LA VIE PARISIENNE
115
tarda pas il paraître. Le comte d'Aure, héritier
des principes de l'École de VcrsaiJles, imbu des
idées des D'abzac, a laissé à l'école de cavalerie
des traces ineffaçables de son passage.
lin homme du plus grand mérite en mn'ière
do cheval a voulu renverser ce système d'équi-
tation. apporter de nouvelles idées ; on l'a
admiré, comme on admire toujours le nouveau et
1 liiieoiiiiu, on a pris ce qu'il y avait de bon dans sa
méthode, et le courant équestre a repris son
cours.
Les rues de Saumur au moment oÙ les üfÍi-
ciers se rendent au café ofï'rent un aspect très-
original. Celui-ci porte la tenue de manège, c'est
du noir de la tète aux pieds; celui-là est revêtu
d une élegante pelisse fourrée ; son pantalon à
bandes d'or et d'une coupe irréprochable tombe
par une légère ondulation sur un pied bien
chaussé. Le lecteur a reconnu un sémillant hus-
sard. Un autre se drape dans un immen-
se manteau de mousquetaire , symbole
de 1-t pure ordonnance.
Notre brillant cortège est escorté par
une meule variée, où la race canine est
noblement représentée.
Les loisirs ne sont pas grands dans
la journée, le temps est pris jusqu'à
cinq heures du soir. D'abord c'est le
manège où la position académique est
rigoureusement observée : ensuite la
carrière, genre d'équilation plus large.
Des chevaux anglais sont affectés à ce
service. Tout ceci est encore charmant
pour l'officier de cavalerie; mais voici
le revers de la médaille: vous êtes ron-
damné sous les peines les plus sévères,
il compiler dans votre cerveau force
pages de théorie sans changer un
iota, travail mécanique où l'intelligence
ne joue qu un rôle tres-mediorre.
ATI i.AV\: Ari\IîliN. — I.e soir, tlrlassomonts coniinuos: nos
j"lIlII s si u^-liciiU liants n tinii«Uion de, An^lnis fo 1, bnlltv
«liii'Iqiii's l.iill-tlo^s.^Ln CiTi'uioiih' se U'rniini1 souvent par Il,, ,
clmsM.' a rounv: animal 1; .... ("t prrîM|ue toujours un V'uux
liai di-fi I) il 1111 paisihlc h/iliihiit.
I■ KT nA L C.III-.Z M. G. — M. oï M"1'' G. ailoronl les orfk'iovs. fin n'est p-i, nto'nnnnt;
(M-st, u eux qu'ils do.vrni leur Ill\e il'mijoiml'lmi. — Lu quadrilla des lanciers /1
t'Illilltit" (.'iioriiicnn ni de surcOs, on le dan-i.1 dans Us régies de l'art,
Six heures sonnent; la nuit, tous les chats sont
gris. Budan, le fameux Budan, le Tcrtoni de l'en-
droit, prépare ses cabinets, son Champagne, et
bientôt la gaieté du moment fait oublier bien
vite les misères de la journée.
Dans la saison d'hiver, tous les salons sont
ouverts à nos intrépides valseurs, l'habit noir s'y
montre timide; le hussard, le guide, le dragon,
le chasseur, le lancier rivalisent de luxe, les
femmes harmonisent leur toilette avec ces bril-
lants uniformes, et vous avez des bals ravis-
sants.
Quel est donc ce château qui domine la ville,
demande un voyageur curieux. Le concierge lui
répond : C'est un château du moyen âge, une
place d'armes, un monument historique.—Mais il a
oublié de dire combien d officiers déjà colonels
ou généraux ont expié dans les cellules du
caste!, leurs folies et leurs prouesses noc-
turnes.
Si vous prenez le chemin de fer
de Paris à Nantes, arrêtez-vous un
instant à Saumur, un instant seule-
ment, et vous ne regretterez pas votre
voyage.
H. de M.
l'\" DES PETITS PAPIERS SEMÉS PAU LE
DIAFOmrs nr BAL J)E 31. DE ***.
D'OU \'I/.:';T LE NOM DE CnCODÈS.
Unc douairière poulette,
En amour aimant le troc;
Voulut faite un jour emplette
D'un vaillant, jeune etjoli coq.
C'était un chapon,
Tourlourette.
Elle eut beau chanter : coeodette!
Il ne put jamais, aux cchos,
l'aire redire : coquerieot!
UN OFFICIER, retour du Mexique.
UN MOT SUR LA MAISON DU BAIGNEUR
Avez-volls (Hé le mandarin ? Tel devrait être le titre de In pièce de
M. Maquet. De l'avis de Fauteur, tout le monde a un peu trempé dans lé
régicide; chacun a voulu presser le bouton, je ne m'étonnerais même pas
que Jud ail donne son avis et le coup de poing de b fin.
Ce sont l;i, dira-t-on, des cancans de capc/iyues aux abois, qu'importe?
Si la fantaisie nous plaît, nous pouvons répondre à cette grande fille,
sévère et réchignée qui nous tire par le bras : Histoire, que veux-tn?
Au moment de l action dramatique, Henri IV est mort; nous sommes
en pleine régence. Deux partis se regardent en chiens de faïence, et cher-
chent a se dévorer : d un côté, Marie do Médicis avec ses favoris, d E-
pernon. Concini, Siete-lglesias; de l'autre, )e parlement toujours fron-
deur, I épouse do l'espagnol Iglesias, la jeune reine et le jeune roi qui
eleve des serins.
Qui mangera l'autre? that is the question. Nous allons voir par le menti
comment Ponlis, — l'homme canon est arrive il lui tout seul à digérer la
reine-mero et ses partisans.
P remine entrée. — Le président du parlement, M. de Harlay est con-
vaincu que Itavaillac l assassin de Henri IV n'a pas travaillé seul : il a eu
pour complices Marie de Médicis, d'Epernon, et les autres déjà nommés.
tait venir deux témoins a charge, lo sieur Du Dourdet, i'sv'ocat labou-
reur, et le grrros Humaine qui possède des arguments ad hominem; la
pièce a conviction est une lettre écrite par Marie de Mcdici» au moment
du crime de la rue de la Ferronnerie.
Deuxième eî-,Iî'(e. •— Le lits Du Bourdet remet au Louvre trois lettres
mystérieuses. Voilà le premier coup ue tient; crac, h)eLe-tëtes)as riposte
en mettant le Du Bourdet père à la broche et en i'as&assinMt sous je
casque de Mangin. Puis il remplace Ja truite saumonee par i taipoison-
ment de M. de ITarlav.
11 ne reste uono plus que Ponlis! Mais lui seul, et c'est assez, ïl.conduit
le roi dans un souterrain dont les murs ont aes oreilles; il pénètre avec
des pistolets de chocolat dans Ji poêle où il veut faire frire les complices
de la reine mère. Le roi, qui a tout entendu, demande le rôti. Maris de
MédIcis est exilée, Concini, d'Epernon mis à mort, Siete-iglesias, co:n;'ne
tntreniels, se fait, étouffer entre deux plafonds. Le roi goCiLe là un festin
de Haltbnm'.
Au dessert, la vduve de Siele-Iglesias se promet d'épouser le jeune
Du Bourdet dont elle a déjà fait manquer le mariage.
Enfin, le roi est roi, et la toile tombe au moment où les vainqueurs
vont dans le salon prendre le cofé.
Pontis, c'est le d'Artagnan des Mousquetaires ; la comtesse Iglesias,
c'est Mme Donnaeieux Quant au plafond mobile, nous l'avions déjà vu.
La mise en scène est très-convenable pour une Compagnie nantaise, sauf
les revolvers de M. Dumaine. L'âme de la pièce est cette frêle créature
qui n'a qu'un souffle, mais le souille de sa sœur Rpchel.
. M. Maquet pourra, avec son oeuvre, mettre la poule au pot plus d'une
fois la semaine. Henri IV a même demandé à la ville il ce qu'on lui éle-
vât, sur le Pont-Neuf, un cheval à côté du sien, afin d'entendre de la
bouche même de l'auteur le récit détaillé des turpitudes de sa veuve,
comment on s'y est pris pour l'assassiner, et comment il y a à Paris un
gros gaillard qui s'appelle Pontis et qui mange à lui tout seul le gâteau
de la Régence. H,
115
tarda pas il paraître. Le comte d'Aure, héritier
des principes de l'École de VcrsaiJles, imbu des
idées des D'abzac, a laissé à l'école de cavalerie
des traces ineffaçables de son passage.
lin homme du plus grand mérite en mn'ière
do cheval a voulu renverser ce système d'équi-
tation. apporter de nouvelles idées ; on l'a
admiré, comme on admire toujours le nouveau et
1 liiieoiiiiu, on a pris ce qu'il y avait de bon dans sa
méthode, et le courant équestre a repris son
cours.
Les rues de Saumur au moment oÙ les üfÍi-
ciers se rendent au café ofï'rent un aspect très-
original. Celui-ci porte la tenue de manège, c'est
du noir de la tète aux pieds; celui-là est revêtu
d une élegante pelisse fourrée ; son pantalon à
bandes d'or et d'une coupe irréprochable tombe
par une légère ondulation sur un pied bien
chaussé. Le lecteur a reconnu un sémillant hus-
sard. Un autre se drape dans un immen-
se manteau de mousquetaire , symbole
de 1-t pure ordonnance.
Notre brillant cortège est escorté par
une meule variée, où la race canine est
noblement représentée.
Les loisirs ne sont pas grands dans
la journée, le temps est pris jusqu'à
cinq heures du soir. D'abord c'est le
manège où la position académique est
rigoureusement observée : ensuite la
carrière, genre d'équilation plus large.
Des chevaux anglais sont affectés à ce
service. Tout ceci est encore charmant
pour l'officier de cavalerie; mais voici
le revers de la médaille: vous êtes ron-
damné sous les peines les plus sévères,
il compiler dans votre cerveau force
pages de théorie sans changer un
iota, travail mécanique où l'intelligence
ne joue qu un rôle tres-mediorre.
ATI i.AV\: Ari\IîliN. — I.e soir, tlrlassomonts coniinuos: nos
j"lIlII s si u^-liciiU liants n tinii«Uion de, An^lnis fo 1, bnlltv
«liii'Iqiii's l.iill-tlo^s.^Ln CiTi'uioiih' se U'rniini1 souvent par Il,, ,
clmsM.' a rounv: animal 1; .... ("t prrîM|ue toujours un V'uux
liai di-fi I) il 1111 paisihlc h/iliihiit.
I■ KT nA L C.III-.Z M. G. — M. oï M"1'' G. ailoronl les orfk'iovs. fin n'est p-i, nto'nnnnt;
(M-st, u eux qu'ils do.vrni leur Ill\e il'mijoiml'lmi. — Lu quadrilla des lanciers /1
t'Illilltit" (.'iioriiicnn ni de surcOs, on le dan-i.1 dans Us régies de l'art,
Six heures sonnent; la nuit, tous les chats sont
gris. Budan, le fameux Budan, le Tcrtoni de l'en-
droit, prépare ses cabinets, son Champagne, et
bientôt la gaieté du moment fait oublier bien
vite les misères de la journée.
Dans la saison d'hiver, tous les salons sont
ouverts à nos intrépides valseurs, l'habit noir s'y
montre timide; le hussard, le guide, le dragon,
le chasseur, le lancier rivalisent de luxe, les
femmes harmonisent leur toilette avec ces bril-
lants uniformes, et vous avez des bals ravis-
sants.
Quel est donc ce château qui domine la ville,
demande un voyageur curieux. Le concierge lui
répond : C'est un château du moyen âge, une
place d'armes, un monument historique.—Mais il a
oublié de dire combien d officiers déjà colonels
ou généraux ont expié dans les cellules du
caste!, leurs folies et leurs prouesses noc-
turnes.
Si vous prenez le chemin de fer
de Paris à Nantes, arrêtez-vous un
instant à Saumur, un instant seule-
ment, et vous ne regretterez pas votre
voyage.
H. de M.
l'\" DES PETITS PAPIERS SEMÉS PAU LE
DIAFOmrs nr BAL J)E 31. DE ***.
D'OU \'I/.:';T LE NOM DE CnCODÈS.
Unc douairière poulette,
En amour aimant le troc;
Voulut faite un jour emplette
D'un vaillant, jeune etjoli coq.
C'était un chapon,
Tourlourette.
Elle eut beau chanter : coeodette!
Il ne put jamais, aux cchos,
l'aire redire : coquerieot!
UN OFFICIER, retour du Mexique.
UN MOT SUR LA MAISON DU BAIGNEUR
Avez-volls (Hé le mandarin ? Tel devrait être le titre de In pièce de
M. Maquet. De l'avis de Fauteur, tout le monde a un peu trempé dans lé
régicide; chacun a voulu presser le bouton, je ne m'étonnerais même pas
que Jud ail donne son avis et le coup de poing de b fin.
Ce sont l;i, dira-t-on, des cancans de capc/iyues aux abois, qu'importe?
Si la fantaisie nous plaît, nous pouvons répondre à cette grande fille,
sévère et réchignée qui nous tire par le bras : Histoire, que veux-tn?
Au moment de l action dramatique, Henri IV est mort; nous sommes
en pleine régence. Deux partis se regardent en chiens de faïence, et cher-
chent a se dévorer : d un côté, Marie do Médicis avec ses favoris, d E-
pernon. Concini, Siete-lglesias; de l'autre, )e parlement toujours fron-
deur, I épouse do l'espagnol Iglesias, la jeune reine et le jeune roi qui
eleve des serins.
Qui mangera l'autre? that is the question. Nous allons voir par le menti
comment Ponlis, — l'homme canon est arrive il lui tout seul à digérer la
reine-mero et ses partisans.
P remine entrée. — Le président du parlement, M. de Harlay est con-
vaincu que Itavaillac l assassin de Henri IV n'a pas travaillé seul : il a eu
pour complices Marie de Médicis, d'Epernon, et les autres déjà nommés.
tait venir deux témoins a charge, lo sieur Du Dourdet, i'sv'ocat labou-
reur, et le grrros Humaine qui possède des arguments ad hominem; la
pièce a conviction est une lettre écrite par Marie de Mcdici» au moment
du crime de la rue de la Ferronnerie.
Deuxième eî-,Iî'(e. •— Le lits Du Bourdet remet au Louvre trois lettres
mystérieuses. Voilà le premier coup ue tient; crac, h)eLe-tëtes)as riposte
en mettant le Du Bourdet père à la broche et en i'as&assinMt sous je
casque de Mangin. Puis il remplace Ja truite saumonee par i taipoison-
ment de M. de ITarlav.
11 ne reste uono plus que Ponlis! Mais lui seul, et c'est assez, ïl.conduit
le roi dans un souterrain dont les murs ont aes oreilles; il pénètre avec
des pistolets de chocolat dans Ji poêle où il veut faire frire les complices
de la reine mère. Le roi, qui a tout entendu, demande le rôti. Maris de
MédIcis est exilée, Concini, d'Epernon mis à mort, Siete-iglesias, co:n;'ne
tntreniels, se fait, étouffer entre deux plafonds. Le roi goCiLe là un festin
de Haltbnm'.
Au dessert, la vduve de Siele-Iglesias se promet d'épouser le jeune
Du Bourdet dont elle a déjà fait manquer le mariage.
Enfin, le roi est roi, et la toile tombe au moment où les vainqueurs
vont dans le salon prendre le cofé.
Pontis, c'est le d'Artagnan des Mousquetaires ; la comtesse Iglesias,
c'est Mme Donnaeieux Quant au plafond mobile, nous l'avions déjà vu.
La mise en scène est très-convenable pour une Compagnie nantaise, sauf
les revolvers de M. Dumaine. L'âme de la pièce est cette frêle créature
qui n'a qu'un souffle, mais le souille de sa sœur Rpchel.
. M. Maquet pourra, avec son oeuvre, mettre la poule au pot plus d'une
fois la semaine. Henri IV a même demandé à la ville il ce qu'on lui éle-
vât, sur le Pont-Neuf, un cheval à côté du sien, afin d'entendre de la
bouche même de l'auteur le récit détaillé des turpitudes de sa veuve,
comment on s'y est pris pour l'assassiner, et comment il y a à Paris un
gros gaillard qui s'appelle Pontis et qui mange à lui tout seul le gâteau
de la Régence. H,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 97.95%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 97.95%.
- Collections numériques similaires Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0"
- Auteurs similaires Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 136/373
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k1256583w/f136.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k1256583w/f136.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k1256583w/f136.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k1256583w/f136.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k1256583w
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k1256583w
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k1256583w/f136.image × Aide