HÉRO HÉRO HÉRO HÉRO 23r
chés l'un de l'autre, comme deux colombes
que l'orage menace. Ce groupe est une des
plus belles productions du statuaire auquel
on doit deux des grands bas-reliefs de 1 arc
de l'Etoile. Toutefois, l'ensemble de la com-
position laisse à désirer. Les deux figures sont
posées chacune sur une jambe, ce qui est
d'un effet disgracieux. L'œuvre de M. Etex
est en Angleterre.
Deux autres groupes remarquables d'Héro
et Léandre ont été exécutés, l'un par G. Dié-
boit (Salon de 1863), l'autre par M. Gus-
tave Déloye (Salon de 1865). On doit à
M. Pierre Loison une charmante figure en
marbre d'Héro, qui a été exposée au Salon
de 1850.. Le corps, à peine adolescent, a dit
M. Louis de Geofroy (Revue des Deux-Mondes),
n'est aucunement voilé par la draperie de lin
transparente à travers laquelle se dessinent
de suaves contours l'enfant s'est jetée hors
de sa couche, tremblante et joyeuse, l'œil
dilaté, la bouche souriante; elle élève au-
dessous de sa tête le flambeau qui guide son
Léandre. Cette petite tête, si pleine de jeu-
nesse et d'amour, est ravissante et en har-
monie parfaite avec le sentiment général de
la composition..
Le musée de Dresde possède un tableau de
P.-F. Mola, représentant Héro auprès du ca-
davre de Léandre. F. Bloemaert a gravé,
d'après Abraham Bloemaert, les Nymphes de
la mer recueillant le cadavre de Léandre. Au
Belvédère, à Vienne, sont deux tableaux,
l'un de G. Backereel, l'autre de C. Schut, re-
présentant Héro pleurant Léandre mort. Un
élève de Girodet, Delorme, a exposé au Sa-
lon de 1814 deux compositions qui lui ont
valu une médaille d'or et qui ont été gravées
toutes deux par Laugier Héro et Léandre
et la Mort de Léandre. Un autre tableau du
même artiste, représentant Héro retrouvant
le corps de Léandre, a figuré au Salon de
1831. Ce dernier sujet a été traité récemment
par M. Pierre Cabanel fils (Salon de 1869).
Un artiste belge contemporain, M. Stallaert,
a peint Héro éclairant la traversée de Léan-
dre.
HÉROALECTORIDE adj. (é-ro-a-lè-kto-ri-
de du gr. herôdios. héron; alekldr, coq).
Ornith. Qui tient du héron et du coq.
s. m. pi. Famille d'oiseaux, qui tiennent
à la fois des échassiers et des gallinacés.
HÉROARD (Jean), anatomiste français, né
à Hauteville-le-Guichard (Manche) en 1551,
mort après 1628. Il avait pris le grade de
docteur h la Faculté de Montpellier, lorsqu'il
obtint, par la protection du duc de Joyeuse,
le titre de médecin ordinaire du roi. Peu de
temps avant sa mort, Charles IX demanda à
Héroard de composer un traité sur l'anatomie
du cheval. Ce médecin continua à pratiquer
duquel il assista; sous Henri IV qui le noroma
médecin du dauphin à naltre, lorsque Marie
de Médicis fut enceinte, et sous Louis XIII,
qui lui donna le titre de premier médecin du
roi. Hèroard ne cessa de donner ses soins à
ce prince, qui avait en lui la plus entière
confiance, jusqu'en 1628, ainsi que l'atteste
un manuscrit de la Bibliothèque nationale,
écrit de la main de Héroard et intitulé Lu-
dovicotropie, ou Journal de toutes les actions
et de la santé de Louis, dauphin de France,
qui fut ensuite Louis Xlll, depuis le moment
de sa naissance (!7 septembre 1601) jusqu'au
29 janvier 1628 (6 vol. in-fol.). Jean Héroard
n'est donc mort que postérieurement au
29 janvier 1628, et non au siège de La Ro-
celle, en 1627, comme le prétendent certains
biographes, qui le font, également à tort, nat-
tre a Montpellier. Outre ce.manuscrit, on a de
Héroard Hippostéologie, c'est-à-dire Dis-
cours des os du cheval (Paris, t599, in-40) et
un traité sur l'éducation d un prince, qui
a été traduit en latin par Jean Degorris et
publié sous le titre De institutione principis
(Paris, 1617, in-80).
HÉROCHIES s. f. pl. (é-ro-chl; h asp.).
Antiq. gr. Fête qu'on célébrait dans l'Ile de
Crète.
HÉRODE, poête grec du vie siècle avant
notre ère. IP était contemporain du poete
Hipponax d'Ephèse. Il nous reste quelques
fragments de ses poésies, écrites en vers
choliambiques. Ces fragments ont été insérés
dans divers recueils, entre autres dans le
Choliambica poesis Grxcorum, de Lachmann
(Berlin, 1845).
IIÉRODR, famille de l'Idumée, de religion
juive, qui avait pour chef Antipater, pre-
mier ministre d'Hyrcan II, gouverneur de la
Palestine au ter siècle av. J.-C. —V. les ar-
ticles suivants.
NÉRODE le Grand, roi des Juifs, né vers
72 avant Jésus-Christ. Il était fils de l'Iduméen
Antipater, ministre d'Hyrcan sa mère était,
dit-on, de race arabe. Sa famille grandit au
milieu des guerres civiles entre Hyrcan et
son frère Aristobule, protégée d'ailleurs par
les Romains. Hérode tut d'abord gouverneur
de la Galilée, purgea cette province des ban-
dits qui l'infestaient et mit à mort leurs chefs
les plus fameux. Toutefois, accusé lui-même
de brigandage et d'abus d'autorité, il fut cité
devant le sanhédrin de Jérusalem et se pré-
senta a la tête d'une troupe armée. Il échappa
ainsi aux poursuites dirigées contre lui et ne
tarda pas à entrer en révolte ouverte. Pen-
dant les troubles qui suivirent la mort de
César, il rendit des services à Cassius, en
levant pour lui des impôts dans la Galilée, et
en reçut le gouvernement de la Cœlésyrie,
avec une flotte et des troupes nombreuses.
Son père, Antipater, ayant été empoisonné
par les favoris du faible Hyrcan, il marcha
sur Jérusalem, où il entra avec une armée,
mais ne jugea pas à propos de démasquer ses
projets d'usurpation. Il se borna à faire tuer
peu de temps après, dans un guet-apens,
l'un des principaux meurtriers, et se récon-
cilia ensuite avec Hyrcan.
Après la bataille de Philippes, Hérode, qui
avait soutenu jusqu'alors Cassius, Brutus et
les républicains, se rallia à Marc-Antoine,
qui le nomma l'un des tétrarques de la Judée.
Chassé de Jérusalem par Antigone, fils d'A-
ristobule, qui s'empara de la royauté, il se
vit poursuivi par des légions de Parthes,
qui formaient l'armée du vainqueur, se dé-
fendit vaillamment avec une poignée de sol-
dats, gagna l'Idumée, où sa famille était fort
populaire, puis l'Egypte, et, à la suite d'une
série d'aventures, ou il montra beaucoup de
constance et d'énergie, se présenta à Rome.
Antoine le reçut avec faveur et le fit nom-
mer roi de Judée par un décret du sénat,
mu surtout par l'espoir d'en tirer des secours
pour la guerre qu'il méditait contre les Par-
thes (40 av. J.-C.).
Parti d'Italie pour conquérir le royaume
dont il venait d'être investi, Hérode débarqua
à Ptolémaîs, recruta rapidement une armée
de mercenaires, entra en Galilée, appuyé par
les troupes romaines qui occupaient le pays,
s'empara de Joppé, de Massada et d'autres
villes, et vint mettre le siège devant Jérusa-
lem, pendant que ses lieutenants soumet-
taient diverses places et d'autres parties de
la contrée. Ce siège, coupé par des expédi-
tions partielles et de furieux combats, dont
la Judée entière était ensanglantée se ter-
mina par la prise de Jérusalem, qui fut livrée
à l'extermination et au pillage, suivant l'u-
sage constant de ce temps et de ce pays. Ce-
pendant, il faut rendre a Hérode cette jus-
tice, qu'il fit tous ses efforts pour arrêter la
fureur de ses terribles auxiliaires, les Ro-
mains, et qu'il réussit à préserver ce qui res-
tait de la malheureuse cité.
Maltre du trône (37 av. J.-C.), il donna li-
brement carrière à ses instincts cruels et
despotiques, obtint à prix d'or la mise à mort
d'Antigone, qui était prisonnier d'Antoine, et
mit ainsi fin à la dynastie asmonéenne. Puis
il livra au supplice les principaux partisans
de son rival, autant par esprit de vengeance
que pour avoir occasion de dépouiller les fa-
milles riches, afin de s'assurer l'appui d'An-
toine et des Romains en les gorgeant d'or. Il
fit massacrer aussi tous les membres du san-
hédrin qui l'avaient autrefois mis en juge-
ment, se débarrassa du jeune Aristobule, qui
appartenait à la famille dépossédée, et plus
tard livra même à la mort le vieil Hyrcan,
qui cependant n'était plus redoutable et ne
pouvait lui causer aucun ombrage.
Créature des Romains, il les servit du
moins avec loyauté, et attira par cette con-
duite leur bienveillance sur sa nation. D'ail-
leurs, il ne se piquait pas d'une fidélité scru-
puleuse aux différents partis et se rallia tour
a tour aux républicains, aux triumvirs, enfin
à Auguste seul, quand celui-ci eut triomphé
d'Antoine.
Le règne d'Hérode fut rempli par de lon-
gues guerres contre les Arabes, par des trou-
bles intérieurs et par des tragédies domesti-
ques, dont le palais fut ensanglanté, et par
des calamités qui accablèrent la malheureuse
Judée tremblements de terre, famine, épi-
démies meurtrières, etc.
Comme tous les princes orientaux et comme
tous les monarques juifs, Hérode eut un
grand nombre de femmes. La plus célèbre
est cette touchante Mariamne, qu'il adorait,
et qu'il fit mettre à mort sur un soupçon, peut-
être injuste, d'infidélité. Accablé de remords
et de souffrances après cet événement fu-
neste, il devint plus soupçonneux encore et
plus cruel, et il lui resta une telle exaspéra-
tion physique et morale, que, sous le moindre
prétexte, il condamnait au supplice jusqu'à
ses amis les plus dévoués.
Fastueux et magnifique, il embellit les vil-
les de la Judée, fit bâtir à Jérusalem un
théâtre et, dans la plaine voisine, un vaste
amphithéâtre pour les courses et les combats
de bêtes, institua des jeux en l'honneur de
César, etc. Ces innovations romaines, qui
choquaient les mœurs des Juifs, ne contri-
buèrent pas peu sans doute à l'impopularité
qui est restée attachée à son nom; car les
abominables cruautés que l'histoire est en
droit de lui reprocher, non-seulement étaient
familières aux souverains de l'Orient, mais
encore ne s'écartaient guère des habitudes
et de la tradition nationales.
Il eut à réprimer plusieurs complots contre
sa personne et son pouvoir, et il le fit avec
l'énergie la plus implacable.
Cependant, au milieu de ces barbaries, il
se montra parfois habile autant qu'humain.
A la suite d'une grande sécheresse, la Judée
fut désolée par une famine qui décimait la
population. Hérode vendit sa vaisselle d'or
et ses objets les plus précieux, envoya en
Egypte et de tous côtés pour acheter du blé,
et en régla lui-même la distribution avec
autant d'intelligence que de libéralité. Cette
conduite le réconcilia avec ses sujets, et
peut-être est-ce à ce moment qu'il reçut ce
titre de Grand, que l'histoire lui a conservé
sans trop en vérifier l'exactitude. Auguste,
qu'il avait servi fidèlement, soit en lui four-
nissant des tributs et des troupes auxiliaires,
soit en appuyant' sa politique en Orient, soit
en flattant son orgueil par des jeux institués
en son honneur, par la fondation de temples et
de villes qui lui étaient dédiés, Auguste aug-
menta l'étendue de ses Etats par le don de
plusieurs contrées, la Trachonitide, la Bata-
née, l'Auranite, etc.
Pendant qu'il scandalisait les Juifs par ses
préférences romaines et ses fondations pro-
fanes, Hérode essayait de les ramener à lui
en réédifiant avec la plus grande magnifi-
cence le temple de Jérusalem. Bientôt, il les
épouvantait de nouveau en livrant au sup-
plice ses trois fils, Aristobule, Alexandre et
Antipater, qui, à plusieurs reprises, avaient
conspiré contre sa vie et son autorité. Cette
épouvantable exécution fut accompagnée de
nouvelles cruautés contre un grand nombre
de personnages éminents, regardés, à tort ou
à raison, comme complices des malheureux
princes.
Tous ces actes sont attestés par les histo-
riens. Mais ce qui ne l'est nullement, c'est
l'imputation de 1 Evangile, qui accuse Hérode
d'avoir -ordonné le massacre des innocents,
lors de la naissance de Jésus-Christ. Cette
horrible mesure, unique dans les annales du
monde, ne nous est d ailleurs connue que par
l'assertion du Livre saint. Les historiens l'ont
absolument passée sous silence, et il est pro-
bable que c est là une de ces traditions sans
réalité car il est absolument impossible d'ad-
mettre qu'un fait aussi extraordinaire que
l'exécution de tous les enfants mâles d'une
nation ait pu s'accomplir sans que l'histoire
en ait gardé le souvenir. La renommée de
cruauté restée attachée au nom fameux d'Hé-
rode aura, sans aucun doute, donné plus tard
naissance à cette légende tragique. Toujours
est-il que Josèphe, très-passionné cependant
contre Hérode, et qui rapporte en détail tous
les crimes qui lui étaient attribués, n'en dit
pas un mot, n'y fait pas la moindre allusion.
Dans son Histoire d Bérode, publiée récem-
ment, M. de Saulcy, qui a puisé aux sources,
et qui entre également dans les plus grands
détails sur les forfaits du monarque juif, ne
mentionne même pas (ne fût-ce que pour la
réfuter) cette tradition ecclésiastique. Ajou-
tons que, suivant la détermination de Whiston
et de Fréret, universellement admise, Hérode
est mort quatre années avant l'ère chrétienne.
Il est vrai que le calcul qui sert de base à
l'ère vulgaire est loin d'être inattaquable. Ce
calcul, qui fut établi par Denys le Petit, sa-
vant canoniste du vie siècle, a été repris par
les savants, et il est à peu près démontré
aujourd'hui que Denys se trompa de quatre ans
et sept jours, en sorte que la date véritable
de la naissance du Christ étant, en réalité,
plus ancienne de quatre ans et sept jours,
Hérode, à cette date, aurait encore vécu.
Mais il suit de cette rectification plusieurs
autres difficultés, relatives à divers textes
des Evangiles et à certains événements de la
vie du Christ; par exemple, Jésus ne pourrait
avoir eu trente-trois ans, selon 1 opinion
commune, lorsqu'il fut crucifié; il en aurait
en trente-sept et aurait commencé de prêcher,
non plus à près de trente ans,» comme le
dit l'évangéliste (quasi triginta), mais à
trente-quatre. Ce n'est pas ici le lieu d'abor-
der cette question toujours est-il certain que
les historiens contemporains n'ont rien dit du
fameux massacre dont il est question dans
l'Evangile. On cite bien le mot de Macrobe
(V. INNOCENTS) mais personne n'ignore que
cet auteur vivait au ve siècle etque l'ouvrage
dans lequel on rencontre ce mot, les Satur-
nales, ne nous est pas parvenu tel qu'il a été
composé, et qu'il a été très-probablement re-
manié par quelque compilateur.
Nous venons de mentionner la volumi-
neuse biographie d'Hérode, de M. de Saulcy,
membre de l'Institut, auteur des Deraiers
jours de Jérusalem et autres beaux travaux
sur la Palestine et Jérusalem. M. de Sanley
juge Hérode avec une sévérité dont nous
donnerons une idée en citant un passage du
résumé final de son livre.
Que fut Hérode? Un homme d'un grand
talent, sans doute, au point de vue exclusi-
vement politiquo; comme chef de famille, il
manifesta pendant toute son existence le
mélange le plus extraordinaire de qualités
remarquables et de sentiments affreux. Cu-
pide et généreux à la fois, tour à tour tendre
et cruel au delà de toute expression, impla-
cable dans la vengeance, ambitieux et intri-
gant, fourbe et sanguinaire, souple et ram-
pant devant plus puissant que lui, toujours
avide de se repaître .des tortures qu'il infli-
gelait à quiconque inspirait le soupçon le plus
tutile, meurtrier de son roi légitime, de sa
femme, de ses fils, de sa belle-mère et de son
beau-frère, vaniteux, débauché, impitoyable
pour qui n'était pas un serviteur prêt a ap-
plaudir à toutes les infamies enfantées par
son monstrueux esprit, Hérode a, pendant
soixante-dix années, péniblement et fastueu-
semant prolongé la trame d'une vie où s'en-
chaînent les crimes les plus odieux, et, de
loin en loin, quelques actions louables. Brave
a ses heures, làche et perfide presque tou-
jours, pesant toutes ses paroles, et plaidant
sa cause en rhéteur émérite, toutes les fois
qu'il avait attiré quelque danger sur sa tête,
Hérode fut, de tous les souverains dont les
faits et gestes ont été recueillis par l'histoire,
le moins digne assurément de ce beau titre de
Grand, que l'ignorance, si ce n'est la servilité
humaine, a attaché à son nom. C'est Hérode
le Méprisable que l'on aurait dû l'appeler 1
Hérode, t des Juif. (HISTOIRE D'), par
F. de Saulcy (faris 1867, in-80). M. de Sauley,
envoyé plusieurs fois en mission en Pales-
tine, a été amené à s'occuper de l'histoire
de ce pay Son dernier ouvrage est consa-
cré à l'histoire du roi Hérode, fils d'Anti-
pater, qui régna durant trente années, avec
l'alliance apparente mais en réalité sous
la suprématie du sénat romain. L'auteur ne
semble pas avoir suffisamment étudié les
documents qui nous restent sur l'histoire du
judaïsme de ce temps. Les travaux publiés
sur la matière durant ces vingt dernières
années n'ont pas été mis à profit; et cepen-
dant, les ouvrages de MM. Ewald, Grœtz,
tlerzfeld, A. van der Chijs auraient fourni à
M. de Sauley de précieux renseignements.
Il s'en tient le plus souvent à Josèphe, dont
il ne contrôle pas suffisamment les asser-
tions, en sorte que les mouvements religieux
de l'époque, qui ont influé si profondément
sur les événements politiques, sont négligés
ou présentés d'une manière qui ne répond pas
aux exigences de la science historique mo-
derne.
HÉRODE ANTIPAS ou ANTIPATER, tétrar-
que de Galilée, fils du précédènt, né dans la
seconde moitié du Ier siècle av. J.-C. mort
l'an 40 de notre ère. Après la mort de son
père, il obtint d'Auguste le titre de tétrarque
de Galilée, puis se concilia la faveur de Ti-
bère, en l'honneur duquel il donna le nom de
Tibériade à une viLe qu'il fonda sur le bord
du lac de Génésareth. Ce prince répudia la
fille d'Arétas ou Hareth, roi d'Arabie, pour
épouser la belle Hérodiade, femme de son
frère Philippe et sa nièce. C'est à la demande
de cette dernière qu'il fit mettre à mort saint
Jean-Baptiste et c est devant lui que Ponce-
Pilate envoya Jésus-Christ, comme étant né
son sujet. Sur les entrefaites, Arétas, indigné
de la conduite d'Hérode Antipas envers sa
fille, lui déclara la guerre, le défit en plu-
sieurs rencontres et Hérode Antipas dut de-
mander des secours à Tibère, qui lui en en-
voya. Après la mort de cet empereur (37),
Caligula nomma roi des Juifs Hérode Agrippa,
neveu du tétrarque de Galilée. Sur les in-
stances d'Hérodiade, ce dernier se rendit à
Rome pour solliciter le titre de roi; mais, ac-
cusé par Agrippa de vouloir secouer la do-
mination romaine, Hérode Antipas, Malgré la
fausseté de cette accusation ne put se justi-
fier, fut envoyé en exil à Lyon par Caligula,
et obtint par la suite la permission de se
rendre avec Hérodiade en Espagne, où ils
moururent dans l'obscurité.
HÉRODE PHILIPPE, tétrarque de la Bata-
née de la Trachonitide et de la Gaulanitide
fils d'Hérode le Grand et deMarianne. Il vivait
dans le or siècle de notre ère, et fut le pre-
mier mari de sa nièce Hérodiade, avec la-
quelle il consentit à divorcer pour la céder à
son frère, Hérode Antipas, qui avait conçu
pour elle la plus vive passion. Ce prince dé-
pensa de grandes sommes pour l'embellisse-
ment des villes de Betsaïda et de Paneas. Il
mourut sans laisser d'enfants, après un règne
de trente-sept ans.
IIÉRODB AGRIPPA ler, roi de Judée, fils
d'Aristobule et petit-fils d'Hérode le Grand,
mort en 43 de notre ère. Sa jeunesse s'écoula
en grande partie à Rome où il devint gou-
verneur de Caligula. Lorsque celui-ci suc-
céda à Tibère (37), il donna a Hérode Agrippa
le titre de roi des Juifs et, par la suite, Claude
accorda à ce prince la possession de toutes
les provinces qui avaient constitué jadis les
Etats d'Hérode le Grand. Ce fut Hérode
Agrippa qui fit, dit-on, arrêter saint Pierre
et martyriser saint Jacques. Il fut le père de
Bérénice, pour qui Titus conçut une vive pas-
sion.
HÉRODE, roi de Chalcis, frère d'Hérode
Agrippa Ier, mort en 48 de notre ère. Sur la
demande de son frère, il obtint de Claude le
toyaume de Chalcis (41), et, après la mort
d'Hérode Agrippa Ier, il lui succéda comme
surintendant générar du temple et du tré-
sor sacré de Jérusalem, fonctions qui lui don-
naient le droit de nommer les grands prêtres.
Il laissa en mourant trois fils, dont aucun ne
lui succéda, son petit royaume ayant été alors
donné à Hérode Agrippa H.
HÉRODE AGRIPPA 11, roi de Judée, fils de
Hérode Agrippa lor, né en 30 après J.-C., mort
en 100. Trop jeune a la mortde son père pour
pouvoir prendre en main les rènes du gouver.
nement, il fut retenu à Rome par Claude, qui
fit administrer la Judée par un procurateur
romain. Lorsque mourut Hérode, roi de Chal-
cis, Hérode Agrippa obtint de lui succéder (48)
et lut mis successivement par la suite en pos-
session de la Batanée, de Jérusalem de Bé-
ryte, de Tibériade, de Tnrichée, de Julias, etc.
Ce prince excita le mécontentement des Juifs
par la façon capricieuse avec laquelle il
nomma et déposa les grands prêtres. Il es-
saya vainement d'empêcher ses compatriotes
de se révolter contre les Romains, et lorsque
l'insurrection eut éclaté (68), il n'hésita point
à se ranger du côté de Rome. Après avoir
combattu auprès de Titus, lors du siège de
Jérusalem, il alla habiter Rome avec sa sœur
Bérénice et reçut le titre de préteur, Hérode
chés l'un de l'autre, comme deux colombes
que l'orage menace. Ce groupe est une des
plus belles productions du statuaire auquel
on doit deux des grands bas-reliefs de 1 arc
de l'Etoile. Toutefois, l'ensemble de la com-
position laisse à désirer. Les deux figures sont
posées chacune sur une jambe, ce qui est
d'un effet disgracieux. L'œuvre de M. Etex
est en Angleterre.
Deux autres groupes remarquables d'Héro
et Léandre ont été exécutés, l'un par G. Dié-
boit (Salon de 1863), l'autre par M. Gus-
tave Déloye (Salon de 1865). On doit à
M. Pierre Loison une charmante figure en
marbre d'Héro, qui a été exposée au Salon
de 1850.. Le corps, à peine adolescent, a dit
M. Louis de Geofroy (Revue des Deux-Mondes),
n'est aucunement voilé par la draperie de lin
transparente à travers laquelle se dessinent
de suaves contours l'enfant s'est jetée hors
de sa couche, tremblante et joyeuse, l'œil
dilaté, la bouche souriante; elle élève au-
dessous de sa tête le flambeau qui guide son
Léandre. Cette petite tête, si pleine de jeu-
nesse et d'amour, est ravissante et en har-
monie parfaite avec le sentiment général de
la composition..
Le musée de Dresde possède un tableau de
P.-F. Mola, représentant Héro auprès du ca-
davre de Léandre. F. Bloemaert a gravé,
d'après Abraham Bloemaert, les Nymphes de
la mer recueillant le cadavre de Léandre. Au
Belvédère, à Vienne, sont deux tableaux,
l'un de G. Backereel, l'autre de C. Schut, re-
présentant Héro pleurant Léandre mort. Un
élève de Girodet, Delorme, a exposé au Sa-
lon de 1814 deux compositions qui lui ont
valu une médaille d'or et qui ont été gravées
toutes deux par Laugier Héro et Léandre
et la Mort de Léandre. Un autre tableau du
même artiste, représentant Héro retrouvant
le corps de Léandre, a figuré au Salon de
1831. Ce dernier sujet a été traité récemment
par M. Pierre Cabanel fils (Salon de 1869).
Un artiste belge contemporain, M. Stallaert,
a peint Héro éclairant la traversée de Léan-
dre.
HÉROALECTORIDE adj. (é-ro-a-lè-kto-ri-
de du gr. herôdios. héron; alekldr, coq).
Ornith. Qui tient du héron et du coq.
s. m. pi. Famille d'oiseaux, qui tiennent
à la fois des échassiers et des gallinacés.
HÉROARD (Jean), anatomiste français, né
à Hauteville-le-Guichard (Manche) en 1551,
mort après 1628. Il avait pris le grade de
docteur h la Faculté de Montpellier, lorsqu'il
obtint, par la protection du duc de Joyeuse,
le titre de médecin ordinaire du roi. Peu de
temps avant sa mort, Charles IX demanda à
Héroard de composer un traité sur l'anatomie
du cheval. Ce médecin continua à pratiquer
duquel il assista; sous Henri IV qui le noroma
médecin du dauphin à naltre, lorsque Marie
de Médicis fut enceinte, et sous Louis XIII,
qui lui donna le titre de premier médecin du
roi. Hèroard ne cessa de donner ses soins à
ce prince, qui avait en lui la plus entière
confiance, jusqu'en 1628, ainsi que l'atteste
un manuscrit de la Bibliothèque nationale,
écrit de la main de Héroard et intitulé Lu-
dovicotropie, ou Journal de toutes les actions
et de la santé de Louis, dauphin de France,
qui fut ensuite Louis Xlll, depuis le moment
de sa naissance (!7 septembre 1601) jusqu'au
29 janvier 1628 (6 vol. in-fol.). Jean Héroard
n'est donc mort que postérieurement au
29 janvier 1628, et non au siège de La Ro-
celle, en 1627, comme le prétendent certains
biographes, qui le font, également à tort, nat-
tre a Montpellier. Outre ce.manuscrit, on a de
Héroard Hippostéologie, c'est-à-dire Dis-
cours des os du cheval (Paris, t599, in-40) et
un traité sur l'éducation d un prince, qui
a été traduit en latin par Jean Degorris et
publié sous le titre De institutione principis
(Paris, 1617, in-80).
HÉROCHIES s. f. pl. (é-ro-chl; h asp.).
Antiq. gr. Fête qu'on célébrait dans l'Ile de
Crète.
HÉRODE, poête grec du vie siècle avant
notre ère. IP était contemporain du poete
Hipponax d'Ephèse. Il nous reste quelques
fragments de ses poésies, écrites en vers
choliambiques. Ces fragments ont été insérés
dans divers recueils, entre autres dans le
Choliambica poesis Grxcorum, de Lachmann
(Berlin, 1845).
IIÉRODR, famille de l'Idumée, de religion
juive, qui avait pour chef Antipater, pre-
mier ministre d'Hyrcan II, gouverneur de la
Palestine au ter siècle av. J.-C. —V. les ar-
ticles suivants.
NÉRODE le Grand, roi des Juifs, né vers
72 avant Jésus-Christ. Il était fils de l'Iduméen
Antipater, ministre d'Hyrcan sa mère était,
dit-on, de race arabe. Sa famille grandit au
milieu des guerres civiles entre Hyrcan et
son frère Aristobule, protégée d'ailleurs par
les Romains. Hérode tut d'abord gouverneur
de la Galilée, purgea cette province des ban-
dits qui l'infestaient et mit à mort leurs chefs
les plus fameux. Toutefois, accusé lui-même
de brigandage et d'abus d'autorité, il fut cité
devant le sanhédrin de Jérusalem et se pré-
senta a la tête d'une troupe armée. Il échappa
ainsi aux poursuites dirigées contre lui et ne
tarda pas à entrer en révolte ouverte. Pen-
dant les troubles qui suivirent la mort de
César, il rendit des services à Cassius, en
levant pour lui des impôts dans la Galilée, et
en reçut le gouvernement de la Cœlésyrie,
avec une flotte et des troupes nombreuses.
Son père, Antipater, ayant été empoisonné
par les favoris du faible Hyrcan, il marcha
sur Jérusalem, où il entra avec une armée,
mais ne jugea pas à propos de démasquer ses
projets d'usurpation. Il se borna à faire tuer
peu de temps après, dans un guet-apens,
l'un des principaux meurtriers, et se récon-
cilia ensuite avec Hyrcan.
Après la bataille de Philippes, Hérode, qui
avait soutenu jusqu'alors Cassius, Brutus et
les républicains, se rallia à Marc-Antoine,
qui le nomma l'un des tétrarques de la Judée.
Chassé de Jérusalem par Antigone, fils d'A-
ristobule, qui s'empara de la royauté, il se
vit poursuivi par des légions de Parthes,
qui formaient l'armée du vainqueur, se dé-
fendit vaillamment avec une poignée de sol-
dats, gagna l'Idumée, où sa famille était fort
populaire, puis l'Egypte, et, à la suite d'une
série d'aventures, ou il montra beaucoup de
constance et d'énergie, se présenta à Rome.
Antoine le reçut avec faveur et le fit nom-
mer roi de Judée par un décret du sénat,
mu surtout par l'espoir d'en tirer des secours
pour la guerre qu'il méditait contre les Par-
thes (40 av. J.-C.).
Parti d'Italie pour conquérir le royaume
dont il venait d'être investi, Hérode débarqua
à Ptolémaîs, recruta rapidement une armée
de mercenaires, entra en Galilée, appuyé par
les troupes romaines qui occupaient le pays,
s'empara de Joppé, de Massada et d'autres
villes, et vint mettre le siège devant Jérusa-
lem, pendant que ses lieutenants soumet-
taient diverses places et d'autres parties de
la contrée. Ce siège, coupé par des expédi-
tions partielles et de furieux combats, dont
la Judée entière était ensanglantée se ter-
mina par la prise de Jérusalem, qui fut livrée
à l'extermination et au pillage, suivant l'u-
sage constant de ce temps et de ce pays. Ce-
pendant, il faut rendre a Hérode cette jus-
tice, qu'il fit tous ses efforts pour arrêter la
fureur de ses terribles auxiliaires, les Ro-
mains, et qu'il réussit à préserver ce qui res-
tait de la malheureuse cité.
Maltre du trône (37 av. J.-C.), il donna li-
brement carrière à ses instincts cruels et
despotiques, obtint à prix d'or la mise à mort
d'Antigone, qui était prisonnier d'Antoine, et
mit ainsi fin à la dynastie asmonéenne. Puis
il livra au supplice les principaux partisans
de son rival, autant par esprit de vengeance
que pour avoir occasion de dépouiller les fa-
milles riches, afin de s'assurer l'appui d'An-
toine et des Romains en les gorgeant d'or. Il
fit massacrer aussi tous les membres du san-
hédrin qui l'avaient autrefois mis en juge-
ment, se débarrassa du jeune Aristobule, qui
appartenait à la famille dépossédée, et plus
tard livra même à la mort le vieil Hyrcan,
qui cependant n'était plus redoutable et ne
pouvait lui causer aucun ombrage.
Créature des Romains, il les servit du
moins avec loyauté, et attira par cette con-
duite leur bienveillance sur sa nation. D'ail-
leurs, il ne se piquait pas d'une fidélité scru-
puleuse aux différents partis et se rallia tour
a tour aux républicains, aux triumvirs, enfin
à Auguste seul, quand celui-ci eut triomphé
d'Antoine.
Le règne d'Hérode fut rempli par de lon-
gues guerres contre les Arabes, par des trou-
bles intérieurs et par des tragédies domesti-
ques, dont le palais fut ensanglanté, et par
des calamités qui accablèrent la malheureuse
Judée tremblements de terre, famine, épi-
démies meurtrières, etc.
Comme tous les princes orientaux et comme
tous les monarques juifs, Hérode eut un
grand nombre de femmes. La plus célèbre
est cette touchante Mariamne, qu'il adorait,
et qu'il fit mettre à mort sur un soupçon, peut-
être injuste, d'infidélité. Accablé de remords
et de souffrances après cet événement fu-
neste, il devint plus soupçonneux encore et
plus cruel, et il lui resta une telle exaspéra-
tion physique et morale, que, sous le moindre
prétexte, il condamnait au supplice jusqu'à
ses amis les plus dévoués.
Fastueux et magnifique, il embellit les vil-
les de la Judée, fit bâtir à Jérusalem un
théâtre et, dans la plaine voisine, un vaste
amphithéâtre pour les courses et les combats
de bêtes, institua des jeux en l'honneur de
César, etc. Ces innovations romaines, qui
choquaient les mœurs des Juifs, ne contri-
buèrent pas peu sans doute à l'impopularité
qui est restée attachée à son nom; car les
abominables cruautés que l'histoire est en
droit de lui reprocher, non-seulement étaient
familières aux souverains de l'Orient, mais
encore ne s'écartaient guère des habitudes
et de la tradition nationales.
Il eut à réprimer plusieurs complots contre
sa personne et son pouvoir, et il le fit avec
l'énergie la plus implacable.
Cependant, au milieu de ces barbaries, il
se montra parfois habile autant qu'humain.
A la suite d'une grande sécheresse, la Judée
fut désolée par une famine qui décimait la
population. Hérode vendit sa vaisselle d'or
et ses objets les plus précieux, envoya en
Egypte et de tous côtés pour acheter du blé,
et en régla lui-même la distribution avec
autant d'intelligence que de libéralité. Cette
conduite le réconcilia avec ses sujets, et
peut-être est-ce à ce moment qu'il reçut ce
titre de Grand, que l'histoire lui a conservé
sans trop en vérifier l'exactitude. Auguste,
qu'il avait servi fidèlement, soit en lui four-
nissant des tributs et des troupes auxiliaires,
soit en appuyant' sa politique en Orient, soit
en flattant son orgueil par des jeux institués
en son honneur, par la fondation de temples et
de villes qui lui étaient dédiés, Auguste aug-
menta l'étendue de ses Etats par le don de
plusieurs contrées, la Trachonitide, la Bata-
née, l'Auranite, etc.
Pendant qu'il scandalisait les Juifs par ses
préférences romaines et ses fondations pro-
fanes, Hérode essayait de les ramener à lui
en réédifiant avec la plus grande magnifi-
cence le temple de Jérusalem. Bientôt, il les
épouvantait de nouveau en livrant au sup-
plice ses trois fils, Aristobule, Alexandre et
Antipater, qui, à plusieurs reprises, avaient
conspiré contre sa vie et son autorité. Cette
épouvantable exécution fut accompagnée de
nouvelles cruautés contre un grand nombre
de personnages éminents, regardés, à tort ou
à raison, comme complices des malheureux
princes.
Tous ces actes sont attestés par les histo-
riens. Mais ce qui ne l'est nullement, c'est
l'imputation de 1 Evangile, qui accuse Hérode
d'avoir -ordonné le massacre des innocents,
lors de la naissance de Jésus-Christ. Cette
horrible mesure, unique dans les annales du
monde, ne nous est d ailleurs connue que par
l'assertion du Livre saint. Les historiens l'ont
absolument passée sous silence, et il est pro-
bable que c est là une de ces traditions sans
réalité car il est absolument impossible d'ad-
mettre qu'un fait aussi extraordinaire que
l'exécution de tous les enfants mâles d'une
nation ait pu s'accomplir sans que l'histoire
en ait gardé le souvenir. La renommée de
cruauté restée attachée au nom fameux d'Hé-
rode aura, sans aucun doute, donné plus tard
naissance à cette légende tragique. Toujours
est-il que Josèphe, très-passionné cependant
contre Hérode, et qui rapporte en détail tous
les crimes qui lui étaient attribués, n'en dit
pas un mot, n'y fait pas la moindre allusion.
Dans son Histoire d Bérode, publiée récem-
ment, M. de Saulcy, qui a puisé aux sources,
et qui entre également dans les plus grands
détails sur les forfaits du monarque juif, ne
mentionne même pas (ne fût-ce que pour la
réfuter) cette tradition ecclésiastique. Ajou-
tons que, suivant la détermination de Whiston
et de Fréret, universellement admise, Hérode
est mort quatre années avant l'ère chrétienne.
Il est vrai que le calcul qui sert de base à
l'ère vulgaire est loin d'être inattaquable. Ce
calcul, qui fut établi par Denys le Petit, sa-
vant canoniste du vie siècle, a été repris par
les savants, et il est à peu près démontré
aujourd'hui que Denys se trompa de quatre ans
et sept jours, en sorte que la date véritable
de la naissance du Christ étant, en réalité,
plus ancienne de quatre ans et sept jours,
Hérode, à cette date, aurait encore vécu.
Mais il suit de cette rectification plusieurs
autres difficultés, relatives à divers textes
des Evangiles et à certains événements de la
vie du Christ; par exemple, Jésus ne pourrait
avoir eu trente-trois ans, selon 1 opinion
commune, lorsqu'il fut crucifié; il en aurait
en trente-sept et aurait commencé de prêcher,
non plus à près de trente ans,» comme le
dit l'évangéliste (quasi triginta), mais à
trente-quatre. Ce n'est pas ici le lieu d'abor-
der cette question toujours est-il certain que
les historiens contemporains n'ont rien dit du
fameux massacre dont il est question dans
l'Evangile. On cite bien le mot de Macrobe
(V. INNOCENTS) mais personne n'ignore que
cet auteur vivait au ve siècle etque l'ouvrage
dans lequel on rencontre ce mot, les Satur-
nales, ne nous est pas parvenu tel qu'il a été
composé, et qu'il a été très-probablement re-
manié par quelque compilateur.
Nous venons de mentionner la volumi-
neuse biographie d'Hérode, de M. de Saulcy,
membre de l'Institut, auteur des Deraiers
jours de Jérusalem et autres beaux travaux
sur la Palestine et Jérusalem. M. de Sanley
juge Hérode avec une sévérité dont nous
donnerons une idée en citant un passage du
résumé final de son livre.
Que fut Hérode? Un homme d'un grand
talent, sans doute, au point de vue exclusi-
vement politiquo; comme chef de famille, il
manifesta pendant toute son existence le
mélange le plus extraordinaire de qualités
remarquables et de sentiments affreux. Cu-
pide et généreux à la fois, tour à tour tendre
et cruel au delà de toute expression, impla-
cable dans la vengeance, ambitieux et intri-
gant, fourbe et sanguinaire, souple et ram-
pant devant plus puissant que lui, toujours
avide de se repaître .des tortures qu'il infli-
gelait à quiconque inspirait le soupçon le plus
tutile, meurtrier de son roi légitime, de sa
femme, de ses fils, de sa belle-mère et de son
beau-frère, vaniteux, débauché, impitoyable
pour qui n'était pas un serviteur prêt a ap-
plaudir à toutes les infamies enfantées par
son monstrueux esprit, Hérode a, pendant
soixante-dix années, péniblement et fastueu-
semant prolongé la trame d'une vie où s'en-
chaînent les crimes les plus odieux, et, de
loin en loin, quelques actions louables. Brave
a ses heures, làche et perfide presque tou-
jours, pesant toutes ses paroles, et plaidant
sa cause en rhéteur émérite, toutes les fois
qu'il avait attiré quelque danger sur sa tête,
Hérode fut, de tous les souverains dont les
faits et gestes ont été recueillis par l'histoire,
le moins digne assurément de ce beau titre de
Grand, que l'ignorance, si ce n'est la servilité
humaine, a attaché à son nom. C'est Hérode
le Méprisable que l'on aurait dû l'appeler 1
Hérode, t des Juif. (HISTOIRE D'), par
F. de Saulcy (faris 1867, in-80). M. de Sauley,
envoyé plusieurs fois en mission en Pales-
tine, a été amené à s'occuper de l'histoire
de ce pay Son dernier ouvrage est consa-
cré à l'histoire du roi Hérode, fils d'Anti-
pater, qui régna durant trente années, avec
l'alliance apparente mais en réalité sous
la suprématie du sénat romain. L'auteur ne
semble pas avoir suffisamment étudié les
documents qui nous restent sur l'histoire du
judaïsme de ce temps. Les travaux publiés
sur la matière durant ces vingt dernières
années n'ont pas été mis à profit; et cepen-
dant, les ouvrages de MM. Ewald, Grœtz,
tlerzfeld, A. van der Chijs auraient fourni à
M. de Sauley de précieux renseignements.
Il s'en tient le plus souvent à Josèphe, dont
il ne contrôle pas suffisamment les asser-
tions, en sorte que les mouvements religieux
de l'époque, qui ont influé si profondément
sur les événements politiques, sont négligés
ou présentés d'une manière qui ne répond pas
aux exigences de la science historique mo-
derne.
HÉRODE ANTIPAS ou ANTIPATER, tétrar-
que de Galilée, fils du précédènt, né dans la
seconde moitié du Ier siècle av. J.-C. mort
l'an 40 de notre ère. Après la mort de son
père, il obtint d'Auguste le titre de tétrarque
de Galilée, puis se concilia la faveur de Ti-
bère, en l'honneur duquel il donna le nom de
Tibériade à une viLe qu'il fonda sur le bord
du lac de Génésareth. Ce prince répudia la
fille d'Arétas ou Hareth, roi d'Arabie, pour
épouser la belle Hérodiade, femme de son
frère Philippe et sa nièce. C'est à la demande
de cette dernière qu'il fit mettre à mort saint
Jean-Baptiste et c est devant lui que Ponce-
Pilate envoya Jésus-Christ, comme étant né
son sujet. Sur les entrefaites, Arétas, indigné
de la conduite d'Hérode Antipas envers sa
fille, lui déclara la guerre, le défit en plu-
sieurs rencontres et Hérode Antipas dut de-
mander des secours à Tibère, qui lui en en-
voya. Après la mort de cet empereur (37),
Caligula nomma roi des Juifs Hérode Agrippa,
neveu du tétrarque de Galilée. Sur les in-
stances d'Hérodiade, ce dernier se rendit à
Rome pour solliciter le titre de roi; mais, ac-
cusé par Agrippa de vouloir secouer la do-
mination romaine, Hérode Antipas, Malgré la
fausseté de cette accusation ne put se justi-
fier, fut envoyé en exil à Lyon par Caligula,
et obtint par la suite la permission de se
rendre avec Hérodiade en Espagne, où ils
moururent dans l'obscurité.
HÉRODE PHILIPPE, tétrarque de la Bata-
née de la Trachonitide et de la Gaulanitide
fils d'Hérode le Grand et deMarianne. Il vivait
dans le or siècle de notre ère, et fut le pre-
mier mari de sa nièce Hérodiade, avec la-
quelle il consentit à divorcer pour la céder à
son frère, Hérode Antipas, qui avait conçu
pour elle la plus vive passion. Ce prince dé-
pensa de grandes sommes pour l'embellisse-
ment des villes de Betsaïda et de Paneas. Il
mourut sans laisser d'enfants, après un règne
de trente-sept ans.
IIÉRODB AGRIPPA ler, roi de Judée, fils
d'Aristobule et petit-fils d'Hérode le Grand,
mort en 43 de notre ère. Sa jeunesse s'écoula
en grande partie à Rome où il devint gou-
verneur de Caligula. Lorsque celui-ci suc-
céda à Tibère (37), il donna a Hérode Agrippa
le titre de roi des Juifs et, par la suite, Claude
accorda à ce prince la possession de toutes
les provinces qui avaient constitué jadis les
Etats d'Hérode le Grand. Ce fut Hérode
Agrippa qui fit, dit-on, arrêter saint Pierre
et martyriser saint Jacques. Il fut le père de
Bérénice, pour qui Titus conçut une vive pas-
sion.
HÉRODE, roi de Chalcis, frère d'Hérode
Agrippa Ier, mort en 48 de notre ère. Sur la
demande de son frère, il obtint de Claude le
toyaume de Chalcis (41), et, après la mort
d'Hérode Agrippa Ier, il lui succéda comme
surintendant générar du temple et du tré-
sor sacré de Jérusalem, fonctions qui lui don-
naient le droit de nommer les grands prêtres.
Il laissa en mourant trois fils, dont aucun ne
lui succéda, son petit royaume ayant été alors
donné à Hérode Agrippa H.
HÉRODE AGRIPPA 11, roi de Judée, fils de
Hérode Agrippa lor, né en 30 après J.-C., mort
en 100. Trop jeune a la mortde son père pour
pouvoir prendre en main les rènes du gouver.
nement, il fut retenu à Rome par Claude, qui
fit administrer la Judée par un procurateur
romain. Lorsque mourut Hérode, roi de Chal-
cis, Hérode Agrippa obtint de lui succéder (48)
et lut mis successivement par la suite en pos-
session de la Batanée, de Jérusalem de Bé-
ryte, de Tibériade, de Tnrichée, de Julias, etc.
Ce prince excita le mécontentement des Juifs
par la façon capricieuse avec laquelle il
nomma et déposa les grands prêtres. Il es-
saya vainement d'empêcher ses compatriotes
de se révolter contre les Romains, et lorsque
l'insurrection eut éclaté (68), il n'hésita point
à se ranger du côté de Rome. Après avoir
combattu auprès de Titus, lors du siège de
Jérusalem, il alla habiter Rome avec sa sœur
Bérénice et reçut le titre de préteur, Hérode
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