Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC13-81
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/06/2016
292 LA VIE PARISIENNE 2J mai 1864.
L'OlCdipe de M. Moreau
SALON DE 1864
111. — L'HEURE OU LES BlhES PRENNENT LEUR NOURRITURE
est vers- six heures du soir, alors que le public a disparu de l'Exposition, que l'on donne la nour- riture aux exposes : nourriture saine, nhondante, au choix des consommateurs et que fournil le buf- le t de l'établissement.
A ce moment, une immense rumeur de déli- vrance et de joie se répand dans les si11 les ; tous ces pauvres malheureux, étendant leurs bras et leurs jambes, poussent de longs bâillements et appellent le gardon. Comme l'adminislnilien défend de sortir de son cadre sous aucun prétexte, serait-ce pour les besoins les plus urgents, chacun s'arrange con.mj il peut, eL nous saxons plus u'unc grande
dame qui dîne s ir ses genoux en relevant sa jupe pour éviter les tacher. Les têtes d'étude, les portraits jusqu'aux épaules sont fort embarrasses, et les gardiens leur introduisent eux-méme.' la pourrit.11 re d a 11 s la b o u c h e. Etrange, spectacle ! Et chose singulière, presque toutes les compositions gagnent à ce bou- leversement.
Le jour où nous y fûmes, nous aperçûmes tout d'abord l'lBd/lie de M. Moreau, — il était mécon- naissable. Entortillé dans le man- teau d'un gardien et coiffé de son tricorne, assis, triste, silencieux, il semblait être sousl'empire d'un fort accès de fièvre, et son silence n'était interrompu que par les éclats d'une petite toux sèche et profonde. J'ai vu de suite que ce jeune homme n''tait pas bien portant, et j'ai compris les mar- ques de condoléance et de sym- pathie dont il é ait l'objet. Cette journée m'a brisé, disait-il à sa poule, et il se frottait les ge- noux. J'ai aperçu M. Chesneau
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