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LA VIE PARISIENNE
1 uin 18G4.
proverbial auprès doses amis (ah ! ça, mais c'est donc un ennemi qui 1 invite,
autrement il connaîtrait ce proverbe), et qu'enfin ce sérail une si belle chose
de ne pas mourir loul entier! Tout cela pour une invitation !
A propos de sa « Gardeuse de dindons, » M Jules Breton s'écrie : Elle était
là immobile, assise sur un morceau de rocher, le regard plonge dans le
ciel..., etc. Je passai à côté de celle étrange fille sans qu'elle daignât me
nllUlrquef'.
Comme je comprends bien ça!
Je ne sais plus quel voyageur en Orient, apercevant deux graves et silencieux
Arabes sur le seuil de leur tente, allait écrire sur son calepin quelque phrase
Prud'homme, dans ce genre-là, lorsqu'il eut l'Jieureuse idée de vouloir chercher
jusqu'où pourrait aller la rêverie de ces fils d 'Ismaël !
Il se glisse en tapinois et écoute. Un des Arabes à barbe blanche, à l'œil
profond, étend d'un geste majestueux la main du côté de la mer, quitte sa chi.
bouque et dit à son compagnon :
— Effendi, le poisson est bien cher cette semaine!
L'autre reste silencieux et pensif, l'œil perdu dans l'infini, comme la dindon-
nière de M. Breton, et, prenant la parole au bout d'un quart d'heure :
— Cette semaine, le poisson est bien cher, Etl'cndi! réplique-t-il.
L'esprit reste aux sculpteurs Préault, Aimé Millet et Prouha.
Préault défie de mettre deux pierres l'une sur l'autre, au contentement
unanime de deux personnes chargées d'examiner son travail. Il se venge
des critiques; il n'a pas tort.
M. Aimé Millet envoie tout simplement le croquis de son Vercingétorix,
qu'on va exécuter en cuivre repousse, ce qui t,(t faire monter les casserolles
et les moules à pâtisseries. ,
M. Prouha adresse Je croquis d'une statue en s'écriant : Je viens de l j ex(,'cqt-
ter; il ne faut qu'un mot pour perdre un homme, et qu'un dessin pour
perdre un sculpteur.
C'est vrai !
0 peintres, n'écrivez plus et méditez ce vieux proverbe des paysans :
Chacun son métier, — les vaches sont bien gardées.
SIR ÉOWlIRD.
NOUVEAUX PUPAZZI. - EXTRAIT DU SALON EN VERS
HAMON
Messieurs, cette adorable enfant
Que couvre un trop pudique pagne,
Cueille des coupes de Champagne,
Sur cet arbrisseau triomphant !
C'est sur le chou qui l'a vu naître,
Qu'elle pose ses petits pieds...
Et les pucerons familiers
S'en vont en les voyant paraître !
C'est l'Aurore 1 — a dit maître Hamon !
L'Aurore aux gencives de rose!...
Moi, je crois que c'est autre chose,
Cette fille au joli bras rond !
Elle pourJèchr. avec furie
Le nectar de son gobelet.
Ce qui me fait croire que c'est
L'aurore.... de l'Ivrognerie!
CHARLES MARCHAL
1.1 est mort! n'en parlons plus! Mais elles!
que sont elles devenues ? ■— On 1 ignorait seul
je le savais ! Elles étaient en Alsace, à Boux-
Avillor. — Qui ea? — Les bonnes de Dumolard,
— je les ai déterrées et les ai mises dans mon
tableau.
AIR DE Fualdès.
1
lies sont bien conservées,
On les regarde de près,
Elles sont telles que les
Gens barbus les ont rêvées !
Gens barbus reconnaissez
Ces petits nez retroussés.
II
Je leur ai rendu la vie,
Le costume et la santé,
Le public est enchanté,
La Justice en est ravie!
Le ministre émerveillé
Pour cela m'a médaille !
MILLET
Air CO/lIIU.
C'est le veau qu'est pas malade,
0,11 l'inène à son appartement,
Pour la vache cIl' se balade
Derrière son petit enfant !
ÉMILE LÉVY
IDYLLE
113 ont tout le jour rodé dans le parc,
Ils ont saccagé les ronces vivaces;
Sur le petit pont tendu comme un arc,
Ils ont alléché les poissons voraces : —
Ils sont fatigues ! — Au bord du ruisseau
Où sur des cailloux serpente une eau noire,
La fillette veut goitter un peu d'eau....
Le petit garçon lui défend de boire !.. —
— Viens plutôt, dit-il, viens au grand bassin,
L'onde en cet endroit s'y trouve meilleure
Elle est transparente ! — et d'ailleurs c'est l'heure
Où des papillons se baigne l'essaim !
— Ils courent'... Bientôt sur la coupe blanche
Le garçon, qui boit, fait clapoter ]'cau....
La fillette en vain se hausse et se penche....
— Comme elle regrette alors le ruisseau !...
N'écoutez jamais les garçons, fillettes !
S'ils vous montrent l'arbre aux fruits enchanteurs,
Ou bien le préau plein de pâquerettes....
Ils mangent les fruits et cueillent les fleurs !
GUDIN
Vois! la vague et le flot qui roule et qui zig-zague,
Comme doit zig-zaguer et le flot et la vague.
Le flot touche le ciel, le ciel s'unit à l'eau ;
L'onde est le ciel ! Le ciel est vague ! Tout est flot !
Car la plaine liquide est pleine d'onde amère ;
L'azur du ciel aussi n'est qu'azur éphémère ;
Si bien que l'onde amère et le ciel étliéré,
Souvent troublent l'endroit où le crabe est terré.
—Voici pourquoi j'ai peint, dans ces vagues épiques
Les tempêtes qu'on voit sous le ciel des tropiques !
ADOLPHE LELEUX
AIR nu Braconnier.
1
Moi j'adore la Bretagne,
Et les Bretons bretonnants ;
J'ai peint toute sa campagne,
J'ai croqué ses habitants;
Quand l'heure d'exposer sonne
Au ministère d'État :
Je bretonne, je bretonne,
Un Breton par ci par là !
II
Quand je parle, je bretonne ;
Au bal, je bretonne aussi.
J'ai le Breton à la bonne,
Bretonner est mon souci !...
Jamais on n'a vu personne
Bretonner comme cela...
Je bretonne, je bretonne,
Nul mieux ne bretonnera !
COROT
QLlr. voyez-vous ? Rien ! - Non. — Tout ' Car je \ ois
Je vois ce qu'on n'a jamais fait : lie rêve !
Sans la cause, je vois l'effet !
Ce chaos m'entraîne et m'enlève !
Corot ! j'ai longtemps méconnu,
Tes crépuscules poétiques,
Tes aurores mélancoliques,
Que les gens froids et prosaïques
Ne distinguaient pas à l'œil nu !
Un jour j'ai cligné ma paupière :
J'ai vu de l'air ! de la lumière !
Un horizon !... —J'ai vu surtout,
Au milieu de la poésie,
Que le bourgeois repousse et nie,
Dans l'eau, l'air, la fouine ; — partout...
J'ai vu la vie !
Aussi je me suis converti !
Si jamais j'ai dit autre chose,
En vers mauvais, en vile prose,
J'atteste que j'en ai menti !
I.EMEnCIEH DE N.
LA VIE PARISIENNE
1 uin 18G4.
proverbial auprès doses amis (ah ! ça, mais c'est donc un ennemi qui 1 invite,
autrement il connaîtrait ce proverbe), et qu'enfin ce sérail une si belle chose
de ne pas mourir loul entier! Tout cela pour une invitation !
A propos de sa « Gardeuse de dindons, » M Jules Breton s'écrie : Elle était
là immobile, assise sur un morceau de rocher, le regard plonge dans le
ciel..., etc. Je passai à côté de celle étrange fille sans qu'elle daignât me
nllUlrquef'.
Comme je comprends bien ça!
Je ne sais plus quel voyageur en Orient, apercevant deux graves et silencieux
Arabes sur le seuil de leur tente, allait écrire sur son calepin quelque phrase
Prud'homme, dans ce genre-là, lorsqu'il eut l'Jieureuse idée de vouloir chercher
jusqu'où pourrait aller la rêverie de ces fils d 'Ismaël !
Il se glisse en tapinois et écoute. Un des Arabes à barbe blanche, à l'œil
profond, étend d'un geste majestueux la main du côté de la mer, quitte sa chi.
bouque et dit à son compagnon :
— Effendi, le poisson est bien cher cette semaine!
L'autre reste silencieux et pensif, l'œil perdu dans l'infini, comme la dindon-
nière de M. Breton, et, prenant la parole au bout d'un quart d'heure :
— Cette semaine, le poisson est bien cher, Etl'cndi! réplique-t-il.
L'esprit reste aux sculpteurs Préault, Aimé Millet et Prouha.
Préault défie de mettre deux pierres l'une sur l'autre, au contentement
unanime de deux personnes chargées d'examiner son travail. Il se venge
des critiques; il n'a pas tort.
M. Aimé Millet envoie tout simplement le croquis de son Vercingétorix,
qu'on va exécuter en cuivre repousse, ce qui t,(t faire monter les casserolles
et les moules à pâtisseries. ,
M. Prouha adresse Je croquis d'une statue en s'écriant : Je viens de l j ex(,'cqt-
ter; il ne faut qu'un mot pour perdre un homme, et qu'un dessin pour
perdre un sculpteur.
C'est vrai !
0 peintres, n'écrivez plus et méditez ce vieux proverbe des paysans :
Chacun son métier, — les vaches sont bien gardées.
SIR ÉOWlIRD.
NOUVEAUX PUPAZZI. - EXTRAIT DU SALON EN VERS
HAMON
Messieurs, cette adorable enfant
Que couvre un trop pudique pagne,
Cueille des coupes de Champagne,
Sur cet arbrisseau triomphant !
C'est sur le chou qui l'a vu naître,
Qu'elle pose ses petits pieds...
Et les pucerons familiers
S'en vont en les voyant paraître !
C'est l'Aurore 1 — a dit maître Hamon !
L'Aurore aux gencives de rose!...
Moi, je crois que c'est autre chose,
Cette fille au joli bras rond !
Elle pourJèchr. avec furie
Le nectar de son gobelet.
Ce qui me fait croire que c'est
L'aurore.... de l'Ivrognerie!
CHARLES MARCHAL
1.1 est mort! n'en parlons plus! Mais elles!
que sont elles devenues ? ■— On 1 ignorait seul
je le savais ! Elles étaient en Alsace, à Boux-
Avillor. — Qui ea? — Les bonnes de Dumolard,
— je les ai déterrées et les ai mises dans mon
tableau.
AIR DE Fualdès.
1
lies sont bien conservées,
On les regarde de près,
Elles sont telles que les
Gens barbus les ont rêvées !
Gens barbus reconnaissez
Ces petits nez retroussés.
II
Je leur ai rendu la vie,
Le costume et la santé,
Le public est enchanté,
La Justice en est ravie!
Le ministre émerveillé
Pour cela m'a médaille !
MILLET
Air CO/lIIU.
C'est le veau qu'est pas malade,
0,11 l'inène à son appartement,
Pour la vache cIl' se balade
Derrière son petit enfant !
ÉMILE LÉVY
IDYLLE
113 ont tout le jour rodé dans le parc,
Ils ont saccagé les ronces vivaces;
Sur le petit pont tendu comme un arc,
Ils ont alléché les poissons voraces : —
Ils sont fatigues ! — Au bord du ruisseau
Où sur des cailloux serpente une eau noire,
La fillette veut goitter un peu d'eau....
Le petit garçon lui défend de boire !.. —
— Viens plutôt, dit-il, viens au grand bassin,
L'onde en cet endroit s'y trouve meilleure
Elle est transparente ! — et d'ailleurs c'est l'heure
Où des papillons se baigne l'essaim !
— Ils courent'... Bientôt sur la coupe blanche
Le garçon, qui boit, fait clapoter ]'cau....
La fillette en vain se hausse et se penche....
— Comme elle regrette alors le ruisseau !...
N'écoutez jamais les garçons, fillettes !
S'ils vous montrent l'arbre aux fruits enchanteurs,
Ou bien le préau plein de pâquerettes....
Ils mangent les fruits et cueillent les fleurs !
GUDIN
Vois! la vague et le flot qui roule et qui zig-zague,
Comme doit zig-zaguer et le flot et la vague.
Le flot touche le ciel, le ciel s'unit à l'eau ;
L'onde est le ciel ! Le ciel est vague ! Tout est flot !
Car la plaine liquide est pleine d'onde amère ;
L'azur du ciel aussi n'est qu'azur éphémère ;
Si bien que l'onde amère et le ciel étliéré,
Souvent troublent l'endroit où le crabe est terré.
—Voici pourquoi j'ai peint, dans ces vagues épiques
Les tempêtes qu'on voit sous le ciel des tropiques !
ADOLPHE LELEUX
AIR nu Braconnier.
1
Moi j'adore la Bretagne,
Et les Bretons bretonnants ;
J'ai peint toute sa campagne,
J'ai croqué ses habitants;
Quand l'heure d'exposer sonne
Au ministère d'État :
Je bretonne, je bretonne,
Un Breton par ci par là !
II
Quand je parle, je bretonne ;
Au bal, je bretonne aussi.
J'ai le Breton à la bonne,
Bretonner est mon souci !...
Jamais on n'a vu personne
Bretonner comme cela...
Je bretonne, je bretonne,
Nul mieux ne bretonnera !
COROT
QLlr. voyez-vous ? Rien ! - Non. — Tout ' Car je \ ois
Je vois ce qu'on n'a jamais fait : lie rêve !
Sans la cause, je vois l'effet !
Ce chaos m'entraîne et m'enlève !
Corot ! j'ai longtemps méconnu,
Tes crépuscules poétiques,
Tes aurores mélancoliques,
Que les gens froids et prosaïques
Ne distinguaient pas à l'œil nu !
Un jour j'ai cligné ma paupière :
J'ai vu de l'air ! de la lumière !
Un horizon !... —J'ai vu surtout,
Au milieu de la poésie,
Que le bourgeois repousse et nie,
Dans l'eau, l'air, la fouine ; — partout...
J'ai vu la vie !
Aussi je me suis converti !
Si jamais j'ai dit autre chose,
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