Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1883-08-24
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 137484 Nombre total de vues : 137484
Description : 24 août 1883 24 août 1883
Description : 1883/08/24 (Numéro 8154). 1883/08/24 (Numéro 8154).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2300304
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE TEMPS 24 août 1883.
« Charmant, votre atS«»» î Wâ* ee qrrt me con-
trarie, c'est que vous ayez mêlé à cela M. de Roys !(?);• p
J'étais abasourdi, écœuré.
« Ce n'est pas tout, poursuivit M. Pech, vous me
devez bien une petite réparation. L'article a 280 li-
gnes comme je vous en ai fourni les renseignements,
faites-m'en compter 140 En attendant, rendez-moi le
service de me prêter un louis. »
J'avoue que j'eus la faiblesse de ne lui glisser dans
la main qu'une pièce de dix francs, qu'il accepta en
criant ironiquement
-Vive l'empereur!
Mes amis sentaient comme moi le dégoût leur mon-
ter aux lèvres.
M. Pech devait aller plus loin. Il envoya au direc-
teur de Gil Blas une lettre dans laquelle il reconnais-
sait que tout ce que j'avais dit était vrai, « à part quel-
ques erreurs de détail concernant les noms » {sic), et
finalement demandait le payement des 140 lignes re-
présentant la moitié de l'article. Je suis même autorisé
à dire à M. Pech qu'il peut venir toucher une indem-
nité équivalente au montant de ces -lignes, à la condi-
tion expresse quil n'y ait rien dans Son reçu qui puisse
le faire passer pour mon collaborateur.
Cette lettre, remise à l'administration de Gil Blas,
.fut malheureusement abandonnée par elle à M. Pech,
lequel prétexta quelques modifications a y apporter.
Mais comme tout le monde, au journal, a lu cette let-
tre, le fait ne peut être mis en doute.
M. Xau, examinant ensuite les dénégations con-
tenues dans la lettre de M. Pech que nous avons
ipubliêe hier, dit:
Affirme-t-il qu'il ne se soit empressé d'accourir chez
;la maîtresse d'un haut fonctionnaire de la préfecture
de police, 26, quai de Béthune, pour fournir ses ren-
seignements à ses patrons ?
Dit-il qu'il n'a pas imité la signature du général
de Charette sur les brevets d'officiers remis par lui
à M. Camescasse? Non!
On n'a pas oublié que M. Pech avait raconté
aussi ses premières tentatives auprès de M. Jules
Amigues. Le Petit Caporal publie de son côté la
'note suivante que nous reproduisons à titre de
document ̃
Nous croyons devoir revenir aujourd'hui sur les
-ouvertures qui furent faites à M. Amigues, et dont le
nom du reste a été prononcé très maladroitement,
Au moment où M. Pech de Cadel proposa à notre
regretté maître de faire un complot pour rire, on
avait acquis la certitude dans le parti bonapartiste
que la préfecture de police cherchait à introduire
dans nos rangs des agents provocateurs.
v Après le manifeste du prince Napoléon, on se remit
l'œuvre. C'est à cette époque que le Petit Caporal 1
publia sous le titre « Formation des groupes de
l'Appel au peuple un article destiné à détourner les
recherches de la police. Cet article était écrit tout en-
lier de la main même de M. Jules Amigues. On avait
.été prévenu chez M. Rouher que le préfet de police
voulait recommencer l'affaire Savary et qu'il ne fallait
• tà. aucun prrç laisser compromettre inutilement bien
"'des braves gens.
Bref, on ne tomba pas dans le piège tendu.
Nous laissons à nos lecteurs et à nos amis le soin
•d'apprécier l'intervention de M. Pech de Caiel en
cette circonstance.
i FAITS DIVERS
23 août. Aucune modification à signaler dans
l'état atmosphérique. Il fait toujours un temps
magnifique.
Notre correspondant de Mirecourt nous écrit
que, depuis,huit jours, le ciel, dans les Vosges,
conserve une limpidité extraordinaire au milieu
d'une atmosphère pure. On est très content de l'é-
tat actuel de la température- pour rentrer les ré-
coltes. La persistance des vents du nord, le main-
tient des hautes pressions barométriques, font
«spérer une suite de beaux jours. La vigne se
yemet peu à peu des perturbations atmosphéri-
ques qui lui ont fait éprouver un retard préjudi-
oable.
Aujourd'hui 23 août, lethermometre du Jour-
nal marquait
A 7 heures du matin. 20» au-dessus de 0.
A 11 heures du matin 25» 1/2 j %<̃
A 1 heure de l'après-midi 2ô» s
Hauteur barométrique. 767 }| t-t'
Le conseil d'hygiène publique et de salubrité
du département de la Seine a adopté hier les con-
clusions d'un rapport de M. Brouardel tendant au
rejet de la crémation des cadavres en temps d'épi-
démie.
I! résulte du rapport de l'honorable médecin-
légiste que les intérêts de la justice et ceux, tout
aussi graves, les personnes injustement inculpées
d'avoir commis une Intoxication, seraient sérieu-
sement compromis par l'adoption de la crémation
surtout en temps d'épidémie cholérique, II fait
remarquer, en outre, que les manipulations des
cadavres nécessitées par la crémation sont plus
nombreuses, et exposent, jusqu'au moment où
le corps est mis dans l'appareil, à autant sinon
plus de dangers que lorsque le corps est déposé
dans la terre. En résumé, il se prononce contre
l'incinération en temps d'épidémie.
̃ Le conseil a décidé ensuite qu'une commission,
composée de MM. Brouardel, Bourneville, Arm.
Goubaux, Legouest, Luuyt et Peligot, examinera
s'il ne conviendrait pas d'autoriser, à titre d'essai
la crémation des corps ayant servi à des études
atnatomiques.
.;• Le préfet de la Seine vient de nommer mem-
bres de la commission administrative des beaux-
arts de la ville de Paris, pour une période de trois
ans dans la section de peinture. M. Lavastre;
dans la section de sculpture, M. Falguière; dans
la section d'architecture, M. Ballu; dans la
Section de gravure, M. Chaplain.
-{ L'administration municipale vient de décider
que le pavage en bois serait appliqué aux voies
ci-après
Faubourg Saint-Honoré, entre la rue de l'Elysée
vard Poissonnière; avenue de l'Opéra et place du
;même nom; rue Royale et place de la Madeleine;
;ïue de Rivoli, de la rue du Louvre à la rue Saint-
florentin; rue des Saints-Pères, de la rue Jacob
%u boulevard Saint-Germain.
1
Le marquis de Carbonnel-d'l'Iierville vient
d'adresser la lettre suivante au Clairon, en fa-
veur des détenus du groupe d'action royaliste le
IRoyal-Essling
i Monsieur le directeur,
Voudriez vous me permettre d'appeler votre attention
'et la sympathie des monarchistes, à qn-elaae opinion
jqu'ils aient été attachés, sur la misère qui est et sera
;Je partage de nos coreligionnaires qu'on a incarcérés
Ou incarcérera à propos du fameux complot royaliste.
Je sollicite l'ouverture d'une souscription en leur fa-
veur, et je crois en avoir aussi bien le droit que ceux
lui ont fait autant pour les révolutionnaires.
J'ai l'honneur d'être, monsieur -le directeur, votre
très humble serviteur.
i Marquis de Carbonnel d'Hîerville.
Cette affaire n'a rien de commun avec la mysti-
fication relative au prétendu complot royaliste
dans le Morbihan. Elle est entre les mains du par-
quet de la Seine, qui va continuer l'instruction.
M. Tardif, substitut au tribunal de la Seine, a
été victime hier soir d'un grave accident. Il tra-
versait le boulevard du Palais quand un omnibus
•le renversa. Fortement blessé aux jambes, M.
•Tardif fut conduit dans une pharmacie,où il reçut
.des soins et de la, à son domicile, 13, rue Mé-
ificis.
">̃ Un individu nommé P. W. d'origine alle-
mande, vient d'être arrêté avec une bande qui dé-
valisait les propriétés des environs de Paris. C'est
un malfaiteur des plus dangereux qui a été re-
connu comme un ancien camarade du nommé
Grùn, l'assassin de la fille Renaud, rue Mercier
lequel se pendit en Allemagne dans la cellule de
sa prison.
P. W. se rase complètement le dessus de la
tête et la figure. Il cache évidemment son identité
On a trouvé dans le garni où il logeait un as-
sortiment complet de perruques et do fausses
barbes dont il devait certainement faire usage
,pour se transformer selon les circonstances
Le Figaro donne aujourd'hui, au sujet de la
jusque disparitloa de M. de Wœstyne, les exnlica-
iions suivantes
̃Nous recevons de M. Ivan de Wœstyne le télégramme
Suivant i
« Metz, 22 août, 4 heures 16. minutes»
» Votre entrefilet me tombe sous les yeux Si j'ai
disparu on a toujours su où j'étais: je donnais la
chasse a mon commanditaire qui, au dernier moment
quand il devait verser l'appoint du voyage, m'a abso-
lument manqué. Je l'ai entrehe et attendu vainement
jusqu'ici. t
» Je vous envoie par poste le télégramme que j'ai
expédie ce matin art Poitou, et qui exposa toute la
situation. J'ajoute que je commence immédiatement
un proeos contra es conimandi!aire, M.' II. dont les
-propriétés de Besulièu, près Monaco, répondront du
dommage qu'il a causé à tout le monde, moi com-
pris.
» WCKSTYXE. »
Le Figaro n'a point à entrer daus la di^cu^sion de
cette fâcheuse affaire qui ne le regarde eu aucune
façon, comme il en est d'ailieurs pour les nombreuses
entreprises privées qui sollicitent, à leurs risques et
périls, la publicité de l'ensemble des journaux.
Nous ne pouvons oublier cependant que M. Ivan de
jVœstyne a fait partie autrefois de la presse ainsi
lien à Paris qu'à l'étrange et, à ce litre, nous croyons
qn il ferait bien de revenir au plus tôt se dégager de
? situation embarrassante pour son honneur! qu'il
.est a imprudemment, créée, en mettant la frontière
jntre lui et ses souscripteurs.
Nous voulons espérer qu',1 donnera franchement tou-
«? les expiioations et qu'il expliquera loyalement aux
échoué les raisons pour lesquelles son entreprise a
échoué.
En agissant ainsi, il atténuera, dans là mesuM du
possible, la pénible impression que sa brusqué aispa"
rt^on a causée dans le public et parmi Ses âncœtts
ç9nll~éres..
La Société générale dos transports maritimes à
vapeur a, d'aillenrs, accordé un dernier délai à
M. de Wcestyne. Le Clairon publie le texte
d'une signification, qui a été faite à M. de Wœs-
tyne, en son domicile, 12, avenue Kléber. La So-
ciété accorde deux jours à M. de Wcestyne pour
effectuer le paiement des quarante sept mille
francs. D'après le Gaulois, M. de Wœstyne est
victime de M. Rosotti, son agent signataire du
contrat passé avec le Poitou, et qui devait remet-
tre, samedi dernier, les 47.000 francs, complément
de la somme due à la Compagnie propriétaire du
navire.
V Intransigeant publie, d'un autre côté, une
longue lettre d'un de ses collaborateurs nous
n'y avons trouvé aucune révélation nouvelle sur
cette affaire..
C'est à M. de Wœstyne seul qu'il appartient de
donner, le plus tôt possible des explications:
claires et définitives. t <
Malgré la chasse dormes aux crieurs de feuil-
les à réclames et à fausses nouvelles, le nombre
en est toujours aussi grand et Il ne se passe pas
de jour qu'ils n'occasionnent des discussions
ou des rassemblements sur la voie publique. Hier
soir, vers cinq heures et demie, les gardiens de la
paix ont dû en arrêter un qui faisait grand ta-
page en vendant un petit journal, le Scandale, à
l'angle de la rue Drouot. Il joignait à ses offres de
vente des commentaires déplaisants.
Deux gardiens de la paix du neuvième arron-
dissement, avaient d'abord essayé dé. le reluire au
silence. N'obtenant d'autre résultat que celui d'ê-
tre injuriés par le délinquant, les gardiens l'ap-
préhendèrent et le conduisirent, malgré sa
résistance, au poste de la rue Choron.
Pendant le trajet, le soi-disant colporteur, qui
est aussi rédacteur du journal saisi, criait à tue-
tête « Demandez le Scandale vingt francs le
numéro, vendu par le rédacteur en chef. deman-
dez le Scandale » et jetait des numéros aux
passants, dans les voitures qu'il croisait, etc.
Après un.court interrogatoire, l'auteur de cette
petite émeute a été relaxé.
La police de sûreté a arrêté, sur les bancs du
boulevard Rochechouart, deux vagabonds impli-
qués dans une tentative d'assassinat commise le 28
juillet dernier rue Fontaine-au-Roi, 53, sur la per-
sonne de M. Stadelmana, bijoutier.
Ces individus s'étaient adressés à ce dernier
pour lui demander à parler à son associé, M.
Ruph. Sur la réponse que leur fit M. Stadelmann
que M. Ruph était absent, l'un des individus lan-
ça à la tête de M. Stadelmann un paletot qu'il
portait sous son bras et essaya de l'étrangler,
pendant que son complic3 se précipitait sur la
caisse pour en voler le contenu.
M. Stadelmann, après quelques instants de
lutte, parvint à se dégager de l'étreinte du malfai-
teur et appela à son secours.
Des voisins accoururent, mais déjà les voleurs
avaient pris la fuite. Les signalements des deux
Individus ayaïut été donnes à la police, des agents
de la sûreté furent mis en campagne, et, comme
nous le disons plus haut, ils ont réussi â les ar-
rêter sur le baue du boulevard Rochechouart. Ils
se nomment F. Bidault, employé, âgé de vingt-six
ans, demeurant rue aux Ours, 14; Charles Geof-
froy, dit Bosc, demeurant rue Slmon-le-Franc, 13.
Une jeune femme nommée Catherine Thuaire,
maîtresse de Geoffroy, est également Impliquée
dans la tentative d'assassinat de M. Siadelmann.
M. Lataple, maire d'Issel (Aude), vient d'être
suspendu de ses fonctions pour deux mois par ar-
rêté préfectoral, pour avoir publié pendant la
dernière période électorale une profession de
foi injurieuse â l'égard du gouvernement $e la Ré-
publique.. %A wm*î y t,
Notre "correspondant dé Grenoble nous télé-
graphie qu'un incendie s'est déclaré hier, à quatre
heures, dans un entrepôt d'artifices établi, con-
trairement aux règlements, dans les combles
d'une maison de la rue Renauldon.
Deux enfants, le jeune Arnaud, âgé de dix ans,
et le jeune Chabanon, âgé de six ans, jouaient sur
le palier de cette maison, lorsqu'une détonation,
dont la cause est encore inconnue, retentit; le feu
se déclara aussitôt et prit rapidement de grandes
proportions. En quelques instants, les enfants fu-
rent environnés de Ilammes. Arnaud père, tail-
leur, accourant au bruit de l'explosion, se préci-
pita pour sauver son enfant, mais II tomba bien-
tôt, ayant le haut du corps brûlé.
Les secours furent organisés et l'on transporta
Arnaud père et fils chez uu pharmacien. L'enfant
avait expiré. Quant au père, ses blessures sont
très graves.
Ce premier sauvetage opéré, on rechercha le
jeune Ghabanon; on le découvrit derrière une
porte, le corps entièrement calciné. Ce tragique
événement a causé une vive émotion à Gre-
noble.
Notre correspondant de Saint-Malo nous
adresse quelques detalls sur l'accident qui est ar-
rivé dans la nuit d'avant-hier, à bord du Bou-
gainville, accident que nous avons annoncé en
dernière heure.
Les élèves de l'Ecole navale, qui avaient passé
la soirée au casino, regagnaient leur bâtiment
vers onze heures et demie du soir, et dix-sept
d'entre eux avaient pris passage sur le bateau le
Jean-Bart, monté par les deux frères Lelavan-
dier. La brise était assez fraîche, la mer belle,
mais le courant de marée très violent.
La traversée s'effectua sans incident, mais, ar-
rivé le long du Bougainvillc, la mâture du Jean-
Bart s'engagea sur le bras du tangon, l'embarca-
tion tomba en travers et chavira.
Malgré la promptitude des secours, deux élèves
ont disparu, l'un, M. du Tillet, de Paris, l'autre
M. Beauchamp, de Nancy.
Il est regrettable que l'autorisation ait été don-
néa aux élèves permissionnaires de railler le bord
en pleine nuit, par ce que les marins appellent les
bateaux de passage; rien n'eùt été plus simple que
de les conduire à terre et' de les faire rentrer à
bord, même en les mettant aux avirons, avec les
embarcations du BougainviUe. On aurait dù
d'autant moins se départir de cette règle qu'on
était sur un bâtiment-école.
Ce n'est pas la première fois que l'on a à dé-
plorer dans notre marine de tels accidents; elle a
perdu assez d'hommes rentrant de permission sur
des bateaux de passage pour que l'on prescrive
impérativement aux bâtiments de se servir de
leurs embarcations pour le service des permis-
sionnaires quels qu'ils soient.
1
LA VIE A PARIS
La fête d'Iscliia. La charité qui s'amuse. Le len-
demain des désastres. Bals de bienfaisance. Les
médecins en Egypte. Le devoir des savants.
Une idée da baron Thénard. La Société de se-
cours des Amis des Sciences Les victimes de la
science. Henri Deville et Sénarmont. Un rap-
port de M..T. Bertrand. L'empereur du Brésil.
M. Pasteur et M. Boucicaut. Le baron Taylor et sa
statue. Béranger.– Le faux bonhomme. –La pre-
mière attaque le journal de Ribeyrolles. Une
lettre de Béranger. La Lisette à l'enterrement.
Les Allemands et Déranger. Nouvelles du' jour.
Un romancier populaire. Etienne Enault. Can-
didatures de 18i8. Un honnête homme. ̃• ̃̃*
C'est dimanche la fête d'Ischia.
Fêle d'Ischia 1 Les mots semblent hurler d'ê-
tre accouplés et, si l'on ne danse point sur un
volcan, on va danser sur des ruinés, mais la bien-
faisance couvre tout et les malheureux profite-
ront des tarentelles parisiennes. L'ardent mou-
vement de sympathie qui entraîne visiblement la
population vers cette fête d'Ischia prouve, encore
une fois, que ce peuple de Paris aime à faire la
charité, mais ne déteste pas du tout S'amuser un
peu, tout en faisant le bien. Il faut bie^ compter
avec les passions humaines. Amener les gens â
vider leur porte-monnaie au profit de pauvres
diables est une tache plus facile quand on les
amuse. Charité bien ordonnée ou bien calculée
commence par le plaisir.
Sans doute, ce n'est point la charité austère, la
charité qui ressemble â un apostolat, c'est la cha-
rité aimable, souriante, la charité qui fait appel
aux coquetteries des unes, à l'amour-propre des
autres et finalement accomplit son œuvre. Les
braves gens de Nancy et ceux de Casamicclola, qui
seront consolés, ne chercheront pas à savoir
si c'est pour l'amour de la kermesse, ou pour
l'amour de l'humanité qu'on leur envoie des se-
cours. Ils les prendront et les gens en deuil béni-
ront les gens en fête.
Il fut un temps où, dans notre pays, tout finis-
sait par des chansons, même les défaites. On met-
tait en couplets les désastres de la France comme
ce personnage de Molière mettait l'histoire rc
maine en rondeaux. La chanson sûr la bataille
d'Hochstaedt fut trouvée fort mauvaise et c'est, je
crois, Chàmfort qui rapporté ce propos de quel-
ques-uns « Je suis fâché de la perte de cette
bataille; la chanson ne vaut rlèii 1 »
Aujourd'hui que les catastrophes finissent non
par des chansons, mais par des fêtes publiques,
je n'affirmerais point qu'il ne se trouve des gens,
dans le nombre, qui se consolent du tremblement
de terre d'Ischia en disant « La fête était du
moins adinirablel »
"Un mot. naïvement terrible, entendu l'autre soir,
me donne là-dessus des soupçons
Ce sera, disait quelqu'un, encore plus gai que.
Muroie 1
Mais cherchez doilc un autre, moyen qu'une fête
peur donuer des secours aux Incendies, aux inon*-
déà où aux écrasés Faites donc -appel un autre
seutlhïfcnt que la Vanité, cette Vanité qui devient
bêBlïî ïors'aif ëîfô poussé les géDS. prôpriètairesi né-
gociants ou autres, à offrir un bout de terrain,
des bons de dîner ou vingt paires de gants, pour
avoir l'occasion de donner, en même temps, leur
adresse 1
On n'a encore rien trouvé de mieux que les bals
de charité pour contraindre, avec des sourires, les
gens à se montrer charitables, et, tant que le
monde sera monde, nos jolies comédiennes se dé-
guiseront et nos grandes dames se décollèteront
pour les pauvres.
Nous avon?, en France, une œuvre de bienfai-
sance trop peu connue, comme toutes les institu-
tions vraiment utiles c'est la Société de secours
des Amis des Sciences. Le vénérable M. Dumas,
qui la préside, avait adressé au monde entier un
appel des plus éloquents en faveur de ces martyrs
de la science, dont on parle moins en dix ans que
d'un ténor ou d'une diva à la mode en un jour.
L'appel a moins fait cent fois qu'un bal de cha-
rité donné cet hiver, et la science, la science elle-
même, a eu besoin de dames patronesses pour
venir en aide à ses victimes.
Il est vrai que des savants, et des savants pau-
vres, cela ne compte guère. On a laissé partir,
sans même chercher à savoir leurs noms, ces
jeunes médecins qui vont, en Egypte, braver le
fléau et tenter, en étudiant le choléra, de sauver
les cholériques. Que Mme Théo se déplace, elle
aura tout aussitôt les historiographes de ses faits
e.t gestes. Mais les médecins 1
Après tout, vous dira-t-on, ils ne font que leur
devoir f
Et c'est vrai. Et c'est le devoir strict des gens de
science de se dévouer ainsi pour les autres. N'est-
ce point pour cela quil faudrait ne point les ou-
blier, une fois le.devoir accompli ? 2
Un soir, dans son salon, le vénérable baron
Thénard interrompit ses hôtes qui causaient ou
faisaient leur partie pour dire, en levant du dos-
sier de son fauteuil sa belle tête de lion et en ac-
compagnant sa phrase d'un de ces grands gestes
solennels qu'il tenait de Talma
Je viens d'avoir une Idée Si elle est mau-
vaise, vous me le direz l
C'était l'heure où le chimiste Laurent, pauvre
et méconnu, venait de mourir. Les savants avaient
comme un remords de ne pas lui avoir rendu jus-
tice. Le baron Thénard songeait tout à coup qu'on
devrait bien secourir les chercheurs de science,
les inventeurs, oa leurs familles. Son idée, c'était
la fondation de la Société de secours des Amis
des Sciences.
Tout le salon applaudit, trouva l'Idée admirable
et, le lendemain, le baron Thénard se mit en cam-
pagne.
Pourquoi l'illustre savant me fait-il songer à
cet autre grand coeur qui s'appela le baron Tay-
lor ? Thénard, comme Taylor, avait la style et le
geste solennels. C'est lui qui disait, dans une de
ses leçons à l'Ecole polytechnique «Fallacieuse
potasse, tu ne résisteras pas plus longtemps aux
investigations de mon Illustre ami Davy! » Mais,
comme le baron Taylor, le baron Thénard fut un
des bienfaiteurs de ses semblables et la fondation
de la Société des Amts. des Sciences restera
comme la grande œuvre des dernières années
de sa vie.
Dès les premiers jours, pour former les pre-
miers fonds de la Société nouvelle, Thénard don-
nait 20,000 francs; il obtenait 5,000 francs de M.
Paturie, 5,000 francs de chacune des Compagnies
de chemins de fer, 1,000 francs du duc de Luynes,
1,000 francs de M. Guimet, fabrieant du bleu Gui-
met, à Lyon, dont le fiïa a libéralement suivi
l'exemple du.père, autant du baron James de Roths-
child et de chacun des frères Pereire, 500 francs
du collège Chaptal, etc., et en moins d'une se-
maine H pouvait se rentre cette justice que son
œuvre improvisée était à jamais fondée.
M. Jamin disait, il y a quelques mois, dans la
séance publique annuelle de l'Académie des scien-
ces < Si quelqu'un voulait connaître l'histoire
des travaux scientifiques accomplis en France, il
la trouverait toute faite dans les comptes rendus
de nos séances annuelles, dans les discours du
président et dans la liste des prix décernés. Ce
n'est pas absolument exact; cette histoire serait
peut- être toute faite par ces discours, mais elle ne
serait pas écrite tout entière. Il existe une col-
lection des comptes rendus de cette Société de
secours des Amis des Sciences, fondée le 5 mars
1857 par le baron L.-J. Thénard, et dont la pre-
mière séance publique annuelle avait lien le 15
avril 1858 dans le local de la Société d'encourage-
ment, comme la dernière l'a été le 20 avril 1882
dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. C'est
là, c'est dans la collection de ces comptes rendu,
qui se vendent chez Hachette au profit de la So-
ciété, qu'on trouverait, sur certains points, com-
plétée cette Htstoire des travaux scientifiques
français dont parlait M. Jamin.
Je viens de lire, en les annotant, ces comptes
rendus, et je ne crois pas que lecture soit plus en-
traînante et plus émouvante. Ce n'est pas seule-
ment l'histoire de la science qui est là, c'est le ro-
man du savant, l'effrayant et noble roman de
l'inventeur, poursuivi par Balzac, mis à la scène
par Augier. Voilà la vie à Paris, une vie noble,
vaillante, utile et inconnue
« En France, disait M. Dumas, où le professorat
est constitué à la manière d'une magistrature ou
d'un sacerdoce publics, ni les institutions ni les
mœurs ne se prêtent à cette exploitation privée du
bienfait de la science. On accepterait difficilement
qu'un professeur fit de sa parole un instrument de
fortune. En France, où le pain de la science se
diants trouve se voies faciles, la jeunesse des sa-
diants trouve les voles faciles, la jeunesse des sa-
vants est souvent pénible. »
Et c'est pour ces pauvres de la science, pour ces
invalides du génie scientifique que le baron
Thénard avait eu cette idée qu'il formulait dans
son salon
« Désormais, s'écriait-il, leshommes qui négli-
gent les intérêts matériels pour consacrer tout
leur temps à. l'étude et découvrir des vérités
dont l'industrie profite tôt on tard, seront non
seulement rassurés sur leur sort, car de telles
personnes vivent de peu, mais encore sur celui de
leurs familles. Ils sauront que leurs vieux pa-
rents, leurs veuves et leurs enfants ne seront
point délaissés et trouveront en nous d'honora-
bles soutiens. Ils nous les lègueront, comme d'au-
tres une partie de leur fortune; et peut-être que
quelques-uns de leurs fils viendront un jour ac-
quitter la dette de la reconnaissance par les ser-
vices qu'ils rendront à notre Association. »
Il y a là une œuvre ignorée du 'grand public et
qu'il importe de saluer. Grâce à cette Société des
Amis des sciences, chimistes, mathématiciens, géo-
mètres, naturalistes, voyageurs, sont certains
d'avoir un lendemain assuré et de ne point léguer
la misère à leurs enfants et à leurs veuves.
« Dans ces découvertes qui étonnent le monde,
la part de l'imprévu, de l'aventure, du bonheur,
est bien moindre qu'on ne lé suppose >, disait
encore Thénard, voulant Inspirer plus profon-
dément à tous le respect de ceux qui, solitaires,
travaillent pour tous. Watt, qui invente la ma-
chine à vapeur, est en eitet avant tout un grand
physicien Ampère, le promoteur de la télé-
graphie électrique, est un géomètre admirable;
Berthollet, qui Invente le blanchiment du coton
et du lin, est ua grand chimiste Jacobl, qui trou-
ve la galvanoplastie, est un physicien hors de
pair, et Niepcè et Daguerre, les inventeurs de la
photographie. furent l'un un savant, l'autre un
artiste. Le génie ne s'improvise pas.
Thénard ne devait pas longtemps survivre à
Cette centré qui absorba les dernières énergies,
les derniers enthousiasmes de sa vie. M. Damas,
vice-président, présidait, en 1858, la première
séance, avec M. de Sénarmont comme secrétaire.
Dès la première séance, la Société des Amis des
Sciences comptait 500 membres et disposait dé
00,000 francs. Un an après, elle avait plus que dou.
blé son capital et comptait 1,3(35 adhérents. Les
premiers lauréats furent deux chimistes éminents,
tous les deux correspondants de l'Institut, profes.
seurs de Faculté, dévoués à la propagation des
idées nouvelles, véritables précurseurs dans l'é-
tude de la chimie organique, Laurent et Gerhardt,
deux amis, morts tous deux à quarante ans à
peiné, et on avait d'autant moins de scrupule ô
proclamer leurs noms que, comme le.disait Sènar.
mont, la publicité des secours donnés n'est qu'an
solennel hommage aux services rendus.
Paris a dansé pour ces savants et ces veuves de
savants cet hiver. Il fera bien de danser tous les
hivers pour grossir la caisse de secours, qui en a
besoin. La liste des glorieux lauréats, c'est-â-dlre
des savants secourus, est longue.
M. Joseph Bertrand lisait, dans la séance du 2?.
mars 1861, une notice éloquente et sobre sur le
commandant Laurent, un géomètre éminent dont
la Société adoptait les trois jeunes fils. M. W«rte
faisait l'année suivante l'éloge de l'autre Laarsift;
le chimiste, et de Gerhardt.
Puis, après 7f ilênard, Sênar mont mouraic et ijl.
J. Bertrand prononçait enI8G3 son éloge, sl.blôa"'
cme ce rémaïauabie. morceau désisnaU le sa\ipt.
J. Bertrand p.r..onon.ça..1. 1863.- ~on.. é~.lOge, Sl..r.O.l.
écrivain au suffrage de ses collègues de l'Acadé-
mie des sciences, ayant alors un secrétaire perpé-
tuel à nommer.
Je détache de cet Eloge cette vivante page qui
fait bien connaître deux savants à la fois et qui
est charmant comme une nouvelle bien traitée
« Un jour. dans le laboratoire de M. Henri De-
ville, M. de Sénarmont avait suivi avec une eu-
riosité émue la cristallisation si intéressante et si
Ingénieusement obtenue du silicium l'heureux in-
venteur courant à son ganiomètre trouve un angle
de cristal égal à 70o 30', et s'écrie plein de joie
Il appartient au système régulier, c'est un dia-
mant de silicium' Sénarmont répète la mesure,
trouve à peu près le même angle, mais conserve
quelques doutes. Il emporte le précieux cristal, et
revient le lendemain. « Vous vous êtes trompé,
dit-il, c"est un rhomboèdre dont un angle est égal
accidentellement à un de ceux du système régu-
lier. » Puis il montre des facettes incompatibles
avec une cristallisation semblable à celle du dia-
mant. M. Deville s'incline devant une autorité
incontestée; il communique sa découverte à l'Aca-
démie des sciences, rend compte de ses premières
illusions et des Judicieuses critiques qui l'y ont
fait renoncer. A peine le compte rendu est-il im-
primé, qu'il voit accourir Sénarmont, très sérieu-
sement mécontent: «Pour qui me prenez-vous?
dit-il si je viens dans votre laboratoire, si j'y
suis admis à tout voir et à tout manier, croyez-
vous que ce soit pour vous Imposer un collabora-
teur et attacher mon nom à vos découvertes? Je
suis très mécontent que vous m'ayez cité; si vous
recommencez, je ne reviendrai plus. » A quelques
jours de là, on refait l'expérience; Sénarmont
examine les cristaux, il y aperçoit un octaèdre;
le doute n'était plus possible, la nature était prise
sur le fait « Vous aviez raison, dit-il à M. De-
ville mes facettes provenaient du groupement de
plusieurs cristaux, j'aurais dû le deviner; je suis
bien aise que vous m'ayez cité; j'ai ce que je mé-
rite, cela fait mon compte. Vous reconnaissez
donc, lui dit M. Deville, que, loyalement, je devais
publier l'observation des facettes sous votre nom.
Eh bien! oui, répond Sénarmont, vous êtes un
brave homme, et moi aussi 1 » Et ils s'embras-
sèrent. »
Ces comptes rendus annuels forment ainsi un
répertoire vivant, une histoire de la science par
l'histoire des savants. Elie de Beaumont meurt, et
M. Potier, ingénieur des mines, le fait revivre
dans une conférence. En 1864, Gratiolet y pro-
nonce l'éloge de Félix Du jardin, qui préparait les
matériaux d'une histoire générale des infusoires,
et, deux ans après, en 1866, c'est « le docteur Paul
Bert, professeur à la Faculté des sciences de Bor-
deaux », qui fait entendre l'éloge de Gratiolet. En
1876, M. Paul Bert, devenu professeur à la Faculté
des sciences, prendra de nouveau la parole pour
faire une conférence des plus remarquables sur
l'Influence de la pression de l'air sur les êtres
vivants.
C'est cette année-là que M. Pasteur s'écriait
« Exaltez autour de vous rhonneur de compter
parmi les amts des sciences Ami des sciences! I
Profonde et touchante qualification. Dites moi de
quelqu'un qu'il est prince, duc, marquis, sénateur
même ou député, le connaîtrai- je Mais, si vous
m'assurez qu'il est ami des sciences, quelle que
soit sa condition, brillante ou obscure, j'irai à lui
avec la persuasion de trouver un homme de cœur,
qui ne sera jamais confondu dans la foule de ceux
dont on peut dire avec vérité « L'esprit les mène
et ils n'en savent rien. »
N'avait-on pas vu l'empereur du Brésil venir
s'asseoir, en mai 1877, parmi ces amis des sciences
et s'honorer de son titre nouveau?
M. Pasteur avait trouvé, d'ailleurs, un ingé-
nieux moyen de grossir les souscriptions appor-
tées aux savants 11 demandait que tout indus-
triel qui viendrait consulter un savant, lui pren-
dre son temps, fit partie de la Société de secours
des Amis des Sciences.M. Boucicaut, fondateur du
Bon Marché, faisait, par exemple, distribuer cha-
que matin aux pauvres de son quartier 150 litres
se lait qui s'altérait parfois pendant le transport
de Chamarande a Paris. M. Boucicaut consulta
M. Pasteur sur ce désagrément, et l'illustre savant
accompagnait sa réponse d'un exemplaire du
compte rendu de l'assemblée générale. Par retour
du courrier, MM. Boucicaut père et fils se fai-
saient inscrire comme souscripteurs perpétuels
de la Société.
Dans la vingt-deuxième séance publique an-
nuelle, tenue en avril 1882, dans le grand amphi-
théâtre de la Sorbonne, M. A. Legrand, vice-se-
crétaire, en rendant compte de la question au
conseil d'administration pendant les années 1880
et 1881 annonçait que le nombre total des sous-
cripteurs était alors de 200, parmi lesquels je ne
trouve pas seulement des noms de savants propre-
ment dits, comme MM. Berthelot, Brown-Séquard,
mais des noms des véritables amis des sciences,
comme ceux de MM. Alfred Arago, Barbedienne,
J.-B. Balllière, Cuvillier-Fleury, Alexandre Du-
mas fils, Jules Ferry, Léon Gambetta, Germer-
Baillière, John Lemoinne, H. Liouville, L?reboul-
let, Mme Aubernon, Puvis de Chavannes, Por-
gès, etc. Il y a un an, les dons s'étaient élevés à
31,082 francs 80 centimes, et les souscriptions per-
pétuelles à 20,450 francs. M. Bischoffshelm donnait
6,000 franco, un Anglais, M. James Mason, 2,000 fr.,
MM. Gilles et fils de Lyon, 5,000 francs, la maison
Hachette, 500 francs, la famille Sainte-Claire De-
ville, 500 francs.
Le capital de la Société des Amis des Sciences
était, au 31 décembre 1881, de 545,797 francs. Le
chiffre semble respectable, il est pitoyable quand
on songe aux secours alloués à ces victimes
quotidiennes de ces découvertes merveilleuses qui
sont l'honneur et la fortune du siècle, l'èlectri-
cité, la vapeur, la chimie organique, la médecine.
Aussi bien, ai-je dit, on a fait il y a quelques
mois, pour les savants de France, ce qu'on fera
dimanche pour les pauvres d'Ischia on a dansé 1
Le bal a rapporté, tous frais payés, une cinquan-
taine de mille francs et tous les ans on valsera
encore pour la science.
Un quadrille en l'honneur des découvertes mo-
dernes Une polka pour l'œuvre du baron Thé-
nard 1
Je ne sais vraiment pas de plus noble emploi de
la charité.
Le baron Thénard a sa statue; l'autre baron, le
baron Taylor, attend la sienne. On ne se hâte pas
d'y songer, dans un temps où le bronzé n'est pas
cher et où le marbre semble fréquent. Les diver-
ses Sociétés que Taylor a fondées, qu'il a dotées
de son argent, enrichies, fait vivre par son dévoue-
ment et son activité, ne se hâtent point de lui
payer ce dernier hommage. Pauvre grand homme
de bien It fut presque ridicule parce qu'il fut trop
bon. Quand un homme est un ours, un égoïste et
un bourru malfaisant, dès qu'on ne reçoit pas de
lui le coup de griffe qu'on redoute, on dit, en-
chanté Après tont, Il est moins noir qu'on ne
veut bien le dire et moins méchant qu'il n'en a
l'air
Mais, quand un philantrophe se dévoue de tout
cœur à une œuvre de bienfaisance, on se de-
mande aussitôt quel intérêt 11 a à se montrer si
bon et on a tôt fait de lui décocher l'épithète
empoisonnée de faux bonhomme. On n'a pas eu
assez de railleries pour le baron Taylor, qui fut
un saint. On n'a pas encore assez d'ingratitude et
d'oubli pour Béranger, qui fat un homme excel-
lent et un grand poète parce qu'il fût un poète
naïf et simple.
J'ai été tout surpris, je l'avoue, d'aprendre que
quatre cents personnes au moins étaient réunies
dimanche dernier autour de la tombe du chan-
sonnier et que M. Lecomte, secrétaire du comité de
la statue de Béranger, a pu annoncer l'inaugura-
tion de cette statue, exécutée par Doublemard,
l'année prochaine. Comment i 11 n'est pas tout
à fait perdu dans l'oubli, celui que M. Eugène
Pelletan appela un jour une étoile filante 1
Pauvre Béranger! Il eut trop d'esprit et de bon.
té sans fracas. On ne lui pardonna pendant long-
temps ni l'un ni l'autre. Mais sait-on qui com-
mença le feu contre lui, qui dèmolit, ou voulut le
premier démolir cette idole le chansonnier? Ce
ne fut ni Veuillot, qui lui reprochait d'être voltai-
rlen, ni Sainte-Beuve, qui assurait qu'on pouvait
chanter Bèrauger, mais non le lire, ce fut Ribey-
rolles, dans ce fameux journal l'Homme, qui fut
le Moniteur enragé de l'exil. Béranger était mo-
ribond, lorsque l'impératrice Eugénie lui fit de-
mander d'aller s'asseoir à son chevet. Bêranger
refusa. Il refusa poliment et ironiquement, disant
qu'il tenait la visite pour faite et qu'il la rendrait,
une fois debout. Il savait bien qu'il ne se relève-
raiifpïus. •
Mais voilà le fait, le petit fait, qui déchaîna Ri*
beyrolles contre la mémoire du chansonnier je
dis la mémoire, car on pouvait dire que Béranger
était déjà mort. Ribeyrolles, dans une lettre adres.
sée à F. Lamennais descendu dans la fosse, par-
lait en opposition avec le prêtre mort, de ces « Epi.
curiens de la gloire, arrosant en famille leur petit
lSTirier », de « ces Horaces, vieillards qui excellent
cc->-rue les Locustes itallennes, à préparer les poi-
soi'ï ans le flacon et la fleur.
VA I ajoutait j
C'est par âne lettre, par une strophe, dans une I
causerie fine, que ces voluptueux éreintes raillent I
le. devoir, pariumeat les crimes puissants, eni- J
vrent et corrompent les âmes jeunes et faciles.
Leurs demi trahisons et leurs demi-confidences
sont toujours voilées comme la parole du proxé-
nète, mais ils ont une telle peur des devoirs aus-
tères, qu'ils ne sauraient les voir pratiquer par
d'autres et que ne point fléchir dans la persécu-
tion ou dans le combat leur est une injure.
» Hélas cher maître en génie et en probité,
vous en avez laissé plusieurs sur terre de ces Ca-
tons diplomates qui vivent sous la charmille, en-
tre les révolutions, et, trompant votre main
loyale, votre âme franche, quelques-uns furent
vos amis. Ne parlons que d'un seul. »
Alors, avec une fureur de taureau, se retour-
nant vers ce Béranger qui, tout d'abord, avait
disait-il, « par ses chants embauché les généra-
tions dans l'armée de la Liberté », Ribeyrolles se
demandait ensuite:
Qu'a-t-il fait?
« II a cultivé son petit jardin, ses petites ami-
tiés, ses charmants loisirs, laissant trainer les
idées au corps de garde, les tribunes à l'égout,
les hommes, ses disciples, ses fils, à l'abattoir.
Et pas un cri ne s'est échappé de ses livres pour la
République égorgée, pour la justice violée, pour
la France noyée dans le sang. » II cultivait « ses
choux et sa gloire >
Il le montre paisible et clos en son Passy,
Tibur; il ajoute ce qui est contestable
« En juin, quelques vieillards en tendant du
haut des barricades leurs bras vers le faubourg
pour tout calmer et tout sauver. » Béranger était
de ceux-là. Enfin, c'est le reproche le plus vio-
lent
« Il aurait dû, pour l'honneur de son nom, se
« proscrire lui-même après Décembre » écrit Ri-
beyrolles.
» Ce ne sont pas là des fautes, ce sont des cri-
mes.
» Au lieu de protester, M. Béranger reçoit M.
Fortoul et cause avec les princesses; il leur de-
mande sans doate en minaudant quelques petites
grâces pour ses pauvres fous de Cayenne, de Lam-
bessa ou de l'exil, et il croit ainsi payer sa dette à
nos malheurs.
»M. Béranger se trompe; Lambessa, Cayenne
et l'exil ne l'amnistieront jamais; II y a tache de
République à son feuillet!
» M. Béranger ferait mieux de prendre sa place
de sénateur. »
Voilà le ton de l'admirable pamphlétaire affreu-
sement injuste, et M. Eugène Pelletan, après la
mort de Béranger, ne fit que reprendre avec une
âpre éloquence les arguments de Ribeyrolles con-
tre le chancelier.
Il est certain que de ces colères il est resté
quelque chose sur la renommée de Béranger. Il
en eût souri. Les exagérations le trouvaient nar-
quois et indulgent. Le grand crime de ne s'être
pas exilé et d'avoir demandé, pour d'autres, des
grâces qu'il eût refusées pour lui! On a accusé
également George Sand de crimes pareils.
En dépit de tout, Béranger est demeuré assez
populaire pour qne, vingt-cinq ans après sa mort,
quatre cents disciples aillent lui porter leurs cou-
ronnes. Ses chants sont toujours vivants. Faites-
les chanter par Judic, ils redeviendront à la mode
demain et redonneront du patriotisme à la France.
Je disais que Béranger fut bon. Bon et sans
phrases. On m'envoyait, l'autre jour, la copie
d'une lettre de lui à un de ses anciens camarades
de jeunesse, d'après l'autographe même
Monsieur, Monsieur Ernest Antier, rue des
Marais, 54.
Mon cher camarade,
Depuis plus d'un an, je te promets le recueil de mes
chansons. Je te l'envoie enfin. Il valait peu la peine
de le faire attendre aussi longtemps, mais peut-être il
eût été plus sage de ne te faire ce petit présent que
dans quelques années, car, je t'en avertis, ce n'est pas
là un livra très convenable pour l'instruction de la
jeunesse. Cependant je te l'avais promis; j'ai dû tenir
parole. Puisse ce recueil être pour toi des étrennes
agréables Chante donc, puisque tu aimes à chanter.
Ce que tu mettras dans ta mémoire de mes chansons
(et tes bons parents t'éclaireront sur le choix à faire)
sera un jour un doux souvenir de jeunesse auquel on
joindra celui de notre amitié. Ce sera un commence-
ment d'immortalité pour moi.
Je crains bien que ma gloire n'aille pas plus loin,
mais il y a encore là de quoi satisfaire mon ambition.
Demande plutôt à ton père si je n'ai pas toujours mis
mon bonheur dans l'affection de ceux que j'aime.
Adieu, mon cher Ernest embrasse ta mère de ma
part et présente-lui mes souhaits sincères de bonne
année. Je te prie aussi d'offrir à tes sœurs les petits
chiffons que tu trouveras joints aux deux volumes.
Je t'embrasse et suis pour la vie ton ami.
BÉRANGER.
Ce 31 décembre 1823.
Je gage que les petits chiffons devaient être des
billets de banque. Béranger, quoique pauvre,
donnait beaucoup à de plus pauvres que lui.
Aussi bien, il est populaire, je le répète, le bon-
Iiomme que louait M. Spuller dans une conférence
qu'on n'a pas oubliée. Lors de ses funérailles,
toutParis, le Paris ouvrier,le Paris laborieux, était
sur pied. On put craindre un moment une émeute.
Le colonel baron N. qui commandait alors le 50e
de ligne et qui est un des plus braves officiers
généraux de notre armée, avait ses soldats ran-
gés le long du boulevard, près du faubourg du
Temple. Il sentait, autour d'eux, sourdre un mou-
vement de houle, souffler un vent de tempête. La
foule grossissait, grossissait. Le moindre choc, la
moindre poussée, une querelle, un mot, pouvait
mettre le feu aux poudres. Le colonel, devinant
l'orage, eut l'inspiration, à la fois poétique et spi-
rituelle, de faire sauver la situation par Béranger
lui-même.
-Jouez la Lisette Vite! dit-il rapidement à son
chef de musique.
Le chef leva son bâton. L'air populaire de Fré-
déric Bérat monta dans l'air.
Enfants, c'est moi qui suis Lisette,
La Lisette du chansonnier
La foule se tut ou fredonna doucement la chan-
son, et il suffit de ce spectre de la jeunesse de Bé-
ranger, de ce fantôme du bonhomme, pour éviter
une collision Inutile.
La foule pleurait; elle était désarmée.
Eh bien, faites jouer encore du Béranger au
peuple, jetez au vent les couplets du Vieux Ser-
gent et vous retrouverez dans les yeux les mêmes
larmes. Ce qui est simple demeure fort.
Savez-vous ce qui vous a manqué dans cette
guerre? disaient, à Orléans, à M. J. Loiseleur,
des officiers bavarois visitant la bibliothèque..
C'est que vous avez désappris les chansons de Bé-
ranger 1
Je me snis laissé entraîner vers ces souvenirs,
à la suite des sociétés chantantes qui allaient, l'au-
tre jour, saluer l'auteur des Hirondelles et de
Jeanne la Rousse. Mais qu'y avait-il, d'ailleurs,
dans ce Sahara de Paris, où 11 n'y a rien de nou-
veau que des insolations et des apprêts de ker-
messe, ou encore le voyage au court cours du
Poitou, demeuré en détresse au Havre? Il y a
un mort aussi, il est vrai, un romancier de petits
journaux populaires, Etienne Enault, cousin de
l'auteur de Nadèje, qui disparaît après avoir écrit
cinquante romans et rêvé d'être un homme poli-
tique. Etienne Enault, rédacteur du National,
avant de signer l'Homme de Minuit, avec Louis
Judicis, avait été, en effet, candidat en 1848, dans
Seine-et-Oise, candidat comme Félicien Mallefille,
et- faut-il le dire? comme Eugène Labiche. La-
biche, Mallefille et Etienne Enault sur la même
liste 1 De l'aventure, Etienne Enault, assez mal-
traité, avait rapporté une certaine colère déçue
contre la politique, et Labiche, beaucoup plus gai,
se retirant avec douze mille voix, s'amusa de l'é-
preuve en écrivant un vaudeville, le Club cliam-
penois, je crois un bel éclat de rire.
Etienne Enault, lui, se jeta à corps perdu dans
le roman mélodramatique. Il y avait trouvé de
très gros succès. Son Enfant trouvé faillit avoir
la fortune des romans de Richebourg, Emile RI-
chebourg, le terre-neuve des journaux à un sou!
C'est tout un art spécial que ce roman d'aven-
tures et de sentiments. Lorsque GIrardin voulut
remplacer au Petit Journal le « genre Riche-
bourg par des récits plus délicats, il fit, avec
Michel Strogoff, de Jules Verne, un chef-d'œu-
vre en son ganre baisser le journal de quatre-
vingt mille exemplaires en huit jours. C'était ef-
frayant. Vite on appela Richebourg â la rescousse
Etienne Enault était un sous-Richebourg de ta-
lent, plus lettré, plus fin, un peu amer. Il devait
regretter la députation rêvée en 1848. Son déses-
poir était aussi qu'on lui demandât s'il était le
frère de Louis Enault.. Il me semble qu'il répon-
dait, avec quelque vivacité
G'est à peine si nous sommes parents f
En somme, un très, honnête homme, ce qui n'est
pas à dédaigner dans notre monde littéraire. Je
sais bien que « l'honneur de la presse, l'honneur
des lettres >, comme on dit, n'ont rien à démêler
avec les aventures d'un certain nombre de bat-
teurs d'estrade qui tiennent une plume comme ils
tiendraient une espingole. Mais on n'est point fâ-
ché de rencontrer des honnêtes gens maniant
loyalement une plume honnête. C'est beaucoup
déjà quand {on disparaît de pouvoir faire dira
« Il n'a trompé ni corrompu personne! » I
Quant à mériter plus et mieux, c'est le sort des I
élus. Et ajux-lâ,. combien sout-ils? j
c. '?̃ J-
TRIBUNAUX
Une vengeance corse. La cour d'assises de
la Corse vient de condamner à mort le nommé
Santucci, qui s'était rendu coupable, le 19 janvier
dernier, d'un double assassinat.
Quelques jours avant le crime, Santucci avait
eu une violente discussion avec sa femme Attilia;
il l'accusait d'entretenir des relations avec un de
ses compatriotes, Godefroy Morelli, qui l'avait
autrefois demandée en mariage, et de le voir fré-
BK?™* chez Casabianca. Ces griefs étaient-ils
bien sincères? Il est permis d'en douter; Attilia
jouissait d'une excellente réputation; aucun fait,
aucun indice ne justifiaient les accusations de son
mari. Celui-ci, d'ailleurs, avait d'autres motifs de
jalousie contre Morelli. Il avait Instamment solli-
citè une piace dans l'administration pénitentiaire
ou dans la gendarmerie; on la lui avait toujours
refusée, lui opposant trois condamnations pro-
noncées contre lui, dont l'une pour violences
exercées sur le frère de Morelli. Le 19 janvier
dernier, Santucci se tenait à sa fenêtre, lorsqu'il
aperçut Morelli en train de rentrer une voiture
dans la remise de Casablanca. Saisi aussitôt d'un
transport de colère, il s'arma d'un fusil et, visant
Morelli, l'étendit raide mort. Après s'être appro-
che de sa victime et s'être assuré qu'elle n'existait
plus, 11 se rendit sur la grande route au devant
de Casablanca. Il le rencontra bientôt, et l'abor-
dant « Viens avec moi, lui dit-il; Attilia te de-
mande, » Puis, sans même attendre sa réponse, il
déchargea son fusil dans le ventre du malheu-
reux. La blessure était mortelle, et, après quel-
ques minutes d'agonie, Casablanca expira sous
les yeux du meurtrier.
Devant la cour, Santucci soutient qu'il est sujet
à de fréquents maux de tête qui lui enlèvent la
conscience de ses actes. La cour n'a pas admis ce
moyen de défense et a condamné Santucci à la
peine de mort.
AVIS ET COMMUNICATIONS
La Compagnie des chemins de fer de l'Ouest orga-
nise, a l'occasion de la Fête de bienfaisance donnée
par le comité de la presse au bénéfice des victimes de
paria= Strop^e f IsocnIa> un train de plaisir de Rouen à
Paris, au prix de en classe et 6 fr" en 3° classe
(aller et retour).
Ce train prend des voyageurs aux gares suivantes
Po£t d/V-M? "t-H^&ne-du-Rouvray-Oissel, Elbeuf,
Pont-de-l'Arche, Saint Pierre-du- Van vray et Louviers.
Aller Départ de Rouen, le dimanche 26 août, à
6 h. 5 dumatfn!" dimanche 26 août, à
*™V?nr Départs facultatifs de Paris (Saint-Lazare),
dans la nuit du dimanche 2C au lundi 27 août, à l h. 15
aoWïïinMnS la nuit du lundi 27^ mardi 23
a à minuit 30.
En outre, la Compagnie délivre, de tous les points
de son réseau sur Paris, des billets d'aller et retour
avec 2d °/. de réduction sur le tarif ordinaire, valables
de un à cinq jours, suivant les distances.
Eeole supérieure de Commerce
administrée par la Chambre de commerce
102, rue Amelot, Paris.
La rentrée des classes aura lieu le le? octobre.
LUcole, exclusivement consacrée aux études
commerciales supérieures, forme des commerçants,
des industriels, des banquiers, etc. Elle reçoit des
élevés Internes et demi pensionnaires. Sur de-
mande, envoi du programme de Enseignement
et des conditions d'admission. «
BULLETIN COMMERCIAL
dbpBches COMMERCIALES
_,A Marseille, 22 août.
Blés, Tendre Salonique r°nge '5 à 21. Tendre
Varna 21 50 les 100 kil.
Graines oléagineuses.– Sésames Coromandel bicarré
embarquement août septembre 37 75 les 100 Tu D
Cafés.-Moka Aden trié lll a ?18- MokaHodeidah su-
ËrtSi&â Rio SfifSS?"' type Marseille, liv.
jamier-février 57 les 50 kilo ent.
Sucres. Usine Antilles 2° jet 58 les 100 Ml.
Bordeaux, 22 août..
te^oles3^ non gragé supérieur 60 à &5. Gtta"
temala 80 les;){) kil. entrepôt..
Peaux de mQutons- •Baenos-Ayres 140 francs les
100 kilo
Chicago, 22 août.
Saindoux. Steam. lard sur sur septembre 8 70,
sur octobre janiieA novembre ® 3°' décembre i 8
année 8 20, janvier 8 35.
75. Salaisons. Lard salé short ribs sur septembre 6 6
VA Londres, 21 août. ï
Enchères de laines. La troisième série des èn-
chères de laines coloniales a été ouverte cette après-
midi avec un catalogue de 11,309 balles. ~e.'
A ces enchères assistance assez nombreuse d'ache-
teurs dn pays, mais les marchés étrangers n'étaient
que modérément représentés. La tendante da marché
était réservée, et les prix, tant pour laines d'Australie
que pour laines du Cap, ont coté en' moyenne un perte
ae 1/2 penny par livre sur.la clôture de la der^
série d'enchéres.
Le montant total du stock disponible, y compris les
stocks anciens, mais en déduisant toutefois les quan-
àlÎ3OO0rbIflefli'eCtement aux consommateurs, s'élève
à 413,000 balles.
Des dispositions ont été prises pour que la présente
enchère dure jusqu'au 11 octobre. iL
Londres, 22 aoûtif
Dr^frnS~d- laines. Le catalogue de ce jour com-
prenait 11, ~a balles. Bon concours d'acheteurs avec
affaires assez actives aux environs des prix de l'ou-
verture d'hier. Quelques laines de Victoria de qualité
superflue ont réalisé des prix élevés.
Londres, 22 aoûtjf
Sucres marché faible. Penang cristallisé 25 sL-
Penang natif 13 sh. 3 den. par cwt franco à bord.
-Sucres de betteraves allemand 88° 20 sh. 9 den. •
octobre-décembre 20 sh. prompt embarquement franco
à bord. Sucres raffinés cubes de Tate 30 sh.: pains-
coupés de Martineau 30 sh.; Titlers 28/6 à 29 sh. 9 d.;
cubes 20 sIm cubes de Uuncan 30 sli. par cwt. Pains
de Paris Marque Lebaudy 26 sh. 6 f. à b 1
Metaux.-Cuivre: ferme. Chili en barres G O B 63/12
6 a 64 uv. 10/ sh.; à 3 mois 64 liv. 2,13 à 64 l. 10 sh. d.
Etain ferme. Bon étranger dispon. 93 liv. 12/6 d. à
U4 hv. 05/; dito à hv. à 3 mois 94 02/ d. à 94 liv. ̃ 12/6
Plomb anglais 12 liv. 10 sh. -d/a à 12 liv. 1? sh d.
Espagnol sans argent 12 Uv. 07,0 à « liv. >» sh. » d.
-Zinc: bon ordinaire 14 Uv. 17/G à 15 Itv. 02 sh..6 den.
-Mercure 5 Uv. 10 sh. « à 5 12/6 en premières mains.
New-York, 22 août.
Change sur Londres, 4 82 1/4 cents.
Change sur Paris, 5 22 1/2 cents pour 1 dollar, i
Pétrole raffiné Standard White, 7 1/2 cents le gallon;
raffiné à Philadelphie, 7 3/8 cents le gallon. g
Café Rio fair, 9 1/2 à »/ Rio good, 10 »/» »» cents
la livre.
Sucres raffiné, Moscovade n» 12, 6 9/16 cents la livre.
Saindoux, marque Wilcox dispon. 9 3/8 cents; li-
vrable sur septembre, 9 3 '8 cents la livre.
Lard. 7 7/8 cents la livre anglaisa.
Cotons. Middling npland, 10 l/8;mlâdl. Louisiane
A New-Orléans, 9 3/4 cents la livre.
•••̃̃-•̃ ̃->̃>?̃ isj|
Halle de Paris. 22 août Le marché aux blés
a été assez ??ime- On a cots Wés indigènes blancs,
?8 a,!£ fr.; dito roux et blés du Nord de 27 50 à 28 fr. 50
les 100 kil. en gare d'arrivée. Blés de Montereau. 3:$ à
Ai fr. les 120 kU. Blés exotiques roux d'hiver d \mè
rique n» 2, 27 50. On demande 27 fr. 50 pour le Califor-
nie Standard no 1; 26^-50 pour les Bombay-Club n» 1,
et 28 75 à 29 fr. pour l'Australie, le tout par 100 kil. sur
wagon au Havre, à Rouen, à Calais ou à Dunkerqae.
Les blés roux d'hiver valent 27 fr. 75 sur septembre
et 27 7d à 28 fr. sur les 4 derniers.
Les affaires ont été courantes sur les menus grains r
Seigles vieux, 16 »»; nouv., 10 50 à 17 »»; orges, 17 à
}£»»; escourgeons nouv., 18 à 18 50; avoines vieilles,
wSi i2o ^Œï *s> 1S à 10; sarrasins vieux,
1t!50 à 19 an les 100 kil.
Les demandes ont été assez actives sur les issues
Gros son, 15 à son fln- 13 à "i son cases,
13 50 à 14 »»; recoupettes, 13 »>• à »»} remoulages ordl-
ïesHJo'kll 16 remoulaSe3 blancs, de 17 à 18
les 100 k1I.
Il n'y a pas eu de changement dans la situation des
graines fourragères
Trèfle incarnat nouveau 40; trèfle incarnat vieux, 30
à 35; îd. violet nouv., 140 fr.; id. blanc, 220 à 250 fr.;
luzerne de Provence, 150 à 1G0 fr.; dito de Beauce,
125 à 130 fr.; de pays, 110 à 120; d'Italie, «; minette
véritable, 50 à 60; fausse, « à « les 100 kil! uuueivo
Vesces de printemps, 25 à 26; vesces d'hiver nou-
26 à6»» 30; dito Ieilie3) "î pois gris de printemps,
26 à, les 100 kiL
Sainfoin nouveau, 1™ coupe, 35 à 38; 24 coupe, 40
à 45 les 100 kilos.
Fécules. La chaleur a fait du bien à la récolte;
toutefois 1 Auvergne, qui a une abondante production,
se plaint de la sécheresse et demande del'eau.
Les affaires en disponible sont toujours calmes, les
cours sont sans changement. On cote par 100 kil. et
suivant usages, dans les gares respectives des ven-
deurs
Paris, Oise et Vosges, 37 fr.
La fécule verte à livrer sur les 4 de septembre est
tenue de 22 à 22 fr. 25 par 100 kil.
Fourrages. La Chapelle, 10 août. Marché actif
On cote sur le marché
lro qté. 2« qté. 3e qtê.
Paille de blé 1832 43 à»» 40 à»» 37 â»»
1883 41 »3 3G «» 3G »»
de seigle.. 30 s» 27 »» 25 »» »»
d'avoine. 30 »» 27 » 24 »»
Foin 1882 65 »» C0 »» 55 »»
1883 56 a» 52 »» 4G ».
Luzerne 1882 G4 »• 60 »» »» 55 ».
1883 54 »» 50 »» 45 na
Sainfoin 50 » 45 »» 42 »
Le tout rendu dans Paris, au domicile de l'acheteur,
frais de camionnage et droit d'entrée compris.
Houblons. –Grâce à la belle température actuelle.
les perspectives de la nouvelle récolte s'améliorent de
plus en plus.
Ce sont surtout les avis de l'Angleterre, de l'Amé-
rique et do la Belgique qui restent les plus £»var»-
bles.
Les uooTôJîa»
oûauneoc* t «sir d«i j>rte»ttf « i«» par'* ta. g'ii. 4e
l&0 ir.
« Charmant, votre atS«»» î Wâ* ee qrrt me con-
trarie, c'est que vous ayez mêlé à cela M. de Roys !(?);• p
J'étais abasourdi, écœuré.
« Ce n'est pas tout, poursuivit M. Pech, vous me
devez bien une petite réparation. L'article a 280 li-
gnes comme je vous en ai fourni les renseignements,
faites-m'en compter 140 En attendant, rendez-moi le
service de me prêter un louis. »
J'avoue que j'eus la faiblesse de ne lui glisser dans
la main qu'une pièce de dix francs, qu'il accepta en
criant ironiquement
-Vive l'empereur!
Mes amis sentaient comme moi le dégoût leur mon-
ter aux lèvres.
M. Pech devait aller plus loin. Il envoya au direc-
teur de Gil Blas une lettre dans laquelle il reconnais-
sait que tout ce que j'avais dit était vrai, « à part quel-
ques erreurs de détail concernant les noms » {sic), et
finalement demandait le payement des 140 lignes re-
présentant la moitié de l'article. Je suis même autorisé
à dire à M. Pech qu'il peut venir toucher une indem-
nité équivalente au montant de ces -lignes, à la condi-
tion expresse quil n'y ait rien dans Son reçu qui puisse
le faire passer pour mon collaborateur.
Cette lettre, remise à l'administration de Gil Blas,
.fut malheureusement abandonnée par elle à M. Pech,
lequel prétexta quelques modifications a y apporter.
Mais comme tout le monde, au journal, a lu cette let-
tre, le fait ne peut être mis en doute.
M. Xau, examinant ensuite les dénégations con-
tenues dans la lettre de M. Pech que nous avons
ipubliêe hier, dit:
Affirme-t-il qu'il ne se soit empressé d'accourir chez
;la maîtresse d'un haut fonctionnaire de la préfecture
de police, 26, quai de Béthune, pour fournir ses ren-
seignements à ses patrons ?
Dit-il qu'il n'a pas imité la signature du général
de Charette sur les brevets d'officiers remis par lui
à M. Camescasse? Non!
On n'a pas oublié que M. Pech avait raconté
aussi ses premières tentatives auprès de M. Jules
Amigues. Le Petit Caporal publie de son côté la
'note suivante que nous reproduisons à titre de
document ̃
Nous croyons devoir revenir aujourd'hui sur les
-ouvertures qui furent faites à M. Amigues, et dont le
nom du reste a été prononcé très maladroitement,
Au moment où M. Pech de Cadel proposa à notre
regretté maître de faire un complot pour rire, on
avait acquis la certitude dans le parti bonapartiste
que la préfecture de police cherchait à introduire
dans nos rangs des agents provocateurs.
v Après le manifeste du prince Napoléon, on se remit
l'œuvre. C'est à cette époque que le Petit Caporal 1
publia sous le titre « Formation des groupes de
l'Appel au peuple un article destiné à détourner les
recherches de la police. Cet article était écrit tout en-
lier de la main même de M. Jules Amigues. On avait
.été prévenu chez M. Rouher que le préfet de police
voulait recommencer l'affaire Savary et qu'il ne fallait
• tà. aucun prrç laisser compromettre inutilement bien
"'des braves gens.
Bref, on ne tomba pas dans le piège tendu.
Nous laissons à nos lecteurs et à nos amis le soin
•d'apprécier l'intervention de M. Pech de Caiel en
cette circonstance.
i FAITS DIVERS
23 août. Aucune modification à signaler dans
l'état atmosphérique. Il fait toujours un temps
magnifique.
Notre correspondant de Mirecourt nous écrit
que, depuis,huit jours, le ciel, dans les Vosges,
conserve une limpidité extraordinaire au milieu
d'une atmosphère pure. On est très content de l'é-
tat actuel de la température- pour rentrer les ré-
coltes. La persistance des vents du nord, le main-
tient des hautes pressions barométriques, font
«spérer une suite de beaux jours. La vigne se
yemet peu à peu des perturbations atmosphéri-
ques qui lui ont fait éprouver un retard préjudi-
oable.
Aujourd'hui 23 août, lethermometre du Jour-
nal marquait
A 7 heures du matin. 20» au-dessus de 0.
A 11 heures du matin 25» 1/2 j %<̃
A 1 heure de l'après-midi 2ô» s
Hauteur barométrique. 767 }| t-t'
Le conseil d'hygiène publique et de salubrité
du département de la Seine a adopté hier les con-
clusions d'un rapport de M. Brouardel tendant au
rejet de la crémation des cadavres en temps d'épi-
démie.
I! résulte du rapport de l'honorable médecin-
légiste que les intérêts de la justice et ceux, tout
aussi graves, les personnes injustement inculpées
d'avoir commis une Intoxication, seraient sérieu-
sement compromis par l'adoption de la crémation
surtout en temps d'épidémie cholérique, II fait
remarquer, en outre, que les manipulations des
cadavres nécessitées par la crémation sont plus
nombreuses, et exposent, jusqu'au moment où
le corps est mis dans l'appareil, à autant sinon
plus de dangers que lorsque le corps est déposé
dans la terre. En résumé, il se prononce contre
l'incinération en temps d'épidémie.
̃ Le conseil a décidé ensuite qu'une commission,
composée de MM. Brouardel, Bourneville, Arm.
Goubaux, Legouest, Luuyt et Peligot, examinera
s'il ne conviendrait pas d'autoriser, à titre d'essai
la crémation des corps ayant servi à des études
atnatomiques.
.;• Le préfet de la Seine vient de nommer mem-
bres de la commission administrative des beaux-
arts de la ville de Paris, pour une période de trois
ans dans la section de peinture. M. Lavastre;
dans la section de sculpture, M. Falguière; dans
la section d'architecture, M. Ballu; dans la
Section de gravure, M. Chaplain.
-{ L'administration municipale vient de décider
que le pavage en bois serait appliqué aux voies
ci-après
Faubourg Saint-Honoré, entre la rue de l'Elysée
;même nom; rue Royale et place de la Madeleine;
;ïue de Rivoli, de la rue du Louvre à la rue Saint-
florentin; rue des Saints-Pères, de la rue Jacob
%u boulevard Saint-Germain.
1
Le marquis de Carbonnel-d'l'Iierville vient
d'adresser la lettre suivante au Clairon, en fa-
veur des détenus du groupe d'action royaliste le
IRoyal-Essling
i Monsieur le directeur,
Voudriez vous me permettre d'appeler votre attention
'et la sympathie des monarchistes, à qn-elaae opinion
jqu'ils aient été attachés, sur la misère qui est et sera
;Je partage de nos coreligionnaires qu'on a incarcérés
Ou incarcérera à propos du fameux complot royaliste.
Je sollicite l'ouverture d'une souscription en leur fa-
veur, et je crois en avoir aussi bien le droit que ceux
lui ont fait autant pour les révolutionnaires.
J'ai l'honneur d'être, monsieur -le directeur, votre
très humble serviteur.
i Marquis de Carbonnel d'Hîerville.
Cette affaire n'a rien de commun avec la mysti-
fication relative au prétendu complot royaliste
dans le Morbihan. Elle est entre les mains du par-
quet de la Seine, qui va continuer l'instruction.
M. Tardif, substitut au tribunal de la Seine, a
été victime hier soir d'un grave accident. Il tra-
versait le boulevard du Palais quand un omnibus
•le renversa. Fortement blessé aux jambes, M.
•Tardif fut conduit dans une pharmacie,où il reçut
.des soins et de la, à son domicile, 13, rue Mé-
ificis.
">̃ Un individu nommé P. W. d'origine alle-
mande, vient d'être arrêté avec une bande qui dé-
valisait les propriétés des environs de Paris. C'est
un malfaiteur des plus dangereux qui a été re-
connu comme un ancien camarade du nommé
Grùn, l'assassin de la fille Renaud, rue Mercier
lequel se pendit en Allemagne dans la cellule de
sa prison.
P. W. se rase complètement le dessus de la
tête et la figure. Il cache évidemment son identité
On a trouvé dans le garni où il logeait un as-
sortiment complet de perruques et do fausses
barbes dont il devait certainement faire usage
,pour se transformer selon les circonstances
Le Figaro donne aujourd'hui, au sujet de la
jusque disparitloa de M. de Wœstyne, les exnlica-
iions suivantes
̃Nous recevons de M. Ivan de Wœstyne le télégramme
Suivant i
« Metz, 22 août, 4 heures 16. minutes»
» Votre entrefilet me tombe sous les yeux Si j'ai
disparu on a toujours su où j'étais: je donnais la
chasse a mon commanditaire qui, au dernier moment
quand il devait verser l'appoint du voyage, m'a abso-
lument manqué. Je l'ai entrehe et attendu vainement
jusqu'ici. t
» Je vous envoie par poste le télégramme que j'ai
expédie ce matin art Poitou, et qui exposa toute la
situation. J'ajoute que je commence immédiatement
un proeos contra es conimandi!aire, M.' II. dont les
-propriétés de Besulièu, près Monaco, répondront du
dommage qu'il a causé à tout le monde, moi com-
pris.
» WCKSTYXE. »
Le Figaro n'a point à entrer daus la di^cu^sion de
cette fâcheuse affaire qui ne le regarde eu aucune
façon, comme il en est d'ailieurs pour les nombreuses
entreprises privées qui sollicitent, à leurs risques et
périls, la publicité de l'ensemble des journaux.
Nous ne pouvons oublier cependant que M. Ivan de
jVœstyne a fait partie autrefois de la presse ainsi
lien à Paris qu'à l'étrange et, à ce litre, nous croyons
qn il ferait bien de revenir au plus tôt se dégager de
? situation embarrassante pour son honneur! qu'il
.est a imprudemment, créée, en mettant la frontière
jntre lui et ses souscripteurs.
Nous voulons espérer qu',1 donnera franchement tou-
«? les expiioations et qu'il expliquera loyalement aux
échoué les raisons pour lesquelles son entreprise a
échoué.
En agissant ainsi, il atténuera, dans là mesuM du
possible, la pénible impression que sa brusqué aispa"
rt^on a causée dans le public et parmi Ses âncœtts
ç9nll~éres..
La Société générale dos transports maritimes à
vapeur a, d'aillenrs, accordé un dernier délai à
M. de Wcestyne. Le Clairon publie le texte
d'une signification, qui a été faite à M. de Wœs-
tyne, en son domicile, 12, avenue Kléber. La So-
ciété accorde deux jours à M. de Wcestyne pour
effectuer le paiement des quarante sept mille
francs. D'après le Gaulois, M. de Wœstyne est
victime de M. Rosotti, son agent signataire du
contrat passé avec le Poitou, et qui devait remet-
tre, samedi dernier, les 47.000 francs, complément
de la somme due à la Compagnie propriétaire du
navire.
V Intransigeant publie, d'un autre côté, une
longue lettre d'un de ses collaborateurs nous
n'y avons trouvé aucune révélation nouvelle sur
cette affaire..
C'est à M. de Wœstyne seul qu'il appartient de
donner, le plus tôt possible des explications:
claires et définitives. t <
Malgré la chasse dormes aux crieurs de feuil-
les à réclames et à fausses nouvelles, le nombre
en est toujours aussi grand et Il ne se passe pas
de jour qu'ils n'occasionnent des discussions
ou des rassemblements sur la voie publique. Hier
soir, vers cinq heures et demie, les gardiens de la
paix ont dû en arrêter un qui faisait grand ta-
page en vendant un petit journal, le Scandale, à
l'angle de la rue Drouot. Il joignait à ses offres de
vente des commentaires déplaisants.
Deux gardiens de la paix du neuvième arron-
dissement, avaient d'abord essayé dé. le reluire au
silence. N'obtenant d'autre résultat que celui d'ê-
tre injuriés par le délinquant, les gardiens l'ap-
préhendèrent et le conduisirent, malgré sa
résistance, au poste de la rue Choron.
Pendant le trajet, le soi-disant colporteur, qui
est aussi rédacteur du journal saisi, criait à tue-
tête « Demandez le Scandale vingt francs le
numéro, vendu par le rédacteur en chef. deman-
dez le Scandale » et jetait des numéros aux
passants, dans les voitures qu'il croisait, etc.
Après un.court interrogatoire, l'auteur de cette
petite émeute a été relaxé.
La police de sûreté a arrêté, sur les bancs du
boulevard Rochechouart, deux vagabonds impli-
qués dans une tentative d'assassinat commise le 28
juillet dernier rue Fontaine-au-Roi, 53, sur la per-
sonne de M. Stadelmana, bijoutier.
Ces individus s'étaient adressés à ce dernier
pour lui demander à parler à son associé, M.
Ruph. Sur la réponse que leur fit M. Stadelmann
que M. Ruph était absent, l'un des individus lan-
ça à la tête de M. Stadelmann un paletot qu'il
portait sous son bras et essaya de l'étrangler,
pendant que son complic3 se précipitait sur la
caisse pour en voler le contenu.
M. Stadelmann, après quelques instants de
lutte, parvint à se dégager de l'étreinte du malfai-
teur et appela à son secours.
Des voisins accoururent, mais déjà les voleurs
avaient pris la fuite. Les signalements des deux
Individus ayaïut été donnes à la police, des agents
de la sûreté furent mis en campagne, et, comme
nous le disons plus haut, ils ont réussi â les ar-
rêter sur le baue du boulevard Rochechouart. Ils
se nomment F. Bidault, employé, âgé de vingt-six
ans, demeurant rue aux Ours, 14; Charles Geof-
froy, dit Bosc, demeurant rue Slmon-le-Franc, 13.
Une jeune femme nommée Catherine Thuaire,
maîtresse de Geoffroy, est également Impliquée
dans la tentative d'assassinat de M. Siadelmann.
M. Lataple, maire d'Issel (Aude), vient d'être
suspendu de ses fonctions pour deux mois par ar-
rêté préfectoral, pour avoir publié pendant la
dernière période électorale une profession de
foi injurieuse â l'égard du gouvernement $e la Ré-
publique.. %A wm*î y t,
Notre "correspondant dé Grenoble nous télé-
graphie qu'un incendie s'est déclaré hier, à quatre
heures, dans un entrepôt d'artifices établi, con-
trairement aux règlements, dans les combles
d'une maison de la rue Renauldon.
Deux enfants, le jeune Arnaud, âgé de dix ans,
et le jeune Chabanon, âgé de six ans, jouaient sur
le palier de cette maison, lorsqu'une détonation,
dont la cause est encore inconnue, retentit; le feu
se déclara aussitôt et prit rapidement de grandes
proportions. En quelques instants, les enfants fu-
rent environnés de Ilammes. Arnaud père, tail-
leur, accourant au bruit de l'explosion, se préci-
pita pour sauver son enfant, mais II tomba bien-
tôt, ayant le haut du corps brûlé.
Les secours furent organisés et l'on transporta
Arnaud père et fils chez uu pharmacien. L'enfant
avait expiré. Quant au père, ses blessures sont
très graves.
Ce premier sauvetage opéré, on rechercha le
jeune Ghabanon; on le découvrit derrière une
porte, le corps entièrement calciné. Ce tragique
événement a causé une vive émotion à Gre-
noble.
Notre correspondant de Saint-Malo nous
adresse quelques detalls sur l'accident qui est ar-
rivé dans la nuit d'avant-hier, à bord du Bou-
gainville, accident que nous avons annoncé en
dernière heure.
Les élèves de l'Ecole navale, qui avaient passé
la soirée au casino, regagnaient leur bâtiment
vers onze heures et demie du soir, et dix-sept
d'entre eux avaient pris passage sur le bateau le
Jean-Bart, monté par les deux frères Lelavan-
dier. La brise était assez fraîche, la mer belle,
mais le courant de marée très violent.
La traversée s'effectua sans incident, mais, ar-
rivé le long du Bougainvillc, la mâture du Jean-
Bart s'engagea sur le bras du tangon, l'embarca-
tion tomba en travers et chavira.
Malgré la promptitude des secours, deux élèves
ont disparu, l'un, M. du Tillet, de Paris, l'autre
M. Beauchamp, de Nancy.
Il est regrettable que l'autorisation ait été don-
néa aux élèves permissionnaires de railler le bord
en pleine nuit, par ce que les marins appellent les
bateaux de passage; rien n'eùt été plus simple que
de les conduire à terre et' de les faire rentrer à
bord, même en les mettant aux avirons, avec les
embarcations du BougainviUe. On aurait dù
d'autant moins se départir de cette règle qu'on
était sur un bâtiment-école.
Ce n'est pas la première fois que l'on a à dé-
plorer dans notre marine de tels accidents; elle a
perdu assez d'hommes rentrant de permission sur
des bateaux de passage pour que l'on prescrive
impérativement aux bâtiments de se servir de
leurs embarcations pour le service des permis-
sionnaires quels qu'ils soient.
1
LA VIE A PARIS
La fête d'Iscliia. La charité qui s'amuse. Le len-
demain des désastres. Bals de bienfaisance. Les
médecins en Egypte. Le devoir des savants.
Une idée da baron Thénard. La Société de se-
cours des Amis des Sciences Les victimes de la
science. Henri Deville et Sénarmont. Un rap-
port de M..T. Bertrand. L'empereur du Brésil.
M. Pasteur et M. Boucicaut. Le baron Taylor et sa
statue. Béranger.– Le faux bonhomme. –La pre-
mière attaque le journal de Ribeyrolles. Une
lettre de Béranger. La Lisette à l'enterrement.
Les Allemands et Déranger. Nouvelles du' jour.
Un romancier populaire. Etienne Enault. Can-
didatures de 18i8. Un honnête homme. ̃• ̃̃*
C'est dimanche la fête d'Ischia.
Fêle d'Ischia 1 Les mots semblent hurler d'ê-
tre accouplés et, si l'on ne danse point sur un
volcan, on va danser sur des ruinés, mais la bien-
faisance couvre tout et les malheureux profite-
ront des tarentelles parisiennes. L'ardent mou-
vement de sympathie qui entraîne visiblement la
population vers cette fête d'Ischia prouve, encore
une fois, que ce peuple de Paris aime à faire la
charité, mais ne déteste pas du tout S'amuser un
peu, tout en faisant le bien. Il faut bie^ compter
avec les passions humaines. Amener les gens â
vider leur porte-monnaie au profit de pauvres
diables est une tache plus facile quand on les
amuse. Charité bien ordonnée ou bien calculée
commence par le plaisir.
Sans doute, ce n'est point la charité austère, la
charité qui ressemble â un apostolat, c'est la cha-
rité aimable, souriante, la charité qui fait appel
aux coquetteries des unes, à l'amour-propre des
autres et finalement accomplit son œuvre. Les
braves gens de Nancy et ceux de Casamicclola, qui
seront consolés, ne chercheront pas à savoir
si c'est pour l'amour de la kermesse, ou pour
l'amour de l'humanité qu'on leur envoie des se-
cours. Ils les prendront et les gens en deuil béni-
ront les gens en fête.
Il fut un temps où, dans notre pays, tout finis-
sait par des chansons, même les défaites. On met-
tait en couplets les désastres de la France comme
ce personnage de Molière mettait l'histoire rc
maine en rondeaux. La chanson sûr la bataille
d'Hochstaedt fut trouvée fort mauvaise et c'est, je
crois, Chàmfort qui rapporté ce propos de quel-
ques-uns « Je suis fâché de la perte de cette
bataille; la chanson ne vaut rlèii 1 »
Aujourd'hui que les catastrophes finissent non
par des chansons, mais par des fêtes publiques,
je n'affirmerais point qu'il ne se trouve des gens,
dans le nombre, qui se consolent du tremblement
de terre d'Ischia en disant « La fête était du
moins adinirablel »
"Un mot. naïvement terrible, entendu l'autre soir,
me donne là-dessus des soupçons
Ce sera, disait quelqu'un, encore plus gai que.
Muroie 1
Mais cherchez doilc un autre, moyen qu'une fête
peur donuer des secours aux Incendies, aux inon*-
déà où aux écrasés Faites donc -appel un autre
seutlhïfcnt que la Vanité, cette Vanité qui devient
bêBlïî ïors'aif ëîfô poussé les géDS. prôpriètairesi né-
gociants ou autres, à offrir un bout de terrain,
des bons de dîner ou vingt paires de gants, pour
avoir l'occasion de donner, en même temps, leur
adresse 1
On n'a encore rien trouvé de mieux que les bals
de charité pour contraindre, avec des sourires, les
gens à se montrer charitables, et, tant que le
monde sera monde, nos jolies comédiennes se dé-
guiseront et nos grandes dames se décollèteront
pour les pauvres.
Nous avon?, en France, une œuvre de bienfai-
sance trop peu connue, comme toutes les institu-
tions vraiment utiles c'est la Société de secours
des Amis des Sciences. Le vénérable M. Dumas,
qui la préside, avait adressé au monde entier un
appel des plus éloquents en faveur de ces martyrs
de la science, dont on parle moins en dix ans que
d'un ténor ou d'une diva à la mode en un jour.
L'appel a moins fait cent fois qu'un bal de cha-
rité donné cet hiver, et la science, la science elle-
même, a eu besoin de dames patronesses pour
venir en aide à ses victimes.
Il est vrai que des savants, et des savants pau-
vres, cela ne compte guère. On a laissé partir,
sans même chercher à savoir leurs noms, ces
jeunes médecins qui vont, en Egypte, braver le
fléau et tenter, en étudiant le choléra, de sauver
les cholériques. Que Mme Théo se déplace, elle
aura tout aussitôt les historiographes de ses faits
e.t gestes. Mais les médecins 1
Après tout, vous dira-t-on, ils ne font que leur
devoir f
Et c'est vrai. Et c'est le devoir strict des gens de
science de se dévouer ainsi pour les autres. N'est-
ce point pour cela quil faudrait ne point les ou-
blier, une fois le.devoir accompli ? 2
Un soir, dans son salon, le vénérable baron
Thénard interrompit ses hôtes qui causaient ou
faisaient leur partie pour dire, en levant du dos-
sier de son fauteuil sa belle tête de lion et en ac-
compagnant sa phrase d'un de ces grands gestes
solennels qu'il tenait de Talma
Je viens d'avoir une Idée Si elle est mau-
vaise, vous me le direz l
C'était l'heure où le chimiste Laurent, pauvre
et méconnu, venait de mourir. Les savants avaient
comme un remords de ne pas lui avoir rendu jus-
tice. Le baron Thénard songeait tout à coup qu'on
devrait bien secourir les chercheurs de science,
les inventeurs, oa leurs familles. Son idée, c'était
la fondation de la Société de secours des Amis
des Sciences.
Tout le salon applaudit, trouva l'Idée admirable
et, le lendemain, le baron Thénard se mit en cam-
pagne.
Pourquoi l'illustre savant me fait-il songer à
cet autre grand coeur qui s'appela le baron Tay-
lor ? Thénard, comme Taylor, avait la style et le
geste solennels. C'est lui qui disait, dans une de
ses leçons à l'Ecole polytechnique «Fallacieuse
potasse, tu ne résisteras pas plus longtemps aux
investigations de mon Illustre ami Davy! » Mais,
comme le baron Taylor, le baron Thénard fut un
des bienfaiteurs de ses semblables et la fondation
de la Société des Amts. des Sciences restera
comme la grande œuvre des dernières années
de sa vie.
Dès les premiers jours, pour former les pre-
miers fonds de la Société nouvelle, Thénard don-
nait 20,000 francs; il obtenait 5,000 francs de M.
Paturie, 5,000 francs de chacune des Compagnies
de chemins de fer, 1,000 francs du duc de Luynes,
1,000 francs de M. Guimet, fabrieant du bleu Gui-
met, à Lyon, dont le fiïa a libéralement suivi
l'exemple du.père, autant du baron James de Roths-
child et de chacun des frères Pereire, 500 francs
du collège Chaptal, etc., et en moins d'une se-
maine H pouvait se rentre cette justice que son
œuvre improvisée était à jamais fondée.
M. Jamin disait, il y a quelques mois, dans la
séance publique annuelle de l'Académie des scien-
ces < Si quelqu'un voulait connaître l'histoire
des travaux scientifiques accomplis en France, il
la trouverait toute faite dans les comptes rendus
de nos séances annuelles, dans les discours du
président et dans la liste des prix décernés. Ce
n'est pas absolument exact; cette histoire serait
peut- être toute faite par ces discours, mais elle ne
serait pas écrite tout entière. Il existe une col-
lection des comptes rendus de cette Société de
secours des Amis des Sciences, fondée le 5 mars
1857 par le baron L.-J. Thénard, et dont la pre-
mière séance publique annuelle avait lien le 15
avril 1858 dans le local de la Société d'encourage-
ment, comme la dernière l'a été le 20 avril 1882
dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. C'est
là, c'est dans la collection de ces comptes rendu,
qui se vendent chez Hachette au profit de la So-
ciété, qu'on trouverait, sur certains points, com-
plétée cette Htstoire des travaux scientifiques
français dont parlait M. Jamin.
Je viens de lire, en les annotant, ces comptes
rendus, et je ne crois pas que lecture soit plus en-
traînante et plus émouvante. Ce n'est pas seule-
ment l'histoire de la science qui est là, c'est le ro-
man du savant, l'effrayant et noble roman de
l'inventeur, poursuivi par Balzac, mis à la scène
par Augier. Voilà la vie à Paris, une vie noble,
vaillante, utile et inconnue
« En France, disait M. Dumas, où le professorat
est constitué à la manière d'une magistrature ou
d'un sacerdoce publics, ni les institutions ni les
mœurs ne se prêtent à cette exploitation privée du
bienfait de la science. On accepterait difficilement
qu'un professeur fit de sa parole un instrument de
fortune. En France, où le pain de la science se
diants trouve se voies faciles, la jeunesse des sa-
diants trouve les voles faciles, la jeunesse des sa-
vants est souvent pénible. »
Et c'est pour ces pauvres de la science, pour ces
invalides du génie scientifique que le baron
Thénard avait eu cette idée qu'il formulait dans
son salon
« Désormais, s'écriait-il, leshommes qui négli-
gent les intérêts matériels pour consacrer tout
leur temps à. l'étude et découvrir des vérités
dont l'industrie profite tôt on tard, seront non
seulement rassurés sur leur sort, car de telles
personnes vivent de peu, mais encore sur celui de
leurs familles. Ils sauront que leurs vieux pa-
rents, leurs veuves et leurs enfants ne seront
point délaissés et trouveront en nous d'honora-
bles soutiens. Ils nous les lègueront, comme d'au-
tres une partie de leur fortune; et peut-être que
quelques-uns de leurs fils viendront un jour ac-
quitter la dette de la reconnaissance par les ser-
vices qu'ils rendront à notre Association. »
Il y a là une œuvre ignorée du 'grand public et
qu'il importe de saluer. Grâce à cette Société des
Amis des sciences, chimistes, mathématiciens, géo-
mètres, naturalistes, voyageurs, sont certains
d'avoir un lendemain assuré et de ne point léguer
la misère à leurs enfants et à leurs veuves.
« Dans ces découvertes qui étonnent le monde,
la part de l'imprévu, de l'aventure, du bonheur,
est bien moindre qu'on ne lé suppose >, disait
encore Thénard, voulant Inspirer plus profon-
dément à tous le respect de ceux qui, solitaires,
travaillent pour tous. Watt, qui invente la ma-
chine à vapeur, est en eitet avant tout un grand
physicien Ampère, le promoteur de la télé-
graphie électrique, est un géomètre admirable;
Berthollet, qui Invente le blanchiment du coton
et du lin, est ua grand chimiste Jacobl, qui trou-
ve la galvanoplastie, est un physicien hors de
pair, et Niepcè et Daguerre, les inventeurs de la
photographie. furent l'un un savant, l'autre un
artiste. Le génie ne s'improvise pas.
Thénard ne devait pas longtemps survivre à
Cette centré qui absorba les dernières énergies,
les derniers enthousiasmes de sa vie. M. Damas,
vice-président, présidait, en 1858, la première
séance, avec M. de Sénarmont comme secrétaire.
Dès la première séance, la Société des Amis des
Sciences comptait 500 membres et disposait dé
00,000 francs. Un an après, elle avait plus que dou.
blé son capital et comptait 1,3(35 adhérents. Les
premiers lauréats furent deux chimistes éminents,
tous les deux correspondants de l'Institut, profes.
seurs de Faculté, dévoués à la propagation des
idées nouvelles, véritables précurseurs dans l'é-
tude de la chimie organique, Laurent et Gerhardt,
deux amis, morts tous deux à quarante ans à
peiné, et on avait d'autant moins de scrupule ô
proclamer leurs noms que, comme le.disait Sènar.
mont, la publicité des secours donnés n'est qu'an
solennel hommage aux services rendus.
Paris a dansé pour ces savants et ces veuves de
savants cet hiver. Il fera bien de danser tous les
hivers pour grossir la caisse de secours, qui en a
besoin. La liste des glorieux lauréats, c'est-â-dlre
des savants secourus, est longue.
M. Joseph Bertrand lisait, dans la séance du 2?.
mars 1861, une notice éloquente et sobre sur le
commandant Laurent, un géomètre éminent dont
la Société adoptait les trois jeunes fils. M. W«rte
faisait l'année suivante l'éloge de l'autre Laarsift;
le chimiste, et de Gerhardt.
Puis, après 7f ilênard, Sênar mont mouraic et ijl.
J. Bertrand prononçait enI8G3 son éloge, sl.blôa"'
cme ce rémaïauabie. morceau désisnaU le sa\ipt.
J. Bertrand p.r..onon.ça..1. 1863.- ~on.. é~.lOge, Sl..r.O.l.
écrivain au suffrage de ses collègues de l'Acadé-
mie des sciences, ayant alors un secrétaire perpé-
tuel à nommer.
Je détache de cet Eloge cette vivante page qui
fait bien connaître deux savants à la fois et qui
est charmant comme une nouvelle bien traitée
« Un jour. dans le laboratoire de M. Henri De-
ville, M. de Sénarmont avait suivi avec une eu-
riosité émue la cristallisation si intéressante et si
Ingénieusement obtenue du silicium l'heureux in-
venteur courant à son ganiomètre trouve un angle
de cristal égal à 70o 30', et s'écrie plein de joie
Il appartient au système régulier, c'est un dia-
mant de silicium' Sénarmont répète la mesure,
trouve à peu près le même angle, mais conserve
quelques doutes. Il emporte le précieux cristal, et
revient le lendemain. « Vous vous êtes trompé,
dit-il, c"est un rhomboèdre dont un angle est égal
accidentellement à un de ceux du système régu-
lier. » Puis il montre des facettes incompatibles
avec une cristallisation semblable à celle du dia-
mant. M. Deville s'incline devant une autorité
incontestée; il communique sa découverte à l'Aca-
démie des sciences, rend compte de ses premières
illusions et des Judicieuses critiques qui l'y ont
fait renoncer. A peine le compte rendu est-il im-
primé, qu'il voit accourir Sénarmont, très sérieu-
sement mécontent: «Pour qui me prenez-vous?
dit-il si je viens dans votre laboratoire, si j'y
suis admis à tout voir et à tout manier, croyez-
vous que ce soit pour vous Imposer un collabora-
teur et attacher mon nom à vos découvertes? Je
suis très mécontent que vous m'ayez cité; si vous
recommencez, je ne reviendrai plus. » A quelques
jours de là, on refait l'expérience; Sénarmont
examine les cristaux, il y aperçoit un octaèdre;
le doute n'était plus possible, la nature était prise
sur le fait « Vous aviez raison, dit-il à M. De-
ville mes facettes provenaient du groupement de
plusieurs cristaux, j'aurais dû le deviner; je suis
bien aise que vous m'ayez cité; j'ai ce que je mé-
rite, cela fait mon compte. Vous reconnaissez
donc, lui dit M. Deville, que, loyalement, je devais
publier l'observation des facettes sous votre nom.
Eh bien! oui, répond Sénarmont, vous êtes un
brave homme, et moi aussi 1 » Et ils s'embras-
sèrent. »
Ces comptes rendus annuels forment ainsi un
répertoire vivant, une histoire de la science par
l'histoire des savants. Elie de Beaumont meurt, et
M. Potier, ingénieur des mines, le fait revivre
dans une conférence. En 1864, Gratiolet y pro-
nonce l'éloge de Félix Du jardin, qui préparait les
matériaux d'une histoire générale des infusoires,
et, deux ans après, en 1866, c'est « le docteur Paul
Bert, professeur à la Faculté des sciences de Bor-
deaux », qui fait entendre l'éloge de Gratiolet. En
1876, M. Paul Bert, devenu professeur à la Faculté
des sciences, prendra de nouveau la parole pour
faire une conférence des plus remarquables sur
l'Influence de la pression de l'air sur les êtres
vivants.
C'est cette année-là que M. Pasteur s'écriait
« Exaltez autour de vous rhonneur de compter
parmi les amts des sciences Ami des sciences! I
Profonde et touchante qualification. Dites moi de
quelqu'un qu'il est prince, duc, marquis, sénateur
même ou député, le connaîtrai- je Mais, si vous
m'assurez qu'il est ami des sciences, quelle que
soit sa condition, brillante ou obscure, j'irai à lui
avec la persuasion de trouver un homme de cœur,
qui ne sera jamais confondu dans la foule de ceux
dont on peut dire avec vérité « L'esprit les mène
et ils n'en savent rien. »
N'avait-on pas vu l'empereur du Brésil venir
s'asseoir, en mai 1877, parmi ces amis des sciences
et s'honorer de son titre nouveau?
M. Pasteur avait trouvé, d'ailleurs, un ingé-
nieux moyen de grossir les souscriptions appor-
tées aux savants 11 demandait que tout indus-
triel qui viendrait consulter un savant, lui pren-
dre son temps, fit partie de la Société de secours
des Amis des Sciences.M. Boucicaut, fondateur du
Bon Marché, faisait, par exemple, distribuer cha-
que matin aux pauvres de son quartier 150 litres
se lait qui s'altérait parfois pendant le transport
de Chamarande a Paris. M. Boucicaut consulta
M. Pasteur sur ce désagrément, et l'illustre savant
accompagnait sa réponse d'un exemplaire du
compte rendu de l'assemblée générale. Par retour
du courrier, MM. Boucicaut père et fils se fai-
saient inscrire comme souscripteurs perpétuels
de la Société.
Dans la vingt-deuxième séance publique an-
nuelle, tenue en avril 1882, dans le grand amphi-
théâtre de la Sorbonne, M. A. Legrand, vice-se-
crétaire, en rendant compte de la question au
conseil d'administration pendant les années 1880
et 1881 annonçait que le nombre total des sous-
cripteurs était alors de 200, parmi lesquels je ne
trouve pas seulement des noms de savants propre-
ment dits, comme MM. Berthelot, Brown-Séquard,
mais des noms des véritables amis des sciences,
comme ceux de MM. Alfred Arago, Barbedienne,
J.-B. Balllière, Cuvillier-Fleury, Alexandre Du-
mas fils, Jules Ferry, Léon Gambetta, Germer-
Baillière, John Lemoinne, H. Liouville, L?reboul-
let, Mme Aubernon, Puvis de Chavannes, Por-
gès, etc. Il y a un an, les dons s'étaient élevés à
31,082 francs 80 centimes, et les souscriptions per-
pétuelles à 20,450 francs. M. Bischoffshelm donnait
6,000 franco, un Anglais, M. James Mason, 2,000 fr.,
MM. Gilles et fils de Lyon, 5,000 francs, la maison
Hachette, 500 francs, la famille Sainte-Claire De-
ville, 500 francs.
Le capital de la Société des Amis des Sciences
était, au 31 décembre 1881, de 545,797 francs. Le
chiffre semble respectable, il est pitoyable quand
on songe aux secours alloués à ces victimes
quotidiennes de ces découvertes merveilleuses qui
sont l'honneur et la fortune du siècle, l'èlectri-
cité, la vapeur, la chimie organique, la médecine.
Aussi bien, ai-je dit, on a fait il y a quelques
mois, pour les savants de France, ce qu'on fera
dimanche pour les pauvres d'Ischia on a dansé 1
Le bal a rapporté, tous frais payés, une cinquan-
taine de mille francs et tous les ans on valsera
encore pour la science.
Un quadrille en l'honneur des découvertes mo-
dernes Une polka pour l'œuvre du baron Thé-
nard 1
Je ne sais vraiment pas de plus noble emploi de
la charité.
Le baron Thénard a sa statue; l'autre baron, le
baron Taylor, attend la sienne. On ne se hâte pas
d'y songer, dans un temps où le bronzé n'est pas
cher et où le marbre semble fréquent. Les diver-
ses Sociétés que Taylor a fondées, qu'il a dotées
de son argent, enrichies, fait vivre par son dévoue-
ment et son activité, ne se hâtent point de lui
payer ce dernier hommage. Pauvre grand homme
de bien It fut presque ridicule parce qu'il fut trop
bon. Quand un homme est un ours, un égoïste et
un bourru malfaisant, dès qu'on ne reçoit pas de
lui le coup de griffe qu'on redoute, on dit, en-
chanté Après tont, Il est moins noir qu'on ne
veut bien le dire et moins méchant qu'il n'en a
l'air
Mais, quand un philantrophe se dévoue de tout
cœur à une œuvre de bienfaisance, on se de-
mande aussitôt quel intérêt 11 a à se montrer si
bon et on a tôt fait de lui décocher l'épithète
empoisonnée de faux bonhomme. On n'a pas eu
assez de railleries pour le baron Taylor, qui fut
un saint. On n'a pas encore assez d'ingratitude et
d'oubli pour Béranger, qui fat un homme excel-
lent et un grand poète parce qu'il fût un poète
naïf et simple.
J'ai été tout surpris, je l'avoue, d'aprendre que
quatre cents personnes au moins étaient réunies
dimanche dernier autour de la tombe du chan-
sonnier et que M. Lecomte, secrétaire du comité de
la statue de Béranger, a pu annoncer l'inaugura-
tion de cette statue, exécutée par Doublemard,
l'année prochaine. Comment i 11 n'est pas tout
à fait perdu dans l'oubli, celui que M. Eugène
Pelletan appela un jour une étoile filante 1
Pauvre Béranger! Il eut trop d'esprit et de bon.
té sans fracas. On ne lui pardonna pendant long-
temps ni l'un ni l'autre. Mais sait-on qui com-
mença le feu contre lui, qui dèmolit, ou voulut le
premier démolir cette idole le chansonnier? Ce
ne fut ni Veuillot, qui lui reprochait d'être voltai-
rlen, ni Sainte-Beuve, qui assurait qu'on pouvait
chanter Bèrauger, mais non le lire, ce fut Ribey-
rolles, dans ce fameux journal l'Homme, qui fut
le Moniteur enragé de l'exil. Béranger était mo-
ribond, lorsque l'impératrice Eugénie lui fit de-
mander d'aller s'asseoir à son chevet. Bêranger
refusa. Il refusa poliment et ironiquement, disant
qu'il tenait la visite pour faite et qu'il la rendrait,
une fois debout. Il savait bien qu'il ne se relève-
raiifpïus. •
Mais voilà le fait, le petit fait, qui déchaîna Ri*
beyrolles contre la mémoire du chansonnier je
dis la mémoire, car on pouvait dire que Béranger
était déjà mort. Ribeyrolles, dans une lettre adres.
sée à F. Lamennais descendu dans la fosse, par-
lait en opposition avec le prêtre mort, de ces « Epi.
curiens de la gloire, arrosant en famille leur petit
lSTirier », de « ces Horaces, vieillards qui excellent
cc->-rue les Locustes itallennes, à préparer les poi-
soi'ï ans le flacon et la fleur.
VA I ajoutait j
C'est par âne lettre, par une strophe, dans une I
causerie fine, que ces voluptueux éreintes raillent I
le. devoir, pariumeat les crimes puissants, eni- J
vrent et corrompent les âmes jeunes et faciles.
Leurs demi trahisons et leurs demi-confidences
sont toujours voilées comme la parole du proxé-
nète, mais ils ont une telle peur des devoirs aus-
tères, qu'ils ne sauraient les voir pratiquer par
d'autres et que ne point fléchir dans la persécu-
tion ou dans le combat leur est une injure.
» Hélas cher maître en génie et en probité,
vous en avez laissé plusieurs sur terre de ces Ca-
tons diplomates qui vivent sous la charmille, en-
tre les révolutions, et, trompant votre main
loyale, votre âme franche, quelques-uns furent
vos amis. Ne parlons que d'un seul. »
Alors, avec une fureur de taureau, se retour-
nant vers ce Béranger qui, tout d'abord, avait
disait-il, « par ses chants embauché les généra-
tions dans l'armée de la Liberté », Ribeyrolles se
demandait ensuite:
Qu'a-t-il fait?
« II a cultivé son petit jardin, ses petites ami-
tiés, ses charmants loisirs, laissant trainer les
idées au corps de garde, les tribunes à l'égout,
les hommes, ses disciples, ses fils, à l'abattoir.
Et pas un cri ne s'est échappé de ses livres pour la
République égorgée, pour la justice violée, pour
la France noyée dans le sang. » II cultivait « ses
choux et sa gloire >
Il le montre paisible et clos en son Passy,
Tibur; il ajoute ce qui est contestable
« En juin, quelques vieillards en tendant du
haut des barricades leurs bras vers le faubourg
pour tout calmer et tout sauver. » Béranger était
de ceux-là. Enfin, c'est le reproche le plus vio-
lent
« Il aurait dû, pour l'honneur de son nom, se
« proscrire lui-même après Décembre » écrit Ri-
beyrolles.
» Ce ne sont pas là des fautes, ce sont des cri-
mes.
» Au lieu de protester, M. Béranger reçoit M.
Fortoul et cause avec les princesses; il leur de-
mande sans doate en minaudant quelques petites
grâces pour ses pauvres fous de Cayenne, de Lam-
bessa ou de l'exil, et il croit ainsi payer sa dette à
nos malheurs.
»M. Béranger se trompe; Lambessa, Cayenne
et l'exil ne l'amnistieront jamais; II y a tache de
République à son feuillet!
» M. Béranger ferait mieux de prendre sa place
de sénateur. »
Voilà le ton de l'admirable pamphlétaire affreu-
sement injuste, et M. Eugène Pelletan, après la
mort de Béranger, ne fit que reprendre avec une
âpre éloquence les arguments de Ribeyrolles con-
tre le chancelier.
Il est certain que de ces colères il est resté
quelque chose sur la renommée de Béranger. Il
en eût souri. Les exagérations le trouvaient nar-
quois et indulgent. Le grand crime de ne s'être
pas exilé et d'avoir demandé, pour d'autres, des
grâces qu'il eût refusées pour lui! On a accusé
également George Sand de crimes pareils.
En dépit de tout, Béranger est demeuré assez
populaire pour qne, vingt-cinq ans après sa mort,
quatre cents disciples aillent lui porter leurs cou-
ronnes. Ses chants sont toujours vivants. Faites-
les chanter par Judic, ils redeviendront à la mode
demain et redonneront du patriotisme à la France.
Je disais que Béranger fut bon. Bon et sans
phrases. On m'envoyait, l'autre jour, la copie
d'une lettre de lui à un de ses anciens camarades
de jeunesse, d'après l'autographe même
Monsieur, Monsieur Ernest Antier, rue des
Marais, 54.
Mon cher camarade,
Depuis plus d'un an, je te promets le recueil de mes
chansons. Je te l'envoie enfin. Il valait peu la peine
de le faire attendre aussi longtemps, mais peut-être il
eût été plus sage de ne te faire ce petit présent que
dans quelques années, car, je t'en avertis, ce n'est pas
là un livra très convenable pour l'instruction de la
jeunesse. Cependant je te l'avais promis; j'ai dû tenir
parole. Puisse ce recueil être pour toi des étrennes
agréables Chante donc, puisque tu aimes à chanter.
Ce que tu mettras dans ta mémoire de mes chansons
(et tes bons parents t'éclaireront sur le choix à faire)
sera un jour un doux souvenir de jeunesse auquel on
joindra celui de notre amitié. Ce sera un commence-
ment d'immortalité pour moi.
Je crains bien que ma gloire n'aille pas plus loin,
mais il y a encore là de quoi satisfaire mon ambition.
Demande plutôt à ton père si je n'ai pas toujours mis
mon bonheur dans l'affection de ceux que j'aime.
Adieu, mon cher Ernest embrasse ta mère de ma
part et présente-lui mes souhaits sincères de bonne
année. Je te prie aussi d'offrir à tes sœurs les petits
chiffons que tu trouveras joints aux deux volumes.
Je t'embrasse et suis pour la vie ton ami.
BÉRANGER.
Ce 31 décembre 1823.
Je gage que les petits chiffons devaient être des
billets de banque. Béranger, quoique pauvre,
donnait beaucoup à de plus pauvres que lui.
Aussi bien, il est populaire, je le répète, le bon-
Iiomme que louait M. Spuller dans une conférence
qu'on n'a pas oubliée. Lors de ses funérailles,
toutParis, le Paris ouvrier,le Paris laborieux, était
sur pied. On put craindre un moment une émeute.
Le colonel baron N. qui commandait alors le 50e
de ligne et qui est un des plus braves officiers
généraux de notre armée, avait ses soldats ran-
gés le long du boulevard, près du faubourg du
Temple. Il sentait, autour d'eux, sourdre un mou-
vement de houle, souffler un vent de tempête. La
foule grossissait, grossissait. Le moindre choc, la
moindre poussée, une querelle, un mot, pouvait
mettre le feu aux poudres. Le colonel, devinant
l'orage, eut l'inspiration, à la fois poétique et spi-
rituelle, de faire sauver la situation par Béranger
lui-même.
-Jouez la Lisette Vite! dit-il rapidement à son
chef de musique.
Le chef leva son bâton. L'air populaire de Fré-
déric Bérat monta dans l'air.
Enfants, c'est moi qui suis Lisette,
La Lisette du chansonnier
La foule se tut ou fredonna doucement la chan-
son, et il suffit de ce spectre de la jeunesse de Bé-
ranger, de ce fantôme du bonhomme, pour éviter
une collision Inutile.
La foule pleurait; elle était désarmée.
Eh bien, faites jouer encore du Béranger au
peuple, jetez au vent les couplets du Vieux Ser-
gent et vous retrouverez dans les yeux les mêmes
larmes. Ce qui est simple demeure fort.
Savez-vous ce qui vous a manqué dans cette
guerre? disaient, à Orléans, à M. J. Loiseleur,
des officiers bavarois visitant la bibliothèque..
C'est que vous avez désappris les chansons de Bé-
ranger 1
Je me snis laissé entraîner vers ces souvenirs,
à la suite des sociétés chantantes qui allaient, l'au-
tre jour, saluer l'auteur des Hirondelles et de
Jeanne la Rousse. Mais qu'y avait-il, d'ailleurs,
dans ce Sahara de Paris, où 11 n'y a rien de nou-
veau que des insolations et des apprêts de ker-
messe, ou encore le voyage au court cours du
Poitou, demeuré en détresse au Havre? Il y a
un mort aussi, il est vrai, un romancier de petits
journaux populaires, Etienne Enault, cousin de
l'auteur de Nadèje, qui disparaît après avoir écrit
cinquante romans et rêvé d'être un homme poli-
tique. Etienne Enault, rédacteur du National,
avant de signer l'Homme de Minuit, avec Louis
Judicis, avait été, en effet, candidat en 1848, dans
Seine-et-Oise, candidat comme Félicien Mallefille,
et- faut-il le dire? comme Eugène Labiche. La-
biche, Mallefille et Etienne Enault sur la même
liste 1 De l'aventure, Etienne Enault, assez mal-
traité, avait rapporté une certaine colère déçue
contre la politique, et Labiche, beaucoup plus gai,
se retirant avec douze mille voix, s'amusa de l'é-
preuve en écrivant un vaudeville, le Club cliam-
penois, je crois un bel éclat de rire.
Etienne Enault, lui, se jeta à corps perdu dans
le roman mélodramatique. Il y avait trouvé de
très gros succès. Son Enfant trouvé faillit avoir
la fortune des romans de Richebourg, Emile RI-
chebourg, le terre-neuve des journaux à un sou!
C'est tout un art spécial que ce roman d'aven-
tures et de sentiments. Lorsque GIrardin voulut
remplacer au Petit Journal le « genre Riche-
bourg par des récits plus délicats, il fit, avec
Michel Strogoff, de Jules Verne, un chef-d'œu-
vre en son ganre baisser le journal de quatre-
vingt mille exemplaires en huit jours. C'était ef-
frayant. Vite on appela Richebourg â la rescousse
Etienne Enault était un sous-Richebourg de ta-
lent, plus lettré, plus fin, un peu amer. Il devait
regretter la députation rêvée en 1848. Son déses-
poir était aussi qu'on lui demandât s'il était le
frère de Louis Enault.. Il me semble qu'il répon-
dait, avec quelque vivacité
G'est à peine si nous sommes parents f
En somme, un très, honnête homme, ce qui n'est
pas à dédaigner dans notre monde littéraire. Je
sais bien que « l'honneur de la presse, l'honneur
des lettres >, comme on dit, n'ont rien à démêler
avec les aventures d'un certain nombre de bat-
teurs d'estrade qui tiennent une plume comme ils
tiendraient une espingole. Mais on n'est point fâ-
ché de rencontrer des honnêtes gens maniant
loyalement une plume honnête. C'est beaucoup
déjà quand {on disparaît de pouvoir faire dira
« Il n'a trompé ni corrompu personne! » I
Quant à mériter plus et mieux, c'est le sort des I
élus. Et ajux-lâ,. combien sout-ils? j
c. '?̃ J-
TRIBUNAUX
Une vengeance corse. La cour d'assises de
la Corse vient de condamner à mort le nommé
Santucci, qui s'était rendu coupable, le 19 janvier
dernier, d'un double assassinat.
Quelques jours avant le crime, Santucci avait
eu une violente discussion avec sa femme Attilia;
il l'accusait d'entretenir des relations avec un de
ses compatriotes, Godefroy Morelli, qui l'avait
autrefois demandée en mariage, et de le voir fré-
BK?™* chez Casabianca. Ces griefs étaient-ils
bien sincères? Il est permis d'en douter; Attilia
jouissait d'une excellente réputation; aucun fait,
aucun indice ne justifiaient les accusations de son
mari. Celui-ci, d'ailleurs, avait d'autres motifs de
jalousie contre Morelli. Il avait Instamment solli-
citè une piace dans l'administration pénitentiaire
ou dans la gendarmerie; on la lui avait toujours
refusée, lui opposant trois condamnations pro-
noncées contre lui, dont l'une pour violences
exercées sur le frère de Morelli. Le 19 janvier
dernier, Santucci se tenait à sa fenêtre, lorsqu'il
aperçut Morelli en train de rentrer une voiture
dans la remise de Casablanca. Saisi aussitôt d'un
transport de colère, il s'arma d'un fusil et, visant
Morelli, l'étendit raide mort. Après s'être appro-
che de sa victime et s'être assuré qu'elle n'existait
plus, 11 se rendit sur la grande route au devant
de Casablanca. Il le rencontra bientôt, et l'abor-
dant « Viens avec moi, lui dit-il; Attilia te de-
mande, » Puis, sans même attendre sa réponse, il
déchargea son fusil dans le ventre du malheu-
reux. La blessure était mortelle, et, après quel-
ques minutes d'agonie, Casablanca expira sous
les yeux du meurtrier.
Devant la cour, Santucci soutient qu'il est sujet
à de fréquents maux de tête qui lui enlèvent la
conscience de ses actes. La cour n'a pas admis ce
moyen de défense et a condamné Santucci à la
peine de mort.
AVIS ET COMMUNICATIONS
La Compagnie des chemins de fer de l'Ouest orga-
nise, a l'occasion de la Fête de bienfaisance donnée
par le comité de la presse au bénéfice des victimes de
paria= Strop^e f IsocnIa> un train de plaisir de Rouen à
Paris, au prix de en classe et 6 fr" en 3° classe
(aller et retour).
Ce train prend des voyageurs aux gares suivantes
Po£t d/V-M? "t-H^&ne-du-Rouvray-Oissel, Elbeuf,
Pont-de-l'Arche, Saint Pierre-du- Van vray et Louviers.
Aller Départ de Rouen, le dimanche 26 août, à
6 h. 5 dumatfn!" dimanche 26 août, à
*™V?nr Départs facultatifs de Paris (Saint-Lazare),
dans la nuit du dimanche 2C au lundi 27 août, à l h. 15
aoWïïinMnS la nuit du lundi 27^ mardi 23
a à minuit 30.
En outre, la Compagnie délivre, de tous les points
de son réseau sur Paris, des billets d'aller et retour
avec 2d °/. de réduction sur le tarif ordinaire, valables
de un à cinq jours, suivant les distances.
Eeole supérieure de Commerce
administrée par la Chambre de commerce
102, rue Amelot, Paris.
La rentrée des classes aura lieu le le? octobre.
LUcole, exclusivement consacrée aux études
commerciales supérieures, forme des commerçants,
des industriels, des banquiers, etc. Elle reçoit des
élevés Internes et demi pensionnaires. Sur de-
mande, envoi du programme de Enseignement
et des conditions d'admission. «
BULLETIN COMMERCIAL
dbpBches COMMERCIALES
_,A Marseille, 22 août.
Blés, Tendre Salonique r°nge '5 à 21. Tendre
Varna 21 50 les 100 kil.
Graines oléagineuses.– Sésames Coromandel bicarré
embarquement août septembre 37 75 les 100 Tu D
Cafés.-Moka Aden trié lll a ?18- MokaHodeidah su-
ËrtSi&â Rio SfifSS?"' type Marseille, liv.
jamier-février 57 les 50 kilo ent.
Sucres. Usine Antilles 2° jet 58 les 100 Ml.
Bordeaux, 22 août..
te^oles3^ non gragé supérieur 60 à &5. Gtta"
temala 80 les;){) kil. entrepôt..
Peaux de mQutons- •Baenos-Ayres 140 francs les
100 kilo
Chicago, 22 août.
Saindoux. Steam. lard sur sur septembre 8 70,
sur octobre janiieA novembre ® 3°' décembre i 8
année 8 20, janvier 8 35.
75. Salaisons. Lard salé short ribs sur septembre 6 6
VA Londres, 21 août. ï
Enchères de laines. La troisième série des èn-
chères de laines coloniales a été ouverte cette après-
midi avec un catalogue de 11,309 balles. ~e.'
A ces enchères assistance assez nombreuse d'ache-
teurs dn pays, mais les marchés étrangers n'étaient
que modérément représentés. La tendante da marché
était réservée, et les prix, tant pour laines d'Australie
que pour laines du Cap, ont coté en' moyenne un perte
ae 1/2 penny par livre sur.la clôture de la der^
série d'enchéres.
Le montant total du stock disponible, y compris les
stocks anciens, mais en déduisant toutefois les quan-
àlÎ3OO0rbIflefli'eCtement aux consommateurs, s'élève
à 413,000 balles.
Des dispositions ont été prises pour que la présente
enchère dure jusqu'au 11 octobre. iL
Londres, 22 aoûtif
Dr^frnS~d- laines. Le catalogue de ce jour com-
prenait 11, ~a balles. Bon concours d'acheteurs avec
affaires assez actives aux environs des prix de l'ou-
verture d'hier. Quelques laines de Victoria de qualité
superflue ont réalisé des prix élevés.
Londres, 22 aoûtjf
Sucres marché faible. Penang cristallisé 25 sL-
Penang natif 13 sh. 3 den. par cwt franco à bord.
-Sucres de betteraves allemand 88° 20 sh. 9 den. •
octobre-décembre 20 sh. prompt embarquement franco
à bord. Sucres raffinés cubes de Tate 30 sh.: pains-
coupés de Martineau 30 sh.; Titlers 28/6 à 29 sh. 9 d.;
cubes 20 sIm cubes de Uuncan 30 sli. par cwt. Pains
de Paris Marque Lebaudy 26 sh. 6 f. à b 1
Metaux.-Cuivre: ferme. Chili en barres G O B 63/12
6 a 64 uv. 10/ sh.; à 3 mois 64 liv. 2,13 à 64 l. 10 sh. d.
Etain ferme. Bon étranger dispon. 93 liv. 12/6 d. à
U4 hv. 05/; dito à hv. à 3 mois 94 02/ d. à 94 liv. ̃ 12/6
Plomb anglais 12 liv. 10 sh. -d/a à 12 liv. 1? sh d.
Espagnol sans argent 12 Uv. 07,0 à « liv. >» sh. » d.
-Zinc: bon ordinaire 14 Uv. 17/G à 15 Itv. 02 sh..6 den.
-Mercure 5 Uv. 10 sh. « à 5 12/6 en premières mains.
New-York, 22 août.
Change sur Londres, 4 82 1/4 cents.
Change sur Paris, 5 22 1/2 cents pour 1 dollar, i
Pétrole raffiné Standard White, 7 1/2 cents le gallon;
raffiné à Philadelphie, 7 3/8 cents le gallon. g
Café Rio fair, 9 1/2 à »/ Rio good, 10 »/» »» cents
la livre.
Sucres raffiné, Moscovade n» 12, 6 9/16 cents la livre.
Saindoux, marque Wilcox dispon. 9 3/8 cents; li-
vrable sur septembre, 9 3 '8 cents la livre.
Lard. 7 7/8 cents la livre anglaisa.
Cotons. Middling npland, 10 l/8;mlâdl. Louisiane
A New-Orléans, 9 3/4 cents la livre.
•••̃̃-•̃ ̃->̃>?̃ isj|
Halle de Paris. 22 août Le marché aux blés
a été assez ??ime- On a cots Wés indigènes blancs,
?8 a,!£ fr.; dito roux et blés du Nord de 27 50 à 28 fr. 50
les 100 kil. en gare d'arrivée. Blés de Montereau. 3:$ à
Ai fr. les 120 kU. Blés exotiques roux d'hiver d \mè
rique n» 2, 27 50. On demande 27 fr. 50 pour le Califor-
nie Standard no 1; 26^-50 pour les Bombay-Club n» 1,
et 28 75 à 29 fr. pour l'Australie, le tout par 100 kil. sur
wagon au Havre, à Rouen, à Calais ou à Dunkerqae.
Les blés roux d'hiver valent 27 fr. 75 sur septembre
et 27 7d à 28 fr. sur les 4 derniers.
Les affaires ont été courantes sur les menus grains r
Seigles vieux, 16 »»; nouv., 10 50 à 17 »»; orges, 17 à
}£»»; escourgeons nouv., 18 à 18 50; avoines vieilles,
wSi i2o ^Œï *s> 1S à 10; sarrasins vieux,
1t!50 à 19 an les 100 kil.
Les demandes ont été assez actives sur les issues
Gros son, 15 à son fln- 13 à "i son cases,
13 50 à 14 »»; recoupettes, 13 »>• à »»} remoulages ordl-
ïesHJo'kll 16 remoulaSe3 blancs, de 17 à 18
les 100 k1I.
Il n'y a pas eu de changement dans la situation des
graines fourragères
Trèfle incarnat nouveau 40; trèfle incarnat vieux, 30
à 35; îd. violet nouv., 140 fr.; id. blanc, 220 à 250 fr.;
luzerne de Provence, 150 à 1G0 fr.; dito de Beauce,
125 à 130 fr.; de pays, 110 à 120; d'Italie, «; minette
véritable, 50 à 60; fausse, « à « les 100 kil! uuueivo
Vesces de printemps, 25 à 26; vesces d'hiver nou-
26 à6»» 30; dito Ieilie3) "î pois gris de printemps,
26 à, les 100 kiL
Sainfoin nouveau, 1™ coupe, 35 à 38; 24 coupe, 40
à 45 les 100 kilos.
Fécules. La chaleur a fait du bien à la récolte;
toutefois 1 Auvergne, qui a une abondante production,
se plaint de la sécheresse et demande del'eau.
Les affaires en disponible sont toujours calmes, les
cours sont sans changement. On cote par 100 kil. et
suivant usages, dans les gares respectives des ven-
deurs
Paris, Oise et Vosges, 37 fr.
La fécule verte à livrer sur les 4 de septembre est
tenue de 22 à 22 fr. 25 par 100 kil.
Fourrages. La Chapelle, 10 août. Marché actif
On cote sur le marché
lro qté. 2« qté. 3e qtê.
Paille de blé 1832 43 à»» 40 à»» 37 â»»
1883 41 »3 3G «» 3G »»
de seigle.. 30 s» 27 »» 25 »» »»
d'avoine. 30 »» 27 » 24 »»
Foin 1882 65 »» C0 »» 55 »»
1883 56 a» 52 »» 4G ».
Luzerne 1882 G4 »• 60 »» »» 55 ».
1883 54 »» 50 »» 45 na
Sainfoin 50 » 45 »» 42 »
Le tout rendu dans Paris, au domicile de l'acheteur,
frais de camionnage et droit d'entrée compris.
Houblons. –Grâce à la belle température actuelle.
les perspectives de la nouvelle récolte s'améliorent de
plus en plus.
Ce sont surtout les avis de l'Angleterre, de l'Amé-
rique et do la Belgique qui restent les plus £»var»-
bles.
Les uooTôJîa»
oûauneoc* t «sir d«i j>rte»ttf « i«» par'* ta. g'ii. 4e
l&0 ir.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 70.18%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 70.18%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"France-Japon France-Japon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FranceJp0" Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires Nefftzer Auguste Nefftzer Auguste /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Nefftzer Auguste" or dc.contributor adj "Nefftzer Auguste")Hébrard Adrien Hébrard Adrien /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Hébrard Adrien" or dc.contributor adj "Hébrard Adrien")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 3/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k2300304/f3.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k2300304/f3.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k2300304/f3.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k2300304/f3.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k2300304
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k2300304
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k2300304/f3.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest