Titre : L'Europe artiste : beaux-arts, peinture, sculpture, gravure, théâtre, chorégraphie, musique, expositions, musées, librairie artistique, bulletin des ventes...
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1880-01-04
Contributeur : Desolme, Charles (1817-1877). Directeur de publication
Contributeur : Chavet, Eugène (1816-18..). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32771216g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 janvier 1880 04 janvier 1880
Description : 1880/01/04 (A28,N1)-1880/12/19 (A28,N48). 1880/01/04 (A28,N1)-1880/12/19 (A28,N48).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k119623k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, V-380 ; Z-132
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
> 4 100,
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A-?~ tV~rtf~'r~r''A'T' 'i~T~T~· o~_ ~tABONNB' r" ~'¡é\.) t\'l' ;(;JOÙRN.A..L/ HEBD()MADAIRE" AboD~ementlilpou".Par~liIet laprov tno
.0~ S'ABONNE- r~ Unan.40&.tSixmois.22&.
1 ',i,i"A;Y "Ç" 1 f Unan.< 40fr.`jSlsmoie, 22fr.
p t ~l 4 < ,1 _oT',r, 't "L; ;J .>I"l j "II. )'-1>" ( J t~,} ')\tt. III Unan.c. 40rr.~Sixmols. 22ft.
pMunm&ndatPurlapoateà!or DmECTBuRG~~T dj- x~)E)~~THhATRE~~ DE LA MDSiQDhy DE LA LiiiMiAJUJnh ni Dha pLADA-Atiio un&n. so~-sixmots 28frA
,i d~ r, _r Jt" r;
(, i "1~ ,istratipn:~et~ rue ~L.âmai~,in®âris. x ÉLIEr;l$;ÉB,~1'ULT
"Gr-. HEëBRT ,J ~i~ ~LIErF~ÉB.A'ULT
M~aM ",i J LES BUREAUX SONT,OUVERTS!.DE 1 5 A6 HEURES. Y 2M~~/ty<'CtPW''MC.rM' t 'j-j ~.j~U~ BUREAUX ~-< A'6 ~Euus, r J v' <
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C~~CT~IQTIB: É
1. .fJ j 1
1
~ea~Kb~tM 6
A ce moment de la saison, les débuts ont 1
en lieu sur tous les théâtres des départe-
ments et de l'étranger, et les artistes enga-
gés sur ces diuërentes scènes sont ûxés (
presque tous aujourd'hui sur leur, situation (
pour cette année. Les uns sont acceptés dé- (
finitivement; les' autres, devant l'attitude
plus ou moins justifiée du public, sont obli- ]
gés de résilKr et de recommencer l'épreuve (
(les trois débuts successifs) sur un autre C
thé.1tre > > >
théâtre. ,o ')
A Pâtis, où généralement le public est dé- i
bonnaire et patient, les débuts ne sont guère <
qu'une simple indication d'afGche. C'est une ]
formalité dont les résultats ne prennent ja-
mais de caractère désagréable pour l'artiste.
Si celui-ci est mauvais, l'honnête public pa-
"risien, bon enfant entre tous, l'accueille avec
une froideur indifférente, sans témoigner
autrement son mécontentement, en laissant
à la claque le soin de faire retentir la salle
des bruyantes manifestations de son enthou-
siasme de commande. `` '`
Cette indulgence, ou plutôt cette indiffé-
rence du spectateur parisien est cause que
nous voyons souvent chez n~us, sur des scè-
nés assez importantes, des sujets d'une va-
leur très contestable, parfois d'une nullité
absolue, dont on ne voudrait pas dans les
théâtres des villes les plus intimes de la
France et de l'étranger. (Ne nommons per-
sonne `
.Mais. en province, dans. certaines villes
du Midi surtout, où le public eut hargneux,
difficile, souvent injuste, et où les débuts de
toute la troupe nouvelle se font en masse,
cette formalité acquiert une grande impor-
tance et amène souvent des scandales.
Les spectateurs des départements sont
loin d'être aussi accommodants que ceux de
la capitale; ils ne se contentent point d'ac-
cueillir sans enthousiasme le débutant qui
leur déplaît ils se livrent souvent à des ma-
nifestations peu parlementaires et très dépla-
cées, surtout quand elles s'adressent à des
femmes. Ce public départemental est sans
pitié pour les infortunés qui n'obtiennent pas
ses suffrages. Souvent même, comme cela
arrivé dans la plupart des départements, ce A
sont les abonnés seuls qui, par leur vote, dé-
cident du sort des artistes, dont ils sont les:
juges en dernier ressort; et le public et le:
directeur se laissent ainsi imposer des lois
par un petit groupe 'd'amateurs qui, dans
bien des cas, sont loin d'être infaillibles. La
preuve, c'est que tel qui tombe à un endroit
remporte un immense succès dans un autre.
'La cabale, bien souvent, n'est pas étrangère
à l'événement. Nous en avons tous les jours
des exemples, depuis le commencement de
la saison d'hiver.
Comme nous l'avons dit, les débuts à 1 a-
ris se font de la façon la plus paisible et ne
ressemblent en rien à ceux de la province.
Généralement, .ce mot inscrit sur l'affiche
n'est guère qu'une amorce pour tenir en
éveil la curiosité du public. Les directeurs
prolongent quelquefois l'annonce des débuts
tant que durent les représentations de la
pièce où se produisent les'débutants.
– On le voit, les deux manières d'opérer ont
chacune leur mauvais côté. En province, la
chose donne lieu à des manœuvres déloya-!
les, à des abus scandaleux, a des usages ab-'
surdes contre lesquels les autorités munici-
pales ont maintes fois vainement essayé de
réagir; à Paris, l'indinérence des specta-
teurs permet aux directions de conserver in-
définiment des nullités qu'on n'accepterait
pas sur les scènes départementales de der-
nierordre.
Alors, comment faire!
Il y a là une question des plus intéressan-
tes à résoudre, tant pour les artistes que
pour les directions et le public.
ÉLIE FRËBA.ULT.
REVUE THEATRALE
~S~ de
La l'rn~6 poëme de MtI. Armand Silvestre et
~B~u~ Duver-
noy. Prix de la Ville de Paris.
Cette solennité a été fort brillante. Peu de
compositeurs ont eu le bonheur de voir exé~.
cuSSSsœ~rea dans de telles conditions,
t
o., ni~u,. l "1 ~} »1 -"f
levant; un public d'élite et par un orchestre
dos interprètes aussi près de la perfection.
lâtons-nous de le dire, l'ouvrage de M. Du-
vernoy n'est pas indigne de cet honneur et
;'il n'est pas de premier ordre, il renferme
issez de beautés pour faire bien augurer de
.'avenir de ~on auteur. '< fI l,
De Shakespeare, les auteurs ne pouvaient
tonger à tirer pour un livret de symphonie
ne les parties les plus dramatiques; ils ne
levaient que faire jaillir les côtes, lyriques
les caractères. C'est à quoi MM. Silvestre
)t Berton ont eu le bon goût et le talent de
t'attacher et ils ont réussi à produire un
[toëme ayant sa valeur comme poëme et
:omme drame et surtout très propre: a sa
iestination;La haine de Caliban pour son
maître; les amours de Mirandaet de .Ferdi-
nand, l'action des esprits évoqués ~pàr Pros-
péro et conduite par Ariel. tels sont les trois
céments dramatiques qui constituent la fa-
ble.
La partition comprend trois parties que
nous examinerons sans trop nous étendre.
L'ouverture nous ai fait meilleure impres-
sion. Chaude et colorée, elle nous introduit
au milieu du paysage de l'ile enchantée où
Prospéro, dépossédé du duché de Milan, a
été jeté par la tempête et où il a vaincu la
sorcière Sycoris, mère de Caliban. Nous re-
procherons à cette charmante introduction
de ne pas admettre tout le développement
désirable. L'action s'engage par un duo en-
tre Prospéro et Caliban. ¡
La rage contenue de ce dernier ebt bien
exprimée par des phrases agitées, écrites
dans le registre le plus bas. Un dialogue
suit, animé d'une grande tendresse. entre
Miranda et son père Prospéro, puis un in-
termède sympathique, destiné à indiquer le
sommeil de Miranda qui nous a paru peu
neuf d'idée et de facture. Le meilleur mor-
ceau de la première partie nous a semblé
être-1'aip d'Ariel, évoquant les esprits, et la
grande réponse dans laquelle il reçoit de
Prospère 1 ordre de déchaîner la tempête et
d'engloutir le vaisseau qui porte ses enne-
mis. Nous devons reconnaître que la tem-
pête elle-mem~ (finale avec chœur ie la pre-
mière partie) n'est pas réussie. Cet essai
d'imitation symphonique. devait rester et
est resté forcément très au-dessous de ce
qui a été fait par Beethoven, dans la /S~-
~o)tM~~M et pour bien d'autres.
La deuxième partie est consacrée a la
naissance des amours de Ferdinand et de
Miranda. Signalons une romance fort gra-
cieuse, dite par Miranda, un duo de pas-
sion et surtout le trio dont le mptif princi-
pal « Courbe-toi, vaincu, sous t~L chaîne )',
chanté par M. Faure, a été bissé. Ce trio,
très largement traité, est certainement le
morceau capital de l'oeuvre. Nous assistons
ensuite à la révolte de Caliban, qui tente
d'ameuter contre son maitre les matelots
naufragés, et à sa fuite lorsqu'il est pour-
suivi par les esprits changés en limiers. La
chasse finale, qui résulte de cette poursuite,
n~excède pas la valeur ordinaire de l'opéra
comique. Nous ferons remarquer que M.
Duvernoy n'a pas fait varier l'expression
des f'ireurs de Caliban; par suite, la fin de
la seconde partie, où ce personnage occupe
la scène constamment, a paru longue et fa-
tigante, malgré la beauté de plusieurs pas-
sages.
On a applaudi particulièrement; dans la
troisième partie; un second duo d'amour et
deux airs de ballet. Prospéro pardonne aux
amanta et rend à la liberté Ariel et les
esprits. Le chœur final, quoique bien traité,
nous a paru manquer d'originalité.
Le' défaut principal qui frappe dans la
Tempête, c'est la rareté des mouvements ra-
pides. On y rencontre trop d'andante, trop
peu d'action et, qui pis est, les morceaux
de vive allure n'y sont pas les meilleurs. Il
est à désirer que M. Duvernoy se surveille
sur ce point dans ses compositions .ulté-
rieures. Autre observation qui s'impose
Plusieurs motifs (la ~KMp~e elle-même
entre autres) n'atteignent pas leur dévelop-
pement normal. Nous ne sommes pas par-
tisan de la carrure quand même et du dé-
veloppement classique invariable, loin de
là, mais encore faut-il absolument une cer-
taine pondération entre les parties consti-
tuantes d'une mélodie~ d'un acte, d'une
œuvre. Les chœurs sont peu nombreux, ce-
lui de la chanson des matelots, à la deuxième
partie, est rhytmé d'une manière origi-
nale.
Ce qui est excellent dans la .7' c'est
l'orchestration. Il faut chercher là surtout
la personnalité et la puissance actuelle de
l'auteur. Qunnt à ses mélodies, elles se res-
sentent encore beaucoup de son éducation
musicale, sans qu'il y ait cependant à lui
reprocher d'avoir rien copié ni rien posti-
che. Il faudra que M. Duvernoy oublie les
autres et s'écoute lui-même. S'il lui vient
beaucoup d'inspirations semblables à la ro-
mance de Miranda et à certains passages
des deux duos d'amour et de l'évocation
d'Ariel, nous serons heureux qu'il nous en
fasse part, et il réalisera ce que nous sommes
en droit d'attendre du lauréat d'hier.
Ce qui est au-dessus de tout éloge, c'est
l'orchestre de M. Colonne. Il est impossible,
de l'aveu de tous, d'arriver à plus d'ensem-
ble, de netteté et de correction. Nous le
constatons bien volontiers.
ADRIEN RBMACLE.
i'r 'i .J -< 1
LA ,TEMPËT;E-
l, r j,~ v ,) J. 1
'f!ï
.~1 J t fi 1 i ¡ 1 ~:t~ l
(L'interprétation) '1".
j" l'
Désireuse de donner entière satisfaction à
la Commission des concours, l'administra-
tion de la Ville de'Paris a généreusement
fait les'choses. Elle a engagé, pour chanter
la musique de M. Duvernoy, cinq artistes
d'une grande valeur, et les a encadrés entre
leschœursetrorchestredeM. Colonne. <
Quatre de ces artistes, Mlle Gabrielle
Krauss, Mme Franck-Duvernoy, M. Gail-
hard et M. Vergnet, sont pensionnaires de
l'Académie de Musique. Le cinquième, M.
.Faure, pour avoir quitté l'Opéra au mois de
mai 1876 à la. suite des désaccords que l'on
sait, n'en est pas moins reslé le plus grand
chanteur de notre temps.C'.est donc à ces ar-
tistes, expérimentés'ou, illustres, qu'ont
été distribués .les rôles du poème sympho-,
nique la y~~e. Il, était difScilede,faire
tnieux. A M. Faure est ,échu, comme de .rai-
son,.le rôle le pLu.s:l@nget le plus ingrat,-
celui de Prospère M. Gailhard a accepté
celui de Caliban M. Vergnet, celui de Fer-
dinand, Mmes Krauss et Duvernoy ceux de
Mirandaetd'Ariel.
Nous commencerons par les dames et par
Miranda' Aussi bien Mlle' Krauss s'est-elle
rarement montrée plus ardente à l'étude,
plus désireuse d'un succès final auquel elle
a tant contribué. Dans le duo du premier
acte avec son père, dans le duo'du sècond
acte avec son amant, dans le trio qui suit,
où elle chante une mélodie qui rappelle par
la facture les airs d'Anacréon et toute la
musique de l'époque de Grétry, dans le duo
d'amour, du troisième acte, partout enfin;
dans les ensembles comme dans les rares
phrases détachées que l'incessant dialogue
symphonique lui a permis de faire entendre,
elle a laissé voir cette science'du chant, cet
amour de la nuance, cette ardeur dans l'ex-
pression du sentiment qui en fout une can-
tatrice éminemment originale et, person-
nelle.
Mme Franck-Duvernoy a su trouver des
accents d'une douceur infinie pour rendre
ce petit rôle d'Arielque le compositeur avait
L'intention de remplit.,de suavités musica-
[es. 11 faut citer .surtout l'invocation du
second acte « Esprits des monts et des val-
lées a, et celle du troisième dont la phrase
extrêmement tendue a été rendue avec une
grande pureté de son.
De M. Gailhard nous voulons simple-
ment dire que ce serait un Caliban idéal, si
la symphonie de M. Duvernoy devait se
transformer en opéra..
L'expression de force brutale qu'il a su
donner aux couplets de l'ivresse n a pas peu
contribué au succès d'une musique dont le
rhythme rude, sombre et sauvage était du
reste en situation.
M.' Vergnet possède une voix fraîche et
sympathique, pleine de charme, de len-
gueur et de tendresse, dont il s'est servi
avec -succès dans le duo du second acte
a Parle encore, que ta voix m'enivre » et
dans le duo d'amour de la un.
La part de M. Faure, nous l'avons
déjà dit était si non la plus belle du
moins la plus large, et la plus ingrate, pres-
que entièrement faite de mesures décousues,
de récitatifs, de phrases sans suite et sans
développement mélodique. Nous, qui n'a-
vions point entendu le maitre depuis la
dernière représentation d'Hamlet, au mois
de mai 1876, nous étions vivement tour-
menté par le désir de savoir quel amoindris-
sement les cinq années bientôt écoulées
avaient pu apporter à son incomparable ta-
lent. Nous 1 avons écouté avec l'attention
la plus sympathique, mais aussi la plus
éveillée, et dès les premières mesures nous
avons été rassuré. Le grand artiste qui.
pendant vingt ans, a rempli la scène fran-
çaise de sa renommée, pourrait encore y
reparaître sans déchoir c'est toujours cette
même voix profonde et timbrée comme cella
d'une basse, claire et suave comme celle
d'un ténor, suivant que l'artiste descend ou
monte l'échelle de son merveilleux instru-
ment. C'est toujours la même rondeur, la
même perfection dans l'émission, la même
distinction, la même maëstria dans le style.
Les ineffables tendresses de la demi-teinte,
l'éclat et la vigueur des passages drama-
tiques, le timbre particulier de ~'organe, la
netteté tranchante d'une prononciation qui
permet d'entendre les mots lancés à pleine
voix aussi bien que les syllabes murmu-
rées dans le pianissimo, tout cet ensemble
de qualités tant de fois admirées par un
public incapable, hélas de les analyser et
les comprendre, compose le virtuose le plus
original, le plus accompli, et disons-le bien
haut, le plus français, que l'on ait jamais
connu.
Nous sommes fort à l'aise pour en parler
ainsi, car notre admiration ne date pas
d'hier. Nous écrivions ici même, en 1867,
une étude sur le grand chanteur, qui s'ar-
rêtait à -Dos C~'«M, et, en constatant une
fois de plus le succès du virtuose et du co-
médien, nous exprimions le vœu qu'après
ce complet épanouissement de son talent,
M. Faure f< put le maintenir longtemps en-
core à un pareil niveau, pour la plus grande
gloire et le plus grand profit de l'art con-
temporain. » 1
Depuis noua avons eu où M.
l' Ij
Faure s'est surpassé lui-même. Des mal-
heurs ~publics sans précédents, l'avenir de
l'Académie de Musique remis en question,
par la destruction d'une salle ancienne,
l'achèvement laborieux d'un nouveau mo-
nument consacré à l'opéra, les compéti-
tions des directeurs, les rivalités des artis-
tes, ont laissé pendant ,huit ans sans é'm-
ploi car nous ne comptons pas Jeanne
~yc, – l'incomparable puissance de créa-
tion du grand chanteur. Ce n'est pas l'occa-
sion de revenir ici sur les faits qui l'ont dé-
terminé à se retirer de la scène. Mais après
la représentation d'hier il faut déplorer plus
que jamais cette détermination. Celui qui'
peut dire, comme l'a dite M. Faure, la phrase
du trio de la ~~e « Courbe-toi vaincu
sous ta chaine o, est plus jeune, plus com-
plet, plus puissant que les plus jeunes et le~
ptus favorisés des chanteurs aujourd'hui en
vogue, et le directeur qui réussirait, en le
faisant sortir de sa retraite, à mettre d'ac-
cord les susceptibilités de l'artiste.et'les
exigences de l'administration, rendrait un
i immense seuvice aux compositeurs ingrats,
au public oublieux, à M. Faure lui-même et
a l'art national. 1
LËON GARNIER
'i
VamdëvHte. – Le 7*~ Prodigue, ~comédie en
1 1 cinq actes, par M. Alexandre Dumas.
Il y'a vingt et un ans que cette fine étude
de mœurs a-vu le feu de la rampe elle n'a
pas vieilli d'un jour. Les personnages sont
toujours au~si vrais, aussi vivants. Qui de
nous n'a admis à sa .table un Tournas et
rencontré sur sa route une Albertine de La-
borde Lorsque le ~M'e Prodigue fut re-
présenté en 1859, l'idée première fit grand
bruit dans le monde du boulevard. On pré-
tendait qu'Alexandre Dumas avait mis en
scène son père, dans le comte de la Rivon-
nière comme lui-même dans le ~7~ Naturel.
En tous cas, s'il a pris pour modèle notre
grand romancier, il a su montrer si bien les
côtés tendres et bons de sa nature, prodigue
d'argent comme d'amitié, qu'il l'a rendu plus
sympathique encore.
La pièce est trop connue pour que nous en
fassions le compte-rendu. Nous parlerons
surtout de l'interprétation qui est vraiment
excellente. Qu'on nous permette pourtant
une légère critique pourquoi au théâtre, les
artistes s'obstinent-ils à mettre la particule
devant le nom propre quand ils ne le font
pas précéder par le mot MMMMW?.
Ce rôle du comte de la Rivonnière est tenu
d'une façon remarquable'par M. Dupuis.
Comme dans ~bM~'oyc, comme dans le A~-
bab, l'excellent artiste a su donner une note
toute personneile à la créatif du drama-
turge. M n'a pas un instant d'oubli, pas un
geste qui détonne. Il n'a pas pris le rôle tout
a fait comme Lafond, son devancier. Il est
plus simple, plus bon et fait ainsi
plus facilement pardonner certaines incon-
séquences qui choquent et qui, même,
peuvent sembler peu naturelles chez un
grand seigneur, la scène du baiser, par
exemple; baiser destiné à son fils et qu'il
reçoit au vol. C'est pour le Vaudeville une
vraie, bonne fortune que rengagement de
M. Adolphe Dupuls, qui est en train de
créer un nouveau genre de rôles les. Du-
puis, comme à ce même théâtre la plus char-
mante et la meilleure comédienne de Paris a
créé les Bartet. 1
M. Berton prête au rôle d'André de la Ri-
vonnière son sympathique talent.
Parade est absolument parfait dans le per-
sonnage de Tournas et àchaque création nou-
velle, nouvelle transformation de l'artiste,
tant et si justement fpplaudi. Ses moindres
gestes, tous ses jeux de physionomie, sont
etudiés et rendus avec un soin scrupuleux~
M. Vois tient avec beaucoup de distinc-
tion et d'esprit le rôle de M. de Hgneraie.
Quant à Dieudonné, le temps, pour lui,
marche à reculons il a vingt ans de moins
que lorsqu'il a créé le rôle de Naton. et
viagt ans de succès de plus.
Mlle Pierson a trouvé dans Albertine de
Laborde une de ses meilleures créations. La
courtisane, doublée de l'usurière, est admi-
rablement tracée.
La parole brève et incisive de Mlle Pier-
son souligne fort spirituellement les traits
fins et mordants dont son rôle est semé. Nos
compliments sincères à Mlle Réjane que
nous avons trouvée vraiment charmante;
son jeu est simple, naturel; quant à ses toi-
lettes, elles sont toutes bien réussies et de
fort bon goût, de même que celles de Mlle
Raynold, une Mme Godefroid prise sur. le
vif, bien nature. Mlle Reynold a joué tout
son rôle avec un réel talent, notamment la
scène du troisième acte où sa longue triade
lui a valu dés applaudissements bien méri-
tés.
Le personnage de M. de Prailles a été fort
bien interprété par M. Georges.
Mlle de Cléry ne fait qu'une courte appa-
rition, et nous le regrettons. Mais le théâtre
du Vaudeville hab~ue le public à voir les
plus petits rôles tenus par des artistes de
mérite. Témoin le domestique du Père Pro-
digue, auquel M. Roche a su donner un ca-
chet très amusant et très réussi.
L'administration n'a pas eu grands frais à
faire pour ses décors~ l'action se passant dans
des salons de Paris, de Dieppe et de Fontai-
nebleau. Elle a laissé à ses charmantes pen-
aionnaires le soin de donner la note élégante
et elles s'en s'ont fort bien acquittées.
1
,Le Père Prodigue tiendra-t-il longtemps
l'affiche? C'est ce qu'il est bien difficile de
prévoir.
Nous sommes habitués, depuis quelques
années à applaudir pendant des mois tant de
pièces qui ne le méritent pas tandis que
bien des œuvres de valeur iront que,peu de
représentations! Espérons qu'il n'en sera
pas de même pour la spirituelle comédie de
Dumas, et que ses interprètes tiendront
longtemps les rôles qu'ils ont créés avec un
si réel talent.
PAUL MAISY.
–, n
Théâtr e Cïony. Les Z)~ un acte, par MM. R éné Asse et Georgel.
Quarante représentations n'ont point
épuisé le succès, obtenu à Cluny, par 1 a re-
prise des Pauvres de Paris, ce qui perm et à
\L Talien de donner tous ses soins aux piè-
ces nouvelles qu'il nous réserve et d'acc uil-
lir, avec une paternelle indulgence, les?eM-
M porte de son cabinet directorial.
Dans le nombre, MM. René Àsse et Geor~
gel, mettant à profit les bonnes dispositions
de l'impresario, ont fait leurs premières ar-
mes, cette semaine, sur ce théâtre, avec les
Deux M/~e~, fantaisie en un acte, dont la
réussite a été complète.
Un certain Vacheboul est af&cté d'une in-
firmité fort désagréable pour un vieux céla-
don qui aspire à convoler en nouvelles no-
ces Il ronfle la nuit comme un soufflet de
forge! Le traitement qu'il a imaginé est fa-
cile à suivre, même en voyage; il consiste
à se fourrer, dans chaque narine, un petit
sifflet métallique chargé de rappeler le dor-
meur aux lois de la bienséance nocturne.
Autour du personnage s'agitent, se démè-
nent, un domestique comme il n'y en a
guère, une grisette comme il n'y en a plus
et un amoureux comme il y en aura toujours.
M. Vavasseur a enleve le rôle de Vache-
boul avec son entrain et sa verve habituels.
MM. Boscher et Worms lui ont donné ron-
dement la réplique. Mlle d'Arc, toujours
gracieuse, a trouvé le moyen d'être fine et
spirituelle dans un rôle un peu court pour
son talent. Le public a mis de côté ses pro-
pres sifflets pour faire un excellent accueil à
ceux/des auteurs; son opinion ne s'est ma-
nifestée que par des applaudissements aux-
quels nous sommes heureux de nous asso-
cier.
Alphonse BouvRET.
La Fête de Sainte-Cécile
A SAINT-EUSTACHE
L'Association-des artistes musiciens & '–
comme chaque année célébré en l'église
Saint-Eustache la fête de Sainte-Cécile. La
deuxième messe solennelle d'Adolphe Adam a
été exécutée d'une façon magistrale et digne de
la grandeur de l'ceavre. Cette messe que
nous entendions pour la première fois nous
a vraiment impressionne par la largeur de sa
facture, la science de son orchestration et le
soufMe chrétien qui la porte et la tient constam-
ment en haut. Evidemment le maitre, en la.
composant, a dit ce ~~a~ corda sans lequel
l'arhste, dans l'art sacré même dans Fart
profane ne crée aucune œuvre parfaite et
durable.
La messe débute par un ~y~c eleïson magni-
fique où l'harmonie du chant, rendue par les
voix habilement groupées et soutenues par
l'accompagnement savant des instruments,
s'allie au sentiment. Ce Kyrie, et unample et sonore, qui éclate après la préface,
véritable explosion d'adoration triomphale.
sont, à notre avis, les deux plus beaux mor-
ceaux de cette composition remarquable. Après
eux, nous noterons l'M~ jPct, une page déli-
cieusement suave, chanté par une bien jolie
voix d'enfant, qui semblait, à s'y méprendre.
une voix de femme.
A l'offertoire, un ~M 3~t<ï da M. Charlea
Dancla, pour chant, deux violons et orchestre.
exécuté par MM. Charles Dancla et J. Garoin,
professeurs au Conservatoire, a produit beau-
coup d'effet. La mélodie en est très pure, et le
chant des deux violons s'unit au chant des
voix d'une façon très harmonieuse et très sa-
vante. t
Les soli ont été chantés par M. Caron, de
l'Opéra, dont la halle voix faisait merveille
sous les voûtes de la grande basilique, et par
MM. L. d'Ageni et Laurent dont le talent est
tt'ès sympathique.
Les chœurs et les instrumentistes, sous la
direction de M. Detdevès.&ssisté do MM. Bleuze
Darnant, Pickaërt et Steenman, maîtres de
chapelle de Saint-Sulpice, Saint-Roch, Notre-
Dame-dea-Victoires et Saint-Eustache, ont ri-
valisé de perfection et composaient un ensem-
ble absolument remarquable.
A la Qn de-la messe, M. Dallier, l'organiste
de Saint-Eustache, a exécuté avec le plus
grand talent, une nouvelle marche religieuse
très brUlanto. qui a été fort appréciée au dou-
ble point de vue de la composition et de l'exé-
cution.
SAINT-ANGE.
Fr~OVrNTCE:
BBEST.–Première représentation dUjM~hf
de M. Louis Met~e, musique de M. Pierre Ger-
main.
L'auteur du livret a placé l'action dans le
comté de Cerdagne, à la fin du moyen-âne.
Raymond, bâtard de Cerdasoe, veut faire
Msaasiner son trère cadet, Gaston, flla Iéf;ttnM
du comte, pour hériter de la fortune et da titre
ÀNN~-N'4~ LENUMëRO~~ DtM'ANC~28NOyEMËHË~ )
ANNtik.- 1 o 4t "u.¡ 1- LE 1 j [~ 47 àâma" 28 NOVEMtRg 18W-' )
r'. C.l · JI' · ..J l, (f ,t, z d )i'ft.,¡i ~t ;J .a ,i l, ,1 v, J u .4 Il ?' u u u ~.t -r { [
1 w i. °' l 7 ~.M 1v ` .u Ju~rb C·il r~, 'ttf 1 t~w' ·~ (i.~ o '` hIA~z1·~ ~t .F J,.o na ,I') Y`9n W·y
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F 1 r '· r r e ;In ,f ? t ~r ;i., i' r,~ ,r, ir^ · 'y' W S sdz ^'i`·1 I ?~'L y.~ a f n 1
'1 ~i-<-1' ) .'tf.f-t t–f'
a k I 1 ` 'r c ` I S ~J `~ 'Jr n C' J 'iJ. l i u 'I
Ht ·t n. I.zd ir..` ~l ~J1~ ~°' I c. J VtY,I `·` li. ,'vn',P,' J ·, ,`~r.i ~t · '· tl ·" 1 .i l "Y
~;i~L~ ~~)" lf V .t l i 1l 1~.
` I `· · il r u r' .1~~ .j.i~r~l~ t s' :1' i;(.rû,;r~i~i~Lf')` tL· 'l.,rtJ-ll.¡-l} 7 ,) e. 1. ·C'.
A-?~ tV~rtf~'r~r''A'T' 'i~T~T~
.0~ S'ABONNE- r~ Unan.40&.tSixmois.22&.
1 ',i,i"A;Y "Ç" 1 f Unan.< 40fr.`jSlsmoie, 22fr.
p t ~l 4 < ,1 _oT',r, 't "L; ;J .>I"l j "II. )'-1>" ( J t~,} ')\tt. III Unan.c. 40rr.~Sixmols. 22ft.
pMunm&ndatPurlapoateà!or
,i d~ r, _r Jt" r;
(, i "1~ ,istratipn:~et~ rue ~L.âmai~,in®âris. x ÉLIEr;l$;ÉB,~1'ULT
"Gr-. HEëBRT ,J ~i~ ~LIErF~ÉB.A'ULT
M~aM ",i J LES BUREAUX SONT,OUVERTS!.DE 1 5 A6 HEURES. Y 2M~
) ` r J
C~~CT~IQTIB: É
1. .fJ j 1
1
~ea~Kb~tM 6
A ce moment de la saison, les débuts ont 1
en lieu sur tous les théâtres des départe-
ments et de l'étranger, et les artistes enga-
gés sur ces diuërentes scènes sont ûxés (
presque tous aujourd'hui sur leur, situation (
pour cette année. Les uns sont acceptés dé- (
finitivement; les' autres, devant l'attitude
plus ou moins justifiée du public, sont obli- ]
gés de résilKr et de recommencer l'épreuve (
(les trois débuts successifs) sur un autre C
thé.1tre > > >
théâtre. ,o ')
A Pâtis, où généralement le public est dé- i
bonnaire et patient, les débuts ne sont guère <
qu'une simple indication d'afGche. C'est une ]
formalité dont les résultats ne prennent ja-
mais de caractère désagréable pour l'artiste.
Si celui-ci est mauvais, l'honnête public pa-
"risien, bon enfant entre tous, l'accueille avec
une froideur indifférente, sans témoigner
autrement son mécontentement, en laissant
à la claque le soin de faire retentir la salle
des bruyantes manifestations de son enthou-
siasme de commande. `` '`
Cette indulgence, ou plutôt cette indiffé-
rence du spectateur parisien est cause que
nous voyons souvent chez n~us, sur des scè-
nés assez importantes, des sujets d'une va-
leur très contestable, parfois d'une nullité
absolue, dont on ne voudrait pas dans les
théâtres des villes les plus intimes de la
France et de l'étranger. (Ne nommons per-
sonne `
.Mais. en province, dans. certaines villes
du Midi surtout, où le public eut hargneux,
difficile, souvent injuste, et où les débuts de
toute la troupe nouvelle se font en masse,
cette formalité acquiert une grande impor-
tance et amène souvent des scandales.
Les spectateurs des départements sont
loin d'être aussi accommodants que ceux de
la capitale; ils ne se contentent point d'ac-
cueillir sans enthousiasme le débutant qui
leur déplaît ils se livrent souvent à des ma-
nifestations peu parlementaires et très dépla-
cées, surtout quand elles s'adressent à des
femmes. Ce public départemental est sans
pitié pour les infortunés qui n'obtiennent pas
ses suffrages. Souvent même, comme cela
arrivé dans la plupart des départements, ce A
sont les abonnés seuls qui, par leur vote, dé-
cident du sort des artistes, dont ils sont les:
juges en dernier ressort; et le public et le:
directeur se laissent ainsi imposer des lois
par un petit groupe 'd'amateurs qui, dans
bien des cas, sont loin d'être infaillibles. La
preuve, c'est que tel qui tombe à un endroit
remporte un immense succès dans un autre.
'La cabale, bien souvent, n'est pas étrangère
à l'événement. Nous en avons tous les jours
des exemples, depuis le commencement de
la saison d'hiver.
Comme nous l'avons dit, les débuts à 1 a-
ris se font de la façon la plus paisible et ne
ressemblent en rien à ceux de la province.
Généralement, .ce mot inscrit sur l'affiche
n'est guère qu'une amorce pour tenir en
éveil la curiosité du public. Les directeurs
prolongent quelquefois l'annonce des débuts
tant que durent les représentations de la
pièce où se produisent les'débutants.
– On le voit, les deux manières d'opérer ont
chacune leur mauvais côté. En province, la
chose donne lieu à des manœuvres déloya-!
les, à des abus scandaleux, a des usages ab-'
surdes contre lesquels les autorités munici-
pales ont maintes fois vainement essayé de
réagir; à Paris, l'indinérence des specta-
teurs permet aux directions de conserver in-
définiment des nullités qu'on n'accepterait
pas sur les scènes départementales de der-
nierordre.
Alors, comment faire!
Il y a là une question des plus intéressan-
tes à résoudre, tant pour les artistes que
pour les directions et le public.
ÉLIE FRËBA.ULT.
REVUE THEATRALE
~S~ de
La l'rn~6 poëme de MtI. Armand Silvestre et
~B~u~ Duver-
noy. Prix de la Ville de Paris.
Cette solennité a été fort brillante. Peu de
compositeurs ont eu le bonheur de voir exé~.
cuSSSsœ~rea dans de telles conditions,
t
o., ni~u,. l "1 ~} »1 -"f
levant; un public d'élite et par un orchestre
dos interprètes aussi près de la perfection.
lâtons-nous de le dire, l'ouvrage de M. Du-
vernoy n'est pas indigne de cet honneur et
;'il n'est pas de premier ordre, il renferme
issez de beautés pour faire bien augurer de
.'avenir de ~on auteur. '< fI l,
De Shakespeare, les auteurs ne pouvaient
tonger à tirer pour un livret de symphonie
ne les parties les plus dramatiques; ils ne
levaient que faire jaillir les côtes, lyriques
les caractères. C'est à quoi MM. Silvestre
)t Berton ont eu le bon goût et le talent de
t'attacher et ils ont réussi à produire un
[toëme ayant sa valeur comme poëme et
:omme drame et surtout très propre: a sa
iestination;La haine de Caliban pour son
maître; les amours de Mirandaet de .Ferdi-
nand, l'action des esprits évoqués ~pàr Pros-
péro et conduite par Ariel. tels sont les trois
céments dramatiques qui constituent la fa-
ble.
La partition comprend trois parties que
nous examinerons sans trop nous étendre.
L'ouverture nous ai fait meilleure impres-
sion. Chaude et colorée, elle nous introduit
au milieu du paysage de l'ile enchantée où
Prospéro, dépossédé du duché de Milan, a
été jeté par la tempête et où il a vaincu la
sorcière Sycoris, mère de Caliban. Nous re-
procherons à cette charmante introduction
de ne pas admettre tout le développement
désirable. L'action s'engage par un duo en-
tre Prospéro et Caliban. ¡
La rage contenue de ce dernier ebt bien
exprimée par des phrases agitées, écrites
dans le registre le plus bas. Un dialogue
suit, animé d'une grande tendresse. entre
Miranda et son père Prospéro, puis un in-
termède sympathique, destiné à indiquer le
sommeil de Miranda qui nous a paru peu
neuf d'idée et de facture. Le meilleur mor-
ceau de la première partie nous a semblé
être-1'aip d'Ariel, évoquant les esprits, et la
grande réponse dans laquelle il reçoit de
Prospère 1 ordre de déchaîner la tempête et
d'engloutir le vaisseau qui porte ses enne-
mis. Nous devons reconnaître que la tem-
pête elle-mem~ (finale avec chœur ie la pre-
mière partie) n'est pas réussie. Cet essai
d'imitation symphonique. devait rester et
est resté forcément très au-dessous de ce
qui a été fait par Beethoven, dans la /S~-
~o)tM~
La deuxième partie est consacrée a la
naissance des amours de Ferdinand et de
Miranda. Signalons une romance fort gra-
cieuse, dite par Miranda, un duo de pas-
sion et surtout le trio dont le mptif princi-
pal « Courbe-toi, vaincu, sous t~L chaîne )',
chanté par M. Faure, a été bissé. Ce trio,
très largement traité, est certainement le
morceau capital de l'oeuvre. Nous assistons
ensuite à la révolte de Caliban, qui tente
d'ameuter contre son maitre les matelots
naufragés, et à sa fuite lorsqu'il est pour-
suivi par les esprits changés en limiers. La
chasse finale, qui résulte de cette poursuite,
n~excède pas la valeur ordinaire de l'opéra
comique. Nous ferons remarquer que M.
Duvernoy n'a pas fait varier l'expression
des f'ireurs de Caliban; par suite, la fin de
la seconde partie, où ce personnage occupe
la scène constamment, a paru longue et fa-
tigante, malgré la beauté de plusieurs pas-
sages.
On a applaudi particulièrement; dans la
troisième partie; un second duo d'amour et
deux airs de ballet. Prospéro pardonne aux
amanta et rend à la liberté Ariel et les
esprits. Le chœur final, quoique bien traité,
nous a paru manquer d'originalité.
Le' défaut principal qui frappe dans la
Tempête, c'est la rareté des mouvements ra-
pides. On y rencontre trop d'andante, trop
peu d'action et, qui pis est, les morceaux
de vive allure n'y sont pas les meilleurs. Il
est à désirer que M. Duvernoy se surveille
sur ce point dans ses compositions .ulté-
rieures. Autre observation qui s'impose
Plusieurs motifs (la ~KMp~e elle-même
entre autres) n'atteignent pas leur dévelop-
pement normal. Nous ne sommes pas par-
tisan de la carrure quand même et du dé-
veloppement classique invariable, loin de
là, mais encore faut-il absolument une cer-
taine pondération entre les parties consti-
tuantes d'une mélodie~ d'un acte, d'une
œuvre. Les chœurs sont peu nombreux, ce-
lui de la chanson des matelots, à la deuxième
partie, est rhytmé d'une manière origi-
nale.
Ce qui est excellent dans la .7' c'est
l'orchestration. Il faut chercher là surtout
la personnalité et la puissance actuelle de
l'auteur. Qunnt à ses mélodies, elles se res-
sentent encore beaucoup de son éducation
musicale, sans qu'il y ait cependant à lui
reprocher d'avoir rien copié ni rien posti-
che. Il faudra que M. Duvernoy oublie les
autres et s'écoute lui-même. S'il lui vient
beaucoup d'inspirations semblables à la ro-
mance de Miranda et à certains passages
des deux duos d'amour et de l'évocation
d'Ariel, nous serons heureux qu'il nous en
fasse part, et il réalisera ce que nous sommes
en droit d'attendre du lauréat d'hier.
Ce qui est au-dessus de tout éloge, c'est
l'orchestre de M. Colonne. Il est impossible,
de l'aveu de tous, d'arriver à plus d'ensem-
ble, de netteté et de correction. Nous le
constatons bien volontiers.
ADRIEN RBMACLE.
i'r 'i .J -< 1
LA ,TEMPËT;E-
l, r j,~ v ,) J. 1
'f!ï
.~1 J t fi 1 i ¡ 1 ~:t~ l
(L'interprétation) '1".
j" l'
Désireuse de donner entière satisfaction à
la Commission des concours, l'administra-
tion de la Ville de'Paris a généreusement
fait les'choses. Elle a engagé, pour chanter
la musique de M. Duvernoy, cinq artistes
d'une grande valeur, et les a encadrés entre
leschœursetrorchestredeM. Colonne. <
Quatre de ces artistes, Mlle Gabrielle
Krauss, Mme Franck-Duvernoy, M. Gail-
hard et M. Vergnet, sont pensionnaires de
l'Académie de Musique. Le cinquième, M.
.Faure, pour avoir quitté l'Opéra au mois de
mai 1876 à la. suite des désaccords que l'on
sait, n'en est pas moins reslé le plus grand
chanteur de notre temps.C'.est donc à ces ar-
tistes, expérimentés'ou, illustres, qu'ont
été distribués .les rôles du poème sympho-,
nique la y~~e. Il, était difScilede,faire
tnieux. A M. Faure est ,échu, comme de .rai-
son,.le rôle le pLu.s:l@nget le plus ingrat,-
celui de Prospère M. Gailhard a accepté
celui de Caliban M. Vergnet, celui de Fer-
dinand, Mmes Krauss et Duvernoy ceux de
Mirandaetd'Ariel.
Nous commencerons par les dames et par
Miranda' Aussi bien Mlle' Krauss s'est-elle
rarement montrée plus ardente à l'étude,
plus désireuse d'un succès final auquel elle
a tant contribué. Dans le duo du premier
acte avec son père, dans le duo'du sècond
acte avec son amant, dans le trio qui suit,
où elle chante une mélodie qui rappelle par
la facture les airs d'Anacréon et toute la
musique de l'époque de Grétry, dans le duo
d'amour, du troisième acte, partout enfin;
dans les ensembles comme dans les rares
phrases détachées que l'incessant dialogue
symphonique lui a permis de faire entendre,
elle a laissé voir cette science'du chant, cet
amour de la nuance, cette ardeur dans l'ex-
pression du sentiment qui en fout une can-
tatrice éminemment originale et, person-
nelle.
Mme Franck-Duvernoy a su trouver des
accents d'une douceur infinie pour rendre
ce petit rôle d'Arielque le compositeur avait
L'intention de remplit.,de suavités musica-
[es. 11 faut citer .surtout l'invocation du
second acte « Esprits des monts et des val-
lées a, et celle du troisième dont la phrase
extrêmement tendue a été rendue avec une
grande pureté de son.
De M. Gailhard nous voulons simple-
ment dire que ce serait un Caliban idéal, si
la symphonie de M. Duvernoy devait se
transformer en opéra..
L'expression de force brutale qu'il a su
donner aux couplets de l'ivresse n a pas peu
contribué au succès d'une musique dont le
rhythme rude, sombre et sauvage était du
reste en situation.
M.' Vergnet possède une voix fraîche et
sympathique, pleine de charme, de len-
gueur et de tendresse, dont il s'est servi
avec -succès dans le duo du second acte
a Parle encore, que ta voix m'enivre » et
dans le duo d'amour de la un.
La part de M. Faure, nous l'avons
déjà dit était si non la plus belle du
moins la plus large, et la plus ingrate, pres-
que entièrement faite de mesures décousues,
de récitatifs, de phrases sans suite et sans
développement mélodique. Nous, qui n'a-
vions point entendu le maitre depuis la
dernière représentation d'Hamlet, au mois
de mai 1876, nous étions vivement tour-
menté par le désir de savoir quel amoindris-
sement les cinq années bientôt écoulées
avaient pu apporter à son incomparable ta-
lent. Nous 1 avons écouté avec l'attention
la plus sympathique, mais aussi la plus
éveillée, et dès les premières mesures nous
avons été rassuré. Le grand artiste qui.
pendant vingt ans, a rempli la scène fran-
çaise de sa renommée, pourrait encore y
reparaître sans déchoir c'est toujours cette
même voix profonde et timbrée comme cella
d'une basse, claire et suave comme celle
d'un ténor, suivant que l'artiste descend ou
monte l'échelle de son merveilleux instru-
ment. C'est toujours la même rondeur, la
même perfection dans l'émission, la même
distinction, la même maëstria dans le style.
Les ineffables tendresses de la demi-teinte,
l'éclat et la vigueur des passages drama-
tiques, le timbre particulier de ~'organe, la
netteté tranchante d'une prononciation qui
permet d'entendre les mots lancés à pleine
voix aussi bien que les syllabes murmu-
rées dans le pianissimo, tout cet ensemble
de qualités tant de fois admirées par un
public incapable, hélas de les analyser et
les comprendre, compose le virtuose le plus
original, le plus accompli, et disons-le bien
haut, le plus français, que l'on ait jamais
connu.
Nous sommes fort à l'aise pour en parler
ainsi, car notre admiration ne date pas
d'hier. Nous écrivions ici même, en 1867,
une étude sur le grand chanteur, qui s'ar-
rêtait à -Dos C~'«M, et, en constatant une
fois de plus le succès du virtuose et du co-
médien, nous exprimions le vœu qu'après
ce complet épanouissement de son talent,
M. Faure f< put le maintenir longtemps en-
core à un pareil niveau, pour la plus grande
gloire et le plus grand profit de l'art con-
temporain. » 1
Depuis noua avons eu où M.
l' Ij
Faure s'est surpassé lui-même. Des mal-
heurs ~publics sans précédents, l'avenir de
l'Académie de Musique remis en question,
par la destruction d'une salle ancienne,
l'achèvement laborieux d'un nouveau mo-
nument consacré à l'opéra, les compéti-
tions des directeurs, les rivalités des artis-
tes, ont laissé pendant ,huit ans sans é'm-
ploi car nous ne comptons pas Jeanne
~yc, – l'incomparable puissance de créa-
tion du grand chanteur. Ce n'est pas l'occa-
sion de revenir ici sur les faits qui l'ont dé-
terminé à se retirer de la scène. Mais après
la représentation d'hier il faut déplorer plus
que jamais cette détermination. Celui qui'
peut dire, comme l'a dite M. Faure, la phrase
du trio de la ~~e « Courbe-toi vaincu
sous ta chaine o, est plus jeune, plus com-
plet, plus puissant que les plus jeunes et le~
ptus favorisés des chanteurs aujourd'hui en
vogue, et le directeur qui réussirait, en le
faisant sortir de sa retraite, à mettre d'ac-
cord les susceptibilités de l'artiste.et'les
exigences de l'administration, rendrait un
i immense seuvice aux compositeurs ingrats,
au public oublieux, à M. Faure lui-même et
a l'art national. 1
LËON GARNIER
'i
VamdëvHte. – Le 7*~ Prodigue, ~comédie en
1 1 cinq actes, par M. Alexandre Dumas.
Il y'a vingt et un ans que cette fine étude
de mœurs a-vu le feu de la rampe elle n'a
pas vieilli d'un jour. Les personnages sont
toujours au~si vrais, aussi vivants. Qui de
nous n'a admis à sa .table un Tournas et
rencontré sur sa route une Albertine de La-
borde Lorsque le ~M'e Prodigue fut re-
présenté en 1859, l'idée première fit grand
bruit dans le monde du boulevard. On pré-
tendait qu'Alexandre Dumas avait mis en
scène son père, dans le comte de la Rivon-
nière comme lui-même dans le ~7~ Naturel.
En tous cas, s'il a pris pour modèle notre
grand romancier, il a su montrer si bien les
côtés tendres et bons de sa nature, prodigue
d'argent comme d'amitié, qu'il l'a rendu plus
sympathique encore.
La pièce est trop connue pour que nous en
fassions le compte-rendu. Nous parlerons
surtout de l'interprétation qui est vraiment
excellente. Qu'on nous permette pourtant
une légère critique pourquoi au théâtre, les
artistes s'obstinent-ils à mettre la particule
devant le nom propre quand ils ne le font
pas précéder par le mot MMMMW?.
Ce rôle du comte de la Rivonnière est tenu
d'une façon remarquable'par M. Dupuis.
Comme dans ~bM~'oyc, comme dans le A~-
bab, l'excellent artiste a su donner une note
toute personneile à la créatif du drama-
turge. M n'a pas un instant d'oubli, pas un
geste qui détonne. Il n'a pas pris le rôle tout
a fait comme Lafond, son devancier. Il est
plus simple, plus bon et fait ainsi
plus facilement pardonner certaines incon-
séquences qui choquent et qui, même,
peuvent sembler peu naturelles chez un
grand seigneur, la scène du baiser, par
exemple; baiser destiné à son fils et qu'il
reçoit au vol. C'est pour le Vaudeville une
vraie, bonne fortune que rengagement de
M. Adolphe Dupuls, qui est en train de
créer un nouveau genre de rôles les. Du-
puis, comme à ce même théâtre la plus char-
mante et la meilleure comédienne de Paris a
créé les Bartet. 1
M. Berton prête au rôle d'André de la Ri-
vonnière son sympathique talent.
Parade est absolument parfait dans le per-
sonnage de Tournas et àchaque création nou-
velle, nouvelle transformation de l'artiste,
tant et si justement fpplaudi. Ses moindres
gestes, tous ses jeux de physionomie, sont
etudiés et rendus avec un soin scrupuleux~
M. Vois tient avec beaucoup de distinc-
tion et d'esprit le rôle de M. de Hgneraie.
Quant à Dieudonné, le temps, pour lui,
marche à reculons il a vingt ans de moins
que lorsqu'il a créé le rôle de Naton. et
viagt ans de succès de plus.
Mlle Pierson a trouvé dans Albertine de
Laborde une de ses meilleures créations. La
courtisane, doublée de l'usurière, est admi-
rablement tracée.
La parole brève et incisive de Mlle Pier-
son souligne fort spirituellement les traits
fins et mordants dont son rôle est semé. Nos
compliments sincères à Mlle Réjane que
nous avons trouvée vraiment charmante;
son jeu est simple, naturel; quant à ses toi-
lettes, elles sont toutes bien réussies et de
fort bon goût, de même que celles de Mlle
Raynold, une Mme Godefroid prise sur. le
vif, bien nature. Mlle Reynold a joué tout
son rôle avec un réel talent, notamment la
scène du troisième acte où sa longue triade
lui a valu dés applaudissements bien méri-
tés.
Le personnage de M. de Prailles a été fort
bien interprété par M. Georges.
Mlle de Cléry ne fait qu'une courte appa-
rition, et nous le regrettons. Mais le théâtre
du Vaudeville hab~ue le public à voir les
plus petits rôles tenus par des artistes de
mérite. Témoin le domestique du Père Pro-
digue, auquel M. Roche a su donner un ca-
chet très amusant et très réussi.
L'administration n'a pas eu grands frais à
faire pour ses décors~ l'action se passant dans
des salons de Paris, de Dieppe et de Fontai-
nebleau. Elle a laissé à ses charmantes pen-
aionnaires le soin de donner la note élégante
et elles s'en s'ont fort bien acquittées.
1
,Le Père Prodigue tiendra-t-il longtemps
l'affiche? C'est ce qu'il est bien difficile de
prévoir.
Nous sommes habitués, depuis quelques
années à applaudir pendant des mois tant de
pièces qui ne le méritent pas tandis que
bien des œuvres de valeur iront que,peu de
représentations! Espérons qu'il n'en sera
pas de même pour la spirituelle comédie de
Dumas, et que ses interprètes tiendront
longtemps les rôles qu'ils ont créés avec un
si réel talent.
PAUL MAISY.
–, n
Théâtr e Cïony. Les Z)~
Quarante représentations n'ont point
épuisé le succès, obtenu à Cluny, par 1 a re-
prise des Pauvres de Paris, ce qui perm et à
\L Talien de donner tous ses soins aux piè-
ces nouvelles qu'il nous réserve et d'acc uil-
lir, avec une paternelle indulgence, les?eM-
M
Dans le nombre, MM. René Àsse et Geor~
gel, mettant à profit les bonnes dispositions
de l'impresario, ont fait leurs premières ar-
mes, cette semaine, sur ce théâtre, avec les
Deux M/~e~, fantaisie en un acte, dont la
réussite a été complète.
Un certain Vacheboul est af&cté d'une in-
firmité fort désagréable pour un vieux céla-
don qui aspire à convoler en nouvelles no-
ces Il ronfle la nuit comme un soufflet de
forge! Le traitement qu'il a imaginé est fa-
cile à suivre, même en voyage; il consiste
à se fourrer, dans chaque narine, un petit
sifflet métallique chargé de rappeler le dor-
meur aux lois de la bienséance nocturne.
Autour du personnage s'agitent, se démè-
nent, un domestique comme il n'y en a
guère, une grisette comme il n'y en a plus
et un amoureux comme il y en aura toujours.
M. Vavasseur a enleve le rôle de Vache-
boul avec son entrain et sa verve habituels.
MM. Boscher et Worms lui ont donné ron-
dement la réplique. Mlle d'Arc, toujours
gracieuse, a trouvé le moyen d'être fine et
spirituelle dans un rôle un peu court pour
son talent. Le public a mis de côté ses pro-
pres sifflets pour faire un excellent accueil à
ceux/des auteurs; son opinion ne s'est ma-
nifestée que par des applaudissements aux-
quels nous sommes heureux de nous asso-
cier.
Alphonse BouvRET.
La Fête de Sainte-Cécile
A SAINT-EUSTACHE
L'Association-des artistes musiciens & '–
comme chaque année célébré en l'église
Saint-Eustache la fête de Sainte-Cécile. La
deuxième messe solennelle d'Adolphe Adam a
été exécutée d'une façon magistrale et digne de
la grandeur de l'ceavre. Cette messe que
nous entendions pour la première fois nous
a vraiment impressionne par la largeur de sa
facture, la science de son orchestration et le
soufMe chrétien qui la porte et la tient constam-
ment en haut. Evidemment le maitre, en la.
composant, a dit ce ~~a~ corda sans lequel
l'arhste, dans l'art sacré même dans Fart
profane ne crée aucune œuvre parfaite et
durable.
La messe débute par un ~y~c eleïson magni-
fique où l'harmonie du chant, rendue par les
voix habilement groupées et soutenues par
l'accompagnement savant des instruments,
s'allie au sentiment. Ce Kyrie, et un
véritable explosion d'adoration triomphale.
sont, à notre avis, les deux plus beaux mor-
ceaux de cette composition remarquable. Après
eux, nous noterons l'M~ jPct, une page déli-
cieusement suave, chanté par une bien jolie
voix d'enfant, qui semblait, à s'y méprendre.
une voix de femme.
A l'offertoire, un ~M 3~t<ï da M. Charlea
Dancla, pour chant, deux violons et orchestre.
exécuté par MM. Charles Dancla et J. Garoin,
professeurs au Conservatoire, a produit beau-
coup d'effet. La mélodie en est très pure, et le
chant des deux violons s'unit au chant des
voix d'une façon très harmonieuse et très sa-
vante. t
Les soli ont été chantés par M. Caron, de
l'Opéra, dont la halle voix faisait merveille
sous les voûtes de la grande basilique, et par
MM. L. d'Ageni et Laurent dont le talent est
tt'ès sympathique.
Les chœurs et les instrumentistes, sous la
direction de M. Detdevès.&ssisté do MM. Bleuze
Darnant, Pickaërt et Steenman, maîtres de
chapelle de Saint-Sulpice, Saint-Roch, Notre-
Dame-dea-Victoires et Saint-Eustache, ont ri-
valisé de perfection et composaient un ensem-
ble absolument remarquable.
A la Qn de-la messe, M. Dallier, l'organiste
de Saint-Eustache, a exécuté avec le plus
grand talent, une nouvelle marche religieuse
très brUlanto. qui a été fort appréciée au dou-
ble point de vue de la composition et de l'exé-
cution.
SAINT-ANGE.
Fr~OVrNTCE:
BBEST.–Première représentation dUjM~hf
de M. Louis Met~e, musique de M. Pierre Ger-
main.
L'auteur du livret a placé l'action dans le
comté de Cerdagne, à la fin du moyen-âne.
Raymond, bâtard de Cerdasoe, veut faire
Msaasiner son trère cadet, Gaston, flla Iéf;ttnM
du comte, pour hériter de la fortune et da titre
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