La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 5
hautes comportent une vitrerie du XIVe s.
qui n’a pas d’équivalent.
M. B.
M. Aubert, la Cathédrale de Chartres
(Arthaud, 1952). / A. Katzenellenbogen, The
Sculptural Programs of Chartres Cathedral
(Baltimore, 1959). / E. de Bonnafos, les Vitraux
de Chartres (Hachette, 1969).
Chartreux
Ordre religieux fondé au XIe s. par saint
Bruno.
Vie de saint Bruno
Bruno naît à Cologne vers 1030. Il
vient de bonne heure à Reims, où il est
élève, puis maître à la célèbre « école
cathédrale ». Après ses études, il est
promu chanoine de la cathédrale de
Reims. En 1056 ou 1057, il est nommé
« écolâtre » de Reims et, en cette qua-
lité, dirige l’enseignement de l’univer-
sité ; il demeurera en charge pendant
vingt ans. Plusieurs de ses disciples
accéderont aux plus hautes dignités de
l’Église : Eudes de Châtillon deviendra
pape sous le nom d’Urbain II.
En juillet 1067, l’archevêque Ger-
vais meurt. Manassès de Gournay ob-
tient, par simonie, le siège de Reims.
L’homme est avide et cynique. Il tente
d’abord de se concilier Bruno et l’uni-
versité en nommant l’« écolâtre » chan-
celier de son église (1075). Mais bien-
tôt la conduite de Manassès se révèle
telle qu’un petit groupe de chanoines,
dont Bruno, le dénoncent au légat du
pape. En représailles, l’archevêque
les spolie de leurs biens et de leurs
offices : ils doivent se réfugier chez le
comte Ebal de Roucy (1076).
Le 27 décembre 1080, Grégoire VII
dépose enfin Manassès. L’archevêque
est chassé de la ville par le peuple.
Bruno et les exilés peuvent rentrer à
Reims, et la vox populi désigne déjà
Bruno pour succéder à Manassès.
Mais Bruno a, depuis quelque temps,
entendu un autre appel : renonçant au
monde, il part bientôt en quête d’une
solitude où il pourra mener la vie
contemplative dans toute sa pureté.
Après un bref séjour à Sèche-Fon-
taine (diocèse de Langres), il descend
vers les Alpes. Chemin faisant, il s’ad-
joint six compagnons. Les sept pèle-
rins arrivent à Grenoble vers le début
de juin 1084. Hugues (1053-1132), le
jeune et saint évêque, les accueille avec
faveur. Aux alentours de la Saint-Jean-
Baptiste (24 juin), il les conduit lui-
même au désert de Chartreuse. C’est
là que Bruno réalisera son projet. Un
projet qui s’inscrit dans la nature même
du lieu : c’est la solitude, poussée à
l’extrême limite des forces humaines.
L’ermitage selon Bruno se dessine : un
petit groupe d’ermites dont la solitude
rigoureuse s’équilibre d’éléments de
vie communautaire et est protégée par
quelques convers, ermites eux aussi,
mais adonnés aux nécessités maté-
rielles du groupe.
Ce bonheur dure six ans. Aux pre-
miers mois de 1090, le pape Urbain II,
aux prises avec une situation fort péril-
leuse de l’Église, requiert la présence
et les conseils de son ancien maître de
Reims. Bruno obéit. Il gagne Rome
vers la fin de mars. En juin, Urbain II
doit s’exiler de nouveau en Sicile, au
royaume des princes normands. Au mi-
lieu de la cour pontificale, Bruno garde
la nostalgie du désert. Il refuse d’abord
l’évêché de Reggio di Calabria, que
lui offre le pape. Puis il obtient de
recommencer, sur place, l’expérience
de Chartreuse. En automne de 1090, il
fonde un nouvel ermitage à La Torre,
près de Serra (auj. Serra San Bruno),
en Calabre. Entre Bruno et ses fils de
Chartreuse, les relations, par lettres et
messages, n’ont pas cessé.
Bruno meurt le 6 octobre 1101. Le
19 juillet 1514, il sera canonisé par le
pape Léon X.
Brève histoire de l’ordre
Jusqu’aux environs de 1115, seuls
existèrent les ermitages de Chartreuse
et de Calabre. C’est alors que se créa
l’ermitage de Portes, dans le diocèse
de Belley : sept autres fondations sui-
virent bientôt. Or, il n’y avait ni règle
ni ordre cartusiens. À la demande de
plusieurs prieurs et sous la pression
d’Hugues de Grenoble, Guigues Ier
(prieur de Chartreuse de 1109 à 1136)
rédigea ce qu’il appela les Coutumes de
Chartreuse. Les Coutumes furent ache-
vées en 1127 et aussitôt adoptées par
l’ensemble des ermitages. Aujourd’hui
encore, elles constituent l’essentiel de
la règle cartusienne.
C’est sous le priorat de Guigues
qu’eut lieu la terrible avalanche du
30 janvier 1132 : toutes les cellules
de l’ermitage de Chartreuse, sauf une,
furent détruites ; sept religieux sur
douze ou treize périrent. On rebâtit,
non pas à l’emplacement primitif, dé-
cidément trop exposé aux avalanches,
mais 1 800 mètres plus bas.
En 1140, sous le priorat de saint
Anthelme (1139-1151), se tint, à la
demande des prieurs, le premier cha-
pitre général. Deux décisions impor-
tantes y furent prises : les diverses
communautés cartusiennes seraient
gouvernées désormais par le chapitre
général, et une prééminence d’autorité
serait conférée au prieur de Chartreuse
sur les autres prieurs. Un nouveau pas
vers l’unité allait être franchi sous le
généralat de dom Basile : en 1155, il
fut décidé que le chapitre se tiendrait
chaque année. L’ordre cartusien était
dès lors organiquement constitué.
Pendant deux siècles, l’ordre car-
tusien vécut dans une grande paix.
Entre 1155 et 1200, trente-sept mo-
nastères furent fondés, dont deux de
moniales. En 1371, sous le généralat
de Guillaume II de Raynald, l’ordre
répartissait ses 150 maisons par toute
l’Europe. C’est alors qu’éclata le
grand schisme d’Occident. Comme
l’Église, l’ordre cartusien se trouva
coupé en deux. Mais, dès l’élection
d’Alexandre V (1409), les Chartreux
reconstituèrent leur unité.
À la veille des guerres de Religion,
l’ordre comptait 195 chartreuses. Mais,
au cours des troubles qui agitèrent le
XVIe s., 39 maisons furent supprimées,
et plus de cinquante chartreux don-
nèrent leur vie pour la foi.
C’est par un incendie de la Grande-
Chartreuse (1676) que débuta le gé-
néralat de dom Innocent Le Masson
(1675-1703). Le nouveau père général
décida de reconstruire l’ensemble du
monastère sur un nouveau plan : c’est
la Grande-Chartreuse telle qu’elle se
présente aujourd’hui. L’activité de
dom Le Masson fut prodigieuse : admi-
nistrateur intrépide, il trouva le temps
d’écrire sur toutes sortes de sujets reli-
gieux. Il eut le mérite de prévoir la crise
janséniste et d’en prémunir l’ordre car-
tusien : si la rébellion de quelques reli-
gieux ne fut pas plus grave, c’est à dom
Le Masson d’abord et à son successeur,
dom Antoine de Montgeffond (1703-
1731), que le doivent les Chartreux.
Sur la fin du XVIIe s., plusieurs
princes catholiques exigèrent de leurs
chartreuses qu’elles se libèrent de la
tutelle de la Grande-Chartreuse ou sup-
priment des monastères. Au début de la
Révolution française, la Grande-Char-
treuse n’avait plus autorité que sur les
68 maisons de France et sur celles du
Portugal, de la Savoie et du Piémont,
de la Suisse et des États pontificaux,
d’Allemagne et de Pologne.
Les années révolutionnaires et na-
poléoniennes furent un désastre pour
l’ordre cartusien : plus de 100 char-
treux détenus, 51 morts pour leur fidé-
lité religieuse ; les maisons saccagées,
vendues ; la Grande-Chartreuse dila-
pidée. Le père général, dom Nicolas
de Geoffroy, réfugié à Bologne, puis
à Rome, mourut en 1801. Impossible
de rassembler un chapitre général, ni
même les profès de Chartreuse : selon
une décision des quelques prieurs réu-
nis à Bologne en 1793, le père scribe
(le secrétaire du père général) devint
vicaire général. Quatre fois, il fallut
faire jouer cette règle d’exception. Ce
n’est que le 8 juillet 1816 qu’un petit
groupe de huit ou neuf chartreux, re-
groupés par la fidélité tenace du vicaire
dom Romuald Moissonnier, réintégrait
la Grande-Chartreuse.
Dom Grégoire Sorel, âgé de 77 ans,
accepta la charge de prieur de Char-
treuse, et les ermites qui avaient pu
rejoindre le monastère reprirent l’ob-
servance régulière. La restauration de
l’ordre cartusien fut l’oeuvre de dom
Jean-Baptiste Mortaize. Il gouverna
pendant trente-deux ans l’ordre renais-
sant. Au cours du XIXe s., 25 maisons
purent être restaurées ou récupérées,
dont dix en France.
Dès le début du XXe s., une nouvelle
tempête s’abattit sur les monastères
de France. En 1903, Combes expul-
sait les religieux, qui ne voulaient pas
se disperser. À la Grande-Chartreuse,
le père général dom Michel Baglin
(1892-1905) et ses moines ne cédèrent
qu’à la force. Proscrits, les moines de
la Grande-Chartreuse s’installèrent à
Farneta, près de Lucques, en Toscane.
Tout le temps que dura l’exil, Farneta
jouit du titre et des privilèges de la
Grande-Chartreuse.
En 1940, quand il apprit que l’Ita-
lie s’apprêtait à déclarer la guerre à la
France, le père général dom Ferdinand
Vidal (70e) entreprit des démarches
pour rentrer à la Grande-Chartreuse.
Le gouvernement donna de vive voix
son accord ; mais le projet se heurtait à
l’hostilité de certains administrateurs.
Les troupes allemandes approchaient
de Grenoble ; alors, le maire de Saint-
Pierre-de-Chartreuse et conseiller gé-
néral de Saint-Laurent-du-Pont réqui-
sitionna la Grande-Chartreuse « pour
des rapatriés d’Italie ». Trente-sept ans
après l’expulsion, le désert reprenait
vie.
Implantation de l’ordre des
Chartreux (1970)
En France, il y a quatre monastères
d’hommes : la Grande-Chartreuse (Saint-
Pierre-de-Chartreuse, Isère), Montrieux
(Méounes, Var), Sélignac (Simandre, Ain),
Mougères (Caux, Hérault), et deux de mo-
niales : Beauregard (Voiron, Isère) et No-
nenque (Marnhagues-et-Latour, Aveyron).
2367
hautes comportent une vitrerie du XIVe s.
qui n’a pas d’équivalent.
M. B.
M. Aubert, la Cathédrale de Chartres
(Arthaud, 1952). / A. Katzenellenbogen, The
Sculptural Programs of Chartres Cathedral
(Baltimore, 1959). / E. de Bonnafos, les Vitraux
de Chartres (Hachette, 1969).
Chartreux
Ordre religieux fondé au XIe s. par saint
Bruno.
Vie de saint Bruno
Bruno naît à Cologne vers 1030. Il
vient de bonne heure à Reims, où il est
élève, puis maître à la célèbre « école
cathédrale ». Après ses études, il est
promu chanoine de la cathédrale de
Reims. En 1056 ou 1057, il est nommé
« écolâtre » de Reims et, en cette qua-
lité, dirige l’enseignement de l’univer-
sité ; il demeurera en charge pendant
vingt ans. Plusieurs de ses disciples
accéderont aux plus hautes dignités de
l’Église : Eudes de Châtillon deviendra
pape sous le nom d’Urbain II.
En juillet 1067, l’archevêque Ger-
vais meurt. Manassès de Gournay ob-
tient, par simonie, le siège de Reims.
L’homme est avide et cynique. Il tente
d’abord de se concilier Bruno et l’uni-
versité en nommant l’« écolâtre » chan-
celier de son église (1075). Mais bien-
tôt la conduite de Manassès se révèle
telle qu’un petit groupe de chanoines,
dont Bruno, le dénoncent au légat du
pape. En représailles, l’archevêque
les spolie de leurs biens et de leurs
offices : ils doivent se réfugier chez le
comte Ebal de Roucy (1076).
Le 27 décembre 1080, Grégoire VII
dépose enfin Manassès. L’archevêque
est chassé de la ville par le peuple.
Bruno et les exilés peuvent rentrer à
Reims, et la vox populi désigne déjà
Bruno pour succéder à Manassès.
Mais Bruno a, depuis quelque temps,
entendu un autre appel : renonçant au
monde, il part bientôt en quête d’une
solitude où il pourra mener la vie
contemplative dans toute sa pureté.
Après un bref séjour à Sèche-Fon-
taine (diocèse de Langres), il descend
vers les Alpes. Chemin faisant, il s’ad-
joint six compagnons. Les sept pèle-
rins arrivent à Grenoble vers le début
de juin 1084. Hugues (1053-1132), le
jeune et saint évêque, les accueille avec
faveur. Aux alentours de la Saint-Jean-
Baptiste (24 juin), il les conduit lui-
même au désert de Chartreuse. C’est
là que Bruno réalisera son projet. Un
projet qui s’inscrit dans la nature même
du lieu : c’est la solitude, poussée à
l’extrême limite des forces humaines.
L’ermitage selon Bruno se dessine : un
petit groupe d’ermites dont la solitude
rigoureuse s’équilibre d’éléments de
vie communautaire et est protégée par
quelques convers, ermites eux aussi,
mais adonnés aux nécessités maté-
rielles du groupe.
Ce bonheur dure six ans. Aux pre-
miers mois de 1090, le pape Urbain II,
aux prises avec une situation fort péril-
leuse de l’Église, requiert la présence
et les conseils de son ancien maître de
Reims. Bruno obéit. Il gagne Rome
vers la fin de mars. En juin, Urbain II
doit s’exiler de nouveau en Sicile, au
royaume des princes normands. Au mi-
lieu de la cour pontificale, Bruno garde
la nostalgie du désert. Il refuse d’abord
l’évêché de Reggio di Calabria, que
lui offre le pape. Puis il obtient de
recommencer, sur place, l’expérience
de Chartreuse. En automne de 1090, il
fonde un nouvel ermitage à La Torre,
près de Serra (auj. Serra San Bruno),
en Calabre. Entre Bruno et ses fils de
Chartreuse, les relations, par lettres et
messages, n’ont pas cessé.
Bruno meurt le 6 octobre 1101. Le
19 juillet 1514, il sera canonisé par le
pape Léon X.
Brève histoire de l’ordre
Jusqu’aux environs de 1115, seuls
existèrent les ermitages de Chartreuse
et de Calabre. C’est alors que se créa
l’ermitage de Portes, dans le diocèse
de Belley : sept autres fondations sui-
virent bientôt. Or, il n’y avait ni règle
ni ordre cartusiens. À la demande de
plusieurs prieurs et sous la pression
d’Hugues de Grenoble, Guigues Ier
(prieur de Chartreuse de 1109 à 1136)
rédigea ce qu’il appela les Coutumes de
Chartreuse. Les Coutumes furent ache-
vées en 1127 et aussitôt adoptées par
l’ensemble des ermitages. Aujourd’hui
encore, elles constituent l’essentiel de
la règle cartusienne.
C’est sous le priorat de Guigues
qu’eut lieu la terrible avalanche du
30 janvier 1132 : toutes les cellules
de l’ermitage de Chartreuse, sauf une,
furent détruites ; sept religieux sur
douze ou treize périrent. On rebâtit,
non pas à l’emplacement primitif, dé-
cidément trop exposé aux avalanches,
mais 1 800 mètres plus bas.
En 1140, sous le priorat de saint
Anthelme (1139-1151), se tint, à la
demande des prieurs, le premier cha-
pitre général. Deux décisions impor-
tantes y furent prises : les diverses
communautés cartusiennes seraient
gouvernées désormais par le chapitre
général, et une prééminence d’autorité
serait conférée au prieur de Chartreuse
sur les autres prieurs. Un nouveau pas
vers l’unité allait être franchi sous le
généralat de dom Basile : en 1155, il
fut décidé que le chapitre se tiendrait
chaque année. L’ordre cartusien était
dès lors organiquement constitué.
Pendant deux siècles, l’ordre car-
tusien vécut dans une grande paix.
Entre 1155 et 1200, trente-sept mo-
nastères furent fondés, dont deux de
moniales. En 1371, sous le généralat
de Guillaume II de Raynald, l’ordre
répartissait ses 150 maisons par toute
l’Europe. C’est alors qu’éclata le
grand schisme d’Occident. Comme
l’Église, l’ordre cartusien se trouva
coupé en deux. Mais, dès l’élection
d’Alexandre V (1409), les Chartreux
reconstituèrent leur unité.
À la veille des guerres de Religion,
l’ordre comptait 195 chartreuses. Mais,
au cours des troubles qui agitèrent le
XVIe s., 39 maisons furent supprimées,
et plus de cinquante chartreux don-
nèrent leur vie pour la foi.
C’est par un incendie de la Grande-
Chartreuse (1676) que débuta le gé-
néralat de dom Innocent Le Masson
(1675-1703). Le nouveau père général
décida de reconstruire l’ensemble du
monastère sur un nouveau plan : c’est
la Grande-Chartreuse telle qu’elle se
présente aujourd’hui. L’activité de
dom Le Masson fut prodigieuse : admi-
nistrateur intrépide, il trouva le temps
d’écrire sur toutes sortes de sujets reli-
gieux. Il eut le mérite de prévoir la crise
janséniste et d’en prémunir l’ordre car-
tusien : si la rébellion de quelques reli-
gieux ne fut pas plus grave, c’est à dom
Le Masson d’abord et à son successeur,
dom Antoine de Montgeffond (1703-
1731), que le doivent les Chartreux.
Sur la fin du XVIIe s., plusieurs
princes catholiques exigèrent de leurs
chartreuses qu’elles se libèrent de la
tutelle de la Grande-Chartreuse ou sup-
priment des monastères. Au début de la
Révolution française, la Grande-Char-
treuse n’avait plus autorité que sur les
68 maisons de France et sur celles du
Portugal, de la Savoie et du Piémont,
de la Suisse et des États pontificaux,
d’Allemagne et de Pologne.
Les années révolutionnaires et na-
poléoniennes furent un désastre pour
l’ordre cartusien : plus de 100 char-
treux détenus, 51 morts pour leur fidé-
lité religieuse ; les maisons saccagées,
vendues ; la Grande-Chartreuse dila-
pidée. Le père général, dom Nicolas
de Geoffroy, réfugié à Bologne, puis
à Rome, mourut en 1801. Impossible
de rassembler un chapitre général, ni
même les profès de Chartreuse : selon
une décision des quelques prieurs réu-
nis à Bologne en 1793, le père scribe
(le secrétaire du père général) devint
vicaire général. Quatre fois, il fallut
faire jouer cette règle d’exception. Ce
n’est que le 8 juillet 1816 qu’un petit
groupe de huit ou neuf chartreux, re-
groupés par la fidélité tenace du vicaire
dom Romuald Moissonnier, réintégrait
la Grande-Chartreuse.
Dom Grégoire Sorel, âgé de 77 ans,
accepta la charge de prieur de Char-
treuse, et les ermites qui avaient pu
rejoindre le monastère reprirent l’ob-
servance régulière. La restauration de
l’ordre cartusien fut l’oeuvre de dom
Jean-Baptiste Mortaize. Il gouverna
pendant trente-deux ans l’ordre renais-
sant. Au cours du XIXe s., 25 maisons
purent être restaurées ou récupérées,
dont dix en France.
Dès le début du XXe s., une nouvelle
tempête s’abattit sur les monastères
de France. En 1903, Combes expul-
sait les religieux, qui ne voulaient pas
se disperser. À la Grande-Chartreuse,
le père général dom Michel Baglin
(1892-1905) et ses moines ne cédèrent
qu’à la force. Proscrits, les moines de
la Grande-Chartreuse s’installèrent à
Farneta, près de Lucques, en Toscane.
Tout le temps que dura l’exil, Farneta
jouit du titre et des privilèges de la
Grande-Chartreuse.
En 1940, quand il apprit que l’Ita-
lie s’apprêtait à déclarer la guerre à la
France, le père général dom Ferdinand
Vidal (70e) entreprit des démarches
pour rentrer à la Grande-Chartreuse.
Le gouvernement donna de vive voix
son accord ; mais le projet se heurtait à
l’hostilité de certains administrateurs.
Les troupes allemandes approchaient
de Grenoble ; alors, le maire de Saint-
Pierre-de-Chartreuse et conseiller gé-
néral de Saint-Laurent-du-Pont réqui-
sitionna la Grande-Chartreuse « pour
des rapatriés d’Italie ». Trente-sept ans
après l’expulsion, le désert reprenait
vie.
Implantation de l’ordre des
Chartreux (1970)
En France, il y a quatre monastères
d’hommes : la Grande-Chartreuse (Saint-
Pierre-de-Chartreuse, Isère), Montrieux
(Méounes, Var), Sélignac (Simandre, Ain),
Mougères (Caux, Hérault), et deux de mo-
niales : Beauregard (Voiron, Isère) et No-
nenque (Marnhagues-et-Latour, Aveyron).
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