développe en deux épisodes, enchaînés
l'un à l'autre, l'affaire du Consulat à vie, l'affaire
de l'hérédité de l'empire. Napoléon, avec son
génie tout romain et dans cette conception pre-
mière de règne qui le fit empereur de la Répu-
blique française, aurait incliné vers l'adoption.
Mais s'il conçut ce dessein, « le seul juste et rai-
sonnable, » dit M. Masson, il n'eut pas le courage
de l'exécuter. II transigea, par complaisance
pour ses frères, qui d'ailleurs, ne lui en surent
aucun gré. Il s'imposa de choisir son héritier
dans leur descendance. C'est l'hérédité de droit
qu'ils auraient voulue, encore que pour arriver
à Joseph, elle eût dû remonter au lieu de
descendre, contrairement à tous les précédents
et au sens commun.
Joseph se défendait d'y penser « Je ne veux
point, disait-il, être son successeur je veux être
indépendant; je ne serais pas assez fort pour
soutenir la comparaison avec lui. » Et après cet
effort de modestie, il se reprend etpoursuit:
« Vous connaissez mal mon frère; l'idée de par-
tager son pouvoir l'effarouche tellement que
mon ambition lui est aussi suspecte que celle
de tout autre, peut-être même davantage, parce
qu'elle est la plus plausible de toutes celles qui
peuvent se manifester et parce qu'elle serait
plus aisément justifiée dans l'opinion générale.
Il veut surtout que le besoin de son existence
soit vivement senti. Si demain, si un jour, on
pouvait se dire «Voilà un ordre de choses stable
et tranquille, voilà un successeur désigné qui
le maintiendra, il n'y a ni trouble m novation à
craindre, mon frère ne se croirait plus en sû-
reté. »
Ce fut un jeu très serré, très tendu, un mo-
ment même jusqu'à la rupture, entre Napoléon
et Joseph Napoléon voulant combler Joseph de
dignités et d'honneurs, mais l'y séquestrer en
quelque sorte et l'écarter ainsi de la succession
possible; Joseph prétendant se réserver pour le
cas d'un accident que tant de complots ren-
daient probable et se dérobant par des refus
obstinés. C'est au cours d'une de ces crises que,
laissant échapper son secret, il écrit à son frère,,
qui se préparait alors à passer en Angleterre
Vous me reprochez de sacrifier votre intérêt, l'in-
térêt de l'Etat, à mes habitudes et à la modération
de mon caractère. Si le malheur de la France veut
que vous quittiez le continent, je prends ici l'enga-
gement d'occupeI les postes les plus périlleux qu'il
vous plaira de me confier. Je ferai ce que vous vou-
drez membre du gouvernement, successeur désigné,
rien ne m'épouvantera, quoique je ne désire rien.
Avec ses confidents, il s'abandonnait jusqu'à
la colère, jusqu'à l'invective, reprochant à Na-
poléon de lui avoir « escamoté son droit d'aî-
nesse ». « Je suis las de sa tyrannie et de
ses vaines promesses, tant de fois répétées e"
jamais remplies. Je veux tout ou rien; qu'il me
laisse simple particulier ou qu'il m'offre un
poste qui m'assure la puissance après lui Alors
je me livrerai, je m'engagerai. Mais s'il s'y re-
fuse, qu'il n'attende rien de moi! Je me réu-
nirai à Sieyès, à Moreau même, s'il le faut, à tout
ce qui reste en France de patriotes et d'amis de
la liberté pour me soustraire à tant de tyran-
nie. » Un jour, sa fureur fut telle, au rapport de
Lucien, qu'il prit un pistolet et tira sur le por-
trait en pied de Napoléon.
Mais la colère s'atténuait toujours quand il
s'agissait de passer à la trésorerie. Et c'est, ainsi
que peu de temps après cette belle déclamation
contre les tyrans, il subit un don annuel de
120,000 francs et une gratification de 200,000 (no-
vembre 1803).
Les beaux-frères et les sœurs renchérissent,
et c'est ici qu'avec le panache de Murât, le co-
mique apparaît un instant. Napoléon laissait
entendre à tous que son choix se porterait sur
le fils de Louis et d'Hortense. Un jour qu'il le
tenait sur ses genoux, il dit, de façon a être en-
tendu « Sais-tu bien, petit bambin, que tu ris-
ques d'être roi un jour? Et Achille s'écria
aussitôt Murat. Ah, Achille I répondit Napo-
léon, Achille fera un bon soldat, » Caroline en
fut vivement blessée et le montra. Les frères al-
longaient le visage, et, tout à coup, le drame, et
le drame à la corse, qui couvait; éclate. Na-
poléon continuant de s'adresser à l'enfant, re-
prit « En tout cas, je te conseille, mon pauvre
enfant, si tu veux vivre, de ne point accepter
les repas que t'offriront tes cousins !» »
Toutes ces passions, toutes ces convoitises,
toutes ces prétentions, toutes ces rivalités se
révèlent dans les jours qui précèdent le sacre.
IL s'agit de régler les préséances. C'est l'occasion
misérable où les cours les plus augustes dé-
couvrent leurs ridicules et leurs petitesses.
Celle-ci n'y manque point, et le ridicule domine:
les sœurs qui veulent être altesses et enlèvent
le titre à coups d'attaques de nerfs; Mme Lee-
titia qui ne veut point déchoir sur ses filles et à
laquelle on cherche en vain, dans les protoca-
les, un titre qui convienne à la naissance de son
fils les maisons des princes et princesses que
l'on forme à grands renforts deci-devants; Pau-
lette qui a un aumônier Joseph qui se nomme
des chambellans; les princesses qui peuplent
leurs cours d'émigrés rentrés; Joseph qui remplit
la sienne de libéraux en disponibilité. La page
des princesses, dans VAlmanach, est presque du
1816 celle de Joseph est déjà du 1830. José-
phine, enfin, toujours discrète, toujours adroite,
politique même à force de nonchalance, trouve
moyen de se faire épouser entre deux portes,
épouser pour de bon, pense-t-elle, devant le
prêtre, et occupe la veillée des armes de Char-
lemagne par un acte du Mariage forcé.
Je ne connais, dans aucuns mémoires, de scè-
nes plus remplies de contrastes, plus traversées
d'imprévu. Avant de nous ramener devant l'im-
mortel tableau de David qu'il replace en son
cadre et éclaire de sa lumière, M. Masson nous
promène dans la coulisse, dans l'atelier aux cos-
tumes, dans la loge des artistes, dans le maga-
sin aux accessoires; il nous fait assister aux
querelles des acteurs qui tous veulent occuper
le premier rang, aux disputes des actrices dont
aucune ne veut s'effacer devant le premier rôle,
à l'embarras du metteur en scène, à la gau-
cherie des figurants improvisés à l'ironie des
ralliés de la monarchie, comme Talleyrand, à
la mauvaise humeur des ralliés de l'armée et
de la République; à la toilette, aux distractions,
aux impatiences du héros de la fête, harcelé
jusqu'au moment de paraître sur le théâtre; on
voit les princesses lâchant le manteau de José-
phine quand elle monte au grand trône, de fa-
çon qu'elle manque de tomber en arrière, en-
iraînée par le poids on voit l'empereur, dans
le passage à l'église, frappant Fesch du sceptre,
dans le dos pour l'appeler.
Ces scènes font penser à Saint-Simon, et il
faut y penser pour en juger avec justesse, pour
discerner ce qui est le fait de l'improvisation, le
fait du parvenu la moindre part, en réalité
et ce qui est le fait de la pièce même qui se
joue et du théâtre où on la joue. Comme toutes
les grandes œuvres de théâtre, il faut considé-
rer celle-là en son optique, de la galerie et dans
la perspective. Mais la curiosité talonne le
spectateur il frappe à la porte des coulisses et,
s'il n'y peut entrer, il interroge, dans l'entr'acte,
ceux qui en sortent. OnsuitM. Masson jusqu'au
grand salon du Louvre où il nous conduit,
mais au lieu de s'y arrêter, comme il nous y
convie, on rouvre son livre, et l'on comprend
mieux. Et de même qu'après avoir visité les
couloirs et les dessous du palais de Louis XIV,
on pressent la Régence et l'on voit poindre la
ruine, de même à pénétrer dans l'intimité de la
famille impériale on pressent les. grandes er-
reurs qui firent de Joseph, de Louis, de Jérôme,
de Murat des rois incapables, des alliés inutiles
ou même infidèles, et l'on devine la catastrophe
de {814. ̃̃̃̃-̃• ALBERT SOREL.
ALBERT SOREL.
STATISTIQUE DE LA VILLE DE PARIS
Le service de la Statistique municipale a compté, pen-
dant la 30° semaine, 814 décès, chiffre voisin de celui
des semaines précédentes (796) et sensiblement infé-
rieur à la moyenne ordinaire de la saison (894).
La rougeole présente une diminution considérable
sur les semaines précédentes (14 décès au lieu de 28
pendant la semaine précédente et au lieu de 26,
moyenne ordinaire de la saison). Aussi bien entrons-
nous dans la saison où cette maladie diminue ordinai-
rement de fréquence pour atteindre son minimum en
octobre.
1001LLEÏÏES aux. EOFS fllIOlRE et CARRET
Les autres maladies épidémiques sont rares. La flè(
vre typhoïde a causé 5 décès (au lieu de la moyenne'
10); la scarlatine, 2 décès (au lieu de la moyenne 4); lî
coqueluche, 10 décès (au lieu de la moyenne 8), la diph-
térie, enfin, 4 décès (au lieu de la moyenne 12).
La diarrhée infantile, encore rare relativement^ fr
causé 51 décès de 0 à 1 an.
Il y a eu 19 suicides et 12 autres morts violentes.
On a célébré à Paris 433 mariages. V
On a enregistré la naissance de 1,166 enfants vivant
(633 garçons et 533 filles), dont 846 légitimes et 320 illé-
gitimes. Parmi ces derniers, 49 ont été reconnus, im-
médiatement.
a
CONSEIL D'ETAT
La pension de la veuve du colonel Flattera:
Le Conseil d'Etat vient d'avoir à résoudre une
question d'une nature toute particulière. On sait
qu'une loi du 22 août 1881 a alloué une pension
exceptionnelle de 6,000 francs à la veuve du colone)
Flatters. Le texte ajoutait « Cette pension ne se
confondra pas avec celle à laquelle a droit Mme Flat-
ters comme veuve d'un colonel. » Cette dernière
pension de veuve monte à 2,500 francs.
Mais, après la mort du colonel Flatters, sa veuve
épousa le général de Gressot, qui est décédé depuis.
En qualité de veuve du général de Gressot, elle au-
rait encore droit à la jouissance d'une troisième pen-
sion de 3,500 francs.
Mais la loi du 9 juin 1853 n'autorise le cumul de
pensions que jusqu'à la limite daj6,000 francs. Il est
vrai que cette loi ajoute que la limite ne concerne
pas les pensions que des lois spéciales ont affran-
chies des prohibitions du cumul. Cette loi spéciale
est intervenue le 22 août 1881 pour la dame Flatters,
puisqu'elle jouit à. la fois de la pension exception-
nelle de 6,000 francs et de la pension de veuve de
colonel de 2,500 francs, ce. qui fait 8,500 francs.
Mais doit-on en étendre le bénéfice à la troisième
pension de 3,500 francs ? 2
Le Conseil d'Etat ne l'a pas pensé, et il estime que
des termes de la loi de 1881 il résulte que la déroga-
tion à, la règle prohibant le cumul ne concerne que
la pension de veuve d'un colonel et là pension.: ex-
ceptionnelle. Il a, en conséquence, décidé qu'on na
saurait étendre le bénéfice de cette disposition excep-
tionnelle à la troisième pension.
La patente des compagnies' de tramways-
Une compagnie de tramway doit-elle être,, au
point de vue de la contribution des patentes, consi-
dérée comme omnibus ou comme voie ferrée? Telle
est la question que le Conseil d'Etat vient d'avoir à
trancher, et elle a une sérieuse importance, car la
patente imposée aux omnibus est notablement
moins lourde que celle des chemins. de fer.
La question s'est posée sur un pourvoi de la com-
pagnie générale française de tramways pour sa li-
gne d'Orléans. Il est intéressant de reproduire une
partie de. là décision rendue par la haute assem-
blée
« Considérant que là Compagnie des tramwys-
à la différence des entrepreneurs d'omnibus, assure
un service public; qu'elle jouit du monopole} d& l'ex-
ploitation d'une voie ferrée qui doit, à l'expiration
du délai fixé par l'acte de concession, faire retour à lt
l'autorité concédante, en même temps que doit avoir
lieu là reprise par celle-ci du matériel roulant; qu'elle
perçoit des taxes de péage et de transport réglées
conformément au décret de concession qu'elle est
assujettie à. des obligations déterminées en vue de
la bonne exécution du service qui leur est. confié. »
Par tous ces motifs, le Conseil d'Etat décide que
la Compagnie de tramways sera imposée, comme
voie ferrée.
La Compagnie internationale. des Wagons-Lits nous
informe que des trains de luxe composés de wagons-
restaurants et salons seront mis en marche, comme
les années précédentes, à l'occasion des principales
courses normandes, aux dates ci-après
Courses de Caen, le dimanche, 7 et lundi 8 août
Aller. Départ de Paris, à 8' h. 20 matin; arrivée i
Caen, à midi 37.
Retour. Départ de Caen, & 5 fi. 55 soir; ascives à
Paris, à 10 h.10 soir.
Courses de Beau ville, les 1% 14,15,18, 20, 21,23 et24 août
Aller. Départ de Paris, à 9 h. 20 matin; arrivée à
Trouville* à 1 h. 20 soir.
Retour. Départ de Trouville, à 6 h. 2 soir; arriSét
à Paris, à 10 h. soir.
Courses de Bernay, le samedi 13 août
Aller. Dspart de Paris, à 10 h. 49 matin; arrivée i
Bernay, à 1 h- 50 soir.
Retour. Départ de Bernay, â5îi. 30; soir; arrivée
à Paris, à 8 h. 26 soir.
Courses de Dieppe, les 26, 28, 30 août et 1er septembre
Aller. Départ de. Paris, à 9 h. 50 matin; arrivée t
Dieppe (champ de courses), à.l.h. 30 soir.
Retour. Départ de Dieppe (champ de courses); à
5 h. 30 soir; arrivée à Paris, à 9 h. 10 soir.
Les prix des suppléments et des repas seront de r
10 francs, parcours simple 15 francs,, aller et retoûri
déjeuner 7 francs et dîner 9 francs.
Chemin de fer de Paris à Orléans
CARTES O'ABOHNEMEHT MEHSttELLES ET DE BAINS DE ME
La Compagnie du chemln de: fer d'Orléans délivre,
de toute gare à toute gare de son réseau, des abonne-
ments mensuels.
En outre, pendant la période comprise entre la veille
des.Rameaux et le 31 octobre de chaque année, tout(
personne qui prendra au moins trois billets pour ler
membres, de sa famille ou ses domestiques allant sé-
journer ensemble dans une des stations balnéaires du
réseau pourra obtenir une carte d'abonnement tri«
mestriel ou mensuel avec une' réduction de 40 0/0 sut
le prix ordinaire de ces abonnements, à condition qut
le parcours inscrit sur la carte soit d'au moins 30 ki-
lomètres..
L'obligation de prendre trois. billets ne sera pas exi-
gée pour les abonnements à prix réduits concernant e
un parcours reliant directement deux stations bal«
néaires.
Les demandes. des billets et de la carte d'abonnement
doivent être adressées ensemble à, la gare de départi
accompagnées des noms et. adresses des: titulaires ei
d'une photographie de la personne à laquelle est d«s«
tinée labonnement. (
NECROLOGIE
r
On annonce de Saint-Ouen-STtr-Mbrin (Seinei-et~
Marne) la mort, à soixante-dix-sept ans, du mairedfr
cette commune, M. Chazal, ancien caissier-payeur
central du Trésor public,. directeur honoraire au mi-
nistère des finances, ancien vice-président du con-
seil général de Seine-et-Marne, officier de la. Légiotf
d'honneur..
M. Guillemet, conseiller général dé Labruguièrf
(Tam), réélu dimanche, est mort hier soir.
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a des jours où la mer se fait mauvaise. Le yachts-
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Byrrh, le tonique cordial par excellence.
Rocamadour, 4 août. Grand enthousiasme i
l'occasion du départ pour Decazeville des 80 touris<
tes que le journal la Nature a eu- l'heureuse idée de
grouper pour une excursion scientifique dans 1(
massif central.
fiS'/f&l ARSa/àSW!
BILAN db LA banque DB FRANCE (du 28 juillet au 4 août
Encaisse or 1.879.088.806 aug. 1.722.381
argent. 1.242 338.652 aug. 702.45r
Portefeuille. 656 677 632 dim. 83. 768 .,31!;
Avances sur titres. 392.185.876 aug. 6. 25 1. 56£
Comptes courants part» 492.176.113 dim. 26.530 37£
Compte c' du Trésor 301.264.012 dim.. 9.70896(
Billets en circulation. 3.577.991.815 dim. 2.678*255
Bénéfices bruts des es-
comptes et intérêts di-
vers' cour la semaine. 556-.?7{
Dépenses 73#.34£
Bénéfices nets des escomptes et intérêts divers des
six premières semaines du deuxième semestre dos six
dernières années
Bénéfices Cours c0rresp~'
AHnëeM93. 436.697 4.050:
1894. 3~ao5
1895. 686.485 3.590
1896 374.319 3.585
1897. 276.869 3.690
1898. 610.467 3.550
m
Recettes des chemina de fer
Ouest.. + 50.000 + 0.34 Orléans + 130.000
Lyon.+ 50.000 an.an Nord.+142.000 + 3.5f
Est. + 28.000 + 0.84 Midi. + 544-000 5.24
Etat.+ 20.800 + 1.68 Algér.. + 1.000 + 0.51
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