Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1889-05-11
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Description : 11 mai 1889 11 mai 1889
Description : 1889/05/11 (Numéro 10232). 1889/05/11 (Numéro 10232).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
m s'aoonne aux Bureaux du Journal, 5, BOULEVARD DES ITALIENS, A PARIS, et (tans tous les Bureaux d e Poste n
VINGT-NEUVIEME ANNÉE. N" 10232.
SAMEDI il MAI 1889.
PRIX DE L'ABONNEMENT
•pAWS.r. Trois mois, 14fr.; Siimois, 38fr.; Un sa, 56 ff.
DÈPts £ ALSACE-LORRAÏNB l'7fr.; 34 fr.; 68 tr.
MM POSTALE. lSfr.; 36 fr.; 72tr.
LES ABOMSEMENTS DATENT DES 1er ET 16 DE CHAQUE MOIS
%Jtl xitiinéro <à Paris) la centimes!.
Directeur politique Adrien Hébrard
La rédaction ne répond pas des articles communiqués
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
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1 PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS Trois mois, 1 4.îr. Sii mois, 28 fr. Un an, 56 fr.1
DEPbfrALSACE-LORRAlNB 17fr.; 34fr.; 6Sfr.
UHIOK POSTALE lSfr.; 36 fr.; 72h
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1er ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) 20 centimes*3
ANNONCES MM. LAGRANGE, CERF ET Ce, 8, place de la Bourse
(Droit d'insertion réservé à la rédaction.)
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse ttlégraphique TEMPS PARIS
PARIS, 10 MAI
bulletinIdu JOUR
La Chambre des lords d'Angleterre vient
de rendre une tois de plus son vote annuel
contre le projet de loi, adopté avec une per-
sévérance égale par la Chambre des com-
munes, qui autorise un veuf à se remarier
avec sa belle-sœur, c'est-à-dire avec la sœur
de la femme qu'il a perdue.
On ne sait trop pourquoi le parti réaction-
naire et particulièrement le banc des évêques
dans la haute assemblée s'est butté à voir
un sacrilège dans une réforme qui n'est con-
traire à aucun des principes de la loi divine
ou humaine. L'origine de cette prohibition
est trop récente et trop peu honorable pour
au'il soit possible de lui donner l'auréole
'une prescription sacrée de la conscience.
Jusqu'à il y a un demi-siècle, la loi an-
glaise établissait qu'au cas où un mariage de
ce genre serait accompli il demeurerait va-
!able, à moins d'une décision judiciaire con-
traire. Or, comme cette sorte d'unions se pra-
tiquait surtout dans la classe ouvrière où un
veuf songe naturellement à appeler la sœur
de la compagne qu'il a perdue à présider à
l'éducation de ses enfants, il se trouvait fort
peu de gens pour encourir gratuitement les
frais énormes d'une action en nullité.
Il se trouva qu'un duc anglais était le fils
d'un mariage de ce genre et qu'au moment
de recueillir l'immense succession de son
père il fut menacé de voir prononcer illégale
sa naissance par un procès rétrospectif. On
fit voter au Parlement un acte légitimant ce
grand personnage. Les évêques, le docteur
Philpots, évêque d'Exeter en tête, ne con-
sentirent à laisser passer cette loi qu'à la
condition 'qu'à^. côté.. de l'article en faveur
du duc on y insérât un article décla-
rant à l'avenir nuls et non avenus ces ma-
riages.
Ce qui fait que la petite bourgeoisie et la
classe ouvrière payent depuis lors par l'in-
terdiction d'unions qui étaient fréquentes
chez elles la légitimation ex post facto d'un
grand seigneur privilégié!
Cet état de choses blesse le sentiment pu-
blic. La famille royale, qui, à un moment
donné, visait, à ce que l'on dit, à faire épou-
ser la princesse Béatrix, depuis mariée au
prince de Battenberg, au grand-duc de Hesse,
veuf de sa sœur la princesse Alice, a tou-
jours soutenu de ses votes à la Chambre
des lords cette réforme.
Les évêques persistent, bien que n'ayant à
invoquer qu'un texte mal compris de la lé-
gislation mosaïque qui, s'il était même appli-
cable à l'Angleterre moderne, n'interdit que
le mariage simultané avec deux sœurs.
La grande grève annoncée pour ce prin-
temps dans l'empire d'Allemagne a éclaté
en Westphalie parmi les mineurs de cette
région fertile en charbonnages, et elle s'est
étendue si rapidement qu'elle comprenait
hier 50,000 ouvriers, c'est-à-dire plus de la
moitié de ceux qui sont employés au fond
dans le bassin houiller (Oberbergamtsbezirk)
de Dortmund et qu'elle en comprend au-
jourd'hui 71,000. La grande majorité des
fosses sont atteintes par ces cessations de
travail.
Déjà l'industrie locale souffre de la sus-
pension soudaine de la production du char-
bon, en attendant les importations du dehors.
Le prix du wagon de houille de 10,000 kilos
est monté de 110 à 130 et parfois même 140
et 150 marcs (de 137 fr. 50 à 187 fr. 50) dans
la région. Les hauts-fourneaux s'éteignent et
les usines Krupp à Essen se voient forcées
de suspendre 1 exécution de commandes im-
portantes et d'employer'provisoirement leurs
équipes à d'autres travaux.
Dans la presse officieuse, on mot en avant
deux versions pour expliquer cette grève. La
première en attribue la responsabilité aux
démocrates socialistes et prétend que des in-
fluences internationales ne seraient pas étran-
gères au mouvement et que de grosses som-
mes venues du dehors auraient été répandues
sur les lieux. La seconde accuse nettement
le parti ultramontain, très puissant dans cette
contrée, d'être l'auteur de l'agitation.
On cite à ce propos un article que le dé-
puté du centre catholique Stœtzel, qui repré-
sente Essen, a publié le 20 octobre dernier
dans son journal, u V Ami du Peuple rhénan-
westphalien, sous le titre de « La situation
des mineurs ». Dans ce travail, il était dit
que le salaire moyen des mineurs de ce
Revier ou bassin minier flottait entre 60 et (
FEUILLETON OU «XEÏMUPS»
DU 11 MAI 1889 [8]
UN CASQUE
VII
Pierre, après avoir donné à ses sourcils le
temps de repousser, après s'être refait le teint
à force de cold-cream et d'eau lénitive, était re-
tourné chez Mme Le Febvre. Elle lui apprit le
succès. relatif de ses démarches. Le jour
même de l'incendie, ayant tenu Mme Sauvain
pendant deux grandes heures sur la sellette,
elle n'avait pu obtenir que des réponses va-
gues
Nous verrons. nous verrons. Ma fille
est encore bien jeune.
Enfin ce n'était pas un refus positif. La for-
tune rondelette de Pierre avait produit bon ef-
fet. Certes, il était intelligent, distingué, hom-
me du monde, mais officier 1 Le fait sghï de
l'accepter pour gendre eût mis à néant la répu-
tation séculaire de sagesse que possédait la
maison Sauvain sur la place de Mauves.
Quand donc avait-on jamais vu une Mau-
voise épouser .un militaire? Cette hypothèse
audacieuse eût suffi à révolutionner la ville.
Fini alors le crédit de M. Sauvain: un pareil
mariage démontrerait suffisamment qu'il n'a-
vait pas de dot à donner; finie sa réputation
d'habileté: il se laissait prendre à des pana-
ches, à des galons; fini son rôle prépondérant
au conseil général sa modération devenait de
l'hypocrisie; il s'alliait à un ennemi du gouver-
nement, la cavalerie n'étant composée que d'élè-
ves des Jésuites liés par des serments terribles;
finies les relations de Mme Sauvain: la société
tout entière lui demanderait compte de son
ingratitude. Serait-ce donc en vain que des
mères prévoyantes auraient couvé ces délicieux
aspirants notaires, ces avocats enchanteurs,
ces avoués adorables, ces apprentis raffineurs,
ces commerçants, ces industriels en herbe, ces
vicomtes et ces barons?. C'était léser des
droits sacrés que de soustraire sa fllle à tant de
Reproduction interdite.
70 marcs par mois, soit 720 à 840 marcs
par an (de 900 francs à 1,050 francs).
Or, les statistiques officielles donnent
pour l'année 1887 la moyenne nette de sa-
laire annuel de 886 marcs (soit 1,107 fr. 50)
dans le bassin de Dortmund, contre 857
marcs (soit 1,071 fr. 25) dans le Bregrevier,
de Saarbrùck », 695 marcs (soit 868 fr. 75),
dans celui de Halle et 537 marcs (soit 671
francs 25) dans la Haute-Silésie. En outre,
les salaires auraient encore reçu un accrois-
sement notable en 1888.
Il n'en est pas moins certain que les mi-
neurs réclament deux choses en premier
lieu, une augmentation de salaires de 15 0/0,
soit, pour nous servir du chiffre officiel ci-
dessus cité, pour 886 marcs, de 132 marcs 90,
portant leur revenu moyen de 1,107 fr. 50
à 1,273 fr. 62, ou si l'on adopte le chiffre de
M. Stœtzel, élevant le minimum de 720 marcs
(ou 900 fr.) à 828 marcs (ou 1,035 fr.) et le
maximum de 840 marcs (ou 1,050 fr.) à 966
marcs (ou 1,207 fr. 50).
En second lieu, ils désirent voir raccour-
cir la journée de travail, qu'ils voudraient
voir fixer à huit ou même à sept heures, et
cela tant en vue de diminuer la surproduc-
tion que de favoriser directement l'ouvrier.
Sur ce dernier point les compagnies ne pa-
raissent nullement disposées à céder.
Quant à l'élévation des salaires, elles op-
posent bien une fin de non-recevoir tirée'de
leur résolution de ne pas s'incliner devant
une grève qui a violé les contrats en faisant
cesser le travail sans délai préalable d'aver-
tissement, mais on croit savoir qu'elles con-
sentiraient volontiers à un accommodement.
Le Courrier de la Boiwse, de Berlin, dit que le
prix du charbon sur le carreau de la mine a
haussé de 12 marcs (15 francs) par Doppella-
der (double charge ou 20,000 kilos) depuis le
commencement de l'année. Or une élévation
dos salaires de 15 0/0, telle que la réclament
les mineurs, ne prélèverait que 2 marcs
(2 fr. 50) sur chaque double charge. Il reste-
rait donc, depuis janvier 1889, un bénéfice
net de 10 marcs (12 fr. 50) par Doppellader, et
chacun sait, d'après l'organe financier, que
le maximum du relèvement des prix de la
houille n'est pas encore atteint.
Dans ces conditions, il parait difficile de
résister à la justice des prétentions des mi-
neurs westphaliens. Ceux-ci rappellent que,
lorsque le prix du charbon a baissé, ils ont
dû « sacrifier une partie de leur salaire sur
l'autel du capitalisme ». On leur persuadera
difficilement qu'il soit équitable de les priver
de toute part de profit dans un relèvement
des prix.
En attendant, il est permis d'espérer que
le déploiement de forces militaires impo-
santes, auquel l'autorité a eu recours, n'en-
traînera pas de plus graves conflits et n'enve-
nimera pas une dispute qui parait de nature
à pouvoir recevoir }?ar transaction une solu-
tion satisfaisante pour les deux parties.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Berlin, 10 mai, 8 h. 40.
Le ministère d'Etat a tenu hier, au courant de la
séance du Reichstag, un conseil sous la présidence
de M. de Bismarck. On y a examiné la question des
grèves de Westphalie.
Dans les centres de la grève, la situation parait
se compliquer par suite de l'animosité entre les ou-
vriers des mines et les ouvriers des usines. Ces
derniers accusent les mineurs grévistes d'être cause
de la fermeture d'un grand nombre d'ateliers, et il
faut, à ce que l'on prétend en haut lieu, que la trou-
pe veille pour éviter les collisions sanglantes.
Au cours du conseil des ministres, on a appelé
dans la salle des délibérations plusieurs grands in-
dustriels, membres du Reichstag, pour leur de-
mander des éclaircissements sur la situation.
La grève s'étend sans troubles, mais sûrement.
On signale à Witten et à Dortmund l'accession au
mouvement des mineurs d'un certain nombre de
fosses.
Par suite, plusieurs fabriques éteignent leurs
fourneaux pour quelques jours, en attendant l'arri-
vée des charbons belges et anglais qu'elles ont
commandés.
Des troupes sont parties de Dusseldorf pour Bo-
chum et autres points du district houiller.
Le consul Knappe, rappelé de Samoa, est arrivé
à Sydney à bord d'un steamer allemand. Son suc-
cesseur, M. Stubiel, se trouve déjà à Apia.
Berlin, 10 mai, 11 h. 45.
Les Politische Nachrichten constatent les consé-
quences déplorables de la grève. Les chemins de
fer commencent déjà à restreindre la circulation
sur certaines lignes afin d'économiser le charbon.
Le journal précité exhorte les ouvriers à rester
dans les limites de la légalité et conseille en
même temps aux administrations des charbon-
légitimes espérances. N'avait-elle pas de quoi
choisir parmi ces enfants du pays? Quel vent
soufflait donc dans ses cheveux gris?. Un mi-
litaire 1 on lui ferait payer ce dédain de tous
les usages aussi ne pouvait-elle se décider à
rompre insolemment avec des traditions quasi
religieuses.
Pierre, le front baissé, écoutait toutes ces
excellentes raisons que la protectrice alignait
d'un ton ironique.
Allons, dit-il, j'avais rêvé, je m'éveille en
face d'une coalition de notaires vengeurs, de
raffineurs indignés. Je ne me sens pas de force
à combattre, et la baguette même des fées per-
drait son pouvoir surnaturel près de gens aussi
positifs adieu donc, rêve rose qui m'as char-
mé, tu t'associeras bientôt à la réalité de quel-
que bonnet de coton bourgeois, et tu flotteras,
léger, dans l'atmosphère empuantie des testa-
ments ou des assignations.
Silence, mon ami, vous devenez poète. Il
ne manquait plus que cela pour vous perdre
sans ressources. Ecoutez-moi plutôt vous avez
un ennemi déclaré la routine. Vous en au-
riez bien un autre, mais il n'habite pas sou-
vent chez les Sauvains c'est le bon sens.
-J'ai la Charité pour amie.
Soyez poli, mon protégé. Je dis que, si les
Sauvain étaient doués de bon sens, votre can-
didature ne se soutiendrait pas.
Très bien 1 voici la Charité qui me tourne
le dos.
Non, votre candidature ne se soutiendrait
pas, parce que, à moins de miracle, la jeune fille
qui épouse un militaire est condamnée à une
foule d'ennuis que vous savez aussi bien que
moi, et dont le moindre consiste à fréquenter
des gens insupportables.
Merci pour nous (
Ah I ça, prenez-vous tous les dragons pour
des Saint-Sylvain ou des Savarèze?. Ne rou-
gissez pas, le compliment est maigre. Ces deux-
là, parce qu'ils ont un peu plus de monde que
les autres, ne sont pas encore sans repro-
ches. Vous comprenez, mon ami, qu'il n'a
pas neigé soixante hivers sur mes che-
veux sans que j'aie acquis une certaine
pénétration. Des gens insupportables, vous
dis-je 1 D'abord beaucoup de vos camarades
sont poseurs; ils saluent vous aussi, du
reste comme des mannequins plusieurs ont
la détestable habitude de s'exprimer tout haut
sur le compte des femmes comme s'il s'agissait
d'un cheval. Ils ignorent qu'au beau temps on
savait faire soixante lieues sans quitter la selle
et tourner un madrigal au débotté. N'ai-je pas
entendu, l'autre année, un monsieur de je ne
sais quoi, très marquis et très à la mode, s'é-
crier en plein salon « En voilà une ponette J
nages de donner à la grève une solution favo-
rable le plus tôt possible en haussant les sa-
laires.
Les mineurs grévistes sont sur le point d'en-
voyer une députation à l'empereur Guillaume.
Lu tj^ève comprend actuellement 70,000, .mjnfiJirs,.
soit les trois quarts de tous les mineurs du bassin
de Dortmund.
Vienne, 10 mai, 9 h. 15.
L'agitation contre la réunion, à Vienne, du con-
grès annuel des négociants en grains, gagne de
l'extension dans toutes les parties commerçantes de
l'empire. Dans le monde gouvernemental, on ne se
dissimule pas, toutefois, que le déplacement de ce
grand marché, où s'échangent les prévisions sur la
récolte de l'année et où se fixent les cours moyens,
serait un désastre commercial pour l'empire.
Bucarest, 10 mai, 9 heures.
Le bruit court que le roi aurait l'intention de de-
mander pour le prince Ferdinand un apanage d'un
demi-million, que le ministère, surtout M. Catargi,
y serait opposé, et qu'en tout cas la Chambre rejet-
terait la proposition à une grande majorité.
Belgrade, 10 mai, 9 h. 50.
Il paraît constant que la régence a fait à la reine
Nathalie la proposition d'avoir une entrevue avec
son fils, lorsque celui-ci se rendra à l'Exposition de
Paris. La reine serait libre de fixer l'endroit ou l'en-
trevue aura lieu. Dans ce cas, le roi Alexandre irait
à Paris sans son père, que peut-être il y retrouve-
rait. Il sera accompagné par un des jcégents.
M. de Hengelmuller semble éprouver de nouveau
quelques difficultés dans ses relations avec les mi-
nistres il avait manifesté l'intention de se retirer,
mais le gouvernement austro-hongrois l'a engagé à
rester encore quelque temps à son poste.
Budapest, 10 mai, 10 h. 50.
Dans la discussion du chapitre des fonds secrets,
M. Paszmandy a fait hier, à la Chambre, des révéla-
tions curieuses sur certaines sources qui alimentent
ces fonds.
Différents personnages, désireux de se faire bien
venir du président du conseil, ont organisé des col-
lectes en faveur des fonds secrets et en ont remis
le produit, avec la liste des souscripteurs, à M. Tisza.
Des banquiers de Vienne ont également envoyé des
fonds au ehef du cabinet hongrois. Un de ces mem-
bres de la haute banque a expédié pour sa quote-
part 4,000 florins. Enfin, le représentant d'une ban-
que allemande a plusieurs fois remis des chèques à
M. Tisza.
M. Paszmandy critique vivement l'attitude du
gouvernement hongrois au sujet de l'Exposition
universelle. On a refusé tout concours et tout ap-
pui aux exposants hongrois et, de cette manière, on
a laissé faire un comité dont M. Paszmandy con-
teste l'existence légale, et qui a organisé une section
autrichienne à peu près insignifiante, au milieu
de laquelle sont dispersés quelques rares produits
hongrois.
Le comte Apponyi, à son tour, critique M. Tisza
et sa politique. Il conteste que la Hongrie ait fait
beaucoup de progrès sous son ministère, et que sa
position internationale ait beaucoup gagné. Les faits
signalés parM. Paszmandy, en ce qui concerne l'Ex-
position de Paris, sont une véritable humiliation
pour la Hongrie. Le gouvernement a manqué à tous
ses devoirs et ne saurait être assez sévèrement
blâmé.
M. Tisza ne conteste pas le fait des collectes et
envois de fonds signalés par M. Paszmandy.
Il s'agit de subsides accordés non aux fonds se-
crets, mais au parti gouvernemental libéral. Les
chèques du représentant de la banque allemande
dont on a parlé étaient destinés à subventionner
des élèves artistes, et ont été remis immédiatement
au ministre de l'instruction publique.
Quant à l'Exposition, M. Tisza déclare que, le gou-
vernement ayant décliné l'invitation officielle et
n'ayant pris aucune part à l'organisation de la sec-
tion austro-hongroise, il ne saurait être rendu res-
ponsable des erreurs ou des maladresses commises.
Les fonds secrets sont votés.
Budapest, 10 mai, 11 heures.
Environ soixante-dix députés, appartenant pour
la plupart à l'aristocratie libérale, ont offert un
banquet au nouveau ministre de la justice, M. Szi-
lagyi. Le toast principal a été porté par le comte
Stefan Karolyi, qui s'est distingué par son opposi-
tion à la loi militaire, et qui a fait ressortir le ca-
ractère intime et amical du banquet, hommage au
talent et au caractère du nouveau collaborateur de
M. Tisza.
Dans sa réponse, M. Szilagyi a rendu hommage
au rôle rempli, dans l'histoire de la Hongrie, par
l'aristocratie, qui, bien souvent, a été à la tête du
mouvement libéral. La Hongrie, a-t-il ajouté, n'a
jamais séparé l'ordre de la liberté, et vice ver sa.
Le commandant militaire du corps d'armée de
Budapest, le général Pejacevitch, qui a perdu un
bras à Sadowa, assistait au banquet, que des jour-
naux de l'opposition considèrent comme une mani-
festation destinée à marquer la position à part que
M. Szilagyi occupe dans le cabinet Tisza, où l'oppo-
sition affecte de le ménager seul.
Toulon, 10 mai.
Le paquebot le Comorin affrété par l'Etat prend
la mer aujourd'hui. II a à bord un plein chargement
de provisions diverses et de matériel destinés à
nos colonies de l'Extrême-Orient. Ses passagers
sont au nombre de 338, parmi lesquels 7 officiers
supérieurs et 71 officiers et assimilés. Prend égale-
ment passage sur le Comorin, M. Emile Deschamps,
envoyé par le ministre de l'intruction publique aux
îles Laquedives pour étudier la faune, la flore et le
climat de cet archipel peu connu.
Si la culotte ressemble à l'avant-main. (ne
rougissez pas, j'ai soixante ans) je ne plains
pas le propriétaire. » Le mari n'a pas compris
que cette délicate appréciation le touchait la
petite femme, plus fine, a rougi jusqu'aux oreil-
les.
C'est un palefrenier, que ce monsieur.
-Non, c'est un commandant. Agneau sans
tache au sortir de l'Ecole, il ne bêlait que des
choses édifiantes et choisies; maintenant, il a
vingt ans de services. Je passe vos histoires
perpétuelles et soporifiques de chevaux « épa-
tants », de dressage, d'entrainemement, que
sais-jel Je vous ai dit comment certains de
vos pareils parlaient des femmes; vous con-
naissez la façon dont ils parlent aux femmes.
On ferait vingt-cinq volumes avec les platitu-
des souvent gênantes qu'ils leur débitent. Que
l'une d'elles, une innocente, une mariée de la
veille, sans défiance, semble y prendre plaisir,
ces messieurs en font leur chose, ils l'assiègent,
l'entourent, lui racontent mille fadaises elle ne
peut plus s'en dépêtrer. Ils arrivent tout dou-
cement à la confondre avec la grosse Virginie
ou la vieille Olga, et lui proposent sans sourcil-
ler de venir souper après le théâtre. J'ajoute
qu'ils ne s'attaquent qu'aux malheureuses qui
ont épousé dessots et qu'ils respectentles ména-
ges militaires. A ces deux titres-là, vous n'avez
rien à craindre; mais les défauts que je viens
d'accuser n'en existent pas moins, et il suffit
d'un peu de bon sens pour les apercevoir. Les
Sauvain ne les ont pas vus et n'en parleront
pas. Reste la routine il n'est pas de mode à
Mauves que les petites filles épousent des offi-
ciers. Voilà l'écueil vous aurez peine à ne pas
vous y briser. Mais je veux bien vous aider,
parce que vous avez assez d'esprit pour ne pas
verser dans les travers de tout à l'heure, et
qu'Henriette vous aime. depuis lepremier jan-
vier.
Vous savez ça 1
Pensez-vous donc que je sois venue me
jeter à votre cou le jour du lunch, comme une
vieille folle, sans rime ni raison? La mignonne
travaille pour mon Refuge, et en m'apportant
chaque semaine des gilets de tricot, des bas,
des mouffles, elle agrémentait son cadeau de
réflexions obligeantes sur votre compte, si bien
que j'ai fini par lui faire tout dire. Depuis ma
soirée, elle vous voyait passer très souvent à
cheval vous étiez si gentil, et puis vous aviez
l'air si bon, si intelligent. Ne rougissez pas,
mon ami; j'énonce mais je ne juge point. Ma
foi, je n'aime guère les galons et les plumets;
j'en reçois parce que mon mari les adore,
Dieu merci, dans le nombre il y a encore des
plumets naïfs et juvéniles, des plumets conso-
lants qui na« Sont oublier l'outrecuidance de
Sous ce titre, les Cahiers de 1889, les jour-
naux conservateurs publient depuis quelque
temps des articles bien autrement intéres-
aants ey>lus utiles.au bien général que leurs
diatribes habituelles contre la République et
contre son gouvernement. La politique pure
et les passions qu'elle nourrit semblent en
être absentes. On nous raconte que des assem-
blées provinciales se réunissent sur les diffé-
rents points du territoire français, et que fidè-
les aux grands principes de réforme posés
en 1789, pour célébrer dignement, à leur
façon, ce glorieux centenaire, elles ne s'occu-
pent que d'étudier les besoins actuels de la
démocratie française, les réformes pratiques
qui pourraient venir en aide à l'agriculture, à
l'industrie et au travail national sous toutes
ses formes, et qu'elles dressent ainsi dans
toutes les provinces les nouveaux Cahiers de
1889 qui devront déterminer le sens et la
portée des prochaines élections législatives.
Si nous devons en croire un organe qui
doit être bien informé, le Soleil, ces assem-
blées dont on ne nous fait pas connaître d'ail-
leurs le mode de recrutement, ni par consé-
quent le degré d'autorité, sont composées
d'hommes sincèrement attachés aux princi-
es de 1789, principes que l'on énumère d'ail-
leurs avec complaisance ainsi qu'il suit la
fin de, l'absolutisme royal, par conséquent
aussi, nous le supposons du moins, la haine
de toute dictature militaire, l'intervention de
la nation, par ses représentants, dans le gou-
vernement, ce n'est donc pas la condam-
nation du parlementarisme,-le contrôle des
dépenses publiques, l'égalité devant la loi, la
liberté individuelle, la suppression des pri-
vilèges. A la bonne heure et voilà une pro-
fession de foi franchement libérale à laquelle
nous sommes heureux d'applaudir. Pourquoi
les conservateurs ne parlent-ils pas toujours
ainsi et ne se séparent-ils avec la même fran-
chise du parti de la contre-révolution, parti
qui n'est au fond qu'un parti révolutionnai-
re, puisqu'il n'aspire à rien moins qu'à dé-
truire et à changer les bases fondamentales
de la société moderne et à remettre la démo-
cratie sous la tutelle du sacerdoce et du pou-
voir personnel? Il est vrai que notre confrère
ajoute que ces principes sociaux de 1789 ne
sont pas incompatibles avec la monarchie et
même n'étaient pas, dans l'origine, dirigés
contre elle. Nous ne chicanerons point sur ce
sujet, qui ne serait jamais qu'un sujet de
discussion académique. Mais voudrait-on
soutenir qu'ils sont incompatibles avec une
République parlementaire? Les assemblées
provinciales dont on nous parle ne le sau-
raient faire; elles ne le font pas, en réalité,
puisqu'elles dressent les cahiers de 1889,
qu'elles espèrent voir réalisés parle suffrage
universel, et que, dans ces cahiers, elles ne
songent pas le moins du monde, parait-il, à
introduire comme premier article le rétablis-
sement de la monarchie.
Le Soleil, en veine de libéralisme et de bon
sens, nous dit expressément, en effet, que
« ces assemblées, s'inspirant des cahiers de
1789, recherchent et rechercheront encore
mieux à l'avenir, en dehors de tout esprit de
parti ce qui veut dire sans doute d'une fa-
çon tout objective et désintéressée-les justes
réformes que réclament l'agriculture, le com-
merce, l'industrie et les diverses profes-
sions ». Et, parmi ces réformes, il en signale
quelques-unes à l'attention de ses lecteurs
comme les questions qui intéressent la classe
ouvrière, durée du travail, taux des salaires,
participation, aux bénéfices, caisses d'assu-
rance contre la maladie ou la vieillesse, ins-
titution d'un large crédit agricole, revision
des tarifs de chemins de fer, etc., etc. A dire
vrai, tout cela nous parait être un excellent
programme d'études et de discussions, et si
les conservateurs dont parle le Soleil s'appli-
quent à résoudre toutes ces questions non
d'après des dogmes religieux, mais d'après
les principes rationnels de 1789, ils ne seront
pas seuls à travailler à cette grande œuvre
de politique pratique et féconde. A dire toute
la vérité, il nous semble que le parti répu-
blicain n'a pas attendu jusqu'à ce jour, ni
que les conservateurs lui donnent le signal,
pour s'occuper de ces questions du travail et
de ces intérêts de l'agriculture. Mais, enfin,
ils ne seront point jaloux; ils ne répudieront
pas la précieuse collaboration qu'on leur
promet, pourvu que cette collaboration soit
sincère, pourvu que la question de la forme
du gouvernement ne soit plus soulevée,
pourvu que les conservateurs dont parle le
Soleil agissent, dans cette campagne, suivant
l'esprit pratique qu'il leur prête et ne cher-
chent, selon sus propres expressions, qu'à
certains panaches. Enfin, passons 1. Celui
qui décore votre casque avait la mine intéres-
sante et franche, vous m'avez fait bonne im-
pression et vous avez tourné la tête de ma pe-
tite amie. Je l'ai bien confessée trois semaines
durant une fois, deux fois, trois fois. « C'est
lui que tu veux Oui, oui, oui. » Après tout,
je lui ai donné raison, ce n'est pas si enviable
d'épouser un bourgeois de Mauves, et voilà
comment, malgré le bon sens et la routine, je
suis devenue votre alliée.
Cependant, madame, qui dit « alliés » dit
association de puissances, et la mienne est
nulle.
Il est certain que, si vous étiez raffineur
vous gagneriez cent pour cent; mais, tel quel et
en dépit de la routine, vous pouvez réussir.
nous pouvons réussir.
Ah par exemple, après les perspectives
engageantes que vous m'avez fait entrevoir,
je ne m'imagine pas M. Sauvain déguisé en
beau-père de dragon.
Patience 1 patience Vous avez lu Beau-
marchais ? 7
J'ai lu la Précaut-ion inutile mais le beau-
père de mes rêves n'a pas l'encolure d'un Bar-
tolo.
Eh qui vous parle d'enlever Rosine Non,
non; rappelez-vous seulement comment che-
mine la calomnie.
Heu heu 1. Oui, attendez donc. « Un
bruit léger rasant le sol comme une hirondelle
avanj l'orage. »
Pour finir, à force de germer et de ram-
per, par un coup de tonnerre. C'est bien cela.
Sachez donc, mon ami, que de bonnes âmes cu-
rieuses ont déjà soigneusement remarqué vos
assiduités près d'Henriette; elles n'ont rien
perdu de vos promenades sous ses fenêtres, el-
les ont épié vos visites chez moi, et, sans grands
frais d'imagination, elles en ont tiré conséquen-
ce alors elles ont confié à deux ou trois chères
amies « que vous désiriez épouser Mlle Sau-
vain»; les chères amies, sous le sceau du secret,
ont murmuré à des oreilles complaisantes « que
vous épouseriez Mlle Sauvain » ces oreilles
complaisantes ont pour voisine une langue bien
pendue, la voisine a bavardé « Vous allez
épouser Mlle Sauvain; » le petit bruit s'est fait
rumeur « Votre mariage avec Mlle Sauvain
est décidé » et je gagerais qu'on a déjà félicité
votre beau-père.
Diable 1 mais je ne veux pas de ça j'aurais
l'air de m'y prêter 1
-Il est trop tard pour choisir l'air qui vous
plaît. Votre conscience ne vous reproche rien,
laissez faire le temps. Comme l'eau qui, goutte
à goutte, creuse. la pierre, l'idée de vous avoir
pour gendre fera brèche dans les préjugés de
« ouvrir largement les portes 'à l'initiative
privée, et à assurer pour toujours à la démo-
cratie française le self government ». Les ré-
publicains libéraux ne veulent pas autre
chose. Mais que vont dire Y Univers et les
journaux pour qui le libéralisme, sous toutes
ses formes, c'est l'ennemi?
Au lendemain de l'exode de M. Boulanger, M. Mi-
chelin s'est détaché, nos lecteurs s'en souviennent,
du parti dit national. Le député de la Seine a essayé
de dresser, à côté de l'église orthodoxe dont MM.
Rochefort et Naquet sont les grands-prêtres, une
petite chapelle schismatique depuis lors, il s'éver-
tue à l'agrandir, et le journal qui reçoit son inspi-
ration, l'Action, se livre à une active propagande.
^1 annonce pour le jeudi 16 mai une réunion pré-
paratoire à laquelle les comités revisionnistes dis-
sidents enverront chacun un délégué. L'ordre du
jour de cette réunion est significatif on doit y éla-
borer un programme revisionniste exclusivement
républicain et organiser la campagne électorale en
dehors de toute compromission réactionnaire. A ce
propos, l'Action reproduit, en caractères d'affiche,
l'appel déjà publié le 6 avril dernier la revision, y
est-il dit, doit faire triompher la cause de la répu-
blique démocratique IMPERSONNELLE. On voit qu'au-
cun doute n'est possible tout le mouvement est di-
rigé contre les revisionnistes qui acceptent pour
principe essentiel, et nous pourrions ajouter pour
unique principe, l'idolâtrie d'un homme. Cette
scission déclarée introduit un nouveau ferment
de désagrégation dans un corps dont la cohésion
nous a toujours paru plus qu'incertaine. Entretenir
la foi boulangiste chez des gens que séparent non
seulement les convictions anciennes, mais encore
les usages et les goûts, conduire aux urnes sous le
même drapeau cléricaux et socialistes, royalistes
et bonapartistes, c'était déjà une prétention qui
pouvait sembler téméraire. Voilà maintenant les
revisionnistes, dits républicains, coupés en deux
tronçons, ceux qui croient toujours au Messie et
ceux qui l'ont décidément renié. Ah on a bien le
droit, en vérité, de parler des divisions entre répu-
blicains et de vanter la concorde touchante et la
politique bien arrêtée des adversaires de la Consti-
tution Que sont donc, au regard de cette incohé-
rence absolue de sentiments et de doctrines, les
distinctions de nuances parmi les véritables répu-
blicains ? 2
Trois mutations importantes viennent d'avoir
lieu dans le personnel de l'administration co-
loniale M. Piquet quitte le gouvernement des
établissements français de l'Inde pour le gou-
vernement général de l'Indo-Chine; M. Hector,
qui, pendant trois ans, a représenté avec tant
de distinction la France à Hué, reprend posses-
sion de la résidence en Annam; enfin, M. Brière,
un de nos meilleurs agents, remplace à Hanoï
le commandant Parreau, résident supérieur au
Tonkin.
Les trois hauts fonctionnaires appelés à diri-
ger la politique française en Indo-Chine ont
passé leur vie en Extrême-Orient. Fait à no-
ter, tous trois étaient officiers quand ils sont
entrés dans la carrière administrative. M. Pi-
quet était officier de marine et a longtemps
cumulé son grade avec les fonctions de direc-
teur de l'intérieur en Cochinchine. Après quel-
ques années de séjour en France et sa mise en
retraite, M. de Freycinet lui a confié la mission
de pacifier le Cambodge et on sait avec quel
succès M. Piquet a réussi dans cette entre-
prise, malgré les difficultés de toute espèce
qu'il a euos à vaincre.
MM. Hector et Brière figurent encore sur
les cadres des troupes de l'armée de mer en
qualité de capitaines d'infanterie de marine.
Le nouveau gouverneur général et ses deux
principaux collaborateurs ont des idées très
nettes sur l'administration de nos possessions
indo-chinoises. Ils ne partagent en rien les
opinions des partisans de l'annexion du Ton-
kin et de l'Annam et croient qu'en ménageant
les susceptibilités de la cour de Hué, en la gui-
dant, en nous assurant le concours des Anna-
mites les plus influents, de ceux qui ont encore
tant d'action sur ces peuples disciplinés, nous
arriverons rapidement à la pacification com-
plète et à la mise en valeur des pays d'Extrême-
Orient q ui g ravitentmaintenantdans notre orbi-
te. Ils ont l'expérience de ce qui a été fait en Co-
chinchine et savent que ce n'est pas par des pro-
cédés violents, le fusil et la torche à la main,
qu'on arrive à l'apaisement et qu'on développe
la prospérité d'un grand pays. Ils savent aussi
qu'il est facile de s'assurer le concours des in-
digènes même contre les indigènes; enfin, au-
cun d'eux n'est partisan des gros effectifs eu-
ropéens. Ce qui vient de se passer dans le Bac-
Ninh prouve qu'ils ont raison cette pro-
vince était à feu et à sang; nos colonnes la sil-
lonnaient en tous sens, impuissantes à atteindre
les bandes qui l'occupaient et la mettaient en
coupe réglée. Dès qu'un fusil français appa-
raissait, il était signalé dans toutes les di-
rections les rebelles déguerpissaient, les vil-
lages étaient évacués; le vide se faisait autour
de nous. M. Parreau jugea qu'il était temps de
rompre avec le système des colonnes; de con-
cert avec l'autorité annamite, il organisa une
grande battue, opposant à la rébellion des indi-
M. Sauvain. D'abord il la repoussera: elle ne
tardera pas à revenir, car tous les jours dix
personnes bien informées se chargeront de la
lui remémorer; il pestera, il sacrera, mais
il en aura du matin au soir les oreilles
rebattues par les nouvellistes en quête de pri-
meurs finalement il la discutera tout seul, et
discuter c'est déjà admettre. Sous conditions,
mais c'est admettre. Puis avec la tendance bien
naturelle de l'esprit humain à se débarrasser
dé ce qui le gêne, il voudra se défaire de cette
obsession. Comment s'y prendre! Proposer à
Henriette un autre mari que vous? 11 essayera
peut-être, mais pas deux fois: sa première ten-
tative le dégoûtera pour jamais des larmes,
des bouderies et des mines longues, il n'osera
plus s'y frotter. Vous accepter alors? Car c'est
un dilemme. A ce moment, pour avoir la paix,
il se plaidera à lui-même votre cause et mettra
autant de bonne volonté à se convaincre qu'il
met aujourd'hui d'entêtement à vous repous-
ser. Sa conviction faite il soupirera d'aise et, à
la première occasion, impossible à prévoir,
après s'être débattu, il cédera tout d'un coup.
Dieu vous entende, madame! Et que dois-
je faire maintenant?
Rien, attendre.
-Attendre longtemps?
Oh 1 pas dix ans, trois ou quatre mois. Les
Sauvain vont partir pour la campagne; tout près
d'ici, au Grand-Chevilly, une demi-heure par le
bateau. Henriette et sa mère n'en bougeront pas.
Le papas vient à ses affaires tous les jours
il arrive à une heure et repart à six. Or, de
une heure à six heures, il entendra parler au
moins quatre fois du mariage de sa fille avec
vous. C'est la dose nécessaire et suffisante pour
l'entretenir en haleine. Le soir, il fumera son
cigare tout seul dans le jardin; la fermentation
s'opérera. La nuit, il rêvera de votre casque; il
le verra surmonté d'un bouquet de fleurs d'o-
ranger en guise de plumet. Le matin, il sera
nerveux et se coupera en faisant sa barbe. A ce
régime, je compte qu'il tiendra jusqu'aux pre-
miers jours d'octobre. Vers cette époque, il
aura essayé sans succès de tous les moyens
curatifs et la détente se produira. Je vous ferai
signe. D'ici là, laissez-le cuver sa mauvaise
humeur, laissez Henriette faire la veillée des
armes elle n'a pas trop de trois mois pour con-
quérir définitivement sa mère, qui ne demande
pas mieux que d'être conquise, et pour anéan-
tir les défenses de l'adversaire en attendant le
simulacre d'assaut. Quant à vous, mon protégé,
vivez d'espérance, allez vous promener à Bris-
sac et dites-moi adieu. Vous ne me reverrez
aussi qu'à l'automne nous nous installons l'
après-demain à Malbec. J'inviterai les Sauvain
cinq ou six fois pendant la saison, je surveil-
gènes, gardes civiques et miliciens. En un
mois, la province était nettoyée; les chefs des
bandes les plus importantes faisaient leur sou.
mission et demandaient à entrer à notre
service. Les concessions qu'on leur a faites
ont été l'objet au Tonkin des critiques les plus
vives on estimait que le résident supérieur
avait dépassé la mesure, on rappelait le nom-
bre des victimes tombées sous les coups des
rebelles, etc., etc. Mais ne peut-on affirmer
que, si l'autorité française avait refusé de trai-
ter avec les chefs des rebelles, on l'eût accablés
de critiques plus ardentes encore et, ce qui le dé-
montre, c'est cette polémique rétrospective dont
nous avons parlé à propos des pourparlers en-
tamés, il y a deux ans, avec les Chinois que le
général Borgnis-Desbordes a délogés de Cho-
Moi et de Cho-Chu, au prix de durs sacrifices,
aux mois de janvier et de février derniers. Mais
quelque ligne de conduite qu'on applique pour
terminer la pacification du Tonkin, on ne peut
espérer trouver grâce, même si l'on réussit
complètement, auprès des partisans des autres
systèmes. Les annexionistes ne veulent pas ad-
mettre un instant le concours des autorités in-
digènes le parti militaire voit d'un très mau-
vais œil toute opération de guerre qu'il ne
dirige pas lui-même. Les difficultés qu'il ne
peut vaincre ne l'émeuvent pas et il joint sa
voix à celle des annexionistes pour ravaler les
services que nous rendent les mandarins dé-
voués à notre cause et pour prédire que les
succès qu'ils viennent de remporter ne sont qua
les préliminaires d'une insurrection formida-
ble fomentée par ceux mêmes dont nous avons
accepté la soumission. Il y aura toujours des
prophètes de malheur.
Mais ce qui importe aujourd'hui, c'est que
les trois hauts fonctionnaires auxquels le gou-
vernement vient de confier l'administration de
l'Indo-Chine française soient entièrement dé-
voués à la politique sage et féconde qui a été
défendue avec tant d'éloquence par M. Cons-
tans toutes les fois que, depuis son retour de
Chine, la question indo-chinoise a été discutée
à la Chambre des députés. Et c'est, somma
toute, cette politique qui triomphe actuelle-
ment après bien des hésitations, elle a été ap-
pliquée au Tonkin et a donné d'excellents ré-
sultats, car, si l'on critique les procédés, il n'y
a personne qui ne convienne que la situation
dans les pays de protectorat s'est singulière-
ment améliorée depuis quelques mois.
En même temps que ces mutations ont lieu
dans le haut personnel de l'Indo-Chine, des
modifications importantes sont apportées à
l'organisation elle-même de l'administration.
Nous avons toujours demandé l'autonomie des
diverses parties de notre empire d'Extrême-
Orient un décret contresigné par le ministre
du commerce et des colonies et par le ministre
des affaires étrangères nous donne sur ce point
complète satisfaction. Au sommet de la hié-
rarchie est placé le gouverneur général, le re-
présentant de la France en Indo-Chine; au-
dessous de lui trois résidents supérieurs indé-
pendants les uns des autres et ayant leurs ré-
sidences à Hanoï, Hué et Pnom-Penh. On rompt
ainsi avec le système qui mettait le résident
supérieur du Tonkin sous les ordres du rési-
dent général à Hué, lequel avait un pouvoir
qu'il ne pouvait exercer et une responsabilité
illusoire sur les affaires duTonkin. Le système
qu'on inaugure est simple et logique; il évitera
bien des tiraillements et des difficultés.
-4».
DÉBOIRES DE STATUAIRES
Il n'y a plus guère de métiers détestés des mères
ni même des beaux-pères; tout dépend de la fa-
çon d'en tirer parti. Il y a longtemps déjà que celui
d'auteur dramatique a bon renom, grâce à la for-
tune que fit Scribe et à la sage façon dont il l'ad-
ministra. Le romancier n'est pas dédaigné sans
examen, depuis que le public a été mis au courant
des tirages à cent mille et quelques; ce n'est pas la
lot de tout le monde, mais il ne s'agit que de con-
trôler le chiffre d'affaires. Le peintro a longtemps
passé pour le plus irrémédiable des meurt-de-faim
mais il n'y a pas longtemps que l'opinion avait tout à
fait changé l'hôtel exquis, dans l'avenue de Vil-
liers semblait l'attribut, venu ou à venir, mais im-
manquable de sa profession, et la banque rêvait
son alliance des mécomptes ont modéré l'enthou-
siasme, mais comme, en somme, ils ne sont pas tou-
jours venus du même côté, l'impression moyenne n'est
pas restée trop défavorable. La musique est chan-
ceuse il y a des prix de Rome qui ne cessent de
courir le cachet; mais, là encore, pourvu qu'au prix
d'un peu de souplesse, on parvienne à aborder le
théâtre, il y a des profits à espérer. Une terri-
ble vocation, il faut l'avouer, c'est colle de la sta-
tuaire décorative. A chaque instant, de nouveaux
incidents viennent lo rappeler au public qui reste
trop volontiers inattentif.
Il ne faut parler que pour mémoire des variations
politiques dont l'effet a été de priver les artistes
des suffrages d'une postérité reculée sur laquelle ils
comptaient. Les idoles sur lesquelles s'exerçait 16
zèle nouveau de Polyeucte étaient peut-être de fort
belles productions de l'art antique on a cassé la tête
dans les guerres de religion à des statues de pierre
dont la perte est irréparable pour les amateurs de la
sculpture du moyen âge parmi les vieux rois et
notamment les Louis XIV et les Louis XV qui ont
lerai les progrès de l'assiégeant et je paraly-
serai les sorties de l'assiégé.
En dépit des promesses de Mme Le Febvre,
la perspective de ce long isolement attristait
Pierre. Depuis sa conversation avec Saint-Syl-
vain, un jour de pluie, il ne parlait plus à son
ami de ses projets, et l'ami gardait un silence
discret sans que rien lui échappât, cependant,
des préoccupations de Pierre. Il suivait en
amateur les phases de la campagne matrimo-
niale, et, après avoir dit ce que lui dictait sa
conscience, il laissait courir les événements,
prêt à tout, même à devenir garçon d'honneur.
Pierre retourna rue Danglars; le temps était'
passé des hésitations qui lui faisaient arpenter
les quais pour la plus grande joie des prome-
neurs dominicaux. Il entra dans la chambre
de Saint-Sylvain et sans préambule
Les travaux de sape et de mine sont com-
mencés dans trois mois j'aurai enlevé la posi-
tion.
Prends garde aux camouflets I
Oiseau de malheur I le corps de place se
rendra sans combattre, c'est l'avis des ingé-
nieurs les plus experts.
Oh là là si tu as le génie avec toi, tu y
seras encore l'an prochain.
-Le génie, oui, je l'ai, mais pas le génie
malfaisant; non, rien de Cohorn ou de Cormon-
taigne un bon génie, tout simplement, qui se
charge de noyer les poudres de l'ennemi et de
lui faire ouvrir ses portes après un délai hono-
rable de résistance.
AU rightl. ce qui est fait est bien fait. Je
t'ai servi mon speech de vieil ami maintenant,
qu'il n'en soit plus question 1 Tout à la joie I.
Je te retiens le premier petit Savarèze pour la
première petite Saint-Sylvain. Qu'est-ce que tu
vas devenir en attendant la capitulation? 2
Je ne sais trop. Peut-être irai-je à Brissac,
si tu veux m'y accompagner. Nous passerons
trente jours bien tranauilles à examiner mes
vignes en dressant des plans de bataille contre
le phylloxera; nous conférerons avec mon ar»
chitecte, car la vieille maison a fort besoin d'ê-
tre retapée.
Et nous composerons une manière d'épi-
thalame que les petites filles du cru chanteront
en chœur le jour de l'arrivée de Mme Savarèze;
nous piocherons des épures d'arcs de triompha
ornés d'écriteaux
Acceptez, en ce beau jour,
L'hommage de notre amour t
Hein qu'en penses-tu ?
Je pense que tu es plus fort que M. Al*'
phand et qu'il est temps d'aller dîner.
HENRI ALLAIS.
(A suivre.} l
VINGT-NEUVIEME ANNÉE. N" 10232.
SAMEDI il MAI 1889.
PRIX DE L'ABONNEMENT
•pAWS.r. Trois mois, 14fr.; Siimois, 38fr.; Un sa, 56 ff.
DÈPts £ ALSACE-LORRAÏNB l'7fr.; 34 fr.; 68 tr.
MM POSTALE. lSfr.; 36 fr.; 72tr.
LES ABOMSEMENTS DATENT DES 1er ET 16 DE CHAQUE MOIS
%Jtl xitiinéro <à Paris) la centimes!.
Directeur politique Adrien Hébrard
La rédaction ne répond pas des articles communiqués
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
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1 PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS Trois mois, 1 4.îr. Sii mois, 28 fr. Un an, 56 fr.1
DEPbfrALSACE-LORRAlNB 17fr.; 34fr.; 6Sfr.
UHIOK POSTALE lSfr.; 36 fr.; 72h
LES ABONNEMENTS DATENT DES 1er ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) 20 centimes*3
ANNONCES MM. LAGRANGE, CERF ET Ce, 8, place de la Bourse
(Droit d'insertion réservé à la rédaction.)
BUREAUX 5, boulevard des Italiens, PARIS
Adresse ttlégraphique TEMPS PARIS
PARIS, 10 MAI
bulletinIdu JOUR
La Chambre des lords d'Angleterre vient
de rendre une tois de plus son vote annuel
contre le projet de loi, adopté avec une per-
sévérance égale par la Chambre des com-
munes, qui autorise un veuf à se remarier
avec sa belle-sœur, c'est-à-dire avec la sœur
de la femme qu'il a perdue.
On ne sait trop pourquoi le parti réaction-
naire et particulièrement le banc des évêques
dans la haute assemblée s'est butté à voir
un sacrilège dans une réforme qui n'est con-
traire à aucun des principes de la loi divine
ou humaine. L'origine de cette prohibition
est trop récente et trop peu honorable pour
au'il soit possible de lui donner l'auréole
'une prescription sacrée de la conscience.
Jusqu'à il y a un demi-siècle, la loi an-
glaise établissait qu'au cas où un mariage de
ce genre serait accompli il demeurerait va-
!able, à moins d'une décision judiciaire con-
traire. Or, comme cette sorte d'unions se pra-
tiquait surtout dans la classe ouvrière où un
veuf songe naturellement à appeler la sœur
de la compagne qu'il a perdue à présider à
l'éducation de ses enfants, il se trouvait fort
peu de gens pour encourir gratuitement les
frais énormes d'une action en nullité.
Il se trouva qu'un duc anglais était le fils
d'un mariage de ce genre et qu'au moment
de recueillir l'immense succession de son
père il fut menacé de voir prononcer illégale
sa naissance par un procès rétrospectif. On
fit voter au Parlement un acte légitimant ce
grand personnage. Les évêques, le docteur
Philpots, évêque d'Exeter en tête, ne con-
sentirent à laisser passer cette loi qu'à la
condition 'qu'à^. côté.. de l'article en faveur
du duc on y insérât un article décla-
rant à l'avenir nuls et non avenus ces ma-
riages.
Ce qui fait que la petite bourgeoisie et la
classe ouvrière payent depuis lors par l'in-
terdiction d'unions qui étaient fréquentes
chez elles la légitimation ex post facto d'un
grand seigneur privilégié!
Cet état de choses blesse le sentiment pu-
blic. La famille royale, qui, à un moment
donné, visait, à ce que l'on dit, à faire épou-
ser la princesse Béatrix, depuis mariée au
prince de Battenberg, au grand-duc de Hesse,
veuf de sa sœur la princesse Alice, a tou-
jours soutenu de ses votes à la Chambre
des lords cette réforme.
Les évêques persistent, bien que n'ayant à
invoquer qu'un texte mal compris de la lé-
gislation mosaïque qui, s'il était même appli-
cable à l'Angleterre moderne, n'interdit que
le mariage simultané avec deux sœurs.
La grande grève annoncée pour ce prin-
temps dans l'empire d'Allemagne a éclaté
en Westphalie parmi les mineurs de cette
région fertile en charbonnages, et elle s'est
étendue si rapidement qu'elle comprenait
hier 50,000 ouvriers, c'est-à-dire plus de la
moitié de ceux qui sont employés au fond
dans le bassin houiller (Oberbergamtsbezirk)
de Dortmund et qu'elle en comprend au-
jourd'hui 71,000. La grande majorité des
fosses sont atteintes par ces cessations de
travail.
Déjà l'industrie locale souffre de la sus-
pension soudaine de la production du char-
bon, en attendant les importations du dehors.
Le prix du wagon de houille de 10,000 kilos
est monté de 110 à 130 et parfois même 140
et 150 marcs (de 137 fr. 50 à 187 fr. 50) dans
la région. Les hauts-fourneaux s'éteignent et
les usines Krupp à Essen se voient forcées
de suspendre 1 exécution de commandes im-
portantes et d'employer'provisoirement leurs
équipes à d'autres travaux.
Dans la presse officieuse, on mot en avant
deux versions pour expliquer cette grève. La
première en attribue la responsabilité aux
démocrates socialistes et prétend que des in-
fluences internationales ne seraient pas étran-
gères au mouvement et que de grosses som-
mes venues du dehors auraient été répandues
sur les lieux. La seconde accuse nettement
le parti ultramontain, très puissant dans cette
contrée, d'être l'auteur de l'agitation.
On cite à ce propos un article que le dé-
puté du centre catholique Stœtzel, qui repré-
sente Essen, a publié le 20 octobre dernier
dans son journal, u V Ami du Peuple rhénan-
westphalien, sous le titre de « La situation
des mineurs ». Dans ce travail, il était dit
que le salaire moyen des mineurs de ce
Revier ou bassin minier flottait entre 60 et (
FEUILLETON OU «XEÏMUPS»
DU 11 MAI 1889 [8]
UN CASQUE
VII
Pierre, après avoir donné à ses sourcils le
temps de repousser, après s'être refait le teint
à force de cold-cream et d'eau lénitive, était re-
tourné chez Mme Le Febvre. Elle lui apprit le
succès. relatif de ses démarches. Le jour
même de l'incendie, ayant tenu Mme Sauvain
pendant deux grandes heures sur la sellette,
elle n'avait pu obtenir que des réponses va-
gues
Nous verrons. nous verrons. Ma fille
est encore bien jeune.
Enfin ce n'était pas un refus positif. La for-
tune rondelette de Pierre avait produit bon ef-
fet. Certes, il était intelligent, distingué, hom-
me du monde, mais officier 1 Le fait sghï de
l'accepter pour gendre eût mis à néant la répu-
tation séculaire de sagesse que possédait la
maison Sauvain sur la place de Mauves.
Quand donc avait-on jamais vu une Mau-
voise épouser .un militaire? Cette hypothèse
audacieuse eût suffi à révolutionner la ville.
Fini alors le crédit de M. Sauvain: un pareil
mariage démontrerait suffisamment qu'il n'a-
vait pas de dot à donner; finie sa réputation
d'habileté: il se laissait prendre à des pana-
ches, à des galons; fini son rôle prépondérant
au conseil général sa modération devenait de
l'hypocrisie; il s'alliait à un ennemi du gouver-
nement, la cavalerie n'étant composée que d'élè-
ves des Jésuites liés par des serments terribles;
finies les relations de Mme Sauvain: la société
tout entière lui demanderait compte de son
ingratitude. Serait-ce donc en vain que des
mères prévoyantes auraient couvé ces délicieux
aspirants notaires, ces avocats enchanteurs,
ces avoués adorables, ces apprentis raffineurs,
ces commerçants, ces industriels en herbe, ces
vicomtes et ces barons?. C'était léser des
droits sacrés que de soustraire sa fllle à tant de
Reproduction interdite.
70 marcs par mois, soit 720 à 840 marcs
par an (de 900 francs à 1,050 francs).
Or, les statistiques officielles donnent
pour l'année 1887 la moyenne nette de sa-
laire annuel de 886 marcs (soit 1,107 fr. 50)
dans le bassin de Dortmund, contre 857
marcs (soit 1,071 fr. 25) dans le Bregrevier,
de Saarbrùck », 695 marcs (soit 868 fr. 75),
dans celui de Halle et 537 marcs (soit 671
francs 25) dans la Haute-Silésie. En outre,
les salaires auraient encore reçu un accrois-
sement notable en 1888.
Il n'en est pas moins certain que les mi-
neurs réclament deux choses en premier
lieu, une augmentation de salaires de 15 0/0,
soit, pour nous servir du chiffre officiel ci-
dessus cité, pour 886 marcs, de 132 marcs 90,
portant leur revenu moyen de 1,107 fr. 50
à 1,273 fr. 62, ou si l'on adopte le chiffre de
M. Stœtzel, élevant le minimum de 720 marcs
(ou 900 fr.) à 828 marcs (ou 1,035 fr.) et le
maximum de 840 marcs (ou 1,050 fr.) à 966
marcs (ou 1,207 fr. 50).
En second lieu, ils désirent voir raccour-
cir la journée de travail, qu'ils voudraient
voir fixer à huit ou même à sept heures, et
cela tant en vue de diminuer la surproduc-
tion que de favoriser directement l'ouvrier.
Sur ce dernier point les compagnies ne pa-
raissent nullement disposées à céder.
Quant à l'élévation des salaires, elles op-
posent bien une fin de non-recevoir tirée'de
leur résolution de ne pas s'incliner devant
une grève qui a violé les contrats en faisant
cesser le travail sans délai préalable d'aver-
tissement, mais on croit savoir qu'elles con-
sentiraient volontiers à un accommodement.
Le Courrier de la Boiwse, de Berlin, dit que le
prix du charbon sur le carreau de la mine a
haussé de 12 marcs (15 francs) par Doppella-
der (double charge ou 20,000 kilos) depuis le
commencement de l'année. Or une élévation
dos salaires de 15 0/0, telle que la réclament
les mineurs, ne prélèverait que 2 marcs
(2 fr. 50) sur chaque double charge. Il reste-
rait donc, depuis janvier 1889, un bénéfice
net de 10 marcs (12 fr. 50) par Doppellader, et
chacun sait, d'après l'organe financier, que
le maximum du relèvement des prix de la
houille n'est pas encore atteint.
Dans ces conditions, il parait difficile de
résister à la justice des prétentions des mi-
neurs westphaliens. Ceux-ci rappellent que,
lorsque le prix du charbon a baissé, ils ont
dû « sacrifier une partie de leur salaire sur
l'autel du capitalisme ». On leur persuadera
difficilement qu'il soit équitable de les priver
de toute part de profit dans un relèvement
des prix.
En attendant, il est permis d'espérer que
le déploiement de forces militaires impo-
santes, auquel l'autorité a eu recours, n'en-
traînera pas de plus graves conflits et n'enve-
nimera pas une dispute qui parait de nature
à pouvoir recevoir }?ar transaction une solu-
tion satisfaisante pour les deux parties.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Temps
Berlin, 10 mai, 8 h. 40.
Le ministère d'Etat a tenu hier, au courant de la
séance du Reichstag, un conseil sous la présidence
de M. de Bismarck. On y a examiné la question des
grèves de Westphalie.
Dans les centres de la grève, la situation parait
se compliquer par suite de l'animosité entre les ou-
vriers des mines et les ouvriers des usines. Ces
derniers accusent les mineurs grévistes d'être cause
de la fermeture d'un grand nombre d'ateliers, et il
faut, à ce que l'on prétend en haut lieu, que la trou-
pe veille pour éviter les collisions sanglantes.
Au cours du conseil des ministres, on a appelé
dans la salle des délibérations plusieurs grands in-
dustriels, membres du Reichstag, pour leur de-
mander des éclaircissements sur la situation.
La grève s'étend sans troubles, mais sûrement.
On signale à Witten et à Dortmund l'accession au
mouvement des mineurs d'un certain nombre de
fosses.
Par suite, plusieurs fabriques éteignent leurs
fourneaux pour quelques jours, en attendant l'arri-
vée des charbons belges et anglais qu'elles ont
commandés.
Des troupes sont parties de Dusseldorf pour Bo-
chum et autres points du district houiller.
Le consul Knappe, rappelé de Samoa, est arrivé
à Sydney à bord d'un steamer allemand. Son suc-
cesseur, M. Stubiel, se trouve déjà à Apia.
Berlin, 10 mai, 11 h. 45.
Les Politische Nachrichten constatent les consé-
quences déplorables de la grève. Les chemins de
fer commencent déjà à restreindre la circulation
sur certaines lignes afin d'économiser le charbon.
Le journal précité exhorte les ouvriers à rester
dans les limites de la légalité et conseille en
même temps aux administrations des charbon-
légitimes espérances. N'avait-elle pas de quoi
choisir parmi ces enfants du pays? Quel vent
soufflait donc dans ses cheveux gris?. Un mi-
litaire 1 on lui ferait payer ce dédain de tous
les usages aussi ne pouvait-elle se décider à
rompre insolemment avec des traditions quasi
religieuses.
Pierre, le front baissé, écoutait toutes ces
excellentes raisons que la protectrice alignait
d'un ton ironique.
Allons, dit-il, j'avais rêvé, je m'éveille en
face d'une coalition de notaires vengeurs, de
raffineurs indignés. Je ne me sens pas de force
à combattre, et la baguette même des fées per-
drait son pouvoir surnaturel près de gens aussi
positifs adieu donc, rêve rose qui m'as char-
mé, tu t'associeras bientôt à la réalité de quel-
que bonnet de coton bourgeois, et tu flotteras,
léger, dans l'atmosphère empuantie des testa-
ments ou des assignations.
Silence, mon ami, vous devenez poète. Il
ne manquait plus que cela pour vous perdre
sans ressources. Ecoutez-moi plutôt vous avez
un ennemi déclaré la routine. Vous en au-
riez bien un autre, mais il n'habite pas sou-
vent chez les Sauvains c'est le bon sens.
-J'ai la Charité pour amie.
Soyez poli, mon protégé. Je dis que, si les
Sauvain étaient doués de bon sens, votre can-
didature ne se soutiendrait pas.
Très bien 1 voici la Charité qui me tourne
le dos.
Non, votre candidature ne se soutiendrait
pas, parce que, à moins de miracle, la jeune fille
qui épouse un militaire est condamnée à une
foule d'ennuis que vous savez aussi bien que
moi, et dont le moindre consiste à fréquenter
des gens insupportables.
Merci pour nous (
Ah I ça, prenez-vous tous les dragons pour
des Saint-Sylvain ou des Savarèze?. Ne rou-
gissez pas, le compliment est maigre. Ces deux-
là, parce qu'ils ont un peu plus de monde que
les autres, ne sont pas encore sans repro-
ches. Vous comprenez, mon ami, qu'il n'a
pas neigé soixante hivers sur mes che-
veux sans que j'aie acquis une certaine
pénétration. Des gens insupportables, vous
dis-je 1 D'abord beaucoup de vos camarades
sont poseurs; ils saluent vous aussi, du
reste comme des mannequins plusieurs ont
la détestable habitude de s'exprimer tout haut
sur le compte des femmes comme s'il s'agissait
d'un cheval. Ils ignorent qu'au beau temps on
savait faire soixante lieues sans quitter la selle
et tourner un madrigal au débotté. N'ai-je pas
entendu, l'autre année, un monsieur de je ne
sais quoi, très marquis et très à la mode, s'é-
crier en plein salon « En voilà une ponette J
nages de donner à la grève une solution favo-
rable le plus tôt possible en haussant les sa-
laires.
Les mineurs grévistes sont sur le point d'en-
voyer une députation à l'empereur Guillaume.
Lu tj^ève comprend actuellement 70,000, .mjnfiJirs,.
soit les trois quarts de tous les mineurs du bassin
de Dortmund.
Vienne, 10 mai, 9 h. 15.
L'agitation contre la réunion, à Vienne, du con-
grès annuel des négociants en grains, gagne de
l'extension dans toutes les parties commerçantes de
l'empire. Dans le monde gouvernemental, on ne se
dissimule pas, toutefois, que le déplacement de ce
grand marché, où s'échangent les prévisions sur la
récolte de l'année et où se fixent les cours moyens,
serait un désastre commercial pour l'empire.
Bucarest, 10 mai, 9 heures.
Le bruit court que le roi aurait l'intention de de-
mander pour le prince Ferdinand un apanage d'un
demi-million, que le ministère, surtout M. Catargi,
y serait opposé, et qu'en tout cas la Chambre rejet-
terait la proposition à une grande majorité.
Belgrade, 10 mai, 9 h. 50.
Il paraît constant que la régence a fait à la reine
Nathalie la proposition d'avoir une entrevue avec
son fils, lorsque celui-ci se rendra à l'Exposition de
Paris. La reine serait libre de fixer l'endroit ou l'en-
trevue aura lieu. Dans ce cas, le roi Alexandre irait
à Paris sans son père, que peut-être il y retrouve-
rait. Il sera accompagné par un des jcégents.
M. de Hengelmuller semble éprouver de nouveau
quelques difficultés dans ses relations avec les mi-
nistres il avait manifesté l'intention de se retirer,
mais le gouvernement austro-hongrois l'a engagé à
rester encore quelque temps à son poste.
Budapest, 10 mai, 10 h. 50.
Dans la discussion du chapitre des fonds secrets,
M. Paszmandy a fait hier, à la Chambre, des révéla-
tions curieuses sur certaines sources qui alimentent
ces fonds.
Différents personnages, désireux de se faire bien
venir du président du conseil, ont organisé des col-
lectes en faveur des fonds secrets et en ont remis
le produit, avec la liste des souscripteurs, à M. Tisza.
Des banquiers de Vienne ont également envoyé des
fonds au ehef du cabinet hongrois. Un de ces mem-
bres de la haute banque a expédié pour sa quote-
part 4,000 florins. Enfin, le représentant d'une ban-
que allemande a plusieurs fois remis des chèques à
M. Tisza.
M. Paszmandy critique vivement l'attitude du
gouvernement hongrois au sujet de l'Exposition
universelle. On a refusé tout concours et tout ap-
pui aux exposants hongrois et, de cette manière, on
a laissé faire un comité dont M. Paszmandy con-
teste l'existence légale, et qui a organisé une section
autrichienne à peu près insignifiante, au milieu
de laquelle sont dispersés quelques rares produits
hongrois.
Le comte Apponyi, à son tour, critique M. Tisza
et sa politique. Il conteste que la Hongrie ait fait
beaucoup de progrès sous son ministère, et que sa
position internationale ait beaucoup gagné. Les faits
signalés parM. Paszmandy, en ce qui concerne l'Ex-
position de Paris, sont une véritable humiliation
pour la Hongrie. Le gouvernement a manqué à tous
ses devoirs et ne saurait être assez sévèrement
blâmé.
M. Tisza ne conteste pas le fait des collectes et
envois de fonds signalés par M. Paszmandy.
Il s'agit de subsides accordés non aux fonds se-
crets, mais au parti gouvernemental libéral. Les
chèques du représentant de la banque allemande
dont on a parlé étaient destinés à subventionner
des élèves artistes, et ont été remis immédiatement
au ministre de l'instruction publique.
Quant à l'Exposition, M. Tisza déclare que, le gou-
vernement ayant décliné l'invitation officielle et
n'ayant pris aucune part à l'organisation de la sec-
tion austro-hongroise, il ne saurait être rendu res-
ponsable des erreurs ou des maladresses commises.
Les fonds secrets sont votés.
Budapest, 10 mai, 11 heures.
Environ soixante-dix députés, appartenant pour
la plupart à l'aristocratie libérale, ont offert un
banquet au nouveau ministre de la justice, M. Szi-
lagyi. Le toast principal a été porté par le comte
Stefan Karolyi, qui s'est distingué par son opposi-
tion à la loi militaire, et qui a fait ressortir le ca-
ractère intime et amical du banquet, hommage au
talent et au caractère du nouveau collaborateur de
M. Tisza.
Dans sa réponse, M. Szilagyi a rendu hommage
au rôle rempli, dans l'histoire de la Hongrie, par
l'aristocratie, qui, bien souvent, a été à la tête du
mouvement libéral. La Hongrie, a-t-il ajouté, n'a
jamais séparé l'ordre de la liberté, et vice ver sa.
Le commandant militaire du corps d'armée de
Budapest, le général Pejacevitch, qui a perdu un
bras à Sadowa, assistait au banquet, que des jour-
naux de l'opposition considèrent comme une mani-
festation destinée à marquer la position à part que
M. Szilagyi occupe dans le cabinet Tisza, où l'oppo-
sition affecte de le ménager seul.
Toulon, 10 mai.
Le paquebot le Comorin affrété par l'Etat prend
la mer aujourd'hui. II a à bord un plein chargement
de provisions diverses et de matériel destinés à
nos colonies de l'Extrême-Orient. Ses passagers
sont au nombre de 338, parmi lesquels 7 officiers
supérieurs et 71 officiers et assimilés. Prend égale-
ment passage sur le Comorin, M. Emile Deschamps,
envoyé par le ministre de l'intruction publique aux
îles Laquedives pour étudier la faune, la flore et le
climat de cet archipel peu connu.
Si la culotte ressemble à l'avant-main. (ne
rougissez pas, j'ai soixante ans) je ne plains
pas le propriétaire. » Le mari n'a pas compris
que cette délicate appréciation le touchait la
petite femme, plus fine, a rougi jusqu'aux oreil-
les.
C'est un palefrenier, que ce monsieur.
-Non, c'est un commandant. Agneau sans
tache au sortir de l'Ecole, il ne bêlait que des
choses édifiantes et choisies; maintenant, il a
vingt ans de services. Je passe vos histoires
perpétuelles et soporifiques de chevaux « épa-
tants », de dressage, d'entrainemement, que
sais-jel Je vous ai dit comment certains de
vos pareils parlaient des femmes; vous con-
naissez la façon dont ils parlent aux femmes.
On ferait vingt-cinq volumes avec les platitu-
des souvent gênantes qu'ils leur débitent. Que
l'une d'elles, une innocente, une mariée de la
veille, sans défiance, semble y prendre plaisir,
ces messieurs en font leur chose, ils l'assiègent,
l'entourent, lui racontent mille fadaises elle ne
peut plus s'en dépêtrer. Ils arrivent tout dou-
cement à la confondre avec la grosse Virginie
ou la vieille Olga, et lui proposent sans sourcil-
ler de venir souper après le théâtre. J'ajoute
qu'ils ne s'attaquent qu'aux malheureuses qui
ont épousé dessots et qu'ils respectentles ména-
ges militaires. A ces deux titres-là, vous n'avez
rien à craindre; mais les défauts que je viens
d'accuser n'en existent pas moins, et il suffit
d'un peu de bon sens pour les apercevoir. Les
Sauvain ne les ont pas vus et n'en parleront
pas. Reste la routine il n'est pas de mode à
Mauves que les petites filles épousent des offi-
ciers. Voilà l'écueil vous aurez peine à ne pas
vous y briser. Mais je veux bien vous aider,
parce que vous avez assez d'esprit pour ne pas
verser dans les travers de tout à l'heure, et
qu'Henriette vous aime. depuis lepremier jan-
vier.
Vous savez ça 1
Pensez-vous donc que je sois venue me
jeter à votre cou le jour du lunch, comme une
vieille folle, sans rime ni raison? La mignonne
travaille pour mon Refuge, et en m'apportant
chaque semaine des gilets de tricot, des bas,
des mouffles, elle agrémentait son cadeau de
réflexions obligeantes sur votre compte, si bien
que j'ai fini par lui faire tout dire. Depuis ma
soirée, elle vous voyait passer très souvent à
cheval vous étiez si gentil, et puis vous aviez
l'air si bon, si intelligent. Ne rougissez pas,
mon ami; j'énonce mais je ne juge point. Ma
foi, je n'aime guère les galons et les plumets;
j'en reçois parce que mon mari les adore,
Dieu merci, dans le nombre il y a encore des
plumets naïfs et juvéniles, des plumets conso-
lants qui na« Sont oublier l'outrecuidance de
Sous ce titre, les Cahiers de 1889, les jour-
naux conservateurs publient depuis quelque
temps des articles bien autrement intéres-
aants ey>lus utiles.au bien général que leurs
diatribes habituelles contre la République et
contre son gouvernement. La politique pure
et les passions qu'elle nourrit semblent en
être absentes. On nous raconte que des assem-
blées provinciales se réunissent sur les diffé-
rents points du territoire français, et que fidè-
les aux grands principes de réforme posés
en 1789, pour célébrer dignement, à leur
façon, ce glorieux centenaire, elles ne s'occu-
pent que d'étudier les besoins actuels de la
démocratie française, les réformes pratiques
qui pourraient venir en aide à l'agriculture, à
l'industrie et au travail national sous toutes
ses formes, et qu'elles dressent ainsi dans
toutes les provinces les nouveaux Cahiers de
1889 qui devront déterminer le sens et la
portée des prochaines élections législatives.
Si nous devons en croire un organe qui
doit être bien informé, le Soleil, ces assem-
blées dont on ne nous fait pas connaître d'ail-
leurs le mode de recrutement, ni par consé-
quent le degré d'autorité, sont composées
d'hommes sincèrement attachés aux princi-
es de 1789, principes que l'on énumère d'ail-
leurs avec complaisance ainsi qu'il suit la
fin de, l'absolutisme royal, par conséquent
aussi, nous le supposons du moins, la haine
de toute dictature militaire, l'intervention de
la nation, par ses représentants, dans le gou-
vernement, ce n'est donc pas la condam-
nation du parlementarisme,-le contrôle des
dépenses publiques, l'égalité devant la loi, la
liberté individuelle, la suppression des pri-
vilèges. A la bonne heure et voilà une pro-
fession de foi franchement libérale à laquelle
nous sommes heureux d'applaudir. Pourquoi
les conservateurs ne parlent-ils pas toujours
ainsi et ne se séparent-ils avec la même fran-
chise du parti de la contre-révolution, parti
qui n'est au fond qu'un parti révolutionnai-
re, puisqu'il n'aspire à rien moins qu'à dé-
truire et à changer les bases fondamentales
de la société moderne et à remettre la démo-
cratie sous la tutelle du sacerdoce et du pou-
voir personnel? Il est vrai que notre confrère
ajoute que ces principes sociaux de 1789 ne
sont pas incompatibles avec la monarchie et
même n'étaient pas, dans l'origine, dirigés
contre elle. Nous ne chicanerons point sur ce
sujet, qui ne serait jamais qu'un sujet de
discussion académique. Mais voudrait-on
soutenir qu'ils sont incompatibles avec une
République parlementaire? Les assemblées
provinciales dont on nous parle ne le sau-
raient faire; elles ne le font pas, en réalité,
puisqu'elles dressent les cahiers de 1889,
qu'elles espèrent voir réalisés parle suffrage
universel, et que, dans ces cahiers, elles ne
songent pas le moins du monde, parait-il, à
introduire comme premier article le rétablis-
sement de la monarchie.
Le Soleil, en veine de libéralisme et de bon
sens, nous dit expressément, en effet, que
« ces assemblées, s'inspirant des cahiers de
1789, recherchent et rechercheront encore
mieux à l'avenir, en dehors de tout esprit de
parti ce qui veut dire sans doute d'une fa-
çon tout objective et désintéressée-les justes
réformes que réclament l'agriculture, le com-
merce, l'industrie et les diverses profes-
sions ». Et, parmi ces réformes, il en signale
quelques-unes à l'attention de ses lecteurs
comme les questions qui intéressent la classe
ouvrière, durée du travail, taux des salaires,
participation, aux bénéfices, caisses d'assu-
rance contre la maladie ou la vieillesse, ins-
titution d'un large crédit agricole, revision
des tarifs de chemins de fer, etc., etc. A dire
vrai, tout cela nous parait être un excellent
programme d'études et de discussions, et si
les conservateurs dont parle le Soleil s'appli-
quent à résoudre toutes ces questions non
d'après des dogmes religieux, mais d'après
les principes rationnels de 1789, ils ne seront
pas seuls à travailler à cette grande œuvre
de politique pratique et féconde. A dire toute
la vérité, il nous semble que le parti répu-
blicain n'a pas attendu jusqu'à ce jour, ni
que les conservateurs lui donnent le signal,
pour s'occuper de ces questions du travail et
de ces intérêts de l'agriculture. Mais, enfin,
ils ne seront point jaloux; ils ne répudieront
pas la précieuse collaboration qu'on leur
promet, pourvu que cette collaboration soit
sincère, pourvu que la question de la forme
du gouvernement ne soit plus soulevée,
pourvu que les conservateurs dont parle le
Soleil agissent, dans cette campagne, suivant
l'esprit pratique qu'il leur prête et ne cher-
chent, selon sus propres expressions, qu'à
certains panaches. Enfin, passons 1. Celui
qui décore votre casque avait la mine intéres-
sante et franche, vous m'avez fait bonne im-
pression et vous avez tourné la tête de ma pe-
tite amie. Je l'ai bien confessée trois semaines
durant une fois, deux fois, trois fois. « C'est
lui que tu veux Oui, oui, oui. » Après tout,
je lui ai donné raison, ce n'est pas si enviable
d'épouser un bourgeois de Mauves, et voilà
comment, malgré le bon sens et la routine, je
suis devenue votre alliée.
Cependant, madame, qui dit « alliés » dit
association de puissances, et la mienne est
nulle.
Il est certain que, si vous étiez raffineur
vous gagneriez cent pour cent; mais, tel quel et
en dépit de la routine, vous pouvez réussir.
nous pouvons réussir.
Ah par exemple, après les perspectives
engageantes que vous m'avez fait entrevoir,
je ne m'imagine pas M. Sauvain déguisé en
beau-père de dragon.
Patience 1 patience Vous avez lu Beau-
marchais ? 7
J'ai lu la Précaut-ion inutile mais le beau-
père de mes rêves n'a pas l'encolure d'un Bar-
tolo.
Eh qui vous parle d'enlever Rosine Non,
non; rappelez-vous seulement comment che-
mine la calomnie.
Heu heu 1. Oui, attendez donc. « Un
bruit léger rasant le sol comme une hirondelle
avanj l'orage. »
Pour finir, à force de germer et de ram-
per, par un coup de tonnerre. C'est bien cela.
Sachez donc, mon ami, que de bonnes âmes cu-
rieuses ont déjà soigneusement remarqué vos
assiduités près d'Henriette; elles n'ont rien
perdu de vos promenades sous ses fenêtres, el-
les ont épié vos visites chez moi, et, sans grands
frais d'imagination, elles en ont tiré conséquen-
ce alors elles ont confié à deux ou trois chères
amies « que vous désiriez épouser Mlle Sau-
vain»; les chères amies, sous le sceau du secret,
ont murmuré à des oreilles complaisantes « que
vous épouseriez Mlle Sauvain » ces oreilles
complaisantes ont pour voisine une langue bien
pendue, la voisine a bavardé « Vous allez
épouser Mlle Sauvain; » le petit bruit s'est fait
rumeur « Votre mariage avec Mlle Sauvain
est décidé » et je gagerais qu'on a déjà félicité
votre beau-père.
Diable 1 mais je ne veux pas de ça j'aurais
l'air de m'y prêter 1
-Il est trop tard pour choisir l'air qui vous
plaît. Votre conscience ne vous reproche rien,
laissez faire le temps. Comme l'eau qui, goutte
à goutte, creuse. la pierre, l'idée de vous avoir
pour gendre fera brèche dans les préjugés de
« ouvrir largement les portes 'à l'initiative
privée, et à assurer pour toujours à la démo-
cratie française le self government ». Les ré-
publicains libéraux ne veulent pas autre
chose. Mais que vont dire Y Univers et les
journaux pour qui le libéralisme, sous toutes
ses formes, c'est l'ennemi?
Au lendemain de l'exode de M. Boulanger, M. Mi-
chelin s'est détaché, nos lecteurs s'en souviennent,
du parti dit national. Le député de la Seine a essayé
de dresser, à côté de l'église orthodoxe dont MM.
Rochefort et Naquet sont les grands-prêtres, une
petite chapelle schismatique depuis lors, il s'éver-
tue à l'agrandir, et le journal qui reçoit son inspi-
ration, l'Action, se livre à une active propagande.
^1 annonce pour le jeudi 16 mai une réunion pré-
paratoire à laquelle les comités revisionnistes dis-
sidents enverront chacun un délégué. L'ordre du
jour de cette réunion est significatif on doit y éla-
borer un programme revisionniste exclusivement
républicain et organiser la campagne électorale en
dehors de toute compromission réactionnaire. A ce
propos, l'Action reproduit, en caractères d'affiche,
l'appel déjà publié le 6 avril dernier la revision, y
est-il dit, doit faire triompher la cause de la répu-
blique démocratique IMPERSONNELLE. On voit qu'au-
cun doute n'est possible tout le mouvement est di-
rigé contre les revisionnistes qui acceptent pour
principe essentiel, et nous pourrions ajouter pour
unique principe, l'idolâtrie d'un homme. Cette
scission déclarée introduit un nouveau ferment
de désagrégation dans un corps dont la cohésion
nous a toujours paru plus qu'incertaine. Entretenir
la foi boulangiste chez des gens que séparent non
seulement les convictions anciennes, mais encore
les usages et les goûts, conduire aux urnes sous le
même drapeau cléricaux et socialistes, royalistes
et bonapartistes, c'était déjà une prétention qui
pouvait sembler téméraire. Voilà maintenant les
revisionnistes, dits républicains, coupés en deux
tronçons, ceux qui croient toujours au Messie et
ceux qui l'ont décidément renié. Ah on a bien le
droit, en vérité, de parler des divisions entre répu-
blicains et de vanter la concorde touchante et la
politique bien arrêtée des adversaires de la Consti-
tution Que sont donc, au regard de cette incohé-
rence absolue de sentiments et de doctrines, les
distinctions de nuances parmi les véritables répu-
blicains ? 2
Trois mutations importantes viennent d'avoir
lieu dans le personnel de l'administration co-
loniale M. Piquet quitte le gouvernement des
établissements français de l'Inde pour le gou-
vernement général de l'Indo-Chine; M. Hector,
qui, pendant trois ans, a représenté avec tant
de distinction la France à Hué, reprend posses-
sion de la résidence en Annam; enfin, M. Brière,
un de nos meilleurs agents, remplace à Hanoï
le commandant Parreau, résident supérieur au
Tonkin.
Les trois hauts fonctionnaires appelés à diri-
ger la politique française en Indo-Chine ont
passé leur vie en Extrême-Orient. Fait à no-
ter, tous trois étaient officiers quand ils sont
entrés dans la carrière administrative. M. Pi-
quet était officier de marine et a longtemps
cumulé son grade avec les fonctions de direc-
teur de l'intérieur en Cochinchine. Après quel-
ques années de séjour en France et sa mise en
retraite, M. de Freycinet lui a confié la mission
de pacifier le Cambodge et on sait avec quel
succès M. Piquet a réussi dans cette entre-
prise, malgré les difficultés de toute espèce
qu'il a euos à vaincre.
MM. Hector et Brière figurent encore sur
les cadres des troupes de l'armée de mer en
qualité de capitaines d'infanterie de marine.
Le nouveau gouverneur général et ses deux
principaux collaborateurs ont des idées très
nettes sur l'administration de nos possessions
indo-chinoises. Ils ne partagent en rien les
opinions des partisans de l'annexion du Ton-
kin et de l'Annam et croient qu'en ménageant
les susceptibilités de la cour de Hué, en la gui-
dant, en nous assurant le concours des Anna-
mites les plus influents, de ceux qui ont encore
tant d'action sur ces peuples disciplinés, nous
arriverons rapidement à la pacification com-
plète et à la mise en valeur des pays d'Extrême-
Orient q ui g ravitentmaintenantdans notre orbi-
te. Ils ont l'expérience de ce qui a été fait en Co-
chinchine et savent que ce n'est pas par des pro-
cédés violents, le fusil et la torche à la main,
qu'on arrive à l'apaisement et qu'on développe
la prospérité d'un grand pays. Ils savent aussi
qu'il est facile de s'assurer le concours des in-
digènes même contre les indigènes; enfin, au-
cun d'eux n'est partisan des gros effectifs eu-
ropéens. Ce qui vient de se passer dans le Bac-
Ninh prouve qu'ils ont raison cette pro-
vince était à feu et à sang; nos colonnes la sil-
lonnaient en tous sens, impuissantes à atteindre
les bandes qui l'occupaient et la mettaient en
coupe réglée. Dès qu'un fusil français appa-
raissait, il était signalé dans toutes les di-
rections les rebelles déguerpissaient, les vil-
lages étaient évacués; le vide se faisait autour
de nous. M. Parreau jugea qu'il était temps de
rompre avec le système des colonnes; de con-
cert avec l'autorité annamite, il organisa une
grande battue, opposant à la rébellion des indi-
M. Sauvain. D'abord il la repoussera: elle ne
tardera pas à revenir, car tous les jours dix
personnes bien informées se chargeront de la
lui remémorer; il pestera, il sacrera, mais
il en aura du matin au soir les oreilles
rebattues par les nouvellistes en quête de pri-
meurs finalement il la discutera tout seul, et
discuter c'est déjà admettre. Sous conditions,
mais c'est admettre. Puis avec la tendance bien
naturelle de l'esprit humain à se débarrasser
dé ce qui le gêne, il voudra se défaire de cette
obsession. Comment s'y prendre! Proposer à
Henriette un autre mari que vous? 11 essayera
peut-être, mais pas deux fois: sa première ten-
tative le dégoûtera pour jamais des larmes,
des bouderies et des mines longues, il n'osera
plus s'y frotter. Vous accepter alors? Car c'est
un dilemme. A ce moment, pour avoir la paix,
il se plaidera à lui-même votre cause et mettra
autant de bonne volonté à se convaincre qu'il
met aujourd'hui d'entêtement à vous repous-
ser. Sa conviction faite il soupirera d'aise et, à
la première occasion, impossible à prévoir,
après s'être débattu, il cédera tout d'un coup.
Dieu vous entende, madame! Et que dois-
je faire maintenant?
Rien, attendre.
-Attendre longtemps?
Oh 1 pas dix ans, trois ou quatre mois. Les
Sauvain vont partir pour la campagne; tout près
d'ici, au Grand-Chevilly, une demi-heure par le
bateau. Henriette et sa mère n'en bougeront pas.
Le papas vient à ses affaires tous les jours
il arrive à une heure et repart à six. Or, de
une heure à six heures, il entendra parler au
moins quatre fois du mariage de sa fille avec
vous. C'est la dose nécessaire et suffisante pour
l'entretenir en haleine. Le soir, il fumera son
cigare tout seul dans le jardin; la fermentation
s'opérera. La nuit, il rêvera de votre casque; il
le verra surmonté d'un bouquet de fleurs d'o-
ranger en guise de plumet. Le matin, il sera
nerveux et se coupera en faisant sa barbe. A ce
régime, je compte qu'il tiendra jusqu'aux pre-
miers jours d'octobre. Vers cette époque, il
aura essayé sans succès de tous les moyens
curatifs et la détente se produira. Je vous ferai
signe. D'ici là, laissez-le cuver sa mauvaise
humeur, laissez Henriette faire la veillée des
armes elle n'a pas trop de trois mois pour con-
quérir définitivement sa mère, qui ne demande
pas mieux que d'être conquise, et pour anéan-
tir les défenses de l'adversaire en attendant le
simulacre d'assaut. Quant à vous, mon protégé,
vivez d'espérance, allez vous promener à Bris-
sac et dites-moi adieu. Vous ne me reverrez
aussi qu'à l'automne nous nous installons l'
après-demain à Malbec. J'inviterai les Sauvain
cinq ou six fois pendant la saison, je surveil-
gènes, gardes civiques et miliciens. En un
mois, la province était nettoyée; les chefs des
bandes les plus importantes faisaient leur sou.
mission et demandaient à entrer à notre
service. Les concessions qu'on leur a faites
ont été l'objet au Tonkin des critiques les plus
vives on estimait que le résident supérieur
avait dépassé la mesure, on rappelait le nom-
bre des victimes tombées sous les coups des
rebelles, etc., etc. Mais ne peut-on affirmer
que, si l'autorité française avait refusé de trai-
ter avec les chefs des rebelles, on l'eût accablés
de critiques plus ardentes encore et, ce qui le dé-
montre, c'est cette polémique rétrospective dont
nous avons parlé à propos des pourparlers en-
tamés, il y a deux ans, avec les Chinois que le
général Borgnis-Desbordes a délogés de Cho-
Moi et de Cho-Chu, au prix de durs sacrifices,
aux mois de janvier et de février derniers. Mais
quelque ligne de conduite qu'on applique pour
terminer la pacification du Tonkin, on ne peut
espérer trouver grâce, même si l'on réussit
complètement, auprès des partisans des autres
systèmes. Les annexionistes ne veulent pas ad-
mettre un instant le concours des autorités in-
digènes le parti militaire voit d'un très mau-
vais œil toute opération de guerre qu'il ne
dirige pas lui-même. Les difficultés qu'il ne
peut vaincre ne l'émeuvent pas et il joint sa
voix à celle des annexionistes pour ravaler les
services que nous rendent les mandarins dé-
voués à notre cause et pour prédire que les
succès qu'ils viennent de remporter ne sont qua
les préliminaires d'une insurrection formida-
ble fomentée par ceux mêmes dont nous avons
accepté la soumission. Il y aura toujours des
prophètes de malheur.
Mais ce qui importe aujourd'hui, c'est que
les trois hauts fonctionnaires auxquels le gou-
vernement vient de confier l'administration de
l'Indo-Chine française soient entièrement dé-
voués à la politique sage et féconde qui a été
défendue avec tant d'éloquence par M. Cons-
tans toutes les fois que, depuis son retour de
Chine, la question indo-chinoise a été discutée
à la Chambre des députés. Et c'est, somma
toute, cette politique qui triomphe actuelle-
ment après bien des hésitations, elle a été ap-
pliquée au Tonkin et a donné d'excellents ré-
sultats, car, si l'on critique les procédés, il n'y
a personne qui ne convienne que la situation
dans les pays de protectorat s'est singulière-
ment améliorée depuis quelques mois.
En même temps que ces mutations ont lieu
dans le haut personnel de l'Indo-Chine, des
modifications importantes sont apportées à
l'organisation elle-même de l'administration.
Nous avons toujours demandé l'autonomie des
diverses parties de notre empire d'Extrême-
Orient un décret contresigné par le ministre
du commerce et des colonies et par le ministre
des affaires étrangères nous donne sur ce point
complète satisfaction. Au sommet de la hié-
rarchie est placé le gouverneur général, le re-
présentant de la France en Indo-Chine; au-
dessous de lui trois résidents supérieurs indé-
pendants les uns des autres et ayant leurs ré-
sidences à Hanoï, Hué et Pnom-Penh. On rompt
ainsi avec le système qui mettait le résident
supérieur du Tonkin sous les ordres du rési-
dent général à Hué, lequel avait un pouvoir
qu'il ne pouvait exercer et une responsabilité
illusoire sur les affaires duTonkin. Le système
qu'on inaugure est simple et logique; il évitera
bien des tiraillements et des difficultés.
-4».
DÉBOIRES DE STATUAIRES
Il n'y a plus guère de métiers détestés des mères
ni même des beaux-pères; tout dépend de la fa-
çon d'en tirer parti. Il y a longtemps déjà que celui
d'auteur dramatique a bon renom, grâce à la for-
tune que fit Scribe et à la sage façon dont il l'ad-
ministra. Le romancier n'est pas dédaigné sans
examen, depuis que le public a été mis au courant
des tirages à cent mille et quelques; ce n'est pas la
lot de tout le monde, mais il ne s'agit que de con-
trôler le chiffre d'affaires. Le peintro a longtemps
passé pour le plus irrémédiable des meurt-de-faim
mais il n'y a pas longtemps que l'opinion avait tout à
fait changé l'hôtel exquis, dans l'avenue de Vil-
liers semblait l'attribut, venu ou à venir, mais im-
manquable de sa profession, et la banque rêvait
son alliance des mécomptes ont modéré l'enthou-
siasme, mais comme, en somme, ils ne sont pas tou-
jours venus du même côté, l'impression moyenne n'est
pas restée trop défavorable. La musique est chan-
ceuse il y a des prix de Rome qui ne cessent de
courir le cachet; mais, là encore, pourvu qu'au prix
d'un peu de souplesse, on parvienne à aborder le
théâtre, il y a des profits à espérer. Une terri-
ble vocation, il faut l'avouer, c'est colle de la sta-
tuaire décorative. A chaque instant, de nouveaux
incidents viennent lo rappeler au public qui reste
trop volontiers inattentif.
Il ne faut parler que pour mémoire des variations
politiques dont l'effet a été de priver les artistes
des suffrages d'une postérité reculée sur laquelle ils
comptaient. Les idoles sur lesquelles s'exerçait 16
zèle nouveau de Polyeucte étaient peut-être de fort
belles productions de l'art antique on a cassé la tête
dans les guerres de religion à des statues de pierre
dont la perte est irréparable pour les amateurs de la
sculpture du moyen âge parmi les vieux rois et
notamment les Louis XIV et les Louis XV qui ont
lerai les progrès de l'assiégeant et je paraly-
serai les sorties de l'assiégé.
En dépit des promesses de Mme Le Febvre,
la perspective de ce long isolement attristait
Pierre. Depuis sa conversation avec Saint-Syl-
vain, un jour de pluie, il ne parlait plus à son
ami de ses projets, et l'ami gardait un silence
discret sans que rien lui échappât, cependant,
des préoccupations de Pierre. Il suivait en
amateur les phases de la campagne matrimo-
niale, et, après avoir dit ce que lui dictait sa
conscience, il laissait courir les événements,
prêt à tout, même à devenir garçon d'honneur.
Pierre retourna rue Danglars; le temps était'
passé des hésitations qui lui faisaient arpenter
les quais pour la plus grande joie des prome-
neurs dominicaux. Il entra dans la chambre
de Saint-Sylvain et sans préambule
Les travaux de sape et de mine sont com-
mencés dans trois mois j'aurai enlevé la posi-
tion.
Prends garde aux camouflets I
Oiseau de malheur I le corps de place se
rendra sans combattre, c'est l'avis des ingé-
nieurs les plus experts.
Oh là là si tu as le génie avec toi, tu y
seras encore l'an prochain.
-Le génie, oui, je l'ai, mais pas le génie
malfaisant; non, rien de Cohorn ou de Cormon-
taigne un bon génie, tout simplement, qui se
charge de noyer les poudres de l'ennemi et de
lui faire ouvrir ses portes après un délai hono-
rable de résistance.
AU rightl. ce qui est fait est bien fait. Je
t'ai servi mon speech de vieil ami maintenant,
qu'il n'en soit plus question 1 Tout à la joie I.
Je te retiens le premier petit Savarèze pour la
première petite Saint-Sylvain. Qu'est-ce que tu
vas devenir en attendant la capitulation? 2
Je ne sais trop. Peut-être irai-je à Brissac,
si tu veux m'y accompagner. Nous passerons
trente jours bien tranauilles à examiner mes
vignes en dressant des plans de bataille contre
le phylloxera; nous conférerons avec mon ar»
chitecte, car la vieille maison a fort besoin d'ê-
tre retapée.
Et nous composerons une manière d'épi-
thalame que les petites filles du cru chanteront
en chœur le jour de l'arrivée de Mme Savarèze;
nous piocherons des épures d'arcs de triompha
ornés d'écriteaux
Acceptez, en ce beau jour,
L'hommage de notre amour t
Hein qu'en penses-tu ?
Je pense que tu es plus fort que M. Al*'
phand et qu'il est temps d'aller dîner.
HENRI ALLAIS.
(A suivre.} l
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