''juin INGI¡, LA VIE PARISIENNE 315
Aujourd'hui courses à Epsom. Départ de Wu tCl'loo-Statiùn; ; voici
les types principaux à la gare et sur la route:
L homme athlétique, rougeaud, et surnourri (overfed), avec de
grands favoris roux, et une respiration lourde; on voit les chairs de
la poitrine remuer et on entend le souffle. 11 y a beaucoup d'hommes
de cette espèce ; la structure de la race est plus forte que chez nous.
M. R., M. \ et deux autres à la soirée d'hier étaient des spécimens.
Avec la cravate blanche, l'habit noir, parmi les robes de soie, les
Heurs et. la conversation mondaine, cela faisait un effet singulier.
Aujourd hui, dans le wagon en face de moi, il y en avait un pareil
plus grand encore, plus gros, plus rose, on'se sent l'envie d'y tailler
des boefteaks : mais l'œil bleu est inquiétant, et à certains moments le
froncement de sourcils, l'air ennuyé, le front apoplectique font penser
au dangereux tempérament de Henri VIII.
Les soldats des gardes dans la rue, en veste rouge collante avec une
petite canne, majestueux, sont du même genre; ils se prélassent, se
cambrent, montrent leur raie entre leurs cheveux pommadés; ils sont
très beaux, et je ne sais pourquoi un peu ridicules.
Quand 1 embonpoint prédomine, l'Anglais atteint une culasse éton-
nante, c est un animal (lu boucherie. D'autrefois le porto et la grosse
nourriture les empâtent comme des caricatures ; j'ai vu hier un gé-
néral le poitrail sangle dans son uniforme, la face ecarlate, absolument
de la couleur d un homard bouilli. Le blanc des yeux tranche sur le
rouge; les grandes dents ne sont pas moins blanches; on ne peut pas
imaginer cet effet.
Un autre type plus fréquent est celui de l'homme maigre, avec de
grands traits saillants, sérieux, réfléchi, en qui dans un moment pé-
rilleux, vous pourriez avoir confiance ; le:sang,-froid, l'empire de soi
apparaissent dans toutes ses poses et dans toutes ses paroles. C'est un
esprit positif, un homme d'amures ; son jugement mérite qu'on y re-
garde; avec leur chapeau noir perpendiculaire, leur aspect a quelque
chose de grotesque; mais supposez-les donnant des ordres dans un in-
cendie, sur le pont d'un navire, dans une bataille, ou seulement à la tète
de quatre cents ouvriers et de cinquante commis, et toujours calmes,
ils seront beaux ou du moins dignes.
Mon wagon est fort bien composé; cinq gentlemen se connaissant
tous, parfaitement mis et gantes ; presque tous une simple jaquette
tenue par le bouton du haut ; mais, cette perfection résultant d'habits
bien coupés, d'étoffes bien choisies, de lingerie bien ajustée, surtout
de soins de toilette continus et minutieux, coups de fer, cosmétiques,
vinaigres ; toute choses enfin de compte indiquant un grand respect
de soi-mènw, une conséquence toute naturelle de la valeur person-
nelle que chacun se sent avoir dans ce pays. Et pour avoir pris le
chemin Ile ler, ce ne sont encore ici que des gens de moyenne fortune.
Fort polis d'ailleurs. Après un léger examen de ma tenue, l'un d'eux, se
préparant à fumer, m'offre un cigare ; sur mon refus, il me demande
si la fumée no m'incommode pas ; un autre coupe en deux un numé-
ro du Punch et m'en donne la moitié,
Aujourd'hui courses à Epsom. Départ de Wu tCl'loo-Statiùn; ; voici
les types principaux à la gare et sur la route:
L homme athlétique, rougeaud, et surnourri (overfed), avec de
grands favoris roux, et une respiration lourde; on voit les chairs de
la poitrine remuer et on entend le souffle. 11 y a beaucoup d'hommes
de cette espèce ; la structure de la race est plus forte que chez nous.
M. R., M. \ et deux autres à la soirée d'hier étaient des spécimens.
Avec la cravate blanche, l'habit noir, parmi les robes de soie, les
Heurs et. la conversation mondaine, cela faisait un effet singulier.
Aujourd hui, dans le wagon en face de moi, il y en avait un pareil
plus grand encore, plus gros, plus rose, on'se sent l'envie d'y tailler
des boefteaks : mais l'œil bleu est inquiétant, et à certains moments le
froncement de sourcils, l'air ennuyé, le front apoplectique font penser
au dangereux tempérament de Henri VIII.
Les soldats des gardes dans la rue, en veste rouge collante avec une
petite canne, majestueux, sont du même genre; ils se prélassent, se
cambrent, montrent leur raie entre leurs cheveux pommadés; ils sont
très beaux, et je ne sais pourquoi un peu ridicules.
Quand 1 embonpoint prédomine, l'Anglais atteint une culasse éton-
nante, c est un animal (lu boucherie. D'autrefois le porto et la grosse
nourriture les empâtent comme des caricatures ; j'ai vu hier un gé-
néral le poitrail sangle dans son uniforme, la face ecarlate, absolument
de la couleur d un homard bouilli. Le blanc des yeux tranche sur le
rouge; les grandes dents ne sont pas moins blanches; on ne peut pas
imaginer cet effet.
Un autre type plus fréquent est celui de l'homme maigre, avec de
grands traits saillants, sérieux, réfléchi, en qui dans un moment pé-
rilleux, vous pourriez avoir confiance ; le:sang,-froid, l'empire de soi
apparaissent dans toutes ses poses et dans toutes ses paroles. C'est un
esprit positif, un homme d'amures ; son jugement mérite qu'on y re-
garde; avec leur chapeau noir perpendiculaire, leur aspect a quelque
chose de grotesque; mais supposez-les donnant des ordres dans un in-
cendie, sur le pont d'un navire, dans une bataille, ou seulement à la tète
de quatre cents ouvriers et de cinquante commis, et toujours calmes,
ils seront beaux ou du moins dignes.
Mon wagon est fort bien composé; cinq gentlemen se connaissant
tous, parfaitement mis et gantes ; presque tous une simple jaquette
tenue par le bouton du haut ; mais, cette perfection résultant d'habits
bien coupés, d'étoffes bien choisies, de lingerie bien ajustée, surtout
de soins de toilette continus et minutieux, coups de fer, cosmétiques,
vinaigres ; toute choses enfin de compte indiquant un grand respect
de soi-mènw, une conséquence toute naturelle de la valeur person-
nelle que chacun se sent avoir dans ce pays. Et pour avoir pris le
chemin Ile ler, ce ne sont encore ici que des gens de moyenne fortune.
Fort polis d'ailleurs. Après un léger examen de ma tenue, l'un d'eux, se
préparant à fumer, m'offre un cigare ; sur mon refus, il me demande
si la fumée no m'incommode pas ; un autre coupe en deux un numé-
ro du Punch et m'en donne la moitié,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 97.95%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 97.95%.
- Collections numériques similaires Besançon Georges Besançon Georges /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Besançon Georges" or dc.contributor adj "Besançon Georges")Correspondance et papiers de Félix et Paul Nadar. I -- CORRESPONDANCE. V-XXI Lettres adressées à Félix Nadar. VIII-XIX Lettres de divers correspondants classés par ordre alphabétique :. VIII Agutte-Bouyer. /ark:/12148/btv1b53273171p.highres Correspondance et papiers de Félix et Paul Nadar. I -- CORRESPONDANCE. V-XXI Lettres adressées à Félix Nadar. VIII-XIX Lettres de divers correspondants classés par ordre alphabétique :. VIII Agutte-Bouyer. /ark:/12148/btv1b10084480b.highres
- Auteurs similaires Besançon Georges Besançon Georges /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Besançon Georges" or dc.contributor adj "Besançon Georges")Correspondance et papiers de Félix et Paul Nadar. I -- CORRESPONDANCE. V-XXI Lettres adressées à Félix Nadar. VIII-XIX Lettres de divers correspondants classés par ordre alphabétique :. VIII Agutte-Bouyer. /ark:/12148/btv1b53273171p.highres Correspondance et papiers de Félix et Paul Nadar. I -- CORRESPONDANCE. V-XXI Lettres adressées à Félix Nadar. VIII-XIX Lettres de divers correspondants classés par ordre alphabétique :. VIII Agutte-Bouyer. /ark:/12148/btv1b10084480b.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 332/373
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k1256583w/f332.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k1256583w/f332.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k1256583w/f332.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k1256583w/f332.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k1256583w
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k1256583w
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k1256583w/f332.image × Aide