Titre : La Croix
Auteur : Groupe Bayard. Auteur du texte
Éditeur : La Croix (Paris)
Date d'édition : 1903-10-28
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 28 octobre 1903 28 octobre 1903
Description : 1903/10/28 (Numéro 6304). 1903/10/28 (Numéro 6304).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Mercredi 28 Octobre 1903
LA CROIX
ENQUÊTE
SUR LA
REPRÉSENTATION PROPORTIONNELLE
L'opinion de M. Hoyois
Notre excellent ami, M. Hoyois, député
de Tounai-Ath, est-il partisan de la R. P.?
Oui, semble-t-il à première, vue. Et cepen-
dant, il hésite, il craint, il doute, et bien qu'il
soit enclin à l'accepter définitivement comme
un progrès, il estime que ce système n'a pas
subi suffisamment l'épreuve du temps de
même qu'il n'a pas revêtu sa forme dernière.
Le remarquable travail de M. Hoyois
reflète un état d'âme qui est celui de plu-
sieurs de ses collègues qui se posent cette
question : Avons-nous bien ou mal fait d'ins-
taurer ce nouveau régime ?
La représentation proportionnelle a fait con-
ter des flots d'encre et suscité d'innombrables
polémiques en Belgique, avant son instauration
pour les élections législatives. Aujourd'hui,
c'est son extension aux élections provinciales
et, suivant le mode adopté pour les Chambres,
aux élections communales, qui demeure seule
discutée, sans grande ardeur du reste.
Ce qui est certain, c'est que personne dans le
pays ne fait actuellement campagne pour le
retour au régime majoritaire en ce qui regarde
les élections pour les Chambres ou celles pour
les Conseils communaux. Sans doute, cela
signifie-t-il qu'on s'accommode assez bien de
l'état de choses existant.
Je ne voudrais pas jouer au prophète et an-
noncer que personne n'osera plus jamais en-
tamer semblable campagne !
Il est toujours dangereux de vaticiner en
politique.
Vaticiner chez nous, à propos de la représen-
tation proportionnelle, ce serait se livrer à un
exercice d'autant plus périlleux qu'en Belgiqueâ
en est-il différemment ailleurs ? â les hommes
politiques consultent trop souvent â Je ne dis
pas « tous » et « toujours » â dans les matières
d'ordre purement électoral l'intérét, non seule-
ment de leur parti, mais même du groupe de
leur parti auquel ils appartiennent, et que est
intérêt est changeant.
Acceptée aujourd'hui par l'ensemble des
partis comme un fait accompli dont aucun n'a
eu à se plaindre sérieusement jusqu'ici, la
réforme proportionna tiste pourrait plus tard se
voir battue on brèche par des groupes d'opinions
â¢diverses.
Je crois toutefois que c'est à son mode
de fonctionnement qu'on s'en prendrait tout
d'abord, du moins à gauche, sauf à n'en re-
mettre le principe en question que si les espé-
par ces conçu , avant tout changement à son
de fonctionnement étaient déçues.
lent, en effet, de remarquer
- partis de gauche n'ont cessé
nombreuses années, de réclamer
réformes électorales, tantôt d'une sorte et tan-
tôt d'une autre : autrefois â quand ils étaient
les maîtres â pour que la majorité dans les
Chambres ne leur échappât pas ; ultérieure-
ment â depuis qu'ils sont minorité â pour
qu'elle leur revienne.
Une campagne contre le principe proportion-
naliste n'est pas devenue impossible en Bel-
gique. Elle rencontrerait cependant, j'imagine,
des résistances autrement vives que n'en ren-
contra la campagne proportionnaliste des
années antérieures, et j'incline à penser qu'elle
n'aboutirait pas vite à la restauration du régime
majoritaire.
C'est que la justice du principe de la repré-
sentation proportionnelle paraît difficile à con-
tester. Avoir des assemblées délibérantes qui
soient l'image fidèle, adéquate du corps élec-
toral, dans toutes ses fractions, c'est évidem-
ment l'idéal pour un pays à régime représen-
tatif.
On système qui mène à l'élimination pure et
simple des minorités et donne tous les mandats
dans chaque collège électoral au parti qui a
obtenu la moitié des suffrages plus un aboutit
A stériliser le vote de tous les citoyens qui l'ont
accordé aux candidats non favorises de la con-
fiance de la majorité des électeurs â ce qui
se justifie mal la où fonctionne le scrutin de
liste. D'autre part, pareille élimination, prati-
quée dans chacune des circonscriptions où
l'élection a lieu, conduit à un résultat général
de hasard, tantôt trop favorable au parti ayant
droit à la majorité, tantôt trop défavorable à
ce parti, à tel point qu'on a vu chez nous le
parti qui. dans l'ensemble du pays, avait re-
cueilli le moins de voix disposer de la majorité
des sièges, parfois-même de la grande majorité
de ceux-ci.
Des prétendues complications auxquelles
donneraient lieu le calcul des suffrages et
l'attribution des sièges au prorata des suf-
frages obtenus par les listes en présence et
personnellement par les candidats dont les
noms y figurent, on ne pourra plus dans l'ave-
nir faire état chez nous, comme on en fit état
précédemment ; les éléctions proportionnalistes
ne sont pas, sous ce rapport, plus « chinoises »
que les autres. L'expérience l'a prouvé.
Mais la difficulté qu'on pourrait rencontrer, à
on moment donné, serait de constituer, dans les
communes, des collèges échevinaux et, sur le
terrain parlementaire, un gouvernement, si
les assemblées d'où collèges échevinaux et
gouvernement doivent sortir étaient trop divi-
sées et si la fomation d'une « majorité de cir-
constances », composée d'éléments opposés ou
bigarrés, y tenait du problème de la quadra-
ture du cercle?
Déjà, dans telles de nos villes, la constitu-
tion d'un collège échevinal issu des trois
groupes, à peu près d'égale force, composant
le Conseil communal, a été ultra-laborieuse.
Que serait-ce, si la même situation se présen-
tait un jour dans les Chambres et si c'était la
constitution du gouvernement qui était alors
en jeu ? On n'a pas eu jusqu'ici en Belgique à
se préoccuper de cela, en fait, parcs que la
représentation proportionnelle y est de trop
fraîche date et parce que le parti catholique,
qui avait dans les Chambres une majorité
imposante sous le régime majoritaire, en a
gardé jusque maintenant une suffisante pour
gouverner sans avoir besoin de chercher aucun
appui à gauche. Mais, il peut arriver un mo-
ment où il en sera autrement.
Ce qui pourrait se produire plus tôt encore
c'est ce fait qu'un petit groupe de la majorité
cédât à la tentation de pratiquer plus ou moins
vis-à-vis de la « majorité des membres de la
majorité » la « politique du couteau sur la gorge»,
de jouer le rôle que le groupe de M. Jaurès
joue au Palais-Bourbon vis-à-vis du restant du
« bloc » : ce petit groupe se dira que, sans lui,
la majorité n'existerait pas et il élèvera le
niveau de ses exigences, tant au point de vue
de son action sur l'orientation de la politique
générale du Cabinet qu'en ce qui regardera la
composition de celui-ci... Je ne rechercherai
pas si pareil groupe n'est pas dés à présent en
formation au sein de notre Chambre. J'entends
raisonner en théorie et ne voudrais pas que qui
que ce fût, parmi mes amis de la droite parle-
mentaire, pût se méprendre sor le sens du
pronostic ci-dessus, d'ordre purement spéculatif.
Peut-être, plus tard, reprochera-t-on encore au
régime proportionnaliste d'opposer un obstacle
presque insurmontable à l'expression des grands
courants d'opinion qui pourraient se former. On
le fit, quand nos Chambres discutèrent ce régime.
Dans ce reproche il y a du vrai, à la condition
qu'on ne le force pas. Pratiquement, il a perdu
de sa valeur depuis les dernières élections légis-
latives, celles de 1902 : le corpa électoral a, en
effet, sa très clairement manifester alors son
sentiment touchant les menées révolutionnaires
auxquelles il venait d'assister.
On a fort vanté l'avantage procuré par le
régime proportionnaliste et consistant en ce
qu'il permet aux partis de conclure moins d'al-
liances avant les scrutins.
Cet avantage est effectivement très appré-
ciable, encore que la tendance aux alliances
soit loin d'avoir disparu chez nos partis de
gauche et encore même que de nombreuses
alliances de l'espèce aient été contractées par
eux ces temps-ci. Mais, il lui est arrivé d'être
compensé, au sein de certaines administrations
communales, et il pourrait lui advenir de l'être,
au sein des Chambres, par l'inconvénient, grave
des «alliances conclues, post electionem, par
les élus eux-mêmes, en vue de constituer l'In-
dispensable majorité d'administration ou de
gouvernement.
On me. répliquera que cet inconvénient peut
se rencontrer sons le régime majoritaire comme
sons le régime proportionnaliste et qu'il procé-
dera toujours du fait que plus de deux partis,
et non pas seulement deux, se disputeront le
pouvoir. Cette réplique ne sera pas dépourvue
de justesse. Mais, on ne pourra pas contester
que l'inconvénient signalé se présentera plus
fréquemment sous le régime proportionnaliste :
car plus rarement un parti aura, à lui seul, sous
ce régime, la majorité.
D'aucuns avaient annoncé que, grâce à notre
nouvelle législation électorale, la représentation
de nos partis serait aussi forte que possible,
que les « hommes de valeur» de chacun d'eux
s'imposeraient, à l'exclusion des autres. Il a falla
compter avec le personnel des élus en fonctions
le régime antérieur. Si bien que l'épuration
annoncée ne s'est pas fait sentir aussi sensible-
ment qu'on l'avait espéré ; elle n'a pas été ce-
pendant sans se produire, dans certains cas,
d'une certaine façon.
D'autre part, si nos Chambres et nos assem-
blées communales sont relativement « clichées »
sous le régime nouveau, elles l'étaient déjà
beaucoup sous l'ancien, aussi ne peut-on pas
non plus prétendre que, sous ce rapport, le
changement a été notable et est à porter au
passif de la représentation proportionnelle.
Un mot de la situation faite aux associations
politiques. Jadis aussi elles avaient une action
considérable sur les élections, car elles dési-
gnaient les candidats et partant les élus éven-
tuels. Il est certain que la représentation pro-
portionnelle a rendu leur action plus prépon-
dérante encore, du moins dans le domaine des
élections législatives : car lors de celles-ci, les
associations, non seulement désignent les can-
didats, mais encore arrêtent l'ordre dans lequel
ils seront élus : de sorte qu'elles décident en fin
de compte quels candidats seront sûrement
élus, lesquels ne le seront certainement pas et
lesquels auront leur sort douteux.
Il y a là, semble-t-il, plus qu'un inconvénient
léger du régime proportionnaliste. Il ne lui est
pas essentiel, puisqu'on ne le rencontre pas
sur le terrain des élections communales, en
vue desquelles tous les candidats sont présen-
tés en bloc â les plus favorisés par les élec-
teurs eux-mêmes étant tes élus. Il est cepen-
dant difficile à corriger radicalement pour qui
ne veut pas permettre le panachage â resté
autorisé pour nos élections communales et
qui ne l'est plus pour nos élections législa-
tives. Il n'est, en tous cas, pas suffisamment
corrigé par le droit laissé aux électeurs d'expri-
mer des à suffrages de préférence », comptés à
la liste du candidat préféré, en tant qu'il s'agit
du calcul du nombre des mandats revenant à
eette liste, mais comptés ensuite à ce candidat
personnellement et non à sos collègues en can-
didatura en tant qu'il s'agit de la répartition
entre lui et eux des mandats revenant à leur
liste. Le corps électoral doit émettre trop de
« suffrages de préférence » pour parvenir à
déranger « l'ordre de présentation » (et partant
« d'élection ») arrêté par les associations.
Serait-ce un remède suffisant que de diminuer
le chiffre des « suffrages de préférence » que
devra émettre le corps électoral, au profit d'un
candidat, pour arriver à ses fins ? Je ¡n'en suis
pas certain.
En attendant, au sein d'un certain nombre
d'associations politiques, la cordialité d'antan
paraît avoir cessé de régner et entre les aspirants
candidats et entre les groupes d'amis qui les
soutiennent. C'est là un côté fâcheux du régime
nouveau, sur lequel tous les partis sont obligés
de jeter un voile discret.
La conclusion de M. Hoyois est empreinte,
comme sa lettre tout entière, de doute et
d'incertitude.
Dans un prochain article, nous clorons
cette enquête â irrévocablement cette fois
âpar la publication des lettres de Mgr Keesen,
sénateur du Limbourg belge, et de MM. Flan-
din, député du Calvados, et Réveillaud,
député de la Charente-Inférieure.
A. JANNE.
ÇA & LA
Morts d'hier
Mme Armand Baudoin, femme de l'ancien directeur
de la Vie Parisienne, à Maison-Laffitte. â M. le Dr Bé-
ringier, ancien interne des hôpitaux, 53 ans, à Paris.
â M. Victor Gagarine, fils du prince et de la princesse
Nicolas Gagarine, à Paris. â M. François de Ter-
ronenne, lieutenant de cuirassiers, an château de
Melleray, 24 ans. â M. Deneux, maire de Bresles
(Oise), 70 ans. â Mme de Pappe. à 103 ans, Bruxelles.
â M. Maurice Rollinat, poète très connu 50 ans,
décédé dans une maison de santé à Ivry-sur-seine. â
M. Désiré Marlolle-Pinguet, administrateur de la
Compagnie du Nord, ancien conseiller général et
maire de Saint-Quentin, 79 ans.
Contre la persécution religieuse
M. l'abbé Lemarescal a donné dimanche, à
Quintin (Côtes-du-Nord), devant un auditoire
de plus de 8oo hommes, une conférence très
applaudie sur la persécution religieuse actuelle
en Bretagne. Grand succès, impression profonde.
Comme nous l'avons indiqué tant de fois, il y a
là une carrière magnifique ouverte au zèle des
anciens religieux.
Conférence contradictoire
Les radicaux de Massiac (Cantal) avaient
organisé une réunion anticléricale. M. Sabatier,
l'orateur, parla du rôle de l'Eglise.
M. le chanoine Lagarrigue releva toutes les
erreurs du conférencier et obtint beaucoup de
succès.
Un asile de nuit « Émile-Loubet »
Une dépêche de Saint-Pétersbourg annonce
qu'on a décidé de construire dans cette ville un
asile de nuit qui portera le nom de M. Emile
Loubet, président de la République française.
Le bâtiment sera élevé dans l'ile Gontoniew,
non loin de l'asile Félix-Faure.
Les travaux de construction seront commen-
cés au printemps prochain. Les frais sont éva-
lués à 120000 roubles.
Mariage de Mlle Lucie Faure
Les publications légales du mariage de
Mlle Lucie-Rose Félix-Faure, fille de l'ancien
président de la République, avec M. Pierre
Goyau, agrégé de l'Université, viennent d'être
faites aux mairies des VIIe et XIe arrondisse-
ments.
Mlle Lucie Félix-Faure sera entourée à son
mariage de nombreuses sympathies.
Quant à M. Goyau, c'est un écrivain fort dé-
iicat et un très fin lettré. On lui doit sur
Léon XIII, le Vatican, l'Italie et les questions
religieuses en général, des pages exquises et
d'une pensée profonde.
Ajoutons que le père de M. Goyau a été un
des plus brillants professeurs de Saint-Cyr et de
Saumur.
Les haras
Le général Defeldem, président de la Com-
mission des haras impériaux, et M. Nicolas
Schoubine-Posdeeff, directeur de la chancel-
lerie des haras de l'empire russe, sont arrivés
aujourd'hui pour faire en France des achats
d'étalons de pur-sang.
ÉCHOS DE PARTOUT
Îux élections municipales de Cosne (Nièvre),
la liste radicale socialiste du député Goujat (munici-
palité sortante) a été réélue dimanche avec 120 voix
de majorité sur la liste concurrente; c'est donc la
nomination nouvelle de M. Goujat à la tête de l'ad-
ministration de cette ville.
A partir du 1er novembre, des envois de
fonds, jusqu'à concurrence de SCO francs par titres
pourront être faits par la poste et an moyen de
mandats entre la France, l'Algérie et les bureaux
français à l'étranger, d'une part, et les colonies por-
tugaises, d'autre part.
La ville de Lyon aura d'ici peu son Métro-
politain, qui fera le tour de la villa et passera deux
fois le Rhône en viaduc. Il n'y aura qu'une seule
elasse et le prix de transport sera de 0 fr. 10. L'exé-
cution reviendra à 30 millions.
Le roi de Roumanie est légèrement indis-
posé : les médecins ont déclaré que son état était
assez satisfaisant, mais nécessitait quelques iours de
repos.
. Un examen aura lieu du 1er au 10 novembre
pour les jeunes gens désireux de contracter un enga-
gement volontaire de trois ans avant leur incorpo-
ration.
M. Léon Dovarche, licencié en droit, licencié
ès-lettres, est nommé attaché au cabinet du président
du Sénat.
Sous peu, commenceront an Cercle mili-
taire des armées de terre et de mer des conférences
sur la mutualité. Elles seront faites par M. Barberet,
directeur de la mutualité au ministère de l'Intérieur.
M. Tissier, maître de conférences de chimie
générale à la faculté des sciences de Lyon, a obtenu
sor sa demande un congé, du 1er novembre 1903 au
30 avril 1904. M. lissier est, on le sait, chef de cabinet
rte M. Pelletas.
Tribunaux
Mme LA BARONNE REILLE
EN COUR D'APPEL
Jeudi, 29 octobre, Mme la baronne Reille,
née Soult de Dalmatie; Mlles Abrial et Peyna-
vayre. comparaîtront devant la Chambre des
appels correctionnels de Toulouse.
Le tribunal de Castres, par un jugement très
motivé, avait relaxé ces dames, poursuivies
par le parquet de Castres pour infraction à la
foi contre les associations.
M. le procureur général a fait appel de ce
jugement. Mme la baronne Reille sera défendue
par Me Ménard ; Me Guy, du barreau de Castres,
accompagnera ses clientes devant la Cour
d'appel.
JOURNALIERS ELECTORAUX
Devant la Cour d'assises de Vaucluse, les 29
et 30 octobre courant, se déroulera une action
qui n'est pas banale.
Le rôle porte : Vidal Louis, ex-huissier en
chef de la mairie d'Avignon, faux en écritures
publiques, abus de confiance. Défenseur,
Me Georges Laguerre. .
Ce Vidal est poursuivi à la suite d'une plainte
déposée contre M. Pourquery de Boisserin,
ex-maire. ex-député d'Avignon, par les mem-
bres de quatre cercles républicains du chef-lieu
de Vaucluse. Cette plainte motiva l'envoi à
Avignon d'un inspecteur des finances, M. Bau-
doum-Bugnet, qui obligea l'ex-maire d'Avignon
rembourser une somme importante à la Caisse
municipale, comme employée pour ses besoins
électoraux, durant la campagne législative de
1002. M. Pourquery de Boisserin donna ensuite
sa démission de maire d'Avignon.
Une remarque faite à première vue, dans le
rapport de M. Baudouin-Bugnet, c'est qu'en 1802,
année électorale, la mairie d'Avignon a dé-
pensé, en journées à 3 francs, 15 000 francs do
plus qu'en 1898, année électorale également,
donnant déjà une différence sur los années
ordinaires.
La Cour d'assises établira les travaux exé-
cutés par ces bataillons de journaliers; les
débats paraissent devoir être intéressants.
LES GRÈVES DANS LE NORD
De notre correspondant de Lille :
Malgré les menées des socialistes minis-
tériels en faveur de la continuation de la
grève, le travail reprend partout.
Quatre tissages seulement des environs
de Lille ont chômé lundi.
A Halluin, les choses sont moins avancées;
les ouvriers hésitent à rentrer, le Comité de
la grève exerce encore sur eux une grande
influence et le Comité n'a cette puissance
que parce qu'il dispose pour les mauvais
coups des bandes de rôdeurs de frontière,
de fraudeurs et de Belges,qui traînent encore
dans le pays.
L'un de ces rôdeurs, accusé d'assassinat,
expulsé de France pour divers méfaits, a
été pincé hier et non sans peine mis en lieu
sûr.
A Armentières, la filature au coton de
MM. Dansette frères avait annoncé qu'elle
allumerait les feux lundi matin. La moitié
des ouvriers se sont présentés, encadres et
protégés par des forces imposantes de police
et par la troupe qui ont empêché les gré-
vistes enragés d'approcher : le travail a
repris au grand déplaisir du Comité de la
grève.
Les ouvriers de cette filature ne formu-
laient aucune revendication et n'avaient pas
été admis à voter le referendum.
Cette reprise du travail a opéré une salu-
taire impression dans le monde ouvrier et
annonce une détente prochaine.
D'autres usines rouvrent aujourd'hui les
ateliers.
L'ultimatum du maire à M. Combes
Le maire d'Armentières a adressé au pré-
sident du Conseil un télégramme impératif
dont voici les principaux passages :
Je tiens à protester énergiquement contre
l'attitude des troupes qui, depuis ce matin,
aident les contremaîtres de la filature Dansette
à racoler les ouvriers pour les obliger & ren-
trer à l'atelier, malgré l'intention, formelle de
continuer la grève manifestée par le referendum
de dimanche.
1000 soldats gardent les abords de l'usine,
barrent les rues et arrêtent quiconque veut
gagner la route d'Erquinghem.
Je vous invite vivement, en présence de nou-
velles arrestations, à intervenir immédiatement
pour mettre fin à ces procédés inqualifiables.
Je tiens à vous affirmer, avant qu'on ait des
incidents graves à regretter, que le calme est
à ce prix. DAUDRUMEZ.
Si un maire clérical avait osé tenir ce lan-
gage, il aurait été révoqué sur-le-champ.
Autorités énergiques
La réunion des grévistes, hier après-midi,
t la Maison du Peuple, à Armentières, a été
plus calme qu'on ne le croyait. L'autorité
paraît plus énergique pour défendre la li-
berté du travail.
Plusieurs arrestations ont été opérées.
Espérons que la grève finira bientôt.
EN MER.
Paimpol. â On vient de vendre à Paimpol
une goélette. l'Eglantine, qui est de beaucoup
la plus ancienne de toute la flottille islandaise.
fille date, en effet, de 1860, époque à laquelle
elle fut construite dans un chantier anglais.
Ce navire a accompli 43 voyages en Islande,
et toutes les familles de marins de la région
ont eu au moins un des leurs dans son équi-
page.
Brest. â La tempête du Sud-Ouest, qui règne
depuis plusieurs jours sur les côtes bretonnes,
va redoublant de violence.
La foudre est tombée sur le mât de misaine
du Massino, de l'escadre du Nord, occasion-
nant de sérieuses avaries à un appareil de télé-
graphie sans fil.
Là foudre a, en outre, causé des dégâts au
bureau télégaphique de la préfecture maritime,
où les communications avec les différents ser-
vices de la place et du port de guerre ont été
complètement interrompues.
â Des officiers des torpilleurs russes ancrés
dans le port de commerce ont recueilli à bord,
la nuit dernière, le cadavre de François Lan-
cien. quartier-maître, trouvé noyé dans les bas-
sins.
L'enquête établira s'il y a suicide ou accident
dû à la violente tempête qui a sévi sur Brest.
Ile de Sein. â Le canot Amiral-Lalande.
de la Société centrale de sauvetage dos nau-
frages, est sorti hier soir à 7 heures, par grosse
mer, et est rentré à 9 heures, après avoir sauvé
le gardien du phare qui se trouvait en grand
danger dans une embarcation.
Concarneau.â Le temps continue à être épou-
vantable sur les côtes bretonnes. Les malheu-
reux pécheurs ne peuvent, la plupart du temos,
aller en mer et pêcher le maquereau qui suc-
cède à la sardine.
La sardine ne s'étant montrée que très peu
de temps, les femmes de marins et les ouvriers
de toutes sortes qui vivent du travail des usines
n'ont, pour ainsi dire, rien gagné. Tout ce
monde crie déjà misère, et. les maires sont con-
voqués pour le 11 novembre, à Quimper, auprès
du Comité répartiteur des secours attribués à
la population maritime, dont la situation,
notamment à Concarneau et à Dçuarnenez, est
des plus tristes.
Malheureusement, l'argent diminue dans celta
caisse de secours, et l'on ne peut renouveler
sans cesse les appels à la charité publique.
Audierne. â Le trois-mâts terre-neuvier
Savoydrd, de Saint-Malo, s'est jeté à la côte
devant Plovan, où il s'est brisé.
La femme du capitaine et trois des hommes
de l'équipage ont été noyés. Un autre hommes
été blessé et a atterri à Plovan, dans la baie
d'Audierne.
Le Savoyard, appartenant à M. Mognot,
armateur, jaugeait 160 tonneaux et était monté
par 31 hommes d'équipage. Il venait de La Ro-
chelle avec un chargement de sel.
Sfax. â Le sous-marin Boukorn a pu être
renfloue. Il a été constate que la plupart des
organes n'étaient pas complètement endom-
magés.
Le Bauhorn vient d'être remorqué par le
vapeur Fresnel dans le port de Sfax.
Il y a une grande affluence sur les quais pour
regarder l'invention de l'abbé Raoul.
COURRIER DES BORDS DU RHIN
Strasbourg, le SS octobre.
C'était, ces jours derniers, l'inauguration de
la nouvelle Faculté de théologie catholique à
l'Université de Strasbourg.
Jusque-là, le clergé d'Alsace était formé au
Grand Séminaire comme en France et comme
aussi dans quelques diocèses d'Allemagne.
Etant donnée l'excellente composition du corps
des professeurs, l'Eglise se trouvait très bien
de ce mode d'éducation de nos prêtres, aussi
l'idée d'un changement ne partit-elle pas des
milieux catholiques. Au contraire, c'est dans
les milieux catholiques, du moins dans les
milieux catholiques indigènes, qu'elle rencontra
la plus forte opposition.
Mais il y a longtemps que le gouvernement
allemand, qui ne conçoit pas de maître d'école
en dehors de lui, voyait de mauvais oeil notre
Grand Séminaire et songeait à le supprimer
comme déjà, les premières années après l'an-
nexion, il avait supprimé les Petits Séminaires.
Il le voyait surtout de mauvais oeil parce que
les professeurs étaient des Alsaciens qu'il soup-
connait de ne pas cultiver suffisamment le sen-
timent allemand dans le coeur des jeunes clercs.
Il sut intéresser à ses préoccupations germa-
. nisatrices quelques savants catholiques alle-
mands qui. ceux-là, poussés encore par d'autres
mobiles, d'ordre religieux et scientifique, l'ai-
dèrent dans l'exécution de ses projets, et les
négociations avec Rome commencèrent, menées
surtout par la baron de Hertling, député du
Centre au Reichstag et professeur a l'Université
de Munich.
Du côté des catholiques allemands on fit
valoir surtout que la théologie, en s'enferment
entre les murs d'un Séminaire, restait sans
influence sur la science telle qu'elle est cultivée
à l'Université, que la jeunesse cléricale en
s'isolant perdait tout contact avec les autres
étudiants tels que les étudiants en médecine,
en droit, etc., que par suite la société ecclé-
siastique devenait étrangère à la société laïque,
et que les prêtres n'ayant pas été formés à l'Uni-
versité ne jouissaient pas, dans l'exercice de
leur ministère, de l'autorité scientifique requise
de nos jours pour exercer une action salutaire
sur les classes cultivées de la société.
Ces arguments n'étaient pas, comme l'on voit,
dénués de toute valeur. Il est incontestable, en
effet, qu'à notre époque, grâce à la diminution
du sens chrétien, le caractère surnaturel dont
est revêtu le prêtre n'est plus apprécié comme
autrefois et que pour se recommander au res-
pect d'une partie au moins des fidèles, le prêtre
a besoin de se distinguer par certaines qualités
naturelles, par certains titres plutôt extérieurs.
Mais outre qu'au Grand Séminaire de Stras-
bourg les études théologiques étaient à la hau-
teur de ce qu'elles sont aux Facultés de théo-
logie catholique allemandes, nous connaissions
trop bien les arrière-pensées du gouvernement
allemand pour nous rendre à ses instances
sans avoir épuisé tous nos moyens de résis-
tance. Nous savions très bien que la nécessité
de voir augmenter la considération du clergé
catholique était le moindre de ses soucis, mais
qu'il poursuivait avant tout un but politique.
Nous avions des raisons très sérieuses de nous
méfier de son ingérence dans l'oeuvre de l'édu-
cation du clergé
Jusque-là, l'évêque était seul maître pour ce
qui regardait le choix et la nomination des pro-
fesseurs du Séminaire, tandis que les profes-
seurs de la Faculté de théologie devaient être
nommés par le gouvernement de concert avec
l'autorité ecclésiastique. Nous nous disions
que le gouvernement n'userait pas de son droit
de participer aux nominations dans un sens
favorable à l'Eglise et nous nous demandions
surtout ce que deviendraient ces nominations
dans le cas, toujours possible, d'un conflit entre
les deux pouvoirs.
En attendant, les négociations avec Rome,
conduites, au nom du chancelier de l'empire et
de l'empereur lui-même, par le baron de
Bertling, continuaient. A Rome l'on fut long-
temps indécis, les influences les plus diverses
s'y faisant sentir.
Finalement, grâce sans doute aussi à l'atti-
tude plutôt bienveillante de l'empereur d'Alle-
magne qui tranchait si fort sur celle du gou-
vernement français et qui portait le Pape à
prendre en considération les désirs du gouver-
nement allemand appuyés par des catholiques
de marque, les partisans de la nouvelle Faculté
obtinrent gain de cause.
En Alsace, la décision fut accueillie, non pas
sans doute avec plaisir, mais avec résignation.
Le corps des professeurs de la nouvelle Faculté
compte quatre Alsaciens et autant de vieux
Allemands. Les étudiante en théologie, tout en
fréquentant les cours de l'Université, resteront
internes et continueront à recevoir au Sémi-
naire leur formation ascétique. A l'avenir de
nous renseigner sur les suites de cette grave
modification et de nous dire qui avait raison
des partisans de la nouvelle Faculté ou de ceux
qui, avec le clergé d'Alsace presque sans
exception, demandaient le maintten de notre
Séminaire.
RHUME de 0E8VEÀU
Nous rappelons à nos «mis que toutes ¡es
productions de la Maison de ¡a Bonne Presse
sont en vente à ROME che* JO!\î-
QUIERES et DATI, libraires et négo-
ciants d'objets reiigieux, gia^xa S. Luigi del
Franeeci, 35, e ΡίαÏÏα della Rotonda, γ, oü
on peut se les procurer.
RUSSIE-JAPON
Une note communiquée la nuit dernière aux jour
naux anglais et dont le texte nous est, transmit par
l'Agence Havas est ainsi conçue :
Les négociations russo-japonaises continuent,
et plus elles durent, moins il y a de chances de
guerre.
Les préparatifs qui se poursuivent activement
des deux côtés n'impliquent pas forcément la
probabilité d'une guerre.
Le secret est garde sur les négociations, mais
il est certain que le Japon ne perd pas de vue,
dans les négociations, les intérêts de tous les
pays qui font des affaires en Extrême-Orient.
Rien de ce que pourrait faire la Russie
n'empêchera le Japon d'obtenir ce qu'il consi
dère comme lui étant dû légitimement.
Si l'on en venait aux extremités, le Japon qui
connaît à fond sa propre situation, ne crain-
drait pas les conséquences d'une guerre; mais
il faut noter qu'on ne s'attend pas à ce que les
négociations actuelles aient un pareil dé-
nouement.
Volet deux dépêche« du Japon. Elles sont ansai
d'origine anglaise :
Tokio, 26 octobre. â Au cours d'une entrevue
avec un journaliste, le premier ministre du
Japon a déclaré que les négociations avec la
Russie se poursuivent dans l'esprit de l'alliance
japonaise, c'est-à-dire qu'elles tendent au main-
tien de la paix et du statu quo.
Il n'y a rien dans la situation actuelle qu
puisse causer de l'alarme.
Il est regrettable qu'on expédie en Europe
tant d'extraits des journaux jaunes du Japon.
Yokohama, 26 octobre. â Le secrétaire de la
légation japonaise de Séoul, qui fait une tour-
née d'inspection dans la vallée du Yalon, dé-
clare que les télégrammes adressés dans cette
région à la presse sont fortement entachés
d'exagération.
On se rappelle que des Russes en armes ont
empêché le secrétaire de la légation japonaise
de débarquer à Yongampho. Le ministre russe
à Séoul a reconnu que le procédé était arbi-
traire ; il a envoyé les instructions nécessaire»
à Yongampho.
Les troupes russes envoient de nombreuses
patrouilles sur les ports russes du Tuman.
A l'Étranger
Italie
LE MINISTÈRE GIOLITTI
On assure bien qu'il est formé. Mais la nou-
velie n'est pas encore officielle. Si les négocia-
tions de cet homme d'Etat aboutissent, comme
c'est probable, ce sera le ministère Zanardelli
continué avec d'autres noms.
Il paraît que M. Giolitti veut donner un por-
tefeuille à un représentant du parti socialiste.
Mais il est bien clair qu'il n'a pas pris une telle
détermination sans avoir l'assentiment du roi.
Et alors, on verra sans doute l'application da
cette parole d'un autre souverain d'Europe :
« Il faudrait déplorer qu'il se soit trouvé un
prince de la maison de Savoie pour superposer
à sa couronne un bonnet rouge. »
Les journaux italiens font connaître que les
négociations suivent un cours régulier. D'après
l'Avanti, il y aurait dans le nouveau Cabinet
trois radicaux, deux membres de la droite, les
autres ministres feraient partie du groupe de
gauche. Tous ces ministres seraient des homme»
de valeur indiscutée.
LE PALAIS FARNÈSE
La Tribuna annonce que, depuis hier lundi,
le palais Farnèse est devenu la propriété de la
France.
LA MISÈRE EN ITALIE
Des agents d'émigration cherchent à décider
de nombreux paysans d'Italie à quitter leur
pays. Des entreprises accordent aux émigrés le
passage gratuit jusqu'au Bresil.
Il parait qu'il y a un grand nombre de mal-
heureux prêts à émigrer qui s'entassent depuis
plusieurs jours sur les quais de Naples, de Brin-
disi et de Tarente.
« Pourquoi émigrez-vous ? » leur demande-t-on.
Et la réponse est toujours celle-ci : « La misère
et la faim! » Les Pouilles, les Calabres et la
Basilicate fournissent le plus fort contingent
des émigrants. Eu 1901, il y eut plus de
350 000 emigrante. En 1903, pour les six pre-
miers mois de l'année, on en compta 150000
environ. L'émigration serait ainsi en progrès
toujours croissant.
Hongrie
M. TISZA
La nouvelle que le comte Stefan Tisza
chargé de constituer un Cabinet a été fort bien
accueillie à Budapest. Et quand cet homme
d'Etat s'est présenté hier soir au Club libéral,
on lui a fait une réception enthousiaste.
Alsace-Lorraine
UNE STATUS DE FRÉDÉRIC III A METZ
Un Comité vient de se former à Metz, parmi
les Allemands, pour l'érection prochaine d'une
statue monumentale de l'empereur Frédéric III,
père de Guillaume II.
Cette statue serait élevée sur le couronnement
de la porte Serpenoise qui subit en ce moment
une transformation complète.
Le Comité se compose de tous les hauts
fonctionnaires et des dignitaires de l'armée du
16e corps allemand.
Saxe
LA PRINCESSE LOUISE
On dément formellement aujourd'hui la nou
velie récemment donnée d'une réconciliation
de la princesse Louise avec le prince royal. On
dément aussi que la princesse doive revenir à
Dresde.
PRICESSE MAKOKO Savon Victor Vaissier
LÎ LABOUREUR
Chronique agricole
LABOURS DE SEMAILLE
Partout les attelages au labour-
Tandis que le monde officiel parade
devant le roi d'Italie, enfonce les portes
des couvents et traque les bons citoyens;
tandis que les bandits saccagent les villes
industrielles du Nord et de la Bretagne,
les laboureurs de France donnent un
spectacle autrement réconfortant : du
Nord au Midi, de l'Est à. l'Ouest, on les
voit courbés sur les coraos de leur char-
rue tracer le sillon et semer le bon grain.
Octobre, mois de labeur fécond, mais
aussi de tristesse inexprimable ! Que sera
l'hiver de demain?
J'en entends murmurer plus fort qu'au-
trefois : « Où allons-nous? Où en serons-
nous au temps de la moisson?... Il γ
avait plaisir à peiner, quand c'était pour
élever chrétiennement sa famille. Main-
tenant» sa voir obligé de jeter nos enfante
dans la gueule du loup ; voir voler et
chasser de chez eux nos amis les Frères
et les Soeurs... entendre los veraces nous
(dire froidement : « Ton tour viendra,
propriétaire; on t'y mettra dans ton
fumier (1) »... Et pourtant, Dieu sait si
nous travaillons â et plus de huit heures
par jour. Dieu sait si nous avons gagné
e pain que nous avons. Quel temps! »
Aussi, à part quelques gars jeunes et
insouciants, ils ne chantent plus guère,
les laboureurs; ne dirait-on pas que boeufs
et chevaux les comprennent? Leur allure
est plus pesante, leur tête et leurs épaules
plient davantage sous l'effort; au tour-
nant ils ont une façon de secouer la tète
comme pour dire un « non, ça ne va pas
comme autrefois, le maître a de la
peine. »
J'ai dit tout à l'heure: A part quelques
gars jeunes et insouciante. Avez-vous
remarqué comme ils sont rares aujour-
d'hui les vigoureux gaillards d'autrefois?
On dit qu il en est trop parti pour les
usines où l'on gagne gros et l'on vit court:
on dit aussi qu'A n'en vient plus. Là où
y avait vingt conscrits, il n'y en a pas
même dix; 14 où les cloches carillon-
(1) Cette expression est devenue courante
chez lès socialistes.
naient trente fois l'an le baptême, elles
ne tintent plus qu'en de lointains inter-
valles. Et vous jeunes fiancés, où fixerez-
vous votre nid?âN'importe oû mais pas
Ici.
Les oiseaux de chez nous deviennent
migrateurs; le clocher n'abrite plus les
couvées; adieu, les oisillons!
Et pourtant elle est encore féconde la
terre qu'ont labourée nos aïeux. La
preuve? Voyez donc comme ils la con-
voitent, les jaloux d'au delà la frontière?
Tu fus toujours bonne à ceux qui t'ai-
mèrent, douce terre de France. Ingrats
ceux qui t'abandonnent! Scélérats ceux
qui te pillent ou te livrent!
En leur ordre heurté, ces pensées ar-
rivent en foule au cerveau du laboureur,
tandis que, silencieux devant lui, ses ro-
bustes chevaux entraînent la charrue,
t Holà, les agneaux I Un moment; respi-
rons un instant, » Le laboureur lâche
les cornes de la charrue et s'avance vers
les bonnes bêtes ; sa main glisse amicale
sur leurs naseaux fumante: « La terre
est dure, les amis, posez-vous; repre-
nons des forces
» L'an prochain vous serez troie, car,
vois-tu, noireaud, on devient vieux à ten
âge, et cependant il faudra creuser plus
bas. C'est sûr; plus le labour est profond,
plus lea racines auront d'espace et les
engrais de place, partant plus il viendra
de grain. Il nous faudra aussi une herse
lourde à dents serrées; enfin que pensez-
vous d'un rouleau brise-mottes? car,
voyez-vous, il ne suffit pas de tourner la
terre, il faut l'émietter pour que les
racines s'y promènent à l'aise et que
chaque miette leur donne son suc; qu en
pensez-vous ? »
' C'est sûr qu'elles ont compris, les
braves bêtes, voyez, elles font signe que
oui. Et en avant ! Leur échine se raidit,
la terre crie.
Hue! dia!Elle se déchire, se retourne,
se brise, se broie, la terre nourricière,
pour recevoir la semence du bon blé;
quand la Noël sera venue, elle pourra
recouvrir de son manteau blanc la jolie
robe de verdure; regardez poindre au
soleil les frêles tiges en rangs serrés; le
même rayon qui les éclaire illumine le
front du laboureur : « Allons ! la semence
a germé; il sera de bonne venue ». Sois
fier de ton oeuvre, ô laboureur, tu com-
munies au génie du Créateur. Il récom-
pense ta vertu et ta confiance- Sois bon
à son image et à sa ressemblance, et ne
crains pas de Lui offrir le merci qui jaillit
de ton coeur.
Un PETIT LABOUREUR.
TROIS SORTES DE LABOURS
Le labour de défoncement s'exécute
abord quand oa défriche une terre ; il im-
porte alors, en effet, de donner au sol actif
ou arable le plus de profondeur possible,
surtout pour une culture intensive.
On pratique aussi des défoncements au
début d'une rotation de culture, pour la pre-
mière sole qui est régulièrement occupée
par des plantes sarclées, betteraves, carottes,
pommes de terre.
Les betteraves et les carottes ont besoin
d'un sol profondément ameubli pour y en-
foncer leurs racines pivotantes, la pomme
de terre s'y plaît bien aussi et si l'espace ne
lui manque pas, elle étage ses tubercules
sur plusieurs rangs superposés. Le seul
inconvénient des labours de défoncement
c'est que, dans certains cas, ils amènent à la
surface des couches de terre non fertilisées
par les engrais et par les agents atmosphé-
riques; on obvie à cet inconvénient en pra-
tiquant ces labours avant l'hiver pour que
la terre profonde ramenée à la surface ait le
temps de « mûrir » jusqu'au printemps.
Les labours moyens (0m,12 à 0m, 25 de pro-
fondeur) s'exécuteront ensuite chaque année
pour l'enfouissement du fumier, les se
mailles de céréales ou autres, les jachères, etc
ce sont les labours ordinaires.
Les labours superficiels (0m, 10 à 0, de
profondeur) servent au déchaumage après
la récolt e des céréales, et au printemps pour
les dernières façons avant l'ensemencement
des plantes sarclées; ils servent aussi pour
enfouir les engrais pulvérulents et certaines
Semences.
FACULTÉ GERMINATIVE DES GRAINES
La condition essentielle d'une bonnegraine,
c'est qu'elle puisse germer promptement, et
par conséquent qu'elle ait conservé sa faculté
germinative.
On peut s'en assurer par deux moyens :
1· Les plonger dans l'eau : celles qui vont au
fond sont saines, celles qui surnagent ne valent
rien : cette règle ne s'applique pas à tontes les
espèces, mais elle convient parfaitement aux
céréales :
2· Il y a des graines qui sont saines, mais
qui ont perdu la faculté germinative parce
qu'elles sont trop vieilles. Prenez un échantillon
d'une centaine: placez-les entre les plis d'un
drap mouillé et dont vous entretiendrez l'hu-
midité. Au bout de quelques jours, vous comp-
terez celles qui ont germé.
Pour qu'une semence de blé soit réputés
bonne, quant à la faculté germinative. 95 graines
sur 100 doivent germer ; la proportion est la
même pour le seigle, l'orge, l'avoine; elle est
de 85 % pour le maïs, 80 pour les betteraves.
75 pour les carottes, 90 pour le trèfle des prés,
le trèfle incarnat, la luzerne commune, 85 pour
le sainfoin, 95 pour les pois, les vesces.
LH « LABOUREUR-RE VUS »
Beau recueil d'articles, renseigne m tntt
et recettes ; paraît tous les trois mois en
volume. Abonnement : S fr. Le fasciente
o fr. 75.
f. ROTt invitto. PAIO», VI 11«.
LA CROIX
ENQUÊTE
SUR LA
REPRÉSENTATION PROPORTIONNELLE
L'opinion de M. Hoyois
Notre excellent ami, M. Hoyois, député
de Tounai-Ath, est-il partisan de la R. P.?
Oui, semble-t-il à première, vue. Et cepen-
dant, il hésite, il craint, il doute, et bien qu'il
soit enclin à l'accepter définitivement comme
un progrès, il estime que ce système n'a pas
subi suffisamment l'épreuve du temps de
même qu'il n'a pas revêtu sa forme dernière.
Le remarquable travail de M. Hoyois
reflète un état d'âme qui est celui de plu-
sieurs de ses collègues qui se posent cette
question : Avons-nous bien ou mal fait d'ins-
taurer ce nouveau régime ?
La représentation proportionnelle a fait con-
ter des flots d'encre et suscité d'innombrables
polémiques en Belgique, avant son instauration
pour les élections législatives. Aujourd'hui,
c'est son extension aux élections provinciales
et, suivant le mode adopté pour les Chambres,
aux élections communales, qui demeure seule
discutée, sans grande ardeur du reste.
Ce qui est certain, c'est que personne dans le
pays ne fait actuellement campagne pour le
retour au régime majoritaire en ce qui regarde
les élections pour les Chambres ou celles pour
les Conseils communaux. Sans doute, cela
signifie-t-il qu'on s'accommode assez bien de
l'état de choses existant.
Je ne voudrais pas jouer au prophète et an-
noncer que personne n'osera plus jamais en-
tamer semblable campagne !
Il est toujours dangereux de vaticiner en
politique.
Vaticiner chez nous, à propos de la représen-
tation proportionnelle, ce serait se livrer à un
exercice d'autant plus périlleux qu'en Belgiqueâ
en est-il différemment ailleurs ? â les hommes
politiques consultent trop souvent â Je ne dis
pas « tous » et « toujours » â dans les matières
d'ordre purement électoral l'intérét, non seule-
ment de leur parti, mais même du groupe de
leur parti auquel ils appartiennent, et que est
intérêt est changeant.
Acceptée aujourd'hui par l'ensemble des
partis comme un fait accompli dont aucun n'a
eu à se plaindre sérieusement jusqu'ici, la
réforme proportionna tiste pourrait plus tard se
voir battue on brèche par des groupes d'opinions
â¢diverses.
Je crois toutefois que c'est à son mode
de fonctionnement qu'on s'en prendrait tout
d'abord, du moins à gauche, sauf à n'en re-
mettre le principe en question que si les espé-
par ces conçu , avant tout changement à son
de fonctionnement étaient déçues.
lent, en effet, de remarquer
- partis de gauche n'ont cessé
nombreuses années, de réclamer
réformes électorales, tantôt d'une sorte et tan-
tôt d'une autre : autrefois â quand ils étaient
les maîtres â pour que la majorité dans les
Chambres ne leur échappât pas ; ultérieure-
ment â depuis qu'ils sont minorité â pour
qu'elle leur revienne.
Une campagne contre le principe proportion-
naliste n'est pas devenue impossible en Bel-
gique. Elle rencontrerait cependant, j'imagine,
des résistances autrement vives que n'en ren-
contra la campagne proportionnaliste des
années antérieures, et j'incline à penser qu'elle
n'aboutirait pas vite à la restauration du régime
majoritaire.
C'est que la justice du principe de la repré-
sentation proportionnelle paraît difficile à con-
tester. Avoir des assemblées délibérantes qui
soient l'image fidèle, adéquate du corps élec-
toral, dans toutes ses fractions, c'est évidem-
ment l'idéal pour un pays à régime représen-
tatif.
On système qui mène à l'élimination pure et
simple des minorités et donne tous les mandats
dans chaque collège électoral au parti qui a
obtenu la moitié des suffrages plus un aboutit
A stériliser le vote de tous les citoyens qui l'ont
accordé aux candidats non favorises de la con-
fiance de la majorité des électeurs â ce qui
se justifie mal la où fonctionne le scrutin de
liste. D'autre part, pareille élimination, prati-
quée dans chacune des circonscriptions où
l'élection a lieu, conduit à un résultat général
de hasard, tantôt trop favorable au parti ayant
droit à la majorité, tantôt trop défavorable à
ce parti, à tel point qu'on a vu chez nous le
parti qui. dans l'ensemble du pays, avait re-
cueilli le moins de voix disposer de la majorité
des sièges, parfois-même de la grande majorité
de ceux-ci.
Des prétendues complications auxquelles
donneraient lieu le calcul des suffrages et
l'attribution des sièges au prorata des suf-
frages obtenus par les listes en présence et
personnellement par les candidats dont les
noms y figurent, on ne pourra plus dans l'ave-
nir faire état chez nous, comme on en fit état
précédemment ; les éléctions proportionnalistes
ne sont pas, sous ce rapport, plus « chinoises »
que les autres. L'expérience l'a prouvé.
Mais la difficulté qu'on pourrait rencontrer, à
on moment donné, serait de constituer, dans les
communes, des collèges échevinaux et, sur le
terrain parlementaire, un gouvernement, si
les assemblées d'où collèges échevinaux et
gouvernement doivent sortir étaient trop divi-
sées et si la fomation d'une « majorité de cir-
constances », composée d'éléments opposés ou
bigarrés, y tenait du problème de la quadra-
ture du cercle?
Déjà, dans telles de nos villes, la constitu-
tion d'un collège échevinal issu des trois
groupes, à peu près d'égale force, composant
le Conseil communal, a été ultra-laborieuse.
Que serait-ce, si la même situation se présen-
tait un jour dans les Chambres et si c'était la
constitution du gouvernement qui était alors
en jeu ? On n'a pas eu jusqu'ici en Belgique à
se préoccuper de cela, en fait, parcs que la
représentation proportionnelle y est de trop
fraîche date et parce que le parti catholique,
qui avait dans les Chambres une majorité
imposante sous le régime majoritaire, en a
gardé jusque maintenant une suffisante pour
gouverner sans avoir besoin de chercher aucun
appui à gauche. Mais, il peut arriver un mo-
ment où il en sera autrement.
Ce qui pourrait se produire plus tôt encore
c'est ce fait qu'un petit groupe de la majorité
cédât à la tentation de pratiquer plus ou moins
vis-à-vis de la « majorité des membres de la
majorité » la « politique du couteau sur la gorge»,
de jouer le rôle que le groupe de M. Jaurès
joue au Palais-Bourbon vis-à-vis du restant du
« bloc » : ce petit groupe se dira que, sans lui,
la majorité n'existerait pas et il élèvera le
niveau de ses exigences, tant au point de vue
de son action sur l'orientation de la politique
générale du Cabinet qu'en ce qui regardera la
composition de celui-ci... Je ne rechercherai
pas si pareil groupe n'est pas dés à présent en
formation au sein de notre Chambre. J'entends
raisonner en théorie et ne voudrais pas que qui
que ce fût, parmi mes amis de la droite parle-
mentaire, pût se méprendre sor le sens du
pronostic ci-dessus, d'ordre purement spéculatif.
Peut-être, plus tard, reprochera-t-on encore au
régime proportionnaliste d'opposer un obstacle
presque insurmontable à l'expression des grands
courants d'opinion qui pourraient se former. On
le fit, quand nos Chambres discutèrent ce régime.
Dans ce reproche il y a du vrai, à la condition
qu'on ne le force pas. Pratiquement, il a perdu
de sa valeur depuis les dernières élections légis-
latives, celles de 1902 : le corpa électoral a, en
effet, sa très clairement manifester alors son
sentiment touchant les menées révolutionnaires
auxquelles il venait d'assister.
On a fort vanté l'avantage procuré par le
régime proportionnaliste et consistant en ce
qu'il permet aux partis de conclure moins d'al-
liances avant les scrutins.
Cet avantage est effectivement très appré-
ciable, encore que la tendance aux alliances
soit loin d'avoir disparu chez nos partis de
gauche et encore même que de nombreuses
alliances de l'espèce aient été contractées par
eux ces temps-ci. Mais, il lui est arrivé d'être
compensé, au sein de certaines administrations
communales, et il pourrait lui advenir de l'être,
au sein des Chambres, par l'inconvénient, grave
des «alliances conclues, post electionem, par
les élus eux-mêmes, en vue de constituer l'In-
dispensable majorité d'administration ou de
gouvernement.
On me. répliquera que cet inconvénient peut
se rencontrer sons le régime majoritaire comme
sons le régime proportionnaliste et qu'il procé-
dera toujours du fait que plus de deux partis,
et non pas seulement deux, se disputeront le
pouvoir. Cette réplique ne sera pas dépourvue
de justesse. Mais, on ne pourra pas contester
que l'inconvénient signalé se présentera plus
fréquemment sous le régime proportionnaliste :
car plus rarement un parti aura, à lui seul, sous
ce régime, la majorité.
D'aucuns avaient annoncé que, grâce à notre
nouvelle législation électorale, la représentation
de nos partis serait aussi forte que possible,
que les « hommes de valeur» de chacun d'eux
s'imposeraient, à l'exclusion des autres. Il a falla
compter avec le personnel des élus en fonctions
le régime antérieur. Si bien que l'épuration
annoncée ne s'est pas fait sentir aussi sensible-
ment qu'on l'avait espéré ; elle n'a pas été ce-
pendant sans se produire, dans certains cas,
d'une certaine façon.
D'autre part, si nos Chambres et nos assem-
blées communales sont relativement « clichées »
sous le régime nouveau, elles l'étaient déjà
beaucoup sous l'ancien, aussi ne peut-on pas
non plus prétendre que, sous ce rapport, le
changement a été notable et est à porter au
passif de la représentation proportionnelle.
Un mot de la situation faite aux associations
politiques. Jadis aussi elles avaient une action
considérable sur les élections, car elles dési-
gnaient les candidats et partant les élus éven-
tuels. Il est certain que la représentation pro-
portionnelle a rendu leur action plus prépon-
dérante encore, du moins dans le domaine des
élections législatives : car lors de celles-ci, les
associations, non seulement désignent les can-
didats, mais encore arrêtent l'ordre dans lequel
ils seront élus : de sorte qu'elles décident en fin
de compte quels candidats seront sûrement
élus, lesquels ne le seront certainement pas et
lesquels auront leur sort douteux.
Il y a là, semble-t-il, plus qu'un inconvénient
léger du régime proportionnaliste. Il ne lui est
pas essentiel, puisqu'on ne le rencontre pas
sur le terrain des élections communales, en
vue desquelles tous les candidats sont présen-
tés en bloc â les plus favorisés par les élec-
teurs eux-mêmes étant tes élus. Il est cepen-
dant difficile à corriger radicalement pour qui
ne veut pas permettre le panachage â resté
autorisé pour nos élections communales et
qui ne l'est plus pour nos élections législa-
tives. Il n'est, en tous cas, pas suffisamment
corrigé par le droit laissé aux électeurs d'expri-
mer des à suffrages de préférence », comptés à
la liste du candidat préféré, en tant qu'il s'agit
du calcul du nombre des mandats revenant à
eette liste, mais comptés ensuite à ce candidat
personnellement et non à sos collègues en can-
didatura en tant qu'il s'agit de la répartition
entre lui et eux des mandats revenant à leur
liste. Le corps électoral doit émettre trop de
« suffrages de préférence » pour parvenir à
déranger « l'ordre de présentation » (et partant
« d'élection ») arrêté par les associations.
Serait-ce un remède suffisant que de diminuer
le chiffre des « suffrages de préférence » que
devra émettre le corps électoral, au profit d'un
candidat, pour arriver à ses fins ? Je ¡n'en suis
pas certain.
En attendant, au sein d'un certain nombre
d'associations politiques, la cordialité d'antan
paraît avoir cessé de régner et entre les aspirants
candidats et entre les groupes d'amis qui les
soutiennent. C'est là un côté fâcheux du régime
nouveau, sur lequel tous les partis sont obligés
de jeter un voile discret.
La conclusion de M. Hoyois est empreinte,
comme sa lettre tout entière, de doute et
d'incertitude.
Dans un prochain article, nous clorons
cette enquête â irrévocablement cette fois
âpar la publication des lettres de Mgr Keesen,
sénateur du Limbourg belge, et de MM. Flan-
din, député du Calvados, et Réveillaud,
député de la Charente-Inférieure.
A. JANNE.
ÇA & LA
Morts d'hier
Mme Armand Baudoin, femme de l'ancien directeur
de la Vie Parisienne, à Maison-Laffitte. â M. le Dr Bé-
ringier, ancien interne des hôpitaux, 53 ans, à Paris.
â M. Victor Gagarine, fils du prince et de la princesse
Nicolas Gagarine, à Paris. â M. François de Ter-
ronenne, lieutenant de cuirassiers, an château de
Melleray, 24 ans. â M. Deneux, maire de Bresles
(Oise), 70 ans. â Mme de Pappe. à 103 ans, Bruxelles.
â M. Maurice Rollinat, poète très connu 50 ans,
décédé dans une maison de santé à Ivry-sur-seine. â
M. Désiré Marlolle-Pinguet, administrateur de la
Compagnie du Nord, ancien conseiller général et
maire de Saint-Quentin, 79 ans.
Contre la persécution religieuse
M. l'abbé Lemarescal a donné dimanche, à
Quintin (Côtes-du-Nord), devant un auditoire
de plus de 8oo hommes, une conférence très
applaudie sur la persécution religieuse actuelle
en Bretagne. Grand succès, impression profonde.
Comme nous l'avons indiqué tant de fois, il y a
là une carrière magnifique ouverte au zèle des
anciens religieux.
Conférence contradictoire
Les radicaux de Massiac (Cantal) avaient
organisé une réunion anticléricale. M. Sabatier,
l'orateur, parla du rôle de l'Eglise.
M. le chanoine Lagarrigue releva toutes les
erreurs du conférencier et obtint beaucoup de
succès.
Un asile de nuit « Émile-Loubet »
Une dépêche de Saint-Pétersbourg annonce
qu'on a décidé de construire dans cette ville un
asile de nuit qui portera le nom de M. Emile
Loubet, président de la République française.
Le bâtiment sera élevé dans l'ile Gontoniew,
non loin de l'asile Félix-Faure.
Les travaux de construction seront commen-
cés au printemps prochain. Les frais sont éva-
lués à 120000 roubles.
Mariage de Mlle Lucie Faure
Les publications légales du mariage de
Mlle Lucie-Rose Félix-Faure, fille de l'ancien
président de la République, avec M. Pierre
Goyau, agrégé de l'Université, viennent d'être
faites aux mairies des VIIe et XIe arrondisse-
ments.
Mlle Lucie Félix-Faure sera entourée à son
mariage de nombreuses sympathies.
Quant à M. Goyau, c'est un écrivain fort dé-
iicat et un très fin lettré. On lui doit sur
Léon XIII, le Vatican, l'Italie et les questions
religieuses en général, des pages exquises et
d'une pensée profonde.
Ajoutons que le père de M. Goyau a été un
des plus brillants professeurs de Saint-Cyr et de
Saumur.
Les haras
Le général Defeldem, président de la Com-
mission des haras impériaux, et M. Nicolas
Schoubine-Posdeeff, directeur de la chancel-
lerie des haras de l'empire russe, sont arrivés
aujourd'hui pour faire en France des achats
d'étalons de pur-sang.
ÉCHOS DE PARTOUT
Îux élections municipales de Cosne (Nièvre),
la liste radicale socialiste du député Goujat (munici-
palité sortante) a été réélue dimanche avec 120 voix
de majorité sur la liste concurrente; c'est donc la
nomination nouvelle de M. Goujat à la tête de l'ad-
ministration de cette ville.
A partir du 1er novembre, des envois de
fonds, jusqu'à concurrence de SCO francs par titres
pourront être faits par la poste et an moyen de
mandats entre la France, l'Algérie et les bureaux
français à l'étranger, d'une part, et les colonies por-
tugaises, d'autre part.
La ville de Lyon aura d'ici peu son Métro-
politain, qui fera le tour de la villa et passera deux
fois le Rhône en viaduc. Il n'y aura qu'une seule
elasse et le prix de transport sera de 0 fr. 10. L'exé-
cution reviendra à 30 millions.
Le roi de Roumanie est légèrement indis-
posé : les médecins ont déclaré que son état était
assez satisfaisant, mais nécessitait quelques iours de
repos.
. Un examen aura lieu du 1er au 10 novembre
pour les jeunes gens désireux de contracter un enga-
gement volontaire de trois ans avant leur incorpo-
ration.
M. Léon Dovarche, licencié en droit, licencié
ès-lettres, est nommé attaché au cabinet du président
du Sénat.
Sous peu, commenceront an Cercle mili-
taire des armées de terre et de mer des conférences
sur la mutualité. Elles seront faites par M. Barberet,
directeur de la mutualité au ministère de l'Intérieur.
M. Tissier, maître de conférences de chimie
générale à la faculté des sciences de Lyon, a obtenu
sor sa demande un congé, du 1er novembre 1903 au
30 avril 1904. M. lissier est, on le sait, chef de cabinet
rte M. Pelletas.
Tribunaux
Mme LA BARONNE REILLE
EN COUR D'APPEL
Jeudi, 29 octobre, Mme la baronne Reille,
née Soult de Dalmatie; Mlles Abrial et Peyna-
vayre. comparaîtront devant la Chambre des
appels correctionnels de Toulouse.
Le tribunal de Castres, par un jugement très
motivé, avait relaxé ces dames, poursuivies
par le parquet de Castres pour infraction à la
foi contre les associations.
M. le procureur général a fait appel de ce
jugement. Mme la baronne Reille sera défendue
par Me Ménard ; Me Guy, du barreau de Castres,
accompagnera ses clientes devant la Cour
d'appel.
JOURNALIERS ELECTORAUX
Devant la Cour d'assises de Vaucluse, les 29
et 30 octobre courant, se déroulera une action
qui n'est pas banale.
Le rôle porte : Vidal Louis, ex-huissier en
chef de la mairie d'Avignon, faux en écritures
publiques, abus de confiance. Défenseur,
Me Georges Laguerre. .
Ce Vidal est poursuivi à la suite d'une plainte
déposée contre M. Pourquery de Boisserin,
ex-maire. ex-député d'Avignon, par les mem-
bres de quatre cercles républicains du chef-lieu
de Vaucluse. Cette plainte motiva l'envoi à
Avignon d'un inspecteur des finances, M. Bau-
doum-Bugnet, qui obligea l'ex-maire d'Avignon
rembourser une somme importante à la Caisse
municipale, comme employée pour ses besoins
électoraux, durant la campagne législative de
1002. M. Pourquery de Boisserin donna ensuite
sa démission de maire d'Avignon.
Une remarque faite à première vue, dans le
rapport de M. Baudouin-Bugnet, c'est qu'en 1802,
année électorale, la mairie d'Avignon a dé-
pensé, en journées à 3 francs, 15 000 francs do
plus qu'en 1898, année électorale également,
donnant déjà une différence sur los années
ordinaires.
La Cour d'assises établira les travaux exé-
cutés par ces bataillons de journaliers; les
débats paraissent devoir être intéressants.
LES GRÈVES DANS LE NORD
De notre correspondant de Lille :
Malgré les menées des socialistes minis-
tériels en faveur de la continuation de la
grève, le travail reprend partout.
Quatre tissages seulement des environs
de Lille ont chômé lundi.
A Halluin, les choses sont moins avancées;
les ouvriers hésitent à rentrer, le Comité de
la grève exerce encore sur eux une grande
influence et le Comité n'a cette puissance
que parce qu'il dispose pour les mauvais
coups des bandes de rôdeurs de frontière,
de fraudeurs et de Belges,qui traînent encore
dans le pays.
L'un de ces rôdeurs, accusé d'assassinat,
expulsé de France pour divers méfaits, a
été pincé hier et non sans peine mis en lieu
sûr.
A Armentières, la filature au coton de
MM. Dansette frères avait annoncé qu'elle
allumerait les feux lundi matin. La moitié
des ouvriers se sont présentés, encadres et
protégés par des forces imposantes de police
et par la troupe qui ont empêché les gré-
vistes enragés d'approcher : le travail a
repris au grand déplaisir du Comité de la
grève.
Les ouvriers de cette filature ne formu-
laient aucune revendication et n'avaient pas
été admis à voter le referendum.
Cette reprise du travail a opéré une salu-
taire impression dans le monde ouvrier et
annonce une détente prochaine.
D'autres usines rouvrent aujourd'hui les
ateliers.
L'ultimatum du maire à M. Combes
Le maire d'Armentières a adressé au pré-
sident du Conseil un télégramme impératif
dont voici les principaux passages :
Je tiens à protester énergiquement contre
l'attitude des troupes qui, depuis ce matin,
aident les contremaîtres de la filature Dansette
à racoler les ouvriers pour les obliger & ren-
trer à l'atelier, malgré l'intention, formelle de
continuer la grève manifestée par le referendum
de dimanche.
1000 soldats gardent les abords de l'usine,
barrent les rues et arrêtent quiconque veut
gagner la route d'Erquinghem.
Je vous invite vivement, en présence de nou-
velles arrestations, à intervenir immédiatement
pour mettre fin à ces procédés inqualifiables.
Je tiens à vous affirmer, avant qu'on ait des
incidents graves à regretter, que le calme est
à ce prix. DAUDRUMEZ.
Si un maire clérical avait osé tenir ce lan-
gage, il aurait été révoqué sur-le-champ.
Autorités énergiques
La réunion des grévistes, hier après-midi,
t la Maison du Peuple, à Armentières, a été
plus calme qu'on ne le croyait. L'autorité
paraît plus énergique pour défendre la li-
berté du travail.
Plusieurs arrestations ont été opérées.
Espérons que la grève finira bientôt.
EN MER.
Paimpol. â On vient de vendre à Paimpol
une goélette. l'Eglantine, qui est de beaucoup
la plus ancienne de toute la flottille islandaise.
fille date, en effet, de 1860, époque à laquelle
elle fut construite dans un chantier anglais.
Ce navire a accompli 43 voyages en Islande,
et toutes les familles de marins de la région
ont eu au moins un des leurs dans son équi-
page.
Brest. â La tempête du Sud-Ouest, qui règne
depuis plusieurs jours sur les côtes bretonnes,
va redoublant de violence.
La foudre est tombée sur le mât de misaine
du Massino, de l'escadre du Nord, occasion-
nant de sérieuses avaries à un appareil de télé-
graphie sans fil.
Là foudre a, en outre, causé des dégâts au
bureau télégaphique de la préfecture maritime,
où les communications avec les différents ser-
vices de la place et du port de guerre ont été
complètement interrompues.
â Des officiers des torpilleurs russes ancrés
dans le port de commerce ont recueilli à bord,
la nuit dernière, le cadavre de François Lan-
cien. quartier-maître, trouvé noyé dans les bas-
sins.
L'enquête établira s'il y a suicide ou accident
dû à la violente tempête qui a sévi sur Brest.
Ile de Sein. â Le canot Amiral-Lalande.
de la Société centrale de sauvetage dos nau-
frages, est sorti hier soir à 7 heures, par grosse
mer, et est rentré à 9 heures, après avoir sauvé
le gardien du phare qui se trouvait en grand
danger dans une embarcation.
Concarneau.â Le temps continue à être épou-
vantable sur les côtes bretonnes. Les malheu-
reux pécheurs ne peuvent, la plupart du temos,
aller en mer et pêcher le maquereau qui suc-
cède à la sardine.
La sardine ne s'étant montrée que très peu
de temps, les femmes de marins et les ouvriers
de toutes sortes qui vivent du travail des usines
n'ont, pour ainsi dire, rien gagné. Tout ce
monde crie déjà misère, et. les maires sont con-
voqués pour le 11 novembre, à Quimper, auprès
du Comité répartiteur des secours attribués à
la population maritime, dont la situation,
notamment à Concarneau et à Dçuarnenez, est
des plus tristes.
Malheureusement, l'argent diminue dans celta
caisse de secours, et l'on ne peut renouveler
sans cesse les appels à la charité publique.
Audierne. â Le trois-mâts terre-neuvier
Savoydrd, de Saint-Malo, s'est jeté à la côte
devant Plovan, où il s'est brisé.
La femme du capitaine et trois des hommes
de l'équipage ont été noyés. Un autre hommes
été blessé et a atterri à Plovan, dans la baie
d'Audierne.
Le Savoyard, appartenant à M. Mognot,
armateur, jaugeait 160 tonneaux et était monté
par 31 hommes d'équipage. Il venait de La Ro-
chelle avec un chargement de sel.
Sfax. â Le sous-marin Boukorn a pu être
renfloue. Il a été constate que la plupart des
organes n'étaient pas complètement endom-
magés.
Le Bauhorn vient d'être remorqué par le
vapeur Fresnel dans le port de Sfax.
Il y a une grande affluence sur les quais pour
regarder l'invention de l'abbé Raoul.
COURRIER DES BORDS DU RHIN
Strasbourg, le SS octobre.
C'était, ces jours derniers, l'inauguration de
la nouvelle Faculté de théologie catholique à
l'Université de Strasbourg.
Jusque-là, le clergé d'Alsace était formé au
Grand Séminaire comme en France et comme
aussi dans quelques diocèses d'Allemagne.
Etant donnée l'excellente composition du corps
des professeurs, l'Eglise se trouvait très bien
de ce mode d'éducation de nos prêtres, aussi
l'idée d'un changement ne partit-elle pas des
milieux catholiques. Au contraire, c'est dans
les milieux catholiques, du moins dans les
milieux catholiques indigènes, qu'elle rencontra
la plus forte opposition.
Mais il y a longtemps que le gouvernement
allemand, qui ne conçoit pas de maître d'école
en dehors de lui, voyait de mauvais oeil notre
Grand Séminaire et songeait à le supprimer
comme déjà, les premières années après l'an-
nexion, il avait supprimé les Petits Séminaires.
Il le voyait surtout de mauvais oeil parce que
les professeurs étaient des Alsaciens qu'il soup-
connait de ne pas cultiver suffisamment le sen-
timent allemand dans le coeur des jeunes clercs.
Il sut intéresser à ses préoccupations germa-
. nisatrices quelques savants catholiques alle-
mands qui. ceux-là, poussés encore par d'autres
mobiles, d'ordre religieux et scientifique, l'ai-
dèrent dans l'exécution de ses projets, et les
négociations avec Rome commencèrent, menées
surtout par la baron de Hertling, député du
Centre au Reichstag et professeur a l'Université
de Munich.
Du côté des catholiques allemands on fit
valoir surtout que la théologie, en s'enferment
entre les murs d'un Séminaire, restait sans
influence sur la science telle qu'elle est cultivée
à l'Université, que la jeunesse cléricale en
s'isolant perdait tout contact avec les autres
étudiants tels que les étudiants en médecine,
en droit, etc., que par suite la société ecclé-
siastique devenait étrangère à la société laïque,
et que les prêtres n'ayant pas été formés à l'Uni-
versité ne jouissaient pas, dans l'exercice de
leur ministère, de l'autorité scientifique requise
de nos jours pour exercer une action salutaire
sur les classes cultivées de la société.
Ces arguments n'étaient pas, comme l'on voit,
dénués de toute valeur. Il est incontestable, en
effet, qu'à notre époque, grâce à la diminution
du sens chrétien, le caractère surnaturel dont
est revêtu le prêtre n'est plus apprécié comme
autrefois et que pour se recommander au res-
pect d'une partie au moins des fidèles, le prêtre
a besoin de se distinguer par certaines qualités
naturelles, par certains titres plutôt extérieurs.
Mais outre qu'au Grand Séminaire de Stras-
bourg les études théologiques étaient à la hau-
teur de ce qu'elles sont aux Facultés de théo-
logie catholique allemandes, nous connaissions
trop bien les arrière-pensées du gouvernement
allemand pour nous rendre à ses instances
sans avoir épuisé tous nos moyens de résis-
tance. Nous savions très bien que la nécessité
de voir augmenter la considération du clergé
catholique était le moindre de ses soucis, mais
qu'il poursuivait avant tout un but politique.
Nous avions des raisons très sérieuses de nous
méfier de son ingérence dans l'oeuvre de l'édu-
cation du clergé
Jusque-là, l'évêque était seul maître pour ce
qui regardait le choix et la nomination des pro-
fesseurs du Séminaire, tandis que les profes-
seurs de la Faculté de théologie devaient être
nommés par le gouvernement de concert avec
l'autorité ecclésiastique. Nous nous disions
que le gouvernement n'userait pas de son droit
de participer aux nominations dans un sens
favorable à l'Eglise et nous nous demandions
surtout ce que deviendraient ces nominations
dans le cas, toujours possible, d'un conflit entre
les deux pouvoirs.
En attendant, les négociations avec Rome,
conduites, au nom du chancelier de l'empire et
de l'empereur lui-même, par le baron de
Bertling, continuaient. A Rome l'on fut long-
temps indécis, les influences les plus diverses
s'y faisant sentir.
Finalement, grâce sans doute aussi à l'atti-
tude plutôt bienveillante de l'empereur d'Alle-
magne qui tranchait si fort sur celle du gou-
vernement français et qui portait le Pape à
prendre en considération les désirs du gouver-
nement allemand appuyés par des catholiques
de marque, les partisans de la nouvelle Faculté
obtinrent gain de cause.
En Alsace, la décision fut accueillie, non pas
sans doute avec plaisir, mais avec résignation.
Le corps des professeurs de la nouvelle Faculté
compte quatre Alsaciens et autant de vieux
Allemands. Les étudiante en théologie, tout en
fréquentant les cours de l'Université, resteront
internes et continueront à recevoir au Sémi-
naire leur formation ascétique. A l'avenir de
nous renseigner sur les suites de cette grave
modification et de nous dire qui avait raison
des partisans de la nouvelle Faculté ou de ceux
qui, avec le clergé d'Alsace presque sans
exception, demandaient le maintten de notre
Séminaire.
RHUME de 0E8VEÀU
Nous rappelons à nos «mis que toutes ¡es
productions de la Maison de ¡a Bonne Presse
sont en vente à ROME che* JO!\î-
QUIERES et DATI, libraires et négo-
ciants d'objets reiigieux, gia^xa S. Luigi del
Franeeci, 35, e ΡίαÏÏα della Rotonda, γ, oü
on peut se les procurer.
RUSSIE-JAPON
Une note communiquée la nuit dernière aux jour
naux anglais et dont le texte nous est, transmit par
l'Agence Havas est ainsi conçue :
Les négociations russo-japonaises continuent,
et plus elles durent, moins il y a de chances de
guerre.
Les préparatifs qui se poursuivent activement
des deux côtés n'impliquent pas forcément la
probabilité d'une guerre.
Le secret est garde sur les négociations, mais
il est certain que le Japon ne perd pas de vue,
dans les négociations, les intérêts de tous les
pays qui font des affaires en Extrême-Orient.
Rien de ce que pourrait faire la Russie
n'empêchera le Japon d'obtenir ce qu'il consi
dère comme lui étant dû légitimement.
Si l'on en venait aux extremités, le Japon qui
connaît à fond sa propre situation, ne crain-
drait pas les conséquences d'une guerre; mais
il faut noter qu'on ne s'attend pas à ce que les
négociations actuelles aient un pareil dé-
nouement.
Volet deux dépêche« du Japon. Elles sont ansai
d'origine anglaise :
Tokio, 26 octobre. â Au cours d'une entrevue
avec un journaliste, le premier ministre du
Japon a déclaré que les négociations avec la
Russie se poursuivent dans l'esprit de l'alliance
japonaise, c'est-à-dire qu'elles tendent au main-
tien de la paix et du statu quo.
Il n'y a rien dans la situation actuelle qu
puisse causer de l'alarme.
Il est regrettable qu'on expédie en Europe
tant d'extraits des journaux jaunes du Japon.
Yokohama, 26 octobre. â Le secrétaire de la
légation japonaise de Séoul, qui fait une tour-
née d'inspection dans la vallée du Yalon, dé-
clare que les télégrammes adressés dans cette
région à la presse sont fortement entachés
d'exagération.
On se rappelle que des Russes en armes ont
empêché le secrétaire de la légation japonaise
de débarquer à Yongampho. Le ministre russe
à Séoul a reconnu que le procédé était arbi-
traire ; il a envoyé les instructions nécessaire»
à Yongampho.
Les troupes russes envoient de nombreuses
patrouilles sur les ports russes du Tuman.
A l'Étranger
Italie
LE MINISTÈRE GIOLITTI
On assure bien qu'il est formé. Mais la nou-
velie n'est pas encore officielle. Si les négocia-
tions de cet homme d'Etat aboutissent, comme
c'est probable, ce sera le ministère Zanardelli
continué avec d'autres noms.
Il paraît que M. Giolitti veut donner un por-
tefeuille à un représentant du parti socialiste.
Mais il est bien clair qu'il n'a pas pris une telle
détermination sans avoir l'assentiment du roi.
Et alors, on verra sans doute l'application da
cette parole d'un autre souverain d'Europe :
« Il faudrait déplorer qu'il se soit trouvé un
prince de la maison de Savoie pour superposer
à sa couronne un bonnet rouge. »
Les journaux italiens font connaître que les
négociations suivent un cours régulier. D'après
l'Avanti, il y aurait dans le nouveau Cabinet
trois radicaux, deux membres de la droite, les
autres ministres feraient partie du groupe de
gauche. Tous ces ministres seraient des homme»
de valeur indiscutée.
LE PALAIS FARNÈSE
La Tribuna annonce que, depuis hier lundi,
le palais Farnèse est devenu la propriété de la
France.
LA MISÈRE EN ITALIE
Des agents d'émigration cherchent à décider
de nombreux paysans d'Italie à quitter leur
pays. Des entreprises accordent aux émigrés le
passage gratuit jusqu'au Bresil.
Il parait qu'il y a un grand nombre de mal-
heureux prêts à émigrer qui s'entassent depuis
plusieurs jours sur les quais de Naples, de Brin-
disi et de Tarente.
« Pourquoi émigrez-vous ? » leur demande-t-on.
Et la réponse est toujours celle-ci : « La misère
et la faim! » Les Pouilles, les Calabres et la
Basilicate fournissent le plus fort contingent
des émigrants. Eu 1901, il y eut plus de
350 000 emigrante. En 1903, pour les six pre-
miers mois de l'année, on en compta 150000
environ. L'émigration serait ainsi en progrès
toujours croissant.
Hongrie
M. TISZA
La nouvelle que le comte Stefan Tisza
chargé de constituer un Cabinet a été fort bien
accueillie à Budapest. Et quand cet homme
d'Etat s'est présenté hier soir au Club libéral,
on lui a fait une réception enthousiaste.
Alsace-Lorraine
UNE STATUS DE FRÉDÉRIC III A METZ
Un Comité vient de se former à Metz, parmi
les Allemands, pour l'érection prochaine d'une
statue monumentale de l'empereur Frédéric III,
père de Guillaume II.
Cette statue serait élevée sur le couronnement
de la porte Serpenoise qui subit en ce moment
une transformation complète.
Le Comité se compose de tous les hauts
fonctionnaires et des dignitaires de l'armée du
16e corps allemand.
Saxe
LA PRINCESSE LOUISE
On dément formellement aujourd'hui la nou
velie récemment donnée d'une réconciliation
de la princesse Louise avec le prince royal. On
dément aussi que la princesse doive revenir à
Dresde.
PRICESSE MAKOKO Savon Victor Vaissier
LÎ LABOUREUR
Chronique agricole
LABOURS DE SEMAILLE
Partout les attelages au labour-
Tandis que le monde officiel parade
devant le roi d'Italie, enfonce les portes
des couvents et traque les bons citoyens;
tandis que les bandits saccagent les villes
industrielles du Nord et de la Bretagne,
les laboureurs de France donnent un
spectacle autrement réconfortant : du
Nord au Midi, de l'Est à. l'Ouest, on les
voit courbés sur les coraos de leur char-
rue tracer le sillon et semer le bon grain.
Octobre, mois de labeur fécond, mais
aussi de tristesse inexprimable ! Que sera
l'hiver de demain?
J'en entends murmurer plus fort qu'au-
trefois : « Où allons-nous? Où en serons-
nous au temps de la moisson?... Il γ
avait plaisir à peiner, quand c'était pour
élever chrétiennement sa famille. Main-
tenant» sa voir obligé de jeter nos enfante
dans la gueule du loup ; voir voler et
chasser de chez eux nos amis les Frères
et les Soeurs... entendre los veraces nous
(dire froidement : « Ton tour viendra,
propriétaire; on t'y mettra dans ton
fumier (1) »... Et pourtant, Dieu sait si
nous travaillons â et plus de huit heures
par jour. Dieu sait si nous avons gagné
e pain que nous avons. Quel temps! »
Aussi, à part quelques gars jeunes et
insouciants, ils ne chantent plus guère,
les laboureurs; ne dirait-on pas que boeufs
et chevaux les comprennent? Leur allure
est plus pesante, leur tête et leurs épaules
plient davantage sous l'effort; au tour-
nant ils ont une façon de secouer la tète
comme pour dire un « non, ça ne va pas
comme autrefois, le maître a de la
peine. »
J'ai dit tout à l'heure: A part quelques
gars jeunes et insouciante. Avez-vous
remarqué comme ils sont rares aujour-
d'hui les vigoureux gaillards d'autrefois?
On dit qu il en est trop parti pour les
usines où l'on gagne gros et l'on vit court:
on dit aussi qu'A n'en vient plus. Là où
y avait vingt conscrits, il n'y en a pas
même dix; 14 où les cloches carillon-
(1) Cette expression est devenue courante
chez lès socialistes.
naient trente fois l'an le baptême, elles
ne tintent plus qu'en de lointains inter-
valles. Et vous jeunes fiancés, où fixerez-
vous votre nid?âN'importe oû mais pas
Ici.
Les oiseaux de chez nous deviennent
migrateurs; le clocher n'abrite plus les
couvées; adieu, les oisillons!
Et pourtant elle est encore féconde la
terre qu'ont labourée nos aïeux. La
preuve? Voyez donc comme ils la con-
voitent, les jaloux d'au delà la frontière?
Tu fus toujours bonne à ceux qui t'ai-
mèrent, douce terre de France. Ingrats
ceux qui t'abandonnent! Scélérats ceux
qui te pillent ou te livrent!
En leur ordre heurté, ces pensées ar-
rivent en foule au cerveau du laboureur,
tandis que, silencieux devant lui, ses ro-
bustes chevaux entraînent la charrue,
t Holà, les agneaux I Un moment; respi-
rons un instant, » Le laboureur lâche
les cornes de la charrue et s'avance vers
les bonnes bêtes ; sa main glisse amicale
sur leurs naseaux fumante: « La terre
est dure, les amis, posez-vous; repre-
nons des forces
» L'an prochain vous serez troie, car,
vois-tu, noireaud, on devient vieux à ten
âge, et cependant il faudra creuser plus
bas. C'est sûr; plus le labour est profond,
plus lea racines auront d'espace et les
engrais de place, partant plus il viendra
de grain. Il nous faudra aussi une herse
lourde à dents serrées; enfin que pensez-
vous d'un rouleau brise-mottes? car,
voyez-vous, il ne suffit pas de tourner la
terre, il faut l'émietter pour que les
racines s'y promènent à l'aise et que
chaque miette leur donne son suc; qu en
pensez-vous ? »
' C'est sûr qu'elles ont compris, les
braves bêtes, voyez, elles font signe que
oui. Et en avant ! Leur échine se raidit,
la terre crie.
Hue! dia!Elle se déchire, se retourne,
se brise, se broie, la terre nourricière,
pour recevoir la semence du bon blé;
quand la Noël sera venue, elle pourra
recouvrir de son manteau blanc la jolie
robe de verdure; regardez poindre au
soleil les frêles tiges en rangs serrés; le
même rayon qui les éclaire illumine le
front du laboureur : « Allons ! la semence
a germé; il sera de bonne venue ». Sois
fier de ton oeuvre, ô laboureur, tu com-
munies au génie du Créateur. Il récom-
pense ta vertu et ta confiance- Sois bon
à son image et à sa ressemblance, et ne
crains pas de Lui offrir le merci qui jaillit
de ton coeur.
Un PETIT LABOUREUR.
TROIS SORTES DE LABOURS
Le labour de défoncement s'exécute
abord quand oa défriche une terre ; il im-
porte alors, en effet, de donner au sol actif
ou arable le plus de profondeur possible,
surtout pour une culture intensive.
On pratique aussi des défoncements au
début d'une rotation de culture, pour la pre-
mière sole qui est régulièrement occupée
par des plantes sarclées, betteraves, carottes,
pommes de terre.
Les betteraves et les carottes ont besoin
d'un sol profondément ameubli pour y en-
foncer leurs racines pivotantes, la pomme
de terre s'y plaît bien aussi et si l'espace ne
lui manque pas, elle étage ses tubercules
sur plusieurs rangs superposés. Le seul
inconvénient des labours de défoncement
c'est que, dans certains cas, ils amènent à la
surface des couches de terre non fertilisées
par les engrais et par les agents atmosphé-
riques; on obvie à cet inconvénient en pra-
tiquant ces labours avant l'hiver pour que
la terre profonde ramenée à la surface ait le
temps de « mûrir » jusqu'au printemps.
Les labours moyens (0m,12 à 0m, 25 de pro-
fondeur) s'exécuteront ensuite chaque année
pour l'enfouissement du fumier, les se
mailles de céréales ou autres, les jachères, etc
ce sont les labours ordinaires.
Les labours superficiels (0m, 10 à 0, de
profondeur) servent au déchaumage après
la récolt e des céréales, et au printemps pour
les dernières façons avant l'ensemencement
des plantes sarclées; ils servent aussi pour
enfouir les engrais pulvérulents et certaines
Semences.
FACULTÉ GERMINATIVE DES GRAINES
La condition essentielle d'une bonnegraine,
c'est qu'elle puisse germer promptement, et
par conséquent qu'elle ait conservé sa faculté
germinative.
On peut s'en assurer par deux moyens :
1· Les plonger dans l'eau : celles qui vont au
fond sont saines, celles qui surnagent ne valent
rien : cette règle ne s'applique pas à tontes les
espèces, mais elle convient parfaitement aux
céréales :
2· Il y a des graines qui sont saines, mais
qui ont perdu la faculté germinative parce
qu'elles sont trop vieilles. Prenez un échantillon
d'une centaine: placez-les entre les plis d'un
drap mouillé et dont vous entretiendrez l'hu-
midité. Au bout de quelques jours, vous comp-
terez celles qui ont germé.
Pour qu'une semence de blé soit réputés
bonne, quant à la faculté germinative. 95 graines
sur 100 doivent germer ; la proportion est la
même pour le seigle, l'orge, l'avoine; elle est
de 85 % pour le maïs, 80 pour les betteraves.
75 pour les carottes, 90 pour le trèfle des prés,
le trèfle incarnat, la luzerne commune, 85 pour
le sainfoin, 95 pour les pois, les vesces.
LH « LABOUREUR-RE VUS »
Beau recueil d'articles, renseigne m tntt
et recettes ; paraît tous les trois mois en
volume. Abonnement : S fr. Le fasciente
o fr. 75.
f. ROTt invitto. PAIO», VI 11«.
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