Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-10-30
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Description : 30 octobre 1897 30 octobre 1897
Description : 1897/10/30 (Numéro 13298). 1897/10/30 (Numéro 13298).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE TEMPS. --̃ 80 Octobre 1897.
estimé qu'on ne pouvait exiger qu'un homme qui a i f
vingt brevets eût vingt centres de fabrication. Il n'a J
môme pas accepté que chaque pays de l'union obli- c
geât le breveté à exploiter par voie de vente sur
son territoire. Le groupe allemand a seulement con- J
cède que le breveté pourrait être déclaré déchu si, c
n'exploitant pas lui-même, il se refuse à accorder
des licences.
Les revendications françaises ont triomphé dans (
la matière des marques de fabrique. Notre loi laisse
la plus grande latitude pour le choix des marques, J
se qui n'empêche pas les marqués françaises de f
faire assez bonne figure dans le monde. D'autres ̃
pays, craignant des tromperies ou des confusions i
possibles, réglementent strictement le choix des ]
marques. La convention de 1883, pour concilier ces i
divergences, a décidé que la marque régulièrement <
déposée dans le pays d'origine serait admise telle J
quelle dans tous les pays de l'Union. Elle assure (
ainsi au commerçant ou au fabricant l'unité delà
^aarnue sous laquelle son produit est connu.
Uif congressiste allemand, M. Fehiert, a proposé
que les pays de l'union fussent autorisés à repous- ]
ser les marques qui ne satisferaient pas à certaines f
exigences de la loi nationale. La conséquence eût été
l'interdiction à l'étranger d'un grand nombre de nos
marques françaises les plus honorablement connues,
dont la concurrence est la plus redoutée. Cette théo-
rie a provoqué une vive réponse du rapporteur géné-
ral, M. Maillard. S'emparant très opportunément
d'un arrêt de la Cour suprême do Leipzig, il a mon-
tré que les juges allemands eux-mêmes avaient pro-
clamé que l'intérêt du commerce exige qu'un indus-
triel possède une marque unitaire, valablement re-
connue dans les deux hémisphères. Le congrès s'est
rangé à l'avis du rapporteur à une grosse majorité.
C'est un bel avantage remporté sur des idées parti-
cularistes.
Le courant était établi. Un esprit de large équité a
inspiré les derniers votes du congrès. Sur la propo-
sition de M. Armengaud jeune il émet un vœu à j
l'appui de l'action diplomatique engagée pour que le
gouvernement allemand accorde aux Français le bé-
néfice de la loi sur les modèles d'utilité. Les intéres-
ses approuveront les votes intervenus sur la protec-
tion internationale des dessins de fabrique, sur la
classification internationale des marques, sur l'uni-
fication des formalités pour la prise des brevets, sur
l'indépendance des brevets pris dans divers pays.
Le prochain congrès aura lieu à Londres, en 1898,
pendant la semaine de la Pentecôte.
Il serait injuste, en terminant, de ne pas rendre
hommage à l'exquise hospitalité viennoise qui s'est
ingéniée à révéler aux congressistes toutes les
beautés et tous les agréments de la capitale autri-
chienne. Le clou de ces fêtes a été le pantagruélique
̃déjeuner offert à l'hôtel de ville par le bourgmestre
Lueger et ses adjoints, le cou entouré de colliers
d'or. Puis, le repas fini, M. Lueger a conduit quel-
ques-uns de ses invités à la Chambre des députés,
et c'était précisément le jour où ses partisans se
sont livrés à des violences qui ont été jusqu'aux
voies de fait. Ed. Seligman.
i mt»'
A PROPOS DE LA TRIPLE ALLUKCE
Les révélations de la Nuova Anlologia sur la triple
alliance continuent à défrayer la presse européenne
et provoquent des explications supplémentaires.
Le sénateur Chiala, dans une lettre adressée à l'of-
ficieuse Opinione, reconnaît que M. Frassati a publié
la fameuse lettre du comte de Robilant avec son
consentement et il regrette seulement qu'un livre
documentaire sur l'histoire de la triple et de la dou-
ble alliance, auquel il est en train de mettre la der-
nière main, n'ait pas encore pu paraître. Cette pu-
blication, dit-il, aurait suffi à prévenir les innom-
brables commentaires de toute sorte soulevés par
l'article de la Nuova Antologia.
M. Crispi, de son côté, va dire son mot sur l'affai-
re dans un article que doit publier le Nineteenth
Cenlury dans son prochain numéro. D'après un ré-
sumé de cet article, que donne la Tribuna, M. Crispi
dit que la triplice est une triple alliance pour la paix
et une double alliance en cas do guerre. Il prétend
que l'Alsace-Lorraine n'a jamais manifesté un désir
réel d'être de nouveau réunie à la France et que son
attitude diffère entièrement de l'attitude de l'Italie
lorsque ses principautés étaient soumises à l'Au-
triche.
M. Crispi termine en exprimant l'espoir que l'al-
liance franco-russe subira le même sort que' l'al-
liance conclue entre Napoléon Ier et le tsar Alexan-
dre, en 1808.
Enfin, les Dernières Nouvelles de Leipzig publient
un article qui semble avoir été inspiré par M. de
Bismarck..
Le prince Bismarck, y est-il dit, se garda de faire
aucune avance à l'Italie pour le renouvellement de
l'alliance, parce que la politique italienne cherche
toujours à s'assurer les plus grands avantages en
ffetour des plus petits services, et que, si l'Allemagne
avait paru attacher trop de valeur à l'alliance de
l'Italie, celle-ci aurait émis immédiatement des pré-
tentions exagérées. Mais, au fond, le prince Bis-
marck attachait une grande valeur à l'adhésion de
l'Italie à la triple alliance, pour des motifs à la fois
politiques et militaires. D'abord, cette adhésion main-
tenait jusqu'à un certain point l'Italie en dehors de
l'influence française. Ensuite, si la coopération mili-
taire de l'Italie ne pouvait apporter que peu d'appui
à l'Allemagne au nord des Alpes, elle permettait à
l'Autriche de consacrer toutes ses forces à la cause
commune au lieu d'en détacher une partie pour sur-
veiller la frontière italienne.
L'auteur de l'article affirme avoir souvent entendu
M. do Bismarck depuis sa retraite, s'exprimer de
cette sorte:
Si l'Italie, pour des raisons d'ordre financier, cédait à
la tentation de mener une existence facile aux dépens
de la triple alliance, il faudrait la laisser faire. Même
une Italie, diminuée en force, et ne faisant que ce
qu'elle est capable de faire, rendrait service à la triple
alliance pour les raisons mentionnées ci-dessus.
Le prince Bismarck chercha toujours à satisfaire
la vanité nationale de l'Italie en lui attribuant le rôle
d'une grande puissance européenne et c'est lui qui
sut la maintenir en 1892 dans la triple alliance.
Si le comte de Robilant voulut qu un accord avec
l'Angleterre pour la protection des intérêts italiens
dans la Méditerranée fût uno des conditions do son
renouvellement de l'alliance avec l'Autriche et l'Al-
lemagne, il n'a fait que ce que le prince Bismarck
aurait fait à sa place. L' ex-chancelier a toujours été
d'avis que les parties contractantes de la triple al-
liance devaient pouvoir librement sauvegarder leurs
intérêts particuliers, en concluant en même temps
des traités avec d'autres puissances. C'est ce que
M. de Bismarck fit lui-même en concluant le traité
russo-allemand de Neu-Strelitz.
NOUVELLES DE L'ETRANGER
Alsace-Lorraine
On se rappelle que le lieutenant de Puttkamer, en
garnison à Metz, qui vit séparé de sa femme, avait
tmlevô à cette dernière un enfant issu do leur ma-
riage.
Pour ce fait le lieutenant avait été condamné par
la cour d'appel de Halle à quatre semaines de pri-
son. L'autorité militaire ne reconnut pas tout d'abord
la validité do cette condamnation civile. Le conflit
durait depuis quelque temps. Or, on apprend main-
tenant que l'autorité militaire a donné l'ordre au
lieutenant de se rendre à la forteresse de Magde-
bourg pour y purger ses quatre semaines de pri-
son, ̃i§^B^" Allemagne
On annonce que des manœuvres d'hiver auront
)ieu sur une plus grande échelle que les années pré-
cédentes. On dit que tout le corps de la garde effec-
tuera ces manœuvres sous les ordres de l'empereur.
♦ En ce moment, on procède dans le grand-duché
de Bade aux élections pour la Diète. Les nationaux-
libéraux, qui avaient la majorité dans le dernier
Landtag, sont battus dès maintenant par l'opposi-
tion. A'Carlsruhe même, deux socialistes et un dé-
mocrate ont été élus. A Mannheim, à Heidelberg, à
Fribourg, les partis de l'opposition, clérical, dômo-
erate, socialiste, triomphent.
Angleterre
Le chancelier do l'Echiquier, sir Michaël Hicks
Beachi, a prononcé hier, au congrès annuel de
l'Association ouvrière conservatrice de Bristol, un
discours dans lequel il a fait allusion comme suit à
la question du bimétallisme
Le gouvernement et la Banque d'Angleterre avaient
le devoir de rejeter toutes les propositions tendant à
affecter d'une façon préjudiciable la réserve d'or du
pays. Le gouvernement indien a été consulté sur l'op-
portunité de rouvrir ses hôtels des monnaies à lafrappe
de l'argent. Il a refusé et j'estime qu'il a bien fait.
Mais, eut-il eu tort, notre gouvernement n'aurait pas
été justifié à lui forcer la main aussi n'a-t-il pas voulu
faire des promesses qu'il n'aurait pu tenir.
Le Times, commentant ces déclarations, revient
en ces termes sur la même question
Ce n'est pas là une défense suffisante de l'action du
gouvernement à l'égard de la Banque. Certes, nul
n'ignorait que la proposition de convertir en argent
une partie de la réserve métallique do cette institution
serait accompagnée d'une condition qui, au point de
vue des bimélailistes, lui ôteraittoute valeur pratique,
mais elle n'en a pas moins été considérée dans tout le
monde comme un signe de faiblesse de la part de la
Banque d'Angleterre.
Signalons encore ici la dépêche suivante do Lon-
dres, dont l'agence Havas est rer.ponsable
M. Wolcott, l'un des délégués américains chargés de
pressentir les principales puissances de l'Europe au
Sujet de la réouverture des hôtels de monnaies à la
frappa libre de l'argent, est reparti pour Paris, pour 1
faire une nouvelle tentative auprès du gouvernement (
français, et voir si ce dernier consentirait à présenter c
de nouvelles propositions à l'Angleterre.
On assure que cette démarche ne pourra avoir aucun (
résultat, la France, comme l'Angleterre, considérant
qu'après la réponse de cette dernière la mission des (
déléaués des États-Unis a complètement échoué. i t
Le duc d'Alençon, qui occupait Bushey park c
depuis la mort de son père, le duc de Nemours, <
vient, d'après la Westminster Gazette, d'écrire à la J
reine Victoria qu'il cédait la possession de cette iô-
sidence. Elle appartient à la couronne et fut habitée
par la reine Adélaïde, veuve de Guillaume IV, pen-
dant les douze années de son veuvage. La reine
Victoria la mit, en 1849, à la disposition du duc de 1
Nemours son cousin par alliance et l'on an- 1
nonce qu'après avoir été pendant quarante-huit ans ]
occupé par des membres de la famille d'Orléans,
Bushey sera donné au duc d'York, futur roi de
Grande-Bretagne et d'Irlande.
Belgique ;l
VEloile belge dit que des renseignements pris 8
l'administration du Congo portent qu'elle n'a jamais
songé à fonder un sanatorium au Maroc. 1
Le roi Léopold a reçu hier M. Gérard, ministre
de France à Pékin, de passage à Bruxelles. Un dîner
de vingt-cinq couverts a eu lieu au palais, en l'hon-
neurde M. Gérard.
On nous écrit de Bruxelles, 28 octobre i
L'amendement Helleputte tendant à donner aux
unions professionnelles le droit de faire le commerce
comme toute société douée de la personnification ci-
.yile, a fait aujourd'hui l'objet de toute la discussion à
la séance de la Chambre.
L'auteur l'a vivement défendu et maintenu contre les
attaques de M. Woeste, se plaçant principalement au
point de vue des syndicats agricoles. Et l'extrême gau-
che, parla voix de MM. Anseele et Vandervelde, ayant
déclaré s'y rallier, le chef du cabinet est intervenu pour
s'opposer très énergiquement à la formation d'une ma-
jorité sur ce point spécial, qui consacrerait le collecti-
visme décentralisé, 1 absorption de l'individu par l'union.
Le gouvernement veut que l'union puisse défendre les
intérêts professionnels de ses membres sans se substi-
tuer à leur action individuelle. Et il tient si essentiel-
lement à cette manière de voir que M. De Smet déclare
en terminant que, si l'amendement était voté par la
Chambre, le devoir du gouvernement serait de le com-
battre au Sénat et, s'il réunissait une majorité devant
la haute assemblée, de retirer le projet de loi.
Espagne
Suivant la Correspondencia de Madrid, les gou-
vernements de Madrid et de Washington seraient
d'accord pour ajourner la publication du texte des
dernières notes échangées jusqu'à l'ouverture du
Congrès américain.
Le New- York Herald persiste à publier des dépê-
ches alarmantes sur les intentions du général Wey-
ler, quoique ce dernier ait adressé, dit-on, à Madrid,
des télégrammes au gouvernement espagnol pour
affirmer sa loyauté. Aussi nous ne reproduisons que
sous toutes réserves l'information suivante du New-
York Herald
Il y aura certainement des difficultés ici quand le gé-
néral Blanco arrivera pour relever le général Weyler
de son commandement. Ce dernier est plein d'amer-
tume et, s'il emploie le pouvoir qu'il a encore à Cuba
pour résister à l'autorité du général Blanco, cet officier
aura des difficultés à surmonter pour débarquer à Cuba.
Le gouvernement espagnol, prévoyant un incident à
télégraphié au général Weyler de licencier ses forces
de volontaires qui lui sont toutes dévouées.
Les officiers ont télégraphié à Madrid l'expression de
leur indignation disant qu'ils no peuvent être respon-
sables de leurs troupes si le licenciement a lieu.
Suède
M. Nordenskjoeld, interviewé par un rédacteur de
YAftonbladet, a déclaré que les prétendus appels de
secours, entendus près du Spitzberg, pourraient
provenir de mouvements de glaces et, plus proba-
blement encore, de pécheurs de baleines. Mais il
n'est pas non plus impossible que ces appels aient
été proférés par des compagnons d'Andrée.
Il est à désirer, dit-il, qu'une expédition soit en-
voyée sur les lieux au plus tôt, aux frais communs
de la Suède et de la Norvège.
Afrique orientale
Le correspondant du Times au Caire est infbrnïô,
suivant des nouvelles de Zeïla, que les territoires
du Somaliland situés vers l'embouchure de la riviè-
re Djouba qui figurent sur les cartes comme étant
dans la sphère d'influence italienne sont ravagés
par les chrétiens abyssins et les mahométans gallas.
On dit que le ras Makonnen dirige l'incursion qui
pourrait bien s'étendre jusqu'à la rivière Dawa, sur
les confins de la sphère britannique vers le 5e degré
de latitude nord.
**♦ Une dépêche de Zanzibar au même journal an-
nonce que le sultan de Zanzibar est sérieusement
malade.
On ne craint cependant aucun danger immédiat.
Afrique australe
Hier, après midi, les débats sur la question de la
dynamite ont été repris dans le Parlement transvaa-
lien.
Le général Joubert, vice-président de la Républi-
que sud-africaine, a parlé contre le monopole. Il a
rappelé comment, il y a cinq ans, il avait conseillé
au gouvernement de ne plus protêgeV l'industrie de
la dynamite au Transvaal.
Le leader du parti conservateur dans le Volksraad
a répondu au général Joubert. Il a vivement critiqué
la politique et le discours du général.
Le docteur Leyds est parti hier pour Lourénço-
Marquez, afin de conclure avec le commissaire
royal de cette colonie portugaise un arrangement
pour assurer des facilités aux Cafres qui viennent
de la côte orientale d'Afrique travailler dans les mi-
nes d'or du Transvaal.
La presse de Johannesburg émet l'idée que des
fonctionnaires portugais devraient résider au Rand,
afin de pouvoir protéger les Cafres portugais.
Nous avons tenu nos lecteurs au courant de la
campagne menée par la partie indépendante de la
presse et de l'opinion au Cap, contre les autorités
responsables dos atrocités commises au Bechouana-
land et aussi contre les fonctionnaires du gouverne-
ment colonial, qui ont établi à Capetown un vérita-
ble marché d'esclaves où l'on cède à bas prix, aux
fermiers anglais, les malheureux nègres capturés
dans le district de Langenberg.
On apprendra avec satisfaction qu'un grand mee-
ting a eu lieu dans cette ville, sous les auspices de
l'Association politique sud-africaine, pour condam-
ner l'action du gouvernement colonial comme con-
traire à la justice et aux principes do la constitu-
tion. Les résolutions votées déclarent, en outre, que
les responsabilités dans l'insurrection bechouanale
n'ont pas été établies, que les prisonniers sont con-
damnés sans même être entendus, que beaucoup
sont innocents, qu'enfin, il est inique de ne pas leur
laisser de choix quant aux maîtres dans les fermes
desquelles ils seront employés.
Un des leaders de l'opposition dans le Parlement
du Cap a dit avec courage « Nous ferions bien de
balayer devant notre porte avant de dénoncer le
seuil de nos voisins », et ces paroles ont été applau-
dies par les Afrikanders.
Maroc
Le sultan a battu les tribus rebelles à Tadla. Les
insurgés se sont enfuis dans les montagnes. Beau-
coup de prisonniers ont été conduits à Marrakech où
55 têtes sont exposées sur les murs.
Indes anglaises
L'expédition de Tirah, dirigée contre les Afridis
et les Orakzaïs soulevés à la frontière indo-afghane,
va reprendre sa marche, interrompue par la néces-
sité d organiser les services avec plus de soin qu'on
ne l'avait fait avant l'affaire de .Chagra-Kotal.
Déjà le 15» d'infanterie du Bengale a quitté Kha-
rappa (entre les monts Samana et la vallée de
Khanki), pour éloigner les ennemis harcelant de
trop près les postes et campements anglais son
commandant, le colonel Hadow, a été grièvement
blessé.
En même temps, au cours d'une reconnaissance
poussée, hier après midi, jusqu'au pied du Sempa-
gha (de l'autre côté de la vallée de Khanki), le lieu-
tenant-colonel Sage a été blessé par le feu de l'en-
nemi qui tirait à longue distance et qui, pendant
tout l'après-midi, s'est massé au sommet du défilé.
Aujourd'hui, une des deux divisions de l'expédi-
tion remontera la vallée, l'autre gardant le camp
anglo-indien de Kharappa, où se trouve le généra-
lissime sir William Lockhart en personne.
Quant à la colonne de Pechawer, elle est tou-
jours à Fort-Bara, au sud de cette ville, et l'on sup-
pose qu'elle attend des renforts pour pousser plus
avant (II y a à Rawalpindi une brigade de ré-
serve).
A propos de la façon dont sont conduites ces opé-
rations, le Truth publie une lettre écrite du fort do
Fari-Singh, le 7 septembre, par le hussard Alexan-
dre Wheeling, qui écrit ceci
Rien de sérieux jusqu'à présent. Nous n'avons eu ni
tués ni blessés, mais un certain nombre de nos enne-
mis ont été faits prisonniers. Après avoir obtenu d'eux
les informations nécessaires, on les a conduits en plein
air et on les a fait fusiller par un détachement de
goorkhas.
L'organe de M. Labouchère fait remarquera ce pro-
pos que le massacre des prisonniers de guerre dont
on a préalablement obtenu « les informations nôces-
1 saires » est un procédé parfaitement ignoble. Il ex-
prime l'espoir qu'une enquête établira la fausseté de
ce récit. p q q
États-Unis
Le testament do M. George Pullman vient d'être
1 ouvert. Le richissime constructeur des wagons-pa-
lais laisse à sa veuve sa résidence et une somme de
· 6,250,000 francs; à chacune de ses deux filles, Mmes
Frank Carolan et Frank Lowden, 11,250,000 francs.
j Quant à ses deux fils, George et Sanger Pullman,
t ils sont presque déshérités, car il n'assigne à cha-
i cun, pour tout héritage, qu'une pension annuelle de
5,000 francs. Plusieurs pages du testament sont
onsacrées à l'exposé des raisons qui motivent cette
létermination sévère. Un des paragraphes est ainsi
lonçu
Vu que ni l'un ni l'autre de mes flls n'a montré cette
ionscience de la responsabilité qu'à mon avis il est
lécessaire de posséder pour faire un usage raisonna-
ile de vastes propriétés et de sommes d'argent consi-
lérables, je suis contraint, à mon grand regret,
:omme je le leur ai déclaré explicitement, de limiter
nes dispositions testamentaires à leur égard à des
lépôts ne produisant que juste le revenu que je con-
sidère comme raisonnable pour assurer leur subsi-
stance.
La dépêche de Chicago qui transmet ces disposi-
,ions au Herald paraît les trouver bien dures pour
es deux jeunes gens, car elle ajoute qu'ils ne sont
)as plus mal doués que beaucoup de fils de famille
lui n'ont pas de conseil judiciaire et auxquels leurs
jures n'hésitent pas à. laisser leur fortune- Sans
loute, M. Pullman, qui était un des types les plus
:aractéristiques de cette génération énergique et
jnteeprenante qui a édifié les grandes fortunes
imcncaines, a jugé indignes de posséder sa fortune
les héritiers qui se contentaient d'être comme tant
l'autres les « fils à papa». Ce testament éclaire d'un
our curieux la psychologie des millionnaires amé-
ricains.
On se souvient que récemment le rigide Jay Gould
ui-même laissait à son fils ainé, en dehors de son
Iroit dans la succession, une part d'héritage de
?5 millions, mais seulement à titre d'honoraires pour
es services qu'il lui avait rendus pendant treize ans
lans la gestion de ses vastes entreprises de chemins
le fer.
Un physiologiste et naturaliste distingué, le doc-
teur Alexandre Milton Ross, vient de mourir à De-
lroit, à l'âge de soixante-cinq ans. Il était originaire
iu Canada et était passé à New-York, où il avait
débuté comme simple typographe. En 1851, il com-
mença ses études de médecine et, en 1855, il faisait
partie de la Faculté.
Il prit part ensuite à l'agitation en faveur de l'abo-
lition de l'esclavage et fut agent confidentiel de Lin-
coln au Canada. Depuis, il se consacra exclusive-
ment à la médecine et à la science et fonda à New-
York la Société pour la diffusion des sciences phy-
siologiques en 1881. Il se montra l'un des adversaires
les plus déterminés de la vaccine, la considérant
non seulement comme inutile, mais comme propa-
geant la variole pendant l'existence d'une épidémie.
Il préconisait simplement les strictes mesures d'hy-
giène et l'isolement des malades.
Le docteur Milton Ross appartenait à presque tous
les corps savants d'Europe et d'Amérique. Il refusa
du roi de Bavière le titre de baron qui lui était offert,
mais accepta le consulat de Belgique et de Dane-
mark au Canada.
Il était l'un des fondateurs de l'Ecole de médecine
et chirurgie de Saint-Louis, où il était professeur
d'hygiène et de physiologie.
Outre ses Souvenirs d'un abolitionniste, il laisse de
nombreux ouvrages sur la faune et la flore cana-
diennes, d'autres contre la vaccine et relatifs à
l'hygiène, etc.
NOTES ET LECTURES
(~TRdNC3~ER)
Au vingt-quatrième siècle (1)
Il n'y a pas de forme littéraire plus banale, ni
peutrôtre plus facile, que celle qui consiste à présu-
mer de l'avenir et à se transporter, par exemple, au
vingtième ou au trentième siècle pour y montrer la
suite do nos progrès, ou encore de notre dépravation
d'à présent. Mais, en raison même de sa banalité,
cette forme a l'avantage de se prêter à toutes les fan-
taisies, et si l'on n'en est plus à compter les fasti-
dieuses utopies, scientifiques ou politiques, dont elle
a été l'occasion depuis cinquante ans, c'est elle aussi,
cependant, qui a permis au poète anglais William
Morris de nous offrir, dans ses Nouvelles de nulle
part, un des plus beaux rêves d'humanité supé-
rieure. Et loin de moi, apres cela, i îaee ae comparer
à William Morris le poète et érudit allemand M.
Ferdinand Gross, qui vient de s'essayer à son tour
dans une fiction du même genre! Mais sa fiction, à
lui non plus, n'est pas sans agrément et il y aurait
à signaler plus d'un trait d'une ironie assez diver-
tissante dans le voyage qu'il nous fait faire avec lui
à travers les mœurs et les institutions du vingt-
quatrième siècle.
Il nous conduit, notamment, dans une colonie appe-
lée Lombrosina, en souvenir d'un illustre psychia-
tre italien du dix-neuvième siècle. « Un disciple en-
thousiaste de ce savant a employé tous ses biens à
la fondation et à l'entretien d'une colonie où seraient
appliquées ses remarquables théories touchant l'i-
dentité du crime et du génie. Après lui, d'autres do-
nateurs ont enrichi l'oeuvre et aujourd'hui la Lom-
brosina est entretenue officiellement aux frais des
Etats-Unis d'Europe. »
Le voyageur arrive dans la colonie par un bel
après midi de printemps. « J'aperçus devant moi des
centaines de petites villas entourées de jardins. C'é-
tait un coup d'ceil charmant, et qui parlait à l'àme.
Mon guide me présenta au directeur, qui donna l'or-
dre de me tout montrer dans le plus grand détail. »
Sur une grande esplanade, un orchestre jouait. Le
voyageur entendit une symphonie merveilleuse,
pleine de rythmes étranges et d'harmonies impré-
vues, et exécutée, d'ailleurs, avec un ensemble par-
fait. « C'est, lui dit-on, notre chef d'orchestre lui;
même qui en est l'autour. D'origine allemande, il a
du être transporté ici dès sa jeunesse, tant se sont
montrés forts en lui les symptômes de la folie mu-
sicale. Et cette folie se trouve encore compliquée du
« génie de chef d'orchestre », de sorte que le mal-
heureux porte une double tare. Il n'y a point à espé-
rer qu'il guérisse jamais; jusqu'à la fin de sa vie il
est condamné à rester un musicien de génie. »
Le guide ajouta d'ailleurs que, grâce à un ingé-
nieux système de sélection, et grâce à la relégation
de tout individu contaminé, la production du génie
en Europe était devenue très rare. La science était
parvenue à supprimer presque complètement cette
forme de folie. A Lombrosina même, du reste, les
« géniaux » se trouvaient, à leur insu, étroitement
surveillés et soumis à un régime qui ne tardait pas
à les ramener à la médiocrité normale.
Au cours de sa promenade, le voyageur rencontra
un beau vieillard dont tous les traits respiraient la
douceur et la bienveillance. Il s'avança vers nous; i
mon guide lui serra affectueusement la main et nous
présenta l'un à l'autre. Le vieillard m'interrogea sur
la durée de mon séjour, s'informa de mes impres-
sions, me demanda si j'étais bien armé, la colonie
étant parfois dangereuse à visiter; puis il nous
quitta pour aller prendre son bain froid.
Le pauvre diable dit le guide. Il a eu un grand
malheur.
Comment cela î .#»>̃-
Il a assassiné sa mère 1
Mais c'est un criminel dangereux 1
Oh pas le moins du monde. Il est simplement
venu au monde avec un cerveau qui le prédestinait
au parricide. Et pour tout le reste c'est le meilleur
des hommes.
Tout est mis en oeuvre, dans la colonie, pour em-
pêcher les colons de sa laisser aller à leurs instincts
naturels douches, régime végétarien, distractions
diverses. Mais lorsque l'un d'eux cède à son mal, et,
par exemple, commet un meurtre, il n'y a point de
marques de sympathies qu'on ne lui prodigue. On
se comporte à son égard comme à l'égard de tous les
malades et qui s'aviserait de se fâcher contre un
homme parce qu'il aurait été pris d'une fièvre ty-
phoïde ou d'un accès de goutte? 2
Plus loin encore, et après maintes autres rencon-
tres bizarres, le voyageur fit la connaissance d'un
incendiaire devenu, lui aussi, dans l'intervalle de
ses crises, le meilleur des hommes. Il savait par
cœur tous les poèmes d'Emmanuel Geibel et jouait
de la harpe à émouvoir des rochers. Et lui-même,
étant d'humeur joviale, plaisantait sa « pyroma-
nie »
Ne jouez pas avec le feu 1 disait-il quand, de-
vant lui, on allumait un cigare.
Dans une autre colonie, M. Gross nous fait assis-
ter à une exhibition d'Européens devant une popula-
tion de Peaux-Rouges; une troupe d'Anglais, d'Alle-
mands, de Russes, se livre dans le jardin zoologi-
que de l'endroit, à toutes sortes d'exercices natio-
naux, tels que séances de parlement, réceptions
mondaines, parades militaires, etc., à la grande joie
des visiteurs. La soirée se termine par un tableau
du plus bel effet, l' « Adoration du comédien et de
la comédienne », où toute la troupe des Européens
défile, avec les signes de la vénération la plus pro-
fonde, devant un pitre et une chanteuse de café-con-
cert.
Tout cela, comme on le voit, n'a rien que de très
raffiné, ni même de très nouveau. Mais l'ironie, pour
y être un peu grosse, n'en est pas moins amusante;
et bien d'autres passages encore mériteraient d'être
signalés. T. DE WYZEWA.
» ^i
MARINE
Sont nommés membres de la commission extra-
parlementaire de la marine
Le vicé-amiral Brown de Colstoun, inspecteur géné-
ral de la marine, en remplacement du vice-amiral de
(1) In Lachen und Lseeheln, par F. Grosa. 1 vol. Stutt-
gart librairie Bout, 1898.
la Jaille, appelé au commandement en chef du 5» ar-
rondissement maritime.
Le contre-amiral -de la Bonninière de Beaumont,
membre du conseil des travaux de la marine, en rem-
placement du contre-amiral Chauvin, qui a cessé ses
fonctions à Paris.
Le lieutenant- colonel Le Ny, du 5e d'infanterie de
marine, est mis à la disposition du général comman-
dant en chef les troupes en Indo-Chine, pour servir au
Tonkin.
Le lieutenant-colonel Fouquet, du t" d'infanterie
de marine, est désigné pour commander le régiment
de tirailleurs soudanais.
CHRONIQUE ÉLECTORALE
SEINE. Le comité républicain radical indépen-
dant du quartier Rochechouart à Paris, a désigné à
l'unanimité, M. Lucien-Victor Meunier, rédacteur du
• Rappel et du XIX- Siècle, comme candidat à l'élec-
tion municipale que rend nécessaire l'élection au
Sénat de M. Paul Strauss.
CORSE. Une élection doit avoir lieu le 7 novem-
bre dans l'arrondissement d'Ajaccio pour la succes-
sion de M. Ceccaldi, décédé. Les journaux locaux
annoncent les candidatures de MM. Emmanuel
Arène, député; Stefani, avocat, et Pietri, docteur-
médecin.
NOUVELLES DU JOUR
Le président de la République a reçu la lettre par
laquelle le roi Christian IX de Danemark lui notifie
le mariage de sa petite-fille, la princesse Ingeborg,
avec le prince Charles de Suède et de Norvège, duc
de Westrogothie.
Le prince Christian de Danemark a quitté Paris
hier soir par la gare du Nord, se rendant à Co-
penhague.
Les grands-ducs de Russie Vladimir, Boris et
Alexis sont arrivés à Paris hier soir, venant de San-
di-icourt.
Le prince Louis-Napoléon Bonaparte, colonel du
régiment des lanciers de l'impératrice de Russie,
vient de se rendre à Prangins, en Suisse.
A la suite du concours ouvert le 4 octobre à Paris
pour quatre places d'agrégés des Facultés de droit
(section des sciences économiques), viennent d'être
reçus MM. Emile Chauvin, René Worms, F. Sau-
vain-Jourdan, J. Beuzacar.
Par décret, sont dissous les conseils municipaux
de Rieux-Minervois (Aude), et de MOl1lins-Engil..
bert (Nièvre).
~t'f,' ,>1
LES GRÈVES ;̃̃̃̃'
La grève des ardoisières de Trélazé est terminée.
Les rentrées étaient très nombreuses depuis quel-
ques jours et, hier, l'ensemble des ouvriers a décidé
la rentrée générale sans condition, demandant seu-
lement qu'il ne so;t fait aucun renvoi pour faits de
grève.
AU JOUR LE JOUR
M. Scheurer-Xestner et l'affaire Dreyfus
Depuis quelque temps, la nouvelle s'était répan-
due quo M. Scheurer-Kestner, vice-président du
Sénat, avait acquis la conviction que le prisonnier
des iles du Salut est innocent, et s occupait active-
ment de demander la revision de son procès.
Le Matin, au commencement de ce mois, deman-
dait à M. Scheurer-Kestner si cette nouvelle était
fondée et s'il était exact qu'il se proposât, comme
on lui en prêtait l'intention, d'interpeller le minis-
tère à ce propos. Le 8 octobre, l'honorable sénateur
répondit dethann, en Alsace, où il se trouvait, par
la lettre suivante
Monsieur,
Je n'ai jamais dit à personne, ni dans les couloirs du
Sénat, où je n'ai pas mis les pieds depuis trois mois,
ni ailleurs, que j'aie l'intention qu'on me prête, dites-
vous, d'interpeller le ministère au sujet de l'affaire
Dreyfus.
Vous pouvez donc démentir cette information, si
vous le jugez utile pour une histoire de si peu d'im-
portance à mes yeux.
Recevez mes civilités empressées.
SCHEURER-KESTNER.
Il convient de remarquer que, dans cette lettre, M.
Scheurer-Kestner ne répond qu'à la question précise
que lui pose notre confrère au sujet d'une prétendue
déclaration relative à son intention d'interpeller le
ministère. 11 n'en était pas moins exact qu'il s'oc-
cupait activement de l'affaire du capitaine Dreyfus,
et c'est ce que disait hier, dans les couloirs de la
Chambre, M. Paschal Grousset, qui déclarait on
tenir la nouvelle de M. le sénateur Ranc.
M. Ranc, que nous avons vu, co matin, nous a
confirmé en ces termes l'exactitude des propos qui
lui sont prêtés
Il y a trois mois, nous dit-il, le 14 juillet exactement,
M. Scheurer Kestner, se rendant avec les membres du
bureau du Sénat à la revue de Longchamps, déclara à
ses collègues qu'il venait d'acquérir la conviction
absolue do l'innocence de Dreyfus et qu'il comptait
s'employer à faire rendre justice au condamné.
Cela me fut répété le lendemain. Plus tard, M. Scheu-
rer-Kestner le redit lui-même à plusieurs membres du
Sénat, et, avant-hier encore, à son retour de la cam-
pagne il m'affirmait être convaincu plus que jamais de
l'innocence de l'ex-capitaine.
Mais ni à moi, ni à personne, je crois, M. Scheurer-
Kestner n'a dit sur quoi se basait sa certitude, ni quels
moyens il compte employer pour la faire partager au
public.
Interroge à son tour, M. Scheurer-Kestner s'est
exprimé ainsi:
Vous me permettrez d'abord, pour des raisons que
vous comprenez, de me tenir dans la plus expresse
réserve au sujet. des moyens que j'emploierai pour
assurer la réussite de la cause a laqualle j'ai cru de-
voir m'attacher. Ai-je un dossier comme on le pré-
tend ? N'en ai-je pas? Personne autre que moi n'en a
jamais rien su et ne le saura qu'au jour où il me con-
viendra d'engager l'affaire.
Co que vous pouvez affirmer sans crainte d'aucun
démenti, c'est que les paroles de M. Ranc sont bien
celles que j'ai prononcées; je suis fermement con-
vaincu de l'innocence du capitaine Dreyfus, et je met-
trai tout en couvre pour arriver, non seulement à le
justifier en obtenant la revision de son procès et un
verdict d'acquittement, mais en faisant bonne justice
et le réhabilitant complètement.
Je ne puis dire encore sous quelle forme je présente-
rai le débat. D'ores et déjà vous pouvez démentir de la
façon la plus formelle que j'aie eu à ce sujet, comme
le bruit en a couru, la moindre conversation avec le
président de la République. Je n'ai donc pas eu à lui
fournir « de dossier » au sujet d'une affaire qu'il ignore.
J'ai eu l'honneur de chasser avec le président diman-
che à Marly; c'est peut-être ce qui a donné naissance
à ce bruit, absolument erroné.
C'est tout ce que je puis vous dire pour l'instant.
Bien que la carrière politique et scientifique de M.
Scheurer-Kestner soit très connue, nous croyons
intéressant de la rappeler brièvement. M. Scheurer-
Kestner est originaire de Mulhouse. Après avoir fait
ses études de chimie à l'Ecole de médecine de Paris,
il prit à Thann (Haut-Rhin) la direction des établis-
sements industriels de son beau-père, M. Kestner.
Ardemment attaché aux idées républicaines, il fut,
à la suite d'un procès qu'elles lui valurent, condamné
en 1862 à trois mois de prison et à 2 000 francs d'a-
mendo. En 1870-1871, la délégation de Bordeaux le
chargea de la direction de l'établissement pyrotech-
nique de Cette. Député du Haut-Rhin en 1871, il se
retira avec ses collègues au moment de la cession de
l'Alsace à la Prusse. Elu le 2 juillet 1871 député do la
Seine, il fut nommé sénateur inamovible en 1875 par
l'Assemblée nationale. M. Scheurer-Kestner fut di-
recteur de la .République française durant la période
où Gambetta exerça fes fonctions de président de la
Chambre.Chhniste distingué, il est connu par de nom-
breux travaux. Par son mariage avec Mlle Kestner,
il était le beau-frère de feu Charles Floquet et l'on-
cle de Jules Ferry.
A propos de cette affaire, un de nos confrères
assure qu'un membre du gouvernement, persuadé
que M. Scheurer-Kestner étaitvictime d'une machi-
nation, et, en tout cas, désireux de s'éclairer et d'é-
clairer en même temps l'honorable sénateur, lui
demanda communication de son dossier, lui offrant
do son côté de lui fournir les documents du procès
et d'autres pièces postérieures. M. Scheurer-Kestner
aurait décliné cette proposition.
Le même journal ajoute que le dossier de M.
Scheurer-Kestner contiendrait le nom d'un « homme
de paille » qui d'ailleurs réfugié en Suisse et à
l'abri de toute extradition aurait consenti à assu-
mer la responsabilité des actes pour lesquels l'ex-
capitaine Dreyfus a été condamné.
Nous croyons savoir que ces deux informations
sont absolument erronées.
Le tueur de bergers
(Dépêches de nos correspondants partieuliers)
? Lyon, 29 octobre.
On sait que Vacher a été soupçonné de l'assassi-
nat d'un sieur Lefebvre, à Crosville-la- Vieille (Eure),
et l'on supposait que les vêtements qu'il portait
étaient ceux de la victime. Vacher, interrogé sur ce
noint, déclara qu'il avait volé lesdits vêtements dans
un hameau, à une heure de marche de Courzieu
(Rhône). Le fait vient d'être reconnu exact. Un de
nos confrères a retrouvé le propriétaire des vête-
ments, M. Gérin, cultivateur au hameau des Ver-
chères. Le vol fut commis le lundi 14 juin dernier.
Les habitants de la ferme se rappellent très bien
avoir vu Vacher, dont Ils ont reconnu le signale-
ment. Un domestique l'autorisa même à puiser de
l'eau dans un puits.
Belley, 29 octobre.
Le juge d'instruction continue à mettre tous ses
soins à la reconstitution des itinéraires de Vacher à
travers la France. Son but est ainsi d'arriver à
écarter les dossiers de crimes impunis,qui continuent
à arriver en quantités, lorsqu'ils ne pourront s'ac-
corder avec l'itinéraire.
Les questions du juge ont porté surtout, hier soir,
sur le séjour de Vacher au régiment du 16 novem-
bre 1890 à fin juin 1893. Il declare-n'avoir pendant ce
temps obtenu qu'une permission de huit jours. M.
Fourquet va faire contrôler cette assertion de Va-
cher.
Son internement à Dôle et à Saint-Robert' s'est
prolongé du 7 juillet 1893 au 1er avril 1894. Tous les
crimes commis dans ces intervalles ne sauraient
donc être imputables à Vacher.
L'assassin se montre plus nerveux et plus irrita-
ble que ces jours derniers. Il a demandé plusieurs
fois avec instance à M. Fourquet de lui remettre les
journaux qui s'occupent de son affaire. Le refus du
juge a donné lieu à cette surexcitation.
MOUVEMENT JUDICIAIRE
Par décret sont nommés
Substitut près le tribunal de Saint-Etienne, M. Delà-
cour, procureur à Rodez, en remplacement de M. Le-
guerney, qui sera appelé à d'autres fonctions.
Procureur de la République de Rodez, M. Casteill,
procureur d'Espalion.
Procureur de la République d'Espalion, M. Monsser-
vin, juge d'instruction à Rodez.
Président du tribunal de Civray, M. Giraud, juge
d'instruction à la Roche-sur-Yon, en remplacement de
M. Bonneau, décédé.
Juge à la Roche- sur-Yon, M. Meaume, juge suppléant
chargé de l'instruction à Bressuire.
Juge à Louviers, M. Siefert, juge suppléant au même
siège, en remplacement de M. Marquet, décédé.
Juge à Soissons, M. Vitrant, juge suppléant aumême
siège, en remplacement de M. Tourolle, qui a été
nommé juge d instruction à Laon.
M. Millory, juge à la R,.che-sur-Yon, remplira au
même siège les fonctions de juge d'instruction.
J M. Perrm, juge à Pont-Audemer, remplira au même
siège les fonctions de juge d'instruction, en remplace-
ment de M. Rivière, qui reprendra, sur sa demande,
celles de simple juge.
~m~mam®
FAITS DIVERS
LA TEMPÉRATURE :0
Bureau central météorologique
Vendredi 29 octobre.-La zone de basses pressions et
de mauvais temps qui se tient depuis plusieurs jours
sur l'Atlantique se rapproche des côtes occidentales
d'Europe et le baromètre a baissé de 8 mm. à Valentia
(754 mm.). Les fortespressions se retirent dans le sud-
est du continent (Hermannstadt, 777 mm.)- Le vent est
fort du sud-est au sud de l'Irlande; il est encore faible
ou modéré sur nos côtes. La sécheresse continue sur
tout le continent.
La température se relève en Irlande elle était ce
matin de 6° à Hermanstadt, + 1° à Paris, 16° à Va-
lentia, 19° à Alger.
On notait 8° au puy de Dôme, 3» au mont Ventoux,
2° au pic du Midi.
En France, le temps est encore au beau, mais un chan-
gement prochain est probable.
A Paris, hier, beau.
Moyenne d'hier, 28 octobre, 8°0, inférieure de 0°6 à
la normale.
Depuis hier, midi, température maxima, 18°5; mini-
mum de ce matin, 0»9 (gelée blanche).
Baromètre à sent heures du matin, 768 mm. 0.
A la tour Eiff elî max. 15°4 min. 9°4.
Situation particulière aux ports
Manche. Mer belle à Dunkerque, Calais, Boulogne,
au Havre et Cherbourg.
Océan. Mer peu agitée à Brest; belle à Lorient.
Méditerranée. Mer peu agitée à Marseille, Sicié;
calme à Nice.
Corse. Mer peu agitée aux îles Sanguinaires.
Variations atmosnhéricrues du 29 octobre
JOUR HEUR.23 THERMOMETRE BAROMKTRB
Vendredi.. 8h. matin 8 1/2 au-dessus TGO01" »/»
10 h. 9 »/• n Wa » »
12 h. 12 »/» ~Mmn 1 2
2 h. soir 13 »/» 768=» •»
SOUHAITS DE BIENVENUE. M. Blanc a assisté cet
après-midi, à la préfecture de police, à la séance du
conseil d'hygiène, dont il est devenu président par
suite de sa nomination comme préfet de police. Le
docteur Bouclmrdat, vice-président, lui a souhaité
la bienvenue et l'a assuré du concours de tous les
membres du conseil.
M. Blanc a remercié M. Bouchardat de ses bonnes
paroles « Je sais, a-t-il dit aux membres du conseil,
combien l'œuvre que vous accomplissez est utile à
la population parisienne ausai, vous pouvez comp-
ter que j'y collaborerai avec soin ». Après de
courtes allocutions, le conseil a examiné les affaires
courantes.
LES SYNDICATS DE LA BOUCHERIE: -Le syndicat géné-
ral de la boucherie française et la chambre syndicale
de la boucherie de Paris et du département de la
Seine se sont réunis, hier soir, en assemblée géné-
rale dans la salle des fêtes du Grand-Orient, rue
Cadet. Près de M. Perreau, président, ont pris place
des délégués des syndicats de la boucherie en Angle-
terre et en Autriche, plusieurs députés et conseillers
municipaux le préfet de la Seine s'était fait repré-
senter par M. Arnaud, chef de son secrétariat.
M. Perreau a exposé les revendications des syn-
dicats, parmi lesquelles figurent la suppression des
octrois, la revision dans un sens libéral des décrets
qui réglementent la boucherie, la suppression des
boucheries militaires, etc. MM. Marcehn, secrétaire
de la chambre syndicale, et Chéron, trésorier, ont lu
et fait adopter leurs rapports sur la situation finan-
cière, puis le docteur Bergeot a fait une confé-
rence sur la tuberculose bovine et les moyens de la
combattre.
Un banquet, présidé par M. Boucher, ministre du
commerce, réunira ce soir, à l'hôtel Continental, les
membres des deux syndicats.
POUR LES FAMILLES DES VICTIMES DU « VAILLANT ». A
la suite des naufrages sur le banc de Terre-Neuve
des goélettes Vaillant, Mésange, Anna et Saint-Pierre,
le Temps adressa à ses lecteurs un appel en faveur
des familles des cent marins bretons qui avaient
péri dans ces naufrages. Les souscriptions qui nous
furent adressées par la généreuse charité de nos
lecteurs s'élevèrent au total de 40,500 fr. 75. Cette
somme fut envoyée par nous au commissaire de
l'inscription maritime de Saint-Malo qui avait ac-
cepté de la répartir au prorata les charges des fa-
milles, au moment où commenceraient à s'épuiser
les ressources déjà mises à la disposition de ces
malheureux par le département de la marine.
Une première distribution de 30,000 francs a eu
lieu par les soins du commissaire de l'inscrip-
tion maritime à Saint-Malo, qui nous en infor-
me aujourd'hui. Cette somme a été répartie de la
façon suivante 6,200 francs à Saint-Malo, 11,370
francs à Dinan, 4,550 à Cancale, 7,260 à Saint-Brieuc,
620 à Granville.
La distribution du solde de notre souscription
aura lieu au mois de décembre.
LES FIACRES ÉLECTRIQUES. Nous avons à plusieurs
reprises entretenu nos lecteurs des essais de fiacres
automobiles auxquels se livre la Compagnie géné-
rale des voitures a Paris. Parmi ces voitures auto-
mobiles .le systèmes différents, figure un fiacre
électrique du modèle des cabs, qu'on expérimente
en ce moment dans les rues de Londres.
Les essais ayant été satisfaisants, M. Bixio a im-
médiatement commandé à un constructeur un cer-
tain nombre de ces véhicules, et « d'ici cinq à six
mois, nous dit-il, j'espère pouvoir mettre en circu-
lation dans les rues de Paris, à la disposition du
public, une centaine de fiacres électriques ».
M. Bixio va prochainement transformer un de ses
dépôts en station électrique et il livrera de la force
électrique aux possesseurs d'automobiles qui vien-
dront lui en demander. Il étudiera également un
moyen qui permettra aux petits loueurs d'abandon-
ner à peu de frais la traction animale et leur facili-
tera les moyens de la remplacer, eux aussi, par la
traction électrique.
Le système adopté par la Compagnie générale des
voitures permettrait d'emmagasiner le courant élec-
trique nécessaire pour une circulation de 80 kilomè-
tres. Ce chiffre représente le maximum de circula-
tion quotidienne d'une voiture de place. D'autre
part, le chargement des batteries d'accumulateurs
pourra se faire d'avance. La force électrique étant
donnée à meilleur marché par l'usine d'électricité
pendant le jour que pendant la nuit, la compagnie
fera charger durant la journée ses accumulateurs
et établira des dépôts de batteries 'chargées. Lors-
qu'une voiture aura épuisé la force de sa batterie,
son conducteur la mènera au dépôt où il remplacera
ses accumulateurs par des accumulateurs chargés.
Quelle sera la forme de ces nouveaux véhicules 1
Nous avons posé cette question à M. Bixio, etil
nous répond
Je ne sais pas encore. Je suis hésitant. Une voi-
ture sans cheval ne devrait pas revêtir la même forme
que celles actuellement en usage; la question d'esthé-
tique ne m'est pas indifférente. En cette matière je
voudrais innover. Je rêve d'un véhicule léger autant
que possible, agréable à l'œil, débarrassée de tout sou-
venir du fiacre démodé. Il faudrait aussi que le, nacre1
nouveau offrît une plus grande commodité au voyageur,
une voiture à quatre places, une sorte de landau dé-
couvert ou fermé à volonté, me plairait assez; il serait
accueilli favorablement, je crois, par le public. Cela em-
pêcherait il est vrai, les journalistes de pester deux
fois par an contre le retard apporté par la compagnie
à mettre en circulation des voitures fermées ou décou-
vertes, suivant la saison. Mais je pense que vous con.
sentiriez de bon cœur à ce sacrifice, si je vous donnais,
en échange des fiacres dont vous vous plaignez, des
voitures plus confortables.
Enfin, j'ai une douzaine de projets de fiacres à formes
différentes, je tâcherai de choisir le plus beau, ou le
moins laid, comme vous voudrez.
M. Bixio nous annonce, en outre, qu'il n'a pas
abandonné son espoir de diminuer le prix des peti-
tes courses, ou plutôt de fractionner le prix de la,
course et de l'heure. Mais il estime que cette réfor«
me est intimement liée à celle des fiacres automo- •
biles.
LE COMPLIMENT AUX MARIÉS. Un léger incident fest;
produit hier matin, à la mairie du 4e arrondisse-
ment, au cours de la célébration d'un mariage à la-*
quelle procédait M. Georges Fabre, adjoint au maire.
Deux conseillers municipaux, témoins et invités de»
conjoints, ayant voulu prendre la parole pour félici-
ter ces derniers, l'autorisation leur en fut refusée*
M. Fabre nous a expliqué pourquoi.
J'allais, nous dit-il, commencer la cérémonie, lors-
qu'un des témoins, M. Champoudry j'ai su depuis
qu'il est conseiller municipal me demanda s'il pou-
vait adresser publiquement quelques mots de félicita-
tion aux futurs époux.
Non, répondis-je, je ne le peux pas, ici, dans la
salle des mariages.
Un des invités me fit alors passer sa carte en de-
mandant la même autorisation. C'était M. Ranson, con-
seiller municipal. Je lui fis la même réponse.
Mais, le mariage accompli, je m'avançai vers cet
messieurs
Si vous désirez toujours, leur dis-je, prononcer
un discours, je mets à votre disposition mon cabinet,
Vous serez là chez vous et pourrez dire ce qu'il voue
plaira.
Non, me répondit M. Champoudry, la manifesta-
tion ne serait pas la même.
-Je le regrette, mais vous ne pouvez faire ici de
manifestation d'aucune sorte. Le maire ou ses adjoints
peuvent seuls prendre la parole dans la salle des. •
mariages.
Sur cette phrase, tout le monde sortit, et c'est
ainsi que se termina l'incident.
Je n'y attache d'ailleurs aucune importance, nous!dit
M. Georges Fabre, et je n'ai fait hier que me confort-
mer à une règle absolue. La salle des mariages ne peui
être transformée en salle de réunion publique, ce qui*
ne manquerait pas d'arriver si tout le monde y pouvait
parler à sa fantaisie. Voulez-vous un exemple?
Récemment un prêtre était témoin dans un mariage
célébré par moi. Lui aussi voulut parler et je m'y op-
posai. Mais que fût-il arrivé dans le cas contraire, st
ce prêtre, sous prétexte de féliciter les mariés avait
attaqué le mariage civil, et si quelque invité, étan»i
d'avis contraire, lui avait répondu vertementt
LE COMMISSAIRE BOOKMAKER. La passion du jeu aux
courses amène chaque jour de nouvelles catastro-
phes et cependant les découvertes de la police mon..
trent que les agences clandestines de paris pullulent'
de plus en plus. Hier encore, rue Saint-André-d>es-
Arts, une agence nouvelle était signalée et fermé»
d'une manière assez originale.
M. Vollet, commissaire de police du quartier de
la Monnaie, avait été informé que Mme X. mar-
chande de vin de la rue Samt-André-des-Arts,.
transformait son débit, chaque jour, d'une heure à
deux, en bureau de paris. Il se rendit, hier, accom-
pagné de son secrétaire, dans la boutique signalée {;
il n'y avait encore aucun parieur. Le magistrat in«
tima alors à Mme X. l'ordre de rester à son comp-
toir sans mot dire, plaça deux inspecteurs dans!
l'arrière-boutique, s'assit à une table, près de la<
porte et attendit.
Un ouvrier entra, peu après.
-Vous venez pour les paris? demanda le book«;
maker improvisé. Oui. Tiens, vous êtes nouveau?'.
Je remplace l'autre, pour deux jours. Et hier, ça:
a marché? Hum 1 hum! On dit toujours ça. Eb.'
bien 1 passez dans l'arrière-boutique. Oui, oui, j«
sais. Je suis un habitué.
Et le nouvel arrivant entra dans la pièce du fond.
Il y trouva de nouveaux visages. C'étaient les in-
specteurs, qui le prièrent de s'asseoir, se mirent ai
sa disposition, reçurent son enjeu, puis déclinèrent'
leurs titres et le maintinrent, cette fois, à leur dis»
position.
Cette petite scène se reproduisit une dizaine dff
fois. Au bout d'une heure, M. Vollet avait recueille
une somme assez rondelette et l'arriôre-boutiqus
était pleine. On se rendit ensemble au commissariat.,
où toute une série de procès-verbaux fut dressée.
L'AMATEUR DE PEINTURE ÉBAHI. Un peintre connu,
ancien élève de N. Diaz, M. Léon Richet, avait, il j
a une vingtaine d'années, fait un paysage roprésen*
tant la foret de Fontainebleau; on y voyait, au pro.
mier plan, une femme assise au bord d'une mare, j
Ce tableau devint, il y a quelque temps, la pro-
pricté de M. X. qui, remarquant sur la toile a in-
quittantes craquelures, alla demander au peintro
quelques conseils sur les moyens de les réparer.
M. Léon Richet, heureux de revoir cette œuvra
ancienne, offrit gracieusement à l'amateur de retou-
cher lui-môme la peinture et d'y apporter quelques
modifications qui devaient, disait-il, améliorer la
composition du tableau. L'amateur accepta avec re-
connaissance.
Au bout de quelques jours, le peintre écrivit à M.
X. que son tableau était restauré. M. X. accourui
chez l'artiste, mais fut désagréablement surpris eu,
constatant que M. Richet avait, dans son travail de
restauration, supprimé la femme du premier plan.
Il rentrait chez lui, soucieux, mécontent a'una
restauration qui, à son avis, avait diminué la valeur
de son tableau, quand, passant boulevard Hauss-
mann, il s'arrêta stupéfatt et interdit devant la vi-
trine d'un marchand d'objets d'art. Il venait d'aper-
cevoir, au milieu do l'étalage, sa toile, sa propre
toile, celle qu'il avait portée dans l'atelier de M.. Ri-
elict; seulement, le tableau qu'il avait sous les yeux
était signé N. Diaz.
Convaincu que l'artiste l'avait trompé et avait
changé la signature de son tableau pour le vendre,
M. X. se rendit chez le commissaire de police, au-
près de qui il déposa plaintecontre M. Richet, l'ac-
cusant d'escroquerie et de faux.
Il s'enquit ensuite d'un expert et s'adressa à ftf.
Bernheim jeune, auquel il raconta ses griefs.
L'expert, ayant sous les yeux le tableau du bouw
levard Haussmann, jugea "que c'était là une œuvra
de Léon Richet, retouchée par Diaz. Il reconnut fa-
cilement la manière du maître dans une partie di£
paysage et du ciel. Quant à la signature, elle lui pa-
rut des plus douteuses. Mais, comme il connaissait.
M. Léon Richet pour un parfait galant homme, in-
capable d'une indélicatesse quelconque, l'expert pro»
posa à l'amateur de porter chez l'artiste ce tableau
signé Diaz etde le confronter avec celui qui venait
d'être restauré.
M. Léon Richet confirma la déclaration de l'ex«
pert. Il se souvint avoir fait deux tableaux repré-
sentant lo même paysage. Le premier, jugé médio-
cre par Diaz, avait été complètement repeint par 1»
maître, et le second, fait suivant les indications dû
Diaz, avait été entièrement point de la main de l'ô*
lève.
Apprenant alors qu'il était l'objet d'une accusa-
tion auprès du commissaire de police, et devant les
doutes et les hochements de tête de l'amateur, l'ar«
tiste saisit en riant un flacon d'essence do térében-
thine, et ayant imbibé de cette substance un chif-
fon de laine, se mit à enlever toute la partie re-
peinte. L'amateur ne fut pas médiocrement ébahi
en voyant tout à coup surgir la figure de femme au.
bord de la marc, et en reconnaissant son tableau tel
qu'il l'avait apporté chez M. Léon Richet.
Honteux et confus, M. X. s'empressa d'aller rc-«
tirer sa plainte.
UN DRAME DANS UNE ROULOTTE. On nous télégra-
phie de Perpignan qu'un drame terrible vient de se
dérouler à Céret. Un gymnasiarque, employé au
cirque Remmingcr, a tué sa maîtresse à coups do ra-
soir ce matin. Il s'est tué ensuite avec la même ar-
me dans sa roulotte. La jalousie est le mobile de ce
crime.
Le meurtrier est un Italien de trente-deux ans. Sa
maitresse est veuve et âgée de vingt-huit ans. Elle,
faisait la voltige. L'homme maniait les poids. Des
disputes fréquentes avaient lieu entre eux. Hier,
après la représentation, ils se sont disputés jusqu'à
quatre heures du matin. Ce matin, au moment de so
lever, les disputes ont recommencé. Le meurtre a
été si rapide qu'on n'a pu porter secours à la fem-
me, qui était à moitié habillée. Elle est tombée sur
l'escalier de la roulotte, la gorge coupée. Le meur-
trier, en chemise, s'est scié presque le cou, au fon<£
de la roulotte. Les corps ont été transportés à l'hô-
pital.
ARRESTATION D'UN NOTAIRE. M. Henri Brousseau,
notaire à Salles de Villefagnan, a été écroué à la
prison de Ruffec, sous l'inculpation de faux et abus:
de confiance qualifiés.
M. Brousseau, ancien conseiller d'arrondissement
réactionnaire du canton de Villefagnan, était notaire
à Salles depuis 1881, où il est actuellement adjoint
au maire.
CHASSE AUX DÉSERTEURS. Les indigènes de Nedro-
mah, pays voisin de Lalla-Marnia (Algérie), voyant,
depuis quelques jours,neuf soldats de la légion êtran»
gère errer sur divers points de leur territoire, en
conclurent qu'ils étaient déserteurs, s'armèrent de
fusils et les pourchassèrent comme des bêtes
fauves.
Deux d'entre eux furent blessés, l'un à la jambe,
l'autre au bras, capturés et amenés à Nedromah où
ils furent admis à l'hôpital militaire.
INFORMATIONS DIVERSES
Le grand-duc Vladimir a fait mercredi dernier une
longue visite au musée du Louvre. Arrivé à deux heu-
res, il n'en est parti qu'à cinq heures. Accompagné d M. Roujon, de M. Kaempfen et de plusieurs fonction-
naires de la conservation, le grand-duc, qui connaît
déjà à fond le Louvre, a examiné avec le plus vif inté«
rêt et beaucoup admiré les plus récentes acquisitions
des divers départements. Il a visité aussi la nouvelle
grande salle des Etats, où les travaux sont poussés
activement par l'éminent architecte M. Redon, et s'est
arrêté pendant une heure environ à la chalcographie,
où il a demandé des explications détaillées aux ou-
vriers chalcographes: deux belles planches, laVierge au
donataire, de M. Flameng, d'après van Eyck, et le por-
trait d'Erasme, de M. Bracquemomi, d'après Holbein,
ont été tirées en présence du grand-duc, qui a bien
voulu accepter ces deux gravures à titre de souvenir.
La fête des instituteurs. La fête offerte par la. mu*
nicipalité de Paris, dans les salons de l'Hôtel de Ville,
aux instituteurs et institutrices du département de le.
Seine, à l'occasion du 25° anniversaire de la fondation
des écoles normales. a été des plus brillantes.
Les invités étaient reçus par MM. de Selves, préfet
estimé qu'on ne pouvait exiger qu'un homme qui a i f
vingt brevets eût vingt centres de fabrication. Il n'a J
môme pas accepté que chaque pays de l'union obli- c
geât le breveté à exploiter par voie de vente sur
son territoire. Le groupe allemand a seulement con- J
cède que le breveté pourrait être déclaré déchu si, c
n'exploitant pas lui-même, il se refuse à accorder
des licences.
Les revendications françaises ont triomphé dans (
la matière des marques de fabrique. Notre loi laisse
la plus grande latitude pour le choix des marques, J
se qui n'empêche pas les marqués françaises de f
faire assez bonne figure dans le monde. D'autres ̃
pays, craignant des tromperies ou des confusions i
possibles, réglementent strictement le choix des ]
marques. La convention de 1883, pour concilier ces i
divergences, a décidé que la marque régulièrement <
déposée dans le pays d'origine serait admise telle J
quelle dans tous les pays de l'Union. Elle assure (
ainsi au commerçant ou au fabricant l'unité delà
^aarnue sous laquelle son produit est connu.
Uif congressiste allemand, M. Fehiert, a proposé
que les pays de l'union fussent autorisés à repous- ]
ser les marques qui ne satisferaient pas à certaines f
exigences de la loi nationale. La conséquence eût été
l'interdiction à l'étranger d'un grand nombre de nos
marques françaises les plus honorablement connues,
dont la concurrence est la plus redoutée. Cette théo-
rie a provoqué une vive réponse du rapporteur géné-
ral, M. Maillard. S'emparant très opportunément
d'un arrêt de la Cour suprême do Leipzig, il a mon-
tré que les juges allemands eux-mêmes avaient pro-
clamé que l'intérêt du commerce exige qu'un indus-
triel possède une marque unitaire, valablement re-
connue dans les deux hémisphères. Le congrès s'est
rangé à l'avis du rapporteur à une grosse majorité.
C'est un bel avantage remporté sur des idées parti-
cularistes.
Le courant était établi. Un esprit de large équité a
inspiré les derniers votes du congrès. Sur la propo-
sition de M. Armengaud jeune il émet un vœu à j
l'appui de l'action diplomatique engagée pour que le
gouvernement allemand accorde aux Français le bé-
néfice de la loi sur les modèles d'utilité. Les intéres-
ses approuveront les votes intervenus sur la protec-
tion internationale des dessins de fabrique, sur la
classification internationale des marques, sur l'uni-
fication des formalités pour la prise des brevets, sur
l'indépendance des brevets pris dans divers pays.
Le prochain congrès aura lieu à Londres, en 1898,
pendant la semaine de la Pentecôte.
Il serait injuste, en terminant, de ne pas rendre
hommage à l'exquise hospitalité viennoise qui s'est
ingéniée à révéler aux congressistes toutes les
beautés et tous les agréments de la capitale autri-
chienne. Le clou de ces fêtes a été le pantagruélique
̃déjeuner offert à l'hôtel de ville par le bourgmestre
Lueger et ses adjoints, le cou entouré de colliers
d'or. Puis, le repas fini, M. Lueger a conduit quel-
ques-uns de ses invités à la Chambre des députés,
et c'était précisément le jour où ses partisans se
sont livrés à des violences qui ont été jusqu'aux
voies de fait. Ed. Seligman.
i mt»'
A PROPOS DE LA TRIPLE ALLUKCE
Les révélations de la Nuova Anlologia sur la triple
alliance continuent à défrayer la presse européenne
et provoquent des explications supplémentaires.
Le sénateur Chiala, dans une lettre adressée à l'of-
ficieuse Opinione, reconnaît que M. Frassati a publié
la fameuse lettre du comte de Robilant avec son
consentement et il regrette seulement qu'un livre
documentaire sur l'histoire de la triple et de la dou-
ble alliance, auquel il est en train de mettre la der-
nière main, n'ait pas encore pu paraître. Cette pu-
blication, dit-il, aurait suffi à prévenir les innom-
brables commentaires de toute sorte soulevés par
l'article de la Nuova Antologia.
M. Crispi, de son côté, va dire son mot sur l'affai-
re dans un article que doit publier le Nineteenth
Cenlury dans son prochain numéro. D'après un ré-
sumé de cet article, que donne la Tribuna, M. Crispi
dit que la triplice est une triple alliance pour la paix
et une double alliance en cas do guerre. Il prétend
que l'Alsace-Lorraine n'a jamais manifesté un désir
réel d'être de nouveau réunie à la France et que son
attitude diffère entièrement de l'attitude de l'Italie
lorsque ses principautés étaient soumises à l'Au-
triche.
M. Crispi termine en exprimant l'espoir que l'al-
liance franco-russe subira le même sort que' l'al-
liance conclue entre Napoléon Ier et le tsar Alexan-
dre, en 1808.
Enfin, les Dernières Nouvelles de Leipzig publient
un article qui semble avoir été inspiré par M. de
Bismarck..
Le prince Bismarck, y est-il dit, se garda de faire
aucune avance à l'Italie pour le renouvellement de
l'alliance, parce que la politique italienne cherche
toujours à s'assurer les plus grands avantages en
ffetour des plus petits services, et que, si l'Allemagne
avait paru attacher trop de valeur à l'alliance de
l'Italie, celle-ci aurait émis immédiatement des pré-
tentions exagérées. Mais, au fond, le prince Bis-
marck attachait une grande valeur à l'adhésion de
l'Italie à la triple alliance, pour des motifs à la fois
politiques et militaires. D'abord, cette adhésion main-
tenait jusqu'à un certain point l'Italie en dehors de
l'influence française. Ensuite, si la coopération mili-
taire de l'Italie ne pouvait apporter que peu d'appui
à l'Allemagne au nord des Alpes, elle permettait à
l'Autriche de consacrer toutes ses forces à la cause
commune au lieu d'en détacher une partie pour sur-
veiller la frontière italienne.
L'auteur de l'article affirme avoir souvent entendu
M. do Bismarck depuis sa retraite, s'exprimer de
cette sorte:
Si l'Italie, pour des raisons d'ordre financier, cédait à
la tentation de mener une existence facile aux dépens
de la triple alliance, il faudrait la laisser faire. Même
une Italie, diminuée en force, et ne faisant que ce
qu'elle est capable de faire, rendrait service à la triple
alliance pour les raisons mentionnées ci-dessus.
Le prince Bismarck chercha toujours à satisfaire
la vanité nationale de l'Italie en lui attribuant le rôle
d'une grande puissance européenne et c'est lui qui
sut la maintenir en 1892 dans la triple alliance.
Si le comte de Robilant voulut qu un accord avec
l'Angleterre pour la protection des intérêts italiens
dans la Méditerranée fût uno des conditions do son
renouvellement de l'alliance avec l'Autriche et l'Al-
lemagne, il n'a fait que ce que le prince Bismarck
aurait fait à sa place. L' ex-chancelier a toujours été
d'avis que les parties contractantes de la triple al-
liance devaient pouvoir librement sauvegarder leurs
intérêts particuliers, en concluant en même temps
des traités avec d'autres puissances. C'est ce que
M. de Bismarck fit lui-même en concluant le traité
russo-allemand de Neu-Strelitz.
NOUVELLES DE L'ETRANGER
Alsace-Lorraine
On se rappelle que le lieutenant de Puttkamer, en
garnison à Metz, qui vit séparé de sa femme, avait
tmlevô à cette dernière un enfant issu do leur ma-
riage.
Pour ce fait le lieutenant avait été condamné par
la cour d'appel de Halle à quatre semaines de pri-
son. L'autorité militaire ne reconnut pas tout d'abord
la validité do cette condamnation civile. Le conflit
durait depuis quelque temps. Or, on apprend main-
tenant que l'autorité militaire a donné l'ordre au
lieutenant de se rendre à la forteresse de Magde-
bourg pour y purger ses quatre semaines de pri-
son, ̃i§^B^" Allemagne
On annonce que des manœuvres d'hiver auront
)ieu sur une plus grande échelle que les années pré-
cédentes. On dit que tout le corps de la garde effec-
tuera ces manœuvres sous les ordres de l'empereur.
♦ En ce moment, on procède dans le grand-duché
de Bade aux élections pour la Diète. Les nationaux-
libéraux, qui avaient la majorité dans le dernier
Landtag, sont battus dès maintenant par l'opposi-
tion. A'Carlsruhe même, deux socialistes et un dé-
mocrate ont été élus. A Mannheim, à Heidelberg, à
Fribourg, les partis de l'opposition, clérical, dômo-
erate, socialiste, triomphent.
Angleterre
Le chancelier do l'Echiquier, sir Michaël Hicks
Beachi, a prononcé hier, au congrès annuel de
l'Association ouvrière conservatrice de Bristol, un
discours dans lequel il a fait allusion comme suit à
la question du bimétallisme
Le gouvernement et la Banque d'Angleterre avaient
le devoir de rejeter toutes les propositions tendant à
affecter d'une façon préjudiciable la réserve d'or du
pays. Le gouvernement indien a été consulté sur l'op-
portunité de rouvrir ses hôtels des monnaies à lafrappe
de l'argent. Il a refusé et j'estime qu'il a bien fait.
Mais, eut-il eu tort, notre gouvernement n'aurait pas
été justifié à lui forcer la main aussi n'a-t-il pas voulu
faire des promesses qu'il n'aurait pu tenir.
Le Times, commentant ces déclarations, revient
en ces termes sur la même question
Ce n'est pas là une défense suffisante de l'action du
gouvernement à l'égard de la Banque. Certes, nul
n'ignorait que la proposition de convertir en argent
une partie de la réserve métallique do cette institution
serait accompagnée d'une condition qui, au point de
vue des bimélailistes, lui ôteraittoute valeur pratique,
mais elle n'en a pas moins été considérée dans tout le
monde comme un signe de faiblesse de la part de la
Banque d'Angleterre.
Signalons encore ici la dépêche suivante do Lon-
dres, dont l'agence Havas est rer.ponsable
M. Wolcott, l'un des délégués américains chargés de
pressentir les principales puissances de l'Europe au
Sujet de la réouverture des hôtels de monnaies à la
frappa libre de l'argent, est reparti pour Paris, pour 1
faire une nouvelle tentative auprès du gouvernement (
français, et voir si ce dernier consentirait à présenter c
de nouvelles propositions à l'Angleterre.
On assure que cette démarche ne pourra avoir aucun (
résultat, la France, comme l'Angleterre, considérant
qu'après la réponse de cette dernière la mission des (
déléaués des États-Unis a complètement échoué. i t
Le duc d'Alençon, qui occupait Bushey park c
depuis la mort de son père, le duc de Nemours, <
vient, d'après la Westminster Gazette, d'écrire à la J
reine Victoria qu'il cédait la possession de cette iô-
sidence. Elle appartient à la couronne et fut habitée
par la reine Adélaïde, veuve de Guillaume IV, pen-
dant les douze années de son veuvage. La reine
Victoria la mit, en 1849, à la disposition du duc de 1
Nemours son cousin par alliance et l'on an- 1
nonce qu'après avoir été pendant quarante-huit ans ]
occupé par des membres de la famille d'Orléans,
Bushey sera donné au duc d'York, futur roi de
Grande-Bretagne et d'Irlande.
Belgique ;l
VEloile belge dit que des renseignements pris 8
l'administration du Congo portent qu'elle n'a jamais
songé à fonder un sanatorium au Maroc. 1
Le roi Léopold a reçu hier M. Gérard, ministre
de France à Pékin, de passage à Bruxelles. Un dîner
de vingt-cinq couverts a eu lieu au palais, en l'hon-
neurde M. Gérard.
On nous écrit de Bruxelles, 28 octobre i
L'amendement Helleputte tendant à donner aux
unions professionnelles le droit de faire le commerce
comme toute société douée de la personnification ci-
.yile, a fait aujourd'hui l'objet de toute la discussion à
la séance de la Chambre.
L'auteur l'a vivement défendu et maintenu contre les
attaques de M. Woeste, se plaçant principalement au
point de vue des syndicats agricoles. Et l'extrême gau-
che, parla voix de MM. Anseele et Vandervelde, ayant
déclaré s'y rallier, le chef du cabinet est intervenu pour
s'opposer très énergiquement à la formation d'une ma-
jorité sur ce point spécial, qui consacrerait le collecti-
visme décentralisé, 1 absorption de l'individu par l'union.
Le gouvernement veut que l'union puisse défendre les
intérêts professionnels de ses membres sans se substi-
tuer à leur action individuelle. Et il tient si essentiel-
lement à cette manière de voir que M. De Smet déclare
en terminant que, si l'amendement était voté par la
Chambre, le devoir du gouvernement serait de le com-
battre au Sénat et, s'il réunissait une majorité devant
la haute assemblée, de retirer le projet de loi.
Espagne
Suivant la Correspondencia de Madrid, les gou-
vernements de Madrid et de Washington seraient
d'accord pour ajourner la publication du texte des
dernières notes échangées jusqu'à l'ouverture du
Congrès américain.
Le New- York Herald persiste à publier des dépê-
ches alarmantes sur les intentions du général Wey-
ler, quoique ce dernier ait adressé, dit-on, à Madrid,
des télégrammes au gouvernement espagnol pour
affirmer sa loyauté. Aussi nous ne reproduisons que
sous toutes réserves l'information suivante du New-
York Herald
Il y aura certainement des difficultés ici quand le gé-
néral Blanco arrivera pour relever le général Weyler
de son commandement. Ce dernier est plein d'amer-
tume et, s'il emploie le pouvoir qu'il a encore à Cuba
pour résister à l'autorité du général Blanco, cet officier
aura des difficultés à surmonter pour débarquer à Cuba.
Le gouvernement espagnol, prévoyant un incident à
télégraphié au général Weyler de licencier ses forces
de volontaires qui lui sont toutes dévouées.
Les officiers ont télégraphié à Madrid l'expression de
leur indignation disant qu'ils no peuvent être respon-
sables de leurs troupes si le licenciement a lieu.
Suède
M. Nordenskjoeld, interviewé par un rédacteur de
YAftonbladet, a déclaré que les prétendus appels de
secours, entendus près du Spitzberg, pourraient
provenir de mouvements de glaces et, plus proba-
blement encore, de pécheurs de baleines. Mais il
n'est pas non plus impossible que ces appels aient
été proférés par des compagnons d'Andrée.
Il est à désirer, dit-il, qu'une expédition soit en-
voyée sur les lieux au plus tôt, aux frais communs
de la Suède et de la Norvège.
Afrique orientale
Le correspondant du Times au Caire est infbrnïô,
suivant des nouvelles de Zeïla, que les territoires
du Somaliland situés vers l'embouchure de la riviè-
re Djouba qui figurent sur les cartes comme étant
dans la sphère d'influence italienne sont ravagés
par les chrétiens abyssins et les mahométans gallas.
On dit que le ras Makonnen dirige l'incursion qui
pourrait bien s'étendre jusqu'à la rivière Dawa, sur
les confins de la sphère britannique vers le 5e degré
de latitude nord.
**♦ Une dépêche de Zanzibar au même journal an-
nonce que le sultan de Zanzibar est sérieusement
malade.
On ne craint cependant aucun danger immédiat.
Afrique australe
Hier, après midi, les débats sur la question de la
dynamite ont été repris dans le Parlement transvaa-
lien.
Le général Joubert, vice-président de la Républi-
que sud-africaine, a parlé contre le monopole. Il a
rappelé comment, il y a cinq ans, il avait conseillé
au gouvernement de ne plus protêgeV l'industrie de
la dynamite au Transvaal.
Le leader du parti conservateur dans le Volksraad
a répondu au général Joubert. Il a vivement critiqué
la politique et le discours du général.
Le docteur Leyds est parti hier pour Lourénço-
Marquez, afin de conclure avec le commissaire
royal de cette colonie portugaise un arrangement
pour assurer des facilités aux Cafres qui viennent
de la côte orientale d'Afrique travailler dans les mi-
nes d'or du Transvaal.
La presse de Johannesburg émet l'idée que des
fonctionnaires portugais devraient résider au Rand,
afin de pouvoir protéger les Cafres portugais.
Nous avons tenu nos lecteurs au courant de la
campagne menée par la partie indépendante de la
presse et de l'opinion au Cap, contre les autorités
responsables dos atrocités commises au Bechouana-
land et aussi contre les fonctionnaires du gouverne-
ment colonial, qui ont établi à Capetown un vérita-
ble marché d'esclaves où l'on cède à bas prix, aux
fermiers anglais, les malheureux nègres capturés
dans le district de Langenberg.
On apprendra avec satisfaction qu'un grand mee-
ting a eu lieu dans cette ville, sous les auspices de
l'Association politique sud-africaine, pour condam-
ner l'action du gouvernement colonial comme con-
traire à la justice et aux principes do la constitu-
tion. Les résolutions votées déclarent, en outre, que
les responsabilités dans l'insurrection bechouanale
n'ont pas été établies, que les prisonniers sont con-
damnés sans même être entendus, que beaucoup
sont innocents, qu'enfin, il est inique de ne pas leur
laisser de choix quant aux maîtres dans les fermes
desquelles ils seront employés.
Un des leaders de l'opposition dans le Parlement
du Cap a dit avec courage « Nous ferions bien de
balayer devant notre porte avant de dénoncer le
seuil de nos voisins », et ces paroles ont été applau-
dies par les Afrikanders.
Maroc
Le sultan a battu les tribus rebelles à Tadla. Les
insurgés se sont enfuis dans les montagnes. Beau-
coup de prisonniers ont été conduits à Marrakech où
55 têtes sont exposées sur les murs.
Indes anglaises
L'expédition de Tirah, dirigée contre les Afridis
et les Orakzaïs soulevés à la frontière indo-afghane,
va reprendre sa marche, interrompue par la néces-
sité d organiser les services avec plus de soin qu'on
ne l'avait fait avant l'affaire de .Chagra-Kotal.
Déjà le 15» d'infanterie du Bengale a quitté Kha-
rappa (entre les monts Samana et la vallée de
Khanki), pour éloigner les ennemis harcelant de
trop près les postes et campements anglais son
commandant, le colonel Hadow, a été grièvement
blessé.
En même temps, au cours d'une reconnaissance
poussée, hier après midi, jusqu'au pied du Sempa-
gha (de l'autre côté de la vallée de Khanki), le lieu-
tenant-colonel Sage a été blessé par le feu de l'en-
nemi qui tirait à longue distance et qui, pendant
tout l'après-midi, s'est massé au sommet du défilé.
Aujourd'hui, une des deux divisions de l'expédi-
tion remontera la vallée, l'autre gardant le camp
anglo-indien de Kharappa, où se trouve le généra-
lissime sir William Lockhart en personne.
Quant à la colonne de Pechawer, elle est tou-
jours à Fort-Bara, au sud de cette ville, et l'on sup-
pose qu'elle attend des renforts pour pousser plus
avant (II y a à Rawalpindi une brigade de ré-
serve).
A propos de la façon dont sont conduites ces opé-
rations, le Truth publie une lettre écrite du fort do
Fari-Singh, le 7 septembre, par le hussard Alexan-
dre Wheeling, qui écrit ceci
Rien de sérieux jusqu'à présent. Nous n'avons eu ni
tués ni blessés, mais un certain nombre de nos enne-
mis ont été faits prisonniers. Après avoir obtenu d'eux
les informations nécessaires, on les a conduits en plein
air et on les a fait fusiller par un détachement de
goorkhas.
L'organe de M. Labouchère fait remarquera ce pro-
pos que le massacre des prisonniers de guerre dont
on a préalablement obtenu « les informations nôces-
1 saires » est un procédé parfaitement ignoble. Il ex-
prime l'espoir qu'une enquête établira la fausseté de
ce récit. p q q
États-Unis
Le testament do M. George Pullman vient d'être
1 ouvert. Le richissime constructeur des wagons-pa-
lais laisse à sa veuve sa résidence et une somme de
· 6,250,000 francs; à chacune de ses deux filles, Mmes
Frank Carolan et Frank Lowden, 11,250,000 francs.
j Quant à ses deux fils, George et Sanger Pullman,
t ils sont presque déshérités, car il n'assigne à cha-
i cun, pour tout héritage, qu'une pension annuelle de
5,000 francs. Plusieurs pages du testament sont
onsacrées à l'exposé des raisons qui motivent cette
létermination sévère. Un des paragraphes est ainsi
lonçu
Vu que ni l'un ni l'autre de mes flls n'a montré cette
ionscience de la responsabilité qu'à mon avis il est
lécessaire de posséder pour faire un usage raisonna-
ile de vastes propriétés et de sommes d'argent consi-
lérables, je suis contraint, à mon grand regret,
:omme je le leur ai déclaré explicitement, de limiter
nes dispositions testamentaires à leur égard à des
lépôts ne produisant que juste le revenu que je con-
sidère comme raisonnable pour assurer leur subsi-
stance.
La dépêche de Chicago qui transmet ces disposi-
,ions au Herald paraît les trouver bien dures pour
es deux jeunes gens, car elle ajoute qu'ils ne sont
)as plus mal doués que beaucoup de fils de famille
lui n'ont pas de conseil judiciaire et auxquels leurs
jures n'hésitent pas à. laisser leur fortune- Sans
loute, M. Pullman, qui était un des types les plus
:aractéristiques de cette génération énergique et
jnteeprenante qui a édifié les grandes fortunes
imcncaines, a jugé indignes de posséder sa fortune
les héritiers qui se contentaient d'être comme tant
l'autres les « fils à papa». Ce testament éclaire d'un
our curieux la psychologie des millionnaires amé-
ricains.
On se souvient que récemment le rigide Jay Gould
ui-même laissait à son fils ainé, en dehors de son
Iroit dans la succession, une part d'héritage de
?5 millions, mais seulement à titre d'honoraires pour
es services qu'il lui avait rendus pendant treize ans
lans la gestion de ses vastes entreprises de chemins
le fer.
Un physiologiste et naturaliste distingué, le doc-
teur Alexandre Milton Ross, vient de mourir à De-
lroit, à l'âge de soixante-cinq ans. Il était originaire
iu Canada et était passé à New-York, où il avait
débuté comme simple typographe. En 1851, il com-
mença ses études de médecine et, en 1855, il faisait
partie de la Faculté.
Il prit part ensuite à l'agitation en faveur de l'abo-
lition de l'esclavage et fut agent confidentiel de Lin-
coln au Canada. Depuis, il se consacra exclusive-
ment à la médecine et à la science et fonda à New-
York la Société pour la diffusion des sciences phy-
siologiques en 1881. Il se montra l'un des adversaires
les plus déterminés de la vaccine, la considérant
non seulement comme inutile, mais comme propa-
geant la variole pendant l'existence d'une épidémie.
Il préconisait simplement les strictes mesures d'hy-
giène et l'isolement des malades.
Le docteur Milton Ross appartenait à presque tous
les corps savants d'Europe et d'Amérique. Il refusa
du roi de Bavière le titre de baron qui lui était offert,
mais accepta le consulat de Belgique et de Dane-
mark au Canada.
Il était l'un des fondateurs de l'Ecole de médecine
et chirurgie de Saint-Louis, où il était professeur
d'hygiène et de physiologie.
Outre ses Souvenirs d'un abolitionniste, il laisse de
nombreux ouvrages sur la faune et la flore cana-
diennes, d'autres contre la vaccine et relatifs à
l'hygiène, etc.
NOTES ET LECTURES
(~TRdNC3~ER)
Au vingt-quatrième siècle (1)
Il n'y a pas de forme littéraire plus banale, ni
peutrôtre plus facile, que celle qui consiste à présu-
mer de l'avenir et à se transporter, par exemple, au
vingtième ou au trentième siècle pour y montrer la
suite do nos progrès, ou encore de notre dépravation
d'à présent. Mais, en raison même de sa banalité,
cette forme a l'avantage de se prêter à toutes les fan-
taisies, et si l'on n'en est plus à compter les fasti-
dieuses utopies, scientifiques ou politiques, dont elle
a été l'occasion depuis cinquante ans, c'est elle aussi,
cependant, qui a permis au poète anglais William
Morris de nous offrir, dans ses Nouvelles de nulle
part, un des plus beaux rêves d'humanité supé-
rieure. Et loin de moi, apres cela, i îaee ae comparer
à William Morris le poète et érudit allemand M.
Ferdinand Gross, qui vient de s'essayer à son tour
dans une fiction du même genre! Mais sa fiction, à
lui non plus, n'est pas sans agrément et il y aurait
à signaler plus d'un trait d'une ironie assez diver-
tissante dans le voyage qu'il nous fait faire avec lui
à travers les mœurs et les institutions du vingt-
quatrième siècle.
Il nous conduit, notamment, dans une colonie appe-
lée Lombrosina, en souvenir d'un illustre psychia-
tre italien du dix-neuvième siècle. « Un disciple en-
thousiaste de ce savant a employé tous ses biens à
la fondation et à l'entretien d'une colonie où seraient
appliquées ses remarquables théories touchant l'i-
dentité du crime et du génie. Après lui, d'autres do-
nateurs ont enrichi l'oeuvre et aujourd'hui la Lom-
brosina est entretenue officiellement aux frais des
Etats-Unis d'Europe. »
Le voyageur arrive dans la colonie par un bel
après midi de printemps. « J'aperçus devant moi des
centaines de petites villas entourées de jardins. C'é-
tait un coup d'ceil charmant, et qui parlait à l'àme.
Mon guide me présenta au directeur, qui donna l'or-
dre de me tout montrer dans le plus grand détail. »
Sur une grande esplanade, un orchestre jouait. Le
voyageur entendit une symphonie merveilleuse,
pleine de rythmes étranges et d'harmonies impré-
vues, et exécutée, d'ailleurs, avec un ensemble par-
fait. « C'est, lui dit-on, notre chef d'orchestre lui;
même qui en est l'autour. D'origine allemande, il a
du être transporté ici dès sa jeunesse, tant se sont
montrés forts en lui les symptômes de la folie mu-
sicale. Et cette folie se trouve encore compliquée du
« génie de chef d'orchestre », de sorte que le mal-
heureux porte une double tare. Il n'y a point à espé-
rer qu'il guérisse jamais; jusqu'à la fin de sa vie il
est condamné à rester un musicien de génie. »
Le guide ajouta d'ailleurs que, grâce à un ingé-
nieux système de sélection, et grâce à la relégation
de tout individu contaminé, la production du génie
en Europe était devenue très rare. La science était
parvenue à supprimer presque complètement cette
forme de folie. A Lombrosina même, du reste, les
« géniaux » se trouvaient, à leur insu, étroitement
surveillés et soumis à un régime qui ne tardait pas
à les ramener à la médiocrité normale.
Au cours de sa promenade, le voyageur rencontra
un beau vieillard dont tous les traits respiraient la
douceur et la bienveillance. Il s'avança vers nous; i
mon guide lui serra affectueusement la main et nous
présenta l'un à l'autre. Le vieillard m'interrogea sur
la durée de mon séjour, s'informa de mes impres-
sions, me demanda si j'étais bien armé, la colonie
étant parfois dangereuse à visiter; puis il nous
quitta pour aller prendre son bain froid.
Le pauvre diable dit le guide. Il a eu un grand
malheur.
Comment cela î .#»>̃-
Il a assassiné sa mère 1
Mais c'est un criminel dangereux 1
Oh pas le moins du monde. Il est simplement
venu au monde avec un cerveau qui le prédestinait
au parricide. Et pour tout le reste c'est le meilleur
des hommes.
Tout est mis en oeuvre, dans la colonie, pour em-
pêcher les colons de sa laisser aller à leurs instincts
naturels douches, régime végétarien, distractions
diverses. Mais lorsque l'un d'eux cède à son mal, et,
par exemple, commet un meurtre, il n'y a point de
marques de sympathies qu'on ne lui prodigue. On
se comporte à son égard comme à l'égard de tous les
malades et qui s'aviserait de se fâcher contre un
homme parce qu'il aurait été pris d'une fièvre ty-
phoïde ou d'un accès de goutte? 2
Plus loin encore, et après maintes autres rencon-
tres bizarres, le voyageur fit la connaissance d'un
incendiaire devenu, lui aussi, dans l'intervalle de
ses crises, le meilleur des hommes. Il savait par
cœur tous les poèmes d'Emmanuel Geibel et jouait
de la harpe à émouvoir des rochers. Et lui-même,
étant d'humeur joviale, plaisantait sa « pyroma-
nie »
Ne jouez pas avec le feu 1 disait-il quand, de-
vant lui, on allumait un cigare.
Dans une autre colonie, M. Gross nous fait assis-
ter à une exhibition d'Européens devant une popula-
tion de Peaux-Rouges; une troupe d'Anglais, d'Alle-
mands, de Russes, se livre dans le jardin zoologi-
que de l'endroit, à toutes sortes d'exercices natio-
naux, tels que séances de parlement, réceptions
mondaines, parades militaires, etc., à la grande joie
des visiteurs. La soirée se termine par un tableau
du plus bel effet, l' « Adoration du comédien et de
la comédienne », où toute la troupe des Européens
défile, avec les signes de la vénération la plus pro-
fonde, devant un pitre et une chanteuse de café-con-
cert.
Tout cela, comme on le voit, n'a rien que de très
raffiné, ni même de très nouveau. Mais l'ironie, pour
y être un peu grosse, n'en est pas moins amusante;
et bien d'autres passages encore mériteraient d'être
signalés. T. DE WYZEWA.
» ^i
MARINE
Sont nommés membres de la commission extra-
parlementaire de la marine
Le vicé-amiral Brown de Colstoun, inspecteur géné-
ral de la marine, en remplacement du vice-amiral de
(1) In Lachen und Lseeheln, par F. Grosa. 1 vol. Stutt-
gart librairie Bout, 1898.
la Jaille, appelé au commandement en chef du 5» ar-
rondissement maritime.
Le contre-amiral -de la Bonninière de Beaumont,
membre du conseil des travaux de la marine, en rem-
placement du contre-amiral Chauvin, qui a cessé ses
fonctions à Paris.
Le lieutenant- colonel Le Ny, du 5e d'infanterie de
marine, est mis à la disposition du général comman-
dant en chef les troupes en Indo-Chine, pour servir au
Tonkin.
Le lieutenant-colonel Fouquet, du t" d'infanterie
de marine, est désigné pour commander le régiment
de tirailleurs soudanais.
CHRONIQUE ÉLECTORALE
SEINE. Le comité républicain radical indépen-
dant du quartier Rochechouart à Paris, a désigné à
l'unanimité, M. Lucien-Victor Meunier, rédacteur du
• Rappel et du XIX- Siècle, comme candidat à l'élec-
tion municipale que rend nécessaire l'élection au
Sénat de M. Paul Strauss.
CORSE. Une élection doit avoir lieu le 7 novem-
bre dans l'arrondissement d'Ajaccio pour la succes-
sion de M. Ceccaldi, décédé. Les journaux locaux
annoncent les candidatures de MM. Emmanuel
Arène, député; Stefani, avocat, et Pietri, docteur-
médecin.
NOUVELLES DU JOUR
Le président de la République a reçu la lettre par
laquelle le roi Christian IX de Danemark lui notifie
le mariage de sa petite-fille, la princesse Ingeborg,
avec le prince Charles de Suède et de Norvège, duc
de Westrogothie.
Le prince Christian de Danemark a quitté Paris
hier soir par la gare du Nord, se rendant à Co-
penhague.
Les grands-ducs de Russie Vladimir, Boris et
Alexis sont arrivés à Paris hier soir, venant de San-
di-icourt.
Le prince Louis-Napoléon Bonaparte, colonel du
régiment des lanciers de l'impératrice de Russie,
vient de se rendre à Prangins, en Suisse.
A la suite du concours ouvert le 4 octobre à Paris
pour quatre places d'agrégés des Facultés de droit
(section des sciences économiques), viennent d'être
reçus MM. Emile Chauvin, René Worms, F. Sau-
vain-Jourdan, J. Beuzacar.
Par décret, sont dissous les conseils municipaux
de Rieux-Minervois (Aude), et de MOl1lins-Engil..
bert (Nièvre).
~t'f,' ,>1
LES GRÈVES ;̃̃̃̃'
La grève des ardoisières de Trélazé est terminée.
Les rentrées étaient très nombreuses depuis quel-
ques jours et, hier, l'ensemble des ouvriers a décidé
la rentrée générale sans condition, demandant seu-
lement qu'il ne so;t fait aucun renvoi pour faits de
grève.
AU JOUR LE JOUR
M. Scheurer-Xestner et l'affaire Dreyfus
Depuis quelque temps, la nouvelle s'était répan-
due quo M. Scheurer-Kestner, vice-président du
Sénat, avait acquis la conviction que le prisonnier
des iles du Salut est innocent, et s occupait active-
ment de demander la revision de son procès.
Le Matin, au commencement de ce mois, deman-
dait à M. Scheurer-Kestner si cette nouvelle était
fondée et s'il était exact qu'il se proposât, comme
on lui en prêtait l'intention, d'interpeller le minis-
tère à ce propos. Le 8 octobre, l'honorable sénateur
répondit dethann, en Alsace, où il se trouvait, par
la lettre suivante
Monsieur,
Je n'ai jamais dit à personne, ni dans les couloirs du
Sénat, où je n'ai pas mis les pieds depuis trois mois,
ni ailleurs, que j'aie l'intention qu'on me prête, dites-
vous, d'interpeller le ministère au sujet de l'affaire
Dreyfus.
Vous pouvez donc démentir cette information, si
vous le jugez utile pour une histoire de si peu d'im-
portance à mes yeux.
Recevez mes civilités empressées.
SCHEURER-KESTNER.
Il convient de remarquer que, dans cette lettre, M.
Scheurer-Kestner ne répond qu'à la question précise
que lui pose notre confrère au sujet d'une prétendue
déclaration relative à son intention d'interpeller le
ministère. 11 n'en était pas moins exact qu'il s'oc-
cupait activement de l'affaire du capitaine Dreyfus,
et c'est ce que disait hier, dans les couloirs de la
Chambre, M. Paschal Grousset, qui déclarait on
tenir la nouvelle de M. le sénateur Ranc.
M. Ranc, que nous avons vu, co matin, nous a
confirmé en ces termes l'exactitude des propos qui
lui sont prêtés
Il y a trois mois, nous dit-il, le 14 juillet exactement,
M. Scheurer Kestner, se rendant avec les membres du
bureau du Sénat à la revue de Longchamps, déclara à
ses collègues qu'il venait d'acquérir la conviction
absolue do l'innocence de Dreyfus et qu'il comptait
s'employer à faire rendre justice au condamné.
Cela me fut répété le lendemain. Plus tard, M. Scheu-
rer-Kestner le redit lui-même à plusieurs membres du
Sénat, et, avant-hier encore, à son retour de la cam-
pagne il m'affirmait être convaincu plus que jamais de
l'innocence de l'ex-capitaine.
Mais ni à moi, ni à personne, je crois, M. Scheurer-
Kestner n'a dit sur quoi se basait sa certitude, ni quels
moyens il compte employer pour la faire partager au
public.
Interroge à son tour, M. Scheurer-Kestner s'est
exprimé ainsi:
Vous me permettrez d'abord, pour des raisons que
vous comprenez, de me tenir dans la plus expresse
réserve au sujet. des moyens que j'emploierai pour
assurer la réussite de la cause a laqualle j'ai cru de-
voir m'attacher. Ai-je un dossier comme on le pré-
tend ? N'en ai-je pas? Personne autre que moi n'en a
jamais rien su et ne le saura qu'au jour où il me con-
viendra d'engager l'affaire.
Co que vous pouvez affirmer sans crainte d'aucun
démenti, c'est que les paroles de M. Ranc sont bien
celles que j'ai prononcées; je suis fermement con-
vaincu de l'innocence du capitaine Dreyfus, et je met-
trai tout en couvre pour arriver, non seulement à le
justifier en obtenant la revision de son procès et un
verdict d'acquittement, mais en faisant bonne justice
et le réhabilitant complètement.
Je ne puis dire encore sous quelle forme je présente-
rai le débat. D'ores et déjà vous pouvez démentir de la
façon la plus formelle que j'aie eu à ce sujet, comme
le bruit en a couru, la moindre conversation avec le
président de la République. Je n'ai donc pas eu à lui
fournir « de dossier » au sujet d'une affaire qu'il ignore.
J'ai eu l'honneur de chasser avec le président diman-
che à Marly; c'est peut-être ce qui a donné naissance
à ce bruit, absolument erroné.
C'est tout ce que je puis vous dire pour l'instant.
Bien que la carrière politique et scientifique de M.
Scheurer-Kestner soit très connue, nous croyons
intéressant de la rappeler brièvement. M. Scheurer-
Kestner est originaire de Mulhouse. Après avoir fait
ses études de chimie à l'Ecole de médecine de Paris,
il prit à Thann (Haut-Rhin) la direction des établis-
sements industriels de son beau-père, M. Kestner.
Ardemment attaché aux idées républicaines, il fut,
à la suite d'un procès qu'elles lui valurent, condamné
en 1862 à trois mois de prison et à 2 000 francs d'a-
mendo. En 1870-1871, la délégation de Bordeaux le
chargea de la direction de l'établissement pyrotech-
nique de Cette. Député du Haut-Rhin en 1871, il se
retira avec ses collègues au moment de la cession de
l'Alsace à la Prusse. Elu le 2 juillet 1871 député do la
Seine, il fut nommé sénateur inamovible en 1875 par
l'Assemblée nationale. M. Scheurer-Kestner fut di-
recteur de la .République française durant la période
où Gambetta exerça fes fonctions de président de la
Chambre.Chhniste distingué, il est connu par de nom-
breux travaux. Par son mariage avec Mlle Kestner,
il était le beau-frère de feu Charles Floquet et l'on-
cle de Jules Ferry.
A propos de cette affaire, un de nos confrères
assure qu'un membre du gouvernement, persuadé
que M. Scheurer-Kestner étaitvictime d'une machi-
nation, et, en tout cas, désireux de s'éclairer et d'é-
clairer en même temps l'honorable sénateur, lui
demanda communication de son dossier, lui offrant
do son côté de lui fournir les documents du procès
et d'autres pièces postérieures. M. Scheurer-Kestner
aurait décliné cette proposition.
Le même journal ajoute que le dossier de M.
Scheurer-Kestner contiendrait le nom d'un « homme
de paille » qui d'ailleurs réfugié en Suisse et à
l'abri de toute extradition aurait consenti à assu-
mer la responsabilité des actes pour lesquels l'ex-
capitaine Dreyfus a été condamné.
Nous croyons savoir que ces deux informations
sont absolument erronées.
Le tueur de bergers
(Dépêches de nos correspondants partieuliers)
? Lyon, 29 octobre.
On sait que Vacher a été soupçonné de l'assassi-
nat d'un sieur Lefebvre, à Crosville-la- Vieille (Eure),
et l'on supposait que les vêtements qu'il portait
étaient ceux de la victime. Vacher, interrogé sur ce
noint, déclara qu'il avait volé lesdits vêtements dans
un hameau, à une heure de marche de Courzieu
(Rhône). Le fait vient d'être reconnu exact. Un de
nos confrères a retrouvé le propriétaire des vête-
ments, M. Gérin, cultivateur au hameau des Ver-
chères. Le vol fut commis le lundi 14 juin dernier.
Les habitants de la ferme se rappellent très bien
avoir vu Vacher, dont Ils ont reconnu le signale-
ment. Un domestique l'autorisa même à puiser de
l'eau dans un puits.
Belley, 29 octobre.
Le juge d'instruction continue à mettre tous ses
soins à la reconstitution des itinéraires de Vacher à
travers la France. Son but est ainsi d'arriver à
écarter les dossiers de crimes impunis,qui continuent
à arriver en quantités, lorsqu'ils ne pourront s'ac-
corder avec l'itinéraire.
Les questions du juge ont porté surtout, hier soir,
sur le séjour de Vacher au régiment du 16 novem-
bre 1890 à fin juin 1893. Il declare-n'avoir pendant ce
temps obtenu qu'une permission de huit jours. M.
Fourquet va faire contrôler cette assertion de Va-
cher.
Son internement à Dôle et à Saint-Robert' s'est
prolongé du 7 juillet 1893 au 1er avril 1894. Tous les
crimes commis dans ces intervalles ne sauraient
donc être imputables à Vacher.
L'assassin se montre plus nerveux et plus irrita-
ble que ces jours derniers. Il a demandé plusieurs
fois avec instance à M. Fourquet de lui remettre les
journaux qui s'occupent de son affaire. Le refus du
juge a donné lieu à cette surexcitation.
MOUVEMENT JUDICIAIRE
Par décret sont nommés
Substitut près le tribunal de Saint-Etienne, M. Delà-
cour, procureur à Rodez, en remplacement de M. Le-
guerney, qui sera appelé à d'autres fonctions.
Procureur de la République de Rodez, M. Casteill,
procureur d'Espalion.
Procureur de la République d'Espalion, M. Monsser-
vin, juge d'instruction à Rodez.
Président du tribunal de Civray, M. Giraud, juge
d'instruction à la Roche-sur-Yon, en remplacement de
M. Bonneau, décédé.
Juge à la Roche- sur-Yon, M. Meaume, juge suppléant
chargé de l'instruction à Bressuire.
Juge à Louviers, M. Siefert, juge suppléant au même
siège, en remplacement de M. Marquet, décédé.
Juge à Soissons, M. Vitrant, juge suppléant aumême
siège, en remplacement de M. Tourolle, qui a été
nommé juge d instruction à Laon.
M. Millory, juge à la R,.che-sur-Yon, remplira au
même siège les fonctions de juge d'instruction.
J M. Perrm, juge à Pont-Audemer, remplira au même
siège les fonctions de juge d'instruction, en remplace-
ment de M. Rivière, qui reprendra, sur sa demande,
celles de simple juge.
~m~mam®
FAITS DIVERS
LA TEMPÉRATURE :0
Bureau central météorologique
Vendredi 29 octobre.-La zone de basses pressions et
de mauvais temps qui se tient depuis plusieurs jours
sur l'Atlantique se rapproche des côtes occidentales
d'Europe et le baromètre a baissé de 8 mm. à Valentia
(754 mm.). Les fortespressions se retirent dans le sud-
est du continent (Hermannstadt, 777 mm.)- Le vent est
fort du sud-est au sud de l'Irlande; il est encore faible
ou modéré sur nos côtes. La sécheresse continue sur
tout le continent.
La température se relève en Irlande elle était ce
matin de 6° à Hermanstadt, + 1° à Paris, 16° à Va-
lentia, 19° à Alger.
On notait 8° au puy de Dôme, 3» au mont Ventoux,
2° au pic du Midi.
En France, le temps est encore au beau, mais un chan-
gement prochain est probable.
A Paris, hier, beau.
Moyenne d'hier, 28 octobre, 8°0, inférieure de 0°6 à
la normale.
Depuis hier, midi, température maxima, 18°5; mini-
mum de ce matin, 0»9 (gelée blanche).
Baromètre à sent heures du matin, 768 mm. 0.
A la tour Eiff elî max. 15°4 min. 9°4.
Situation particulière aux ports
Manche. Mer belle à Dunkerque, Calais, Boulogne,
au Havre et Cherbourg.
Océan. Mer peu agitée à Brest; belle à Lorient.
Méditerranée. Mer peu agitée à Marseille, Sicié;
calme à Nice.
Corse. Mer peu agitée aux îles Sanguinaires.
Variations atmosnhéricrues du 29 octobre
JOUR HEUR.23 THERMOMETRE BAROMKTRB
Vendredi.. 8h. matin 8 1/2 au-dessus TGO01" »/»
10 h. 9 »/• n Wa » »
12 h. 12 »/» ~Mmn 1 2
2 h. soir 13 »/» 768=» •»
SOUHAITS DE BIENVENUE. M. Blanc a assisté cet
après-midi, à la préfecture de police, à la séance du
conseil d'hygiène, dont il est devenu président par
suite de sa nomination comme préfet de police. Le
docteur Bouclmrdat, vice-président, lui a souhaité
la bienvenue et l'a assuré du concours de tous les
membres du conseil.
M. Blanc a remercié M. Bouchardat de ses bonnes
paroles « Je sais, a-t-il dit aux membres du conseil,
combien l'œuvre que vous accomplissez est utile à
la population parisienne ausai, vous pouvez comp-
ter que j'y collaborerai avec soin ». Après de
courtes allocutions, le conseil a examiné les affaires
courantes.
LES SYNDICATS DE LA BOUCHERIE: -Le syndicat géné-
ral de la boucherie française et la chambre syndicale
de la boucherie de Paris et du département de la
Seine se sont réunis, hier soir, en assemblée géné-
rale dans la salle des fêtes du Grand-Orient, rue
Cadet. Près de M. Perreau, président, ont pris place
des délégués des syndicats de la boucherie en Angle-
terre et en Autriche, plusieurs députés et conseillers
municipaux le préfet de la Seine s'était fait repré-
senter par M. Arnaud, chef de son secrétariat.
M. Perreau a exposé les revendications des syn-
dicats, parmi lesquelles figurent la suppression des
octrois, la revision dans un sens libéral des décrets
qui réglementent la boucherie, la suppression des
boucheries militaires, etc. MM. Marcehn, secrétaire
de la chambre syndicale, et Chéron, trésorier, ont lu
et fait adopter leurs rapports sur la situation finan-
cière, puis le docteur Bergeot a fait une confé-
rence sur la tuberculose bovine et les moyens de la
combattre.
Un banquet, présidé par M. Boucher, ministre du
commerce, réunira ce soir, à l'hôtel Continental, les
membres des deux syndicats.
POUR LES FAMILLES DES VICTIMES DU « VAILLANT ». A
la suite des naufrages sur le banc de Terre-Neuve
des goélettes Vaillant, Mésange, Anna et Saint-Pierre,
le Temps adressa à ses lecteurs un appel en faveur
des familles des cent marins bretons qui avaient
péri dans ces naufrages. Les souscriptions qui nous
furent adressées par la généreuse charité de nos
lecteurs s'élevèrent au total de 40,500 fr. 75. Cette
somme fut envoyée par nous au commissaire de
l'inscription maritime de Saint-Malo qui avait ac-
cepté de la répartir au prorata les charges des fa-
milles, au moment où commenceraient à s'épuiser
les ressources déjà mises à la disposition de ces
malheureux par le département de la marine.
Une première distribution de 30,000 francs a eu
lieu par les soins du commissaire de l'inscrip-
tion maritime à Saint-Malo, qui nous en infor-
me aujourd'hui. Cette somme a été répartie de la
façon suivante 6,200 francs à Saint-Malo, 11,370
francs à Dinan, 4,550 à Cancale, 7,260 à Saint-Brieuc,
620 à Granville.
La distribution du solde de notre souscription
aura lieu au mois de décembre.
LES FIACRES ÉLECTRIQUES. Nous avons à plusieurs
reprises entretenu nos lecteurs des essais de fiacres
automobiles auxquels se livre la Compagnie géné-
rale des voitures a Paris. Parmi ces voitures auto-
mobiles .le systèmes différents, figure un fiacre
électrique du modèle des cabs, qu'on expérimente
en ce moment dans les rues de Londres.
Les essais ayant été satisfaisants, M. Bixio a im-
médiatement commandé à un constructeur un cer-
tain nombre de ces véhicules, et « d'ici cinq à six
mois, nous dit-il, j'espère pouvoir mettre en circu-
lation dans les rues de Paris, à la disposition du
public, une centaine de fiacres électriques ».
M. Bixio va prochainement transformer un de ses
dépôts en station électrique et il livrera de la force
électrique aux possesseurs d'automobiles qui vien-
dront lui en demander. Il étudiera également un
moyen qui permettra aux petits loueurs d'abandon-
ner à peu de frais la traction animale et leur facili-
tera les moyens de la remplacer, eux aussi, par la
traction électrique.
Le système adopté par la Compagnie générale des
voitures permettrait d'emmagasiner le courant élec-
trique nécessaire pour une circulation de 80 kilomè-
tres. Ce chiffre représente le maximum de circula-
tion quotidienne d'une voiture de place. D'autre
part, le chargement des batteries d'accumulateurs
pourra se faire d'avance. La force électrique étant
donnée à meilleur marché par l'usine d'électricité
pendant le jour que pendant la nuit, la compagnie
fera charger durant la journée ses accumulateurs
et établira des dépôts de batteries 'chargées. Lors-
qu'une voiture aura épuisé la force de sa batterie,
son conducteur la mènera au dépôt où il remplacera
ses accumulateurs par des accumulateurs chargés.
Quelle sera la forme de ces nouveaux véhicules 1
Nous avons posé cette question à M. Bixio, etil
nous répond
Je ne sais pas encore. Je suis hésitant. Une voi-
ture sans cheval ne devrait pas revêtir la même forme
que celles actuellement en usage; la question d'esthé-
tique ne m'est pas indifférente. En cette matière je
voudrais innover. Je rêve d'un véhicule léger autant
que possible, agréable à l'œil, débarrassée de tout sou-
venir du fiacre démodé. Il faudrait aussi que le, nacre1
nouveau offrît une plus grande commodité au voyageur,
une voiture à quatre places, une sorte de landau dé-
couvert ou fermé à volonté, me plairait assez; il serait
accueilli favorablement, je crois, par le public. Cela em-
pêcherait il est vrai, les journalistes de pester deux
fois par an contre le retard apporté par la compagnie
à mettre en circulation des voitures fermées ou décou-
vertes, suivant la saison. Mais je pense que vous con.
sentiriez de bon cœur à ce sacrifice, si je vous donnais,
en échange des fiacres dont vous vous plaignez, des
voitures plus confortables.
Enfin, j'ai une douzaine de projets de fiacres à formes
différentes, je tâcherai de choisir le plus beau, ou le
moins laid, comme vous voudrez.
M. Bixio nous annonce, en outre, qu'il n'a pas
abandonné son espoir de diminuer le prix des peti-
tes courses, ou plutôt de fractionner le prix de la,
course et de l'heure. Mais il estime que cette réfor«
me est intimement liée à celle des fiacres automo- •
biles.
LE COMPLIMENT AUX MARIÉS. Un léger incident fest;
produit hier matin, à la mairie du 4e arrondisse-
ment, au cours de la célébration d'un mariage à la-*
quelle procédait M. Georges Fabre, adjoint au maire.
Deux conseillers municipaux, témoins et invités de»
conjoints, ayant voulu prendre la parole pour félici-
ter ces derniers, l'autorisation leur en fut refusée*
M. Fabre nous a expliqué pourquoi.
J'allais, nous dit-il, commencer la cérémonie, lors-
qu'un des témoins, M. Champoudry j'ai su depuis
qu'il est conseiller municipal me demanda s'il pou-
vait adresser publiquement quelques mots de félicita-
tion aux futurs époux.
Non, répondis-je, je ne le peux pas, ici, dans la
salle des mariages.
Un des invités me fit alors passer sa carte en de-
mandant la même autorisation. C'était M. Ranson, con-
seiller municipal. Je lui fis la même réponse.
Mais, le mariage accompli, je m'avançai vers cet
messieurs
Si vous désirez toujours, leur dis-je, prononcer
un discours, je mets à votre disposition mon cabinet,
Vous serez là chez vous et pourrez dire ce qu'il voue
plaira.
Non, me répondit M. Champoudry, la manifesta-
tion ne serait pas la même.
-Je le regrette, mais vous ne pouvez faire ici de
manifestation d'aucune sorte. Le maire ou ses adjoints
peuvent seuls prendre la parole dans la salle des. •
mariages.
Sur cette phrase, tout le monde sortit, et c'est
ainsi que se termina l'incident.
Je n'y attache d'ailleurs aucune importance, nous!dit
M. Georges Fabre, et je n'ai fait hier que me confort-
mer à une règle absolue. La salle des mariages ne peui
être transformée en salle de réunion publique, ce qui*
ne manquerait pas d'arriver si tout le monde y pouvait
parler à sa fantaisie. Voulez-vous un exemple?
Récemment un prêtre était témoin dans un mariage
célébré par moi. Lui aussi voulut parler et je m'y op-
posai. Mais que fût-il arrivé dans le cas contraire, st
ce prêtre, sous prétexte de féliciter les mariés avait
attaqué le mariage civil, et si quelque invité, étan»i
d'avis contraire, lui avait répondu vertementt
LE COMMISSAIRE BOOKMAKER. La passion du jeu aux
courses amène chaque jour de nouvelles catastro-
phes et cependant les découvertes de la police mon..
trent que les agences clandestines de paris pullulent'
de plus en plus. Hier encore, rue Saint-André-d>es-
Arts, une agence nouvelle était signalée et fermé»
d'une manière assez originale.
M. Vollet, commissaire de police du quartier de
la Monnaie, avait été informé que Mme X. mar-
chande de vin de la rue Samt-André-des-Arts,.
transformait son débit, chaque jour, d'une heure à
deux, en bureau de paris. Il se rendit, hier, accom-
pagné de son secrétaire, dans la boutique signalée {;
il n'y avait encore aucun parieur. Le magistrat in«
tima alors à Mme X. l'ordre de rester à son comp-
toir sans mot dire, plaça deux inspecteurs dans!
l'arrière-boutique, s'assit à une table, près de la<
porte et attendit.
Un ouvrier entra, peu après.
-Vous venez pour les paris? demanda le book«;
maker improvisé. Oui. Tiens, vous êtes nouveau?'.
Je remplace l'autre, pour deux jours. Et hier, ça:
a marché? Hum 1 hum! On dit toujours ça. Eb.'
bien 1 passez dans l'arrière-boutique. Oui, oui, j«
sais. Je suis un habitué.
Et le nouvel arrivant entra dans la pièce du fond.
Il y trouva de nouveaux visages. C'étaient les in-
specteurs, qui le prièrent de s'asseoir, se mirent ai
sa disposition, reçurent son enjeu, puis déclinèrent'
leurs titres et le maintinrent, cette fois, à leur dis»
position.
Cette petite scène se reproduisit une dizaine dff
fois. Au bout d'une heure, M. Vollet avait recueille
une somme assez rondelette et l'arriôre-boutiqus
était pleine. On se rendit ensemble au commissariat.,
où toute une série de procès-verbaux fut dressée.
L'AMATEUR DE PEINTURE ÉBAHI. Un peintre connu,
ancien élève de N. Diaz, M. Léon Richet, avait, il j
a une vingtaine d'années, fait un paysage roprésen*
tant la foret de Fontainebleau; on y voyait, au pro.
mier plan, une femme assise au bord d'une mare, j
Ce tableau devint, il y a quelque temps, la pro-
pricté de M. X. qui, remarquant sur la toile a in-
quittantes craquelures, alla demander au peintro
quelques conseils sur les moyens de les réparer.
M. Léon Richet, heureux de revoir cette œuvra
ancienne, offrit gracieusement à l'amateur de retou-
cher lui-môme la peinture et d'y apporter quelques
modifications qui devaient, disait-il, améliorer la
composition du tableau. L'amateur accepta avec re-
connaissance.
Au bout de quelques jours, le peintre écrivit à M.
X. que son tableau était restauré. M. X. accourui
chez l'artiste, mais fut désagréablement surpris eu,
constatant que M. Richet avait, dans son travail de
restauration, supprimé la femme du premier plan.
Il rentrait chez lui, soucieux, mécontent a'una
restauration qui, à son avis, avait diminué la valeur
de son tableau, quand, passant boulevard Hauss-
mann, il s'arrêta stupéfatt et interdit devant la vi-
trine d'un marchand d'objets d'art. Il venait d'aper-
cevoir, au milieu do l'étalage, sa toile, sa propre
toile, celle qu'il avait portée dans l'atelier de M.. Ri-
elict; seulement, le tableau qu'il avait sous les yeux
était signé N. Diaz.
Convaincu que l'artiste l'avait trompé et avait
changé la signature de son tableau pour le vendre,
M. X. se rendit chez le commissaire de police, au-
près de qui il déposa plaintecontre M. Richet, l'ac-
cusant d'escroquerie et de faux.
Il s'enquit ensuite d'un expert et s'adressa à ftf.
Bernheim jeune, auquel il raconta ses griefs.
L'expert, ayant sous les yeux le tableau du bouw
levard Haussmann, jugea "que c'était là une œuvra
de Léon Richet, retouchée par Diaz. Il reconnut fa-
cilement la manière du maître dans une partie di£
paysage et du ciel. Quant à la signature, elle lui pa-
rut des plus douteuses. Mais, comme il connaissait.
M. Léon Richet pour un parfait galant homme, in-
capable d'une indélicatesse quelconque, l'expert pro»
posa à l'amateur de porter chez l'artiste ce tableau
signé Diaz etde le confronter avec celui qui venait
d'être restauré.
M. Léon Richet confirma la déclaration de l'ex«
pert. Il se souvint avoir fait deux tableaux repré-
sentant lo même paysage. Le premier, jugé médio-
cre par Diaz, avait été complètement repeint par 1»
maître, et le second, fait suivant les indications dû
Diaz, avait été entièrement point de la main de l'ô*
lève.
Apprenant alors qu'il était l'objet d'une accusa-
tion auprès du commissaire de police, et devant les
doutes et les hochements de tête de l'amateur, l'ar«
tiste saisit en riant un flacon d'essence do térében-
thine, et ayant imbibé de cette substance un chif-
fon de laine, se mit à enlever toute la partie re-
peinte. L'amateur ne fut pas médiocrement ébahi
en voyant tout à coup surgir la figure de femme au.
bord de la marc, et en reconnaissant son tableau tel
qu'il l'avait apporté chez M. Léon Richet.
Honteux et confus, M. X. s'empressa d'aller rc-«
tirer sa plainte.
UN DRAME DANS UNE ROULOTTE. On nous télégra-
phie de Perpignan qu'un drame terrible vient de se
dérouler à Céret. Un gymnasiarque, employé au
cirque Remmingcr, a tué sa maîtresse à coups do ra-
soir ce matin. Il s'est tué ensuite avec la même ar-
me dans sa roulotte. La jalousie est le mobile de ce
crime.
Le meurtrier est un Italien de trente-deux ans. Sa
maitresse est veuve et âgée de vingt-huit ans. Elle,
faisait la voltige. L'homme maniait les poids. Des
disputes fréquentes avaient lieu entre eux. Hier,
après la représentation, ils se sont disputés jusqu'à
quatre heures du matin. Ce matin, au moment de so
lever, les disputes ont recommencé. Le meurtre a
été si rapide qu'on n'a pu porter secours à la fem-
me, qui était à moitié habillée. Elle est tombée sur
l'escalier de la roulotte, la gorge coupée. Le meur-
trier, en chemise, s'est scié presque le cou, au fon<£
de la roulotte. Les corps ont été transportés à l'hô-
pital.
ARRESTATION D'UN NOTAIRE. M. Henri Brousseau,
notaire à Salles de Villefagnan, a été écroué à la
prison de Ruffec, sous l'inculpation de faux et abus:
de confiance qualifiés.
M. Brousseau, ancien conseiller d'arrondissement
réactionnaire du canton de Villefagnan, était notaire
à Salles depuis 1881, où il est actuellement adjoint
au maire.
CHASSE AUX DÉSERTEURS. Les indigènes de Nedro-
mah, pays voisin de Lalla-Marnia (Algérie), voyant,
depuis quelques jours,neuf soldats de la légion êtran»
gère errer sur divers points de leur territoire, en
conclurent qu'ils étaient déserteurs, s'armèrent de
fusils et les pourchassèrent comme des bêtes
fauves.
Deux d'entre eux furent blessés, l'un à la jambe,
l'autre au bras, capturés et amenés à Nedromah où
ils furent admis à l'hôpital militaire.
INFORMATIONS DIVERSES
Le grand-duc Vladimir a fait mercredi dernier une
longue visite au musée du Louvre. Arrivé à deux heu-
res, il n'en est parti qu'à cinq heures. Accompagné d
naires de la conservation, le grand-duc, qui connaît
déjà à fond le Louvre, a examiné avec le plus vif inté«
rêt et beaucoup admiré les plus récentes acquisitions
des divers départements. Il a visité aussi la nouvelle
grande salle des Etats, où les travaux sont poussés
activement par l'éminent architecte M. Redon, et s'est
arrêté pendant une heure environ à la chalcographie,
où il a demandé des explications détaillées aux ou-
vriers chalcographes: deux belles planches, laVierge au
donataire, de M. Flameng, d'après van Eyck, et le por-
trait d'Erasme, de M. Bracquemomi, d'après Holbein,
ont été tirées en présence du grand-duc, qui a bien
voulu accepter ces deux gravures à titre de souvenir.
La fête des instituteurs. La fête offerte par la. mu*
nicipalité de Paris, dans les salons de l'Hôtel de Ville,
aux instituteurs et institutrices du département de le.
Seine, à l'occasion du 25° anniversaire de la fondation
des écoles normales. a été des plus brillantes.
Les invités étaient reçus par MM. de Selves, préfet
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