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submergé, puisque Pharaon avait été englouti dans les eaux. de
la mer rouge. L'argument était terrible, mais Hincmar le com-
battit victorieusement en répondant que, depuis le baptême de
Jésus-Christ, l'eau se trouvait sanctifiée et rejetait nécessaire-
ment ce qui était impur. C'était péremptoire, et les adversaires.
d'Hincmar gardèrent prudemment le silence.
Cette controverse, quelque singulière qu'elle soit, montre
néanmoins que vers le milieu du ix" siècle, les épreuves judi-
ciaires trouvaient déjà des contradicteurs, et qu'elles n'inspi-
raient plus une confiance aussi générale qu'on pourrait le
supposer. Ce manque de confiance se changea peu à peu en.
incrédulité; les exemples abondent, celui qui suit est significatif.
Au xni" siècle,. un accusé,,condamné subir l'épreuve du feu,.
répondit qu'il n'était pas un charlatan..Un archevêque insistait
pour que l'épreuve eût lieu; l'autre lui dit ironiquement qu'il
prendrait volontiers le fer ardent s'il voulait le lui remettre de
la main à la main. Le prélat. n'y consentit point. Il craignait
peut-être de recevoir le châtiment de quelque faute secrète.
On connaissait évidemment des recettes pour pouvoir subir,
sans danger, ces épreuves judiciaires le JOM)'H<~ des Savants
de 1680 en cite un grand nombre, et il-ne faut pas, d'ailleurs, être
bien grand chimiste pour cela nous voyons, chaque jour, sur
nos places publiques, des saltimbanques marcher nu-pieds sur
des barres de fer rougies au feu, ou manier des charbons
ardents, sans éprouver la plus légère brûlure. Ces recettes
devaient être d'autant plus nombreuses au moyen-âge, qu'elles
étaient plus nécessaires à la popularité, à l'existence même des
épreuves ceux qui tiraient profit de- ces dernières avaient
intérêt, à ne pas les discréditer par une application trop rigou-
reuse. Il est probable aussi que le fer était plus ou moins
ardent, l'eau plus ou moins bouillante, suivant la gravité de
l'accusation, la nature des charges, et peut-être aussi la condi-
tion, la fortune du prévenu. Ceux qui succombaient ne de-
vaient pas toujours être les plus criminels la Thémis du
moyen-âge devait avoir deux poids et deux mesures il en était
submergé, puisque Pharaon avait été englouti dans les eaux. de
la mer rouge. L'argument était terrible, mais Hincmar le com-
battit victorieusement en répondant que, depuis le baptême de
Jésus-Christ, l'eau se trouvait sanctifiée et rejetait nécessaire-
ment ce qui était impur. C'était péremptoire, et les adversaires.
d'Hincmar gardèrent prudemment le silence.
Cette controverse, quelque singulière qu'elle soit, montre
néanmoins que vers le milieu du ix" siècle, les épreuves judi-
ciaires trouvaient déjà des contradicteurs, et qu'elles n'inspi-
raient plus une confiance aussi générale qu'on pourrait le
supposer. Ce manque de confiance se changea peu à peu en.
incrédulité; les exemples abondent, celui qui suit est significatif.
Au xni" siècle,. un accusé,,condamné subir l'épreuve du feu,.
répondit qu'il n'était pas un charlatan..Un archevêque insistait
pour que l'épreuve eût lieu; l'autre lui dit ironiquement qu'il
prendrait volontiers le fer ardent s'il voulait le lui remettre de
la main à la main. Le prélat. n'y consentit point. Il craignait
peut-être de recevoir le châtiment de quelque faute secrète.
On connaissait évidemment des recettes pour pouvoir subir,
sans danger, ces épreuves judiciaires le JOM)'H<~ des Savants
de 1680 en cite un grand nombre, et il-ne faut pas, d'ailleurs, être
bien grand chimiste pour cela nous voyons, chaque jour, sur
nos places publiques, des saltimbanques marcher nu-pieds sur
des barres de fer rougies au feu, ou manier des charbons
ardents, sans éprouver la plus légère brûlure. Ces recettes
devaient être d'autant plus nombreuses au moyen-âge, qu'elles
étaient plus nécessaires à la popularité, à l'existence même des
épreuves ceux qui tiraient profit de- ces dernières avaient
intérêt, à ne pas les discréditer par une application trop rigou-
reuse. Il est probable aussi que le fer était plus ou moins
ardent, l'eau plus ou moins bouillante, suivant la gravité de
l'accusation, la nature des charges, et peut-être aussi la condi-
tion, la fortune du prévenu. Ceux qui succombaient ne de-
vaient pas toujours être les plus criminels la Thémis du
moyen-âge devait avoir deux poids et deux mesures il en était
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