Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1880-10-26
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 137484 Nombre total de vues : 137484
Description : 26 octobre 1880 26 octobre 1880
Description : 1880/10/26 (Numéro 7128). 1880/10/26 (Numéro 7128).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k228178t
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
tLE TEMPS. £ 26 octobre 1880.] '1
~L~ T'EMp9. .28 octobr~ I88Q.~
j v Aujourd'hui 25 octobre, le thermomètre de
la maison Que°lln, rue de la Bourse, marquait
A Y heures du matin. lo au-dessus de zéro, >
1A 11 heures du matin. 6'05
«à 1 heure de l'après-midi &>
Hauteur barométrique 764
Les curieux dispersés aux abords du Cirque-
f fernando, n'ont pas fourni un gros appoint aux
éunions radicale et communiste organisées à la
'salle Chayne et à la salle Perrot. MM. Clovis Hu-
«jaes et Raoul Ganivet faisaient une conférence à
2a salle Chayne, au profit de la mère du citoyen
fMaroteau'; la réunion, quoique publique, comp-
tait deux cents personnes seulement. Le commis-
saire, ceint de son écharpe, avait pris place au bu-
freau.
Lés orateurs ont exprimé l'espoir de bientôt voir
̃s'accomplir la révolution sociale. M. Hugues a
.ajouté « que cette révolution ne sera complète que
Je jour ou il n'y aura plus un salarié ». Voilà un
̃jetât social auquel ni M. Hugues, ni ses amis n'as-
sisteront certainement point, quelque vieillesse
flue le sort leur accorde. q.
À la salle Perrot, nous retrouvons l'éloquence
rageuse du citoyen Pierron et les conseils pater-
nels du citoyen Joffrin. Comme à l'ordinaire on
jçritique l'obésité du président de la Chambre des
aéputès elle devient une des causes essentielles
qui obligent les proscrits et les combattants de la
.^̃Commune à se grouper. Ils. étaient là quatre:vingts
pnviron qui ont acclamé les régicides et ceux de
leurs amis qui ont bris part aux meurtres des gé-
ûèraux Lecomte et Thomas. Quelques-uns, comme
^e citoyen Tripier, pensent qu'il est inutile défaire
iine manifestation le jour du jugement définitif de
fêlixPyat.
Anarieux, dit-il, nous fusillerait comme des
chiens. •
̃•' Ces quatre-vingts combattants se montrent una-
nimes pour acclamer le projet de se rendre à un
panquet en l'honneur des régicides, qui aura lieu
le 31 octobre prochain, au lac Saint-Fargeau.
L'individu arrêté hier devant le Cirque-Fer-
iiando est un ouvrier sertisseur. Il a été relâché
presque aussitôt, après avoir subi une réprimande
ue la part du commissaire de police.̃<̃<̃••̃
La Commune annonce qu'un banquet a été
.offert à son directeur M. Félix Pyat, pour fêter
l'anniversaire du 31 octobre.
i La Commune publie l'appel adressé à ce sujet
>ux « citoyennes et citoyens par les promoteurs
jûe ce banquet, qui sont au nombre de quatorze.
t
Sîer a eu lieu, à deux heures de l'après-midi,
aa cérémonie de la pose de la première pierre de
la mairie de Bagnolet, sous la présidence de M.
érold, préfet de la Seine, assisté de M. Camille
ée, député de la première circonscription de
6,aint-Denis. p p
M. Hurè. maire de Bagnolet, a souhaité la bien-
venue â MM. Hérold et Camille Sée, qai ont ré-
pondu en félicitant la municipalité de Bagnolet.
A.quatre heures a eu lieu un banquet. M. le
fcnaire de Bagnolet a porté un toast à la Chambre
Uès députés. M. Camille Sée a répondu après
fvoir porté un toast au président de la Républi-
'que, il a exposé quels travaux, suivant lui, s'im-
posent à la Chambre avant sa séparation lois sur
l'instruction primaire, sur l'enseignement secon-
daire des jeunes filles, sur la presse, sur le droit
pe réunion, tarifs de douane. Le discours de M. Sée
jr. été très applaudi.
On est en train de creuser au milieu des deux
grandes allées du jardin du Palais-Royal des tran-
chées pour l'installation du gaz.
Chaque allée sera, dans une huitaine de jours,
•éclairée par vingt nouveaux candélabres à un bec
et deux candélabres à quatre branches.
r Le prétendu capitaine au 28 régiment de chas-
seurs d'Afrique, dont nous avons raconté l'arres-
tation hier, a été conduit ce matin à dix heures au
cabinet de M. Macé. Il portait encore l'uniforme
ue fantaisie qu'il s'était fait faire chez M. Collin.
Les perquisitions opérées à son domicile ont fait
aaître des doutes sur son identité. Dès recherches
Opérées parla justice, il résulte que cet individu
fie se nomme point Naschbauer, comme il l'avait
a'abord indiqué. C'est un sieur Playoude, ancien
cocher, qui a subi déjà deux condamnations, dont
l'une pour port illégal de décoration et l'autre pour
vol.
Lorsqu'on l'a arrêté, la décoration de l'ordre de
Nicham s'étalait sur sa poitrine. Son identité
ayant été reconnue, M. Macé lui a fait revètir des
habits civils et a ordonné son transport au Dépôt.
r L'abbé Garo vicaire de l'église Saint-Marcel,
centrait à Paris ce matin à quatre heures, par la
are de l'Est. Il venait de Montreux-les-Vieux.
Pendant le voyage, il avait placé sur la banquette
une caisse en bois, mal fermée. Eu la prenant pour
descendre du wagon, il lui sembla qu'elle s'était
allégée: II l'ouvrit aï s'aperçut qu'on lui avait dé-
,rpbè pendant le trajet de Montreux-les-Vieux à
Paris, 12 couverts en argent, une cuiller à potage
ht 12 couteaux à manches de même métal.
L'abbé Garo a fait constater le vol par M. Hirsch-
bauer, commissaire de police à la gare de l'Est.
Le Faubourg-du-Temple a été mis en émoi la
nuit dernière, vers deux heures, par un Italien
liommé Agenta. Cet individu se trouvant en état
û'ivresse s'était caché dans l'encoignure de la mai-
son du n» 61, et se précipitait, le couteau levé, sur
les personnes qui passaient. Un sieur Vauzelle,
mécanicien, ayant voulu résister à l'agression
pont il était l'objet de la part de ce forcené, re-
çut un coup de couteau qui lui traversa la main.
Vauzelle, grièvement blessé, se mit à crier et à
demander du secours. Deux gardiens de la paix
Recoururent, qui se jetèrent sur Agenta et lui ar-
rachèrent son arme des mains.
Vauzelle a pu regagner sondomicilë où des soins.
lui ont été donnés. Agenta a été conduit au poste
fie l'hôpital Saint-Louis, et ce matin transporté au
Dépôt, jzirm- '̃̃̃ .£*jsfe*>ï© •jê«i -l&i: ̃• au
Dans la rue Séguier, les ouvriers terrassiers
«n creusant une tranchée d'égout, ont découvert
des ossements humains. Quelques personnes, té-
moins du fait, croyant y deviner les traces d'un
crime, coururent prévenir le commissaire de po-
lice. Il a été reconnu que ces ossements ont été
déposés depuis fort longtemps en cet endroit. Ils
sont mêlés à des terrains de remblai apportés jadis
dans la rue Séguier pour des travaux analogues à
iefeux qu'on exécute aujourd'hui.
Un accident, comme il s'en produit journelle-
ment à Paris, est arrivé hier soir, vers trois heu-
res, à un ouvrier maçon nommé Martin, qui tra-
vaillait sur un échafaudage d'une maison en cons-
truction située au no 162 du Faubourg-Saint-Mar-
tin. Ce malheureux est tombé du cinquième étage.
Il a eu le bonheur de se relever de sa chute, sinon
sain et sauf, du moins avec quelques contusions
Qui paraissent ne point mettre sa vie en danger.
jLe cas est assez rare pour que nous croyions de-
voir le signaler.
> S'étant avancé sur un madrier en porte à faux,
Jl perdit l'équilibre, tomba par-dessus la barrière
de ceinture, tournoya dans le vide, vint s'abattre
sur une toiture d'une petite maison voisine, et de
là rebondit et tomba sur le sol. 11 se releva avant
,qu'on lui eût porté secours. Son corps ne portait
aucune blessure apparente, mais comme il se plai-
'gnait de douleurs intérieures, le commissaire de
police a ordonné son transport à l'hôpital Saint-
Louis.
Pendant l'avant-dernière nuit, vers trois heu-
res, deux gendarmes de la brigade de Boulogne-
sur-Seine,c faisant une ronde, rencontraient deux
soldats désarmés, la tête ensanglantée et les ha-
bits en désordre.
Ces hommes déclarèrent aux gendarmes qu'en
sortant de l'établissement d'un marchand de vin,
Ils avaient été assaillis par une bande d'individus
qui les avaient frappés à coups de canne. Les sol-
dats ayant dégainé pour se défendre, avaient été
désarmés, puis terrassés et assommés. C'est en
voyant venir la ronde des gendarmes que les agres-
seurs avaient pris la fuite. q es agres-
Le. matin, les sabres et les shakos des soldats
étaient retrouvés [dans le couloir d'une maison
voisine. Une canne plombée, à moitié rompue,
était restée sur le champ de bataille. On a arrêté
hier matin, le propriétaire de cette canne, un
jeune homme, nommé R. qui aurait été reconnu
par les militaires comme un de leurs agres-
eurs.
y Les deux soldats appartiennent au 36» de ligne,
caserne à Saint-Cloud. Ils étaient sortis de la ca*
6erne à minuit, en escaladant un mur.
Mercredi pour la première fois, dit le Cour-
rier de la Rochelle, ont été mises en circulation
sur le réseau des chemins de fer de l'Etat des voi-
tures neuves (nouveau modèle) pour le service des
trains de voyageurs. Les voitures de 3« classe sont
pourvues de banquettes à dossier en cuir rem-
bourrées les voitures de 2e classe sont garnies de
banquettes analogues~à celles des wagons de Ire
classe de l'ancien modèle.
Quant aux voitures de 1« classe, qui ne con-
tiennent que six places, on a apporté dans leur
aménagement un luxe et un confortable qui ne
laissent rien à désirer pour la commodité des
voyageurs les fenêtres, garnies de vasistas en
bois travaillé à jour dans toute la hauteur de la
vitre, peuvent donner au besoin beaucoup d'air à
l'intérieur, tout en mettant à l'abri des rayons du
soleil; les banquettes offrent cet avantage qu'elles
sont mobiles, et peuvent, par conséquent, s'allon-
ger au gré du voyageur, eu forme de lit, sur une
longueur double de leur profondeur ordinaire.
La Moselle subit en ce moment une crue ex-
traordinaire. On mande de Metz que les iles Saint-
Symphorien et Chambière sont inondées.
Les nouvelles de la partie supérieure du fleuve
annoncent une baisse des eaux.
On mande de Mirecourt qu'hier, vers dix heu
res du matin, la rivière de Madou a débordé, inon.
^ynt tout ta quartier de la ville. Oansies maisons {
de la rue Basse, notamment, les eaux se sont éle-
vées jusqu'à un mètre de hauteur.
Le soir, vers neuf heures, la baisse s'accen-
tuait.
Le Courrier de l'Aude, journal clérical et lé-
gitimiste, raconte dans son numéro du 23 octobre
qu'un certain nombre d'élèves du lycée de Carcas-
sonne se sont révoltés afin de protester « contre
une punition qui aurait été infligée à-un de leurs
camarades par un maître d'études ». A la suite de
quelques expulsions, une centaine d'élèves au-
raient quitté l'établissement.
Les journaux républicains de Carcassonne ne
parlent pas de cette affaire.
–-La journée de samedi et la nuit de samedi
à dimanche ont été assez calmes à Denain. Cepen-
dant la grève est maintenant générale.
Les grévistes réclament une augmentation de
salaire. Mais, ainsi que nous l'avons dit, aucune
réclamation n'avait encore été présentée jeudi à la
Compagnie.
Vendredi soir, l'attitude des grévistes étant de-
venue menaçante, des mesures énergiques furent
reconnues nécessaires. Sur la réquisition de M.
Decle, conseiller d'arrondissement, faisant fonc-
tions de sous-préfet, un détachement du 14e dra-
gons et du 127e de ligne, en garnison à Valencien-
nes, fut mandé.
De nombreuses patrouilles parcourent les abords
des fosses et dispersent les groupes.
Trois bataillons du 127e de ligne et deux esca-
drons du 14e dragons sont partis samedi matin à
six heures, sous le commandement du général Ro-
billot.
Un bataillon du 1er de ligne en garnison à Cam-
brai s'est également rendu sur les lieux.
Le procureur de la République de Valenciennes
a fait placarder vendredi l'avis suivant
Le procureur de la République, soussigné, désireux
d éviter des conflits et d'épargner aux ouvriers grévis-
tes de Denain les conséquences fâcheuses que pourrait
amener leur ignorance des lois, les avertit que l'exer-
cice de leur droit de coalition doit être absolument
paisible.
A ces fins, il croit devoir les prévenir
1° Que les rassemblements sur la voie publique, ar-
més ou non armés, sont défendus par la loi du 7 juin
1848; les contrevenants sont passibles suivant les cir-
constances, de quinze jours d'emprisonnement à dix
ans de réclusion.
2° Que toutes violences, voies de fait, menaces ou
manœuvres frauduleuses ayant pour but d'amener où
de maintenir une cessation de travail sont punies par
l'art. 444 du Code pénal, de six jours à trois ans d'em-
prisonnement.
3° Que les rébellions, violences ou voies de fait en-
vers la gendarmerie, la troupe, la police sont punies,
suivant les circonstances, de six jours à vingt ans de
travaux forcés (articles 209 et 224 du Code pénal), sans
préjudice de peines plus graves en cas d'autres crimes
ou attentats.
Il espère que cet avertissement engagera les ouvriers
grévistes à éviter toute scène de désordre et que, sou-
cieux du respect des lois, ils s'abstiendront de com-
mettre des délits ou des crimes qui seraient immédia-
tement réprimés.
Denain, le 23 octobre 1880.
Le procureur de la République
de Valenciennes,
MAX GHEERBRANT.
Un incident des plus émouvants s'est produit
dimanche matin, dit la Vzctoire de Bordeaux, en-
tre Morceux et Labouheyre, dans le train de Tar-
bes à Bordeaux. Un petit enfant de cinq ans est
tombé sur la voie par la portière, qui était restée
ouverte. Sa mère affolée a sauté immédiatement
après lui. L'accident heureusement n'a pas eu de
suites fâcheuses. Le train suivant a pu reprendre
la mère et l'enfant, qui sont arrivés sains et saufs
à Bordeaux.
Les renseignements reçus d'Algérie permet-
tent d'espérer que le renflouage du Charles-Qumt
pourra s'opérer, si le mauvais temps ne vient pas
contrarier l'opération. Des pompes et des sca-
phandres ont été expédiés dans ce but d'Alger à
Djijelli.
Une enquête est ouverte pour savoir si la res-
ponsabilité de l'accident doit être imputée au capi-
taine ou au mécanicien. oit ëtre imputée au capi-
On télégraphie d'Aveiro (Portugal), que le
paquebot français Nathalze, en provenance du
Havre, à destination de Lisbonne, s'est jeté à la
côte, deux hommes de l'équipage sont noyés. Le
chargement est complètement perdu.
On télégraphie d'Amsterdam qu'un horrible
accident est arrivé samedi à Ymuiden. Une cin-
quantaine d'étudiants assistaient, à bord du ba-
teau-remorqueur Hercule, au départ du mail-
steamer Princesse- Amalia, en route pour les In-
des. Une fois en pleine mer, les vagues étaient si
fortes qu'elles lançaient le remorqueur avec une
extrême violence contre le steamer. Vingt-six étu-
diants sont tombés à la mer.
Un seul cadavre a été retrouvé jusqu'ici trois
étudiants sont grièvement blessés à bord du -re-
morqueur. On ignore le sort de douze de ces jeu-
nes gens. Oh saura seulement à l'arrivée du stea-
mer à Soutnampton s'ils ont été recueillis par l'é-
quipage de la Pnncesse-Amalïa.
TRIBUNAUX
La seconde fermeture du collège jésuite de
Toulouse; jugement de référé. Voici le texte
du jugement rendu par le juge des référés du tri-
bunal de Ira instance de Toulouse, dans l'affaire de
la Société des pères de famille, contre MM. Merlin,
préfet de la Haute-Garonne; Jeanmaire, inspecteur
d'académie, Carton et Massip, commissaires de
police
Attendu qu'un arrêté ainsi conçu a été rendu par M.
le préfet de la Haute-Garonne
« Le préfet de la Haute-Garonne, chevalier de la Lé-
gion d'honneur.
» Vu l'article 1er de la loi des 13-19 février 1790
» Vu l'art. 1«, titre 1", de la loi du 18 août 1792;
» Vu l'art. 11 de la loi du 18 germinal an X;
» Vu le décret loi du 3 messidor an XII;
» Vu l'art. 8 du décret du 21 décembre 1812;
j> Vu l'art. 8 du décret du 22 décembre 1812;
» Vu le décret du 29 mars 1880 portant qu'un délai de
trois mois est accordé à l'association non autorisée de
Jésus pour se dissoudre et évacuer ses établissements,
et prolongeant ce délai jusqu'au 31 août 1880 pour
ceux dans lesquels l'enseignement littéraire et scien-
tifique est donné à la jeunesse;
» Vu l'arrêté préfectoral en date du 1er septembre
1880 prononçant la dissolution de l'agrégation formée
à Toulouse, place Saint-Sérnin, par des membres de
l'association non-autorisée dite de Jésus
». Considérant que, malgré les prescriptions du der-
nier décret et de l'arrêté préfectoral susvisé, il existe
encore à la date du présent jour, à Toulouse place
Saint-Serriin, sous la dénomination d'école Sainte-Ma-
rie un établissement d'enseignement où les membres
de l'association non-autorisée dite de Jésus vivent à
1 état de congrégation,
"Arrête:
» Art. 1". L'agrégation formée à Toulouse, place
Saint-Sernin, par les membres de l'association non
autorisée dite de Jésus, est dissoute. Les membres de
cette association résidant dans cet établissement d'in-
struction ci-dessus spécifié devront immédiatement l'é-
vaouer.
"Art. 2. La chapelle sera fermée et les scellés seront
apposés sur les portes qui la mettent en communica-
tion avec l'intérieur de l'établissement.
«Art. 3. M. le commissaire de police faisant fonc-
tions de commissaire central est chargé de l'exécution
du présent arrêté.
» Fait à Toùlouse, le 14 octobre 1880.
» Le préfet,
» Signé H. Merlin. »
Attendu que le 14 octobre 1880, en exécution de cet
arrêté de dissolution, des agents de la force publique
se sont présentés à Toulouse, place Sainfeernin
à l'établissement de l'école Sainte-Marie, pour faire
exécuter les décrets en date du 29 mars 1880-
Attendu que le 18 octobre 1880, MM. Larrieu-Estellé
et consorts, agissant comme formant seuls le conseil
d'administration et de gérance de la Société civile des
pères dé famille, établie à Toulouse, et le sieur Charles
Villars, pris comme directeur de ladite école, ont fait
assigner MM. le préfet de la Haute-Garonne, l'inspec-
teur d'académie, Carton et Massip, commissaires de po.
lice, devant nous tenant l'audience des référés pour
« voir dire et déclarer que les requérants sont receva-
bles et fondés à obtenir sur l'heure la rentrée pure et
simple de tous les professeurs et employés violemment
expulsés sans raison ni prétexte atin de reprendre im-
médiatement le cours des fonctions qu'ils occupaient
dans ladite école, et qu'à'cet effet les requérants de-
meureront autorisés à faire exécuter l'ordonnance, à
intervenir par toutes voies de droit, même manu
militari, avec dépens, sans préjudice de la plainte
qui va être déposée entre les mains de qui de droit au
sujet des actes abusifs et arbitraires dont les requé-
rants viennent d'être victimes, comme aussi sous l'ex-
presse réserve de l'action en dommages-intérêts qui
sera introduite aux formes de droit en temqs oppor-
tun contre les divers auteurs desdites mesures, ainsi
que contre leurs auxiliaires, sous toutes réserves géné-
ralement quelconques
Attendu que dans le cours des débats il a été sou-
!?T,é. par les demandeurs des questions de propriété,
d illégalité, d'excès de pouvoir; qu'ils ont invoqué des
actes de bail et de société qu'ils ont soutenu que l'ex-
pulsion dont les membres de la Société de Jésus avaient
été l'objet le 29 juin dernier avait été complètement
exécutée que 1 école dont s'agit n'avait plus à sa tête
des jésuites, mais bien des pères de famille n'apparte-
nant à aucune congrégation { que les professeurs ec-
clésiastiques visés dans l'arrêté d'octobre 1880 étaient
places sous la juridiction de Mgr le cardinal de Tou-
louse et avaient obtenu de lui la permission de se dé-
vouer à l'œuvre de l'enseignement secondaire dans la
maison Sainte-Marie
Attendu que les défenseurs, après avoir combattu le
système et les prétentions de leurs adversaires ont
soulevé une question de compétence et que M. le pré-
fet a proposé un dèclinatoire fondé sur ce que le pou-
voir judiciaire n'a aucun droit de contrôle sur les ac-
tes d'administration
Statuant sur ce point:
Attendu que les lois du 24 août 1700 et 16 fructidor
an III, défendent aux tribunaux de connaître des actes
d'administration quelconques;
Attendu que les dispositions de l'art. 127 (Code pénal)
interdisent aux tribunaux de s'immiscer dans les ma-
tières attribuées à l'autorité administrative, notam-
ment en défendant d'exécuter les ordres émanant de
1 administration
Attendu que par actes d'administration il faut non-
seulement comprendre les actes qui ont le caractère
purement administratif, mais encore comme le dit
textuellement un jugement rendu par le tribunal de
Toulouse, ceux d'une nature plus élevée qui consti-
tuent des actes de gouvernement et qui émanent du
chef dé l'Etat lui-mème, agissant dans l'exercice de la
puissance publique qui lui a été confiée
Attendu que dans l'espèce, nous nous trouvons en
présence des décrets du 29 mars etcle l'arrêté du pré.
fet de la Haute-Garonne qui en est la conséquence
Attendu qu'il n'est pas douteux que les décrets du
29 mars ne soient de la nature des actes visés dans les
lois précitées, puisqu'ils ont été rendus suivant les
pouvoirs constitutionnels de M. le président de la Ré-
publique qu'ils constituent un acte de gouvernement:
qu il ne sauraient en être autrement de l'arrêté pré-
fectoral en raison de son caractère essentiellement ad-
miuistratif, et que par suite nous ne pouvons en con-
naître
Attendu que, comme conséquence de ces mêmes prin-
cipes, le pouvoir judiciaire n'a pas plus le droit de se
prononcer sur le mérite des considérants de l'arrêté
et sur le mode de l'exécution des décrets que sur l'ar-
rêté et les décrets eux-mêmes
Attendu qu'une doctrine et une pratique contraire
constitueraient la violation des principes qui régis-
sent la séparation des pouvoirs administratif et judi-
ciaire t, .̃
Par ces motifs,
Nous, juge des référés, nous déclarons incompétent
et renvoyons les parties intéressées devant qui de
droit.
La Comédie politique, de M. Ponet. M. Po-
net est très connu à Lyon. Sa feuille, la Comédi
politique, est le Tnboulet de là-bas. La justice a
quelquefois à s'occuper des manifestations de cet
organe aventureux. Il y a quelques semaines, M.
Ponet s'entendait infliger une coudamnation. Il ne
se borna pas à maudire ses juges Il attaqua à
coups de plume, très vivement. Il prétendait, en
outre, avoir été insulté, à l'audience, par M. le
substitut Bulot. Le parquet dut ouvrir de nou-
velles poursuites. A côté du directeur de la
Comédie politiqiie devait s'asseoir le gérant, M.
Pianelli. Ils imaginèrent un moyen de défense
assez neuf assigner comme témoins les magis-
trats qui les avaient jugés, le substitut qui avait
requis contre eux. y q
Samedi, le tribunal correctionnel a su à se pro-
noncer d'abord sur la validité de la citation adres-
sée à ses membres. M. Longchamp avait cédé la
présidence à M. Dieu-la-Brasserie, désintéressé
dans le débat. Le ministère public était représenté
par M. Toubin, qui a soutenu la nullité de la cita-
tion, des magistrats ne pouvant être tenus de ré-
véler le secret de leurs délibérations. Le tribunal
a dépidé que les magistrats n'avaient pas à compa-
raître en témoignage.
M. Longchamp a repris sa place sur le siège e
pour l'examen du fond du débat. L'offense à la
magistrature étant établie, M Ponet, apsès avoir
lui-même présenté sa défe.e, a été condamné à
quinze jours de prison et 200 francs d'amende. Le
gérant de la Comédie a été frappé d'une amende
de 200 francs. I
Pharmacie illégale.– Les religieuses de Saint-
Charles, à Saint-Germain-Laval (Loire), ont été
condamnées à 25 francs d'amende par le tribunal
correctionnel de Roanne. Elles étaient accusées
d'exercice illégal de la médecine.
Hors session. Le 22 juillet dernier, M. de
Bouville, ancien préfet de la Haute-Vienne et delà
Gironde sous l'empire, actuellement député bona-
partiste de la Gironde, pour l'arrondissement de
Lesparre, était condamné par défaut, par la 8«
chambre du tribunal de la Seine, à trois mois de
prison, pour escroquerie au préjudice de M. Ca-
hen-Picard, partie civile. Le jugement correction-
nel a été signifié le 4 septembre au domicile de M.
de Bouville, mais non « à sa personne ». La dis-
tinction offre une importance considérable au
point de vue de l'opposition, dont le délai eùt été
de cinq jours si la personne même du condamné
eùt été mise en possession de l'acte, tandis que
dans l'hypothèse contraire ce délai est de cinq
ans.
Jusqu'à présent, M. de Bouville n'a point formé
opposition au jugement du 22 juillet.
LA VIE A LA CAMPAGNE
Je vous ai mis en garde contre les charmes bien
trop vantés des bois pendant l'été; un étouffoir
peuplé de moustiques, qu'il n'est prudent de han-
ter qu'aux heures matinales où la fraîcheur de la
nuit a rafraîchi les couverts, où ces hôtes incom-
modes, encore engourdis, sommeillent à l'abri de
la rosée, sous les dessous des feuilles. L'automne
est pour ces bois la saison du triomphe, celle où
leurs beautés sont dans tout leur éclat, celle où
nul trouble-fête ne vient gàter les charmes de
leur parcours. Depuis quinze jours une véritable
révolution s'est opérée dans la physionomie de la
forêt qui s'étage sur la colline. Elle a perdu cette
tonalité verdoyante dont la monotomie lui don-
nait, à distance, un caractère tristeet morne; seul
le chêne, qui y domine, a conservé sa parure d'un
.vert sombre; elle s'est accentuée, elle tourne au
noir, elle sert de repoussoir à la floraison des
feuillages des autres essences, car cette transfor-
mation, suprême est si complète qu'on pourrait
l'accepter pour un épanouissement.
Les feuilles cordiformes des_pe.upliers, dont les
fuseaux s'élançent de loin en loin de quelques bas-
fonds, sont d'un beau jaune; jaunes aussi, mais
plus éclatantes, celles du bouleau; quand le soleil
de midi les noye de ses feux on dirait une buée
d'or s'élevant au-dessus d'une colonne de marbre.
Ça et là.les rouges, tantôt vineux, tantôt lavés
d'amaranthe et de pourpre, dans les buissons sur-
tout, sur la vigne vierge, quelques viornes, les
épines-vinettes, les sumacs. C'est en roux, après
avoir passé par le jaune pâle, que s'est teinte la
feuille élégante du châtaignier. Quelques cimes se
sont déjà dénudées, les trembles allongent leurs
grands bras grisâtres, ils affectent, avant l'heure,
la livrée funèbre qui, pendant sept mois, sera
celle des végétaux. Sur tout cela s'étend, comme
un vernis, un rideau de vapeur transparente,
qu'un rayon troue par intervalles en avivant par
places ces coloris disparates.
Le sentier est déjà jonché de feuilles sèches, les
plus hâtées dans la mort; les dessous ont com-
mencé à se dégarnir à droite comme à gauche; la
maturité des feuilles comme des fruits commence
toujours par les bases; les taillis s'ouvrent devant
leregard; entre les cépées aux brins luisants on
aperçoit lès frondaisons desséchées des fougères,
les tapis de bruyère dont les fleurs roussies ne se
sont pas encore décidées à quitter leur tige, et, par-
tout où l'humidité séjourne, les massifs de ronces
aux mille bras déliés, s'enchevêtrant comme des
serpents et qui, grâce à l'abri sauvegardant leurs
feuilles d'un vert gai, deviendront la providence
du chevreuil en hiver. La flore cryptogamique de
l'arrière-saison, les cèpes, les bolets, les amanites,
les agarics étalent leurs chapeaux multicolores
au pied de quelques grands arbres, sur les bords
du chemin surtout, où l'air a circulé, où quelque
rayon vivifiant, perçant .le dôme, a pu féconder la
terre.
Admirons, si bon vous semble, ces curieuses vé-
gétatioEs, depuis le cèpe au chaperon de satin brun
doublé de velours couleur de soufre, jusqu'à la
fausse oronge au parasol d'un rouge éclatant
comme celui des belles dames d'aujourd'hui; mais,
si vous m'en croyez, passons. Je sais qu'il existe
des connaisseurs qui jamais ne s'y trompent; mais
cette distinction des bons d'entre les méchants me
semble aussi épineuse que le sera la besogne du
jugement dernier; quelle que soit ma confiance dans
l'expérience du naturaliste, je crains toujours un
peu que quelque gredin affublé d'un faux nez ne
se soit insinué dans cette réunion d'honnêtes cham-
pignons je partage encore l'opinion du rat des
champs, et je dis avec lui «Fi d'un plaisir que la
crainte peut corrompre 1 » Ces réflexions me déci-
dent ordinairement à m'abstenir de ces cueillettes
toujours aventureuses dans notre région du
centre.
Du reste., si par hasard vous étiez porté sur vo-
tre bouche, des intermèdes assez fréquents de la
promenade forestière vous donneront les satisfac-
tions dont vous êtes jaloux, et vous rentrerez si-
non l'estomac bien garni, au moins les poches
pleines. Si maltraités qu'aient été les châtaigniers,
cette année, peut-être parce qu'ils ont été maltrai-
tés, leur production a été considérable; chaque ra-
meau se termine par un bouquet de hérissons
dont quelques-uns, entr'ouverts laissent aperce-
voir l'écorce vernissée des châtaignes qu'ils proté-
geaient baissez-vous et ramassez; plus loin, dans
une clairière, voici un néflier sauvage assez riche-
ment pourvu,lui aussi, pour se montrer prodigue;
puis des petites pommes aigrelettes, des cormes, des
cornouilles, tous les éléments d'un fruitier d'ana-
chorète, sans compter les faînes et les glands. Ceux-
ci sont d'une abondance extraordinaire qui mé-
nage de plantureuses mangeures aux sangliers,
mais qui vaudra aussi, cette nourriture ayant l'in-
convénient d'aigrir considérablement le caractère
des bêtes noires, de nombreuses estafilades aux
braves chiens qui auront mission de les amener au
ferme.
En revanche, à ce moment de la saison, les
bruits sont presque nuls dans la forêt tous ses
hôtes ailés, artistes ou simples bavards, les fau-
vettes, les rossignols, les coucous, les tourterel-
les, sont partis le sifflement de quelque grive ve-
nue pour cùver sa vendange sous le couvert, le
croassement d'un corbeau qui gagne la plaine se
mêlent seuls aux frémissements des feuilles à
demi sèches que vous froissez en traversant les
halliers, au frou-frou de la bruyère, qui s'égrène
sous vos pas. A mesure que la journée s'avance,
Ios attraits du milieu où nous errons perdent de
leur vivacité, il faut bien le reconnaître aussitôt
que le soleil s'incline vers l'ouest, la vapeur dia-
phane qui lustrait le tableau s'épaissit, les éblouis-
semenis s'effacent dans le lointain d'abord, puis
s'amortissent autour du promeneur. Les feuilla-
ges d'une coloration si tranchée s'éteignent dans
la teinte grise qui les envahit. Les surfaces lumi-
neuses, les trous d'ombre des massifs des deux co-
teaux perdent les uns et les autres de leur inten-
sité, le brouillard qui monte du fond de la vallée
les efface et les nivelle tour à tour. Ce rideau
reste encore nacré sur le plateau où nous sommes,
les nappes grisâtres de bruyère qui nous en-
tourent s'éclairent quelque temps d'un chaud re-
flet mais les vapeurs pous gagnent à mesure que
l'air devient plus incisif et plus frais, et c'est le tour
des hauteurs de s'ensevelir dans le gris. Comme
nous descendions, le soleil qui touchait à l'horizon
se montra rouge, ensanglantant de ses feux les
masses de nuages qui l'encadraient, l'embrase-
ment du couchant illuminant une futaie que nous
traversions. En un instant, toutes les nuances in-
termédiaires et transitoires s'étaient effacées de
leurs racines à leur faite, les chênes géants res-
ressemblaient à des fûts de métal en fusion, et sur
le tapis de feuilles mortes, également empourpré,
leurs ombres se détachaient en lignes du noir le
plus intense. ̃.̃"̃̃
L'Institut national agronomique vient de pu-
blier le troisième volume de ses Annales; il ac-
cuse les progrès rapides d'une institution si ré-
çemmènt, si heureusement ressuscitée, et appelée,
à cette heure de luttes et d'efforts persévérants, à
rendre à l'agriculture de si précieux, de si impor-
tants services. Il se compose de mémoires ou de
rapports où se résument les travaux soit despro-
fesseurs, soit des élèves de l'Institut; les uns et
les autres sont du plus baut intérêt. Nous citerons
d'abord deux études de M. Muntz, chef des tra-
vaux chimiques, l'une sur la constitution de la
graisse chez les animaux primés au 'concours du
Palais dé l'Industrie, la seconde qui a pour objet
l'alimentation des chevaux et la production du
travail. Avons-nous besoin d'insister sur l'utife
enseignement que les savantes recherches de M.
Muntz doivent fournir non-seulement à l'adminis-
tration militaire, mais à toutes les industries qui
ont pourvoir à l'entretien d'une certaine cava-
lerie ? Ne sait-on pas les économies considérables
que la Compagnie des omnibus a su réaliser en les
appliquant.
M. le docteur Regnard, professeur de physiolo-
gie, donne un très curieux mémoire sur l'influence
dés radiations rouges sur la végétation, et un ré-
sumé de ses recherches sur les capacités respira-
toires du sang chez les animaux primés au con-
cours en 1880. M. Chesnel, sociétaire de l'école,
chargé par M. le ministre de l'agriculture d'étu-
dier l'industrie laitière en Danemark et en Suède,
en a rapporté des renseignements dont la vulgari-
sation nous parait bien désirable à ce moment où
nos produits laitiers accusent un si regrettable
déclin, grâce à l'imperfection de nos procédés de
fabrication et surtout à l'invasion presque 'géné-
rale des falsifications. Nous avons, en ce qui con-
cerne l'industrie laitière, beaucoup à apprendre,
beaucoup à emprunter le curieux rapport de M.
Chesnel, les détails qu'il fournit sur les écoles na-
tionales ou laiteries de la Suède le démontreront
suffisamment.
Mentionnons encore une étude sur les époques
relatives du bourgeonnement des différentes va-
riétés de vignes françaises, par M. Dubreuil, l'é-
minent professeur d'arboriculture de l'Institut;
un travail sur la décomposition des sels ammo-
niacaux, par M. Nivet, élève diplômé, et arrivons
à deux rapports que nous avons lus avec un inté-
rèt particulier celui du docteur P. Brocchi sur
les pêcheries des côtes de l'Adriatique, celui de
M. Prilleux, professeur de botanique, sur les ra-
vages causés par l'hiver dernier dans les planta-
tions de pins. Vingt ans se sont écoulés depuis
que M. Coste écrivit l'histoire du célèbre établis-
sement de Comacchio; M. Brocchi la rajeunit et
la complète en èxposant les changements qui s'y
sont opérés depuis la visite de l'illustre professeur
du Collège de France; ses descriptions, sont très
attachantes dans leurs parties pittoresques et de
statistique; mais ce sont surtout ses conclusions
qui nous semblent dignes d'attention. M. Brocchi
démontre, avec cartes à l'appui, qu'il serait facile
d'appliquer, en les améliorant, aux étangs salés du
littoral méditerranéen, les procédés de culture
italienne, lesquels ne consistent, en réalité, qu'à
provoquer la remonte du poisson dans les eaux
intérieures, parcs naturels où on. le maintient jus-
qu'à engraissement. Il est évident qu'il y aurait
dans la réalisation du vœu de M. Brocchi non-
seulement pour la région les éléments d'un mou-
vement commercial et industriel qui ne serait
point à dédaigner, mais de nouvelles et importan-
tes ressources pour l'alimentation publique.
Nous avons entretenu nos lecteurs des dégâts
que les gelées avaient occasionnés dans les plan-
tatioas de pins maritimes, qui ont joué un rôle si
efficace dans la transformation agricole de la So-
logne. Le désastre a été chiffré à cinquante mil-
lions des abatis aussi immenses devaient avoir
l'avilissement des prix pour conséquence. La dé-
préciation a été d'autant plus profonde que l'on
croit généralement dans le pays à la destruction
de la résine par le froid, c'est-à-dire à la perte
pour les bois congelés de leur qualité de chàuf-
fage, de telle sorte que c'était à peine si la vente
de ces bois dépréciés- couvrait les frais de leur ex-
ploitation les propriétaires, déjà si cruellement
frappés, se trouvaient presque dans l'impossibilité
de tirer parti de leurs épaves. C'est à ce préjugé
que s'est attaqué M. Prilleux, par la comparaison
de bois de pins de différents âges non gelés, avec
de. bois de pins dans les mêmes conditions, mais
tués par la gelée, et il résulte de ses recherches
qu'il n'a absolument rien de fondé. Nous croyons
devoir aux nombreux intéressés dans la question
de citer textuellement les conclusions de M. Pril-
leux « En résumé, dit le savant professeur, le
bois gelé contient au moins autant de résine que
le bois sain; c'est .à l'altération des parois cellu-
laires seule qu'est due la non-apparition de la ré-
sine à la surface, des entailles que l'on fait sur le
bois gelé. » Les pins de Sologne, pour avoir été
gelés, n'ont-donc rien perdu des qualités qui les
faisaient rechercher de la boulangerie.
i v' Nous avons mis un peu la charrue devant les
bœufs, fait passer le corps de ce beau volume
avant son préambule le rapport de M. Eug. Ris-
ler, sur la situation de l'Institut agronomique
qu'il dirige avec autant de modeste dévouement
que de distinction. Si nous l'avons réservé pour
la fin, c'était uniquement afin de mieux attirer
sur ce rapport l'attention des propriétaires agri-
coles que' ce journal compte en grand nombre
parmi ses lecteurs. Nous croyons qu'ils seront
frappés du développement si prompt, si considé-
rable de notre école de hautes études agronomi-
ques, de l'importance qu'attache à sa prospérité
un ministre de l'agriculture si dévoué aux. inté-
rêts de son département, de la sollicitude que con-
serve pour l'établissement un directeur de l'agri-
culture qui, élève lui-même du premier Institut
agronomique, peut mieux que personne apprécier
l'efficacité de cet enseignement supérieur nous
espérons qu'ils apprécieront mieux qu'on ne l'a
fait jusqu'à présent les ressources qu'une telle ins-
titution présente à leurs enfants ainsi que les
avantages qu'offre à ceux-ci une carrière qui, res-
tant en dehors des passions politiques et' religieu-
ses, est presque seule à leur assurer un avenir
stable et indépendant. Sans doute le nombre et la
valeur des élèves de l'Institut agronomique sont
en progrès, comme le constate M. Risler; mais il
ne nous semble pas encore en proportion avec
notre population de laboureurs fermiers ou petits
propriétaires, il est au-dessous des nécessités d'a-
méliorations aussi profondes que rapides qui nous
sont créées par une concurrence dont l'intensité ira
toujours en s'affirmant. C'est par centaines que
nous voudrions pouvoir compter, sinon les élè-
ves de l'Institut agronomique, du moins les au-
diteurs de ses cours. Enfin, ce nous sera l'occasion
de renouveler le vœu que là plus utile de nos éco-'
les d'enseignement supérieur ne soit plus réduite
à loger en garni, ou, si vous voulez, à accepter
l'hospitalité au palais des Arts-et-Métiers, où l'es-
pace lui manque pour ses collections, ses labora-
toires et son personnel. A une époque où toutes
les sciences sont si somptueusement logées, on ne
peut pas laisser la science de donner de quoi man-
ger aux hommes professer sur le pavé. La cause de
l'Institut est gagnée près de M. Tirard, nous le
savons, et c'est sur lui que nous comptons pour
obtenir des Chambres un sacrifice auquel la nour-
ricière du pays a quelques droits.
Je ne saurais vous dire la part qui revient au
livre de li. Alexandre Dumas dans la contagion,
mais il est incontestable que le clan des « femmes
qui tuent » prend des proportions de plus en plus
considérables. Hâtons-nous d'ajouter que les re-
crues que je signale dans le bataillon des impi-
toyables n'en sont encore qu'au gibier; c'est des
chasseresses que nous entendons parler; leur nom-
bre croit et se multiplie sans cesse; une ou plu-
Sieurs belles dames f^êtrées de cuir figurent tou-
jours, le fusil au poing, parmi les héros des
grandes journées, cynégétiques dont les feuilles de «e
sport enregistrent les fastes dans leurs colonnes
Vous m'accuserez peut-être de mauvais goût,
vous êtes même libre de supposer que mon juge-
ment n'est point exempt de l'humeur atrabilaire
d'un vétéran sur le retour; je ne vous confesserai
pas moins que cette masculinisation du sexe fai.
ble ne me cause aucun enthousiasme, si char-
mant que soit le sujet sur lequel elle s'opère.
Il y a des antécédents qui datent de lojn, j'en
conviens, à commencer par Diane, la chasse. Mais
enfin, quant à plagier les attributions de la
déesse, on peut prétendre qu'il y avait mieux à
prendre; il est incontestable que les aventures
qu'elle dut à ses campagnes de chasse n'eussent
pas laissé que d'être quelque peu compromettantes
pour de simples mortelles on peut encore alléguer
des exemples pris sur les marches des trônes; cette
fois encore c'est le fabuliste qui nous apprend
combien il est malsain de chercher si haut ses mo-
dèles. Que quelques grandes dames se passent la
fantaisie de se poser en Nemrods, l'inconvénient
est médiocre; circonscrite, l'excentricité n'est point
déplaisante, elle peut même servir de préservatif;
en revanche, il serait vraiment fâcheux que, sous
prétexte qu'elle vient d'en haut, la maladie se pro-
pageât outre mesure et envahit les couches secon-
daires de la société; le charme de la femme n'a pas,
plus que sa dignité, à gagner à cette nouvelle mas-
carade.
Nous ne croyons pas verser dans la sensiblerie
en prétendant que ces massacres de lièvres, de
faisans, de perdrix, exécutés par des mains élé-
gantes, produisent toujours une impressson de ré-
pugnance. La cuisinière, la fille de basse-cour font
pis avec les poulets, les canards auxquels elles
coupent la gorge; mais c'est leur métier, et il est
l'envers de l'idéal auquel une femme du' monde
vise toujours soit par sa coquetterie, soit par sa
distinction, soit par son esprit; cet Idéal, lors-
qu'elle tue, elle l'abdique. Le foudroiement du
coup dé fusil sauvegarde, il est vrai, quelque fois
la sauvagerie dé l'action commise, quelquefois 11
l'accentue d'un forfait lamentable. Le garde n'est
pas toujours là pour donner lé coup de grâce â
l'oiseau démonté par madame. Je me souviens d'a-
voir vu une de ces chasseresses, très jolie et très
aimable fémi^ie, brisér gaillardement contre lé' ta-
lon de sa bottine le crâne d'une perdrix blessée,
qui, entre ses doigts, agitait convulsivement ses
ailes; elle restait jolie, elle' restait aimable après
comme devant l'exécution mais, pour celui qui en
avait été le témoin attristé, elle était devenue
moins femme. Et 11 y a des agonie! bien autre-
ment émouvantes, celle du lièvre, par exemple
blessé, quand on le saisit, il jette |es cris aigus
que l'on croirait poussés par la voix d'un enfant
je doute fort qu'une mère puisse les entendre sans
frissonner. ̃̃̃ .̃ •"̃̃̃• •
J'ai été acteur dans une scène autrement tragi-
que je vous demandé là permission de vous la
raconter. J'avais .alors dix-huit ans, et j'étais pos-
sédé d'une rage de chasse, que les nombreuses
années qui se sont écoulées depuis n'ont pas tout
à fait amorties. C'était dans les bois clairsemés,
maigrés, rabougris de la rive gauche de la Loire,
aux environs de BÏois; je marchais dans un gaulis
d'une vingtaine d'années, lorsqu'un chevreuil
bondissant d'un buisson de genéts partit devant
moi; à mon coup de fusil je le vis tourbillonner
plusieurs fois sur lui-même et tomber dans une
clairière. Je ne tuais pas de chevreuils tous les
jours, j'éprouvai une sensation qui tenait du dé-
lire jetant fusil, carnassière, tout ce qui me gê-
nait pour courir, je m'élançai pour prendre pos-
session de ma proie. Je trouvai le chevreuil dans
la clairière; mon plomb lui avait brisé les reins
un peu au-dessus du bassin; il ne pouvait s'échap-
per, mais il n'était pas mort; redressé sur ses pat-
tes de devant, appuyé sur son train de derrière
désarticulé, il me regarda avec ses grands yeux
effarés en souffiant bruyamment.
Dans la disposition d'esprit où j'étais, je ne m'ar-
rêtai guère à la détresse du pauvre animal. Je pris
un grand diable de couteau dans ma poche, je
l'ouvris, et, saisissant le bois du chevreuil, je lui
plongeai mon arme dans la.gorge avec autant d'a-
plomb que si j'avais fait toute ma vie le .métier de
boucher; ma victime jeta un bramement lamenta-
ble, se dégagea de mes mains par une secousse,
sans pouvoir fuir et resta droit sur ses pattes fré-
missantes, me fixant toujours avec ces prunelles
de velours brun, qui semblaient demander grâce.
Mon assurance m'avait déjà abandonné; cependant
je portai un second coup qui, aussi maladroite-
ment dirigé que le premier, n'eut pas plus de suc-
cès. Mon trouble devint extrême je sentais un
fourmillement dans mes cheveux, la salive com-
mençait à manquer à ma gorge, et toujours ces
yeux noirs rivés sur les miens et priant. Je
perdis absolument la tête; en proie à cette idée
fixe que je lui devais la mort à ce chevreuil, puis-
que seule elle devait mettre fin à ses souffrances.
Je me ruai comme un fou sur la pauvre bête et,
détournant la tête, je frappai à tort, à travers,
aussi longtemps que mon poignet fut en mesure
d'obéir à ma volonté, car bientôt un bourdonne-
ment confus remplit mes oreilles, un nuage alla
en s'épaississant devant mes yeux et je m'évanouis
bel et bien. Ce fut en cet état,- auprès de ma vic-
time déchiquetée, que me trouvèrent mes. compa-
gnons. Vous devez penser s'ils laissèrent échapper
l'occasion de cribler mon Iniprèssiohnâbilité de
brocards j'avais trop do respect humain pour
les dissuader, je les autorisai pàr.moii silence à
mettre au compte de la joie du chasseur ce qui
avait été l'effet de l'horreur du bourreau pour
lui-même.
Que l'homme affronte de pareilles impressions,
passe encore; elles ne sauraient convenir à des
âmes qui, pour remplir leur mission sur la terre,
doivent être pétries de charité et d'amour il est
donc de leur devoir de répudier les plaisirs mou-
vementés et tapageurs qui en sont le prétexte.
Nous avons eu dans notre enfanGe le spectacle bi-
zarre d'officiers de cavalerie consacrait leurs loi-
sirs à broder delà tapisserie une tradition persé-
vérante de l'ancien régime les dames court- vê-
tues qui arpentent les guérets en sifflant Phanor,
et les bois en' appuyant Ravageàù, représentent
parfaitement le pendant de ces guerriers qui n'a-
vaient pas même Omphale pour excùsel 1
Stimulé par la publicité flatteuse que la presse
mondaine procure à leurs succès en .ce genre, le
penchant des femmes d'aujourd'hui pour les exer-
cices masculins n'est déjà que trop prononcé il
serait sage de les encourager à ne^ pas aller plus
loin. Ces tendances sont pour quelque chose dans
le dédain qu'affectent tant de maîtresses de mai-
son pour les banalités du ménage, base et princi-
pe de cette science du bien-vivre dont nous avons
déploré la décadence. Quand, non contentes de na-
ger, de monter à cheval, de ramer, de conduire à
deux et à quatre, ces dames voudront encore se
charger de tuer le gibier à notre lieu et place, ce
serait donc à nous autres qu'incomberait la mis-
sion de surveiller la correction de sa cuisson?
̃• [> G. DE CHERVILLE.
NECROLOGIE
Le baron Ricasoll, ancien président du conseil
des ministres, vient d'être enlevé par une attaque
d'apoplexie. Il était né le 9 mars 1809.
Bettino Ricasoli, issu de l'une des grandes fa-
milles de la Toscane, avait passé sa jeunesse à
s'occuper, dans ses terres, d'améliorations agri-
coles. Il entra dans la vie publique en 1847, en
qualité de gonfalonier de Florence, après avoir
présenté au grand-duc de Toscane un plan de ré-
formes très hardi. Lorsque le grand-duc fut chassé
de Florence, en 1848 Ricasoli refusa de s'associer ë
au mouvement républicain, et il fut l'un des au-
teurs de la restauration du grand-duc. Mais bien-
tôt dégoûté de ce gouvernement qu'il avait con-
tribué à rétablir, il se retira de la vie politique et
ne s'occupa plus, pendant dix ans, que d'agricul-
ture, de la mise en valeur et de l'assatnissement
de la maremme de Toscane. Aussi s'associa-t-il
avec ardeur en 1859 au mouvement en faveur de
l'indépendance de l'Italie et de son unité sous la
maison de Savoie.
A cette époque, après avoir été ministre de l'in-
térieur sous le gouvernement de M. Buoncompa-
gni, il devint, le 1er août 1859, dictateur de la Tos-
cane, et il décida l'annexion de la Toscane au
royaume d'Italie.
Député à la Chambre italienne, et bientôt chef
de la majorité, il était, par sa position et son ta-
lent, le successeur indiqué de M. de Cavour, lors-
que ce grand ministre mourut. 11 continua la po-
litique modérée de M. de Cavour, visant à l'unifi-
cation dé l'Italie par des moyens politiques et sans
violence, et cultivant l'amitié du gouvernement
français. On sait qu'au ministère Ricasoli suc-
céda, le mars 1862, le cabinet Rattazzi. M. Rica-
soli refusa alors la présidence de la Chambre, en
disant qu'il ne se sentait pas assez souple pour
remplir cette fonction.
M. Ricasoli rentra aux affaires à la veille de la
crise de 1866. Il remplaçait, comme président du
conseil, le général de La Marmora, qui allait diri-
ger les opérations militaires. Le 20 juin, M. Rica-
soli annonça au Parlement la constitution du ca-
binet et la déclaration de guerre à l'Autriche.
Après la guerre de 1866 et la réunion de la Vénétie
u royaume d'Italie, M. Ricasoli travâiUa au main-
de la paix publique éft danger dans plusieurs
provinces, mais qui, grâce à sa politique, ne fut
troublée que par une insurrection en Sicile. Il s'efi1
força de calmer, dans la mesure du possible, la!
lutte entre l'Etat et l'Eglise,' en rappelant dans
leurs sièges les évêques qui en avaient été chassés-
et en déclarant que l'Italie prendrait à sa charge"
une part de la dette pontificale, proportionnelle à
l'étendue du territoire des Etats pontificaux an-
nexés à l'Italie. Son ministère fut renversé, en fé»'
vrier 1867, par le rejet, à la Chambre des députés?,
du projet de loi sur les biens ecclésiastiques, pré-'
sen par le ministre des finances", Scialoja, et
connu sous le nom de projet Langrand-Durnon-'
ceau.
Le roi n'ayant pas accepté sa démission, la
Chambre fut dissoute; mais M. Ricasoli, ne trou-
vant pas la nouvelle Chambre en harmonie com-
plète avec lui, donna de nouveau sa démission et
fut remplacé par M. Rattazzi.
Depuis cette époque, M. Ricasoli n'est pas rentré
aux affaires.
On annonce la mort de M. Raymond Belliard,
avocat à la cour de Paris, décédé à l'âge de qua-
rante-sept ans. Il fut appelé pendant le siège, au
poste d'adjoint à l'honorable M. Carnot, maire
du 8e arrondissement. Il s'occupa notamment
de la question de l'approvisionnement, et il con-
tracta dans ces fonctions difficiles le germe de la
maladie qui l'a enlevé.
On annonce la mort à Besançon de M. le gêné-'
rai de brigade Lagrenée, directeur supérieur du
génie du 7e corps d'armée. Le général Lagrenéa
devait passer dans le cadre de réserve le 2 décem-
bre prochain. • >̃•
LJBRAIRIE
Trois éditions de Raphqëlle, la première partie
du nouveau roman d'Hector Malot, la Bohème
tapageuse, ont été enlevées en quelqués ioifrs
aujourd'hui la librairie Dentu fait paraître la se*
conde partie la Duchesse d'Arvernçê qui, par
1 intérêt du récit, par les personnages qu'elle mec
en scène, par la peinture des mœurs dé la' haute'
vie parisienne, provoquera Encore plus vivement
la curiosité et les interrogations que ne l'a fait la'
première..
La septième et avant dernière livraison de la
Brique et ta Terre cuite, la remarquable publia
cation de M. Pierre Chabat, vient de paraître à tèf
librairie. Moré£ 13, rue Bonaparte, v "̃*
Cette livraison content 10 piahchPs en couleur
et 4 feuilles de tëxie in-fôlio avec une planche gra-
vée représentant la restauration de Saint-Sa1ur4
nin, de Toulouse, par ViolleWè-Duc.
COMMUNiCATIONS
Les leçons, du D' Chervin, pour corriger le bégaie-,
ment, lezézâiement,etc.,recqmmëftc$utle 8riov.,à:
V Institut des. bèQues de Paris, avenue d'Eylau.QO*
A. ÂLBANEL, TAILLEUR 'é.
178, rue Montmartre, 178, au coin du Boulevard.
MAISON DE PREUipt ORDRE
Hautes Nouveautés Françaises et. Anglaises
Vente au comvtant. Z5 »/o d'Économie.
.¡~
Maison DU PONT-NEUF Pardessus EDfant 7* r
L'EAU DES FÉES de Sarah Félix, 43, rue Richer, esf
sans rivale pour la recoloration naturelle des cheveux.»
ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Séance du 22 octobre. ̃̃ -i''
L'ordre du jour appelle l'élection au scrutin
d'une commission chargée d'indiquer dans quelles1
études relevant de l'antiquité gréco-romaine se-
ront pris les travaux admis au concours Lalande-
Guériueau pour l'année 1882. Lis commissaires
élus sont MM. de Longpêrier LeÔn Renier,
Heuzey.
̃ • • 'i, ̃ ̃ ̃
M. Mohin, de Châlons-sur-Marne, écrit à l'A-
cadémie que, depuis vingt ans, il travaille à une
histoire de la sculpture, du dessin et de i'architeo»
ture en France, dépuis les' temps les plus reculés
jusqu'à nos joxirs. Cette histoire s.e présente sous'
forme de reliefs exécutés sur des plaques de bois daf
noyer et reproduisant les monuments civils et re«
ligiQUx de notre pays à toutes les époques. Ces Te-*
liefs sont exécutés à l'échelle dé 1 centimètre par
mètre. M. Mohin a fait également des représenta-'
tions au trait et au lavis des édifices religieux dtv
département de la Marne: elles ne forment pai
moins de sept volumes. M. Mohin aurait désiré
voir ses travaux admis à un concours mais celui
des antiquités nationales, le seul qui convienne
en ce cas, ne reçoit pas dès oeuvres sans texte.
Deux candidats se présentent pour remplacer
M. Labarthe, membre libre, récemment décédé ce
sont MM. Tissot et le comte Riant. Le premier,
déjà correspondant de la Compagnie, compte par-
mi ses titres un grand mémoire sur la géographie
comparée de la Maurétanie Tingitahe, l'explora-
tion archéologique de l'Afrique proconsulaire, no-
tamment de la vallée de Bagràdas (Medjérda), la
découverte de nombreuses inscriptions dont plu-
sieurs très importantes. M. Tissot est aujourd'hui
ambassadeur de France à Constantinople 11 pro-
met de rester fidèle à la science dans ses nouvelles
fonctions, sinon par un concours personnel, du
moins par ses efforts pour favoriser les recher-
ches autour de lui. M. le comte Riant est l'auteur
de recherches et de publications très estimées sur
l'époque des croisades. Il s'est déjà offert aux suf-
frages de l'Académie, et il a obtenu alors un grand
nombre de voix. La candidature de M. Tissot est,:
d'autre part, soutenue par un groupe considé-
rable.
La discussion des titres eft comité secret a occu'
pé presque toute la séance.̃ r ^v
̃: ::••̃ ACADÉMIE
̃̃ DFS SCIENCES' MORALES ET POLITIQUES
Scauce du 16 octobre.
M. Levasseur, président, .rend hommage à 1<
mémoire et aux talents de M. Peisse; il étaU
membre de la section de philosophie, dans la'
quelle il avait succédé, en 1877, à M. Lêlut.
L'ethnographie de la France. Le mémoire
que M. Levasseur communique sous ce titre a été
rédigé d'après les travaux de M. le docteur La-
gneau, lesquels ont été lus en partie devant l'Aca-
démie des inscriptions, et analysés sommairement
à cette place. M. Levasseur s'est appuyé aussi sur
les recherches de MM. A. Bertrand, de Quatrefa-
gës, Ern. Desjardins. Aujourd'hui, la contempora-
néité de l'homme et des animaux q\ie Cuvier ap-
pelait antédiluviens est un fait mis hors de doute'
depuis les découvertes de M: Boucher de Perthes.
Nos musées se sont enrichis d'une foule de dé-
bris correspondant à la période- préhistorique, et
racontant à leur manière les us et coutumes des
premières races humaines.
On peut contester l'existençq de l'homme pen-
dant la période tertiaire, mais il parait bien dé-
montré qu'il a vécu en France, pendant la'pêripde
quaternaire, avec le mammouth, le rhinocéros à
narines cloisonnées, le lion et l'hyène des caver-
nes, le renne, l'ours des cavernes, etc. La plus
ancienne race qui ait habité ^riotre sol, dont
le type s'est retrouvé à Canstadt. dolichocéphale
et prognathe, avait le front fuyant, les arcades
sourcilières et les pommettes saillantes, la boîte
crânienne peu volumineuse, tous indices d'une in-
telligence médiocre. A celle-ci s'est substituée une
autre race également dolichocéphale (à crâne de
forme allongée), dite de Cro-Magnon, remarqua-
ble par ses proportions athlétiques puis, une
troisième, dite de Furfooz, bracnycéphale (crâne
à forme ramassée), de très petite taille, et com-
prenant divers types.
La longue période des temps préhistoriques se
divise en période archêolithique, pendant laquelle
les hommes se servent de silex éclatés, en guise
d'armes et d'outils; puis vient l'époque néolithique
pendant laquelle apparaît l'usage de la pierre po-
lie enfin, arrive la période du bronze, qui plonge
d'un côté dans les ténèbres des temps préhistori-
.ques, et, d'autre part, s'éclaire aux lueurs vacil-
lantes de l'âge heroïque. Les premiers humains
habitaient des cavernes dont ils disputaient la
possession aux bêtes fauves aux âges dé la pierre
polie et du bronze, de sauvages ils deviennent
barbares, se construisent des habitations, culti-
vent le sol, domestiquent divers animaux, travail-
lent les métaux.
Aux temps historiques, la Gaule présente deux
races distinctes 1° les Ibères ou Atlantes, répan-
dus dans le nord-ouest de l'Afrique, dans la Corse,
la Sardaigne, l'Espagne, le midi de la Gaule; 2« les
Ligures, qui, au premier siècle de notre ère,
étaient confinés dans les Alpes-Liguriennes. Les
premiers sont dolichocéphales, les seconds brachy-
céphales. Aux Ibères se rattachent les Aquitains et
les Vascons. Plus tard arrivent en Gaule les Celtes
et les Galates, que les Romains confondent sous le
nom de Galli et que Diodore de Sicile considère
comme appartenant à des races différentes. M. Des-
jardins croit à l'unité d'origine des Celtes et des
Galates; M. Alex. Bertrand là laisse dans le doute:
M. Lagneau la repousse le Celte est brun et trapu
(type arverne), le Galate est blond et grand (popu-
lations entre Seine et Rhin).
Les Phéniciens ont eu de nombreux comntotiv:
~L~ T'EMp9. .28 octobr~ I88Q.~
j v Aujourd'hui 25 octobre, le thermomètre de
la maison Que°lln, rue de la Bourse, marquait
A Y heures du matin. lo au-dessus de zéro, >
1A 11 heures du matin. 6'05
«à 1 heure de l'après-midi &>
Hauteur barométrique 764
Les curieux dispersés aux abords du Cirque-
f fernando, n'ont pas fourni un gros appoint aux
éunions radicale et communiste organisées à la
'salle Chayne et à la salle Perrot. MM. Clovis Hu-
«jaes et Raoul Ganivet faisaient une conférence à
2a salle Chayne, au profit de la mère du citoyen
fMaroteau'; la réunion, quoique publique, comp-
tait deux cents personnes seulement. Le commis-
saire, ceint de son écharpe, avait pris place au bu-
freau.
Lés orateurs ont exprimé l'espoir de bientôt voir
̃s'accomplir la révolution sociale. M. Hugues a
.ajouté « que cette révolution ne sera complète que
Je jour ou il n'y aura plus un salarié ». Voilà un
̃jetât social auquel ni M. Hugues, ni ses amis n'as-
sisteront certainement point, quelque vieillesse
flue le sort leur accorde. q.
À la salle Perrot, nous retrouvons l'éloquence
rageuse du citoyen Pierron et les conseils pater-
nels du citoyen Joffrin. Comme à l'ordinaire on
jçritique l'obésité du président de la Chambre des
aéputès elle devient une des causes essentielles
qui obligent les proscrits et les combattants de la
.^̃Commune à se grouper. Ils. étaient là quatre:vingts
pnviron qui ont acclamé les régicides et ceux de
leurs amis qui ont bris part aux meurtres des gé-
ûèraux Lecomte et Thomas. Quelques-uns, comme
^e citoyen Tripier, pensent qu'il est inutile défaire
iine manifestation le jour du jugement définitif de
fêlixPyat.
Anarieux, dit-il, nous fusillerait comme des
chiens. •
̃•' Ces quatre-vingts combattants se montrent una-
nimes pour acclamer le projet de se rendre à un
panquet en l'honneur des régicides, qui aura lieu
le 31 octobre prochain, au lac Saint-Fargeau.
L'individu arrêté hier devant le Cirque-Fer-
iiando est un ouvrier sertisseur. Il a été relâché
presque aussitôt, après avoir subi une réprimande
ue la part du commissaire de police.̃<̃<̃••̃
La Commune annonce qu'un banquet a été
.offert à son directeur M. Félix Pyat, pour fêter
l'anniversaire du 31 octobre.
i La Commune publie l'appel adressé à ce sujet
>ux « citoyennes et citoyens par les promoteurs
jûe ce banquet, qui sont au nombre de quatorze.
t
Sîer a eu lieu, à deux heures de l'après-midi,
aa cérémonie de la pose de la première pierre de
la mairie de Bagnolet, sous la présidence de M.
érold, préfet de la Seine, assisté de M. Camille
ée, député de la première circonscription de
6,aint-Denis. p p
M. Hurè. maire de Bagnolet, a souhaité la bien-
venue â MM. Hérold et Camille Sée, qai ont ré-
pondu en félicitant la municipalité de Bagnolet.
A.quatre heures a eu lieu un banquet. M. le
fcnaire de Bagnolet a porté un toast à la Chambre
Uès députés. M. Camille Sée a répondu après
fvoir porté un toast au président de la Républi-
'que, il a exposé quels travaux, suivant lui, s'im-
posent à la Chambre avant sa séparation lois sur
l'instruction primaire, sur l'enseignement secon-
daire des jeunes filles, sur la presse, sur le droit
pe réunion, tarifs de douane. Le discours de M. Sée
jr. été très applaudi.
On est en train de creuser au milieu des deux
grandes allées du jardin du Palais-Royal des tran-
chées pour l'installation du gaz.
Chaque allée sera, dans une huitaine de jours,
•éclairée par vingt nouveaux candélabres à un bec
et deux candélabres à quatre branches.
r Le prétendu capitaine au 28 régiment de chas-
seurs d'Afrique, dont nous avons raconté l'arres-
tation hier, a été conduit ce matin à dix heures au
cabinet de M. Macé. Il portait encore l'uniforme
ue fantaisie qu'il s'était fait faire chez M. Collin.
Les perquisitions opérées à son domicile ont fait
aaître des doutes sur son identité. Dès recherches
Opérées parla justice, il résulte que cet individu
fie se nomme point Naschbauer, comme il l'avait
a'abord indiqué. C'est un sieur Playoude, ancien
cocher, qui a subi déjà deux condamnations, dont
l'une pour port illégal de décoration et l'autre pour
vol.
Lorsqu'on l'a arrêté, la décoration de l'ordre de
Nicham s'étalait sur sa poitrine. Son identité
ayant été reconnue, M. Macé lui a fait revètir des
habits civils et a ordonné son transport au Dépôt.
r L'abbé Garo vicaire de l'église Saint-Marcel,
centrait à Paris ce matin à quatre heures, par la
are de l'Est. Il venait de Montreux-les-Vieux.
Pendant le voyage, il avait placé sur la banquette
une caisse en bois, mal fermée. Eu la prenant pour
descendre du wagon, il lui sembla qu'elle s'était
allégée: II l'ouvrit aï s'aperçut qu'on lui avait dé-
,rpbè pendant le trajet de Montreux-les-Vieux à
Paris, 12 couverts en argent, une cuiller à potage
ht 12 couteaux à manches de même métal.
L'abbé Garo a fait constater le vol par M. Hirsch-
bauer, commissaire de police à la gare de l'Est.
Le Faubourg-du-Temple a été mis en émoi la
nuit dernière, vers deux heures, par un Italien
liommé Agenta. Cet individu se trouvant en état
û'ivresse s'était caché dans l'encoignure de la mai-
son du n» 61, et se précipitait, le couteau levé, sur
les personnes qui passaient. Un sieur Vauzelle,
mécanicien, ayant voulu résister à l'agression
pont il était l'objet de la part de ce forcené, re-
çut un coup de couteau qui lui traversa la main.
Vauzelle, grièvement blessé, se mit à crier et à
demander du secours. Deux gardiens de la paix
Recoururent, qui se jetèrent sur Agenta et lui ar-
rachèrent son arme des mains.
Vauzelle a pu regagner sondomicilë où des soins.
lui ont été donnés. Agenta a été conduit au poste
fie l'hôpital Saint-Louis, et ce matin transporté au
Dépôt, jzirm- '̃̃̃ .£*jsfe*>ï© •jê«i -l&i: ̃• au
Dans la rue Séguier, les ouvriers terrassiers
«n creusant une tranchée d'égout, ont découvert
des ossements humains. Quelques personnes, té-
moins du fait, croyant y deviner les traces d'un
crime, coururent prévenir le commissaire de po-
lice. Il a été reconnu que ces ossements ont été
déposés depuis fort longtemps en cet endroit. Ils
sont mêlés à des terrains de remblai apportés jadis
dans la rue Séguier pour des travaux analogues à
iefeux qu'on exécute aujourd'hui.
Un accident, comme il s'en produit journelle-
ment à Paris, est arrivé hier soir, vers trois heu-
res, à un ouvrier maçon nommé Martin, qui tra-
vaillait sur un échafaudage d'une maison en cons-
truction située au no 162 du Faubourg-Saint-Mar-
tin. Ce malheureux est tombé du cinquième étage.
Il a eu le bonheur de se relever de sa chute, sinon
sain et sauf, du moins avec quelques contusions
Qui paraissent ne point mettre sa vie en danger.
jLe cas est assez rare pour que nous croyions de-
voir le signaler.
> S'étant avancé sur un madrier en porte à faux,
Jl perdit l'équilibre, tomba par-dessus la barrière
de ceinture, tournoya dans le vide, vint s'abattre
sur une toiture d'une petite maison voisine, et de
là rebondit et tomba sur le sol. 11 se releva avant
,qu'on lui eût porté secours. Son corps ne portait
aucune blessure apparente, mais comme il se plai-
'gnait de douleurs intérieures, le commissaire de
police a ordonné son transport à l'hôpital Saint-
Louis.
Pendant l'avant-dernière nuit, vers trois heu-
res, deux gendarmes de la brigade de Boulogne-
sur-Seine,c faisant une ronde, rencontraient deux
soldats désarmés, la tête ensanglantée et les ha-
bits en désordre.
Ces hommes déclarèrent aux gendarmes qu'en
sortant de l'établissement d'un marchand de vin,
Ils avaient été assaillis par une bande d'individus
qui les avaient frappés à coups de canne. Les sol-
dats ayant dégainé pour se défendre, avaient été
désarmés, puis terrassés et assommés. C'est en
voyant venir la ronde des gendarmes que les agres-
seurs avaient pris la fuite. q es agres-
Le. matin, les sabres et les shakos des soldats
étaient retrouvés [dans le couloir d'une maison
voisine. Une canne plombée, à moitié rompue,
était restée sur le champ de bataille. On a arrêté
hier matin, le propriétaire de cette canne, un
jeune homme, nommé R. qui aurait été reconnu
par les militaires comme un de leurs agres-
eurs.
y Les deux soldats appartiennent au 36» de ligne,
caserne à Saint-Cloud. Ils étaient sortis de la ca*
6erne à minuit, en escaladant un mur.
Mercredi pour la première fois, dit le Cour-
rier de la Rochelle, ont été mises en circulation
sur le réseau des chemins de fer de l'Etat des voi-
tures neuves (nouveau modèle) pour le service des
trains de voyageurs. Les voitures de 3« classe sont
pourvues de banquettes à dossier en cuir rem-
bourrées les voitures de 2e classe sont garnies de
banquettes analogues~à celles des wagons de Ire
classe de l'ancien modèle.
Quant aux voitures de 1« classe, qui ne con-
tiennent que six places, on a apporté dans leur
aménagement un luxe et un confortable qui ne
laissent rien à désirer pour la commodité des
voyageurs les fenêtres, garnies de vasistas en
bois travaillé à jour dans toute la hauteur de la
vitre, peuvent donner au besoin beaucoup d'air à
l'intérieur, tout en mettant à l'abri des rayons du
soleil; les banquettes offrent cet avantage qu'elles
sont mobiles, et peuvent, par conséquent, s'allon-
ger au gré du voyageur, eu forme de lit, sur une
longueur double de leur profondeur ordinaire.
La Moselle subit en ce moment une crue ex-
traordinaire. On mande de Metz que les iles Saint-
Symphorien et Chambière sont inondées.
Les nouvelles de la partie supérieure du fleuve
annoncent une baisse des eaux.
On mande de Mirecourt qu'hier, vers dix heu
res du matin, la rivière de Madou a débordé, inon.
^ynt tout ta quartier de la ville. Oansies maisons {
de la rue Basse, notamment, les eaux se sont éle-
vées jusqu'à un mètre de hauteur.
Le soir, vers neuf heures, la baisse s'accen-
tuait.
Le Courrier de l'Aude, journal clérical et lé-
gitimiste, raconte dans son numéro du 23 octobre
qu'un certain nombre d'élèves du lycée de Carcas-
sonne se sont révoltés afin de protester « contre
une punition qui aurait été infligée à-un de leurs
camarades par un maître d'études ». A la suite de
quelques expulsions, une centaine d'élèves au-
raient quitté l'établissement.
Les journaux républicains de Carcassonne ne
parlent pas de cette affaire.
–-La journée de samedi et la nuit de samedi
à dimanche ont été assez calmes à Denain. Cepen-
dant la grève est maintenant générale.
Les grévistes réclament une augmentation de
salaire. Mais, ainsi que nous l'avons dit, aucune
réclamation n'avait encore été présentée jeudi à la
Compagnie.
Vendredi soir, l'attitude des grévistes étant de-
venue menaçante, des mesures énergiques furent
reconnues nécessaires. Sur la réquisition de M.
Decle, conseiller d'arrondissement, faisant fonc-
tions de sous-préfet, un détachement du 14e dra-
gons et du 127e de ligne, en garnison à Valencien-
nes, fut mandé.
De nombreuses patrouilles parcourent les abords
des fosses et dispersent les groupes.
Trois bataillons du 127e de ligne et deux esca-
drons du 14e dragons sont partis samedi matin à
six heures, sous le commandement du général Ro-
billot.
Un bataillon du 1er de ligne en garnison à Cam-
brai s'est également rendu sur les lieux.
Le procureur de la République de Valenciennes
a fait placarder vendredi l'avis suivant
Le procureur de la République, soussigné, désireux
d éviter des conflits et d'épargner aux ouvriers grévis-
tes de Denain les conséquences fâcheuses que pourrait
amener leur ignorance des lois, les avertit que l'exer-
cice de leur droit de coalition doit être absolument
paisible.
A ces fins, il croit devoir les prévenir
1° Que les rassemblements sur la voie publique, ar-
més ou non armés, sont défendus par la loi du 7 juin
1848; les contrevenants sont passibles suivant les cir-
constances, de quinze jours d'emprisonnement à dix
ans de réclusion.
2° Que toutes violences, voies de fait, menaces ou
manœuvres frauduleuses ayant pour but d'amener où
de maintenir une cessation de travail sont punies par
l'art. 444 du Code pénal, de six jours à trois ans d'em-
prisonnement.
3° Que les rébellions, violences ou voies de fait en-
vers la gendarmerie, la troupe, la police sont punies,
suivant les circonstances, de six jours à vingt ans de
travaux forcés (articles 209 et 224 du Code pénal), sans
préjudice de peines plus graves en cas d'autres crimes
ou attentats.
Il espère que cet avertissement engagera les ouvriers
grévistes à éviter toute scène de désordre et que, sou-
cieux du respect des lois, ils s'abstiendront de com-
mettre des délits ou des crimes qui seraient immédia-
tement réprimés.
Denain, le 23 octobre 1880.
Le procureur de la République
de Valenciennes,
MAX GHEERBRANT.
Un incident des plus émouvants s'est produit
dimanche matin, dit la Vzctoire de Bordeaux, en-
tre Morceux et Labouheyre, dans le train de Tar-
bes à Bordeaux. Un petit enfant de cinq ans est
tombé sur la voie par la portière, qui était restée
ouverte. Sa mère affolée a sauté immédiatement
après lui. L'accident heureusement n'a pas eu de
suites fâcheuses. Le train suivant a pu reprendre
la mère et l'enfant, qui sont arrivés sains et saufs
à Bordeaux.
Les renseignements reçus d'Algérie permet-
tent d'espérer que le renflouage du Charles-Qumt
pourra s'opérer, si le mauvais temps ne vient pas
contrarier l'opération. Des pompes et des sca-
phandres ont été expédiés dans ce but d'Alger à
Djijelli.
Une enquête est ouverte pour savoir si la res-
ponsabilité de l'accident doit être imputée au capi-
taine ou au mécanicien. oit ëtre imputée au capi-
On télégraphie d'Aveiro (Portugal), que le
paquebot français Nathalze, en provenance du
Havre, à destination de Lisbonne, s'est jeté à la
côte, deux hommes de l'équipage sont noyés. Le
chargement est complètement perdu.
On télégraphie d'Amsterdam qu'un horrible
accident est arrivé samedi à Ymuiden. Une cin-
quantaine d'étudiants assistaient, à bord du ba-
teau-remorqueur Hercule, au départ du mail-
steamer Princesse- Amalia, en route pour les In-
des. Une fois en pleine mer, les vagues étaient si
fortes qu'elles lançaient le remorqueur avec une
extrême violence contre le steamer. Vingt-six étu-
diants sont tombés à la mer.
Un seul cadavre a été retrouvé jusqu'ici trois
étudiants sont grièvement blessés à bord du -re-
morqueur. On ignore le sort de douze de ces jeu-
nes gens. Oh saura seulement à l'arrivée du stea-
mer à Soutnampton s'ils ont été recueillis par l'é-
quipage de la Pnncesse-Amalïa.
TRIBUNAUX
La seconde fermeture du collège jésuite de
Toulouse; jugement de référé. Voici le texte
du jugement rendu par le juge des référés du tri-
bunal de Ira instance de Toulouse, dans l'affaire de
la Société des pères de famille, contre MM. Merlin,
préfet de la Haute-Garonne; Jeanmaire, inspecteur
d'académie, Carton et Massip, commissaires de
police
Attendu qu'un arrêté ainsi conçu a été rendu par M.
le préfet de la Haute-Garonne
« Le préfet de la Haute-Garonne, chevalier de la Lé-
gion d'honneur.
» Vu l'article 1er de la loi des 13-19 février 1790
» Vu l'art. 1«, titre 1", de la loi du 18 août 1792;
» Vu l'art. 11 de la loi du 18 germinal an X;
» Vu le décret loi du 3 messidor an XII;
» Vu l'art. 8 du décret du 21 décembre 1812;
j> Vu l'art. 8 du décret du 22 décembre 1812;
» Vu le décret du 29 mars 1880 portant qu'un délai de
trois mois est accordé à l'association non autorisée de
Jésus pour se dissoudre et évacuer ses établissements,
et prolongeant ce délai jusqu'au 31 août 1880 pour
ceux dans lesquels l'enseignement littéraire et scien-
tifique est donné à la jeunesse;
» Vu l'arrêté préfectoral en date du 1er septembre
1880 prononçant la dissolution de l'agrégation formée
à Toulouse, place Saint-Sérnin, par des membres de
l'association non-autorisée dite de Jésus
». Considérant que, malgré les prescriptions du der-
nier décret et de l'arrêté préfectoral susvisé, il existe
encore à la date du présent jour, à Toulouse place
Saint-Serriin, sous la dénomination d'école Sainte-Ma-
rie un établissement d'enseignement où les membres
de l'association non-autorisée dite de Jésus vivent à
1 état de congrégation,
"Arrête:
» Art. 1". L'agrégation formée à Toulouse, place
Saint-Sernin, par les membres de l'association non
autorisée dite de Jésus, est dissoute. Les membres de
cette association résidant dans cet établissement d'in-
struction ci-dessus spécifié devront immédiatement l'é-
vaouer.
"Art. 2. La chapelle sera fermée et les scellés seront
apposés sur les portes qui la mettent en communica-
tion avec l'intérieur de l'établissement.
«Art. 3. M. le commissaire de police faisant fonc-
tions de commissaire central est chargé de l'exécution
du présent arrêté.
» Fait à Toùlouse, le 14 octobre 1880.
» Le préfet,
» Signé H. Merlin. »
Attendu que le 14 octobre 1880, en exécution de cet
arrêté de dissolution, des agents de la force publique
se sont présentés à Toulouse, place Sainfeernin
à l'établissement de l'école Sainte-Marie, pour faire
exécuter les décrets en date du 29 mars 1880-
Attendu que le 18 octobre 1880, MM. Larrieu-Estellé
et consorts, agissant comme formant seuls le conseil
d'administration et de gérance de la Société civile des
pères dé famille, établie à Toulouse, et le sieur Charles
Villars, pris comme directeur de ladite école, ont fait
assigner MM. le préfet de la Haute-Garonne, l'inspec-
teur d'académie, Carton et Massip, commissaires de po.
lice, devant nous tenant l'audience des référés pour
« voir dire et déclarer que les requérants sont receva-
bles et fondés à obtenir sur l'heure la rentrée pure et
simple de tous les professeurs et employés violemment
expulsés sans raison ni prétexte atin de reprendre im-
médiatement le cours des fonctions qu'ils occupaient
dans ladite école, et qu'à'cet effet les requérants de-
meureront autorisés à faire exécuter l'ordonnance, à
intervenir par toutes voies de droit, même manu
militari, avec dépens, sans préjudice de la plainte
qui va être déposée entre les mains de qui de droit au
sujet des actes abusifs et arbitraires dont les requé-
rants viennent d'être victimes, comme aussi sous l'ex-
presse réserve de l'action en dommages-intérêts qui
sera introduite aux formes de droit en temqs oppor-
tun contre les divers auteurs desdites mesures, ainsi
que contre leurs auxiliaires, sous toutes réserves géné-
ralement quelconques
Attendu que dans le cours des débats il a été sou-
!?T,é. par les demandeurs des questions de propriété,
d illégalité, d'excès de pouvoir; qu'ils ont invoqué des
actes de bail et de société qu'ils ont soutenu que l'ex-
pulsion dont les membres de la Société de Jésus avaient
été l'objet le 29 juin dernier avait été complètement
exécutée que 1 école dont s'agit n'avait plus à sa tête
des jésuites, mais bien des pères de famille n'apparte-
nant à aucune congrégation { que les professeurs ec-
clésiastiques visés dans l'arrêté d'octobre 1880 étaient
places sous la juridiction de Mgr le cardinal de Tou-
louse et avaient obtenu de lui la permission de se dé-
vouer à l'œuvre de l'enseignement secondaire dans la
maison Sainte-Marie
Attendu que les défenseurs, après avoir combattu le
système et les prétentions de leurs adversaires ont
soulevé une question de compétence et que M. le pré-
fet a proposé un dèclinatoire fondé sur ce que le pou-
voir judiciaire n'a aucun droit de contrôle sur les ac-
tes d'administration
Statuant sur ce point:
Attendu que les lois du 24 août 1700 et 16 fructidor
an III, défendent aux tribunaux de connaître des actes
d'administration quelconques;
Attendu que les dispositions de l'art. 127 (Code pénal)
interdisent aux tribunaux de s'immiscer dans les ma-
tières attribuées à l'autorité administrative, notam-
ment en défendant d'exécuter les ordres émanant de
1 administration
Attendu que par actes d'administration il faut non-
seulement comprendre les actes qui ont le caractère
purement administratif, mais encore comme le dit
textuellement un jugement rendu par le tribunal de
Toulouse, ceux d'une nature plus élevée qui consti-
tuent des actes de gouvernement et qui émanent du
chef dé l'Etat lui-mème, agissant dans l'exercice de la
puissance publique qui lui a été confiée
Attendu que dans l'espèce, nous nous trouvons en
présence des décrets du 29 mars etcle l'arrêté du pré.
fet de la Haute-Garonne qui en est la conséquence
Attendu qu'il n'est pas douteux que les décrets du
29 mars ne soient de la nature des actes visés dans les
lois précitées, puisqu'ils ont été rendus suivant les
pouvoirs constitutionnels de M. le président de la Ré-
publique qu'ils constituent un acte de gouvernement:
qu il ne sauraient en être autrement de l'arrêté pré-
fectoral en raison de son caractère essentiellement ad-
miuistratif, et que par suite nous ne pouvons en con-
naître
Attendu que, comme conséquence de ces mêmes prin-
cipes, le pouvoir judiciaire n'a pas plus le droit de se
prononcer sur le mérite des considérants de l'arrêté
et sur le mode de l'exécution des décrets que sur l'ar-
rêté et les décrets eux-mêmes
Attendu qu'une doctrine et une pratique contraire
constitueraient la violation des principes qui régis-
sent la séparation des pouvoirs administratif et judi-
ciaire t, .̃
Par ces motifs,
Nous, juge des référés, nous déclarons incompétent
et renvoyons les parties intéressées devant qui de
droit.
La Comédie politique, de M. Ponet. M. Po-
net est très connu à Lyon. Sa feuille, la Comédi
politique, est le Tnboulet de là-bas. La justice a
quelquefois à s'occuper des manifestations de cet
organe aventureux. Il y a quelques semaines, M.
Ponet s'entendait infliger une coudamnation. Il ne
se borna pas à maudire ses juges Il attaqua à
coups de plume, très vivement. Il prétendait, en
outre, avoir été insulté, à l'audience, par M. le
substitut Bulot. Le parquet dut ouvrir de nou-
velles poursuites. A côté du directeur de la
Comédie politiqiie devait s'asseoir le gérant, M.
Pianelli. Ils imaginèrent un moyen de défense
assez neuf assigner comme témoins les magis-
trats qui les avaient jugés, le substitut qui avait
requis contre eux. y q
Samedi, le tribunal correctionnel a su à se pro-
noncer d'abord sur la validité de la citation adres-
sée à ses membres. M. Longchamp avait cédé la
présidence à M. Dieu-la-Brasserie, désintéressé
dans le débat. Le ministère public était représenté
par M. Toubin, qui a soutenu la nullité de la cita-
tion, des magistrats ne pouvant être tenus de ré-
véler le secret de leurs délibérations. Le tribunal
a dépidé que les magistrats n'avaient pas à compa-
raître en témoignage.
M. Longchamp a repris sa place sur le siège e
pour l'examen du fond du débat. L'offense à la
magistrature étant établie, M Ponet, apsès avoir
lui-même présenté sa défe.e, a été condamné à
quinze jours de prison et 200 francs d'amende. Le
gérant de la Comédie a été frappé d'une amende
de 200 francs. I
Pharmacie illégale.– Les religieuses de Saint-
Charles, à Saint-Germain-Laval (Loire), ont été
condamnées à 25 francs d'amende par le tribunal
correctionnel de Roanne. Elles étaient accusées
d'exercice illégal de la médecine.
Hors session. Le 22 juillet dernier, M. de
Bouville, ancien préfet de la Haute-Vienne et delà
Gironde sous l'empire, actuellement député bona-
partiste de la Gironde, pour l'arrondissement de
Lesparre, était condamné par défaut, par la 8«
chambre du tribunal de la Seine, à trois mois de
prison, pour escroquerie au préjudice de M. Ca-
hen-Picard, partie civile. Le jugement correction-
nel a été signifié le 4 septembre au domicile de M.
de Bouville, mais non « à sa personne ». La dis-
tinction offre une importance considérable au
point de vue de l'opposition, dont le délai eùt été
de cinq jours si la personne même du condamné
eùt été mise en possession de l'acte, tandis que
dans l'hypothèse contraire ce délai est de cinq
ans.
Jusqu'à présent, M. de Bouville n'a point formé
opposition au jugement du 22 juillet.
LA VIE A LA CAMPAGNE
Je vous ai mis en garde contre les charmes bien
trop vantés des bois pendant l'été; un étouffoir
peuplé de moustiques, qu'il n'est prudent de han-
ter qu'aux heures matinales où la fraîcheur de la
nuit a rafraîchi les couverts, où ces hôtes incom-
modes, encore engourdis, sommeillent à l'abri de
la rosée, sous les dessous des feuilles. L'automne
est pour ces bois la saison du triomphe, celle où
leurs beautés sont dans tout leur éclat, celle où
nul trouble-fête ne vient gàter les charmes de
leur parcours. Depuis quinze jours une véritable
révolution s'est opérée dans la physionomie de la
forêt qui s'étage sur la colline. Elle a perdu cette
tonalité verdoyante dont la monotomie lui don-
nait, à distance, un caractère tristeet morne; seul
le chêne, qui y domine, a conservé sa parure d'un
.vert sombre; elle s'est accentuée, elle tourne au
noir, elle sert de repoussoir à la floraison des
feuillages des autres essences, car cette transfor-
mation, suprême est si complète qu'on pourrait
l'accepter pour un épanouissement.
Les feuilles cordiformes des_pe.upliers, dont les
fuseaux s'élançent de loin en loin de quelques bas-
fonds, sont d'un beau jaune; jaunes aussi, mais
plus éclatantes, celles du bouleau; quand le soleil
de midi les noye de ses feux on dirait une buée
d'or s'élevant au-dessus d'une colonne de marbre.
Ça et là.les rouges, tantôt vineux, tantôt lavés
d'amaranthe et de pourpre, dans les buissons sur-
tout, sur la vigne vierge, quelques viornes, les
épines-vinettes, les sumacs. C'est en roux, après
avoir passé par le jaune pâle, que s'est teinte la
feuille élégante du châtaignier. Quelques cimes se
sont déjà dénudées, les trembles allongent leurs
grands bras grisâtres, ils affectent, avant l'heure,
la livrée funèbre qui, pendant sept mois, sera
celle des végétaux. Sur tout cela s'étend, comme
un vernis, un rideau de vapeur transparente,
qu'un rayon troue par intervalles en avivant par
places ces coloris disparates.
Le sentier est déjà jonché de feuilles sèches, les
plus hâtées dans la mort; les dessous ont com-
mencé à se dégarnir à droite comme à gauche; la
maturité des feuilles comme des fruits commence
toujours par les bases; les taillis s'ouvrent devant
leregard; entre les cépées aux brins luisants on
aperçoit lès frondaisons desséchées des fougères,
les tapis de bruyère dont les fleurs roussies ne se
sont pas encore décidées à quitter leur tige, et, par-
tout où l'humidité séjourne, les massifs de ronces
aux mille bras déliés, s'enchevêtrant comme des
serpents et qui, grâce à l'abri sauvegardant leurs
feuilles d'un vert gai, deviendront la providence
du chevreuil en hiver. La flore cryptogamique de
l'arrière-saison, les cèpes, les bolets, les amanites,
les agarics étalent leurs chapeaux multicolores
au pied de quelques grands arbres, sur les bords
du chemin surtout, où l'air a circulé, où quelque
rayon vivifiant, perçant .le dôme, a pu féconder la
terre.
Admirons, si bon vous semble, ces curieuses vé-
gétatioEs, depuis le cèpe au chaperon de satin brun
doublé de velours couleur de soufre, jusqu'à la
fausse oronge au parasol d'un rouge éclatant
comme celui des belles dames d'aujourd'hui; mais,
si vous m'en croyez, passons. Je sais qu'il existe
des connaisseurs qui jamais ne s'y trompent; mais
cette distinction des bons d'entre les méchants me
semble aussi épineuse que le sera la besogne du
jugement dernier; quelle que soit ma confiance dans
l'expérience du naturaliste, je crains toujours un
peu que quelque gredin affublé d'un faux nez ne
se soit insinué dans cette réunion d'honnêtes cham-
pignons je partage encore l'opinion du rat des
champs, et je dis avec lui «Fi d'un plaisir que la
crainte peut corrompre 1 » Ces réflexions me déci-
dent ordinairement à m'abstenir de ces cueillettes
toujours aventureuses dans notre région du
centre.
Du reste., si par hasard vous étiez porté sur vo-
tre bouche, des intermèdes assez fréquents de la
promenade forestière vous donneront les satisfac-
tions dont vous êtes jaloux, et vous rentrerez si-
non l'estomac bien garni, au moins les poches
pleines. Si maltraités qu'aient été les châtaigniers,
cette année, peut-être parce qu'ils ont été maltrai-
tés, leur production a été considérable; chaque ra-
meau se termine par un bouquet de hérissons
dont quelques-uns, entr'ouverts laissent aperce-
voir l'écorce vernissée des châtaignes qu'ils proté-
geaient baissez-vous et ramassez; plus loin, dans
une clairière, voici un néflier sauvage assez riche-
ment pourvu,lui aussi, pour se montrer prodigue;
puis des petites pommes aigrelettes, des cormes, des
cornouilles, tous les éléments d'un fruitier d'ana-
chorète, sans compter les faînes et les glands. Ceux-
ci sont d'une abondance extraordinaire qui mé-
nage de plantureuses mangeures aux sangliers,
mais qui vaudra aussi, cette nourriture ayant l'in-
convénient d'aigrir considérablement le caractère
des bêtes noires, de nombreuses estafilades aux
braves chiens qui auront mission de les amener au
ferme.
En revanche, à ce moment de la saison, les
bruits sont presque nuls dans la forêt tous ses
hôtes ailés, artistes ou simples bavards, les fau-
vettes, les rossignols, les coucous, les tourterel-
les, sont partis le sifflement de quelque grive ve-
nue pour cùver sa vendange sous le couvert, le
croassement d'un corbeau qui gagne la plaine se
mêlent seuls aux frémissements des feuilles à
demi sèches que vous froissez en traversant les
halliers, au frou-frou de la bruyère, qui s'égrène
sous vos pas. A mesure que la journée s'avance,
Ios attraits du milieu où nous errons perdent de
leur vivacité, il faut bien le reconnaître aussitôt
que le soleil s'incline vers l'ouest, la vapeur dia-
phane qui lustrait le tableau s'épaissit, les éblouis-
semenis s'effacent dans le lointain d'abord, puis
s'amortissent autour du promeneur. Les feuilla-
ges d'une coloration si tranchée s'éteignent dans
la teinte grise qui les envahit. Les surfaces lumi-
neuses, les trous d'ombre des massifs des deux co-
teaux perdent les uns et les autres de leur inten-
sité, le brouillard qui monte du fond de la vallée
les efface et les nivelle tour à tour. Ce rideau
reste encore nacré sur le plateau où nous sommes,
les nappes grisâtres de bruyère qui nous en-
tourent s'éclairent quelque temps d'un chaud re-
flet mais les vapeurs pous gagnent à mesure que
l'air devient plus incisif et plus frais, et c'est le tour
des hauteurs de s'ensevelir dans le gris. Comme
nous descendions, le soleil qui touchait à l'horizon
se montra rouge, ensanglantant de ses feux les
masses de nuages qui l'encadraient, l'embrase-
ment du couchant illuminant une futaie que nous
traversions. En un instant, toutes les nuances in-
termédiaires et transitoires s'étaient effacées de
leurs racines à leur faite, les chênes géants res-
ressemblaient à des fûts de métal en fusion, et sur
le tapis de feuilles mortes, également empourpré,
leurs ombres se détachaient en lignes du noir le
plus intense. ̃.̃"̃̃
L'Institut national agronomique vient de pu-
blier le troisième volume de ses Annales; il ac-
cuse les progrès rapides d'une institution si ré-
çemmènt, si heureusement ressuscitée, et appelée,
à cette heure de luttes et d'efforts persévérants, à
rendre à l'agriculture de si précieux, de si impor-
tants services. Il se compose de mémoires ou de
rapports où se résument les travaux soit despro-
fesseurs, soit des élèves de l'Institut; les uns et
les autres sont du plus baut intérêt. Nous citerons
d'abord deux études de M. Muntz, chef des tra-
vaux chimiques, l'une sur la constitution de la
graisse chez les animaux primés au 'concours du
Palais dé l'Industrie, la seconde qui a pour objet
l'alimentation des chevaux et la production du
travail. Avons-nous besoin d'insister sur l'utife
enseignement que les savantes recherches de M.
Muntz doivent fournir non-seulement à l'adminis-
tration militaire, mais à toutes les industries qui
ont pourvoir à l'entretien d'une certaine cava-
lerie ? Ne sait-on pas les économies considérables
que la Compagnie des omnibus a su réaliser en les
appliquant.
M. le docteur Regnard, professeur de physiolo-
gie, donne un très curieux mémoire sur l'influence
dés radiations rouges sur la végétation, et un ré-
sumé de ses recherches sur les capacités respira-
toires du sang chez les animaux primés au con-
cours en 1880. M. Chesnel, sociétaire de l'école,
chargé par M. le ministre de l'agriculture d'étu-
dier l'industrie laitière en Danemark et en Suède,
en a rapporté des renseignements dont la vulgari-
sation nous parait bien désirable à ce moment où
nos produits laitiers accusent un si regrettable
déclin, grâce à l'imperfection de nos procédés de
fabrication et surtout à l'invasion presque 'géné-
rale des falsifications. Nous avons, en ce qui con-
cerne l'industrie laitière, beaucoup à apprendre,
beaucoup à emprunter le curieux rapport de M.
Chesnel, les détails qu'il fournit sur les écoles na-
tionales ou laiteries de la Suède le démontreront
suffisamment.
Mentionnons encore une étude sur les époques
relatives du bourgeonnement des différentes va-
riétés de vignes françaises, par M. Dubreuil, l'é-
minent professeur d'arboriculture de l'Institut;
un travail sur la décomposition des sels ammo-
niacaux, par M. Nivet, élève diplômé, et arrivons
à deux rapports que nous avons lus avec un inté-
rèt particulier celui du docteur P. Brocchi sur
les pêcheries des côtes de l'Adriatique, celui de
M. Prilleux, professeur de botanique, sur les ra-
vages causés par l'hiver dernier dans les planta-
tions de pins. Vingt ans se sont écoulés depuis
que M. Coste écrivit l'histoire du célèbre établis-
sement de Comacchio; M. Brocchi la rajeunit et
la complète en èxposant les changements qui s'y
sont opérés depuis la visite de l'illustre professeur
du Collège de France; ses descriptions, sont très
attachantes dans leurs parties pittoresques et de
statistique; mais ce sont surtout ses conclusions
qui nous semblent dignes d'attention. M. Brocchi
démontre, avec cartes à l'appui, qu'il serait facile
d'appliquer, en les améliorant, aux étangs salés du
littoral méditerranéen, les procédés de culture
italienne, lesquels ne consistent, en réalité, qu'à
provoquer la remonte du poisson dans les eaux
intérieures, parcs naturels où on. le maintient jus-
qu'à engraissement. Il est évident qu'il y aurait
dans la réalisation du vœu de M. Brocchi non-
seulement pour la région les éléments d'un mou-
vement commercial et industriel qui ne serait
point à dédaigner, mais de nouvelles et importan-
tes ressources pour l'alimentation publique.
Nous avons entretenu nos lecteurs des dégâts
que les gelées avaient occasionnés dans les plan-
tatioas de pins maritimes, qui ont joué un rôle si
efficace dans la transformation agricole de la So-
logne. Le désastre a été chiffré à cinquante mil-
lions des abatis aussi immenses devaient avoir
l'avilissement des prix pour conséquence. La dé-
préciation a été d'autant plus profonde que l'on
croit généralement dans le pays à la destruction
de la résine par le froid, c'est-à-dire à la perte
pour les bois congelés de leur qualité de chàuf-
fage, de telle sorte que c'était à peine si la vente
de ces bois dépréciés- couvrait les frais de leur ex-
ploitation les propriétaires, déjà si cruellement
frappés, se trouvaient presque dans l'impossibilité
de tirer parti de leurs épaves. C'est à ce préjugé
que s'est attaqué M. Prilleux, par la comparaison
de bois de pins de différents âges non gelés, avec
de. bois de pins dans les mêmes conditions, mais
tués par la gelée, et il résulte de ses recherches
qu'il n'a absolument rien de fondé. Nous croyons
devoir aux nombreux intéressés dans la question
de citer textuellement les conclusions de M. Pril-
leux « En résumé, dit le savant professeur, le
bois gelé contient au moins autant de résine que
le bois sain; c'est .à l'altération des parois cellu-
laires seule qu'est due la non-apparition de la ré-
sine à la surface, des entailles que l'on fait sur le
bois gelé. » Les pins de Sologne, pour avoir été
gelés, n'ont-donc rien perdu des qualités qui les
faisaient rechercher de la boulangerie.
i v' Nous avons mis un peu la charrue devant les
bœufs, fait passer le corps de ce beau volume
avant son préambule le rapport de M. Eug. Ris-
ler, sur la situation de l'Institut agronomique
qu'il dirige avec autant de modeste dévouement
que de distinction. Si nous l'avons réservé pour
la fin, c'était uniquement afin de mieux attirer
sur ce rapport l'attention des propriétaires agri-
coles que' ce journal compte en grand nombre
parmi ses lecteurs. Nous croyons qu'ils seront
frappés du développement si prompt, si considé-
rable de notre école de hautes études agronomi-
ques, de l'importance qu'attache à sa prospérité
un ministre de l'agriculture si dévoué aux. inté-
rêts de son département, de la sollicitude que con-
serve pour l'établissement un directeur de l'agri-
culture qui, élève lui-même du premier Institut
agronomique, peut mieux que personne apprécier
l'efficacité de cet enseignement supérieur nous
espérons qu'ils apprécieront mieux qu'on ne l'a
fait jusqu'à présent les ressources qu'une telle ins-
titution présente à leurs enfants ainsi que les
avantages qu'offre à ceux-ci une carrière qui, res-
tant en dehors des passions politiques et' religieu-
ses, est presque seule à leur assurer un avenir
stable et indépendant. Sans doute le nombre et la
valeur des élèves de l'Institut agronomique sont
en progrès, comme le constate M. Risler; mais il
ne nous semble pas encore en proportion avec
notre population de laboureurs fermiers ou petits
propriétaires, il est au-dessous des nécessités d'a-
méliorations aussi profondes que rapides qui nous
sont créées par une concurrence dont l'intensité ira
toujours en s'affirmant. C'est par centaines que
nous voudrions pouvoir compter, sinon les élè-
ves de l'Institut agronomique, du moins les au-
diteurs de ses cours. Enfin, ce nous sera l'occasion
de renouveler le vœu que là plus utile de nos éco-'
les d'enseignement supérieur ne soit plus réduite
à loger en garni, ou, si vous voulez, à accepter
l'hospitalité au palais des Arts-et-Métiers, où l'es-
pace lui manque pour ses collections, ses labora-
toires et son personnel. A une époque où toutes
les sciences sont si somptueusement logées, on ne
peut pas laisser la science de donner de quoi man-
ger aux hommes professer sur le pavé. La cause de
l'Institut est gagnée près de M. Tirard, nous le
savons, et c'est sur lui que nous comptons pour
obtenir des Chambres un sacrifice auquel la nour-
ricière du pays a quelques droits.
Je ne saurais vous dire la part qui revient au
livre de li. Alexandre Dumas dans la contagion,
mais il est incontestable que le clan des « femmes
qui tuent » prend des proportions de plus en plus
considérables. Hâtons-nous d'ajouter que les re-
crues que je signale dans le bataillon des impi-
toyables n'en sont encore qu'au gibier; c'est des
chasseresses que nous entendons parler; leur nom-
bre croit et se multiplie sans cesse; une ou plu-
Sieurs belles dames f^êtrées de cuir figurent tou-
jours, le fusil au poing, parmi les héros des
grandes journées, cynégétiques dont les feuilles de «e
sport enregistrent les fastes dans leurs colonnes
Vous m'accuserez peut-être de mauvais goût,
vous êtes même libre de supposer que mon juge-
ment n'est point exempt de l'humeur atrabilaire
d'un vétéran sur le retour; je ne vous confesserai
pas moins que cette masculinisation du sexe fai.
ble ne me cause aucun enthousiasme, si char-
mant que soit le sujet sur lequel elle s'opère.
Il y a des antécédents qui datent de lojn, j'en
conviens, à commencer par Diane, la chasse. Mais
enfin, quant à plagier les attributions de la
déesse, on peut prétendre qu'il y avait mieux à
prendre; il est incontestable que les aventures
qu'elle dut à ses campagnes de chasse n'eussent
pas laissé que d'être quelque peu compromettantes
pour de simples mortelles on peut encore alléguer
des exemples pris sur les marches des trônes; cette
fois encore c'est le fabuliste qui nous apprend
combien il est malsain de chercher si haut ses mo-
dèles. Que quelques grandes dames se passent la
fantaisie de se poser en Nemrods, l'inconvénient
est médiocre; circonscrite, l'excentricité n'est point
déplaisante, elle peut même servir de préservatif;
en revanche, il serait vraiment fâcheux que, sous
prétexte qu'elle vient d'en haut, la maladie se pro-
pageât outre mesure et envahit les couches secon-
daires de la société; le charme de la femme n'a pas,
plus que sa dignité, à gagner à cette nouvelle mas-
carade.
Nous ne croyons pas verser dans la sensiblerie
en prétendant que ces massacres de lièvres, de
faisans, de perdrix, exécutés par des mains élé-
gantes, produisent toujours une impressson de ré-
pugnance. La cuisinière, la fille de basse-cour font
pis avec les poulets, les canards auxquels elles
coupent la gorge; mais c'est leur métier, et il est
l'envers de l'idéal auquel une femme du' monde
vise toujours soit par sa coquetterie, soit par sa
distinction, soit par son esprit; cet Idéal, lors-
qu'elle tue, elle l'abdique. Le foudroiement du
coup dé fusil sauvegarde, il est vrai, quelque fois
la sauvagerie dé l'action commise, quelquefois 11
l'accentue d'un forfait lamentable. Le garde n'est
pas toujours là pour donner lé coup de grâce â
l'oiseau démonté par madame. Je me souviens d'a-
voir vu une de ces chasseresses, très jolie et très
aimable fémi^ie, brisér gaillardement contre lé' ta-
lon de sa bottine le crâne d'une perdrix blessée,
qui, entre ses doigts, agitait convulsivement ses
ailes; elle restait jolie, elle' restait aimable après
comme devant l'exécution mais, pour celui qui en
avait été le témoin attristé, elle était devenue
moins femme. Et 11 y a des agonie! bien autre-
ment émouvantes, celle du lièvre, par exemple
blessé, quand on le saisit, il jette |es cris aigus
que l'on croirait poussés par la voix d'un enfant
je doute fort qu'une mère puisse les entendre sans
frissonner. ̃̃̃ .̃ •"̃̃̃• •
J'ai été acteur dans une scène autrement tragi-
que je vous demandé là permission de vous la
raconter. J'avais .alors dix-huit ans, et j'étais pos-
sédé d'une rage de chasse, que les nombreuses
années qui se sont écoulées depuis n'ont pas tout
à fait amorties. C'était dans les bois clairsemés,
maigrés, rabougris de la rive gauche de la Loire,
aux environs de BÏois; je marchais dans un gaulis
d'une vingtaine d'années, lorsqu'un chevreuil
bondissant d'un buisson de genéts partit devant
moi; à mon coup de fusil je le vis tourbillonner
plusieurs fois sur lui-même et tomber dans une
clairière. Je ne tuais pas de chevreuils tous les
jours, j'éprouvai une sensation qui tenait du dé-
lire jetant fusil, carnassière, tout ce qui me gê-
nait pour courir, je m'élançai pour prendre pos-
session de ma proie. Je trouvai le chevreuil dans
la clairière; mon plomb lui avait brisé les reins
un peu au-dessus du bassin; il ne pouvait s'échap-
per, mais il n'était pas mort; redressé sur ses pat-
tes de devant, appuyé sur son train de derrière
désarticulé, il me regarda avec ses grands yeux
effarés en souffiant bruyamment.
Dans la disposition d'esprit où j'étais, je ne m'ar-
rêtai guère à la détresse du pauvre animal. Je pris
un grand diable de couteau dans ma poche, je
l'ouvris, et, saisissant le bois du chevreuil, je lui
plongeai mon arme dans la.gorge avec autant d'a-
plomb que si j'avais fait toute ma vie le .métier de
boucher; ma victime jeta un bramement lamenta-
ble, se dégagea de mes mains par une secousse,
sans pouvoir fuir et resta droit sur ses pattes fré-
missantes, me fixant toujours avec ces prunelles
de velours brun, qui semblaient demander grâce.
Mon assurance m'avait déjà abandonné; cependant
je portai un second coup qui, aussi maladroite-
ment dirigé que le premier, n'eut pas plus de suc-
cès. Mon trouble devint extrême je sentais un
fourmillement dans mes cheveux, la salive com-
mençait à manquer à ma gorge, et toujours ces
yeux noirs rivés sur les miens et priant. Je
perdis absolument la tête; en proie à cette idée
fixe que je lui devais la mort à ce chevreuil, puis-
que seule elle devait mettre fin à ses souffrances.
Je me ruai comme un fou sur la pauvre bête et,
détournant la tête, je frappai à tort, à travers,
aussi longtemps que mon poignet fut en mesure
d'obéir à ma volonté, car bientôt un bourdonne-
ment confus remplit mes oreilles, un nuage alla
en s'épaississant devant mes yeux et je m'évanouis
bel et bien. Ce fut en cet état,- auprès de ma vic-
time déchiquetée, que me trouvèrent mes. compa-
gnons. Vous devez penser s'ils laissèrent échapper
l'occasion de cribler mon Iniprèssiohnâbilité de
brocards j'avais trop do respect humain pour
les dissuader, je les autorisai pàr.moii silence à
mettre au compte de la joie du chasseur ce qui
avait été l'effet de l'horreur du bourreau pour
lui-même.
Que l'homme affronte de pareilles impressions,
passe encore; elles ne sauraient convenir à des
âmes qui, pour remplir leur mission sur la terre,
doivent être pétries de charité et d'amour il est
donc de leur devoir de répudier les plaisirs mou-
vementés et tapageurs qui en sont le prétexte.
Nous avons eu dans notre enfanGe le spectacle bi-
zarre d'officiers de cavalerie consacrait leurs loi-
sirs à broder delà tapisserie une tradition persé-
vérante de l'ancien régime les dames court- vê-
tues qui arpentent les guérets en sifflant Phanor,
et les bois en' appuyant Ravageàù, représentent
parfaitement le pendant de ces guerriers qui n'a-
vaient pas même Omphale pour excùsel 1
Stimulé par la publicité flatteuse que la presse
mondaine procure à leurs succès en .ce genre, le
penchant des femmes d'aujourd'hui pour les exer-
cices masculins n'est déjà que trop prononcé il
serait sage de les encourager à ne^ pas aller plus
loin. Ces tendances sont pour quelque chose dans
le dédain qu'affectent tant de maîtresses de mai-
son pour les banalités du ménage, base et princi-
pe de cette science du bien-vivre dont nous avons
déploré la décadence. Quand, non contentes de na-
ger, de monter à cheval, de ramer, de conduire à
deux et à quatre, ces dames voudront encore se
charger de tuer le gibier à notre lieu et place, ce
serait donc à nous autres qu'incomberait la mis-
sion de surveiller la correction de sa cuisson?
̃• [> G. DE CHERVILLE.
NECROLOGIE
Le baron Ricasoll, ancien président du conseil
des ministres, vient d'être enlevé par une attaque
d'apoplexie. Il était né le 9 mars 1809.
Bettino Ricasoli, issu de l'une des grandes fa-
milles de la Toscane, avait passé sa jeunesse à
s'occuper, dans ses terres, d'améliorations agri-
coles. Il entra dans la vie publique en 1847, en
qualité de gonfalonier de Florence, après avoir
présenté au grand-duc de Toscane un plan de ré-
formes très hardi. Lorsque le grand-duc fut chassé
de Florence, en 1848 Ricasoli refusa de s'associer ë
au mouvement républicain, et il fut l'un des au-
teurs de la restauration du grand-duc. Mais bien-
tôt dégoûté de ce gouvernement qu'il avait con-
tribué à rétablir, il se retira de la vie politique et
ne s'occupa plus, pendant dix ans, que d'agricul-
ture, de la mise en valeur et de l'assatnissement
de la maremme de Toscane. Aussi s'associa-t-il
avec ardeur en 1859 au mouvement en faveur de
l'indépendance de l'Italie et de son unité sous la
maison de Savoie.
A cette époque, après avoir été ministre de l'in-
térieur sous le gouvernement de M. Buoncompa-
gni, il devint, le 1er août 1859, dictateur de la Tos-
cane, et il décida l'annexion de la Toscane au
royaume d'Italie.
Député à la Chambre italienne, et bientôt chef
de la majorité, il était, par sa position et son ta-
lent, le successeur indiqué de M. de Cavour, lors-
que ce grand ministre mourut. 11 continua la po-
litique modérée de M. de Cavour, visant à l'unifi-
cation dé l'Italie par des moyens politiques et sans
violence, et cultivant l'amitié du gouvernement
français. On sait qu'au ministère Ricasoli suc-
céda, le mars 1862, le cabinet Rattazzi. M. Rica-
soli refusa alors la présidence de la Chambre, en
disant qu'il ne se sentait pas assez souple pour
remplir cette fonction.
M. Ricasoli rentra aux affaires à la veille de la
crise de 1866. Il remplaçait, comme président du
conseil, le général de La Marmora, qui allait diri-
ger les opérations militaires. Le 20 juin, M. Rica-
soli annonça au Parlement la constitution du ca-
binet et la déclaration de guerre à l'Autriche.
Après la guerre de 1866 et la réunion de la Vénétie
u royaume d'Italie, M. Ricasoli travâiUa au main-
de la paix publique éft danger dans plusieurs
provinces, mais qui, grâce à sa politique, ne fut
troublée que par une insurrection en Sicile. Il s'efi1
força de calmer, dans la mesure du possible, la!
lutte entre l'Etat et l'Eglise,' en rappelant dans
leurs sièges les évêques qui en avaient été chassés-
et en déclarant que l'Italie prendrait à sa charge"
une part de la dette pontificale, proportionnelle à
l'étendue du territoire des Etats pontificaux an-
nexés à l'Italie. Son ministère fut renversé, en fé»'
vrier 1867, par le rejet, à la Chambre des députés?,
du projet de loi sur les biens ecclésiastiques, pré-'
sen par le ministre des finances", Scialoja, et
connu sous le nom de projet Langrand-Durnon-'
ceau.
Le roi n'ayant pas accepté sa démission, la
Chambre fut dissoute; mais M. Ricasoli, ne trou-
vant pas la nouvelle Chambre en harmonie com-
plète avec lui, donna de nouveau sa démission et
fut remplacé par M. Rattazzi.
Depuis cette époque, M. Ricasoli n'est pas rentré
aux affaires.
On annonce la mort de M. Raymond Belliard,
avocat à la cour de Paris, décédé à l'âge de qua-
rante-sept ans. Il fut appelé pendant le siège, au
poste d'adjoint à l'honorable M. Carnot, maire
du 8e arrondissement. Il s'occupa notamment
de la question de l'approvisionnement, et il con-
tracta dans ces fonctions difficiles le germe de la
maladie qui l'a enlevé.
On annonce la mort à Besançon de M. le gêné-'
rai de brigade Lagrenée, directeur supérieur du
génie du 7e corps d'armée. Le général Lagrenéa
devait passer dans le cadre de réserve le 2 décem-
bre prochain. • >̃•
LJBRAIRIE
Trois éditions de Raphqëlle, la première partie
du nouveau roman d'Hector Malot, la Bohème
tapageuse, ont été enlevées en quelqués ioifrs
aujourd'hui la librairie Dentu fait paraître la se*
conde partie la Duchesse d'Arvernçê qui, par
1 intérêt du récit, par les personnages qu'elle mec
en scène, par la peinture des mœurs dé la' haute'
vie parisienne, provoquera Encore plus vivement
la curiosité et les interrogations que ne l'a fait la'
première..
La septième et avant dernière livraison de la
Brique et ta Terre cuite, la remarquable publia
cation de M. Pierre Chabat, vient de paraître à tèf
librairie. Moré£ 13, rue Bonaparte, v "̃*
Cette livraison content 10 piahchPs en couleur
et 4 feuilles de tëxie in-fôlio avec une planche gra-
vée représentant la restauration de Saint-Sa1ur4
nin, de Toulouse, par ViolleWè-Duc.
COMMUNiCATIONS
Les leçons, du D' Chervin, pour corriger le bégaie-,
ment, lezézâiement,etc.,recqmmëftc$utle 8riov.,à:
V Institut des. bèQues de Paris, avenue d'Eylau.QO*
A. ÂLBANEL, TAILLEUR 'é.
178, rue Montmartre, 178, au coin du Boulevard.
MAISON DE PREUipt ORDRE
Hautes Nouveautés Françaises et. Anglaises
Vente au comvtant. Z5 »/o d'Économie.
.¡~
Maison DU PONT-NEUF Pardessus EDfant 7* r
L'EAU DES FÉES de Sarah Félix, 43, rue Richer, esf
sans rivale pour la recoloration naturelle des cheveux.»
ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Séance du 22 octobre. ̃̃ -i''
L'ordre du jour appelle l'élection au scrutin
d'une commission chargée d'indiquer dans quelles1
études relevant de l'antiquité gréco-romaine se-
ront pris les travaux admis au concours Lalande-
Guériueau pour l'année 1882. Lis commissaires
élus sont MM. de Longpêrier LeÔn Renier,
Heuzey.
̃ • • 'i, ̃ ̃ ̃
M. Mohin, de Châlons-sur-Marne, écrit à l'A-
cadémie que, depuis vingt ans, il travaille à une
histoire de la sculpture, du dessin et de i'architeo»
ture en France, dépuis les' temps les plus reculés
jusqu'à nos joxirs. Cette histoire s.e présente sous'
forme de reliefs exécutés sur des plaques de bois daf
noyer et reproduisant les monuments civils et re«
ligiQUx de notre pays à toutes les époques. Ces Te-*
liefs sont exécutés à l'échelle dé 1 centimètre par
mètre. M. Mohin a fait également des représenta-'
tions au trait et au lavis des édifices religieux dtv
département de la Marne: elles ne forment pai
moins de sept volumes. M. Mohin aurait désiré
voir ses travaux admis à un concours mais celui
des antiquités nationales, le seul qui convienne
en ce cas, ne reçoit pas dès oeuvres sans texte.
Deux candidats se présentent pour remplacer
M. Labarthe, membre libre, récemment décédé ce
sont MM. Tissot et le comte Riant. Le premier,
déjà correspondant de la Compagnie, compte par-
mi ses titres un grand mémoire sur la géographie
comparée de la Maurétanie Tingitahe, l'explora-
tion archéologique de l'Afrique proconsulaire, no-
tamment de la vallée de Bagràdas (Medjérda), la
découverte de nombreuses inscriptions dont plu-
sieurs très importantes. M. Tissot est aujourd'hui
ambassadeur de France à Constantinople 11 pro-
met de rester fidèle à la science dans ses nouvelles
fonctions, sinon par un concours personnel, du
moins par ses efforts pour favoriser les recher-
ches autour de lui. M. le comte Riant est l'auteur
de recherches et de publications très estimées sur
l'époque des croisades. Il s'est déjà offert aux suf-
frages de l'Académie, et il a obtenu alors un grand
nombre de voix. La candidature de M. Tissot est,:
d'autre part, soutenue par un groupe considé-
rable.
La discussion des titres eft comité secret a occu'
pé presque toute la séance.̃ r ^v
̃: ::••̃ ACADÉMIE
̃̃ DFS SCIENCES' MORALES ET POLITIQUES
Scauce du 16 octobre.
M. Levasseur, président, .rend hommage à 1<
mémoire et aux talents de M. Peisse; il étaU
membre de la section de philosophie, dans la'
quelle il avait succédé, en 1877, à M. Lêlut.
L'ethnographie de la France. Le mémoire
que M. Levasseur communique sous ce titre a été
rédigé d'après les travaux de M. le docteur La-
gneau, lesquels ont été lus en partie devant l'Aca-
démie des inscriptions, et analysés sommairement
à cette place. M. Levasseur s'est appuyé aussi sur
les recherches de MM. A. Bertrand, de Quatrefa-
gës, Ern. Desjardins. Aujourd'hui, la contempora-
néité de l'homme et des animaux q\ie Cuvier ap-
pelait antédiluviens est un fait mis hors de doute'
depuis les découvertes de M: Boucher de Perthes.
Nos musées se sont enrichis d'une foule de dé-
bris correspondant à la période- préhistorique, et
racontant à leur manière les us et coutumes des
premières races humaines.
On peut contester l'existençq de l'homme pen-
dant la période tertiaire, mais il parait bien dé-
montré qu'il a vécu en France, pendant la'pêripde
quaternaire, avec le mammouth, le rhinocéros à
narines cloisonnées, le lion et l'hyène des caver-
nes, le renne, l'ours des cavernes, etc. La plus
ancienne race qui ait habité ^riotre sol, dont
le type s'est retrouvé à Canstadt. dolichocéphale
et prognathe, avait le front fuyant, les arcades
sourcilières et les pommettes saillantes, la boîte
crânienne peu volumineuse, tous indices d'une in-
telligence médiocre. A celle-ci s'est substituée une
autre race également dolichocéphale (à crâne de
forme allongée), dite de Cro-Magnon, remarqua-
ble par ses proportions athlétiques puis, une
troisième, dite de Furfooz, bracnycéphale (crâne
à forme ramassée), de très petite taille, et com-
prenant divers types.
La longue période des temps préhistoriques se
divise en période archêolithique, pendant laquelle
les hommes se servent de silex éclatés, en guise
d'armes et d'outils; puis vient l'époque néolithique
pendant laquelle apparaît l'usage de la pierre po-
lie enfin, arrive la période du bronze, qui plonge
d'un côté dans les ténèbres des temps préhistori-
.ques, et, d'autre part, s'éclaire aux lueurs vacil-
lantes de l'âge heroïque. Les premiers humains
habitaient des cavernes dont ils disputaient la
possession aux bêtes fauves aux âges dé la pierre
polie et du bronze, de sauvages ils deviennent
barbares, se construisent des habitations, culti-
vent le sol, domestiquent divers animaux, travail-
lent les métaux.
Aux temps historiques, la Gaule présente deux
races distinctes 1° les Ibères ou Atlantes, répan-
dus dans le nord-ouest de l'Afrique, dans la Corse,
la Sardaigne, l'Espagne, le midi de la Gaule; 2« les
Ligures, qui, au premier siècle de notre ère,
étaient confinés dans les Alpes-Liguriennes. Les
premiers sont dolichocéphales, les seconds brachy-
céphales. Aux Ibères se rattachent les Aquitains et
les Vascons. Plus tard arrivent en Gaule les Celtes
et les Galates, que les Romains confondent sous le
nom de Galli et que Diodore de Sicile considère
comme appartenant à des races différentes. M. Des-
jardins croit à l'unité d'origine des Celtes et des
Galates; M. Alex. Bertrand là laisse dans le doute:
M. Lagneau la repousse le Celte est brun et trapu
(type arverne), le Galate est blond et grand (popu-
lations entre Seine et Rhin).
Les Phéniciens ont eu de nombreux comntotiv:
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 65.44%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 65.44%.
- Collections numériques similaires Parmentier Jean Parmentier Jean /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Parmentier Jean" or dc.contributor adj "Parmentier Jean")Cours de procédés généraux de construction professé à l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées / Jean Parmentier /ark:/12148/bpt6k10906548.highres Description nouvelle des merveilles de ce monde et de la dignité de l'homme, composee en rithme francoyse en maniere de exhortation, par Jan Parmentier, faisant sa dernière navigation, avec Raoul son frère, en lisle Taprobane, aultrement dicte Samatra [sic]... /ark:/12148/bpt6k87103011.highresThevet André Thevet André /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Thevet André" or dc.contributor adj "Thevet André") Crignon Pierre Crignon Pierre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Crignon Pierre" or dc.contributor adj "Crignon Pierre") Parmentier Raoul Parmentier Raoul /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Parmentier Raoul" or dc.contributor adj "Parmentier Raoul")
- Auteurs similaires Parmentier Jean Parmentier Jean /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Parmentier Jean" or dc.contributor adj "Parmentier Jean")Cours de procédés généraux de construction professé à l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées / Jean Parmentier /ark:/12148/bpt6k10906548.highres Description nouvelle des merveilles de ce monde et de la dignité de l'homme, composee en rithme francoyse en maniere de exhortation, par Jan Parmentier, faisant sa dernière navigation, avec Raoul son frère, en lisle Taprobane, aultrement dicte Samatra [sic]... /ark:/12148/bpt6k87103011.highresThevet André Thevet André /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Thevet André" or dc.contributor adj "Thevet André") Crignon Pierre Crignon Pierre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Crignon Pierre" or dc.contributor adj "Crignon Pierre") Parmentier Raoul Parmentier Raoul /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Parmentier Raoul" or dc.contributor adj "Parmentier Raoul")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 3/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k228178t/f3.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k228178t/f3.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k228178t/f3.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k228178t/f3.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k228178t
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k228178t
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k228178t/f3.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest