Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1889-05-16
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 16 mai 1889 16 mai 1889
Description : 1889/05/16 (Numéro 10237). 1889/05/16 (Numéro 10237).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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JEUDI 16 MAI 1839.
V1NUT-JSEUVIÈME ANNEE. N" 10237.
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PARIS. Trois mois, 14 fr. Sii mois, 28 fr. Un an, 56 1W
DEP»&ALSAGE-LORRAINB lTfr.; 34fr.; 6Sfr.
C3I0IÏ POSTALE. 18fr.; 36 fr.; 72 fr.
LES ABONNEMEPiTS DATENT DES 1er ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) 3O centimes. 'l
ANNONCES MM. Lagrange, CERF ET Ce, 8, place de la Bourse
(Droit d'insertion réservé à la rédaction.)
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse télégraphique TEMPS PARIS ̃! l v
-i ># PRIX DE L'ABONNEMENT
BËP" S ALSACE-LORRAINS 17fr.; 34 fr.; 68 fr.
BUIS POSTALE 1 8 fr. 36 fr. 72.fr..
LES ABONNEMENTS DA.TKNT DES ior ET 1G DE CHAQtE MOIS
• Directeur politique Adrien Hébrard 7 ,•̃
La rédaction ne répond pas des articles communiqués ̃
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse télégraphique TEMPS- PARIS .'̃ •'
PARIS, 15 MAI
3ULLETINJDU JOUR
-̃ Le Sénat a reçu hier, de M. le ministre de
la guerre, le dépôt du projet de loi déjà
adopté par la Chambre et modifiant la loi du
16 mars 1882 sur l'administration de l'armée
pour donner une autonomie complète au ser-
vice militaire de santé. Il a maintenu en tête
de son ordre du jour, avant la loi sur le trai-
tement des instituteurs, le projet de loi sur le
recrutement de l'armée.
A la Chambre des députés, M. Basly a dé-
posé une motion tendant à donner la priorité
à six projets de loi y énumérés qui concernent
les intérêts des ouvriers. Sur la demande de
M. le président du conseil, qui a insisté sur
la nécessité d'aborder le budget sans retard,
la Chambre a, par 256 voix contre 222, main-
tenu son ordre du jour; mais elle a adopté,
par 478 voix contre 1, une proposition de M.
Doumer tendant à tenir le vendredi une
séance exceptionnelle pour discuter les pro-
jets concernant les ouvriers.
Elle a abordé la discussion générale du
budget de 1890 et entendu MM. de Lamar-
zelle, Félix Faure et Amagat.
L'Angleterre a l'agrément incomparable
de posséder un homme de guerre qu'un peu
de chance et beaucoup de réclame ont sacré
grand général. Lord Wolseley, depuis la
campagne de la rivière Rouge au Canada, a
eu le monopole du commandement en chef
de toutes les expéditions du Royaume-Uni
sauf pourtant de celles où il y avait plus de
coups à recevoir que de gloire à recueillir,
comme ces guerres de l'Afghanistan où sir
Frederick. Roberts, actuellement à la tête de
l'armée des Indes, a déployé des qualités si
rares de stratégiste et de tacticien.
.̃ Faut-il donner une leçon aux Achantis,
organiser Chypre, punir les Zoulous, réorga-
niser l'Afrique anglaise, réprimer la révolu-
tion d'opéra-comique déchaînée en Egypte
par Arabi, aller hélas! trop tard- porter
secours à Gordon, un héros d'un autre type,
enfermé dans Khartoum, c'est lui, toujours
lui, l'inévitable Wolseley, qui récolte des
moissons de lauriers, reçoit les félicitations
réitérées de la reine et du Parlement, se voit
créer pair d'Angleterre, vicomte Wolseley
du Caire et poster en permanence aux Horse-
çuards comme adjudant général de l'armée
• ou second du duc de Cambridge.
Il fut un temps où l'Angleterre était moins
prodigue de récompenses excessives pour
des services qui étaient pourtant d'un tout
• autre ordre. Wellington, bien que frère du
marquis de Wellesley, ne fut duc et n'eut le
?' bâton de maréchal qu'après avoir longtemps
̃ seul tenu tête au plus grand génie militaire
peut-être qu'aient connu les âges et après
avoir vu la fortune renverser enfin ce colosse
qui s'appelait Napoléon.
Ses collaborateurs principaux, M. Har-
dinge, lord Fitzroy Somerset vieillissaient
dans des emplois secondaires et ne recevaient
la pairie qu'après avoir rendu, dans le gou-
/vernément des Indes ou à la tête de l'armée
de Crimée, des services qui eussent suffi à
illustrer toute autre carrière.
Aujourd'hui même, sir Frederick Roberts,
'•• après cette marche fameuse de Caboul à
*.J Candahar, n'est que baronnet et est systéma-
tiquement retenu, loin des faveurs de la cour
et des applaudissements populaires, sous ce
climat dévorant de l'Hindoustan: non pas
qu'il s'en plaigne; un soldat comme lui
trouve à juste titre que le poste du danger
est celui de l'honneur et qu'il vaut mieux
commander des expéditions à Sikkim, en
Birmanie, dans les montagnes Noires, que
parader dans le parc ou dans les clubs.
Lord Wolseley n'est pas de cet avis. Il a
un besoin morbide de se mettre toujours en
• évidence. Presque tous les mois il paratt
dans les revues de Londres des articles si-
gnés de son nom, où un chauvinisme senti-
mental sert surtout à rappeler l'attention du
public sur celui que des amis maladroits
n'ont pas craint d'appeler « le seul général
de l'Angleterre ».
Quand il n'écrit pas, il parle, et un amateur
•" de statistique a calculé que, dans ses essais
et dans les comptes rendus de ses discours,
la lettre I, qui veut dire Je le moi que
Pascal proclamait si haïssable revient
;̃ dix-huit fois plus souvent que chez la
< moyenne des autres orateurs et écrivains de
6 notre temps, pourtant passablement égo-
uste.- 0 .0,
-;̃ Il en a déjà cui une fois au général Wol-
L seley dé se livrer à son amour effréné de la
publicité.. Le premier ministre, lord Salis-
oury, lui a, l'an passé, en pleine Chambre
•̃• des lords, infligé une leçon sévère à propos
l'un article où cet officier général attaquait
te système constitutionnel et le régime parle-
mentaire anglais, et se permettait des insi-
nuations outrageantes contre les deux grands
partis historiques et leurs chefs.
,̃ Lcrd Wolseley a cru que cet avertisse-
ment ne visait que son attitude à l'égard du
parti conservateur. Appelé il y a deux jours
à faire une conférence devant un auditoire
̃' d'étudiants d'Oxford, il a lancé un réquisi-
FElLiaLÎL.EXOIV OU «TEMPS»,
DU 16 MAI 1889 [1*1
UN CASQUE
<" “'̃> '̃̃ ̃ VIII– (Suite.)
Au dîner, Henriette fut flanquée de Saint-
Sylvain et de Bavot. Celui-ci entama bien adroi-
tement la conversation
Ces beaux yeux nous reprochent donc le
massacre des petits oiseaux; on dirait qu'ils
ont pleuré.
La jeune fille ne trouva rien à répondre;
mais Saint-Sylvain, que le Bavot agaçait fort,
reprit en se penchant vers lui
Oh vous êtes à l'abri des reproches
comme des remords.
Bavot sourit d'un air contraint
Cher voisin, fit-il, vous êtes plaisant et
l'on ne saurait plus galamment se moquer de
ma maladresse; pourtant j'avoue ne pas méri-
ter l'absolution il y a certaine caille qui m'a
semblé mal en point après mon coup de fusil
et je crains d'avoir versé le sang.
Le sang de ma chienne, grommela Saint-
Sylvain. 0
Vous dites?
Oh rien; continuez, je vous en prie.
Maître Bavot, sentant qu'il ne faisait pas ses
trais, prit le parti de dévorer sans souffler mot.
Rejiecluctiori interdite.
toire injurieux contre le. parti libéral et M.
Gladstone. Ce langage est d'autant plus mal-
séant dans sa bouche qu'il s'est longtemps
posé en grand réformateur de l'armée en
adversaire juré de la routine, et qu'il a dû à
M. Gladstone quelques-uns des pas si rapi-
des qui lui ont fait franchir les degrés de
l'échelle hiérarchique.
Ce scandale a' excité la bile de l'un des
hommes les plus distingués d'Oxford, M.
Brycè, professeur de droit romain, député
libéral aux Communes et ancien sous-secré-
taire d'Etat aux affaires étrangères dans le
troisième cabinet de M. Gladstone, qui a
conquis jadis., comme étudiant, par un Essai.
sur V histoire 'du saint empire romain, digne
d'un maître, une renommée qu'il vient d'af-
fermir et d'étendre par la publication d'un
ouvrage monumental sur la Constitution des
Etats-Unis, dont Tocqueville ne désavouerait
ni l'esprit, ni le talent. M. Bryce a écrit au
vice-chancelier d'Oxford pour protester con-
tre l'abus. par lequel un orateur appelé à
donner une conférence dans un milieu aca-
démique, où l'impartialité est une loi primor-
diale, se croit en droit de déverser sur un
grand parti et sur un grand homme d'Etat
tout le venin de ses haines sectaires.
La presse, en général, approuve ce rappel
aux convenances. Le général Wolseley, à
force de rivaliser de réclames avec le Pears'
Soap et les Hop Bitters, s'est fort discrédité au-
près des hommes sérieux de toute opinion qui
savent que le silence est la devise des vrais
soldats.
Heureusement pour l'Angleterre, les bases
de la société y sont trop solidement assises,
le respect et l'amour de la liberté, l'intelli-
gence des garanties que peut seul lui donner
le régime parlementaire sont trop fortement
enracinés dans les âmes pour qu'un person-.
nage bruyant et creux y puisse troubler l'or-
dre public, '̃̃' '̃'̃ <
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Berlin, 15 mai, 8 h. 20.
Bien que le détail des discussions do la confé-
rence sur Samoa soit peu connu, on sait cependant
que les délibérations se poursuivent sans obstacles
et sans arrêts notables. Les trois puissances envisa-
gent de la même façon la question territoriale ainsi
que les questions accessoires, telles que la régle-
mentation de l'importation des armes et des spiri-
tueux.
La commission est, paraît-il, favorable à la pro-
position des Etats-Unis qui consiste à donner aux
trois puissances part égale dans l'administration lo-
cale du territoire d'Apia.
Le choix du nouveau roi serait laissé à la popu-
lation. Le mode de contrôle de son gouvernement
par les trois puissances reste encore à examiner.
Budapest, 15 mai, 8 h. 30.
La Chambre des députés a approuvé plusieurs
chapitres du budget ressortissant spécialement au
ministère des finances, entre autres ceux relatifs
aux tabacs, aux droits sur le sel et aux lotrries.
Au cours de la discussion concernant ce dernier
chapitre, lo ministre des finances a déclaré que le
gouvernement était fermement résolu à supprimer
les loteries. Déjà un premier pas a été fait dans
cette voie par la réduction dés lots; le second con-
sistera dans la diminution du nombre des tirages..
Toutefois, la suppression ne serait pas radicale.
Elle'ne porterait,' en réalité, que sur "le mode d'or-'
ganisation des loteries.
Belgrade, 15 mai, 9 h.15..
Je vous transmets, sous toutes réservés, une nou-
velle qui.rencontre quelque crédit dans notre monde
politique. La régence aurait intercepté une lettre
que le précepteur du jeune roi, M. Dokitch, avait
confiée à une personne qu'il croyait sûre pour être
remise à Milan 1". Dans cette lettre Alexandre I"
se plaindrait à son père des régents, surtout de M.
Protitch, qui lui est resté antipathique depuis l'en-
lèvement de Wiesbaden. Le jeune roi prierait in-
stamment son père de revenir ou do laisser revenir
sa mère.
Dos nouvelles de Jassy parlent d'une indisposi-
tion assez sérieuse de la reine Nathalie.
Le ministère a l'intention do réserver à la déci-
sion de la Skouptchina la question de la réintégra-
tion du métropolite Michel dans ses fonctions.
Madrid, 15 mai, 9 heures.
La discussion sur l'élévation des droits sur les
céréales étrangères a continué hier. M. Canovas a
prononcé un violent discours et a menacé de faire
de l'obstruction si le gouvernement voulait étouffer
la discussion des questions économiques.
Quelques allusions de sa part sur le projet do loi
relatif au suffrage universel ont provoqué de vives
protestations de la part de M. Sagasta.
M. Martos a fait ajourner la discussion à jeudi,
malgré M. Sagasta qui voulait que les débats con-
tinuent. :• .̃:
̃̃ Milan, 15 mai, 11 h.
Des troubles graves ont ou lieu dimanche et lundi
aux environs de Milan, à-Casorezzo. Les habitants
de cette localité, pour la plupart occupés à la fila- î
ture de-la soie et du coton, exaspérés contre les pa-
trons et poussés par la difficulté de vivre, se sont
soulevés en masse, et avec leurs femmes et leurs
enfants se portèrent devant les maisons do divers
industriels dont ils brisèrent les vitres en
criant « A nous l'argent A nous leurs grains »
Effrayé de la tournure que prenaient les choses, I
le syndic dépêcha un express à Milan d'où partit
aussitôt une compagnie d'infanterie qui occupe le
pays militairement. Une vingtaine d'arrestations
ont été opérées.
Les faits ont été plus graves encore à quelques
kilomètres de Casorezzo, à Arluno, où la misère est
grande et les ressources tellement insuffisantes que
le pain manque dans de nombreuses maisons. Aussi
Henriette causait à voix basse avec l'officier,
et de loin toute une batterie de regards inqui-
siteurs croisait ses feux sur elle sans qu'elle y
prit garde d'abord M. Sauvain, qui avait sur-
veillé l'entrée en matière de Bavot et ne com-
prenait plus rien à son silence, ensuite Mme Le
Febvre, qui n'aimait pas les apartés à table et
craignait que celui-ci ne fût trop remarqué,
puis les hobereaux, restaurés et à bout d'histoi-
res de chiens, qui la regardaient d'un œil d'en-
vie et ce bon général du Bloc qui répétait
Elle est pâlotte; il faut la marier.
Saint-Sylvain s'aperçut de la curiosité qu'ils
excitaient et rompit les confidences en adres-
sant à son autre voisine une question, la pre-
mière venue.
Dans le coin des :hobereaux, une discussion
passionnée s'était élevée qui fit dresser l'oreille
à Saint-Sylvain et à Mlle Sauvain. Il était ques-
tion de duel, les uns approuvant qu'on se bat-
tit, les autres invoquant les anathèmes de l'E-
glise pour condamner les parties d'épée. Ils
prirent le général du Bloc pour arbitre. Celui-
ci les mit tous d'accord en leur donnant raison
à tous, et s'adressant a Saint-Sylvain
Au fait, mon petit, comment se porte la
victime d'Albiosc?
-Quoi! s'écria M. Le Febvre, Albiosc est
allé sur le pré 1 Ce n'est pas lui, heureusement,
qui a été touché?
-Vous êtes bien bon pour l'autre, ajouta
M. Sauvain avec un gros rire; mes sym-
pathies, à moi, vont toujours aux malheu-
reux.
-Vous ne sauriez les mieux placer, dit
Saint-Sylvain.
Je n'en doute pas. Quelle est cette vi-
time ?
Mon vieil ami Savarèze.
Le marchand de bois du nord rentra sa tête
dans ses épaules comme s'il eût reçu un coup
de bâton, et demanda éperdûment du pain, du
vin, de l'eau, du sel et du poivre, pour se don-
ner une contenance.
es travailleurs ont-ils décidé de demander une aug-
mentation de salaires, et, devant le refus des patrons,
la grève a éclaté dimanche avec une violence
inouïe. La maison du syndic a été assiégée par la
foule qui poussait des cris « A mort! » Tous les
magasins furent aussitôt fermés. Les meubles du
palais du comte dal Vermo ont été brûlés sur la
place, dans la soirée, au milieu de l'exaspération
générale.
Enfin, la troupe arriva, et la foule se dispersa en
fuyant dans la campagne. La troupe a occupé le
palais du syndic, et les divers points de la ville.
Lundi matin, le sous-préfet do Gallarate, le pro-
cureur du roi, et plus tard une compagnie du 21°
d'infanterie envoyée par train spéc'al sont arrivés.
Des patrouilles parcourent les rues nuit et jour. Les
fabriques sont toutes fermées dans les champs, on
ne voit personne.
A San Giorgo di Legnano, Ossona et à Arconate
des désordres ont eu lieu durant les journées de di-
manche et de lundi.
Saint-Nazaire, 15 mai, 1 h.
On lancera aujourd'hui, à trois heures et demie,
au moment de la haute mer, le cuirassé YHydra,
construit par la Société des ateliers et chantiers de
la Loire, pour le gouvernement grec, sur les plans
de M. Dupont, ingénieur do la marine française.
M. Delyannis, ministre de Grèce à Paris, présidera
au lancement.
Parmi les personnes arrivées à Saint-Nazaire
pour assister à cette cérémonie, on distingue le
prince Kan-In, de la famille impériale du Japon, an-
cien élève de l'Ecole Srùnt-Cyr, actuellement sous-
lieutenant au 7° régiment do hussards, et l'archi-
mandrite du rite grec venu de Marseille pour bap-
tiser le bâtiment.
A onze heures trente, le ministre de Grèce et
Mme Delyannis, accompagnés do nombreuses per-
sonnes, se sont rendus à bord de YHydra, où l'ar-
chimandrite a dit la messe dans un chapelle im-
provisée La messe finie, il a fait le tour du navire
et l'a béni.
Après la cérémonie, un déjeuner de cinquante
couverts a été servi dans une des salles de la direc-
tion. Les autorités du département et de la ville y
assistent.
Le préfet de la Loire-Inférieure a été délégué par
le gouvernement français pour le représenter.
Wiesbade, 15 mai.
L'impératrice d'Autrioho, dont l'état de santd s'amé
liore rapidement, partira le 23 de ce mois pour.Linz,
où elle fera un séjour d'un mois; elle se rendra en-
suite à Zemdvoor't, ville d'eaux de Hollande.
DERNIÈRE HEURE
Le ministre de l'agriculture vient de décider qu'il
ne sera pas ouvert de concours en 1889 pour 1 ad-
mission à l'Ecol des haras.
L'inauguration de la statue d'Etienne Dolet aura
lieu irrévocablement dimanche prochain, à deux
heures, sous la présidence de M. Chautemps, prési-
dent du conseil municipal.
Los groupes ou corporations qui se proposent de
participer à cette cérémonie sont invités à en faire
préalablement la déclaration au syndic du conseil
municipal, à VHAtel de Ville, afin qu'uno place leur
soit réservée dans le défilé qui aura lieu devant la
statue.
Peut-être allons-nous surprendre et même
scandaliser M. Basly nous lui avouerons
que, de toutes les lois qui peuvent intéresser
les ouvriers, la loi de finances nous parait,
de beaucoup, la plus importante. Le budget,
c'est toute la question de l'impôt. C'est, en
outre, la question de l'emploi le meilleur des
deniers publics. A ce double point de vue, il
n'est pas de sujet d'études qui touche davan-
tage aux intérêts des travailleurs; il n'en est
pas qui prête à plus de réflexions utiles, à
plus d'idées fécondes. Avant que la démo-
cratie eût conquis le droit de discuter et de
voter librement le budget, on avait mieux
conscience de la puissance qu'il confère. N'v
voir qu'un moyen d'opposition contre le
gouvernement ou contre tel ministère, c'est
tenir pour vaine l'arme la plus sûre qui soit
au service du progrès politique et social;
c'est pécher par ignorance, ou, ce qui est
plus grave, par ingratitude et par injus-
tice.
Qu'on n'objecte pas que ce budget de 1890
est sans portée, que toute réforme profonde
en a été à dessein écartée, qu'il présente ainsi
un intérêt purement platonique, viande creuse
pour les ouvriers. Ce serait prouver qu'on
n'aperçoit pas le lien qui existe entre la con-
ditionde ceux-ci et la situation générale de
l'Etat. Ayons de bonnes finances, et vous
aurez de bons salaires. Fortifions le crédit
public, et les capitaux vous seront de plus
en plus accessibles. La Rente dépréciée,
c'est l'argent cher, la confiance hésitante, le
travail languissant. Que le budget soit établi
suivant les règles les plus strictes de la pru-
dence financière, qu'il ne comporte aucune
aventure, aucun découvert, et le pays tout
entier s'en ressentira, non pas, il est vrai,
telle ou telle partie de la nation; mais, pour
ne pas intéresser exclusivement nos popula-
tions ouvrières, la loi de finances en devient-
elle moins digne d'attention? Parce qu'elle
n'est pas une loi de classes, mériterait-elle
le dédain? Qu'on prenne garde de le laisser
à entendre, au moment où la France entière
fête 1789, c'est-à-dire l'abolition de toutes les
classes, le règne de la loi une et égale pour
tous les citoyens.
Il est une raison spéciale qui eût dû rallier
l'unanimité des républicains en faveur de la
discussion immédiate du budget; on ne sau-
rait trop tôt faire justice des attaques dirigées
contre les finances de la République. Un dé-
bat approfondi montrera ce qu'il entre de
passions, d'équivoques, d'erreurs matériel-
les, de grossières exagérations dans le ta-
Henriette coupa sa serviette avec ses dents
Mme Le Febvre interpella Guignot du Pigeon-
nier à brûle-pourpoint
-Avez-vous des nouvelles des princes?
Des nouvelles excellentes, madame. Leurs
Altesses ont daigné agréer mon dernier ou-
vrage sur l'usurpation des particules.
Les hobereaux se rembrunirent. Comme un
certain malaise paralysait l'assistance, qui de-
vinait quelque aventure sous roche'à la brus-
que diversion de la châtelaine de Malbec, maî-
tre Bavot déclara de sa voix la plus suave
Quoique je me flalle d'avoir l'âme sensi-
ble, je ne saurais éprouver de pitié pour ce M.
Savarèze, un bretteur qui mériterait de passer
aux assises. Je déteste plaider ce genre d'af-
faires.
Votre avocat me fait l'effet d'un imbécile,
dit à mi-voix le général en se penchant vers
Mme Le Febvre.
Au fumoir, Saint-Sylvain fut entouré et les
questions commencèrent à pleuvoir dru. Il se
débarrassa des importuns et, aprèsavoir causé
tout bas avec le général qui poussait des «ah !» »
de stupéfaction, il fut accaparé par M. Sau-
vain. Celui-ci, en proie aune vague inquétude,
accumulait les hypothèses, et l'officier, qui s'en
amusait, appelait à son secours les faux-fuyants
les plus saugrenus. Cependant, débordé et à
court de réponses, il entraîna son interlocuteur
dans un coin
Vous voulez savoir. vous le voulez? Eh
bien, monsieur, c'est pour empêcher un malo-
tru d'insulter une jeune fille que mon cama-
rade s'est fait embrocher. w
Hein 1 quelle jeune fille 2
Cristil qu'il a la tête dure, murmura Saint-
Sylvain vous ne comprenez pas ? 2
-Mon Dieu, je crains de comprendre; mais
il me paraîtrait tellement monstrueux qu'on se
fût permis.
On s'est permis tout de même.
Alors voilà de quoi vous causiez avec ma
611g Dendant le dîner 'f
bleau de la détresse publique tracé avec tant
de complaisance par une opposition décidée
à tout. Lors de la discussion générale des
budgets précédents, les adversaires de nos
ktstitutipns se sont, certes, donné libre car-
rière mais on doit s'attendre à ce qu'ils re-
doublent de violence, accusant la Républi-
que d'avoir ruiné nos finances, dilapidé nos
ressources, compromis jusqu'à notre avenir.
Il est excellent que ces accusations se pro-
duisent à la tribune on pourra donc les
prendre corps à corps.
Veut-on juger, par un exemple, de l'état
d'esprit où se trouve l'opposition? Un mem-
bre de la droite a soutenu hier, sérieusement,
que les finances royales étaient, en 1789,
bien supérieures à nos finances actuelles. Le
déficit était de 56 millions, a dit cet orateur,
« et rien n'était plus facile que de le faire
cesser en établissant l'égalité de l'impôt ».
Il est vraiment fâcheux que NI. de Lamar-
zelle n'ait pas eu la place de Necker la Ré-
volution eût été, apparemment, évitée! Si
l'on devait relever un tel paradoxe, on rap-
pellerait à M. de Lamarzelle que le Trésor,
à la veille de la Révolution, était tout sim-
plement vide. Quand Necker reprit les finan-
ces, il dut prêter à l'Etat deux millions de
ses deniers personnels pour permettre les
payements de la semaine. Voilà où l'on en
était.
Il a plu au même orateur de dire, dans un
autre ordre d'idées, que l'instruction publique
sous l'ancien régime était florissante, bien
qu'elle ne. grevât pas le budget de l'Etat.
Comment se fait-il donc M. Hanotaux le
lui a aussitôt demandé que la proportion
des conjoints ne sachant ni lire ni écrire fût,
en 1789, de 64 0/0 ? Miis que les monarchis-
teseontinuent; qu'ils attaquent tout à la fois
nos finances, l'œuvre de la République et
la Révolution qu'ils se démasquent et fas-
sent l'éloge de l'ancien régime rien ne peut
mieux éclairer le pays sur leurs desseins vé-
ritables.
M. Delafosse prévoit qu'il est difficile à la
droite de justifier devant le corps électoral l'at-
titude qu'elle n'a cessé de prendre dans les dé-
libérations de la Chambre. Il faudra que les
conservateurs expliquent pourquoi ils ont fait
« par système une opposition révolutionnaire »,
pourquoi ils ont multiplié ces crises ministé-
rielles qui agitaient douloureusement le pays.
M. Delafosse tient à leur préparer des argu-
ments. Le vrai moyen de blanchir les monar-
chistes, c'est de tout rejeter sur le parti répu-
blicain ce dernier a toujours eu la majorité,
il est donc responsable de toutes les fautes com-
mises. Et M. Delafosse reprend, sans se lasser,
ce thème quelque peu usé au lieu de se sou-
cier uniquement de l'intérêt public, la Chambre
s'est laissé dominer par les passions de grou-
pes et les ambitions égoïstes les querelles de
coterie dont elle a offert le triste spectacle l'ont
rendue stérile et impopulaire.
Nous avons trop souvent déploré ici-même
ces divisions pour ne pas reconnaître ce qu'il y
a de fondé dans les critiques banales du député
monarchiste puissent les républicains profi-
ter à l'avenir des leçons que leur prodiguent
aujourd'hui leurs adversaires! Il nous eût été
si facile, en effet, d'éviter ces bouleversements
qui ont inquiété le monde des affaires, décon-
certé et énervé l'opinion. Dans les trois Cham-
bres qui ont succédé à l'Assemblée nationale,
nous avons eu constamment la majorité sans
doute les élections de 1885 ont renforcé la mi-
norité de droite, mais l'affectif de gauche res-
tait assez considérable pour annihiler tous les
efforts de l'opposition. Malheureusement, nous
n'avons pas su rester unis: on a téméraire-
ment soulevé des questions qui devaient fata-
lement couper en deux le parti républicain; dès
lors la réaction, impuissante par elle-même, est
devenue maîtresse de la situation et, en se por-
tant du côté des ennemis du gouvernement,
elle a réussi à culbuter les divers cabinets qui
se sont succédé. Si l'on veut établir enfin dans
le pays cette stabilité ministérielle que chacun
réclame avec tant d'insistance, il faudra que
les républicains de la Chambre future se gar-
dent soigneusement des imprudences de leurs
devanciers.
Est-ce à dire que la majorité de gauche ait
été la seule coupable et que la tactique suivie
par la droite ne mérite que des éloges? M. De-
lafosse affecte de le croire c'est un censeur
impitoyable quand il s'agit d'adversaires poli-
tiques. Mais dès qu'il est question de ses amis
et de lui-même, il se découvre des trésors d'in-
dulgence bien plus, son âme déborde aussitôt
d'enthousiasme et d'admiration. « Pendant les
trois législatures qui viennent de s'écouler,
écrit-il, l'opposition de droite a été d'un bout à
l'autre irréprochable. » Et il continue ainsi, sur
le mode dithyrambique. Nous éprouvons quel-
que scrupule à troubler une quiétude si par-
faite et un contentement de soi-même si épa-
noui C'est une véritable rareté par ce temps
de pessimisme et de cruelle analyse. Mais
avouez que l'illusion est trop forte pour pa-
raître absolument sincère. Eh! quoi,tandis que,.
selon M. Delafosse, les républicains accumu-
laient les sottises, la droite donnait à la France
et au monde le spectacle de toutes les ver-
tus politiques? Elle n'a eu d'autre préoccu-
pation que l'intérêt supérieur du pays? Il
était donc patriotique et rationnel de faire
constamment de l'obstruction, de se montrer
toujours disposé à renverser un cabinet, quelle
que fût l'opinion de ses membres. M. De-
lafosse essaye de disculper les monarchistes
en déclarant qu'aucun des ministères abat-
tus par eux n'était digne de vivre; à l'en-
tendre, les conservateurs n'avaient pas plus
Parbleu
M. de Saint-Sylvain, je vous remercie.
-Vous êtes bien bon.
Et je vous supplie de garder le secret.
Dame [ je sais le conserver, puisque je ne
voulais pas vous le dire.
Et M. Sauvain, abandonnant son cigare,
quitta le fumoir pour rentrer dans le salon.
Cependant Bavot s'était approché de Saint-
Sylvain.
Serait-il indiscret. commença-t-il.
Oui, monsieur, fort indiscret, interrompit
Saint-Sylvain avec un beau calme.
L'avocat, .tout pantois, dut encore se replier.
Dans le salon, la conversation languissait.
La venue des fumeurs ne la ranima point et
ceux-ci, rendus de fatigue par une journée de
chasse, étouffaient des bâillements. Pénible-
ment un whist se forma, où M. Sauvain perdit
'à cœur-joie et entassa bévues sur sottises; une
table d'écarté fut dressée à laquelle Saint-Syl-
vain étrilla les hobereaux, et, pour distraire les
dames, Bavot, avec un aplomb de cabotin, ré-
cita des monologues. C'était piteux de l'enten-
dre minauder:
Trente-neuf ans, fortune ronde(;
Célibataire et bon garçon.
A onze heures, chacun se retira; mais, à deux
heures du matin, une discussion enragée du-
rait encore dans la chambre du ménage Sau-
vain. On avait fait comparaître Henriette, et
son père lui signifia que M. Bavot «briguait sa
main». 11 en était sûr: l'avocat l'avait fait tâter
avant le départ pour Malbec, sachant qu'il de-
vait les y retrouver, et, aussitôt le retour à Che-
villy, une demande officielle ne pouvait man-
quer de se produire. Il s'agissait donc de se dé-
cider dès maintenant. Elle avait vu le candidat,
l'avait entendu et conséquemment apprécié. Il
avait de l'aisance de la tenue une répu-
tation déjà solide: il irait loin et valait mieux
que certains paltoquets qui récoltent des coups
d'épée en se mêlant de ce qui ne les regarde
à gagner avec l'un qu'avec l'autre. Le so-
phisme est, en vérité, un peu trop grossier.
Comment! un cabinet radical ne menacait
pas davantage les doctrines conservatrices
qu'un cabinet modéré ? Il était indifférent,
pour ne prendre qu'un exemple, que le
ministère eût dans son programme le main-
tien du budget des cultes ou la séparation plus
ou moins prochaine de l'Eglise et de l'Etat? Et
si, malgré tout, ce budget, auquel les députés
de droite ont toujours paru tenir assez vive-
ment, est resté debout, à qui faut-il donc en
faire honneur? N'est-ce pas le parti modéré
qui s'est opposé énergiquement à sa suppres-
sion ? Il prouvait ainsi à la droite qu'il n'imitait
pas sa manœuvre de lutte à outrance et qu'il
savait mettre au-dessus de la stratégie parle-
mentaire les principes qu'il avait mission de
défendre. Par cette conduite si honorable
et renouvelée en maintes circonstances, nos
amis de la Chambre ont montré qu'ils avaient
plusdedévouementsincèreet d'amour réel pour
les idées de conservation sociale que ceux qui
s'intitulaient pompeusement conservateurs et
ne cessaient d'agir en révolutionnaires.
Voilàla vérité, voilà «l'attitude irréprochable»
de l'opposition monarchique pendant les trois
législatures que nous venons de traverser. Nous
espérons que les électeurs s'en souviendront.
LA LOI SUR L'AKMÉE AU SÉNAT
Le Sénat vient de décider que la loi sur le
recrutement de l'armée aurait les honneurs de
la priorité de son ordre du jour et que la dis-
cussion s'ouvrirait à la séance de jeudi. D'a-
près le rapport de M. le général Deflis, elle
porterait sur trois points principaux
i° Le système des dispenses qui, adopté par
le Sénat, a été repoussé par la Chambre, la-
quelle a maintenu le système des sursis;
2° La question du recrutement régional;
3° La durée du service dans les quatre an-
ciennes colonies.
L'honorable rapporteur rappelle sommaire-
ment les considérations d'ordre moral militant
en faveur du maintien des dispenses et émet,
l'avis qu'il n'y a pas lieu d'y renoncer, d'autant
plus que la Chambre, modifiant le texte primi-
tif de l'article 10, a admis la division du con-'
tingent en deux portions. Il est logique, puis-
qu'on fait la part du hasard avec le tirage au
sort, de faire aussi celle du travail intellec-
tuel vivifiant l'esprit national et soutenant
à sa haute renommée le génie français.
M. le général Deffis ne parle pas du sort à
faire aux séminaristes, bien que ce soit un des
points de controverse de toute discussion par-
lementaire. Il est probable qu'il partage à ce
sujet l'opinion de la plupart de ses frères d'ar-
mes. Les officiers estiment généralement que
les séminaristes feront de médiocres soldats et
aimeraient à les voir affectés au service d'in-
firmiers. Tiendra-t-on compte des desiderata
des gens du métier? C'est à souhaiter. La dis-
cussion sur ce terrain a pris des proportions
démesurées. Il est grand temps d'en finir avec
une question irritante dont la solution, quelle
qu'elle soit, ne modifiera en rien la valeur de
notre armée.
La commission sénatoriale maintient ses dé-
cisions antérieures sur le recrutement régio-
nal et la durée du service dans les diverses
colonies, s'en référant aux raisons développées
dans le premier rapport. Une telle divergence
de vues sur des points essentiels entre les deux
Chambres ne laisse pas prévoir une prochaine
solution. En fait, il n'y aura rien à regretter,
l'imperfection du projet en discussion étant
notoire.
-♦
LES GRÈVES EN ALLEMAGNE
(Dépéches de nos correspondants particuliers)
Berlin, 15 mai, 9 h. 30.
L'empereur a reçu hier, à trois heures, les trois
délégués des mineurs grévistes.
Un sténographe a recueilli l'entretien des délé-
gués et de l'omporeur, qui a duré environ un quart
d'heure.
Le mineur Schrceder, décoré de plusieurs médail-
les, a remercié l'empereur d'avoir reçu la députa-
tion. 11 a exprimé 1 espoir que le souverain appuie-
rait la réclamation des grévistes, qui veulent seule-
ment sauvegarder leur vie et leur santé et gagner
un salaire suffisant pour nourrir leur famille.
Guillaume I" a assuré les ouvriers do sa bien-
veillance, s'ils restent dans la stricte légalité et se
gardent soigneusement de pactiser avec les socia-
listes.
J'ai chargé mes ministres, a-t-il ajouté, d'exa-
miner vos griefs. Je veux moi-même m'en rendre
compte,. et j'étudie les rapports avec la plus gran-
de attention. Seulement, pas d'agitation révolution-
naire, pas de résistance aux autorités Si je m'a-
percevais que le mouvement prend une telle tour-
nure, j'ordonnerai de lo briser sans pitié. Vous sa-
vez que je suis fort. A la moindre résistance, on
tirera."
Après leur audience chez l'empereur, dont la net-
teté et le langage d'autorité les a vivement impres-
sionnés, les délégués se sont rendus au Reichstag,
où ils ont eu une conférence avec plusieurs députés
libéraux. M. Eugène Richter et le président do la
Société minière do Westphalie ont assisté à cet
échange d'idées, qui a duré plusieurs heures.
En raison des événements, l'empereur a retardé
son départ pour Brunswick.
Berlin, 15 mai, 10 heures.
La journée d'hier a été entièrement calme. Le tra-
vail a repris dans plusieurs mines des régions d'Es-
sen et de Dortmund. On dit que les directions de
ces mines auraient accordé aux ouvriers, après cette
reprise du travail, l'augmentation qu'ils réclament.
D'autres renseignements signalent l'extension de
la grève à de nouveaux points autour d'Aix-la-Cha-
pelle, dans le district de la Wurm et dans celui de
Hagen. Dans ce district, mille ouvriers ont aban-
donné les puits.
Les grévistes de Hœngen et Nothberg doman-
dent l'élévation de salaire de 15 0/0 et la même du-
rée de la journée de travail que ceux du bassin de
la Ruhr.
L'ordre n'a pas été troublé jusqu'ici.
pas. D'abord, lui, le père de famille, était bien 1
décidé à traverser tous les caprices et à mettre
son véto à toutes les amourettes. Henriette se
défendait en désespérée, habillant Bavot de la
belle façon, soulignant ses ridicules avec une
précision impitoyable, le démolissant pièce à
pièce vaniteux, maladroit, pontifiant, un sot
en trois lettres. Et le portrait était si ressem-
blant que Mme Sauvain finit par sortir de sa
torpeur habituelle et se rangea du côté d'Hen-
riette.
Alors le papa les maudit et, jurant qu'il tien-
drait bon, il congédia sa fille.
Au petit jour, avant cinq heures, Saint-Syl-
vain, ensommeillé et prêt à partir, fumait sa
pipe de chasse sur le perron, pendant que le
garde était allé quérir Dulcinée au chenil. Il
frissonnait à l'air frais du matin, quand il en-
tendit grincer une fenêtre au-dessus de sa tête;
quelque chose, en tournoyant, vint s abattre à
ses pieds, un bouquet, qu'il fit prestement dis-
paraître dans la vaste poche de sa peau de bi-
que. Puis, montant en voiture, il cria d'une
voix tonnante au garde qui tenait la portière
Merci, merci, c'est la guérison 1
Le garde le crut fou, et derrière la fenêtre vi-
vement refermée, Henriette considérai la figure
narquoise de l'officier qui s'éloignait. Il lui
semblait voir pousser des ailes d'ange à la peau
de bique.
A sept heures, tous les invités étaient sur
pied. Bavot, suçant une cigarette de gou-
dron, afin de conjurer le brouillard, allait
de l'un à l'autre demandant à chacun s'il
avait bien dormi, importunant le bon gé-
néral du Bloc de son bavardage, mais sur-
tout accablant de politesses M. Sauvain,
dont le front paraissait nuageux. A sept heures
et demie, les premiers coups ^e fusil crépitè-
rent, et les détonations s'éloignèreti. et s atlai-
blirent. Mme Le Febvre était déjà uCns la
serre, parcourait les espaliers, tirant sur iu.?
boutures pour voir si elles prenaient, tâtant les |
fruits d'un doigt connaisseur et autoritaire. I
Le mouvement minier commence en même tempe
à l'autre extrémité de l'empire, en Silésie.
Les mineurs de Hermsdorf, au nombre de troil
mille, ont quitté les fosses.
Berlin, 15 mai, 10 h. 25.
Le mouvement pour l'augmentation des salaire!
menace de se développer dans tout l'empire. A Ham-
bourg, tous les ouvriers brasseurs sont en grève-
Ils demandent une journée plus courte, moins d'heu-
res de travail le dimanche, les heures supplémen-
taires mieux payées. Les ouvriers potiers de Ham-
bourg annoncent une suspension de travail. Ils ré-
clament la limitation de la journée de travail à neut
heures et une hausse de salaire de 15 0/0. A Wîfc.
helmshaven, les compagnons cordonniers sont en
différends avec leurs patrons et ont quitté les ate«
liers. A Zwickau, les maçons, au nombre de 400,
font grève. A Wurzen également, 400 maçons et
menuisiers, ont cessé le travail.
A Berlin même, les maçons et les menuisiers an-
noncent la grève pour le 20 mai. Ils ont tenu dea
réunions préparatoires et, le 20 mai au soir, ils se
réuniront pour prendre des résolutions définitives.
Les ouvriers en métaux, les tailleurs, les fourreurs,
les tisseurs, etc., se réuniront dans le courant de la
semaine.
Il y a eu lundi un essai de grève des cochers de
tramway. Jusqu'ici, trente et un cochers seulement
y auraient adhéré.
La direction de la compagnie aurait réussi à en-
rayer le mouvement, et la police aurait fait sortir
des dépôts les cochers récalcitrants qui restaient
pour débaucher leurs camarades.
La commission des salaires des peintres en bâti-
ment convoque les associés pour le 30 mai à une
grande réunion.
Cologne, 15 mai, 8 h. 30.
La disette du charbon est arrivée à son point
culminant dans le district de Duisbourg. Les fabri-
ques et usines font tous les efforts possibles pour
continuer leur exploitation et achètent le charbon,
qu'on peut encore leur livrer à des prix qui n'a-
vaient jamais été consentis. Si la grève se prolon-
geait, il n'est pas probable que les industriels
se résoudraient à continuer ces sacrifices d'ar-
gent.
Par suite du manque de charbon, huit hauts-four-
neaux sont éteints à Wendel, Moyeuvre, Hayange
et Jœuf, sur le territoire de Metz.
Munich, 15 mai, 9 h. 40.'
Les ouvriers en métaux ont tenu une réunion
dans laquelle ils ont décidé de se. mettre on rapport
ayee les comités grévistes des autres centres indus.
triels.
Les potiers refusent d'accepter un nouveau tarif
réduisant leurs salaires et mettent en interdit les
patrons qui ne conservent pas l'ancien tarif.
Leipzig, 15 mai, 10 h. 50.
On signale dans les districts miniers de Saxe, à
Chemnitz, à Œlsnitz-Lugau, l'arrivée d'agents des
grévistes de Westphalie, qui viennent s'entendre
avec leurs camarades.
Les mineurs de Saxe seraient assez disposés a
faire cause commune avec ceux do Westphalie.
Toutefois, le travail n'est interrompu nulle part, et,
même dans ces derniers jours, de grandes quantités
do charbon ont été expédiées de Saxo aux usines
de Westphalie.
O
LE COMMERCE DE LA FRANCE
EN AVRIL 1889
Voici le résultat do nos échanges pendant le mois
d'avril des années 1888 et 1889:
AVRIL
Importations 18S9 1888
Objets d'alimentation. 114.806.003 136.253.009
Matières nécessaires à l'in-
dustrie. 168.315.0JJ 174.701.000
Objets fabriqués 45.281.000 48.667.000
Autres marchandises. 9.571.000 10.916.000
Totaux. 337.973.000 370.542.006
Exportations
Objets d'alimentation. 64.945.000 58.632.000
Matières nécessaires à l'in-
dustrie. 60.656.000 57.103.000
Objets fabriqués 168.072.030 143.156.O0C
Autres marchandises. 19.221.000 17:164:000
Totaux. 312.894.000 276.061.000
Ces chiffres confirment les observations quo nous
avons faites hier sur la situation économique de la
France. Les exportations de produits fabriqués ont
progressé de 143 millions à 168 millions, gagnant
ainsi 25 millions. Toutes les autres catégories de
produits exportés sont également en augmentation.
N'est-ce pas là une preuve incontestable de l'acti-
vité nouvelle qui se constate dans nos différentes
industries d'exportation? Il y a bien quelques per-
sonnes qui persistent à considérer comme secondaire
notre mouvement d'expansion commerciale les faits
infirment leur manière de voir. La France a une
clientèle considérable au dehors aussi le devoir du
gouvernement est-il de ne manquer aucune occa-
sion de resserrer les liens qui existent entre nos
producteurs et les acheteurs de l'étranger.
Voici maintenant quels ont été les mouvements
de notre commerce extérieur pendant les quatre
premiers mois de 1888 et de 1889
̃'• QUATRE PREMIERS MOIS
Importations 1889 1888
Objets d'alimentation 460.146.003 523.320.OOC
Matières nécessaires à l'in-
dustrie. 712. 293.000 659.508.009
Objets fabriqués 181.653.000 182.130:000
Autres marchandises. 36 .679 .000 32.670.000
Totaux. 1.393.771.000 1.397.628,000
Exportations •>: ̃̃̃* .'•;
Objets d'alimentation. 219.899.000 199.56oi.008
Matières nécessaires à l'in-
dustrie. 233.046.000 226.850.000
Objets fabriqués 582.449.000 553.741.O0C
Autres marchandises. 70.302.000 57.106.00C
Totaux. 1.105.696.000 1.037.257.000
UN BOUQUIN PERSÉCUTEUR ̃
Vendredi dernier, devant un public relativement
clairsemé, dans une des petites salles de l'hôtel
Drouot, on faisait la vente de livres, journaux et
pamphlets de la Révolution « composant la collec-
cleeenzr,am
Les gens venaient à l'ordre, le jardinier por-
tant des melons dorés, le cocher recevant ses
instructions pour les promenades de l'après-
midi. Henriette la rejoignit au poulailler. Sa
vieille amie lui tapota les joues
Eh bien, mignonne, as-tu reposé? Saî*fc*
Sylvain ne t'a pas réveillée avec ses hurlements
de tantôt? Il est plus qu'original, ce garçon-là.
Mais non, je n'ai pas entendu.
C'est heureux. hein! quoi? tu es toute
rouge. Ah! petite masque, je t'y prends. Qu'est-
ce qu'il y a encore là-dessous?
Il n'y a rien.
Je n'en crois pas un mot. Sois franche, tu
l'as vu ce malin, tu lui as parlé, à ce grand fou.
Parbleu j'y suis, tu lui as donné une commise
sion pour ton chevalier. Est-ce vrai ? 2
C'est vrai, confessa la jeune fille.
Et puis il a crié, il a vociféré « Mercit
merci, c'est la guérison » Vous êtes tous to-
qués, ma parole. Qu'est-ce que tu lui as donnd
de portatif et de consolateur, dis?
Des fleurs.
Elles seront propres en arrivant. Tiens,
tu me rajeunis, mignonne. Sais-tu qu'il est
ridicule, ce Bavot? '?
Oh 1 oui
Tu n'es pas faite pour lui, ma chérie.
Oh I non.
Oh! oui, oh! non, ça part du cœur. Pour-
quoi donc mon mari s'est-il laissé engluer paii
ce gaillard-là? Je n'y comprends rien. On ne
sait pas d'où il sort. C'est un homme à se faire
nommer substitut par les radicaux et procu-
reur par le roi. Il nous est arrivé avec des re-
commandations du R. P. Bouillot, son couvert
est mis chez Monseigneur et je gagerais qu'il
a son écuelle chez le préfet.
Je le déteste, dit Henriette.
Moi aussi, naturellement. Viens voir 1}
volière il y a un faisandeau qui m'inquiète.
HENRI ALLAIS.
(A suivre.)
JEUDI 16 MAI 1839.
V1NUT-JSEUVIÈME ANNEE. N" 10237.
PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS. Trois mois, 14 fr. Sii mois, 28 fr. Un an, 56 1W
DEP»&ALSAGE-LORRAINB lTfr.; 34fr.; 6Sfr.
C3I0IÏ POSTALE. 18fr.; 36 fr.; 72 fr.
LES ABONNEMEPiTS DATENT DES 1er ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) 3O centimes. 'l
ANNONCES MM. Lagrange, CERF ET Ce, 8, place de la Bourse
(Droit d'insertion réservé à la rédaction.)
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse télégraphique TEMPS PARIS ̃! l v
-i ># PRIX DE L'ABONNEMENT
BUIS POSTALE 1 8 fr. 36 fr. 72.fr..
LES ABONNEMENTS DA.TKNT DES ior ET 1G DE CHAQtE MOIS
• Directeur politique Adrien Hébrard 7 ,•̃
La rédaction ne répond pas des articles communiqués ̃
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse télégraphique TEMPS- PARIS .'̃ •'
PARIS, 15 MAI
3ULLETINJDU JOUR
-̃ Le Sénat a reçu hier, de M. le ministre de
la guerre, le dépôt du projet de loi déjà
adopté par la Chambre et modifiant la loi du
16 mars 1882 sur l'administration de l'armée
pour donner une autonomie complète au ser-
vice militaire de santé. Il a maintenu en tête
de son ordre du jour, avant la loi sur le trai-
tement des instituteurs, le projet de loi sur le
recrutement de l'armée.
A la Chambre des députés, M. Basly a dé-
posé une motion tendant à donner la priorité
à six projets de loi y énumérés qui concernent
les intérêts des ouvriers. Sur la demande de
M. le président du conseil, qui a insisté sur
la nécessité d'aborder le budget sans retard,
la Chambre a, par 256 voix contre 222, main-
tenu son ordre du jour; mais elle a adopté,
par 478 voix contre 1, une proposition de M.
Doumer tendant à tenir le vendredi une
séance exceptionnelle pour discuter les pro-
jets concernant les ouvriers.
Elle a abordé la discussion générale du
budget de 1890 et entendu MM. de Lamar-
zelle, Félix Faure et Amagat.
L'Angleterre a l'agrément incomparable
de posséder un homme de guerre qu'un peu
de chance et beaucoup de réclame ont sacré
grand général. Lord Wolseley, depuis la
campagne de la rivière Rouge au Canada, a
eu le monopole du commandement en chef
de toutes les expéditions du Royaume-Uni
sauf pourtant de celles où il y avait plus de
coups à recevoir que de gloire à recueillir,
comme ces guerres de l'Afghanistan où sir
Frederick. Roberts, actuellement à la tête de
l'armée des Indes, a déployé des qualités si
rares de stratégiste et de tacticien.
.̃ Faut-il donner une leçon aux Achantis,
organiser Chypre, punir les Zoulous, réorga-
niser l'Afrique anglaise, réprimer la révolu-
tion d'opéra-comique déchaînée en Egypte
par Arabi, aller hélas! trop tard- porter
secours à Gordon, un héros d'un autre type,
enfermé dans Khartoum, c'est lui, toujours
lui, l'inévitable Wolseley, qui récolte des
moissons de lauriers, reçoit les félicitations
réitérées de la reine et du Parlement, se voit
créer pair d'Angleterre, vicomte Wolseley
du Caire et poster en permanence aux Horse-
çuards comme adjudant général de l'armée
• ou second du duc de Cambridge.
Il fut un temps où l'Angleterre était moins
prodigue de récompenses excessives pour
des services qui étaient pourtant d'un tout
• autre ordre. Wellington, bien que frère du
marquis de Wellesley, ne fut duc et n'eut le
?' bâton de maréchal qu'après avoir longtemps
̃ seul tenu tête au plus grand génie militaire
peut-être qu'aient connu les âges et après
avoir vu la fortune renverser enfin ce colosse
qui s'appelait Napoléon.
Ses collaborateurs principaux, M. Har-
dinge, lord Fitzroy Somerset vieillissaient
dans des emplois secondaires et ne recevaient
la pairie qu'après avoir rendu, dans le gou-
/vernément des Indes ou à la tête de l'armée
de Crimée, des services qui eussent suffi à
illustrer toute autre carrière.
Aujourd'hui même, sir Frederick Roberts,
'•• après cette marche fameuse de Caboul à
*.J Candahar, n'est que baronnet et est systéma-
tiquement retenu, loin des faveurs de la cour
et des applaudissements populaires, sous ce
climat dévorant de l'Hindoustan: non pas
qu'il s'en plaigne; un soldat comme lui
trouve à juste titre que le poste du danger
est celui de l'honneur et qu'il vaut mieux
commander des expéditions à Sikkim, en
Birmanie, dans les montagnes Noires, que
parader dans le parc ou dans les clubs.
Lord Wolseley n'est pas de cet avis. Il a
un besoin morbide de se mettre toujours en
• évidence. Presque tous les mois il paratt
dans les revues de Londres des articles si-
gnés de son nom, où un chauvinisme senti-
mental sert surtout à rappeler l'attention du
public sur celui que des amis maladroits
n'ont pas craint d'appeler « le seul général
de l'Angleterre ».
Quand il n'écrit pas, il parle, et un amateur
•" de statistique a calculé que, dans ses essais
et dans les comptes rendus de ses discours,
la lettre I, qui veut dire Je le moi que
Pascal proclamait si haïssable revient
;̃ dix-huit fois plus souvent que chez la
< moyenne des autres orateurs et écrivains de
6 notre temps, pourtant passablement égo-
uste.- 0 .0,
-;̃ Il en a déjà cui une fois au général Wol-
L seley dé se livrer à son amour effréné de la
publicité.. Le premier ministre, lord Salis-
oury, lui a, l'an passé, en pleine Chambre
•̃• des lords, infligé une leçon sévère à propos
l'un article où cet officier général attaquait
te système constitutionnel et le régime parle-
mentaire anglais, et se permettait des insi-
nuations outrageantes contre les deux grands
partis historiques et leurs chefs.
,̃ Lcrd Wolseley a cru que cet avertisse-
ment ne visait que son attitude à l'égard du
parti conservateur. Appelé il y a deux jours
à faire une conférence devant un auditoire
̃' d'étudiants d'Oxford, il a lancé un réquisi-
FElLiaLÎL.EXOIV OU «TEMPS»,
DU 16 MAI 1889 [1*1
UN CASQUE
<" “'̃> '̃̃ ̃ VIII– (Suite.)
Au dîner, Henriette fut flanquée de Saint-
Sylvain et de Bavot. Celui-ci entama bien adroi-
tement la conversation
Ces beaux yeux nous reprochent donc le
massacre des petits oiseaux; on dirait qu'ils
ont pleuré.
La jeune fille ne trouva rien à répondre;
mais Saint-Sylvain, que le Bavot agaçait fort,
reprit en se penchant vers lui
Oh vous êtes à l'abri des reproches
comme des remords.
Bavot sourit d'un air contraint
Cher voisin, fit-il, vous êtes plaisant et
l'on ne saurait plus galamment se moquer de
ma maladresse; pourtant j'avoue ne pas méri-
ter l'absolution il y a certaine caille qui m'a
semblé mal en point après mon coup de fusil
et je crains d'avoir versé le sang.
Le sang de ma chienne, grommela Saint-
Sylvain. 0
Vous dites?
Oh rien; continuez, je vous en prie.
Maître Bavot, sentant qu'il ne faisait pas ses
trais, prit le parti de dévorer sans souffler mot.
Rejiecluctiori interdite.
toire injurieux contre le. parti libéral et M.
Gladstone. Ce langage est d'autant plus mal-
séant dans sa bouche qu'il s'est longtemps
posé en grand réformateur de l'armée en
adversaire juré de la routine, et qu'il a dû à
M. Gladstone quelques-uns des pas si rapi-
des qui lui ont fait franchir les degrés de
l'échelle hiérarchique.
Ce scandale a' excité la bile de l'un des
hommes les plus distingués d'Oxford, M.
Brycè, professeur de droit romain, député
libéral aux Communes et ancien sous-secré-
taire d'Etat aux affaires étrangères dans le
troisième cabinet de M. Gladstone, qui a
conquis jadis., comme étudiant, par un Essai.
sur V histoire 'du saint empire romain, digne
d'un maître, une renommée qu'il vient d'af-
fermir et d'étendre par la publication d'un
ouvrage monumental sur la Constitution des
Etats-Unis, dont Tocqueville ne désavouerait
ni l'esprit, ni le talent. M. Bryce a écrit au
vice-chancelier d'Oxford pour protester con-
tre l'abus. par lequel un orateur appelé à
donner une conférence dans un milieu aca-
démique, où l'impartialité est une loi primor-
diale, se croit en droit de déverser sur un
grand parti et sur un grand homme d'Etat
tout le venin de ses haines sectaires.
La presse, en général, approuve ce rappel
aux convenances. Le général Wolseley, à
force de rivaliser de réclames avec le Pears'
Soap et les Hop Bitters, s'est fort discrédité au-
près des hommes sérieux de toute opinion qui
savent que le silence est la devise des vrais
soldats.
Heureusement pour l'Angleterre, les bases
de la société y sont trop solidement assises,
le respect et l'amour de la liberté, l'intelli-
gence des garanties que peut seul lui donner
le régime parlementaire sont trop fortement
enracinés dans les âmes pour qu'un person-.
nage bruyant et creux y puisse troubler l'or-
dre public, '̃̃' '̃'̃ <
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Berlin, 15 mai, 8 h. 20.
Bien que le détail des discussions do la confé-
rence sur Samoa soit peu connu, on sait cependant
que les délibérations se poursuivent sans obstacles
et sans arrêts notables. Les trois puissances envisa-
gent de la même façon la question territoriale ainsi
que les questions accessoires, telles que la régle-
mentation de l'importation des armes et des spiri-
tueux.
La commission est, paraît-il, favorable à la pro-
position des Etats-Unis qui consiste à donner aux
trois puissances part égale dans l'administration lo-
cale du territoire d'Apia.
Le choix du nouveau roi serait laissé à la popu-
lation. Le mode de contrôle de son gouvernement
par les trois puissances reste encore à examiner.
Budapest, 15 mai, 8 h. 30.
La Chambre des députés a approuvé plusieurs
chapitres du budget ressortissant spécialement au
ministère des finances, entre autres ceux relatifs
aux tabacs, aux droits sur le sel et aux lotrries.
Au cours de la discussion concernant ce dernier
chapitre, lo ministre des finances a déclaré que le
gouvernement était fermement résolu à supprimer
les loteries. Déjà un premier pas a été fait dans
cette voie par la réduction dés lots; le second con-
sistera dans la diminution du nombre des tirages..
Toutefois, la suppression ne serait pas radicale.
Elle'ne porterait,' en réalité, que sur "le mode d'or-'
ganisation des loteries.
Belgrade, 15 mai, 9 h.15..
Je vous transmets, sous toutes réservés, une nou-
velle qui.rencontre quelque crédit dans notre monde
politique. La régence aurait intercepté une lettre
que le précepteur du jeune roi, M. Dokitch, avait
confiée à une personne qu'il croyait sûre pour être
remise à Milan 1". Dans cette lettre Alexandre I"
se plaindrait à son père des régents, surtout de M.
Protitch, qui lui est resté antipathique depuis l'en-
lèvement de Wiesbaden. Le jeune roi prierait in-
stamment son père de revenir ou do laisser revenir
sa mère.
Dos nouvelles de Jassy parlent d'une indisposi-
tion assez sérieuse de la reine Nathalie.
Le ministère a l'intention do réserver à la déci-
sion de la Skouptchina la question de la réintégra-
tion du métropolite Michel dans ses fonctions.
Madrid, 15 mai, 9 heures.
La discussion sur l'élévation des droits sur les
céréales étrangères a continué hier. M. Canovas a
prononcé un violent discours et a menacé de faire
de l'obstruction si le gouvernement voulait étouffer
la discussion des questions économiques.
Quelques allusions de sa part sur le projet do loi
relatif au suffrage universel ont provoqué de vives
protestations de la part de M. Sagasta.
M. Martos a fait ajourner la discussion à jeudi,
malgré M. Sagasta qui voulait que les débats con-
tinuent. :• .̃:
̃̃ Milan, 15 mai, 11 h.
Des troubles graves ont ou lieu dimanche et lundi
aux environs de Milan, à-Casorezzo. Les habitants
de cette localité, pour la plupart occupés à la fila- î
ture de-la soie et du coton, exaspérés contre les pa-
trons et poussés par la difficulté de vivre, se sont
soulevés en masse, et avec leurs femmes et leurs
enfants se portèrent devant les maisons do divers
industriels dont ils brisèrent les vitres en
criant « A nous l'argent A nous leurs grains »
Effrayé de la tournure que prenaient les choses, I
le syndic dépêcha un express à Milan d'où partit
aussitôt une compagnie d'infanterie qui occupe le
pays militairement. Une vingtaine d'arrestations
ont été opérées.
Les faits ont été plus graves encore à quelques
kilomètres de Casorezzo, à Arluno, où la misère est
grande et les ressources tellement insuffisantes que
le pain manque dans de nombreuses maisons. Aussi
Henriette causait à voix basse avec l'officier,
et de loin toute une batterie de regards inqui-
siteurs croisait ses feux sur elle sans qu'elle y
prit garde d'abord M. Sauvain, qui avait sur-
veillé l'entrée en matière de Bavot et ne com-
prenait plus rien à son silence, ensuite Mme Le
Febvre, qui n'aimait pas les apartés à table et
craignait que celui-ci ne fût trop remarqué,
puis les hobereaux, restaurés et à bout d'histoi-
res de chiens, qui la regardaient d'un œil d'en-
vie et ce bon général du Bloc qui répétait
Elle est pâlotte; il faut la marier.
Saint-Sylvain s'aperçut de la curiosité qu'ils
excitaient et rompit les confidences en adres-
sant à son autre voisine une question, la pre-
mière venue.
Dans le coin des :hobereaux, une discussion
passionnée s'était élevée qui fit dresser l'oreille
à Saint-Sylvain et à Mlle Sauvain. Il était ques-
tion de duel, les uns approuvant qu'on se bat-
tit, les autres invoquant les anathèmes de l'E-
glise pour condamner les parties d'épée. Ils
prirent le général du Bloc pour arbitre. Celui-
ci les mit tous d'accord en leur donnant raison
à tous, et s'adressant a Saint-Sylvain
Au fait, mon petit, comment se porte la
victime d'Albiosc?
-Quoi! s'écria M. Le Febvre, Albiosc est
allé sur le pré 1 Ce n'est pas lui, heureusement,
qui a été touché?
-Vous êtes bien bon pour l'autre, ajouta
M. Sauvain avec un gros rire; mes sym-
pathies, à moi, vont toujours aux malheu-
reux.
-Vous ne sauriez les mieux placer, dit
Saint-Sylvain.
Je n'en doute pas. Quelle est cette vi-
time ?
Mon vieil ami Savarèze.
Le marchand de bois du nord rentra sa tête
dans ses épaules comme s'il eût reçu un coup
de bâton, et demanda éperdûment du pain, du
vin, de l'eau, du sel et du poivre, pour se don-
ner une contenance.
es travailleurs ont-ils décidé de demander une aug-
mentation de salaires, et, devant le refus des patrons,
la grève a éclaté dimanche avec une violence
inouïe. La maison du syndic a été assiégée par la
foule qui poussait des cris « A mort! » Tous les
magasins furent aussitôt fermés. Les meubles du
palais du comte dal Vermo ont été brûlés sur la
place, dans la soirée, au milieu de l'exaspération
générale.
Enfin, la troupe arriva, et la foule se dispersa en
fuyant dans la campagne. La troupe a occupé le
palais du syndic, et les divers points de la ville.
Lundi matin, le sous-préfet do Gallarate, le pro-
cureur du roi, et plus tard une compagnie du 21°
d'infanterie envoyée par train spéc'al sont arrivés.
Des patrouilles parcourent les rues nuit et jour. Les
fabriques sont toutes fermées dans les champs, on
ne voit personne.
A San Giorgo di Legnano, Ossona et à Arconate
des désordres ont eu lieu durant les journées de di-
manche et de lundi.
Saint-Nazaire, 15 mai, 1 h.
On lancera aujourd'hui, à trois heures et demie,
au moment de la haute mer, le cuirassé YHydra,
construit par la Société des ateliers et chantiers de
la Loire, pour le gouvernement grec, sur les plans
de M. Dupont, ingénieur do la marine française.
M. Delyannis, ministre de Grèce à Paris, présidera
au lancement.
Parmi les personnes arrivées à Saint-Nazaire
pour assister à cette cérémonie, on distingue le
prince Kan-In, de la famille impériale du Japon, an-
cien élève de l'Ecole Srùnt-Cyr, actuellement sous-
lieutenant au 7° régiment do hussards, et l'archi-
mandrite du rite grec venu de Marseille pour bap-
tiser le bâtiment.
A onze heures trente, le ministre de Grèce et
Mme Delyannis, accompagnés do nombreuses per-
sonnes, se sont rendus à bord de YHydra, où l'ar-
chimandrite a dit la messe dans un chapelle im-
provisée La messe finie, il a fait le tour du navire
et l'a béni.
Après la cérémonie, un déjeuner de cinquante
couverts a été servi dans une des salles de la direc-
tion. Les autorités du département et de la ville y
assistent.
Le préfet de la Loire-Inférieure a été délégué par
le gouvernement français pour le représenter.
Wiesbade, 15 mai.
L'impératrice d'Autrioho, dont l'état de santd s'amé
liore rapidement, partira le 23 de ce mois pour.Linz,
où elle fera un séjour d'un mois; elle se rendra en-
suite à Zemdvoor't, ville d'eaux de Hollande.
DERNIÈRE HEURE
Le ministre de l'agriculture vient de décider qu'il
ne sera pas ouvert de concours en 1889 pour 1 ad-
mission à l'Ecol des haras.
L'inauguration de la statue d'Etienne Dolet aura
lieu irrévocablement dimanche prochain, à deux
heures, sous la présidence de M. Chautemps, prési-
dent du conseil municipal.
Los groupes ou corporations qui se proposent de
participer à cette cérémonie sont invités à en faire
préalablement la déclaration au syndic du conseil
municipal, à VHAtel de Ville, afin qu'uno place leur
soit réservée dans le défilé qui aura lieu devant la
statue.
Peut-être allons-nous surprendre et même
scandaliser M. Basly nous lui avouerons
que, de toutes les lois qui peuvent intéresser
les ouvriers, la loi de finances nous parait,
de beaucoup, la plus importante. Le budget,
c'est toute la question de l'impôt. C'est, en
outre, la question de l'emploi le meilleur des
deniers publics. A ce double point de vue, il
n'est pas de sujet d'études qui touche davan-
tage aux intérêts des travailleurs; il n'en est
pas qui prête à plus de réflexions utiles, à
plus d'idées fécondes. Avant que la démo-
cratie eût conquis le droit de discuter et de
voter librement le budget, on avait mieux
conscience de la puissance qu'il confère. N'v
voir qu'un moyen d'opposition contre le
gouvernement ou contre tel ministère, c'est
tenir pour vaine l'arme la plus sûre qui soit
au service du progrès politique et social;
c'est pécher par ignorance, ou, ce qui est
plus grave, par ingratitude et par injus-
tice.
Qu'on n'objecte pas que ce budget de 1890
est sans portée, que toute réforme profonde
en a été à dessein écartée, qu'il présente ainsi
un intérêt purement platonique, viande creuse
pour les ouvriers. Ce serait prouver qu'on
n'aperçoit pas le lien qui existe entre la con-
ditionde ceux-ci et la situation générale de
l'Etat. Ayons de bonnes finances, et vous
aurez de bons salaires. Fortifions le crédit
public, et les capitaux vous seront de plus
en plus accessibles. La Rente dépréciée,
c'est l'argent cher, la confiance hésitante, le
travail languissant. Que le budget soit établi
suivant les règles les plus strictes de la pru-
dence financière, qu'il ne comporte aucune
aventure, aucun découvert, et le pays tout
entier s'en ressentira, non pas, il est vrai,
telle ou telle partie de la nation; mais, pour
ne pas intéresser exclusivement nos popula-
tions ouvrières, la loi de finances en devient-
elle moins digne d'attention? Parce qu'elle
n'est pas une loi de classes, mériterait-elle
le dédain? Qu'on prenne garde de le laisser
à entendre, au moment où la France entière
fête 1789, c'est-à-dire l'abolition de toutes les
classes, le règne de la loi une et égale pour
tous les citoyens.
Il est une raison spéciale qui eût dû rallier
l'unanimité des républicains en faveur de la
discussion immédiate du budget; on ne sau-
rait trop tôt faire justice des attaques dirigées
contre les finances de la République. Un dé-
bat approfondi montrera ce qu'il entre de
passions, d'équivoques, d'erreurs matériel-
les, de grossières exagérations dans le ta-
Henriette coupa sa serviette avec ses dents
Mme Le Febvre interpella Guignot du Pigeon-
nier à brûle-pourpoint
-Avez-vous des nouvelles des princes?
Des nouvelles excellentes, madame. Leurs
Altesses ont daigné agréer mon dernier ou-
vrage sur l'usurpation des particules.
Les hobereaux se rembrunirent. Comme un
certain malaise paralysait l'assistance, qui de-
vinait quelque aventure sous roche'à la brus-
que diversion de la châtelaine de Malbec, maî-
tre Bavot déclara de sa voix la plus suave
Quoique je me flalle d'avoir l'âme sensi-
ble, je ne saurais éprouver de pitié pour ce M.
Savarèze, un bretteur qui mériterait de passer
aux assises. Je déteste plaider ce genre d'af-
faires.
Votre avocat me fait l'effet d'un imbécile,
dit à mi-voix le général en se penchant vers
Mme Le Febvre.
Au fumoir, Saint-Sylvain fut entouré et les
questions commencèrent à pleuvoir dru. Il se
débarrassa des importuns et, aprèsavoir causé
tout bas avec le général qui poussait des «ah !» »
de stupéfaction, il fut accaparé par M. Sau-
vain. Celui-ci, en proie aune vague inquétude,
accumulait les hypothèses, et l'officier, qui s'en
amusait, appelait à son secours les faux-fuyants
les plus saugrenus. Cependant, débordé et à
court de réponses, il entraîna son interlocuteur
dans un coin
Vous voulez savoir. vous le voulez? Eh
bien, monsieur, c'est pour empêcher un malo-
tru d'insulter une jeune fille que mon cama-
rade s'est fait embrocher. w
Hein 1 quelle jeune fille 2
Cristil qu'il a la tête dure, murmura Saint-
Sylvain vous ne comprenez pas ? 2
-Mon Dieu, je crains de comprendre; mais
il me paraîtrait tellement monstrueux qu'on se
fût permis.
On s'est permis tout de même.
Alors voilà de quoi vous causiez avec ma
611g Dendant le dîner 'f
bleau de la détresse publique tracé avec tant
de complaisance par une opposition décidée
à tout. Lors de la discussion générale des
budgets précédents, les adversaires de nos
ktstitutipns se sont, certes, donné libre car-
rière mais on doit s'attendre à ce qu'ils re-
doublent de violence, accusant la Républi-
que d'avoir ruiné nos finances, dilapidé nos
ressources, compromis jusqu'à notre avenir.
Il est excellent que ces accusations se pro-
duisent à la tribune on pourra donc les
prendre corps à corps.
Veut-on juger, par un exemple, de l'état
d'esprit où se trouve l'opposition? Un mem-
bre de la droite a soutenu hier, sérieusement,
que les finances royales étaient, en 1789,
bien supérieures à nos finances actuelles. Le
déficit était de 56 millions, a dit cet orateur,
« et rien n'était plus facile que de le faire
cesser en établissant l'égalité de l'impôt ».
Il est vraiment fâcheux que NI. de Lamar-
zelle n'ait pas eu la place de Necker la Ré-
volution eût été, apparemment, évitée! Si
l'on devait relever un tel paradoxe, on rap-
pellerait à M. de Lamarzelle que le Trésor,
à la veille de la Révolution, était tout sim-
plement vide. Quand Necker reprit les finan-
ces, il dut prêter à l'Etat deux millions de
ses deniers personnels pour permettre les
payements de la semaine. Voilà où l'on en
était.
Il a plu au même orateur de dire, dans un
autre ordre d'idées, que l'instruction publique
sous l'ancien régime était florissante, bien
qu'elle ne. grevât pas le budget de l'Etat.
Comment se fait-il donc M. Hanotaux le
lui a aussitôt demandé que la proportion
des conjoints ne sachant ni lire ni écrire fût,
en 1789, de 64 0/0 ? Miis que les monarchis-
teseontinuent; qu'ils attaquent tout à la fois
nos finances, l'œuvre de la République et
la Révolution qu'ils se démasquent et fas-
sent l'éloge de l'ancien régime rien ne peut
mieux éclairer le pays sur leurs desseins vé-
ritables.
M. Delafosse prévoit qu'il est difficile à la
droite de justifier devant le corps électoral l'at-
titude qu'elle n'a cessé de prendre dans les dé-
libérations de la Chambre. Il faudra que les
conservateurs expliquent pourquoi ils ont fait
« par système une opposition révolutionnaire »,
pourquoi ils ont multiplié ces crises ministé-
rielles qui agitaient douloureusement le pays.
M. Delafosse tient à leur préparer des argu-
ments. Le vrai moyen de blanchir les monar-
chistes, c'est de tout rejeter sur le parti répu-
blicain ce dernier a toujours eu la majorité,
il est donc responsable de toutes les fautes com-
mises. Et M. Delafosse reprend, sans se lasser,
ce thème quelque peu usé au lieu de se sou-
cier uniquement de l'intérêt public, la Chambre
s'est laissé dominer par les passions de grou-
pes et les ambitions égoïstes les querelles de
coterie dont elle a offert le triste spectacle l'ont
rendue stérile et impopulaire.
Nous avons trop souvent déploré ici-même
ces divisions pour ne pas reconnaître ce qu'il y
a de fondé dans les critiques banales du député
monarchiste puissent les républicains profi-
ter à l'avenir des leçons que leur prodiguent
aujourd'hui leurs adversaires! Il nous eût été
si facile, en effet, d'éviter ces bouleversements
qui ont inquiété le monde des affaires, décon-
certé et énervé l'opinion. Dans les trois Cham-
bres qui ont succédé à l'Assemblée nationale,
nous avons eu constamment la majorité sans
doute les élections de 1885 ont renforcé la mi-
norité de droite, mais l'affectif de gauche res-
tait assez considérable pour annihiler tous les
efforts de l'opposition. Malheureusement, nous
n'avons pas su rester unis: on a téméraire-
ment soulevé des questions qui devaient fata-
lement couper en deux le parti républicain; dès
lors la réaction, impuissante par elle-même, est
devenue maîtresse de la situation et, en se por-
tant du côté des ennemis du gouvernement,
elle a réussi à culbuter les divers cabinets qui
se sont succédé. Si l'on veut établir enfin dans
le pays cette stabilité ministérielle que chacun
réclame avec tant d'insistance, il faudra que
les républicains de la Chambre future se gar-
dent soigneusement des imprudences de leurs
devanciers.
Est-ce à dire que la majorité de gauche ait
été la seule coupable et que la tactique suivie
par la droite ne mérite que des éloges? M. De-
lafosse affecte de le croire c'est un censeur
impitoyable quand il s'agit d'adversaires poli-
tiques. Mais dès qu'il est question de ses amis
et de lui-même, il se découvre des trésors d'in-
dulgence bien plus, son âme déborde aussitôt
d'enthousiasme et d'admiration. « Pendant les
trois législatures qui viennent de s'écouler,
écrit-il, l'opposition de droite a été d'un bout à
l'autre irréprochable. » Et il continue ainsi, sur
le mode dithyrambique. Nous éprouvons quel-
que scrupule à troubler une quiétude si par-
faite et un contentement de soi-même si épa-
noui C'est une véritable rareté par ce temps
de pessimisme et de cruelle analyse. Mais
avouez que l'illusion est trop forte pour pa-
raître absolument sincère. Eh! quoi,tandis que,.
selon M. Delafosse, les républicains accumu-
laient les sottises, la droite donnait à la France
et au monde le spectacle de toutes les ver-
tus politiques? Elle n'a eu d'autre préoccu-
pation que l'intérêt supérieur du pays? Il
était donc patriotique et rationnel de faire
constamment de l'obstruction, de se montrer
toujours disposé à renverser un cabinet, quelle
que fût l'opinion de ses membres. M. De-
lafosse essaye de disculper les monarchistes
en déclarant qu'aucun des ministères abat-
tus par eux n'était digne de vivre; à l'en-
tendre, les conservateurs n'avaient pas plus
Parbleu
M. de Saint-Sylvain, je vous remercie.
-Vous êtes bien bon.
Et je vous supplie de garder le secret.
Dame [ je sais le conserver, puisque je ne
voulais pas vous le dire.
Et M. Sauvain, abandonnant son cigare,
quitta le fumoir pour rentrer dans le salon.
Cependant Bavot s'était approché de Saint-
Sylvain.
Serait-il indiscret. commença-t-il.
Oui, monsieur, fort indiscret, interrompit
Saint-Sylvain avec un beau calme.
L'avocat, .tout pantois, dut encore se replier.
Dans le salon, la conversation languissait.
La venue des fumeurs ne la ranima point et
ceux-ci, rendus de fatigue par une journée de
chasse, étouffaient des bâillements. Pénible-
ment un whist se forma, où M. Sauvain perdit
'à cœur-joie et entassa bévues sur sottises; une
table d'écarté fut dressée à laquelle Saint-Syl-
vain étrilla les hobereaux, et, pour distraire les
dames, Bavot, avec un aplomb de cabotin, ré-
cita des monologues. C'était piteux de l'enten-
dre minauder:
Trente-neuf ans, fortune ronde(;
Célibataire et bon garçon.
A onze heures, chacun se retira; mais, à deux
heures du matin, une discussion enragée du-
rait encore dans la chambre du ménage Sau-
vain. On avait fait comparaître Henriette, et
son père lui signifia que M. Bavot «briguait sa
main». 11 en était sûr: l'avocat l'avait fait tâter
avant le départ pour Malbec, sachant qu'il de-
vait les y retrouver, et, aussitôt le retour à Che-
villy, une demande officielle ne pouvait man-
quer de se produire. Il s'agissait donc de se dé-
cider dès maintenant. Elle avait vu le candidat,
l'avait entendu et conséquemment apprécié. Il
avait de l'aisance de la tenue une répu-
tation déjà solide: il irait loin et valait mieux
que certains paltoquets qui récoltent des coups
d'épée en se mêlant de ce qui ne les regarde
à gagner avec l'un qu'avec l'autre. Le so-
phisme est, en vérité, un peu trop grossier.
Comment! un cabinet radical ne menacait
pas davantage les doctrines conservatrices
qu'un cabinet modéré ? Il était indifférent,
pour ne prendre qu'un exemple, que le
ministère eût dans son programme le main-
tien du budget des cultes ou la séparation plus
ou moins prochaine de l'Eglise et de l'Etat? Et
si, malgré tout, ce budget, auquel les députés
de droite ont toujours paru tenir assez vive-
ment, est resté debout, à qui faut-il donc en
faire honneur? N'est-ce pas le parti modéré
qui s'est opposé énergiquement à sa suppres-
sion ? Il prouvait ainsi à la droite qu'il n'imitait
pas sa manœuvre de lutte à outrance et qu'il
savait mettre au-dessus de la stratégie parle-
mentaire les principes qu'il avait mission de
défendre. Par cette conduite si honorable
et renouvelée en maintes circonstances, nos
amis de la Chambre ont montré qu'ils avaient
plusdedévouementsincèreet d'amour réel pour
les idées de conservation sociale que ceux qui
s'intitulaient pompeusement conservateurs et
ne cessaient d'agir en révolutionnaires.
Voilàla vérité, voilà «l'attitude irréprochable»
de l'opposition monarchique pendant les trois
législatures que nous venons de traverser. Nous
espérons que les électeurs s'en souviendront.
LA LOI SUR L'AKMÉE AU SÉNAT
Le Sénat vient de décider que la loi sur le
recrutement de l'armée aurait les honneurs de
la priorité de son ordre du jour et que la dis-
cussion s'ouvrirait à la séance de jeudi. D'a-
près le rapport de M. le général Deflis, elle
porterait sur trois points principaux
i° Le système des dispenses qui, adopté par
le Sénat, a été repoussé par la Chambre, la-
quelle a maintenu le système des sursis;
2° La question du recrutement régional;
3° La durée du service dans les quatre an-
ciennes colonies.
L'honorable rapporteur rappelle sommaire-
ment les considérations d'ordre moral militant
en faveur du maintien des dispenses et émet,
l'avis qu'il n'y a pas lieu d'y renoncer, d'autant
plus que la Chambre, modifiant le texte primi-
tif de l'article 10, a admis la division du con-'
tingent en deux portions. Il est logique, puis-
qu'on fait la part du hasard avec le tirage au
sort, de faire aussi celle du travail intellec-
tuel vivifiant l'esprit national et soutenant
à sa haute renommée le génie français.
M. le général Deffis ne parle pas du sort à
faire aux séminaristes, bien que ce soit un des
points de controverse de toute discussion par-
lementaire. Il est probable qu'il partage à ce
sujet l'opinion de la plupart de ses frères d'ar-
mes. Les officiers estiment généralement que
les séminaristes feront de médiocres soldats et
aimeraient à les voir affectés au service d'in-
firmiers. Tiendra-t-on compte des desiderata
des gens du métier? C'est à souhaiter. La dis-
cussion sur ce terrain a pris des proportions
démesurées. Il est grand temps d'en finir avec
une question irritante dont la solution, quelle
qu'elle soit, ne modifiera en rien la valeur de
notre armée.
La commission sénatoriale maintient ses dé-
cisions antérieures sur le recrutement régio-
nal et la durée du service dans les diverses
colonies, s'en référant aux raisons développées
dans le premier rapport. Une telle divergence
de vues sur des points essentiels entre les deux
Chambres ne laisse pas prévoir une prochaine
solution. En fait, il n'y aura rien à regretter,
l'imperfection du projet en discussion étant
notoire.
-♦
LES GRÈVES EN ALLEMAGNE
(Dépéches de nos correspondants particuliers)
Berlin, 15 mai, 9 h. 30.
L'empereur a reçu hier, à trois heures, les trois
délégués des mineurs grévistes.
Un sténographe a recueilli l'entretien des délé-
gués et de l'omporeur, qui a duré environ un quart
d'heure.
Le mineur Schrceder, décoré de plusieurs médail-
les, a remercié l'empereur d'avoir reçu la députa-
tion. 11 a exprimé 1 espoir que le souverain appuie-
rait la réclamation des grévistes, qui veulent seule-
ment sauvegarder leur vie et leur santé et gagner
un salaire suffisant pour nourrir leur famille.
Guillaume I" a assuré les ouvriers do sa bien-
veillance, s'ils restent dans la stricte légalité et se
gardent soigneusement de pactiser avec les socia-
listes.
J'ai chargé mes ministres, a-t-il ajouté, d'exa-
miner vos griefs. Je veux moi-même m'en rendre
compte,. et j'étudie les rapports avec la plus gran-
de attention. Seulement, pas d'agitation révolution-
naire, pas de résistance aux autorités Si je m'a-
percevais que le mouvement prend une telle tour-
nure, j'ordonnerai de lo briser sans pitié. Vous sa-
vez que je suis fort. A la moindre résistance, on
tirera."
Après leur audience chez l'empereur, dont la net-
teté et le langage d'autorité les a vivement impres-
sionnés, les délégués se sont rendus au Reichstag,
où ils ont eu une conférence avec plusieurs députés
libéraux. M. Eugène Richter et le président do la
Société minière do Westphalie ont assisté à cet
échange d'idées, qui a duré plusieurs heures.
En raison des événements, l'empereur a retardé
son départ pour Brunswick.
Berlin, 15 mai, 10 heures.
La journée d'hier a été entièrement calme. Le tra-
vail a repris dans plusieurs mines des régions d'Es-
sen et de Dortmund. On dit que les directions de
ces mines auraient accordé aux ouvriers, après cette
reprise du travail, l'augmentation qu'ils réclament.
D'autres renseignements signalent l'extension de
la grève à de nouveaux points autour d'Aix-la-Cha-
pelle, dans le district de la Wurm et dans celui de
Hagen. Dans ce district, mille ouvriers ont aban-
donné les puits.
Les grévistes de Hœngen et Nothberg doman-
dent l'élévation de salaire de 15 0/0 et la même du-
rée de la journée de travail que ceux du bassin de
la Ruhr.
L'ordre n'a pas été troublé jusqu'ici.
pas. D'abord, lui, le père de famille, était bien 1
décidé à traverser tous les caprices et à mettre
son véto à toutes les amourettes. Henriette se
défendait en désespérée, habillant Bavot de la
belle façon, soulignant ses ridicules avec une
précision impitoyable, le démolissant pièce à
pièce vaniteux, maladroit, pontifiant, un sot
en trois lettres. Et le portrait était si ressem-
blant que Mme Sauvain finit par sortir de sa
torpeur habituelle et se rangea du côté d'Hen-
riette.
Alors le papa les maudit et, jurant qu'il tien-
drait bon, il congédia sa fille.
Au petit jour, avant cinq heures, Saint-Syl-
vain, ensommeillé et prêt à partir, fumait sa
pipe de chasse sur le perron, pendant que le
garde était allé quérir Dulcinée au chenil. Il
frissonnait à l'air frais du matin, quand il en-
tendit grincer une fenêtre au-dessus de sa tête;
quelque chose, en tournoyant, vint s abattre à
ses pieds, un bouquet, qu'il fit prestement dis-
paraître dans la vaste poche de sa peau de bi-
que. Puis, montant en voiture, il cria d'une
voix tonnante au garde qui tenait la portière
Merci, merci, c'est la guérison 1
Le garde le crut fou, et derrière la fenêtre vi-
vement refermée, Henriette considérai la figure
narquoise de l'officier qui s'éloignait. Il lui
semblait voir pousser des ailes d'ange à la peau
de bique.
A sept heures, tous les invités étaient sur
pied. Bavot, suçant une cigarette de gou-
dron, afin de conjurer le brouillard, allait
de l'un à l'autre demandant à chacun s'il
avait bien dormi, importunant le bon gé-
néral du Bloc de son bavardage, mais sur-
tout accablant de politesses M. Sauvain,
dont le front paraissait nuageux. A sept heures
et demie, les premiers coups ^e fusil crépitè-
rent, et les détonations s'éloignèreti. et s atlai-
blirent. Mme Le Febvre était déjà uCns la
serre, parcourait les espaliers, tirant sur iu.?
boutures pour voir si elles prenaient, tâtant les |
fruits d'un doigt connaisseur et autoritaire. I
Le mouvement minier commence en même tempe
à l'autre extrémité de l'empire, en Silésie.
Les mineurs de Hermsdorf, au nombre de troil
mille, ont quitté les fosses.
Berlin, 15 mai, 10 h. 25.
Le mouvement pour l'augmentation des salaire!
menace de se développer dans tout l'empire. A Ham-
bourg, tous les ouvriers brasseurs sont en grève-
Ils demandent une journée plus courte, moins d'heu-
res de travail le dimanche, les heures supplémen-
taires mieux payées. Les ouvriers potiers de Ham-
bourg annoncent une suspension de travail. Ils ré-
clament la limitation de la journée de travail à neut
heures et une hausse de salaire de 15 0/0. A Wîfc.
helmshaven, les compagnons cordonniers sont en
différends avec leurs patrons et ont quitté les ate«
liers. A Zwickau, les maçons, au nombre de 400,
font grève. A Wurzen également, 400 maçons et
menuisiers, ont cessé le travail.
A Berlin même, les maçons et les menuisiers an-
noncent la grève pour le 20 mai. Ils ont tenu dea
réunions préparatoires et, le 20 mai au soir, ils se
réuniront pour prendre des résolutions définitives.
Les ouvriers en métaux, les tailleurs, les fourreurs,
les tisseurs, etc., se réuniront dans le courant de la
semaine.
Il y a eu lundi un essai de grève des cochers de
tramway. Jusqu'ici, trente et un cochers seulement
y auraient adhéré.
La direction de la compagnie aurait réussi à en-
rayer le mouvement, et la police aurait fait sortir
des dépôts les cochers récalcitrants qui restaient
pour débaucher leurs camarades.
La commission des salaires des peintres en bâti-
ment convoque les associés pour le 30 mai à une
grande réunion.
Cologne, 15 mai, 8 h. 30.
La disette du charbon est arrivée à son point
culminant dans le district de Duisbourg. Les fabri-
ques et usines font tous les efforts possibles pour
continuer leur exploitation et achètent le charbon,
qu'on peut encore leur livrer à des prix qui n'a-
vaient jamais été consentis. Si la grève se prolon-
geait, il n'est pas probable que les industriels
se résoudraient à continuer ces sacrifices d'ar-
gent.
Par suite du manque de charbon, huit hauts-four-
neaux sont éteints à Wendel, Moyeuvre, Hayange
et Jœuf, sur le territoire de Metz.
Munich, 15 mai, 9 h. 40.'
Les ouvriers en métaux ont tenu une réunion
dans laquelle ils ont décidé de se. mettre on rapport
ayee les comités grévistes des autres centres indus.
triels.
Les potiers refusent d'accepter un nouveau tarif
réduisant leurs salaires et mettent en interdit les
patrons qui ne conservent pas l'ancien tarif.
Leipzig, 15 mai, 10 h. 50.
On signale dans les districts miniers de Saxe, à
Chemnitz, à Œlsnitz-Lugau, l'arrivée d'agents des
grévistes de Westphalie, qui viennent s'entendre
avec leurs camarades.
Les mineurs de Saxe seraient assez disposés a
faire cause commune avec ceux do Westphalie.
Toutefois, le travail n'est interrompu nulle part, et,
même dans ces derniers jours, de grandes quantités
do charbon ont été expédiées de Saxo aux usines
de Westphalie.
O
LE COMMERCE DE LA FRANCE
EN AVRIL 1889
Voici le résultat do nos échanges pendant le mois
d'avril des années 1888 et 1889:
AVRIL
Importations 18S9 1888
Objets d'alimentation. 114.806.003 136.253.009
Matières nécessaires à l'in-
dustrie. 168.315.0JJ 174.701.000
Objets fabriqués 45.281.000 48.667.000
Autres marchandises. 9.571.000 10.916.000
Totaux. 337.973.000 370.542.006
Exportations
Objets d'alimentation. 64.945.000 58.632.000
Matières nécessaires à l'in-
dustrie. 60.656.000 57.103.000
Objets fabriqués 168.072.030 143.156.O0C
Autres marchandises. 19.221.000 17:164:000
Totaux. 312.894.000 276.061.000
Ces chiffres confirment les observations quo nous
avons faites hier sur la situation économique de la
France. Les exportations de produits fabriqués ont
progressé de 143 millions à 168 millions, gagnant
ainsi 25 millions. Toutes les autres catégories de
produits exportés sont également en augmentation.
N'est-ce pas là une preuve incontestable de l'acti-
vité nouvelle qui se constate dans nos différentes
industries d'exportation? Il y a bien quelques per-
sonnes qui persistent à considérer comme secondaire
notre mouvement d'expansion commerciale les faits
infirment leur manière de voir. La France a une
clientèle considérable au dehors aussi le devoir du
gouvernement est-il de ne manquer aucune occa-
sion de resserrer les liens qui existent entre nos
producteurs et les acheteurs de l'étranger.
Voici maintenant quels ont été les mouvements
de notre commerce extérieur pendant les quatre
premiers mois de 1888 et de 1889
̃'• QUATRE PREMIERS MOIS
Importations 1889 1888
Objets d'alimentation 460.146.003 523.320.OOC
Matières nécessaires à l'in-
dustrie. 712. 293.000 659.508.009
Objets fabriqués 181.653.000 182.130:000
Autres marchandises. 36 .679 .000 32.670.000
Totaux. 1.393.771.000 1.397.628,000
Exportations •>: ̃̃̃* .'•;
Objets d'alimentation. 219.899.000 199.56oi.008
Matières nécessaires à l'in-
dustrie. 233.046.000 226.850.000
Objets fabriqués 582.449.000 553.741.O0C
Autres marchandises. 70.302.000 57.106.00C
Totaux. 1.105.696.000 1.037.257.000
UN BOUQUIN PERSÉCUTEUR ̃
Vendredi dernier, devant un public relativement
clairsemé, dans une des petites salles de l'hôtel
Drouot, on faisait la vente de livres, journaux et
pamphlets de la Révolution « composant la collec-
cleeenzr,am
Les gens venaient à l'ordre, le jardinier por-
tant des melons dorés, le cocher recevant ses
instructions pour les promenades de l'après-
midi. Henriette la rejoignit au poulailler. Sa
vieille amie lui tapota les joues
Eh bien, mignonne, as-tu reposé? Saî*fc*
Sylvain ne t'a pas réveillée avec ses hurlements
de tantôt? Il est plus qu'original, ce garçon-là.
Mais non, je n'ai pas entendu.
C'est heureux. hein! quoi? tu es toute
rouge. Ah! petite masque, je t'y prends. Qu'est-
ce qu'il y a encore là-dessous?
Il n'y a rien.
Je n'en crois pas un mot. Sois franche, tu
l'as vu ce malin, tu lui as parlé, à ce grand fou.
Parbleu j'y suis, tu lui as donné une commise
sion pour ton chevalier. Est-ce vrai ? 2
C'est vrai, confessa la jeune fille.
Et puis il a crié, il a vociféré « Mercit
merci, c'est la guérison » Vous êtes tous to-
qués, ma parole. Qu'est-ce que tu lui as donnd
de portatif et de consolateur, dis?
Des fleurs.
Elles seront propres en arrivant. Tiens,
tu me rajeunis, mignonne. Sais-tu qu'il est
ridicule, ce Bavot? '?
Oh 1 oui
Tu n'es pas faite pour lui, ma chérie.
Oh I non.
Oh! oui, oh! non, ça part du cœur. Pour-
quoi donc mon mari s'est-il laissé engluer paii
ce gaillard-là? Je n'y comprends rien. On ne
sait pas d'où il sort. C'est un homme à se faire
nommer substitut par les radicaux et procu-
reur par le roi. Il nous est arrivé avec des re-
commandations du R. P. Bouillot, son couvert
est mis chez Monseigneur et je gagerais qu'il
a son écuelle chez le préfet.
Je le déteste, dit Henriette.
Moi aussi, naturellement. Viens voir 1}
volière il y a un faisandeau qui m'inquiète.
HENRI ALLAIS.
(A suivre.)
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