Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1893-01-02
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 janvier 1893 02 janvier 1893
Description : 1893/01/02 (Numéro 11546s)-1893/01/03. 1893/01/02 (Numéro 11546s)-1893/01/03.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k233563p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
SXJF3PIL,é3!vfl:E^rT 33XJ 2-3 JANVIER 1893
C PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS Trois mois, 14fr. ;Siimois, 28fr.; Un an, 56 fr,
:DÉPi»(SALSACE-LORRAlN« lTfr.; 3<3fefr,; i 68 fr,
•BHMN POSTALE lSfr.; 36 fr.; 72 fr.
LES ABONNEMENTS DATENT DBS iw ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) 3O centimes.
ANNONCES MM. La-grange, CERF ET Ge, 8, place de la Bourso.
(Droit d'insertion réserva à la rédaction.)
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS. Trois mois, l^fr. Six mois, 28 fr. Un &n, 56 fr.
DÉPOfi ALSACE-LORRAINE lTfr.; 34 fr.; 68 fr.
UNION POSTALE. lSfr.; 36 fr.; 72 fr..
• LES ABONNEMENTS DATENT DES ler ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (à Paris) 13 centimes.
directeur politique Adrien Hébrard
La rédaction ne répond pas des articles communiqués
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
DECORATIONS DU 1er JANVIER
Ministère des affaires étrangères
• COMMANDEURS
M. Bourée, envoyé extraordinaire et ministre pléni-
potentiaire do la République française à Bruxelles.
Premier plénipotentiaire français à la conférence
antiesclavagiste de Bruxelles.
M. Nisârd, ministre ̃ plénipotentiaire de lr« classe.
Directeur des affaires politiques et du contentieux.
OFFICIERS V '•
M. Fourier de Bacourt, envoyé extraordinaire et
ministre plénipotentiaire de la République française à
Santiago (Chili).
M. Balny d'Avricourt, consul général à Hambourg.
M. d'Assier, secrétaire d'ambassade de 2° classé, at-
taché à la direction des affaires politiques.
,̃ CHEVALIERS
M. de Commines de Marsilly. secrétaire d'ambassade
ie 2e classe. Sous-chef du bureau des traducteurs et de
la presse étrangère.
M. Deslandres, secrétaire d'ambassade de 2° classe,
attaché à la direction des affaires politiques.
M. Lefaivre, secrétaire d'ambassade de 2e classe à
Lima. A géré la légation de France au Pérou dans des
circonstances difficiles.
M. Auzépy, consul de 1™ classe à Tiflis. S'est signalé
par son dévouementpendant l'épidémie cholérique qui
a sévi à Tiflis en 1892.
M. Blanchard de Farges, consul de 1™ classe, secré-
taire-archiviste à la direction des affaires commercia-
les et des consulats.
M. de Bradi, consul de 2° classe à Civita-Vecchia.
M. Pognon, consul do 2° classe à Bagdad. Chargé
d'une mission en Syrie.
M. Vissiôre, premier interprète de la légation de
France à Pékin. Gérant du consulat général de Franco
à Shanghaï. Auteur d'importants travaux d'érudition
chinoise. Services rendus pendant les affaires de
Chine, 1883-1885.
M. Kaulek, sous-directeur adjoint à la division des
archives. Secrétaire de là commission des archives
diplomatiques, aûtèur'de diverses publications impor-
tantes intéressant l'histoire diplomatique.
M. Martin des Palliêres, agent principal de la Com-
pagnie des Messageries maritimes à Constantino.ple.
M. de.Rocca Serra, conseiller khédivial au Caire.
Sont nommés, au titre étranger, chevaliers de la
Légion d'honneur
M. Burnand, artiste peintre suisse, hors concours
président du comité suisse des beaux-arts en 1889.
M. Herlotsen, s'jjet norvégien, vice-consul de Suède
et de Norvège à Rouen depuis 1844.
M. Hagborg, sujet suédois, artiste peintre, hors
concours, médaillé do 1879, membre du jury 1889.
M. Metchnikoff, naturaliste russe, ancien professeur
de zoologie à l'université d'Odessa et directeur du la-
boratoire bactériologique de cette ville, membre de
l'université do Moscou, correspondant de l'Académie
des sciences de Saint-Pétersbourg. Titres exception-
lels comme chef de service depuis plus de quatre ans
ï l'institut Pasteur.
Ministère de l'intérieur"
OFFICIERS
M. Lépine, préfet de la Loire.
M. Grimanelli, préfet de la Charente-Inférieure.
'M. Boudet, préfet du Gers,
M. Beverini-Vico, préfet de l'Aude.
M. Soinoury, directeur de la sûreté générale au mi-
nistère de l'intérieur.
M. Duval, directeur du Mont-de-Piété de Paris.
M. Girard, chef du laboratoire municipal de chimie
à Paris. • ,-• '̃
M. Giroud, maire de Douai. .^o :C':=.ji u .¡,
̃-̃̃̃̃. -̃̃:• :̃̃̃:̃}̃̃<* 3
CHEVALIERS ̃i .̃>.
̃̃'̃-•: :> ̃̃ i,^i;s-{,: ff'
M. Lascombes, préfet des Deux-Sèvres. :y-s< ̃“̃
M. Fosse, préfet des Vosges. •
M. Desplats, secrétaire général de la préfecture du
Loiret.
M. Hugues, sous-préfet de l'arrondissement de
ïiOdève. Engagé volontaire en 1870-1871. Ancien pu-
bliciste. Lauréat de l'Académie française.
M. Romét, secrétaire général de la préfecture de
l'Aude.
M. Morgand, chef de bureau à l'administration cen-
trale du ministère de l'intérieur. Auteur de nombreuses
publications administratives.
M. Laroche, sous-chef de bureau à l'administration
centrale du ministère de l'intérieur.
M. Lefort, inspecteur général des services admini-
stratifs du ministère de l'intérieur. Ancien publiciste.
M. Roussel, agent voyer'en chef du département de
la Lozère.
M. Laburthe, directeur de la maison centrale de
Doullens.
M. le docteur Dreyfus-Brissac, médecin de l'hôpital
Tenon à Paris, membre du conseil supérieur de l'As-
sistance publique.
M. Portes, pharmacien en chef de l'hôpital Saint-
Louis à Paris.
M. Manternach, lieutenant de la compagnie de sa-
peurs-pompiers de Nogent-sur-Marne. Titulaire des
quatre médailles d'honneur du ministère de l'inté-
rieur. A obtenu un rappel de la médaille d'or de 1"
classe. S'est signalé depuis et en maintes circon-
stances par un courage exceptionnel et un dévoue-
ment à toute épreuve.
M. le docteur Reulos, maire de Villejuif, du 6 jan-
vier 1881.
M. Ruel, membre du conseil municipal de la ville de
Paris. Elu en 1884; 8 ans de services. Titres excep-
tionnels est le fondateur et assure seul la prospérité
du dispensaire du 4e arrondissement et de nombreuses
autres œuvres philanthropiques à Paris et à Cannes.
M. Pougy, adjoint au maire du .7° arrondissement
de Paris. Avocat à Paris depuis 27 ans. Campagne de
1870-1871. Belle conduite lors de l'épidémie cholérique
de 1891.
M. Esménard, secrétaire général de la préfecture de
Constantine.
M. Garoby, secrétaire général de la préfecture
d'Oran.
FEUILLETON OU <&etttp0
DU 3 JANVIER 1893
CRITIQUE MUSICALE
,Í/~
La prosodie française en musique, a propos de la tra-
duction de Faust, de Gœthe, dans le mètre de 1'0-
riginal, par François Sabatier. L'Hymne national
de Rouget de Lisle, par M. E, Gaudot. Les Théâtres
de Parts en 1B72 et 1S7S, par M. Soubies.
J'ai eu occasion de parler de différents essais
d'établir une métrique de la langue française;
ces essais ont de l'importance au point de vue
musical en littérature, ils ne changent rien. La
versification a ses règles traditionnelles les
écrivains mêmes qui en avouent l'insuffisance,
l'arbitraire et la fausseté, comme par exemple,
Théodore de Banville, lès conservent' parce
qu'elles sont reçues. Si en faisant des vers on se
bornait à observer le nombre des syllabes, la
rime et la césure, on ne ferait guère que de la
mauvaise prose; les poètes doivent se guider
par leur sentiment du rythme et de la sonorité.
Mais la question prend une forme plus précise
quand il s'agit de musique.
La netteté, la clarté, la variété et la richesse
du rythme sont un des éléments nécessaires de
l'art musical. Il en résulte que dans la musique
vocale, c'est-à-dire quand la musique est liée à
des paroles, il y faut la concordance rythmique.
L'allemand et l'italien, par exemple, ont un
rythme bien marqué par suite d'une accentua-
tion caractéristique et qui doit servir de guide
au musicien. En français, cette accentuation doit
exister aussi et elle existe certainement dans le
discours ordinaire, mais il faut croire qu'elle
n'est pas assez marquée, puisqu'on n'y prend
pas trop garde, qu'on n'est pas d'accord sur elle
st qu'on n'en tient pas compte dans les règles de
M. Desenne, chef du secrétariat général de la pré-
fecture de la Seine.
M. Dumand, chef des bureaux de la police munici-
pale à Paris.
M. Pupunat (Aimé), membre du conseil général de
̃̃l'Ain. Receveur de l'enregistrement et des domaines
en 1842. Maire de la commune de Poncin do 1878 à
1884. Ancien conseiller d'arrondissement. Conseiller
général depuis 1883. Plus de cinquante ans de ser-
vice.
M. le docteur Gimbërt, -médecin à Cannes, lauréat
de la faculté de Paris en 1865 et'de l'Institut on 1867.
M.Lartigue, vice-président du conseil général des
Ardennes. Maire de Givet. Ancien fonctionnaire de
l'administration 'des forêts. Conseiller municipal de
Givét en 1865.
M: Laborde, président du conseil général de l'Ariège.
Elu'au conseil général- en -1871. Président de cette
assemblée do 1871 à' 1877 et depuis 1880. Ancien maire
de Foix..
M. Georges Landry, membre du conseil général du
Calvados, maire de Beuzeval-Houlgate. Maire dé Beu-
zeval depuis 1881.
M. le docteur Heydenreich, maire de Thairé (Cha-
rente-Inférieure). Docteur en médecine depuis 1836.
Ancien chirurgien-major de la garde nationale. Elu au
conseil municipal de Thairé en 1860. Maire depuis 1879.
M. Noyer, membre du conseil général de la Drôme,
maire de Dieuleflt, conseiller municipal de Dieulefit
depuis 1864.
M. Ducy, maire d'Evreux, conseiller municipal en
1878, maire depuis 1883.
M. Porquier, premier adjoint au maire de Quimper,
membre de la chambre de commerce, fondateur et
président d'une société de gymnastique, d'escrime et
de tir. Belle conduite lers de la guerre de 1870-1871
comme officier à l'armée de la Loire et pendant l'épi-
démie cholérique de 1884-1885.
M. Douat, membre du conseil général du Gers, maire
de Miélan, maire depuis 1871, élu au conseil géné-
ral en 1883.
M. Faure, maire de Floirac (Gironde). Conseiller mu-
nicipal depuis 1858.. Maire depuis 1877. Ancien membre
du tribunal et de la chambre de commerce de Bor-
deaux. Directeur de la caisse d'épargne et censeur de
la succursale de la Banque de France.
M. Darmuzey, membre du conseil général des
Landes. Maire de Parentis-en-Born depuis 1870.
• M. Riom, membre du conseil général delà Loire-.
Inférieure. Conseiller municipal de Nantes de 1873 à
1881. Maire depuis 1892: Elu au conseil général en
1883. Ancien président du tribunal de commerce, mem-
bre ds la chambre de commerce.
M. de Bailliencourt, maire dé Mortain ^Manche). An-
cien receveur particulier des finances, conseiller mu-
nicipal de Chauny (Aisne), de 1860 à 1865. Conseiller
municipal et maire de Mortain depuis 1885.
M. Maringer, conseiller général do Meurthe-et-Mo-
selle, maire de Nancy.
M. le docteur Alison, médecin à Baccarat (Meurthe-
et-Moselle). Interne des hôpitaux de Paris en 1871.
M. le docteur Dubar, chirurgien de l'hôpital de la
Charité et de la maison de santé de Lille.
M. Rey, membre du conseil général des Basses-Py-
rénées, maire de Nay.
M. le docteur Fochier, professeur à la faculté de mé-
decine de Lyon. Chirurgien en chef de l'hospice de la
Charité à Lyon, de 1872 à 1888. Membre du conseil mu-
nicipal de Lyon de 1882 à 1887.
M. Langlois, secrétaire général de la mairie du Ha-
vre. Ancien secrétaire de la mairie de Honfleur et de
la chambre de commerce de cette ville.
M. le docteur Védrine, adjoint au maire de Ver-
sailles. •
M. de Ferry de la Bellone, conseiller général de Vau-
cluse. Médecin des épidémies.
M. le docteur Robin, maire de Chaix (Vendée). Mé-
decin de la marine de 1840 à 1817. Membre du conseil
municipal de Chaix depuis 1848. Maire de cette com-
mune de 1848 à 1852 et depuis 1870. Conseiller général
de 1884 à 1889. Président de la délégation cantonale.
"̃ '̃̃'] SERVICES EXCEPTIONNELS
RENDUS PENDANT LA DERNIÈRE ÉPIDÉMIE CHOLÉRIQUE
Sont promus ou nommés dans l'Grdro de la Lé-
gion d'honneur, sur la proposition du ministre de
"intérieur :j -:V ,;•• O •̃><•
'̃"̃' COMMANDEURS '̃ r':1 '̃̃•'y"
M. le professeur Proust, inspecteur général des ser-
vices sanitaires, membre de l'Académie de médecine.
M. le docteur Dujardin-Beaumetz, médecin des épi-
démies du département de la Seine, membre de l'Aca-
démie de médecine.
OFFICIERS
M. le docteur Gibert, médecin au Havre.
M. le docteur Roux, chef de service à l'institut Pas-
teur.. ;̃ ̃ • ̃ ̃
.,}_̃ :#. }i: CHEVALIERS .)[,. ,jji •̃f"y,. '̃• 'li',
M. le docteur Biron, médecin à'ArgenteuU.
M. le docteur Boutan, médecin des hospices du
Havre.
M. Brindeau, maire du Havre.
Mme veuve Brochard; née Jeanne BÏivét, sous-sur-
veillante à l'hôpital Tenon.
M. le docteur Carnusét, médecin directeur de l'asile
public d'aliénés de Bonneval (Eure-et-Loir).
M. le docteur Dubief, médecin à Paris.
M. le docteur Gaillard, médecin à Paris.
M. le docteur Galvani, médecin à Sarcelles (Seine-
et-Oise).
M. le docteur Guiffart, directeur du service de santé
à Cherbourg.
M. Lardin de Musset, sous-préfet du Havre.
M. le docteur Leclercq, médecin à Arras..
M. le docteur Le Mercier, médecin au Havre.
M. le docteur Muselier, médecin à l'hôpital de la
Pitié.
M. le docteur Netter, médecin des hôpitaux, profes-
seur agrégé à la Faculté de médecine de Paris.
M. le docteur Pennetier, médecin à Rouen.
M. le docteur Thoinot, médecin inspecteur du ser-
vice des désinfections du département de la Seine.
Ministère de l'instruction publique, des beaux-arts
et des cultes
GRAND-OFFICIER
M. Charles Hermite, professeur à la Faculté des
sciences de Paris, membre de l'Académie des sciences.
!a versification. Que font alors les musiciens?
Je l'ai déjà dit ils croient que l'accent porte
toujours sur la dernière syllabe sonore d'un
mot (les e muets ne comptant pas) et ils écor-
chent consciencieusement la langue française
quant aux langues étrangères, on les hache me-
nu comme chair à pâté. Pour aller au plus près,
j'en prends un exemple dans Wertlier. Lorsque
l'ouvrage fut représenté à Vienne, on n'a certai-
nement pas conservé la prosodie des noms,
quand elle était trop'choquante, surtout pour
le personnage principal. La première sylla-
be de Werther doit être fortement accen-
tuée, comme dans tous les mots semblables, et
la seconde syllabe est faible, l'e y devient pres-
que muet. En a-t-on agi de même pour le latin?
M. Massenet fait chanter' plusieurs fois Vivat
Bacchus, semper vivat! en mettant l'accent sur
la dernière syllabe de chaque mot. Ce n'est ce-
pendant pas l'usage; en chantant, par exemple
Credo in unum deum, ou bien licquiem œter-
nam dona eis, domine, on ne maltraite pas le
latin au point de peser sur la dernière syllabe
de chaque mot. Je prends, au hasard, dans ma
bibliothèque, la troisième messe et la messe de
Jeanne d'Arc^ de M. Gounod l'accent du texte
latin y est placé comme j'ai appris à le faire
dès mon enfance.
Je reviens à la prosodie française. De ce que
j'ai dit sur l'accord de l'accentuation musicale et
de l'accentuation des paroles, il résulte l'inuti-
lité de la rime et son absurdité dans les tex-
tes traduits à mettre sous une musique faite
d'avance. Il en résulte aussi que le nombre des
syllabes n'a pas besoin d'être uniforme et que
la prose convenablement rythmée peut fort bien
se prêter à la composition musicale. Mais c'est
la prosodie et l'accentuation des paroles qu'il
s'agit de bien déterminer. Le nouvel essai de ce
genre est intitulé le Faust de Goethe, traduit en
français dans le mètre de l'original et suivant
les règles de la versification allemande, par
François Sabatier (1). L'ouvrage vient de paraî-
tre et porte la date de 1893; l'auteur est décédé
récemment, son portrait et sa biographie se
trouvent en tête de sa traduction de Faust, ou
plutôt de la première partie de l'œuvre de Gœthe.
Le texte allemand est imprimé en regard de la
traduction; à la fin se trouvent des notes occu-
pant plus de place que le drame lui-même; et
elles prouvent le soin minutieux avec lequel Sa-
batier a étudié l'ouvrage et-les interprétations ou
les traductions qu'on en a données.
L'application des règles de la versification al-
(l).Ua volume in-80, chez Delagrav»
̃̃ < '<“ ̃
OFFICIERS
M. Foncin, inspecteur général de l'enseignement se-.
condaire.
M. Tisserand, directeur de l'Observatoire, profes-
seur à la Faculté des sciences de Paris, membre de
t'Institut.
M. le docteur Guyon, professeur à la Faculté de mé-_
decine de Paris, membre de l'Institut.yi •?-<#> ̃
CHEVALIERS
M. Bailliart, inspecteur d'académie en résidence à
Besançon.
M. Cauwès, professeur à la Faculté de droit de Paris.
M. Èspinas, professeur à'ia Faculté des sciences de
Bordeaux.
M. Croiset; maître de conférences à l'Ecole normale
supérieure, ."̃̃̃
M. Laënnèc, directeur de l'école de plein exercice de
médecine et do pharmacie do Nantes.
M. Deprez, censeur des études au lycée Henri IV.
M. Chabrier, professeur de rhétorique au lycée
Louis-le-Grand.
M. Bétourné, professeur de seconde au lycée de
Bordeaux.
M. James, professeur de mathématiques au collège
de Meaux; 40 ans de services.
M. Neveu, directeur d'école communale à Châtelle-
rault.
M. Ruelle, conservateur à. la bibliothèque Sainte-
Geneviève.
M. Henri Lavedan, homme de lettres et auteur dra-
matique lauré-at de l'Académie française.
M. de la Martinière, explorateur; missions remar-
quables au Marne.
M. Valadon, peintre, médaille 3° classe 1880, médaille
2° classe 1SS6.
M. Franc Lamy, peintre et dessinateur, médaille de
3" classe 188S, mèdaii'ie de 2° classe 1890. Hors concours,
Services rendus dans l'enseignement du dessin des
lycées et des écoles de la ville de Paris.
M. Gaudez, statuaire, médaille 3° classe 1879, mé-
daille 2° classe 1881, médaille d'or Exposition univer-
selle 1889.
M. Félix-Alexa-ndre Guilmant, compositeur do mu-
sique..
M. Carré (Albert), directeur du théâtre du Vau-
deville. ̃
M. Laroche, sociétaire de la Comédie-Française.
M. Destable, inspecteur de l'Ecole nationale et spé-
ciale des beaux-arts.
M. Juteàu, évoque dè Poitiers; 30 ans de sacerdoce.
Evêque de Poitiers depuis 1888.
M. Crès, pasteur, président du consistoire de l'Eglise
réforméo de Vallon (Àrdèche)v- 36- .ans de ministère
pastoral.
']; Ministère de l'agriculture ̃ ̃̃ ̃
OFFICIERS
M. Trasbot, directeur do l'Écolo nationale vétéri-
naire d'Alfort, membre de l'Académie de médecine.
M. de Ganay, inspecteur général des haras.
CHEVALIERS ̃' '̃- '•'
M. Barbe de Sainte-Fare, conservateur des forêts à
Moulins.
M. Charlemagne, conservateur des forêts à Alençon.
M. George, chef des travaux de zootechnie à l'Insti-
tut national agronomique.
M. Rivière, directeur du jardin d'essai du Hamma,
près Alger.
M. Defresne, horticulteur-pépiniériste à Vitry (Seine).
M. Sandrart, agriculteur et industriel à Sains, con-
seiller général du Nord.
M. Jolicœur, docteur-médecin, conseiller général de
la Marne.
M. Delaunay, industriel, membre de la chambre de
commerce de Fécamp.
M. de Saunhac, directeur du haras de Pompadour.
M. Rémond, agriculteur à Mainpincien (Seine-et-
Marne),
Ministère de la guerre
L'étendue des décrets portant nominations dans
la Légion d'honneur et accordant la médaille mili-
taire ne nous permet pas de -compléter la liste dont
nous avons donné samedi les parties principales.
Signalons cependant, parmi les croix d'officier ac-
cordées aux officiers do l'armée active, celle de M.
le général du Hamel do Canchy, parmi les croix do
chevalier celles de M. de Vittu de Kerraoul capi-
taine attaché à l'état-major du ministre et du colo-
nel Mercier, de la garde républicaine.
Voici les croix civiles que nous croyons devoir
signaler
OFFICIERS
mm. -t •̃ n'1'1 ̃̃" :y:'r;
Doyen, chef du 1" bureau du cabinet du ministre
de la guerre.
Chardon, commissaire technique adjoint du réseau
de l'Ouest.
Vintéjoux, examinateur d'admission à l'Ecole spé
ciàle militaire.
CHEVALIERS
MM. '̃;
Béjot, sous-chef au bureau des hôpitaux. L i('r
Coudriet, sous-chef au bureau des hôpitaux.
Tronche sous-chef au bureau de la solde.
Dessayettes de Clairval, commis principal.. ivhtr-îui
Mahaud, chef dessinateur de 3e classe..•'•̃"•̃•?VÏ
Baratte, agent comptable à la raffinerie nationale de
Lille.
Auboyneau, inspecteur principal de l'exploitation à
la compagnie des chemins de fer de P.-L.-M.
Du Bousquet, ingénieur en chef du matériel et de la
traction à la compagnie des chemins de fer du Nord.
Michaut, chef de section de télégraphie militaire à
Paris.
Zeller (P.), répétiteur auxiliaire de littérature à l'E-
cole polytechnique.
Hermann, professeur à l'Ecole du génie de Ver-
sailles.
Guérin, aumônier succursaliste à l'hôpital militaire
de Givet.
Ferhat ben Khenich, caïd des Oulad Toaba.
Hamza ben Mohammed, caïd des Maamra.
Boutet, docteur médecin à Orgerus (Seine-et-Oise).
Vermont, docteur médecin a Mont-Saint-Vincent.
Delaire, conseiller référendaire de lro classe à la Cour
des comptes.
Le Grain, ingénieur ordinaire de 2e classe, des ponts
et chaussées.
lemande à la langue française soulève une ques-
tion linguistique et littéraire que je n'ai pas à
discuter, me préoccupant uniquement du côté
musical du sujet. A cet effet, je donnerai quel-
ques exemples pour montrer comment Sabatier
entendait la prosodie. Je prends au hasard les
paroles de Méphistophélès introduisant Faust
dans la cave d'Auerbach. Il commence ainsi
Ich muss dich nun vor allen Dingen
In lustige Getellschaft bringen
Damit du siéhstwie leicht sich's leben Ixsst. '̃'
Ces vers sont iambiques, car dans le second
la quatrième syllabe peut compter comme lon-
gue par position quoiqu'elle soit brève. C'est un
des côtés arbitraires de la versification alle-
mande. Sabatier traduit ainsi
Je dois avant tout t'introduire ̃
En compagnie aimant à rire,
Pour que tu voies comme on vit aisément.
Le deuxième vers seul est iambique! Dans: Je
dois avant tout, l'accent tombe sur dois et sur
tout. Au commencement du troisième vers, la
correspondance n'existe que si l'on se borne à
appuyer sur la quatrième syllabe. Dans comme
on vit, la seconde syllabe est-elle la plus mar-
quée ? Je ne pense pas. L'accent sur la première
syllabe des mots introduire, compagnie, aisé-
ment, est fort bien placé, et c'est le plus impor-
tant dans ces mots, plus important que celui de
la dernière syllabe, en dépit de la convention
musicale.
Voici le commencement des strophes inti-
tulée Marguerite au rouet, quoique, en dépit
de Schubert, la pauvre fille ne songe nullement
à faire ronfler sa machine.
Mon repos perdu
Et plus de paix,
Perdu pour la vie
Et pour jamais l»
Quand il n'est plus là.
A. Ma vie s'en va; -ïfX)
Tout l'univers
•'̃̃: .j': :̃ Me semble amer! l <
Pour que le rythme soit pareil, il faut re-
garder l'avant-dernier vers comme formé de
deux jambes, et par conséquent accentuer la
première syllabe du mot Univers. Quant à la
force de l'expression, les traducteurs ont renon-
cé à donner l'équivalent du texte de Gœthe.
Pour citer un dernier exemple, Faust, dans
une scène, jette deux fois à la face du démon le
mot Serpent Sabatier a placé l'accent sur la
première syllabe, comme dans le mot allemand
Schlange, et c'est ainsi que nous faisons tous en
cas pareil; mais un musicien fera brève et fai-
Audebert, ingénieur, chef du service de l'artillerie
aux usines du Creusot, trente ans de services.
UN YOYÂfiE DE DELIMITATION EN GUINEE
TjA jwCTSSÎOIT BIITQEB.[1)
~"< Arrêtés dans le Baoulô
26 juin. 1" juillet.
Mauvaises journées. Nous avons pris contact
avec le Baoulé l'épreuve n'a pas été encoura-
geante. Aune demi-lieue derisi,rhostilité,inexpli-
cable d'un chef, nous a contraint à rebrousser
chemin. Voici dans quelles circonstances.
Nous venions d'arriver dans un village d'assez
méchante apparence, Siradine-Tombo (Siradine-
la-Ruine), nom bien mérité. L'endroit est si-
nistre une clairière entourée de maigres taillis,
brousse épineuse, rachitique; un marigot aux
eaux dormantes et noires; un sol spongieux où,
çàetlà, parmi les ajoncs un affleurement de
granit bleu mettait une tache lépreuse.
Des cases prêtes à crouler, le chaume en lam-
beaux, des monceaux de détritus. Aux alen-
tours, quelques touffes de maïs et de bananiers
plantés à la diable. L'abandon, l'incurie. Notre
intention était de faire seulement une courte
halte; de là, en effet, deux heures au plus de-
vaient suffire pour atteindre Ouassaradougou.
Tout nous faisait espérer une réception cor-
diale. Nos hommes allaient trouver à qui parler,
puisque nous étions en pays agni. Les habitants
du moins parlent cette langue. Si le type ne
rappelle guère celui des indigènes du Sanwi et
de l'Indenié, leurs ancêtres étaient, selon toute
apparence, des captifs évadés de ces pays, dont
ils ont importé les coutumes et l'idiome dans le
Baoulé jusqu'alors désert. Quoi qu'il en soit, s'ils
entendent lé mandé-dioula, ils parlent commu-
nément un dialecte presque identique à celui de
Krinjabo.
Au premier abord, rien de suspect. Les gens
nous entouraient, en curieux. En échange de
quelques rangs de perles, on apportait des épis
de maïs grillés, du vin de palme.,Après un re-
pos d'une demi-heure, nous demandions le
chemin. Trois sentiers partent du village, et,
naturellement, nos guides ignorent quel est le
bon. On nous répond d'attendre l'arrivée du
chef qu'on est allé chercher dans un autre ha-
meau, tout proche. Lui-même nous conduira;
il est précisément le frère du chef de Ouassara-
dougou chez qui nous allons. Et, pour faire
prendre patience, on apporte encore du maïs,
des bananes. Cependant l'attente se prolonge
nous sommes échoués là depuis plus d'une
heure; le ciel est menaçant, nous voulons partir.
Impossible, le chef va venir, il arrive. Le voici
enQn. C'est un vieux à face patibulaire, une
dizaine d'individus l'accompagnent. Sur ces en-
trefaites lapluie s'est mise tomber, torrentielle.
Tout le monde avait pris place sous un han-
gar, autour d'un feu, le chef et ses gens causant
entre eux de choses indifférentes sans paraître
s'occuper de nous. Tout à coup, l'un d'eux se
lève et déclare qu'ils ne peuvent continuer à
parler en notre présence. On nous enjoint de
nous retirer. Ceci ne présage rien de bon les
affaires se gâtent, décidément. Nous répondons
qu'Ano, notre interprète, va s'éloigner, ce qui
leur permettra de discourir tout à leur aise,
puisque nous ne comprenons pas l'agni. Mais
ils insistent. Ils ont entendu le capitaine parler
mandé et déclarent que, connaissant une langue,
il doit aussi savoir l'autre. Le plus sage est de
s'incliner. A la hâte nous cherchons un autre
refuge, car l'averse redouble.
Après dix minutes de conciliabules, on nous
déclarait que nous ne pouvions aller plus loin.
La raison? Nous arrivions'du côté de Kong, de
chez les Dioulas. Oh 1 si nous fussions venus
d'ailleurs, c'eût été différent; on aurait pu s'en-
tendre. Mais, tout bien pesé, on ne nous « don-
nerait pas » le chemin; nous ne passerions pas.
En vain ripostons-nous que nous n'avons rien à
voir avec les démêlés de voisin à voisin. Nous
ne tombons pas du ciel si nous avons passé en.
pays dioula, nous avons dû, au préalable, tra-
verser d'autres territoires dont les occupants
n'ont point eu à se plaindre de nous, paraît-il,
puisque nous voici sains et saufs. Tout est inu-
tile ces gens-là sont butés. L'offre d'envoyer un
de nos gens avec un homme du village auprès
du chef de Ouassaradougou, dont nous atten-
drions ici la réponse, n'eut pas plus de succès
« Passez de force si vous voulez, nous dit-on.
Que vos guides trouvent la bonne route s'ils le
peuvent. Mais ils verront ce qui leur arrivera là-
bas, à eux et à vous. On vous coupera. le cou à
tous » Le plus enragé était un vieillard au chef
branlant, aux jambes tuméfiées. Dieu reçoive
bientôt sa belle âme Il nous couvait d'un
mauvais regard, sifflant entre ses gencives dé-
meublées des arguments qui paraissaient déci-
sifs à ses collègues. Celui-là avait dû entraîner
le verdict.
Nous faisons répondre que ce sont là des mé-
chants discours. Le chef les regrettera. Pour le
moment, nous nous retirerons nous venions
en amis, n'ayant jamais eu le dessein d'employer
la force.
Le moyen, d'ailleurs? Un Goup d'œil jeté sur
(1) Voir le Temps des 8 mai, 16 juin, 18 août, 22 sep-
tembre, 26 octobre et 3 décembre.
ble la première syllabe de Serpent il mettra
sur la seconde une note haute et longue que le
chanteur poussera à pleins poumons en faisant
un grand geste et une grimace. Ainsi le veut
l'esthétique des chanteurs et des compositeurs.
On me permettra maintenant de revenir un
peu sur une question que j'ai traitée il y a
quelques mois. J'ai montré quelle: énorme dis-
tance il y a entre le Faust de Gœthe et la pièce
de M. J. Barbier, mise en musique par M. Gou-
nod (1). Il semble même que les traducteurs
se plaisent à fausser les idées des lecteurs.
Ils donnent la première partie du drame
et l'intitulent tout court Fatist, tragédie de
Gœthe. Cependant, ce n'est que |le prologue; le
vrai Faust, c'est la seconde partie. Méphisto-
phélès compte gagner son pari contre Dieu et
contre le docteur. Faust est avide d'action,
comme autrefois il était avide de science. Pour
l'occuper et l'attacher, si c'est possible, Méphis-
tophélès le conduit d'abord à la cave d'Auer-
bach, puis il essaye de l'amour et, à cet effet, il
fait boire à Faust un philtre préparé par une
sorcière. Ces deux tentations occupent toute la
première partie du Faust drame, dont on ne
comprendra pas le vrai sens si l'on ne connaît
bien la seconde partie. On se méprend particu-
lièrement sur Marguerite.
J'ai signalé une interprétation erronée d'un
passage capital pour l'explication de ce person-
nage il faut croire que l'erreur est générale ou,
pour le moins, très répandue, car Sabatier ne
donne pas la moindre note sur ce sujet et lui-
même se trompe, comme Marc Monnier et d'au-
tres. Il s'agit de la scène à la', fontaine. Restée
seule, Marguerite se dit: « Moi aussi, autrefois
je blâmais les jeunes filles qui ont failli, et
maintenant. Mais tout ce qui m'a décidée, ah! l
Dieu! il était si bon, je l'aimais tant! » Ces pa-
roles ne peuvent se rapporter qu'à Faust; c'est
par son dévouement absolu, son amour infini
et éternel pour un homme qui en est digne que
Marguerite devient le type de l'éternel féminin,
servant de conclusion au drame et cependant
à une première faute elle a ajouté inconsciem-
ment le parricide, le fratricide et l'infanticide.
Les traducteurs se sont dit, comme les éco-
liers Tout verbe doit avoir un sujet, et ce su-
jet, c'est le nom ou le pronom qui précède im-
médiatement. Mais le sujet qui n'est pas expri-
mé, parce qu'il remplit l'esprit et le cœur de
Marguerite pour l'éternité, ils l'ont oublié. Voilà
comme Sabatier s'est trompé comme Marc Mon-
nier ils ont été dépassés par M. de Riedmatten,
(1) Voir le Temvs du 5 avril 1892
nos porteurs nous prouve qn'il n'est que temps
de donner le signal du retour, si nous voulons
éviter un désastre. Ils sont blottis dans un coin,
effarés, tremblants, avec des figures de crimi-
nels regardant la potence. Qui sait môme si
leurs attitudes craintives, leur démarche louche
de gens qui ont fait un mauvais coup, n'ont pas
contribué à éveiller la défiance?. Avec une au-
tre troupe composée de gaillards confiants,
alertes, de bonne humeur, comme nos deux
braves Sénégalais, l'accueil, je gage, eût été
tout autre. Quoi qu'il en soit, il est manifeste
qiwnous ne pouvons plus compter sur eux.
D'une minute à l'autre, ce peut être la panique,
la fuite éperdue. et le reste. En route 1
Nous avions été retenus a Siradine-Tombo
près de quatre heures. Dans le village hostile,
une seule voix s'était élevée en notre faveur,
celle d'une bonne femme, une aïeule, occupée
à broyer du maïs devant sa case. A plusieurs
reprises elle avait interrompu sa besogne, se re-
dressant indignée, les bras tendus du côté du
chef qu'elle interpellait violemment. « Ces blancs
n'ont rien fait de mal. Pourquoi les arrêter, fous
que vous êtes ? » Et autres aménités. Nous som-
mes déjà loin que ses protestations nous arri-
vent encore, obstinées, dominant de leur cla-
meur aigre les autres rumeurs. Merci, la vieille I
Tant il est vrai qu'il n'est si méchante assemblée
où l'on ne puisse trouver une bonne âme.
Les habitants des hameaux où nous repassons
se montrent très réservés. Dans le premier sur-
tout, où nous nous arrêtons une heure plus tard
pour camper, les mines sont revêches. Rien de
plus naturel nous battions en retraite. Installés
sous un arbre, sur la place, nous attendions que
le chef que l'interprète était allé saluer selon
l'usage voulût bien paraître et nous désigner
des cases. Le chef fit répondre qu'il n'avait pas
à s'occuper de nous, se plaignant en outre de ce
que, à l'aller, nous eussions traversé son village
sans y faire halte, pour lui dire bonjour. La ré-
plique était aisée. Nous étions passés là de nuit,
et ce ne sont pas « manières de blancs » de ve-
nir réveiller les gens avant l'aube pour leur
souhaiter le bonjour. L'excuse ne parut pas suf-
fisante au chef, qui envoya dire que les blancs
pouvaient s'arrêter pour manger. (On n'avait
pas attendu sa permission notre table avait été
dressée, les feux flambaient, nos gens atta-
quaient à belles dents leur provision de viande
boucanée). « Mais, ajoutait-il, après avoir man-
gé, nous devions repartir. Nous nous trou-
vons bien ici et nous y resterons le temps qu'il
nous plaira, au moins jusqu'à demain. Mais
vous ne recevrez rien pour nourrir vos hom-
mes. Nos hommes ont ce qu'il leur faut.
On ne vous donnera pas de cases. Les blancs
savent s'en passer. »
Ce dialogue avait exigé quelque temps, car
il avait lieu par l'intermédiaire de messagers.
Le chef ne s'était pas montré et ne devait pas
consentir à paraître. Cependant, il s'humanisa.
A peine informé que nous n'avions besoin de
rien, il nous faisait offrir le vivre et le couvert.
C'est de règle. Le meilleur moyen de provoquer
la libéralité d'un noir, c'est de déclarer qu'on
n'attend rien de lui. De fait, la journée et la nuit
s'écoulèrent sans incidents et la population, su-
bitement retournée, se montra, du petit au
grand, fort hospitalière.
En rentrant à Satama, nous avons retrouvé
auprès du roi le meilleur accueil. Ni lui, ni les
siens ne paraissent autrement émus de notre
insuccès. Il semble que l'aventure soit la plus
simple du monde. Et, sur le champ, ils élabo-
rent un autre plan de campagne. On nous a mal
reçus du côté de Ouassaradougou. Qu'importe?
Rien de plus simple que d'éviter ce mauvais
pas. Ils vont nous conduire par un autre itiné-
raire, inclinant légèrement vers le nord. Nous
atteindrons presque aussi vite la vallée du Ban-
dama, où ils se flattent de nous obtenir une ré-
ception meilleure et des pirogues pour gagner
la côte. Moins de deux heures après notre
retour, la combinaison était arrêtée. Nous re-
partirions dès le lendemain.
Révolte ^'1) n
Trois heures plus tard. Tout se détraque. Nos
porteurs se mutinent. Déjà, durant les haltes
de la dernière étape, nous avions été mis en
éveil par des entretiens suspects, à voix basse,
lesquels cessaient aussitôt à notre approche.
Mais voici que la situation se dessinait, très
nette. Au coucher du soleil, les hommes se pré-
sentaient un à un, l'air têtu, déclarant qu'ils ne
marcheraient pas le lendemain. L'alerte de Sira-
dine-Tombo a déterminé la crise. Leur timidité
naturelle est devenue terreur folle. Dans ces
conditions, impossible d'aller de l'avant.
La nuit venait, sombre, orageuse. La foudre
grondait, la pluie tombait à flots. Quelle veillée
Jusqu'à neuf heures, enfermée dans notre case,
nous avons tenu conseil. De quelque côté qu'on
envisage la position, la conclusion est la même.
A supposer que les hommes, ramenés demain à
de meilleurs sentiments, se décident à marcher,
ils nous fausseront compagnie dans quelques
jours. Survienne la moindre diffiçulté, ce sera de
nouveau la révolte. Il est même heureux que
nous ayons été arrêtés Siradine. Si le fait s'é-
tait produit deux étapes plus loin, nos gaillards
prenaient la fuite. Abandonnés à la merci de po-
pulations inconnues, se tenant à notre égard sur
le qui-vive, la tentation pour elles eût été bien
forte, et notre affaire vite réglée, j'en ai peur.
S'obstiner à poursuivre c'est courir à une mort
certaine et qui plus est, à une mort inutile.
qui a publié également une traduction en vers
de la première partie de Faust; il dit « C'était
si bon, si facile et tentant! » En allemand, il y a
seulement les mots gut (bon) et lieb (cher,
dans le sens d'aimé); ces mots n'ont jamais eu
qu'une seule signification. Bref, on fait parler
Marguerite comme peut parler n'importe quelle
fille « facile », selon l'expression de M. de Ried-
matten. MM. Barbier et Gounod peuvent être
fiers leur Marguerite éclipse l'éternel féminin;
personne ne comprend plus Gœthe..
M. Gaudot a donné, dans les Archives franc-
comtoises, un article qu'il a fait tirer à part et
où il résume les résultats des dernières publica-
tions sur Rouget de Lisle. On n'a épargné à l'au-
teur de la Marseillaise aucune avanie, et nous
n'en avons pas fini. On a nié l'authenticité de
son chant, quoique les attaques de 'ce genre
n'eussent jamais eu la moindre solidité. On a
a dit qu'il ne savait ce qu'il faisait, que son
chant n'est devenu bon que par les changements
qu'on y a faits, etc. Son œuvre s'est répandue
rapidement telle qu'il l'avait produite; j'ai dit ce
que valent les alterations qu'elle a subies.
On a attaqué sa personne, ce qui ne change
rien à la valeur de la Marseillaise. Il n'a jamais
pu comprendre qu'étant officier du génie une
chanson pût l'en rendre indigne. On a critiqué
ses vers, écrits ou plutôt improvisés dans le
langage à la mode il y a cent ans. Aujourd'hui,
on ne chante pas toutes les strophes; ce serait
même inutile; d'ailleurs, dans les chansons,
comme dans les opéras, il ne faut pas éplucher
le texte. M. Gaudot nous prédit la fin de la Mar-
seillaise et l'éclosion' d'un hymne nouveau, dont
il indique le sujet. 'Que ne l'écrit-il lui-même?
Je ne crois pas à ces prophéties on ne fait pas
tous les jours une Marseillaise, et il n'est pas
vrai qu'en France tout commence ou finisse par
des chansons. .f ^7J r/
r?;.r.J.q ,i._J\.l ,ri"
J'ai parlé, il y a quelque temps, d'une brochu-
re de M. Soubies sur la situation des théâtres à
Paris en 1870 et 1871 l'auteur a continué son
étude pour les années suivantes. Cette époque
n'offre pas seulement un intérêt littéraire et mu-
sical elle est aussi le commencement d'une ère
nouvelle, où les circonstances politiques ont
exercé une influence, sans compter que cette
époque a été peu étudiée jusqu'à présent et qu'il
a fallu à M. Soubies recueillir, non sans diffi-
culté, les documents nécessaires (1).
(î) Une brochure in-8°, aux bureaux de la Revue d'art
[dramatique.
Tel est aussi l'avis des chefs. Informés de c«
qui se passe, tous déclarent que poursuivre se.
rait folie. Avec de braves gens, ayant confiance,
rien n'eût été plus facile'que de gagner le Ban-
dama. Avec de sembl-ables compagnons, c'est •
risquer sa tête. Voilà qui est clair. Il ne restait
qu'à reprendre le lendemain la marche vers le
sud pour rejoindre le bas:in du Comoé par le
pays des Ganne.
Mais le lendemain, c'est autrement grave. Les
,porteurs ont pris le large. Au petit jour un tu-
multe confus, des pas précipités suivis _d'un-
bruit de fardeaux jetés sur lo sol, nous éveil-
laient en sursaut. Nos hommes se débarras-
saient de leurs charges et, ne conservant -:qu0;
leurs trésors personnels couvertures, pagnes.
de Kong reçus en cadeaux ou achetés sur leur
solde, ils décampaient. La tempête seule les
avait empêchés de mettre leur projet à exécu-
tion pendant la nuit. Et maintenant, dans la pé-
nombre, parmi les hautes herbes trempées, ils
détalaient comme des lièvres. Les deux tirail-
leurs s'élancent à leur poursuite, cherchant en
vain à les rallier. Appels, menaces, rien n'y fait.
Des coups de feu retentissent: peine perdue.
Les misérables ont de l'avance ils ont atteint la
bord du marigot et sont à l'abri dans la brousse.
Tous ont levé le pied, jusqu'aux individus répu-
tés les plus sûrs, les noirs Eba et Ekouanon, qui
furent jadis les compagnons de Bingcr et de
Treich-Laplène. Des gens qui vivent avec nous
depuis tantôt six mois, que nous avons tou-'
jours bien traités, leur procurant en toute occa-
sion les douceurs chères aux noirs, le tabac, le
vin de palme, leur cédant parfois notre part de
viande fraîche et nous réduisant aux con-
serves pour que leur ration fût meilleure.
Ils nous abandonnent lâchement, stupidement,
Et où s'en vont-ils, les malheureux ? Que peu-
vent-ils espérer sans nous? Ils sont à deux
mois de marche de leur pays le moins qu'il
leur puisse advenir, c'est d'être retenus captifs
dans le plus prochain village. Mais est-ce qu'ils
raisonnent?
Cependant, au bruit, toutes les cases sont en
rumeur. Emus, les habitants accourent, criant,
gesticulant. En un clin d'œil, nous sommes en-
vironnés, pressés, interpellés sur tous les tons.
Les questions pleuvent; on ne sait à qui répon-
dre. Le moment est critique. Il ne reste auprès
de nous que cinq hommes les deux Sénégalais,
Amon, chef des porteurs, l'interprète Ano et
Kassikan, mon petit boy, un enfant de treize
ans. Il s'agit de savoir ce que vont faire nos
amis d'hier, si le traité signé tiendra toujours,
s'ils respecteront dans les blancs leurs nouveaux
alliés. Nos ballots gisent à terre pêle-mêle.
Pour peu que le butin les tente, ils auront vite
raison de nous. Espérer de leur en imposer se-'
rait folie. Nous sommes dans la main de Dieu.
Dans une minute nous serons fixés. La foul6
s'écarte, voici le roi, les marabouts. On parle-
mente. Ce sont des amis décidément! A peine
au courant de l'équipée, ils se récrient. Com-
ment. Ces hommes ne sont pas des captifs on
les paye, on les mène avec douceur, et ils fuient.
C'est indigne. Mais on allait nous les ramener
ce ne serait pas long. Et, sur l'ordre du chef, la
populace se dispersait au pas de course, en ra-
batteurs, à la poursuite des fugitifs.
Comme en ces pays le sérieux et le bouffon
semblentmarcherde pair, la même journée allait
voir éclore un nouvel incident, l'aventure du ti-
railleur Sambandao, convaincue de conversation
criminelle avec une des femmes du roi. Après t
les événements de la matinée, l'affaire venait
mal à propos. L'inculpé ne se défendait que mol-
lement. La princesse, par contre, insistait, pré-
cisait, entrait dans des détails, avec une panto-
mime des plus expressives, sans trop se plain-
dre, d'ailleurs, de la liberté grande. Le roi, de
son côté, n'avait pas l'air fâché. Alors, quoi ?.
Mon Dieu. voilà. Le prince n'en voulait pas au-
trement au soldat d'avoir foulé aux pieds le res-
pect dû à la majesté royale. Lé mal était qu'il
ne lui avait rien donné pour la remercier de ses
bontés; mais là, rien de rien On ne se conduit
pas ainsi avec les femmes. A cette réclamation
inattendue de la part d'un mari lésé, surtout
d'un mari roi, nous eûmes grand'peine à garder
la gravité nécessaire à qui veut rendre la jus-
tice. Le capitaine répondit que, certainement, le
tirailleur avait eu tort de se laisser aimer pour
lui-même. Mais l'affaire pouvait s'arranger.
Est-ce qu'en offrant à madame ces huit
grains de corail?. ̃ • ,,̃̃“ ,i;;
Oh Dix. '>!i»tip f..jus' ̃̃̃'̃ O "iï.s{ltâfc
Va pour dix.
Epanouissement du monarque et de sa moitié
qui s'en retournent bras-dessus bras-dessous.
Il me parait de plus en plus acquis que, dans
ces contrées, où le rigorisme des femmes n'est
nulle part passé en proverbe, la morale la plus
accommodante est professée de préférence par,
les personnes de haute lignée. Les épouses, sœurs
et filles de chef font preuve, presque partout,
d'une vertu remarquablement hospitalière. No-
blesse oblige.
Dans la soirée, les gens de Satama nous ra-
menaient nos porteurs par petits groupes, en
nous demandant de ne pas leur faire de mal.
Non, certes. Ce n'est pas le moment de sévir;
nous n'en avons ni le désir, ni les moyens. Una
fois à la côte, il sera temps de réclamer à qui
de droit, pour les coupables, quelques semaines
de ponton ou de travaux publics. D'ici là, point
de menaces. L'essentiel est de partir et de màr-,
cher vite.
MARCEL MONNIER. [X
« Nous avons montré, dit M. Soubies, que,
contrairement à toutes les prévisions, il s'était
trouvé, dès l'été de 1871, un public pour les théâ-
tres et que ce public se contentait de pièce?:
semblables ou, tout au moins, analogues à celles
qui l'amusaient avant la guerre. » Par exception
seulement, on adonné des pièces patriotiques ou
politiques, comme il s'en produit souvent après
des crises militaires. Les causes de cette pénurie
nullement regrettable s'expliquent facilement.
D'autre part, le grand drame en vers, qui semblait
devoir revivre, fut peu cultivé. De ce genre sont
Jeanne d'Arc, de M. J. Barbier, donné à laGaîté,
et les Deux Reines, de M. Legouvé, représentées
à la salle Ventadour; les deux ouvrages étaient
accompagnés de musique de M. Gounod.
A l'Opéra-Comique, M. Camille du Locle, qut
recueillait l'héritage du Théâtre-Lyrique, incen-
dié, essayait, d'une part, de faire accepter à la
salle Favart les pièces de demi-caractère qu'on
jouait à la place du Châtelet, d'autre part, à
mettre en lumière les œuvres de nouveaux ve-
nus qui, tous, ensuite ont conquis la célébrité au
théâtre: MM. Bizet, Saint-Saëns, Massenet, Pâ-
ladilhe. Malheureusement, le public n'encoura-
geait pas ces très louables tentatives, et la
presse se montrait peu disposée à lui donner
tort.
Le Passant, Djamileh, la Princesse jaune et
Don César de Bazan se sont succédé sans inter-
ruption puis sont venus le Roi l'a dit, de Deli-
bes, et les Trois Souhaits, de Poise. Il faut y
rattacher aussi l'Arlésienne et les Erinnyes, dont
la musique est restée au répertoire des con-
certs.
M. Lecocq pouvait compter parmi les nou-
veaux, quoiqu'il eût débuté aux Bouffes-Pari-
siens en même temps que Bizet.
A l'Opéra, nous ne trouvons que la Coupe du
roi de Thulé, de M. Diaz, qui, couronné dans,
un concours, attendait son tour depuis 186&<
N'oublions pas Monsieur Polichinelle, de M. De-
léhelle, Madame Turlupin, de Guiraud, et la
Guzla de l'émir, de M. Dubois, représentés au
théâtre de l'Athénée. C'est au même théâtre quo.
débuta M. Lacome par la Dot mal placée. Litolfï
donna aux Folies-Dramatiques Héloïse et Abé~
lard. On irouvera dans la brochures de M.
Soubies la liste complète des nouveautés offerte»
par les théâtres à cette époque.
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La rédaction ne répond pas des articles communiqués
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M. Bourée, envoyé extraordinaire et ministre pléni-
potentiaire do la République française à Bruxelles.
Premier plénipotentiaire français à la conférence
antiesclavagiste de Bruxelles.
M. Nisârd, ministre ̃ plénipotentiaire de lr« classe.
Directeur des affaires politiques et du contentieux.
OFFICIERS V '•
M. Fourier de Bacourt, envoyé extraordinaire et
ministre plénipotentiaire de la République française à
Santiago (Chili).
M. Balny d'Avricourt, consul général à Hambourg.
M. d'Assier, secrétaire d'ambassade de 2° classé, at-
taché à la direction des affaires politiques.
,̃ CHEVALIERS
M. de Commines de Marsilly. secrétaire d'ambassade
ie 2e classe. Sous-chef du bureau des traducteurs et de
la presse étrangère.
M. Deslandres, secrétaire d'ambassade de 2° classe,
attaché à la direction des affaires politiques.
M. Lefaivre, secrétaire d'ambassade de 2e classe à
Lima. A géré la légation de France au Pérou dans des
circonstances difficiles.
M. Auzépy, consul de 1™ classe à Tiflis. S'est signalé
par son dévouementpendant l'épidémie cholérique qui
a sévi à Tiflis en 1892.
M. Blanchard de Farges, consul de 1™ classe, secré-
taire-archiviste à la direction des affaires commercia-
les et des consulats.
M. de Bradi, consul de 2° classe à Civita-Vecchia.
M. Pognon, consul do 2° classe à Bagdad. Chargé
d'une mission en Syrie.
M. Vissiôre, premier interprète de la légation de
France à Pékin. Gérant du consulat général de Franco
à Shanghaï. Auteur d'importants travaux d'érudition
chinoise. Services rendus pendant les affaires de
Chine, 1883-1885.
M. Kaulek, sous-directeur adjoint à la division des
archives. Secrétaire de là commission des archives
diplomatiques, aûtèur'de diverses publications impor-
tantes intéressant l'histoire diplomatique.
M. Martin des Palliêres, agent principal de la Com-
pagnie des Messageries maritimes à Constantino.ple.
M. de.Rocca Serra, conseiller khédivial au Caire.
Sont nommés, au titre étranger, chevaliers de la
Légion d'honneur
M. Burnand, artiste peintre suisse, hors concours
président du comité suisse des beaux-arts en 1889.
M. Herlotsen, s'jjet norvégien, vice-consul de Suède
et de Norvège à Rouen depuis 1844.
M. Hagborg, sujet suédois, artiste peintre, hors
concours, médaillé do 1879, membre du jury 1889.
M. Metchnikoff, naturaliste russe, ancien professeur
de zoologie à l'université d'Odessa et directeur du la-
boratoire bactériologique de cette ville, membre de
l'université do Moscou, correspondant de l'Académie
des sciences de Saint-Pétersbourg. Titres exception-
lels comme chef de service depuis plus de quatre ans
ï l'institut Pasteur.
Ministère de l'intérieur"
OFFICIERS
M. Lépine, préfet de la Loire.
M. Grimanelli, préfet de la Charente-Inférieure.
'M. Boudet, préfet du Gers,
M. Beverini-Vico, préfet de l'Aude.
M. Soinoury, directeur de la sûreté générale au mi-
nistère de l'intérieur.
M. Duval, directeur du Mont-de-Piété de Paris.
M. Girard, chef du laboratoire municipal de chimie
à Paris. • ,-• '̃
M. Giroud, maire de Douai. .^o :C':=.ji u .¡,
̃-̃̃̃̃. -̃̃:• :̃̃̃:̃}̃̃<* 3
CHEVALIERS ̃i .̃>.
̃̃'̃-•: :> ̃̃ i,^i;s-{,: ff'
M. Lascombes, préfet des Deux-Sèvres. :y-s< ̃“̃
M. Fosse, préfet des Vosges. •
M. Desplats, secrétaire général de la préfecture du
Loiret.
M. Hugues, sous-préfet de l'arrondissement de
ïiOdève. Engagé volontaire en 1870-1871. Ancien pu-
bliciste. Lauréat de l'Académie française.
M. Romét, secrétaire général de la préfecture de
l'Aude.
M. Morgand, chef de bureau à l'administration cen-
trale du ministère de l'intérieur. Auteur de nombreuses
publications administratives.
M. Laroche, sous-chef de bureau à l'administration
centrale du ministère de l'intérieur.
M. Lefort, inspecteur général des services admini-
stratifs du ministère de l'intérieur. Ancien publiciste.
M. Roussel, agent voyer'en chef du département de
la Lozère.
M. Laburthe, directeur de la maison centrale de
Doullens.
M. le docteur Dreyfus-Brissac, médecin de l'hôpital
Tenon à Paris, membre du conseil supérieur de l'As-
sistance publique.
M. Portes, pharmacien en chef de l'hôpital Saint-
Louis à Paris.
M. Manternach, lieutenant de la compagnie de sa-
peurs-pompiers de Nogent-sur-Marne. Titulaire des
quatre médailles d'honneur du ministère de l'inté-
rieur. A obtenu un rappel de la médaille d'or de 1"
classe. S'est signalé depuis et en maintes circon-
stances par un courage exceptionnel et un dévoue-
ment à toute épreuve.
M. le docteur Reulos, maire de Villejuif, du 6 jan-
vier 1881.
M. Ruel, membre du conseil municipal de la ville de
Paris. Elu en 1884; 8 ans de services. Titres excep-
tionnels est le fondateur et assure seul la prospérité
du dispensaire du 4e arrondissement et de nombreuses
autres œuvres philanthropiques à Paris et à Cannes.
M. Pougy, adjoint au maire du .7° arrondissement
de Paris. Avocat à Paris depuis 27 ans. Campagne de
1870-1871. Belle conduite lors de l'épidémie cholérique
de 1891.
M. Esménard, secrétaire général de la préfecture de
Constantine.
M. Garoby, secrétaire général de la préfecture
d'Oran.
FEUILLETON OU <&etttp0
DU 3 JANVIER 1893
CRITIQUE MUSICALE
,Í/~
La prosodie française en musique, a propos de la tra-
duction de Faust, de Gœthe, dans le mètre de 1'0-
riginal, par François Sabatier. L'Hymne national
de Rouget de Lisle, par M. E, Gaudot. Les Théâtres
de Parts en 1B72 et 1S7S, par M. Soubies.
J'ai eu occasion de parler de différents essais
d'établir une métrique de la langue française;
ces essais ont de l'importance au point de vue
musical en littérature, ils ne changent rien. La
versification a ses règles traditionnelles les
écrivains mêmes qui en avouent l'insuffisance,
l'arbitraire et la fausseté, comme par exemple,
Théodore de Banville, lès conservent' parce
qu'elles sont reçues. Si en faisant des vers on se
bornait à observer le nombre des syllabes, la
rime et la césure, on ne ferait guère que de la
mauvaise prose; les poètes doivent se guider
par leur sentiment du rythme et de la sonorité.
Mais la question prend une forme plus précise
quand il s'agit de musique.
La netteté, la clarté, la variété et la richesse
du rythme sont un des éléments nécessaires de
l'art musical. Il en résulte que dans la musique
vocale, c'est-à-dire quand la musique est liée à
des paroles, il y faut la concordance rythmique.
L'allemand et l'italien, par exemple, ont un
rythme bien marqué par suite d'une accentua-
tion caractéristique et qui doit servir de guide
au musicien. En français, cette accentuation doit
exister aussi et elle existe certainement dans le
discours ordinaire, mais il faut croire qu'elle
n'est pas assez marquée, puisqu'on n'y prend
pas trop garde, qu'on n'est pas d'accord sur elle
st qu'on n'en tient pas compte dans les règles de
M. Desenne, chef du secrétariat général de la pré-
fecture de la Seine.
M. Dumand, chef des bureaux de la police munici-
pale à Paris.
M. Pupunat (Aimé), membre du conseil général de
̃̃l'Ain. Receveur de l'enregistrement et des domaines
en 1842. Maire de la commune de Poncin do 1878 à
1884. Ancien conseiller d'arrondissement. Conseiller
général depuis 1883. Plus de cinquante ans de ser-
vice.
M. le docteur Gimbërt, -médecin à Cannes, lauréat
de la faculté de Paris en 1865 et'de l'Institut on 1867.
M.Lartigue, vice-président du conseil général des
Ardennes. Maire de Givet. Ancien fonctionnaire de
l'administration 'des forêts. Conseiller municipal de
Givét en 1865.
M: Laborde, président du conseil général de l'Ariège.
Elu'au conseil général- en -1871. Président de cette
assemblée do 1871 à' 1877 et depuis 1880. Ancien maire
de Foix..
M. Georges Landry, membre du conseil général du
Calvados, maire de Beuzeval-Houlgate. Maire dé Beu-
zeval depuis 1881.
M. le docteur Heydenreich, maire de Thairé (Cha-
rente-Inférieure). Docteur en médecine depuis 1836.
Ancien chirurgien-major de la garde nationale. Elu au
conseil municipal de Thairé en 1860. Maire depuis 1879.
M. Noyer, membre du conseil général de la Drôme,
maire de Dieuleflt, conseiller municipal de Dieulefit
depuis 1864.
M. Ducy, maire d'Evreux, conseiller municipal en
1878, maire depuis 1883.
M. Porquier, premier adjoint au maire de Quimper,
membre de la chambre de commerce, fondateur et
président d'une société de gymnastique, d'escrime et
de tir. Belle conduite lers de la guerre de 1870-1871
comme officier à l'armée de la Loire et pendant l'épi-
démie cholérique de 1884-1885.
M. Douat, membre du conseil général du Gers, maire
de Miélan, maire depuis 1871, élu au conseil géné-
ral en 1883.
M. Faure, maire de Floirac (Gironde). Conseiller mu-
nicipal depuis 1858.. Maire depuis 1877. Ancien membre
du tribunal et de la chambre de commerce de Bor-
deaux. Directeur de la caisse d'épargne et censeur de
la succursale de la Banque de France.
M. Darmuzey, membre du conseil général des
Landes. Maire de Parentis-en-Born depuis 1870.
• M. Riom, membre du conseil général delà Loire-.
Inférieure. Conseiller municipal de Nantes de 1873 à
1881. Maire depuis 1892: Elu au conseil général en
1883. Ancien président du tribunal de commerce, mem-
bre ds la chambre de commerce.
M. de Bailliencourt, maire dé Mortain ^Manche). An-
cien receveur particulier des finances, conseiller mu-
nicipal de Chauny (Aisne), de 1860 à 1865. Conseiller
municipal et maire de Mortain depuis 1885.
M. Maringer, conseiller général do Meurthe-et-Mo-
selle, maire de Nancy.
M. le docteur Alison, médecin à Baccarat (Meurthe-
et-Moselle). Interne des hôpitaux de Paris en 1871.
M. le docteur Dubar, chirurgien de l'hôpital de la
Charité et de la maison de santé de Lille.
M. Rey, membre du conseil général des Basses-Py-
rénées, maire de Nay.
M. le docteur Fochier, professeur à la faculté de mé-
decine de Lyon. Chirurgien en chef de l'hospice de la
Charité à Lyon, de 1872 à 1888. Membre du conseil mu-
nicipal de Lyon de 1882 à 1887.
M. Langlois, secrétaire général de la mairie du Ha-
vre. Ancien secrétaire de la mairie de Honfleur et de
la chambre de commerce de cette ville.
M. le docteur Védrine, adjoint au maire de Ver-
sailles. •
M. de Ferry de la Bellone, conseiller général de Vau-
cluse. Médecin des épidémies.
M. le docteur Robin, maire de Chaix (Vendée). Mé-
decin de la marine de 1840 à 1817. Membre du conseil
municipal de Chaix depuis 1848. Maire de cette com-
mune de 1848 à 1852 et depuis 1870. Conseiller général
de 1884 à 1889. Président de la délégation cantonale.
"̃ '̃̃'] SERVICES EXCEPTIONNELS
RENDUS PENDANT LA DERNIÈRE ÉPIDÉMIE CHOLÉRIQUE
Sont promus ou nommés dans l'Grdro de la Lé-
gion d'honneur, sur la proposition du ministre de
"intérieur :j -:V ,;•• O •̃><•
'̃"̃' COMMANDEURS '̃ r':1 '̃̃•'y"
M. le professeur Proust, inspecteur général des ser-
vices sanitaires, membre de l'Académie de médecine.
M. le docteur Dujardin-Beaumetz, médecin des épi-
démies du département de la Seine, membre de l'Aca-
démie de médecine.
OFFICIERS
M. le docteur Gibert, médecin au Havre.
M. le docteur Roux, chef de service à l'institut Pas-
teur.. ;̃ ̃ • ̃ ̃
.,}_̃ :#. }i: CHEVALIERS .)[,. ,jji •̃f"y,. '̃• 'li',
M. le docteur Biron, médecin à'ArgenteuU.
M. le docteur Boutan, médecin des hospices du
Havre.
M. Brindeau, maire du Havre.
Mme veuve Brochard; née Jeanne BÏivét, sous-sur-
veillante à l'hôpital Tenon.
M. le docteur Carnusét, médecin directeur de l'asile
public d'aliénés de Bonneval (Eure-et-Loir).
M. le docteur Dubief, médecin à Paris.
M. le docteur Gaillard, médecin à Paris.
M. le docteur Galvani, médecin à Sarcelles (Seine-
et-Oise).
M. le docteur Guiffart, directeur du service de santé
à Cherbourg.
M. Lardin de Musset, sous-préfet du Havre.
M. le docteur Leclercq, médecin à Arras..
M. le docteur Le Mercier, médecin au Havre.
M. le docteur Muselier, médecin à l'hôpital de la
Pitié.
M. le docteur Netter, médecin des hôpitaux, profes-
seur agrégé à la Faculté de médecine de Paris.
M. le docteur Pennetier, médecin à Rouen.
M. le docteur Thoinot, médecin inspecteur du ser-
vice des désinfections du département de la Seine.
Ministère de l'instruction publique, des beaux-arts
et des cultes
GRAND-OFFICIER
M. Charles Hermite, professeur à la Faculté des
sciences de Paris, membre de l'Académie des sciences.
!a versification. Que font alors les musiciens?
Je l'ai déjà dit ils croient que l'accent porte
toujours sur la dernière syllabe sonore d'un
mot (les e muets ne comptant pas) et ils écor-
chent consciencieusement la langue française
quant aux langues étrangères, on les hache me-
nu comme chair à pâté. Pour aller au plus près,
j'en prends un exemple dans Wertlier. Lorsque
l'ouvrage fut représenté à Vienne, on n'a certai-
nement pas conservé la prosodie des noms,
quand elle était trop'choquante, surtout pour
le personnage principal. La première sylla-
be de Werther doit être fortement accen-
tuée, comme dans tous les mots semblables, et
la seconde syllabe est faible, l'e y devient pres-
que muet. En a-t-on agi de même pour le latin?
M. Massenet fait chanter' plusieurs fois Vivat
Bacchus, semper vivat! en mettant l'accent sur
la dernière syllabe de chaque mot. Ce n'est ce-
pendant pas l'usage; en chantant, par exemple
Credo in unum deum, ou bien licquiem œter-
nam dona eis, domine, on ne maltraite pas le
latin au point de peser sur la dernière syllabe
de chaque mot. Je prends, au hasard, dans ma
bibliothèque, la troisième messe et la messe de
Jeanne d'Arc^ de M. Gounod l'accent du texte
latin y est placé comme j'ai appris à le faire
dès mon enfance.
Je reviens à la prosodie française. De ce que
j'ai dit sur l'accord de l'accentuation musicale et
de l'accentuation des paroles, il résulte l'inuti-
lité de la rime et son absurdité dans les tex-
tes traduits à mettre sous une musique faite
d'avance. Il en résulte aussi que le nombre des
syllabes n'a pas besoin d'être uniforme et que
la prose convenablement rythmée peut fort bien
se prêter à la composition musicale. Mais c'est
la prosodie et l'accentuation des paroles qu'il
s'agit de bien déterminer. Le nouvel essai de ce
genre est intitulé le Faust de Goethe, traduit en
français dans le mètre de l'original et suivant
les règles de la versification allemande, par
François Sabatier (1). L'ouvrage vient de paraî-
tre et porte la date de 1893; l'auteur est décédé
récemment, son portrait et sa biographie se
trouvent en tête de sa traduction de Faust, ou
plutôt de la première partie de l'œuvre de Gœthe.
Le texte allemand est imprimé en regard de la
traduction; à la fin se trouvent des notes occu-
pant plus de place que le drame lui-même; et
elles prouvent le soin minutieux avec lequel Sa-
batier a étudié l'ouvrage et-les interprétations ou
les traductions qu'on en a données.
L'application des règles de la versification al-
(l).Ua volume in-80, chez Delagrav»
̃̃ < '<“ ̃
OFFICIERS
M. Foncin, inspecteur général de l'enseignement se-.
condaire.
M. Tisserand, directeur de l'Observatoire, profes-
seur à la Faculté des sciences de Paris, membre de
t'Institut.
M. le docteur Guyon, professeur à la Faculté de mé-_
decine de Paris, membre de l'Institut.yi •?-<#> ̃
CHEVALIERS
M. Bailliart, inspecteur d'académie en résidence à
Besançon.
M. Cauwès, professeur à la Faculté de droit de Paris.
M. Èspinas, professeur à'ia Faculté des sciences de
Bordeaux.
M. Croiset; maître de conférences à l'Ecole normale
supérieure, ."̃̃̃
M. Laënnèc, directeur de l'école de plein exercice de
médecine et do pharmacie do Nantes.
M. Deprez, censeur des études au lycée Henri IV.
M. Chabrier, professeur de rhétorique au lycée
Louis-le-Grand.
M. Bétourné, professeur de seconde au lycée de
Bordeaux.
M. James, professeur de mathématiques au collège
de Meaux; 40 ans de services.
M. Neveu, directeur d'école communale à Châtelle-
rault.
M. Ruelle, conservateur à. la bibliothèque Sainte-
Geneviève.
M. Henri Lavedan, homme de lettres et auteur dra-
matique lauré-at de l'Académie française.
M. de la Martinière, explorateur; missions remar-
quables au Marne.
M. Valadon, peintre, médaille 3° classe 1880, médaille
2° classe 1SS6.
M. Franc Lamy, peintre et dessinateur, médaille de
3" classe 188S, mèdaii'ie de 2° classe 1890. Hors concours,
Services rendus dans l'enseignement du dessin des
lycées et des écoles de la ville de Paris.
M. Gaudez, statuaire, médaille 3° classe 1879, mé-
daille 2° classe 1881, médaille d'or Exposition univer-
selle 1889.
M. Félix-Alexa-ndre Guilmant, compositeur do mu-
sique..
M. Carré (Albert), directeur du théâtre du Vau-
deville. ̃
M. Laroche, sociétaire de la Comédie-Française.
M. Destable, inspecteur de l'Ecole nationale et spé-
ciale des beaux-arts.
M. Juteàu, évoque dè Poitiers; 30 ans de sacerdoce.
Evêque de Poitiers depuis 1888.
M. Crès, pasteur, président du consistoire de l'Eglise
réforméo de Vallon (Àrdèche)v- 36- .ans de ministère
pastoral.
']; Ministère de l'agriculture ̃ ̃̃ ̃
OFFICIERS
M. Trasbot, directeur do l'Écolo nationale vétéri-
naire d'Alfort, membre de l'Académie de médecine.
M. de Ganay, inspecteur général des haras.
CHEVALIERS ̃' '̃- '•'
M. Barbe de Sainte-Fare, conservateur des forêts à
Moulins.
M. Charlemagne, conservateur des forêts à Alençon.
M. George, chef des travaux de zootechnie à l'Insti-
tut national agronomique.
M. Rivière, directeur du jardin d'essai du Hamma,
près Alger.
M. Defresne, horticulteur-pépiniériste à Vitry (Seine).
M. Sandrart, agriculteur et industriel à Sains, con-
seiller général du Nord.
M. Jolicœur, docteur-médecin, conseiller général de
la Marne.
M. Delaunay, industriel, membre de la chambre de
commerce de Fécamp.
M. de Saunhac, directeur du haras de Pompadour.
M. Rémond, agriculteur à Mainpincien (Seine-et-
Marne),
Ministère de la guerre
L'étendue des décrets portant nominations dans
la Légion d'honneur et accordant la médaille mili-
taire ne nous permet pas de -compléter la liste dont
nous avons donné samedi les parties principales.
Signalons cependant, parmi les croix d'officier ac-
cordées aux officiers do l'armée active, celle de M.
le général du Hamel do Canchy, parmi les croix do
chevalier celles de M. de Vittu de Kerraoul capi-
taine attaché à l'état-major du ministre et du colo-
nel Mercier, de la garde républicaine.
Voici les croix civiles que nous croyons devoir
signaler
OFFICIERS
mm. -t •̃ n'1'1 ̃̃" :y:'r;
Doyen, chef du 1" bureau du cabinet du ministre
de la guerre.
Chardon, commissaire technique adjoint du réseau
de l'Ouest.
Vintéjoux, examinateur d'admission à l'Ecole spé
ciàle militaire.
CHEVALIERS
MM. '̃;
Béjot, sous-chef au bureau des hôpitaux. L i('r
Coudriet, sous-chef au bureau des hôpitaux.
Tronche sous-chef au bureau de la solde.
Dessayettes de Clairval, commis principal.. ivhtr-îui
Mahaud, chef dessinateur de 3e classe..•'•̃"•̃•?VÏ
Baratte, agent comptable à la raffinerie nationale de
Lille.
Auboyneau, inspecteur principal de l'exploitation à
la compagnie des chemins de fer de P.-L.-M.
Du Bousquet, ingénieur en chef du matériel et de la
traction à la compagnie des chemins de fer du Nord.
Michaut, chef de section de télégraphie militaire à
Paris.
Zeller (P.), répétiteur auxiliaire de littérature à l'E-
cole polytechnique.
Hermann, professeur à l'Ecole du génie de Ver-
sailles.
Guérin, aumônier succursaliste à l'hôpital militaire
de Givet.
Ferhat ben Khenich, caïd des Oulad Toaba.
Hamza ben Mohammed, caïd des Maamra.
Boutet, docteur médecin à Orgerus (Seine-et-Oise).
Vermont, docteur médecin a Mont-Saint-Vincent.
Delaire, conseiller référendaire de lro classe à la Cour
des comptes.
Le Grain, ingénieur ordinaire de 2e classe, des ponts
et chaussées.
lemande à la langue française soulève une ques-
tion linguistique et littéraire que je n'ai pas à
discuter, me préoccupant uniquement du côté
musical du sujet. A cet effet, je donnerai quel-
ques exemples pour montrer comment Sabatier
entendait la prosodie. Je prends au hasard les
paroles de Méphistophélès introduisant Faust
dans la cave d'Auerbach. Il commence ainsi
Ich muss dich nun vor allen Dingen
In lustige Getellschaft bringen
Damit du siéhstwie leicht sich's leben Ixsst. '̃'
Ces vers sont iambiques, car dans le second
la quatrième syllabe peut compter comme lon-
gue par position quoiqu'elle soit brève. C'est un
des côtés arbitraires de la versification alle-
mande. Sabatier traduit ainsi
Je dois avant tout t'introduire ̃
En compagnie aimant à rire,
Pour que tu voies comme on vit aisément.
Le deuxième vers seul est iambique! Dans: Je
dois avant tout, l'accent tombe sur dois et sur
tout. Au commencement du troisième vers, la
correspondance n'existe que si l'on se borne à
appuyer sur la quatrième syllabe. Dans comme
on vit, la seconde syllabe est-elle la plus mar-
quée ? Je ne pense pas. L'accent sur la première
syllabe des mots introduire, compagnie, aisé-
ment, est fort bien placé, et c'est le plus impor-
tant dans ces mots, plus important que celui de
la dernière syllabe, en dépit de la convention
musicale.
Voici le commencement des strophes inti-
tulée Marguerite au rouet, quoique, en dépit
de Schubert, la pauvre fille ne songe nullement
à faire ronfler sa machine.
Mon repos perdu
Et plus de paix,
Perdu pour la vie
Et pour jamais l»
Quand il n'est plus là.
A. Ma vie s'en va; -ïfX)
Tout l'univers
•'̃̃: .j': :̃ Me semble amer! l <
Pour que le rythme soit pareil, il faut re-
garder l'avant-dernier vers comme formé de
deux jambes, et par conséquent accentuer la
première syllabe du mot Univers. Quant à la
force de l'expression, les traducteurs ont renon-
cé à donner l'équivalent du texte de Gœthe.
Pour citer un dernier exemple, Faust, dans
une scène, jette deux fois à la face du démon le
mot Serpent Sabatier a placé l'accent sur la
première syllabe, comme dans le mot allemand
Schlange, et c'est ainsi que nous faisons tous en
cas pareil; mais un musicien fera brève et fai-
Audebert, ingénieur, chef du service de l'artillerie
aux usines du Creusot, trente ans de services.
UN YOYÂfiE DE DELIMITATION EN GUINEE
TjA jwCTSSÎOIT BIITQEB.[1)
~"< Arrêtés dans le Baoulô
26 juin. 1" juillet.
Mauvaises journées. Nous avons pris contact
avec le Baoulé l'épreuve n'a pas été encoura-
geante. Aune demi-lieue derisi,rhostilité,inexpli-
cable d'un chef, nous a contraint à rebrousser
chemin. Voici dans quelles circonstances.
Nous venions d'arriver dans un village d'assez
méchante apparence, Siradine-Tombo (Siradine-
la-Ruine), nom bien mérité. L'endroit est si-
nistre une clairière entourée de maigres taillis,
brousse épineuse, rachitique; un marigot aux
eaux dormantes et noires; un sol spongieux où,
çàetlà, parmi les ajoncs un affleurement de
granit bleu mettait une tache lépreuse.
Des cases prêtes à crouler, le chaume en lam-
beaux, des monceaux de détritus. Aux alen-
tours, quelques touffes de maïs et de bananiers
plantés à la diable. L'abandon, l'incurie. Notre
intention était de faire seulement une courte
halte; de là, en effet, deux heures au plus de-
vaient suffire pour atteindre Ouassaradougou.
Tout nous faisait espérer une réception cor-
diale. Nos hommes allaient trouver à qui parler,
puisque nous étions en pays agni. Les habitants
du moins parlent cette langue. Si le type ne
rappelle guère celui des indigènes du Sanwi et
de l'Indenié, leurs ancêtres étaient, selon toute
apparence, des captifs évadés de ces pays, dont
ils ont importé les coutumes et l'idiome dans le
Baoulé jusqu'alors désert. Quoi qu'il en soit, s'ils
entendent lé mandé-dioula, ils parlent commu-
nément un dialecte presque identique à celui de
Krinjabo.
Au premier abord, rien de suspect. Les gens
nous entouraient, en curieux. En échange de
quelques rangs de perles, on apportait des épis
de maïs grillés, du vin de palme.,Après un re-
pos d'une demi-heure, nous demandions le
chemin. Trois sentiers partent du village, et,
naturellement, nos guides ignorent quel est le
bon. On nous répond d'attendre l'arrivée du
chef qu'on est allé chercher dans un autre ha-
meau, tout proche. Lui-même nous conduira;
il est précisément le frère du chef de Ouassara-
dougou chez qui nous allons. Et, pour faire
prendre patience, on apporte encore du maïs,
des bananes. Cependant l'attente se prolonge
nous sommes échoués là depuis plus d'une
heure; le ciel est menaçant, nous voulons partir.
Impossible, le chef va venir, il arrive. Le voici
enQn. C'est un vieux à face patibulaire, une
dizaine d'individus l'accompagnent. Sur ces en-
trefaites lapluie s'est mise tomber, torrentielle.
Tout le monde avait pris place sous un han-
gar, autour d'un feu, le chef et ses gens causant
entre eux de choses indifférentes sans paraître
s'occuper de nous. Tout à coup, l'un d'eux se
lève et déclare qu'ils ne peuvent continuer à
parler en notre présence. On nous enjoint de
nous retirer. Ceci ne présage rien de bon les
affaires se gâtent, décidément. Nous répondons
qu'Ano, notre interprète, va s'éloigner, ce qui
leur permettra de discourir tout à leur aise,
puisque nous ne comprenons pas l'agni. Mais
ils insistent. Ils ont entendu le capitaine parler
mandé et déclarent que, connaissant une langue,
il doit aussi savoir l'autre. Le plus sage est de
s'incliner. A la hâte nous cherchons un autre
refuge, car l'averse redouble.
Après dix minutes de conciliabules, on nous
déclarait que nous ne pouvions aller plus loin.
La raison? Nous arrivions'du côté de Kong, de
chez les Dioulas. Oh 1 si nous fussions venus
d'ailleurs, c'eût été différent; on aurait pu s'en-
tendre. Mais, tout bien pesé, on ne nous « don-
nerait pas » le chemin; nous ne passerions pas.
En vain ripostons-nous que nous n'avons rien à
voir avec les démêlés de voisin à voisin. Nous
ne tombons pas du ciel si nous avons passé en.
pays dioula, nous avons dû, au préalable, tra-
verser d'autres territoires dont les occupants
n'ont point eu à se plaindre de nous, paraît-il,
puisque nous voici sains et saufs. Tout est inu-
tile ces gens-là sont butés. L'offre d'envoyer un
de nos gens avec un homme du village auprès
du chef de Ouassaradougou, dont nous atten-
drions ici la réponse, n'eut pas plus de succès
« Passez de force si vous voulez, nous dit-on.
Que vos guides trouvent la bonne route s'ils le
peuvent. Mais ils verront ce qui leur arrivera là-
bas, à eux et à vous. On vous coupera. le cou à
tous » Le plus enragé était un vieillard au chef
branlant, aux jambes tuméfiées. Dieu reçoive
bientôt sa belle âme Il nous couvait d'un
mauvais regard, sifflant entre ses gencives dé-
meublées des arguments qui paraissaient déci-
sifs à ses collègues. Celui-là avait dû entraîner
le verdict.
Nous faisons répondre que ce sont là des mé-
chants discours. Le chef les regrettera. Pour le
moment, nous nous retirerons nous venions
en amis, n'ayant jamais eu le dessein d'employer
la force.
Le moyen, d'ailleurs? Un Goup d'œil jeté sur
(1) Voir le Temps des 8 mai, 16 juin, 18 août, 22 sep-
tembre, 26 octobre et 3 décembre.
ble la première syllabe de Serpent il mettra
sur la seconde une note haute et longue que le
chanteur poussera à pleins poumons en faisant
un grand geste et une grimace. Ainsi le veut
l'esthétique des chanteurs et des compositeurs.
On me permettra maintenant de revenir un
peu sur une question que j'ai traitée il y a
quelques mois. J'ai montré quelle: énorme dis-
tance il y a entre le Faust de Gœthe et la pièce
de M. J. Barbier, mise en musique par M. Gou-
nod (1). Il semble même que les traducteurs
se plaisent à fausser les idées des lecteurs.
Ils donnent la première partie du drame
et l'intitulent tout court Fatist, tragédie de
Gœthe. Cependant, ce n'est que |le prologue; le
vrai Faust, c'est la seconde partie. Méphisto-
phélès compte gagner son pari contre Dieu et
contre le docteur. Faust est avide d'action,
comme autrefois il était avide de science. Pour
l'occuper et l'attacher, si c'est possible, Méphis-
tophélès le conduit d'abord à la cave d'Auer-
bach, puis il essaye de l'amour et, à cet effet, il
fait boire à Faust un philtre préparé par une
sorcière. Ces deux tentations occupent toute la
première partie du Faust drame, dont on ne
comprendra pas le vrai sens si l'on ne connaît
bien la seconde partie. On se méprend particu-
lièrement sur Marguerite.
J'ai signalé une interprétation erronée d'un
passage capital pour l'explication de ce person-
nage il faut croire que l'erreur est générale ou,
pour le moins, très répandue, car Sabatier ne
donne pas la moindre note sur ce sujet et lui-
même se trompe, comme Marc Monnier et d'au-
tres. Il s'agit de la scène à la', fontaine. Restée
seule, Marguerite se dit: « Moi aussi, autrefois
je blâmais les jeunes filles qui ont failli, et
maintenant. Mais tout ce qui m'a décidée, ah! l
Dieu! il était si bon, je l'aimais tant! » Ces pa-
roles ne peuvent se rapporter qu'à Faust; c'est
par son dévouement absolu, son amour infini
et éternel pour un homme qui en est digne que
Marguerite devient le type de l'éternel féminin,
servant de conclusion au drame et cependant
à une première faute elle a ajouté inconsciem-
ment le parricide, le fratricide et l'infanticide.
Les traducteurs se sont dit, comme les éco-
liers Tout verbe doit avoir un sujet, et ce su-
jet, c'est le nom ou le pronom qui précède im-
médiatement. Mais le sujet qui n'est pas expri-
mé, parce qu'il remplit l'esprit et le cœur de
Marguerite pour l'éternité, ils l'ont oublié. Voilà
comme Sabatier s'est trompé comme Marc Mon-
nier ils ont été dépassés par M. de Riedmatten,
(1) Voir le Temvs du 5 avril 1892
nos porteurs nous prouve qn'il n'est que temps
de donner le signal du retour, si nous voulons
éviter un désastre. Ils sont blottis dans un coin,
effarés, tremblants, avec des figures de crimi-
nels regardant la potence. Qui sait môme si
leurs attitudes craintives, leur démarche louche
de gens qui ont fait un mauvais coup, n'ont pas
contribué à éveiller la défiance?. Avec une au-
tre troupe composée de gaillards confiants,
alertes, de bonne humeur, comme nos deux
braves Sénégalais, l'accueil, je gage, eût été
tout autre. Quoi qu'il en soit, il est manifeste
qiwnous ne pouvons plus compter sur eux.
D'une minute à l'autre, ce peut être la panique,
la fuite éperdue. et le reste. En route 1
Nous avions été retenus a Siradine-Tombo
près de quatre heures. Dans le village hostile,
une seule voix s'était élevée en notre faveur,
celle d'une bonne femme, une aïeule, occupée
à broyer du maïs devant sa case. A plusieurs
reprises elle avait interrompu sa besogne, se re-
dressant indignée, les bras tendus du côté du
chef qu'elle interpellait violemment. « Ces blancs
n'ont rien fait de mal. Pourquoi les arrêter, fous
que vous êtes ? » Et autres aménités. Nous som-
mes déjà loin que ses protestations nous arri-
vent encore, obstinées, dominant de leur cla-
meur aigre les autres rumeurs. Merci, la vieille I
Tant il est vrai qu'il n'est si méchante assemblée
où l'on ne puisse trouver une bonne âme.
Les habitants des hameaux où nous repassons
se montrent très réservés. Dans le premier sur-
tout, où nous nous arrêtons une heure plus tard
pour camper, les mines sont revêches. Rien de
plus naturel nous battions en retraite. Installés
sous un arbre, sur la place, nous attendions que
le chef que l'interprète était allé saluer selon
l'usage voulût bien paraître et nous désigner
des cases. Le chef fit répondre qu'il n'avait pas
à s'occuper de nous, se plaignant en outre de ce
que, à l'aller, nous eussions traversé son village
sans y faire halte, pour lui dire bonjour. La ré-
plique était aisée. Nous étions passés là de nuit,
et ce ne sont pas « manières de blancs » de ve-
nir réveiller les gens avant l'aube pour leur
souhaiter le bonjour. L'excuse ne parut pas suf-
fisante au chef, qui envoya dire que les blancs
pouvaient s'arrêter pour manger. (On n'avait
pas attendu sa permission notre table avait été
dressée, les feux flambaient, nos gens atta-
quaient à belles dents leur provision de viande
boucanée). « Mais, ajoutait-il, après avoir man-
gé, nous devions repartir. Nous nous trou-
vons bien ici et nous y resterons le temps qu'il
nous plaira, au moins jusqu'à demain. Mais
vous ne recevrez rien pour nourrir vos hom-
mes. Nos hommes ont ce qu'il leur faut.
On ne vous donnera pas de cases. Les blancs
savent s'en passer. »
Ce dialogue avait exigé quelque temps, car
il avait lieu par l'intermédiaire de messagers.
Le chef ne s'était pas montré et ne devait pas
consentir à paraître. Cependant, il s'humanisa.
A peine informé que nous n'avions besoin de
rien, il nous faisait offrir le vivre et le couvert.
C'est de règle. Le meilleur moyen de provoquer
la libéralité d'un noir, c'est de déclarer qu'on
n'attend rien de lui. De fait, la journée et la nuit
s'écoulèrent sans incidents et la population, su-
bitement retournée, se montra, du petit au
grand, fort hospitalière.
En rentrant à Satama, nous avons retrouvé
auprès du roi le meilleur accueil. Ni lui, ni les
siens ne paraissent autrement émus de notre
insuccès. Il semble que l'aventure soit la plus
simple du monde. Et, sur le champ, ils élabo-
rent un autre plan de campagne. On nous a mal
reçus du côté de Ouassaradougou. Qu'importe?
Rien de plus simple que d'éviter ce mauvais
pas. Ils vont nous conduire par un autre itiné-
raire, inclinant légèrement vers le nord. Nous
atteindrons presque aussi vite la vallée du Ban-
dama, où ils se flattent de nous obtenir une ré-
ception meilleure et des pirogues pour gagner
la côte. Moins de deux heures après notre
retour, la combinaison était arrêtée. Nous re-
partirions dès le lendemain.
Révolte ^'1) n
Trois heures plus tard. Tout se détraque. Nos
porteurs se mutinent. Déjà, durant les haltes
de la dernière étape, nous avions été mis en
éveil par des entretiens suspects, à voix basse,
lesquels cessaient aussitôt à notre approche.
Mais voici que la situation se dessinait, très
nette. Au coucher du soleil, les hommes se pré-
sentaient un à un, l'air têtu, déclarant qu'ils ne
marcheraient pas le lendemain. L'alerte de Sira-
dine-Tombo a déterminé la crise. Leur timidité
naturelle est devenue terreur folle. Dans ces
conditions, impossible d'aller de l'avant.
La nuit venait, sombre, orageuse. La foudre
grondait, la pluie tombait à flots. Quelle veillée
Jusqu'à neuf heures, enfermée dans notre case,
nous avons tenu conseil. De quelque côté qu'on
envisage la position, la conclusion est la même.
A supposer que les hommes, ramenés demain à
de meilleurs sentiments, se décident à marcher,
ils nous fausseront compagnie dans quelques
jours. Survienne la moindre diffiçulté, ce sera de
nouveau la révolte. Il est même heureux que
nous ayons été arrêtés Siradine. Si le fait s'é-
tait produit deux étapes plus loin, nos gaillards
prenaient la fuite. Abandonnés à la merci de po-
pulations inconnues, se tenant à notre égard sur
le qui-vive, la tentation pour elles eût été bien
forte, et notre affaire vite réglée, j'en ai peur.
S'obstiner à poursuivre c'est courir à une mort
certaine et qui plus est, à une mort inutile.
qui a publié également une traduction en vers
de la première partie de Faust; il dit « C'était
si bon, si facile et tentant! » En allemand, il y a
seulement les mots gut (bon) et lieb (cher,
dans le sens d'aimé); ces mots n'ont jamais eu
qu'une seule signification. Bref, on fait parler
Marguerite comme peut parler n'importe quelle
fille « facile », selon l'expression de M. de Ried-
matten. MM. Barbier et Gounod peuvent être
fiers leur Marguerite éclipse l'éternel féminin;
personne ne comprend plus Gœthe..
M. Gaudot a donné, dans les Archives franc-
comtoises, un article qu'il a fait tirer à part et
où il résume les résultats des dernières publica-
tions sur Rouget de Lisle. On n'a épargné à l'au-
teur de la Marseillaise aucune avanie, et nous
n'en avons pas fini. On a nié l'authenticité de
son chant, quoique les attaques de 'ce genre
n'eussent jamais eu la moindre solidité. On a
a dit qu'il ne savait ce qu'il faisait, que son
chant n'est devenu bon que par les changements
qu'on y a faits, etc. Son œuvre s'est répandue
rapidement telle qu'il l'avait produite; j'ai dit ce
que valent les alterations qu'elle a subies.
On a attaqué sa personne, ce qui ne change
rien à la valeur de la Marseillaise. Il n'a jamais
pu comprendre qu'étant officier du génie une
chanson pût l'en rendre indigne. On a critiqué
ses vers, écrits ou plutôt improvisés dans le
langage à la mode il y a cent ans. Aujourd'hui,
on ne chante pas toutes les strophes; ce serait
même inutile; d'ailleurs, dans les chansons,
comme dans les opéras, il ne faut pas éplucher
le texte. M. Gaudot nous prédit la fin de la Mar-
seillaise et l'éclosion' d'un hymne nouveau, dont
il indique le sujet. 'Que ne l'écrit-il lui-même?
Je ne crois pas à ces prophéties on ne fait pas
tous les jours une Marseillaise, et il n'est pas
vrai qu'en France tout commence ou finisse par
des chansons. .f ^7J r/
r?;.r.J.q ,i._J\.l ,ri"
J'ai parlé, il y a quelque temps, d'une brochu-
re de M. Soubies sur la situation des théâtres à
Paris en 1870 et 1871 l'auteur a continué son
étude pour les années suivantes. Cette époque
n'offre pas seulement un intérêt littéraire et mu-
sical elle est aussi le commencement d'une ère
nouvelle, où les circonstances politiques ont
exercé une influence, sans compter que cette
époque a été peu étudiée jusqu'à présent et qu'il
a fallu à M. Soubies recueillir, non sans diffi-
culté, les documents nécessaires (1).
(î) Une brochure in-8°, aux bureaux de la Revue d'art
[dramatique.
Tel est aussi l'avis des chefs. Informés de c«
qui se passe, tous déclarent que poursuivre se.
rait folie. Avec de braves gens, ayant confiance,
rien n'eût été plus facile'que de gagner le Ban-
dama. Avec de sembl-ables compagnons, c'est •
risquer sa tête. Voilà qui est clair. Il ne restait
qu'à reprendre le lendemain la marche vers le
sud pour rejoindre le bas:in du Comoé par le
pays des Ganne.
Mais le lendemain, c'est autrement grave. Les
,porteurs ont pris le large. Au petit jour un tu-
multe confus, des pas précipités suivis _d'un-
bruit de fardeaux jetés sur lo sol, nous éveil-
laient en sursaut. Nos hommes se débarras-
saient de leurs charges et, ne conservant -:qu0;
leurs trésors personnels couvertures, pagnes.
de Kong reçus en cadeaux ou achetés sur leur
solde, ils décampaient. La tempête seule les
avait empêchés de mettre leur projet à exécu-
tion pendant la nuit. Et maintenant, dans la pé-
nombre, parmi les hautes herbes trempées, ils
détalaient comme des lièvres. Les deux tirail-
leurs s'élancent à leur poursuite, cherchant en
vain à les rallier. Appels, menaces, rien n'y fait.
Des coups de feu retentissent: peine perdue.
Les misérables ont de l'avance ils ont atteint la
bord du marigot et sont à l'abri dans la brousse.
Tous ont levé le pied, jusqu'aux individus répu-
tés les plus sûrs, les noirs Eba et Ekouanon, qui
furent jadis les compagnons de Bingcr et de
Treich-Laplène. Des gens qui vivent avec nous
depuis tantôt six mois, que nous avons tou-'
jours bien traités, leur procurant en toute occa-
sion les douceurs chères aux noirs, le tabac, le
vin de palme, leur cédant parfois notre part de
viande fraîche et nous réduisant aux con-
serves pour que leur ration fût meilleure.
Ils nous abandonnent lâchement, stupidement,
Et où s'en vont-ils, les malheureux ? Que peu-
vent-ils espérer sans nous? Ils sont à deux
mois de marche de leur pays le moins qu'il
leur puisse advenir, c'est d'être retenus captifs
dans le plus prochain village. Mais est-ce qu'ils
raisonnent?
Cependant, au bruit, toutes les cases sont en
rumeur. Emus, les habitants accourent, criant,
gesticulant. En un clin d'œil, nous sommes en-
vironnés, pressés, interpellés sur tous les tons.
Les questions pleuvent; on ne sait à qui répon-
dre. Le moment est critique. Il ne reste auprès
de nous que cinq hommes les deux Sénégalais,
Amon, chef des porteurs, l'interprète Ano et
Kassikan, mon petit boy, un enfant de treize
ans. Il s'agit de savoir ce que vont faire nos
amis d'hier, si le traité signé tiendra toujours,
s'ils respecteront dans les blancs leurs nouveaux
alliés. Nos ballots gisent à terre pêle-mêle.
Pour peu que le butin les tente, ils auront vite
raison de nous. Espérer de leur en imposer se-'
rait folie. Nous sommes dans la main de Dieu.
Dans une minute nous serons fixés. La foul6
s'écarte, voici le roi, les marabouts. On parle-
mente. Ce sont des amis décidément! A peine
au courant de l'équipée, ils se récrient. Com-
ment. Ces hommes ne sont pas des captifs on
les paye, on les mène avec douceur, et ils fuient.
C'est indigne. Mais on allait nous les ramener
ce ne serait pas long. Et, sur l'ordre du chef, la
populace se dispersait au pas de course, en ra-
batteurs, à la poursuite des fugitifs.
Comme en ces pays le sérieux et le bouffon
semblentmarcherde pair, la même journée allait
voir éclore un nouvel incident, l'aventure du ti-
railleur Sambandao, convaincue de conversation
criminelle avec une des femmes du roi. Après t
les événements de la matinée, l'affaire venait
mal à propos. L'inculpé ne se défendait que mol-
lement. La princesse, par contre, insistait, pré-
cisait, entrait dans des détails, avec une panto-
mime des plus expressives, sans trop se plain-
dre, d'ailleurs, de la liberté grande. Le roi, de
son côté, n'avait pas l'air fâché. Alors, quoi ?.
Mon Dieu. voilà. Le prince n'en voulait pas au-
trement au soldat d'avoir foulé aux pieds le res-
pect dû à la majesté royale. Lé mal était qu'il
ne lui avait rien donné pour la remercier de ses
bontés; mais là, rien de rien On ne se conduit
pas ainsi avec les femmes. A cette réclamation
inattendue de la part d'un mari lésé, surtout
d'un mari roi, nous eûmes grand'peine à garder
la gravité nécessaire à qui veut rendre la jus-
tice. Le capitaine répondit que, certainement, le
tirailleur avait eu tort de se laisser aimer pour
lui-même. Mais l'affaire pouvait s'arranger.
Est-ce qu'en offrant à madame ces huit
grains de corail?. ̃ • ,,̃̃“ ,i;;
Oh Dix. '>!i»tip f..jus' ̃̃̃'̃ O "iï.s{ltâfc
Va pour dix.
Epanouissement du monarque et de sa moitié
qui s'en retournent bras-dessus bras-dessous.
Il me parait de plus en plus acquis que, dans
ces contrées, où le rigorisme des femmes n'est
nulle part passé en proverbe, la morale la plus
accommodante est professée de préférence par,
les personnes de haute lignée. Les épouses, sœurs
et filles de chef font preuve, presque partout,
d'une vertu remarquablement hospitalière. No-
blesse oblige.
Dans la soirée, les gens de Satama nous ra-
menaient nos porteurs par petits groupes, en
nous demandant de ne pas leur faire de mal.
Non, certes. Ce n'est pas le moment de sévir;
nous n'en avons ni le désir, ni les moyens. Una
fois à la côte, il sera temps de réclamer à qui
de droit, pour les coupables, quelques semaines
de ponton ou de travaux publics. D'ici là, point
de menaces. L'essentiel est de partir et de màr-,
cher vite.
MARCEL MONNIER. [X
« Nous avons montré, dit M. Soubies, que,
contrairement à toutes les prévisions, il s'était
trouvé, dès l'été de 1871, un public pour les théâ-
tres et que ce public se contentait de pièce?:
semblables ou, tout au moins, analogues à celles
qui l'amusaient avant la guerre. » Par exception
seulement, on adonné des pièces patriotiques ou
politiques, comme il s'en produit souvent après
des crises militaires. Les causes de cette pénurie
nullement regrettable s'expliquent facilement.
D'autre part, le grand drame en vers, qui semblait
devoir revivre, fut peu cultivé. De ce genre sont
Jeanne d'Arc, de M. J. Barbier, donné à laGaîté,
et les Deux Reines, de M. Legouvé, représentées
à la salle Ventadour; les deux ouvrages étaient
accompagnés de musique de M. Gounod.
A l'Opéra-Comique, M. Camille du Locle, qut
recueillait l'héritage du Théâtre-Lyrique, incen-
dié, essayait, d'une part, de faire accepter à la
salle Favart les pièces de demi-caractère qu'on
jouait à la place du Châtelet, d'autre part, à
mettre en lumière les œuvres de nouveaux ve-
nus qui, tous, ensuite ont conquis la célébrité au
théâtre: MM. Bizet, Saint-Saëns, Massenet, Pâ-
ladilhe. Malheureusement, le public n'encoura-
geait pas ces très louables tentatives, et la
presse se montrait peu disposée à lui donner
tort.
Le Passant, Djamileh, la Princesse jaune et
Don César de Bazan se sont succédé sans inter-
ruption puis sont venus le Roi l'a dit, de Deli-
bes, et les Trois Souhaits, de Poise. Il faut y
rattacher aussi l'Arlésienne et les Erinnyes, dont
la musique est restée au répertoire des con-
certs.
M. Lecocq pouvait compter parmi les nou-
veaux, quoiqu'il eût débuté aux Bouffes-Pari-
siens en même temps que Bizet.
A l'Opéra, nous ne trouvons que la Coupe du
roi de Thulé, de M. Diaz, qui, couronné dans,
un concours, attendait son tour depuis 186&<
N'oublions pas Monsieur Polichinelle, de M. De-
léhelle, Madame Turlupin, de Guiraud, et la
Guzla de l'émir, de M. Dubois, représentés au
théâtre de l'Athénée. C'est au même théâtre quo.
débuta M. Lacome par la Dot mal placée. Litolfï
donna aux Folies-Dramatiques Héloïse et Abé~
lard. On irouvera dans la brochures de M.
Soubies la liste complète des nouveautés offerte»
par les théâtres à cette époque.
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