Titre : L'Orchestre : revue quotidienne des théâtres
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1881-07-01
Contributeur : Nannan, Adolphe. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328294988
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 juillet 1881 01 juillet 1881
Description : 1881/07/01 (A31)-1881/07/31. 1881/07/01 (A31)-1881/07/31.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k120612m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-136
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/04/2008
Du 11 au 18 Juillet 1881.
_«_ j
THlATRE LYRIQUE «OPÉRA- COMIQUE
Une question grave s'est posée à la der- s
nière discussion de la Chambr., relative-
ment à lasub vention des théâtres nationaux.
La création d'un théâtre lyrique ayant
été incidemment remise sur le tapis,
M. Beauquier a proposé une mesure mixte
qui donnerait, suivant lui, satisfaction
complète à tous les intérêts. Nous ne pou-
vons mieux faire que de lui laisser ici la
parole pour y défendre son idée
« Vous savez tous, a-t-il dit, que, depuis
plusieurs années, on a présenté à laCham-
bre diverses propositions tendant au réta-
blissement du Théâtre-Lyrique. Je ne viens
nas de nouveau soulever la question dans
les -termes où elle a été posée d'abord, c'est-
à-dire de décider le relèvement du Théâtre-
Lyrique au moyen d'une subvention; mais
je votas propose d'arriver au même résultat
par un procédé plus économique et qui don-
nerait satisfaction à tous les intérêts. Il
suffirait de transformer le cahier des char-
ges dé l'Opéra- Comique, de façon à per-
mettre à ce théâtre de jouer le drame
lyrique.
» Si vous voulez me permettre de déve-
lopper mes raisons, vous verrez que ma
proposition est absolument justiciable.
» Vous êtes tous d'avis, j'en suis con-
vaincu, que les subventions du Gouverne-
ment doivent avoir pour objet, non pas les
intérêts d'un directeur de théâtre, mais les
intérêts plus élevés de l'art. or, ce sont les
intérêts de l'art qui sont négligés à l'heure
qu'il est. On encourage un seul genre, la
composition lyrique l'opéra comique.
Qaant au drame lyrique, qu'on appelait au-
trefois la comédie lyrique on ne s'en oc-
cupe pas.
.:» Vous avez des écoles dans lesquelles
vous donnez une éducation musicale très
complète aux jeunes compositeurs, et, lors-
qu'ils sont en possession de tous leurs
moyens, lorsqu'ils connaissent à fond leur
art, si la nature de leur talant les porte à
la musique dramatique sérieuse, ils ne trou-
veront aucun débouché nulle part, c'est-
à-dire que vous les condamnez, sous peine
de voir leurs efforts demeurer stériles, vous
les condamnez à écrire des opéras-comiques.
Eh bien, cette nécessité, po r beaucoup,
n'est pas acceptable ils ne peuvent tous
réussir dans la musique légère; il en est
qui ont un tempérament qui les porte à
aborder les vastes compositions musi-
cales. ,>»
M. Beauquier continue son argumenta-
tion en constatant que la scène de notre
Grand-Opéra est absolument inaccessible
aux jeunes compositeurs.1
« Le Grand-Opéra, à cause des frais
énormes que nécessite la mise sur pied
d'une oeuvre nouvelle, ne peut guère jouer
que les qu-yrsièes. ;ân répertoire consacrés
par le succès; il n'offre donc aucune espèce
de débouchés aux jeunes compositeurs.
Dans cette situation, qui dure depuis long-
temps, la nécessité d'un théâtre lyri-
que a été reconnue par tout le monde, par
tous les rapporteurs du budget des bsaux-
arts. Ils ont tous, les uns après les autres,
déploré l'insuffisance des ressources mises
à la disposition des jeunes coro^ositettrs.Si
l'on n'a pas rétabli le Théâtre- Lyrique,
c'es|. uniquement parce que les Chambres
ne se sont pas décidées à voter une sub-
vention suffisante. Or, vous avez un théâ-
tre, rOpéra-Comiqtie, auquel vous donnez
une subvention de 300,000 francs. Pourquoi
ne permettriez-vous pas au directeur de ce
théâtre de jouer des drames lyriques, et ne
donneriez-vous pas satisfaction aux musi-
ciens qui s'adonnent à ce genre de compo-
tion ? '1
» Je sais l'objection qu'on va me faire;
on me dira Mais l'opéra comique est un
genre national D'abord, ce serait très dis-
cutable. Tout le monde sait que les Fran-
çais n'ont pas inventé l'opéra-comique, et
que les premiers auteurs du genre ont été
des compositeurs d'Italie. Mais je ne discute
pas ce point, qui est da domaine de l'his-
toire de l'art je me borne à la question ad-
ministrative. L'Opéra-Comique, je le répète,
a une subvention de 300,000 fr., une salle,
un personnel tout prêt, qu'il ne s'agirait
d'augmenter que dans une proportion peu
considérable; pourquoi ne modifleriez»vous
pas le cahier des charges de façon à ce que
le directeur, ce même directeur qui jadis
a administré d'une façon si intelligente, et
avec tant de succès, et dans les intérêts de
l'art, le Théâtre-Lyrique put adjoindre à
son répertoire d'opéras-comiques quelques
grands opéras, des reprises ou des nouveau-
tés, surtout des nouveautés ? '1
» Je n'aperçois, pour ma part, aucune
difficulté à cela. Voyez les autres pays au-
tour de vous, et je parle de ceux où la
musique est le plus en honneur. Il n'y a
absolument que la France qui ait consacré
une scène spéciale à l'opéra-comique.
Ailleurs, toutes les scènes lyriques, les
plus richement subventionnées, les scènes
analogues à notre Grand-Opéra de Paris,
représentent également et des grands opé-
ras et des opéras-comiques. A Vienne, à
Berlin, à Munich, à Londres, etc., les choses
se passent ainsi. la pourrais dire qu'elles se
passent ainsi dans toutes les scènes de pro-
vince.
» Puisque le cahier des charges de l'Opéra-
Comique est renouvelable en 1883, et qu'on
n'attend pas généralement l'expiration d'un
traité pour le renouveler, parce que le di-
recteur a des engagements à faire, et
qu'ainsi probablement des négociations se-
ront engagées dans le courant de l'année
prochaine, je demande à M. le Ministre
qu'il veuille bien faire inscrire, dans le
nouveau cahier des charges la faculté, pour
le directeur de l'Opéra-Comique, de jouer le
drame lyrique concuremment avec son ré-
pertoire ordinaire. »
M. Turquet a répondu que- ces réclama-
tions trouvaient déjà en partie satisfaction
et que l'administration était déjà en pour-
parlers avec M. Carvalho pour obtenir la
transformation du cahier des charges de
l'Opéra- Comique.
Tout ceci est fort spécieux et nous ren-
dons justice aux bonnes intentions de cette
proposition économie pour l'Etat, intérêt
des compositeurs sauvegardés. Tout semble
pour le mieux. Qa'il nous soit permis ce-
pendant de faire observer que la question
en suspens n'est nullement résolue ainsi.
Nous sommes, comme M. Beauquier, d'avis
que la restriction qui impose à l'Opéra-
Comique de ne jouer que des pièces conte-
nant du «parlé » est absurde. Mais, de ce
qu'on aura supprimé cette restriction, en
résultera- t-il qu'un débouché plus abon-
dant sera donné, sera ouvert aux jeunes
compositeurs? Nullement, M. Carvalho, qui
est un véritable artiste, monta ses pièces
avec un soin et un luxe de mise en scène
qui ne lui permet d'en présenter au public
qu'un fort petit nombre par an. De ce qu'on
étendra le genre qu'il est autorisé à jouer.
il ne s'en suivra nullement qu'il puisse en
monter davantage. Au contraire, le Grand-
Opéra demandant un plus grand développe-
ment extérieur que l'Opéra-Comique pro-
prement dit. Conclusion: les jeunes com-
positeurs faisant du drame lyrique seront
peut-être un peu plus joués,:tnais les jeunes
compositeurs faisant des pièces plus légères
d'allure le seront un peu moins.. Or, ceux-ci
,ne sont pas plus intéressants! que ceux-là
et tous doivent être traités en représen-
tants de l'art français, qui a des^aàpects
multiples et de notre génie national qui
n'est pas moins représenté par, Auber que
par Berlioz. Aucun remède n'est, donc ainsi
apporté au mal dont on se plaint dans le
monde musical et dont on a' raison de se
plaindre la pénurie des scènes ouvertes
pour les prix de Rome/de i plus en plus re-
jetés du mouvement, si bien qu'il semble
que, cette année, on n'ait pas osé augmen-
ter le nombre de ces infortunés.
Je me résume.
Qu'on retire du,cahier des charges de
l'Opéra-Comique une clause restrictive qui
n'a aucun sens, rien de mieux. Mais qu'on
s'imagine, en faisant cela, avoir comblé le
vide d'un théâtre. lyrique, c'est autre chose.
La nécessité de celui-ci ou d'un opéra-popu-
laire qui n'en serait, au fonds, qu'une forme
démocratisée, ne s'en fait pas moins impé-
rieusement sentir. Non, trois scènes ou-
vertes à notre école musicale ne seront pas
de trop. Elle les mérite surtout si l'on
convient que l'pne d'elles, l'Opéra, est ex-
clusivement réservée aux compositeurs
déjà couronnés par des succès. Voilà ce que
nous ne saurions trop répéter. Voilà le
théâtre que nous ne saurions trop réclamer
nous tous qui avons le noble souci des des-
tinées de la musique française qui, quoi-
qu'on en dise, soutient fort bien, avec
l'Allemande, la comparaison.
Pour l'instant, l'Académie de Musique
ne songe pas à sortir du cercle un peu
étroit de son répertoire courant, mais
elle a soin de donner de l'attrait et du pi-
quant à ses représentations en substituant
Mme Montalba à Mlle Krauss, dans le « Tri-
but de Zamora, » M. Sellier à M. Villaret,
dans le < Prophète, » dont la reprise est
prochaine, et M. Jourdain à M. Villaret,
dans « Robert-le-Diable. » Cette dernière
substitution n'a pas encore eu lieu devant
le public, mais elle ne tardera pas à se pro-
duire.
Une autre substitution s'est déjà pro-
duite dans « Hamlet; » M. Mechelaer à rem-
placé M. Bataille dans le rôle du Spectre.
L'épreuve n'a pas tout à fait réussi; mais
l'ensemble de l'exécution du chef-d'œuvre
de M. Ambroise Thomas est toujours si re-
marquable qu'on ne peut s'arrêter à crit'-
quer le Spectre.
M. Maurel semble se surpasser lui-môme
à chaque représentation nouvelle, et Ma-
demoiselle Griswold, encouragée par la fa-
vear croissante du public, met au service
Ludovic HANS.
OPÉRA
d'Ophélie une voix dont la force commence
d'égaler le charme.
Malgré son élégance naturelle, Mlle Mô-
rante a moins de succès que Mlle Subra
dans les pas de la fête du Printemps.
Georges PRINN.
COMÉDIE FRANCAISE
Les Sociétaires du Théâtre-Français ont
repris la « Vraia farce de mattre Pathelin »,
remaniée par le regrettable lettré Edouard
Fournier. C'est certainement une des plus
amusantes farces de l'ancien Théâtre-
Français, et il faut savoir gré à M. Four-
nier d'avoir rendu possible la remise en
scène de ce petit chef-d'œuvre d'esprit et de
gaieté. Malheureusement, un prologue en
vers a été ajouté par le savant érudit, qui
avait déjà commis un drame en vers inti-
tulé « Guttemberg». Ce prologue est une
terne et banale discussion entre la Comédie
et la Farce; véritablement, par respect
pour la mémoire de l'habile chercheur, qui
avait le tort de secroire poète parce qu'il
connaissait la prosodie, on aurait dû sup-
primer ce fastidieux prologue, que la dic-
tion de Mlle Bianca n'aide pas à faire trou-
ver intéressant ou même amusant.
Comme en 1872, c'est M. Got qui tient le
principal rôle et il continue, comme il y a
neuf ans, à y être le comédien hors ligne
que nous admirons dans chacun de ses rôles.
G. SAINT-AMÉ.
CHATEAU-D'EAU
( OPÉRA POPULAIRE )
LUCIE DE UMERM00R, opéra en cinq actes,
musique de Donizetti. Reprise.
La première représentation sur la scène
de la rue de Malte, du célèbre opéra de Do-
nizetti, remonte déjà un peu loin, et nous
arrivons bien tard pour en rendre compte.
La faute en est à M. Millet, qui n'a pas en-
core pu nous deshabituer de recevoir, à point
nommé, le service des premières représen-
tations. Il a fait passer, une fois pour tou-
tes, dans quelques journaux, une note in-
formant les journalistes qu'ils n'ont qu'à
se présenter au théâtre pour y occuper une
place de choix. Mais cet avertissement n'a
pas snffl à changer nos usages, et nous
□"avons assisté qu'à la seconde ou troisième
représentation de « Lucie. » On vous a dit
que la première avait été beaucoup meil-
leure. Nous l'admettons sans difficulté.
Malgré tout notre bon vouloir envers
M. Millet, nous ne saurions lui cacher plus
longtemps qu'il fait fausse route en offrant
habituellement au public des représenta-
tions qui ont tout à fait l'air d'être impro-
visées. On ne se permettrait pas cela même'
avec le personnel distingué de l'Académie
de Musique.
Par suite de difficultés survenues entre
la direction et une partie de son personnel,
nous n'avons eu, ni M. Luigini, au pupitre
du chef d'orchestre, ni M. Doyen, dans le
rôle du baryton. L'orchestre lui-même
n'était pas complet.
Nous reconnaissons que le bâton du chef
n'apaa été trop mai tenu par le sous-chef,
et qu'en somme, l'orchestre, quoique né-
duit, n'a pas été trop au-dessous de sa tâ-
che. Mais, que dira de l'artiste qui rem-
pl çait M. Doyen Sans doute, on l'avait
prié, à la dernière heure, de suppléer son
camarade. Il s'était évidemment dévoué
pour tirer d'embarras l'administration et
rendre possible le spectacle annoncé sur
l'affiche. Mais combien il eût mieux valu
que cet obligeant chanteur ne se dévouât
pas à ce point 1
D'abord, par un manque d'égards très
répréhensible, la direction n'a pas cru de-
voir faire une annonce et demander l'in-
dulgence du public. Or, le chanteur (que
nous ne nommerons pas) avait oublié la
pièce, s'il l'a jamais sue et, quand la
mémoire venait à lui faire défaut, c'était
un scandale q 'i s'est renouvelé fréquem-
ment. Les uns sifflaient, les autres ne pre-
naient pas même la chose au sérieux. Com-
ment pourrait-on retenir le rire en enten-
dant le fameux sextuor de « Lucie » chanté
à trois voix. Le baryton ne savait à quel
moment s'engager et comme il lui était
déjà arrivé de partir trop tôt ou trop tard,
il se taisait piteusement. Il se taisait en-
core lorsque l'orchestre accompagnait la
fameuse reprise où le baryton produit tou-
jours un si grand effet. Il a couru après et
la rattrapée avec une énergie qui n'était
pas sans quelque galté. Nous avons tant ri
que noas devrions être désarmé. Mais nous
voulons prendre quand même au sérieux la
tentative de M. Millet. Il nous faut à tout
prix un opéra-populaire, nous l'avons dit
souvent. Notre concours et notre publicité
ne feront donc jamais défaut à ce troisième
théâtre-lyrique placé si près de l'ancien
3' théâtre-îrançais. C'est au directeur de
l'Opéra-populatre à p tmdre lui-même la
chose au sérieux. Nous ne renoncerons ja-
mais à lui dire ses vérités.
Le ténor engagé spécialement pour chan-
ter le rôle d'Edgard, M. Quille, s'était es-
sayé,. paraît-il, dans le « Trouvère, et non
sans succès. I! ne nous a pas entièrement
satisfait dans « Lucie. » Sans doute il a
quelque expérience du théâtre, mais sa
voix s'étraDgla à la gorge et, phénomène
bizarre, semble néanmoins sortir du nez.
M. Guilie est d'ailleurs très petit de taille
et ne peut vraiment pas donner convena-
blement la réplique à une grande personne
comme Mlle Franchino.
Cette chanteuse légère qui, d'après l'affl-
che, est pensionnaire de l'Opéra, ne paraît
manquer ni de voix, ni de méthode, et ce-
pendant on s'explique aisément que l'Aca-
démie de musique n'ait pas abusé de son
zèle et l'ait laissée jusqu'ici tout entière à
ses vocalises secrètes. Cet abandon, injuste
peut-être ne pouvait que nuire à Mlle Fran-
chino, à qui une pratique fréquenta de la
scène aurait donné, surtout à l'égard du
jeu, une sûreté et une aisance qui lui font
également défaut. Comme cantatrice, elle
n'est pas sans quelque mérite elle l'a
prouvé dans plusieurs passages de Lucie »
et de la « Traviata. » Peut être eût-elle eu
plus de succès si son entourage n'avait, plus
d'une fois, prêté à siffler ou à rire. Il y a là
une revanche à prendre, moins pour Made-
moiselle Franchino que pour M. Millet.
Georges PRINN.
FOLIES-DRAMATIQUES
Lesuccès toujours persistant des « Mous-
quetaires au Couvent » qui font, rue de
Bpndy, une campagne aussi glorieuse, au
moins, que passage Choiseul. Une bonne
part de ce résultat fructueux revient cer-
tainement aux interprètes, à> Morlef, qui
est aujourd'hui la coqueluche des belles
parisiennes, à Hitmans, toujours drôle, à
Mlle Morel, qui remplace actuellement
Mlle Arnaud, sans la fair-e onblier. L. H.
CHATELET
Michel Strogoff fait toujours merveille.
;Ôn sait que, dans l^ Récente adjudication
qui vient d'être faite, par la Ville de Paris,
dus bail de ce beau théâtre, M. Flonry est
demeuré surenchérisseur. Sans préjuger de
ce que, fera la nouvelle direction, que nous
jugerons à l'œuvre, avec sympathie et jus-
tice, nous ne pouvons nous empêcher de
rendre hommage à la façon dont M. Ro-
cnàrd avait dressé et dirigé encore cette
tIf' t,' l'
scônçimportante. Parvenu très jeune à une
direction de ce genre, M. Rochard y a mon-
tré des capacités remarquables. Après
avoir, rajeuni, par l'ingénieuse introduction
des exercices aérons de la « Mouche d'or »,
une féerie dont la vogue semblait cependant
biëh épuisée il a monté « Michel StrogÔfl »
avec nne autorité, un luxe, un goût et un
soin dont le résultat a été le plus grand
succès de l'année, incontestablement. Nous
étions donc de ceux qui, sans rien ôter au
mérite de ses concurrents, faisaient des
vœux pour que ce beau théâtre demeurât
aux mains de l'intelligent directeur, qui
lui avait donné un éclat nouveau et y avait
fait preuve des plus brillantes qualités.
Nous n'avons pas de regrets à adresser à
M. Emile Rochard, car.il n'est pas homme
à demeurer inoccupé pour cela et nous le
retrouverons certainement, quand l'heure
sera venue, à la tête de quelque grande en-
treprise théàtrale, dans laquelle nous serons
toua prêts à applaudir à ses nouveaux
efforts. Ludovic HANS.
Haisom duPONT-NEUF Costumerait &
CIRQUE D'ÉTÉ
Quelques numéros nouveaux ont été
ajoutés aa programme.
Bien que l'administration ait omis de
nous faire, suivant un usage qui n'est que
poli, le service relatif à ces nouveaux dé-
bats, il nous sera aisé d'en parler sciem-
ment. En effet, celui du phénomène Carlo
Benedetti, par exemple, n'est un début que
pour les Parisiens qui se sont mal tenus au
courant des choses de cet hiver. J'en dirai
autant de la ventriloque, les exercices de
cette nature ayant défrayé, pendant toute
la dernière saison, les soirées des 'specta-
teurs des Folies-Bergères. Donc, rien de
moins nouveau que ce nouveau -là.
Nous ne pouvons que nous répéter en
parlant des autres numéros du programme.
La famille Schaffer est pleine de talent, et
ses exercices sont toujours des plus intéres-
sants. Mais enfin, voilà une bonne année
pleine qu'on la sert aux habitués du Cirque.
L'âne Marco est également pour ceux-ci
une vieille connaissance que nous ne men-
tionnons que par conscience.
Gaillard, Victorin, Armand, Mmes Léona
d'Au et d'E»tré«s se font applaudir dans
« il Éàltreede^Valet, » opérette de, M. (Aa-
guste Jouuaud, musique d'un jeune com-
positeur, M. Abel Qaeille, déjà connu p&f
plusieurs romances devenues populaires.
Jean DE LORR.
ELDORADO
Mlle Amiati obtient un vif succès dans
un charmant rondeau de M. Paul Henrion
« Bébé, » et dans la reprise du < Baptême
du feu » et de Mignon revoit le ciel de sa
patrie, x
Bonne rentrée pour Harbain, qui a re-
pris deux de ses meilleures créations, et
sucées pour Perrin, Victorin, Armand,
Mathieu, Velly, Villé, Mmes Canon, Léona
d'Au, d'Estrées et Mazedier, dans leurs
chansons nouvelles.
Mlle Corti, la toute jeune virtuose de la
mandoline, est toujours très applaudie.
J. G.
COURRIER DE VERSAILLES
Mon cher Rédacteur en chef,
Je suis à Versailles.
Je me repose depuis plusieurs jours dans
cette grande et jolie ville dont la tranquil-
lité rendrait des points à celle du fameux
Baptiste, et certes, en partant la semaine
dernière, je n'avais nullement l'intention
de mettre vos, lecteurs et la postérité au
courant de cette page peu Intéressante de
ma carrière; au contraire, je comptais
même oublier pour quelques soirées Paris
et ses spectacles, le théâtre de la nature
me paraissant, pour le moment, être le seul
attrayant, même pour un chroniqueur dra-
matique.
Je savourais donc les délices d'une vil-
légiature bien méritée quand passant dans
la rue des Réservoirs, le hasard (ou plutôt
l'instinct) me fait arrêter devant le Grand
Théâtre.
Je m'entends appeler et je vois tendue vers
moi la main de Milher, du Palais -Royal,
l'épique Valentin du « Petit Faust; » l'im-
mortel Gaspard des « Cloches de Corne-
ville. »
Vous ici?..
– Oai, et vous-même!
– Mais, nous jouons ici ca soir, voyez
plutôt l'affiche t :> »
Et en effet, j'aperçois sur une superbe
affiche ces mots Représentation des artis-
tes da Palais-Royal.
Allons, mon cher, me dit Milher, en
m'entraînant sons le péristyle, vous ne
m'échapperez point, vous représenterez le
critique. v W" 'lu
Et dix minutes après, je me trouvais ins-
tallé, tort commodément, du reste, dans un
excellent fauteuil, au ^{jeu d'une assis-
tance nombreuse et des mieux choisies.
Alors, que vous dirai-je, pion cher Rédac-
teur, j'étais pincé ejj je repris la chaîne dans
le but de vous envoyer «un peu de copie.
Ja fus vite récompensé 4e mes bonnes
dispositions, car j'ai passé, je. l'av.pue, une
excellente soirée.
On a commencé par c mon Collègue », le
vaudeville de St.-Agaan Choler, qu'on joue
de si bonne heure au Palais- Royal, que- je
ne l'avais pas encore vu. "̃
Pellerin, Namès, Plet et Mme Dagny,
une fort jolie personne que je ne connais-
sais point non plus, y ont eu un énorme
succès. ̃ :̃– .z
Ensuite, Milher, dans une syanôte, des
plus drôles < une Mauvaise étoile a litté-
ralement stupéfié le public versaillais.
On a continué par « Perraqop blonde »,
une comédie bien amusante que je soup-
çonne fort devoir être jouée bientôt au
Palais-Royal Milher et Pellerin, Mme Da-
gny, déjà nommée, et l'excentrique et bien
drôle Alice Lavignn y ont été rappelés.
Enfin, après un intermède par t'amusant
Plet et Alice Lavlghe, la soirée s'est ter-
minée par Mon nevau Eastache » ou le
jeune Namès a été très chaleureusement et
très justement applaudi.
La troupe joyeuse partait dos le lende-
main pour le Midi; voulant bien faire les
choses jusqu'au bout, j'ai été: accompagner
nos amis à la gare et sais rentré à mon hô-
tel, d'où je vous envoie cette lettre, mo
promettant bien de ne ;plus remettre les
pieds dans la rue des Réservoirs, dans.- la
crainte, bien justifiée, qu'une autre trouve
ne vienne troubler les vacances que vous
m'avez si généreusement octroyées.
Je vous serre la main.
Arthur VBRNEUIL.
La Société des Auteurs, Compositeurs et
Eiitears de musique vient de traiter à for-
fait, dans les conditions les plus modérées,
avec chacun des vingt maires de Paris,
pour la musique" qui sera exécutée'' aux
concerts, bals, retraites, etc donnés à l'oc-
casion de la Fêto nationale du 14 juillet.
La Société s'est content^ en cette occa-* 4
sion, d'une simple reconnaissance du prin-
cipe.
Pour les concerts, bals, etc., etc., orga-
nisés par dea comités indépendants des ma-
nicipalités, il sera fait aux organisateurs
des conditions aussi favorables^ il leur suf-
tira en conséquence, pour ne pas1 se mettre
en co.itravernion avec la loi de I79lf de
passer au siège de la1 Société, faubourg'
Montmartre, 17, Jusqu'au mercredi 13, à
six heures, où M. Vjctor Sauchon, .agent
général, leur donnera l'autorisation nôees-
saire.
_«_ j
THlATRE LYRIQUE «OPÉRA- COMIQUE
Une question grave s'est posée à la der- s
nière discussion de la Chambr., relative-
ment à lasub vention des théâtres nationaux.
La création d'un théâtre lyrique ayant
été incidemment remise sur le tapis,
M. Beauquier a proposé une mesure mixte
qui donnerait, suivant lui, satisfaction
complète à tous les intérêts. Nous ne pou-
vons mieux faire que de lui laisser ici la
parole pour y défendre son idée
« Vous savez tous, a-t-il dit, que, depuis
plusieurs années, on a présenté à laCham-
bre diverses propositions tendant au réta-
blissement du Théâtre-Lyrique. Je ne viens
nas de nouveau soulever la question dans
les -termes où elle a été posée d'abord, c'est-
à-dire de décider le relèvement du Théâtre-
Lyrique au moyen d'une subvention; mais
je votas propose d'arriver au même résultat
par un procédé plus économique et qui don-
nerait satisfaction à tous les intérêts. Il
suffirait de transformer le cahier des char-
ges dé l'Opéra- Comique, de façon à per-
mettre à ce théâtre de jouer le drame
lyrique.
» Si vous voulez me permettre de déve-
lopper mes raisons, vous verrez que ma
proposition est absolument justiciable.
» Vous êtes tous d'avis, j'en suis con-
vaincu, que les subventions du Gouverne-
ment doivent avoir pour objet, non pas les
intérêts d'un directeur de théâtre, mais les
intérêts plus élevés de l'art. or, ce sont les
intérêts de l'art qui sont négligés à l'heure
qu'il est. On encourage un seul genre, la
composition lyrique l'opéra comique.
Qaant au drame lyrique, qu'on appelait au-
trefois la comédie lyrique on ne s'en oc-
cupe pas.
.:» Vous avez des écoles dans lesquelles
vous donnez une éducation musicale très
complète aux jeunes compositeurs, et, lors-
qu'ils sont en possession de tous leurs
moyens, lorsqu'ils connaissent à fond leur
art, si la nature de leur talant les porte à
la musique dramatique sérieuse, ils ne trou-
veront aucun débouché nulle part, c'est-
à-dire que vous les condamnez, sous peine
de voir leurs efforts demeurer stériles, vous
les condamnez à écrire des opéras-comiques.
Eh bien, cette nécessité, po r beaucoup,
n'est pas acceptable ils ne peuvent tous
réussir dans la musique légère; il en est
qui ont un tempérament qui les porte à
aborder les vastes compositions musi-
cales. ,>»
M. Beauquier continue son argumenta-
tion en constatant que la scène de notre
Grand-Opéra est absolument inaccessible
aux jeunes compositeurs.1
« Le Grand-Opéra, à cause des frais
énormes que nécessite la mise sur pied
d'une oeuvre nouvelle, ne peut guère jouer
que les qu-yrsièes. ;ân répertoire consacrés
par le succès; il n'offre donc aucune espèce
de débouchés aux jeunes compositeurs.
Dans cette situation, qui dure depuis long-
temps, la nécessité d'un théâtre lyri-
que a été reconnue par tout le monde, par
tous les rapporteurs du budget des bsaux-
arts. Ils ont tous, les uns après les autres,
déploré l'insuffisance des ressources mises
à la disposition des jeunes coro^ositettrs.Si
l'on n'a pas rétabli le Théâtre- Lyrique,
c'es|. uniquement parce que les Chambres
ne se sont pas décidées à voter une sub-
vention suffisante. Or, vous avez un théâ-
tre, rOpéra-Comiqtie, auquel vous donnez
une subvention de 300,000 francs. Pourquoi
ne permettriez-vous pas au directeur de ce
théâtre de jouer des drames lyriques, et ne
donneriez-vous pas satisfaction aux musi-
ciens qui s'adonnent à ce genre de compo-
tion ? '1
» Je sais l'objection qu'on va me faire;
on me dira Mais l'opéra comique est un
genre national D'abord, ce serait très dis-
cutable. Tout le monde sait que les Fran-
çais n'ont pas inventé l'opéra-comique, et
que les premiers auteurs du genre ont été
des compositeurs d'Italie. Mais je ne discute
pas ce point, qui est da domaine de l'his-
toire de l'art je me borne à la question ad-
ministrative. L'Opéra-Comique, je le répète,
a une subvention de 300,000 fr., une salle,
un personnel tout prêt, qu'il ne s'agirait
d'augmenter que dans une proportion peu
considérable; pourquoi ne modifleriez»vous
pas le cahier des charges de façon à ce que
le directeur, ce même directeur qui jadis
a administré d'une façon si intelligente, et
avec tant de succès, et dans les intérêts de
l'art, le Théâtre-Lyrique put adjoindre à
son répertoire d'opéras-comiques quelques
grands opéras, des reprises ou des nouveau-
tés, surtout des nouveautés ? '1
» Je n'aperçois, pour ma part, aucune
difficulté à cela. Voyez les autres pays au-
tour de vous, et je parle de ceux où la
musique est le plus en honneur. Il n'y a
absolument que la France qui ait consacré
une scène spéciale à l'opéra-comique.
Ailleurs, toutes les scènes lyriques, les
plus richement subventionnées, les scènes
analogues à notre Grand-Opéra de Paris,
représentent également et des grands opé-
ras et des opéras-comiques. A Vienne, à
Berlin, à Munich, à Londres, etc., les choses
se passent ainsi. la pourrais dire qu'elles se
passent ainsi dans toutes les scènes de pro-
vince.
» Puisque le cahier des charges de l'Opéra-
Comique est renouvelable en 1883, et qu'on
n'attend pas généralement l'expiration d'un
traité pour le renouveler, parce que le di-
recteur a des engagements à faire, et
qu'ainsi probablement des négociations se-
ront engagées dans le courant de l'année
prochaine, je demande à M. le Ministre
qu'il veuille bien faire inscrire, dans le
nouveau cahier des charges la faculté, pour
le directeur de l'Opéra-Comique, de jouer le
drame lyrique concuremment avec son ré-
pertoire ordinaire. »
M. Turquet a répondu que- ces réclama-
tions trouvaient déjà en partie satisfaction
et que l'administration était déjà en pour-
parlers avec M. Carvalho pour obtenir la
transformation du cahier des charges de
l'Opéra- Comique.
Tout ceci est fort spécieux et nous ren-
dons justice aux bonnes intentions de cette
proposition économie pour l'Etat, intérêt
des compositeurs sauvegardés. Tout semble
pour le mieux. Qa'il nous soit permis ce-
pendant de faire observer que la question
en suspens n'est nullement résolue ainsi.
Nous sommes, comme M. Beauquier, d'avis
que la restriction qui impose à l'Opéra-
Comique de ne jouer que des pièces conte-
nant du «parlé » est absurde. Mais, de ce
qu'on aura supprimé cette restriction, en
résultera- t-il qu'un débouché plus abon-
dant sera donné, sera ouvert aux jeunes
compositeurs? Nullement, M. Carvalho, qui
est un véritable artiste, monta ses pièces
avec un soin et un luxe de mise en scène
qui ne lui permet d'en présenter au public
qu'un fort petit nombre par an. De ce qu'on
étendra le genre qu'il est autorisé à jouer.
il ne s'en suivra nullement qu'il puisse en
monter davantage. Au contraire, le Grand-
Opéra demandant un plus grand développe-
ment extérieur que l'Opéra-Comique pro-
prement dit. Conclusion: les jeunes com-
positeurs faisant du drame lyrique seront
peut-être un peu plus joués,:tnais les jeunes
compositeurs faisant des pièces plus légères
d'allure le seront un peu moins.. Or, ceux-ci
,ne sont pas plus intéressants! que ceux-là
et tous doivent être traités en représen-
tants de l'art français, qui a des^aàpects
multiples et de notre génie national qui
n'est pas moins représenté par, Auber que
par Berlioz. Aucun remède n'est, donc ainsi
apporté au mal dont on se plaint dans le
monde musical et dont on a' raison de se
plaindre la pénurie des scènes ouvertes
pour les prix de Rome/de i plus en plus re-
jetés du mouvement, si bien qu'il semble
que, cette année, on n'ait pas osé augmen-
ter le nombre de ces infortunés.
Je me résume.
Qu'on retire du,cahier des charges de
l'Opéra-Comique une clause restrictive qui
n'a aucun sens, rien de mieux. Mais qu'on
s'imagine, en faisant cela, avoir comblé le
vide d'un théâtre. lyrique, c'est autre chose.
La nécessité de celui-ci ou d'un opéra-popu-
laire qui n'en serait, au fonds, qu'une forme
démocratisée, ne s'en fait pas moins impé-
rieusement sentir. Non, trois scènes ou-
vertes à notre école musicale ne seront pas
de trop. Elle les mérite surtout si l'on
convient que l'pne d'elles, l'Opéra, est ex-
clusivement réservée aux compositeurs
déjà couronnés par des succès. Voilà ce que
nous ne saurions trop répéter. Voilà le
théâtre que nous ne saurions trop réclamer
nous tous qui avons le noble souci des des-
tinées de la musique française qui, quoi-
qu'on en dise, soutient fort bien, avec
l'Allemande, la comparaison.
Pour l'instant, l'Académie de Musique
ne songe pas à sortir du cercle un peu
étroit de son répertoire courant, mais
elle a soin de donner de l'attrait et du pi-
quant à ses représentations en substituant
Mme Montalba à Mlle Krauss, dans le « Tri-
but de Zamora, » M. Sellier à M. Villaret,
dans le < Prophète, » dont la reprise est
prochaine, et M. Jourdain à M. Villaret,
dans « Robert-le-Diable. » Cette dernière
substitution n'a pas encore eu lieu devant
le public, mais elle ne tardera pas à se pro-
duire.
Une autre substitution s'est déjà pro-
duite dans « Hamlet; » M. Mechelaer à rem-
placé M. Bataille dans le rôle du Spectre.
L'épreuve n'a pas tout à fait réussi; mais
l'ensemble de l'exécution du chef-d'œuvre
de M. Ambroise Thomas est toujours si re-
marquable qu'on ne peut s'arrêter à crit'-
quer le Spectre.
M. Maurel semble se surpasser lui-môme
à chaque représentation nouvelle, et Ma-
demoiselle Griswold, encouragée par la fa-
vear croissante du public, met au service
Ludovic HANS.
OPÉRA
d'Ophélie une voix dont la force commence
d'égaler le charme.
Malgré son élégance naturelle, Mlle Mô-
rante a moins de succès que Mlle Subra
dans les pas de la fête du Printemps.
Georges PRINN.
COMÉDIE FRANCAISE
Les Sociétaires du Théâtre-Français ont
repris la « Vraia farce de mattre Pathelin »,
remaniée par le regrettable lettré Edouard
Fournier. C'est certainement une des plus
amusantes farces de l'ancien Théâtre-
Français, et il faut savoir gré à M. Four-
nier d'avoir rendu possible la remise en
scène de ce petit chef-d'œuvre d'esprit et de
gaieté. Malheureusement, un prologue en
vers a été ajouté par le savant érudit, qui
avait déjà commis un drame en vers inti-
tulé « Guttemberg». Ce prologue est une
terne et banale discussion entre la Comédie
et la Farce; véritablement, par respect
pour la mémoire de l'habile chercheur, qui
avait le tort de secroire poète parce qu'il
connaissait la prosodie, on aurait dû sup-
primer ce fastidieux prologue, que la dic-
tion de Mlle Bianca n'aide pas à faire trou-
ver intéressant ou même amusant.
Comme en 1872, c'est M. Got qui tient le
principal rôle et il continue, comme il y a
neuf ans, à y être le comédien hors ligne
que nous admirons dans chacun de ses rôles.
G. SAINT-AMÉ.
CHATEAU-D'EAU
( OPÉRA POPULAIRE )
LUCIE DE UMERM00R, opéra en cinq actes,
musique de Donizetti. Reprise.
La première représentation sur la scène
de la rue de Malte, du célèbre opéra de Do-
nizetti, remonte déjà un peu loin, et nous
arrivons bien tard pour en rendre compte.
La faute en est à M. Millet, qui n'a pas en-
core pu nous deshabituer de recevoir, à point
nommé, le service des premières représen-
tations. Il a fait passer, une fois pour tou-
tes, dans quelques journaux, une note in-
formant les journalistes qu'ils n'ont qu'à
se présenter au théâtre pour y occuper une
place de choix. Mais cet avertissement n'a
pas snffl à changer nos usages, et nous
□"avons assisté qu'à la seconde ou troisième
représentation de « Lucie. » On vous a dit
que la première avait été beaucoup meil-
leure. Nous l'admettons sans difficulté.
Malgré tout notre bon vouloir envers
M. Millet, nous ne saurions lui cacher plus
longtemps qu'il fait fausse route en offrant
habituellement au public des représenta-
tions qui ont tout à fait l'air d'être impro-
visées. On ne se permettrait pas cela même'
avec le personnel distingué de l'Académie
de Musique.
Par suite de difficultés survenues entre
la direction et une partie de son personnel,
nous n'avons eu, ni M. Luigini, au pupitre
du chef d'orchestre, ni M. Doyen, dans le
rôle du baryton. L'orchestre lui-même
n'était pas complet.
Nous reconnaissons que le bâton du chef
n'apaa été trop mai tenu par le sous-chef,
et qu'en somme, l'orchestre, quoique né-
duit, n'a pas été trop au-dessous de sa tâ-
che. Mais, que dira de l'artiste qui rem-
pl çait M. Doyen Sans doute, on l'avait
prié, à la dernière heure, de suppléer son
camarade. Il s'était évidemment dévoué
pour tirer d'embarras l'administration et
rendre possible le spectacle annoncé sur
l'affiche. Mais combien il eût mieux valu
que cet obligeant chanteur ne se dévouât
pas à ce point 1
D'abord, par un manque d'égards très
répréhensible, la direction n'a pas cru de-
voir faire une annonce et demander l'in-
dulgence du public. Or, le chanteur (que
nous ne nommerons pas) avait oublié la
pièce, s'il l'a jamais sue et, quand la
mémoire venait à lui faire défaut, c'était
un scandale q 'i s'est renouvelé fréquem-
ment. Les uns sifflaient, les autres ne pre-
naient pas même la chose au sérieux. Com-
ment pourrait-on retenir le rire en enten-
dant le fameux sextuor de « Lucie » chanté
à trois voix. Le baryton ne savait à quel
moment s'engager et comme il lui était
déjà arrivé de partir trop tôt ou trop tard,
il se taisait piteusement. Il se taisait en-
core lorsque l'orchestre accompagnait la
fameuse reprise où le baryton produit tou-
jours un si grand effet. Il a couru après et
la rattrapée avec une énergie qui n'était
pas sans quelque galté. Nous avons tant ri
que noas devrions être désarmé. Mais nous
voulons prendre quand même au sérieux la
tentative de M. Millet. Il nous faut à tout
prix un opéra-populaire, nous l'avons dit
souvent. Notre concours et notre publicité
ne feront donc jamais défaut à ce troisième
théâtre-lyrique placé si près de l'ancien
3' théâtre-îrançais. C'est au directeur de
l'Opéra-populatre à p tmdre lui-même la
chose au sérieux. Nous ne renoncerons ja-
mais à lui dire ses vérités.
Le ténor engagé spécialement pour chan-
ter le rôle d'Edgard, M. Quille, s'était es-
sayé,. paraît-il, dans le « Trouvère, et non
sans succès. I! ne nous a pas entièrement
satisfait dans « Lucie. » Sans doute il a
quelque expérience du théâtre, mais sa
voix s'étraDgla à la gorge et, phénomène
bizarre, semble néanmoins sortir du nez.
M. Guilie est d'ailleurs très petit de taille
et ne peut vraiment pas donner convena-
blement la réplique à une grande personne
comme Mlle Franchino.
Cette chanteuse légère qui, d'après l'affl-
che, est pensionnaire de l'Opéra, ne paraît
manquer ni de voix, ni de méthode, et ce-
pendant on s'explique aisément que l'Aca-
démie de musique n'ait pas abusé de son
zèle et l'ait laissée jusqu'ici tout entière à
ses vocalises secrètes. Cet abandon, injuste
peut-être ne pouvait que nuire à Mlle Fran-
chino, à qui une pratique fréquenta de la
scène aurait donné, surtout à l'égard du
jeu, une sûreté et une aisance qui lui font
également défaut. Comme cantatrice, elle
n'est pas sans quelque mérite elle l'a
prouvé dans plusieurs passages de Lucie »
et de la « Traviata. » Peut être eût-elle eu
plus de succès si son entourage n'avait, plus
d'une fois, prêté à siffler ou à rire. Il y a là
une revanche à prendre, moins pour Made-
moiselle Franchino que pour M. Millet.
Georges PRINN.
FOLIES-DRAMATIQUES
Lesuccès toujours persistant des « Mous-
quetaires au Couvent » qui font, rue de
Bpndy, une campagne aussi glorieuse, au
moins, que passage Choiseul. Une bonne
part de ce résultat fructueux revient cer-
tainement aux interprètes, à> Morlef, qui
est aujourd'hui la coqueluche des belles
parisiennes, à Hitmans, toujours drôle, à
Mlle Morel, qui remplace actuellement
Mlle Arnaud, sans la fair-e onblier. L. H.
CHATELET
Michel Strogoff fait toujours merveille.
;Ôn sait que, dans l^ Récente adjudication
qui vient d'être faite, par la Ville de Paris,
dus bail de ce beau théâtre, M. Flonry est
demeuré surenchérisseur. Sans préjuger de
ce que, fera la nouvelle direction, que nous
jugerons à l'œuvre, avec sympathie et jus-
tice, nous ne pouvons nous empêcher de
rendre hommage à la façon dont M. Ro-
cnàrd avait dressé et dirigé encore cette
tIf' t,' l'
scônçimportante. Parvenu très jeune à une
direction de ce genre, M. Rochard y a mon-
tré des capacités remarquables. Après
avoir, rajeuni, par l'ingénieuse introduction
des exercices aérons de la « Mouche d'or »,
une féerie dont la vogue semblait cependant
biëh épuisée il a monté « Michel StrogÔfl »
avec nne autorité, un luxe, un goût et un
soin dont le résultat a été le plus grand
succès de l'année, incontestablement. Nous
étions donc de ceux qui, sans rien ôter au
mérite de ses concurrents, faisaient des
vœux pour que ce beau théâtre demeurât
aux mains de l'intelligent directeur, qui
lui avait donné un éclat nouveau et y avait
fait preuve des plus brillantes qualités.
Nous n'avons pas de regrets à adresser à
M. Emile Rochard, car.il n'est pas homme
à demeurer inoccupé pour cela et nous le
retrouverons certainement, quand l'heure
sera venue, à la tête de quelque grande en-
treprise théàtrale, dans laquelle nous serons
toua prêts à applaudir à ses nouveaux
efforts. Ludovic HANS.
Haisom duPONT-NEUF Costumerait &
CIRQUE D'ÉTÉ
Quelques numéros nouveaux ont été
ajoutés aa programme.
Bien que l'administration ait omis de
nous faire, suivant un usage qui n'est que
poli, le service relatif à ces nouveaux dé-
bats, il nous sera aisé d'en parler sciem-
ment. En effet, celui du phénomène Carlo
Benedetti, par exemple, n'est un début que
pour les Parisiens qui se sont mal tenus au
courant des choses de cet hiver. J'en dirai
autant de la ventriloque, les exercices de
cette nature ayant défrayé, pendant toute
la dernière saison, les soirées des 'specta-
teurs des Folies-Bergères. Donc, rien de
moins nouveau que ce nouveau -là.
Nous ne pouvons que nous répéter en
parlant des autres numéros du programme.
La famille Schaffer est pleine de talent, et
ses exercices sont toujours des plus intéres-
sants. Mais enfin, voilà une bonne année
pleine qu'on la sert aux habitués du Cirque.
L'âne Marco est également pour ceux-ci
une vieille connaissance que nous ne men-
tionnons que par conscience.
Gaillard, Victorin, Armand, Mmes Léona
d'Au et d'E»tré«s se font applaudir dans
« il Éàltreede^Valet, » opérette de, M. (Aa-
guste Jouuaud, musique d'un jeune com-
positeur, M. Abel Qaeille, déjà connu p&f
plusieurs romances devenues populaires.
Jean DE LORR.
ELDORADO
Mlle Amiati obtient un vif succès dans
un charmant rondeau de M. Paul Henrion
« Bébé, » et dans la reprise du < Baptême
du feu » et de Mignon revoit le ciel de sa
patrie, x
Bonne rentrée pour Harbain, qui a re-
pris deux de ses meilleures créations, et
sucées pour Perrin, Victorin, Armand,
Mathieu, Velly, Villé, Mmes Canon, Léona
d'Au, d'Estrées et Mazedier, dans leurs
chansons nouvelles.
Mlle Corti, la toute jeune virtuose de la
mandoline, est toujours très applaudie.
J. G.
COURRIER DE VERSAILLES
Mon cher Rédacteur en chef,
Je suis à Versailles.
Je me repose depuis plusieurs jours dans
cette grande et jolie ville dont la tranquil-
lité rendrait des points à celle du fameux
Baptiste, et certes, en partant la semaine
dernière, je n'avais nullement l'intention
de mettre vos, lecteurs et la postérité au
courant de cette page peu Intéressante de
ma carrière; au contraire, je comptais
même oublier pour quelques soirées Paris
et ses spectacles, le théâtre de la nature
me paraissant, pour le moment, être le seul
attrayant, même pour un chroniqueur dra-
matique.
Je savourais donc les délices d'une vil-
légiature bien méritée quand passant dans
la rue des Réservoirs, le hasard (ou plutôt
l'instinct) me fait arrêter devant le Grand
Théâtre.
Je m'entends appeler et je vois tendue vers
moi la main de Milher, du Palais -Royal,
l'épique Valentin du « Petit Faust; » l'im-
mortel Gaspard des « Cloches de Corne-
ville. »
Vous ici?..
– Oai, et vous-même!
– Mais, nous jouons ici ca soir, voyez
plutôt l'affiche t :> »
Et en effet, j'aperçois sur une superbe
affiche ces mots Représentation des artis-
tes da Palais-Royal.
Allons, mon cher, me dit Milher, en
m'entraînant sons le péristyle, vous ne
m'échapperez point, vous représenterez le
critique. v W" 'lu
Et dix minutes après, je me trouvais ins-
tallé, tort commodément, du reste, dans un
excellent fauteuil, au ^{jeu d'une assis-
tance nombreuse et des mieux choisies.
Alors, que vous dirai-je, pion cher Rédac-
teur, j'étais pincé ejj je repris la chaîne dans
le but de vous envoyer «un peu de copie.
Ja fus vite récompensé 4e mes bonnes
dispositions, car j'ai passé, je. l'av.pue, une
excellente soirée.
On a commencé par c mon Collègue », le
vaudeville de St.-Agaan Choler, qu'on joue
de si bonne heure au Palais- Royal, que- je
ne l'avais pas encore vu. "̃
Pellerin, Namès, Plet et Mme Dagny,
une fort jolie personne que je ne connais-
sais point non plus, y ont eu un énorme
succès. ̃ :̃– .z
Ensuite, Milher, dans une syanôte, des
plus drôles < une Mauvaise étoile a litté-
ralement stupéfié le public versaillais.
On a continué par « Perraqop blonde »,
une comédie bien amusante que je soup-
çonne fort devoir être jouée bientôt au
Palais-Royal Milher et Pellerin, Mme Da-
gny, déjà nommée, et l'excentrique et bien
drôle Alice Lavignn y ont été rappelés.
Enfin, après un intermède par t'amusant
Plet et Alice Lavlghe, la soirée s'est ter-
minée par Mon nevau Eastache » ou le
jeune Namès a été très chaleureusement et
très justement applaudi.
La troupe joyeuse partait dos le lende-
main pour le Midi; voulant bien faire les
choses jusqu'au bout, j'ai été: accompagner
nos amis à la gare et sais rentré à mon hô-
tel, d'où je vous envoie cette lettre, mo
promettant bien de ne ;plus remettre les
pieds dans la rue des Réservoirs, dans.- la
crainte, bien justifiée, qu'une autre trouve
ne vienne troubler les vacances que vous
m'avez si généreusement octroyées.
Je vous serre la main.
Arthur VBRNEUIL.
La Société des Auteurs, Compositeurs et
Eiitears de musique vient de traiter à for-
fait, dans les conditions les plus modérées,
avec chacun des vingt maires de Paris,
pour la musique" qui sera exécutée'' aux
concerts, bals, retraites, etc donnés à l'oc-
casion de la Fêto nationale du 14 juillet.
La Société s'est content^ en cette occa-* 4
sion, d'une simple reconnaissance du prin-
cipe.
Pour les concerts, bals, etc., etc., orga-
nisés par dea comités indépendants des ma-
nicipalités, il sera fait aux organisateurs
des conditions aussi favorables^ il leur suf-
tira en conséquence, pour ne pas1 se mettre
en co.itravernion avec la loi de I79lf de
passer au siège de la1 Société, faubourg'
Montmartre, 17, Jusqu'au mercredi 13, à
six heures, où M. Vjctor Sauchon, .agent
général, leur donnera l'autorisation nôees-
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