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720 pages
DICTIONNAIRE DES COMÉDIENS FRANÇAIS
428
MICHELET, M" Début Comédie-Fran-
çaise 1765.
MICHELOT, Pierre, Marie, Nicolas, dit Théo-
~ore. Né à Paris le 5 juin 1786, rue des
Marais, paroisse St-Sulpice. Son père était
interprète-traducteur et il reçut lui-même une
bonne instruction. Son premier début eut lieu
à Versailles le 10 mars 1805, et son second à
Paris le 29 du même mois par les rôles de
Britannicus et de DormiUy des Fausses
~'M/MéM~s. « Cet acteur, écrivit Geoffroy, n'a
pas des qualités physiques très avantageuses;
il n'a ni dans les traits, ni dans la Bgure, ni
dans l'organe, rien qui convienne à un prince
tragique. Il a évité les fautes grossières; il a
montré une intelligence supérieure à son âge. »
Michelot fut engagé comme pensionnaire
aux appointements de 2400 fr. par an, mais
renonça bientôt aux princes tragiques. Son
débit brillant, sa taille au-dessous de la
moyenne, son extrême jeunesse, ne trouvaient
guère leur emploi que dans la comédie. En
mars 1807, il eut 3000 fr., en juillet 1808,
3500 fr. en avril 1809, 4000 fr. Le 1" octobre
1811, il fut nommé sociétaire. L'Opinion du
.Pa~er~ t. iu, qui lui consacre un long
article, p. 243 et suiv. (1806) lui reconnaît du
feu, de la vivacité, une grâce extrême, et pré-
dit qu'il ira loin dans les rôles de marquis, de
fats, d'étourdis, de petits-maîtres. C'est que
Michelot, en effet, portait fort bien l'habit
brodé et l'épée, et savait copier à merveille
les grands airs de Cour des xvn"'s et xvui'
siècles.
Michelot, outre tous les rôles de son emploi
dans le répertoire, établit cent-cinq rôles nou-
veaux à la Comédie-Française, de 1805 à 1831,
sans pourtant réussir jamais dans le « grand
emploi », comme le lui prouva l'échec qu'il
remporta dans le rôle de Ta~M/'e. Michelot
fut donc le type du persifleur, de l'acteur aux
intentions fines, de l'homme aux manières
aisées une fort jolie voix, une figure spiri-
tuelle, talent superficiel mais agréable. Quant
à l'école romantique, il ne la comprit jamais,
et faillit même compromettre le succès d'~e~-
nani par son interprétation du rôle de Don
Carlos.
Sur la très longue liste donnée par son
biographe, M. E. D. De Manne, nous relève-
rons les rôles suivants créés par Michelot
Charles des Deux gendres, 1810, Sainville de
l'TM~~OM~e, 1813, Mayenne des Etats de
Blois, 1814, Apelle dans Alexandre chez
Apelle, 1816, Marcus dans Germanicus, 1817,
le Baron de La Fille
1821, Derville du Mari à bonnes y'o~M~es,
1824, le Duc de la Princesse des Ursins,
1825, Dalincourt de l'Argent, 1826, Oscar des
Deux .M< 1826, Henri III de JTe~ III et
sa cour, 1829, Don Carlos de .Se~MM!, 1830.
Sa dernière création fut celle de Rougeval
dans les Intrigants, 1831.
Une première fois Michelot manifesta le
désir de se retirer à Pâques 1829. Mais sa
démission ne fut pas acceptée, ses services
étant considérés comme trop utiles. Un com-
mencement de surdité, dit-on, le fit persister
dans cette résolution qui devint définitive le
1~ avril 1831.
Michelot « grand comédien en miniature »
laissa le souvenir d'un acteur gracieux, ins-
truit, homme de goût, quoique peu naturel.
Vainement quatorze auteurs demandèrent-ils,
en 1837, sa réintégration au théâtre. La dé-
marche échoua.
Professeur de déclamation spéciale au
Conservatoire en 1835, et professeur de décla-
mation ~~M6 en 1839, il exerça ces fonc-
tions jusqu'en 1851. En 1848, il voulut s'occu-
per de politique, créer un club républicain des
artistes dramatiques autant en emporta le
vent. Il revint aux études classiques, fré-
quenta les bibliothèques, et mourut à Passy le
18 décembre 1856. L'inhumation eut lieu au
cimetière Montmartre.
Sur un catalogue d'autographes nous rele-
vons le passage suivant d'une lettre de Miche-
lot à M. le comte de Pastoret, en date du
19 décembre 1834. Après lui avoir demandé
conseil pour organiser une tournée théâtrale
en Allemagne; il écrit
« Par. amour de mon art, je suis tourmenté
du besoin de quitter mon pays, où je vois le
théâtre se dégrader de plus en plus. Je cher-
che un refuge où l'on puisse conserver le feu
sacré. Les jeux du cirque ne peuvent tarder
de faire rougir notre nation, etc. »
Pendant sa retraite, il fut l'organisateur des
représentations privées si célèbres qui se
donnaient à l'Hôtel de Castellane.
Il avait épousé en 1814 M"e Jenny Boissière
(1793-1839) qui tut pensionnaire à la Comédie-
Française de 1809 à 1817. V. Boissière.
En 1859, Mme Fumet, fille de Michelot, pro-
mit à l'Association des artistes, si elle parve-
nait à organiser la représentation de retraite
due à son père, un quart de cette recette. La
représentation eut lieu le 13 décembre, et
Mme Fumet versa 633 fr. 20 à la Société.
Biographie E. D. De Manne, T~OMpe de
ra~a.
Bibliographie Opinion du ~a~e~ve, t. ni
àx. Toutes les biographies dramatiques. Jous-
selin de la Salle, ~OM~e~ ~M?~ le T/~d
Iconographie Musée de la Comédie fran-
çaise, Catal. Monval, n° 187 Buste marbre,
h. 0.62, par Mansion, 1823. Salon 1824. N° 202:
Groupe d'artistes, dessin au crayon noir, par
Et. Bouchardy, vers 1820. ? 213 Les Deux
Cousines, sur toile, Michelot rôle de Rosam-
bert. N" 502 Une lecture a çaise, sur toile, par Gaston Thys, d'après
Heim.
Buste par Flatters, Salon de 1817.
Buste par Gayrard, Salon de 1831.
428
MICHELET, M" Début Comédie-Fran-
çaise 1765.
MICHELOT, Pierre, Marie, Nicolas, dit Théo-
~ore. Né à Paris le 5 juin 1786, rue des
Marais, paroisse St-Sulpice. Son père était
interprète-traducteur et il reçut lui-même une
bonne instruction. Son premier début eut lieu
à Versailles le 10 mars 1805, et son second à
Paris le 29 du même mois par les rôles de
Britannicus et de DormiUy des Fausses
~'M/MéM~s. « Cet acteur, écrivit Geoffroy, n'a
pas des qualités physiques très avantageuses;
il n'a ni dans les traits, ni dans la Bgure, ni
dans l'organe, rien qui convienne à un prince
tragique. Il a évité les fautes grossières; il a
montré une intelligence supérieure à son âge. »
Michelot fut engagé comme pensionnaire
aux appointements de 2400 fr. par an, mais
renonça bientôt aux princes tragiques. Son
débit brillant, sa taille au-dessous de la
moyenne, son extrême jeunesse, ne trouvaient
guère leur emploi que dans la comédie. En
mars 1807, il eut 3000 fr., en juillet 1808,
3500 fr. en avril 1809, 4000 fr. Le 1" octobre
1811, il fut nommé sociétaire. L'Opinion du
.Pa~er~ t. iu, qui lui consacre un long
article, p. 243 et suiv. (1806) lui reconnaît du
feu, de la vivacité, une grâce extrême, et pré-
dit qu'il ira loin dans les rôles de marquis, de
fats, d'étourdis, de petits-maîtres. C'est que
Michelot, en effet, portait fort bien l'habit
brodé et l'épée, et savait copier à merveille
les grands airs de Cour des xvn"'s et xvui'
siècles.
Michelot, outre tous les rôles de son emploi
dans le répertoire, établit cent-cinq rôles nou-
veaux à la Comédie-Française, de 1805 à 1831,
sans pourtant réussir jamais dans le « grand
emploi », comme le lui prouva l'échec qu'il
remporta dans le rôle de Ta~M/'e. Michelot
fut donc le type du persifleur, de l'acteur aux
intentions fines, de l'homme aux manières
aisées une fort jolie voix, une figure spiri-
tuelle, talent superficiel mais agréable. Quant
à l'école romantique, il ne la comprit jamais,
et faillit même compromettre le succès d'~e~-
nani par son interprétation du rôle de Don
Carlos.
Sur la très longue liste donnée par son
biographe, M. E. D. De Manne, nous relève-
rons les rôles suivants créés par Michelot
Charles des Deux gendres, 1810, Sainville de
l'TM~~OM~e, 1813, Mayenne des Etats de
Blois, 1814, Apelle dans Alexandre chez
Apelle, 1816, Marcus dans Germanicus, 1817,
le Baron de La Fille
1821, Derville du Mari à bonnes y'o~M~es,
1824, le Duc de la Princesse des Ursins,
1825, Dalincourt de l'Argent, 1826, Oscar des
Deux .M< 1826, Henri III de JTe~ III et
sa cour, 1829, Don Carlos de .Se~MM!, 1830.
Sa dernière création fut celle de Rougeval
dans les Intrigants, 1831.
Une première fois Michelot manifesta le
désir de se retirer à Pâques 1829. Mais sa
démission ne fut pas acceptée, ses services
étant considérés comme trop utiles. Un com-
mencement de surdité, dit-on, le fit persister
dans cette résolution qui devint définitive le
1~ avril 1831.
Michelot « grand comédien en miniature »
laissa le souvenir d'un acteur gracieux, ins-
truit, homme de goût, quoique peu naturel.
Vainement quatorze auteurs demandèrent-ils,
en 1837, sa réintégration au théâtre. La dé-
marche échoua.
Professeur de déclamation spéciale au
Conservatoire en 1835, et professeur de décla-
mation ~~M6 en 1839, il exerça ces fonc-
tions jusqu'en 1851. En 1848, il voulut s'occu-
per de politique, créer un club républicain des
artistes dramatiques autant en emporta le
vent. Il revint aux études classiques, fré-
quenta les bibliothèques, et mourut à Passy le
18 décembre 1856. L'inhumation eut lieu au
cimetière Montmartre.
Sur un catalogue d'autographes nous rele-
vons le passage suivant d'une lettre de Miche-
lot à M. le comte de Pastoret, en date du
19 décembre 1834. Après lui avoir demandé
conseil pour organiser une tournée théâtrale
en Allemagne; il écrit
« Par. amour de mon art, je suis tourmenté
du besoin de quitter mon pays, où je vois le
théâtre se dégrader de plus en plus. Je cher-
che un refuge où l'on puisse conserver le feu
sacré. Les jeux du cirque ne peuvent tarder
de faire rougir notre nation, etc. »
Pendant sa retraite, il fut l'organisateur des
représentations privées si célèbres qui se
donnaient à l'Hôtel de Castellane.
Il avait épousé en 1814 M"e Jenny Boissière
(1793-1839) qui tut pensionnaire à la Comédie-
Française de 1809 à 1817. V. Boissière.
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mit à l'Association des artistes, si elle parve-
nait à organiser la représentation de retraite
due à son père, un quart de cette recette. La
représentation eut lieu le 13 décembre, et
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Biographie E. D. De Manne, T~OMpe de
ra~a.
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