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Les Picards disent qu'ils ont des fre-
mions dans un membre, lorsque ce mem-
bre étant engourdi, ils y éprouvent une
espèce de frémissement qui ressemble au
chatouillement que causeraient des four-
mis se promenant sur ce membre.
Je trouve, dans le Double Nostrada-
mus picard de 1879, notre forme pi-
carde fremion dans la fable la Cigale et
la Fourmi :
c Une seutrelle (sauterelle)
Sans chervelle,
Après avoir canté
Tout l'été,
S' truva flér'ment moneuse
Quand vint 1' saison pluvieuse :
Point d'pain, point d' fa (feu), pas (plue) d'ar-
[gent.
QU6 (quel) tonrment !
AU' (elle) s'en vo (va) donc crier fameinne
Mon de (chez) ch' fremion, een voisin,
Li disant d'un air calin :
« Ch'est mi, vo qulota (petite) voileinne,
« Qui viens voue empréter (emprunter)
« Quéque sais quoi (chose) pour a' sustenter
a Jusqu'au r'enouvieu. » (renouveau.)
Dérivés : Fremionner, fourmiller, pul-
luler.
Fremionnée, grande quantité.
Je lisais l'an dernier la fable qui pré-
cède à un vieux paysan qui la goûta fort
et qui me dit : « Oui, i feut toujours foire
une quiote amasse », c'est à-dire: il faut
toujours avoir une petite provision.
Amasse que j'ai oublié dans la lettre A,
n'est pas un amas, un tas, un monceau ;
c'est un substantif verbal féminin qui
vient du verbe amasser, réunir, faire
provision : il a au pluriel le sens de éco-
nomies, et l'on dit d'un homme qu'il fait
des amasses. A masse a aussi le sens de
embarras gastrique causé par des ali.
ments pris en trop grande quantité ou
imparfaitement digérés.
FRENCHER (frincher.) Forme picarde
de froncer. Pour le changement du son
on en en (ain ou iD), comparez men, ten.
sen pour mon, ton, son. Frencher a
le sens de plisser ; on dit corette fren-
chée, collerette plissée ; bonnet défren-
ché, bonnet (de femme) déplissé.
Dérivés : Dé frencher (ie front), cesser
de le contracter.
Re frencher (r'frincher), replis-
ser, contracter de nouveau
(le front).
FRÉNIQUE, accès de colère, frénésie.
Sa rattache au même radical que fré-
nésie.
FRÊNOYE. Forme picarde de frênaie.
Le radical est le latin fraxinus, frêne,
qui a donné le collectif fraxlnetum d'où
le nom de quatre localités dites Fresnoy
dans la Somme. Fresnières, dans l'Ojsl'l,
se rattaohe au même radical.
Il y avait autrefois, entre Villers-Bre-
tonneux et Démuin, un petit bois dit
bois de la Fernaie : il est probable que
Fernaie était une métathèse de Frenaie.
Un quartier du faubourg Noyon à Amiens
s'appelle la Fosse ferneuse : Ferneuse
serait-il ici pour freneuse? Dans ce cas
fosse ferneuse signifierait endroit bas
planté de frênes. Cette conjecture me
semble d'autant plus probable qu'il y a,
dans l'Oise, une localité appelée Fre-
neuse. Toutefois je n'affirme pas positi-
vement; car, par changement de v en f,
ferneuse pourrait être pour venteuse,
de sorte que fosse ferneuse signifierait
endroit bas planté d'aunes. J'ajoute,
en passant, que vtrne vient de l'armori-
cain gwern, latin vernus, et que ce mot est
le nom de notre savant et sympathique
compatriote Jules Vernes.
FREU. On dit d'un hommo hardi et
courageux : « I n'o n'peur, n'freu, * il
n'a ni peur, ni frayeur. Freuest le vieux
français freor avec chute du r final
comme dans leu pour leur : « Leu moi.
son, » leur maison. On rencontre notre
forme freu dans la Chronique de Pierre-
le Prestre (xv8 s.)
FRIGARD. Je trouve ce mot dans une
liste que je dois à l'obligeance de M. Pin-
sard ; sa signification est dictionnaire.
Quant à son origine, elle m'est inconnue.
Aurait-il existé jadis un dictionnaire fort
en aS8gf1 dont l'auteur se serait appelé
Frigard ? On dit un Littré, un Quiche-
rat.
FRINGrOTER, sauter de joie. La finale
oter indique un fréquentatif. Notre mot
a probablement le même radical que
fringant, fringuer, qui vient, d'après
Littré, du latin frigere, eauter, bondir,
avec n intercalé.
FRIOTER, faire la belle, la jolie, l'élé-
gante. La finale oter indique un fréquen-
Les Picards disent qu'ils ont des fre-
mions dans un membre, lorsque ce mem-
bre étant engourdi, ils y éprouvent une
espèce de frémissement qui ressemble au
chatouillement que causeraient des four-
mis se promenant sur ce membre.
Je trouve, dans le Double Nostrada-
mus picard de 1879, notre forme pi-
carde fremion dans la fable la Cigale et
la Fourmi :
c Une seutrelle (sauterelle)
Sans chervelle,
Après avoir canté
Tout l'été,
S' truva flér'ment moneuse
Quand vint 1' saison pluvieuse :
Point d'pain, point d' fa (feu), pas (plue) d'ar-
[gent.
QU6 (quel) tonrment !
AU' (elle) s'en vo (va) donc crier fameinne
Mon de (chez) ch' fremion, een voisin,
Li disant d'un air calin :
« Ch'est mi, vo qulota (petite) voileinne,
« Qui viens voue empréter (emprunter)
« Quéque sais quoi (chose) pour a' sustenter
a Jusqu'au r'enouvieu. » (renouveau.)
Dérivés : Fremionner, fourmiller, pul-
luler.
Fremionnée, grande quantité.
Je lisais l'an dernier la fable qui pré-
cède à un vieux paysan qui la goûta fort
et qui me dit : « Oui, i feut toujours foire
une quiote amasse », c'est à-dire: il faut
toujours avoir une petite provision.
Amasse que j'ai oublié dans la lettre A,
n'est pas un amas, un tas, un monceau ;
c'est un substantif verbal féminin qui
vient du verbe amasser, réunir, faire
provision : il a au pluriel le sens de éco-
nomies, et l'on dit d'un homme qu'il fait
des amasses. A masse a aussi le sens de
embarras gastrique causé par des ali.
ments pris en trop grande quantité ou
imparfaitement digérés.
FRENCHER (frincher.) Forme picarde
de froncer. Pour le changement du son
on en en (ain ou iD), comparez men, ten.
sen pour mon, ton, son. Frencher a
le sens de plisser ; on dit corette fren-
chée, collerette plissée ; bonnet défren-
ché, bonnet (de femme) déplissé.
Dérivés : Dé frencher (ie front), cesser
de le contracter.
Re frencher (r'frincher), replis-
ser, contracter de nouveau
(le front).
FRÉNIQUE, accès de colère, frénésie.
Sa rattache au même radical que fré-
nésie.
FRÊNOYE. Forme picarde de frênaie.
Le radical est le latin fraxinus, frêne,
qui a donné le collectif fraxlnetum d'où
le nom de quatre localités dites Fresnoy
dans la Somme. Fresnières, dans l'Ojsl'l,
se rattaohe au même radical.
Il y avait autrefois, entre Villers-Bre-
tonneux et Démuin, un petit bois dit
bois de la Fernaie : il est probable que
Fernaie était une métathèse de Frenaie.
Un quartier du faubourg Noyon à Amiens
s'appelle la Fosse ferneuse : Ferneuse
serait-il ici pour freneuse? Dans ce cas
fosse ferneuse signifierait endroit bas
planté de frênes. Cette conjecture me
semble d'autant plus probable qu'il y a,
dans l'Oise, une localité appelée Fre-
neuse. Toutefois je n'affirme pas positi-
vement; car, par changement de v en f,
ferneuse pourrait être pour venteuse,
de sorte que fosse ferneuse signifierait
endroit bas planté d'aunes. J'ajoute,
en passant, que vtrne vient de l'armori-
cain gwern, latin vernus, et que ce mot est
le nom de notre savant et sympathique
compatriote Jules Vernes.
FREU. On dit d'un hommo hardi et
courageux : « I n'o n'peur, n'freu, * il
n'a ni peur, ni frayeur. Freuest le vieux
français freor avec chute du r final
comme dans leu pour leur : « Leu moi.
son, » leur maison. On rencontre notre
forme freu dans la Chronique de Pierre-
le Prestre (xv8 s.)
FRIGARD. Je trouve ce mot dans une
liste que je dois à l'obligeance de M. Pin-
sard ; sa signification est dictionnaire.
Quant à son origine, elle m'est inconnue.
Aurait-il existé jadis un dictionnaire fort
en aS8gf1 dont l'auteur se serait appelé
Frigard ? On dit un Littré, un Quiche-
rat.
FRINGrOTER, sauter de joie. La finale
oter indique un fréquentatif. Notre mot
a probablement le même radical que
fringant, fringuer, qui vient, d'après
Littré, du latin frigere, eauter, bondir,
avec n intercalé.
FRIOTER, faire la belle, la jolie, l'élé-
gante. La finale oter indique un fréquen-
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