Titre : La Vie parisienne : moeurs élégantes, choses du jour, fantaisies, voyages, théâtres, musique, modes / par Marcellin
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864
Contributeur : Marcelin, Émile (1825-1887). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328892561
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 1864 1864
Description : 1864 (A2,N1)- (A2,N25). 1864 (A2,N1)- (A2,N25).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1256583w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC13-81
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/06/2016
LA VIE PARISIENNE 7
à son oreille, lui dit ; Allons, mon chéri : Un agneau se désaltérait !
tu sais le petit agneau?
— Oui, petite mère; je sais bien le petit mouton qui voulait boire;
et d'une voix contrie, la tête penchée sur la poitrine, il répète en
faisant un gros soupir :
« Un agneau se désaltérait dans le courant d'une onde pure. »
Nous tous, l'oreille tendue et le sourire aux lèvres, nous suivons son
délicieux petit jargon.
L'oncle Bertrand, qui est un peu sourd, a fait un cornet de sa main
droite et a rapproché sa chaise. Ah! j'y suis, dit-il, c'est le renard
et les raisins. Et comme on fait chut à l'interrupteur, il ajoute: Oui'
oui, il récite avec finesse, beaucoup de finesse.
Le succès rend la confiance à mon chéri, qui termine sa fable par
un gros éclat de rire. La joie est communicative, et l'on se met à table
au milieu de la plus folle gaieté.
— A propos, dit mon père, où diable est ma lanterne? J'ai oublié
la cave. — Jean, mon vieux, prends ton panier, et allons fouiller
derrière les fagots.
Le potage fume, et ma mère, après avoir promené autour de la
table son bon regard souriant, plonge la cuillère dans la soupière.
Ma foi, vive la table de famille, 011 s'asseoient ceux qu'on aime,
où l'on risque au dessert un coude sur la nappe, où l'on retrouve à
trente ans le vin de son baptême !
LES CARTES DE VISITE
— Plein une corbeille, monsieur, HI, sur ma table; avec une lettre de
félicitation des tambours et mon bataillon par dessus.
— Mais n'y réponds pas, me dit ma femme.
— A qui, aux tambours ?
— Mais non, à toutes ces cartes ; car vraiment, je ne connais pas
d'homme plus ennemi que toi des devoirs de la société.
— Ne réponds pas' ennemi de la so-iété! Dis tout de suite que je suis
un peau rouge, un sauvage et un socialiste.
— Je ne dis pas cela.
— Non, dis-le, dis-le, ne te gêne pas. Depuis le jour de l'an, tu prends
à tâche de me contredire en tout. Pouvais-je deviner que tu voulais un
manchon, quand tu m'avais parlé avec enthousiasme, trois jours avant,
d'un porte-bouquet délicieux. J'achète un porte-bouquet charmant, en
filigrane, à jour, pas cher....
— Ah! voilà le fin mot, pas cher! Il serait de bon goût de ne pas me
le dire, tout au moins.
— Mais.... mais laisse-moi achever, pour l'amour de Dieu, ai-je dit
cher?
— Oui, certes.
— Eh bien je n'entends pas dire par là.... veux-tu me permettre d'a-
chever? Pas cher veut dire : d'un prix en rapport avec le... la... Il faut
s'entendre, ventre saint-gris, il faudrait s'entendre, et ne pas attacher
aux mots un sens qui n'est pas celui que l'on veut... bon. — Et mainte-
nant c'est un manchon qu'il te faut 1 Pouvais-je le deviner? la, pouvais-je
le deviner?
— Qu'elle singulière manie vous avez de sortir toujours de la ques-
tion ! Qui vous parle de manchons? Il s'agit de cartes de visite.
— Il s'agit du ton aigre avec lequel tu me reproches mon insociabilité;
et je sais que sous chacune de tes phrases se cache, comme un serpent
sous la fleur, la fameuse question du manchon, (il ouvre les enveloppes et
examine les cartes tout en causant.) Et le caractère des femmes est si bizarre,
car....
— Si celui des hommes n'était que cela !
— Veux-tu me permettre d'achever?
— Parfaitement, tu as la parole. Veux-tu un verre d'eau sucrée?
— Je dis simplement, que si je t'avais donné un manchon, à l'heure
qu'il est tu regretterais le porte-bouquet.
— Oui, oui, oui, c'est entendu, je suis une girouette.
— Oui, oui, oui, c'est réglé, je suis un sauvage, un peau rouge, un
phalanstérien. —Seigneur!
(Après un silence.)— Tiens, voilà la carte de mon bottier; grande
comme celle d'un ministre ; — il n'a pas la particule, mon bottier ? —
C'est étonnant. — Savetier va!
— Eh bien, que je ne réponds pas Il cet animal. là et il m'estropie le
mois prochain en me faisant des chaussures impossibles. Ça ne te fait pas
pitié?
(D'un air dégagé.) — Qu'csL-cc que Lu dis, mon ami ?
— Que les bottiers envoient leur carte. Qu'est-ce que j'enverrai donc,
moi, a mon supérieur?
— Aurais-tu un supérieur, mon ami ?
— Certainement. Certainement non je n'en ai pas à certains points de
vue, je ne m'en reconnais pas; mais, d'autre part, socialement parlant,il
est certain qu'il peut y avoir des gens qui... dont la position... — Ceci
m'empêche-t-il d'être indépendant? Crois-tu que les principes de 89 ne
reconnaissent pas une certaine hiérarchie? Enfin mon chef de division au
ministère est....
— Est ton supérieur.
— Non, non certainement. Il est pour ainsi dire l'intermédiaire entre
moi et le ministre: rien de plus. Test bien si tu veux une sorte de supé-
riorité apparente qui peut tromper, mais!...
— Alors, pourquoi as-tu bouleversé cette pauvre France en 89 pour
qu'il subsistât encore après de ces supériorités apparentes... ah! tues
superbe !
— Voyez-vous la question du manchon? —Seigneur !
Bon ! voilà la carte du petit Wilfrid. Plus grande que lui, et qui sent
bon encore ; moi qui déteste les odeurs ! Qu'est-ce que j'ai fait au petit
Wilfrid pour qu'il me poursuive ainsi de son nom, de son odeur et de son
adresse !
Les cartes des Cognard, maintenant. Cognard père, mère et enfants.
— Ce Cognard il devrait se cacher, ma parole d'honneur, au lieu de
s'exhiber lui et sa famille.
Il n'a pas un fameux passé, Cognard ! J'ai su au Crédit foncier des
histoires sur lui qui sont un peu... poivre et sel. — Est-ce qu'il ne t'a
pas demandé en mariage, cet Auvergnat de Cognard?
— (sèchement.) Qu'est-ce que tu dis ?
— (A part.) Je lui en achèterai un, mon Dieu ! un énorme en zibeline,
mais rendez-lui la douceur. (Haut.) Je ne dis rien. Je regardais la carte
des Cognard.
— C'est une famille charmante. — Est-ce que tu n'as pas eu des vues
sur la main de madame Cognard ?
— (A part.) Elle tourne à la rage, ma femme.—Oui, un énorme, doublé
en satin, mon Dieu, en satin jonquille, le fard des brunes. (Haut.) Jamais
de la vie, ma bonne amie. J'aurais demandé en mariage madame Co-
gnard qui était alors mademoiselle Ilonorin, qu'on eût été trop heureux
de me la donner.
— Voyez-vous cela !
— Certainement, trop heureux. J'avais déjà une position fort accep.
table et monsieur Honorin n'avait pas gagné ses millions, Qui diable
se serait douté que ce gaillard-là gagnerait des millions. Et avec quoi,
s'il vous plaît? avec une invention absurde, un système particulier de
coulisse à roulette pour les alcôves... ça l'ait pitié ! un enfant de quatre
ans aurait trouvé cela. Enfin, c'est superbe puisqu'il a fait fortune. Ah!
parbleu, si mon père avait pu prévoir, il m'aurait donné son consente-
ment les yeux fermés.
— Son consentement ! Quand je te disais que tu l'avais demandée en
mariage.
— Mais non ! puisque je te dis que non... Veux-tu me permettre d'a-
chever et ne pas me rire au nez? — Tu crois toujours tout comprendre
et tu ne comprends rien du tout. Je t'ai dit... mais en somme je suis bien
bon de t'expliqtier ! Tant que tu n auras pas ton manchon, tu ne seras pas
bonne à prendre avec deb pincettes.
Tiens! la carte de M. de Saint-Bœuf. — Crois-tu pas que je ne te di-
rais pas franchement si cela étail ! Oui, j'ai demandé mademoiselle Ho-
norin en mariage — Il n'y a pas de mal à cela après tout. — Grand-
Croix de l'ordre de... Officier de l'ordre de... Membre de la Société de...
Qu'est-ce que cela me fait à moi. C'est un charlatan, ce monsieur de
Bœuf ! Certainement que je te le dirais : je l'ai demandée en mariage.
Je n'ai jamais rougi de mes actions.
Madame Frangival... Frangivel... qu'est-ce que c'est que cette carte-là?
avec un almanach derrière. Frangivel! Est-ce que tu connais cela? Ah 1
je n'avais pas vu . Madame Frangivel sage-femme. Que le bon Dieu la
bénisse, j'ai mes fournisseurs, (il agite. les cartes dans la corbeille.) Eh
bien, commences-tu a comprendre combien est absurde cet usage des
cartes de visite? Tu me parlais de devoirs sociaux; est-ce que c'est un
devoir social, en vérité, que de renvoyer ma carte à mon bottier et à
Mme Frangival et à M. Cognard? Est-ce que je tiens à établir des relations
avec tout ce monde-la, avec cette foule d'mtrigants, de mendiants, —
pourquoi ne le dirai je pas? oui de mendiants.
Voilà encore la carte de M. de Bival; un joli garçon que ce Bival-Ia qui
m'a emporté six termes. Six termes, monsieur de Bival! et toutes les fois
qu'il me rencontre dans la rue, il vient à moi, le chapeau à la main.
Vous ne perdrez pas un sou, me dit-il, c'est pour moi une dette d'hon-
neur. Pas un sou, vous m'entendez? —Mes affaires vont admirablement.
— Allons , c'est très bien, monsieur de Bival, j'en suis ravi, au plaisir
de vous revoir.
— Non pas, ajoute-t-il en me retenant, avant de m'avoir dit le jour où
l'on vous trouve chez vous. Je veux en finir avec cette petite dette.
— Mais tous les jours de la vie avant midi, vous le savez bien,
monsieur de Bival.
— Voilà huit ans qu'il me fait cette même plaisanterie et qu'au jour de
l'an il m'envoie sa carte avec une couronne de comte en haut. Quel sal-
timbanque l La caite de llinef. Il n'est donc pas mort? Il y a des gens
qui ont une veine 1 Tu vas voir qu'il viendra dans quinze jours me pro-
poser un placement d'argent, des terrains pleins d'avenir. — Qu'on est
heureux de regarder l'humanité de haut !
à son oreille, lui dit ; Allons, mon chéri : Un agneau se désaltérait !
tu sais le petit agneau?
— Oui, petite mère; je sais bien le petit mouton qui voulait boire;
et d'une voix contrie, la tête penchée sur la poitrine, il répète en
faisant un gros soupir :
« Un agneau se désaltérait dans le courant d'une onde pure. »
Nous tous, l'oreille tendue et le sourire aux lèvres, nous suivons son
délicieux petit jargon.
L'oncle Bertrand, qui est un peu sourd, a fait un cornet de sa main
droite et a rapproché sa chaise. Ah! j'y suis, dit-il, c'est le renard
et les raisins. Et comme on fait chut à l'interrupteur, il ajoute: Oui'
oui, il récite avec finesse, beaucoup de finesse.
Le succès rend la confiance à mon chéri, qui termine sa fable par
un gros éclat de rire. La joie est communicative, et l'on se met à table
au milieu de la plus folle gaieté.
— A propos, dit mon père, où diable est ma lanterne? J'ai oublié
la cave. — Jean, mon vieux, prends ton panier, et allons fouiller
derrière les fagots.
Le potage fume, et ma mère, après avoir promené autour de la
table son bon regard souriant, plonge la cuillère dans la soupière.
Ma foi, vive la table de famille, 011 s'asseoient ceux qu'on aime,
où l'on risque au dessert un coude sur la nappe, où l'on retrouve à
trente ans le vin de son baptême !
LES CARTES DE VISITE
— Plein une corbeille, monsieur, HI, sur ma table; avec une lettre de
félicitation des tambours et mon bataillon par dessus.
— Mais n'y réponds pas, me dit ma femme.
— A qui, aux tambours ?
— Mais non, à toutes ces cartes ; car vraiment, je ne connais pas
d'homme plus ennemi que toi des devoirs de la société.
— Ne réponds pas' ennemi de la so-iété! Dis tout de suite que je suis
un peau rouge, un sauvage et un socialiste.
— Je ne dis pas cela.
— Non, dis-le, dis-le, ne te gêne pas. Depuis le jour de l'an, tu prends
à tâche de me contredire en tout. Pouvais-je deviner que tu voulais un
manchon, quand tu m'avais parlé avec enthousiasme, trois jours avant,
d'un porte-bouquet délicieux. J'achète un porte-bouquet charmant, en
filigrane, à jour, pas cher....
— Ah! voilà le fin mot, pas cher! Il serait de bon goût de ne pas me
le dire, tout au moins.
— Mais.... mais laisse-moi achever, pour l'amour de Dieu, ai-je dit
cher?
— Oui, certes.
— Eh bien je n'entends pas dire par là.... veux-tu me permettre d'a-
chever? Pas cher veut dire : d'un prix en rapport avec le... la... Il faut
s'entendre, ventre saint-gris, il faudrait s'entendre, et ne pas attacher
aux mots un sens qui n'est pas celui que l'on veut... bon. — Et mainte-
nant c'est un manchon qu'il te faut 1 Pouvais-je le deviner? la, pouvais-je
le deviner?
— Qu'elle singulière manie vous avez de sortir toujours de la ques-
tion ! Qui vous parle de manchons? Il s'agit de cartes de visite.
— Il s'agit du ton aigre avec lequel tu me reproches mon insociabilité;
et je sais que sous chacune de tes phrases se cache, comme un serpent
sous la fleur, la fameuse question du manchon, (il ouvre les enveloppes et
examine les cartes tout en causant.) Et le caractère des femmes est si bizarre,
car....
— Si celui des hommes n'était que cela !
— Veux-tu me permettre d'achever?
— Parfaitement, tu as la parole. Veux-tu un verre d'eau sucrée?
— Je dis simplement, que si je t'avais donné un manchon, à l'heure
qu'il est tu regretterais le porte-bouquet.
— Oui, oui, oui, c'est entendu, je suis une girouette.
— Oui, oui, oui, c'est réglé, je suis un sauvage, un peau rouge, un
phalanstérien. —Seigneur!
(Après un silence.)— Tiens, voilà la carte de mon bottier; grande
comme celle d'un ministre ; — il n'a pas la particule, mon bottier ? —
C'est étonnant. — Savetier va!
— Eh bien, que je ne réponds pas Il cet animal. là et il m'estropie le
mois prochain en me faisant des chaussures impossibles. Ça ne te fait pas
pitié?
(D'un air dégagé.) — Qu'csL-cc que Lu dis, mon ami ?
— Que les bottiers envoient leur carte. Qu'est-ce que j'enverrai donc,
moi, a mon supérieur?
— Aurais-tu un supérieur, mon ami ?
— Certainement. Certainement non je n'en ai pas à certains points de
vue, je ne m'en reconnais pas; mais, d'autre part, socialement parlant,il
est certain qu'il peut y avoir des gens qui... dont la position... — Ceci
m'empêche-t-il d'être indépendant? Crois-tu que les principes de 89 ne
reconnaissent pas une certaine hiérarchie? Enfin mon chef de division au
ministère est....
— Est ton supérieur.
— Non, non certainement. Il est pour ainsi dire l'intermédiaire entre
moi et le ministre: rien de plus. Test bien si tu veux une sorte de supé-
riorité apparente qui peut tromper, mais!...
— Alors, pourquoi as-tu bouleversé cette pauvre France en 89 pour
qu'il subsistât encore après de ces supériorités apparentes... ah! tues
superbe !
— Voyez-vous la question du manchon? —Seigneur !
Bon ! voilà la carte du petit Wilfrid. Plus grande que lui, et qui sent
bon encore ; moi qui déteste les odeurs ! Qu'est-ce que j'ai fait au petit
Wilfrid pour qu'il me poursuive ainsi de son nom, de son odeur et de son
adresse !
Les cartes des Cognard, maintenant. Cognard père, mère et enfants.
— Ce Cognard il devrait se cacher, ma parole d'honneur, au lieu de
s'exhiber lui et sa famille.
Il n'a pas un fameux passé, Cognard ! J'ai su au Crédit foncier des
histoires sur lui qui sont un peu... poivre et sel. — Est-ce qu'il ne t'a
pas demandé en mariage, cet Auvergnat de Cognard?
— (sèchement.) Qu'est-ce que tu dis ?
— (A part.) Je lui en achèterai un, mon Dieu ! un énorme en zibeline,
mais rendez-lui la douceur. (Haut.) Je ne dis rien. Je regardais la carte
des Cognard.
— C'est une famille charmante. — Est-ce que tu n'as pas eu des vues
sur la main de madame Cognard ?
— (A part.) Elle tourne à la rage, ma femme.—Oui, un énorme, doublé
en satin, mon Dieu, en satin jonquille, le fard des brunes. (Haut.) Jamais
de la vie, ma bonne amie. J'aurais demandé en mariage madame Co-
gnard qui était alors mademoiselle Ilonorin, qu'on eût été trop heureux
de me la donner.
— Voyez-vous cela !
— Certainement, trop heureux. J'avais déjà une position fort accep.
table et monsieur Honorin n'avait pas gagné ses millions, Qui diable
se serait douté que ce gaillard-là gagnerait des millions. Et avec quoi,
s'il vous plaît? avec une invention absurde, un système particulier de
coulisse à roulette pour les alcôves... ça l'ait pitié ! un enfant de quatre
ans aurait trouvé cela. Enfin, c'est superbe puisqu'il a fait fortune. Ah!
parbleu, si mon père avait pu prévoir, il m'aurait donné son consente-
ment les yeux fermés.
— Son consentement ! Quand je te disais que tu l'avais demandée en
mariage.
— Mais non ! puisque je te dis que non... Veux-tu me permettre d'a-
chever et ne pas me rire au nez? — Tu crois toujours tout comprendre
et tu ne comprends rien du tout. Je t'ai dit... mais en somme je suis bien
bon de t'expliqtier ! Tant que tu n auras pas ton manchon, tu ne seras pas
bonne à prendre avec deb pincettes.
Tiens! la carte de M. de Saint-Bœuf. — Crois-tu pas que je ne te di-
rais pas franchement si cela étail ! Oui, j'ai demandé mademoiselle Ho-
norin en mariage — Il n'y a pas de mal à cela après tout. — Grand-
Croix de l'ordre de... Officier de l'ordre de... Membre de la Société de...
Qu'est-ce que cela me fait à moi. C'est un charlatan, ce monsieur de
Bœuf ! Certainement que je te le dirais : je l'ai demandée en mariage.
Je n'ai jamais rougi de mes actions.
Madame Frangival... Frangivel... qu'est-ce que c'est que cette carte-là?
avec un almanach derrière. Frangivel! Est-ce que tu connais cela? Ah 1
je n'avais pas vu . Madame Frangivel sage-femme. Que le bon Dieu la
bénisse, j'ai mes fournisseurs, (il agite. les cartes dans la corbeille.) Eh
bien, commences-tu a comprendre combien est absurde cet usage des
cartes de visite? Tu me parlais de devoirs sociaux; est-ce que c'est un
devoir social, en vérité, que de renvoyer ma carte à mon bottier et à
Mme Frangival et à M. Cognard? Est-ce que je tiens à établir des relations
avec tout ce monde-la, avec cette foule d'mtrigants, de mendiants, —
pourquoi ne le dirai je pas? oui de mendiants.
Voilà encore la carte de M. de Bival; un joli garçon que ce Bival-Ia qui
m'a emporté six termes. Six termes, monsieur de Bival! et toutes les fois
qu'il me rencontre dans la rue, il vient à moi, le chapeau à la main.
Vous ne perdrez pas un sou, me dit-il, c'est pour moi une dette d'hon-
neur. Pas un sou, vous m'entendez? —Mes affaires vont admirablement.
— Allons , c'est très bien, monsieur de Bival, j'en suis ravi, au plaisir
de vous revoir.
— Non pas, ajoute-t-il en me retenant, avant de m'avoir dit le jour où
l'on vous trouve chez vous. Je veux en finir avec cette petite dette.
— Mais tous les jours de la vie avant midi, vous le savez bien,
monsieur de Bival.
— Voilà huit ans qu'il me fait cette même plaisanterie et qu'au jour de
l'an il m'envoie sa carte avec une couronne de comte en haut. Quel sal-
timbanque l La caite de llinef. Il n'est donc pas mort? Il y a des gens
qui ont une veine 1 Tu vas voir qu'il viendra dans quinze jours me pro-
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