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DURENDAE
preuve le présent volume de l’abbé Piat. C’est la philosophie de la morale.
Ce livre est pensé. Ce livre est écrit. Il est d’une logique impeccable et il est
écrit dans une langue claire et châtiée s’il en fût et qui double le charme de
sa lecture. Je ne puis faire ici l’analyse de ce livre tel qu’il le mériterait. Mais
tiens à le recommander et je le fais aussi chaudement que je puis à tout
omme qui sait et qui aime à réfléchir. Y en aurait-il encore, par hasard, en ce
monde futile et bizarre?
Jamais je n’ai vu exposée cette question fondamentale de la morale d’une
façon aussi approfondie, aussi complète et en même temps aussi persuasive
et aussi nette. La morale chrétienne — que, il va de soi, l’auteur proclame la
seule vraiment logique et efficace — y est développée avec une lumière
éblouissante et une ampleur remarquable. L’esprit qui ne serait pas satisfait
serait bien difficile. v
A tous ceux qui débinent la morale chrétienne, tout simplement parce que
sciemment ils l’ignorent, ou parpe qu’ils en ont peur, j’envoie le défi le plus
formel de réfuter ce livre. Quand ils l’auront démoli ils pourront parler.
L’auteur répond notamment d’une façon péremptoire à la sottise de ceux qui
taxent la morale chrétienne d’égoïsme. Reprochequi lui fut fait jadis en pleine
Chambre belge, dans une discussion mémorable, avec une incompétence
sans pareille et une légèreté renversante, par les défenseurs de la morale
laïque.
Tout esprit cultivé et intelligent, et à qui la réflexion n’est pas une corvée
alors qu’elle devrait être un réconfort, doit méditer ce livre à tout prix. Je dis
méditer, car il ne suffit pas de lire. Il y a là, comme dans tous les livres
sérieux, de la moelle pour de nombreuses et réconfortantes méditations.
Henry Moeller.
Le Crépuscule d’une idole : Nietzsche, nietzschéisme, nietzschéens, par
M. V. de Pallarès. — (Paris, Grasset.)
« Idole » est le mot juste, car Nietzsche a été et est encore, d’ailleurs,
l’objet d’un véritable culte, de la part même de gens qui, étant données les
aspirations démocratiques qu’ils nourrissent, auraient dû éprouver la répul
sion la plus vive pour sa pensée violemment aristocratique. Mais, voilà, il se
présentait en même temps comme le « tombeur » des vieilles morales, de
toutes les puissances religieuses ou métaphysiques du passé, les religions,
les philosophies, le préjugé de la vérité... C’était une force de destruction
dont on trouvait expédient de se servir, quitte à lui nier toute valeur, lorsque,
après avoir démoli, elle voudrait reconstruire. Nietzsche en voulait surtout
au christianisme, à la morale de l’amour, à la conception du bien et du mal,
enfantés par les humbles, les « esclaves » ; il rêvait une révision de la « table
des valeurs morales », l’instauration du règne des surhommes, des êtres qui
ne connaissent d’autre règle que la volonté de puissance qui agit en eux et
sont, par conséquent, prédestinés à dominer sur la tourbe vile des hommes.
Il y avait une certaine crânerie à se mettre dans un antagonisme si direct
avec les tendances les plus évidentes du monde moderne. Il est vrai que
Nietzsche obéissait, de la sorte, aux impulsions d’un génie dont les facultés
DURENDAE
preuve le présent volume de l’abbé Piat. C’est la philosophie de la morale.
Ce livre est pensé. Ce livre est écrit. Il est d’une logique impeccable et il est
écrit dans une langue claire et châtiée s’il en fût et qui double le charme de
sa lecture. Je ne puis faire ici l’analyse de ce livre tel qu’il le mériterait. Mais
tiens à le recommander et je le fais aussi chaudement que je puis à tout
omme qui sait et qui aime à réfléchir. Y en aurait-il encore, par hasard, en ce
monde futile et bizarre?
Jamais je n’ai vu exposée cette question fondamentale de la morale d’une
façon aussi approfondie, aussi complète et en même temps aussi persuasive
et aussi nette. La morale chrétienne — que, il va de soi, l’auteur proclame la
seule vraiment logique et efficace — y est développée avec une lumière
éblouissante et une ampleur remarquable. L’esprit qui ne serait pas satisfait
serait bien difficile. v
A tous ceux qui débinent la morale chrétienne, tout simplement parce que
sciemment ils l’ignorent, ou parpe qu’ils en ont peur, j’envoie le défi le plus
formel de réfuter ce livre. Quand ils l’auront démoli ils pourront parler.
L’auteur répond notamment d’une façon péremptoire à la sottise de ceux qui
taxent la morale chrétienne d’égoïsme. Reprochequi lui fut fait jadis en pleine
Chambre belge, dans une discussion mémorable, avec une incompétence
sans pareille et une légèreté renversante, par les défenseurs de la morale
laïque.
Tout esprit cultivé et intelligent, et à qui la réflexion n’est pas une corvée
alors qu’elle devrait être un réconfort, doit méditer ce livre à tout prix. Je dis
méditer, car il ne suffit pas de lire. Il y a là, comme dans tous les livres
sérieux, de la moelle pour de nombreuses et réconfortantes méditations.
Henry Moeller.
Le Crépuscule d’une idole : Nietzsche, nietzschéisme, nietzschéens, par
M. V. de Pallarès. — (Paris, Grasset.)
« Idole » est le mot juste, car Nietzsche a été et est encore, d’ailleurs,
l’objet d’un véritable culte, de la part même de gens qui, étant données les
aspirations démocratiques qu’ils nourrissent, auraient dû éprouver la répul
sion la plus vive pour sa pensée violemment aristocratique. Mais, voilà, il se
présentait en même temps comme le « tombeur » des vieilles morales, de
toutes les puissances religieuses ou métaphysiques du passé, les religions,
les philosophies, le préjugé de la vérité... C’était une force de destruction
dont on trouvait expédient de se servir, quitte à lui nier toute valeur, lorsque,
après avoir démoli, elle voudrait reconstruire. Nietzsche en voulait surtout
au christianisme, à la morale de l’amour, à la conception du bien et du mal,
enfantés par les humbles, les « esclaves » ; il rêvait une révision de la « table
des valeurs morales », l’instauration du règne des surhommes, des êtres qui
ne connaissent d’autre règle que la volonté de puissance qui agit en eux et
sont, par conséquent, prédestinés à dominer sur la tourbe vile des hommes.
Il y avait une certaine crânerie à se mettre dans un antagonisme si direct
avec les tendances les plus évidentes du monde moderne. Il est vrai que
Nietzsche obéissait, de la sorte, aux impulsions d’un génie dont les facultés
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