56 LA VIE PARISIENNE
belles Frisonnes en costume national, et même des « bateaux de fleurs »
comme on dit en Chine ; panem et circenses, comme vous voyez.
On ne dit pas en Hollande d'un bon patineur : il fait tel ou tel tour de
force sur la glace ; mais bien : il va déjeuner à quinze ou vingt lieuos et
revient dîner chez lui.
C'est du patinage pratique et non du sport.
Les patins hollandais sont de deux sortes : les doorschitters et les
frisons.
Les dllorscldtters sont de longs patins dont le fer, étroit au talon en
allant s'élargissant, dépasse le pied de 20 à 2;; centimètres.
Ce patin permet à la fois la vitesse et les dehors. (On appelle dehors le
coup de patin donné à gauche ou 11 droite et qui vous fait décrire un
gracieux arc-de-cercle. — Le patin frison est le plus habituel pour le
patinage pratique. Le fer en est long, bas, horizontal et léger; le bois,
de peur qu'il ncl casse, l'accompagne jusqu'à l'extrémité. Avec le patin
frison pas de dehors possibles, ou donne tout simplement des coups de
pieds droit devant soi comme si on voulait chasser un caillou importun.
Sur ces patins-là, la Frisonne et la Nord-Hollandaise por:e son lait à la
ville dans deux seaux pendus au bout d'un joug, assez semblable à celui
des bœufs de labour, qui leur emboîte les épaules, et le maraîcher, pous-
sant devant lui une brouette-traîneau, transporte ses légumes.
Les jeunes Hollandais, avec leurs sœurs ou leurs fiancées, partent à
patins pour aller à quelques lieues manger une botteraln (tartine de pain
beurrée) avec du saumon ou du bœuf fumés, ou boire simplement une
tasse de lait chaud dans lequel on verse un verre de curaçao ; c'est un
looeh souverain. On part ainsi habituellement quatre ensemble. Un des
patineurs est armé d'un long bâton terminé en gaffe, qui sert il s'accro-
cher, au besoin, aux parois des canaux. Lorsqu'on a le vent en poupe, on
se met en rang, se tenant au bâton ; les deux patineurs extrêmes patinent
seuls ; les deux autres se tiennent au bâton et se laissent traîner, - quel-
que chose comme dans la fable de la Tortue et des deux Canards, — et
le vent aidant, on se laisse aller à la dérive. Si, au contraire, on a le
vent en face, chacun prend le bâton sous son bras, en se mettant à la
file, et on pousse ensemble, en mesure. De cette façon, on a quatre
forces et une seule surface à opposer à Borée, — pardon. Celui qui re-
çoit ainsi le vent en pleins poumons se fatigue vite ; mais, lâchant la tête
ue colonne, il vient, par un dehors adroit, se placer à la queue et ainsi
chacun à son tour. C'est tout bonnement la manœuvre des grues dans
leurs émigrations périodiques.
Le vrai sport hollandais, en fait de glace, est celui des bateaux à glace.
J'ai assisté à des courses de ces bateaux (faut-il dire cour: f'S ôu ré-
gates 1) sur le lac de Momkendam, en Nord-Hollande. Ce sont de légers
esquifs pouvant contenir au plus deux personnes, placés en croix sur une
planche étroite, reposant il chaque tout sur un patin d'acier; une espèce
d'éperon entrant dans la glace, placé à la poupe, sert de gouvernail
un mât élevé reçoit une longue voile, très-étroite, de façon à bien
serrer le vent. On file avec une vitesse vertigineuse à un train "de 18 à 20
lieues il l'heure ; et on vire de bord en pleine carrière avec une facilité
extr ême. grâce au gouvernail qui s'enfonce dans la glace comme un pivot
sur lequel le bateau pirouette.
Je ne connais pas de spectacle plus gai et plus animé que cet hippo-
drome glacé sur lequel glissent comme le vent ces légers bateaux aux
handerulles de toutes couleurs et que cherche en vain à suivre toute
une population sur patins. C'est ravissant et étrange it la fois. Je ne cOnJ-
prends pas qu'à Paris, où l'on recherche avec passion tous les sports, on
n'ait jamais songé aux bateaux à gin ce; le grand lac du Bois de Boulogne
est assez grand pour cela cependant.
Si ces quelques lignes pouvaient doter notre Paris d'un nouveau sport '
je n'aurais pas perdu ma journée.
CHtUSrm'HI:
LE DINER DE MON COLLÈGE.
AVANT LE DINER.
Salon d'attente dans lin grand hôtel. — Différents groupes caitsant. —
Un domestique annonçant.
LE DOMESTIQUE. — M. Houssot, M. Delapierre, M. de Valtravers,
M. Piedbod. M. Jeannot...
DANS UN GROUPE. — Comment ces moustaches et cette barbiche
féroces, c'est le petit Jeannot, si sage, si tranquille, si travailleur ?
Mlle Jeannot, comme nous l'appelions.
— Lui-même : Jeannot, ex-élève modelé,actuellement commandant
aux zouaves de la garde, trois décorations, quatre actions d'éclat,
deux coups de feu.— Bonjour, Jeannot.
LE COMMANDANT JEANNOT.— Eh 1 sacrédié, c'est Bartavel, mon tyran,
mon oppresseur.
BARTAVEL, — Lui-même; fabricant de sommiers élastiques, à ton
service.
LE DOMESTIQUE, — M. Blanchard, M. Vilain, M. Joli, M. Colin, M. de
Mirambel, M. Frotenbois, M. Mascajoux, M. Lemballé...
DANS UN GROUPE. —0 jeux du hasard: Mascajoux et Lemballé, Lem-
ballé et Mascajoux; ensemble comme au collége. C'étaient les insé-
parables...
— Oui ; au réfectoire, à l'étude et sur la liste des places: « Thème,
latin : Mascajoux ; ?iOme et dernier, Lamballé ; » — « Version
latine . 49me, Lemballé; fiOme et dernier, Mascajoux ». Ça ne manquait
jamais.
— Et aujour d'hui Mascajoux est agent de change, il gagne bon an
mal an cent mille francs. Lemballé, commis rédacteur à la guerre, a
été mis l'année dernière à deux mille quatre... Bonjour, Lemballé.
LEMBALLH. ■— Pardon, monsieur, je n'ai pas l'honneur... Tiens, c'est
Molinchard! comme on change pourtant ! Qu'est-ce que tu fais?
MOLINCIIARD. — Sous-chef à l'Intérieur.
LEMBALLÉ. — Sous-chef à 35 ans. Y a-t-il des gens qui ont de la
chance... Sous-chef)...
MOLINCHARD. — Bah! ça te viendras, un peu plus tôt, un peu plus
tard.
LEMBALLÉ. — Oui, c'est ce que je me dis. (Mystérieusement.) En atten-
dant, je me console avec la muse.
MOLINCHARD. —Comment tu...
LEMBALLÉ. — OIJi, mon cher; je fais des vers. Je viens décomposer
une épitre « l'l Bureaucratie, que j'ai dédiée à mon cher. Je suis
membre du Caveau, (nés-bas.) Tu entendras des couplets de ma façon
au dessert.
MOLINCHARD. — Vraiment!
LEMBALLÉ. — Chut!
MASCAJOUX (très-haut). — Oui, monsieur, moi, je n'ai pas été par
quatre chemins. Je me suis dl: aujourd'hui il n'y a que les affaires...
et je suis entré carrément à la Bourse, et je ne m'en repens pas, vrai.
LE DOMESTIQUE. — M Tourtau, M. Boulengrin, M. de Percelièvre...
DANS UN GROUPE.— Comment, de Percelièvre, ça?... mais c'est
Trinquet.
— Trinquet, au collège ; mais, depuis, Percelièvre.
— Un nom de château.
— Oui, en Bohême.
LE DOMESTIQUE. — M. de Brassiez.
DANS UN GltOUI'E. - De Bra^sion, qui faisait des collections d'in-
sectes.
— Justement : aujourd'hui, professeur au muséum, voyageur célè-
bre ; tout récemment arrivé d'Afrique où il avait la mission de véri-
fier la découverte des sources du Nil.
— Ah ! eh bien?
— Eh bien ! il a trouvé des sources nouvelles, naturellement.
LE DOMESTIQUE. — M. Brigaut, M. Charbonnet, M. Clérambon.
DANS UN CROUPE. — Clérambon ! Le génie de l'invention en per-
sonne; propriétaire de vingt-cinq brevets, dont pas un n'est exploité;
cherchant en ce moment à révolutionner la télégraphie électrique
en supprimant le fil conducteur. Au collège, inventeur de la plume
il pensum qui écrivait quinze vers à la fois, de la balle élastique à
ressort de montre, et du cigare en feuilles d'acacia.
LE DOMESTIQUE. — M. Dubonnet, M. Griffon, M. de Marmaillet.
DANS UN GROUPE. — Un des orateurs les plus influents du Corps
législatif; ancien premier prix de discours français. Qu'on dise, après
cela que les succès de collège ne prouvent rien.
LE DOMESTIQUE. — M. Pingouard.
DANS UN GROUPE. — Marchand d'épongés en gros; ancien prix d'hon-
neur du grand concours; qu'on dise après cela que les succès de col-
lège prouvent quelque chose.
lE DOMESTIQUE. — M. Frérat, M. Lenoir, M. Leblanc, M. Lerouge,
M. Lebleu, M. le marquis d'Aspergé...
UNE VOIX, (maugréant). — Il n'y a pas de marquis ici, il n'y a que des
camarades.
AUTRE VOIX. — Toujours démocrate, ce Condillard : chef du com-
plot des Boules de neige en sixième; président de la société secrète de
l'an ti-pion en rhétorique.
LE DOMESTIQUE. — M. Cotignac.
DANS UN GROUPE. — Encore un cancre.
— Inventeur d'une pâte contre les engelures.
— Président du conseil de son département ; futur député.
— Trois cents mille livres de rentes.
LE DOMESTIQUÉ. — M. Cochelin.
MASCAJOUX. — Le plus spirituel de nos vaudevillistes.
LEMBALLÉ. —Comment Cochelin, vaudevilliste?
MASCAJOUX. — Sans doute, sous le pseudonyme de Vernonnnays.
LEMBALLÉ. — Ali ! bah ! Vernonnays c'est Cochelin?
MASCAJOUX. — Et Cochelin, c'est Vernonnays. Oui, Lemballé! ma
parole d'honneur.
LEMBALLÉ. — Comme il a l'air sérieux.
MASCAJOUX. — Tous les vaudevillistes ont cet air-là!
LE DOMESTIQUE. — M. le docteur Musette.
DANS UN GROUPE. — Voix mélodieuse, parole fleurie, remèdes élé-
gants, lu plus jolie clientele de Paris: toutes les divl; du chant, toutes
les étoiles de la danse; ne manque pas une première représentation.
Au collège, il lisait dans son pupitre Yart d'aimer d'Ovide, les Élégies
de Catulle, de Properce et de Tibulle, et les Odes d'Horace qui ne
sont pas dans les éditions classiques. Bonjour délicieux docteur, com-
ment vas-tu?
LE DOCTEUR MUSETTE (toussotant). — Pas bien, pas bien, je crois que
j'ai pris à laMarini le mal de gorge dont je l'ai guérie hier pour qu'elle
pût chanter Leorwra.
belles Frisonnes en costume national, et même des « bateaux de fleurs »
comme on dit en Chine ; panem et circenses, comme vous voyez.
On ne dit pas en Hollande d'un bon patineur : il fait tel ou tel tour de
force sur la glace ; mais bien : il va déjeuner à quinze ou vingt lieuos et
revient dîner chez lui.
C'est du patinage pratique et non du sport.
Les patins hollandais sont de deux sortes : les doorschitters et les
frisons.
Les dllorscldtters sont de longs patins dont le fer, étroit au talon en
allant s'élargissant, dépasse le pied de 20 à 2;; centimètres.
Ce patin permet à la fois la vitesse et les dehors. (On appelle dehors le
coup de patin donné à gauche ou 11 droite et qui vous fait décrire un
gracieux arc-de-cercle. — Le patin frison est le plus habituel pour le
patinage pratique. Le fer en est long, bas, horizontal et léger; le bois,
de peur qu'il ncl casse, l'accompagne jusqu'à l'extrémité. Avec le patin
frison pas de dehors possibles, ou donne tout simplement des coups de
pieds droit devant soi comme si on voulait chasser un caillou importun.
Sur ces patins-là, la Frisonne et la Nord-Hollandaise por:e son lait à la
ville dans deux seaux pendus au bout d'un joug, assez semblable à celui
des bœufs de labour, qui leur emboîte les épaules, et le maraîcher, pous-
sant devant lui une brouette-traîneau, transporte ses légumes.
Les jeunes Hollandais, avec leurs sœurs ou leurs fiancées, partent à
patins pour aller à quelques lieues manger une botteraln (tartine de pain
beurrée) avec du saumon ou du bœuf fumés, ou boire simplement une
tasse de lait chaud dans lequel on verse un verre de curaçao ; c'est un
looeh souverain. On part ainsi habituellement quatre ensemble. Un des
patineurs est armé d'un long bâton terminé en gaffe, qui sert il s'accro-
cher, au besoin, aux parois des canaux. Lorsqu'on a le vent en poupe, on
se met en rang, se tenant au bâton ; les deux patineurs extrêmes patinent
seuls ; les deux autres se tiennent au bâton et se laissent traîner, - quel-
que chose comme dans la fable de la Tortue et des deux Canards, — et
le vent aidant, on se laisse aller à la dérive. Si, au contraire, on a le
vent en face, chacun prend le bâton sous son bras, en se mettant à la
file, et on pousse ensemble, en mesure. De cette façon, on a quatre
forces et une seule surface à opposer à Borée, — pardon. Celui qui re-
çoit ainsi le vent en pleins poumons se fatigue vite ; mais, lâchant la tête
ue colonne, il vient, par un dehors adroit, se placer à la queue et ainsi
chacun à son tour. C'est tout bonnement la manœuvre des grues dans
leurs émigrations périodiques.
Le vrai sport hollandais, en fait de glace, est celui des bateaux à glace.
J'ai assisté à des courses de ces bateaux (faut-il dire cour: f'S ôu ré-
gates 1) sur le lac de Momkendam, en Nord-Hollande. Ce sont de légers
esquifs pouvant contenir au plus deux personnes, placés en croix sur une
planche étroite, reposant il chaque tout sur un patin d'acier; une espèce
d'éperon entrant dans la glace, placé à la poupe, sert de gouvernail
un mât élevé reçoit une longue voile, très-étroite, de façon à bien
serrer le vent. On file avec une vitesse vertigineuse à un train "de 18 à 20
lieues il l'heure ; et on vire de bord en pleine carrière avec une facilité
extr ême. grâce au gouvernail qui s'enfonce dans la glace comme un pivot
sur lequel le bateau pirouette.
Je ne connais pas de spectacle plus gai et plus animé que cet hippo-
drome glacé sur lequel glissent comme le vent ces légers bateaux aux
handerulles de toutes couleurs et que cherche en vain à suivre toute
une population sur patins. C'est ravissant et étrange it la fois. Je ne cOnJ-
prends pas qu'à Paris, où l'on recherche avec passion tous les sports, on
n'ait jamais songé aux bateaux à gin ce; le grand lac du Bois de Boulogne
est assez grand pour cela cependant.
Si ces quelques lignes pouvaient doter notre Paris d'un nouveau sport '
je n'aurais pas perdu ma journée.
CHtUSrm'HI:
LE DINER DE MON COLLÈGE.
AVANT LE DINER.
Salon d'attente dans lin grand hôtel. — Différents groupes caitsant. —
Un domestique annonçant.
LE DOMESTIQUE. — M. Houssot, M. Delapierre, M. de Valtravers,
M. Piedbod. M. Jeannot...
DANS UN GROUPE. — Comment ces moustaches et cette barbiche
féroces, c'est le petit Jeannot, si sage, si tranquille, si travailleur ?
Mlle Jeannot, comme nous l'appelions.
— Lui-même : Jeannot, ex-élève modelé,actuellement commandant
aux zouaves de la garde, trois décorations, quatre actions d'éclat,
deux coups de feu.— Bonjour, Jeannot.
LE COMMANDANT JEANNOT.— Eh 1 sacrédié, c'est Bartavel, mon tyran,
mon oppresseur.
BARTAVEL, — Lui-même; fabricant de sommiers élastiques, à ton
service.
LE DOMESTIQUE, — M. Blanchard, M. Vilain, M. Joli, M. Colin, M. de
Mirambel, M. Frotenbois, M. Mascajoux, M. Lemballé...
DANS UN GROUPE. —0 jeux du hasard: Mascajoux et Lemballé, Lem-
ballé et Mascajoux; ensemble comme au collége. C'étaient les insé-
parables...
— Oui ; au réfectoire, à l'étude et sur la liste des places: « Thème,
latin : Mascajoux ; ?iOme et dernier, Lamballé ; » — « Version
latine . 49me, Lemballé; fiOme et dernier, Mascajoux ». Ça ne manquait
jamais.
— Et aujour d'hui Mascajoux est agent de change, il gagne bon an
mal an cent mille francs. Lemballé, commis rédacteur à la guerre, a
été mis l'année dernière à deux mille quatre... Bonjour, Lemballé.
LEMBALLH. ■— Pardon, monsieur, je n'ai pas l'honneur... Tiens, c'est
Molinchard! comme on change pourtant ! Qu'est-ce que tu fais?
MOLINCIIARD. — Sous-chef à l'Intérieur.
LEMBALLÉ. — Sous-chef à 35 ans. Y a-t-il des gens qui ont de la
chance... Sous-chef)...
MOLINCHARD. — Bah! ça te viendras, un peu plus tôt, un peu plus
tard.
LEMBALLÉ. — Oui, c'est ce que je me dis. (Mystérieusement.) En atten-
dant, je me console avec la muse.
MOLINCHARD. —Comment tu...
LEMBALLÉ. — OIJi, mon cher; je fais des vers. Je viens décomposer
une épitre « l'l Bureaucratie, que j'ai dédiée à mon cher. Je suis
membre du Caveau, (nés-bas.) Tu entendras des couplets de ma façon
au dessert.
MOLINCHARD. — Vraiment!
LEMBALLÉ. — Chut!
MASCAJOUX (très-haut). — Oui, monsieur, moi, je n'ai pas été par
quatre chemins. Je me suis dl: aujourd'hui il n'y a que les affaires...
et je suis entré carrément à la Bourse, et je ne m'en repens pas, vrai.
LE DOMESTIQUE. — M Tourtau, M. Boulengrin, M. de Percelièvre...
DANS UN GROUPE.— Comment, de Percelièvre, ça?... mais c'est
Trinquet.
— Trinquet, au collège ; mais, depuis, Percelièvre.
— Un nom de château.
— Oui, en Bohême.
LE DOMESTIQUE. — M. de Brassiez.
DANS UN GltOUI'E. - De Bra^sion, qui faisait des collections d'in-
sectes.
— Justement : aujourd'hui, professeur au muséum, voyageur célè-
bre ; tout récemment arrivé d'Afrique où il avait la mission de véri-
fier la découverte des sources du Nil.
— Ah ! eh bien?
— Eh bien ! il a trouvé des sources nouvelles, naturellement.
LE DOMESTIQUE. — M. Brigaut, M. Charbonnet, M. Clérambon.
DANS UN CROUPE. — Clérambon ! Le génie de l'invention en per-
sonne; propriétaire de vingt-cinq brevets, dont pas un n'est exploité;
cherchant en ce moment à révolutionner la télégraphie électrique
en supprimant le fil conducteur. Au collège, inventeur de la plume
il pensum qui écrivait quinze vers à la fois, de la balle élastique à
ressort de montre, et du cigare en feuilles d'acacia.
LE DOMESTIQUE. — M. Dubonnet, M. Griffon, M. de Marmaillet.
DANS UN GROUPE. — Un des orateurs les plus influents du Corps
législatif; ancien premier prix de discours français. Qu'on dise, après
cela que les succès de collège ne prouvent rien.
LE DOMESTIQUE. — M. Pingouard.
DANS UN GROUPE. — Marchand d'épongés en gros; ancien prix d'hon-
neur du grand concours; qu'on dise après cela que les succès de col-
lège prouvent quelque chose.
lE DOMESTIQUE. — M. Frérat, M. Lenoir, M. Leblanc, M. Lerouge,
M. Lebleu, M. le marquis d'Aspergé...
UNE VOIX, (maugréant). — Il n'y a pas de marquis ici, il n'y a que des
camarades.
AUTRE VOIX. — Toujours démocrate, ce Condillard : chef du com-
plot des Boules de neige en sixième; président de la société secrète de
l'an ti-pion en rhétorique.
LE DOMESTIQUE. — M. Cotignac.
DANS UN GROUPE. — Encore un cancre.
— Inventeur d'une pâte contre les engelures.
— Président du conseil de son département ; futur député.
— Trois cents mille livres de rentes.
LE DOMESTIQUÉ. — M. Cochelin.
MASCAJOUX. — Le plus spirituel de nos vaudevillistes.
LEMBALLÉ. —Comment Cochelin, vaudevilliste?
MASCAJOUX. — Sans doute, sous le pseudonyme de Vernonnnays.
LEMBALLÉ. — Ali ! bah ! Vernonnays c'est Cochelin?
MASCAJOUX. — Et Cochelin, c'est Vernonnays. Oui, Lemballé! ma
parole d'honneur.
LEMBALLÉ. — Comme il a l'air sérieux.
MASCAJOUX. — Tous les vaudevillistes ont cet air-là!
LE DOMESTIQUE. — M. le docteur Musette.
DANS UN GROUPE. — Voix mélodieuse, parole fleurie, remèdes élé-
gants, lu plus jolie clientele de Paris: toutes les divl; du chant, toutes
les étoiles de la danse; ne manque pas une première représentation.
Au collège, il lisait dans son pupitre Yart d'aimer d'Ovide, les Élégies
de Catulle, de Properce et de Tibulle, et les Odes d'Horace qui ne
sont pas dans les éditions classiques. Bonjour délicieux docteur, com-
ment vas-tu?
LE DOCTEUR MUSETTE (toussotant). — Pas bien, pas bien, je crois que
j'ai pris à laMarini le mal de gorge dont je l'ai guérie hier pour qu'elle
pût chanter Leorwra.
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