Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-06-22
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 22 juin 1885 22 juin 1885
Description : 1885/06/22 (Numéro 8819). 1885/06/22 (Numéro 8819).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE TEMPS. __jui_ iào_.
Chaîneraient de nous rappeler que'le mode de scrrftin
introduit dans nos lois constitutionnelles par les mo-
narchistes contre le pays y figure encore. Il faut, en
rendant le suffrage universel maître chez lui, établir le
principe primordial de toute République et la condition
première des autres réformes.
Nous avons triomphé au cri Guerre au cléricalis-
me 1 » La lutte contre les envahissements de l'Eglise
divisait les républicains d'avec les partis du passé, mais
elle unissait d.ins une pensee commune toutes les frac-
tions de la dénmeratie. L'Kglise n'a pas changé elle est
encore ce qu'elle était quand, au 16 Mai et au 24 M;ri,
elle conduisait H coalition monarchique. Il faut repren-
dre la tâche interrompue, mais la reprendre sur le seul
terrain véritablement républicain. C'est défier l'histoire
et le sens commun que de .représenter comme néces-
saire à la démocratie le Concordat inventé par Bona-
parte pour préparer l'empire. Ii faut assurer, par la
séparation de l'Eglise et de l'Etat, la liberté de con-
science et te caractère laïque des sociétés modernes.
La Chambre actuelle avait reçu le mandat formel d'a-
chever l'nrg.misalion de l'armée natiunale; les élus de
1881 avaient de réduire le service à trois années
et de supprimer radicalement, sous toules ses formes,
volontariat ou exemptions, le plus justement odieux de
tous les privilèges, celui qui porte sur l'impôt du sang.
Cette œuvre n'est pas accomplie des ajournements in-
cessants l'ont arrêtée devant l;i Chambre, les délibéra-
tions du Sénat la feront encore traîner au delà de la
législature actuelle il faut qu'elle soit achevée dès le
début de la prochaine législature.
Knlin, la République ne serait qu'un mot si elle n'ir.-
troduisait dans ce monde plus de justice pour ceux qui
sont désarmés par la fortune dans la lutte pour la vie.
Il faut qu'ils comprennent, par des réformes efficaces.
qu'en conquérant le droit de vote ils ont conquis un in-
strument de progrès qui écarte à jamais les moyens de
violence.
Assurément, nous aurions beaucoup d'autres points à'
indiquer si nous voulions passer en revue toutes les
réformes qui nous sont chères, et que le suffrage uni-
versel inscrira dans les mandats électoraux. Il reste
tant à faire pour introduire les principes de la Révolution
française dans l'ét d de choses que nous a légué la mo-
narchie dans les lois sur les associations, à qui il est
grand temps d'assurer la liberté si longtemps promise,
tout en abolissant la propriété de mainmorte qu'on es-
saye en vain d'abriter de son nom; dans l'instruction,
que la République doit ouvrir à tous, d'une façon plus
large, pour donner à l'égalité sa plus précieuse consé-
cration dan-; l'organisation municipale qui attend en-
core les mesures de décentralisation, propres à fonder
l'unité française sur les libertés locales et dans l'orga-
nisation judiciaire, où il faut réduire les frais de jus-
iice, où l'on ne peut croire qu'on ait accompli la vérita-
ble réforme républicaine tant qu'on s'est borné à chan-
ger les hommes sans changer les institutions.
Ce sont là des réformes nécessaires, que nous ne pou-
vons renoncer à soumettre à la Chambre prochaine.
Mais nous n'avons pas la prétention de dresser les
cahiers de 1885. Ce sera l'œuvre des comités et des élec-
teurs. Il nous suffit ici de déterminer le minimum de
points communs nécessaire pour faire de l'accord entre
des hommes de nuances différentes autre chose qu'une
apparence passagère cinq ou six idées dirigeantes, as-
sez nettes pour caractériser une politique, et assez lar-
ges pour grouper le plus grand nombre de bonnes vo-
lontés diverses.
Nous entendons en faire, non l'ornement d un drapeau
électoral, ou l'objet d'un vain acte de foi, mais un pro-
gramme d'action destiné à ôtr». réalisé sans ajourne-
ment, sans faux-fuyants et sans défaillances.
La politique né comporte pas les opinions platoni-
ques. Se prononcer sérieusement pour une réforme, ce
n'est pas dire qu'on la juge bonne pour les siècles fu-
turs c'est dire qu'on veut l'appliquer. Rien n'est si fu-
neste que les professions de foi qu'on se réserve de rc-
présenter, le lendemain de l'élection, comme des actes
de respect à l'égard d'opinions impraticables. Elles dé-
truisent dans le pays le bon renom de ses mandataires,
l'autorité des Chambres et la confiance dans le bulletin
de vote. Il est temps d'aboutir. Le travail qu'un specta-
cle si décourageant opère à la longue dans les esprits
serait plus dangereux pour nos institutions de liberté
que les attaques violentes de nos adversaires. Il appar-
tient aux électeurs de chercher les hommes qui, par
leur passé, donneront des garanties de cette fidélité au
mandat, qui est la première des vertus républicaines.
Quant à nous, nous déclarons qu'il est urgent de se
mettre à l'œuvre pour opérer les réformes suivantes
lo Condamnation de la politique d'aventures et de
conquêtes;
2° Réforme constitutionnelle. Souveraineté absolue du
suffrage universel
30 Réforme financière. Equilibre du budget impôt
sur le revenu réduction des dépenses révision des
conventions et des tarifs de transport
40 séparation des Eglises et de l'Etat;
50 Réduction du service militaire suppression de
L'exemption des séminaristes et du volontariat d'un an;
*i° Lois de protection et d'émancipation du travail.
Achard. Barodct. Beauquier. Bel-
o lot. Bizarelli. Boudeville. Bourne-
̃ ̃̃'• ville. Boysset. Brelay. Brialou.–
Brousse. Cantagrel. Carret (Sivoie).
'̃ V Chavanne (Loire). Clémenceau.
Courmeaux. Daumas. Delattre.
Desmons. Douvi Ile-Mail lefeu. Du-
ehasseint. Dubois (Côte-d'OrV Dn-
portai. Favcy. Vorest. Anatole de
La Forge. Franconie. Frébault.
Gagneur. Gaillard. Galtier. Giard.
Uirodet. Granet. De Hêrôdia.
Hérisson (Nièvre). Clovis Hugues.
1. Laeôte. De Lacretelle. Sigismond
Lacroix. Lafont. Laguerrc. Lai-
sant. De Lanessan. L-iporle (Niè-
vre). De La Porte. Lasb;iysses.
Leconte (Indre). Lefebvre (Fontaine-
bleau). Ernest Lefèvre. Lepère.
Leporché. Lesguillier. Leydet.-
· Luckroy. Loranchet. MadierdeMont-
jau. Henry Maret. Mathieu. M.i'u-
rel (Var). Monteilhet. Nadaud (Mar-
tin). Papinaud. Pelletan. Perin
(Georges). Peytral. Pochon. Pré-
veraud. Raspail.- Remoiville. Tony
Révillon. Rivière.– Roque (de Fillol).
Salis.– Simonet.– Saint-Martin (Vau-
cluse). Turigny. Vernhes. Ver-
̃ • "̃̃- nières. Villeneuve. H. .'0
Nouvelles lettres de l'amiral Courbet
r Voici le texte des lettres que nous avons annon-
cées hier en dernières nouvelles et dont nous par-
Ions plus haut Bayard, 6 septembre 1883.
Nos adversaires les plus acharnés sont les Pa-
villons noirs. Je ne vous apprendrai pas que ce sont des
bandes recrutées parmi les déserteurs dans les rangs
de l'arrnée chinoise massée sur la frontière, soutenues
k peu près ouvertement par le gouvernement chinois.
Pour leur faire lâcher pied, if faut leur infliger un écla-
tant échec ou convaincre la Chine qu'elle aura la guerre
avec la France pour peu qu'elle continue ses menées
hostiles. Muis, avec les. hésitations permanentes.de nos
maîtres, soit en matière de subsides, soit en matière de
diplomatie, cela peut durer encore longtemps
• A. COUIUiET.
1.. Bayard, 9 novembre 1883.
Vous vous figuriez, l'an dernier, en ne ma
voyant'point arriver de Càlédonie, que l'on m'avait inter-
cepta en route pour m'envoyer ici. On aurait bien fait
Rivière ne serait pas mort, et je crois que nos affaires
seraient dans un état moins déplorable.
Depuis que l'on m'a fait le périlleux honneur de me
FEUHU-ETOIV DU TEMPS
DU 22 JUIN 1885
1
CRITIQUE MUSICALE
.̃ Nécrologie Jules Bénédict et Adolphe Blanc. Les
musiciens néerlandais en Espagne, du douzième au
dix-huitième siècle, par M. K. Van der Straeten.
Une nuit de Cléopdtre, de V. Massé morceaux dé-
tachés.
On annonçait ces jours-ci la mort de deux
compositeurs, l'un allemand, établi depuis long-
temps en Angleterre, l'autre français et qui
malgré cela n'est pas connu dans son pays
autant qu'il méritait de l'ôtre. Quant à J. Béné-
dict, on n'a exécuté de lui à Paris qu'un seul
ouvrage, du moins pour ce qui est à ma con-
naissance c'est la Légende de sainte Cécile, can-
tate écrite sur des paroles anglaises et dont la
partition piano et chant avec traduction fra.n-
çaise a paru lors de l'audition qui en a eu lieu le
Su avril 870 dans une représentation donnée à
l'Opéra; cette représentation devait être au bé-
néfice de Mme Nilsson, aui en avait généreu-
sement cédé le profit à l'Association des artistes
musiciens. L'Opéra-Comique donnait le même
soir la première représentation de Déa, de MM.
Cormon, Carré et J. Cohen; il en est résulté
quelque embarras pour la presse moi-même
je n'ai pu entendre qu'une partie de l'oeuvre
de Bénédict; j'en ai parlé d'après la parti-
tion (1).
J. Bénédiet était né à Stuttgard le 27 novem-
(1) Voir le Temps du il mai 1870. La partition de la,
Légende de sainte Cécile se vendait alors au secrétariat do.
l'Association des artistes musiciens; j'ignore où elle est
auiourd'hui en dépôt. •
i nommer au commandement des forces de terre et de
• mer, je commence à savoir à quoi m'en tenir.
Nous sommes dans un pétrin dont les renforts annon-
cés ne suffiront peut-être pas à nous tirer. La Chine
nous fait ouvertement la guerre sur le territoire que le
i traité de Hué a placé sous notre protectorat, et le gou-
i vernemrnt n'a pas eu l'énergie de la lui déclarer, de
bombarder ses ports, de ruiner sa marine. C'est l'unique
moyen d'en finir, et, faute de l'employer, uous serons
peut-être forcés d'assumer le fardeau de fautes commi-
ses par nos diplomates.
Triste pays que le nôtre, où il faut consulter une
Chambre en vacances pour prendre un parti dans des
circonstances difficiles. Le gouvernement a eu tort de
ne pas la réunir à la fin d'août pour lui demander une
ligne de conduite. Ses incertitudes, ses hésitations, rui-
nent notre prestige et doublent l'outrecuidance de nos
ennemis.
A. COURBET.
15 janvier 1884.
Nos journaux français, qui se payent si volontiers
de mots, commencent-ils à croire que les Pavillons
noirs et les Chinois qui les secondent sont des soldats
aguerris, avec lesquels il faudra compter sérieusement ?
La saison n'est pas moins favorable aux bien portants
qu'aux blessés; aussi je ne leur laisse pas de loisirs im-
modéré? pendant le temps d'arrêt inévitable qui nous
sépare de l'expédition contre Bac-Ninh. Faute de 2,000
hommes pour couper la retraite aux Pavillons noirs, je
n'ai pu changer leur retraite en déroute et marcher im-
médiatement sur Bac-Ninh.
Bon gré mal gré, il me faut laisser à, Son-Tay près de
la moitié de la colonne mobile jusqu'au terme des tra-
vaux qui permettront de défendre la place avec une fai-
ble garnison.
Ce retard est bien préjudiciable aux opérations. La
faute en est aux hésitations perpétuelles du cabinet. Il
m'est aussi bien préjudiciable, car, avant le moment de
repartir du pied gauche, j'aurai vu arriver ici un géné-
ral de division et deux généraux de brigade, précur-
seurs de six mille hommes de troupes. Vous supposez
bien que je n'ii jamais demandé tant de milliers d'hom-
mes et tant de généraux de division. COUIUlET.
A. COURBET.
Bayard, 24 février 1884.
Au nom du peuple français, et par la volonté
nationale, sans aucun doute, j'ai dû remettre au géné-
ral Millot le commandement en chef du corps expédi-
tionnaire.
Ce sont les étrennes du gouvernement de la Répu-
blique.
Car Ferry prodigue ses biens
A ceux qui font vœu d'être siens.
Quand je pense qu'il y a aujourd'hui trente-six ans
je risquais ma peau dans les rues de Paris pour prépa-
rer l'avènement de ces polichinelles-làl
Bref, le sacrifice est consommé depuis le 12; je suis
rendu à bord du Bayard, à la veille de 'marcher sur Bac-
Ninh, où une victoire certaine, décisive, nous attend
je suis rentré au moment où d'énormes renforts vont
rendre tout facile, où l'on va pouvoir mener de front la
pacification intérieure du Tonkin et l'expédition.
Vous connaîtrez la nouvelle victoire de nos troupes
bien avant le jour où ce petit mot vous parviendra. Je
me plais à espérer qu'après la Chine comprendra un peu
mieux ses intérêts, qu'elle demandera immédiatement à
traiter et qu'on lui tiendra la dngée haute. Ce n'est pas,
je le présume, pour ce malheureux deita du fleuve
Rouge que nous avons accumulé ici une armée de
14,000 hommes.
Il faut que la Chine rende gorge, qu'elle paye en es-
pèces sonnantes et métalliques ses f .utes et les nôtres.
Quelle occasion pour M. Tirard de rattraper un peu
ses déficits I.
Agréez, cher monsieur, l'assurance de mes sentiments
affectueux et la cordiale poignée de main d'un homme
que les remords du 24 février 1848 poursuivront jusqu'au
bord de la tombe.
À. COUniîET.
9 mars 1884.
Le rôle de la marine est fini. Evidemment on ne
se décidera jamais à des opérations maritimes contre le
Céleste-Empire. La division navale est l'arme au bras
jusqu'à ce que nous ayons traité.
C'eût été la seule compensation que le gouvernement
pût m'offrir il a pris la sorte de destitution qui m'a at-
teint à la veille d'une nouvelle victoire. C'est même la
perspective d'une guerre m iritime qui a couvert d'une
apparence logique une mesure inqualifiable et certaine-
ment contraire aux intérêts de l'expédition, car enfin il
a fallu au général Millot, "malgré les renseignements
que je lui ai laissés, plusieurs semaines pour étudier la
situation et le terrain. J'aurais marché du 15 au 20 fé
vrier, aussitôt après le débarquement des deux pre-
miers mille hommes de renfort. Il n'a pu le faire avant
le 7 mars.
A. COURBET.
*̃ -̃̃̃'•̃̃̃••-•̃•̃̃̃• ̃̃' 24 avril 1884.
Le retour immédiat rie sera pas la conséquence de
ma^promotion.Le ministre en a jugé autrement, et sur ce
point je dois le remercier; je suis maintenu ici tant que
nos différends avec la Chine ne seront point terminés,
afin de prendre le commandement de toutes nos forces
navales dans ces mers-ci. Une belle opération maritime
serait la seule compens ition que les circonstances pus-
sent m'offrir, mais je ne me fais guère d'illusions, et je
serais fort embarrassé de vous dire quand vous me re- il
verrez.
Pour peu que l'on continue à laisser le 'marquis de
Tseng valser de Paris à Londres et de Londres à Paris,
ma limite d'âge m'atteindra ici. Vous me trouverez sans
doute un peu pessimiste on le serait à moins. Depuis
le jour où les Célestiaux ont mal digéré le traité de Hué,
je n'ai eu qu'une opinion et je l'ai répétée sur tous les
tons « Déclarer la guerre à la Chine, brûler ses ports,
ruiner sa marine. »
En quinze jours tout était fini, la paix était immédiate
et nous obtenions toutes les indemnités désirables.
Mais comment prendre une résolution virile quand le
gouvernement est obligé de consulter les Chambres,
qui à leur tour considèrent comme un impérieux devoir
de consulter les électeurs?
Je me demande où les journaux vont prendre que ma
santé est ébranlée et que je demande à rentrer.
̃ ̃ A. COURBET.
24 juin 1884.
Ici, on cuit, on bout, pour mieux dire, car le mi-
lieu où l'on vit est un mélange d'air et de vapeur d'eau
à une température très désagréable; malgré cela, toutes
les santés se comportent assez bien; tout le monde s'en
tire avec résignation et pas mal de petits bobos printa-
niers.
A bord du Bayard, qui est tout en tôle et où le thermo-
mètre marque toujours deux ou trois degrés de plus
qu'ailleurs, l'épreuve est plus rude, beaucoup plus rude
que chez les voisins; notre exemple les soutient, et nous
sommes soutenus nous-mêmes par la perspective d'un
prochain retour.
Rien ne paraît nous retenir ici le jour où il n'y aura
plus la chance de tirer un coup de canon maritime or,
M. Patenôtre, concierge du temple de Janus, vient déjà
de donner un bon tour de clef à Hué et partait hier
pour Tien-Tsin avec son trousseau mythologique. Com-
ment fera-t-il pour tirer un parti honorable de la con-
vention du il mai? Nous doutons fort qu'il y par-
vienne.
a. COURBET.
Rivière Min, 8 août 1884.
.A la première nouvelle de la trahison de Lang-Son,
j'ai pris le commandement des deux divisions navales
de Chine et du Tonkin avec la conviction que le gou-
vernement était bien résolu à obtenir réparation et in-
demnités.
Quelques jours plus tard, je me concertais avec
bre 1804. Il avait étudié d'abord. sous la direc-
tion d'Humme), à Weimar; quand il eut dix-
sept ans, ce maître le présenta à Weber, qui le
reçut dans sa maison et le traita, d'après les
paroles de Bénédict lui-même, « non-seulement
comme un élève, mais comme un fils ». J'ai ra-
conté que le matin de la première repré-
sentation du Freisclmtz à Berlin (18 juin 1821)
Weber termina son Conccrtstùck, en apporta les
feuillets encore humides à sa femme, près de
laquelle se trouvait Bénédict, se mit gaiement
au piano et joua le morceau d'un bout à l'autre,
en indiquant le programme au fur et à mesure.
Bénédict nota de mémoire ce programme, que
Weber refusa de mettre en tête de son œuvre.
Quand Bénédict quitta la maison de We-
ber, il fut, à la recommandation de son
maître, chargé de la direction d'une série
de représentations d'opéras à Vienne (1824).
Quelques années plus tard, il fut nommé chef
d'orchestre au théâtre de San-Carlo à Naples. Il
y donna son premier opéra, Jacinthe et Ernest t
qui paraît avoir été trop allemand pour les Na-
politains. Par contre, celui des Portugais à Goa,
que Bénédict écrivit en 1830 pourStuttgard, était
sans doute trop italien pour les Allemands,
car il ne réussit pas à Stuttgard, mais fut cha-
leureusement applaudi à Naples (1).
En 1835, Bénédict vint à Paris; il y fit la con-
naissance de Mme Malibran, qui lui conseilla
d'aller à Londres il s'y est fixé et .y a oc-
j cupé- pendant près de cinquante ans une
position exceptionnelle comme compositeur,
professeur et chef d'orchestre. En 1836, il fut
nommé directeur de V Opéra buffa, où il fit mon-
ter avec succès un petit ouvrage Un an et un
jour, donné d'abord à Naples. En 1838 il écrivit
son premier opéra anglais The Gypsy's Warning,
dont un air de basse est resté célèbre. Il diri-
gea ensuite l'orchestre du théâtre de Drury
Lane; en 1850 il accompagna Jenny Lind dans
un voyage aux Etats-Unis et dirigea les concerts
qu'elle donna avec un succès sans exemple. De
retour en Angleterre, il fut chef d'orchestre au
théâtre de la Reine, puis à Drury Lane. Lors-
qu'en 1860 on monta Oberon au théâtre de la
Reine-, Bénédict fut chargé d'écrire des récita-
tifs comme Berlioz fit pour le Freischûlz. Bé-
nédict a dirigé aussi, sauf de rares interrup-
tions,, les Concerts populaires du lundi, depuis
(1) Voir la notice du Dictionnaire de M. Grove, à laquelle
j'emprunte ces détails.
M X. Nous tombâmes immédiatement d'accord sur la
nécessité d'une actinn énergique et prompte. Le cabi-
net, qui nous avait demandé notre avis, se garda de le
suivre. Il donna à la Chine huit jours de réflexion, pen-
dant lesquels je vins m'établir avec une partie de mes
forces navales devant l'arsenal de Fou-Tcheou, au mi-
lieu d'une douzaine de bâtiments de guerre et autant de
jonques de guerre chinois. J'y suis encore, car ces huit
jours ont été suivis de onze autres, suivis eux-mêmes
d'un délai indéfini. On négocie plus que jamais, avec
moins d'espoir que jamais.
Vous devinez le rôle que joue notre marine pendant
que les diplomates croisent les notes et échangent les
pourparlers. Une vieille expérience nous l'a appris, il
n'y a qu'une voix que la Chine sache écouter celle du
canon.
Je suis navré, car je sens que notre inaction ruine
notre prestige, et je redoute que cela n'aboutisse qu'à
une reculade honteuse.
A. COURBET.
15 septembre 1884.
Vous savez depuis une quinzaine de jours com-
ment nous sommes sortis de la rivière Min ce sera
déjà de l'histoire ancienne quand vous lirez ces quel-
ques lignes. Ce que l'on ignorera encore longtemps,
c'est la difficile situation où nous avait placés la politi-
que cauteleuse du cabinet Ferry. Jamais les défaillances
de nos hommes d'Etat ne se sont mieux manifestées.
que par ces séries successives d'indéterminables négo-
ciations.
Nos bâtiments s'en sont tirés sans avaries bien sé-
rieuses bref, je ne prévoyais guère que nous en se-
rions quittes sans plus grands sacrifices. La journée du
23 a été décisive, grâce à Dieu. En voyant leur flottille
anéantie, tes trois, quarts de leurs matetots par le fond,
les Chinois ont perdu la tête et n'ont même pas eu le
temps de fermer ta passe extérieure, quoiqu'ils eussent
préparé dans ee but tout ce qu'il fallait, torpilles com-
prises.
Je ne vous ennuierai pas par des détails sur nos opé-
rations. Votre journal reproduira une partie de mon
rapport; je dis une partie, car j'ai lieu de croire qu'on
ne livrer pas à la publicité deux paragraphes où je dis
clairement combien tout eût été plus facile et nous eût
coûté moins de pertes, d'abord le 20, juillet, terme
du premier ultimatum, et même le 1er août, terme du
second.
Pendant les vingt jours qui ont suivi cette dernière
date, les Chinois ont accompli des prodiges d'activité et
doublé leurs moyens de défense. Après l'.ifiaire deLmg-
Son, il n'y avait qu'à bombarder les ports de la Chine,
détruire ses bâtiments de guerre sans autre forme de
procès. Au lieu de cela, on a diplomaté, rediplomaté et
rerediplomaté.
En quelles mains sont nos intérêts et notre honneur 1
A. COURnET.
22 novembre 1884.
Vous devinez sans doute qu'entre les occupations, les
préoccupations et les ennuis il y a peu de place pour
la correspondance.
En sortant de la rivière Min, je me plaisais à croire
que nous en avions fini avec les subtilités d'avocats, à
peine acceptables par une Chambre endormie autour de
la tribune, mais hors de mise sur le terrain; je me figu-
rais que nous allions enfin déclarer la guerre à la Chine
et y appliquer les moyens nécessaires, et cependant l'é-
tat de « représailles » jouit plus que jamais de la faveur
du cabinet.
A cet état, déjà si déplorable « sans perfectionne-
ment », Jupiter-Ferry ajoute chaque matin quelque nou-
vel !e entrave. Le maître de nos maîtres paraît n'avoir
qu'un souci ménager les neutres, ménager la Chine,
dussent nos marins et nos soldats s'escrimer en pure
perte. Il est évidemment atteint de cette démence qui
précipite la chute des gouvernements par l'abaissement
de la dignité nationale.
Au chemin que nous suivons, nous ne pouvons man-
quer d'aboutir. soit à la nécessité d'entreprendre une
grande expédition au printemps prochain, soit à la
honte de « perdre la face », comme disent les Céles-
tiaux.
La partie était si belle après Fou-Tcheou! Port-Ar-
thur était l'objectif indiqué; c'est là qu'est le nœud de
la question.
A. COURBET.
x 17 janvier 1885.
X. est enchanté de son sort. Une seule chose peut-
être manque à son bonheur l'occasion de couler la ma-
rine chinoise par le fond. Il ne tiendra pas à moi que
ce nuage cesse d'obscurcir son firmament. Ses aspira-
tions trouvent de retentissants échos dans la jeunesse
qui m'entoure. Que d'ardeurs comprimées, depuis trois
mois! Que d'élans contenus dont on aurait tiré un si
bon parti en suivant une autre direction
Seul le président du conseil et ses dociles satellites
échappent à cette généreuse contagion, et compromet-
tent dans je ne sais quel intérêt l'honneur de notre
pauvre pays.
Et il s'est trouvé à la Chambre une majorité pour
contresigner le passé de cette politique et encourager
ses funestes tendances!
Nous sommes décidément bien bas.
Vers la fin de novembre, les journaux de Hong-Kong
enregistraient un télégramme de Londres d'après le-
quel nos honorables auraient donné carte blanche et
crédit illimité au gouvernement pour trancher le diffé-
rend dans des conditions conformes à la dignité natio-
nale. Jugez de mon désappointement en apprenant, Jo
surlendemain, le vote de GO millions. Rien ne pouvait
indiquer plus clairement la perpétuation des expédients,
des demi-mesures, de toutes ces subtilités qui ont cours
à la tribune, mais dont nous éprouvons si rudement le
contre-coup.
Ce n'est plus de 00 millions qu'il' peut être question
aujourd'hui, ce n'est plus d'un ou deux bataillons à
Formose, de trois ou quatre au Tonkin.
Une grande expédition (terre et mer) est devenue in-
dispensable pour sortir convenablement, rien de plus, du
pétrin où nous a mis Jules Ferry. Il faut regagner par
la force tout le terrain que ce Mchiavcl a perdu par la
ruse. Li-riung-Tohang doit bien se frotter les mains; que
de diplomates il a roulés, à commencer par le prési-
dent du conseil, dont l'aveuglement survit, paraît-il, à
tant de déconvenues 1
A. COURBET.
15 mars 1885.
Nous continuons de piétiner sur place, malgré
les vigoureux efforts et les succès remportés soit au
Tonkin, soit à Formose.
Quels misérables que nos ministres I
Quelle bande de complices la mijoritô de la Chambre
leur offre, de gaieté de cœur, de propos délibéré, et cela
en perspective du prochain scrutin
Nous sommes décidément en pleine décadence.
A. couhuet.
Académie des sciences morales et politiques
(20 juin)
Fénelon précepteur du duc de Bourgogne. M. 0.
Gréard a écrit sur le Traita de l'éducation des filles
de Fénnlon une étude hisloriqucot critique destinée
à servir de préface à une édition nouvelle de cet
ouvrage célèbre. L'éditeur y déploie ses qualités
ordinaires son style est clair, chaud, élégant, son
analyse pénétrante met en relief avec un rare bon-
heur les traits qu'il importe de faire saillir; son
entente des choses de l'éducation, fruit d'une expé-
rience consommée et d'une observation judicieuse
se montre ici avec une ampleur remarquable.
Cette préface ne se borne pas à disséquerle sys-
tème de Fénelon, à en mettre à nu les qualités et
les défauts elle est semée d'anecdotes sur les hom-
mes et les choses du temps, anecdotes choisies
avec un soin exquis et qui nous restituent, en quel-
que sorte, le milieu de Fenelon. Il s'applique sur-
leur origine. Les concerts annuels qu'il donnait
lui-même depuis de longues années à Londres
étaient comptés au nombre des plus importan-
tes fêtes musicales.
Il n'y a guère de genre musical que Bénédict
n'ait pas cultivé avec succès comme composi-
teur. Outre ses opéras, dont je juge inutile de
donner la liste, il a fait exécuter deux sympho-
nies au Palais de Cristal, l'une en 1873 et l'autre
l'année suivante. Une édition complète de ses
œuvres comprendrait des ballades, des compo-
sitions pour le piano, des opéras, des oratorios,
des cantates, des ouvrages symphoniques pour
orchestre. A l'occasion du soixante-dixième an-
niversaire de sa naissance, ses nombreux amis
d'Angleterre voulurent lui offrir un souvenir;
un service en argent avec un magnifique can-
délabre lui fut présenté solennellement à cet
effet l'été suivant.
En France, nous ne pouvons guère juger les
mérites de Bénédict comme compositeur que
par ouï-dire. Le sujet de la Légende de sainte
Cécile (exécutée d'abord au festival de Norwich,
1866) a beaucoup d'analogie avec celui de Po-
lyeucle j'ai dit lors de l'audition de l'ouvrage à
Paris « Le style de M. Bénédict est très clair
ses formes harmoniques rappellent celles de
Mendelssohn certaines audaces sont prati-
quées fort habilement. Pour la mélodie, l'au-
teur a choisi une forme intermédiaire entre l'o-
péra et l'oratorio. Là était l'écueil principal.
M. Bénédict n'a pu obtenir la grandeur et l'élé-
vation qu'exigeaient les scènes capitales de son
œuvre mais ce n'en est pas moins une produc-
tion très honorable. »
Adolphe Blanc était né à Manosque (Basses-
Alpes) le 24 juin 1828. Tout ce que nous savons
de sa jeunesse, c'est qu'en 1849 il remporta un
premier prix de violon au Conservatoire de Pa-
ris, où il étudia aussi la composition sous Ja di-
rection de Halévy. Fétis, dans la seconde édi-
tion de sa Biographie universelle des musiciens (1860),
donne une liste de trios, de quatuors, de quin-
tettes, de sonates et d'autres œuvres publiées
par A. Blanc; il ajoute « Ce jeune artiste se
distingue par le genre sérieux de ses composi-
tions, exception fort rare en France dans ce
temps de musique futile. Toutefois il est à
craindre qu'il n'y ait un peu de hâte dans le tra-
vail de M. Blanc avoir fait tant de choses dans
un genre difficile à trente et un ans! C'est
beaucoup. A trente ans, Beethoven avait pu-
tout à comparer aux principes du système les ré-
sultats qui en sont sortis. Les principes ont une
élévation, une simplicité, une noblesse incontesta-
bles ils sont larges et empreints d'u:ie grande dé-
licatesse mais ils ont été appliqués par Fénelon
avec un esprit moins libéral que celui qui les lui
avait fait concevoir. Fénelon avait un besoin in-
conscient et impérieux de domination, ou plutôt
d'absorption qu'attestent la nature domptée du duc
de Bourgogne et les rapports qu'il eut avec Mme
de Maintenon et les personnes de la direction des-
quelles il se chargea.
« Fénelon, dit Saint-Simon, s'était accoutumé à
une domination qui, dans sa douceur, ne souffrait
point de résistance. Il voulait être cru du premier
mot. Etre l'oracle lui était tourné en habitude. Il
entendait prononcer en maître qui ne rend raison
à personne et régner directement de plain-pi^d ».
Et cet esprit « à faire peur », qui avait effrayé Bos-
suet, était d'autant plus redoutable qu'il ne se lais-
sait point voir d'abord, et, suivant la une observa-
tion du chancelier d'Aguesseau, « paraissait même
céder dans le temps qu'il Pntrainait ».
Il dompta et domina si bien le duc de Bourgogne
que, de l'enfant dont les premières années avaient
paru redoutables, il fit un jeune homme irrésolu,
timide etbon.
Mme de Maintenon, qui lui avait hardiment de-
mandé de lui révéler les défauts qu'elle avait, eut-
elle peur de ce doux maître ? Avait-elle songé à se
mettre sous la direction de celui qui fut avec elle
un des fondateurs de Saint-Cyr? On ne saurait le
dire. Mais il est certain que, si Fénplon se tira fort
habilement de la tâche délicate qu'il avait assumée
à l'égard. de la grande favorite, U n'est pas moins
certain que'celle-ci s'abstint désormais dé traiter
avec lui ces brûlantes questions, tout en conservant
pour lui une estime mêlée d'admiration et de res-
pecta
Le Traité de l'Education des filles est un des chefs-
d'œuvre de Fénelon; le fonds est excellent; les
principes, la méthode, le système, ont emporté le
suffrage des hommes les plus éminents; la forme
en est parfaite tout y est sobre et plein.
Une pareille œuvre, animée d'un tel esprit, mé-
ritait de trouver un critique et un commentateur
tel que M. Gréard.
Notre confrère M. Arthur Mangin vient d'être
adjoint à M. Ch. Vergé pour la publication des
-comptes rendus officiels de l'Académie..
Académie des beaux-arts (20 juin)
La section de sculpture a proposé et l'Acadé-
mie a adopté, le sujet suivant pour le programme
du prix Bordin en 1887
« De la sculpture de figures dans la décoration
des monuments antiques. Déterminer le rôle de
cette sculpture, étudier son caractère, ses différen-
tes applications et en déduire la théorie. »
Les mémoires devront être remis au secrétariat
de l'Institut avant le 31 décembre 1886.
M. Saint-Saëns communique une note sur la
décoration des théâtres d'après des fresques dé-
couvertes à Pompéi et i Heretilanum.
M. Heuzey a présenté quelques observations à
propos de ce travail qui sera lu à la prochaine
séance trimestrielle de l'Institut.
FAITS DIVERS
Voici le bulletin du bureau météorologique
21 juin. Labnurrasqtiesignilée hier près de Hetland
a g'ignê la Sc ndinavic; la. z me de pressinns minimum
s'étend ce matin de Bodo à Oxo(742 mm.). Le baromètre
nvnte rapidement sur l'ouest et le sud-ouest de l'Eu-
rope il marque 7G8 mm. en Portugal et en Bretagne.
Sur la Méditerranée, une dépression qui se forme
d'ns le golfe de Gènes amènera probablement des
mauvais temps de nord-ouest en Provence.
La température baisse généralement, excepté en Au-
triche les extrêmes étaient ce matin de 8° aux Hébrides
et de 26° à Biskra.
En France, le temps est à éclaircies avec averses par
instants, excepté dans le sud. Hier, à Paris, le ciel a
été couvert et il y a eu un peu de pluie.
Télégramme de l'Atlintique. Dépêche du chef du
« Signal Service à à Washington. Le navire Britannie
a rencontré des glaces flottantes le 17 juin par 50° à 51°
de long. W. et environ 44° de lat. N. Le Scythia en a
également rencontré le 17, de 510 à 54° de long. W et en-
viron entre 44° et 43° de lat. N.
Aujourd'hui 21 juin, le thermomètre du jour-
nal marquait
A 7 heures du matin. 14° au-dessus deO.
A 11 heures du matin. 16° 1/2
A 1 heure de l'après-midi. 17° 1/2
Hauteur barométrique à 8 heures.. 760.
Le Salon restera ouvert jusqu'à la fin du
mois.
Le prix fonrlé par Mme veuve Bashkirlseff sera
voté par le comité de la section de peinture le
29 juin.
Ce prix, qui s'appellera prix Marie Bashkirtseff,
d'une valeur de 500 francs, devra êlre décerné a un
prtiste,. homme ou f»mme, intéressant par sa si-,
tuation, récompense au Salon.
11 sera voté tous les ans par la section de pein-
ture et proclamé à la distribution des récompenses
Quelques-journaux ont dit que l'état de santé*
de M. le général Cornat, commandant le 18° corps
d'armée, a Bordeaux, inspirait de vives inquiétu-
des. Nous sommes heureux d'apprendre que le gé-
néral est en voie de convalescence.
Le parquet continue à recevoir des dépêches
de diverses villes de province et de l'étranger lui
annonçant qu'lilisa Bœhmer vient d'être retrouvée;
mais il paraît absolument décidé à sévir contre les
auteurs de ces facéties, qui vont être l'objet de re-
cherches de la part du service de la sûreté.
-Vers deux heures du matin, trois gardiens du
seizième arrondissement, Picheret, Beug tôt et Ni-
colas, étaient de service r>n bourgeois et suivaient
la rue de Villejust, se dirigeant vers l'avenue Vic-
tor-Hugo, lorsqu'ils aperçurent un individu qui,
dissimulé à l'angle de la rue, se tenait en observa-
tion. Cet homme ayant les allures d'un malfaiteur,
les trois agents voulurent vérifier ce qu'il faisait à
pareille heure; ils convinrent que deux d'entre
eux, Beugnot et Nicolas, prendraient la rue Léo-
nard-de-Vinci, puis la rue Leroux, afin de regagner
l'avenue Victor-Hugo et de couper la retraite a l'in-
connu, pendant que Picheret resterait en observa-
tion rue de Villejust.
L'agent était seul depuis cinq minutes
environ lorsqu'il vit l'homme entrer dans la rue
de Villejust, se diriger immédiatement vers lui et
l'aborder en disant
Savez-vous quelle heure il est?
-Je n'ai pas de montre, dit le gardien, tout en
cherchant à distinguer les traits de son interlocu-
teur.
A peine l'agent avait-il prononcé ces mots que le
malfaiteur, qui était armé d'une pince monsei-
gneur, voulut le frapper et lui lança une poig.iée
de sable en plein visage. Quoique aveuglé, l'agent
résista et parvint a désarmer son adversaire. Mais,
à ce moment, le rôdeur lança un coup de sifflet
pour appeler probablement ses complices, puis, re-
levant sa blouse et sortant un revolver de sa poche,
il fit feu à deux reprises sur l'agent et prit la fuite
vers l'avenue du Bois-de-Boulogne.
blié trois trios de piano (sic) et avait con-
damné à l'oubli les autres productions de sa
jeunesse. » Blanc était d'avis que cette sorte de
présomption ne pouvait passer pour une criti-
que, et il avait raison. Je ne connais d'ailleurs
de lui que quelques œuvres de musique de
chambre que j'ai entendues dans des concerts
et dont j'ai rendu compte. Son style a beaucoup
d'aisance, de charme et d'élégance. Le nombre
de ses compositions est assez considérable; i
elles comprennent entre autres deux sympho-
nies restées inédites, un opéra-comique qui a
eu une mention honorable dans un concours et
deux opérettes exécutées dans des salons. En
1862, l'Académie des beaux-arts décernaà Blanc
le prix Chartier, consacré à la musique de
chambre. Il était trésorier de la Société des
compositeurs de musique, et membre de la So-
ciété des concerts du Conservatoire, où iljouait t
de l'alto. Pendant quelque temps il a été second
chef d'orchestre au Théâtre-Lyrique. C'était
d'ailleurs un homme distingué et aimable,
comme ses compositions.
M. Edmond Van der Straeten vient de pu-
blier un gros volume qui sera suivi d'un autre
et qui a pour titre les Musiciens néerlandais en
Espagne du douzième au dix-huitième siècle; études
et documents (gravures, musique. et table (1).
On pourrait croire que la matière n'est pas
abondante c'est tout le contraire. M. Van der
Straeten établit le fait dès l'abord dans sa pré-
face. Pendant plusieurs siècles, l'élite de la mu-
sique néerlandaise a été déversée en Espagne,
car les souverains de ce pays devenus les maî-
tres des Pays-Bas donnaient les ordres les plus
pressants pour en extraire ce qu'il y avait de
meilleur en fait de chanteurs et d'instrumen-
tistes.
En Italie, les Néerlandais arrivaient indivi-
duellement en Espagne ils se rendaient par
escouades, formant parfois des chapelles en-
tières. Au delà des Alpes ils rencontraient des
encouragements et des faveurs; en franchis-:
sant les Pyrénées ils trouvaient des obstacles de
toutenatureà surmonter. Les souverainsitaliens
faisaient des invitations, les rois espagnols don-
naient des ordres. L'Italie a reçu et a donné i
l'Espagne a reçu sans rendre. A la vérité, cer-
tains gouverneurs généraux espagnols aux
Pays-Bas contribuèrent largement au dévelop-
(1) 1^8°, Bruxelles, chez Van Trigt.
Picheret, qui avait été atteint à la main droite et
au-dessous du sein gauche, eut encore le courage
de courir après son meurtrier, mais, au bout de
25 mètres, il tombait, épuisé et baignant dans son
sang. Ses collègues, accourus au bruit des détona-
tions, transportèrent leur camarade au poste de la
rue de Longchamps, où le docteur Saint-Martin vint
lui donner des soins.
M. Lambin, commissaire de police, arriva peu
après pour recevoir la déclaration de l'agent et
commencer l'enquête. Une battue fut organisée,
mais on ne découvrit pas le malfaiteur, qui, d'après
certains renseignements, a dû se réfugier dans le
bois de Boulogne. Les recherches ont continué pen-
dant toute la journée d'hier; les agents de la sûreté
ont un indice assez sérieux.
Le gardien de la paix Picheret a été transporté
à son domicile dans un état des plus graves, une
des balles s'étant logée dans le côté gauche de la
poitrine, entre la troisième et la quatrième côte, et
ayant atteint le poumon.
JOURNÉE PARLEMENTAIRE
20 JUIN 1885
ghambre des Députés
La Chambre en a terminé avec la loi du recrute-
ment. L'examen du projet était d'ailleurs fort avan-
cé depuis la dernière séance. On s'était arrêté à
l'article 72, qui est relatif à l'application de la loi
en Algérie et dans les colonies. Les députés des co-
lonies, M. Hurard, M. Deproge, se sont plaints de
ce qu'on n'accordait aux colonies que le service lo-
cal d'un an. Ils ont demandé énergiquement le droit
commun, l'assimilation à la métropole, le droit
pour les originaires des colonies de servir le pays
au même degré que ceux qui sont nés et habitent
en France. « Mais il faudrait trois millions de plus
par an, a répondu M. le ministre de la guerre, pour
transporter votre contingent en France. Vous coû-
teriez trop cher » Et le ministre de la guerre l'a
emporté, au grand regret des députés des colonies.
Le débat s'est borné là; on a voté sans observa-
tions les derniers articles, puis le présidenfallait
mettre aux voix l'ensemble de la loi, lorsque M. de
Lanjuinais a demandé la parole
Nous avons cherché loyalement, a-t-il dit, à vous mon-
trer les vices d'une loi que nous considérons comme dé-
testable, et nous vous avons soumis un contre-projet
qui avait le double mérite de renforcer notre puissance
militaire et de réduire les charges écrasantes que vous
voulez imposer au pays. (Très bien I très bien I à droite.
Réclamations à gauche.)
Nos arguments sont restés sans réponse. (Bruit à
gauche.)
M. Ballue, rapporteur. Vous permettrez à la com-
mission de protester.
M. le comte de Lanjuinais. Vous avez défendu
votre projet, mais sans réfuter nos arguments, sans
combattre notre contre-projet. (Réclamations à gauche.)
Et la Chambre a encore présent à la mémoire l'embar-
ras de M. le ministre de la guerre et de M. le rapporteur,
qui, dans la même séance, à un quart d'heure de dis-
tance, nous ont reproché le premier, de vouloir recon-
stituer la gar.ie nationale, et le second, de vouloir créer
un corps de urôtoriens. (Très bien I très bien à droite.)
M. Ballue, rapporteur. Nous l'affirmons de nou-
veau, votre projet tendait aux deux choses à la fois.
M. le ministre de la guerre. Il n'y a eu aucune
contradiction dans nos réponses.
M. le comte de Lanjuinais. Nous nous contente-
rons de rappeler cette appréciation absolument contra-
dictoire. (Très bien 1 très bien à à droite. Mouvements
divers.)
M. Ballue nous disait, l'autre jour, que les électeurs,
devant lesquels nous allons comparaître, seraient les
juges en dernier ressort de ce différend. (Mouvements
divers.)
M. le rapporteur. C'est vous-même qui l'avez dit.
M. le comte de Lanjuinais. Nous acceptons ce
tribunal avec joie et nous en appellerons, ce jour-là, du
peuple encore plein d'illusions en 1881 au peuple in-
struit par une expérience que vous lui avez fait chère-
ment acheter. (Très bien très bien à droite.)
Ce jour-là, il se souviendra que nous vous avions ap-
porté un mnyen de donner à notre armée des cadres
d'une solidité à toute épreuve, et de diminuer de moitié
les charges militaires que vous voulez lui faire suppor-
ter. (Très bien très bien! à droite. Bruit à gauche.)
Après cette déclaration, l'ensemble du projet a
été adopté par 338 voix contre 87.
Maintenant, la loi que vient d'adopter la Cham-
bre va être transmise au Sénat. Mais la Chambre
haute pourra-t-elle l'avoir examinée et discutée
avant la fin de la législature? Le temps lui man-
quera fatalement. Or, cette loi émane de l'initia-
tive parlementaire et non de l'initiative gouverne-
mentale, c'est-à-dire qu'elle tombe, devient cadu-
que avec l'expiration des pouvoirs de la Chambre
qui lui a donné le jour.
C'est pour remédier à cet inconvénient et à celui
qui atteindrait d'autres lois encore que M. Rivière
a déposé une proposition de loi tendant à assimi-
ler aux projets de loi d'initiative gouvernementale
toute proposition émanant de l'initiative parlemen-
taire votée par la Chambre des députés et trans-
mise par elle au Sénat.
Dans le débat auquel la proposition -Rivière a
donné li"u, on lui a reproché son caractère incon-
stitutionnel. Le pouvoir législatif, a-t-on dit, ne
peut s'exercer, selon l'esprit de la Constitution, que
par deux Chambres coexistantes. A quoi l'auteur de
la proposition a répondu La Constitution donne à
la Chambre l'initiative de loi, au même titre qu'au
gouvernement pourquoi ne pas donner la même
garantie aux propositions de la Chambre qu'aux
projets du gouvernement?
M. Brisson, président du conseil, a fait connaître
son sentiment sur la question
Lorsque j'étais président de la Chambre, a-t-il dit, et
peu de temps avant de quitter cette fonction, M. Rivière
était venu m'entretenir de son projet.
Un projet de loi émané de l'initiative parlementaire et
voté par la Chambre est périmé devant le Sénat, lors-
qu'une nouvelle législature succède à l'ancienne.
C'est la jurisprudence actuelle. Elle présente des in-
convénients auxquels M. Rivière voulait remédier.
Je lui ai fait remarquer toutefois qu'il ne fallait pas y
voir une atteinte aux droits du suffrage universel. (Très
bien! très bien 1)
Elle peut apparaître au contraire comme un signe de
respect envers le suffrage universel qui a pu élire une
Chambre animée d'un esprit fort différent de celui de la
Chambre précédente.
Néanmoins, admettant que ce cas ne se .présentera
pas souvent, j'avais émis l'avis qu'il y avait quelque
chose à faire. On pouvait, par exemple, procéder, par
voie de négociation, entre les bureaux des deux Cham-
bres ou entre les deux commissions du règlement, en
vue d'arriver à une entente. (Très bien I très bien!) !)
C'est là que j'entrevoyais la solution. (Nouvelle appro-
bation.) M. Rivière a préféré procéder par la voie légis-
lative.
pemeril'de la virtuosité, principalement pour la
guitare et l'organisation de la tragédie musi-
cale dont est issu l'opéra. Mais, en Espagne, la
musique proprement dite n'a pas rayonné hors
de la péninsule, comme a fait la musique ita-
lienne. Une série de compositions espagnoles
parut dans les recueils néerlaudais-du seizième
et du dix-septième siècle; quelques-unes eurent
même l'honneur d'une publication spéciale;
puis, certains musiciens espagnols de mérite
furent préposés aux maîtrises des cathédrales
néerlandaises.
Pour le reste, l'intervention musicale de l'Es-
pagne s'est concentrée dans la vulgarisation de
son instrument favori et de la méthode dont
elle avait le secret.
L'influencé néerlandaise dut se faire sentir
en Espagne, particulièrement dans la musique
d'église. Il était naturelque lesmusiciensétran-
gers exécutassent leur musique, d'autant plus
qu'elle était supérieure à la musique indigène.
Il en est autrement des chansons nationales. Ce
genre de musique subissait avec trop de per-
sistance, en Espagne, l'influence orientale pour
qu'il y eût quelque chance d'y acclimater les
chansons néerlandaises.
Cette influence donnait à la chanson espagnole
une surabondance qui se refusait à toute so-
briété raisonnable. Il y avait d'ailleurs peu d'in-
vention dans les développements des mottfs;
la répétition continuelle des mêmes broderies
aboutissait à des conclusions prévues. Il est
donc peu probable que les chansons néerlan-
daises, dont le caractère était tout autre, aient
pu se répandre en Espagne. Mais, si sur ce su-
jet nous n'avons pas une entière certitude, les
hésitations cessent sur le terrain de la musique
sérieuse.
Par le nombre et l'importance des anciens
manuscrits, par ses livres de chants, par les
riches fondations de ses cathédrales, par l'or-
ganisation de ses cérémonies religieuses, l'Es-
pagne est un des pays les plus curieux et les
plus utiles à étudier. Malheureusement les dé-
pôts de documents offrent des lacunes regret-
tables de grandes révolutions ont exercé leurs
ravages; ce qui a pu y survivre est resté pres-
que en désordre ou est rendu inaccessible, en
beaucoup d'endroits, jusqu'à ce qu'une classifi-
cation soignée et rationnelle facilite le travail des
chercheurs.
Les matières de l'ouvrage de M. Van der
Straeten ont été puisées principalement aux Ar-
Le premier paragraphe de sa proposition, que la Cham-
bre a déjà adopté e*. sur lequel il n'y a plus à revenir,
puisque l'urgence a été déclarée, me paraît incontes-
table.
L'article 7 de la loi du 16 juillet 1875, qui dispose qua
le président de la République promulgue les lois, na
laisse guère de latitude pour reprendre un texte de loi
à propos duquel les deux Chambres sont tombées d'ac-
cord.
Mais la- Constitution, dans un autre article, semble
fournir un moyen. Elle a prévu le cas où, dans certaines
circonstances exceptionnelles, il y aurait sujet d'ajour-
ner la promulgation d'une loi, et elle a donné au prébi-
dent de li République le droit de demander une nou-
velle délibération. Je répète qu'à mon avis la solution
est là. (Très bien très bien !)
En effet, la nouvelle Chambre sera maîtresse du mi-
nistère qu'elle aura fait et qu'elle pourra toujours ren-
verser par un vote.
S'il se rencontre une proposition de loi qu'elle désire
voir abolir, il lui appartiendra d'insister auprès du ca-
binet pour qu'il obtienne de M. le président de la Ré-
publique ce recours à une nouvelle délibération. (Très
bien 1 très bien !)
Voilà, suivant moi, la meilleure manière de procéder,
sauf l'avis ultérieur du Sénat, qui aura, en tout état de
cause, à se prononcer sur le premier paragraphe voté
par vous. (Applaudissements.)
L'avis du président du conseil a été détermi-
nànt, et la Chambre a adopté la proposition, avec
cet article unique
« Nonobstant l'expiration du mandat de la Chambra
» des députés, le Sénat restera saisi des propositions
» de l'initiative parlementaire votées par elle et trans-
» mises par le président de cette Chambre au président
» du Sénat, comme il reste saisi des projets de loi de l'i-
» nitiative gouvernementale. »
L'ordre du jour appelait la discussion du projet
de loi sur les incompatibilités, mais tout le monde
a crié aussitôt Halte là! nous examinerons cela
plus tard 1 Le rapporteur, M. Roque (de Fillol), a
bien insisté pour que la Chambre discutât tout de
suite son projet, mais cette discussion, une fois en-
tamée, n'aurait pu être interrompue. Or, M. le pré-
sident du conseil a déclaré en termes énergiques à
la Chambre qu'il tenait absolument à ce que l'or-
dre du jour de lundi ne fût pas modifié. Demain, on
commencera en effet la discussion du budget par
celle de la caisse des écoles et des chemins vici-
naux. M. Roque a bien insisté, mais par 225 voix
contre 178, la Chambre s'est rangée à l'avis de M.
Brisson. M. Benjamin Raspail a alors renouvelé la
proposition de M. Roque, en lui donnant une autre
forme. Il a demandé que le projet sur les incompa-
tibilités fût mis en tête de l'ordre du jour de de-
main. Non, a répondu la Chambre, à la majorité
de 303 voix contre 102.
Donc, domain discussion du projet de loi relatif à
la caisse des écoles et a la cai>se des chemins vici-
naux, préface de la discussion du budget.
Mardi, discussion d l'interpellation de M. Cunéo
d'Ornano sur les comptes de l'ancien préfet des Py«
rénées-Orientales.
Sénat t"
LA SÉANCE
Séance très courte hier au Sénat, où on a votd
sans débat le projet de loi relatif à la dérivation du
Loup, et aussi la proposition de loi de M. Bérenger,
amendée par la Chambre, sur les moyens de préve-
nir la récidive (libération conditionnelle, patronage,
réhabilitation). Pour le premier projet, il a été dé-
cidé qu'on passerait à une deuxième délibération
en ce qui concerne le second, il devra forcément
retourner à la Chambre, la commission sénatoriale
ayant modifié le texte adopté au Palais-Bourbon sur
l'article 2.
Avant la clôture de la séance, M. de Gavardie a
lu l'exposé des motifs d'une motion tendant à mo-
difier l'article 62 du règlement. Il s'agit de'modifier
la manière de mettre aux voix les articles, contre*
projets, amendements, etc. Le Sénat, tout en ren-
dant justice à l'esprit d'innova'ion de M. de Gavar-
die, a refusé de le suivre sur le terrain de la « ré-
vision du règlement », et, malgré les efforts du sé-
nateur des Landes, n'a pas voulu déclarer l'urgence
sur son projet.
On a fixé ensuite la prochaine séance à jeudi.
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vers de la vie anglaise; et l'on peut espérer que
les bonnes intentions de l'auteur lui feront trouver
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AMiallb, lllll.ulîOSii. GASTUAI.r.IE et Unitei
R. ies maladies i-roven-uil de l'afMiuuvriâseiiK-uL da
\sL ies malaùies 1-roveiiitit de 1'31'PtWvl'Ïssellll'ut da
~~x~S~~ sang. ConBulter MM. les taêdooins.
Très varié et très actuel, le numéro de l'Univers i'ius-
tré du 20 juin. Mentionnons parmi les grnvures Pel
devant la cour d'assises, une scène de «Sigurd», l'émou-
vant tableau de Rochegrosse « la Jacquerie », une
charmante composition Promenade aux champs » et
plusieurs autres belles planches d'art et d'actualité.
TRIBUNAUX
L'assassinat de la rue d'Angoulême. Le
verdict. Les débats de cette affaire se sont ter-
minés hier à six heures. Mayer et Gaspard, recon-
nus coupables, sans circonstances atténuantes, de
l'assassinat du vieux fabricant de malles Delaunay,
chives générales du royaume, à Bruxelles, aux
Archives départementales de Lille, à celles de
Dijon, aux Archives générales de Simancas,
aux Archives royales de Madrid et aux Archi-
ves de la couronne d'Aragon, à Barcelone. Des
renseignements secondaires ont été Soumis par
un nombre considérable de dépôts semblables
disséminés en Belgique, en France et en Espa-
gne.
M. Van der Straeten a divisé son premier vo-
lume en î:inq chapitres dont voici les sujets en
résumé
1° Chant des pèlerins flamands, entonné au
douzième siècle à Saint-Jacques-de Compostelle
en Galice; les chansons dites flamencas; instru-
ments et virtuoses de la fin du quatorzième
siècle et du quinzième siècle;
2° La chapelle musicale du gouverneur géné-
ral des Pays-Bas, Philippe le Beau, en Espa-
gne
3° Henri Bredemers, maître de musique de
Charles-Quint, de Marie de Hongrie et de l'ar-
chiduchesse Eléonore, devenue reine d'Espagne;
luthiers anversois et instruments contempo-
rains
4° Les célèbres chapelles musicales 'flaman-
des de Charles-Quint en Espagne;
5° Marie de Hongrie en Espagne, accompa-
gnée de sa chapelle et de ses ménestrels, etc.
En parcourant le volume, on est étonné du
travail patient et persévérant qu'il a fallu à
M. Van der Straeten pour rassembler des do-
cuments précieux et en grande partie inconnus
jusqu'à présent. Les sujets des chapitres téls
que je viens de les donner suffisent à montrer
que l'ouvrage de l'érudit et infatigable écrivain
belge est de première importance pour l'his-
toire de la musique.
Il vient de paraître quatre morceaux détachés
d'Une Nuit de Cléopdlre, de V. Massé (chez Grus);
ce sont la barcarolle de Manassès « Sur les
flots bleus », transposée pour mezzo-soprano
la chanson de Charmion; le brindisi de Gléopâ-
tre « C^nnais-tu l'amour? », et le grand air
de Cléopâtre du deuxième acte. J'ai recomman»
dé spécialement les deux premiers morceaux;
dans le quatrième, il y a un passage au milieu
où, même au théâtre, une cantatrice évitera de
prononcer intelligiblement les paroles On de.
vra supprimer ce passage dans un salon ou ut
concert.
J. WEBEJ*-
Chaîneraient de nous rappeler que'le mode de scrrftin
introduit dans nos lois constitutionnelles par les mo-
narchistes contre le pays y figure encore. Il faut, en
rendant le suffrage universel maître chez lui, établir le
principe primordial de toute République et la condition
première des autres réformes.
Nous avons triomphé au cri Guerre au cléricalis-
me 1 » La lutte contre les envahissements de l'Eglise
divisait les républicains d'avec les partis du passé, mais
elle unissait d.ins une pensee commune toutes les frac-
tions de la dénmeratie. L'Kglise n'a pas changé elle est
encore ce qu'elle était quand, au 16 Mai et au 24 M;ri,
elle conduisait H coalition monarchique. Il faut repren-
dre la tâche interrompue, mais la reprendre sur le seul
terrain véritablement républicain. C'est défier l'histoire
et le sens commun que de .représenter comme néces-
saire à la démocratie le Concordat inventé par Bona-
parte pour préparer l'empire. Ii faut assurer, par la
séparation de l'Eglise et de l'Etat, la liberté de con-
science et te caractère laïque des sociétés modernes.
La Chambre actuelle avait reçu le mandat formel d'a-
chever l'nrg.misalion de l'armée natiunale; les élus de
1881 avaient de réduire le service à trois années
et de supprimer radicalement, sous toules ses formes,
volontariat ou exemptions, le plus justement odieux de
tous les privilèges, celui qui porte sur l'impôt du sang.
Cette œuvre n'est pas accomplie des ajournements in-
cessants l'ont arrêtée devant l;i Chambre, les délibéra-
tions du Sénat la feront encore traîner au delà de la
législature actuelle il faut qu'elle soit achevée dès le
début de la prochaine législature.
Knlin, la République ne serait qu'un mot si elle n'ir.-
troduisait dans ce monde plus de justice pour ceux qui
sont désarmés par la fortune dans la lutte pour la vie.
Il faut qu'ils comprennent, par des réformes efficaces.
qu'en conquérant le droit de vote ils ont conquis un in-
strument de progrès qui écarte à jamais les moyens de
violence.
Assurément, nous aurions beaucoup d'autres points à'
indiquer si nous voulions passer en revue toutes les
réformes qui nous sont chères, et que le suffrage uni-
versel inscrira dans les mandats électoraux. Il reste
tant à faire pour introduire les principes de la Révolution
française dans l'ét d de choses que nous a légué la mo-
narchie dans les lois sur les associations, à qui il est
grand temps d'assurer la liberté si longtemps promise,
tout en abolissant la propriété de mainmorte qu'on es-
saye en vain d'abriter de son nom; dans l'instruction,
que la République doit ouvrir à tous, d'une façon plus
large, pour donner à l'égalité sa plus précieuse consé-
cration dan-; l'organisation municipale qui attend en-
core les mesures de décentralisation, propres à fonder
l'unité française sur les libertés locales et dans l'orga-
nisation judiciaire, où il faut réduire les frais de jus-
iice, où l'on ne peut croire qu'on ait accompli la vérita-
ble réforme républicaine tant qu'on s'est borné à chan-
ger les hommes sans changer les institutions.
Ce sont là des réformes nécessaires, que nous ne pou-
vons renoncer à soumettre à la Chambre prochaine.
Mais nous n'avons pas la prétention de dresser les
cahiers de 1885. Ce sera l'œuvre des comités et des élec-
teurs. Il nous suffit ici de déterminer le minimum de
points communs nécessaire pour faire de l'accord entre
des hommes de nuances différentes autre chose qu'une
apparence passagère cinq ou six idées dirigeantes, as-
sez nettes pour caractériser une politique, et assez lar-
ges pour grouper le plus grand nombre de bonnes vo-
lontés diverses.
Nous entendons en faire, non l'ornement d un drapeau
électoral, ou l'objet d'un vain acte de foi, mais un pro-
gramme d'action destiné à ôtr». réalisé sans ajourne-
ment, sans faux-fuyants et sans défaillances.
La politique né comporte pas les opinions platoni-
ques. Se prononcer sérieusement pour une réforme, ce
n'est pas dire qu'on la juge bonne pour les siècles fu-
turs c'est dire qu'on veut l'appliquer. Rien n'est si fu-
neste que les professions de foi qu'on se réserve de rc-
présenter, le lendemain de l'élection, comme des actes
de respect à l'égard d'opinions impraticables. Elles dé-
truisent dans le pays le bon renom de ses mandataires,
l'autorité des Chambres et la confiance dans le bulletin
de vote. Il est temps d'aboutir. Le travail qu'un specta-
cle si décourageant opère à la longue dans les esprits
serait plus dangereux pour nos institutions de liberté
que les attaques violentes de nos adversaires. Il appar-
tient aux électeurs de chercher les hommes qui, par
leur passé, donneront des garanties de cette fidélité au
mandat, qui est la première des vertus républicaines.
Quant à nous, nous déclarons qu'il est urgent de se
mettre à l'œuvre pour opérer les réformes suivantes
lo Condamnation de la politique d'aventures et de
conquêtes;
2° Réforme constitutionnelle. Souveraineté absolue du
suffrage universel
30 Réforme financière. Equilibre du budget impôt
sur le revenu réduction des dépenses révision des
conventions et des tarifs de transport
40 séparation des Eglises et de l'Etat;
50 Réduction du service militaire suppression de
L'exemption des séminaristes et du volontariat d'un an;
*i° Lois de protection et d'émancipation du travail.
Achard. Barodct. Beauquier. Bel-
o lot. Bizarelli. Boudeville. Bourne-
̃ ̃̃'• ville. Boysset. Brelay. Brialou.–
Brousse. Cantagrel. Carret (Sivoie).
'̃ V Chavanne (Loire). Clémenceau.
Courmeaux. Daumas. Delattre.
Desmons. Douvi Ile-Mail lefeu. Du-
ehasseint. Dubois (Côte-d'OrV Dn-
portai. Favcy. Vorest. Anatole de
La Forge. Franconie. Frébault.
Gagneur. Gaillard. Galtier. Giard.
Uirodet. Granet. De Hêrôdia.
Hérisson (Nièvre). Clovis Hugues.
1. Laeôte. De Lacretelle. Sigismond
Lacroix. Lafont. Laguerrc. Lai-
sant. De Lanessan. L-iporle (Niè-
vre). De La Porte. Lasb;iysses.
Leconte (Indre). Lefebvre (Fontaine-
bleau). Ernest Lefèvre. Lepère.
Leporché. Lesguillier. Leydet.-
· Luckroy. Loranchet. MadierdeMont-
jau. Henry Maret. Mathieu. M.i'u-
rel (Var). Monteilhet. Nadaud (Mar-
tin). Papinaud. Pelletan. Perin
(Georges). Peytral. Pochon. Pré-
veraud. Raspail.- Remoiville. Tony
Révillon. Rivière.– Roque (de Fillol).
Salis.– Simonet.– Saint-Martin (Vau-
cluse). Turigny. Vernhes. Ver-
̃ • "̃̃- nières. Villeneuve. H. .'0
Nouvelles lettres de l'amiral Courbet
r Voici le texte des lettres que nous avons annon-
cées hier en dernières nouvelles et dont nous par-
Ions plus haut Bayard, 6 septembre 1883.
Nos adversaires les plus acharnés sont les Pa-
villons noirs. Je ne vous apprendrai pas que ce sont des
bandes recrutées parmi les déserteurs dans les rangs
de l'arrnée chinoise massée sur la frontière, soutenues
k peu près ouvertement par le gouvernement chinois.
Pour leur faire lâcher pied, if faut leur infliger un écla-
tant échec ou convaincre la Chine qu'elle aura la guerre
avec la France pour peu qu'elle continue ses menées
hostiles. Muis, avec les. hésitations permanentes.de nos
maîtres, soit en matière de subsides, soit en matière de
diplomatie, cela peut durer encore longtemps
• A. COUIUiET.
1.. Bayard, 9 novembre 1883.
Vous vous figuriez, l'an dernier, en ne ma
voyant'point arriver de Càlédonie, que l'on m'avait inter-
cepta en route pour m'envoyer ici. On aurait bien fait
Rivière ne serait pas mort, et je crois que nos affaires
seraient dans un état moins déplorable.
Depuis que l'on m'a fait le périlleux honneur de me
FEUHU-ETOIV DU TEMPS
DU 22 JUIN 1885
1
CRITIQUE MUSICALE
.̃ Nécrologie Jules Bénédict et Adolphe Blanc. Les
musiciens néerlandais en Espagne, du douzième au
dix-huitième siècle, par M. K. Van der Straeten.
Une nuit de Cléopdtre, de V. Massé morceaux dé-
tachés.
On annonçait ces jours-ci la mort de deux
compositeurs, l'un allemand, établi depuis long-
temps en Angleterre, l'autre français et qui
malgré cela n'est pas connu dans son pays
autant qu'il méritait de l'ôtre. Quant à J. Béné-
dict, on n'a exécuté de lui à Paris qu'un seul
ouvrage, du moins pour ce qui est à ma con-
naissance c'est la Légende de sainte Cécile, can-
tate écrite sur des paroles anglaises et dont la
partition piano et chant avec traduction fra.n-
çaise a paru lors de l'audition qui en a eu lieu le
Su avril 870 dans une représentation donnée à
l'Opéra; cette représentation devait être au bé-
néfice de Mme Nilsson, aui en avait généreu-
sement cédé le profit à l'Association des artistes
musiciens. L'Opéra-Comique donnait le même
soir la première représentation de Déa, de MM.
Cormon, Carré et J. Cohen; il en est résulté
quelque embarras pour la presse moi-même
je n'ai pu entendre qu'une partie de l'oeuvre
de Bénédict; j'en ai parlé d'après la parti-
tion (1).
J. Bénédiet était né à Stuttgard le 27 novem-
(1) Voir le Temps du il mai 1870. La partition de la,
Légende de sainte Cécile se vendait alors au secrétariat do.
l'Association des artistes musiciens; j'ignore où elle est
auiourd'hui en dépôt. •
i nommer au commandement des forces de terre et de
• mer, je commence à savoir à quoi m'en tenir.
Nous sommes dans un pétrin dont les renforts annon-
cés ne suffiront peut-être pas à nous tirer. La Chine
nous fait ouvertement la guerre sur le territoire que le
i traité de Hué a placé sous notre protectorat, et le gou-
i vernemrnt n'a pas eu l'énergie de la lui déclarer, de
bombarder ses ports, de ruiner sa marine. C'est l'unique
moyen d'en finir, et, faute de l'employer, uous serons
peut-être forcés d'assumer le fardeau de fautes commi-
ses par nos diplomates.
Triste pays que le nôtre, où il faut consulter une
Chambre en vacances pour prendre un parti dans des
circonstances difficiles. Le gouvernement a eu tort de
ne pas la réunir à la fin d'août pour lui demander une
ligne de conduite. Ses incertitudes, ses hésitations, rui-
nent notre prestige et doublent l'outrecuidance de nos
ennemis.
A. COURBET.
15 janvier 1884.
Nos journaux français, qui se payent si volontiers
de mots, commencent-ils à croire que les Pavillons
noirs et les Chinois qui les secondent sont des soldats
aguerris, avec lesquels il faudra compter sérieusement ?
La saison n'est pas moins favorable aux bien portants
qu'aux blessés; aussi je ne leur laisse pas de loisirs im-
modéré? pendant le temps d'arrêt inévitable qui nous
sépare de l'expédition contre Bac-Ninh. Faute de 2,000
hommes pour couper la retraite aux Pavillons noirs, je
n'ai pu changer leur retraite en déroute et marcher im-
médiatement sur Bac-Ninh.
Bon gré mal gré, il me faut laisser à, Son-Tay près de
la moitié de la colonne mobile jusqu'au terme des tra-
vaux qui permettront de défendre la place avec une fai-
ble garnison.
Ce retard est bien préjudiciable aux opérations. La
faute en est aux hésitations perpétuelles du cabinet. Il
m'est aussi bien préjudiciable, car, avant le moment de
repartir du pied gauche, j'aurai vu arriver ici un géné-
ral de division et deux généraux de brigade, précur-
seurs de six mille hommes de troupes. Vous supposez
bien que je n'ii jamais demandé tant de milliers d'hom-
mes et tant de généraux de division. COUIUlET.
A. COURBET.
Bayard, 24 février 1884.
Au nom du peuple français, et par la volonté
nationale, sans aucun doute, j'ai dû remettre au géné-
ral Millot le commandement en chef du corps expédi-
tionnaire.
Ce sont les étrennes du gouvernement de la Répu-
blique.
Car Ferry prodigue ses biens
A ceux qui font vœu d'être siens.
Quand je pense qu'il y a aujourd'hui trente-six ans
je risquais ma peau dans les rues de Paris pour prépa-
rer l'avènement de ces polichinelles-làl
Bref, le sacrifice est consommé depuis le 12; je suis
rendu à bord du Bayard, à la veille de 'marcher sur Bac-
Ninh, où une victoire certaine, décisive, nous attend
je suis rentré au moment où d'énormes renforts vont
rendre tout facile, où l'on va pouvoir mener de front la
pacification intérieure du Tonkin et l'expédition.
Vous connaîtrez la nouvelle victoire de nos troupes
bien avant le jour où ce petit mot vous parviendra. Je
me plais à espérer qu'après la Chine comprendra un peu
mieux ses intérêts, qu'elle demandera immédiatement à
traiter et qu'on lui tiendra la dngée haute. Ce n'est pas,
je le présume, pour ce malheureux deita du fleuve
Rouge que nous avons accumulé ici une armée de
14,000 hommes.
Il faut que la Chine rende gorge, qu'elle paye en es-
pèces sonnantes et métalliques ses f .utes et les nôtres.
Quelle occasion pour M. Tirard de rattraper un peu
ses déficits I.
Agréez, cher monsieur, l'assurance de mes sentiments
affectueux et la cordiale poignée de main d'un homme
que les remords du 24 février 1848 poursuivront jusqu'au
bord de la tombe.
À. COUniîET.
9 mars 1884.
Le rôle de la marine est fini. Evidemment on ne
se décidera jamais à des opérations maritimes contre le
Céleste-Empire. La division navale est l'arme au bras
jusqu'à ce que nous ayons traité.
C'eût été la seule compensation que le gouvernement
pût m'offrir il a pris la sorte de destitution qui m'a at-
teint à la veille d'une nouvelle victoire. C'est même la
perspective d'une guerre m iritime qui a couvert d'une
apparence logique une mesure inqualifiable et certaine-
ment contraire aux intérêts de l'expédition, car enfin il
a fallu au général Millot, "malgré les renseignements
que je lui ai laissés, plusieurs semaines pour étudier la
situation et le terrain. J'aurais marché du 15 au 20 fé
vrier, aussitôt après le débarquement des deux pre-
miers mille hommes de renfort. Il n'a pu le faire avant
le 7 mars.
A. COURBET.
*̃ -̃̃̃'•̃̃̃••-•̃•̃̃̃• ̃̃' 24 avril 1884.
Le retour immédiat rie sera pas la conséquence de
ma^promotion.Le ministre en a jugé autrement, et sur ce
point je dois le remercier; je suis maintenu ici tant que
nos différends avec la Chine ne seront point terminés,
afin de prendre le commandement de toutes nos forces
navales dans ces mers-ci. Une belle opération maritime
serait la seule compens ition que les circonstances pus-
sent m'offrir, mais je ne me fais guère d'illusions, et je
serais fort embarrassé de vous dire quand vous me re- il
verrez.
Pour peu que l'on continue à laisser le 'marquis de
Tseng valser de Paris à Londres et de Londres à Paris,
ma limite d'âge m'atteindra ici. Vous me trouverez sans
doute un peu pessimiste on le serait à moins. Depuis
le jour où les Célestiaux ont mal digéré le traité de Hué,
je n'ai eu qu'une opinion et je l'ai répétée sur tous les
tons « Déclarer la guerre à la Chine, brûler ses ports,
ruiner sa marine. »
En quinze jours tout était fini, la paix était immédiate
et nous obtenions toutes les indemnités désirables.
Mais comment prendre une résolution virile quand le
gouvernement est obligé de consulter les Chambres,
qui à leur tour considèrent comme un impérieux devoir
de consulter les électeurs?
Je me demande où les journaux vont prendre que ma
santé est ébranlée et que je demande à rentrer.
̃ ̃ A. COURBET.
24 juin 1884.
Ici, on cuit, on bout, pour mieux dire, car le mi-
lieu où l'on vit est un mélange d'air et de vapeur d'eau
à une température très désagréable; malgré cela, toutes
les santés se comportent assez bien; tout le monde s'en
tire avec résignation et pas mal de petits bobos printa-
niers.
A bord du Bayard, qui est tout en tôle et où le thermo-
mètre marque toujours deux ou trois degrés de plus
qu'ailleurs, l'épreuve est plus rude, beaucoup plus rude
que chez les voisins; notre exemple les soutient, et nous
sommes soutenus nous-mêmes par la perspective d'un
prochain retour.
Rien ne paraît nous retenir ici le jour où il n'y aura
plus la chance de tirer un coup de canon maritime or,
M. Patenôtre, concierge du temple de Janus, vient déjà
de donner un bon tour de clef à Hué et partait hier
pour Tien-Tsin avec son trousseau mythologique. Com-
ment fera-t-il pour tirer un parti honorable de la con-
vention du il mai? Nous doutons fort qu'il y par-
vienne.
a. COURBET.
Rivière Min, 8 août 1884.
.A la première nouvelle de la trahison de Lang-Son,
j'ai pris le commandement des deux divisions navales
de Chine et du Tonkin avec la conviction que le gou-
vernement était bien résolu à obtenir réparation et in-
demnités.
Quelques jours plus tard, je me concertais avec
bre 1804. Il avait étudié d'abord. sous la direc-
tion d'Humme), à Weimar; quand il eut dix-
sept ans, ce maître le présenta à Weber, qui le
reçut dans sa maison et le traita, d'après les
paroles de Bénédict lui-même, « non-seulement
comme un élève, mais comme un fils ». J'ai ra-
conté que le matin de la première repré-
sentation du Freisclmtz à Berlin (18 juin 1821)
Weber termina son Conccrtstùck, en apporta les
feuillets encore humides à sa femme, près de
laquelle se trouvait Bénédict, se mit gaiement
au piano et joua le morceau d'un bout à l'autre,
en indiquant le programme au fur et à mesure.
Bénédict nota de mémoire ce programme, que
Weber refusa de mettre en tête de son œuvre.
Quand Bénédict quitta la maison de We-
ber, il fut, à la recommandation de son
maître, chargé de la direction d'une série
de représentations d'opéras à Vienne (1824).
Quelques années plus tard, il fut nommé chef
d'orchestre au théâtre de San-Carlo à Naples. Il
y donna son premier opéra, Jacinthe et Ernest t
qui paraît avoir été trop allemand pour les Na-
politains. Par contre, celui des Portugais à Goa,
que Bénédict écrivit en 1830 pourStuttgard, était
sans doute trop italien pour les Allemands,
car il ne réussit pas à Stuttgard, mais fut cha-
leureusement applaudi à Naples (1).
En 1835, Bénédict vint à Paris; il y fit la con-
naissance de Mme Malibran, qui lui conseilla
d'aller à Londres il s'y est fixé et .y a oc-
j cupé- pendant près de cinquante ans une
position exceptionnelle comme compositeur,
professeur et chef d'orchestre. En 1836, il fut
nommé directeur de V Opéra buffa, où il fit mon-
ter avec succès un petit ouvrage Un an et un
jour, donné d'abord à Naples. En 1838 il écrivit
son premier opéra anglais The Gypsy's Warning,
dont un air de basse est resté célèbre. Il diri-
gea ensuite l'orchestre du théâtre de Drury
Lane; en 1850 il accompagna Jenny Lind dans
un voyage aux Etats-Unis et dirigea les concerts
qu'elle donna avec un succès sans exemple. De
retour en Angleterre, il fut chef d'orchestre au
théâtre de la Reine, puis à Drury Lane. Lors-
qu'en 1860 on monta Oberon au théâtre de la
Reine-, Bénédict fut chargé d'écrire des récita-
tifs comme Berlioz fit pour le Freischûlz. Bé-
nédict a dirigé aussi, sauf de rares interrup-
tions,, les Concerts populaires du lundi, depuis
(1) Voir la notice du Dictionnaire de M. Grove, à laquelle
j'emprunte ces détails.
M X. Nous tombâmes immédiatement d'accord sur la
nécessité d'une actinn énergique et prompte. Le cabi-
net, qui nous avait demandé notre avis, se garda de le
suivre. Il donna à la Chine huit jours de réflexion, pen-
dant lesquels je vins m'établir avec une partie de mes
forces navales devant l'arsenal de Fou-Tcheou, au mi-
lieu d'une douzaine de bâtiments de guerre et autant de
jonques de guerre chinois. J'y suis encore, car ces huit
jours ont été suivis de onze autres, suivis eux-mêmes
d'un délai indéfini. On négocie plus que jamais, avec
moins d'espoir que jamais.
Vous devinez le rôle que joue notre marine pendant
que les diplomates croisent les notes et échangent les
pourparlers. Une vieille expérience nous l'a appris, il
n'y a qu'une voix que la Chine sache écouter celle du
canon.
Je suis navré, car je sens que notre inaction ruine
notre prestige, et je redoute que cela n'aboutisse qu'à
une reculade honteuse.
A. COURBET.
15 septembre 1884.
Vous savez depuis une quinzaine de jours com-
ment nous sommes sortis de la rivière Min ce sera
déjà de l'histoire ancienne quand vous lirez ces quel-
ques lignes. Ce que l'on ignorera encore longtemps,
c'est la difficile situation où nous avait placés la politi-
que cauteleuse du cabinet Ferry. Jamais les défaillances
de nos hommes d'Etat ne se sont mieux manifestées.
que par ces séries successives d'indéterminables négo-
ciations.
Nos bâtiments s'en sont tirés sans avaries bien sé-
rieuses bref, je ne prévoyais guère que nous en se-
rions quittes sans plus grands sacrifices. La journée du
23 a été décisive, grâce à Dieu. En voyant leur flottille
anéantie, tes trois, quarts de leurs matetots par le fond,
les Chinois ont perdu la tête et n'ont même pas eu le
temps de fermer ta passe extérieure, quoiqu'ils eussent
préparé dans ee but tout ce qu'il fallait, torpilles com-
prises.
Je ne vous ennuierai pas par des détails sur nos opé-
rations. Votre journal reproduira une partie de mon
rapport; je dis une partie, car j'ai lieu de croire qu'on
ne livrer pas à la publicité deux paragraphes où je dis
clairement combien tout eût été plus facile et nous eût
coûté moins de pertes, d'abord le 20, juillet, terme
du premier ultimatum, et même le 1er août, terme du
second.
Pendant les vingt jours qui ont suivi cette dernière
date, les Chinois ont accompli des prodiges d'activité et
doublé leurs moyens de défense. Après l'.ifiaire deLmg-
Son, il n'y avait qu'à bombarder les ports de la Chine,
détruire ses bâtiments de guerre sans autre forme de
procès. Au lieu de cela, on a diplomaté, rediplomaté et
rerediplomaté.
En quelles mains sont nos intérêts et notre honneur 1
A. COURnET.
22 novembre 1884.
Vous devinez sans doute qu'entre les occupations, les
préoccupations et les ennuis il y a peu de place pour
la correspondance.
En sortant de la rivière Min, je me plaisais à croire
que nous en avions fini avec les subtilités d'avocats, à
peine acceptables par une Chambre endormie autour de
la tribune, mais hors de mise sur le terrain; je me figu-
rais que nous allions enfin déclarer la guerre à la Chine
et y appliquer les moyens nécessaires, et cependant l'é-
tat de « représailles » jouit plus que jamais de la faveur
du cabinet.
A cet état, déjà si déplorable « sans perfectionne-
ment », Jupiter-Ferry ajoute chaque matin quelque nou-
vel !e entrave. Le maître de nos maîtres paraît n'avoir
qu'un souci ménager les neutres, ménager la Chine,
dussent nos marins et nos soldats s'escrimer en pure
perte. Il est évidemment atteint de cette démence qui
précipite la chute des gouvernements par l'abaissement
de la dignité nationale.
Au chemin que nous suivons, nous ne pouvons man-
quer d'aboutir. soit à la nécessité d'entreprendre une
grande expédition au printemps prochain, soit à la
honte de « perdre la face », comme disent les Céles-
tiaux.
La partie était si belle après Fou-Tcheou! Port-Ar-
thur était l'objectif indiqué; c'est là qu'est le nœud de
la question.
A. COURBET.
x 17 janvier 1885.
X. est enchanté de son sort. Une seule chose peut-
être manque à son bonheur l'occasion de couler la ma-
rine chinoise par le fond. Il ne tiendra pas à moi que
ce nuage cesse d'obscurcir son firmament. Ses aspira-
tions trouvent de retentissants échos dans la jeunesse
qui m'entoure. Que d'ardeurs comprimées, depuis trois
mois! Que d'élans contenus dont on aurait tiré un si
bon parti en suivant une autre direction
Seul le président du conseil et ses dociles satellites
échappent à cette généreuse contagion, et compromet-
tent dans je ne sais quel intérêt l'honneur de notre
pauvre pays.
Et il s'est trouvé à la Chambre une majorité pour
contresigner le passé de cette politique et encourager
ses funestes tendances!
Nous sommes décidément bien bas.
Vers la fin de novembre, les journaux de Hong-Kong
enregistraient un télégramme de Londres d'après le-
quel nos honorables auraient donné carte blanche et
crédit illimité au gouvernement pour trancher le diffé-
rend dans des conditions conformes à la dignité natio-
nale. Jugez de mon désappointement en apprenant, Jo
surlendemain, le vote de GO millions. Rien ne pouvait
indiquer plus clairement la perpétuation des expédients,
des demi-mesures, de toutes ces subtilités qui ont cours
à la tribune, mais dont nous éprouvons si rudement le
contre-coup.
Ce n'est plus de 00 millions qu'il' peut être question
aujourd'hui, ce n'est plus d'un ou deux bataillons à
Formose, de trois ou quatre au Tonkin.
Une grande expédition (terre et mer) est devenue in-
dispensable pour sortir convenablement, rien de plus, du
pétrin où nous a mis Jules Ferry. Il faut regagner par
la force tout le terrain que ce Mchiavcl a perdu par la
ruse. Li-riung-Tohang doit bien se frotter les mains; que
de diplomates il a roulés, à commencer par le prési-
dent du conseil, dont l'aveuglement survit, paraît-il, à
tant de déconvenues 1
A. COURBET.
15 mars 1885.
Nous continuons de piétiner sur place, malgré
les vigoureux efforts et les succès remportés soit au
Tonkin, soit à Formose.
Quels misérables que nos ministres I
Quelle bande de complices la mijoritô de la Chambre
leur offre, de gaieté de cœur, de propos délibéré, et cela
en perspective du prochain scrutin
Nous sommes décidément en pleine décadence.
A. couhuet.
Académie des sciences morales et politiques
(20 juin)
Fénelon précepteur du duc de Bourgogne. M. 0.
Gréard a écrit sur le Traita de l'éducation des filles
de Fénnlon une étude hisloriqucot critique destinée
à servir de préface à une édition nouvelle de cet
ouvrage célèbre. L'éditeur y déploie ses qualités
ordinaires son style est clair, chaud, élégant, son
analyse pénétrante met en relief avec un rare bon-
heur les traits qu'il importe de faire saillir; son
entente des choses de l'éducation, fruit d'une expé-
rience consommée et d'une observation judicieuse
se montre ici avec une ampleur remarquable.
Cette préface ne se borne pas à disséquerle sys-
tème de Fénelon, à en mettre à nu les qualités et
les défauts elle est semée d'anecdotes sur les hom-
mes et les choses du temps, anecdotes choisies
avec un soin exquis et qui nous restituent, en quel-
que sorte, le milieu de Fenelon. Il s'applique sur-
leur origine. Les concerts annuels qu'il donnait
lui-même depuis de longues années à Londres
étaient comptés au nombre des plus importan-
tes fêtes musicales.
Il n'y a guère de genre musical que Bénédict
n'ait pas cultivé avec succès comme composi-
teur. Outre ses opéras, dont je juge inutile de
donner la liste, il a fait exécuter deux sympho-
nies au Palais de Cristal, l'une en 1873 et l'autre
l'année suivante. Une édition complète de ses
œuvres comprendrait des ballades, des compo-
sitions pour le piano, des opéras, des oratorios,
des cantates, des ouvrages symphoniques pour
orchestre. A l'occasion du soixante-dixième an-
niversaire de sa naissance, ses nombreux amis
d'Angleterre voulurent lui offrir un souvenir;
un service en argent avec un magnifique can-
délabre lui fut présenté solennellement à cet
effet l'été suivant.
En France, nous ne pouvons guère juger les
mérites de Bénédict comme compositeur que
par ouï-dire. Le sujet de la Légende de sainte
Cécile (exécutée d'abord au festival de Norwich,
1866) a beaucoup d'analogie avec celui de Po-
lyeucle j'ai dit lors de l'audition de l'ouvrage à
Paris « Le style de M. Bénédict est très clair
ses formes harmoniques rappellent celles de
Mendelssohn certaines audaces sont prati-
quées fort habilement. Pour la mélodie, l'au-
teur a choisi une forme intermédiaire entre l'o-
péra et l'oratorio. Là était l'écueil principal.
M. Bénédict n'a pu obtenir la grandeur et l'élé-
vation qu'exigeaient les scènes capitales de son
œuvre mais ce n'en est pas moins une produc-
tion très honorable. »
Adolphe Blanc était né à Manosque (Basses-
Alpes) le 24 juin 1828. Tout ce que nous savons
de sa jeunesse, c'est qu'en 1849 il remporta un
premier prix de violon au Conservatoire de Pa-
ris, où il étudia aussi la composition sous Ja di-
rection de Halévy. Fétis, dans la seconde édi-
tion de sa Biographie universelle des musiciens (1860),
donne une liste de trios, de quatuors, de quin-
tettes, de sonates et d'autres œuvres publiées
par A. Blanc; il ajoute « Ce jeune artiste se
distingue par le genre sérieux de ses composi-
tions, exception fort rare en France dans ce
temps de musique futile. Toutefois il est à
craindre qu'il n'y ait un peu de hâte dans le tra-
vail de M. Blanc avoir fait tant de choses dans
un genre difficile à trente et un ans! C'est
beaucoup. A trente ans, Beethoven avait pu-
tout à comparer aux principes du système les ré-
sultats qui en sont sortis. Les principes ont une
élévation, une simplicité, une noblesse incontesta-
bles ils sont larges et empreints d'u:ie grande dé-
licatesse mais ils ont été appliqués par Fénelon
avec un esprit moins libéral que celui qui les lui
avait fait concevoir. Fénelon avait un besoin in-
conscient et impérieux de domination, ou plutôt
d'absorption qu'attestent la nature domptée du duc
de Bourgogne et les rapports qu'il eut avec Mme
de Maintenon et les personnes de la direction des-
quelles il se chargea.
« Fénelon, dit Saint-Simon, s'était accoutumé à
une domination qui, dans sa douceur, ne souffrait
point de résistance. Il voulait être cru du premier
mot. Etre l'oracle lui était tourné en habitude. Il
entendait prononcer en maître qui ne rend raison
à personne et régner directement de plain-pi^d ».
Et cet esprit « à faire peur », qui avait effrayé Bos-
suet, était d'autant plus redoutable qu'il ne se lais-
sait point voir d'abord, et, suivant la une observa-
tion du chancelier d'Aguesseau, « paraissait même
céder dans le temps qu'il Pntrainait ».
Il dompta et domina si bien le duc de Bourgogne
que, de l'enfant dont les premières années avaient
paru redoutables, il fit un jeune homme irrésolu,
timide etbon.
Mme de Maintenon, qui lui avait hardiment de-
mandé de lui révéler les défauts qu'elle avait, eut-
elle peur de ce doux maître ? Avait-elle songé à se
mettre sous la direction de celui qui fut avec elle
un des fondateurs de Saint-Cyr? On ne saurait le
dire. Mais il est certain que, si Fénplon se tira fort
habilement de la tâche délicate qu'il avait assumée
à l'égard. de la grande favorite, U n'est pas moins
certain que'celle-ci s'abstint désormais dé traiter
avec lui ces brûlantes questions, tout en conservant
pour lui une estime mêlée d'admiration et de res-
pecta
Le Traité de l'Education des filles est un des chefs-
d'œuvre de Fénelon; le fonds est excellent; les
principes, la méthode, le système, ont emporté le
suffrage des hommes les plus éminents; la forme
en est parfaite tout y est sobre et plein.
Une pareille œuvre, animée d'un tel esprit, mé-
ritait de trouver un critique et un commentateur
tel que M. Gréard.
Notre confrère M. Arthur Mangin vient d'être
adjoint à M. Ch. Vergé pour la publication des
-comptes rendus officiels de l'Académie..
Académie des beaux-arts (20 juin)
La section de sculpture a proposé et l'Acadé-
mie a adopté, le sujet suivant pour le programme
du prix Bordin en 1887
« De la sculpture de figures dans la décoration
des monuments antiques. Déterminer le rôle de
cette sculpture, étudier son caractère, ses différen-
tes applications et en déduire la théorie. »
Les mémoires devront être remis au secrétariat
de l'Institut avant le 31 décembre 1886.
M. Saint-Saëns communique une note sur la
décoration des théâtres d'après des fresques dé-
couvertes à Pompéi et i Heretilanum.
M. Heuzey a présenté quelques observations à
propos de ce travail qui sera lu à la prochaine
séance trimestrielle de l'Institut.
FAITS DIVERS
Voici le bulletin du bureau météorologique
21 juin. Labnurrasqtiesignilée hier près de Hetland
a g'ignê la Sc ndinavic; la. z me de pressinns minimum
s'étend ce matin de Bodo à Oxo(742 mm.). Le baromètre
nvnte rapidement sur l'ouest et le sud-ouest de l'Eu-
rope il marque 7G8 mm. en Portugal et en Bretagne.
Sur la Méditerranée, une dépression qui se forme
d'ns le golfe de Gènes amènera probablement des
mauvais temps de nord-ouest en Provence.
La température baisse généralement, excepté en Au-
triche les extrêmes étaient ce matin de 8° aux Hébrides
et de 26° à Biskra.
En France, le temps est à éclaircies avec averses par
instants, excepté dans le sud. Hier, à Paris, le ciel a
été couvert et il y a eu un peu de pluie.
Télégramme de l'Atlintique. Dépêche du chef du
« Signal Service à à Washington. Le navire Britannie
a rencontré des glaces flottantes le 17 juin par 50° à 51°
de long. W. et environ 44° de lat. N. Le Scythia en a
également rencontré le 17, de 510 à 54° de long. W et en-
viron entre 44° et 43° de lat. N.
Aujourd'hui 21 juin, le thermomètre du jour-
nal marquait
A 7 heures du matin. 14° au-dessus deO.
A 11 heures du matin. 16° 1/2
A 1 heure de l'après-midi. 17° 1/2
Hauteur barométrique à 8 heures.. 760.
Le Salon restera ouvert jusqu'à la fin du
mois.
Le prix fonrlé par Mme veuve Bashkirlseff sera
voté par le comité de la section de peinture le
29 juin.
Ce prix, qui s'appellera prix Marie Bashkirtseff,
d'une valeur de 500 francs, devra êlre décerné a un
prtiste,. homme ou f»mme, intéressant par sa si-,
tuation, récompense au Salon.
11 sera voté tous les ans par la section de pein-
ture et proclamé à la distribution des récompenses
Quelques-journaux ont dit que l'état de santé*
de M. le général Cornat, commandant le 18° corps
d'armée, a Bordeaux, inspirait de vives inquiétu-
des. Nous sommes heureux d'apprendre que le gé-
néral est en voie de convalescence.
Le parquet continue à recevoir des dépêches
de diverses villes de province et de l'étranger lui
annonçant qu'lilisa Bœhmer vient d'être retrouvée;
mais il paraît absolument décidé à sévir contre les
auteurs de ces facéties, qui vont être l'objet de re-
cherches de la part du service de la sûreté.
-Vers deux heures du matin, trois gardiens du
seizième arrondissement, Picheret, Beug tôt et Ni-
colas, étaient de service r>n bourgeois et suivaient
la rue de Villejust, se dirigeant vers l'avenue Vic-
tor-Hugo, lorsqu'ils aperçurent un individu qui,
dissimulé à l'angle de la rue, se tenait en observa-
tion. Cet homme ayant les allures d'un malfaiteur,
les trois agents voulurent vérifier ce qu'il faisait à
pareille heure; ils convinrent que deux d'entre
eux, Beugnot et Nicolas, prendraient la rue Léo-
nard-de-Vinci, puis la rue Leroux, afin de regagner
l'avenue Victor-Hugo et de couper la retraite a l'in-
connu, pendant que Picheret resterait en observa-
tion rue de Villejust.
L'agent était seul depuis cinq minutes
environ lorsqu'il vit l'homme entrer dans la rue
de Villejust, se diriger immédiatement vers lui et
l'aborder en disant
Savez-vous quelle heure il est?
-Je n'ai pas de montre, dit le gardien, tout en
cherchant à distinguer les traits de son interlocu-
teur.
A peine l'agent avait-il prononcé ces mots que le
malfaiteur, qui était armé d'une pince monsei-
gneur, voulut le frapper et lui lança une poig.iée
de sable en plein visage. Quoique aveuglé, l'agent
résista et parvint a désarmer son adversaire. Mais,
à ce moment, le rôdeur lança un coup de sifflet
pour appeler probablement ses complices, puis, re-
levant sa blouse et sortant un revolver de sa poche,
il fit feu à deux reprises sur l'agent et prit la fuite
vers l'avenue du Bois-de-Boulogne.
blié trois trios de piano (sic) et avait con-
damné à l'oubli les autres productions de sa
jeunesse. » Blanc était d'avis que cette sorte de
présomption ne pouvait passer pour une criti-
que, et il avait raison. Je ne connais d'ailleurs
de lui que quelques œuvres de musique de
chambre que j'ai entendues dans des concerts
et dont j'ai rendu compte. Son style a beaucoup
d'aisance, de charme et d'élégance. Le nombre
de ses compositions est assez considérable; i
elles comprennent entre autres deux sympho-
nies restées inédites, un opéra-comique qui a
eu une mention honorable dans un concours et
deux opérettes exécutées dans des salons. En
1862, l'Académie des beaux-arts décernaà Blanc
le prix Chartier, consacré à la musique de
chambre. Il était trésorier de la Société des
compositeurs de musique, et membre de la So-
ciété des concerts du Conservatoire, où iljouait t
de l'alto. Pendant quelque temps il a été second
chef d'orchestre au Théâtre-Lyrique. C'était
d'ailleurs un homme distingué et aimable,
comme ses compositions.
M. Edmond Van der Straeten vient de pu-
blier un gros volume qui sera suivi d'un autre
et qui a pour titre les Musiciens néerlandais en
Espagne du douzième au dix-huitième siècle; études
et documents (gravures, musique. et table (1).
On pourrait croire que la matière n'est pas
abondante c'est tout le contraire. M. Van der
Straeten établit le fait dès l'abord dans sa pré-
face. Pendant plusieurs siècles, l'élite de la mu-
sique néerlandaise a été déversée en Espagne,
car les souverains de ce pays devenus les maî-
tres des Pays-Bas donnaient les ordres les plus
pressants pour en extraire ce qu'il y avait de
meilleur en fait de chanteurs et d'instrumen-
tistes.
En Italie, les Néerlandais arrivaient indivi-
duellement en Espagne ils se rendaient par
escouades, formant parfois des chapelles en-
tières. Au delà des Alpes ils rencontraient des
encouragements et des faveurs; en franchis-:
sant les Pyrénées ils trouvaient des obstacles de
toutenatureà surmonter. Les souverainsitaliens
faisaient des invitations, les rois espagnols don-
naient des ordres. L'Italie a reçu et a donné i
l'Espagne a reçu sans rendre. A la vérité, cer-
tains gouverneurs généraux espagnols aux
Pays-Bas contribuèrent largement au dévelop-
(1) 1^8°, Bruxelles, chez Van Trigt.
Picheret, qui avait été atteint à la main droite et
au-dessous du sein gauche, eut encore le courage
de courir après son meurtrier, mais, au bout de
25 mètres, il tombait, épuisé et baignant dans son
sang. Ses collègues, accourus au bruit des détona-
tions, transportèrent leur camarade au poste de la
rue de Longchamps, où le docteur Saint-Martin vint
lui donner des soins.
M. Lambin, commissaire de police, arriva peu
après pour recevoir la déclaration de l'agent et
commencer l'enquête. Une battue fut organisée,
mais on ne découvrit pas le malfaiteur, qui, d'après
certains renseignements, a dû se réfugier dans le
bois de Boulogne. Les recherches ont continué pen-
dant toute la journée d'hier; les agents de la sûreté
ont un indice assez sérieux.
Le gardien de la paix Picheret a été transporté
à son domicile dans un état des plus graves, une
des balles s'étant logée dans le côté gauche de la
poitrine, entre la troisième et la quatrième côte, et
ayant atteint le poumon.
JOURNÉE PARLEMENTAIRE
20 JUIN 1885
ghambre des Députés
La Chambre en a terminé avec la loi du recrute-
ment. L'examen du projet était d'ailleurs fort avan-
cé depuis la dernière séance. On s'était arrêté à
l'article 72, qui est relatif à l'application de la loi
en Algérie et dans les colonies. Les députés des co-
lonies, M. Hurard, M. Deproge, se sont plaints de
ce qu'on n'accordait aux colonies que le service lo-
cal d'un an. Ils ont demandé énergiquement le droit
commun, l'assimilation à la métropole, le droit
pour les originaires des colonies de servir le pays
au même degré que ceux qui sont nés et habitent
en France. « Mais il faudrait trois millions de plus
par an, a répondu M. le ministre de la guerre, pour
transporter votre contingent en France. Vous coû-
teriez trop cher » Et le ministre de la guerre l'a
emporté, au grand regret des députés des colonies.
Le débat s'est borné là; on a voté sans observa-
tions les derniers articles, puis le présidenfallait
mettre aux voix l'ensemble de la loi, lorsque M. de
Lanjuinais a demandé la parole
Nous avons cherché loyalement, a-t-il dit, à vous mon-
trer les vices d'une loi que nous considérons comme dé-
testable, et nous vous avons soumis un contre-projet
qui avait le double mérite de renforcer notre puissance
militaire et de réduire les charges écrasantes que vous
voulez imposer au pays. (Très bien I très bien I à droite.
Réclamations à gauche.)
Nos arguments sont restés sans réponse. (Bruit à
gauche.)
M. Ballue, rapporteur. Vous permettrez à la com-
mission de protester.
M. le comte de Lanjuinais. Vous avez défendu
votre projet, mais sans réfuter nos arguments, sans
combattre notre contre-projet. (Réclamations à gauche.)
Et la Chambre a encore présent à la mémoire l'embar-
ras de M. le ministre de la guerre et de M. le rapporteur,
qui, dans la même séance, à un quart d'heure de dis-
tance, nous ont reproché le premier, de vouloir recon-
stituer la gar.ie nationale, et le second, de vouloir créer
un corps de urôtoriens. (Très bien I très bien à droite.)
M. Ballue, rapporteur. Nous l'affirmons de nou-
veau, votre projet tendait aux deux choses à la fois.
M. le ministre de la guerre. Il n'y a eu aucune
contradiction dans nos réponses.
M. le comte de Lanjuinais. Nous nous contente-
rons de rappeler cette appréciation absolument contra-
dictoire. (Très bien 1 très bien à à droite. Mouvements
divers.)
M. Ballue nous disait, l'autre jour, que les électeurs,
devant lesquels nous allons comparaître, seraient les
juges en dernier ressort de ce différend. (Mouvements
divers.)
M. le rapporteur. C'est vous-même qui l'avez dit.
M. le comte de Lanjuinais. Nous acceptons ce
tribunal avec joie et nous en appellerons, ce jour-là, du
peuple encore plein d'illusions en 1881 au peuple in-
struit par une expérience que vous lui avez fait chère-
ment acheter. (Très bien très bien à droite.)
Ce jour-là, il se souviendra que nous vous avions ap-
porté un mnyen de donner à notre armée des cadres
d'une solidité à toute épreuve, et de diminuer de moitié
les charges militaires que vous voulez lui faire suppor-
ter. (Très bien très bien! à droite. Bruit à gauche.)
Après cette déclaration, l'ensemble du projet a
été adopté par 338 voix contre 87.
Maintenant, la loi que vient d'adopter la Cham-
bre va être transmise au Sénat. Mais la Chambre
haute pourra-t-elle l'avoir examinée et discutée
avant la fin de la législature? Le temps lui man-
quera fatalement. Or, cette loi émane de l'initia-
tive parlementaire et non de l'initiative gouverne-
mentale, c'est-à-dire qu'elle tombe, devient cadu-
que avec l'expiration des pouvoirs de la Chambre
qui lui a donné le jour.
C'est pour remédier à cet inconvénient et à celui
qui atteindrait d'autres lois encore que M. Rivière
a déposé une proposition de loi tendant à assimi-
ler aux projets de loi d'initiative gouvernementale
toute proposition émanant de l'initiative parlemen-
taire votée par la Chambre des députés et trans-
mise par elle au Sénat.
Dans le débat auquel la proposition -Rivière a
donné li"u, on lui a reproché son caractère incon-
stitutionnel. Le pouvoir législatif, a-t-on dit, ne
peut s'exercer, selon l'esprit de la Constitution, que
par deux Chambres coexistantes. A quoi l'auteur de
la proposition a répondu La Constitution donne à
la Chambre l'initiative de loi, au même titre qu'au
gouvernement pourquoi ne pas donner la même
garantie aux propositions de la Chambre qu'aux
projets du gouvernement?
M. Brisson, président du conseil, a fait connaître
son sentiment sur la question
Lorsque j'étais président de la Chambre, a-t-il dit, et
peu de temps avant de quitter cette fonction, M. Rivière
était venu m'entretenir de son projet.
Un projet de loi émané de l'initiative parlementaire et
voté par la Chambre est périmé devant le Sénat, lors-
qu'une nouvelle législature succède à l'ancienne.
C'est la jurisprudence actuelle. Elle présente des in-
convénients auxquels M. Rivière voulait remédier.
Je lui ai fait remarquer toutefois qu'il ne fallait pas y
voir une atteinte aux droits du suffrage universel. (Très
bien! très bien 1)
Elle peut apparaître au contraire comme un signe de
respect envers le suffrage universel qui a pu élire une
Chambre animée d'un esprit fort différent de celui de la
Chambre précédente.
Néanmoins, admettant que ce cas ne se .présentera
pas souvent, j'avais émis l'avis qu'il y avait quelque
chose à faire. On pouvait, par exemple, procéder, par
voie de négociation, entre les bureaux des deux Cham-
bres ou entre les deux commissions du règlement, en
vue d'arriver à une entente. (Très bien I très bien!) !)
C'est là que j'entrevoyais la solution. (Nouvelle appro-
bation.) M. Rivière a préféré procéder par la voie légis-
lative.
pemeril'de la virtuosité, principalement pour la
guitare et l'organisation de la tragédie musi-
cale dont est issu l'opéra. Mais, en Espagne, la
musique proprement dite n'a pas rayonné hors
de la péninsule, comme a fait la musique ita-
lienne. Une série de compositions espagnoles
parut dans les recueils néerlaudais-du seizième
et du dix-septième siècle; quelques-unes eurent
même l'honneur d'une publication spéciale;
puis, certains musiciens espagnols de mérite
furent préposés aux maîtrises des cathédrales
néerlandaises.
Pour le reste, l'intervention musicale de l'Es-
pagne s'est concentrée dans la vulgarisation de
son instrument favori et de la méthode dont
elle avait le secret.
L'influencé néerlandaise dut se faire sentir
en Espagne, particulièrement dans la musique
d'église. Il était naturelque lesmusiciensétran-
gers exécutassent leur musique, d'autant plus
qu'elle était supérieure à la musique indigène.
Il en est autrement des chansons nationales. Ce
genre de musique subissait avec trop de per-
sistance, en Espagne, l'influence orientale pour
qu'il y eût quelque chance d'y acclimater les
chansons néerlandaises.
Cette influence donnait à la chanson espagnole
une surabondance qui se refusait à toute so-
briété raisonnable. Il y avait d'ailleurs peu d'in-
vention dans les développements des mottfs;
la répétition continuelle des mêmes broderies
aboutissait à des conclusions prévues. Il est
donc peu probable que les chansons néerlan-
daises, dont le caractère était tout autre, aient
pu se répandre en Espagne. Mais, si sur ce su-
jet nous n'avons pas une entière certitude, les
hésitations cessent sur le terrain de la musique
sérieuse.
Par le nombre et l'importance des anciens
manuscrits, par ses livres de chants, par les
riches fondations de ses cathédrales, par l'or-
ganisation de ses cérémonies religieuses, l'Es-
pagne est un des pays les plus curieux et les
plus utiles à étudier. Malheureusement les dé-
pôts de documents offrent des lacunes regret-
tables de grandes révolutions ont exercé leurs
ravages; ce qui a pu y survivre est resté pres-
que en désordre ou est rendu inaccessible, en
beaucoup d'endroits, jusqu'à ce qu'une classifi-
cation soignée et rationnelle facilite le travail des
chercheurs.
Les matières de l'ouvrage de M. Van der
Straeten ont été puisées principalement aux Ar-
Le premier paragraphe de sa proposition, que la Cham-
bre a déjà adopté e*. sur lequel il n'y a plus à revenir,
puisque l'urgence a été déclarée, me paraît incontes-
table.
L'article 7 de la loi du 16 juillet 1875, qui dispose qua
le président de la République promulgue les lois, na
laisse guère de latitude pour reprendre un texte de loi
à propos duquel les deux Chambres sont tombées d'ac-
cord.
Mais la- Constitution, dans un autre article, semble
fournir un moyen. Elle a prévu le cas où, dans certaines
circonstances exceptionnelles, il y aurait sujet d'ajour-
ner la promulgation d'une loi, et elle a donné au prébi-
dent de li République le droit de demander une nou-
velle délibération. Je répète qu'à mon avis la solution
est là. (Très bien très bien !)
En effet, la nouvelle Chambre sera maîtresse du mi-
nistère qu'elle aura fait et qu'elle pourra toujours ren-
verser par un vote.
S'il se rencontre une proposition de loi qu'elle désire
voir abolir, il lui appartiendra d'insister auprès du ca-
binet pour qu'il obtienne de M. le président de la Ré-
publique ce recours à une nouvelle délibération. (Très
bien 1 très bien !)
Voilà, suivant moi, la meilleure manière de procéder,
sauf l'avis ultérieur du Sénat, qui aura, en tout état de
cause, à se prononcer sur le premier paragraphe voté
par vous. (Applaudissements.)
L'avis du président du conseil a été détermi-
nànt, et la Chambre a adopté la proposition, avec
cet article unique
« Nonobstant l'expiration du mandat de la Chambra
» des députés, le Sénat restera saisi des propositions
» de l'initiative parlementaire votées par elle et trans-
» mises par le président de cette Chambre au président
» du Sénat, comme il reste saisi des projets de loi de l'i-
» nitiative gouvernementale. »
L'ordre du jour appelait la discussion du projet
de loi sur les incompatibilités, mais tout le monde
a crié aussitôt Halte là! nous examinerons cela
plus tard 1 Le rapporteur, M. Roque (de Fillol), a
bien insisté pour que la Chambre discutât tout de
suite son projet, mais cette discussion, une fois en-
tamée, n'aurait pu être interrompue. Or, M. le pré-
sident du conseil a déclaré en termes énergiques à
la Chambre qu'il tenait absolument à ce que l'or-
dre du jour de lundi ne fût pas modifié. Demain, on
commencera en effet la discussion du budget par
celle de la caisse des écoles et des chemins vici-
naux. M. Roque a bien insisté, mais par 225 voix
contre 178, la Chambre s'est rangée à l'avis de M.
Brisson. M. Benjamin Raspail a alors renouvelé la
proposition de M. Roque, en lui donnant une autre
forme. Il a demandé que le projet sur les incompa-
tibilités fût mis en tête de l'ordre du jour de de-
main. Non, a répondu la Chambre, à la majorité
de 303 voix contre 102.
Donc, domain discussion du projet de loi relatif à
la caisse des écoles et a la cai>se des chemins vici-
naux, préface de la discussion du budget.
Mardi, discussion d l'interpellation de M. Cunéo
d'Ornano sur les comptes de l'ancien préfet des Py«
rénées-Orientales.
Sénat t"
LA SÉANCE
Séance très courte hier au Sénat, où on a votd
sans débat le projet de loi relatif à la dérivation du
Loup, et aussi la proposition de loi de M. Bérenger,
amendée par la Chambre, sur les moyens de préve-
nir la récidive (libération conditionnelle, patronage,
réhabilitation). Pour le premier projet, il a été dé-
cidé qu'on passerait à une deuxième délibération
en ce qui concerne le second, il devra forcément
retourner à la Chambre, la commission sénatoriale
ayant modifié le texte adopté au Palais-Bourbon sur
l'article 2.
Avant la clôture de la séance, M. de Gavardie a
lu l'exposé des motifs d'une motion tendant à mo-
difier l'article 62 du règlement. Il s'agit de'modifier
la manière de mettre aux voix les articles, contre*
projets, amendements, etc. Le Sénat, tout en ren-
dant justice à l'esprit d'innova'ion de M. de Gavar-
die, a refusé de le suivre sur le terrain de la « ré-
vision du règlement », et, malgré les efforts du sé-
nateur des Landes, n'a pas voulu déclarer l'urgence
sur son projet.
On a fixé ensuite la prochaine séance à jeudi.
LIBRAIRIE
Actuel et curieux au plus haut point, ce volume
de M. de Jupilles, Jacques Bonhomme chez John Bull.
Le succès en sera égal de chaque côté du délroit
car, tout français qu'il soit d'inspiration, de verve
et d'allure, il révèle une connaissance intime, une
étude approfondie d'après nature de tous les en-
vers de la vie anglaise; et l'on peut espérer que
les bonnes intentions de l'auteur lui feront trouver
.grdee, auprès de nos voisins d'outre-Manche, pour
les piquantes révélations d'une sincérité à laquelle
ils ne sont guère habitués. r– Galmann Lévy, édi-
teur.
LE MAITRE DU INONDE
PAR LE COMTE G. DE VILLENEUVE Guibert
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\sL ies malaùies 1-roveiiitit de 1'31'PtWvl'Ïssellll'ut da
~~x~S~~ sang. ConBulter MM. les taêdooins.
Très varié et très actuel, le numéro de l'Univers i'ius-
tré du 20 juin. Mentionnons parmi les grnvures Pel
devant la cour d'assises, une scène de «Sigurd», l'émou-
vant tableau de Rochegrosse « la Jacquerie », une
charmante composition Promenade aux champs » et
plusieurs autres belles planches d'art et d'actualité.
TRIBUNAUX
L'assassinat de la rue d'Angoulême. Le
verdict. Les débats de cette affaire se sont ter-
minés hier à six heures. Mayer et Gaspard, recon-
nus coupables, sans circonstances atténuantes, de
l'assassinat du vieux fabricant de malles Delaunay,
chives générales du royaume, à Bruxelles, aux
Archives départementales de Lille, à celles de
Dijon, aux Archives générales de Simancas,
aux Archives royales de Madrid et aux Archi-
ves de la couronne d'Aragon, à Barcelone. Des
renseignements secondaires ont été Soumis par
un nombre considérable de dépôts semblables
disséminés en Belgique, en France et en Espa-
gne.
M. Van der Straeten a divisé son premier vo-
lume en î:inq chapitres dont voici les sujets en
résumé
1° Chant des pèlerins flamands, entonné au
douzième siècle à Saint-Jacques-de Compostelle
en Galice; les chansons dites flamencas; instru-
ments et virtuoses de la fin du quatorzième
siècle et du quinzième siècle;
2° La chapelle musicale du gouverneur géné-
ral des Pays-Bas, Philippe le Beau, en Espa-
gne
3° Henri Bredemers, maître de musique de
Charles-Quint, de Marie de Hongrie et de l'ar-
chiduchesse Eléonore, devenue reine d'Espagne;
luthiers anversois et instruments contempo-
rains
4° Les célèbres chapelles musicales 'flaman-
des de Charles-Quint en Espagne;
5° Marie de Hongrie en Espagne, accompa-
gnée de sa chapelle et de ses ménestrels, etc.
En parcourant le volume, on est étonné du
travail patient et persévérant qu'il a fallu à
M. Van der Straeten pour rassembler des do-
cuments précieux et en grande partie inconnus
jusqu'à présent. Les sujets des chapitres téls
que je viens de les donner suffisent à montrer
que l'ouvrage de l'érudit et infatigable écrivain
belge est de première importance pour l'his-
toire de la musique.
Il vient de paraître quatre morceaux détachés
d'Une Nuit de Cléopdlre, de V. Massé (chez Grus);
ce sont la barcarolle de Manassès « Sur les
flots bleus », transposée pour mezzo-soprano
la chanson de Charmion; le brindisi de Gléopâ-
tre « C^nnais-tu l'amour? », et le grand air
de Cléopâtre du deuxième acte. J'ai recomman»
dé spécialement les deux premiers morceaux;
dans le quatrième, il y a un passage au milieu
où, même au théâtre, une cantatrice évitera de
prononcer intelligiblement les paroles On de.
vra supprimer ce passage dans un salon ou ut
concert.
J. WEBEJ*-
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