Dictionnaire mondial de la Photographie
photographie, puis enseigne à l’université.
Après des images étranges, surréalistes
(séries les Toits, 1972 ; Objets tenus et jetés,
1976), ses photographies, souvent mises*
en scène dans le huis-clos de son studio
d’après des dessins préparatoires, sont de
plus en plus élaborées et violentes. Il y
convoque êtres difformes, malades, phé-
nomènes de foire – le plus souvent fémi-
nins –, et les fait poser nus, avec divers
accessoires (parfois des animaux), devant
des décors peints. Ces personnages fi-
gurent des scènes allégoriques (l’Invention
du lait ; Portrait de l’Holocauste, 1980) ou
mythologiques (Pygmalion, 1982 ; Léda,
1986) ou illustrent des références à l’his-
toire de l’art (Courbet dans le bain de
Rejlander, 1985, ou les célèbres Ménines,
1987, version hallucinée du tableau de Ve-
làzquez, où Witkin tient le rôle du peintre).
Toutes ces images, d’une grande crudité,
parfois presque insoutenables, touchent
à la sexualité ou à la mort, pulvérisant les
tabous, mais sur le mode sacré. En 1989,
il publie le recueil Gods from Earth and
Heaven. Witkin travaille parfois avec des
cadavres : le Festin des fous, 1990, sorte de
vanité, mêle débris humains, enfant mort-
né, fruits, pieuvre. Après les prises de vue,
il gratte, lacère les négatifs, puis vire les
tirages, les macule, les traite à la cire, aux
produits chimiques, etc. La scène repré-
sentée est ainsi transcendée, sorte d’icône
d’une terrifiante beauté. Depuis une pre-
mière exposition en 1969, ses images cir-
culent sans cesse dans le monde (Ams-
terdam, Stedelijk Museum, 1983 ; San
Francisco, Museum of Modern Art, 1985 ;
Paris, C.N.P., palais de Tokyo, 1989, etc.).
Pour le 150e Anniversaire de la photogra-
phie, il a créé une installation-sculpture,
Sphinge, sorte d’idole païenne constituée
de 200 rouleaux de film (Paris, M.N.A.M.).
Ch.B.
WODICZKO Krzysztof
artiste polonais
(Varsovie 1943)
À la suite d’une formation de designer in-
dustriel, Wodiczko réalise, à la fin des an-
nées 1960, une série d’oeuvres qui lui per-
mettent de s’affirmer parmi l’avant-garde
polonaise. Il quitte la Pologne en 1977,
exerce une activité d’enseignant-invité
aux États-Unis et s’installe à New York en
1983. Ses premiers travaux ont trouvé un
développement dans la conception de vé-
hicules ou d’objets liés à la reconnaissance
des exclus du système social. Son travail
photographique repose sur un système de
projection de diapositives, commencé en
1977 et devenu exemplaire à partir de 1980
par son intégration à l’échelle urbaine. Ses
Projections publiques, réalisées en Europe
et en Amérique, consistent à projeter des
images géantes de détails d’objets et de
fragments corporels sur des édifices pu-
blics et commémoratifs significatifs. Elles
font apparaître des questions relatives aux
comportements individuels et collectifs,
tout en proposant une interprétation de
l’histoire passée et contemporaine. Son
oeuvre a fait l’objet d’une exposition rétros-
pective en 1992 au musée Sztuki de Lodz,
à la fondation Tapiès de Barcelone et au
Walker Art Center de Minneapolis.
F.D.
WOLCOTT Marion Post
photographe américaine
(Monclair, New Jersey, 1910)
Elle est une des rares femmes photographes
de son époque. Surtout connue pour le
travail qu’elle a réalisé à la F.S.A.*, Wol-
cott commence la photographie en ama-
teur lorsqu’elle est étudiante à Vienne, en
Autriche. Dans les années 1930, de retour
à New York, sa rencontre avec P. Strand* et
612
photographie, puis enseigne à l’université.
Après des images étranges, surréalistes
(séries les Toits, 1972 ; Objets tenus et jetés,
1976), ses photographies, souvent mises*
en scène dans le huis-clos de son studio
d’après des dessins préparatoires, sont de
plus en plus élaborées et violentes. Il y
convoque êtres difformes, malades, phé-
nomènes de foire – le plus souvent fémi-
nins –, et les fait poser nus, avec divers
accessoires (parfois des animaux), devant
des décors peints. Ces personnages fi-
gurent des scènes allégoriques (l’Invention
du lait ; Portrait de l’Holocauste, 1980) ou
mythologiques (Pygmalion, 1982 ; Léda,
1986) ou illustrent des références à l’his-
toire de l’art (Courbet dans le bain de
Rejlander, 1985, ou les célèbres Ménines,
1987, version hallucinée du tableau de Ve-
làzquez, où Witkin tient le rôle du peintre).
Toutes ces images, d’une grande crudité,
parfois presque insoutenables, touchent
à la sexualité ou à la mort, pulvérisant les
tabous, mais sur le mode sacré. En 1989,
il publie le recueil Gods from Earth and
Heaven. Witkin travaille parfois avec des
cadavres : le Festin des fous, 1990, sorte de
vanité, mêle débris humains, enfant mort-
né, fruits, pieuvre. Après les prises de vue,
il gratte, lacère les négatifs, puis vire les
tirages, les macule, les traite à la cire, aux
produits chimiques, etc. La scène repré-
sentée est ainsi transcendée, sorte d’icône
d’une terrifiante beauté. Depuis une pre-
mière exposition en 1969, ses images cir-
culent sans cesse dans le monde (Ams-
terdam, Stedelijk Museum, 1983 ; San
Francisco, Museum of Modern Art, 1985 ;
Paris, C.N.P., palais de Tokyo, 1989, etc.).
Pour le 150e Anniversaire de la photogra-
phie, il a créé une installation-sculpture,
Sphinge, sorte d’idole païenne constituée
de 200 rouleaux de film (Paris, M.N.A.M.).
Ch.B.
WODICZKO Krzysztof
artiste polonais
(Varsovie 1943)
À la suite d’une formation de designer in-
dustriel, Wodiczko réalise, à la fin des an-
nées 1960, une série d’oeuvres qui lui per-
mettent de s’affirmer parmi l’avant-garde
polonaise. Il quitte la Pologne en 1977,
exerce une activité d’enseignant-invité
aux États-Unis et s’installe à New York en
1983. Ses premiers travaux ont trouvé un
développement dans la conception de vé-
hicules ou d’objets liés à la reconnaissance
des exclus du système social. Son travail
photographique repose sur un système de
projection de diapositives, commencé en
1977 et devenu exemplaire à partir de 1980
par son intégration à l’échelle urbaine. Ses
Projections publiques, réalisées en Europe
et en Amérique, consistent à projeter des
images géantes de détails d’objets et de
fragments corporels sur des édifices pu-
blics et commémoratifs significatifs. Elles
font apparaître des questions relatives aux
comportements individuels et collectifs,
tout en proposant une interprétation de
l’histoire passée et contemporaine. Son
oeuvre a fait l’objet d’une exposition rétros-
pective en 1992 au musée Sztuki de Lodz,
à la fondation Tapiès de Barcelone et au
Walker Art Center de Minneapolis.
F.D.
WOLCOTT Marion Post
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(Monclair, New Jersey, 1910)
Elle est une des rares femmes photographes
de son époque. Surtout connue pour le
travail qu’elle a réalisé à la F.S.A.*, Wol-
cott commence la photographie en ama-
teur lorsqu’elle est étudiante à Vienne, en
Autriche. Dans les années 1930, de retour
à New York, sa rencontre avec P. Strand* et
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