Titre : La Croix
Auteur : Groupe Bayard. Auteur du texte
Éditeur : La Croix (Paris)
Date d'édition : 1890-08-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343631418
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 août 1890 22 août 1890
Description : 1890/08/22 (Numéro 2218). 1890/08/22 (Numéro 2218).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
fiants; des messes s'y sucrèrent depuis i h.
ce matin.
On éit que de grandes améliorations se sont
produites en route; nous en attendons la
confirmation.
Mgr l'évèqve d'Angoulême a bézae les malades
au passage.
A lourdes, accueil parfait; les Pères de In
Grotte sont admirables de bonté; foule énorme.
TOURNIER
A Lourdes ayant l'arrivée
Le jour du départ du pèlerinage de Paris,
le lundi 18 août, un service solennel a eu
lieu pour les membres défunts de l'Hospita-
lité et spécialement pour son regretté prési-
dence comte H. de l'Epinois, qui présidal'an
dernier avec tant d'ardeur et de tact aux soins
des malades du pèlerinage du Salut.
L'Univers a reçu de son correspondant,
3H. Colin, les lignes suivantes
Lourdes, 10 août.
J'arrive à lourdes deux jours avant le Pèleri-
nage national. Mais à voir l'animation qui règne
déjà partout à la grotte, à la basilique, sur les
bords du Gave, il est facile de deviner ce que
sera la grande semaine. Depuis l'Assomption,
groupe sur groupe ne cessent d affluer de toutes
les régions.
Ce matin, voici Bordeaux et Langon, précédant
de quelques heures seulement Poitiers et Bres-
suire, également venus sous la conduite de Mgr
Juteau, leur nouvel évoque.
Draguignan les suit de près, et a l'heure où je
vous envoie mon premier courrier, Lourdes a
pris ses grands airs de fête.
VOTOE PRESIDENTIEL
Nous avons laissé hier M. Carnot au moment
où, M. le curé doyen de Saint-Martin de Ré ve-
nait de lui souhaiter la bienvenue dans un dis-
cours à la fois courtois et digne, qui a paru faire
impression. M. Carnot est ensuite parti pour la
Couarde, où la harangue municipale a eu, nous
télégraphie un de nos correspondants, un suc-
cès de fou rire. M. Carnot étant arrivé avant
l'heure, le maire a déclaré n'avoir pas eu le
temps de faire un discours, mais que ça n'empê-
chait pas les sentiments.
De la Couarde, est allé à Ars, puis au hameau
de Saint-Clément. A Ars, le curé à invité le Pré-
sident à visiter son église. M. Carnot y a con-
senti et il a beaucoup admiré la Sainte Table qui
est en chêne sculpté. M. Carnot a. laissé, partout
où il passait, des aumônes abondantes.
Nous voici en face du Martray, qui est le point
où 111e s'étrangle jusqu'à n'avoir plus qu'une
largeur de soixante-dix mètres. De là, on aper-
çoit la mer à droite et à gauche. D'un côté, le
large; un horizon devant lequel la première
terre rencontrée serait l'Amérique de l'autre, le
Perthuis breton et le continent français. Les
gens du pays disent que par ici c'est la a bonne
mer »; ils appellent l'autre la « mer sauvage ».
Au phare, le déjeuner à vingt-deux couverts
otfert par le président de la république aux auto-
rités de l'ile a été servi dans une serre merveil-
leusement décorée de plantes vertes, de fleurs et
de drapeaux avec un menu tout local. A une
beure le président monte à bord de l'Elan.
Sa dernière journée à Marseille a été très
remplie. A peine revenu de l'lle de Ré, il par-
tait en voiture pour assister aux courses de che-
vaux organisées sur l'hippodrome d'Aytre. A sept
heures, il revenait pour diner à la préfecture à
huit heures et demie, il assistait à la retraite
aux flambeaux et à neuf heures le train prési-
dentiel quittait La Rochelle.
Le train présidentiel, parti à 9 heures de la
Rochelle,/est passé sans arrêter devant les petites
gares, toutes illuminées. A Niort, réception très
chaude aux flambeaux. Il en est de même à Poi-
tiers.fLe président de la République est descendu
à Fontainebleau à 5 heures 32. Il est immédiate-
ment monté en voiture se rendant au château.
M. Barbey est parti pour ses propriétés du Tarn.
Après une demi-heure d'arrêt pour laisser pas-
ser les trains rapides, le train présidentiel, dans
lequel était resté Ai. Yves Guyot, est reparti pour
Paris. Les journalistes sont arrivés avec lui ce
matin à 8 heures moins le quart, très fatigués.
»
POLITIQUE
Si M. de Freycinet rentre aujourd'hui, un
conseil de cabinet sera tenu, sous sa prési-
dence, au ministère de la guerre à ce con-
seil assisteraient les ministres qui seront
présents à Paris, MM. de l'reycinet, Ribot,
Barbey, Yves Guyot, Jules Roche et Etienne,
sous-secrétaire d'Etat aux colonies.
Le Matin rapporte que des Intrigues seraient
nouées en ce moment (il prononce même le
mot de conspiration) pour écarter M. Floquet
du fauteuil présidentiel au renouvellement
de janvier 1891, et pour installer à sa place
M. Casimir Perier.
Un certain nombre « d'opportunistes et
de membres de la droite auraient, dès la fin
de la saison dernière, conçu ce projet.
CONSEILS GÉNÉRAUX
Dans les Côtes-du-Nord, Mgr l'évèque de
Saint-Brieuc avait prévenu les conseillers gé-
néraux qu'il les recevrait au séminaire et
qu il appelait les bénédictions du ciel sur les
travaux de l'assemblée.
Le. président proposa alors de voter des
remerciements à l'évoque et de lui envoyer
uns délégation.
La 'majorité a adopté cette proposition, sur
laquelle la gauche s est abstenue.
Arras, 20 août.
Le Conseil général a voté que, s ans attendre
la création des chambres de navigation, le
gouvernement procédât à la création du canal
du Nord. Il a repoussé ensuite le vœu de
M. Boudenot demandant le rétablissement
des taxes de navigation.
Toulouse, 28 août.
Le Conseil général a refusé ce soir de sane-
tionner le vœu émis par le Conseil d'arron-
dissemeut de Villefranche tondant à la sup-
pression des conseils d'arrondissement, en
raison de leur inutilité.
GlïIMMÏFTEN RUSSIE
larva, 19 août.
L'empereur restera ici jusqu'au 21. 11 se rendra
ensuite à Gomontowo et sera à Péterhof le 23.
Après le gala qui aura lieu dans la soirée du 2.1,
il s'embarquera à Cronstadt.
Le cabinet civil de l'empereur sera dès jeudi à
Péterhof.
Les deux empereurs, le tzarewitch, le prince
Henri et tous les personnages princiers qui
accompagnent 1rs souverains ont assisté à la
fête populaire qui a eu lieu. Ils ont ensuite visité
les curiosités de la ville. A l'Hôtel de Ville, ils ont
été particulièrement- intéressés par une bible
allemande imprimée en -16-i!
Le bourgmestre a remis à Guillaume Il un
album renfermant des vues de Narya. L'associa-
tion des commerçants a, de son côté, offert au
jeune souverain un volume superbe contenant
la description do la ville.
Le soir, il y a eu feu d'artifice.
Cette nuit, les troupes ont quitté Narva; les
manœuvres vont commoncer. IIII.
La visite de l'empereur Guillaume H au cr.ar
Alexandre n'a jusqu'ici donné lieu il aucune
manifestation qui sorte de l'ordinaire et qui ap-
pelle nécessairement les commentaires. Revues
et dîner se succèdent sans que rien se soit encore
produit. Sur les champs de manœuvres ou à
l'heure des toasts, qui oblige à se demander si
cette entrevue dont l'Europe entière suit les
diverses phases avec une attention mêlée de con-
fiance et de crainte, ne marquera pas ouverte-
ment, dans un sens ou dans un autre, le point
de départ de quelque grande action politiqua
d'ordre international.
La première impression ressentie sur le conti-
nent, à l'annonce de l'entrevue projetée, se con-
firme et s'accrédite de plus en plus, à savoir qu'il
n'y a là qu'une démonstration platonique dont
les peuples n'avaient point à prendre ombrage.
BÏSMA1H1 jUKlSSIMiEN
M. de Bismarck a rendu hier visite au duc
d'Edimbourg, qui vient d'arriver à Kissingen pour
y faire une cure.
Dimanche soir, une promenade aux ilambeaux
a été organisée en l'honneur de l'ex-chancelier.
Le maire de la ville a adressé un discours au
prince de Bismarck, émettant le vœu que sa
visite à la ville de Kissingen se renouvelle en-
core pendant de longues années. M. de Bismarck
a porté un hurrah à la prospérité de la ville.
Un démêlé singulier s'est élevé entre M. de
Bismarck et un député hongrois du nom d'Abranyi.
Celui-ci faisait publier dernièrement dans le
journal magyare le Hirlap, de Pesth. lo récit
d'une entrevue et le compte rendu d'un dialogue
qu'il aurait eu avec l'ex-chancelier à Friedricns-
ruhe.
Or, M. de Bismarck vient de faire savoir au
journal hongrois qu'il ne connaissait pas
M. Abranyi, que ce personnage ne s'était jamais
présenté chez lui et que, par conséquent, il ne
l'avait jamais reçu.
De son côté, M. Abranyi soutient, en face du
désaveu de M. de Bismarck, qu'il l'a vu, qu'il a
été reçu par lui, et qu'il a eu avec lui la conver-
sation qu il a rapportée.
L'affaire en est là.
Buda-Pesth,20août.
Le député Emile Abranyi télégraphie de Kaes-
mark qu'il part par train expres pour Kissin-
gen, où il va s'entendre personnellement avec
le prince de Bismarck,
M. Abranyi croit à un malentendu.
GRÈVES EN BELGIQUE
Blanc-Misseron, 20 août.
La grève a éclaté hier dans les charbonnages
de Flenu, Frameries, Wasmes. On compte
5000 grévistes.
Crespin, 20 août.
Au charbonnage de Flenu, les mineurs ont
refusé d'accepter le nouveau règlement qui les
rend responsables des accidents survenant dans
le boisage, pendant leur absence de la mine.
4 000 sont en grève. D'autres ouvriers des fosses
Crache Picqueroy. Nùirchin, Grand Betisson,
Ciply, suivent partiellement le mouvement.
On craint que la grève ne prenne de l'exten-
sion.
LE GOLONEL_ARCHINARD
Déclarations faites par lui à un reporter
La situation en 1888 Le complot
Quand je succédai, en 1888, au colonel Gal-
lieni comme commandant supérieur du Haut-
Fleuvo.la situation du Soudan pouvait être con-
sidérée comme bonne, et je me consacrai entiè-
rement à continuer le réseau de routes commencé
et à achever la voie ferrée entre Diamou et
Bafoulabé.
Tout à ces occupations pacifiques, j'appris
bientôt qu'Ahmadou, le plus puissant des mo-
narques nègres de la région soudanienne, intri-
guait contre nous; bien qu'il fût sous notre pro-
tectorat depuis le 12 mai 1887, il cherchait à
soulever les populations des autres Etats contre
notre domination.
Pour n'être plus ce qu'elle était il y a quelques
années, à la mort de son père, la situation d'Ah-
madou n'en restait pas moins très forte. Reli-
gieusement, il est le chef incontesté de tout
le Sénégal et des régions avoisinant le Haut-
Fleuve.
Son influence morale était considérable. Politi-
quement, il avait, outre son territoire immédiat
de Kaarta, le Segou. à l'est, et enclavait le Beie-
degou. conquis par Borgnis-Desbordes en 18^3;
déplus, par sa citadelle de Ouosehougou, il avan-
çait dans le sud et menaçait constamment les
Bambaras de Beledousou, qui se sont toujours
montrés nos fidèles alliés.
De plus, son frère, qui régnait sur des terri-
toires du Sud, n'était guère que son vassal.Ahma-
dou tenait donc la route du Soudan, de Tombouc-
tou et du lac Tchad il était impossible de faire
un pas sans se trouver en face de ses sujets ou
de ceux de ses alliés.
Inutile de vous dire que notre action était en-
tièrement paralysée; bien que notre protectorat
fût établi sur la région, il était purement nomi-
nal: Ahmadou était le vrai maître. Il avait signé
un traité avec le Fouta-Djallon, qui, heureuse-
ment, est resté sans effets.
Il fallait réduire Ahmadou
Nos victoires
Pour assurer définitivement notre situation, il
était nécessaire de réduire Ahmadou; l'intérêt
politique et l'intérêt militaire nous le comman-
daient c'est Ahmadou qui était la cause de toutes
les expéditions militaires; c'est, lui qui empê-
chait de travailler paisiblement au développe-
ment de notre grando colonie, l.'ne expédition
fut décidée: je ne vous rappellerai pas ses étapes;
elle réussit 'pleinement et lit tomber en notre
pouvoir Segou. Sikoro, la ville sainte du Soudan,
la clef de la route du lac Tchad la citadelle de
Ouosehougou fut ensuite rasée et nous entrâmes
à Koniakari.
Nous avons eu à lutter contre une armée assez
forte, composée d'un millier de cavaliers et de
près de trois mille fantassins, armée de vieux
fusils et de fusils ;i tir rapide; elle nous a opposé
une assez-, .vive résistance, mais elle n'a pas
réussi à empêcher notre marche. Ahmadou,
auquel ou a lait une réputation de diplomate
très méditée, a une réputation de guerrier usur-
pée il a toujours évite de se tenir près. de nous,
et a laissé le soin de commander ses troupes à
des membres de sa famille et i>. des chefs.
La situation actuelle
Aujourd'hui, il se trouve réduit à ses Etats de
Kaarta; nous avons réussi à séparer son frère de
lui, en lui rendant soixante femmes qu'Ahmadou
lui avait, enlevées, et il ne savait comment nous 's
manifester sa reconnaissance. Nous avons égale- j
ment capturé six cents femmes, qui formaient
le sérail d'Ahmadou et nous les avons renvoyées
dans Jeùïs tribus respectives..
Ahmadou avait lait un grand nombre d'esclaves
que nous avons délivrés, et dont nous nous
somro.es faits de précieux auxiliaires. J'ai ainsi
rendu au roi de Macina plusieurs femmes qui lui
appartenaient il en a été fort heureux. Cela
m'a. servi de prétexte pour essayer d'établir des
relations avec ce monarque, dont les KUls sont
sur la route de Tombouctou c'est vous dire qu'il
importe do lavoir pour allié.
Au Dahomey Autres détails
Au reporter d'un autre journal, le colonel
a dit
Dés qu'a surgi la question du Dahomey, dont
je n'ai pas à vous parler, puisque j'y suis étran-
ger, on a vu là, à tort ou à raison, une campa-
gne préméditée, et comme on m'en a cru l'ins-
tigateur.
Enfin, quels sont les résultats acquis '?
Ahmadou est coulé. Nous avons rendu
Sêgou et ses dépendances aux anciens proprié-
taires du sal.
La partie sud, ou Dinguiray, est gouvernée par
son frère à qui j'ai envoyé lés soixante femmes
qui! lui avait prises. J'ai reçu des remerciements
chaleureux et je crois quo nous n'avons rien à
craindre de ce côté.
Ahmadou ne possède donc plus que la région
du Nioro au nord, où j'ai détruit sa dernière cita-
delle, Kouniakary.
On commençait, du reste, à être fatigué de ses
vexations et de ses cruautés. Son harem com-
prenait neuf cents femmes que j'ai prises et que
j'ai renvoyées à leurs famiiles. Voilà ce qu on
appelle ma cruauté! Les Bambaras. d'ailleurs,
qui représentent l'élément anti-musuiman, nous
sont dévoués, et nous allons pouvoir entrer en
relations avec le royaume de Macina, qui touche
à Tombouctou.
Au Marpc
Tanger, 20 août. Le sultan. après avoir pris
la route de Tadla, a inopinément tourné au nord
pour prendre Zemmour à revers. II a livré une
bataille dont il est sorti vainqueur et il a coupé
quatre-vingts tëtes.
L'effet moral produit sur les Berbères a été
considérable.
La révolution au Brésil
Hio-Janeiro. 20 août.
M. Ruiz-Barbosa, ministre des finances. donné
sa démission et a été remplacé par Je vice-pré-
sident du gouvernement provisoire, le général
Floriano Pcisoto, ministre de la guerre.
Les pêcheries à la mer de Behring
Washington, ïO août. On a dit dans les
cercle:i nmiistériels que le gouvernement refu-
sera de soumettre à un arbitrage le litige relatif
aux pêcheries de la mer de Behring.
Le Sénat a repoussé jusqu'ici tous les amen-
dements comportant une réduction des droits
spécifiés dans le nouveau tarif Bill.
Un fonctionnaire occupé
D'une lettre de Londres adressée au Soleil
Un fonctionnaire à qui la prorogation du Par-
lement causera un plaisir sensible, c'est le rece-
veur du bureau de posté de la Chambre des
communes.
Sait-on combien de lettres sont distribuées
ch»que jour aux membres du Parlement ? Douze
mille! De leur côté, ils en jettent quotidienne-
ment 3 700 à la boite. Environ 70 000 dépêches
télégraphiques ont été expédiées et reçues dans
le cours de la session. Le nombre des timbres-
pqste vendus représente une somme de 3000 livres
sterling (75,000 fr.).
Congrès des pisciculteurs
Le congrès international des pisciculteurs s'est
ouvert, hier à Dantzig. Les séances ne sont pas
publiques.
Les gouvernements suédois, danois, hollandes
et hongrois y ont envoyé des représentants.
Un crime politique
On raconte à Belgrade que vingt membres du
parti progressiste, qui dînaient dans un resta,urant
a Janoda, ont été empoisonnés. Le poison avait
été mêlé au potage. Les convives purent être
sauvés à temps par les soins des médecins. On
dit que cet empoisonnement aurait des. motifs
politiques. (f-(t Presse). ).
1 Un roi difficile à chasser
Belgrade, 20 août. La Régence serbe o8fre
au roi Milan une pension de 150000 fr. sous con-
dition qu'il quitte le royaume.
Irrédendistes italiens
Comme suite aux nouvelles d'hier, une note
officieuse déclare sans fondement la nouvelle
qu'une bande d'insurgés se serait formée à Cas-
trocaro. i&y^
MONUMENT c funéraire
Les soldats français et allemands tombes dans
les environs de Schlestadt, fin 18Î0, ont été en-
terrés dans des tomber particulières, au cime-
tière do la ville. Or. dernièrement, il a été décidé,
sur l'initiative du directeur de l'arrondissement,
de transporter Ids ossements dans une tombe
commune. Un monument d'un goût simple, érigé
aux frais de l'Etat, rappellera aux générations
futures la mémoire de ces braves. Il est probable
que l'inauguration du monument pourra avoir
lieu dès la fin d'août.
CHOLÉRA
Londres, 21 août.
On mande du Caire au Daily New, qu'à la datt
d'hier le nombre des pèlerins de La Mecque
arrivés par steamer à El Tor était de 4600.
Quarante-huit décès cholériques. se sont pro-
duits.
Le correspondant du journal anglais exprime
l'avis universellement partagô. dit- II, que beau-
coup do pèlerins ont su éviter la. quarantaine en
rentrant chez eux par des voies détournées.
L'état sanitaire de Londres
On lit dans le Globr
La statistique des naissances et dos décès, à
Londres, pour la semaine dernière, établit que
262 personnes sont mortes de la diarrhée, dont
24o enfants âgés de moins de cinq à%s et 12 vieil-
lards âgés de plus de soixante. On attribue la
mort de sept de ces enfants à la cholêrine.
En Angleterre
Le département pour les affaires locales a fait
annoncer qu'un matelot, actuellement à l'hôpital
du Poplar, sur la Tamise, est atteint d'une ma-
ladie qui présente les symptômes du choléra
npstras, qui se manifeste chaque année à Londres
en cette saison.
L'état du malade s'est amélioré et on espère
son prochain rétablissement.
LE CYCLONE DU 19
Le cyclone s'est étendu jusqu'en Suisse
Lausanne, 20 août.
L'n cyclone a fait, la nuit dernière, des ravalas
considérables dans la vallée de- Joux. Cinqunntiî
maisons se sont en partie écroulées: plusieurs
personnes sont blessées.
Comme nous l'avons dit hier. c'est surtout à
Dreux et aux environs que le cyclone de lundi a
causé les plus grands ravages.
Il n'a pas duré iû. secondes et n'a sévi q,ue sur
une largeur de deux cents mètresjet une longueur
de dix kilomètres.
A Dreux même, c'est le seul faubourg Saint-
Thibault qui a subi le désastre une centaine de
maisons sont les unes à moitié détruites, ies
autres absolument démolies.
La premiài'e atteinte a été celle de M. La.jaille,
capitaine trésorier du 101» de ligne; cet officier.
qui sortait au moment où l'ouragan éclatait, a
été jeté à vingt mitres les cloisons s.'effondraient
en même temps, le billard était enlevé et projeté
à trois mètres; des lits de fer étaient tordus, tous
les meubles disloqués, tout renversé. Une pile
énorme de documents que le capitaine conser-
vait pour un ouvrage militaire a disparu dans la
tourmente; il n'a pu en retrouver une seule
feuille.
<( Je suis de Metz, a dit M. La j'aille, j'ai assisté
au siège de cette ville; jamais i,e n'ai entendu un
bruit aussi épouvantable. Vingt batteries d'artil-
lerie tonnant ensemble ne font pas un pareil va-
carme. »
Dans le parc voisin, on a trouvé une voiture
d'enfant venue on ne sait d'où: de même, un
pommier colossal a été tranportè dans la rue du
faubourg Saint-Thibault par- la tempête.
La manutention militaire est détruite la ri-
vière la Blaise est entièrement comblée par les
feuillages, les arbres, les 'ironcs arrachés; le parc
du château est rempli d urbres brisés.
A Brissard, localité au nord-est de Dreux, vingt-
cinq maisons sur cent ne sont plus qu'un amas
de décombres, et les habitants se demandent, en
présence d'un si effroyable et si subit désastre,
s'ils ne sont pas le jouet d'un rêve.
Un des habitants a eu sa montre emportée:
elle a été retrouyé e le lendemain dans les
champs, mais la chaîne avait disparu et la mon-
tre ne rendait plu?, qu'un son de ferraille. Une
poutre de 400 kilos a été enlevée et projetée à
douze mètres sur la façade d'une maison, qui a
été détruite.
Le parc du duc de Vallombrosa, père du mar-
quis de More?;, a été ravagé sur une largeur de
quatre-vingts, mètres tous les arbres sont par
terre, enchevêtrés les uns dans les autres d'une
manière inextricable.
Par endroi ts, on voit des monceaux de corbeaux
foudroyés par l'ouragan.
Mgr Lagrange, éyêqn» de Chartres, s'est rendu
à Dreux, et a remis 500 fr. au maire on dit que
le ministre de l'intérieur va aussi envoyer un
secours.
Dans l'Hle-et-Vilaine, près de Vitré, les com-
munes de Chaumeré, Domagné, Saint-Didier,
Saint-Aubin-des-Landes. Saint-.îean-sur- Vilaine
et Champeaux, ont énormément souffert. Plus
de 5 000 arbres ont été déracinés ou brisés, et
nomferfi de toitures de fermes ont été emportées;
les bestiaux e-t les voitures étaient renversés,
des in.eules de foin et de paille ont disparu. Les
cooirviunes de Landavran et d'Izé, éprouvées par
la grêle il y a quelques jours, sent daus la déso-
lation.
A. Lons-le-Saunier et sur les hautes montagnes
du Jura, les désastres sont considérables. Aux
Rousses, l'église et un couvent sont en partie
les tombes du cimetière renversées. A
Maint-Claude, toitures enlevées, arbres par terre;
à Bois-d'Amont, quatre maisons brûlées par la
foudre. Presque partout, les vignes sont hachées,
les feuilles ont disparu des arbres, les raisins
n'existent plus.
A Chalon-sur-Saône, grêle épouvantable qui a
ravagé la campagne.
A Clamecy, plusieurs incendies allumés par la
foudre à Belfort, un soldat renversé par la
foudre n'a pas été gravoment atteint; à Nohant-
Vicq, près Châteauroux, les jardins ont été sac-
cagés par des grêlons énormes.
à TRAVERS LES J8URMAUI
MAITRES ET SERVtTEURS
< AU BON VIEUX TEMPS
C'était à l'époque des bateaux à voiles: le
Caprice arrivait devant un port breton, par un
très gros temps. après une campagne de trois ans.
Sur le quai, on avait signalé un bateau dans lo
lointain, et une foule énorme, armée de lor-
gnettes, suivait les péripéties dune entrée un
rade, rendue atrocement difficile par un épou-
vantable coup de mer. Le navire était, d'ailleurs.
excessivement fatigué par la. longue campagne
qu'il venait de subir et rentrait avec de sérieuses
avaries.
Soudain une rumeur parcourt les rangs des
spectateurs, armés de lorgnettes; où est donc le
'Caprine ? On ne distingue plus rien; l'horizon est
net et le bateau n'est plus Jà.
Le Caprine avait touché sur un rocher à fleur
d'eau: sa coque, déjà à moitié effondrée, avait
fait eau de tous côtés; 1e Caprice venait de som-
brer à pie, corps et biens, en quelques minutes.
Deux hommes, deux survivants, sur tout
l'équipage, sont à la nage; c'est le commandant
du bord, un officier relativement jeune, céliba-
taire, et son ordonnance, un vieux loup de mer
qu'il a auprès de lui depuis qu'il est aspirant;
Tous deux nagent côte à côte; 1 officier souffle
ce matin.
On éit que de grandes améliorations se sont
produites en route; nous en attendons la
confirmation.
Mgr l'évèqve d'Angoulême a bézae les malades
au passage.
A lourdes, accueil parfait; les Pères de In
Grotte sont admirables de bonté; foule énorme.
TOURNIER
A Lourdes ayant l'arrivée
Le jour du départ du pèlerinage de Paris,
le lundi 18 août, un service solennel a eu
lieu pour les membres défunts de l'Hospita-
lité et spécialement pour son regretté prési-
dence comte H. de l'Epinois, qui présidal'an
dernier avec tant d'ardeur et de tact aux soins
des malades du pèlerinage du Salut.
L'Univers a reçu de son correspondant,
3H. Colin, les lignes suivantes
Lourdes, 10 août.
J'arrive à lourdes deux jours avant le Pèleri-
nage national. Mais à voir l'animation qui règne
déjà partout à la grotte, à la basilique, sur les
bords du Gave, il est facile de deviner ce que
sera la grande semaine. Depuis l'Assomption,
groupe sur groupe ne cessent d affluer de toutes
les régions.
Ce matin, voici Bordeaux et Langon, précédant
de quelques heures seulement Poitiers et Bres-
suire, également venus sous la conduite de Mgr
Juteau, leur nouvel évoque.
Draguignan les suit de près, et a l'heure où je
vous envoie mon premier courrier, Lourdes a
pris ses grands airs de fête.
VOTOE PRESIDENTIEL
Nous avons laissé hier M. Carnot au moment
où, M. le curé doyen de Saint-Martin de Ré ve-
nait de lui souhaiter la bienvenue dans un dis-
cours à la fois courtois et digne, qui a paru faire
impression. M. Carnot est ensuite parti pour la
Couarde, où la harangue municipale a eu, nous
télégraphie un de nos correspondants, un suc-
cès de fou rire. M. Carnot étant arrivé avant
l'heure, le maire a déclaré n'avoir pas eu le
temps de faire un discours, mais que ça n'empê-
chait pas les sentiments.
De la Couarde, est allé à Ars, puis au hameau
de Saint-Clément. A Ars, le curé à invité le Pré-
sident à visiter son église. M. Carnot y a con-
senti et il a beaucoup admiré la Sainte Table qui
est en chêne sculpté. M. Carnot a. laissé, partout
où il passait, des aumônes abondantes.
Nous voici en face du Martray, qui est le point
où 111e s'étrangle jusqu'à n'avoir plus qu'une
largeur de soixante-dix mètres. De là, on aper-
çoit la mer à droite et à gauche. D'un côté, le
large; un horizon devant lequel la première
terre rencontrée serait l'Amérique de l'autre, le
Perthuis breton et le continent français. Les
gens du pays disent que par ici c'est la a bonne
mer »; ils appellent l'autre la « mer sauvage ».
Au phare, le déjeuner à vingt-deux couverts
otfert par le président de la république aux auto-
rités de l'ile a été servi dans une serre merveil-
leusement décorée de plantes vertes, de fleurs et
de drapeaux avec un menu tout local. A une
beure le président monte à bord de l'Elan.
Sa dernière journée à Marseille a été très
remplie. A peine revenu de l'lle de Ré, il par-
tait en voiture pour assister aux courses de che-
vaux organisées sur l'hippodrome d'Aytre. A sept
heures, il revenait pour diner à la préfecture à
huit heures et demie, il assistait à la retraite
aux flambeaux et à neuf heures le train prési-
dentiel quittait La Rochelle.
Le train présidentiel, parti à 9 heures de la
Rochelle,/est passé sans arrêter devant les petites
gares, toutes illuminées. A Niort, réception très
chaude aux flambeaux. Il en est de même à Poi-
tiers.fLe président de la République est descendu
à Fontainebleau à 5 heures 32. Il est immédiate-
ment monté en voiture se rendant au château.
M. Barbey est parti pour ses propriétés du Tarn.
Après une demi-heure d'arrêt pour laisser pas-
ser les trains rapides, le train présidentiel, dans
lequel était resté Ai. Yves Guyot, est reparti pour
Paris. Les journalistes sont arrivés avec lui ce
matin à 8 heures moins le quart, très fatigués.
»
POLITIQUE
Si M. de Freycinet rentre aujourd'hui, un
conseil de cabinet sera tenu, sous sa prési-
dence, au ministère de la guerre à ce con-
seil assisteraient les ministres qui seront
présents à Paris, MM. de l'reycinet, Ribot,
Barbey, Yves Guyot, Jules Roche et Etienne,
sous-secrétaire d'Etat aux colonies.
Le Matin rapporte que des Intrigues seraient
nouées en ce moment (il prononce même le
mot de conspiration) pour écarter M. Floquet
du fauteuil présidentiel au renouvellement
de janvier 1891, et pour installer à sa place
M. Casimir Perier.
Un certain nombre « d'opportunistes et
de membres de la droite auraient, dès la fin
de la saison dernière, conçu ce projet.
CONSEILS GÉNÉRAUX
Dans les Côtes-du-Nord, Mgr l'évèque de
Saint-Brieuc avait prévenu les conseillers gé-
néraux qu'il les recevrait au séminaire et
qu il appelait les bénédictions du ciel sur les
travaux de l'assemblée.
Le. président proposa alors de voter des
remerciements à l'évoque et de lui envoyer
uns délégation.
La 'majorité a adopté cette proposition, sur
laquelle la gauche s est abstenue.
Arras, 20 août.
Le Conseil général a voté que, s ans attendre
la création des chambres de navigation, le
gouvernement procédât à la création du canal
du Nord. Il a repoussé ensuite le vœu de
M. Boudenot demandant le rétablissement
des taxes de navigation.
Toulouse, 28 août.
Le Conseil général a refusé ce soir de sane-
tionner le vœu émis par le Conseil d'arron-
dissemeut de Villefranche tondant à la sup-
pression des conseils d'arrondissement, en
raison de leur inutilité.
GlïIMMÏFTEN RUSSIE
larva, 19 août.
L'empereur restera ici jusqu'au 21. 11 se rendra
ensuite à Gomontowo et sera à Péterhof le 23.
Après le gala qui aura lieu dans la soirée du 2.1,
il s'embarquera à Cronstadt.
Le cabinet civil de l'empereur sera dès jeudi à
Péterhof.
Les deux empereurs, le tzarewitch, le prince
Henri et tous les personnages princiers qui
accompagnent 1rs souverains ont assisté à la
fête populaire qui a eu lieu. Ils ont ensuite visité
les curiosités de la ville. A l'Hôtel de Ville, ils ont
été particulièrement- intéressés par une bible
allemande imprimée en -16-i!
Le bourgmestre a remis à Guillaume Il un
album renfermant des vues de Narya. L'associa-
tion des commerçants a, de son côté, offert au
jeune souverain un volume superbe contenant
la description do la ville.
Le soir, il y a eu feu d'artifice.
Cette nuit, les troupes ont quitté Narva; les
manœuvres vont commoncer. IIII.
La visite de l'empereur Guillaume H au cr.ar
Alexandre n'a jusqu'ici donné lieu il aucune
manifestation qui sorte de l'ordinaire et qui ap-
pelle nécessairement les commentaires. Revues
et dîner se succèdent sans que rien se soit encore
produit. Sur les champs de manœuvres ou à
l'heure des toasts, qui oblige à se demander si
cette entrevue dont l'Europe entière suit les
diverses phases avec une attention mêlée de con-
fiance et de crainte, ne marquera pas ouverte-
ment, dans un sens ou dans un autre, le point
de départ de quelque grande action politiqua
d'ordre international.
La première impression ressentie sur le conti-
nent, à l'annonce de l'entrevue projetée, se con-
firme et s'accrédite de plus en plus, à savoir qu'il
n'y a là qu'une démonstration platonique dont
les peuples n'avaient point à prendre ombrage.
BÏSMA1H1 jUKlSSIMiEN
M. de Bismarck a rendu hier visite au duc
d'Edimbourg, qui vient d'arriver à Kissingen pour
y faire une cure.
Dimanche soir, une promenade aux ilambeaux
a été organisée en l'honneur de l'ex-chancelier.
Le maire de la ville a adressé un discours au
prince de Bismarck, émettant le vœu que sa
visite à la ville de Kissingen se renouvelle en-
core pendant de longues années. M. de Bismarck
a porté un hurrah à la prospérité de la ville.
Un démêlé singulier s'est élevé entre M. de
Bismarck et un député hongrois du nom d'Abranyi.
Celui-ci faisait publier dernièrement dans le
journal magyare le Hirlap, de Pesth. lo récit
d'une entrevue et le compte rendu d'un dialogue
qu'il aurait eu avec l'ex-chancelier à Friedricns-
ruhe.
Or, M. de Bismarck vient de faire savoir au
journal hongrois qu'il ne connaissait pas
M. Abranyi, que ce personnage ne s'était jamais
présenté chez lui et que, par conséquent, il ne
l'avait jamais reçu.
De son côté, M. Abranyi soutient, en face du
désaveu de M. de Bismarck, qu'il l'a vu, qu'il a
été reçu par lui, et qu'il a eu avec lui la conver-
sation qu il a rapportée.
L'affaire en est là.
Buda-Pesth,20août.
Le député Emile Abranyi télégraphie de Kaes-
mark qu'il part par train expres pour Kissin-
gen, où il va s'entendre personnellement avec
le prince de Bismarck,
M. Abranyi croit à un malentendu.
GRÈVES EN BELGIQUE
Blanc-Misseron, 20 août.
La grève a éclaté hier dans les charbonnages
de Flenu, Frameries, Wasmes. On compte
5000 grévistes.
Crespin, 20 août.
Au charbonnage de Flenu, les mineurs ont
refusé d'accepter le nouveau règlement qui les
rend responsables des accidents survenant dans
le boisage, pendant leur absence de la mine.
4 000 sont en grève. D'autres ouvriers des fosses
Crache Picqueroy. Nùirchin, Grand Betisson,
Ciply, suivent partiellement le mouvement.
On craint que la grève ne prenne de l'exten-
sion.
LE GOLONEL_ARCHINARD
Déclarations faites par lui à un reporter
La situation en 1888 Le complot
Quand je succédai, en 1888, au colonel Gal-
lieni comme commandant supérieur du Haut-
Fleuvo.la situation du Soudan pouvait être con-
sidérée comme bonne, et je me consacrai entiè-
rement à continuer le réseau de routes commencé
et à achever la voie ferrée entre Diamou et
Bafoulabé.
Tout à ces occupations pacifiques, j'appris
bientôt qu'Ahmadou, le plus puissant des mo-
narques nègres de la région soudanienne, intri-
guait contre nous; bien qu'il fût sous notre pro-
tectorat depuis le 12 mai 1887, il cherchait à
soulever les populations des autres Etats contre
notre domination.
Pour n'être plus ce qu'elle était il y a quelques
années, à la mort de son père, la situation d'Ah-
madou n'en restait pas moins très forte. Reli-
gieusement, il est le chef incontesté de tout
le Sénégal et des régions avoisinant le Haut-
Fleuve.
Son influence morale était considérable. Politi-
quement, il avait, outre son territoire immédiat
de Kaarta, le Segou. à l'est, et enclavait le Beie-
degou. conquis par Borgnis-Desbordes en 18^3;
déplus, par sa citadelle de Ouosehougou, il avan-
çait dans le sud et menaçait constamment les
Bambaras de Beledousou, qui se sont toujours
montrés nos fidèles alliés.
De plus, son frère, qui régnait sur des terri-
toires du Sud, n'était guère que son vassal.Ahma-
dou tenait donc la route du Soudan, de Tombouc-
tou et du lac Tchad il était impossible de faire
un pas sans se trouver en face de ses sujets ou
de ceux de ses alliés.
Inutile de vous dire que notre action était en-
tièrement paralysée; bien que notre protectorat
fût établi sur la région, il était purement nomi-
nal: Ahmadou était le vrai maître. Il avait signé
un traité avec le Fouta-Djallon, qui, heureuse-
ment, est resté sans effets.
Il fallait réduire Ahmadou
Nos victoires
Pour assurer définitivement notre situation, il
était nécessaire de réduire Ahmadou; l'intérêt
politique et l'intérêt militaire nous le comman-
daient c'est Ahmadou qui était la cause de toutes
les expéditions militaires; c'est, lui qui empê-
chait de travailler paisiblement au développe-
ment de notre grando colonie, l.'ne expédition
fut décidée: je ne vous rappellerai pas ses étapes;
elle réussit 'pleinement et lit tomber en notre
pouvoir Segou. Sikoro, la ville sainte du Soudan,
la clef de la route du lac Tchad la citadelle de
Ouosehougou fut ensuite rasée et nous entrâmes
à Koniakari.
Nous avons eu à lutter contre une armée assez
forte, composée d'un millier de cavaliers et de
près de trois mille fantassins, armée de vieux
fusils et de fusils ;i tir rapide; elle nous a opposé
une assez-, .vive résistance, mais elle n'a pas
réussi à empêcher notre marche. Ahmadou,
auquel ou a lait une réputation de diplomate
très méditée, a une réputation de guerrier usur-
pée il a toujours évite de se tenir près. de nous,
et a laissé le soin de commander ses troupes à
des membres de sa famille et i>. des chefs.
La situation actuelle
Aujourd'hui, il se trouve réduit à ses Etats de
Kaarta; nous avons réussi à séparer son frère de
lui, en lui rendant soixante femmes qu'Ahmadou
lui avait, enlevées, et il ne savait comment nous 's
manifester sa reconnaissance. Nous avons égale- j
ment capturé six cents femmes, qui formaient
le sérail d'Ahmadou et nous les avons renvoyées
dans Jeùïs tribus respectives..
Ahmadou avait lait un grand nombre d'esclaves
que nous avons délivrés, et dont nous nous
somro.es faits de précieux auxiliaires. J'ai ainsi
rendu au roi de Macina plusieurs femmes qui lui
appartenaient il en a été fort heureux. Cela
m'a. servi de prétexte pour essayer d'établir des
relations avec ce monarque, dont les KUls sont
sur la route de Tombouctou c'est vous dire qu'il
importe do lavoir pour allié.
Au Dahomey Autres détails
Au reporter d'un autre journal, le colonel
a dit
Dés qu'a surgi la question du Dahomey, dont
je n'ai pas à vous parler, puisque j'y suis étran-
ger, on a vu là, à tort ou à raison, une campa-
gne préméditée, et comme on m'en a cru l'ins-
tigateur.
Enfin, quels sont les résultats acquis '?
Ahmadou est coulé. Nous avons rendu
Sêgou et ses dépendances aux anciens proprié-
taires du sal.
La partie sud, ou Dinguiray, est gouvernée par
son frère à qui j'ai envoyé lés soixante femmes
qui! lui avait prises. J'ai reçu des remerciements
chaleureux et je crois quo nous n'avons rien à
craindre de ce côté.
Ahmadou ne possède donc plus que la région
du Nioro au nord, où j'ai détruit sa dernière cita-
delle, Kouniakary.
On commençait, du reste, à être fatigué de ses
vexations et de ses cruautés. Son harem com-
prenait neuf cents femmes que j'ai prises et que
j'ai renvoyées à leurs famiiles. Voilà ce qu on
appelle ma cruauté! Les Bambaras. d'ailleurs,
qui représentent l'élément anti-musuiman, nous
sont dévoués, et nous allons pouvoir entrer en
relations avec le royaume de Macina, qui touche
à Tombouctou.
Au Marpc
Tanger, 20 août. Le sultan. après avoir pris
la route de Tadla, a inopinément tourné au nord
pour prendre Zemmour à revers. II a livré une
bataille dont il est sorti vainqueur et il a coupé
quatre-vingts tëtes.
L'effet moral produit sur les Berbères a été
considérable.
La révolution au Brésil
Hio-Janeiro. 20 août.
M. Ruiz-Barbosa, ministre des finances. donné
sa démission et a été remplacé par Je vice-pré-
sident du gouvernement provisoire, le général
Floriano Pcisoto, ministre de la guerre.
Les pêcheries à la mer de Behring
Washington, ïO août. On a dit dans les
cercle:i nmiistériels que le gouvernement refu-
sera de soumettre à un arbitrage le litige relatif
aux pêcheries de la mer de Behring.
Le Sénat a repoussé jusqu'ici tous les amen-
dements comportant une réduction des droits
spécifiés dans le nouveau tarif Bill.
Un fonctionnaire occupé
D'une lettre de Londres adressée au Soleil
Un fonctionnaire à qui la prorogation du Par-
lement causera un plaisir sensible, c'est le rece-
veur du bureau de posté de la Chambre des
communes.
Sait-on combien de lettres sont distribuées
ch»que jour aux membres du Parlement ? Douze
mille! De leur côté, ils en jettent quotidienne-
ment 3 700 à la boite. Environ 70 000 dépêches
télégraphiques ont été expédiées et reçues dans
le cours de la session. Le nombre des timbres-
pqste vendus représente une somme de 3000 livres
sterling (75,000 fr.).
Congrès des pisciculteurs
Le congrès international des pisciculteurs s'est
ouvert, hier à Dantzig. Les séances ne sont pas
publiques.
Les gouvernements suédois, danois, hollandes
et hongrois y ont envoyé des représentants.
Un crime politique
On raconte à Belgrade que vingt membres du
parti progressiste, qui dînaient dans un resta,urant
a Janoda, ont été empoisonnés. Le poison avait
été mêlé au potage. Les convives purent être
sauvés à temps par les soins des médecins. On
dit que cet empoisonnement aurait des. motifs
politiques. (f-(t Presse). ).
1 Un roi difficile à chasser
Belgrade, 20 août. La Régence serbe o8fre
au roi Milan une pension de 150000 fr. sous con-
dition qu'il quitte le royaume.
Irrédendistes italiens
Comme suite aux nouvelles d'hier, une note
officieuse déclare sans fondement la nouvelle
qu'une bande d'insurgés se serait formée à Cas-
trocaro. i&y^
MONUMENT c funéraire
Les soldats français et allemands tombes dans
les environs de Schlestadt, fin 18Î0, ont été en-
terrés dans des tomber particulières, au cime-
tière do la ville. Or. dernièrement, il a été décidé,
sur l'initiative du directeur de l'arrondissement,
de transporter Ids ossements dans une tombe
commune. Un monument d'un goût simple, érigé
aux frais de l'Etat, rappellera aux générations
futures la mémoire de ces braves. Il est probable
que l'inauguration du monument pourra avoir
lieu dès la fin d'août.
CHOLÉRA
Londres, 21 août.
On mande du Caire au Daily New, qu'à la datt
d'hier le nombre des pèlerins de La Mecque
arrivés par steamer à El Tor était de 4600.
Quarante-huit décès cholériques. se sont pro-
duits.
Le correspondant du journal anglais exprime
l'avis universellement partagô. dit- II, que beau-
coup do pèlerins ont su éviter la. quarantaine en
rentrant chez eux par des voies détournées.
L'état sanitaire de Londres
On lit dans le Globr
La statistique des naissances et dos décès, à
Londres, pour la semaine dernière, établit que
262 personnes sont mortes de la diarrhée, dont
24o enfants âgés de moins de cinq à%s et 12 vieil-
lards âgés de plus de soixante. On attribue la
mort de sept de ces enfants à la cholêrine.
En Angleterre
Le département pour les affaires locales a fait
annoncer qu'un matelot, actuellement à l'hôpital
du Poplar, sur la Tamise, est atteint d'une ma-
ladie qui présente les symptômes du choléra
npstras, qui se manifeste chaque année à Londres
en cette saison.
L'état du malade s'est amélioré et on espère
son prochain rétablissement.
LE CYCLONE DU 19
Le cyclone s'est étendu jusqu'en Suisse
Lausanne, 20 août.
L'n cyclone a fait, la nuit dernière, des ravalas
considérables dans la vallée de- Joux. Cinqunntiî
maisons se sont en partie écroulées: plusieurs
personnes sont blessées.
Comme nous l'avons dit hier. c'est surtout à
Dreux et aux environs que le cyclone de lundi a
causé les plus grands ravages.
Il n'a pas duré iû. secondes et n'a sévi q,ue sur
une largeur de deux cents mètresjet une longueur
de dix kilomètres.
A Dreux même, c'est le seul faubourg Saint-
Thibault qui a subi le désastre une centaine de
maisons sont les unes à moitié détruites, ies
autres absolument démolies.
La premiài'e atteinte a été celle de M. La.jaille,
capitaine trésorier du 101» de ligne; cet officier.
qui sortait au moment où l'ouragan éclatait, a
été jeté à vingt mitres les cloisons s.'effondraient
en même temps, le billard était enlevé et projeté
à trois mètres; des lits de fer étaient tordus, tous
les meubles disloqués, tout renversé. Une pile
énorme de documents que le capitaine conser-
vait pour un ouvrage militaire a disparu dans la
tourmente; il n'a pu en retrouver une seule
feuille.
<( Je suis de Metz, a dit M. La j'aille, j'ai assisté
au siège de cette ville; jamais i,e n'ai entendu un
bruit aussi épouvantable. Vingt batteries d'artil-
lerie tonnant ensemble ne font pas un pareil va-
carme. »
Dans le parc voisin, on a trouvé une voiture
d'enfant venue on ne sait d'où: de même, un
pommier colossal a été tranportè dans la rue du
faubourg Saint-Thibault par- la tempête.
La manutention militaire est détruite la ri-
vière la Blaise est entièrement comblée par les
feuillages, les arbres, les 'ironcs arrachés; le parc
du château est rempli d urbres brisés.
A Brissard, localité au nord-est de Dreux, vingt-
cinq maisons sur cent ne sont plus qu'un amas
de décombres, et les habitants se demandent, en
présence d'un si effroyable et si subit désastre,
s'ils ne sont pas le jouet d'un rêve.
Un des habitants a eu sa montre emportée:
elle a été retrouyé e le lendemain dans les
champs, mais la chaîne avait disparu et la mon-
tre ne rendait plu?, qu'un son de ferraille. Une
poutre de 400 kilos a été enlevée et projetée à
douze mètres sur la façade d'une maison, qui a
été détruite.
Le parc du duc de Vallombrosa, père du mar-
quis de More?;, a été ravagé sur une largeur de
quatre-vingts, mètres tous les arbres sont par
terre, enchevêtrés les uns dans les autres d'une
manière inextricable.
Par endroi ts, on voit des monceaux de corbeaux
foudroyés par l'ouragan.
Mgr Lagrange, éyêqn» de Chartres, s'est rendu
à Dreux, et a remis 500 fr. au maire on dit que
le ministre de l'intérieur va aussi envoyer un
secours.
Dans l'Hle-et-Vilaine, près de Vitré, les com-
munes de Chaumeré, Domagné, Saint-Didier,
Saint-Aubin-des-Landes. Saint-.îean-sur- Vilaine
et Champeaux, ont énormément souffert. Plus
de 5 000 arbres ont été déracinés ou brisés, et
nomferfi de toitures de fermes ont été emportées;
les bestiaux e-t les voitures étaient renversés,
des in.eules de foin et de paille ont disparu. Les
cooirviunes de Landavran et d'Izé, éprouvées par
la grêle il y a quelques jours, sent daus la déso-
lation.
A. Lons-le-Saunier et sur les hautes montagnes
du Jura, les désastres sont considérables. Aux
Rousses, l'église et un couvent sont en partie
les tombes du cimetière renversées. A
Maint-Claude, toitures enlevées, arbres par terre;
à Bois-d'Amont, quatre maisons brûlées par la
foudre. Presque partout, les vignes sont hachées,
les feuilles ont disparu des arbres, les raisins
n'existent plus.
A Chalon-sur-Saône, grêle épouvantable qui a
ravagé la campagne.
A Clamecy, plusieurs incendies allumés par la
foudre à Belfort, un soldat renversé par la
foudre n'a pas été gravoment atteint; à Nohant-
Vicq, près Châteauroux, les jardins ont été sac-
cagés par des grêlons énormes.
à TRAVERS LES J8URMAUI
MAITRES ET SERVtTEURS
< AU BON VIEUX TEMPS
C'était à l'époque des bateaux à voiles: le
Caprice arrivait devant un port breton, par un
très gros temps. après une campagne de trois ans.
Sur le quai, on avait signalé un bateau dans lo
lointain, et une foule énorme, armée de lor-
gnettes, suivait les péripéties dune entrée un
rade, rendue atrocement difficile par un épou-
vantable coup de mer. Le navire était, d'ailleurs.
excessivement fatigué par la. longue campagne
qu'il venait de subir et rentrait avec de sérieuses
avaries.
Soudain une rumeur parcourt les rangs des
spectateurs, armés de lorgnettes; où est donc le
'Caprine ? On ne distingue plus rien; l'horizon est
net et le bateau n'est plus Jà.
Le Caprine avait touché sur un rocher à fleur
d'eau: sa coque, déjà à moitié effondrée, avait
fait eau de tous côtés; 1e Caprice venait de som-
brer à pie, corps et biens, en quelques minutes.
Deux hommes, deux survivants, sur tout
l'équipage, sont à la nage; c'est le commandant
du bord, un officier relativement jeune, céliba-
taire, et son ordonnance, un vieux loup de mer
qu'il a auprès de lui depuis qu'il est aspirant;
Tous deux nagent côte à côte; 1 officier souffle
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