Titre : L'Orchestre : revue quotidienne des théâtres
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1881-05-01
Contributeur : Nannan, Adolphe. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328294988
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mai 1881 01 mai 1881
Description : 1881/05/01 (A31)-1881/05/31. 1881/05/01 (A31)-1881/05/31.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k120610v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-136
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/04/2008
Du 30 mal au 6 Juin 1881.
Les soirées de l'Académie de musique
sont encore très brillantes malgré les sé-
ductions des dernières fêtes mondaines de
la saison et l'attrait déjà grand des spec-
tacles du plein air. Dans peu de temps,
l'aspect de la salle aura changé par suite
de l'éloignement momentané d'an grand
«ibre d'abonnés et d'habitués qui n'osent
\asger l'été à Paris. Ceux-ci seront
S
"^a par des provinciaux et des étran-
ersonnel du chant et de la danse
vle faire son devoir. Le feu sacré
..oindra pas 1
Mlle Dufrane semble devoir garder sans
partage, par suite du départ si regretté de
Mlle Daram, le rôle deXaïma, du « Tribu de
Zamora ». Comme nous l'avons déjà cons-
taté, Mlle Dafrane est,tout à fait bien dans
ce rôle.
M. Melchissôdec remplace, de son côté,
M. Lassalle dans le personnage de Ben Saïd,
et M. Lorrain supplée M. Melchissédec dans
le rôle d'Hadjar, sans que l'exécution y
perde au point de vue artistique. Ces
changements de distribution sont d'ailleurs
un attrait de plus pour les habitués et les
abonnés.
Nous avons été heureux du saccès rem-
porté par M. Jourdain dans les deux ou
trois représentations où il a remplacé
M. Sellier et chanté les airs de Manoël Diaz.
Ce jeune ténor est visiblement en progrès,
et nous le voyons, avec plaisir, entouré
d'une sympathie très vive.
Une faveur analogue ne cesse pas de s'at-
taeaer à Mlle Sangalli dont les apparitions
sont ai rares qu'eues sont fêtées comrae
des rentrées, sinon comme des débuts. La
toute récente reprisa du ballet de « Sylvia»
a été naturellement pour elle l'occasion d'an
nouveau triomphe. Quant à nous, ses belles
pirouettes n'ont pas diminué la joie que
nous éprouvons toujours plus vive d'enten-
dre la musique de « Sylvia M. Léo De-
libes n'a jamais été mieux inspiré que dans
cette merveilleuse partition.
OPERA-COMIQUE
Reprise du PARDON DE PLOERMEL, opéra-
comique en trois actes, de MM. Carré et Jules
Barbier, musique de Meyerbeer.
Cette reprise était attendue avec une
légitime curiosité D'abord, pour ceux qui
aiment et admirent le génie de Meyerbaer,
le « Pardon de Ploermel est peut-être la
plus originale et la plus personnelle de sas
œuvres, celle où, aux prises avec un livret
ne comportant pas de grandes situations
dramatiques, il a le plus inventé pour les
créer dans sa partition et pour suppléer à
l'intérêt de la pièce par le pittoresque de la
musique. C'est donc un chef-d'œuvre im-
périssable que celui-là et celui où l'âme du
maître s'est complètement révélée. Et puis,
les obstacles s'étaient donnés rendez-vous
sur le chemin de la restauration d'un ou-
vrage qui n'aurait jamais dû sortir du
répertoire. M. Lauwers, un baryton juste-
ment estimé, avait abordé puis quitté le
rôle de Hoôl, un des plus écrasants du théâ-
tre. M. Datriche, qui avait quitté l'Opéra-
Comique depuis longtemps, a dû rompre des
engagements à l'étranger pour venir, à
cette occasion, y reprendre sa place. Enfin,
Mlle Van Zandt qui, dans « Mignon » s'était
fait an nom déjà illustre, avait, un instant,
dû rompre avec la direction. Toutes ces
circonstances, connues du public, avaient,
au plus haut point, surexcité sa curiosité.
Mais la valeur seule du « Pardon de Ploer-
mel » eut suffi pour donner à sa réappari-
tion un immense intérêt.
Quel chef-d'œuvre que cette ouver ure
interrompue par un chœur derrière les
coulisses 1 Constatons d'abord qu'elle
n'avait jamais été exécutée avec une maes-
tria et avec une perfection pareilles.
M. ûanbé s'est positivement surpassé et
nous ne lui ménagerons pas des éloges
mérités. Je n'ai pas à rappeler les princi-
paux morceaux de cette œuvre connue de
tous les amateurs. Je passa donc tout de
suite à l'interprétation. Créé par Mme Marie
Cabel, qui était la déesse de la virtuosité
en personne, l'admirable rôle de Dinorah a
trouvé en Mlle Van Zandt une interprète
intelligente, gracieuse et douée d'une voix
sympathique. Un peu froide au premier
acte, elle a été merveilleuse au second dans
la célèbre valse, et très dramatique au der.
nier. A-t-elle été parfaite ? non Mais ce
n'en est pas moins pour elle, une épreuve
tout à fait heureuse et qui nous fait bien
augurer de son avenir. M. Dufriche, lui,
tâche terrible! succédait à Faure qui avait
précisément laissé d'inépuisables souvenirs
dans le rôle de Hoël. Visiblement ému, il n'a
pas eu toute la puissance voulue dans ce
superbe morceau « 0 puissante, ô puis-
sante magie! » Mais, ensuite, dans les côtés
tendres et douloureux du rôle, il a eu des
accents d'une tendresse et d'une chaleur
qui ont vraiment enlevé la salle. C'est vrai-
I
OPÉRA
Georges PRINN.
ment un pas immense franchi par lai et
un progrès énorme constaté. Ce n'est pas à
lui que j'adresserai un reproche relative-
ment à la façon dont il chante la magni-
fique romance du troisième acte « Dinorah
reviens à toi 1 » en tournant le dos à celle
à qui s'adressent ses paroles et en débitant
à l'avant-scène ce que Dinorah devrait en-
tendre la première, puisque ces accents ont
pour but de la rappeler à-la vie. Il paraît
que c'est la tradition que cet air soit chanté
ainsi. Eh bien, la tradition est tout sim-
plement, dans cette circonstance, comme
dans beaucoup d'autres, absurde et gro-
tesque. Elle ôte toute sonintensitévibrante,
tout son effet psychologique à un des mor-
ceaux des plus dramatiquement pathétiques
que Meyerbeer ait jamais écrits.
M. Bertin n'a pas, il s'en faut, la galté
désopilante et la fantaisie charmante de
Sainte-Foy dans le personnage de Coren-
tin. Mais il y a montré une jolie voix de
ténor qu'il conduit avec infiniment de
goût. Mme Engally a fait un immense suc-
cès de l'air, cependant médiocre, que Janio
vient chantar au second acte et qui consti-
titue tout son rôle dans la partition avec
le petit duo qu'elle a fort bien chanté au
troisième, avec Mlle Dupuls. M. Belhomme
a été bissé dans la fameuse chanson du Bra-
connier, et c'était justice. Quelle voix mâle,
virile, vibrante, pure et charmante. Quel
organe vaillant, plein de jeunesse et de
fraîcheur Une bonne note aussi à M. Che-
nevière qu'on n'a pas applaudi autant qu'il
le méritait dans le couplet du Faucheur.
Les choeurs ont marché d'une façon mer-
veilleuse et j'ai déjà dit ce que je pensais
da l'orchestre. Eu résumé, une fort belle
reprise.
COMÉDIE FRANÇAISE
Mlle Sarah Bernard est revenue del'autre
monde, rien du < Monde où l'on s'ennuie »
et, fidèle à ses rancunes et à ses jalousies,
la Comédie Française ne s'est pas empressée
de rouvrir ses portes à l'enfant prodigue,
j'écrirais volontiers à l'enfant prodige. Ce
n'est pas étonnant de la part d'une admi-
nistration, qui n'a pas su retenir une ar-
tiste comme Mlle Favart I
La nouvelle la plus intéressante et du
reste la plus à la portée des jonrnalistes
tenus à l'écart de la maison de Molière,
ancien style c'est que le Théâtre-Fran-
çais fermera 10 jours cet été, pour instal-
ler un rideau de fer, destiné à protéger les
spectateurs contre le feu, s'il éclatait sur
la scène ou dans les coulisses.
«La belle affaire d'être joué quinze jours
et de voir le succès arrêté dès son début
Ainsi s'est écrié M. Cadol, aussi a-t-il tout
net refusé de laisser passer sa comédie,
« La Belle affaire », qui devait être jouée il
y a huit jours. Telle est la raison pour
laquelle nous avons vu « Mme de Mainte-
non » se maintenir sur l'affiche, pour la
plus grande joie da M. François Coppé,
l'heureux père de ce drame en vers, et
aussi pour le plus grand agrément du pu-
blic qui se montre fort empressé à profiter
des dernières représentations de cette
oeuvre qu'on va jouer jusqu'au 1" juin,
époque de la clôture annuelle.
RENAISSANCE
La reprise du « Canard à trois becs est
décidément des plus heureuses et nous
sommes ravi d'apprendre que M. Jonas
vient de recevoir de M. Kouins la com-
mande d'une partition qui sera représentée
l'hiver prochain.
Le duo Jolly-Vauthier, est plus bouffon
que jamais, et Desclauzas, dans le rôle de
l'infortunée Sophronie, atteint le dernier
Oegré de la cocasserie.
« Mademoiselle Moucheron, » quoique
n'ajoutant rien à la renommée d'Ofîecbach,
n'en n'est pas moins un acte fort amusant
que Miiy-Meyar emplit de sa pétulance et
de ?'à verve endiablée.
CHATEAU-D'EAU
(OPÉRA-POPULAIRE)
Les représentations du « Trouvère se
continuent tons les soirs avec des fortunes
diverses par suite de changements fré-
quents dans la distribution des principaux
rôles. En somme, le chiffre des recettes doit
dédommager M. Millet des efforts qu'il
fait pour mettre un théâtre de grand opé-
ra à la portée des bourses modestes.
Un ténor absolument inconnu, croyons-
nous, des Parisiens, a essayé de remplacer
M. Henri Prévost dans le personnage de
Manrique. M. Naton a de l'expérience
comme chanteur, mais sa voix est petite,
étroite et sans grand charme. Le comédien
sait à peine éviter les maladresses où,
tombent généralement les débutants. En
somme, M. Naton ne nous semble pas en
Ludovic HANS.
G. SAiNT-AMÉ
ODÉON
G. SAINT-AMÉ.
Arthur VERNEUIL.
mesure de faire brillamment les lendemains
de M. Prévost. Peut-être serait-11 plus
heureux dans des rôles qui réclameraient
moins de force que celui de Maurique. Nous
avons remarqué, en effet, qu'il a fort bien
dit les deux airs qu'il chante dans les cou-
lisses « Exilé sur la terre. » et les adieux
à Léonore dans la scène du Miserere.
Mme Pitteri représente fa bohémienne
Azucena avec une ardeur concentrée qui
est bien dans la couleur du personnage.
Son contralto, quoique très exercé, nous a
paru manquer de souplesse et d'homogé-
néité. Mais 11 a des notes d'un grand effet.
Cette intelligente artiste a dû fournir une
assez longue carrière sur les scènes de la
province et de l'étranger. On voit que son
éducation artistique a été faite devant un
public qui préfère l'éclat de la force aux
nuances du style. A ce jeu, l'instrument
de la voix ne tarde ordinairement pas à
s'altérer avant l'heure. C'est le moindre
inconvénient d'un art grossier.
M. Delrat n'a pas encore fait par loi-
même l'épreuve de cette vérité. Son bary-
ton très étendu et suffisamment timbré est
un organe d'une puissance stupéfiante
quand il lui plaît de le surmener ce qui
lai arrive souvent. Nous nous demandons
pourquoi M. Delrat veut stupéfier le publie.
Ces choses- là sont bonnes quand on est
ténor, parait-il, mais elles n'ont jamais
réussi aux barytons. Que M. Delrat aille
entendre MM. Faure et Maurel, il trouvera
sans doute qu'il a plus de voix qu'eux,
mais il reconnaîtra aisément qu'il ne
chante pas de la même façon. Or, il n'y a
pas deux sortes de perfection dans l'art du
chant le publie du Château- d'Eau mérite
d'être respecté par le chanteur autant que
l'auditoire de l'Académie de musique. Un
chanteur n'est pas un hercule de la voix,
et on ne lui demande pas de tirer chaque
note comme on tire le canon. On le deman-
derait moins encore au comte de Luna qu'à
tout autre personnage da monde lyrique,
car c'est lui qui doit séduire la belle
Léonore et tâcher, par les caresses de sa
voix, de la disputer à Manrique. Il ne suffit
pas de tonner, Il faut roucouler.
M. Doyen, que nous avons apprécié,
quand il faisait partie de la troupe de
M. Vizentini, à la « Gaîté », nous semble
être beaucoup mieux que M. Delrat dans
les bonnes traditions de l'opéra et dans le
santiment du personnage. Il tient le rôle
du comte de Luna d'une façon à peu près
irréprochable. M. Millet a eu la main heu-
reuse quand il a engagé cet artiste.
Georges PRINN.
ATHÉNÉE-GIDMIQUE
II y a, dans «Monsieur», plus qu'une
pièce amusante et spirituelle il y a aussi
une étude de mœurs très une, qui double le
mérite de ces trois actes. MM. Armand
Silvestre et Paul Burani se sont montrés
des auteurs d'une réelle valeur dans cette
hilarante comédie-bouffe, que M. et Mme
Montrouge et leurs excellents artistes in-
terprètent avec tant de talent.
L'autre dimanche, a eu lieu une très in-
téressante matinée donnée sous le patro-
nage de la Pomme », une société artiste
que et littéraire, dont les membres sont
tous ou Bretons ou Normands. On y a fort
applaudi MM. Caron et Gilland, Mlle Reine
Mezeray, Mlle Joséphine Dorlia, M. Faure
et M. Howey, qui a dit dans la perfection
deux monologues. Mlle Noellie a joué avec
grand succès < les Billots doux », une très
jolie comédlnette en vers de M. Robert de
la Villehervé, et nous avons revu avec an
énorma plaisir, auquel venaient se mêler
les bons souvenirs d'antan, cette farce iné-
narrable qui a pour titre « En classe, Mes-
demoiselles t et dans laquelle reparaissait
(pour cette fois seulement), avec le même
entrain que naguère, son joyeux trio de
créateurs, M. et Mme Montrouge et le cé-
lèbre mime Paul Legrand.
NOUVEAUTÉS
Dois-je encore constater le nouveau suc-
cès de « la Boîte à Bibi »? Non, n'est-ce pas ? T
Ces trois actes enlevés par Brasseur, Jou-
mard (qui a été assez malin pour lâcher la
Comédie Française), Georges, Mmes Bode,
Darcourt, Debreux, Gilbert et tuttœ quantee
sont une « great attraction » qui ne peut
manquer son effet. Aussi M. Brasseur se
félicite-t-il de l'idée d'avoir rouvert cette
botte à Bibi, véritable botte de Pandore
d'où n-i s'est pas échappée l'espérance, car
les siennes sont réalisées. G. S. A.
COMÉDIE PARISIENNE
Et toujours la « Reine des Halles > I.
Et il n'y a pas de raison pour que cela
finisse; la pièce est toujours des plus amu-
santes, gaie et intéressante au possible et
l'inimitable Thérésa la mène toujours avec
la verve et l'entrain des premiers soirs.
Ajoutez à cela une excellente troupe
d'ensemble, des femmes jolies, des décors
fort réusais et la vogue persistante de la
« Reine des Halles sera suffisamment ex-
pliquée. Arthur VERNEUIL.
L.-Félix SAVARD.
BATI6N0LLES-M0NTMARTIE
On vient d'y fêter comme il convenait
cette amusante et charmante « Petite
Mariée » qui reste bien la meilleure opé-
rette de Lecocq, après c Mme Aagot ».
Les pensionnaires de Mme Chotel, ont
cédé la place, pour une semaine, à une trou-
pe étrangère qui s'est franchement fait
adopter par le public. Mme Tauffenberger,
n'est point une inconnue; depuis les Fan-
taisies, où nous l'avions vue, elle a fait de
sérieux progrès et a joué et chanté le rôle
de Graziella avec un cachet fort réussi.
Mme De Felcourt est dos plus réjouissantes
dans celui de Lucrézia on a fait un grand
succès à M. Géraizer qui, dans le rôle du
Podestat, a fait valoir une voix charmante,
merveilleusement timbrée, un ciseau rare
à signaler au dénicheur Koning. M. Kolletz
a la voix bien forte pour roucouler Je rôle
de San-Carlo, mais c'est un artiste qui
sait chanter.
Il serait injuste 6 ne pas complimenter
l'orchestre do M. Bovéry qui a enlevé l'ou-
verture et accompagné le grand et difficile
duo du t Rosignol avec beaucoup de
bonheur.
Pendant ce temps, on frémit à Nont-
martre avec la « Voleuse d'Enfants, » un
mélodrame qui laisse percer quelques che-
veux blancs, mais qui a passé grâce à Mme
Paget qui déploie une énergie des plus
dramatiques dans le rôle de Sarah Wattars.
Les autreis interprètes se sont laissé
dominer par une certaine mollesse que
nous aimons à attribuer aux première!
rigueurs de la chaude saison qui commence.
Arthur VERNEUIL.
CIRQUE D'ÉTÉ
Balles soirées et bien remplies.
Mlle Ada Blanche, dans ses exercices
sur la corde élastique est fort justement
applaudie tous les soirs. Signalons encore,
parmi les débuts de cette saison dont le
succès se maintient, M. Félix et son singe,
qui est vraiment un miracle d'adresse et
de docilité, et MM. Lauck et Fox dont les
travaux sur les trois barres fixes, font
l'admiration des amateurs. Quant à
Mlle Emilie Loisset qui porte dignement
an des noms les plus sympathiques de l'é-
quitation féminine contemporaine, c'est
un véritable enthousiasme que soulèvent
ses travaux de haute écoie. La famille
Schafler, qui est depuis près d'an an sur
la brèche, est toujours fort aimée du public
qui na se lasse pas de voir le vieux thème
des jeux Icariens rajeuni par des varia-
tions aussi nouvelles, aussi originales.
Mlle Adams et Mlle Price sont fêtées par
le public élégant qui rend justice à leur
grâce et à leur souplesse. M. Whiteley
mérite certainement une mention spéciale
pour ses voltiges à la Richard's. N'oublions
pas le clown Lerch qui est décidément un
artiste plein de fantaisie. Au demeurant»
un spectacle bien composé et très varié.
Jean DE LORR.
Une opérette nouvelle, « la Clarinette »,
paroles de MM. Péricaud et Daîormel,
musique de M. Ch. Hubans, va remplacer
« Une femme qui jure », avec Perrin, Gail-
lard, Victorin Armand et une débutante,
Mme Léona d'An.
Mlle Amiati, qui, pendant un mois, a
chanté tous les soirs avec an immense succès
le « Baptême du feu », est applaudie dana
une chanson nouvelle « Capitaine et Con-
fertt», imitée du «Colloque», de Paul
Déroulède.
Perrin, Ducastel, Victorin Armand,
Antony, Velly, Villé, Mmes Canon et
Mazedier interprètent avec succès leurs
dernières créations.
Prochainement, plusieurs débuts.
FOLIES RAMBUTEAU
Les Folies Rambuteau ferment leurs
portes le 31 mai, pour les rouvrir le 4 sep-
tembre avec beaucoup de changements et
dans la troupe et dans le genre de travail.
Ce qui se fera vaudra- 1- il mieux que ce
qui s'est fait, l'avenir nous le dira.
Le public, paraît-il, veut du nouveau, il
faut le servir selon ses goûts, ce grand des-
pote devant qui tout doit s'incliner.
Un mot d'adieu aux partants, à M. Henry
Min, qui a montré pendant deux ans des
qualités sérieuses de bon comédien et
d'excellent pensionnaire, à Mmes Brigliano,
Olivier et Sarah, que le public a toujours
vues avec plaisir. Enfln, à M. Brigliano,
l'administrateur dévoué et oonscieaeieax
qui a toujours apporté un grand zèle dana
l'exercice de ses fonctions, qui a eu, ne
l'oublions pas, la lourde charge de la for-
mation de la maison, le succès a couronné
ses efforts, la réussite a été complète. Inti-
mement lié à sa destinée, il cesse de jouer,
je cesse d'écrire.
ELDORADO
A. P.
BRIDIDI.
8 w
PROPOS DE VILLE ET DE TH&ATRB
On vient de démolir le petit théâtre de
La Tour d'Auvergne, – l'École lyrique, ai
vous aimez mieux.
Que de souvenirs le vent a emportés avec
la poussière de ces décombres 1
Cette petite salle avait été inaugurée, le
premier jeudi de novembre 1843, par uns
représentation an bénéfice de Frédéric
Manstein.
Elle fat dirigée d'abord par MM. Moreau-
Sainti, Henri Potier et Daudé, puis succes-
sivement par MM. Dupommereuil, Horn,
Sasportas, Ludovic Fleury, Darnaad, Mois-
son de Brécourt, dit Léon, dont la fille
Laurentine a été la première femme de
Victorien Sardou, Fanot, Mme Salon,
Achille Ricourt, Morin, l'acteur Baron, qui
y a joué sous le nom de Cléophas, Arthur
Chédivy, Charles Bridault, Ernest Duha-
mel, Victor Sureau et enfin le tailleur
Vallière.
La plupart de nos artistes connus ont
débuté là,-entre autres, Dieudonné, Saint-
Germain, Paul DeshavM, Ataés Desclée,
Grenier, Marie Delaporte, Louise Périga,
Antonine, Mlle Jouassain, Suzanne Lagier,
Mme Lacressonnière.
La première fois que Je sais allé à cette
école, en 1858, – Pierre Berton y jouait
un des petits marquis da « Misanthrope »
Il fallait voir comme on était sérieux, en
ce temps-là, bien plus que maintenant,
je vous en réponds.
On croyait que c'était arrivé 1
Il
04 o
Ah! les bonnes soirées que j'ai passées
dans ce ihéâtriculet t
J'y ai vtt commencer Mme Agar, Talien,
CoarceAles, Widmer, Georgette Olivier,
Pradhon, Debrnyère, qui s'appelait alors
Lillois, Diane Valatte, que venait voir jouer
fréquemment le duc de Brunsiriek, Laro-
che, Worms, Cooper, Alice Lody, Monte
Leblano, Pescheux, Dailly, Mmes Ponsin,
Lloyd, Tordeus, Rouaseil, Broisat, le
pauvre Séveste, Haymô, Porel, Masset,
Montlouis, Céline Chaumont, Mlle Silly,
qui interprétait souvent, sous le nom de
LéoctttHe, « Une mauvaise nuit est bientôt
passée m.
Coquelin aîné est venu s'essayer égale-
ment out cette modeste scène, ainsi que
Marie Colombier et Hortense Schneider.
Léontine Massin y a débuté à peine âgée
de quinze ans,– an printemps, une aurore!
Bt c'est là aussi qne Sarah Bernhardt a
pria l'habitudo des c planches ».
•
̃
Emile Abraham,notre excellent confrère,
a tenu, un moment, à l'école lyrique.l'em-
p !oi de « jeune premier».
Notre ami Cœdès y a joué la comédie
et du piano; Marguerite Bellanger, Jiliette
Beau et Anna Deslions ont tâché de s'y
révéler comme actrices et Albert Ponsin, le
filleul de Dumas fils, le frère de Marie
Roze, maintenant tut de Bol célèbres pein-
tres verriers, s'y est fait remarque* souvent.
Il y jouait dans la même soirée leDomai-
tique. des « Femmes qui pleurent », «t Thé-
ramène, dans « Phèdre et il était très
amusant – dans ces deux rôles.
On n'est pas plus éolectique.
«
« <
C'est à « La Tour» qu'a eu lieu la pre-
mière représentation du « Cheveu blanc»,
d'Octave Feuillet, de «Môdée», d'Brnest
Legouvé, et du « Myosotis », du poète Bar-
rillot.
Victorin Joncières y a lancé son premier
opéra-comique, et Victor Poupin y amie «n
vers < le Sicilien », de Molière.
Anatole Lionnet y a joué « le Piano de
Bertho et son frère Hippolyte, « la Corde
sensible. »
On y a applaudi Bocage aussi, et Clarisse
Miroy et Darcier et Francis Berton et D«ja>
zet et la grossse Léontine et Levasaeur et
Dtxrandeau, qui y a fait connattre son
« Baptême du p'tit ébénisse» JI
Ah! les bons éclats de rire qui venaient
se mêler à ces fêtes!
Un soir, Ricourt me présenta à Jules
Janin, qui me garda toute la soirée dans
sa loge, me faisant les honneurs d'un pa-
ternel entretien, ponctué de piquantes
anecdotes.
Et Dumas, le père, le grand Il venait
souvent voir jouer la petite Emilie, son
amiral Emilio, et il m'emmenait, il me
faisait asseoir à ses côtés et ses causeries
allaient leur train – étincelantes et
m'éblouissant.
Hélas la tombe a rendu muettes ces
voix si puissantes et tant aimées.
•
w w
La Tragédie avait pour décor une toile
brossée par Ciceri, -un palais aux galeries
infinies, aux colonnades fuyant dan* on
lointain prestigieux.
Ce décor vient d'être vendu; c'eat notre
Les soirées de l'Académie de musique
sont encore très brillantes malgré les sé-
ductions des dernières fêtes mondaines de
la saison et l'attrait déjà grand des spec-
tacles du plein air. Dans peu de temps,
l'aspect de la salle aura changé par suite
de l'éloignement momentané d'an grand
«ibre d'abonnés et d'habitués qui n'osent
\asger l'été à Paris. Ceux-ci seront
S
"^a par des provinciaux et des étran-
ersonnel du chant et de la danse
vle faire son devoir. Le feu sacré
..oindra pas 1
Mlle Dufrane semble devoir garder sans
partage, par suite du départ si regretté de
Mlle Daram, le rôle deXaïma, du « Tribu de
Zamora ». Comme nous l'avons déjà cons-
taté, Mlle Dafrane est,tout à fait bien dans
ce rôle.
M. Melchissôdec remplace, de son côté,
M. Lassalle dans le personnage de Ben Saïd,
et M. Lorrain supplée M. Melchissédec dans
le rôle d'Hadjar, sans que l'exécution y
perde au point de vue artistique. Ces
changements de distribution sont d'ailleurs
un attrait de plus pour les habitués et les
abonnés.
Nous avons été heureux du saccès rem-
porté par M. Jourdain dans les deux ou
trois représentations où il a remplacé
M. Sellier et chanté les airs de Manoël Diaz.
Ce jeune ténor est visiblement en progrès,
et nous le voyons, avec plaisir, entouré
d'une sympathie très vive.
Une faveur analogue ne cesse pas de s'at-
taeaer à Mlle Sangalli dont les apparitions
sont ai rares qu'eues sont fêtées comrae
des rentrées, sinon comme des débuts. La
toute récente reprisa du ballet de « Sylvia»
a été naturellement pour elle l'occasion d'an
nouveau triomphe. Quant à nous, ses belles
pirouettes n'ont pas diminué la joie que
nous éprouvons toujours plus vive d'enten-
dre la musique de « Sylvia M. Léo De-
libes n'a jamais été mieux inspiré que dans
cette merveilleuse partition.
OPERA-COMIQUE
Reprise du PARDON DE PLOERMEL, opéra-
comique en trois actes, de MM. Carré et Jules
Barbier, musique de Meyerbeer.
Cette reprise était attendue avec une
légitime curiosité D'abord, pour ceux qui
aiment et admirent le génie de Meyerbaer,
le « Pardon de Ploermel est peut-être la
plus originale et la plus personnelle de sas
œuvres, celle où, aux prises avec un livret
ne comportant pas de grandes situations
dramatiques, il a le plus inventé pour les
créer dans sa partition et pour suppléer à
l'intérêt de la pièce par le pittoresque de la
musique. C'est donc un chef-d'œuvre im-
périssable que celui-là et celui où l'âme du
maître s'est complètement révélée. Et puis,
les obstacles s'étaient donnés rendez-vous
sur le chemin de la restauration d'un ou-
vrage qui n'aurait jamais dû sortir du
répertoire. M. Lauwers, un baryton juste-
ment estimé, avait abordé puis quitté le
rôle de Hoôl, un des plus écrasants du théâ-
tre. M. Datriche, qui avait quitté l'Opéra-
Comique depuis longtemps, a dû rompre des
engagements à l'étranger pour venir, à
cette occasion, y reprendre sa place. Enfin,
Mlle Van Zandt qui, dans « Mignon » s'était
fait an nom déjà illustre, avait, un instant,
dû rompre avec la direction. Toutes ces
circonstances, connues du public, avaient,
au plus haut point, surexcité sa curiosité.
Mais la valeur seule du « Pardon de Ploer-
mel » eut suffi pour donner à sa réappari-
tion un immense intérêt.
Quel chef-d'œuvre que cette ouver ure
interrompue par un chœur derrière les
coulisses 1 Constatons d'abord qu'elle
n'avait jamais été exécutée avec une maes-
tria et avec une perfection pareilles.
M. ûanbé s'est positivement surpassé et
nous ne lui ménagerons pas des éloges
mérités. Je n'ai pas à rappeler les princi-
paux morceaux de cette œuvre connue de
tous les amateurs. Je passa donc tout de
suite à l'interprétation. Créé par Mme Marie
Cabel, qui était la déesse de la virtuosité
en personne, l'admirable rôle de Dinorah a
trouvé en Mlle Van Zandt une interprète
intelligente, gracieuse et douée d'une voix
sympathique. Un peu froide au premier
acte, elle a été merveilleuse au second dans
la célèbre valse, et très dramatique au der.
nier. A-t-elle été parfaite ? non Mais ce
n'en est pas moins pour elle, une épreuve
tout à fait heureuse et qui nous fait bien
augurer de son avenir. M. Dufriche, lui,
tâche terrible! succédait à Faure qui avait
précisément laissé d'inépuisables souvenirs
dans le rôle de Hoël. Visiblement ému, il n'a
pas eu toute la puissance voulue dans ce
superbe morceau « 0 puissante, ô puis-
sante magie! » Mais, ensuite, dans les côtés
tendres et douloureux du rôle, il a eu des
accents d'une tendresse et d'une chaleur
qui ont vraiment enlevé la salle. C'est vrai-
I
OPÉRA
Georges PRINN.
ment un pas immense franchi par lai et
un progrès énorme constaté. Ce n'est pas à
lui que j'adresserai un reproche relative-
ment à la façon dont il chante la magni-
fique romance du troisième acte « Dinorah
reviens à toi 1 » en tournant le dos à celle
à qui s'adressent ses paroles et en débitant
à l'avant-scène ce que Dinorah devrait en-
tendre la première, puisque ces accents ont
pour but de la rappeler à-la vie. Il paraît
que c'est la tradition que cet air soit chanté
ainsi. Eh bien, la tradition est tout sim-
plement, dans cette circonstance, comme
dans beaucoup d'autres, absurde et gro-
tesque. Elle ôte toute sonintensitévibrante,
tout son effet psychologique à un des mor-
ceaux des plus dramatiquement pathétiques
que Meyerbeer ait jamais écrits.
M. Bertin n'a pas, il s'en faut, la galté
désopilante et la fantaisie charmante de
Sainte-Foy dans le personnage de Coren-
tin. Mais il y a montré une jolie voix de
ténor qu'il conduit avec infiniment de
goût. Mme Engally a fait un immense suc-
cès de l'air, cependant médiocre, que Janio
vient chantar au second acte et qui consti-
titue tout son rôle dans la partition avec
le petit duo qu'elle a fort bien chanté au
troisième, avec Mlle Dupuls. M. Belhomme
a été bissé dans la fameuse chanson du Bra-
connier, et c'était justice. Quelle voix mâle,
virile, vibrante, pure et charmante. Quel
organe vaillant, plein de jeunesse et de
fraîcheur Une bonne note aussi à M. Che-
nevière qu'on n'a pas applaudi autant qu'il
le méritait dans le couplet du Faucheur.
Les choeurs ont marché d'une façon mer-
veilleuse et j'ai déjà dit ce que je pensais
da l'orchestre. Eu résumé, une fort belle
reprise.
COMÉDIE FRANÇAISE
Mlle Sarah Bernard est revenue del'autre
monde, rien du < Monde où l'on s'ennuie »
et, fidèle à ses rancunes et à ses jalousies,
la Comédie Française ne s'est pas empressée
de rouvrir ses portes à l'enfant prodigue,
j'écrirais volontiers à l'enfant prodige. Ce
n'est pas étonnant de la part d'une admi-
nistration, qui n'a pas su retenir une ar-
tiste comme Mlle Favart I
La nouvelle la plus intéressante et du
reste la plus à la portée des jonrnalistes
tenus à l'écart de la maison de Molière,
ancien style c'est que le Théâtre-Fran-
çais fermera 10 jours cet été, pour instal-
ler un rideau de fer, destiné à protéger les
spectateurs contre le feu, s'il éclatait sur
la scène ou dans les coulisses.
«La belle affaire d'être joué quinze jours
et de voir le succès arrêté dès son début
Ainsi s'est écrié M. Cadol, aussi a-t-il tout
net refusé de laisser passer sa comédie,
« La Belle affaire », qui devait être jouée il
y a huit jours. Telle est la raison pour
laquelle nous avons vu « Mme de Mainte-
non » se maintenir sur l'affiche, pour la
plus grande joie da M. François Coppé,
l'heureux père de ce drame en vers, et
aussi pour le plus grand agrément du pu-
blic qui se montre fort empressé à profiter
des dernières représentations de cette
oeuvre qu'on va jouer jusqu'au 1" juin,
époque de la clôture annuelle.
RENAISSANCE
La reprise du « Canard à trois becs est
décidément des plus heureuses et nous
sommes ravi d'apprendre que M. Jonas
vient de recevoir de M. Kouins la com-
mande d'une partition qui sera représentée
l'hiver prochain.
Le duo Jolly-Vauthier, est plus bouffon
que jamais, et Desclauzas, dans le rôle de
l'infortunée Sophronie, atteint le dernier
Oegré de la cocasserie.
« Mademoiselle Moucheron, » quoique
n'ajoutant rien à la renommée d'Ofîecbach,
n'en n'est pas moins un acte fort amusant
que Miiy-Meyar emplit de sa pétulance et
de ?'à verve endiablée.
CHATEAU-D'EAU
(OPÉRA-POPULAIRE)
Les représentations du « Trouvère se
continuent tons les soirs avec des fortunes
diverses par suite de changements fré-
quents dans la distribution des principaux
rôles. En somme, le chiffre des recettes doit
dédommager M. Millet des efforts qu'il
fait pour mettre un théâtre de grand opé-
ra à la portée des bourses modestes.
Un ténor absolument inconnu, croyons-
nous, des Parisiens, a essayé de remplacer
M. Henri Prévost dans le personnage de
Manrique. M. Naton a de l'expérience
comme chanteur, mais sa voix est petite,
étroite et sans grand charme. Le comédien
sait à peine éviter les maladresses où,
tombent généralement les débutants. En
somme, M. Naton ne nous semble pas en
Ludovic HANS.
G. SAiNT-AMÉ
ODÉON
G. SAINT-AMÉ.
Arthur VERNEUIL.
mesure de faire brillamment les lendemains
de M. Prévost. Peut-être serait-11 plus
heureux dans des rôles qui réclameraient
moins de force que celui de Maurique. Nous
avons remarqué, en effet, qu'il a fort bien
dit les deux airs qu'il chante dans les cou-
lisses « Exilé sur la terre. » et les adieux
à Léonore dans la scène du Miserere.
Mme Pitteri représente fa bohémienne
Azucena avec une ardeur concentrée qui
est bien dans la couleur du personnage.
Son contralto, quoique très exercé, nous a
paru manquer de souplesse et d'homogé-
néité. Mais 11 a des notes d'un grand effet.
Cette intelligente artiste a dû fournir une
assez longue carrière sur les scènes de la
province et de l'étranger. On voit que son
éducation artistique a été faite devant un
public qui préfère l'éclat de la force aux
nuances du style. A ce jeu, l'instrument
de la voix ne tarde ordinairement pas à
s'altérer avant l'heure. C'est le moindre
inconvénient d'un art grossier.
M. Delrat n'a pas encore fait par loi-
même l'épreuve de cette vérité. Son bary-
ton très étendu et suffisamment timbré est
un organe d'une puissance stupéfiante
quand il lui plaît de le surmener ce qui
lai arrive souvent. Nous nous demandons
pourquoi M. Delrat veut stupéfier le publie.
Ces choses- là sont bonnes quand on est
ténor, parait-il, mais elles n'ont jamais
réussi aux barytons. Que M. Delrat aille
entendre MM. Faure et Maurel, il trouvera
sans doute qu'il a plus de voix qu'eux,
mais il reconnaîtra aisément qu'il ne
chante pas de la même façon. Or, il n'y a
pas deux sortes de perfection dans l'art du
chant le publie du Château- d'Eau mérite
d'être respecté par le chanteur autant que
l'auditoire de l'Académie de musique. Un
chanteur n'est pas un hercule de la voix,
et on ne lui demande pas de tirer chaque
note comme on tire le canon. On le deman-
derait moins encore au comte de Luna qu'à
tout autre personnage da monde lyrique,
car c'est lui qui doit séduire la belle
Léonore et tâcher, par les caresses de sa
voix, de la disputer à Manrique. Il ne suffit
pas de tonner, Il faut roucouler.
M. Doyen, que nous avons apprécié,
quand il faisait partie de la troupe de
M. Vizentini, à la « Gaîté », nous semble
être beaucoup mieux que M. Delrat dans
les bonnes traditions de l'opéra et dans le
santiment du personnage. Il tient le rôle
du comte de Luna d'une façon à peu près
irréprochable. M. Millet a eu la main heu-
reuse quand il a engagé cet artiste.
Georges PRINN.
ATHÉNÉE-GIDMIQUE
II y a, dans «Monsieur», plus qu'une
pièce amusante et spirituelle il y a aussi
une étude de mœurs très une, qui double le
mérite de ces trois actes. MM. Armand
Silvestre et Paul Burani se sont montrés
des auteurs d'une réelle valeur dans cette
hilarante comédie-bouffe, que M. et Mme
Montrouge et leurs excellents artistes in-
terprètent avec tant de talent.
L'autre dimanche, a eu lieu une très in-
téressante matinée donnée sous le patro-
nage de la Pomme », une société artiste
que et littéraire, dont les membres sont
tous ou Bretons ou Normands. On y a fort
applaudi MM. Caron et Gilland, Mlle Reine
Mezeray, Mlle Joséphine Dorlia, M. Faure
et M. Howey, qui a dit dans la perfection
deux monologues. Mlle Noellie a joué avec
grand succès < les Billots doux », une très
jolie comédlnette en vers de M. Robert de
la Villehervé, et nous avons revu avec an
énorma plaisir, auquel venaient se mêler
les bons souvenirs d'antan, cette farce iné-
narrable qui a pour titre « En classe, Mes-
demoiselles t et dans laquelle reparaissait
(pour cette fois seulement), avec le même
entrain que naguère, son joyeux trio de
créateurs, M. et Mme Montrouge et le cé-
lèbre mime Paul Legrand.
NOUVEAUTÉS
Dois-je encore constater le nouveau suc-
cès de « la Boîte à Bibi »? Non, n'est-ce pas ? T
Ces trois actes enlevés par Brasseur, Jou-
mard (qui a été assez malin pour lâcher la
Comédie Française), Georges, Mmes Bode,
Darcourt, Debreux, Gilbert et tuttœ quantee
sont une « great attraction » qui ne peut
manquer son effet. Aussi M. Brasseur se
félicite-t-il de l'idée d'avoir rouvert cette
botte à Bibi, véritable botte de Pandore
d'où n-i s'est pas échappée l'espérance, car
les siennes sont réalisées. G. S. A.
COMÉDIE PARISIENNE
Et toujours la « Reine des Halles > I.
Et il n'y a pas de raison pour que cela
finisse; la pièce est toujours des plus amu-
santes, gaie et intéressante au possible et
l'inimitable Thérésa la mène toujours avec
la verve et l'entrain des premiers soirs.
Ajoutez à cela une excellente troupe
d'ensemble, des femmes jolies, des décors
fort réusais et la vogue persistante de la
« Reine des Halles sera suffisamment ex-
pliquée. Arthur VERNEUIL.
L.-Félix SAVARD.
BATI6N0LLES-M0NTMARTIE
On vient d'y fêter comme il convenait
cette amusante et charmante « Petite
Mariée » qui reste bien la meilleure opé-
rette de Lecocq, après c Mme Aagot ».
Les pensionnaires de Mme Chotel, ont
cédé la place, pour une semaine, à une trou-
pe étrangère qui s'est franchement fait
adopter par le public. Mme Tauffenberger,
n'est point une inconnue; depuis les Fan-
taisies, où nous l'avions vue, elle a fait de
sérieux progrès et a joué et chanté le rôle
de Graziella avec un cachet fort réussi.
Mme De Felcourt est dos plus réjouissantes
dans celui de Lucrézia on a fait un grand
succès à M. Géraizer qui, dans le rôle du
Podestat, a fait valoir une voix charmante,
merveilleusement timbrée, un ciseau rare
à signaler au dénicheur Koning. M. Kolletz
a la voix bien forte pour roucouler Je rôle
de San-Carlo, mais c'est un artiste qui
sait chanter.
Il serait injuste 6 ne pas complimenter
l'orchestre do M. Bovéry qui a enlevé l'ou-
verture et accompagné le grand et difficile
duo du t Rosignol avec beaucoup de
bonheur.
Pendant ce temps, on frémit à Nont-
martre avec la « Voleuse d'Enfants, » un
mélodrame qui laisse percer quelques che-
veux blancs, mais qui a passé grâce à Mme
Paget qui déploie une énergie des plus
dramatiques dans le rôle de Sarah Wattars.
Les autreis interprètes se sont laissé
dominer par une certaine mollesse que
nous aimons à attribuer aux première!
rigueurs de la chaude saison qui commence.
Arthur VERNEUIL.
CIRQUE D'ÉTÉ
Balles soirées et bien remplies.
Mlle Ada Blanche, dans ses exercices
sur la corde élastique est fort justement
applaudie tous les soirs. Signalons encore,
parmi les débuts de cette saison dont le
succès se maintient, M. Félix et son singe,
qui est vraiment un miracle d'adresse et
de docilité, et MM. Lauck et Fox dont les
travaux sur les trois barres fixes, font
l'admiration des amateurs. Quant à
Mlle Emilie Loisset qui porte dignement
an des noms les plus sympathiques de l'é-
quitation féminine contemporaine, c'est
un véritable enthousiasme que soulèvent
ses travaux de haute écoie. La famille
Schafler, qui est depuis près d'an an sur
la brèche, est toujours fort aimée du public
qui na se lasse pas de voir le vieux thème
des jeux Icariens rajeuni par des varia-
tions aussi nouvelles, aussi originales.
Mlle Adams et Mlle Price sont fêtées par
le public élégant qui rend justice à leur
grâce et à leur souplesse. M. Whiteley
mérite certainement une mention spéciale
pour ses voltiges à la Richard's. N'oublions
pas le clown Lerch qui est décidément un
artiste plein de fantaisie. Au demeurant»
un spectacle bien composé et très varié.
Jean DE LORR.
Une opérette nouvelle, « la Clarinette »,
paroles de MM. Péricaud et Daîormel,
musique de M. Ch. Hubans, va remplacer
« Une femme qui jure », avec Perrin, Gail-
lard, Victorin Armand et une débutante,
Mme Léona d'An.
Mlle Amiati, qui, pendant un mois, a
chanté tous les soirs avec an immense succès
le « Baptême du feu », est applaudie dana
une chanson nouvelle « Capitaine et Con-
fertt», imitée du «Colloque», de Paul
Déroulède.
Perrin, Ducastel, Victorin Armand,
Antony, Velly, Villé, Mmes Canon et
Mazedier interprètent avec succès leurs
dernières créations.
Prochainement, plusieurs débuts.
FOLIES RAMBUTEAU
Les Folies Rambuteau ferment leurs
portes le 31 mai, pour les rouvrir le 4 sep-
tembre avec beaucoup de changements et
dans la troupe et dans le genre de travail.
Ce qui se fera vaudra- 1- il mieux que ce
qui s'est fait, l'avenir nous le dira.
Le public, paraît-il, veut du nouveau, il
faut le servir selon ses goûts, ce grand des-
pote devant qui tout doit s'incliner.
Un mot d'adieu aux partants, à M. Henry
Min, qui a montré pendant deux ans des
qualités sérieuses de bon comédien et
d'excellent pensionnaire, à Mmes Brigliano,
Olivier et Sarah, que le public a toujours
vues avec plaisir. Enfln, à M. Brigliano,
l'administrateur dévoué et oonscieaeieax
qui a toujours apporté un grand zèle dana
l'exercice de ses fonctions, qui a eu, ne
l'oublions pas, la lourde charge de la for-
mation de la maison, le succès a couronné
ses efforts, la réussite a été complète. Inti-
mement lié à sa destinée, il cesse de jouer,
je cesse d'écrire.
ELDORADO
A. P.
BRIDIDI.
8 w
PROPOS DE VILLE ET DE TH&ATRB
On vient de démolir le petit théâtre de
La Tour d'Auvergne, – l'École lyrique, ai
vous aimez mieux.
Que de souvenirs le vent a emportés avec
la poussière de ces décombres 1
Cette petite salle avait été inaugurée, le
premier jeudi de novembre 1843, par uns
représentation an bénéfice de Frédéric
Manstein.
Elle fat dirigée d'abord par MM. Moreau-
Sainti, Henri Potier et Daudé, puis succes-
sivement par MM. Dupommereuil, Horn,
Sasportas, Ludovic Fleury, Darnaad, Mois-
son de Brécourt, dit Léon, dont la fille
Laurentine a été la première femme de
Victorien Sardou, Fanot, Mme Salon,
Achille Ricourt, Morin, l'acteur Baron, qui
y a joué sous le nom de Cléophas, Arthur
Chédivy, Charles Bridault, Ernest Duha-
mel, Victor Sureau et enfin le tailleur
Vallière.
La plupart de nos artistes connus ont
débuté là,-entre autres, Dieudonné, Saint-
Germain, Paul DeshavM, Ataés Desclée,
Grenier, Marie Delaporte, Louise Périga,
Antonine, Mlle Jouassain, Suzanne Lagier,
Mme Lacressonnière.
La première fois que Je sais allé à cette
école, en 1858, – Pierre Berton y jouait
un des petits marquis da « Misanthrope »
Il fallait voir comme on était sérieux, en
ce temps-là, bien plus que maintenant,
je vous en réponds.
On croyait que c'était arrivé 1
Il
04 o
Ah! les bonnes soirées que j'ai passées
dans ce ihéâtriculet t
J'y ai vtt commencer Mme Agar, Talien,
CoarceAles, Widmer, Georgette Olivier,
Pradhon, Debrnyère, qui s'appelait alors
Lillois, Diane Valatte, que venait voir jouer
fréquemment le duc de Brunsiriek, Laro-
che, Worms, Cooper, Alice Lody, Monte
Leblano, Pescheux, Dailly, Mmes Ponsin,
Lloyd, Tordeus, Rouaseil, Broisat, le
pauvre Séveste, Haymô, Porel, Masset,
Montlouis, Céline Chaumont, Mlle Silly,
qui interprétait souvent, sous le nom de
LéoctttHe, « Une mauvaise nuit est bientôt
passée m.
Coquelin aîné est venu s'essayer égale-
ment out cette modeste scène, ainsi que
Marie Colombier et Hortense Schneider.
Léontine Massin y a débuté à peine âgée
de quinze ans,– an printemps, une aurore!
Bt c'est là aussi qne Sarah Bernhardt a
pria l'habitudo des c planches ».
•
̃
Emile Abraham,notre excellent confrère,
a tenu, un moment, à l'école lyrique.l'em-
p !oi de « jeune premier».
Notre ami Cœdès y a joué la comédie
et du piano; Marguerite Bellanger, Jiliette
Beau et Anna Deslions ont tâché de s'y
révéler comme actrices et Albert Ponsin, le
filleul de Dumas fils, le frère de Marie
Roze, maintenant tut de Bol célèbres pein-
tres verriers, s'y est fait remarque* souvent.
Il y jouait dans la même soirée leDomai-
tique. des « Femmes qui pleurent », «t Thé-
ramène, dans « Phèdre et il était très
amusant – dans ces deux rôles.
On n'est pas plus éolectique.
«
« <
C'est à « La Tour» qu'a eu lieu la pre-
mière représentation du « Cheveu blanc»,
d'Octave Feuillet, de «Môdée», d'Brnest
Legouvé, et du « Myosotis », du poète Bar-
rillot.
Victorin Joncières y a lancé son premier
opéra-comique, et Victor Poupin y amie «n
vers < le Sicilien », de Molière.
Anatole Lionnet y a joué « le Piano de
Bertho et son frère Hippolyte, « la Corde
sensible. »
On y a applaudi Bocage aussi, et Clarisse
Miroy et Darcier et Francis Berton et D«ja>
zet et la grossse Léontine et Levasaeur et
Dtxrandeau, qui y a fait connattre son
« Baptême du p'tit ébénisse» JI
Ah! les bons éclats de rire qui venaient
se mêler à ces fêtes!
Un soir, Ricourt me présenta à Jules
Janin, qui me garda toute la soirée dans
sa loge, me faisant les honneurs d'un pa-
ternel entretien, ponctué de piquantes
anecdotes.
Et Dumas, le père, le grand Il venait
souvent voir jouer la petite Emilie, son
amiral Emilio, et il m'emmenait, il me
faisait asseoir à ses côtés et ses causeries
allaient leur train – étincelantes et
m'éblouissant.
Hélas la tombe a rendu muettes ces
voix si puissantes et tant aimées.
•
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La Tragédie avait pour décor une toile
brossée par Ciceri, -un palais aux galeries
infinies, aux colonnades fuyant dan* on
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