18 juin 1864.
LA VIE PARISIENNE
355
Voici la lettre d'une tante, accompagnée de quatre portraits :
Monsieur, je vous envoie le portrait de mr^ nièce, que je vous ai annoncé
par ma lettre précédente ; je vous en envoie même plusieurs, afin que vous
puissiez juger la jeune fille sous ses divers aspects. La jeune personne n 'a pas
posé pour la circonstance : la règle de sa pension défend l'entrée d'un pho-
tographe et les sorties supplémentaires n'y sont point autorisées, mais on a
pris d'elle aux vacances dernières plusieurs portraits. Celles dçs photographies
où 1'011 a mis une sorte de coquetterie étaient, destinées à ne jamais sortir duf^
cercle étroit de la famille; les goûts et les habitudes de ma nièce, comme les ¡
miens, sont essentiellement simples.
Partagée entre le désir de vous la montrer avec toutes ses grâces, et la crainte
dr'. vous la faire juger' autrement qu'elle ll"es't,, avant tout timide et modeste, jer
suis fort embarrassée; mettez vous à ma place. Je vous le répète, la jeune per-,
sonne n'a rien vu du monde et n'a été vue nulle part; elle est pleine de cœur, [
de dévouement, d'abnégation, bonne au possible et fort intelligente.
Si, comme je l'espère, vous êtes appelé à en juger, vous verrez, monsieur,
que je me renferme dans les bornes de la plus stricte vente.. % 1
Agréez, monsieur, les sentiments d'estime anticipés que je vous prouve
en prenant en votre faveur une si délicate responsabilité.
<•. "" "" 10,1 <>■ '!;u; ",r |
La 'lettre suivante ïie peut émaner que d'un concurrent (lb M- de a
,Foy: ..
Une jeune fille blonde,—jolie,— bien élevée, — appartenant à une très hono-
rable famille,— parents sénateurs, députés, etc., — goûts simples, pieuse,—
parlant l'anglais, l'allemand, l'espagnol et le français (celle-ci sa langue mater-,
nelle et paternelle), - le père a un haut emploi, — âge vingt ans, — vit à l é-,
trangér et a pu souvent se marier avec des protestants,— n'épousera pas sans;
connaître et aimer le jeune homme, — n'a pas de fortune,—seulement dix mille
francs en pl;Opl'e,.-'-'- veut que le jeune homme soit bien élevé et qu 'il n'y ait
rien à dire ni sur son honorabilité ni sur son état de santé, —on préférerait
qu'il eut un emploi ou au .moins une occupation. — Petite-fille d'un lieutenant
général dont le nom est inscrit sur l'Arc de Triomphe.... ^
On préférerait marier d'abord sa sœur : brune, — petite, — moins jolie, mais1,
plutôt bien que mal, — bien faite, — intelligence très remarquable, cœurs
d'or, — vingt-quatre ans, — élevée comme sa sœur, — renseignements officiels
et particuliers qui donneront cette famille comme un modèle en tout, — même
fortune que sa sœur,.— vit également à l'étranger et n'a pas voulu épouser des
protestants, officiers de marine, ministres, propriétaires riches, etc., convenant
de toutes manières, sauf la religion, — bonheur assuré.
l'ne attrape pour finir :
Monsieur , je viens de lire l'annonce que vous avez fait insérer dans la
Patrie. Je m'empresse, en conséquence, de me mettre sur les rangs, heureuse
si vous voulez bien jeter les yeux sur moi. N'ayant pas le sol, je n'ai pu fau'c
tirer mon portrait par un artiste photographe, mais j'ai prié Arthur (un petit
de la Reine-Blanche) de faire ma binette à la plume. Il est très ressemblant à
l'exception du nœud de chapeau. J'ai seize ans, je suis très bien Çaite, car je
pose dans les ateliers. Je suis très jolie, du moins on me le dit tous les soirs
au Casino Cadet, à lîull-Park et autres bais du monde. J'ai les yeux fendus en
amande et lève très bien la jambe. Je n'ai pas de famille, ce qui est un fameux
embarras de moins, et peu de préjugés. Je suis bonne musicienne : je chante;
Ay Chiquita et joue le Jeune Homme empoisonné sur le trombone. On mei
trouve tous les soirs à la brasserie des Martyrs et, à l'heure des repas, à la;
crémerie de la rue Neuye-Bossu,et, chez la mère Cornefer, qui me lira vos
lettres.. y >i
CÉSARINE.
P. S. A ne vous rien céler, j'ai été trompée.
Je pourrais continuer ainsi longtemps, car, je vous l'ai déjà dit, il y
(ln a huit cents et quelques ! >: n. ■> ,,'
A vous,
-■ 'i, u ... .. Christophe. ,. \
CHOSES ET AUTRES
On va construire, dans l'intérieur du Palais de Cristal, à Sydenham, lin vaste;
théâtre lyriquq. Voila une excellente idée. A présent qu'on opère le déménage-
ment, des tableaux, si l'on utilisait dans CI) sens le palais de l'Industrie? Quelle
gigantesque salle de spectacle '. Vous me direz que c'est un peu sourd, et qu'on
n'entendrait pas beaucoup. Ce serait charmant; il y aurait quantité de loges, où
l'un pourrait causer sans être dérangé....n j
Il est'bôn de faire des ovations aux grands hommes; mais il faut prévenir,.
pour' qu'on s'y reconnaisse. A l'Opéra de Berlin, on donnait dernièrement 1&
Prophète. L'affiche n'atinohçait rien d'extraordinaire. Tout à coup, de but en
blanc, le quatrième acte est suivi de la prière de l'Étoile du. Nord. Le public
commence à croire que la cantatrice bat la campagne. Les paisibles Allemands
n'osaient pas siffler, par pure sympathie. Déjà quelques-uns se dérangeaient
pour avertir la direction, quand un ange de couleur très-foncée, qu'on a su depuis
être le génie de la musique, apparaît, secouant un crêpe funèbre. A cette vue,
l'épouvante a bel et bien gagné les spectateurs, assez superstitieux de leur natu-
rel ; la. salle a été évacuée en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. Si
bien que, sans les cris redoublés des acteurs, qui témoignaient, de leurs bien-
veillantes intentions, le triomphe de Meyerbeer aurait eu lieu devant les
banquettes.
C'est là ce qui fait dire aux journaux que le public a éprouvé un petit ma.
ment de surprise.
Chaque été voit naître une folie nouvelle., A la campagne, il faut bien passer
son temps à quelque chose. La manie de cette année paraît être une fureur ar-
chéologique très prononcée. Je ne parte pa,s des promenades aux environs de
Paris; il .paraîtrait qu'on trouve en ce moment-ci dans tous les coins de la
France une infinité de camps de César et une quantité considérable de fours à
tuiles. Cette maladie s'attache principalement au sexe masculin. Quand on en
est au camp de César, on est bien bas ; mais le four à tuiles semble être la der-
, w 1/ il.
nière extrémité.
Les lauriers de M. de La Palisse et de M. Mathieu (de la Drôme) empêchaient
lç Salut public de dormir. 11 nous envoie quelques renseignements météorologi-
ques excessivement curieux. Nous ne pouvons en citer qu'un ou deux comme
,, échantillon :
« Si l'horizon est dépourvu de nuages, et qu'il ne fasse, aucun vent, c'est un
signe quil fait beau temps.
(t Quand le vent tombe au coucher du soleil, il peut reprendre le lende-
" main. Il
Cela ne vous donne-t-il pas l'envie de lirb 'le reste ?
On a repris HeracliuSMx Théâtre-Français. Repris est un mot honnête, car je
ne nais si jamais IléradÚts à été 'joué dans ce siècle. En l'entendant, je me
disais deux choses : 1° qu'on est :bien heureux de s'appeler Corneille, pour voir
tous ses mots applaudis; 2° que le mélodrame, n'a pas été inventé par Pixé-
ricourt. / "
•, Cette réilexion me consola, de, voir Mme Guyon jouer le rôle de Léontine.
M. Renan était avant-hier professeur au collège de France. Hier il a failli
être bibliothécaire. Aujourd'hui il n'est plus rien du tout. Nous voulons être
des premiers à féliciter M. Renan de cette nouvelle et si enviable position.
Décidément je ne comprends rien du tout au jeu dé cricket. Ne m'en parlez
plus.
On écrit de Lille que les pensionnaires aliénés de la maison de Lommelet ont
joué, devant un nombreux public ( t fort bien, une comrdie en quatre actes, inti-
tulée : « l'Oncle d'Amérique. » Voilà des acteurs parfaitement fous. Qu'on
vienne encore nous dire que ce métier-là demande de l'esprit !
A KarviMe ce r!(' sont pas les fous qui jouent la comédie, mais les sémina-
ristes. Ils ont représenté Philoclète en grec. Je ne sais pas si les dames y
ont compris quelque chose, mais je parierais, tout ce qu'on voudra, que les
professeurs n'y ont rien compris du tout.
Dans un de nos derniers articles, nous parlions de l'argenterie Broche:te.
exhibée par un des meilleurs collaborateurs du Monde illustré, à je ne sais
plus quel dîner. La reine d'Espagne vient encore dé l'augmenter; elle vient de
nommer M. Charles Yriarte commandeur de l'ordre d'Isabelle la Catholique.
Un jpH nœud de cravate !
Hier nous sommes allé revoir le Dégel, et nous trouvons qu'il y aurait un vo-
lume à écrire sur Mlle Déjazet. Jamais pièce ne s'est'aussi bien adaptée que
celle de M. Sardou à cette nature, extraordinaire. L'auteur, avec une habileté
incomparable, éblouit le spectateur des lumières qu 'il sait faire jaillir de cha-
cune des facettes de ce diamant. — En Ja voyant on éprqnve le même senti-
ment qu'à la lecture d'une fable de La Fontaine : il n'est pas possible de dire
mieux, plus simplement et autrement; plus ou moins ne serait plus cela. On a
dit que Fleury avait été le dernier marquis; je doute qu'il ait pu égaler Mlle Dé-
jazet, tant la distinction, la grande seigneureriê (je ne trouve pas d'autre mot)
semble innée chez elle ; jam'ns elle ne se trouve en défaut. La marche, le geste,
le regard, le port de tête, les nuances de l'int on nation, tout cela est empreint
d'une aristocratie désespérante. Dans la: scène où 'elle' oblige Pitois de la Buis-
Sbnniè'rè à se découvrir lorsqu'il la prend pour un croquant, elle n'use d'aucun
de ces effets prévus et à l'était de tradition à la scène; elle jette sa tirade sans
éclat, sans grands gestes, et chaque mot porte. 'Et à prôpos'de mot, on nous a
dit et redit que Félix seul savait le lanéer.y- C'est' vrai; mais il le tance.
Déjazetle dit, et le mot ne s'en trouve que mieux. " J
Il y a dans sa voix une note, un peu nasillarde, dont elle se sert admirable-
ment. C'est cette note qu'elle emploie pour souligner certaines choses, et cela
donne à la phrase je ne sais quoi d'incisif qui est plein de charme pour l'oreille.
C'est sur ce top qu'elle termine sa mercuriale à: Mme de Cahussac, dans la
répétition de la scène de la source; ce mot": je n'ai plus soif, dit avec cet
accent, est d'il rie impertinence de bonne compagnie dont rien n'approche; dit
autrement, ce serait une grossièreté.
Maintenant où scrrc-t-elle le soir le timbre de sa voi< pour lui avoir, à son
âge, conservé la fraîcheur et le bruissement argentin de la seizième année? On
passerait, sa vie à entendre cette charmante chanson qu'elle accompagne en
faisant claquer ses doigts. - Qu'on ne vous assomme donc plus de cette phrase
éternelle : Ah J si vous t'aviez vue à telle époque... Nous la voyons, et cela
suffit; elle est elle, et ne pouvait être naguère autrement qu'elle est, si fine,
qu'elle glisse entre les doigts du temps. 1, X.
LA VIE PARISIENNE
355
Voici la lettre d'une tante, accompagnée de quatre portraits :
Monsieur, je vous envoie le portrait de mr^ nièce, que je vous ai annoncé
par ma lettre précédente ; je vous en envoie même plusieurs, afin que vous
puissiez juger la jeune fille sous ses divers aspects. La jeune personne n 'a pas
posé pour la circonstance : la règle de sa pension défend l'entrée d'un pho-
tographe et les sorties supplémentaires n'y sont point autorisées, mais on a
pris d'elle aux vacances dernières plusieurs portraits. Celles dçs photographies
où 1'011 a mis une sorte de coquetterie étaient, destinées à ne jamais sortir duf^
cercle étroit de la famille; les goûts et les habitudes de ma nièce, comme les ¡
miens, sont essentiellement simples.
Partagée entre le désir de vous la montrer avec toutes ses grâces, et la crainte
dr'. vous la faire juger' autrement qu'elle ll"es't,, avant tout timide et modeste, jer
suis fort embarrassée; mettez vous à ma place. Je vous le répète, la jeune per-,
sonne n'a rien vu du monde et n'a été vue nulle part; elle est pleine de cœur, [
de dévouement, d'abnégation, bonne au possible et fort intelligente.
Si, comme je l'espère, vous êtes appelé à en juger, vous verrez, monsieur,
que je me renferme dans les bornes de la plus stricte vente.. % 1
Agréez, monsieur, les sentiments d'estime anticipés que je vous prouve
en prenant en votre faveur une si délicate responsabilité.
<•. "" "" 10,1 <>■ '!;u; ",r |
La 'lettre suivante ïie peut émaner que d'un concurrent (lb M- de a
,Foy: ..
Une jeune fille blonde,—jolie,— bien élevée, — appartenant à une très hono-
rable famille,— parents sénateurs, députés, etc., — goûts simples, pieuse,—
parlant l'anglais, l'allemand, l'espagnol et le français (celle-ci sa langue mater-,
nelle et paternelle), - le père a un haut emploi, — âge vingt ans, — vit à l é-,
trangér et a pu souvent se marier avec des protestants,— n'épousera pas sans;
connaître et aimer le jeune homme, — n'a pas de fortune,—seulement dix mille
francs en pl;Opl'e,.-'-'- veut que le jeune homme soit bien élevé et qu 'il n'y ait
rien à dire ni sur son honorabilité ni sur son état de santé, —on préférerait
qu'il eut un emploi ou au .moins une occupation. — Petite-fille d'un lieutenant
général dont le nom est inscrit sur l'Arc de Triomphe.... ^
On préférerait marier d'abord sa sœur : brune, — petite, — moins jolie, mais1,
plutôt bien que mal, — bien faite, — intelligence très remarquable, cœurs
d'or, — vingt-quatre ans, — élevée comme sa sœur, — renseignements officiels
et particuliers qui donneront cette famille comme un modèle en tout, — même
fortune que sa sœur,.— vit également à l'étranger et n'a pas voulu épouser des
protestants, officiers de marine, ministres, propriétaires riches, etc., convenant
de toutes manières, sauf la religion, — bonheur assuré.
l'ne attrape pour finir :
Monsieur , je viens de lire l'annonce que vous avez fait insérer dans la
Patrie. Je m'empresse, en conséquence, de me mettre sur les rangs, heureuse
si vous voulez bien jeter les yeux sur moi. N'ayant pas le sol, je n'ai pu fau'c
tirer mon portrait par un artiste photographe, mais j'ai prié Arthur (un petit
de la Reine-Blanche) de faire ma binette à la plume. Il est très ressemblant à
l'exception du nœud de chapeau. J'ai seize ans, je suis très bien Çaite, car je
pose dans les ateliers. Je suis très jolie, du moins on me le dit tous les soirs
au Casino Cadet, à lîull-Park et autres bais du monde. J'ai les yeux fendus en
amande et lève très bien la jambe. Je n'ai pas de famille, ce qui est un fameux
embarras de moins, et peu de préjugés. Je suis bonne musicienne : je chante;
Ay Chiquita et joue le Jeune Homme empoisonné sur le trombone. On mei
trouve tous les soirs à la brasserie des Martyrs et, à l'heure des repas, à la;
crémerie de la rue Neuye-Bossu,et, chez la mère Cornefer, qui me lira vos
lettres.. y >i
CÉSARINE.
P. S. A ne vous rien céler, j'ai été trompée.
Je pourrais continuer ainsi longtemps, car, je vous l'ai déjà dit, il y
(ln a huit cents et quelques ! >: n. ■> ,,'
A vous,
-■ 'i, u ... .. Christophe. ,. \
CHOSES ET AUTRES
On va construire, dans l'intérieur du Palais de Cristal, à Sydenham, lin vaste;
théâtre lyriquq. Voila une excellente idée. A présent qu'on opère le déménage-
ment, des tableaux, si l'on utilisait dans CI) sens le palais de l'Industrie? Quelle
gigantesque salle de spectacle '. Vous me direz que c'est un peu sourd, et qu'on
n'entendrait pas beaucoup. Ce serait charmant; il y aurait quantité de loges, où
l'un pourrait causer sans être dérangé....n j
Il est'bôn de faire des ovations aux grands hommes; mais il faut prévenir,.
pour' qu'on s'y reconnaisse. A l'Opéra de Berlin, on donnait dernièrement 1&
Prophète. L'affiche n'atinohçait rien d'extraordinaire. Tout à coup, de but en
blanc, le quatrième acte est suivi de la prière de l'Étoile du. Nord. Le public
commence à croire que la cantatrice bat la campagne. Les paisibles Allemands
n'osaient pas siffler, par pure sympathie. Déjà quelques-uns se dérangeaient
pour avertir la direction, quand un ange de couleur très-foncée, qu'on a su depuis
être le génie de la musique, apparaît, secouant un crêpe funèbre. A cette vue,
l'épouvante a bel et bien gagné les spectateurs, assez superstitieux de leur natu-
rel ; la. salle a été évacuée en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. Si
bien que, sans les cris redoublés des acteurs, qui témoignaient, de leurs bien-
veillantes intentions, le triomphe de Meyerbeer aurait eu lieu devant les
banquettes.
C'est là ce qui fait dire aux journaux que le public a éprouvé un petit ma.
ment de surprise.
Chaque été voit naître une folie nouvelle., A la campagne, il faut bien passer
son temps à quelque chose. La manie de cette année paraît être une fureur ar-
chéologique très prononcée. Je ne parte pa,s des promenades aux environs de
Paris; il .paraîtrait qu'on trouve en ce moment-ci dans tous les coins de la
France une infinité de camps de César et une quantité considérable de fours à
tuiles. Cette maladie s'attache principalement au sexe masculin. Quand on en
est au camp de César, on est bien bas ; mais le four à tuiles semble être la der-
, w 1/ il.
nière extrémité.
Les lauriers de M. de La Palisse et de M. Mathieu (de la Drôme) empêchaient
lç Salut public de dormir. 11 nous envoie quelques renseignements météorologi-
ques excessivement curieux. Nous ne pouvons en citer qu'un ou deux comme
,, échantillon :
« Si l'horizon est dépourvu de nuages, et qu'il ne fasse, aucun vent, c'est un
signe quil fait beau temps.
(t Quand le vent tombe au coucher du soleil, il peut reprendre le lende-
" main. Il
Cela ne vous donne-t-il pas l'envie de lirb 'le reste ?
On a repris HeracliuSMx Théâtre-Français. Repris est un mot honnête, car je
ne nais si jamais IléradÚts à été 'joué dans ce siècle. En l'entendant, je me
disais deux choses : 1° qu'on est :bien heureux de s'appeler Corneille, pour voir
tous ses mots applaudis; 2° que le mélodrame, n'a pas été inventé par Pixé-
ricourt. / "
•, Cette réilexion me consola, de, voir Mme Guyon jouer le rôle de Léontine.
M. Renan était avant-hier professeur au collège de France. Hier il a failli
être bibliothécaire. Aujourd'hui il n'est plus rien du tout. Nous voulons être
des premiers à féliciter M. Renan de cette nouvelle et si enviable position.
Décidément je ne comprends rien du tout au jeu dé cricket. Ne m'en parlez
plus.
On écrit de Lille que les pensionnaires aliénés de la maison de Lommelet ont
joué, devant un nombreux public ( t fort bien, une comrdie en quatre actes, inti-
tulée : « l'Oncle d'Amérique. » Voilà des acteurs parfaitement fous. Qu'on
vienne encore nous dire que ce métier-là demande de l'esprit !
A KarviMe ce r!(' sont pas les fous qui jouent la comédie, mais les sémina-
ristes. Ils ont représenté Philoclète en grec. Je ne sais pas si les dames y
ont compris quelque chose, mais je parierais, tout ce qu'on voudra, que les
professeurs n'y ont rien compris du tout.
Dans un de nos derniers articles, nous parlions de l'argenterie Broche:te.
exhibée par un des meilleurs collaborateurs du Monde illustré, à je ne sais
plus quel dîner. La reine d'Espagne vient encore dé l'augmenter; elle vient de
nommer M. Charles Yriarte commandeur de l'ordre d'Isabelle la Catholique.
Un jpH nœud de cravate !
Hier nous sommes allé revoir le Dégel, et nous trouvons qu'il y aurait un vo-
lume à écrire sur Mlle Déjazet. Jamais pièce ne s'est'aussi bien adaptée que
celle de M. Sardou à cette nature, extraordinaire. L'auteur, avec une habileté
incomparable, éblouit le spectateur des lumières qu 'il sait faire jaillir de cha-
cune des facettes de ce diamant. — En Ja voyant on éprqnve le même senti-
ment qu'à la lecture d'une fable de La Fontaine : il n'est pas possible de dire
mieux, plus simplement et autrement; plus ou moins ne serait plus cela. On a
dit que Fleury avait été le dernier marquis; je doute qu'il ait pu égaler Mlle Dé-
jazet, tant la distinction, la grande seigneureriê (je ne trouve pas d'autre mot)
semble innée chez elle ; jam'ns elle ne se trouve en défaut. La marche, le geste,
le regard, le port de tête, les nuances de l'int on nation, tout cela est empreint
d'une aristocratie désespérante. Dans la: scène où 'elle' oblige Pitois de la Buis-
Sbnniè'rè à se découvrir lorsqu'il la prend pour un croquant, elle n'use d'aucun
de ces effets prévus et à l'était de tradition à la scène; elle jette sa tirade sans
éclat, sans grands gestes, et chaque mot porte. 'Et à prôpos'de mot, on nous a
dit et redit que Félix seul savait le lanéer.y- C'est' vrai; mais il le tance.
Déjazetle dit, et le mot ne s'en trouve que mieux. " J
Il y a dans sa voix une note, un peu nasillarde, dont elle se sert admirable-
ment. C'est cette note qu'elle emploie pour souligner certaines choses, et cela
donne à la phrase je ne sais quoi d'incisif qui est plein de charme pour l'oreille.
C'est sur ce top qu'elle termine sa mercuriale à: Mme de Cahussac, dans la
répétition de la scène de la source; ce mot": je n'ai plus soif, dit avec cet
accent, est d'il rie impertinence de bonne compagnie dont rien n'approche; dit
autrement, ce serait une grossièreté.
Maintenant où scrrc-t-elle le soir le timbre de sa voi< pour lui avoir, à son
âge, conservé la fraîcheur et le bruissement argentin de la seizième année? On
passerait, sa vie à entendre cette charmante chanson qu'elle accompagne en
faisant claquer ses doigts. - Qu'on ne vous assomme donc plus de cette phrase
éternelle : Ah J si vous t'aviez vue à telle époque... Nous la voyons, et cela
suffit; elle est elle, et ne pouvait être naguère autrement qu'elle est, si fine,
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