Titre : La Vie parisienne : moeurs élégantes, choses du jour, fantaisies, voyages, théâtres, musique, modes / par Marcellin
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864
Contributeur : Marcelin, Émile (1825-1887). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328892561
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 1864 1864
Description : 1864 (A2,N1)- (A2,N25). 1864 (A2,N1)- (A2,N25).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1256583w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC13-81
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/06/2016
LA VIE PARISIENNE 245
L'ANGLETERRE \
AU TEMPS DE SHAKESPEARE
Voici un article en dehors de toute habitude : il ne va pas tenir moins de cinq pages,
et en texte serré, et sur un sujet en apparence bien différent des sujets flivoles que
traite ordinairement la Vie Parisienne. Rassurez-vous, lecteur ! jamais, je vous le jure
la Vie Parisienne n'aura publié article plus attrayant, plus fantaisiste, plus bizarre!
et en même temps plus vrai , plus serré, plus nerveux que cet extrait d'un
grave et volumineux ouvrage récemment paru : ¡'Histoire de la tittéralure anglaise ' par
Taine.
Je n'y avais d'abord cherché que quelques renseignements sur Shakespeare, désirant
parler un peu ici du grand poète, dont, à tort ou à raison, tous les autres journaux
se sont occupés ces derniers temps. Une fuis le livre ouvert, il m'a été impossible de
ne pas le lire en entier. Un système historique dont le développement passionne comme
le plus intéressant roman; le brio, l'imprévu, les saillies du plus bizarre des humo-
ristes, à côté de la logique la plus exacte, la plus honnête, la plus limpide, la plus
à la portée des plus grands comme des plus humbles; et cela dès la première page.
Un mot sur ce fameux système historique qui a valu à l'auteur tant d'injures, dont
1rs moindres sont les noms de fataliste, panthéiste, athée, une foule de g os mots aux-
quels je ii entends rien, non plus que vous, madame, tandis que j'entends fort claiie-
ment, et du premier coup, tout ce que l'auteur a voulu dire dans son livre; il a d ail-
leurs la fâcheuse habitude d'élucider à ce point les termes de ses propositions que
sous sa plume, les plus hautes vérités philosophiques deviennent, à force d'évidence''
des vérités de Lapalisse.
Avez-vous voyagé, madame, seulement dans le nord et dans le midi de la France?
Ou mieux, vous souvenez-vous simplement avoir eu froid et avoir eu chaud? Vous sou-
venez-vous, dans les jours pluvieux et glacés, comme vous lestiez volontiers au coin du
votre feu, comme vos rêveries se ressentaient de la tristesse du temps? Au contraire, par
les jours d élé et de beau soleil, quelle gaîté alerte, quel plaisir de vivre, quels songes
voluptueux s'éveillaient en vous. Eli bien, la différence des littératures et des arts du
Nord et du M;di n'a pas d'autre cause : l'Angleterre a eu froid, l'Italie a eu chaud.
Voilà tout.
Quant aux matériaux à l'aide desquels l'auteur reconstruit le passé, ils sont aussi des
plus simples ; un texte, un monument, un meuble, un costume, le plus petit détail de toi-
lette, oui, madame, de toilette. Quand vous étagez sur votre tête ces hautes coiffure s, quand
vous échancrez si bas vos corsages, quand vous étalez ces prodigieuses jupes trop longues, à'
ornements trop voyants, vous faites de l'histoire, tout comme M. Jourdain faisait de la
prose. L'état de la société peut parfaitement se déduire de ces toilettes tapageuses;
elles disent clairement le travail et la fatigue de cette génération d'hommes, obligés
aujourd'hui de !S'enrichir par eux-mêmes, si lassés et si préoccupés que vous ne les
pouvez un peu distraire et attirer vers vous que par tous ces piments de luxe et de dé-
colletage ; elle disent l'égalité, à voir l'aisance et legoüt de la plus humble piqueuse de
bottines comme de la femme la plus haut placée. Elles disent bien des choses qui ne
nous regardent pas, mais qui font que vos crinolines sont gros es de conséquences philo-
sophiques et de révolutions, madame.Ceci admis, vous comprenez tout le système his-
torique de l'auteur, à savoir qu'une lit téralure n'est que l'image et le lésultat d'un état
social quelconque, et que cet état social lui-même est produit par le climat et, par suite,
par le tempérament d'un peuple. En résumé, faire l'histoire d'une littérature, n'est
pas entasser une série plus ou moins complète de biographies et de nomenclatures dans
1 ordre chronolo gique, mais bien, en retrouvant l'homme vivant sous le document mort,
discerner d'abord les caractères propres de la race auquel appartient le peuple dont on
écrit l'histoire, etret'ouver ensuite ce caractère à toutes les époques, se modifiant, se
développant sans perdre l'empreinte de son origine. Il n'y a pas une seule date, je crois,
L'ANGLETERRE \
AU TEMPS DE SHAKESPEARE
Voici un article en dehors de toute habitude : il ne va pas tenir moins de cinq pages,
et en texte serré, et sur un sujet en apparence bien différent des sujets flivoles que
traite ordinairement la Vie Parisienne. Rassurez-vous, lecteur ! jamais, je vous le jure
la Vie Parisienne n'aura publié article plus attrayant, plus fantaisiste, plus bizarre!
et en même temps plus vrai , plus serré, plus nerveux que cet extrait d'un
grave et volumineux ouvrage récemment paru : ¡'Histoire de la tittéralure anglaise ' par
Taine.
Je n'y avais d'abord cherché que quelques renseignements sur Shakespeare, désirant
parler un peu ici du grand poète, dont, à tort ou à raison, tous les autres journaux
se sont occupés ces derniers temps. Une fuis le livre ouvert, il m'a été impossible de
ne pas le lire en entier. Un système historique dont le développement passionne comme
le plus intéressant roman; le brio, l'imprévu, les saillies du plus bizarre des humo-
ristes, à côté de la logique la plus exacte, la plus honnête, la plus limpide, la plus
à la portée des plus grands comme des plus humbles; et cela dès la première page.
Un mot sur ce fameux système historique qui a valu à l'auteur tant d'injures, dont
1rs moindres sont les noms de fataliste, panthéiste, athée, une foule de g os mots aux-
quels je ii entends rien, non plus que vous, madame, tandis que j'entends fort claiie-
ment, et du premier coup, tout ce que l'auteur a voulu dire dans son livre; il a d ail-
leurs la fâcheuse habitude d'élucider à ce point les termes de ses propositions que
sous sa plume, les plus hautes vérités philosophiques deviennent, à force d'évidence''
des vérités de Lapalisse.
Avez-vous voyagé, madame, seulement dans le nord et dans le midi de la France?
Ou mieux, vous souvenez-vous simplement avoir eu froid et avoir eu chaud? Vous sou-
venez-vous, dans les jours pluvieux et glacés, comme vous lestiez volontiers au coin du
votre feu, comme vos rêveries se ressentaient de la tristesse du temps? Au contraire, par
les jours d élé et de beau soleil, quelle gaîté alerte, quel plaisir de vivre, quels songes
voluptueux s'éveillaient en vous. Eli bien, la différence des littératures et des arts du
Nord et du M;di n'a pas d'autre cause : l'Angleterre a eu froid, l'Italie a eu chaud.
Voilà tout.
Quant aux matériaux à l'aide desquels l'auteur reconstruit le passé, ils sont aussi des
plus simples ; un texte, un monument, un meuble, un costume, le plus petit détail de toi-
lette, oui, madame, de toilette. Quand vous étagez sur votre tête ces hautes coiffure s, quand
vous échancrez si bas vos corsages, quand vous étalez ces prodigieuses jupes trop longues, à'
ornements trop voyants, vous faites de l'histoire, tout comme M. Jourdain faisait de la
prose. L'état de la société peut parfaitement se déduire de ces toilettes tapageuses;
elles disent clairement le travail et la fatigue de cette génération d'hommes, obligés
aujourd'hui de !S'enrichir par eux-mêmes, si lassés et si préoccupés que vous ne les
pouvez un peu distraire et attirer vers vous que par tous ces piments de luxe et de dé-
colletage ; elle disent l'égalité, à voir l'aisance et legoüt de la plus humble piqueuse de
bottines comme de la femme la plus haut placée. Elles disent bien des choses qui ne
nous regardent pas, mais qui font que vos crinolines sont gros es de conséquences philo-
sophiques et de révolutions, madame.Ceci admis, vous comprenez tout le système his-
torique de l'auteur, à savoir qu'une lit téralure n'est que l'image et le lésultat d'un état
social quelconque, et que cet état social lui-même est produit par le climat et, par suite,
par le tempérament d'un peuple. En résumé, faire l'histoire d'une littérature, n'est
pas entasser une série plus ou moins complète de biographies et de nomenclatures dans
1 ordre chronolo gique, mais bien, en retrouvant l'homme vivant sous le document mort,
discerner d'abord les caractères propres de la race auquel appartient le peuple dont on
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