Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1875-01-24
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 janvier 1875 24 janvier 1875
Description : 1875/01/24 (Numéro 5030). 1875/01/24 (Numéro 5030).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
f LÉ TIMFS?^ 'Si fan^er iWSTL
yoté avec la majorité^ Nous citerons
MM. An^elon, Berlet, Boucau, Brillier,
Chavassieu, Chevandier, Denfert, Ganault,
Gaudy, Jacques, Lafon de Fongaufier,
Lambert, Lherminier, Loustalot, Mazeàu,
Alphonse Picart et Turigny. Total, 17.
Les légitimistes et les bonapartistes se
sont également divisés. Nous ferons re-
marquer notamment que, dans les rangs
de la majorité, figurent des députés tels
que MM. de Castellane et de Larcy, qui
ont pris une part prépondérante au vote
du 6 janvier; ils ont dû être suivis par un
certain nombre de leurs collègues, dont
nous ne chercherons pas à retrouver les
noms, le vote du 6 janvier ayant eu lieu
par assis et levé et ne. pouvant fournir
par cela même d'indications précises.
i Les bonapartistes qui ont voté avec la
majorité sont au nombre de 10. Ce sont:
MM. André (Charente), Brame, Delisse-
Engrand, Ganivet, Hamille, Magne, Mar-
chand, Martenot, Sarrette et de Soubey-
ran.
On remarque parmi les 21 bonapartistes
'.qui ont voté contre la deuxième délibéra-
jtion des députés qui jusqu'ici n'avaient
ipas encore été classés officiellement dans
ce groupe: MM. Pouyer-Quertier, Raoul
Duval et Rivaille.
i Plusieurs légitimistes d'extrême droite
se sont abstenus: MM. de Douhet, Fres-
neau, Kergariou, Amédée Lefèvre-Ponta-
lis, de Legge, de Puiberneau, de Sainc-
thorent et de Vinols.
M. de Bourgoing, député bonapartiste,
dont l'élection est soumise à une commis-
sion d'enquête, n'a pu prendre part au
vote. MM. Dussaussoy et La Roncière Le
NoUry étaient absents par congé.
La gauche républicaine avait chargé
son président, M. Albert Grévy, d'expli-
quer les motifs qui l'ont' déterminée à vo-
ter pour la seconde lecture de la loi cons-
titutionnelle. M. Albert Grévy avait pré-
paré une déclaration que les derniers in-
cidents de la séance l'ont empêché de por-
ter à la tribune et dont nous empruntons
le texte au Siècle:
Nous repoussons de la façon la plus absolue
;le projet auquel le rapporteur de la commission
"des lois constitutionnelles a eu l'honneur d'at-
tâcher son nom. Nous le repoussons; car, à nos
yeux, chacune de ses dispositions contient une
[atteinte aux droits de la nation, et le projet,
idans son ensemble, ne fait qu'organiser lacon-
~fiscation de la souveraineté nationale.
'Commencer par dire a#ï>ays que le provisoire
'qui l'énerve va contihulFiât recevoir une consé-
Icration constitutionnelle, >décréter qu'un pevi-
pie, libre, maître de ses destinées, n'aura pas le
droit pendant six ans de se dônnér un gouver-
I nement définitif et de fixer sep institutions,
non-seulement c'est méconnaître les intérêts,
los besoins les plus pressants de ce pays,
c'est de plus et surtout, par un étrange abus
de mandat, commettre une entreprise sur ses
droits les plus incontestables.
Une Assemblée pout bien se déclarer consti-
tuante mais, si elle ne constitue pas, elle ne
saurait avoir la prétention d'imposer son im-
puissance et de mettre la souveraineté natio-
màle en interdit.
l Ajouter que dans six ans la Constitution sera
faite par les Assemblées alors existantes, par
;un Congrès composé d'une Chambre des dépù-
i tés soumise au droit de dissolution, et d'un Sé-
nat en partie nommé par le pouvoir exécutif,
élu pour l'autre partie par des électeurs privi-
légiés, des électeurs censitaires; c'est oublier
(.qu'une Constitution est l'œuvre par excellence
;de la souveraineté qu'elle ne peut être faite que
!par une Assemblée constituante élue à cet effet
Jet sortie tout entière du suffrage universel.
Rétablir le cens électoral, éluder une Consti-
tuante, se soustraire à la manifestation directe
ide la volonté nationale, c'est reprendre la tradi-
tion de 1830, perfectionnée dans l'espèce, pour
le besoin des circonstances.
Epfin, messieurs, déclarer que le pouvoir
exécutif, qui n'est- aujourd'hui et ne peut être
iqu'un simple délégué, aura le'droit exorbitant
de dissoudre à son gré et de renvoyer la Cham-
i,bre élective, issue du suffrage universel, c'est
(en fait nier la souveraineté nationale dont cette
,Chambre est l'expression c'est poser unprin-
,cipe inconnu dans les républiques, absolument'
(incompatible avec le régime républicain, et, par
'la restauration d'un privilège qui est l'attribut
essentiel ét distinctif de la royauté, laisser voir
une fois de plus que le projet de la commission
n'est qu'une préparation et un acheminement à
la monarchie,
Nous eh avons dit assez pour montrer sura-
bondamment que jamais il n'a pu entrer dans
la pensée d'un seul républicain d'accepter quoi
que, ce soit d'un pareil projet.
Mais, fidèles à notre programme république
ou dissolution, nous voulons très respectueuse-
jinent mettre l'Assemblée nationale en demeure
ide conclure elle-même, en choisissant celui des
termes du dilemme qu'elle pourra préférer. C'est
;à la seconde délibération seulement que ks
i systèmes contraires peuvent être utilement
.comparés et soumis au vote. Eh1 bien 1 qu'une,
dernière lois. cette comparaison se fasse' et
^gu'iine résolution définitive intervienne..
k Si l'un des projets parvient à réunir une ma»
'~Jorité, nous avons la. conviction que c'est la ré-
publique qui l'emportera. Si tou& sont écartés,
il ne restera plus à cette Assemblée, proclamant
elle-même son impuissance, aucune raison, au-
cun prétexte pour retenir plus longtemps un
mandat moralement épuisé.
La politique que nous suivons aujourd'hui est
exactement celle que nous suivions il y a six
mois, quand nous appuyions nos amis du cen-
tre gauche dans leur tentative constitution-
nelle. Seulement, en cas de nouvel échec, noua
espérons cette fois qu'à tous ceux qui votèrant
alors la proposition de l'honorable M. Léon
de.-Maleville, viendront patribtiquement s'ad-
joindre ceux qui ne veulent pas prolonger da-
vantage les souffranens de leurpays et l'ex-
poser peut-être à l'humiliation de nouvelles
aventures. •
Ainsi notre vote n'implique on aucune façon
l'adhésion au principe du projet de la: commis-
sion nous estimons qu'il peut être émis sans
scrupule par tous les républicains.
LETTRES D'ESPAGNE
(De notre correspondant spécial.)
Madriâ, 18 janvier.
C'est décidément demain que le roi se
mettra en route pour le Nord, si sondé-
part n'est pas empêché par de nouveaux
contre-temps. On avait l'intention de le
faire partir aujourd'hui, mais il a fallu
laisser aux troupes le temps de' garnir
presque toute la route de Madrid à Sara-
gosse. Il eût été fort imprudent de laisser
le souverain s'aventurer sur cette ligne
sans avoir auparavant pris des précau-
tions militaires sérieuses. Je ne sais même
pas s'il aurait été possible de forcer tous
les employés à faire le service. Vous de-
,vinez pourquoi.
Nous avions cru jusqu'ici qu'il ne fallait
pas beaucoup s'inquiéter du dernier bando
de LizaVraga. On ne pourrait pas suppo-
ser, malgré la réputation sinistre de ce
vieux dévot, qu'il pousserait la hardiesse
et la cruauté jusqu'à faire exécuter ses
menaces. La férocité même dé son lan-
gage rassurait tout le monde. Cela était
trop affreux pour paraitre vraisemblable.
Mais vous savez comment nous avons été
brusquement détrompés. Une vingtaine
de ses partisans (peut-être moins, peut-
être davantage), ayant subitement envahi
la petite station de Motres, se sont empa-
rés de tous les hommes de service et ils
ont fuçillé sur-le-champ l'un de ces mal-:
heureux, l'employé du télégraphe. Les
autres ont été emmenés; où? je l'ignore;
dans la montagne, sans doute, et ce mot
fait frémir quand il s'agit de montagnes
habitées par le fanatique Lizarraga; Quant
au chef de la gare, un prêtre l'avait déjà
confessé (car on se munit toujours d'un
prêtre pour ces expéditions) et on l'avait
fait mettre à genoux pour recevoir la dé-
charge mortelle, quand un officier carlis-
te, qui l'avait reconnu pour ami ou pa-
rent, demanda et obtint sa grâce. Jugez de
l'impression produite sur tout lé personnel
de la compagnie! Un instant l'on craignit
que la terreur ne fît le vide sur toute la
ligne, mais aucune déf ection^ie s'est pro-
duite. Les employés sont. restés à leur
poste avec un héroïsme admirable. Proté-
gés aujourd'hui par des forces respecta-
tables, que deviendront-ils plus tard, si on
est obligé de dégarnir la ligne pour des
raisons militaires ? Ce n'est pas la pre-
mière fois que les carlistes fusillent ainsi
des hommes inoffensifs, dont le seul cri-
me est d'être restés fidèles à leur de-
voir professionnel: mais, sans parler des
cruautés du déserteur Lozàno, on n'avait
entendu parler jusqu'ici que de meurtres
commis par des bandes irrégulières, tan-
dis que l'assassinat de l'employé de Mo-
tres paraît être la première application
d'un système de terreur prémédité par le
chef d'un corps d'armée à peu près orga-
nisé.
Je n'avais pas voulu jusqu'à présent me
donner la peine de traduire l'ordre en
vertu duquel ont agi les soldats de Lizar-
raga, parce que, je l'avoue franchement,
il ne m'était pas venu à l'idée de le pren-
dre au sérieux, mais il me semble bon
maintenant delà faire connaître^ Il est
daté du quartier général de Lucena, le
17 décembre, et il est ainsi conçu
«Art. 1er. A partir du 15 janvier pro-
chain, les yoies ferrées qui de Madrid se
dirigent à Valence, Alicante, Garthagène
et Saragosse arrêteront complètement la
circulation des trains.
> Art. 2. Les employés et dépendants des
chemins de fer, sans distinction de caté-
gorie, qui, à partir de la date fixée dans
l'article précédent, seront rencontrés à
une lieue à droite ou à gauche de la voie,
seront fusillés, après constatation de leur
identité, sans qu'il leur soit laissé plus
d'une heure pour se préparer à mourir en
chrétien.
» Art. 3. Tous les trains de marchandi-
ses qui seront capturés par les forces
royales seront aussitôt incendiés.
» Art. 4. Les trains de passagers seront
arrêtés, et ils seront également incendiés,
aussitôt que les voyageurs auront re-
cueilli leurs bagages. A partir du 1er fé-
vrier prochain, tous les voyageurs,' sans
distinction de rang, sexe ou âge, seront
conduits, par la force qui les aura captu-
rés, à deux journées de marche de,la voie,
et là ils seront mis en liberté.
» Art. 5. Leurs Excellences MM. les gé-
néraux, les chefs judiciaires et même les
volontaires de l'armée royale du centre
sont autorisés à exécuter les articles pré-
cédents. >
Vous ne vous étonnerez point de mon
incrédulité en présence d'un pareil docu-
ment. Lorsque les journaux de Madrid
l'ont publié le 7 ou le 8 de ce mois, je
l'ai pris pour une mystification calom-
nieuse (1). Malheureusement le crime de
| Mo très prouve qu'il n'y avait pas là de
:calomnie. Vous ne vousétonnerez pas non
plus de ce que je n'ajoute aucun com-
mentaire à ma traduction littérale. Toute
;rétlexion paraîtrait fade auprès de cette
chose monstrueuse.
Ici, ce qui paraît préoccuper le plus la
grande majorité du public, c'est le détail
des premières fêtes royales, si toutefois
on peut donner ce nom aux représenta-
tions de gala offerts à la nouvelle cour par
l'Opéra et le Théâtre espagnol. Jo ne puis
malheureusement pas vous parler de ces
brillantes solennités dramatiques, parce
que je ne les ai pas vues. Pourtant je fi-
gurais au nombre des douze invités de la
presse (on me l'assure du moins), maisnos
malheureux billets se sont perdus en rou-
te, entre le secrétariat du ministère et
l'hôtel de Paris où on avait eu l'obligean-
ce de les envoyer. Qui les a trouvés? Je
l'ignore. Ces messieurs nous ont fait sans
doute l'honneur de nous emprunter nos
noms en même temps que nos cartes d'en-
trée, et cela les a peut-être amusés. Mais
franchement il m'est impossible de leur
envier le plaisir qu'ils ont pris.
Quelques-uns de nos collègues, enflam-
més d'une ardeur professionnelle que j'ad-
mire, ont eu le courage de se présenter
sans billet à la porte du théâtre et de
faire entendre des réclamations, dont l'é-
cho est parvenu jusqu'aux oreilles du roi.
Celui-ci, qui décidément semble être le
plus aimable des princes, a donné l'ordre
d'ofirir à ces victimes non résignées la
grande loge d'avant-scène dont la famille
royale se sert dans les soirées ordinaires.
On ne pouvait plus galamment réparer
une faute commise par des subalternes.
Vous parlerai-je maintenant de quel-
ques décrets qui ont paru dans la Gazette
officielle? Non vraiment, car je ne puis
rien ajouter à ce que vous en avez déjà
pu dire. Celui qui concerne les finances du
clergé est intéressant parce qu'il fait pres-
sentir le retour aux traditions du règne
d'Isabelle. Mais il faut avouer qu'en soi-
même il est fort juste. Quant à l'arrange-
ment fait avec les possesseurs de coupons
échus, tout ce qu'on peut dire c'est qu'il
était impossible dé faire' davantage. En
somme, le ministèr.e n'a pas encore donné
prise à l'opposition. Après huit jours de
vie il ert encore sage, prudent, et même
presque libéral puisqu'il a laissé reparaî-
tre les journaux prbtestants.
Malheureusement pour lui, il a beau-
coup trop d'amis. Jamais M. Canova del
Câstillo ne s'était douté qu'il y eût un si
grand nombre d'alphonsistes passionnés
dans cette foule inquiète qui vit de. la
chasse aux emplois. C'est une affluence,
une cohue dont on n'avait pas idée, même
pendant les beaux jours du canfonaliëme,'
quand le célèbre Estevahez était forcé de
se servir de la force pour repousser l'as-
saut des prétendants. Les journaux offi-
cieux se plaignent d'un excès de zèle qui
les gêne et les inquiète. Il y a trop d'una-
nimité en ce moment dans les zones qui
avoisinent le pouvoir. Mais csla changera
bientôt, croyez-moi. Déjà il me semble
voir se dessinèr des partis dans le parti
alphonsiste lui-même. Cela est encore va-
gue; mais cela prendra corps certaine-
ment.'Qui sait même si un jour la plus
grande partie des purs alphonsistes de la
veille et du jour ne seront pas dans l'oppo-
sition? Cela n'aurait rien de surprenant,
pour peu que le roi fasse un peu trop pen-
(1) C'est une erreur du même genre qui m'a
empêché de vous parler plus tôt de cette exé-
cut'on d'un employé du télégraphe. Je n'y croyais
pas. On raconte tant de mensonges à Madrid
que les nouveaùx-vëhus seuls y trouvent beau-
coup de matière à copie. Les habitués n'osent
presque rien dire de ce qu'ils entendent nfflr
mer ou de ce qu'ils lisent. Mais cette fois. après
deux jours de doute, j'ai appris de Ja bouche
même à'un' employé supérieur du chemin do
fer que le meurtre avait été réellement commis
et que Lizarraga avait réellement fait le bando
publié par les journaux de Madrid.
cher la balance du côté libéral. Dans ce
cas, c'est aux révolutionnaires qu'appar-
tiendrait le soin de défendre Alphonse XII.
Telle est du moins, paraît-il, l'opinion de
Mme la duchesse de la Torre, qui ne se
gêne pas pour le dire.
Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit en
ce moment. Il s'agit dé battre les carlistes,
le reste n'est que bagatelle.
Le Tiempo commente àssez longuement
le décret relatif au payement dés trois
coupons de la dette extérieure. Il donne à
cette occasion les chiffres suivants
Le total des trois coupons échus s'élève
à 5,631,250 livres sterling. Or, comme les
pagarès offerts en payement n'atteignent
que le chiffre de 3,618,264 liv. st., il y aune
différence de 2,012,986 liv. st., valeur réelle
qu'il faudra payer en titres ayant une va-
leur nominale de 9,045,658 livres, au chan-
ge de 51 deniers (pence) par piastre forte.
La date à laquelle on calcule l'escompte
annuel des pagarès du'RioTinto a été
fixée au 4 avril, époque à laquelle M. Eche-
garay a donné son approbation au pre-
mier contrat.
On a de nouveau offert au général Pavia
le commandement du corps d'armée du
Nord, qui se trouve actuellement sous les
ordres du général Pieltain. Le général
Pavia a, encore refusé.
L'agence Havas nous communique les
dépêches suivantes
Madrid, 22 janvier, soir.
Les probabilités de pacification augmentent.
Le roi passera demain l'armée eiï revue &
Peralta.
Le télégramme suivant, daté de Saragosse le
22 janvier, à 6 heures 15 minutes, soir, a été
adressé à S. M. la reine Isabelle à Paris
« S. M; le roi, avec son quartier .royal, le mf-
nistre de la guerre ét le général en, chef, escor-
té par trois escadrons, est parti' à huit' heures
du matin de Tudela pour Peralta. où- il passera'
i en revue l'armé^ à laquelle il fera une alloou-
tion. Il adressera aussi un discours aux habi-
tants du pays en guerre.
» Le roi, en entrant dans l'Aragon, a été ac-
cueilli par des manifestations enthousiastes et
spontanées 'd'adhésion et de sympathie, et il
en est parti en laissant des souvenirs re-
connaissants de sa bonté et de ses excellentes
dispositions.
» II m'a ordonné de faire connaître à Votre
Majesté que s'il ne lui écrit pas, c'est parce qu'il
se reposait sur les télégrammes que nous \ous
avons envoyés chaque jour. Du reste, il porte'
toujours Votre .Majesté dans son coeur et dans
sa mémoire. »
Tudela, 21 janvier.
(Arrivée seulement le 23 à 9 h. du soir)J
Des salves d'artillerie ont salué l'arrivée du
roi qui s'est rendu dans la ville au milieu d'une
haie de soldats. Sa Majesté est allée immédiate-
ment à- l'église. Actuellement les troupes défi-
lent devant le roi.
Alphonse XII ira demain à Tafalla, ensuite à
Logrono, Valladolid, Burgos et Madrid, sauf in-
cidents imprévus.
Berlin, 22 janvier, soh\
On mande de Madrid que les carlistes ont me-
nacé, pour le cas où Zarauz serait bombardé,
d'exercer des représailles contre les nationaux
allemands qui résident dans cette ville, notam-
ment contre le capitaine Zeppelin et contre plu-
sieurs matelots de l'équipage du Gustav. En pré-
sence de ces menaces, le gouvernement alle-
mand, redoutant de compromettre la sécurité de
ses nationaux et de les exposer à un danger de
mort, a cru devoir ajourner jusqu'à nouvel or-
dre les mesures projetées.
On lit dans le Mémorial diplomatique: i.
Plusieurs journaux français ont répandu tout
récemment des bruits qui représenteraient l'Al-
magne comme projetant des concentrations de
troupes sur les bords du Rhin, et d'autres me-
sures d'un caractère plus ou moins belliqueux.
Il importe de prémunir l'opinion publique con-
tre dé pareilles rumeurs, qui n'ont aucune es-
pèce de fondement. Ainsi il est très positif qu'il
n'est nullement question de l'établissement d'un
|grand camp allemand sur la rive gauche du
`Rhin. De plus, les réservas" des différents corps
d'armée ne seront convoquées que pour des
exercices avec l'armée nouvelle, qui ne dure-
ront que quinze jours la landwehr allemande
ne sera pas convoquée du tout; enfin, quant à
la marine, l'escadre d'évolution sera formée cette
année comme d'habitude dans le courant du
mois do mai.
NOUVELLES DU JOUR
M. le préfet de la Seine, en vue des
traités et des expropriations qui vont
résulter de l'exécution des 30 millions de
travaux de voirie compris dans l'em-
prunt, a réorganisé la commission spé-
ciale dite des indemnités, qui avait pour
mission de négocier avec les propriétaires
et locataires atteints par les percements
projetés.
Cette commission est composée de douze
membres, dont six appartiennent au con-
seil municipal; ce sont: MM. Hérold, Can-
tagrel, Potier, Forest, Martial Bernard,
Watel. Les six autres membres sont MM.
Alphand, Picard, avoué de la Ville Ar-
diot, chef du contentieux de la préfecture,
et trois ingénieurs en chef.
Divers pourparlers ayant déjà été enga-
gés avec les propriétaires de quelques-
uns des immeubles traversés par les nou-
velles voies, la commission a décidé qu'elle
siégerait, à l'avenir, toutes les semaines
au Luxembourg.
La commission municipale, dont nous
avons fait connaître hier la composition, a
été installée hier matin, à l'Hôtel de Ville
de Marseille, par M. le préfet des Bou-
ches-du-Rhône.
La commission des ilnances a été con-
voquée, séance tenante, pour le soir, à
cinq heures, à l'effet d'examiner les diver-
ses propositions faites au sujet de l'em-
prunt et perjmettre ainsi à la commission III
d'en déliberer au plus tôt.
Des perquisitions ont été opérées jeudi
dernier, à Lyon, au domicile de plusieurs
habitants, notamment MM. Saint-Maurice
et Vollet, tous deux membres du conseil
des prud'hommes Amat, ex-secretaire de
la société civile de renseignements pour
les tisseurs; Max,. tisseur, etc.
Ces perquisitions ont eu lieu, dit le Pro-
grès, sur la demande de M. le préfet du
'Rhône, dans le but de rechercher si des
sociétés des tisseurs, dissoutes par arrêtés
préfectoraux, continuent à fonctionner.
D'après le Salut public, lès personnes
sus-nommées appartiendraient à la socié-
té des veloutiers, et en même temps
qu'on procédait chez elles aux visites do-
micilaires, un arrêté préfectoral pronon-
çait la dissolution de la Société des velou-
tiers, société autorisée par arrêté du 14
lévrier 1871.
On lit dans l'Union franc-comtoise
Aujourd'hui 21 janvier, à l'église de Saint-
Maurico de Besançon, une messe noire a été dite-
à l'occasion de l'anniversaire de la mort de
Louis XVI.
L'église était comble, et Mgr le duc d'Aumale
y était au premier rang.
Le conseil municipal de Dijon vient de
repousser la proposition faite par le mi-
nistre des beaux-arts d'envoyer à Paris
les tableaux qui devaient faire partie de
l'exposition générale des_ musées de pro-
vince. Cette délibération est basée sur le
danger que pourraient faire courir le
transport aux tableaux et aux retables
demandés.
Sur la demande de la chambre de com-
merce du Havre, l'administration vient
d'autoriser la transmission des dépêches
en langage secret, échangées entre l'Eu-
rope et les pays d'outre-mer, avec arrêt et
réexpédition en France.
Des troubles ont eu lieu dans les com-
munes de Bardonnex et du Plan-les-
Ouatés, près Saint-Julien, canton de Ge-
nève, à la suite d'un arrêté du conseil'
d'Etat qui ordonnait aux maires de ces
deux communes de tenir ouverte l'église
paroissiale de Compesières, propriété in-
divise des mêmes communes, pour le bap-
tême d'un enfant. Voici à quelle occasion .°
intervint cet arrêté
Un catholique-libéral appartenant à la
paroisse de Genève, M. Maurice, voulut fai-
rebaptiser son jeune enfant dans l'église de
Compesières parle curé vieiix-càtholique
d'une autre paroisse. Devant le refus des
autorités municipales de Bardonnex et du
Plan-les.Ouates d'ouvrir l'église dont il
s'agit, M. Maurice s'adressa au conseil su-
périeur, lequel réclama immédiatement
l'intervention du conseil d'Etat. Celui-ci
demanda l'avis des conseils municipaux
des deux communes.Ces assemblées, dit le
Courrier de Genève, repoussèrent la de-
mande de M. Maurice. C'est alors qu'in-
tervint l'arrêté du conseil d'Etat ordon-
nant aux maires dé tenir leur égjise ou-
verte pour le baptême de l'enfant Mau-
rice, pour le mercredi 20 janvier, dès onze
heures du matin.
M. Vautier, président du conseil d'E-
tat, fut chargé de prendre les mesu-
res nécessaires pour assurer l'exécution
de cet, arrêté. 'Mercredi dernier eurent
lieu des scènes de violence dontle Journal
de Genève rend compte en ces termes
Mardi soir, une assemblée populaire avait eu
lieu dans l'église et avait réuni un certain nom-
bre d'habitants des deux communes de Bardon-
nax et du Plan-les-Ouates, auxquels le maire
du Plan-les-Ouates avait recommandé le calme.
L'église avait été ensuite barricadée à l'inté-
rieur et à l'extérieur, et on y avait brûlé force
soufre avant de la fermer.
Vers 10 heures du matin, les membres des
conseils municipaux des deux communes
étaient réunis à Compesières, et bientôt après
le! tocsin commençait à se-' faire entendre à
cinq reprises différentes, de sorte qu'en p6u;
de temps environ cinq cents personnes, parmi
lesquelles un certain nombre d'étrangers venus
de la Savoie •(!), s'entassaient dans les environs
de l'église on y voyait surtout un grand nom-
bre de femmes et d'enfants en proie a une vive
surexcitation.
Vers onze heures, quelques-unes des ces fem-
mes formaient une espèce de « hérisson » de?
vant la porte de l'église, déclarant qu'elle leur
appartenait et qu'on leur passerait sur le corps
pour y entrer; en même temps la plupart d'eh-
tre elles remplissaient leurs tabliers de sable et
de pierres. Les hommes avaient plutôt l'air de
pratiquer la politique de l'abstention.
Les deux maires, MM. de Montfalcon et Délê?
traz, se -trouvaient également sur les lieux'ave'c
leurs écharpes, ainsi qu'une douzaine -d'agents
de police, tous en bourgeois.
Un peu avant onze heures, une voiture qui
venait d'Arare avait été assaillie sur la route
à coups do pierres, et force lui avait été de
rétrograder; plusieurs personnes qui' se ren-
daient à pied à Compesières avaient reçu le
même accueil.
Pendant ce temps quelques personnes qui se
proposaient d'assister au baptême montaient sur
la place Neuve, à Genève,dans trois voitures,avec
le père et la mère de l'enfant, le parrain et la mar-
raine à Carouge, l'une des voitures s'arrêtait un
instant pour prendre en passant M. le curé
Marchai (qui devait célébrer la cérémonie)
et un délégué du conseil supérieur, M. Bousser.
Un peu après 11 heures, arrivait à Compeaiè-
res la voiture à deux chevaux dans laquelle se
trouvaient entre autres M. le curé Marchai, M. et
Mme Maurice et leur enfant; les autres assis-
tants suivaient à pied, leurs. voitures ayant été
laissées sur la route, près de Saconnex, au delà
d'Arve.
A son arrivée, M. Maurice descendit et, voyant
les deux maires devant l'église, il alla à eux le
chapeau à la main et leur dit que, habitant de
la paroisse et son fils y étant né, il leur de-
mandait, d'après la loi et en vertu d'une déci-
sion du conseil d'Etat, l'entrée de l'église pour
la célébration du baptême de cet enfant.
Sur la réponse de MM. les maires, que les au-
torités des deux communes avaient pris'la réso-
lution que l'église ne fût pas ouverte, M. Mau-
rice déclara qu'il prenait acte de ce refus et
qu'il se retirait.
C'est à ce moment, c'est-à-dire lorsque préci-
sément tout devait paraître terminé, que com-
mença une tumultueuse agression de la part de
la foule. M. Marchai qui, au milieu des cris et
dès huées.avait tenté de sortir de la voiture pour
dire quelques mots, fut contraint d'y rentrer
précipitamment, tandis que M. Bousser, délégué
du conseil supérieur, recevait lui-même un vio-
lent coup de canne. A peine la portière (tait-
elle refermée, qu'une mégère brisa les carreaux
de deux coups de poing et répandit à pleines
mains, à l'intérieur, du poivre destiné à attein-
dre aux yeux M. le curé de Carouge, ce qui ne
lui réussitheureusement pas. Mais M. Marchai
a eu deux doigts coupés par les éclats de verre.
Ea même temps des pierres étaient lancées
de toutes part?, et c'est sous une vér.table grêle
de projectiles que la voiture, sur le siége de
laquelle était monté M. Maurice, s'éloigna dans
la direct'on du Plan-les-Ouates.
On nous assure que M. le maire du Plan-lea-
Ouate, après ce qui avait eu lieu, a adressé à la:
foule quelques paroles,, entre autres ces mots
«Maintenant que vous' ayez fait votre devoir,
rentrez tranquillement chez vous, ils n'y revin-
dront pas.»
Le Courrier de Genève, du 21 janvier, dit
qu'à la veille des scènes de désordre qui
ont eu lieu à Compesières, les, maires de
Bardonnex et de Plan-les-Ouates, MM. De-
letraz et de 'Montfalcon, adressaient une
protestation au président et aux conseil-
lers d'Etat. Il en donne le texte. Dans cette
lettre, les deux maires déclaraient qu'ils se
voyaient dans l'obligation de s'en tenir
aux arrêtés pris par les conseils munici-
paux qu'ils président.
Dans une séance tenue mercredi soir, le
conseil d'Etat a décidé la révocation de
M. de Montfalcon comme maire de la
commune du Plan-les-Ouates, et de M.
Delétraz, comme maire de la commune de
Bardonnex.
Le département de justice etpolice avait
déjà lancé, mercredi soir cinq mandats
d'amener contre autant d'individus dont
la participation active aux désordres com-
mis à Compesières avait pu être constatée.
Jeudi, dans la matinée,- quatre de ces
individus ont été arrêtés, sans qu'il se
soit produit d'ailleurs, à cet égard, la
moindre résistance. Le cinquième était
en fuite et n'a pu être encore atteint.
Dans la soirée, la police a opéré une
sixième arrestation..
<«.
ACTES OFFICIELS
Par un décret du 22 janvier, M. le capitaine
de vaisseau Du Pin de Saint-André a été promu
au'grade de contre-amiral. Par décision du
même jour,:M. le contre-amiral Du Pin de Saint-
André a été nommé aux fonctions de major de
la flotte au port de Brest.
L'exéquatur a été accordé à MM.
Eugène Bastin, consul général du grand-du
che de Luxembourg à Paris.
Eugène Lamarque, consul de Guatémala à
Bordeaux.
A. Barbel, consul du Chili au Havre.
Godefroy Gairaud, vice-consul de Portugal à
Carcassonne.
Paul Aube, vice-consul de Russie à Toulon.
Le major James. Trevor White Andrews, vice-
consul d'Angleterre à Bayonne.
FAITS D4VERS
Voici la situation barométrique rédigée d'a-
près le Bulletin de l'Observatoire:
Le 22, à une heure du matin, le baromètre
(1) Compesières est à l'extrême frontière; la
route nationale conduisant dé Veyrier (Suisse) à
Saint-Julien, chef-lieu d'arrondissement, forme
la limite entre la France et la Suisse, et les vil-
lages français de Crevins, Bossuy et Collonges
sont très rapproches de la route.
baissait encor»; bientôt il se mettait à monter 1
avec une rapidité extraordinaire, car il rega-
gnait nmm en quelques heures. Mais il est de £
régle.que le calme ne se rétablit que lentement j i
dans les régions atmosphériques.. Toute amélio-
ration trop rapide est infailliblement suivie
d'une dépression en sens inyeise. Aussi, dès ce (
matin 23, le vent se, faisait-n sentir de nouveau
à la pointe d'Irlande.
Il est hors de doute que des gros temps arri-
vent sur la Manche et nous atteignent à notre
tour. ]
Quant à la tempête du 21 janvier» elle a filé (
dans la direction de la Méditerranée. ]
Ce matin, il est tombé une neige peu solide ]
qui a été suivie d'une -pluie légère, mais très 1
froide et très désagréable.
Si le ciel était pur; on verrait le matin Vénus
briller à l'orient d'un très bel éclat, qui a, beau- j
coup intrigué pendant l'embellie de l'autre jour.
En ce moment, les astronomes' attendent le
retour de deux comètes périodiques celle de
Tucke, qui doit être visible le soir, et cella de
Vinnecke, qui doit l'être le matin.
La clarté de la. lune nuit en ce moment aux
observations aussi bien. que les nuages; car ces
comètes seront sans doute télescopiques l'une
et l'autre.
La température si douce des jours derniers a
déjà fait éclore des hannetons. On nous en a
apporté un ca matin il a été recueilli dans le
bojs de Boulogne.
Aujourd'hui 23 janvier, le thermomètre de
la maison A. Qùeslhv rue1 de, la Bourse, mar*
qûait
A sept heures du matin, 3 degrés 0 dixième
au-dessus de zéro.
A onze heures du matin, 3 degrés 0 dixième
au-dessus de zéro.
Al heure après-midi, 4 degrés 0 dixième
au-dessus de zéro.
Hauteur barométrique, "îoS;
Service hydrométrique du bassin de la
Seine. La Marne, du côte de Chatons, atteint
les cotes de débordement. Les dernières nou-
velles font craindre qu'elle ne monte encore.
La montée totale de1 la Marflei comptée à parr
tir de dimanche dernier, commencement de là
crue, sera, probablement de deux mètres
soixante centimètres à l'échelle du pertuis de
Damery, soit une cote maximum de quatre
mètres.
Ces prévisions pourront4être aggravées de-
main dimanche ou après-demain.
L'ingénieur en chef du service de la Loire
a adressé hier matin "22 janvier,, à 9 heures, à
M. le préfet du Loiret, le texte de la dépêche
suivante qui a été (transmise à Blois» Tours,
Saumur, Angers, Ancenis et Nantes.
« Le maximum de la crue, à Orléans, a eu
lieu'hier soir à 6 hmues,
» Il s'est arrêté à,2 m. 71. ^Décroissance dé-
cidée. Ce matin, à 8 heures,<2.m. 62.
Le Courrier de Saône-et^Loire dit que le
mouvement ascensionnel des. eaux de-la tSaône
s'est continuée dans la nuit'di'u jeudi au vendre-
di, mais d'uae manière mqins prononcée que les
deux jours/ précédents. 'Les /'eaux marquaient
jeudi 4»'»V à l'étiage du pont Saint-Laurent;
vendredi,Tnatin; à la mëme^heure, elles ont at-
teint 5 mètres. La crue paraîtrait donc bientôt
arrivée; son maximum ^élévation. Mais il a
encore p1u assez abondamment, ce |qui fait
craindre une nouvelle augmentation dans le ni-
veau des eaux.
On mande de Saint-Jean!-de-Losne, le 21 jan-
vier La Sadne est débordée et croît toujours,
mais peu; de Seurre, le 21 janvier [la Saône
est complètement débordés et croît toujours;
de Verdun, 22 janvier, 6 li., matin le Doubs à
crû cette nuit Ide 16 à 18 centimètres.
Le Petit-Lyonnais ajoute que [les Mouches se-
ront probablement obligées de suspendre de
nouveau leur service par suite de la nouvelle
crue qui estsannoncôe.
VImpcerlial dauphinois nous apporte les
détails suivants sun les inondations qui vien-
nent de déso'.er cartaines parties du départe-
ment de l'Isère
Plusieurs villages de la commune de Villars-
de-Laus ont été fort éprouvés par des torrents
improvisés dans les ravins qui creusent les mon-
tagnes les chemins ont été défoncés sur plu-
sieurs'points.
Dans la ville de Vizille, les prairies et les ter-
rés arables ont été complètement submergées;
de Vizille à Vaulnaveys-le -Haut et à Vaulnaveys-
le-Bas, on ne voyait qu'unuac immense.
Lo ruisseau'do Villard-Bozon avait également
débordé, et c'est avec des crics et des cordes
qu'il a fallu opérer le sauvetage de Hla voiture
publique. qui fait le service de Pontcharra à
Grenoble.
On nous signale également un éboulement à
Goncelin, occasionné par les pluies.
D'autres éboulements ont eu lieu à Morêtel, au
Cheylas et aux Chavunas-sur-Goncelin on si-
gnale trois éboulemsnts' successifs aux Cha.-
vannes.
Il est impossible de préciser le chiffre des per-
tes occasionnées par ces inondations, mais on a
tout lieu d'espérer qu'Usera de beaucoup infé-
rieur à celui qu'accusaient des renseignements
trop hâtifs.
–Les promenaursde la jetée ont été témoins,
dimanche dernier, à Calais, pendant une demi-
heure, d'un spectacle maritime assez rare dans
nos parages.
Vers midi, on vit ven3r de l'ouest, se dirigeant
vers l'est, un banc de marsouins, sur une lon-
gueur de trois kilomètres environ. Ces cétacés
formaient une ligne droite, semblable à un ba-
taillon d'infanterie marchant par le flanc ils
émergeaient dans un mouvement de rotation
particulier àila nage du marsouin, par groupe
de quatre à|Cinq, ce qui donnait à cette colonne
l'aspect de< barils attachés à une cinquantaine
de mètres,lles uns des autres et pointillant la
mer d'une (ligne noire.
Une'geunë fille!de douze à quatorze ans s'est
présentée, jeudi dernier, dans une. sàlla d'asile
à Bordeaux. Elle a demandé aux sœurs de vouloir
bien laisser sortir la jeune L. âgée de trois
ans et demi^ qu'elle venait chercher de la part
de sa mère. Les sœurs, ne se doutant point d'a-
voir affaire à une voleuse, consentirent à lui
confier l'enfant, qui a été amenée par cette
jeune fille dans la. rue Saint-Francois-de-
Sourdis, où, après luit avoir enlevé ses boucles
d'oreilles, elle l'a abandonnée. L'enfant, s'étant
rappelée le domicile dei ses parents, a pu être
conduite à sa famille.
Une dépêche adressée fde Nice au Figaro
annonce que le village d'Entraunes, situé dans
l'arrondissement de Puget-Téniers, est presque
entièrement dévoré par les flammes. Une dépê-
che du sous-préfet annonce que sur 51 maisons,
49 sont détruites. Trois seulement étaient assu-
rées.
ASSEMBLEE NATION'AL~E.
Séance du vendredi 22 janvier 18'75.
Présidence DE M. BUFFET ET DE M. LE duc
D'AUDIFFRET-PASQUIER.
Aux tribunes, plus de monde encore, si
c'est possible qu'hier. Dans les bancs des
députés, c'est à peina si l'on remarque un
vide. M. Thiers siège du commencement
de la séance jusqu'à la &n, c'estrà-dire
jusque vers huit heures. Le bruit court
qu'il parlera,pour répondre aux attaques
si provocantes que M. de Carayon-Latour
a dirigées contre lui.
La séance est d'une longueur formidable;
elle est aussi tumultueuse que celle d'hier
a été terne et morne. La discussion est
une des plus passionnées qu'ait vues l'As-
semblée de Versailles.
Elle s'ouvre par un discours que débite
M. de Meaux et dont' on ne saisit pas bien
la nécessité. Après un passage à sensation
sur lequel il avait beaucoup compté, la
Chambre a observé un silence profond.Ce
silence a dérouté l'orateur; il s'est vu dans
la nécessité de:consulter son cahier. Quel-
ques-uns de ses collègues, après l'avoir
cuaritablementiencouragé à ne pas se gê-
ner et à lire, ont délibérément ouvert des
jouruaui, suivant en cela l'exemple de
beaucoup d'autres; à gauche et à droite on
a entamé des conversations très animées,
et la fin de la lecture a été couverte par le
bruit.
V. le nréstdent drmne(lefituTa,A'nna!At±ra -nov
laquelle M. Colas, député de l'Algérie, déclare
se démettre de son mandat de membre de 1 As-:
semblée nationale.
Avis de cette démission sera transmis à M. le
ministre de l'intériaur.
M. Vidal dépose un rapport sur le. projet de
lot relatif à la reconstitution des actes ue-retat
civil de Paris et des communes annexées.
ORGANISATION DES POUVOIRS PUBLICS
L'ordre du jour appelle. la suite de là lro 'déli-
bération sur les projets de lois relatifs à l'orga-,
nisatioû- des pouvoirs publics.
M. le vicomte de Meaux. En succédant à
cette tribune à un orateur qui sait parler com-
me il a su se battre, avec le même cœur et la
même énergie, mon premier besoin est de cons-
tater tout ce qui nous unit. Ce que l'honorable
M. de Carayon-Latour redoute'et espère, je le
redoute et je 'l'espère, et si les votes que noua
allons déposer ne sont pas pareils, nos principes
et nos sentiments sont les mêmes.
Ses répugnances contre la République qui
nous meuace inévitablement de la démagogie
pour nous conduire à la dictature, et contra
l'Empire, qui-trois fois a commencé pàr la vio-
lence pour aboutir trois fois à l'invasion étran-
gère, je les éprouve 'comme lui.
Si, le 20 novembre, la monarchie eût été pos«
sible, la prorogation des pouvoirs du maréchal
de Mac-Mahon n'eût été ni proposée ni votée.
Mais enfin, puisque malgré le généreux exemple
donné par nos princes et le loyal concours
d'hommes, séparés de nous par leurs origines
politiques, mais unis par le sentiment commun
des périls de'la patrie, il a fallu ajourner nos
espérances monarchiques, nous nous sommes
dit que'nous ne pouvions pas' refuser1 au pays
ce qui est partout et toujours le.premier besoin
et le premier droit d'un peuple un gouverne-
ment.
Non, ce gouvernement, nous* ne pouvions-le
refuser. Si nous l'eussions fait,' cette Assemblée
si grande, qui a rétabli nos finances, relevé le
crédit public, dompté la'Commurté; supprimé la
garde nationale et tenté-de si grandes réformes.
se serait éteinte dans l'impuissance. C'eût été
la banqueroute politique des honnêtes- gens.
(Très bien très bien 1 â droite.)-
Mais ce gouvernement, nous dit-on, n'est ni
définitif m défini. DënnitifT7.. Quand on nous
fait ce reproche, surtout au nom des principes
républicains, je suis tenté de m'en étonner et
je laisserai à d'autres, le soin de répondre à
l'objection. M. Thiers. président-de.la Ilépubl^t
que, ralliait lé 4 màrsl8T3, ceux qui. se 'pro-?,
mettaient un gouvernement perpétuel. '• 1
« Ce qui fait un gouvernement définitif, diw
.sait-il, c'estqu'il soit incontesté et qu'il ne.ren-
contre pas dans le pays d'autres ennemis qilô,
ceux de l'ordre social. »
Je n'ajouterai à cette citation qu'un mot;y
Combien de gouvernements se sentaient eirit-
mêmes précaires au moment -où ils se déclà.a
raient perpétuels
On noua dit encore Ce gouvernement, qui
n'est pas définitif, n'est pas même défini. Je ré*
ponds Il y a deux façons de déflnir,.tin. gouverr<
nement: en lui donnant un- nom, en l'entourant
d'institutions. ,<'
C'est ce. second moyen que vous proposa la
commission, en vous demandantd'instituer. une
seconde Chambre et de donner au Président le
droit de dissolution.
Ces institutions, vous pouvez les voter ou leg,
rejeter.
Dans le premier cas, rien .n'étant change
dans les'rapports actuels du. "Président 'aveo
l'Assemblée, puisque, les lois .que :,vpus yeterez
ne seront misesà exécution 'qu'après la retraite
de cette Assemblée, vous aurez rassuré le pays
en préparant à la volonté nationale des orga-
nes par lesquels elle puisse se manifester et
s'imposer le jour où prendront fin les pouvoirs
du maréchal.
Dans le second cas, la loi du 20 novembre
n'en subsistera pas moins, Il ne sera pas ré-
tranché un jour aux pouvoirs du maréchal
seulement'le gouvernement, vous républicains,
vous lui aurez donné le caractère le plus per-
sonnel, et, vous royalistes, vous aurez, sans
faire un pas vers la réalisation de vos espéran-
ces, infligé au pays la pire des institutions ré-
publicaines une Assemblée unique en face
un pouvoir exécutif irrévocable, indépendants
l'un de l'autre. Or, vous savez, républicains et
royalistes, ce qu'il advient alors dans le cas de
conflits.
En ne votant pas de lois constitutionnelles,;
l'Assemblée présentai ait au pays ce singulier
spectacle d un côté un soldat investi du pou-
voir sans l'avoir recherché et réclamant des
lois qui règlent et constituent l'exercice de ce
pouvoir; de l'autre, un Parlement qui a insti-
tué ce pouvoir refusant de le régler.
Je bénis la fortune qui a permis" ce pays de,
rencontrer' dans ses înalheurs.untel soldat. Je
félicite et remercie M. lu maréchal do Mac-Ma-
hon de demailder ces lois; je ne veux pas être
dé ceux qui les 1ui refusent. (Applaudissements.
à droite )
En entendant M. Lucien Brun, tout lé.'
monde a l'impression- que c'est lui le'pre-
mier qui entre dans le vif de la question. La,
Chambre entière est suspendue à sa pa-
role. Cette parole brève, nette, vive, mou,
vementée, cette attitude noble et digne,
commanderaient l'attention, alors même
que M. Lucien Brun ne serait pas le porte
voix le plus autorisé du parti qu'il repré-
sente et du personnage que représente ca,
parti.
On a beaucoup remarqué l'agitation fé-;
brile de M. le duc de Broglie, atteint, à
plusieurs reprises par l'orateur. L'ancien
vice président du conseil tressautait râ:
;tout moment, se tournait, se retournait,
cherchait une contenance; finalement,"
;il a demandé -la parole.
j M. l,ucie» Brun. On.ne sera point surpria )
ique j'aie demandé la parole quand on a cité ces
mots d'une lettre que j'ai adressée à un jour-
nal « Nous sommes gens d'honneur qui na
'reprendrons pas ce que nous avons donné. »
Je voulais expliquer le vote que nous allons,
irendre, et en meme temps dire a ceux qui m'ont
précédé à la tribune que nous ne sommas paa
divisés quant au fond, et que nous nous re-
trouverons. après ces explications et ce vote.
la main dans la main, quand il s'agira des,
grands intérêts du pays. (Mouvements di-
Aers.)
Personne n'a pu se tromper sur le sens du
voté que nous avons émis le 20 novembre,Ni noa
amis, ni nos adversaires ne se sont mépiis sur.
'nos intentions. Des :déclarations formelles, ve-
nues de l'un et de l'autre côté, le prouvent su-
rabondammènt.
nous avons voulu alors proroger les pouvoirs
du maréchal, nous n'avons jamais, entendu. 1er»
mer la porte a la monarchie.
Nous n'avons voulu que cela, et l'on n'a pas
le droit de nous, demander, autre chose. Qu'on
ne nous accuse donc pas, de manquer à des enr
gagements pris. (Mouvements.)*
« Depuis cette loi du 20 novembre, que s'est-u
passe? Il est arrivé que je ne sais par quelle^
circonstance, par quelle habileté, ceux qui',
avaient voté contré elle s'en sont accaparés pour
la diriger contre nous. (Bruit, et rires sur quej-.
bues bancs à' gauche.') ')
Alors, là où nous avions dit Organisation
des pouvoirs du maréchal, on a dit Septennat;
là où nous avions vu un moyen, nous avons
trouvé une barrière. (Nouveau bruit à gauche.)
Oui, la loi du 20 novembre ,a changé d'iuterprér
tation, du moins à nôtre sens.
Nous resterons fidèles à nos engagements, à
ce que nous avôus dit; qu'on ne nou^ demnnde_
pas, au nom de* l'honneur, de faire ce que nous
n'avons pas voulu.
Et voyez combien est périlleuse cette entati-
ve pour détourner la loi du 20 novembre du
sens qu'elle avait pour nous, pour vous, pour
ceux qui se sont refusé? à la voter! Je n'en
veux pour preuve. que le danger des questions
soulevées par votre honorable rapporteur. M. lé
rapporteur a été, en effet, aim-ni! a discuter ,es
droits de l'Assemblée vis-à-vis du maréchal du
Mac-Mahon.
Notre système à nous était le seul qui p r-
mît de ne pas entrer dans ces questions dé-
licates.
J'ai dit un des motifs pour lesquels je sup-
plie l'Assemblée de ne pas passer à la seconde
délibération; et je la supplie de ne pas conti-
nuer une discussion dont tout le monde sait
qu'elle n'aboutira pas et dans laquelle scrnient
compromises l'union de cette Assemblée (Bruit
à gauche.) et la tranquillité du pays.
Non, cette discussion n'aboutira pas et, par
cela même qu'elle est inutile, elle devient dan-
gereuse. Ce qui reste possible d'union dans
cette Assemblée peut en être rompu lo pays en
sera' agité et, pour'le pouvoir que vous voulez
maintenir, la seconde lecture est pleine de dan-
gers.
Pour rejeter ces lois, nous avons encore d'au-.
tres motifs. La question de savoir si l'Assem-
blée qui noua succédera pourra être dissoute
par le chef du pouvoir exécutif est, à notre avis
une question prématurée. Nous ne nous refu-.
sons pas à l'examiner, mais nous ne voulons
pas l'aborder en ce moment. Il nous reste assez
à faire encore. «
Quant au Sénat dont vous voulez faire le re-
fuge des conservateurs .contre le radicalisme,
je crois que ce sera là une inutilité et un'dan-
ger.
Voyez, en effet vous donnerez la .nomination
des sénateurs, au moins en grande partie, au
chef du pouvoir exécutif, sans quoi les conser-
vateurs n'en voteraient pas la création.
Eh bien, à quel moment f era-t-qn ces nomi-
nations? Avant ou après les élections généra-
les?
yoté avec la majorité^ Nous citerons
MM. An^elon, Berlet, Boucau, Brillier,
Chavassieu, Chevandier, Denfert, Ganault,
Gaudy, Jacques, Lafon de Fongaufier,
Lambert, Lherminier, Loustalot, Mazeàu,
Alphonse Picart et Turigny. Total, 17.
Les légitimistes et les bonapartistes se
sont également divisés. Nous ferons re-
marquer notamment que, dans les rangs
de la majorité, figurent des députés tels
que MM. de Castellane et de Larcy, qui
ont pris une part prépondérante au vote
du 6 janvier; ils ont dû être suivis par un
certain nombre de leurs collègues, dont
nous ne chercherons pas à retrouver les
noms, le vote du 6 janvier ayant eu lieu
par assis et levé et ne. pouvant fournir
par cela même d'indications précises.
i Les bonapartistes qui ont voté avec la
majorité sont au nombre de 10. Ce sont:
MM. André (Charente), Brame, Delisse-
Engrand, Ganivet, Hamille, Magne, Mar-
chand, Martenot, Sarrette et de Soubey-
ran.
On remarque parmi les 21 bonapartistes
'.qui ont voté contre la deuxième délibéra-
jtion des députés qui jusqu'ici n'avaient
ipas encore été classés officiellement dans
ce groupe: MM. Pouyer-Quertier, Raoul
Duval et Rivaille.
i Plusieurs légitimistes d'extrême droite
se sont abstenus: MM. de Douhet, Fres-
neau, Kergariou, Amédée Lefèvre-Ponta-
lis, de Legge, de Puiberneau, de Sainc-
thorent et de Vinols.
M. de Bourgoing, député bonapartiste,
dont l'élection est soumise à une commis-
sion d'enquête, n'a pu prendre part au
vote. MM. Dussaussoy et La Roncière Le
NoUry étaient absents par congé.
La gauche républicaine avait chargé
son président, M. Albert Grévy, d'expli-
quer les motifs qui l'ont' déterminée à vo-
ter pour la seconde lecture de la loi cons-
titutionnelle. M. Albert Grévy avait pré-
paré une déclaration que les derniers in-
cidents de la séance l'ont empêché de por-
ter à la tribune et dont nous empruntons
le texte au Siècle:
Nous repoussons de la façon la plus absolue
;le projet auquel le rapporteur de la commission
"des lois constitutionnelles a eu l'honneur d'at-
tâcher son nom. Nous le repoussons; car, à nos
yeux, chacune de ses dispositions contient une
[atteinte aux droits de la nation, et le projet,
idans son ensemble, ne fait qu'organiser lacon-
~fiscation de la souveraineté nationale.
'Commencer par dire a#ï>ays que le provisoire
'qui l'énerve va contihulFiât recevoir une consé-
Icration constitutionnelle, >décréter qu'un pevi-
pie, libre, maître de ses destinées, n'aura pas le
droit pendant six ans de se dônnér un gouver-
I nement définitif et de fixer sep institutions,
non-seulement c'est méconnaître les intérêts,
los besoins les plus pressants de ce pays,
c'est de plus et surtout, par un étrange abus
de mandat, commettre une entreprise sur ses
droits les plus incontestables.
Une Assemblée pout bien se déclarer consti-
tuante mais, si elle ne constitue pas, elle ne
saurait avoir la prétention d'imposer son im-
puissance et de mettre la souveraineté natio-
màle en interdit.
l Ajouter que dans six ans la Constitution sera
faite par les Assemblées alors existantes, par
;un Congrès composé d'une Chambre des dépù-
i tés soumise au droit de dissolution, et d'un Sé-
nat en partie nommé par le pouvoir exécutif,
élu pour l'autre partie par des électeurs privi-
légiés, des électeurs censitaires; c'est oublier
(.qu'une Constitution est l'œuvre par excellence
;de la souveraineté qu'elle ne peut être faite que
!par une Assemblée constituante élue à cet effet
Jet sortie tout entière du suffrage universel.
Rétablir le cens électoral, éluder une Consti-
tuante, se soustraire à la manifestation directe
ide la volonté nationale, c'est reprendre la tradi-
tion de 1830, perfectionnée dans l'espèce, pour
le besoin des circonstances.
Epfin, messieurs, déclarer que le pouvoir
exécutif, qui n'est- aujourd'hui et ne peut être
iqu'un simple délégué, aura le'droit exorbitant
de dissoudre à son gré et de renvoyer la Cham-
i,bre élective, issue du suffrage universel, c'est
(en fait nier la souveraineté nationale dont cette
,Chambre est l'expression c'est poser unprin-
,cipe inconnu dans les républiques, absolument'
(incompatible avec le régime républicain, et, par
'la restauration d'un privilège qui est l'attribut
essentiel ét distinctif de la royauté, laisser voir
une fois de plus que le projet de la commission
n'est qu'une préparation et un acheminement à
la monarchie,
Nous eh avons dit assez pour montrer sura-
bondamment que jamais il n'a pu entrer dans
la pensée d'un seul républicain d'accepter quoi
que, ce soit d'un pareil projet.
Mais, fidèles à notre programme république
ou dissolution, nous voulons très respectueuse-
jinent mettre l'Assemblée nationale en demeure
ide conclure elle-même, en choisissant celui des
termes du dilemme qu'elle pourra préférer. C'est
;à la seconde délibération seulement que ks
i systèmes contraires peuvent être utilement
.comparés et soumis au vote. Eh1 bien 1 qu'une,
dernière lois. cette comparaison se fasse' et
^gu'iine résolution définitive intervienne..
k Si l'un des projets parvient à réunir une ma»
'~Jorité, nous avons la. conviction que c'est la ré-
publique qui l'emportera. Si tou& sont écartés,
il ne restera plus à cette Assemblée, proclamant
elle-même son impuissance, aucune raison, au-
cun prétexte pour retenir plus longtemps un
mandat moralement épuisé.
La politique que nous suivons aujourd'hui est
exactement celle que nous suivions il y a six
mois, quand nous appuyions nos amis du cen-
tre gauche dans leur tentative constitution-
nelle. Seulement, en cas de nouvel échec, noua
espérons cette fois qu'à tous ceux qui votèrant
alors la proposition de l'honorable M. Léon
de.-Maleville, viendront patribtiquement s'ad-
joindre ceux qui ne veulent pas prolonger da-
vantage les souffranens de leurpays et l'ex-
poser peut-être à l'humiliation de nouvelles
aventures. •
Ainsi notre vote n'implique on aucune façon
l'adhésion au principe du projet de la: commis-
sion nous estimons qu'il peut être émis sans
scrupule par tous les républicains.
LETTRES D'ESPAGNE
(De notre correspondant spécial.)
Madriâ, 18 janvier.
C'est décidément demain que le roi se
mettra en route pour le Nord, si sondé-
part n'est pas empêché par de nouveaux
contre-temps. On avait l'intention de le
faire partir aujourd'hui, mais il a fallu
laisser aux troupes le temps de' garnir
presque toute la route de Madrid à Sara-
gosse. Il eût été fort imprudent de laisser
le souverain s'aventurer sur cette ligne
sans avoir auparavant pris des précau-
tions militaires sérieuses. Je ne sais même
pas s'il aurait été possible de forcer tous
les employés à faire le service. Vous de-
,vinez pourquoi.
Nous avions cru jusqu'ici qu'il ne fallait
pas beaucoup s'inquiéter du dernier bando
de LizaVraga. On ne pourrait pas suppo-
ser, malgré la réputation sinistre de ce
vieux dévot, qu'il pousserait la hardiesse
et la cruauté jusqu'à faire exécuter ses
menaces. La férocité même dé son lan-
gage rassurait tout le monde. Cela était
trop affreux pour paraitre vraisemblable.
Mais vous savez comment nous avons été
brusquement détrompés. Une vingtaine
de ses partisans (peut-être moins, peut-
être davantage), ayant subitement envahi
la petite station de Motres, se sont empa-
rés de tous les hommes de service et ils
ont fuçillé sur-le-champ l'un de ces mal-:
heureux, l'employé du télégraphe. Les
autres ont été emmenés; où? je l'ignore;
dans la montagne, sans doute, et ce mot
fait frémir quand il s'agit de montagnes
habitées par le fanatique Lizarraga; Quant
au chef de la gare, un prêtre l'avait déjà
confessé (car on se munit toujours d'un
prêtre pour ces expéditions) et on l'avait
fait mettre à genoux pour recevoir la dé-
charge mortelle, quand un officier carlis-
te, qui l'avait reconnu pour ami ou pa-
rent, demanda et obtint sa grâce. Jugez de
l'impression produite sur tout lé personnel
de la compagnie! Un instant l'on craignit
que la terreur ne fît le vide sur toute la
ligne, mais aucune déf ection^ie s'est pro-
duite. Les employés sont. restés à leur
poste avec un héroïsme admirable. Proté-
gés aujourd'hui par des forces respecta-
tables, que deviendront-ils plus tard, si on
est obligé de dégarnir la ligne pour des
raisons militaires ? Ce n'est pas la pre-
mière fois que les carlistes fusillent ainsi
des hommes inoffensifs, dont le seul cri-
me est d'être restés fidèles à leur de-
voir professionnel: mais, sans parler des
cruautés du déserteur Lozàno, on n'avait
entendu parler jusqu'ici que de meurtres
commis par des bandes irrégulières, tan-
dis que l'assassinat de l'employé de Mo-
tres paraît être la première application
d'un système de terreur prémédité par le
chef d'un corps d'armée à peu près orga-
nisé.
Je n'avais pas voulu jusqu'à présent me
donner la peine de traduire l'ordre en
vertu duquel ont agi les soldats de Lizar-
raga, parce que, je l'avoue franchement,
il ne m'était pas venu à l'idée de le pren-
dre au sérieux, mais il me semble bon
maintenant delà faire connaître^ Il est
daté du quartier général de Lucena, le
17 décembre, et il est ainsi conçu
«Art. 1er. A partir du 15 janvier pro-
chain, les yoies ferrées qui de Madrid se
dirigent à Valence, Alicante, Garthagène
et Saragosse arrêteront complètement la
circulation des trains.
> Art. 2. Les employés et dépendants des
chemins de fer, sans distinction de caté-
gorie, qui, à partir de la date fixée dans
l'article précédent, seront rencontrés à
une lieue à droite ou à gauche de la voie,
seront fusillés, après constatation de leur
identité, sans qu'il leur soit laissé plus
d'une heure pour se préparer à mourir en
chrétien.
» Art. 3. Tous les trains de marchandi-
ses qui seront capturés par les forces
royales seront aussitôt incendiés.
» Art. 4. Les trains de passagers seront
arrêtés, et ils seront également incendiés,
aussitôt que les voyageurs auront re-
cueilli leurs bagages. A partir du 1er fé-
vrier prochain, tous les voyageurs,' sans
distinction de rang, sexe ou âge, seront
conduits, par la force qui les aura captu-
rés, à deux journées de marche de,la voie,
et là ils seront mis en liberté.
» Art. 5. Leurs Excellences MM. les gé-
néraux, les chefs judiciaires et même les
volontaires de l'armée royale du centre
sont autorisés à exécuter les articles pré-
cédents. >
Vous ne vous étonnerez point de mon
incrédulité en présence d'un pareil docu-
ment. Lorsque les journaux de Madrid
l'ont publié le 7 ou le 8 de ce mois, je
l'ai pris pour une mystification calom-
nieuse (1). Malheureusement le crime de
| Mo très prouve qu'il n'y avait pas là de
:calomnie. Vous ne vousétonnerez pas non
plus de ce que je n'ajoute aucun com-
mentaire à ma traduction littérale. Toute
;rétlexion paraîtrait fade auprès de cette
chose monstrueuse.
Ici, ce qui paraît préoccuper le plus la
grande majorité du public, c'est le détail
des premières fêtes royales, si toutefois
on peut donner ce nom aux représenta-
tions de gala offerts à la nouvelle cour par
l'Opéra et le Théâtre espagnol. Jo ne puis
malheureusement pas vous parler de ces
brillantes solennités dramatiques, parce
que je ne les ai pas vues. Pourtant je fi-
gurais au nombre des douze invités de la
presse (on me l'assure du moins), maisnos
malheureux billets se sont perdus en rou-
te, entre le secrétariat du ministère et
l'hôtel de Paris où on avait eu l'obligean-
ce de les envoyer. Qui les a trouvés? Je
l'ignore. Ces messieurs nous ont fait sans
doute l'honneur de nous emprunter nos
noms en même temps que nos cartes d'en-
trée, et cela les a peut-être amusés. Mais
franchement il m'est impossible de leur
envier le plaisir qu'ils ont pris.
Quelques-uns de nos collègues, enflam-
més d'une ardeur professionnelle que j'ad-
mire, ont eu le courage de se présenter
sans billet à la porte du théâtre et de
faire entendre des réclamations, dont l'é-
cho est parvenu jusqu'aux oreilles du roi.
Celui-ci, qui décidément semble être le
plus aimable des princes, a donné l'ordre
d'ofirir à ces victimes non résignées la
grande loge d'avant-scène dont la famille
royale se sert dans les soirées ordinaires.
On ne pouvait plus galamment réparer
une faute commise par des subalternes.
Vous parlerai-je maintenant de quel-
ques décrets qui ont paru dans la Gazette
officielle? Non vraiment, car je ne puis
rien ajouter à ce que vous en avez déjà
pu dire. Celui qui concerne les finances du
clergé est intéressant parce qu'il fait pres-
sentir le retour aux traditions du règne
d'Isabelle. Mais il faut avouer qu'en soi-
même il est fort juste. Quant à l'arrange-
ment fait avec les possesseurs de coupons
échus, tout ce qu'on peut dire c'est qu'il
était impossible dé faire' davantage. En
somme, le ministèr.e n'a pas encore donné
prise à l'opposition. Après huit jours de
vie il ert encore sage, prudent, et même
presque libéral puisqu'il a laissé reparaî-
tre les journaux prbtestants.
Malheureusement pour lui, il a beau-
coup trop d'amis. Jamais M. Canova del
Câstillo ne s'était douté qu'il y eût un si
grand nombre d'alphonsistes passionnés
dans cette foule inquiète qui vit de. la
chasse aux emplois. C'est une affluence,
une cohue dont on n'avait pas idée, même
pendant les beaux jours du canfonaliëme,'
quand le célèbre Estevahez était forcé de
se servir de la force pour repousser l'as-
saut des prétendants. Les journaux offi-
cieux se plaignent d'un excès de zèle qui
les gêne et les inquiète. Il y a trop d'una-
nimité en ce moment dans les zones qui
avoisinent le pouvoir. Mais csla changera
bientôt, croyez-moi. Déjà il me semble
voir se dessinèr des partis dans le parti
alphonsiste lui-même. Cela est encore va-
gue; mais cela prendra corps certaine-
ment.'Qui sait même si un jour la plus
grande partie des purs alphonsistes de la
veille et du jour ne seront pas dans l'oppo-
sition? Cela n'aurait rien de surprenant,
pour peu que le roi fasse un peu trop pen-
(1) C'est une erreur du même genre qui m'a
empêché de vous parler plus tôt de cette exé-
cut'on d'un employé du télégraphe. Je n'y croyais
pas. On raconte tant de mensonges à Madrid
que les nouveaùx-vëhus seuls y trouvent beau-
coup de matière à copie. Les habitués n'osent
presque rien dire de ce qu'ils entendent nfflr
mer ou de ce qu'ils lisent. Mais cette fois. après
deux jours de doute, j'ai appris de Ja bouche
même à'un' employé supérieur du chemin do
fer que le meurtre avait été réellement commis
et que Lizarraga avait réellement fait le bando
publié par les journaux de Madrid.
cher la balance du côté libéral. Dans ce
cas, c'est aux révolutionnaires qu'appar-
tiendrait le soin de défendre Alphonse XII.
Telle est du moins, paraît-il, l'opinion de
Mme la duchesse de la Torre, qui ne se
gêne pas pour le dire.
Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit en
ce moment. Il s'agit dé battre les carlistes,
le reste n'est que bagatelle.
Le Tiempo commente àssez longuement
le décret relatif au payement dés trois
coupons de la dette extérieure. Il donne à
cette occasion les chiffres suivants
Le total des trois coupons échus s'élève
à 5,631,250 livres sterling. Or, comme les
pagarès offerts en payement n'atteignent
que le chiffre de 3,618,264 liv. st., il y aune
différence de 2,012,986 liv. st., valeur réelle
qu'il faudra payer en titres ayant une va-
leur nominale de 9,045,658 livres, au chan-
ge de 51 deniers (pence) par piastre forte.
La date à laquelle on calcule l'escompte
annuel des pagarès du'RioTinto a été
fixée au 4 avril, époque à laquelle M. Eche-
garay a donné son approbation au pre-
mier contrat.
On a de nouveau offert au général Pavia
le commandement du corps d'armée du
Nord, qui se trouve actuellement sous les
ordres du général Pieltain. Le général
Pavia a, encore refusé.
L'agence Havas nous communique les
dépêches suivantes
Madrid, 22 janvier, soir.
Les probabilités de pacification augmentent.
Le roi passera demain l'armée eiï revue &
Peralta.
Le télégramme suivant, daté de Saragosse le
22 janvier, à 6 heures 15 minutes, soir, a été
adressé à S. M. la reine Isabelle à Paris
« S. M; le roi, avec son quartier .royal, le mf-
nistre de la guerre ét le général en, chef, escor-
té par trois escadrons, est parti' à huit' heures
du matin de Tudela pour Peralta. où- il passera'
i en revue l'armé^ à laquelle il fera une alloou-
tion. Il adressera aussi un discours aux habi-
tants du pays en guerre.
» Le roi, en entrant dans l'Aragon, a été ac-
cueilli par des manifestations enthousiastes et
spontanées 'd'adhésion et de sympathie, et il
en est parti en laissant des souvenirs re-
connaissants de sa bonté et de ses excellentes
dispositions.
» II m'a ordonné de faire connaître à Votre
Majesté que s'il ne lui écrit pas, c'est parce qu'il
se reposait sur les télégrammes que nous \ous
avons envoyés chaque jour. Du reste, il porte'
toujours Votre .Majesté dans son coeur et dans
sa mémoire. »
Tudela, 21 janvier.
(Arrivée seulement le 23 à 9 h. du soir)J
Des salves d'artillerie ont salué l'arrivée du
roi qui s'est rendu dans la ville au milieu d'une
haie de soldats. Sa Majesté est allée immédiate-
ment à- l'église. Actuellement les troupes défi-
lent devant le roi.
Alphonse XII ira demain à Tafalla, ensuite à
Logrono, Valladolid, Burgos et Madrid, sauf in-
cidents imprévus.
Berlin, 22 janvier, soh\
On mande de Madrid que les carlistes ont me-
nacé, pour le cas où Zarauz serait bombardé,
d'exercer des représailles contre les nationaux
allemands qui résident dans cette ville, notam-
ment contre le capitaine Zeppelin et contre plu-
sieurs matelots de l'équipage du Gustav. En pré-
sence de ces menaces, le gouvernement alle-
mand, redoutant de compromettre la sécurité de
ses nationaux et de les exposer à un danger de
mort, a cru devoir ajourner jusqu'à nouvel or-
dre les mesures projetées.
On lit dans le Mémorial diplomatique: i.
Plusieurs journaux français ont répandu tout
récemment des bruits qui représenteraient l'Al-
magne comme projetant des concentrations de
troupes sur les bords du Rhin, et d'autres me-
sures d'un caractère plus ou moins belliqueux.
Il importe de prémunir l'opinion publique con-
tre dé pareilles rumeurs, qui n'ont aucune es-
pèce de fondement. Ainsi il est très positif qu'il
n'est nullement question de l'établissement d'un
|grand camp allemand sur la rive gauche du
`Rhin. De plus, les réservas" des différents corps
d'armée ne seront convoquées que pour des
exercices avec l'armée nouvelle, qui ne dure-
ront que quinze jours la landwehr allemande
ne sera pas convoquée du tout; enfin, quant à
la marine, l'escadre d'évolution sera formée cette
année comme d'habitude dans le courant du
mois do mai.
NOUVELLES DU JOUR
M. le préfet de la Seine, en vue des
traités et des expropriations qui vont
résulter de l'exécution des 30 millions de
travaux de voirie compris dans l'em-
prunt, a réorganisé la commission spé-
ciale dite des indemnités, qui avait pour
mission de négocier avec les propriétaires
et locataires atteints par les percements
projetés.
Cette commission est composée de douze
membres, dont six appartiennent au con-
seil municipal; ce sont: MM. Hérold, Can-
tagrel, Potier, Forest, Martial Bernard,
Watel. Les six autres membres sont MM.
Alphand, Picard, avoué de la Ville Ar-
diot, chef du contentieux de la préfecture,
et trois ingénieurs en chef.
Divers pourparlers ayant déjà été enga-
gés avec les propriétaires de quelques-
uns des immeubles traversés par les nou-
velles voies, la commission a décidé qu'elle
siégerait, à l'avenir, toutes les semaines
au Luxembourg.
La commission municipale, dont nous
avons fait connaître hier la composition, a
été installée hier matin, à l'Hôtel de Ville
de Marseille, par M. le préfet des Bou-
ches-du-Rhône.
La commission des ilnances a été con-
voquée, séance tenante, pour le soir, à
cinq heures, à l'effet d'examiner les diver-
ses propositions faites au sujet de l'em-
prunt et perjmettre ainsi à la commission III
d'en déliberer au plus tôt.
Des perquisitions ont été opérées jeudi
dernier, à Lyon, au domicile de plusieurs
habitants, notamment MM. Saint-Maurice
et Vollet, tous deux membres du conseil
des prud'hommes Amat, ex-secretaire de
la société civile de renseignements pour
les tisseurs; Max,. tisseur, etc.
Ces perquisitions ont eu lieu, dit le Pro-
grès, sur la demande de M. le préfet du
'Rhône, dans le but de rechercher si des
sociétés des tisseurs, dissoutes par arrêtés
préfectoraux, continuent à fonctionner.
D'après le Salut public, lès personnes
sus-nommées appartiendraient à la socié-
té des veloutiers, et en même temps
qu'on procédait chez elles aux visites do-
micilaires, un arrêté préfectoral pronon-
çait la dissolution de la Société des velou-
tiers, société autorisée par arrêté du 14
lévrier 1871.
On lit dans l'Union franc-comtoise
Aujourd'hui 21 janvier, à l'église de Saint-
Maurico de Besançon, une messe noire a été dite-
à l'occasion de l'anniversaire de la mort de
Louis XVI.
L'église était comble, et Mgr le duc d'Aumale
y était au premier rang.
Le conseil municipal de Dijon vient de
repousser la proposition faite par le mi-
nistre des beaux-arts d'envoyer à Paris
les tableaux qui devaient faire partie de
l'exposition générale des_ musées de pro-
vince. Cette délibération est basée sur le
danger que pourraient faire courir le
transport aux tableaux et aux retables
demandés.
Sur la demande de la chambre de com-
merce du Havre, l'administration vient
d'autoriser la transmission des dépêches
en langage secret, échangées entre l'Eu-
rope et les pays d'outre-mer, avec arrêt et
réexpédition en France.
Des troubles ont eu lieu dans les com-
munes de Bardonnex et du Plan-les-
Ouatés, près Saint-Julien, canton de Ge-
nève, à la suite d'un arrêté du conseil'
d'Etat qui ordonnait aux maires de ces
deux communes de tenir ouverte l'église
paroissiale de Compesières, propriété in-
divise des mêmes communes, pour le bap-
tême d'un enfant. Voici à quelle occasion .°
intervint cet arrêté
Un catholique-libéral appartenant à la
paroisse de Genève, M. Maurice, voulut fai-
rebaptiser son jeune enfant dans l'église de
Compesières parle curé vieiix-càtholique
d'une autre paroisse. Devant le refus des
autorités municipales de Bardonnex et du
Plan-les.Ouates d'ouvrir l'église dont il
s'agit, M. Maurice s'adressa au conseil su-
périeur, lequel réclama immédiatement
l'intervention du conseil d'Etat. Celui-ci
demanda l'avis des conseils municipaux
des deux communes.Ces assemblées, dit le
Courrier de Genève, repoussèrent la de-
mande de M. Maurice. C'est alors qu'in-
tervint l'arrêté du conseil d'Etat ordon-
nant aux maires dé tenir leur égjise ou-
verte pour le baptême de l'enfant Mau-
rice, pour le mercredi 20 janvier, dès onze
heures du matin.
M. Vautier, président du conseil d'E-
tat, fut chargé de prendre les mesu-
res nécessaires pour assurer l'exécution
de cet, arrêté. 'Mercredi dernier eurent
lieu des scènes de violence dontle Journal
de Genève rend compte en ces termes
Mardi soir, une assemblée populaire avait eu
lieu dans l'église et avait réuni un certain nom-
bre d'habitants des deux communes de Bardon-
nax et du Plan-les-Ouates, auxquels le maire
du Plan-les-Ouates avait recommandé le calme.
L'église avait été ensuite barricadée à l'inté-
rieur et à l'extérieur, et on y avait brûlé force
soufre avant de la fermer.
Vers 10 heures du matin, les membres des
conseils municipaux des deux communes
étaient réunis à Compesières, et bientôt après
le! tocsin commençait à se-' faire entendre à
cinq reprises différentes, de sorte qu'en p6u;
de temps environ cinq cents personnes, parmi
lesquelles un certain nombre d'étrangers venus
de la Savoie •(!), s'entassaient dans les environs
de l'église on y voyait surtout un grand nom-
bre de femmes et d'enfants en proie a une vive
surexcitation.
Vers onze heures, quelques-unes des ces fem-
mes formaient une espèce de « hérisson » de?
vant la porte de l'église, déclarant qu'elle leur
appartenait et qu'on leur passerait sur le corps
pour y entrer; en même temps la plupart d'eh-
tre elles remplissaient leurs tabliers de sable et
de pierres. Les hommes avaient plutôt l'air de
pratiquer la politique de l'abstention.
Les deux maires, MM. de Montfalcon et Délê?
traz, se -trouvaient également sur les lieux'ave'c
leurs écharpes, ainsi qu'une douzaine -d'agents
de police, tous en bourgeois.
Un peu avant onze heures, une voiture qui
venait d'Arare avait été assaillie sur la route
à coups do pierres, et force lui avait été de
rétrograder; plusieurs personnes qui' se ren-
daient à pied à Compesières avaient reçu le
même accueil.
Pendant ce temps quelques personnes qui se
proposaient d'assister au baptême montaient sur
la place Neuve, à Genève,dans trois voitures,avec
le père et la mère de l'enfant, le parrain et la mar-
raine à Carouge, l'une des voitures s'arrêtait un
instant pour prendre en passant M. le curé
Marchai (qui devait célébrer la cérémonie)
et un délégué du conseil supérieur, M. Bousser.
Un peu après 11 heures, arrivait à Compeaiè-
res la voiture à deux chevaux dans laquelle se
trouvaient entre autres M. le curé Marchai, M. et
Mme Maurice et leur enfant; les autres assis-
tants suivaient à pied, leurs. voitures ayant été
laissées sur la route, près de Saconnex, au delà
d'Arve.
A son arrivée, M. Maurice descendit et, voyant
les deux maires devant l'église, il alla à eux le
chapeau à la main et leur dit que, habitant de
la paroisse et son fils y étant né, il leur de-
mandait, d'après la loi et en vertu d'une déci-
sion du conseil d'Etat, l'entrée de l'église pour
la célébration du baptême de cet enfant.
Sur la réponse de MM. les maires, que les au-
torités des deux communes avaient pris'la réso-
lution que l'église ne fût pas ouverte, M. Mau-
rice déclara qu'il prenait acte de ce refus et
qu'il se retirait.
C'est à ce moment, c'est-à-dire lorsque préci-
sément tout devait paraître terminé, que com-
mença une tumultueuse agression de la part de
la foule. M. Marchai qui, au milieu des cris et
dès huées.avait tenté de sortir de la voiture pour
dire quelques mots, fut contraint d'y rentrer
précipitamment, tandis que M. Bousser, délégué
du conseil supérieur, recevait lui-même un vio-
lent coup de canne. A peine la portière (tait-
elle refermée, qu'une mégère brisa les carreaux
de deux coups de poing et répandit à pleines
mains, à l'intérieur, du poivre destiné à attein-
dre aux yeux M. le curé de Carouge, ce qui ne
lui réussitheureusement pas. Mais M. Marchai
a eu deux doigts coupés par les éclats de verre.
Ea même temps des pierres étaient lancées
de toutes part?, et c'est sous une vér.table grêle
de projectiles que la voiture, sur le siége de
laquelle était monté M. Maurice, s'éloigna dans
la direct'on du Plan-les-Ouates.
On nous assure que M. le maire du Plan-lea-
Ouate, après ce qui avait eu lieu, a adressé à la:
foule quelques paroles,, entre autres ces mots
«Maintenant que vous' ayez fait votre devoir,
rentrez tranquillement chez vous, ils n'y revin-
dront pas.»
Le Courrier de Genève, du 21 janvier, dit
qu'à la veille des scènes de désordre qui
ont eu lieu à Compesières, les, maires de
Bardonnex et de Plan-les-Ouates, MM. De-
letraz et de 'Montfalcon, adressaient une
protestation au président et aux conseil-
lers d'Etat. Il en donne le texte. Dans cette
lettre, les deux maires déclaraient qu'ils se
voyaient dans l'obligation de s'en tenir
aux arrêtés pris par les conseils munici-
paux qu'ils président.
Dans une séance tenue mercredi soir, le
conseil d'Etat a décidé la révocation de
M. de Montfalcon comme maire de la
commune du Plan-les-Ouates, et de M.
Delétraz, comme maire de la commune de
Bardonnex.
Le département de justice etpolice avait
déjà lancé, mercredi soir cinq mandats
d'amener contre autant d'individus dont
la participation active aux désordres com-
mis à Compesières avait pu être constatée.
Jeudi, dans la matinée,- quatre de ces
individus ont été arrêtés, sans qu'il se
soit produit d'ailleurs, à cet égard, la
moindre résistance. Le cinquième était
en fuite et n'a pu être encore atteint.
Dans la soirée, la police a opéré une
sixième arrestation..
<«.
ACTES OFFICIELS
Par un décret du 22 janvier, M. le capitaine
de vaisseau Du Pin de Saint-André a été promu
au'grade de contre-amiral. Par décision du
même jour,:M. le contre-amiral Du Pin de Saint-
André a été nommé aux fonctions de major de
la flotte au port de Brest.
L'exéquatur a été accordé à MM.
Eugène Bastin, consul général du grand-du
che de Luxembourg à Paris.
Eugène Lamarque, consul de Guatémala à
Bordeaux.
A. Barbel, consul du Chili au Havre.
Godefroy Gairaud, vice-consul de Portugal à
Carcassonne.
Paul Aube, vice-consul de Russie à Toulon.
Le major James. Trevor White Andrews, vice-
consul d'Angleterre à Bayonne.
FAITS D4VERS
Voici la situation barométrique rédigée d'a-
près le Bulletin de l'Observatoire:
Le 22, à une heure du matin, le baromètre
(1) Compesières est à l'extrême frontière; la
route nationale conduisant dé Veyrier (Suisse) à
Saint-Julien, chef-lieu d'arrondissement, forme
la limite entre la France et la Suisse, et les vil-
lages français de Crevins, Bossuy et Collonges
sont très rapproches de la route.
baissait encor»; bientôt il se mettait à monter 1
avec une rapidité extraordinaire, car il rega-
gnait nmm en quelques heures. Mais il est de £
régle.que le calme ne se rétablit que lentement j i
dans les régions atmosphériques.. Toute amélio-
ration trop rapide est infailliblement suivie
d'une dépression en sens inyeise. Aussi, dès ce (
matin 23, le vent se, faisait-n sentir de nouveau
à la pointe d'Irlande.
Il est hors de doute que des gros temps arri-
vent sur la Manche et nous atteignent à notre
tour. ]
Quant à la tempête du 21 janvier» elle a filé (
dans la direction de la Méditerranée. ]
Ce matin, il est tombé une neige peu solide ]
qui a été suivie d'une -pluie légère, mais très 1
froide et très désagréable.
Si le ciel était pur; on verrait le matin Vénus
briller à l'orient d'un très bel éclat, qui a, beau- j
coup intrigué pendant l'embellie de l'autre jour.
En ce moment, les astronomes' attendent le
retour de deux comètes périodiques celle de
Tucke, qui doit être visible le soir, et cella de
Vinnecke, qui doit l'être le matin.
La clarté de la. lune nuit en ce moment aux
observations aussi bien. que les nuages; car ces
comètes seront sans doute télescopiques l'une
et l'autre.
La température si douce des jours derniers a
déjà fait éclore des hannetons. On nous en a
apporté un ca matin il a été recueilli dans le
bojs de Boulogne.
Aujourd'hui 23 janvier, le thermomètre de
la maison A. Qùeslhv rue1 de, la Bourse, mar*
qûait
A sept heures du matin, 3 degrés 0 dixième
au-dessus de zéro.
A onze heures du matin, 3 degrés 0 dixième
au-dessus de zéro.
Al heure après-midi, 4 degrés 0 dixième
au-dessus de zéro.
Hauteur barométrique, "îoS;
Service hydrométrique du bassin de la
Seine. La Marne, du côte de Chatons, atteint
les cotes de débordement. Les dernières nou-
velles font craindre qu'elle ne monte encore.
La montée totale de1 la Marflei comptée à parr
tir de dimanche dernier, commencement de là
crue, sera, probablement de deux mètres
soixante centimètres à l'échelle du pertuis de
Damery, soit une cote maximum de quatre
mètres.
Ces prévisions pourront4être aggravées de-
main dimanche ou après-demain.
L'ingénieur en chef du service de la Loire
a adressé hier matin "22 janvier,, à 9 heures, à
M. le préfet du Loiret, le texte de la dépêche
suivante qui a été (transmise à Blois» Tours,
Saumur, Angers, Ancenis et Nantes.
« Le maximum de la crue, à Orléans, a eu
lieu'hier soir à 6 hmues,
» Il s'est arrêté à,2 m. 71. ^Décroissance dé-
cidée. Ce matin, à 8 heures,<2.m. 62.
Le Courrier de Saône-et^Loire dit que le
mouvement ascensionnel des. eaux de-la tSaône
s'est continuée dans la nuit'di'u jeudi au vendre-
di, mais d'uae manière mqins prononcée que les
deux jours/ précédents. 'Les /'eaux marquaient
jeudi 4»'»V à l'étiage du pont Saint-Laurent;
vendredi,Tnatin; à la mëme^heure, elles ont at-
teint 5 mètres. La crue paraîtrait donc bientôt
arrivée; son maximum ^élévation. Mais il a
encore p1u assez abondamment, ce |qui fait
craindre une nouvelle augmentation dans le ni-
veau des eaux.
On mande de Saint-Jean!-de-Losne, le 21 jan-
vier La Sadne est débordée et croît toujours,
mais peu; de Seurre, le 21 janvier [la Saône
est complètement débordés et croît toujours;
de Verdun, 22 janvier, 6 li., matin le Doubs à
crû cette nuit Ide 16 à 18 centimètres.
Le Petit-Lyonnais ajoute que [les Mouches se-
ront probablement obligées de suspendre de
nouveau leur service par suite de la nouvelle
crue qui estsannoncôe.
VImpcerlial dauphinois nous apporte les
détails suivants sun les inondations qui vien-
nent de déso'.er cartaines parties du départe-
ment de l'Isère
Plusieurs villages de la commune de Villars-
de-Laus ont été fort éprouvés par des torrents
improvisés dans les ravins qui creusent les mon-
tagnes les chemins ont été défoncés sur plu-
sieurs'points.
Dans la ville de Vizille, les prairies et les ter-
rés arables ont été complètement submergées;
de Vizille à Vaulnaveys-le -Haut et à Vaulnaveys-
le-Bas, on ne voyait qu'unuac immense.
Lo ruisseau'do Villard-Bozon avait également
débordé, et c'est avec des crics et des cordes
qu'il a fallu opérer le sauvetage de Hla voiture
publique. qui fait le service de Pontcharra à
Grenoble.
On nous signale également un éboulement à
Goncelin, occasionné par les pluies.
D'autres éboulements ont eu lieu à Morêtel, au
Cheylas et aux Chavunas-sur-Goncelin on si-
gnale trois éboulemsnts' successifs aux Cha.-
vannes.
Il est impossible de préciser le chiffre des per-
tes occasionnées par ces inondations, mais on a
tout lieu d'espérer qu'Usera de beaucoup infé-
rieur à celui qu'accusaient des renseignements
trop hâtifs.
–Les promenaursde la jetée ont été témoins,
dimanche dernier, à Calais, pendant une demi-
heure, d'un spectacle maritime assez rare dans
nos parages.
Vers midi, on vit ven3r de l'ouest, se dirigeant
vers l'est, un banc de marsouins, sur une lon-
gueur de trois kilomètres environ. Ces cétacés
formaient une ligne droite, semblable à un ba-
taillon d'infanterie marchant par le flanc ils
émergeaient dans un mouvement de rotation
particulier àila nage du marsouin, par groupe
de quatre à|Cinq, ce qui donnait à cette colonne
l'aspect de< barils attachés à une cinquantaine
de mètres,lles uns des autres et pointillant la
mer d'une (ligne noire.
Une'geunë fille!de douze à quatorze ans s'est
présentée, jeudi dernier, dans une. sàlla d'asile
à Bordeaux. Elle a demandé aux sœurs de vouloir
bien laisser sortir la jeune L. âgée de trois
ans et demi^ qu'elle venait chercher de la part
de sa mère. Les sœurs, ne se doutant point d'a-
voir affaire à une voleuse, consentirent à lui
confier l'enfant, qui a été amenée par cette
jeune fille dans la. rue Saint-Francois-de-
Sourdis, où, après luit avoir enlevé ses boucles
d'oreilles, elle l'a abandonnée. L'enfant, s'étant
rappelée le domicile dei ses parents, a pu être
conduite à sa famille.
Une dépêche adressée fde Nice au Figaro
annonce que le village d'Entraunes, situé dans
l'arrondissement de Puget-Téniers, est presque
entièrement dévoré par les flammes. Une dépê-
che du sous-préfet annonce que sur 51 maisons,
49 sont détruites. Trois seulement étaient assu-
rées.
ASSEMBLEE NATION'AL~E.
Séance du vendredi 22 janvier 18'75.
Présidence DE M. BUFFET ET DE M. LE duc
D'AUDIFFRET-PASQUIER.
Aux tribunes, plus de monde encore, si
c'est possible qu'hier. Dans les bancs des
députés, c'est à peina si l'on remarque un
vide. M. Thiers siège du commencement
de la séance jusqu'à la &n, c'estrà-dire
jusque vers huit heures. Le bruit court
qu'il parlera,pour répondre aux attaques
si provocantes que M. de Carayon-Latour
a dirigées contre lui.
La séance est d'une longueur formidable;
elle est aussi tumultueuse que celle d'hier
a été terne et morne. La discussion est
une des plus passionnées qu'ait vues l'As-
semblée de Versailles.
Elle s'ouvre par un discours que débite
M. de Meaux et dont' on ne saisit pas bien
la nécessité. Après un passage à sensation
sur lequel il avait beaucoup compté, la
Chambre a observé un silence profond.Ce
silence a dérouté l'orateur; il s'est vu dans
la nécessité de:consulter son cahier. Quel-
ques-uns de ses collègues, après l'avoir
cuaritablementiencouragé à ne pas se gê-
ner et à lire, ont délibérément ouvert des
jouruaui, suivant en cela l'exemple de
beaucoup d'autres; à gauche et à droite on
a entamé des conversations très animées,
et la fin de la lecture a été couverte par le
bruit.
V. le nréstdent drmne(lefituTa,A'nna!At±ra -nov
laquelle M. Colas, député de l'Algérie, déclare
se démettre de son mandat de membre de 1 As-:
semblée nationale.
Avis de cette démission sera transmis à M. le
ministre de l'intériaur.
M. Vidal dépose un rapport sur le. projet de
lot relatif à la reconstitution des actes ue-retat
civil de Paris et des communes annexées.
ORGANISATION DES POUVOIRS PUBLICS
L'ordre du jour appelle. la suite de là lro 'déli-
bération sur les projets de lois relatifs à l'orga-,
nisatioû- des pouvoirs publics.
M. le vicomte de Meaux. En succédant à
cette tribune à un orateur qui sait parler com-
me il a su se battre, avec le même cœur et la
même énergie, mon premier besoin est de cons-
tater tout ce qui nous unit. Ce que l'honorable
M. de Carayon-Latour redoute'et espère, je le
redoute et je 'l'espère, et si les votes que noua
allons déposer ne sont pas pareils, nos principes
et nos sentiments sont les mêmes.
Ses répugnances contre la République qui
nous meuace inévitablement de la démagogie
pour nous conduire à la dictature, et contra
l'Empire, qui-trois fois a commencé pàr la vio-
lence pour aboutir trois fois à l'invasion étran-
gère, je les éprouve 'comme lui.
Si, le 20 novembre, la monarchie eût été pos«
sible, la prorogation des pouvoirs du maréchal
de Mac-Mahon n'eût été ni proposée ni votée.
Mais enfin, puisque malgré le généreux exemple
donné par nos princes et le loyal concours
d'hommes, séparés de nous par leurs origines
politiques, mais unis par le sentiment commun
des périls de'la patrie, il a fallu ajourner nos
espérances monarchiques, nous nous sommes
dit que'nous ne pouvions pas' refuser1 au pays
ce qui est partout et toujours le.premier besoin
et le premier droit d'un peuple un gouverne-
ment.
Non, ce gouvernement, nous* ne pouvions-le
refuser. Si nous l'eussions fait,' cette Assemblée
si grande, qui a rétabli nos finances, relevé le
crédit public, dompté la'Commurté; supprimé la
garde nationale et tenté-de si grandes réformes.
se serait éteinte dans l'impuissance. C'eût été
la banqueroute politique des honnêtes- gens.
(Très bien très bien 1 â droite.)-
Mais ce gouvernement, nous dit-on, n'est ni
définitif m défini. DënnitifT7.. Quand on nous
fait ce reproche, surtout au nom des principes
républicains, je suis tenté de m'en étonner et
je laisserai à d'autres, le soin de répondre à
l'objection. M. Thiers. président-de.la Ilépubl^t
que, ralliait lé 4 màrsl8T3, ceux qui. se 'pro-?,
mettaient un gouvernement perpétuel. '• 1
« Ce qui fait un gouvernement définitif, diw
.sait-il, c'estqu'il soit incontesté et qu'il ne.ren-
contre pas dans le pays d'autres ennemis qilô,
ceux de l'ordre social. »
Je n'ajouterai à cette citation qu'un mot;y
Combien de gouvernements se sentaient eirit-
mêmes précaires au moment -où ils se déclà.a
raient perpétuels
On noua dit encore Ce gouvernement, qui
n'est pas définitif, n'est pas même défini. Je ré*
ponds Il y a deux façons de déflnir,.tin. gouverr<
nement: en lui donnant un- nom, en l'entourant
d'institutions. ,<'
C'est ce. second moyen que vous proposa la
commission, en vous demandantd'instituer. une
seconde Chambre et de donner au Président le
droit de dissolution.
Ces institutions, vous pouvez les voter ou leg,
rejeter.
Dans le premier cas, rien .n'étant change
dans les'rapports actuels du. "Président 'aveo
l'Assemblée, puisque, les lois .que :,vpus yeterez
ne seront misesà exécution 'qu'après la retraite
de cette Assemblée, vous aurez rassuré le pays
en préparant à la volonté nationale des orga-
nes par lesquels elle puisse se manifester et
s'imposer le jour où prendront fin les pouvoirs
du maréchal.
Dans le second cas, la loi du 20 novembre
n'en subsistera pas moins, Il ne sera pas ré-
tranché un jour aux pouvoirs du maréchal
seulement'le gouvernement, vous républicains,
vous lui aurez donné le caractère le plus per-
sonnel, et, vous royalistes, vous aurez, sans
faire un pas vers la réalisation de vos espéran-
ces, infligé au pays la pire des institutions ré-
publicaines une Assemblée unique en face
un pouvoir exécutif irrévocable, indépendants
l'un de l'autre. Or, vous savez, républicains et
royalistes, ce qu'il advient alors dans le cas de
conflits.
En ne votant pas de lois constitutionnelles,;
l'Assemblée présentai ait au pays ce singulier
spectacle d un côté un soldat investi du pou-
voir sans l'avoir recherché et réclamant des
lois qui règlent et constituent l'exercice de ce
pouvoir; de l'autre, un Parlement qui a insti-
tué ce pouvoir refusant de le régler.
Je bénis la fortune qui a permis" ce pays de,
rencontrer' dans ses înalheurs.untel soldat. Je
félicite et remercie M. lu maréchal do Mac-Ma-
hon de demailder ces lois; je ne veux pas être
dé ceux qui les 1ui refusent. (Applaudissements.
à droite )
En entendant M. Lucien Brun, tout lé.'
monde a l'impression- que c'est lui le'pre-
mier qui entre dans le vif de la question. La,
Chambre entière est suspendue à sa pa-
role. Cette parole brève, nette, vive, mou,
vementée, cette attitude noble et digne,
commanderaient l'attention, alors même
que M. Lucien Brun ne serait pas le porte
voix le plus autorisé du parti qu'il repré-
sente et du personnage que représente ca,
parti.
On a beaucoup remarqué l'agitation fé-;
brile de M. le duc de Broglie, atteint, à
plusieurs reprises par l'orateur. L'ancien
vice président du conseil tressautait râ:
;tout moment, se tournait, se retournait,
cherchait une contenance; finalement,"
;il a demandé -la parole.
j M. l,ucie» Brun. On.ne sera point surpria )
ique j'aie demandé la parole quand on a cité ces
mots d'une lettre que j'ai adressée à un jour-
nal « Nous sommes gens d'honneur qui na
'reprendrons pas ce que nous avons donné. »
Je voulais expliquer le vote que nous allons,
irendre, et en meme temps dire a ceux qui m'ont
précédé à la tribune que nous ne sommas paa
divisés quant au fond, et que nous nous re-
trouverons. après ces explications et ce vote.
la main dans la main, quand il s'agira des,
grands intérêts du pays. (Mouvements di-
Aers.)
Personne n'a pu se tromper sur le sens du
voté que nous avons émis le 20 novembre,Ni noa
amis, ni nos adversaires ne se sont mépiis sur.
'nos intentions. Des :déclarations formelles, ve-
nues de l'un et de l'autre côté, le prouvent su-
rabondammènt.
nous avons voulu alors proroger les pouvoirs
du maréchal, nous n'avons jamais, entendu. 1er»
mer la porte a la monarchie.
Nous n'avons voulu que cela, et l'on n'a pas
le droit de nous, demander, autre chose. Qu'on
ne nous accuse donc pas, de manquer à des enr
gagements pris. (Mouvements.)*
« Depuis cette loi du 20 novembre, que s'est-u
passe? Il est arrivé que je ne sais par quelle^
circonstance, par quelle habileté, ceux qui',
avaient voté contré elle s'en sont accaparés pour
la diriger contre nous. (Bruit, et rires sur quej-.
bues bancs à' gauche.') ')
Alors, là où nous avions dit Organisation
des pouvoirs du maréchal, on a dit Septennat;
là où nous avions vu un moyen, nous avons
trouvé une barrière. (Nouveau bruit à gauche.)
Oui, la loi du 20 novembre ,a changé d'iuterprér
tation, du moins à nôtre sens.
Nous resterons fidèles à nos engagements, à
ce que nous avôus dit; qu'on ne nou^ demnnde_
pas, au nom de* l'honneur, de faire ce que nous
n'avons pas voulu.
Et voyez combien est périlleuse cette entati-
ve pour détourner la loi du 20 novembre du
sens qu'elle avait pour nous, pour vous, pour
ceux qui se sont refusé? à la voter! Je n'en
veux pour preuve. que le danger des questions
soulevées par votre honorable rapporteur. M. lé
rapporteur a été, en effet, aim-ni! a discuter ,es
droits de l'Assemblée vis-à-vis du maréchal du
Mac-Mahon.
Notre système à nous était le seul qui p r-
mît de ne pas entrer dans ces questions dé-
licates.
J'ai dit un des motifs pour lesquels je sup-
plie l'Assemblée de ne pas passer à la seconde
délibération; et je la supplie de ne pas conti-
nuer une discussion dont tout le monde sait
qu'elle n'aboutira pas et dans laquelle scrnient
compromises l'union de cette Assemblée (Bruit
à gauche.) et la tranquillité du pays.
Non, cette discussion n'aboutira pas et, par
cela même qu'elle est inutile, elle devient dan-
gereuse. Ce qui reste possible d'union dans
cette Assemblée peut en être rompu lo pays en
sera' agité et, pour'le pouvoir que vous voulez
maintenir, la seconde lecture est pleine de dan-
gers.
Pour rejeter ces lois, nous avons encore d'au-.
tres motifs. La question de savoir si l'Assem-
blée qui noua succédera pourra être dissoute
par le chef du pouvoir exécutif est, à notre avis
une question prématurée. Nous ne nous refu-.
sons pas à l'examiner, mais nous ne voulons
pas l'aborder en ce moment. Il nous reste assez
à faire encore. «
Quant au Sénat dont vous voulez faire le re-
fuge des conservateurs .contre le radicalisme,
je crois que ce sera là une inutilité et un'dan-
ger.
Voyez, en effet vous donnerez la .nomination
des sénateurs, au moins en grande partie, au
chef du pouvoir exécutif, sans quoi les conser-
vateurs n'en voteraient pas la création.
Eh bien, à quel moment f era-t-qn ces nomi-
nations? Avant ou après les élections généra-
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