Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1889-06-08
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Description : 08 juin 1889 08 juin 1889
Description : 1889/06/08 (Numéro 10260). 1889/06/08 (Numéro 10260).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
1E TEMPS. -8 Juin 1835.
l'énergie que l'on sait, '-le relèvement de cette
grande institution.
Quoi qu'il en soit, il est bon de rappeler les cir-
constances dans lesquelles fut créée la Compagnie
de construction et d'exploitation des chemins ser-
bes, sans oublier le transfert de sa concession à
une société d'exploitation et de ramener à une juste
évaluation l'importance des intérêts français enga-
gés dans cette entreprise.
On se rappelle que le Comptoir d'escompte, tout à
la fois afin de sauvegarder les capitaux considéra-
bles de l'Etat serbe compromis par la faillite de
l'Union générale et de faire une opération fructueu-
se, constitua, le 13 mai 1882, la société en question
au capital de seize millions de francs. Aux termes
d'une convention du 10 avril 1882, la compagnie de
construction en formation s'engageait notamment,
en échange d'avantages qu'elle recevait de la faillite
̃de l'Union générale, à garantir à la Serbie douze
̃millions de francs sur le recouvrement de sa créan-
ce de vingt-trois millions dans ladite faillite. Par
'Contre, toutes les sommes à revenir au gouverne-
ment au delà de ces douze millions, devaient dimi-
nuer d'autant la contribution de la Compagnie. De
$e chef, celle-ci aurait déjà touché un notable béné-
fice qui pourra même encore être augmenté par un
solde de répartition à recevoir de la faillite de
l'Union générale.
La concession se composait, au total, de 503 kilo-
mètres 314 Belgrade à Nisch (243 kil. 455), Nisch
̃à Vranja (frontière ottomane) (122 kil. 455), Nisch à
Pirot (frontière bulgare) (93 kil.) et Velika-Plana-
Semendria (44 kil. 484).
Les bénéfices de construction, joints aux autres
profits divers, ont permis à la compagnie de distri-
buer à chacune de ses actions en 1882, 7 fr. 81 1/4;
en 1883, 12 fr. 50; en 1884, 1885, 1886, 25 francs par
an, et en 1887, 230 francs par action libérée de 250
'francs, après appurement complet des comptes de
'construction, tant avec le gouvernement serbe
̃qu'avec l'entreprise Vitali.
Quant à l'exploitation, les conventions passées
̃avec le gouvernement serbe stipulaient que la com-
pagnie recevrait une somme à forfait par kilomè-
tre. En 1888, la Serbie a eu à payer, du chef de cette
garantie, une annuité d'environ 900,000 francs. Mais
il y avait tout lieu de croire que le trafic interna-
tional s'effectuant maintenant, sans rompre charge,
jusqu'à Constantinople, la période des augmenta-
̃tions de recettes allait s'ouvrir. La Serbie paraît
donc, à son point de vue, avoir bien choisi son mo-
ment pour reprendre l'exploitation de ses lignes.
La concession faite à la compagnie avait une du-
rée de vingt-cinq ans pour les lignes Belgrade-Nisch-
Vranja et Nisch-Pirot, et une durée de quarante-
cinq ans pour la petite ligne de Velika-Plana à Se-
mendria. Le gouvernement serbe se réservait la fa-
culté de se substituer à la compagnie pour l'exploi-
tation de ses lignes dans l'une des dix années qui
précéderaient l'expiration de ladite concession, mais
suivant certaines conditions stipulées d'avance.
Au mois de mai 1888 intervint, entre la Compa-
gnie de construction et d'exploitation d'une part et
:1a Société de construction et d'exploitation de che-
mins de fer (entreprise Vitali), une convention par
laquelle la première de ces deux sociétés cédait à
-îa seconde, sous la forme d'une régie coïntéressée,
^'exploitation des chemins de fer serbes pendant
tout le temps restant à courir des délais de la con-
cession, et ce moyennant une annuité à forfait de
531,857 fr., plus 60 0/0 sur les bénéfices nets de
l'exploitation dépassant ce premier prélèvement.
Toutefois, ces conditions devaient être suspendues
dans le cas survenu, en effet, de non-exécution des
conventions existantes entre la compagnie et le
gouvernement serbe.
Les mêmes conventions autorisaient la Société
Vitali à poursuivre avec le gouvernement serbe,
qui en avait manifesté le désir, des négociations
ayant pour but la modification des conventions ac-
tuelles ou la substitution à ces conventions de nou-
velles conventions.
Ges conventions votées dans l'assemblée du
20 juin 1888 par la majorité des actionnaires de la
Compagnie de construction, rencontrèrent toutefois
jme vive opposition de la part de quelques mem-
'bres de la minorité Pourquoi la compagnie se des-
saisissait-elle d'une exploitation qui ne pouvait
̃manquer d'être avantageuse dans l'avenir, puisqu'il
se trouvait une autre société, en mesure d'être bien
renseignée sur sa valeur, disposée à l'accepter
,moyennant une participation de 40 0/0 des bénéfices
excédant l'annuité privilégiée de 531,857 francs? Ne
ïisquait-elle pas aussi de dénaturer le principe de
l'intervention et de l'influence françaises, en confiant
ses destinées à une société dont aucun administra-
teur, paraît-il, n'est sujet français ?
Que peut valoir, en effet, une protestation en fa-
-veur d'intérêts français faite par un conseil com-
posé de personnalités étrangères à notre pays? Et
•si la Compagnie de construction avait, en vertu des
conventions, le droit d'intervenir dans le conflit, les
principales personnalités dirigeantes de cette com-
pagnie n'avaient-elles pas perdu, depuis la chute
du Comptoir d'escompte, toute autorité pour faire
accepter cette intervention?
Et maintenant, dans quelle mesure les intérêts
français sont-ils engagés dans l'entreprise des che-
mins de fer serbes ? Le capital social est de 16 mil-
lions, dont 8 millions versés. Il est représenté par
32,000 actions nominatives dont on peut estimer,
contrairement aux affimations du correspondant pa-
xisien du Times, la moitié, soit 16,000 environ, en-
tre les mains de capitalistes français. Quant aux
= obligations hypothécaires de l'Etat serbe, émises
pour le compte de ce gouvernement pour faire face
-aux dépenses de construction, tout le monde sait
qu'elles sont, pour la majeure partie, en Allemagne,
en Suisse et en Autriche. Il n'y a donc pas lieu
l'exagérer l'importance des capitaux français inté-
tessés dans cette affaire.
D'autre part, que revendique la Compagnie de
'construction ? La réintégration pure et simple de
son régisseur dans l'entreprise d'exploitation ? Mais
dans le cas où la revendication de la compagnie ne
serait pas admise, ses droits au remboursement de
son capital employé en matériel roulant, mobilier
̃petit matériel et immeubles et à une indemnité re-'
̃présentant une compensation des bénéfices d'ex-
ploitation pendant les délais restant à courir, ne
paraissent pas pouvoir être mis en doute.
Ajoutons, en terminant, que les 4,000 actions en
vviron de la Compagnie de construction et d'exploi-
tation des chemins de fer de l'Etat serbe que possé-
dait le Comptoir d'escompte, et pour l'acquisition
̃desquelles des offres de capitalistes allemands
avaient été faites récemment, ont été vendues
nous croyons le savoir à un banquier parisien,
yk. Hoskier, traitant au nom d'intéressés favorables
//}a politique française.
LETTRES DE TURQUIE
Constantinople, 3 juin.
il s'est produit hier un incident qui, surtout dans
j|s" circonstances présentes, est signaler. La colo-
nie italienne avait décidé qu'elle célébrerait, comme
jes années précédentes, par une grande fête cham-
pêtre, l'anniversaire de la promulgation du statut,
qui tombait hier. La fête devait avoir lieu dans un
•Bite charmant de la côte d'Asie, nommé Calamissia.
'La colonie a pris passage à bord d'un bateau loué
pour la circonstance et qui était amarré au pont de
Karakeuï. Le même jour et à la même heure, neuf
heures du matin, la société chorale française, dont
̃j'ai déjà eu l'occasion de vous parler, devait se ren-
dre en partie de plaisir à Thérapia, où les jardins
et le parc de l'ambassade de France avaient été mis
gracieusement à sa disposition. Le petit bateau qui
1 devait transporter nos compatriotes était également
amarré au pont de Karakeuï, non loin du bateau
jtalien. Lorsqu'il s'est apprêté à partir, là musique
Be ce dernier a entonné la Marseillaise comme salut
fraternel adressé aux Français par la colonie ita-
lienne. Immédiatement le bateau français, chan-
'çeant de direction, est venu passer le long du ba-
1eau italien, et la musique qu'il avait à bord a en-
'îonné la Marche royale. C'est au milieu de hourras
înthousiastes qu'a eu lieu cette manifestation de la
Communauté de sympathies qui règne et a d'ailleurs
îOujours régné ici entre les deux colonies.
~Le roi Milan est attendu demain par le bateau
Uwerva, du Lloyd austro-hongrois. J'entendais ré-
jemment un personnage qui est en situation de bien
connaître les hommes et les choses de Serbie émet-
ire, sur les visées du roi Milan, une appréciation à
laquelle on ne peut refuser le mérite de la nou-
veauté. Il prétendait que ce souverain n'a fait qu'une
fausse sortie; qu'en abdiquant il avait la convic-
liion que le nouveau gouvernement ne pourrait ré-
soudre les difficultés de la situation; que les choses
ijraient de mal en pis et que, lorsque le peuple serbe
e serait rendu compte par une expérience probante,
e l'aggravation du mal, de l'impossibilité de cons-
.iituer un gouvernement normal avec les éléments
etuels, il chercherait un sauveur; que le roi Milan,
evenu l'homme providentiel, ne résisterait pas aux
(applications de son peuple bien-aimé, mais que,
ipivant la tradition des sauveurs, il profiterait de la
(Situation nouvelle pour supprimer les libertés et se
constituer un pouvoir personnel à, caractère auto-
cratique; ,(Vr,'i»t L)
Si je vous transmets cette prévision1 c'est qu'elle
émane, comme je vous le disais, d'un appréciateur
très renseigné et à l'abri, par sa situation même, de
tout jugement intéressé sur les affaires de Serbie.
BULLETIN DE L'ÉTRANGER
(DÉPÊCHES HAVAS ET RENSEIGNEMENTS PARTICULIERS)
Alsace-Lorraine *hH
Le conseil d'administration des houillères de
Petite-Rossello a approuvé les concessions faites
aux ouvriers mineurs par la direction des mines et
a autorisé celle-ci à porter à 20 0/0 l'augmentation
des salaires dans le cas où l'augmentation do 15 0/0
semblerait insuffisante. Le directeur d'arrondisse-
ment en a informé les mineurs, mais a déclaré que
le conseil d'administration ne saurait faire de nou-
velles concessions sans compromettre la situation
de la houillère et l'existence des mineurs de Petite-
Rosselle.
Allemagne "̃-•̃̃•
Le général de Walderseo, chef du grand état-
major allemand, a passé, le 4 juin, l'inspection du
régiment des chemins de fer. Après divers exercices
accomplis en sa présence, le général a dîné avec les
officiers du régiment. Au dessert, il a prononcé un
toast en l'honneur du régiment. Dans ce toast, il a
rappelé que le 4 juin était l'anniversaire de la ba-
taille de Hohenfriedberg (victoire de Frédéric II en
1745 sur les Autrichiens et les Saxons commandés
par le prince Charles de Lorraine et le duc Jean-
Adolphe de Saxe), et il a ajouté
Ce jour-là, l'armée, commandée par un ancêtre glo-
rieux de Sa Majesté l'empereur, a remporté une vic-
toire dans des circonstances difficiles. Puissent les
drapeaux de l'armée allemande tout entière être con-
duits, sous la direction de l'empereur Guillaume II, à
une victoire non moins glorieuse, si l'armée de l'em-
pire allemand est de nouveau amenée à entrer en
campagne 1
La Freisinnige Zeitung, de Berlin, croit savoir que
le gouvernement allemand, poursuivant l'affaire
Wolgemuth, vient d'adresser au gouvernement
suisse une note demandant que la Suisse rapporte
le décret d'expulsion rendu contre l'inspecteur de
police de Mulhouse. Dans cette même note, l'Alle-
magne se plaindrait de ce qu'un petit Etat n'ait pas
traité un grand Etat avec le respect qui lui est dû,
alors que, jusqu'ici, les Etats se sont considérés
comme ayant les mêmes droits dans leurs rapports
mutuels, abstraction faite de leur grandeur.
L'Allemagne aurait enfin exprimé le désir que la
Suisse n'accorde aux Allemands le droit de séjour
en Suisse que s'ils vont munis do papiers parfaite-
ment en règle.
Un litige assez curieux s'est élevé entre le minis-
tre de la maison du roi, M. de "Wedel-Piesdorff, et
le magistrat (ou municipalité) de Berlin. La loi veut
que les employés de l'Etat (staatsbeamten) ne soient
imposés que sur la moitié de leurs revenus. Au
contraire, les employés de la cour (hofbeamten),
payent sur la totalité du leur. En dressant les rô-
les, le magistrat de Berlin a classé M. de "Wedell
comme employé de la cour. Protestation du contri-
buable qui, devant le maintien de cette décision,
porte sa réclamation devant le tribunal adminis-
tratif supérieur. Ce qui nuit à l'appel de M. de We-
dell, c'est que, lorsque, de président du Reichstag
et de président de gouvernement, il fut nommé mi-
nistre de la maison du roi, il fit adopter lui-même
par la commission électorale du Reichstag un rap-
port le déclarant employé de la cour et non de l'E-
tat, ce qui le dispensait d'une réélection, les em-
ployés de l'Etat seuls étant soumis à cette forma-
lité en cas de nomination ou de promotion. Le pu-
blic berlinois est indifférent à la question de la elas-
sification exacte des fonctions de M. de Wedell,
mais il trouve injuste que, comme la chauve-souris
de la fable, ce fonctionnaire puisse invoquer une
qualité pour se dispenser d'une réélection et la qua-
lité contraire pour se dispenser d'un impôt.
Le premier train du nouveau service qui relie di-
rectement Berlin à l'Orient en passant par Oder-
berg, Budapest, Nisch, et en aboutissant à Constan-
tinople, a quitté la capitale de l'empire allemand
mercredi dernier. La Gazette de l'Allemagne du Nord
signale l'importance de cette ligne au point de vue
du développement économique de l'Allemagne.
Les grèves qui ont éclaté dans différentes villes
ne cessent de prendre de l'extension, et elles s'éten-
dent à toutes les branches de production indus-
trielle. La Gazette du peuple, de Berlin, dit qu'un
mouvement s'est produit même parmi les cochers
de la cour et les ouvriers occupés dans les jardins
royaux de Potsdam, qui réclament une augmenta-
tion de leurs appointements. Les demandes des co-
chers, qui touchent 65 m. par mois et sont logés
gratuitement, ont été rejetées. On a promis toute-
fois des secours aux cochers ayant une nombreuse
famille. Le chef des ouvriers jardiniers du parc de
Babeisberg a promis à ceux-ci do faire des démar-
ches auprès du grand-maréchal de la cour. Le sa-
laire de ces ouvriers est de 1 m. 20 pf. par jour au
début, mais va en augmentant d'aiïûée en année
jusqu'à concurrence de 1 m. 60 par jour.
Autriche-Hongrie
Nous avons annoncé que le gouvernement à in-
terdit aux sociétés de gymnastique tchèques de pa-
raître en qualité de corporations au concours de
Paris. Nous avons également annoncé le départ in-
dividuel des membres de ces sociétés.
Les Narodny-Listy ont été saisies pour avoir cri-
tiqué l'interdiction prononcée.
On sait que, pour se rendre à Saint-Pétersbourg,
le roi de Grèce et sa famille devaient primitivement
passerpar Vienne et qu'au dernier moment cet iti-
néraire a été changé. D'après ce qu'on prétend
dans certains cercles de Vienne, voici la cause de
ce changement la famille royale de Grèce ayant
retardé de quelques jours son départ d'Athènes, les
arrangements pris avec les compagnies de chemins
de fer pour le transport de la famille royale par
train spécial ne permettaient plus le retard qu'au-
rait entraîné le passage par Vienne.
La Gazette de Francfort a reçu de Vienne une
dépêche annonçant que l'empereur d'Autriche se
rendra le 11 juin à Munich, où il passera plusieurs
jours. On se rappelle que le prince-régent de Ba-
vière vient de faire à Vienne un séjour de deux se-
maines il est rentré à Munich le 5 juin. Le gen-
dre de l'empereur, l'archiduc Léopold, y réside éga-
lement. ̃ ̃ ̃ ̃ <
Le baron Emile de Gœdel-Lannoy, conseiller de
légation de première classe, vient d'être nommé
ministre d'Autriche-Hongrie à Lisbonne. 1.
Angleterre
Le Mercure de Leeds annonce que l'état de lord
Lytton est considéré comme très grave et comme
pouvant occasionner une vacance à l'ambassade de
Paris. Aucune décision définitive n'a encore été
prise; mais on dit qu'il serait question d'accréditer
à Paris un ambassadeur ad intérim.
Cette nouvelle nous parait suspecte, vu l'exis-
tence d'un chargé d'affaires régulier déjà investi de
ces fonctions à Paris.
\je.Galignani' s Messenger dit de son côté que, d'après
ses informations particulières, l'état de lord Lytton
n'est pas aussi grave que l'assure le Mercure de
Leeds, et que lord Salisbury ne songe aucunement à
pourvoir à son remplacement. L'ambassadeur va
beaucoup mieux, et l'on peut s'attendre à le voir re-
tourner sous peu à son poste.
Le conseil municipal de Londres a décidé d'inviter
le shah de Perse à visiter le Guildhall où il sera
reçu solennellement. On lui présentera, à cette oc-
casion, une adresse enfermée dans un coffret d'or,
suivant la coutume de la Cité.
Hier, on a trouvé dans un fourré du parc de Bat-
tersea un nouveau paquet contenant des restes hu-
mains un thorax débarrassé d'une partie de ses
organes.
En même temps que cette funèbre trouvaille était
faite, le dragage de la Tamise faisait découvrir le
cou, les épaules et le foie.
Les médecins ont constaté que tous ces débris ap-
partenaient au même corps que ceux trouvés il y a
trois jours. P9 Y
D'après les informations recueillies par la police,
on croit que la victime habitait Oxford, et qu'elle
était venue à Londres pour entrer comme servante
dans une famille.
L'audition des témoins dans l'affaire Maybrick a
continué hier à Liverpool; les dépositions ont éta-
bli que Mme Maybrick avait chez elle de l'arsenic
sous diverses formes et qu'il s'en trouvait mêlé, en
dehors de toute ordonnance, aux médicaments des-
tinés à M. Maybrick.
La seconde phase du procès, sorte d'enquête pu-
blique conduite par un coroner avec l'assistance
d'un jury, est maintenant terminée.
Le jury a rendu contre Mme Maybrick un ver-
dict d'homicide volontaire.
La prévenu^ va passer aux assises.
Le second détachement d'ingénieurs américains,
qui va visiter l'Exposition, vient d'arriver à Liver-
pool, où l'avait attendu le premier. La troupe des
excursionnistes est maintenant au complet et compte
260 personnes, dont un assez grand nombre de
dames. g
Belgique
Les journaux belges qui nous parviennent ce
matin confirment les détails sur l'assassinat de la
marquise de Chastelaere, que nous avons donnés
hier en dernière heure, d'après une dépêche de no-
tre correspondant particulier de Bruxelles.
L'assassin n'a pas encore été découvert, mais on
continue à croire que le crime est dû à la vengeance
d un des fermiers du château. Il paraît que la mar-
quise avait pour ses fermiers des rigueurs exces-
sives. Elle n'avait pas voulu céder à leurs exi-
gences et avait refusé de leur accorder une réduc-
tion (pour les baux à renouveler) de 10 0/0. Aussi
une grande partie de ses terres était-elle sans loca-
taires et, depuis trois ans, elle faisait valoir elle-
même un assez jïrancl nombre d'hectares
Italie
Hier, à la Chambre des députés, M. Sola a ques-
tionné M. Crispi sur l'exactitude de la dépêche pu-
bliée par l'agence Stefani au sujet de l'occupation
de Keren.
M. Bonghi a demandé de son côté à questionner
le ministre de la guerre pour savoir si cette occu-
pation pourra entraîner l'envoi ultérieur de troupes
régulières, ou de volontaires, et une dépense plus
grande que celle inscrite au budget. p p
M. Crispi, répondant à M. Sola, a déclaré que la
nouvelle donnée par l'agence Stefani est exacte, et
que, Barambaras-Kafel ayant agi de façon à perdre
la confiance du gouvernement italien, ordre a été
donné de faire occuper Keren par les troupes régu-
lières, d'arrêter Kafel et de désarmer ses soldats.
M. Crispi a ajouté qu'il transmettra la demande
de M. Bonghi, à son collègue de la guerre.
Portugal
M. Serpa Pimentai, chef des conservateurs, à dé-
posé hier, à la Chambre des pairs, la motion sui-
vante qui a trait aux projets formés par des compa-
gnies anglaises et proclamés par le Times relative-
ment à la formation d'un empire britannique du
Zambèse au Nil.
La Chambre, affirmant une fois de plus les droits du
Portugal dans l'Afrique orientale et centrale, droits
basés sur la découverte, la conquête, l'occupation ef-
fective ou l'exploitation commerciale permanente, es-
père que le gouvernement maintiendra avec fermeté
ces droits, qui dernièrement encore ont été solennelle-
ment reconnus et constatés par les conventions pas-
sées avec la France et l'Allemagne, et qu'il s'efforcera
de faire respecter les légitimes intérêts de la nation
portugaise dans ces régions.
Cette déclaration a été signée par MM. Barjona,
Macedo, Hitze, San Jamario et Thomas Ribiro,
chefs de tous les partis représentés à la Chambre.
Plusieurs orateurs ont appuyé la motion en dé-
montrant la solidarité qui, dans les affaires inter-
nationales, unit tous les partis politiques du pays.
De son côté, le ministre des affaires étrangères
a exprimé la conviction que les droits du Portu-
gal ne seraient méconnus par aucune puissance
amie.
La motion de M. Serpa Pimentai a été adoptée à
l'unanimité.
~h 'ï. Russie !;1;.T;
Un télégramme do Saint-Pétersbourg signale
l'arrivée dans cette ville d'une mission extraordi-
naire japonaise, à la tête de laquelle se trouve le
comte YamagataAritomo, ministre de l'intérieur du
Japon.
y; -s, '̃̃! Egypte ;< ̃
Une dépêche du Caire dit que le gouvernement
allemand a notifié son assentiment sans réserves à
la conversion de la dette privilégiée. Le gouverne-
ment anglais, qui avait été consulté d'avance, avait
ratifié le projet avant son dépôt. -U'i.!
~t t!
Japon
Les dernières nouvelles du Japon parlent d'une
éruption volcanique qui a eu lieu dans l'île d'Oshi-
ma, les 13 et 14 avril. Trois cents maisons ont été dé-
truites et cent soixante-dix personnes ont été ense-
velies sous les décombres.
Etats-Unis
̃̃•̃' •̃̃.?•. • > .̃•.•̃̃- K g ̃•
On calcule que 10,000 ouvriers mettront trente
jours pour déblayer les rues de Johnstown et per-
mettre le travail de reconstruction. On a retrouvé
200 nouveaux cadavres.
La catastrophe de Johnstown a absorbé l'atten-
tion publique et l'on ne s'est guère occupé des cam-
pagnes environnantes.
Cependant là aussi le désastre a été épouvan-
table. Dans le comté de New-Huntington, les flots
ont englouté 300 maisons. Les vallées des rivières
Smith et Conemaugh sont complètement ravagées.
On apprend qu'une quantité de villages de la Pen-
sylvame centrale sont détruits.
L'enquête instituée à l'occasion du meurtre du
docteur Cronin a abouti à une grave accusation
contre M. Sullivan, un des chefs du parti extrême
ou fenian à Chicago, qui aurait détourné à son pro-
fit 100,000 dollars destinés à la caisse du parti.
,Sullivan déclare qu'il saura se justifier.
pics. Brésil '> u:
La crise ministérielle ouverte le 31 mai par la re-
traite du cabinet Joâo-Alfredo vient d'entrer dans
une nouvelle phase. V Amérique nous communique
de nouvelles dépêches à ce sujet.
MM. Correia et le vicomte du Cruzeiro ayant re-
fusé de se charger de la constitution d'un nouveau
cabinet conservateur, et le vicomte Dieira da Silva,
qui avait accepté cette lourde tâche, n'ayant pas
réussi, l'empereur s'est adressé aux libéraux, et le
sénateur Saraïva vient d'être appelé au palais de
Saint-Christophe.
M. Saraïva était le président du conseil lorsque,
au mois d'août 1885, les libéraux durent céder le
pouvoir aux conservateurs. Rappelons que la loi de
l'abolition de l'esclavage a été votée le 13 mai 1888,
avec le concours des libéraux. f
Haïti
La légation d'Haïti a communiqué à l'agence Ha-
vas la note suivante
On a attribué au ministre d'Haïti à Washington des
renseignements et des explications sur l'abdication du
président Légitime et la prise de Port-au-Prince. Par
un télégramme, en date d'hier 5 juin, cet agent dé-
clare que ces renseignements n'émanent pas de lui,
attendu qu'il n'a reçu aucune confirmation des bruits
mis en circulation. Ses plus récentes informations
datent du 28 mai et sont en contradiction avec celles
qui ont été publiées.
BILLETS DU MATIN
G. 7 juin.
Ma chère cousine, •
Chaque année, à la môme époque, c'est-à-
dire un peu avant la fenaison, j'éprouve le be-
soin de revoir la campagne de chez moi, de
faire une grande promenade à travers les prés
qui s'étendent entre la Loire et le « ru », sous
le soleil, dans l'odeur des foins. Cette prome-
nade annuelle, il me serait extrêmement dur
d'y renoncer. Je l'ai faite hier, tantôt par les
sentiers que noient les hautes herbes pleines de
taches jaunes et violettes, tantôt le long du
ruisseau bordé de saules dont l'argent léger mi-
roite et frissonne. Et je suis arrivé à un tout
petit village qui trempe ses pieds dans l'eau; et
j'ai pris de la bière, tout seul, dans un cabaret
qui s'intitule avec emphase Café de la gare, 'bien
qu'il soit à deux lieues de la plus proche sta-
tion du chemin de fer.
J'étais heureux, je ne pensais à rien. Tout ce
qui m'agite tant à Paris, je l'avais oublié. Les
vipères que j'ai comme tout le monde dans le
cœur, vanité littéraire, ambition, jalousie, sou-
cis, désirs et passions de toute sorte, s'étaient
parfaitement assoupies. Je sentais que la vie
aux champs, la vie tout près de la terre, c'est
là le vrai, et que notre civilisation urbaine et
industrielle n'est peut-être qu'une effroyable
erreur de l'humanité occidentale.
J'avais besoin de cette heure d'apaisement
car, la veille, en débarquant dans mon chef-
lieu de canton, j'avais eu une grande colère.
Les beaux arbres qui s'élevaient à la porte de
la petite ville venaient d'être coupés par les
soins d'une édilité dont j'aime mieux ne pas
qualifier la conduite. On ne doit jamais abattre
les arbres, sinon dans les cas d'absolue néces-
sité et quand il est bien prouvé qu'ils ont at-
teint depuis longtemps le maximum de leur dé-
veloppement possible et qu'ils ne peuvent plus
que dépérir. Et encore I
Je vais vous dire à ce propos un des plus
violents sentiments de haine que j'aie éprouvés
dans ma vie. Vous savez que mon pays est
charmant; que l'eau y jaillit de partout en ruis-
selets délicieux; que les teintes du ciel, de la
prairie et des feuillages y sontfines et toujours
un peu pâles, comme dans un paysage élyséen
de Puvis de Chavannes et qu'enfin, à défaut
de grands bois, il y a des arbres en quantité,
par bandes ou par bouquets. Mais autrefois il
y en avait bien davantage, et c'était encore plus
beau. Or, j'eus la douleur de constater, voilà
quelques années, pendant mes vacances, qu'on
en avait abattu des rangées entières dans les
prés qui bordent la Loire. Je n'avais jamais
songé à demander qui en était le propriétaire.
J'appris que c'était un monsieur qui vivait à
Paris; je sus qu'il y faisait la fête et que c'é-
tait pour la continuer qu'il découronnait les ri-
ves de mon fleuve.
.Je me mis à haïr cet homme. Longtemps le
misérable poursuivit son œuvre impie chaque
année, de loin, sans se montrer, le lâche me
volait de nouveaux arbres, de nouveaux coins
de verdure. Je me représentais la parure chaste
et sacrée de la terre gaspillée en débauches lu-
gubres, dévorée là-bas par l'imbécile troupeau
des maquillées; et j'enrageais 1. Si j'avais été
poète, j'aurais mis cela en vers, ce qui m'eût
soulagé. Très sérieusement, cet homme que je
n'avais jamais vu, et qui n'est peut-être pas un
méchant garçon, est un de ceux à qui j'ai sou-
haité le plus de mal. Et je ne sais pas encore,
à l'heure qu'il est, si je lui ai pardonné.
Ne touchez pas à vos arbres, ma cousine et
que je les retrouve au complet quand j'irai
vous voir en septembre. J'ai souvent marché
sous leur ombrage en votre compagnie, et il y
en a même plusieurs au pied desquels nous
nous sommes assis. ïlsme sont donc encore plus
sacrés que ceux de chez nous. -T~
AFFAIRES MILITAIRES
l-
Les sapeurs de chemins de fer. Le ministre de la
guerre a présenté, au nom de M. Carnot, président
de la République, un projet de loi relatif à la créa-
tion d'un cinquième régiment du génie, dit régi-
ment de sapeurs de chemins de fer.
Le projet en question reproduit les dispositions
précédemment acceptées par la Chambre et par le
Sénat, lesquelles constituent les trois bataillons
du nouveau régiment avec les quatre compa-
gnies d'ouvriers militaires de chemins dé fer,
les quatre compagnies du 20° bataillon de sa-
peurs-mineurs (qui, depuis 1885, ont dû être exer-
cées et affectées provisoirement au service des che-
mins de fer pour parer aux besoins les plus ur-
gents, lors de la mobilisation), et les quatre compa-
gnies de dépôt des régiments du génie.
Il y aurait lieu, enfin, de créer une compagnie de
sapeurs-conducteurs, indispensable pour que le
nouveau régiment assure lui-même la mobilisation
de ses parcs do campagne, ainsi que les trans-
ports de matériel nécessités par son instruction
spéciale.> x
Légion d'honneur. Le colonel Wasmer, du 33°
régiment d'infanterie, est nommé commandeur de
la Légion d'honneur.
CHRONIQUE DE L'EXPOSITION
Le banquet des anciens polytechniciens suisses
Les membres de la Société des anciens élèves de
l'Ecole polytechnique fédérale suisse avaient décidé,
lors de leur précédente réunion annuelle, de fixer à
Paris leur rendez-vous de 1889.
Mercredi donc, obéissant au mot d'ordre donné,
ils ont commencé à affluer dans nos murs. De tous
les points du monde où résident les ingénieurs, les
architectes et les chimistes suisses, ils sont arri-
vés, au nombre d'environ 300 leur première visite
a été pour le Champ de Mars. Dans la soirée de
mercredi, ils ont occupé le premier étage de la
brasserie Schœrer, près de la section suisse à
l'Exposition, et jusque très tard, attablés autour
d'amples bocks de bière, ils ont consacré ces pre-
mières heures à s'entretenir des merveilles du
Champ de Mars, du Trocadéro et de l'esplanade
des Invalides, et à renouer connaissance entre eux.
Hier matin, ils se sont rendus à la Société des in-
génieurs civils, rue Rougemont, 9, où ils ont
commencé leurs travaux scientifiques annuels. Ils
continueront ces travaux tous les jours jusqu'à
jeudi prochain, par une série d'excursions sa-
vantes dans les égouts, dans les catacombes,
dans diverses manufactures de l'Etat, au Ha-
vre, à Raismes, à Anzin, à Valenciennes et
à l'Exposition universelle. Pour ouvrir solennel-
lement cette sorte de congrès annuel, ils se sont
réunis hier soir en un grand banquet à l'hôtel Con-
tinental, sous la présidence d'honneur de M. Lardy,
ministre de Suisse à Paris, Deux cents convives
environ y ont pris part.
Parmi les invités des polytechniciens suisses, on
remarquait MM. Tirard, président du conseil, Spul-
ler, ministre des affaires étrangères, Faye, ministre
de l'agriculture, G. Berger, directeur de l'exploita-
tion à l'Exposition universelle, le colonel Voegeli,
commissaire général de la Suisse, et M. Burnand,
commissaire suisse des beaux-arts.
Au dessert un grand nombre de toasts ont été por-
tés. C'est d'abord M. Lardy, ministre de Suisse à Pa-
ris, qui a pris la parole, et qui a déclaré, aux ap-
plaudissements de tous les convives, que dans cette
réunion sur terre française, la première expression
de la reconnaissance de tous devait être adressée à
la France. De nombreux liens, a-t-il ajouté, unissent
la Suisse à la grande République voisine. Ce sont
d'abord des liens économiques. La petite Suisse, en
effet, absorbe annuellement deux fois plus de pro-
duits français que l'Espagne ou que l'Italie, quinze
fois plus que l'Autriche-Hongrie, vingt-cinq ou
trente fois plus que l'empire de toutes les Russies.
« Si je cite ces chiffres, a dit M. Lardy, ce n'est
pas pour nous faire plus importants que nous ne
sommes, mais parce que, dans ma conviction, les
milliers d'hommes qui travaillent dans l'un des deux
pays en vue de l'autre ne forgent ou ne tissent pas
seulement une matière vile mais forgent et tissent
l'amitié même entre les deux nations. »
M. Lardy espère que « l'Exposition universelle
exercera une action sur l'opinion publique et parle-
mentaire en Europe et en Amérique, pour ramener
les esprits à tenir compte des industries d'exporta-
tion, sinon l'Exposition serait simplement un gran-
diose déballage. »
M. Lardy, en terminant avec émotion, a dit
« Nous, citoyens de la Suisse, la plus ancienne des
républiques, nous avons à cœur d'envoyer un sa-
lut fraternel à la République française. Sans doute,
les deux peuples sont différents par leur génie.
Nous considérons volontiers la République fédé-
rative comme l'expression suprême des institu-
tions libérales. Notre édifice politique se compose
de parties très diverses qui sont les unes infiniment
anciennes, les autres si récentes qu'on ignore en-
core exactement leur valeur et leur efficacité. En
France, au contraire, on veut et on a, en effet, un
monument d'une seule pièce, d'un seul style, aux
grandes lignes simples et harmonieuses. Mais no-
nobstant ces différences de tempérament, nous sui-
vons toutes les péripéties de la politique française
avec un intérêt passionné, et nous formons tous des
vœux pour la consolidation des principes de justice,
de liberté et d'ordre, sans lesquels il n'y a pas de
véritable vie républicaine. »
Et sur ces mots, M. Lardy a invité ses auditeurs
à se lever et à acclamer le nom du président de la
République, M. Carnot.
C'est M. Spuller qui a répondu à .l'honorable mi-
nistre de Suisse. Il a déclaré, en commençant,
qu'il prenait la parole aux lieu et place de M. Tirard,
et il a ajouté que c'était un honneur que lui cédait
son collègue. « De cet honneur, a-t-il dit, je remer-
cie le président du conseil, car il me permet de le-
ver mon verre en toute cordialité, à nos anciens
confédérés de la liberté, accourus ici de tous les
points du monde. »
Répondant aux témoignages de sympathies que
les anciens élèves de l'Ecolepolytechmque suisse
apportent à la France, il a dit que tous les Fran-
çais en étaient en même temps touchés et flattés.
Puis, comparant l'école polytechnique suisse à
l'école française, il a fait l'éloge de l'organisation
toute moderne de la première. « Hélas s'est-il
écrié, nous savons bien pourquoi notre école poly-
technique est toute militaire, tandis que la vôtre est
toute pacifique. Nous le savons, nous le sentons,
mais nous n'en parlons pas »
L'orateur a poursuivi en proclamant, aux applau-
dissements de tous, que ces deux écoles étaient les
grandes ouvrières de la liberté et de l'affranchisse-
ment des peuples. Il a félicité les polytechniciens
de Zurich et-les Suisses en général, d'avoir dans ce
pays, composé de trois peuples divers, mis au des-
sus de tout l'idée de la patrie. « Vous avez le droit,
a-t-il dit, de rappeler que vous avez été les premiers
initiateurs de la liberté. C'est un honneur pour vous.
Et ce que vous appelez « votre petite Suisse » nous
l'appelons, nous, une grande nation. »
M. Spuller a remercié ses auditeurs d'avoir choisi
Paris pour y tenir cette année leur assemblée gé-
nérale. « Vous êtes accourus ici, a-t-il dit ensuite,
de tous les pays du monde, ainsi que l'atteste la
liste, dont je viens de prendre connaissance, des
membres de votre société. C'est là encore une des
choses qui font le plus honneur à votre pays. Par-
tout on rencontre des ingénieurs suisses qui vont,
jusque dans les contrées les plus éloignées, porter
leur indépendance, leur science et leur sérénité.
Vous devez être singulièrement fiers de votre Ecole
polytechnique.
» Cette école, d'ailleurs, a été l'asile d'un grand
nombre d'entre nos amis qui ont été malheureux
dans notre pays. Proscrit de France, Challemel-
Lacour a été accueilli comme professeur chez vous.
Vous avez de môme reçu Barni et Marc Dufraisse.
Aussi est-ce pour moi une grande joie que d'assister
à ce banquet et de vous apporter le témoignage de
fraternité et d'amitié que la France doit à la Suisse.
» Pour vous en donner une marque plus signifi-
cative, le président de la République, ayant enten-
du vanter les mérites d'un des vôtres, M. Zschokke,
j'ai le plaisir de lui apporter, au nom de M. Carnot,
la croix de la Légion d'honneur. »
En disant ces derniers mots, qui sont unanime-
ment applaudis, M. Spuller remet la croix à M.
Zschokke, auteur de travaux hydrauliques remar-
quables.
Puis il ajoute « Que cette croix soit pour nous
une occasion de vous dire qu'entre toutes les na-
tions il n'y en a pas que nous mettions au-dessus
de la Suisse, et que votre liberté est le boulevard
de la liberté générale. »
M. Naville, ingénieur, a répondu au beau dis-
cours de M. Spuller par un toast aux organisateurs
de l'exposition le ministre du commerce, MM. Al-
phand, Berger et Grison. « Nous tenons à mani-
fester, a-t-il dit, notre admiration pour ceux qui
ont organisé et mené à bien ce chef-d'œuvre, et
bien qu'étrangers à ce pays nous nous croyons
permis de leur dire qu'ils ont bien mérité de leur
patrie. »
.M. Tirard, bien que salué par une ovation en-
thousiaste, n'a prononcé que quelques mots. « Je
veux, a-t-il dit, relever une erreur dans le discours
de M. Naville. La beauté des édifices construits au
Champ de Mars n'éclipse point la beauté des œuvres
qu'ils contiennent. La galerie des machines, sur-
tout, renferme des travaux admirables, et parmi
ceux-ci j'ai remarqué tout particulièrement la très
belle et très honorable section suisse, dont l'hon-
neur revient, pour une si grande part, à M. Naville
lui-même. »
D'autres toasts ont été portés; puis M. Lardy a
remercié MM. Tirard, Spuller et Faye, et les repré-
sentants du haut enseignement et de la grande in-
dustrie française de l'honneur qu'ils avaient fait à
la Société des anciens élèves de l'Ecole polytech-
nique fédérale suisse, en voulant bien assister
à son banquet et exprimé l'espoir que le souvenir
de cette réunion cordiale sera un hen de plus en-
tre la Suisse et la France.
Une lettre de M. E. Castelar T'
M. Emilio Castelar, l'éminent écrivain espagnol,
a envoyé à l'un de ses amis, M. Eusebio Blasco,
une longue lettre contenant d'intéressantes appré-
ciations sur l'Exposition universelle et sur la signi-
fication du centenaire de 1789. Après avoir attribué
le triomphe de la Germanie protestante sur les
deux empires catholiques des Habsbourg et des
Napoléon à la puissance intellectuelle des Kant,
des Hegel, des Goethe, des Schiller, des Humboldt
et des Liebig, il déclare que si l'Allemagne mainte-
nant veut s'élever à la hauteur de la France, il lui
faudrait pouvoir faire un concours international ri-
valisant avec celui de Paris.
Tant qu'elle (l'Allemagne), écrit-il, ne pourra pas en
faire autant, la lampe électrique rayonnant du haut
de la tour Eiffel, comme la lumière de tous les pro-
grès modernes, aura plus de poids dans la balance de
la critique que tous les boulets de ses canons Krupp.
L'esprit moderne déteste la guerre; il court après la
liberté qui l'émancipe et le travail qui le perfectionne.
L'Exposition n'est pas un grand marché, comme on
a voulu le dire, c'est un nouveau monde. Tous ces
produits entassés au Champ de Mars annoncent que
le temps des combats est fini, que l'ère du travail est
dans tout son essor. Le génie de la guerre doit fuir
ébloui devant la lumière électrique de nos jours,
comme, dans les tableaux mystiques du moyen âge,
le diable fuyait devant la croix.
L'Exposition nous dit comment finit l'organisation
militaire de l'Europe et comment commence l'organi-
sation commerciale. Chaque grand fait marque dans
le temps uâe idée, de même que chaque étoile de
première grandeur marque dans l'espace une grande
lumière. Les hautes tours projetant la lumière de leurs
phares; les toits reflétant les rayons du fer et de l'or;
les grandes eaux lumineuses, la galerie des machi-
nes, dont les arceaux défient les lois de la gravité;
les machines elles-mêmes transformant la matière en
servant la pensée, tout cela, cher ami, nous dit que
les relations internationales ont changé, et que, nées
hier de la guerre dévastatrice, elles sont aujourd'hui
régularisées et mises au service des concurrences
progressives du travail universel.
M. Emilio Castelar termine sa lettre à son ami
par ces mots
Croyez-moi, il n'y a pas de puissance supérieure à
l'idée, rien de plus fécond que le travail, et le peuple
français sera toujours le peuple du travail et des
idées, celui qui réalisera les victoires décisives et
éternelles.
Croyons en Dieu. qui est toujours dans l'esprit et
dans l'espace, et qui préside au triomphe définitif de
la justice dans l'univers.
Nouvelles diverses
Les entrées payantes de la journée d'hier se
sont élevées au chiffre de 103,322.
Ce matin, à neuf heures, des employés de l'admi-
nistration de l'Exposition ont, sur l'ordre du direc-
teur général, entièrement couvert de papier la vi-
trine qui a récemment amené un incident au palais
des produits alimentaires.
Nous avons dit, en publiant les textes causes du
conflit, ce qui s'était passé. Depuis, les choses sem-
blaient avoir tourné à la conciliation. Un modèle
d'inscription, arrêté par l'intéressé et l'administra-
tion d'un commun accord, avait été rédigé et devait
prendre, dans la vitrine, la place de la pancarte
que nous avons reproduite. Or, l'exposant protesta-
taire est revenu sur sa décision. En conséquence, la
direction s'est décidée à user de rigueur. Si l'expo-
sant intéressé n'a pas, d'ici à quelques jours, ob-
tempéré aux injonctions qui lui ont été faites, sa vi-
trine sera transportée hors de l'enceinte générale
selon toutes les formes de droit.
Les fêtes de Pentecôte étant proches et l'affluence
devant être grande à l'Exposition pendant ces deux
jours, le service des entrées s'est préoccupé de pré-
venir l'encombrement sur les points d'accès les plus
fréquentés de l'enceinte générale. A cet effet, une
dizaine de guichets ont été transformés et ils vont
être pourvus d'employés supplémentaires qui hâte-
ront le service d'oblitération des tickets et du con-
trôle. Ces guichets modifiés fonctionneront di-
manche. "<"
La participation des sections algérienne et tuni-
sienne et du kampong javanais à la grande fête
qu'organise la section des colonies, en l'honneur du
président de la République, est dès à présent ac-
quise. Spécialement pour cette journée, les différentes
sections seront réunies par une vaste clôture qui
en transformera les diverses parties en enceinte
générale. Au sujet des réjouissances qui suivront
pendant toute la durée de l'Exposition, à l'espla-
nade, un projet a été soumis à la commission des
fêtes. Ce projet consisterait en une sorte d'associa-
tion des diverses sections dont nous venons de par-
ler. Des fêtes seraient données en commun. Le prix
d'entrée, pour ces fêtes, serait assez élevé, mais il
donnerait au visiteur libre accès auprès de toutes
les attractions des sections, théâtre annamite, con-
cert tunisien, danses d'almées algériennes, théâtre
des marionnettes javanaises, etc., etc.
On va commencer à édifier sur l'emplacement ac-
tuellement occupé par le bureau du commissariat
spécial de police aux Invalides la pagode des
dieux, de Hanoï. C'est là que les trois bonzes anna
mites, assistés de leurs servants, célèbreront les
cérémonies du culte. Le commissariat sera trans-
féré de son emplacement actuel, qui se trouve de-
vant le théâtre annamite, dans l'une des construc-
tions de la section coloniale, située près du village
canaque. • ;
Les Tahitiens vont commencer à édifier leur case
à l'esplanade des Invalides et les Tahitiennes y ven-
dront bientôt ces gracieux et délicats travaux de
paille qui reproduisent à merveille plumes et fleurs.
La petite caravane est dirigée par M. Arie à Te-
zaimano, chef du district de Tautira, qui parle le
français avec la plus grande facilité. Quant à ceux
qui l'accompagnent, la plupart comprennent notre
langue. On rencontrerait difficilement, dans le mon-
de colonial de l'esplanade, de plus beaux hommes
que les Tahitiens, dont la physionomie franche et
ouverte inspire tout de suite la sympathie. Les Ta-
hitiennes, au nombre de quatre, sont d'excellentes
mères de famille.
Un ouvrier nommé Emile Poulin, occupé à la
construction d'un pavillon sur la berge de la Seine,
en voulant monter par une échelle sur le quai, fit
un faux mouvement et tomba si malheureusement
sur un tonneau vide qu'il se fit au ventre une hor-
rible blessure. Il a été transporté à l'hôpital Necker
dans un état désespéré.
M. Lœvy, exposant armurier, a été, dans la soi-
rée d'hier, victime d'un vol de quatre revolvers de
luxe.
Un autre vol a été commis au préjudice de M.
Greiss, également exposant, à qui on a soustrait,
près de la porte d'Orsay, son portefeuille contenant
200 francs.
CHRONIQUE ÉLECTORALE
GIRONDE ̃
On nous télégraphie de Bordeaux
Le comité républicain des 3e et 4e cantons de Bor-
deaux qui, avec la commune de Talence, forment.la
2° circonscription de la Gironde, a 'adopté à l'unani-
mité, dans sa séance d'hier soir, la candidature de
M. Mérillon pour cette circonscription.
NOUVELLES DU JOUR
L'administration des finances vient de publier le
rendement des impôts et revenus indirects, ainsi
que des monopoles de l'Etat, pendant le mois de
mai 1889.
Les résultats accusent une plus-value de 8,588,100
par rapport aux évaluation budgétaires, et une aug-
mentation de 2,791,000 sur le mois de mai 1888.
Par rapport aux évaluations budgétaires, il y a
plus-value sur l'enregistrement (220,000); le tim-
bre (1,704,090); l'impôt de 3 0/0 sur les valeurs mo-
bilières (59,000); les douanes (5,710,500); les contri-
butions indirectes (1,774,000); les contributions indi-
rectes ^monopoles) (516,000); les postes (1,301,500); les
télégraphes (315,600).
Les moins-values portent sur les sels (52,000);
les sucres (2,960,500).
Par rapport au mois de mai 1888, il y a plus-va-
lue sur: le timbre (1,350,500); les douanes (1,515,000);
ls contributions indirectes ) s J
les contributions indirectes (2,127,000) les postes
les contributions indirectes (2,127,000); postes
(1,221,000); les télégraphes (198,500).
Les moins-values portent sur l'enregistrement
(1,629,500); l'impôt de 3 0/0 sur les valeurs mobiliè-
res (473,500); les sels (8,000); les sucres (1,097,000);
les contributions indirectes (monopoles) (413,000).
On nous communique la note suivante î
Pour répondre, au vœu exprimé par la municipalité'
de Versailles, le comité directeur de l'Association na-
tionale républicaine vient de fixer au lundi 17 juin le
banquet organisé pour la célébration du centenaire du
serment du Jeu de Paume.
Nous rappelons que ce banquet, qui sera présidé par
M. Jules Ferry, président de l'Association, aura lieu à
l'hôtel Continental, à sept heures du soir.
Les adhésions sont reçues et les cartes peuvent être
retirées au siège de.l'Association, 51, rue Vivienne.
Le XIXe Siècle et la Lanterne publient la note sui-
vante
Dans une réunion qu'ils viennent de tenir, MM
Lockroy, de Lanessan, Millerand, Mayer, directeur de
la Lanterne, et Portalis, directeur du XIX" Siècle, ont
pris l'initiative de la formation d'un comité de revi-
sion républicaine.
Ils se proposent de grouper tous les républicains
décidés a poursuivre, en dehors de toute compromis-
sion et de toute équivoque, une revision démocrati-
que, décentralisatioe et libérale, de la Constitution de
1875, par une Assemblée constituante spécialement
élue a cet effet.
•̃
On nous télégraphie de Grenoble V ""̃ -*«*.
M. Bovier-Lapierre, député de l'Isère, a reçu d«
M. Constans, ministre de l'intérieur, la lettre sui-
vante
Monsieur le député et cher collègue,
Vous m'avez demandé de vous faire connaître quelle
décision a été prise en ce qui touche la participation
des ouvriers aux travaux du palais de justice de Gre-
noble.
L'exclusion systématique des ouvriers étrangers,
sans distinguer la nationalite à laquelle ils appartien-
nent, est contraire aux traités diplomatiques qui nous
lient avec les diverses puissances et dangereuse en
ce qu'elle pourrait donner lieu à des représailles. Le
ministre des affairesétrangères, que j'ai consulté, s'est
prononcé dans le même sens.
Toutefois, désireux de favoriser le travail national,
j'ai décidé que les ouvriers étrangers ne pourraient
être admis sur les chantiers que dans la proportion-
de un dixième. Lors de la récente adjudication d'im-
portants travaux militaires dans le département ds
l'Isère, le ministre de la guerre a fixé cette proportion
au quart. J'ai donc lieu d'espérer que ma décision don-
nera satisfaction au vœu que vous m'avez fait l'hon-
neur de m'exprimer. -̃•rss
Agréez, etc.
CONSTANS.
M. Joseph Blanc, artiste peintre, est nommé pro-
fesseur de dessin aux cours du soir de l'Ecole des
beaux-arts.
ACTES OFFICIELS '•*
Est promulguée la loi tendant à rendre obligatoires
la vérification et le poinçonnage par l'Etat des densi-
mètres employés dans les fabriques de sucre pour con-
trôler la richesse de la betterave.
AU JOUR LE JOUR
Nouvelles perquisitions chez les boulangistes
Depuis quelque temps, la police exerçait une sur-
veillance spéciale sur certaines personnes que l'on
supposait détenir des documents propres à éclairer
la Haute Cour sur les agissements du général Bou-
langer. Hier, on acquit la preuve que M. Breuillé,
ancien secrétaire du général Boulanger et M. Bec-
ker, président du comité revisioniste boulangiste,
demeurant rue des Abesses, à Montmartre, possédait
des papiers intéressants. Aussitôt M. Lozé, préfet de
police (et non pas M. Merlin, président de la com-
mission d'instruction de la Haute Cour, ni M. Atha-
lin, juge d'instruction, comme on l'a dit par erreur),
signa deux mandats de perquisitions. M. Clément
commissaire aux délégations judiciaires fut chargé
de se rendre au domicile de M. Becker. Il s'y présen-
ta vers quatre heures de l'après-midi et saisit trois
caisses et un carton renfermant des lettres, des re-
gistres et des papiers. Détail particulier: On a trou-
vé chez M. Becker la cantine d'officier du général
Boulanger. Cette valise est fermée, elle n'a pas été
ouverte et l'on ignore encore ce qu'elle contient.
Vers six heures du soir, M. Lallemand, commis-
saire aux délégations judiciaires, se présentait au
domicile de M. Breuillé et y saisissait aussi un cer-
tain nombre de lettres. On a découvert, notam-
ment, chez ce dernier un carnet où sont marqués
au jour le jour les instructions que le. général Bou-
langer donnait à M. Breuillé, son secrétaire. Ce car-
net est rempli de notes depuis la première feuille
jusqu'à la dernière. Les documents saisis ont été
transportés dans la soirée à la préfecture de police.
Une réunion de la Ligue des patriote»'
dissoute
La préfecture de police avait été informée qu'une
réunion des membres de l'ex-Ligue des patriotes du
11° arrondissement devait avoir lieu hier soir,
dans un café qui fait l'angle de la rue de Choiseul et
de la rue du 4 Septembre. M. Rolly de Balnègre,
commissaire de police du quartier Vivienne, chargé
de dissoudre la réunion, s'est présenté entre neuî
heures et demie et dix heures à l'établissement in-
diqué, accompagné seulement de son secrétaire et
d'un inspecteur. Le commissaire de police monta au
premier étage par un escalier intérieur, communi*
quant avec le rez-de-chaussée où se trouve un bur-
eau de tabac, et trouva dans une grande salle, oit
se réunissaient jadis les bookmakers du quartier,
une assemblée de quarante personnes environ,
présidée par MM. Habert, conseiller général de
Seine-et-Oise, membre du comité directeur, l'a-
vocat qui plaida dans le procès de la Ligue;
Blind, président du comité du 11° arrondissement, et
Gassier, secrétaire. Le magistrat se fit reconnaître
de ces messieurs et leur dit qu'il était chargé de dis-
soudre leur réunion illégale, et de prendre le nom
et l'adresse de toutes les personnes présentes. M.
Habert lui fit observer que la réunion n'avait pour
objet que le règlement de certaines questions finan-
cières. «Elle n'est pas moins illégale, répondit le
magistrat, aux termes de la loi de 1834. » Après,av-oir
pris les noms de chacun et dressé procès-verbal,
M. Rolly de Balnègre a laissé les assistants se re-
tirer librement. Les organisateurs de la réunion et
le propriétaire du local tombent sous le coup de la
loi de 1834.
La fraude des tabacs
On a vu que Van Ruysvelt, le Belge qui accom-
pagnait jusqu'à Paris les malles bondées de cigares
ou venait chercher les colis à la gare du Nord,
avait argué de sa bonne foi et avait prétendu
que, ayant agi comme un simple commissionnaire,
il ignorait la nature de la cargaison qui lui était: con-
fiée. Ses déclarations ont été démenties par plu-
sieurs employés de la douane.
Les colis frauduleux que Van Ruysvelt est venu
prendre à la gare le 30 mai étaient à la consigne
depuis plus de dix jours. Cet individu s'était pré-
senté plusieurs fois, dans l'intervalle; mais ils*ôtait
retiré sur un signe qui lui avait été fait par Lafont,
l'employé complice, lui indiquant que l'on nef pou-
vait faire sortir avec sécurité les malles con-
tenant les cigares. La présence d'un inspec-
teur surveillant plus étroitement Lafont suffi-
sait à motiver un ajournement de l'opération frau-
duleuse. Van Ruyselt avait toujours à la main une
petite valise, pour se donner la contenance d'un
voyageur qui descend de wagon, et il venait, gé-
néralement vers quatre heures et demie, à l'arri-
vée du train de Bruxelles. Le jour de son arresta-
tion à la gare du Nord, il arrivait tout simplement
d'Auteuil.
Plusieurs de nos confrères ont dit que le genre
de fraudes dont le parquet s'occupe actuellement
durait depuis dix années. Or, Lépine et Lafont, les
deux employés complices de M. Sannes, le négo-
ciant belge, ne sont attachés à radministratioQ des
tabacs que depuis cinq années. ,i-
Le fournisseur de cigares, Sarines; négociant à
Anvers, avait, dans une dépendance de la section
belge, exposé ses produits, quoiqu'il ne fût pas- con-
cessionnaire de l'emplacement qu'ils occupaient. Ls
véritable concessionnaire est M. Tinchant, négo-
ciant belge, qui, au nom de la collectivité d'es né-
gociants en tabacs de Belgique, avait sollicité -et db-
tenu un emplacement au Champ de Mars. C'est en
bordure de l'avenue Labourdonnais, sur le côté
gauche de l'allée longeant la galerie des industries
diverses, entre le pavillon du commissariat belge e
et le pavillon Solvay, que cet emplacement est
situé. L'installation collective comporte dans son
ensemble au plus deux mètres carrés. Elle consiste
en un simple éventaire en plein vent adossé à un
pavillon des ciments dans lequel un poste de sa-
peurs-pompiers a été aménagé.
En la circonstance, l'administration ne pouvait
prendre aucune mesure contre Sannes. Seuls, la
douane et les contributions directes, étant données
les clauses spéciales du règlement en ce qui con-
cerne les exposants qui vendent ou font déguster
leurs produits à l'Exposition, avaient à faire le né-
cessaire.
Dès que l'employé de M. Tinchant chargé de la.
vente des tabacs au Champ de Mars a été averti de
ce qui venait d'être découvert, il a avisé son patron,
qui lui a enjoint de ne plus vendre jusqu'à nouvel
ordre les produits à M. Sannes. Jusqu'ici aucun a
saisie ni aucune mise sous scellés n'a été faite.
La mention que porte, au nom de Sannes, le cata-
logue belge complétera plaisamment ces détails. La
voici
Sannes E. (d'Anvers). -Manufacture de cigares pa-
vane. Spécialité pour l'exportation. Marque de fabri-
que Labor itnprobus omnia vincit. Maison de premier
ordre, ayant des agences dans les principales villes d9
l'Europe et d'outre-mer. Médailles à plusieurs Expo-'
sitions.
La grève de Thizy
Notre correspondant de Lyon nous télégraphie
La grève des ouvriers tisseurs à la main conti-
nue dans les mêmes conditions. Comme je vousl'ai
dit, il ne s'agit plus aujourd'hui d'une question de
salaire; le débat porte uniquement sur une question
de transport soulevée par les patrons. Ces derniers,
au lendemain du tarif adopté à la suite de la der-
nière grève, ont décidé de faire payer les frais do
déplacement que leur occasionnait le transport des
chaines et ils ont évalué ces frais à 2 fr. par chaîne
dans un rayon de 15 kilomètres et à 3 fr. dans un
rayon supérieur. Les ouvriers font remarquer qW
les patrons reprennent ainsi d'un côté ce qu'ils ont
accordé de l'autre, attendu que, jusqu'à présent, ces
frais étaient payés par les patrons.
Les deux parties paraissent résolues à résister
énergiquement; mais l'exaspération des grévistes
est à son comble, et il s'en est fallu de peu que la
manifestation de mercredi ne tournât au tragique.
Les manifestants ont quitté la ville de Thizy à dix
heures du soir pour regagner leurs localités respect
tives et se sont donné rendez-vous pour samedi
8 juin.
M. Ebeling, sous-préfet de Villefranche, a reçu
dans la soirée plusieurs délégués ouvriers. Il leur a
déclaré qu'il voulait bien tenter d'amener les patron*
à ne plus compter à l'avenir les frais de transport et
convoquer, à cet effet, lesdits patrons dans une réu-
nion générale, mais il leur a dit aussi que les ou.
vriers devraient s'abstenir de tout semblant de ma-
nifestation au moment de la réunion, qu'autre-.
ment il ferait dissoudre la réunion et disperser leê
.manifestants par la force armée
l'énergie que l'on sait, '-le relèvement de cette
grande institution.
Quoi qu'il en soit, il est bon de rappeler les cir-
constances dans lesquelles fut créée la Compagnie
de construction et d'exploitation des chemins ser-
bes, sans oublier le transfert de sa concession à
une société d'exploitation et de ramener à une juste
évaluation l'importance des intérêts français enga-
gés dans cette entreprise.
On se rappelle que le Comptoir d'escompte, tout à
la fois afin de sauvegarder les capitaux considéra-
bles de l'Etat serbe compromis par la faillite de
l'Union générale et de faire une opération fructueu-
se, constitua, le 13 mai 1882, la société en question
au capital de seize millions de francs. Aux termes
d'une convention du 10 avril 1882, la compagnie de
construction en formation s'engageait notamment,
en échange d'avantages qu'elle recevait de la faillite
̃de l'Union générale, à garantir à la Serbie douze
̃millions de francs sur le recouvrement de sa créan-
ce de vingt-trois millions dans ladite faillite. Par
'Contre, toutes les sommes à revenir au gouverne-
ment au delà de ces douze millions, devaient dimi-
nuer d'autant la contribution de la Compagnie. De
$e chef, celle-ci aurait déjà touché un notable béné-
fice qui pourra même encore être augmenté par un
solde de répartition à recevoir de la faillite de
l'Union générale.
La concession se composait, au total, de 503 kilo-
mètres 314 Belgrade à Nisch (243 kil. 455), Nisch
̃à Vranja (frontière ottomane) (122 kil. 455), Nisch à
Pirot (frontière bulgare) (93 kil.) et Velika-Plana-
Semendria (44 kil. 484).
Les bénéfices de construction, joints aux autres
profits divers, ont permis à la compagnie de distri-
buer à chacune de ses actions en 1882, 7 fr. 81 1/4;
en 1883, 12 fr. 50; en 1884, 1885, 1886, 25 francs par
an, et en 1887, 230 francs par action libérée de 250
'francs, après appurement complet des comptes de
'construction, tant avec le gouvernement serbe
̃qu'avec l'entreprise Vitali.
Quant à l'exploitation, les conventions passées
̃avec le gouvernement serbe stipulaient que la com-
pagnie recevrait une somme à forfait par kilomè-
tre. En 1888, la Serbie a eu à payer, du chef de cette
garantie, une annuité d'environ 900,000 francs. Mais
il y avait tout lieu de croire que le trafic interna-
tional s'effectuant maintenant, sans rompre charge,
jusqu'à Constantinople, la période des augmenta-
̃tions de recettes allait s'ouvrir. La Serbie paraît
donc, à son point de vue, avoir bien choisi son mo-
ment pour reprendre l'exploitation de ses lignes.
La concession faite à la compagnie avait une du-
rée de vingt-cinq ans pour les lignes Belgrade-Nisch-
Vranja et Nisch-Pirot, et une durée de quarante-
cinq ans pour la petite ligne de Velika-Plana à Se-
mendria. Le gouvernement serbe se réservait la fa-
culté de se substituer à la compagnie pour l'exploi-
tation de ses lignes dans l'une des dix années qui
précéderaient l'expiration de ladite concession, mais
suivant certaines conditions stipulées d'avance.
Au mois de mai 1888 intervint, entre la Compa-
gnie de construction et d'exploitation d'une part et
:1a Société de construction et d'exploitation de che-
mins de fer (entreprise Vitali), une convention par
laquelle la première de ces deux sociétés cédait à
-îa seconde, sous la forme d'une régie coïntéressée,
^'exploitation des chemins de fer serbes pendant
tout le temps restant à courir des délais de la con-
cession, et ce moyennant une annuité à forfait de
531,857 fr., plus 60 0/0 sur les bénéfices nets de
l'exploitation dépassant ce premier prélèvement.
Toutefois, ces conditions devaient être suspendues
dans le cas survenu, en effet, de non-exécution des
conventions existantes entre la compagnie et le
gouvernement serbe.
Les mêmes conventions autorisaient la Société
Vitali à poursuivre avec le gouvernement serbe,
qui en avait manifesté le désir, des négociations
ayant pour but la modification des conventions ac-
tuelles ou la substitution à ces conventions de nou-
velles conventions.
Ges conventions votées dans l'assemblée du
20 juin 1888 par la majorité des actionnaires de la
Compagnie de construction, rencontrèrent toutefois
jme vive opposition de la part de quelques mem-
'bres de la minorité Pourquoi la compagnie se des-
saisissait-elle d'une exploitation qui ne pouvait
̃manquer d'être avantageuse dans l'avenir, puisqu'il
se trouvait une autre société, en mesure d'être bien
renseignée sur sa valeur, disposée à l'accepter
,moyennant une participation de 40 0/0 des bénéfices
excédant l'annuité privilégiée de 531,857 francs? Ne
ïisquait-elle pas aussi de dénaturer le principe de
l'intervention et de l'influence françaises, en confiant
ses destinées à une société dont aucun administra-
teur, paraît-il, n'est sujet français ?
Que peut valoir, en effet, une protestation en fa-
-veur d'intérêts français faite par un conseil com-
posé de personnalités étrangères à notre pays? Et
•si la Compagnie de construction avait, en vertu des
conventions, le droit d'intervenir dans le conflit, les
principales personnalités dirigeantes de cette com-
pagnie n'avaient-elles pas perdu, depuis la chute
du Comptoir d'escompte, toute autorité pour faire
accepter cette intervention?
Et maintenant, dans quelle mesure les intérêts
français sont-ils engagés dans l'entreprise des che-
mins de fer serbes ? Le capital social est de 16 mil-
lions, dont 8 millions versés. Il est représenté par
32,000 actions nominatives dont on peut estimer,
contrairement aux affimations du correspondant pa-
xisien du Times, la moitié, soit 16,000 environ, en-
tre les mains de capitalistes français. Quant aux
= obligations hypothécaires de l'Etat serbe, émises
pour le compte de ce gouvernement pour faire face
-aux dépenses de construction, tout le monde sait
qu'elles sont, pour la majeure partie, en Allemagne,
en Suisse et en Autriche. Il n'y a donc pas lieu
l'exagérer l'importance des capitaux français inté-
tessés dans cette affaire.
D'autre part, que revendique la Compagnie de
'construction ? La réintégration pure et simple de
son régisseur dans l'entreprise d'exploitation ? Mais
dans le cas où la revendication de la compagnie ne
serait pas admise, ses droits au remboursement de
son capital employé en matériel roulant, mobilier
̃petit matériel et immeubles et à une indemnité re-'
̃présentant une compensation des bénéfices d'ex-
ploitation pendant les délais restant à courir, ne
paraissent pas pouvoir être mis en doute.
Ajoutons, en terminant, que les 4,000 actions en
vviron de la Compagnie de construction et d'exploi-
tation des chemins de fer de l'Etat serbe que possé-
dait le Comptoir d'escompte, et pour l'acquisition
̃desquelles des offres de capitalistes allemands
avaient été faites récemment, ont été vendues
nous croyons le savoir à un banquier parisien,
yk. Hoskier, traitant au nom d'intéressés favorables
//}a politique française.
LETTRES DE TURQUIE
Constantinople, 3 juin.
il s'est produit hier un incident qui, surtout dans
j|s" circonstances présentes, est signaler. La colo-
nie italienne avait décidé qu'elle célébrerait, comme
jes années précédentes, par une grande fête cham-
pêtre, l'anniversaire de la promulgation du statut,
qui tombait hier. La fête devait avoir lieu dans un
•Bite charmant de la côte d'Asie, nommé Calamissia.
'La colonie a pris passage à bord d'un bateau loué
pour la circonstance et qui était amarré au pont de
Karakeuï. Le même jour et à la même heure, neuf
heures du matin, la société chorale française, dont
̃j'ai déjà eu l'occasion de vous parler, devait se ren-
dre en partie de plaisir à Thérapia, où les jardins
et le parc de l'ambassade de France avaient été mis
gracieusement à sa disposition. Le petit bateau qui
1 devait transporter nos compatriotes était également
amarré au pont de Karakeuï, non loin du bateau
jtalien. Lorsqu'il s'est apprêté à partir, là musique
Be ce dernier a entonné la Marseillaise comme salut
fraternel adressé aux Français par la colonie ita-
lienne. Immédiatement le bateau français, chan-
'çeant de direction, est venu passer le long du ba-
1eau italien, et la musique qu'il avait à bord a en-
'îonné la Marche royale. C'est au milieu de hourras
înthousiastes qu'a eu lieu cette manifestation de la
Communauté de sympathies qui règne et a d'ailleurs
îOujours régné ici entre les deux colonies.
~Le roi Milan est attendu demain par le bateau
Uwerva, du Lloyd austro-hongrois. J'entendais ré-
jemment un personnage qui est en situation de bien
connaître les hommes et les choses de Serbie émet-
ire, sur les visées du roi Milan, une appréciation à
laquelle on ne peut refuser le mérite de la nou-
veauté. Il prétendait que ce souverain n'a fait qu'une
fausse sortie; qu'en abdiquant il avait la convic-
liion que le nouveau gouvernement ne pourrait ré-
soudre les difficultés de la situation; que les choses
ijraient de mal en pis et que, lorsque le peuple serbe
e serait rendu compte par une expérience probante,
e l'aggravation du mal, de l'impossibilité de cons-
.iituer un gouvernement normal avec les éléments
etuels, il chercherait un sauveur; que le roi Milan,
evenu l'homme providentiel, ne résisterait pas aux
(applications de son peuple bien-aimé, mais que,
ipivant la tradition des sauveurs, il profiterait de la
(Situation nouvelle pour supprimer les libertés et se
constituer un pouvoir personnel à, caractère auto-
cratique; ,(Vr,'i»t L)
Si je vous transmets cette prévision1 c'est qu'elle
émane, comme je vous le disais, d'un appréciateur
très renseigné et à l'abri, par sa situation même, de
tout jugement intéressé sur les affaires de Serbie.
BULLETIN DE L'ÉTRANGER
(DÉPÊCHES HAVAS ET RENSEIGNEMENTS PARTICULIERS)
Alsace-Lorraine *hH
Le conseil d'administration des houillères de
Petite-Rossello a approuvé les concessions faites
aux ouvriers mineurs par la direction des mines et
a autorisé celle-ci à porter à 20 0/0 l'augmentation
des salaires dans le cas où l'augmentation do 15 0/0
semblerait insuffisante. Le directeur d'arrondisse-
ment en a informé les mineurs, mais a déclaré que
le conseil d'administration ne saurait faire de nou-
velles concessions sans compromettre la situation
de la houillère et l'existence des mineurs de Petite-
Rosselle.
Allemagne "̃-•̃̃•
Le général de Walderseo, chef du grand état-
major allemand, a passé, le 4 juin, l'inspection du
régiment des chemins de fer. Après divers exercices
accomplis en sa présence, le général a dîné avec les
officiers du régiment. Au dessert, il a prononcé un
toast en l'honneur du régiment. Dans ce toast, il a
rappelé que le 4 juin était l'anniversaire de la ba-
taille de Hohenfriedberg (victoire de Frédéric II en
1745 sur les Autrichiens et les Saxons commandés
par le prince Charles de Lorraine et le duc Jean-
Adolphe de Saxe), et il a ajouté
Ce jour-là, l'armée, commandée par un ancêtre glo-
rieux de Sa Majesté l'empereur, a remporté une vic-
toire dans des circonstances difficiles. Puissent les
drapeaux de l'armée allemande tout entière être con-
duits, sous la direction de l'empereur Guillaume II, à
une victoire non moins glorieuse, si l'armée de l'em-
pire allemand est de nouveau amenée à entrer en
campagne 1
La Freisinnige Zeitung, de Berlin, croit savoir que
le gouvernement allemand, poursuivant l'affaire
Wolgemuth, vient d'adresser au gouvernement
suisse une note demandant que la Suisse rapporte
le décret d'expulsion rendu contre l'inspecteur de
police de Mulhouse. Dans cette même note, l'Alle-
magne se plaindrait de ce qu'un petit Etat n'ait pas
traité un grand Etat avec le respect qui lui est dû,
alors que, jusqu'ici, les Etats se sont considérés
comme ayant les mêmes droits dans leurs rapports
mutuels, abstraction faite de leur grandeur.
L'Allemagne aurait enfin exprimé le désir que la
Suisse n'accorde aux Allemands le droit de séjour
en Suisse que s'ils vont munis do papiers parfaite-
ment en règle.
Un litige assez curieux s'est élevé entre le minis-
tre de la maison du roi, M. de "Wedel-Piesdorff, et
le magistrat (ou municipalité) de Berlin. La loi veut
que les employés de l'Etat (staatsbeamten) ne soient
imposés que sur la moitié de leurs revenus. Au
contraire, les employés de la cour (hofbeamten),
payent sur la totalité du leur. En dressant les rô-
les, le magistrat de Berlin a classé M. de "Wedell
comme employé de la cour. Protestation du contri-
buable qui, devant le maintien de cette décision,
porte sa réclamation devant le tribunal adminis-
tratif supérieur. Ce qui nuit à l'appel de M. de We-
dell, c'est que, lorsque, de président du Reichstag
et de président de gouvernement, il fut nommé mi-
nistre de la maison du roi, il fit adopter lui-même
par la commission électorale du Reichstag un rap-
port le déclarant employé de la cour et non de l'E-
tat, ce qui le dispensait d'une réélection, les em-
ployés de l'Etat seuls étant soumis à cette forma-
lité en cas de nomination ou de promotion. Le pu-
blic berlinois est indifférent à la question de la elas-
sification exacte des fonctions de M. de Wedell,
mais il trouve injuste que, comme la chauve-souris
de la fable, ce fonctionnaire puisse invoquer une
qualité pour se dispenser d'une réélection et la qua-
lité contraire pour se dispenser d'un impôt.
Le premier train du nouveau service qui relie di-
rectement Berlin à l'Orient en passant par Oder-
berg, Budapest, Nisch, et en aboutissant à Constan-
tinople, a quitté la capitale de l'empire allemand
mercredi dernier. La Gazette de l'Allemagne du Nord
signale l'importance de cette ligne au point de vue
du développement économique de l'Allemagne.
Les grèves qui ont éclaté dans différentes villes
ne cessent de prendre de l'extension, et elles s'éten-
dent à toutes les branches de production indus-
trielle. La Gazette du peuple, de Berlin, dit qu'un
mouvement s'est produit même parmi les cochers
de la cour et les ouvriers occupés dans les jardins
royaux de Potsdam, qui réclament une augmenta-
tion de leurs appointements. Les demandes des co-
chers, qui touchent 65 m. par mois et sont logés
gratuitement, ont été rejetées. On a promis toute-
fois des secours aux cochers ayant une nombreuse
famille. Le chef des ouvriers jardiniers du parc de
Babeisberg a promis à ceux-ci do faire des démar-
ches auprès du grand-maréchal de la cour. Le sa-
laire de ces ouvriers est de 1 m. 20 pf. par jour au
début, mais va en augmentant d'aiïûée en année
jusqu'à concurrence de 1 m. 60 par jour.
Autriche-Hongrie
Nous avons annoncé que le gouvernement à in-
terdit aux sociétés de gymnastique tchèques de pa-
raître en qualité de corporations au concours de
Paris. Nous avons également annoncé le départ in-
dividuel des membres de ces sociétés.
Les Narodny-Listy ont été saisies pour avoir cri-
tiqué l'interdiction prononcée.
On sait que, pour se rendre à Saint-Pétersbourg,
le roi de Grèce et sa famille devaient primitivement
passerpar Vienne et qu'au dernier moment cet iti-
néraire a été changé. D'après ce qu'on prétend
dans certains cercles de Vienne, voici la cause de
ce changement la famille royale de Grèce ayant
retardé de quelques jours son départ d'Athènes, les
arrangements pris avec les compagnies de chemins
de fer pour le transport de la famille royale par
train spécial ne permettaient plus le retard qu'au-
rait entraîné le passage par Vienne.
La Gazette de Francfort a reçu de Vienne une
dépêche annonçant que l'empereur d'Autriche se
rendra le 11 juin à Munich, où il passera plusieurs
jours. On se rappelle que le prince-régent de Ba-
vière vient de faire à Vienne un séjour de deux se-
maines il est rentré à Munich le 5 juin. Le gen-
dre de l'empereur, l'archiduc Léopold, y réside éga-
lement. ̃ ̃ ̃ ̃ <
Le baron Emile de Gœdel-Lannoy, conseiller de
légation de première classe, vient d'être nommé
ministre d'Autriche-Hongrie à Lisbonne. 1.
Angleterre
Le Mercure de Leeds annonce que l'état de lord
Lytton est considéré comme très grave et comme
pouvant occasionner une vacance à l'ambassade de
Paris. Aucune décision définitive n'a encore été
prise; mais on dit qu'il serait question d'accréditer
à Paris un ambassadeur ad intérim.
Cette nouvelle nous parait suspecte, vu l'exis-
tence d'un chargé d'affaires régulier déjà investi de
ces fonctions à Paris.
\je.Galignani' s Messenger dit de son côté que, d'après
ses informations particulières, l'état de lord Lytton
n'est pas aussi grave que l'assure le Mercure de
Leeds, et que lord Salisbury ne songe aucunement à
pourvoir à son remplacement. L'ambassadeur va
beaucoup mieux, et l'on peut s'attendre à le voir re-
tourner sous peu à son poste.
Le conseil municipal de Londres a décidé d'inviter
le shah de Perse à visiter le Guildhall où il sera
reçu solennellement. On lui présentera, à cette oc-
casion, une adresse enfermée dans un coffret d'or,
suivant la coutume de la Cité.
Hier, on a trouvé dans un fourré du parc de Bat-
tersea un nouveau paquet contenant des restes hu-
mains un thorax débarrassé d'une partie de ses
organes.
En même temps que cette funèbre trouvaille était
faite, le dragage de la Tamise faisait découvrir le
cou, les épaules et le foie.
Les médecins ont constaté que tous ces débris ap-
partenaient au même corps que ceux trouvés il y a
trois jours. P9 Y
D'après les informations recueillies par la police,
on croit que la victime habitait Oxford, et qu'elle
était venue à Londres pour entrer comme servante
dans une famille.
L'audition des témoins dans l'affaire Maybrick a
continué hier à Liverpool; les dépositions ont éta-
bli que Mme Maybrick avait chez elle de l'arsenic
sous diverses formes et qu'il s'en trouvait mêlé, en
dehors de toute ordonnance, aux médicaments des-
tinés à M. Maybrick.
La seconde phase du procès, sorte d'enquête pu-
blique conduite par un coroner avec l'assistance
d'un jury, est maintenant terminée.
Le jury a rendu contre Mme Maybrick un ver-
dict d'homicide volontaire.
La prévenu^ va passer aux assises.
Le second détachement d'ingénieurs américains,
qui va visiter l'Exposition, vient d'arriver à Liver-
pool, où l'avait attendu le premier. La troupe des
excursionnistes est maintenant au complet et compte
260 personnes, dont un assez grand nombre de
dames. g
Belgique
Les journaux belges qui nous parviennent ce
matin confirment les détails sur l'assassinat de la
marquise de Chastelaere, que nous avons donnés
hier en dernière heure, d'après une dépêche de no-
tre correspondant particulier de Bruxelles.
L'assassin n'a pas encore été découvert, mais on
continue à croire que le crime est dû à la vengeance
d un des fermiers du château. Il paraît que la mar-
quise avait pour ses fermiers des rigueurs exces-
sives. Elle n'avait pas voulu céder à leurs exi-
gences et avait refusé de leur accorder une réduc-
tion (pour les baux à renouveler) de 10 0/0. Aussi
une grande partie de ses terres était-elle sans loca-
taires et, depuis trois ans, elle faisait valoir elle-
même un assez jïrancl nombre d'hectares
Italie
Hier, à la Chambre des députés, M. Sola a ques-
tionné M. Crispi sur l'exactitude de la dépêche pu-
bliée par l'agence Stefani au sujet de l'occupation
de Keren.
M. Bonghi a demandé de son côté à questionner
le ministre de la guerre pour savoir si cette occu-
pation pourra entraîner l'envoi ultérieur de troupes
régulières, ou de volontaires, et une dépense plus
grande que celle inscrite au budget. p p
M. Crispi, répondant à M. Sola, a déclaré que la
nouvelle donnée par l'agence Stefani est exacte, et
que, Barambaras-Kafel ayant agi de façon à perdre
la confiance du gouvernement italien, ordre a été
donné de faire occuper Keren par les troupes régu-
lières, d'arrêter Kafel et de désarmer ses soldats.
M. Crispi a ajouté qu'il transmettra la demande
de M. Bonghi, à son collègue de la guerre.
Portugal
M. Serpa Pimentai, chef des conservateurs, à dé-
posé hier, à la Chambre des pairs, la motion sui-
vante qui a trait aux projets formés par des compa-
gnies anglaises et proclamés par le Times relative-
ment à la formation d'un empire britannique du
Zambèse au Nil.
La Chambre, affirmant une fois de plus les droits du
Portugal dans l'Afrique orientale et centrale, droits
basés sur la découverte, la conquête, l'occupation ef-
fective ou l'exploitation commerciale permanente, es-
père que le gouvernement maintiendra avec fermeté
ces droits, qui dernièrement encore ont été solennelle-
ment reconnus et constatés par les conventions pas-
sées avec la France et l'Allemagne, et qu'il s'efforcera
de faire respecter les légitimes intérêts de la nation
portugaise dans ces régions.
Cette déclaration a été signée par MM. Barjona,
Macedo, Hitze, San Jamario et Thomas Ribiro,
chefs de tous les partis représentés à la Chambre.
Plusieurs orateurs ont appuyé la motion en dé-
montrant la solidarité qui, dans les affaires inter-
nationales, unit tous les partis politiques du pays.
De son côté, le ministre des affaires étrangères
a exprimé la conviction que les droits du Portu-
gal ne seraient méconnus par aucune puissance
amie.
La motion de M. Serpa Pimentai a été adoptée à
l'unanimité.
~h 'ï. Russie !;1;.T;
Un télégramme do Saint-Pétersbourg signale
l'arrivée dans cette ville d'une mission extraordi-
naire japonaise, à la tête de laquelle se trouve le
comte YamagataAritomo, ministre de l'intérieur du
Japon.
y; -s, '̃̃! Egypte ;< ̃
Une dépêche du Caire dit que le gouvernement
allemand a notifié son assentiment sans réserves à
la conversion de la dette privilégiée. Le gouverne-
ment anglais, qui avait été consulté d'avance, avait
ratifié le projet avant son dépôt. -U'i.!
~t t!
Japon
Les dernières nouvelles du Japon parlent d'une
éruption volcanique qui a eu lieu dans l'île d'Oshi-
ma, les 13 et 14 avril. Trois cents maisons ont été dé-
truites et cent soixante-dix personnes ont été ense-
velies sous les décombres.
Etats-Unis
̃̃•̃' •̃̃.?•. • > .̃•.•̃̃- K g ̃•
On calcule que 10,000 ouvriers mettront trente
jours pour déblayer les rues de Johnstown et per-
mettre le travail de reconstruction. On a retrouvé
200 nouveaux cadavres.
La catastrophe de Johnstown a absorbé l'atten-
tion publique et l'on ne s'est guère occupé des cam-
pagnes environnantes.
Cependant là aussi le désastre a été épouvan-
table. Dans le comté de New-Huntington, les flots
ont englouté 300 maisons. Les vallées des rivières
Smith et Conemaugh sont complètement ravagées.
On apprend qu'une quantité de villages de la Pen-
sylvame centrale sont détruits.
L'enquête instituée à l'occasion du meurtre du
docteur Cronin a abouti à une grave accusation
contre M. Sullivan, un des chefs du parti extrême
ou fenian à Chicago, qui aurait détourné à son pro-
fit 100,000 dollars destinés à la caisse du parti.
,Sullivan déclare qu'il saura se justifier.
pics. Brésil '> u:
La crise ministérielle ouverte le 31 mai par la re-
traite du cabinet Joâo-Alfredo vient d'entrer dans
une nouvelle phase. V Amérique nous communique
de nouvelles dépêches à ce sujet.
MM. Correia et le vicomte du Cruzeiro ayant re-
fusé de se charger de la constitution d'un nouveau
cabinet conservateur, et le vicomte Dieira da Silva,
qui avait accepté cette lourde tâche, n'ayant pas
réussi, l'empereur s'est adressé aux libéraux, et le
sénateur Saraïva vient d'être appelé au palais de
Saint-Christophe.
M. Saraïva était le président du conseil lorsque,
au mois d'août 1885, les libéraux durent céder le
pouvoir aux conservateurs. Rappelons que la loi de
l'abolition de l'esclavage a été votée le 13 mai 1888,
avec le concours des libéraux. f
Haïti
La légation d'Haïti a communiqué à l'agence Ha-
vas la note suivante
On a attribué au ministre d'Haïti à Washington des
renseignements et des explications sur l'abdication du
président Légitime et la prise de Port-au-Prince. Par
un télégramme, en date d'hier 5 juin, cet agent dé-
clare que ces renseignements n'émanent pas de lui,
attendu qu'il n'a reçu aucune confirmation des bruits
mis en circulation. Ses plus récentes informations
datent du 28 mai et sont en contradiction avec celles
qui ont été publiées.
BILLETS DU MATIN
G. 7 juin.
Ma chère cousine, •
Chaque année, à la môme époque, c'est-à-
dire un peu avant la fenaison, j'éprouve le be-
soin de revoir la campagne de chez moi, de
faire une grande promenade à travers les prés
qui s'étendent entre la Loire et le « ru », sous
le soleil, dans l'odeur des foins. Cette prome-
nade annuelle, il me serait extrêmement dur
d'y renoncer. Je l'ai faite hier, tantôt par les
sentiers que noient les hautes herbes pleines de
taches jaunes et violettes, tantôt le long du
ruisseau bordé de saules dont l'argent léger mi-
roite et frissonne. Et je suis arrivé à un tout
petit village qui trempe ses pieds dans l'eau; et
j'ai pris de la bière, tout seul, dans un cabaret
qui s'intitule avec emphase Café de la gare, 'bien
qu'il soit à deux lieues de la plus proche sta-
tion du chemin de fer.
J'étais heureux, je ne pensais à rien. Tout ce
qui m'agite tant à Paris, je l'avais oublié. Les
vipères que j'ai comme tout le monde dans le
cœur, vanité littéraire, ambition, jalousie, sou-
cis, désirs et passions de toute sorte, s'étaient
parfaitement assoupies. Je sentais que la vie
aux champs, la vie tout près de la terre, c'est
là le vrai, et que notre civilisation urbaine et
industrielle n'est peut-être qu'une effroyable
erreur de l'humanité occidentale.
J'avais besoin de cette heure d'apaisement
car, la veille, en débarquant dans mon chef-
lieu de canton, j'avais eu une grande colère.
Les beaux arbres qui s'élevaient à la porte de
la petite ville venaient d'être coupés par les
soins d'une édilité dont j'aime mieux ne pas
qualifier la conduite. On ne doit jamais abattre
les arbres, sinon dans les cas d'absolue néces-
sité et quand il est bien prouvé qu'ils ont at-
teint depuis longtemps le maximum de leur dé-
veloppement possible et qu'ils ne peuvent plus
que dépérir. Et encore I
Je vais vous dire à ce propos un des plus
violents sentiments de haine que j'aie éprouvés
dans ma vie. Vous savez que mon pays est
charmant; que l'eau y jaillit de partout en ruis-
selets délicieux; que les teintes du ciel, de la
prairie et des feuillages y sontfines et toujours
un peu pâles, comme dans un paysage élyséen
de Puvis de Chavannes et qu'enfin, à défaut
de grands bois, il y a des arbres en quantité,
par bandes ou par bouquets. Mais autrefois il
y en avait bien davantage, et c'était encore plus
beau. Or, j'eus la douleur de constater, voilà
quelques années, pendant mes vacances, qu'on
en avait abattu des rangées entières dans les
prés qui bordent la Loire. Je n'avais jamais
songé à demander qui en était le propriétaire.
J'appris que c'était un monsieur qui vivait à
Paris; je sus qu'il y faisait la fête et que c'é-
tait pour la continuer qu'il découronnait les ri-
ves de mon fleuve.
.Je me mis à haïr cet homme. Longtemps le
misérable poursuivit son œuvre impie chaque
année, de loin, sans se montrer, le lâche me
volait de nouveaux arbres, de nouveaux coins
de verdure. Je me représentais la parure chaste
et sacrée de la terre gaspillée en débauches lu-
gubres, dévorée là-bas par l'imbécile troupeau
des maquillées; et j'enrageais 1. Si j'avais été
poète, j'aurais mis cela en vers, ce qui m'eût
soulagé. Très sérieusement, cet homme que je
n'avais jamais vu, et qui n'est peut-être pas un
méchant garçon, est un de ceux à qui j'ai sou-
haité le plus de mal. Et je ne sais pas encore,
à l'heure qu'il est, si je lui ai pardonné.
Ne touchez pas à vos arbres, ma cousine et
que je les retrouve au complet quand j'irai
vous voir en septembre. J'ai souvent marché
sous leur ombrage en votre compagnie, et il y
en a même plusieurs au pied desquels nous
nous sommes assis. ïlsme sont donc encore plus
sacrés que ceux de chez nous. -T~
AFFAIRES MILITAIRES
l-
Les sapeurs de chemins de fer. Le ministre de la
guerre a présenté, au nom de M. Carnot, président
de la République, un projet de loi relatif à la créa-
tion d'un cinquième régiment du génie, dit régi-
ment de sapeurs de chemins de fer.
Le projet en question reproduit les dispositions
précédemment acceptées par la Chambre et par le
Sénat, lesquelles constituent les trois bataillons
du nouveau régiment avec les quatre compa-
gnies d'ouvriers militaires de chemins dé fer,
les quatre compagnies du 20° bataillon de sa-
peurs-mineurs (qui, depuis 1885, ont dû être exer-
cées et affectées provisoirement au service des che-
mins de fer pour parer aux besoins les plus ur-
gents, lors de la mobilisation), et les quatre compa-
gnies de dépôt des régiments du génie.
Il y aurait lieu, enfin, de créer une compagnie de
sapeurs-conducteurs, indispensable pour que le
nouveau régiment assure lui-même la mobilisation
de ses parcs do campagne, ainsi que les trans-
ports de matériel nécessités par son instruction
spéciale.> x
Légion d'honneur. Le colonel Wasmer, du 33°
régiment d'infanterie, est nommé commandeur de
la Légion d'honneur.
CHRONIQUE DE L'EXPOSITION
Le banquet des anciens polytechniciens suisses
Les membres de la Société des anciens élèves de
l'Ecole polytechnique fédérale suisse avaient décidé,
lors de leur précédente réunion annuelle, de fixer à
Paris leur rendez-vous de 1889.
Mercredi donc, obéissant au mot d'ordre donné,
ils ont commencé à affluer dans nos murs. De tous
les points du monde où résident les ingénieurs, les
architectes et les chimistes suisses, ils sont arri-
vés, au nombre d'environ 300 leur première visite
a été pour le Champ de Mars. Dans la soirée de
mercredi, ils ont occupé le premier étage de la
brasserie Schœrer, près de la section suisse à
l'Exposition, et jusque très tard, attablés autour
d'amples bocks de bière, ils ont consacré ces pre-
mières heures à s'entretenir des merveilles du
Champ de Mars, du Trocadéro et de l'esplanade
des Invalides, et à renouer connaissance entre eux.
Hier matin, ils se sont rendus à la Société des in-
génieurs civils, rue Rougemont, 9, où ils ont
commencé leurs travaux scientifiques annuels. Ils
continueront ces travaux tous les jours jusqu'à
jeudi prochain, par une série d'excursions sa-
vantes dans les égouts, dans les catacombes,
dans diverses manufactures de l'Etat, au Ha-
vre, à Raismes, à Anzin, à Valenciennes et
à l'Exposition universelle. Pour ouvrir solennel-
lement cette sorte de congrès annuel, ils se sont
réunis hier soir en un grand banquet à l'hôtel Con-
tinental, sous la présidence d'honneur de M. Lardy,
ministre de Suisse à Paris, Deux cents convives
environ y ont pris part.
Parmi les invités des polytechniciens suisses, on
remarquait MM. Tirard, président du conseil, Spul-
ler, ministre des affaires étrangères, Faye, ministre
de l'agriculture, G. Berger, directeur de l'exploita-
tion à l'Exposition universelle, le colonel Voegeli,
commissaire général de la Suisse, et M. Burnand,
commissaire suisse des beaux-arts.
Au dessert un grand nombre de toasts ont été por-
tés. C'est d'abord M. Lardy, ministre de Suisse à Pa-
ris, qui a pris la parole, et qui a déclaré, aux ap-
plaudissements de tous les convives, que dans cette
réunion sur terre française, la première expression
de la reconnaissance de tous devait être adressée à
la France. De nombreux liens, a-t-il ajouté, unissent
la Suisse à la grande République voisine. Ce sont
d'abord des liens économiques. La petite Suisse, en
effet, absorbe annuellement deux fois plus de pro-
duits français que l'Espagne ou que l'Italie, quinze
fois plus que l'Autriche-Hongrie, vingt-cinq ou
trente fois plus que l'empire de toutes les Russies.
« Si je cite ces chiffres, a dit M. Lardy, ce n'est
pas pour nous faire plus importants que nous ne
sommes, mais parce que, dans ma conviction, les
milliers d'hommes qui travaillent dans l'un des deux
pays en vue de l'autre ne forgent ou ne tissent pas
seulement une matière vile mais forgent et tissent
l'amitié même entre les deux nations. »
M. Lardy espère que « l'Exposition universelle
exercera une action sur l'opinion publique et parle-
mentaire en Europe et en Amérique, pour ramener
les esprits à tenir compte des industries d'exporta-
tion, sinon l'Exposition serait simplement un gran-
diose déballage. »
M. Lardy, en terminant avec émotion, a dit
« Nous, citoyens de la Suisse, la plus ancienne des
républiques, nous avons à cœur d'envoyer un sa-
lut fraternel à la République française. Sans doute,
les deux peuples sont différents par leur génie.
Nous considérons volontiers la République fédé-
rative comme l'expression suprême des institu-
tions libérales. Notre édifice politique se compose
de parties très diverses qui sont les unes infiniment
anciennes, les autres si récentes qu'on ignore en-
core exactement leur valeur et leur efficacité. En
France, au contraire, on veut et on a, en effet, un
monument d'une seule pièce, d'un seul style, aux
grandes lignes simples et harmonieuses. Mais no-
nobstant ces différences de tempérament, nous sui-
vons toutes les péripéties de la politique française
avec un intérêt passionné, et nous formons tous des
vœux pour la consolidation des principes de justice,
de liberté et d'ordre, sans lesquels il n'y a pas de
véritable vie républicaine. »
Et sur ces mots, M. Lardy a invité ses auditeurs
à se lever et à acclamer le nom du président de la
République, M. Carnot.
C'est M. Spuller qui a répondu à .l'honorable mi-
nistre de Suisse. Il a déclaré, en commençant,
qu'il prenait la parole aux lieu et place de M. Tirard,
et il a ajouté que c'était un honneur que lui cédait
son collègue. « De cet honneur, a-t-il dit, je remer-
cie le président du conseil, car il me permet de le-
ver mon verre en toute cordialité, à nos anciens
confédérés de la liberté, accourus ici de tous les
points du monde. »
Répondant aux témoignages de sympathies que
les anciens élèves de l'Ecolepolytechmque suisse
apportent à la France, il a dit que tous les Fran-
çais en étaient en même temps touchés et flattés.
Puis, comparant l'école polytechnique suisse à
l'école française, il a fait l'éloge de l'organisation
toute moderne de la première. « Hélas s'est-il
écrié, nous savons bien pourquoi notre école poly-
technique est toute militaire, tandis que la vôtre est
toute pacifique. Nous le savons, nous le sentons,
mais nous n'en parlons pas »
L'orateur a poursuivi en proclamant, aux applau-
dissements de tous, que ces deux écoles étaient les
grandes ouvrières de la liberté et de l'affranchisse-
ment des peuples. Il a félicité les polytechniciens
de Zurich et-les Suisses en général, d'avoir dans ce
pays, composé de trois peuples divers, mis au des-
sus de tout l'idée de la patrie. « Vous avez le droit,
a-t-il dit, de rappeler que vous avez été les premiers
initiateurs de la liberté. C'est un honneur pour vous.
Et ce que vous appelez « votre petite Suisse » nous
l'appelons, nous, une grande nation. »
M. Spuller a remercié ses auditeurs d'avoir choisi
Paris pour y tenir cette année leur assemblée gé-
nérale. « Vous êtes accourus ici, a-t-il dit ensuite,
de tous les pays du monde, ainsi que l'atteste la
liste, dont je viens de prendre connaissance, des
membres de votre société. C'est là encore une des
choses qui font le plus honneur à votre pays. Par-
tout on rencontre des ingénieurs suisses qui vont,
jusque dans les contrées les plus éloignées, porter
leur indépendance, leur science et leur sérénité.
Vous devez être singulièrement fiers de votre Ecole
polytechnique.
» Cette école, d'ailleurs, a été l'asile d'un grand
nombre d'entre nos amis qui ont été malheureux
dans notre pays. Proscrit de France, Challemel-
Lacour a été accueilli comme professeur chez vous.
Vous avez de môme reçu Barni et Marc Dufraisse.
Aussi est-ce pour moi une grande joie que d'assister
à ce banquet et de vous apporter le témoignage de
fraternité et d'amitié que la France doit à la Suisse.
» Pour vous en donner une marque plus signifi-
cative, le président de la République, ayant enten-
du vanter les mérites d'un des vôtres, M. Zschokke,
j'ai le plaisir de lui apporter, au nom de M. Carnot,
la croix de la Légion d'honneur. »
En disant ces derniers mots, qui sont unanime-
ment applaudis, M. Spuller remet la croix à M.
Zschokke, auteur de travaux hydrauliques remar-
quables.
Puis il ajoute « Que cette croix soit pour nous
une occasion de vous dire qu'entre toutes les na-
tions il n'y en a pas que nous mettions au-dessus
de la Suisse, et que votre liberté est le boulevard
de la liberté générale. »
M. Naville, ingénieur, a répondu au beau dis-
cours de M. Spuller par un toast aux organisateurs
de l'exposition le ministre du commerce, MM. Al-
phand, Berger et Grison. « Nous tenons à mani-
fester, a-t-il dit, notre admiration pour ceux qui
ont organisé et mené à bien ce chef-d'œuvre, et
bien qu'étrangers à ce pays nous nous croyons
permis de leur dire qu'ils ont bien mérité de leur
patrie. »
.M. Tirard, bien que salué par une ovation en-
thousiaste, n'a prononcé que quelques mots. « Je
veux, a-t-il dit, relever une erreur dans le discours
de M. Naville. La beauté des édifices construits au
Champ de Mars n'éclipse point la beauté des œuvres
qu'ils contiennent. La galerie des machines, sur-
tout, renferme des travaux admirables, et parmi
ceux-ci j'ai remarqué tout particulièrement la très
belle et très honorable section suisse, dont l'hon-
neur revient, pour une si grande part, à M. Naville
lui-même. »
D'autres toasts ont été portés; puis M. Lardy a
remercié MM. Tirard, Spuller et Faye, et les repré-
sentants du haut enseignement et de la grande in-
dustrie française de l'honneur qu'ils avaient fait à
la Société des anciens élèves de l'Ecole polytech-
nique fédérale suisse, en voulant bien assister
à son banquet et exprimé l'espoir que le souvenir
de cette réunion cordiale sera un hen de plus en-
tre la Suisse et la France.
Une lettre de M. E. Castelar T'
M. Emilio Castelar, l'éminent écrivain espagnol,
a envoyé à l'un de ses amis, M. Eusebio Blasco,
une longue lettre contenant d'intéressantes appré-
ciations sur l'Exposition universelle et sur la signi-
fication du centenaire de 1789. Après avoir attribué
le triomphe de la Germanie protestante sur les
deux empires catholiques des Habsbourg et des
Napoléon à la puissance intellectuelle des Kant,
des Hegel, des Goethe, des Schiller, des Humboldt
et des Liebig, il déclare que si l'Allemagne mainte-
nant veut s'élever à la hauteur de la France, il lui
faudrait pouvoir faire un concours international ri-
valisant avec celui de Paris.
Tant qu'elle (l'Allemagne), écrit-il, ne pourra pas en
faire autant, la lampe électrique rayonnant du haut
de la tour Eiffel, comme la lumière de tous les pro-
grès modernes, aura plus de poids dans la balance de
la critique que tous les boulets de ses canons Krupp.
L'esprit moderne déteste la guerre; il court après la
liberté qui l'émancipe et le travail qui le perfectionne.
L'Exposition n'est pas un grand marché, comme on
a voulu le dire, c'est un nouveau monde. Tous ces
produits entassés au Champ de Mars annoncent que
le temps des combats est fini, que l'ère du travail est
dans tout son essor. Le génie de la guerre doit fuir
ébloui devant la lumière électrique de nos jours,
comme, dans les tableaux mystiques du moyen âge,
le diable fuyait devant la croix.
L'Exposition nous dit comment finit l'organisation
militaire de l'Europe et comment commence l'organi-
sation commerciale. Chaque grand fait marque dans
le temps uâe idée, de même que chaque étoile de
première grandeur marque dans l'espace une grande
lumière. Les hautes tours projetant la lumière de leurs
phares; les toits reflétant les rayons du fer et de l'or;
les grandes eaux lumineuses, la galerie des machi-
nes, dont les arceaux défient les lois de la gravité;
les machines elles-mêmes transformant la matière en
servant la pensée, tout cela, cher ami, nous dit que
les relations internationales ont changé, et que, nées
hier de la guerre dévastatrice, elles sont aujourd'hui
régularisées et mises au service des concurrences
progressives du travail universel.
M. Emilio Castelar termine sa lettre à son ami
par ces mots
Croyez-moi, il n'y a pas de puissance supérieure à
l'idée, rien de plus fécond que le travail, et le peuple
français sera toujours le peuple du travail et des
idées, celui qui réalisera les victoires décisives et
éternelles.
Croyons en Dieu. qui est toujours dans l'esprit et
dans l'espace, et qui préside au triomphe définitif de
la justice dans l'univers.
Nouvelles diverses
Les entrées payantes de la journée d'hier se
sont élevées au chiffre de 103,322.
Ce matin, à neuf heures, des employés de l'admi-
nistration de l'Exposition ont, sur l'ordre du direc-
teur général, entièrement couvert de papier la vi-
trine qui a récemment amené un incident au palais
des produits alimentaires.
Nous avons dit, en publiant les textes causes du
conflit, ce qui s'était passé. Depuis, les choses sem-
blaient avoir tourné à la conciliation. Un modèle
d'inscription, arrêté par l'intéressé et l'administra-
tion d'un commun accord, avait été rédigé et devait
prendre, dans la vitrine, la place de la pancarte
que nous avons reproduite. Or, l'exposant protesta-
taire est revenu sur sa décision. En conséquence, la
direction s'est décidée à user de rigueur. Si l'expo-
sant intéressé n'a pas, d'ici à quelques jours, ob-
tempéré aux injonctions qui lui ont été faites, sa vi-
trine sera transportée hors de l'enceinte générale
selon toutes les formes de droit.
Les fêtes de Pentecôte étant proches et l'affluence
devant être grande à l'Exposition pendant ces deux
jours, le service des entrées s'est préoccupé de pré-
venir l'encombrement sur les points d'accès les plus
fréquentés de l'enceinte générale. A cet effet, une
dizaine de guichets ont été transformés et ils vont
être pourvus d'employés supplémentaires qui hâte-
ront le service d'oblitération des tickets et du con-
trôle. Ces guichets modifiés fonctionneront di-
manche. "<"
La participation des sections algérienne et tuni-
sienne et du kampong javanais à la grande fête
qu'organise la section des colonies, en l'honneur du
président de la République, est dès à présent ac-
quise. Spécialement pour cette journée, les différentes
sections seront réunies par une vaste clôture qui
en transformera les diverses parties en enceinte
générale. Au sujet des réjouissances qui suivront
pendant toute la durée de l'Exposition, à l'espla-
nade, un projet a été soumis à la commission des
fêtes. Ce projet consisterait en une sorte d'associa-
tion des diverses sections dont nous venons de par-
ler. Des fêtes seraient données en commun. Le prix
d'entrée, pour ces fêtes, serait assez élevé, mais il
donnerait au visiteur libre accès auprès de toutes
les attractions des sections, théâtre annamite, con-
cert tunisien, danses d'almées algériennes, théâtre
des marionnettes javanaises, etc., etc.
On va commencer à édifier sur l'emplacement ac-
tuellement occupé par le bureau du commissariat
spécial de police aux Invalides la pagode des
dieux, de Hanoï. C'est là que les trois bonzes anna
mites, assistés de leurs servants, célèbreront les
cérémonies du culte. Le commissariat sera trans-
féré de son emplacement actuel, qui se trouve de-
vant le théâtre annamite, dans l'une des construc-
tions de la section coloniale, située près du village
canaque. • ;
Les Tahitiens vont commencer à édifier leur case
à l'esplanade des Invalides et les Tahitiennes y ven-
dront bientôt ces gracieux et délicats travaux de
paille qui reproduisent à merveille plumes et fleurs.
La petite caravane est dirigée par M. Arie à Te-
zaimano, chef du district de Tautira, qui parle le
français avec la plus grande facilité. Quant à ceux
qui l'accompagnent, la plupart comprennent notre
langue. On rencontrerait difficilement, dans le mon-
de colonial de l'esplanade, de plus beaux hommes
que les Tahitiens, dont la physionomie franche et
ouverte inspire tout de suite la sympathie. Les Ta-
hitiennes, au nombre de quatre, sont d'excellentes
mères de famille.
Un ouvrier nommé Emile Poulin, occupé à la
construction d'un pavillon sur la berge de la Seine,
en voulant monter par une échelle sur le quai, fit
un faux mouvement et tomba si malheureusement
sur un tonneau vide qu'il se fit au ventre une hor-
rible blessure. Il a été transporté à l'hôpital Necker
dans un état désespéré.
M. Lœvy, exposant armurier, a été, dans la soi-
rée d'hier, victime d'un vol de quatre revolvers de
luxe.
Un autre vol a été commis au préjudice de M.
Greiss, également exposant, à qui on a soustrait,
près de la porte d'Orsay, son portefeuille contenant
200 francs.
CHRONIQUE ÉLECTORALE
GIRONDE ̃
On nous télégraphie de Bordeaux
Le comité républicain des 3e et 4e cantons de Bor-
deaux qui, avec la commune de Talence, forment.la
2° circonscription de la Gironde, a 'adopté à l'unani-
mité, dans sa séance d'hier soir, la candidature de
M. Mérillon pour cette circonscription.
NOUVELLES DU JOUR
L'administration des finances vient de publier le
rendement des impôts et revenus indirects, ainsi
que des monopoles de l'Etat, pendant le mois de
mai 1889.
Les résultats accusent une plus-value de 8,588,100
par rapport aux évaluation budgétaires, et une aug-
mentation de 2,791,000 sur le mois de mai 1888.
Par rapport aux évaluations budgétaires, il y a
plus-value sur l'enregistrement (220,000); le tim-
bre (1,704,090); l'impôt de 3 0/0 sur les valeurs mo-
bilières (59,000); les douanes (5,710,500); les contri-
butions indirectes (1,774,000); les contributions indi-
rectes ^monopoles) (516,000); les postes (1,301,500); les
télégraphes (315,600).
Les moins-values portent sur les sels (52,000);
les sucres (2,960,500).
Par rapport au mois de mai 1888, il y a plus-va-
lue sur: le timbre (1,350,500); les douanes (1,515,000);
ls contributions indirectes ) s J
les contributions indirectes (2,127,000) les postes
les contributions indirectes (2,127,000); postes
(1,221,000); les télégraphes (198,500).
Les moins-values portent sur l'enregistrement
(1,629,500); l'impôt de 3 0/0 sur les valeurs mobiliè-
res (473,500); les sels (8,000); les sucres (1,097,000);
les contributions indirectes (monopoles) (413,000).
On nous communique la note suivante î
Pour répondre, au vœu exprimé par la municipalité'
de Versailles, le comité directeur de l'Association na-
tionale républicaine vient de fixer au lundi 17 juin le
banquet organisé pour la célébration du centenaire du
serment du Jeu de Paume.
Nous rappelons que ce banquet, qui sera présidé par
M. Jules Ferry, président de l'Association, aura lieu à
l'hôtel Continental, à sept heures du soir.
Les adhésions sont reçues et les cartes peuvent être
retirées au siège de.l'Association, 51, rue Vivienne.
Le XIXe Siècle et la Lanterne publient la note sui-
vante
Dans une réunion qu'ils viennent de tenir, MM
Lockroy, de Lanessan, Millerand, Mayer, directeur de
la Lanterne, et Portalis, directeur du XIX" Siècle, ont
pris l'initiative de la formation d'un comité de revi-
sion républicaine.
Ils se proposent de grouper tous les républicains
décidés a poursuivre, en dehors de toute compromis-
sion et de toute équivoque, une revision démocrati-
que, décentralisatioe et libérale, de la Constitution de
1875, par une Assemblée constituante spécialement
élue a cet effet.
•̃
On nous télégraphie de Grenoble V ""̃ -*«*.
M. Bovier-Lapierre, député de l'Isère, a reçu d«
M. Constans, ministre de l'intérieur, la lettre sui-
vante
Monsieur le député et cher collègue,
Vous m'avez demandé de vous faire connaître quelle
décision a été prise en ce qui touche la participation
des ouvriers aux travaux du palais de justice de Gre-
noble.
L'exclusion systématique des ouvriers étrangers,
sans distinguer la nationalite à laquelle ils appartien-
nent, est contraire aux traités diplomatiques qui nous
lient avec les diverses puissances et dangereuse en
ce qu'elle pourrait donner lieu à des représailles. Le
ministre des affairesétrangères, que j'ai consulté, s'est
prononcé dans le même sens.
Toutefois, désireux de favoriser le travail national,
j'ai décidé que les ouvriers étrangers ne pourraient
être admis sur les chantiers que dans la proportion-
de un dixième. Lors de la récente adjudication d'im-
portants travaux militaires dans le département ds
l'Isère, le ministre de la guerre a fixé cette proportion
au quart. J'ai donc lieu d'espérer que ma décision don-
nera satisfaction au vœu que vous m'avez fait l'hon-
neur de m'exprimer. -̃•rss
Agréez, etc.
CONSTANS.
M. Joseph Blanc, artiste peintre, est nommé pro-
fesseur de dessin aux cours du soir de l'Ecole des
beaux-arts.
ACTES OFFICIELS '•*
Est promulguée la loi tendant à rendre obligatoires
la vérification et le poinçonnage par l'Etat des densi-
mètres employés dans les fabriques de sucre pour con-
trôler la richesse de la betterave.
AU JOUR LE JOUR
Nouvelles perquisitions chez les boulangistes
Depuis quelque temps, la police exerçait une sur-
veillance spéciale sur certaines personnes que l'on
supposait détenir des documents propres à éclairer
la Haute Cour sur les agissements du général Bou-
langer. Hier, on acquit la preuve que M. Breuillé,
ancien secrétaire du général Boulanger et M. Bec-
ker, président du comité revisioniste boulangiste,
demeurant rue des Abesses, à Montmartre, possédait
des papiers intéressants. Aussitôt M. Lozé, préfet de
police (et non pas M. Merlin, président de la com-
mission d'instruction de la Haute Cour, ni M. Atha-
lin, juge d'instruction, comme on l'a dit par erreur),
signa deux mandats de perquisitions. M. Clément
commissaire aux délégations judiciaires fut chargé
de se rendre au domicile de M. Becker. Il s'y présen-
ta vers quatre heures de l'après-midi et saisit trois
caisses et un carton renfermant des lettres, des re-
gistres et des papiers. Détail particulier: On a trou-
vé chez M. Becker la cantine d'officier du général
Boulanger. Cette valise est fermée, elle n'a pas été
ouverte et l'on ignore encore ce qu'elle contient.
Vers six heures du soir, M. Lallemand, commis-
saire aux délégations judiciaires, se présentait au
domicile de M. Breuillé et y saisissait aussi un cer-
tain nombre de lettres. On a découvert, notam-
ment, chez ce dernier un carnet où sont marqués
au jour le jour les instructions que le. général Bou-
langer donnait à M. Breuillé, son secrétaire. Ce car-
net est rempli de notes depuis la première feuille
jusqu'à la dernière. Les documents saisis ont été
transportés dans la soirée à la préfecture de police.
Une réunion de la Ligue des patriote»'
dissoute
La préfecture de police avait été informée qu'une
réunion des membres de l'ex-Ligue des patriotes du
11° arrondissement devait avoir lieu hier soir,
dans un café qui fait l'angle de la rue de Choiseul et
de la rue du 4 Septembre. M. Rolly de Balnègre,
commissaire de police du quartier Vivienne, chargé
de dissoudre la réunion, s'est présenté entre neuî
heures et demie et dix heures à l'établissement in-
diqué, accompagné seulement de son secrétaire et
d'un inspecteur. Le commissaire de police monta au
premier étage par un escalier intérieur, communi*
quant avec le rez-de-chaussée où se trouve un bur-
eau de tabac, et trouva dans une grande salle, oit
se réunissaient jadis les bookmakers du quartier,
une assemblée de quarante personnes environ,
présidée par MM. Habert, conseiller général de
Seine-et-Oise, membre du comité directeur, l'a-
vocat qui plaida dans le procès de la Ligue;
Blind, président du comité du 11° arrondissement, et
Gassier, secrétaire. Le magistrat se fit reconnaître
de ces messieurs et leur dit qu'il était chargé de dis-
soudre leur réunion illégale, et de prendre le nom
et l'adresse de toutes les personnes présentes. M.
Habert lui fit observer que la réunion n'avait pour
objet que le règlement de certaines questions finan-
cières. «Elle n'est pas moins illégale, répondit le
magistrat, aux termes de la loi de 1834. » Après,av-oir
pris les noms de chacun et dressé procès-verbal,
M. Rolly de Balnègre a laissé les assistants se re-
tirer librement. Les organisateurs de la réunion et
le propriétaire du local tombent sous le coup de la
loi de 1834.
La fraude des tabacs
On a vu que Van Ruysvelt, le Belge qui accom-
pagnait jusqu'à Paris les malles bondées de cigares
ou venait chercher les colis à la gare du Nord,
avait argué de sa bonne foi et avait prétendu
que, ayant agi comme un simple commissionnaire,
il ignorait la nature de la cargaison qui lui était: con-
fiée. Ses déclarations ont été démenties par plu-
sieurs employés de la douane.
Les colis frauduleux que Van Ruysvelt est venu
prendre à la gare le 30 mai étaient à la consigne
depuis plus de dix jours. Cet individu s'était pré-
senté plusieurs fois, dans l'intervalle; mais ils*ôtait
retiré sur un signe qui lui avait été fait par Lafont,
l'employé complice, lui indiquant que l'on nef pou-
vait faire sortir avec sécurité les malles con-
tenant les cigares. La présence d'un inspec-
teur surveillant plus étroitement Lafont suffi-
sait à motiver un ajournement de l'opération frau-
duleuse. Van Ruyselt avait toujours à la main une
petite valise, pour se donner la contenance d'un
voyageur qui descend de wagon, et il venait, gé-
néralement vers quatre heures et demie, à l'arri-
vée du train de Bruxelles. Le jour de son arresta-
tion à la gare du Nord, il arrivait tout simplement
d'Auteuil.
Plusieurs de nos confrères ont dit que le genre
de fraudes dont le parquet s'occupe actuellement
durait depuis dix années. Or, Lépine et Lafont, les
deux employés complices de M. Sannes, le négo-
ciant belge, ne sont attachés à radministratioQ des
tabacs que depuis cinq années. ,i-
Le fournisseur de cigares, Sarines; négociant à
Anvers, avait, dans une dépendance de la section
belge, exposé ses produits, quoiqu'il ne fût pas- con-
cessionnaire de l'emplacement qu'ils occupaient. Ls
véritable concessionnaire est M. Tinchant, négo-
ciant belge, qui, au nom de la collectivité d'es né-
gociants en tabacs de Belgique, avait sollicité -et db-
tenu un emplacement au Champ de Mars. C'est en
bordure de l'avenue Labourdonnais, sur le côté
gauche de l'allée longeant la galerie des industries
diverses, entre le pavillon du commissariat belge e
et le pavillon Solvay, que cet emplacement est
situé. L'installation collective comporte dans son
ensemble au plus deux mètres carrés. Elle consiste
en un simple éventaire en plein vent adossé à un
pavillon des ciments dans lequel un poste de sa-
peurs-pompiers a été aménagé.
En la circonstance, l'administration ne pouvait
prendre aucune mesure contre Sannes. Seuls, la
douane et les contributions directes, étant données
les clauses spéciales du règlement en ce qui con-
cerne les exposants qui vendent ou font déguster
leurs produits à l'Exposition, avaient à faire le né-
cessaire.
Dès que l'employé de M. Tinchant chargé de la.
vente des tabacs au Champ de Mars a été averti de
ce qui venait d'être découvert, il a avisé son patron,
qui lui a enjoint de ne plus vendre jusqu'à nouvel
ordre les produits à M. Sannes. Jusqu'ici aucun a
saisie ni aucune mise sous scellés n'a été faite.
La mention que porte, au nom de Sannes, le cata-
logue belge complétera plaisamment ces détails. La
voici
Sannes E. (d'Anvers). -Manufacture de cigares pa-
vane. Spécialité pour l'exportation. Marque de fabri-
que Labor itnprobus omnia vincit. Maison de premier
ordre, ayant des agences dans les principales villes d9
l'Europe et d'outre-mer. Médailles à plusieurs Expo-'
sitions.
La grève de Thizy
Notre correspondant de Lyon nous télégraphie
La grève des ouvriers tisseurs à la main conti-
nue dans les mêmes conditions. Comme je vousl'ai
dit, il ne s'agit plus aujourd'hui d'une question de
salaire; le débat porte uniquement sur une question
de transport soulevée par les patrons. Ces derniers,
au lendemain du tarif adopté à la suite de la der-
nière grève, ont décidé de faire payer les frais do
déplacement que leur occasionnait le transport des
chaines et ils ont évalué ces frais à 2 fr. par chaîne
dans un rayon de 15 kilomètres et à 3 fr. dans un
rayon supérieur. Les ouvriers font remarquer qW
les patrons reprennent ainsi d'un côté ce qu'ils ont
accordé de l'autre, attendu que, jusqu'à présent, ces
frais étaient payés par les patrons.
Les deux parties paraissent résolues à résister
énergiquement; mais l'exaspération des grévistes
est à son comble, et il s'en est fallu de peu que la
manifestation de mercredi ne tournât au tragique.
Les manifestants ont quitté la ville de Thizy à dix
heures du soir pour regagner leurs localités respect
tives et se sont donné rendez-vous pour samedi
8 juin.
M. Ebeling, sous-préfet de Villefranche, a reçu
dans la soirée plusieurs délégués ouvriers. Il leur a
déclaré qu'il voulait bien tenter d'amener les patron*
à ne plus compter à l'avenir les frais de transport et
convoquer, à cet effet, lesdits patrons dans une réu-
nion générale, mais il leur a dit aussi que les ou.
vriers devraient s'abstenir de tout semblant de ma-
nifestation au moment de la réunion, qu'autre-.
ment il ferait dissoudre la réunion et disperser leê
.manifestants par la force armée
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