124 LA VIE PARISIENNE
L'EXPOSITION DES TABLEAUX DU CERCLE DE LA RUE DE CHOISEUL
Il y a donc enfin à Paris un endroit
élégant où l'on peut regarder la pein- ^
ture à son aise ! un endroit où l'o -.-i
n'est pas coudoyé, heurté par la
foule, où la poussière ne vous aveu-
gle pas, où 1'011 ne vous marche pus
sur les pieds, où le parquet n'a point
ces teintes pous sièreuses et gri-
sâtre, que l'on trouve au palais de
l'industrie.
11 y a donc une galerie rappelant
celles des vieux palais romains, où
l'on peut, bien assis, jouir d'un petit
nombre de toiles éclairées avec
soin, et placées avec la sollicitude
d'un maître de maison amateur
d'art et curieux de sa collection.
Cette galerie, le Cercle de la rue
de Choiseul la possède et je l'en
t'eliciœ. Il y 11 là un parfum d'élé-
gance parisienne et de confortable,
sans affectation, qui vous réjouit d'a-
vance. Dans l'antichambre, degrands
laquais tl mollets blancs vous pren-
nent la canne et le paletot; on sent
qu'on n'est ni dans un bazar ni dans
une boutique, niais chez quelqu'un
qui sait son monde et aime le con-
fortable. Une température étudiée,
des tapis épais, de lourdes portières
traînant à terre, un parquet brillant
oÙ craque la botte, des divans pw-
fonds, nombreux et dans la demi-
teinte d'un jour tamisé par des gazes,
une cinquantaine de toiles signées
Delacroix, Decamp, Jules Dupré,
Meissonnier, Eugènc-Lami, Hobcrt-
Fleury, Roqueplan, Isabey, etc. etc.
Une nnisito i>«.'ts >nnl* ijiU' r. Il<- Kxp> silioil si île cl si I)i"ll Hi.'.ibUv!
— So il le lieu i, après M e ') u es nrniiU';> p.issces dans ce peti[ bnudoir , 1111 ne peut
s'empêcher île dire C'est rliai niant Ici, \1ldi, (el IH.lllqUC de lemfiies.
On cherche lamailresse de la maison, un là te le nieiicl de sa cra-
1:\ EUGÈ.\E LA Ml
Le polit salon de campagne de fil, n"lscliild.
yale. On se sent en n-
site; c'est adorable. De
la pièce, voisine à moitié
cachée par d'épai- ri-
deaux, un cliquetis d'é-
pées s'échappe, et ajoute
encore au cachet aristo-
cratique de ce charmant
milieu , auquel il ne
manq ue que peu de
chose pour è tre l'en-
droit le plus ra\is-
sant de Paris.
Ce quelque chose,
le voici : Dans des
larges coupes eu
fayence italienne, je
voudrais des mon-
tagnes de cigares à peau fine. Par-ci par-IÙ, une gla<'e de Venise
ou un trophée de vieilles armes. Au fond, une gigantesque
cheminée Renaissance oil brûleraient de colossales buches, et
L'N lillUL'l* FJC
OU
rnri de ploiro.
autour du i'uyer, ;'t demi-couchées
dans le salin des fauteuils profonds,
quelques femmes aux cheveux cen-
drés, aux boucles légères tourmen-
tant d'ulle main de duehcsse, les plis
d'une jupe mer veille se, et faisant
les honneurs, Sur une table en mar-
quetteria de Ftorencc, auv sculp-
t...rt's t'OLun(''G?, p:cfundcs. bizarres,
j'aimerais qu'un de ces laquais aux
beaux mollets nÙlppol'ltll un sorbet
glacé, ou bien sur titi plat d'or curieu-
sement travaille, un verre de Venise
au pied tremblant, un ilacon de Mar-
salla et quelques biscuits à la Yil-
nille.
La peinture n'y perdrait pas, je
N OUS le jure. .t'avais même une idée
plus singulière encore, tandis que je
regardais le magnifique Jules-Dupre
tout ruisselant de lumière, qui se
prélasse au i eau milieu du mur,
j me di-ais : qu'il serait agréable
de déposséder ces messieurs du
Cercle. —c'est un pur rl-\(' — et de
| tu'apprt'piier t'.u), galerie et dé-
pendances, fdtJlt;, 111\]'[\(']'1':3, , YiI Jet:::,
I hui::,slt,l's, hjh).eaL!\. mL)l!ets, etc.'
Dans la salle ; 'arme j organiserais
ma chambre à cuucher, et devant
mon lit sous un jour bien ménage.
j'aecI'nclJn;¡is le Delacroix, les deux
petiis Meissonnier. — J'aime moins
le grand dont tons les détails tirent
un peu ,'L eux — puis, tout près de
mou d'il je placerais les adorables
aquarelles d'Eugène l.ami. — Il me
semble qu'on aurait de 1'cspril et de la gaîté pour toute la journée,
si ea te réveillant on pouvait jeter un regard sur ces petits bijoux.
De la galerie je ferais mon salon, mon cabinet de tuilette, ma salle
à manger, mon fumoIr, etc.
Ce serait là. que je passe-
rais ma vie et suivant, ma
disposition du moment,
j'irais devant une de mes
toiles chercha' une im-
pression. — fmaginex-vous
le plaisir exquis de mettre
ses bottes lentement, déli-
cieusement, devant le beau
dessin de Decamp ?
Le plaisir, quand il
pleut, daller se
chauffer au soleil
qui éclaire son autre
pctit tableau.
(Juand j'irais dans
le monde officiel, je
l'N lsi\ IIICV.
Deux King's Charles assistant au mariage rie Iienri IV.
ferais le nœud de ma cravate devant la toile de M. Bouguc-
riau, ou celle de M. Lehmanll, ou devant les trois ramoneurs
précipités du toit de M. Gustave Boulanger; et monneeud serait
L'EXPOSITION DES TABLEAUX DU CERCLE DE LA RUE DE CHOISEUL
Il y a donc enfin à Paris un endroit
élégant où l'on peut regarder la pein- ^
ture à son aise ! un endroit où l'o -.-i
n'est pas coudoyé, heurté par la
foule, où la poussière ne vous aveu-
gle pas, où 1'011 ne vous marche pus
sur les pieds, où le parquet n'a point
ces teintes pous sièreuses et gri-
sâtre, que l'on trouve au palais de
l'industrie.
11 y a donc une galerie rappelant
celles des vieux palais romains, où
l'on peut, bien assis, jouir d'un petit
nombre de toiles éclairées avec
soin, et placées avec la sollicitude
d'un maître de maison amateur
d'art et curieux de sa collection.
Cette galerie, le Cercle de la rue
de Choiseul la possède et je l'en
t'eliciœ. Il y 11 là un parfum d'élé-
gance parisienne et de confortable,
sans affectation, qui vous réjouit d'a-
vance. Dans l'antichambre, degrands
laquais tl mollets blancs vous pren-
nent la canne et le paletot; on sent
qu'on n'est ni dans un bazar ni dans
une boutique, niais chez quelqu'un
qui sait son monde et aime le con-
fortable. Une température étudiée,
des tapis épais, de lourdes portières
traînant à terre, un parquet brillant
oÙ craque la botte, des divans pw-
fonds, nombreux et dans la demi-
teinte d'un jour tamisé par des gazes,
une cinquantaine de toiles signées
Delacroix, Decamp, Jules Dupré,
Meissonnier, Eugènc-Lami, Hobcrt-
Fleury, Roqueplan, Isabey, etc. etc.
Une nnisito i>«.'ts >nnl* ijiU' r. Il<- Kxp> silioil si île cl si I)i"ll Hi.'.ibUv!
— So il le lieu i, après M e ') u es nrniiU';> p.issces dans ce peti[ bnudoir , 1111 ne peut
s'empêcher île dire C'est rliai niant Ici, \1ldi, (el IH.lllqUC de lemfiies.
On cherche lamailresse de la maison, un là te le nieiicl de sa cra-
1:\ EUGÈ.\E LA Ml
Le polit salon de campagne de fil, n"lscliild.
yale. On se sent en n-
site; c'est adorable. De
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deaux, un cliquetis d'é-
pées s'échappe, et ajoute
encore au cachet aristo-
cratique de ce charmant
milieu , auquel il ne
manq ue que peu de
chose pour è tre l'en-
droit le plus ra\is-
sant de Paris.
Ce quelque chose,
le voici : Dans des
larges coupes eu
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tagnes de cigares à peau fine. Par-ci par-IÙ, une gla<'e de Venise
ou un trophée de vieilles armes. Au fond, une gigantesque
cheminée Renaissance oil brûleraient de colossales buches, et
L'N lillUL'l* FJC
OU
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drés, aux boucles légères tourmen-
tant d'ulle main de duehcsse, les plis
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les honneurs, Sur une table en mar-
quetteria de Ftorencc, auv sculp-
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j'aimerais qu'un de ces laquais aux
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glacé, ou bien sur titi plat d'or curieu-
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salla et quelques biscuits à la Yil-
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mon lit sous un jour bien ménage.
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un peu ,'L eux — puis, tout près de
mou d'il je placerais les adorables
aquarelles d'Eugène l.ami. — Il me
semble qu'on aurait de 1'cspril et de la gaîté pour toute la journée,
si ea te réveillant on pouvait jeter un regard sur ces petits bijoux.
De la galerie je ferais mon salon, mon cabinet de tuilette, ma salle
à manger, mon fumoIr, etc.
Ce serait là. que je passe-
rais ma vie et suivant, ma
disposition du moment,
j'irais devant une de mes
toiles chercha' une im-
pression. — fmaginex-vous
le plaisir exquis de mettre
ses bottes lentement, déli-
cieusement, devant le beau
dessin de Decamp ?
Le plaisir, quand il
pleut, daller se
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pctit tableau.
(Juand j'irais dans
le monde officiel, je
l'N lsi\ IIICV.
Deux King's Charles assistant au mariage rie Iienri IV.
ferais le nœud de ma cravate devant la toile de M. Bouguc-
riau, ou celle de M. Lehmanll, ou devant les trois ramoneurs
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