186 LA VIE PARISIENNE
AU THEATRE FRANÇAIS
I. MOI. — PAR MM. LABICHE ET MARTIN
Je crois que les Français tiennent enfin leur succès de l'hiver; suc-
cès mérité mais peu consolant pour l'humanité, car il est basé sur la
vérité des caractères. C'est l'égoïsme que MM. Labiche et Martin ont
pris corps à corps et su disséquer et stigmatiser sans les aboiements
de Desgenais. ni les tirades humanitaires des drames du boulevard.
Dans la pièce du Théâtre-Français, l'égoïste porte en soi sa propre
punition, l'abandon, qui découle tout naturellement des faits et des
lir péripéties ce qu'il crée sans le savoir ni le vouloir : il ne fait que recueil-
ir ce qu'il a semé. C'est tout bonnement vrai avec tout le terre-à-
terre de la vérité.
On ferait une bien jolie comédie en pendant à celle-ci, en prenant
au contraire pour type l'égoïsme intelligent dont la formule est : Ne
faites pas aux autres, etc.
Les deux égoïstes dont il s'agit dans la nouvelle pièce n'appartien-
nent pas à l'espèce intelligente : ils sont simplement deux variétés de
l'espèce commune.
L un, La Porcheraie, avoue franchement son péché mignon; il le
proclame, l'élève à la hauteur d'un principe et s'en fait gloire : c'est
un Montjoye qui est né tout arrivé et ne veut laisser entamer son
petit bonheur par aucunes des obligations ni aucuns des devoirs de la
société. Il a une femme, et s'en est séparé après six mois de mariage,
et lorsque celle-ci, après dix ans de séparation, veut le forcer le code
en main à lui laisser réintégrer le domicile conjugal, il s'étonne qu'il
y ait un article 214 qui lui en donne le droit après une aussi longue
séparation « sans nuages, » et il s'écrie :
— « Elle a cédé sans doute à des conseils amis. Il y a des gens qui
ne savent qu'inventer pour troubler les ménages. »
L'autre, Dutrecy, n'avoue pas son vice, même à lui-même, encore
moins aux autres, et essaie de se donner le change; il est de bonne
foi et se trouve méconnu. Il soigne sa santé, prend des bains de
pluie, ne déjeune jamais seul par ordonnance du mé ecin, et quand
il sent qu'il va se mettre en colère, il sait se contenir de crainte de
se faire du mal : il crie à demi-voix. Il a un vin pour lui et un autre
pour ses invités ainsi que les cigares d'amis. Celui-ci est le héros de
la pièce comme appartenant à la variété la plus répandue.
Il y a une scène au dernier acte qui le peint de main de maîlre.
Lors qu'espérant trouver dans une jeune femme une bonne garde-
malade qui le soignera et le dorlotlera, il se décide el épouser sa
nièce; une amie de celle-ci, pour le dissuader, se met à lui conter
combien elle a été malheureuse avec sou vieux mari goutteux et
morose :
— « Et lui ? »
— « Il ne s'en est jamais aperçu. J'ai toujours été pour lui bonne et
souriante et je l'ai suigné jusqu'à son dernier jour avec le dévouement
le plus absolu »
— « Eh bien ! qu'est-ce que je demande? »
Il y a ainsi une foule de mots heureux, non de ces mots acerbes et
désillusionnants qui vous forcent à rire, il est vrai, mais vous laissent
comme un remords et vous arrivent comme un seau d'eau froide au
moment le plus pathétique. On peut être drôle sans être méchant;
ce n'est pas si difficile qu'on croit de faire rire : marchez sur la patte
d'un chien pendant le finale de la Lucie, et je suis certain que toute
la salle éclatera.
Dans la pièce des Français, les mots procèdent tout autrement : ce
sont de bonnes plaisanteries, sans fiel, qu'on peut recevoir en pleine
poitrine sans chanceler. C'est ainsi que M. Emile Perreire a pu, dans
sa stalle, partager l'hi arité de la salle lorsqu'on a parlé de la Grande
Compagnie immobilière. Il en a ri le premier et plus que per-
sonne.
Comme de juste, en opposition avec les deux égoïstes, il y a deux
jeunes gens qui pl atiquent le dévouement et le sacrifice et en sont
récompensés au dénoûment tout aussi naturellement que les autres
sont punis.
A ce sujet, j'exprimerai un regret. Pourquoi n'avoir pas créé une
troisième variété d'égoïste : l'égoïste jeune ? le sais bien qu'il est de
convention que l'égoïsme est un vice des hommes de quarante ans
qui pousse avec le \ entre; mais, dans ce siècle de mobilier et primes
jin-iourant :
« La valeur n'attend pas le nombre des années. »
Nous y aurions gagné probablement un acte de plus à la pièce de
MM. Labiche et Martin, et personne ne s'en serait plaint.
Il y a eu, au i er acte, un incident touchant. Lorsque Lafontaine a
rappelé la. mort héroïque de ce brave officier qui, à Cherbourg, s'est
dévoué pour sauver de malheureux pécheurs en danger, les bravos
spontanés et enthousiastes de la salle ont prouvé que l'auteur ne s'é-
tait pas trompé en comptant sur la fibre généreuse du public. Je
n'aime pas, en général, les allusions directes, mais j'ai été bien heu-
reux de cet hommage rendu à ce pauvre Besplas. Il me semble en-
core le voir avec sa bonne figure, énergique et douce à la fois, lors-
qu'il no s racontait ses campagnes de Chine.
Pauvre et brave garçon !
On ne peut mieux jouer que ne l'ont fait Regnier et Got, les deux
égoïstes. Quant ri. Lafontaine, qui est trop marqué pour son rôle de
jeune homme de vingt-cinq ans, je ne puis en dire autant, il dit les
tirades comme on chante une cavatine, alternant sa voix de poitrine
avec sa voix de tôle : tout comme Mario, mais moins heureusement.
Et puis, lorsqu'il veut faire de l'émotion, il prend des temps et halète
comme s'il venait de monter à la colonne Vendôme.
Les toilettes de bal de M"es Dubois et Ricquier sont d'un goût sobre
et charmant. — Rien de chez Worth.
Je ne sais où étaient les coryphées habituelles des premières repré-
sentations lundi dernier. La salle était presque exclusivement hon-
nête : le Sénat, le conseil d'État, le Corps législatif y étaient repré-
sentés, ainsi que la politique et la haute fi lance, par ses membres
les plus marquants. La presse, comme de juste, était à son poste, mais
en f/arcoYl, à une seule exception près. Peu ou point de toquettes, seu-
lement juste ce qu'il fallait pour l'aire tache.
Je ne sais si on a aboli la claque au Théâtre-Français, ou si elle
avait mal répété, mais, ce qu'il y a de positif, c'est que je n'ai pas
entendu ce bruit automatique et agaçant qui part à un moment
donné comme par une détente et ressemble à une grosse pluie de
printemps tombant sur un toit de zinc. Je suis étonné qu'on
n'ait pas inventé, pour la remplacer, une sorte de crecelle gigan-
tesque, mue au besoin par la vapeur, que le souffleur ferait retentir
à volonté en lâchant le piston.
Quoi qu'il en soit, MM. Labiche et Martin n'ont pas eu à regretter
la claque : le public l'a remplacée avec avantage.
CHRISTOPHE..
H. — IL NE FAUT JURER DE RIEN
PAR ALFflED DE MUSSET
Je me hâte de dire, avant tout, qu'il est impossible de monter
une pièce avec plus de soin cI de tespect, et si je regrette un instant
l'exquise distinction de M'"" Allan qui, autrefois, dans le rôle de la
baronne, trouvait moyen d'eh'e fantasque et bavarde sans cesser d'être
grande dame, je suis bien forcé d'avouer que Mlle Victoria joue le
rôle de Cécile avec une adorable perfection ; je suis forcé d'avouer
qu'Alfred de Musset lui-même, ayant il choisir une actrice pour ce
rôle difficile, n'aurait pu souhaiter plus de grâce, de cœur, de pu-
reté. — Mais e Le e it la seule qui, pour moi, rentre absolument
dans l'idéal de son rôle et en rende toutes les exquises finesses.
Pourquoi f iut-il qu'on ait coupé tant de passages adorables dans la
scène de la foret ; pourquoi faut-il que les difficultés matérielles aient
forcé de supprimer des scènes ou d'en confondre deux en une seule
pour simplifier les décors? Que font les décorations à ce petit chef-
d'œuvre? ne serait-on pas tenté de dire à l'administration: mettez
un paravent, mais pour l'amour de Dieu ne retranchez rien ? Rendez-
moi ma pièce, intacte, complète, telle que je la sais, telle que je
la lus pour la première fois, telle qu'elle est dans mon vieux livre,
telle aussi qu'elle est dans mon cœur. Rendez-moi le ciel parsemé
d'étoiles sans lequel lascène de la forêt ne se comprend plus. Rendez-
moi les chaudes larmes que me lit verser le poète. Rendez-moi mes
18 ans.
Aucun directeur de théâtre ne se chargera, je le sais, de me rendre
tout cela; aussi dirai-je simplement que il nc faut, jurer de rien est
une d(,, ces pièces délicieuses qui perdent,fatalement à la scène, en
dépit du talent de ses interprètes, en dépit du soin avec lequel elles
sont montées. Elles restent, à la rampe, inférieures à l'idéal qu'on s'en
est fait. Elles vous sont entrées trop profondément dans le cœur;
elles se, lient trop intimement à vous même, elles ont fait naître dans
votre vie des émotions trop profondes pour qu'un tiers entre elles et
vous soit supportable ; or, l'acteur est précisément ce tiers importun.
N'avez-vous pas, dans vos vieux papiers, une lettre que vous n'avez
jamais osé biûler, une lettre chérie, toute tachée de larmes, toute
frémissante des baisers que vous y avez déposés; votre cœur et votre
jeunesse sont encore là vivants; vous l'avez lue cent fois, et vous
tremblez encore quand vous en soufflez la poussière et y jetez les
yeux. Si un étranger se chargeait de vous la lire, si bien qu'il lut,
vous en seriez indigné.
Je ne suis point sorti du Théâtre Français indigné, ce serait trop
dire. Mais rentré chez moi, j'ai relu ma pièce chérie et je me suis
dit : A la bonne heure ! et j'ai soufflé ma bougie.
AU THEATRE FRANÇAIS
I. MOI. — PAR MM. LABICHE ET MARTIN
Je crois que les Français tiennent enfin leur succès de l'hiver; suc-
cès mérité mais peu consolant pour l'humanité, car il est basé sur la
vérité des caractères. C'est l'égoïsme que MM. Labiche et Martin ont
pris corps à corps et su disséquer et stigmatiser sans les aboiements
de Desgenais. ni les tirades humanitaires des drames du boulevard.
Dans la pièce du Théâtre-Français, l'égoïste porte en soi sa propre
punition, l'abandon, qui découle tout naturellement des faits et des
lir péripéties ce qu'il crée sans le savoir ni le vouloir : il ne fait que recueil-
ir ce qu'il a semé. C'est tout bonnement vrai avec tout le terre-à-
terre de la vérité.
On ferait une bien jolie comédie en pendant à celle-ci, en prenant
au contraire pour type l'égoïsme intelligent dont la formule est : Ne
faites pas aux autres, etc.
Les deux égoïstes dont il s'agit dans la nouvelle pièce n'appartien-
nent pas à l'espèce intelligente : ils sont simplement deux variétés de
l'espèce commune.
L un, La Porcheraie, avoue franchement son péché mignon; il le
proclame, l'élève à la hauteur d'un principe et s'en fait gloire : c'est
un Montjoye qui est né tout arrivé et ne veut laisser entamer son
petit bonheur par aucunes des obligations ni aucuns des devoirs de la
société. Il a une femme, et s'en est séparé après six mois de mariage,
et lorsque celle-ci, après dix ans de séparation, veut le forcer le code
en main à lui laisser réintégrer le domicile conjugal, il s'étonne qu'il
y ait un article 214 qui lui en donne le droit après une aussi longue
séparation « sans nuages, » et il s'écrie :
— « Elle a cédé sans doute à des conseils amis. Il y a des gens qui
ne savent qu'inventer pour troubler les ménages. »
L'autre, Dutrecy, n'avoue pas son vice, même à lui-même, encore
moins aux autres, et essaie de se donner le change; il est de bonne
foi et se trouve méconnu. Il soigne sa santé, prend des bains de
pluie, ne déjeune jamais seul par ordonnance du mé ecin, et quand
il sent qu'il va se mettre en colère, il sait se contenir de crainte de
se faire du mal : il crie à demi-voix. Il a un vin pour lui et un autre
pour ses invités ainsi que les cigares d'amis. Celui-ci est le héros de
la pièce comme appartenant à la variété la plus répandue.
Il y a une scène au dernier acte qui le peint de main de maîlre.
Lors qu'espérant trouver dans une jeune femme une bonne garde-
malade qui le soignera et le dorlotlera, il se décide el épouser sa
nièce; une amie de celle-ci, pour le dissuader, se met à lui conter
combien elle a été malheureuse avec sou vieux mari goutteux et
morose :
— « Et lui ? »
— « Il ne s'en est jamais aperçu. J'ai toujours été pour lui bonne et
souriante et je l'ai suigné jusqu'à son dernier jour avec le dévouement
le plus absolu »
— « Eh bien ! qu'est-ce que je demande? »
Il y a ainsi une foule de mots heureux, non de ces mots acerbes et
désillusionnants qui vous forcent à rire, il est vrai, mais vous laissent
comme un remords et vous arrivent comme un seau d'eau froide au
moment le plus pathétique. On peut être drôle sans être méchant;
ce n'est pas si difficile qu'on croit de faire rire : marchez sur la patte
d'un chien pendant le finale de la Lucie, et je suis certain que toute
la salle éclatera.
Dans la pièce des Français, les mots procèdent tout autrement : ce
sont de bonnes plaisanteries, sans fiel, qu'on peut recevoir en pleine
poitrine sans chanceler. C'est ainsi que M. Emile Perreire a pu, dans
sa stalle, partager l'hi arité de la salle lorsqu'on a parlé de la Grande
Compagnie immobilière. Il en a ri le premier et plus que per-
sonne.
Comme de juste, en opposition avec les deux égoïstes, il y a deux
jeunes gens qui pl atiquent le dévouement et le sacrifice et en sont
récompensés au dénoûment tout aussi naturellement que les autres
sont punis.
A ce sujet, j'exprimerai un regret. Pourquoi n'avoir pas créé une
troisième variété d'égoïste : l'égoïste jeune ? le sais bien qu'il est de
convention que l'égoïsme est un vice des hommes de quarante ans
qui pousse avec le \ entre; mais, dans ce siècle de mobilier et primes
jin-iourant :
« La valeur n'attend pas le nombre des années. »
Nous y aurions gagné probablement un acte de plus à la pièce de
MM. Labiche et Martin, et personne ne s'en serait plaint.
Il y a eu, au i er acte, un incident touchant. Lorsque Lafontaine a
rappelé la. mort héroïque de ce brave officier qui, à Cherbourg, s'est
dévoué pour sauver de malheureux pécheurs en danger, les bravos
spontanés et enthousiastes de la salle ont prouvé que l'auteur ne s'é-
tait pas trompé en comptant sur la fibre généreuse du public. Je
n'aime pas, en général, les allusions directes, mais j'ai été bien heu-
reux de cet hommage rendu à ce pauvre Besplas. Il me semble en-
core le voir avec sa bonne figure, énergique et douce à la fois, lors-
qu'il no s racontait ses campagnes de Chine.
Pauvre et brave garçon !
On ne peut mieux jouer que ne l'ont fait Regnier et Got, les deux
égoïstes. Quant ri. Lafontaine, qui est trop marqué pour son rôle de
jeune homme de vingt-cinq ans, je ne puis en dire autant, il dit les
tirades comme on chante une cavatine, alternant sa voix de poitrine
avec sa voix de tôle : tout comme Mario, mais moins heureusement.
Et puis, lorsqu'il veut faire de l'émotion, il prend des temps et halète
comme s'il venait de monter à la colonne Vendôme.
Les toilettes de bal de M"es Dubois et Ricquier sont d'un goût sobre
et charmant. — Rien de chez Worth.
Je ne sais où étaient les coryphées habituelles des premières repré-
sentations lundi dernier. La salle était presque exclusivement hon-
nête : le Sénat, le conseil d'État, le Corps législatif y étaient repré-
sentés, ainsi que la politique et la haute fi lance, par ses membres
les plus marquants. La presse, comme de juste, était à son poste, mais
en f/arcoYl, à une seule exception près. Peu ou point de toquettes, seu-
lement juste ce qu'il fallait pour l'aire tache.
Je ne sais si on a aboli la claque au Théâtre-Français, ou si elle
avait mal répété, mais, ce qu'il y a de positif, c'est que je n'ai pas
entendu ce bruit automatique et agaçant qui part à un moment
donné comme par une détente et ressemble à une grosse pluie de
printemps tombant sur un toit de zinc. Je suis étonné qu'on
n'ait pas inventé, pour la remplacer, une sorte de crecelle gigan-
tesque, mue au besoin par la vapeur, que le souffleur ferait retentir
à volonté en lâchant le piston.
Quoi qu'il en soit, MM. Labiche et Martin n'ont pas eu à regretter
la claque : le public l'a remplacée avec avantage.
CHRISTOPHE..
H. — IL NE FAUT JURER DE RIEN
PAR ALFflED DE MUSSET
Je me hâte de dire, avant tout, qu'il est impossible de monter
une pièce avec plus de soin cI de tespect, et si je regrette un instant
l'exquise distinction de M'"" Allan qui, autrefois, dans le rôle de la
baronne, trouvait moyen d'eh'e fantasque et bavarde sans cesser d'être
grande dame, je suis bien forcé d'avouer que Mlle Victoria joue le
rôle de Cécile avec une adorable perfection ; je suis forcé d'avouer
qu'Alfred de Musset lui-même, ayant il choisir une actrice pour ce
rôle difficile, n'aurait pu souhaiter plus de grâce, de cœur, de pu-
reté. — Mais e Le e it la seule qui, pour moi, rentre absolument
dans l'idéal de son rôle et en rende toutes les exquises finesses.
Pourquoi f iut-il qu'on ait coupé tant de passages adorables dans la
scène de la foret ; pourquoi faut-il que les difficultés matérielles aient
forcé de supprimer des scènes ou d'en confondre deux en une seule
pour simplifier les décors? Que font les décorations à ce petit chef-
d'œuvre? ne serait-on pas tenté de dire à l'administration: mettez
un paravent, mais pour l'amour de Dieu ne retranchez rien ? Rendez-
moi ma pièce, intacte, complète, telle que je la sais, telle que je
la lus pour la première fois, telle qu'elle est dans mon vieux livre,
telle aussi qu'elle est dans mon cœur. Rendez-moi le ciel parsemé
d'étoiles sans lequel lascène de la forêt ne se comprend plus. Rendez-
moi les chaudes larmes que me lit verser le poète. Rendez-moi mes
18 ans.
Aucun directeur de théâtre ne se chargera, je le sais, de me rendre
tout cela; aussi dirai-je simplement que il nc faut, jurer de rien est
une d(,, ces pièces délicieuses qui perdent,fatalement à la scène, en
dépit du talent de ses interprètes, en dépit du soin avec lequel elles
sont montées. Elles restent, à la rampe, inférieures à l'idéal qu'on s'en
est fait. Elles vous sont entrées trop profondément dans le cœur;
elles se, lient trop intimement à vous même, elles ont fait naître dans
votre vie des émotions trop profondes pour qu'un tiers entre elles et
vous soit supportable ; or, l'acteur est précisément ce tiers importun.
N'avez-vous pas, dans vos vieux papiers, une lettre que vous n'avez
jamais osé biûler, une lettre chérie, toute tachée de larmes, toute
frémissante des baisers que vous y avez déposés; votre cœur et votre
jeunesse sont encore là vivants; vous l'avez lue cent fois, et vous
tremblez encore quand vous en soufflez la poussière et y jetez les
yeux. Si un étranger se chargeait de vous la lire, si bien qu'il lut,
vous en seriez indigné.
Je ne suis point sorti du Théâtre Français indigné, ce serait trop
dire. Mais rentré chez moi, j'ai relu ma pièce chérie et je me suis
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