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LA VIE PARISIENNE
LA BALLADE DES TRENTE CINQ
(Avril 1861)
Hurrah pour les braves qui savent combattre un contre dix, un
eontre cent, un contre mi)Ic! Ilurrah pour les Danois! Hurrah
pour la Pologne ! Hurrah pour nos trente cinq !
y avait trenie cinq hommes occupés il forer le puits d'Aïn-
Cuettouta, trente-cinq hommes du bataillon d'Afrique, les panas de
laimee, ils étaient-la a donner de l'eau au désert.
sans défiance travaillaient sous lj soleil pour que les
lits d Isrnaè i, pasteurs, chameliers, conducteurs de caravanes, truu-
vassent-Ià de quoi se rafraîchir Ù, l'heure du midi.
Depuis plusieurs jours quelques-uns disaient que la-bas, au loin,
dans la plaine infinie, on voyait parfois passer des cavaliers dont les
armes brillaient sous les bon mous flottants.
vieux se moquaient d'cu.\ en disant : Allons donc ! trembleurs,
C'est le mirage ! Mais les jeunes, tout en se remettant au travail répli-
quaient : Ce sont des bournous!
P arfois, la nuit, la sentinelle voyait, rapides comme l'éclair,
passer des fantômes blancs et de sinistres éclats de rire déchiraient
le silence du désert endormi.
Quand on v enait. la relever, elle disait ce qu'elle avait vu et entendu
et le caporal haussait les épaules, et s'en allait en disant : Les fantômes
sont des autruches, et les éclats de rire, les cris des chacals
Cependant des arabes, il la mine étrange, étaient venus plusieurs
fois causer mystérieusement avec le sous-lieutenant Marsault, qui
commandait la colonne, et chaque ibis il était rentré soucieux sous sa
tente.
Puis les vivres qui venaient régulièrement tous les dix jours man-
quèrent tout a coup. Un jour se passa, puis deux, puis trois. La nuit
du troisième jour, après avoir rait distribuer la dernière ration de
les tentes6 UlCr biscuit, le sous-lieutenant, sans rien dire, fit plier
P uis après 1 appel qui eut lieu à voix basse, l'officier passa l'ins-
peclion des armes, visita les cartouchières, fit charger les fusils, et
contrairement il la coutume fit mettre la büYOllllel te au canon et
commanda . Loltttne, en avant! Pas accéléré, marche!
On marcha silencieusement toute la nuit ; mais vers le petit jour
on aperçut a 1 horizon un point blanc qui semblait grandir, grandir,
et devint une li,,tie ; et la ligne s'approchait de plus en plus en s'élar-
gissant.
Cette fois, les vieux mêmes froncèrent le sourcil et le commandant
du détachement regarda longtemps pensif, en jetant de côté un coup
d œil sur le visage de ses hommes.
La ligne s élargissait et s'approchait toujours , et il observa long-
temps encore; il pensait : La patrie m'a donné trente-cinq hommes
U s compte. Qu'est-ce qui vient la-bas?...
J ij uis il se retourna d'un autre côté, et il vit une autre ligne blanche
qui se rapprochait aussi et qui finit par rejoindre la première. 11
tira sou sabre et fit signe au clairon qui sonna : halle!
l\on-scuicmcnf on voyait distinctement les bournous, mais les rayons
au soleil venaient diamauter les armes qu'on brandissait, et l'on en-
bataiîle iIS laU(IUeS et gu Ltu ra.ux que l'Arabe pousse dans la
Alors l'offi.:icl' fil former le carré: et s'écria : « Camarades, il va
» aire chaud! Aous n'avons plus ck vivres, mais nous avons des car-
" xaret est Ù. ,i() lieues encore. Je ne vous i irai pas comme
» Lelièvre aux 123 zéphyrs de Mazagran : 11 l'dut vaincre ou mourir!
» Aon ; la mort même nous est défendue. Il faut vainc ru et armer
» a liaret afin de prévenir les nôtres : n Et on continua a marcher
en carré.
Alors ces hommes, ces entachés, ces révoltés incotrigibles , ocri
virent a coups de fusil une des plus belles pages de l'HUoire d'Al-
gérie.
ignoraient que Si-Selima.ll-ben.llamza. de la ramille Hou-
rni!n J?"6!! ?"! du Prophète, avait levé 1 étendard de la ré vulle et
cntruÎné Beker, les Ouled-Sidi-Chich dans le désert.
s ignoraient qu'après onze heures d'un combat acharne, à la tète
sa Lololllle.puissantes tribus du Tclla ' Ils amient lieauprètre et
Ils ignoraient, qu'enfermés dans la Kouba de Sidi-Saacl-:\aur, les
cavaliers qui gardaient les étalons d'Aïn-Ousseugh étaient cil ce mo-
Méil'îan pal' lIarntl'ii et attendaient le. secours de BelJi-
savaient sur ricn; et, comme une avant-garde fidèle, ils se
"rr M1' ,lj COl'pS ll année pour le prévenir de l'atlaque d'un
pn nm; 1 .aUeil'Ju' ~ seiilemenl le corps d'armée était à quarante
1
lieues i?.1,?.'- de 1 avant-garde.
heures, Bédouins arrivant comme un oura-
ce C l,1iesse vivante, essayèrent vainement ue l'entamer
ou L C1, ba iiiarclie ; repousses chaque fuis, ils disparaissaient et
le enaient une heuie ou deux après.
llourrÏ les fccevu:ellt; e!'t ; ils décha rgeaient leurs armes et un
faisaient génie feu sa",l, diîL°urn hkin lames aiguë:3 et bnlla-ulus des llissahs en poussant
des cris dee^uïh?e
Lue fois, on L1cha le mulet qui portait les bagages du détachement
pendant que les pillards se ruaient sur les deux cantines, on s'exer-
çait sur eux à la cible, — chaque coup de feu, chaque maraudeur
à has.
Le lendemain matin, A une nouvelle attaque, on leur abandonna
les^ sacs, et, pendant qu'ils les fouillaient, on continua à les tirer.
Mai-, la ration de café et le biscuit de la veille étaient loin, et, pen-
dant toute ce' te marche terrible, on ne mangeait plus que la poudre
de la cartouche.
Pourtant pas un ne faiblit. —Dans les moments de rérit on pres-
sait la marche, il s'en trouvait qui malgré eux dormaient mais allaient
toujours. 1) autres, les yeux grands ouverts, épuisés par la marche
et le jeûne, signalaient^ un point imaginaire en disant : voilà Tiaret !
Ils montraient dans l'espace des murailles, des jardins, des maisons
absentes.
Les camarades souriaient tristement et quelques-uns pensaient. —
1 laref est loin et nous ne le reverrons pas.
Enfin, au bout d 'iiii jour et demi, Tiaret apparut. Ils y entrèrent,
pales, décharnés, en lambeaux , mais les rangs serrés.... Il en man-
quait trois.
Le soir, un des trois reparut. Il se croyait bien le dernier des siens;
if était IIU, avait un coup de feu dans l'épaule et un coup de couteau
uans le ventre, mais comme le soldat de Marathon, il était arrivé !
LDOUAI'.D SlEBECKEIl.
ENCORE IX .MOT
SUR LE SHAKESPEARE DE VICTOR H U('IO
Mon cher Marcclin.
J'ai vu la charge que vous avez laite sur le nouveau livre de Yicl,)r Jlug ; elle est
fort jolie, niais permettez-moi île vous dire que je ne la trouve pas lout a fait jusie.
Si la cri tique doit s'exercer, lout eloije n* doit pas se taire. Voici un article il ue je
vous destinais, el qui, a défaut d'autre mérite, a du moins celui (te se tenir aussi loin
des admirateurs, que des détracteurs quand meute ; je vous t'eavuie, vous en ferez ce
que vous voudrez.
A vous, 1IENRY MARET.
Lorsqu'on pose un livre, de Victor Hugo, après l'avoir dévoré jusqu'à
la dernière ligne (et ce sont de Cl'. livres qu'on dévore toujours),
l'esprit est brise, torturé, anéanti. Tant de mots étranges, les uns
scintillants, les autres sonores, d'autres simplement incompréhen-
sibles, lant de phrases ardentes, scindées, monotones, antithétiques,
tant d'énumératious eil'rayuntes, se heurtent et s'enehevefrent dans
le cerveau du lecteur, qu'il lui devient vraiment très-diflicile de faire
le jour dans cet abîme. Cela apparaît d'abord comme l'Océan, que le
puete décrit lui-même, et qu'il compare à Shakespeare... « Ce, tu fers
et ces paradis de ï immensité éternellement émtte. » Peu à peu, la réflexion
venant au secours du saisissement, on s'aperçait que ces mille feux
ne sont que des étincelles de la même llamme, et que ces entasse-
ments de syllabes sont des masques, derrière lesquels se cachent un
très-petit nombre d'idées.
Qu'on ne prenne pas ce que je dis pour une critique, au moins dans
le premier sens qui se présente. Tous les poètes sont ainsi. Changer
les traits d'une idée n'est pas chose facile il tout le monde. Il serait
plus juste de reprocher à JI. Victor Hugo de répéter la forme aussi
souvent que le l'ond.
Quelles sont les idées contenues dans ce nouveau volume intitule :
\y,¡ lÙun hlnikcspear^ ?
!)abord, la glorification du grand écrivain anglais. Vous lie serez
pas étonne, si je vous dis, et ce ne serait pas connaître Hugo, de
ne pas croire cette partie de l'Œuvre très-sacrifiée, En eti'et, malgré
tout son enthousiasme, la grande préoccupation de l'auteur n'est pas
fii. Il nous conte donc en quelques mois la vie de l'homme, et court à
la philosophie,
Victor Hugo n'est ni critique, ni philosophe. Ses appréciations sur
Shakespeare ne s'appuient sur aucune base, sur aucun principe; ce
snnl. des images qui s'envolent à tous les vents. Quant à la philoso-
phie, ses chapitres sur l'art et sur les âmes rappellent les vers pan-
théi-tes des (.onfemplalions. Bulles gonflées, qui vous cachent le soleil,
j entends la vérité.
.Notons, en passant, qu'ici le poète fait sa profession de foi reli-
gieuse. « Je ne cruis il rien en dehors de Dieu. » Le panthéisme est dé-
claré. lit c'est la chose la plus singulière du monde, que de le con-
stater dans cette âme fougueuse qui n'a rien de l'indifférence de
Goethe, ni de la froideur de Lucrèce.
Les lecteurs de la Vie pariait une ne peuvent s'attendre à me voir
discuter les opinions de ce livre. Un volume n'y suffirait pas. Il m'en
faudrait, je l'avoue, un tout aussi gros que le Shakespeare, pour dé-
mêler d'une façon sensée les erreurs des vérités.
Laissons l'erreur, et passons à la vérité, c'est-à-dire à l'éloge. La
LA VIE PARISIENNE
LA BALLADE DES TRENTE CINQ
(Avril 1861)
Hurrah pour les braves qui savent combattre un contre dix, un
eontre cent, un contre mi)Ic! Ilurrah pour les Danois! Hurrah
pour la Pologne ! Hurrah pour nos trente cinq !
y avait trenie cinq hommes occupés il forer le puits d'Aïn-
Cuettouta, trente-cinq hommes du bataillon d'Afrique, les panas de
laimee, ils étaient-la a donner de l'eau au désert.
sans défiance travaillaient sous lj soleil pour que les
lits d Isrnaè i, pasteurs, chameliers, conducteurs de caravanes, truu-
vassent-Ià de quoi se rafraîchir Ù, l'heure du midi.
Depuis plusieurs jours quelques-uns disaient que la-bas, au loin,
dans la plaine infinie, on voyait parfois passer des cavaliers dont les
armes brillaient sous les bon mous flottants.
vieux se moquaient d'cu.\ en disant : Allons donc ! trembleurs,
C'est le mirage ! Mais les jeunes, tout en se remettant au travail répli-
quaient : Ce sont des bournous!
P arfois, la nuit, la sentinelle voyait, rapides comme l'éclair,
passer des fantômes blancs et de sinistres éclats de rire déchiraient
le silence du désert endormi.
Quand on v enait. la relever, elle disait ce qu'elle avait vu et entendu
et le caporal haussait les épaules, et s'en allait en disant : Les fantômes
sont des autruches, et les éclats de rire, les cris des chacals
Cependant des arabes, il la mine étrange, étaient venus plusieurs
fois causer mystérieusement avec le sous-lieutenant Marsault, qui
commandait la colonne, et chaque ibis il était rentré soucieux sous sa
tente.
Puis les vivres qui venaient régulièrement tous les dix jours man-
quèrent tout a coup. Un jour se passa, puis deux, puis trois. La nuit
du troisième jour, après avoir rait distribuer la dernière ration de
les tentes6 UlCr biscuit, le sous-lieutenant, sans rien dire, fit plier
P uis après 1 appel qui eut lieu à voix basse, l'officier passa l'ins-
peclion des armes, visita les cartouchières, fit charger les fusils, et
contrairement il la coutume fit mettre la büYOllllel te au canon et
commanda . Loltttne, en avant! Pas accéléré, marche!
On marcha silencieusement toute la nuit ; mais vers le petit jour
on aperçut a 1 horizon un point blanc qui semblait grandir, grandir,
et devint une li,,tie ; et la ligne s'approchait de plus en plus en s'élar-
gissant.
Cette fois, les vieux mêmes froncèrent le sourcil et le commandant
du détachement regarda longtemps pensif, en jetant de côté un coup
d œil sur le visage de ses hommes.
La ligne s élargissait et s'approchait toujours , et il observa long-
temps encore; il pensait : La patrie m'a donné trente-cinq hommes
U s compte. Qu'est-ce qui vient la-bas?...
J ij uis il se retourna d'un autre côté, et il vit une autre ligne blanche
qui se rapprochait aussi et qui finit par rejoindre la première. 11
tira sou sabre et fit signe au clairon qui sonna : halle!
l\on-scuicmcnf on voyait distinctement les bournous, mais les rayons
au soleil venaient diamauter les armes qu'on brandissait, et l'on en-
bataiîle iIS laU(IUeS et gu Ltu ra.ux que l'Arabe pousse dans la
Alors l'offi.:icl' fil former le carré: et s'écria : « Camarades, il va
» aire chaud! Aous n'avons plus ck vivres, mais nous avons des car-
" xaret est Ù. ,i() lieues encore. Je ne vous i irai pas comme
» Lelièvre aux 123 zéphyrs de Mazagran : 11 l'dut vaincre ou mourir!
» Aon ; la mort même nous est défendue. Il faut vainc ru et armer
» a liaret afin de prévenir les nôtres : n Et on continua a marcher
en carré.
Alors ces hommes, ces entachés, ces révoltés incotrigibles , ocri
virent a coups de fusil une des plus belles pages de l'HUoire d'Al-
gérie.
ignoraient que Si-Selima.ll-ben.llamza. de la ramille Hou-
rni!n J?"6!! ?"! du Prophète, avait levé 1 étendard de la ré vulle et
cntruÎné Beker, les Ouled-Sidi-Chich dans le désert.
s ignoraient qu'après onze heures d'un combat acharne, à la tète
sa Lololllle.puissantes tribus du Tclla ' Ils amient lieauprètre et
Ils ignoraient, qu'enfermés dans la Kouba de Sidi-Saacl-:\aur, les
cavaliers qui gardaient les étalons d'Aïn-Ousseugh étaient cil ce mo-
Méil'îan pal' lIarntl'ii et attendaient le. secours de BelJi-
savaient sur ricn; et, comme une avant-garde fidèle, ils se
"rr M1' ,lj COl'pS ll année pour le prévenir de l'atlaque d'un
pn nm; 1 .aUeil'Ju' ~ seiilemenl le corps d'armée était à quarante
1
lieues i?.1,?.'- de 1 avant-garde.
heures, Bédouins arrivant comme un oura-
ce C l,1iesse vivante, essayèrent vainement ue l'entamer
ou L C1, ba iiiarclie ; repousses chaque fuis, ils disparaissaient et
le enaient une heuie ou deux après.
llourrÏ les fccevu:ellt; e!'t ; ils décha rgeaient leurs armes et un
faisaient génie feu sa",l, diîL°urn
des cris dee^uïh?e
Lue fois, on L1cha le mulet qui portait les bagages du détachement
pendant que les pillards se ruaient sur les deux cantines, on s'exer-
çait sur eux à la cible, — chaque coup de feu, chaque maraudeur
à has.
Le lendemain matin, A une nouvelle attaque, on leur abandonna
les^ sacs, et, pendant qu'ils les fouillaient, on continua à les tirer.
Mai-, la ration de café et le biscuit de la veille étaient loin, et, pen-
dant toute ce' te marche terrible, on ne mangeait plus que la poudre
de la cartouche.
Pourtant pas un ne faiblit. —Dans les moments de rérit on pres-
sait la marche, il s'en trouvait qui malgré eux dormaient mais allaient
toujours. 1) autres, les yeux grands ouverts, épuisés par la marche
et le jeûne, signalaient^ un point imaginaire en disant : voilà Tiaret !
Ils montraient dans l'espace des murailles, des jardins, des maisons
absentes.
Les camarades souriaient tristement et quelques-uns pensaient. —
1 laref est loin et nous ne le reverrons pas.
Enfin, au bout d 'iiii jour et demi, Tiaret apparut. Ils y entrèrent,
pales, décharnés, en lambeaux , mais les rangs serrés.... Il en man-
quait trois.
Le soir, un des trois reparut. Il se croyait bien le dernier des siens;
if était IIU, avait un coup de feu dans l'épaule et un coup de couteau
uans le ventre, mais comme le soldat de Marathon, il était arrivé !
LDOUAI'.D SlEBECKEIl.
ENCORE IX .MOT
SUR LE SHAKESPEARE DE VICTOR H U('IO
Mon cher Marcclin.
J'ai vu la charge que vous avez laite sur le nouveau livre de Yicl,)r Jlug ; elle est
fort jolie, niais permettez-moi île vous dire que je ne la trouve pas lout a fait jusie.
Si la cri tique doit s'exercer, lout eloije n* doit pas se taire. Voici un article il ue je
vous destinais, el qui, a défaut d'autre mérite, a du moins celui (te se tenir aussi loin
des admirateurs, que des détracteurs quand meute ; je vous t'eavuie, vous en ferez ce
que vous voudrez.
A vous, 1IENRY MARET.
Lorsqu'on pose un livre, de Victor Hugo, après l'avoir dévoré jusqu'à
la dernière ligne (et ce sont de Cl'. livres qu'on dévore toujours),
l'esprit est brise, torturé, anéanti. Tant de mots étranges, les uns
scintillants, les autres sonores, d'autres simplement incompréhen-
sibles, lant de phrases ardentes, scindées, monotones, antithétiques,
tant d'énumératious eil'rayuntes, se heurtent et s'enehevefrent dans
le cerveau du lecteur, qu'il lui devient vraiment très-diflicile de faire
le jour dans cet abîme. Cela apparaît d'abord comme l'Océan, que le
puete décrit lui-même, et qu'il compare à Shakespeare... « Ce, tu fers
et ces paradis de ï immensité éternellement émtte. » Peu à peu, la réflexion
venant au secours du saisissement, on s'aperçait que ces mille feux
ne sont que des étincelles de la même llamme, et que ces entasse-
ments de syllabes sont des masques, derrière lesquels se cachent un
très-petit nombre d'idées.
Qu'on ne prenne pas ce que je dis pour une critique, au moins dans
le premier sens qui se présente. Tous les poètes sont ainsi. Changer
les traits d'une idée n'est pas chose facile il tout le monde. Il serait
plus juste de reprocher à JI. Victor Hugo de répéter la forme aussi
souvent que le l'ond.
Quelles sont les idées contenues dans ce nouveau volume intitule :
\y,¡ lÙun hlnikcspear^ ?
!)abord, la glorification du grand écrivain anglais. Vous lie serez
pas étonne, si je vous dis, et ce ne serait pas connaître Hugo, de
ne pas croire cette partie de l'Œuvre très-sacrifiée, En eti'et, malgré
tout son enthousiasme, la grande préoccupation de l'auteur n'est pas
fii. Il nous conte donc en quelques mois la vie de l'homme, et court à
la philosophie,
Victor Hugo n'est ni critique, ni philosophe. Ses appréciations sur
Shakespeare ne s'appuient sur aucune base, sur aucun principe; ce
snnl. des images qui s'envolent à tous les vents. Quant à la philoso-
phie, ses chapitres sur l'art et sur les âmes rappellent les vers pan-
théi-tes des (.onfemplalions. Bulles gonflées, qui vous cachent le soleil,
j entends la vérité.
.Notons, en passant, qu'ici le poète fait sa profession de foi reli-
gieuse. « Je ne cruis il rien en dehors de Dieu. » Le panthéisme est dé-
claré. lit c'est la chose la plus singulière du monde, que de le con-
stater dans cette âme fougueuse qui n'a rien de l'indifférence de
Goethe, ni de la froideur de Lucrèce.
Les lecteurs de la Vie pariait une ne peuvent s'attendre à me voir
discuter les opinions de ce livre. Un volume n'y suffirait pas. Il m'en
faudrait, je l'avoue, un tout aussi gros que le Shakespeare, pour dé-
mêler d'une façon sensée les erreurs des vérités.
Laissons l'erreur, et passons à la vérité, c'est-à-dire à l'éloge. La
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