Titre : Le Courrier du Gard : journal politique, administratif et judiciaire
Éditeur : [s.n] (Nîmes)
Date d'édition : 1848-02-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327512340
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 février 1848 11 février 1848
Description : 1848/02/11 (A18,N12). 1848/02/11 (A18,N12).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG30 Collection numérique : BIPFPIG30
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k14840314
Source : Bibliothèque Carré d'art / Nîmes, 16768_CG
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/03/2020
COURRIER DU GARD.
K
nhtVc public. Il est assiste de M. Delquié, avocat-général, qui était
procureur du roi lors de l'attentat du 15 avril.
M. Olagnon , juré, est dispensé du service pour cause d’infirmités.
M. le procureur-général, vu la longueur présumée des débats, de-
mande qu’il plaise à la cour d’ordonner l’adjonction d’un conseiller et
de deux jurés suppléans
Les jurés se retirent dans leur chambre, afin qu’il soit procédé au
tirage, et la cour se retire.
A dix heures et demie, l’accusé est amené par les gendarmes. Un
mouvement de curiosité excessive se produit dans la salle. Léotade est
vêtu de la robe des Frères de la Doctrine Chrétienne. C'est un homme
d’une taille au-dessous de la moyenne (l met. 65 cent.), à la figure
ronde et au teint brun. Il a le nez court, les sourcils épais. L’ensem-
ble de sa physionomie est insignifiant. Il a l’air très-calme et paraît sup-
porter sans émotion tous les regards. M®' Gasc et de Saint-Gresse pren-
nent place au banc de la défense. Mc Joly, avocat de la partie civile,
s’assied sur le même banc.
A onze heures la cour rentre en séance, M. le conseiller Vènc siège
comme conseiller supplémentaire. M. le président ordonne l’évacua-
tion des bancs nécessaires aux jurés non-siégeans dans la cause, aux
experts et aux témoins.
M. le président : Accusé, levez-vous ; comment vous appelez-vous r
L’accusé : Louis Bonafous , frère Léotade.
M. le président : Votre âge?
J.’accusé : 34 ans.
M le président : Votre profession?
L’accusé : Frère de la Doctrine Chrétienne.
M. le président : Votre lieu de naissance?
L accusé : St-AlTrique.
M. le président : Votre domicile?
L’accuse : Toulouse.
M. le président : Messieurs les jurés, veuillez vous tenir debout et
découverts et prêter serment.
Les jurés prêtent le serment ordinaire.
M. le président : Si Messieurs les jurés croient devoir, pour éclairer
leur religion , visiter les lieux, nous les engageons d’autant plus à s’y
rendre en corps que peut-être la cour éprouvera le même désir. Des
visites isolées pourraient avoir quelques inconvéniens.
Me Pujol, avoué de la famille Combettes, déclare se porter partie
civile et prend des conclusions. — M® Joly développe ses conclusions.
Mc Gasc déclare persister dans le rejet des prétentions de la partie
civile
M. le procureur-général détermine la situation de la question. Il
pense que la cour d’assises est compétente pour juger l’action intentée
par la partie civile.
La cour décide en ce sens, et se déclare compétente pour juger
l’action dirigée contre l’accusé ou ses représentans, admet les parties
Pujol comme partie civile, et, sans rien préjuger sur le mérite de la de-
mande , la renvoie en fin de cause, tous droits réservés.
Les huissiers font entrer les témoins. Trente-quatre Frères et six
élèves de leur pensionnat en font partie. Le nombre total des témoins
contre est «le 92 ; le nombre total des témoins pour est de 95.
M. le président : Accusé, soyez attentif à ce que vous allez entendre.
Greffier, lisez l’acte d’accusion et l’acte de renvoi.
Voici le début de l’acte d accusation :
Le 10 avril dernier, à six heures et demie du matin, le nommé Ras-
paud entra dans le cimetière Saint-Aubin: il était accompagné du sieur
Levêque, concierge du cimetière et du sieur Laroque, menuisier. Us se
dit itèrent tous les trois vers l’oratoire , dont la porte fait face au mur
qui sépare le cimetière du jardin des Frères de la Doctrine Chrétienne.
Pendant que Levêque et Laroque entrèrent dans 1 oratoire , Itaspaud ,
demeuré en dehors, s’étant retourné du coté du jardin des Frères, aper-
çut vers l'angle de jonction de ce mur avec celui qui sépare lecimetiere
de la rue Biquet, le cadavre d’une personne du sexe , dans une posi-
tion qui lui lit dire au premier aspect : «t Voilà une femme qui dort ou
qui fait ses besoins. » . ,
Mais s’étant rapproché du point oii reposait la personne qu il avait
aperçue, Raspaud reconnut que c’était le cadavre d une jeune fille. Ce
cadavre paraissait reposer sur ces genoux et sur l’extrémité de ses pieds,
la semelle obliquant et en l’air ; sur ses coudes, la face contre terre ;
les pieds étaient dirigés du côté du jardin des Frères ; la tête , par son
sommet, était dirigée du côté delà chapelle ou oratoire; l’ensemble du
corps était placé obliquement par rapport aux deux murs du jardin des
Frères ci de la rue Riquet ; au pied du mur de la rue Riquet et dans
l’intérieur du cimetière étaient placés trois piquets: au sommet de l’un
de ces piquets on remarquait un mouchoir, fond bleu , à pastilles blan-
ches , suspendu par son centre ; les deux extrémités encore nouées se
dirigeaient du côté de la tête du cadavre.
Raspapd ayant voulu examiner de plus près la position du cadavre ,
lui imprima un mouvement de rotation en le prenant par l’épaule gau-
che. Ce mouvement, sans rien changer à la position du corps relative-
ment aux deux murs, avait cependant modifié la situation de la face ,
qui, au lieu d’étre appuyée contre la terre, se trouvait ainsi tournée en
Pair, de manière que les yeux se dirigeaient vers les murs de la rue
Riqiîet. Sauf cette modification, qui n’affectait que sa partie supérieure,
le cadavre est demeuré dans la même position , et c’est dans cette posi-
tion ainsi modifiée qu’il a été vu successivement par le commissaire de
police à sept heures et demie, par M. le juge d’instruction à huit heu-
res et enfin par les médecins à deux heures de l’apiès-midi ; le pre-
mier examen qui fut fait de ce cadavre ne laisse pas de doute qu’il ne
fut celui d’une jeune fille qui avait succombé victime du double crime
de viol et d e meurtre.
Ce cadavre fut bientôt reconnu pour être celui de Cecile Combettes,
née'le 6 novembre 1832, et, par conséquent, âgée de moins de quinze
ans le 15 avril dernier.
Cécile Combettes était fille de deux honnêtes et modestes artisans de
cette ville. Son père, Bernard Combettes, était employé comme ouvrier
à l’usine de M. Talabot. Sa mère, Marie Terisse, exerçait l’humble
profession d’allumeuse de réverbères. A l’époque ou elle fut si cruelle-
ment frappée par la mort de sa fille, Marie Terisse était au terme d’une
laborieuse grossesse : elle accoucha, en effet, le 5 mai, vingt jours après
l’événement.
Cécile Combettes était employée comme simple apprentie dans l’ate-
lier du sieur Conte , relieur; son apprentissage, commencé au mois
d’avril 1846, devait finir à la même époque de cette année, c’est-à-dire
peu de jours après la catastrophe qui lui a ravi la vie.
Le 15 avril dernier, Cécile devait, selon son habitude, se rendre
dans l’atelier de son maître. Elle fut réveillée à six heures par sa
grand’mère; à sept heures, sagrand’mère revient, voit sa petite-fille
habillée avec son costume de tous les jours; « elle mangeait un petit
» morceau de pain , ayant son panier, sans doute, avec son déieûner
«dedans, à côté d’elle. » Après avoir été chercher une cruche creau à
la fontaine de Peyrolières. Cécile partit avec son panier pour aller chez
Conte, où elle arriva vers sept heures et demie.
Conte était le relieur de la maison des Frères de la Doctrine Chré-
tienne de Toulouse. Le jeudi 15 avril, il devait remettre une grande
quantités de livres qu’il avait reliés. Le frère Liféroi , directeur du no-
viciat, l’avait engagé à venir avant dix heures du matin. Vers neuf
heures, Conte se dispose à partir; il fait préparer deux corbeilles, l’une
plus grande, où il place la majeure partie des livres; l’autre plus petite
où il dispose la partie des livres qui n’a pu se placer dans la plus grande.
La femme Roumagnac, dite Marion, prend sur sa tête la corbeille lon-
gue : Cécile est chargée de la plus petite. Accompagné de ses deux ou-
vrières, Conte se dirige vers la rue Riquet, où est placée l'entrée du
noviciat. La porte, fermée à clef, s’ouvre pour le laisser passer et se
referme ensuite. Les deux corbeilles sont déposées à terre. Conte dit à
Marion : « Retournez au magasin » ; et se tournant vers Cécile, il lui
remit à la main le parapluie, qu’il avait déposé contre le mur pour ai-
der Marion à décharger sa corbeille, et lui dit : « Cécile , garde mon
parapluie : attends-moi là pour porter les corbeilles vides.-) Marion res-
sort aussitôt ; la porte se referme sur ses pas : elle afiirme qu’elle est
sortie seule et qu’elle a laissé Cécile dans le corridor. Conte aidé du
portier monte les deux corbeilles delivres dans la procure du frère-di-
recteur. Le portier redescend aussitôt : Conte prolonge son entretien
avec le frère-directeur. Il avait non-seulement à vérifier les livres qu’il
venait lui remettre, mais à débattre encore le prix de deux mille volu-
mes à relier pour la distribution des prix. Conte demeura avec le frère-
directeur jusqu’à dix heures un quart et quelques minutes. Cette heure
est fixée par le frère Lorien , qui a vu descendre Conte, et qui, à ce
moment, les yeux tournés vers l’horloge, a vu qu’elle marquait au-dèlà
de dix heures un quart.
Conte portait à la main les deux corbeilles vides; il s’informe auprès
du portier de ce qu’est devenue Cécile. Le portier lui répond : « Elle
sera peut-être sortie pendant que je parlais à un monsieur; oupeut-
c être est-elle allée au Pensionnat, en indiquant du doigt le tunnel. »
Conte ne trouvant pas Cécile pour emporter les corbeilles vides, les
dépose dans le corridor, et les envoie chercher dans la journée par un
de ses jeunes apprentis. Quant au parapluie , qu’avant de monter ehez
le directeur , il avait remis aux mains de Cécile, il le trouva contre le
mur, à la place même qu’occupait Cécile.
Çonte, qui était resté plus d’une heure chez le directeur, ne fut pas
surpris de ne plus trouver Cécile. Il penca qu’ennuyée de l’attendre ,
elle était sortie et s’était rendue au magasin. En sortant du Noviciat,
Conte s’arrête chez son oncle, le sieur Maître , ancien charron, rue de
l’Etoile; de là, il va arrêter sa place pour Auch, et enfin il rentre chez
lui vers onze heures. La dame Conte n’ayant pas vu Cécile , s’informa
à son mari: celui-ci, de son côté, exprima la croyance qu'elle était ren-
trée. Vers une heure, Cécile n’ayant pas reparu , sa famille eu est ins-
truite ; la dame Conte ainsi que la femme Baylac , cette dernière tante
de Cécile, vont la demander successivement, soit au Pensionnat Saint-
Joseph, soit au Noviciat. Au Pensionnat, le portier déclare qu’il ne l’a
pas vue ; au Noviciat le portier l’a vue , mais ne peut affirmer qu’elle
soit sortie. La femme Baylac insiste pour que des recherches soient
faites. Le directeur est prévenu ; la seule réponse que la femme Baylac
reçoit pour calmer ses presseniimens , c’est que les femmes ne peuvent
pas circuler dans rétablissement, et que si Cécile y eut pénétré le ma-
tin , elle aurait été rencontrée , et qu’on l’aurait obligée à ressortir.
D’après les indications de Conte , des recherches furent faites dans
plusieurs maisons, dans l’une surtout, située rue de l’Etoile, qui était
désignée comme suspecte. Toutes ces recherches furent infructueuses.
Conte, que des affaires appelaient à Auch, auprès du frère directeur
de la maison des Frères établie dans cette ville, partit le 15 avril au
soir. Il partit d'Auch le 16 au soir, et arriva le 17 au matin à
Toulouse. # ,
Il n’est pas inutile de fajre connaître les relations de Conte avec la
maison des Frères de la Doctrine Chrétienne.
Conte n’était pas seulement employé comme relieur , apportant chez
les Frères son ouvrage pour en recevoir le salaire ; il était attaché à
cet établissement depuis onze ans ; ses rapports avaient commencé
avant que le Pensionnat St-Joseph , dirigé par des Frères de la Doc-
trine Chrétienne , fut formé. Des rapports d’intimité s'étaient établis
entre Conte et le directeur, et même la plupart des Frères du Noviciat
et du Pensionnat. Il existait entre eux un échange continuel de bons
offices et de petits services. Il n’était pas chargé seulement de la re-
liure des livres : il préparait les objets nécessaires aux classes. Ces
opérations si multiples entretenaient des communications quotidien-
nes entre la maison des Frères et l’atelier de Conte. Ses ouvrières ou
apprenties allaient fréquemment soit au Noviciat, soit au Pensionnat.
Cécile, notamment, avait été , le mercredi H , au Noviciat, pour rap-
porter des cahiers rognés.
Si Conte avait besoin de quelques avances, il n’avait qu’à s’adres-
ser à l’un des directeurs. C’est ainsi que quelques jours auparavant il
avait obtenu un prêt de 160 fr. en un mandat sur le directeur de la
maison de Rodez.
Enfin , chaque fois qu'une fête était célébrée dans la maison , Conte
y était convié.
Les bénéfices que cette position procurait à Conte ne peuvent pas
être évalués à moins de 2,000 fr. par an. Son père, aussi relieur, rece-
vait la partie de l’ouvrage que son fils ne pouvait pas faire. »
Ne pouvant donner à nos lecteurs tout le contenu de l’acte d’accusa-
tiou , nous le reprenons à son résumé :
Ainsi le double attentat commis le 15 avril dernier sur la personne
de Cécile Combettes, a été accompli dans la maison des Frères de la
Doctrine Chrétienne de Toulouse.
La position du cadavre, les accidens constatés sur les murs et sur
les lieux adjacens; les empreintes d’une échelle dont personne n’avoue
l’usage ; les traces de pas tour-à-tour déniées et avouées; les tiges de
trèfle; les pailles de froment; les détritus de fourrage, sont autant de
témoins qui disent le lieu où le cadavre a séjourné, et racontent en
quelque sorte son trajet, jusqu’au point d’où il a été projeté dans le
cimetière.
Les violences exercées sur Cécile Combettes ; le désordre dans ses orga-
nes ; le meurtre couronnant le viol ; toutes ces circonstances signalent
la nature exceptionnelle de cet attentat, et révèlent à la justice la ter-
rible explosion des passions vainement contenues.
L’entrée de Cécile dans la maison du Noviciat; son cadavre trouvé
au pied du mur du jardin des Frères, sans qu’aucun indice permette
à la justice de supposer quelle est sortie ; un témoin séduit; un autre
suborné pour attester à la justice la sortie de Cécile, sont autant de
preuves qui démontrent le lieu où elle a été sacrifiée
Lorsque la just ice recherche dans le sein de la corporation des Frères
de la Doctrine Chrétienne le profanateur et le meurtrier de Cécile,
quel autre réunit sur sa tête plus d’indices accusateurs que Léotade?
Sa présence dans le corridor du Noviciat au moment où Cécile y
arrive, attestée par Conte, confirmée par l’instruction, énergiquement
démentie par lui, deviennent ainsi le premier anneau de cette chaîne
qui doit river le meurtrier au cadavre de sa victime.
Quel autre que Léotade avait plus de facilité de commettre ce
crime? Les lieux où la victime a été sacrifiée sont placés sous sa sur-
veillance : ses fonctions lui permettent de circuler librement dans la
maison
Ce changement de lit, qui atteste de la part du directeur de graves
préoccupations, et qui est resté jusqu’à ce jour sans explication
plausible ;
Cette chemise saisie dans le Noviciat, et dont les pollutions attestent
le contact avec le corps ou les vêtemens de la victime, désavouée par
tous, et dont l’exhibition aux yeux de Léotade devient pour cet accusé
l’occasion d’une série d’audacieux mensonges;
Cette facilité que seul il a eue de sortir pendant la nuit du dortoir
où il couchait, pour aller reprendre le cadavre qu’il devait jeter dans
le cimetière :
Sa visite chez Lajus, le 16 au matin; celte initiative qu’il prend
d’accuser Conte d’un crime encore ignoré; d’exhumer, après sept ans de
silence, des antécédens oubliés et pardonnés, pour en faire le texte
d’une acusation de viol et de meurtre :
L\J Qijuauuuu uu nui uc iliv ni nu .
Ces
parties
et dans l’oubli.
En conséquence, Bonafous (Louis), en religion, frère Léotade, est
accusé :
D’avoir, le 15 avril dernier, commis sur la personne de Cécile
Combettes, alors âgée de moins de quinze ans, le crime de viol et de
meurtre ;
Avec cette circonstance , que ce dernier qui a suivi le premier, a
été commis pour assurer l’impunité du coupable :
Crimes prévus et punis par les articles 332 et 304 du Gode pénal. »
Pendant cette lecture qui n’a pas duré moins de trois heures et de-
mie, et qui, à plusieurs reprises, a excité une émotion profonde dans
l’auditoire, l’accusé a montré une entière impassibilité.
La lecture terminée. M. le président s’est adressé à l’accusé, et dans
un long et lumineux exposé, au milieu de l’attention la plus profonde
a repris les différents points de l'acte d'accusation, en faisant remar-
quer à Léotade les charges nombreuses qui s’élèvent contre lui.
L’appel des témoins a eu lieu immédiatement après, et l’audience a
été levée à 4 heures moins un quart. (France Méridionale.J
ss circonstances réunies, géminées, ont enfin éclairé toutes les
ies de ce drame , qu’on semblait vouloir ensevelir dans l’obscurité
PBTDPI? Cette épidémie décime Londres , elle sévit avec force en
UMllIli Espagne et en Belgique; partout les médecins ordonnent
avec les plus heureux succès le SIROP et la PÂTE de NAFÉ d’Arabie „
dont les propriétés efficaces ont été officiellement constatées par les mé-
decins de tous les hôpitaux de Paris.
COURS DES SPIRITUEUX.
Marché de Luncl du 7 février.
Le cours des 3[6 B. G. disponibles a été fixé à 47 fr. 50 l’hectolitre pour 18
pièces. On continue de prendre à ce prix.
3[6 de marc, fixés à 40 fr. pour 22 pièces.
Marché de Cette, du 9 février.
3i6, 47 fr. pour 150 pièces. — 5[6, 35 fr. — 3[6 de maré, 40 fr.
BALL1VET, Gérant.
ANNONCES.
Étude de Mc G. BOSSY , Avoué à Nimes,
boulevart du Petit-Cours, 25.
SURENCHERE
A SUITE D'EXPROPRIATION FORCÉE.
Adjudication au Lundi 21 Février 1848.
On fait savoir à tous qu’il appartiendra que
sur la poursuite des héritiers et représentans de feu
Etienne Ricard père , en son vivant propriétaire-
foncier, demeurant à Nimes , qui sont : 1° Marie
Ricard et Charles Louvrier, faiseur de bas, maries;
2° Louis Ricard, faiseur de bas; 3° Pierre Sabatier et
Charles Sabatier, faiseurs de bas, représentant feu
dame Suzanne Ricard , leur mère , en son vivant
épouse du sieur Jean-François Sabatier; 4° Jean
Ricard , taffetassier , et Marie Louvrier , épouse
d’IIippolyte Yerdilhan , aussi taffetassier , lequel
agit pour assister et autoriser son épouse ; lesdits
Jean Ricard et Marie Louvrier , donataires de de-
moiselle Catherine Ricard, fille majeure, sans pro-
fession; cette dernière, Louis Ricard, Marie Ricard,
femme Louvrier et feue Suzanne Ricard , enfans
d’Etienne Ricard, créancier originaire, et encore
sur la poursuite de ladite Catherine Ricard, comme
donatrice à tilre onéreux, tous Uoiuici:ics a Nimes ;
Il fut procédé à la saisie des immeubles dépen-
dans de la sucession de feu François Roux aîné, en
son vivant propriétaire à Marguerittes, décédé en
l’état d’un testament olographe du premier avril
mil huit cent vingt-neuf, déposé le douze juillet
mil huit cent trente-deux, dans les minutes de Mc
Sève, notaire à Nimes, testament par lequel celui-ci
a institué les hospices de Nimes (sous la dénomi-
nation de riIôpital-Général ) pour les héritiers fon-
ciers , et la dame Joséphine Gibert son épouse ,
pour son héritière et usufruitière, laquelle se trouve
en même temps être commune en biens , faute de
contrat de mariage.
Cette saisie fut faite sur la tête des héritiers et
représentans dudit feu François Roux , qui sont :
quant à la nue propriété, d’une part, les hospices
de Nimes (sous la dénomination au testament pré-
cité de F Hôpital-Général) en leur qualité d’héritiers
testamentaires, comme il vient d’être dit, lesquels
hospices ou soit Messieurs leurs administrateurs,
domiciliés à Nimes, qui les représentent, n’ont
cependant ni accepté, ni répudié, ni meme déclaré
leur intention à ce sujet, quoique mis en demeure
sur ce point particulier ; et, d’autre part, en l’état
de ce défaut d’acceptation ou de répudiation , les
héritiers légaux dudit feu François Roux aîné, tous
domiciliés à Nimes, qui sont: 1° dame Célima
lligot, propriétaire en sa qualité de tutrice légale
de Joséphine, Thérèze et Zélia Roux ses enfans
mineurs; dame Louise Roux, fille majeure, soeur
de celles-ci, et le sieur Jean Bel, marchand de
nouveautés , mariés, ladite dame Bel et ses trois
soeurs mineures, représentant feu François Roux
leur père, frère du défunt François Roux aîné, dé-
biteur originaire; 2° dame Margueritte Roux,
propriétaire, soeur de ce dernier, veuve du sieur
Martin, cordonnier; et, quant à l'usufruit, la
dame Joséphine Gibert, veuve dudit feu François
Roux aîné, débiteur originaire, domiciliés ci-de-
vant a Marguerittes, et, actuellement, comme les
susnommés, en cette ville de Nimes.
L adjudication eut lieu en plusieurs lot# à l’au-
dience des criée# du tribunal civil de Nimes , du
lundi vingt-quatre janvier dernier; le premier lot
fut adjugé au sieur Gabriel Sauret, propriétaire ,
demeurant à Nimes , au prix de vingt-deux mille
six cents francs.
Par acte au greffe dudit tribunal , en date du
premier février courant , M. Isaïe Vidal-Naquet ,
propriétaire , domicilié à Tarascon, a déclaré sur-
enchérir d’un sixième le prix principal de l’adju-
dication des immeubles formant le premier lot,'
prononcée en faveur dudit sieur Sauret , au prix
de vingt-deux mille six cents francs , et a offert de
faire porter le prix de celte adjudication à la somme
de vingt-six mille quatre cents francs , indépen-
damment des autres clauses et conditions du cahier
des charges.
1° à Me Clanzel, avoué près le tribunal civil de
Nimes et celui des hoirs Ricard susnommés , pour-
suivant l’expropriation desdils immeubles; et 2° à
M® Margan, avoué prés le même tribunal , et celui
dudit sieur Sauret, adjudicataire , avec sommation
d’en venir à l’audience des criées dudit tribunal
civil de Nimes, du lundi vingt-un février courant,
à l’effet de voir admettre ladite surenchère , et voir
ouvrir de nouvelles enchères sur les immeubles ci-
après désignés.
En conséquence , il est annoncé qu’à la requête
dudit M. Isaïe Vidal-Naquet, propriétaire , domi-
cilié à Tarascon, lequel constitue pour son avoué
VI Gustave Bossy , exerçant en cette qualité près
le tribunal civil de Nimes, y demeurant, boulevart
du Petit-Cours . numéro 25, il sera procédé , ledit
jour lundi vingt-un février courant, à Faudience
des criées du tribunal civil de Nimes, au Palais-de-
Justice, heure de midi et aux suivantes, au besoin,
à la vente des immeubles surenchéris , formant io
premier lot de ceux saisis sur la tète desdits hoirs
Roux , sur la mise à prix de vingt-six mille quatre
cents francs montant de la surenchère.
Désignation des Immeubles formant le 1er lot.
Fabrique avec maison d’habitation et jardin ,
située dans la commune de Marguerittes , à la sec-
tion E , numéro 278 , quartier de Peyrouse, le tout
U — — - / / » J
Cette surenchère a été dénoncée , par acte de porté sur la matrice cadastrale pour une contenance
Bourdy, iuiissier, e.n date du trois février courant, (d environ quatre-vingt-trois ares soixante-quatorze
K
nhtVc public. Il est assiste de M. Delquié, avocat-général, qui était
procureur du roi lors de l'attentat du 15 avril.
M. Olagnon , juré, est dispensé du service pour cause d’infirmités.
M. le procureur-général, vu la longueur présumée des débats, de-
mande qu’il plaise à la cour d’ordonner l’adjonction d’un conseiller et
de deux jurés suppléans
Les jurés se retirent dans leur chambre, afin qu’il soit procédé au
tirage, et la cour se retire.
A dix heures et demie, l’accusé est amené par les gendarmes. Un
mouvement de curiosité excessive se produit dans la salle. Léotade est
vêtu de la robe des Frères de la Doctrine Chrétienne. C'est un homme
d’une taille au-dessous de la moyenne (l met. 65 cent.), à la figure
ronde et au teint brun. Il a le nez court, les sourcils épais. L’ensem-
ble de sa physionomie est insignifiant. Il a l’air très-calme et paraît sup-
porter sans émotion tous les regards. M®' Gasc et de Saint-Gresse pren-
nent place au banc de la défense. Mc Joly, avocat de la partie civile,
s’assied sur le même banc.
A onze heures la cour rentre en séance, M. le conseiller Vènc siège
comme conseiller supplémentaire. M. le président ordonne l’évacua-
tion des bancs nécessaires aux jurés non-siégeans dans la cause, aux
experts et aux témoins.
M. le président : Accusé, levez-vous ; comment vous appelez-vous r
L’accusé : Louis Bonafous , frère Léotade.
M. le président : Votre âge?
J.’accusé : 34 ans.
M le président : Votre profession?
L’accusé : Frère de la Doctrine Chrétienne.
M. le président : Votre lieu de naissance?
L accusé : St-AlTrique.
M. le président : Votre domicile?
L’accuse : Toulouse.
M. le président : Messieurs les jurés, veuillez vous tenir debout et
découverts et prêter serment.
Les jurés prêtent le serment ordinaire.
M. le président : Si Messieurs les jurés croient devoir, pour éclairer
leur religion , visiter les lieux, nous les engageons d’autant plus à s’y
rendre en corps que peut-être la cour éprouvera le même désir. Des
visites isolées pourraient avoir quelques inconvéniens.
Me Pujol, avoué de la famille Combettes, déclare se porter partie
civile et prend des conclusions. — M® Joly développe ses conclusions.
Mc Gasc déclare persister dans le rejet des prétentions de la partie
civile
M. le procureur-général détermine la situation de la question. Il
pense que la cour d’assises est compétente pour juger l’action intentée
par la partie civile.
La cour décide en ce sens, et se déclare compétente pour juger
l’action dirigée contre l’accusé ou ses représentans, admet les parties
Pujol comme partie civile, et, sans rien préjuger sur le mérite de la de-
mande , la renvoie en fin de cause, tous droits réservés.
Les huissiers font entrer les témoins. Trente-quatre Frères et six
élèves de leur pensionnat en font partie. Le nombre total des témoins
contre est «le 92 ; le nombre total des témoins pour est de 95.
M. le président : Accusé, soyez attentif à ce que vous allez entendre.
Greffier, lisez l’acte d’accusion et l’acte de renvoi.
Voici le début de l’acte d accusation :
Le 10 avril dernier, à six heures et demie du matin, le nommé Ras-
paud entra dans le cimetière Saint-Aubin: il était accompagné du sieur
Levêque, concierge du cimetière et du sieur Laroque, menuisier. Us se
dit itèrent tous les trois vers l’oratoire , dont la porte fait face au mur
qui sépare le cimetière du jardin des Frères de la Doctrine Chrétienne.
Pendant que Levêque et Laroque entrèrent dans 1 oratoire , Itaspaud ,
demeuré en dehors, s’étant retourné du coté du jardin des Frères, aper-
çut vers l'angle de jonction de ce mur avec celui qui sépare lecimetiere
de la rue Biquet, le cadavre d’une personne du sexe , dans une posi-
tion qui lui lit dire au premier aspect : «t Voilà une femme qui dort ou
qui fait ses besoins. » . ,
Mais s’étant rapproché du point oii reposait la personne qu il avait
aperçue, Raspaud reconnut que c’était le cadavre d une jeune fille. Ce
cadavre paraissait reposer sur ces genoux et sur l’extrémité de ses pieds,
la semelle obliquant et en l’air ; sur ses coudes, la face contre terre ;
les pieds étaient dirigés du côté du jardin des Frères ; la tête , par son
sommet, était dirigée du côté delà chapelle ou oratoire; l’ensemble du
corps était placé obliquement par rapport aux deux murs du jardin des
Frères ci de la rue Riquet ; au pied du mur de la rue Riquet et dans
l’intérieur du cimetière étaient placés trois piquets: au sommet de l’un
de ces piquets on remarquait un mouchoir, fond bleu , à pastilles blan-
ches , suspendu par son centre ; les deux extrémités encore nouées se
dirigeaient du côté de la tête du cadavre.
Raspapd ayant voulu examiner de plus près la position du cadavre ,
lui imprima un mouvement de rotation en le prenant par l’épaule gau-
che. Ce mouvement, sans rien changer à la position du corps relative-
ment aux deux murs, avait cependant modifié la situation de la face ,
qui, au lieu d’étre appuyée contre la terre, se trouvait ainsi tournée en
Pair, de manière que les yeux se dirigeaient vers les murs de la rue
Riqiîet. Sauf cette modification, qui n’affectait que sa partie supérieure,
le cadavre est demeuré dans la même position , et c’est dans cette posi-
tion ainsi modifiée qu’il a été vu successivement par le commissaire de
police à sept heures et demie, par M. le juge d’instruction à huit heu-
res et enfin par les médecins à deux heures de l’apiès-midi ; le pre-
mier examen qui fut fait de ce cadavre ne laisse pas de doute qu’il ne
fut celui d’une jeune fille qui avait succombé victime du double crime
de viol et d e meurtre.
Ce cadavre fut bientôt reconnu pour être celui de Cecile Combettes,
née'le 6 novembre 1832, et, par conséquent, âgée de moins de quinze
ans le 15 avril dernier.
Cécile Combettes était fille de deux honnêtes et modestes artisans de
cette ville. Son père, Bernard Combettes, était employé comme ouvrier
à l’usine de M. Talabot. Sa mère, Marie Terisse, exerçait l’humble
profession d’allumeuse de réverbères. A l’époque ou elle fut si cruelle-
ment frappée par la mort de sa fille, Marie Terisse était au terme d’une
laborieuse grossesse : elle accoucha, en effet, le 5 mai, vingt jours après
l’événement.
Cécile Combettes était employée comme simple apprentie dans l’ate-
lier du sieur Conte , relieur; son apprentissage, commencé au mois
d’avril 1846, devait finir à la même époque de cette année, c’est-à-dire
peu de jours après la catastrophe qui lui a ravi la vie.
Le 15 avril dernier, Cécile devait, selon son habitude, se rendre
dans l’atelier de son maître. Elle fut réveillée à six heures par sa
grand’mère; à sept heures, sagrand’mère revient, voit sa petite-fille
habillée avec son costume de tous les jours; « elle mangeait un petit
» morceau de pain , ayant son panier, sans doute, avec son déieûner
«dedans, à côté d’elle. » Après avoir été chercher une cruche creau à
la fontaine de Peyrolières. Cécile partit avec son panier pour aller chez
Conte, où elle arriva vers sept heures et demie.
Conte était le relieur de la maison des Frères de la Doctrine Chré-
tienne de Toulouse. Le jeudi 15 avril, il devait remettre une grande
quantités de livres qu’il avait reliés. Le frère Liféroi , directeur du no-
viciat, l’avait engagé à venir avant dix heures du matin. Vers neuf
heures, Conte se dispose à partir; il fait préparer deux corbeilles, l’une
plus grande, où il place la majeure partie des livres; l’autre plus petite
où il dispose la partie des livres qui n’a pu se placer dans la plus grande.
La femme Roumagnac, dite Marion, prend sur sa tête la corbeille lon-
gue : Cécile est chargée de la plus petite. Accompagné de ses deux ou-
vrières, Conte se dirige vers la rue Riquet, où est placée l'entrée du
noviciat. La porte, fermée à clef, s’ouvre pour le laisser passer et se
referme ensuite. Les deux corbeilles sont déposées à terre. Conte dit à
Marion : « Retournez au magasin » ; et se tournant vers Cécile, il lui
remit à la main le parapluie, qu’il avait déposé contre le mur pour ai-
der Marion à décharger sa corbeille, et lui dit : « Cécile , garde mon
parapluie : attends-moi là pour porter les corbeilles vides.-) Marion res-
sort aussitôt ; la porte se referme sur ses pas : elle afiirme qu’elle est
sortie seule et qu’elle a laissé Cécile dans le corridor. Conte aidé du
portier monte les deux corbeilles delivres dans la procure du frère-di-
recteur. Le portier redescend aussitôt : Conte prolonge son entretien
avec le frère-directeur. Il avait non-seulement à vérifier les livres qu’il
venait lui remettre, mais à débattre encore le prix de deux mille volu-
mes à relier pour la distribution des prix. Conte demeura avec le frère-
directeur jusqu’à dix heures un quart et quelques minutes. Cette heure
est fixée par le frère Lorien , qui a vu descendre Conte, et qui, à ce
moment, les yeux tournés vers l’horloge, a vu qu’elle marquait au-dèlà
de dix heures un quart.
Conte portait à la main les deux corbeilles vides; il s’informe auprès
du portier de ce qu’est devenue Cécile. Le portier lui répond : « Elle
sera peut-être sortie pendant que je parlais à un monsieur; oupeut-
c être est-elle allée au Pensionnat, en indiquant du doigt le tunnel. »
Conte ne trouvant pas Cécile pour emporter les corbeilles vides, les
dépose dans le corridor, et les envoie chercher dans la journée par un
de ses jeunes apprentis. Quant au parapluie , qu’avant de monter ehez
le directeur , il avait remis aux mains de Cécile, il le trouva contre le
mur, à la place même qu’occupait Cécile.
Çonte, qui était resté plus d’une heure chez le directeur, ne fut pas
surpris de ne plus trouver Cécile. Il penca qu’ennuyée de l’attendre ,
elle était sortie et s’était rendue au magasin. En sortant du Noviciat,
Conte s’arrête chez son oncle, le sieur Maître , ancien charron, rue de
l’Etoile; de là, il va arrêter sa place pour Auch, et enfin il rentre chez
lui vers onze heures. La dame Conte n’ayant pas vu Cécile , s’informa
à son mari: celui-ci, de son côté, exprima la croyance qu'elle était ren-
trée. Vers une heure, Cécile n’ayant pas reparu , sa famille eu est ins-
truite ; la dame Conte ainsi que la femme Baylac , cette dernière tante
de Cécile, vont la demander successivement, soit au Pensionnat Saint-
Joseph, soit au Noviciat. Au Pensionnat, le portier déclare qu’il ne l’a
pas vue ; au Noviciat le portier l’a vue , mais ne peut affirmer qu’elle
soit sortie. La femme Baylac insiste pour que des recherches soient
faites. Le directeur est prévenu ; la seule réponse que la femme Baylac
reçoit pour calmer ses presseniimens , c’est que les femmes ne peuvent
pas circuler dans rétablissement, et que si Cécile y eut pénétré le ma-
tin , elle aurait été rencontrée , et qu’on l’aurait obligée à ressortir.
D’après les indications de Conte , des recherches furent faites dans
plusieurs maisons, dans l’une surtout, située rue de l’Etoile, qui était
désignée comme suspecte. Toutes ces recherches furent infructueuses.
Conte, que des affaires appelaient à Auch, auprès du frère directeur
de la maison des Frères établie dans cette ville, partit le 15 avril au
soir. Il partit d'Auch le 16 au soir, et arriva le 17 au matin à
Toulouse. # ,
Il n’est pas inutile de fajre connaître les relations de Conte avec la
maison des Frères de la Doctrine Chrétienne.
Conte n’était pas seulement employé comme relieur , apportant chez
les Frères son ouvrage pour en recevoir le salaire ; il était attaché à
cet établissement depuis onze ans ; ses rapports avaient commencé
avant que le Pensionnat St-Joseph , dirigé par des Frères de la Doc-
trine Chrétienne , fut formé. Des rapports d’intimité s'étaient établis
entre Conte et le directeur, et même la plupart des Frères du Noviciat
et du Pensionnat. Il existait entre eux un échange continuel de bons
offices et de petits services. Il n’était pas chargé seulement de la re-
liure des livres : il préparait les objets nécessaires aux classes. Ces
opérations si multiples entretenaient des communications quotidien-
nes entre la maison des Frères et l’atelier de Conte. Ses ouvrières ou
apprenties allaient fréquemment soit au Noviciat, soit au Pensionnat.
Cécile, notamment, avait été , le mercredi H , au Noviciat, pour rap-
porter des cahiers rognés.
Si Conte avait besoin de quelques avances, il n’avait qu’à s’adres-
ser à l’un des directeurs. C’est ainsi que quelques jours auparavant il
avait obtenu un prêt de 160 fr. en un mandat sur le directeur de la
maison de Rodez.
Enfin , chaque fois qu'une fête était célébrée dans la maison , Conte
y était convié.
Les bénéfices que cette position procurait à Conte ne peuvent pas
être évalués à moins de 2,000 fr. par an. Son père, aussi relieur, rece-
vait la partie de l’ouvrage que son fils ne pouvait pas faire. »
Ne pouvant donner à nos lecteurs tout le contenu de l’acte d’accusa-
tiou , nous le reprenons à son résumé :
Ainsi le double attentat commis le 15 avril dernier sur la personne
de Cécile Combettes, a été accompli dans la maison des Frères de la
Doctrine Chrétienne de Toulouse.
La position du cadavre, les accidens constatés sur les murs et sur
les lieux adjacens; les empreintes d’une échelle dont personne n’avoue
l’usage ; les traces de pas tour-à-tour déniées et avouées; les tiges de
trèfle; les pailles de froment; les détritus de fourrage, sont autant de
témoins qui disent le lieu où le cadavre a séjourné, et racontent en
quelque sorte son trajet, jusqu’au point d’où il a été projeté dans le
cimetière.
Les violences exercées sur Cécile Combettes ; le désordre dans ses orga-
nes ; le meurtre couronnant le viol ; toutes ces circonstances signalent
la nature exceptionnelle de cet attentat, et révèlent à la justice la ter-
rible explosion des passions vainement contenues.
L’entrée de Cécile dans la maison du Noviciat; son cadavre trouvé
au pied du mur du jardin des Frères, sans qu’aucun indice permette
à la justice de supposer quelle est sortie ; un témoin séduit; un autre
suborné pour attester à la justice la sortie de Cécile, sont autant de
preuves qui démontrent le lieu où elle a été sacrifiée
Lorsque la just ice recherche dans le sein de la corporation des Frères
de la Doctrine Chrétienne le profanateur et le meurtrier de Cécile,
quel autre réunit sur sa tête plus d’indices accusateurs que Léotade?
Sa présence dans le corridor du Noviciat au moment où Cécile y
arrive, attestée par Conte, confirmée par l’instruction, énergiquement
démentie par lui, deviennent ainsi le premier anneau de cette chaîne
qui doit river le meurtrier au cadavre de sa victime.
Quel autre que Léotade avait plus de facilité de commettre ce
crime? Les lieux où la victime a été sacrifiée sont placés sous sa sur-
veillance : ses fonctions lui permettent de circuler librement dans la
maison
Ce changement de lit, qui atteste de la part du directeur de graves
préoccupations, et qui est resté jusqu’à ce jour sans explication
plausible ;
Cette chemise saisie dans le Noviciat, et dont les pollutions attestent
le contact avec le corps ou les vêtemens de la victime, désavouée par
tous, et dont l’exhibition aux yeux de Léotade devient pour cet accusé
l’occasion d’une série d’audacieux mensonges;
Cette facilité que seul il a eue de sortir pendant la nuit du dortoir
où il couchait, pour aller reprendre le cadavre qu’il devait jeter dans
le cimetière :
Sa visite chez Lajus, le 16 au matin; celte initiative qu’il prend
d’accuser Conte d’un crime encore ignoré; d’exhumer, après sept ans de
silence, des antécédens oubliés et pardonnés, pour en faire le texte
d’une acusation de viol et de meurtre :
L\J Qijuauuuu uu nui uc iliv ni nu .
Ces
parties
et dans l’oubli.
En conséquence, Bonafous (Louis), en religion, frère Léotade, est
accusé :
D’avoir, le 15 avril dernier, commis sur la personne de Cécile
Combettes, alors âgée de moins de quinze ans, le crime de viol et de
meurtre ;
Avec cette circonstance , que ce dernier qui a suivi le premier, a
été commis pour assurer l’impunité du coupable :
Crimes prévus et punis par les articles 332 et 304 du Gode pénal. »
Pendant cette lecture qui n’a pas duré moins de trois heures et de-
mie, et qui, à plusieurs reprises, a excité une émotion profonde dans
l’auditoire, l’accusé a montré une entière impassibilité.
La lecture terminée. M. le président s’est adressé à l’accusé, et dans
un long et lumineux exposé, au milieu de l’attention la plus profonde
a repris les différents points de l'acte d'accusation, en faisant remar-
quer à Léotade les charges nombreuses qui s’élèvent contre lui.
L’appel des témoins a eu lieu immédiatement après, et l’audience a
été levée à 4 heures moins un quart. (France Méridionale.J
ss circonstances réunies, géminées, ont enfin éclairé toutes les
ies de ce drame , qu’on semblait vouloir ensevelir dans l’obscurité
PBTDPI? Cette épidémie décime Londres , elle sévit avec force en
UMllIli Espagne et en Belgique; partout les médecins ordonnent
avec les plus heureux succès le SIROP et la PÂTE de NAFÉ d’Arabie „
dont les propriétés efficaces ont été officiellement constatées par les mé-
decins de tous les hôpitaux de Paris.
COURS DES SPIRITUEUX.
Marché de Luncl du 7 février.
Le cours des 3[6 B. G. disponibles a été fixé à 47 fr. 50 l’hectolitre pour 18
pièces. On continue de prendre à ce prix.
3[6 de marc, fixés à 40 fr. pour 22 pièces.
Marché de Cette, du 9 février.
3i6, 47 fr. pour 150 pièces. — 5[6, 35 fr. — 3[6 de maré, 40 fr.
BALL1VET, Gérant.
ANNONCES.
Étude de Mc G. BOSSY , Avoué à Nimes,
boulevart du Petit-Cours, 25.
SURENCHERE
A SUITE D'EXPROPRIATION FORCÉE.
Adjudication au Lundi 21 Février 1848.
On fait savoir à tous qu’il appartiendra que
sur la poursuite des héritiers et représentans de feu
Etienne Ricard père , en son vivant propriétaire-
foncier, demeurant à Nimes , qui sont : 1° Marie
Ricard et Charles Louvrier, faiseur de bas, maries;
2° Louis Ricard, faiseur de bas; 3° Pierre Sabatier et
Charles Sabatier, faiseurs de bas, représentant feu
dame Suzanne Ricard , leur mère , en son vivant
épouse du sieur Jean-François Sabatier; 4° Jean
Ricard , taffetassier , et Marie Louvrier , épouse
d’IIippolyte Yerdilhan , aussi taffetassier , lequel
agit pour assister et autoriser son épouse ; lesdits
Jean Ricard et Marie Louvrier , donataires de de-
moiselle Catherine Ricard, fille majeure, sans pro-
fession; cette dernière, Louis Ricard, Marie Ricard,
femme Louvrier et feue Suzanne Ricard , enfans
d’Etienne Ricard, créancier originaire, et encore
sur la poursuite de ladite Catherine Ricard, comme
donatrice à tilre onéreux, tous Uoiuici:ics a Nimes ;
Il fut procédé à la saisie des immeubles dépen-
dans de la sucession de feu François Roux aîné, en
son vivant propriétaire à Marguerittes, décédé en
l’état d’un testament olographe du premier avril
mil huit cent vingt-neuf, déposé le douze juillet
mil huit cent trente-deux, dans les minutes de Mc
Sève, notaire à Nimes, testament par lequel celui-ci
a institué les hospices de Nimes (sous la dénomi-
nation de riIôpital-Général ) pour les héritiers fon-
ciers , et la dame Joséphine Gibert son épouse ,
pour son héritière et usufruitière, laquelle se trouve
en même temps être commune en biens , faute de
contrat de mariage.
Cette saisie fut faite sur la tête des héritiers et
représentans dudit feu François Roux , qui sont :
quant à la nue propriété, d’une part, les hospices
de Nimes (sous la dénomination au testament pré-
cité de F Hôpital-Général) en leur qualité d’héritiers
testamentaires, comme il vient d’être dit, lesquels
hospices ou soit Messieurs leurs administrateurs,
domiciliés à Nimes, qui les représentent, n’ont
cependant ni accepté, ni répudié, ni meme déclaré
leur intention à ce sujet, quoique mis en demeure
sur ce point particulier ; et, d’autre part, en l’état
de ce défaut d’acceptation ou de répudiation , les
héritiers légaux dudit feu François Roux aîné, tous
domiciliés à Nimes, qui sont: 1° dame Célima
lligot, propriétaire en sa qualité de tutrice légale
de Joséphine, Thérèze et Zélia Roux ses enfans
mineurs; dame Louise Roux, fille majeure, soeur
de celles-ci, et le sieur Jean Bel, marchand de
nouveautés , mariés, ladite dame Bel et ses trois
soeurs mineures, représentant feu François Roux
leur père, frère du défunt François Roux aîné, dé-
biteur originaire; 2° dame Margueritte Roux,
propriétaire, soeur de ce dernier, veuve du sieur
Martin, cordonnier; et, quant à l'usufruit, la
dame Joséphine Gibert, veuve dudit feu François
Roux aîné, débiteur originaire, domiciliés ci-de-
vant a Marguerittes, et, actuellement, comme les
susnommés, en cette ville de Nimes.
L adjudication eut lieu en plusieurs lot# à l’au-
dience des criée# du tribunal civil de Nimes , du
lundi vingt-quatre janvier dernier; le premier lot
fut adjugé au sieur Gabriel Sauret, propriétaire ,
demeurant à Nimes , au prix de vingt-deux mille
six cents francs.
Par acte au greffe dudit tribunal , en date du
premier février courant , M. Isaïe Vidal-Naquet ,
propriétaire , domicilié à Tarascon, a déclaré sur-
enchérir d’un sixième le prix principal de l’adju-
dication des immeubles formant le premier lot,'
prononcée en faveur dudit sieur Sauret , au prix
de vingt-deux mille six cents francs , et a offert de
faire porter le prix de celte adjudication à la somme
de vingt-six mille quatre cents francs , indépen-
damment des autres clauses et conditions du cahier
des charges.
1° à Me Clanzel, avoué près le tribunal civil de
Nimes et celui des hoirs Ricard susnommés , pour-
suivant l’expropriation desdils immeubles; et 2° à
M® Margan, avoué prés le même tribunal , et celui
dudit sieur Sauret, adjudicataire , avec sommation
d’en venir à l’audience des criées dudit tribunal
civil de Nimes, du lundi vingt-un février courant,
à l’effet de voir admettre ladite surenchère , et voir
ouvrir de nouvelles enchères sur les immeubles ci-
après désignés.
En conséquence , il est annoncé qu’à la requête
dudit M. Isaïe Vidal-Naquet, propriétaire , domi-
cilié à Tarascon, lequel constitue pour son avoué
VI Gustave Bossy , exerçant en cette qualité près
le tribunal civil de Nimes, y demeurant, boulevart
du Petit-Cours . numéro 25, il sera procédé , ledit
jour lundi vingt-un février courant, à Faudience
des criées du tribunal civil de Nimes, au Palais-de-
Justice, heure de midi et aux suivantes, au besoin,
à la vente des immeubles surenchéris , formant io
premier lot de ceux saisis sur la tète desdits hoirs
Roux , sur la mise à prix de vingt-six mille quatre
cents francs montant de la surenchère.
Désignation des Immeubles formant le 1er lot.
Fabrique avec maison d’habitation et jardin ,
située dans la commune de Marguerittes , à la sec-
tion E , numéro 278 , quartier de Peyrouse, le tout
U — — - / / » J
Cette surenchère a été dénoncée , par acte de porté sur la matrice cadastrale pour une contenance
Bourdy, iuiissier, e.n date du trois février courant, (d environ quatre-vingt-trois ares soixante-quatorze
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