Titre : Rolet : hebdomadaire indépendant : ["puis" politique, littéraire, théâtral et artistique]
Auteur : Académie de la paix (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1949-07-21
Contributeur : Rosita (1885-1955). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32862558f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 juillet 1949 21 juillet 1949
Description : 1949/07/21 (SERNOUV,N238). 1949/07/21 (SERNOUV,N238).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k11784414
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, FOL-Z-1390
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/05/2020
4
ROLET
Que nous réserve f Allemagne ?
Genève, 30 juin.
VISAGE LITTERAIRE
de Sainf-Cermain-des-Prés
/
par Louis GRATIAS
A ujourd’hui même, le Conseil
d’administration de l’Organi
sation internationale du Tra
vail décidait de réserver à
l’Allemagne une place d’observateur
dans les réunions du B.LT., à
Genève et ^ailleurs. La résolution se
rapportant à ce délicat problème ne
spécifiait pas Allemagne occidentale
ou orientale. C’est la raison pour
laquelle la Tchécoslovaquie et la
Pologne, d’abord violemment oppo
sées à une présence teutonne quel
conque, finirent par dire oui.
11 y a beaucoup d’institutions
internationales où « les Allemands »
tout court sont accueillis, nous ne
dirons pas à bras ouverts, mais sur
un certain pied de correcte égalité.
Il ne peut être question de passer
l’éponge sur le passé. Mais il serait
excessif de ne parler que de cela.
Et quand on discute de la journée
de huit heures, des congés payés,
de l’organisation des loisirs, de la
protection aux femmes en couches,
il vaut mieux voir les employeurs et
les salariés allemands, selon la loi
fondamentale dite de Bonn ou selon
la Constitution du Congrès du peu
ple, assumer les mêmes obligations
sur le terrain international que
Français, Belges ou Britanniques,
Autrichiens, Italiens ou Suisses.
Quatre ans après la fin des hosti
lités, accorder aux Germains, sinon
un fauteuil, du moins un stra
pontin, dans quelques réunions dé
nuées de tout caractère politique,
ce n’est, évidemment, pas augmenter
le danger de guerre. C’est ce que
M. Morse, directeur du Bureau inter
national du Travail à Genève, a fort
bien compris. D’autres aussi.
La question de savoir s’il faut
aller plus loin encore dans cette
voie reste ouverte et peut donner
lieu à maintes discussions. Nous
avons écrit ici-même que le peuple
allemand, aussi bien à l’Ouest qu’à
l’Est, ne nous paraissait nullement
mûr pour le régime parlementaire.
Nous le maintenons, car ce ne sont
pas les récents événements qui
auraient pu nous faire changer
d’avis.
L ’ Allemagne orientale a s o n
Congrès du peuple, dont les quinze
cents députés se sont réunis, les 29
et 30 mai, en pleine Conférence de
Paris. Elus sur une liste unique, ces
députés représentent des « pays »
où la grande propriété a été soit
abolie, soit communal isée, où la
coopérative agricole, du même type
que le kolkhoze, a substitué l’exploi
tation en commun au faire valoir
individuel, dans les campagnes, et
où toutes les entreprises indus
trielles importantes furent nationa
lisées. Bref, Saxe, Saxe-Anhalt, Thu-
ringe, Brandebourg et Mecklem-
bourg forment une démocratie po
pulaire fédérée. Les onze autres
« pays » créés par les vainqueurs
constituent, au contraire, une Confé
dération d’Etats (Bund) à régime
plus ou moins représentatif selon le
mode occidental.
Mais tout cela n’est que la façade.
L’Allemand moyen ne se passionne
nullement pour un statut constitu
tionnel s’appuyant plus ou moins
sur les baïonnettes alliées. L’indiffé
rence du public à l’/égard de la Diète
et du Bundespraesident est foncière.
On ne se préoccupe même pas de
savoir qui sera chef de l’Etat en
Allemagne occidentale.
Ce qui intéresse l’Allemand
moyen, c’est la fin des réparations
sous forme de démantèlements, c’est
le ravitaillement, c’est la cessation
de l’occupation étrangère, c’est le
rétablissement de l’unité du pays. Il
y a là quelques avantages que cha
cun est prêt à payer très cher,
qu’on habite Dresde ou Francfort-
sur-le-Mein, Magdebourg ou Cons
tance.
Le plan Marshall a fait du bien
clans l’Ouest, mais ce n’est pas une
panacée. Il y a, maintenant, un
million et demi de chômeurs en
Allemagne occidentale. L’industrie
produit des articles trop chers ; les
exportateurs envisagent déjà une
o nouvelle dévaluation, le Deutsche-
Mark, à peine créé depuis un an,
devant être ramené au taux de
4 marks 20 nour un dollar au lieu
de 3 marks 30 à l’heure actuelle. La
concurrence de la Tchécoslovaquie,
de la Belgique et de la Suisse se fait
aussi durement sentir. Et les débou
chés deviennent rares malgré les
efforts que font les Américains pour
relever le potentiel économique de
la bizone.
C’est juste ce moment-là que l’on
choisit, du côté allié, pour passer
du régime d’occupation militaire à
celui d’une haute Commission civile.
C’est à cette heure exacte que les
Allemands vont être appelés à élire,
le 14 août, les organes d’un régime
qui est tout à fait indifférent à
95 % d’entre eux.
Pas de constitution, une loi fon
damentale, essentiellement provi
soire, que beaucoup considèrent
comme périmée à l’avance. Le
Grundyeselz prévoit un fédéralisme
La Directrice-Gérante : ROSITA.
S. P. I., 27, rue Nicolo, Paris (16 e )
qui ne correspond plus du tout aux
mœurs et qui perd une grande
partie de sa signification dans un
Etat où, à la population autoch
tone, se superposent sept millions
et demi de réfugiés. Ce sont ces
•réfugiés qui seront la grande in
connue du scrutin dans six se
maines.
En attendant, les « comitards »
s’en donnent à cœur joie : listes
chrétiennes-démocrates contre liste
socialiste, les libéraux-démocmtes
espérant faire pencher la balance
dans un sens ou dans l’autre par
leur seule intervention. Encore une
fois, tout wmla n’intéresse presque
personne en dehors des chasseurs
de sièges professionnels, moins
nombreux que d’habitude, car ils ne
veulent pas se compromettre avec
un régime patronné par'les occu
pants.
Il ne leur reste qu’ujie issue :
faire de la surenchère nationaliste
afin de se blanchir auprès de leurs
compatriotes. Et, pour cela, tous les
prétextes sont bons : revendication
du petit village de Miinzenich (Rhé
nanie) par la Belgique, ce village
coupant en deux, près d’Aix-la-
Chapelle, une ligne de chemin de
fer essentielle des « cantons redi-
més » ; démontage de certaines
aciéries en Westphalie donnant lieu
à des manifestations qui ont failli
être sanglantes. Les moindres inci
dents causés par l’occupation sont
exploités à fond.
Les intellectuels, surtout, se dé
tournent de la politique ; ils pré
fèrent le cercle de Nauheim, du pro
fesseur Ulrich Noack, où l’on
vaticine sur la neutralisation de
l'Allemagne. Le plan Kennan cause
à ces éléments beaucoup de joie ;
ramener les troupes américaines et
britanniques à deux ports de la
mer du Nord, les troupes soviétiques
à un port de la Baltique, l’occupa
tion française cessant complète
ment. Voilà une perspective qui
remplit nos augures d’aise. Bref, on
ne rêve que de la fin anticipée de
l’occupation ; que de l’évacuation
prochaine, totale ou partielle, du
territoire allemand.
Et quand M. Gromyko parla, au
palais de marbre de rose, d’évacua
tion complète un an au plus tard
après la ratification du traité de
paix, dont il demandait la mise en
discussion immédiate, il trouva,
outre-Rliin, malgré la russophobie
accentuée de nombreux éléments,
un écho assez favorable. Le
contraire serait surprenant.
❖
**
G’est là qu’est le danger. Nous
avons tant de fois dénoncé, à cette
tribune, le péril allemand que nous
nous en voudrions de ne pas avoir
fait une analyse aussi complète et
aussi objective que possible. Lais
sons aux lecteurs le soin de
conclure.
A la question : « Que nous
reserve l’Allemagne ? » il faut être
excessivement optimiste pour ré
pondre autre chose que : « Rien de
bon, sans doute ».
Hélas! les jeux sont faits. Or, il
y a eu maldonne. Puisse quelque
incident imprévu remettre les choses
en bonne place ! Autrement, nous
risquons fort de perdre nos derniers
atouts. On fête Gœthe dans deux
mois. Mais son humanisme peut-iL
revivre ?
A. ROBINET DE CLERY.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiimmiiiiimiimiiii
Extrait
de "Sous mes yeux"
... M. Guy de Maupassant n’a pas
l’air de penser et il fait penser
plus que bien d’autres. Il ne res
semble à aucun écrivain contempo
rain. Par maints côtés, il me rap
pelle les vieux maîtres du xiv e et du
xvT siècle. Evidemment, il procède
de Rabelais, de Brantôme et des
joyeux conteurs de cette époque. Il
a leur franchise, leur observation
implacable, leur obscénité innocente.
Il a aussi leur suprême indifférence
pour le bien et pour le mal, leur
vigueur, leur invention. Quant à sa
forme, je n’en vois pas de plus belle,
même en cherchant dans les noms
fameux. Elle fait la joie des lettrés
et des illettrés, elle met tout le
monde cl’accord. En écrivant, M. Guy
de Maupassant n’oublie pas qu’il
faut plaire aux ignorants en même
temps qu’aux habiles. Je m’arrête,
car l’analyse de son œuvre exige
rait de longues pages. Tant pis pour
VAcadémie s’il n’en franchit pas le
seuil. C’est un admirable prosateur,
un grand artiste, et je ne crains pas
de l’avancer, le plus fort de nos réa
listes. Il a peut-être été moins réflé
chi que Zola, mais il a plus regardé.
Prenez-y garde : ce jeune homme
qui ne parle jamais de son talent
pourrait bien avoir pour quelques
siècles de célébrité.
Juillet 1886.
Georges de Porto-Riche,
de l’Académie Française.
L’art de varier son vestiaire
A première vue, on serait tenté
de s'étonner des efforts accomplis
par les modélistes de nos grandes
maisons de couture parisiennes pour
réaliser des toilettes à comuinaisons
multiples et aussi de l’insistance que
mettent les vendeuses à attirer l'at
tention de l’aclieteuse sur ces créa
tions. U n'apparaît lias tout de suite
que tel est leur intérêt... Et pour
tant !... Pourtant, cela prouve tout
simplement que nos artistes de la
haute couture ne sont point seule
ment des rêveurs ainsi que l’on se
rait porté à l’imaginer. Ils sont,
eux-memes, suffisamment aux prises
avec les difficultés qui sont leur lot
pour comprendre et admettre les
nouveaux besoins d’une clientèle
obligée de compter peu ou prou.
Cette leçon inattendue d’écono
mie, il faut en proliter. Ce n’est
point seulement en commandant un
« deux pièces » ou un « trois
pièces » auquel on adjoindra blou
ses ou pull-overs que l’on pourra
enrichir son vestiaire beaucoup plus
qu'il n'y paraît. Le tout est d’avoir
un peu d’imagination.
Pour faciliter les choses, il est
incontestable que le choix, pour la
robe ou la jupe servant, si je puis
dire, de fond, d’un tissu de nuance
neutre est à recommander.
Prenons, par exemple, l’une de
ces teintes beiges ou gris tourte
relle qui accusent/* dans leur tein
ture, une pointe de rouge, laquelle
détruit fort heureusement cette neu
tralité froide que l’on pouvait, jadis,
leur reprocher.
Mettons que l’on possède, dans
ces tons-là, un tailleur aussi clas
sique que possible, c’est-à-dire jupe
droite, de forme portefeuille, avec
ouverture ou plis pour faciliter la
marche, et une veste ni trop longue,
ni trop courte, avec revers d’une
fantaisie modérée. Selon que l’on
portera une blouse chemisier claire
ou de couleur vive, une blouse de
lingerie plus ou moins riche, plus
ou moins travaillée, on variera la
classe d’une tenue qui demeurera
toujours d’un goût parfait.
Si, supprimant la jaquette, on
adopte, pour accompagner la jupe,
Tun de ces petits paletots vagues
assez courts — les modèles préférés
ne descendent que très peu au-
dessous des hanches — taillé dans
une étoffe de teinte qui tranche net
tement (on a toute la gamme des
rouges et des rouilles et celle, com
bien riche aussi, des bleus), le cos
tume n’est plus reconnaissable.
Une blouse à basque irrégulière
et faite, surtout, de pans dépendants
d’une ceinture drapée, ou de la pro
longation de revers, on aboutit à un
résultat analogue. Sans compter que,
selon la nature et la nuance du tissu
employé, on pourra varier à l’infini
l’allure de la toilette, la faire plus
ou moins habillée.
Lorsqu’il s’agit de modifier l’ap
parence de l’une de ces robes de
cotonnade, si goûtée cet été, les
difficultés se corsent ; cependant la
chose n’est pas impossible.
Et, d’abord, il faut reconnaître,
pour les en louer, que les fabricants
ont fait preuve d’une habileté con
sommée. Les impressions, l’apprêt,
les couleurs de ces tissus faits d’une
matière si peu précieuse sont vrai
ment ahurissantes. Ce n’est guère
qu’au toucher que l’on réalise
qu’on n’a point affaire aux belles
étoffes de jadis. Et comme lesdits
fabricants ont su rendre infrois
sables leurs .nouvelles créations, on
n’hésite plus à leur faire bon
accueil.
Si, donc, l’on posède une jupe
taillée dans l’une de ces récentes
venues, on aura le choix, pour réa
liser la blouse, le petit paletot, la
veste destinés à l’accompagner, en
tre la plus claire ou la plus foncée
des nuances qui se trouvent dans
l’imprimé. De ce choix pourra dé
pendre le degré d’élégance donné
à l’ensemble. Autant il est à recom
mander de recourir pour la jupe
de lainage fantaisie ou de couleur
unie, à la ligne droite, c’est-à-dire
à la coupe du tailleur classique, au
tant il est souhaitable de choisir,
pour la jupe en imprimé, un mo
dèle assez ample, que ila largeur soit
donnée par des godets ou par des
plis.
Il n’est pas douteux que, pour la
facilité des combinaisons destinées
à multiplier les apparences diverses
de la toilette, mieux vaut avoir
affaire à une jupe indépendante —
sans compter que l’on peut très
bien réaliser une robe entière avec
un corsage indépendant lui aussi.
Cependant, s’il n’en était pas ainsi,
rien ne serait perdu : un grand col
genre pèlerine courte ou un jeu de
revers et une large ceinture drapée
autour des hanches suffiraient pour
transformer la robe. Dans ce cas,
l’on choisirait un tissu qui tranche
nettement sur la ou les couleurs de
ladite robe.
Est-il besoin de dire que l’en
semble aurait d’autant plus d’allure
que l’on se serait donné la peine
d’assortir, à la garniture, les chaus
sures, les gants, le sac, le cas
échéant, le chapeau. Etant donné
que le noir figure parmi les couleurs
susceptibles de s’harmoniser avec
celles de la robe, quelles qu’elles
soient, on avouera volontiers qu’il
n’est pas très difficile d’obtenir
d’heureux résultats.
CLEMATITE.
N otre cher Saiiil-Gerraain,
celui qu’aimait Giraudoux
et que Léo Larguier pros
pecte, chaque jour, de sa
lente démarche de montagnard
déraciné ! Il n’est pas un auteur
français de notre temps qui ne se
soit assis sur les banquettes des
« Deux Magots », du « Flore »,
du « Lipp ». Qu’on le veuille ou
non, il souffle la un air qu’on ne
respire pas ailleurs. Du vieux clo
cher quadrangulaire si joliment
équarri dans le ciel d’ile-de-
France, il tombe sur la place et
les maisons d’alentour une har
monie qui s’impose, -simple et
grande, au couchant estival com
me aux spirs brumeux d’octobre.
Ce Sain t-Germain-des-P rés si
lucide et français, certains le dé
couvrent maintenant et veulent
lui prêter'une fantaisie burlesque
qui ne cadre pas avec l’équilibre
des lieux et des souvenirs. Pour
tant les théories les plus fracas
santes se sont apaisées dans cette
atmosphère française. Comme si
l’ombre de Boileau veillait enco
re, non loin, même les trompettes
de « Dada », même les floraisons
sublunaires et oniriques du Sur
réalisme se sont ouatées là d’un
cordial silence, imprégnées d’une
tendresse latente et purgées de
leurs maléfices trop criards.
Les meneurs de jeu ont parti
cipé de cette décantation. André
Breton a toujours son profil olym
pien, mais il faut être un initié
pour suivre la trame de son rêve
dans ses yeux noyés de songe
parmi ses admirateurs pressés au
tour de lui sur les banquettes.
Le vrai visage littéraire de Saint-
Germain-des-Prés, il est bien loin
de ces éclats qu’une jeunesse
bruyante, pour ne pas dire inter
lope, voudrait lui conférer.
Je n’oublie pas les tenues ou-,
trancières, ni les orchestres nè
gres, ni les ébats nocturnes dans
\ les « caves ». Mais nous ne som
mes plus au grand air de'Paris
avec ces exhibitions. Ces ébats
souterrains qu’on voudrait élever
à l’état de mythes peuvent inté
resser les amateurs de chorégra
phies excentriques mais n’ont rien
à voir avec la poésie vivante et
dynamique de Saint-Germain.
Ceux qui cuvent leurs œuvres
dans les cafés méditatifs d’allure
même lorsque les fumées de l’apé
ritif exaltent les propos, ils sont
bien loin des pauvres êtres qui
n’ont que des outrances de tenue
ou des ferveurs pour se distin
guer.
J’en appelle aux familiers du
coin, à ceux qui, depuis des an
nées, se sont complus à la poésie
de ce carrefour d’élection, le
S a 1 n t - G e r m a i n - d e s - P r é s véridique
est aussi sérieux que l’était le rtir
nastère de ce nom.
D’un sérieux toujours envelon.
pant, quelles que soient les cir
constances, mais qui garde à
sourire des cénobites en l'ace dp
leurs rêves, beaucoup plus joveuv
que certains pensent, et extasiés
pour tout dire, aux visions^ dp’
ciel qui les ravissent.
N’est-ce pas, Rosita, que c’est
ainsi que vous voyez l’atmosphère
des « Deux Magots » ou di
« Flore » lorsque les propos vont
plus loin que les rêves ne sem
bleraient l’indiquer, la pensée de
l’œuvre ne quittant jamais cenv
qui parlent et dominant tout ?
Au lieu de légèreté, c’est de n,.,.
sistance anxieuse qu’il s’agit p 0u ~
les vrais lidèles de Saint-Ger-
main-des-Prés, d’une constant
qui ne se dément jamais et vous
enveloppe de son obsession.
... Loin de PariS, face aux cam
pagnes d’Üc où crépite le soleil
estival, j’aperçois mieux encore le
charme discret de ce quartier si
propice aux artistes. On s’arrête
à la devanture d’une galerie pour
goûter une toile. Ou bien c’est un
beau livre qui vous offre le luxe
de ses images et de ses mots. Ou
encore, tout simplement, vous res,
pirez la douceur excitante tom
bée du ciel amical.
Et vous avez l’ami qui vous
attend, les mains pleines de jour
naux, l’âme pleine de paradoxes
parmi lesquels l’idée originale ne
demande qu’à germer au feu de
la conversation pour se fixer en
suite avec son pouvoir de séduc
tion irrépressible.
Puis, rien ne vous empêche
d’être seul lorsque vous le souhai
tez. 11 vous est possible de vous
isoler comme vous feriez dans la
forêt des rêves. Personne ne dé
rangera votre méditation. Nous
sommes loin, ici, de la cohue des
boulevards ou même de l’osten
tation plus ou moins frelatée des
Champs-Elysées. Peut-être l’in
fluence encore vivante de Racine
qui vit son univers terrestre se
clore dans une rue voisine. Plu
tôt la décantation impalpable de
Par^s qui a fixé là, à l’ombre du
clocher si droit et si simple, spn
filtre le plus efficace.
Les novices peuvent croire qu’on
y débite les poudres miraculeuses
nécessaires aux charlatans. En
réalité, c’est de mise au, point
qu’il s’agit surtout, de clarté à at
teindre dans le rare 'et le fort,
d’un édifice à construire dont tou
tes les parties s’équilibreront dans
l’harmonie, avec la distinction de
la petite place, si humble et si
prenante, du clocher si humain,
du ciel unique et qui sourit avec
ia même distinction qu’il avait.
jadis, sur les prés de l’abbaye.
'ffcslcalc&mes
O Catalanes, qui gardez sur vos visages
La noblesse romaine et l’ardente pâleur
Dont notre mer latine aux éclatants rivages
A, par ses reflets d’or, patiné vos couleurs ;
A vous, en qui le geste et l’allure hautaine
Des Sarrazines qui venaient à vos fontaines.
Après plus de mille ans paraît revivre encor
Et baiance à jamais le rythme de vos corps ;
A vous de qui les mains belles et nonchalantes
Semblent les mains des Espagnoles de jadis,
Qui vous portèrent, de Grenade ou de Cadix,
Le secret de leur grâce impérieuse et lente ;
Mais surtout, mais surtout à vous dont la bonté
Fait que la lutte ardente ou ia haine s’apaise
Et dont chacun de nous tant de fois a goûté
La franchise charmante et simple de Françaises,
Je voudrais, comme on offre à des reines, offrir
Les plus riches grenats sertis par nos orfèvres
Et ces divines fleurs, douces comme vos lèvres,
Qui brillent de Collioure aux forêts de Caprir,
Mais je n’ai rien ! L’exil du pays me condamne
A n’avoir de chez nous ni bouquet, ni joyau.
Et cependant je ne veux pas, ô Catalanes,
Vous laisser repartir sans vous faire un cadeau.
Alors mes fleurs, les fleurs que ce soir je vous jette
Ce sont les mots dorés que j’ai choisis pour vous,
Et je vous donne encore, en place de bijoux.
Ce grenat clair et pur qu’est cœur de poete .
Henry NOELL-
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ROLET
Que nous réserve f Allemagne ?
Genève, 30 juin.
VISAGE LITTERAIRE
de Sainf-Cermain-des-Prés
/
par Louis GRATIAS
A ujourd’hui même, le Conseil
d’administration de l’Organi
sation internationale du Tra
vail décidait de réserver à
l’Allemagne une place d’observateur
dans les réunions du B.LT., à
Genève et ^ailleurs. La résolution se
rapportant à ce délicat problème ne
spécifiait pas Allemagne occidentale
ou orientale. C’est la raison pour
laquelle la Tchécoslovaquie et la
Pologne, d’abord violemment oppo
sées à une présence teutonne quel
conque, finirent par dire oui.
11 y a beaucoup d’institutions
internationales où « les Allemands »
tout court sont accueillis, nous ne
dirons pas à bras ouverts, mais sur
un certain pied de correcte égalité.
Il ne peut être question de passer
l’éponge sur le passé. Mais il serait
excessif de ne parler que de cela.
Et quand on discute de la journée
de huit heures, des congés payés,
de l’organisation des loisirs, de la
protection aux femmes en couches,
il vaut mieux voir les employeurs et
les salariés allemands, selon la loi
fondamentale dite de Bonn ou selon
la Constitution du Congrès du peu
ple, assumer les mêmes obligations
sur le terrain international que
Français, Belges ou Britanniques,
Autrichiens, Italiens ou Suisses.
Quatre ans après la fin des hosti
lités, accorder aux Germains, sinon
un fauteuil, du moins un stra
pontin, dans quelques réunions dé
nuées de tout caractère politique,
ce n’est, évidemment, pas augmenter
le danger de guerre. C’est ce que
M. Morse, directeur du Bureau inter
national du Travail à Genève, a fort
bien compris. D’autres aussi.
La question de savoir s’il faut
aller plus loin encore dans cette
voie reste ouverte et peut donner
lieu à maintes discussions. Nous
avons écrit ici-même que le peuple
allemand, aussi bien à l’Ouest qu’à
l’Est, ne nous paraissait nullement
mûr pour le régime parlementaire.
Nous le maintenons, car ce ne sont
pas les récents événements qui
auraient pu nous faire changer
d’avis.
L ’ Allemagne orientale a s o n
Congrès du peuple, dont les quinze
cents députés se sont réunis, les 29
et 30 mai, en pleine Conférence de
Paris. Elus sur une liste unique, ces
députés représentent des « pays »
où la grande propriété a été soit
abolie, soit communal isée, où la
coopérative agricole, du même type
que le kolkhoze, a substitué l’exploi
tation en commun au faire valoir
individuel, dans les campagnes, et
où toutes les entreprises indus
trielles importantes furent nationa
lisées. Bref, Saxe, Saxe-Anhalt, Thu-
ringe, Brandebourg et Mecklem-
bourg forment une démocratie po
pulaire fédérée. Les onze autres
« pays » créés par les vainqueurs
constituent, au contraire, une Confé
dération d’Etats (Bund) à régime
plus ou moins représentatif selon le
mode occidental.
Mais tout cela n’est que la façade.
L’Allemand moyen ne se passionne
nullement pour un statut constitu
tionnel s’appuyant plus ou moins
sur les baïonnettes alliées. L’indiffé
rence du public à l’/égard de la Diète
et du Bundespraesident est foncière.
On ne se préoccupe même pas de
savoir qui sera chef de l’Etat en
Allemagne occidentale.
Ce qui intéresse l’Allemand
moyen, c’est la fin des réparations
sous forme de démantèlements, c’est
le ravitaillement, c’est la cessation
de l’occupation étrangère, c’est le
rétablissement de l’unité du pays. Il
y a là quelques avantages que cha
cun est prêt à payer très cher,
qu’on habite Dresde ou Francfort-
sur-le-Mein, Magdebourg ou Cons
tance.
Le plan Marshall a fait du bien
clans l’Ouest, mais ce n’est pas une
panacée. Il y a, maintenant, un
million et demi de chômeurs en
Allemagne occidentale. L’industrie
produit des articles trop chers ; les
exportateurs envisagent déjà une
o nouvelle dévaluation, le Deutsche-
Mark, à peine créé depuis un an,
devant être ramené au taux de
4 marks 20 nour un dollar au lieu
de 3 marks 30 à l’heure actuelle. La
concurrence de la Tchécoslovaquie,
de la Belgique et de la Suisse se fait
aussi durement sentir. Et les débou
chés deviennent rares malgré les
efforts que font les Américains pour
relever le potentiel économique de
la bizone.
C’est juste ce moment-là que l’on
choisit, du côté allié, pour passer
du régime d’occupation militaire à
celui d’une haute Commission civile.
C’est à cette heure exacte que les
Allemands vont être appelés à élire,
le 14 août, les organes d’un régime
qui est tout à fait indifférent à
95 % d’entre eux.
Pas de constitution, une loi fon
damentale, essentiellement provi
soire, que beaucoup considèrent
comme périmée à l’avance. Le
Grundyeselz prévoit un fédéralisme
La Directrice-Gérante : ROSITA.
S. P. I., 27, rue Nicolo, Paris (16 e )
qui ne correspond plus du tout aux
mœurs et qui perd une grande
partie de sa signification dans un
Etat où, à la population autoch
tone, se superposent sept millions
et demi de réfugiés. Ce sont ces
•réfugiés qui seront la grande in
connue du scrutin dans six se
maines.
En attendant, les « comitards »
s’en donnent à cœur joie : listes
chrétiennes-démocrates contre liste
socialiste, les libéraux-démocmtes
espérant faire pencher la balance
dans un sens ou dans l’autre par
leur seule intervention. Encore une
fois, tout wmla n’intéresse presque
personne en dehors des chasseurs
de sièges professionnels, moins
nombreux que d’habitude, car ils ne
veulent pas se compromettre avec
un régime patronné par'les occu
pants.
Il ne leur reste qu’ujie issue :
faire de la surenchère nationaliste
afin de se blanchir auprès de leurs
compatriotes. Et, pour cela, tous les
prétextes sont bons : revendication
du petit village de Miinzenich (Rhé
nanie) par la Belgique, ce village
coupant en deux, près d’Aix-la-
Chapelle, une ligne de chemin de
fer essentielle des « cantons redi-
més » ; démontage de certaines
aciéries en Westphalie donnant lieu
à des manifestations qui ont failli
être sanglantes. Les moindres inci
dents causés par l’occupation sont
exploités à fond.
Les intellectuels, surtout, se dé
tournent de la politique ; ils pré
fèrent le cercle de Nauheim, du pro
fesseur Ulrich Noack, où l’on
vaticine sur la neutralisation de
l'Allemagne. Le plan Kennan cause
à ces éléments beaucoup de joie ;
ramener les troupes américaines et
britanniques à deux ports de la
mer du Nord, les troupes soviétiques
à un port de la Baltique, l’occupa
tion française cessant complète
ment. Voilà une perspective qui
remplit nos augures d’aise. Bref, on
ne rêve que de la fin anticipée de
l’occupation ; que de l’évacuation
prochaine, totale ou partielle, du
territoire allemand.
Et quand M. Gromyko parla, au
palais de marbre de rose, d’évacua
tion complète un an au plus tard
après la ratification du traité de
paix, dont il demandait la mise en
discussion immédiate, il trouva,
outre-Rliin, malgré la russophobie
accentuée de nombreux éléments,
un écho assez favorable. Le
contraire serait surprenant.
❖
**
G’est là qu’est le danger. Nous
avons tant de fois dénoncé, à cette
tribune, le péril allemand que nous
nous en voudrions de ne pas avoir
fait une analyse aussi complète et
aussi objective que possible. Lais
sons aux lecteurs le soin de
conclure.
A la question : « Que nous
reserve l’Allemagne ? » il faut être
excessivement optimiste pour ré
pondre autre chose que : « Rien de
bon, sans doute ».
Hélas! les jeux sont faits. Or, il
y a eu maldonne. Puisse quelque
incident imprévu remettre les choses
en bonne place ! Autrement, nous
risquons fort de perdre nos derniers
atouts. On fête Gœthe dans deux
mois. Mais son humanisme peut-iL
revivre ?
A. ROBINET DE CLERY.
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiimmiiiiimiimiiii
Extrait
de "Sous mes yeux"
... M. Guy de Maupassant n’a pas
l’air de penser et il fait penser
plus que bien d’autres. Il ne res
semble à aucun écrivain contempo
rain. Par maints côtés, il me rap
pelle les vieux maîtres du xiv e et du
xvT siècle. Evidemment, il procède
de Rabelais, de Brantôme et des
joyeux conteurs de cette époque. Il
a leur franchise, leur observation
implacable, leur obscénité innocente.
Il a aussi leur suprême indifférence
pour le bien et pour le mal, leur
vigueur, leur invention. Quant à sa
forme, je n’en vois pas de plus belle,
même en cherchant dans les noms
fameux. Elle fait la joie des lettrés
et des illettrés, elle met tout le
monde cl’accord. En écrivant, M. Guy
de Maupassant n’oublie pas qu’il
faut plaire aux ignorants en même
temps qu’aux habiles. Je m’arrête,
car l’analyse de son œuvre exige
rait de longues pages. Tant pis pour
VAcadémie s’il n’en franchit pas le
seuil. C’est un admirable prosateur,
un grand artiste, et je ne crains pas
de l’avancer, le plus fort de nos réa
listes. Il a peut-être été moins réflé
chi que Zola, mais il a plus regardé.
Prenez-y garde : ce jeune homme
qui ne parle jamais de son talent
pourrait bien avoir pour quelques
siècles de célébrité.
Juillet 1886.
Georges de Porto-Riche,
de l’Académie Française.
L’art de varier son vestiaire
A première vue, on serait tenté
de s'étonner des efforts accomplis
par les modélistes de nos grandes
maisons de couture parisiennes pour
réaliser des toilettes à comuinaisons
multiples et aussi de l’insistance que
mettent les vendeuses à attirer l'at
tention de l’aclieteuse sur ces créa
tions. U n'apparaît lias tout de suite
que tel est leur intérêt... Et pour
tant !... Pourtant, cela prouve tout
simplement que nos artistes de la
haute couture ne sont point seule
ment des rêveurs ainsi que l’on se
rait porté à l’imaginer. Ils sont,
eux-memes, suffisamment aux prises
avec les difficultés qui sont leur lot
pour comprendre et admettre les
nouveaux besoins d’une clientèle
obligée de compter peu ou prou.
Cette leçon inattendue d’écono
mie, il faut en proliter. Ce n’est
point seulement en commandant un
« deux pièces » ou un « trois
pièces » auquel on adjoindra blou
ses ou pull-overs que l’on pourra
enrichir son vestiaire beaucoup plus
qu'il n'y paraît. Le tout est d’avoir
un peu d’imagination.
Pour faciliter les choses, il est
incontestable que le choix, pour la
robe ou la jupe servant, si je puis
dire, de fond, d’un tissu de nuance
neutre est à recommander.
Prenons, par exemple, l’une de
ces teintes beiges ou gris tourte
relle qui accusent/* dans leur tein
ture, une pointe de rouge, laquelle
détruit fort heureusement cette neu
tralité froide que l’on pouvait, jadis,
leur reprocher.
Mettons que l’on possède, dans
ces tons-là, un tailleur aussi clas
sique que possible, c’est-à-dire jupe
droite, de forme portefeuille, avec
ouverture ou plis pour faciliter la
marche, et une veste ni trop longue,
ni trop courte, avec revers d’une
fantaisie modérée. Selon que l’on
portera une blouse chemisier claire
ou de couleur vive, une blouse de
lingerie plus ou moins riche, plus
ou moins travaillée, on variera la
classe d’une tenue qui demeurera
toujours d’un goût parfait.
Si, supprimant la jaquette, on
adopte, pour accompagner la jupe,
Tun de ces petits paletots vagues
assez courts — les modèles préférés
ne descendent que très peu au-
dessous des hanches — taillé dans
une étoffe de teinte qui tranche net
tement (on a toute la gamme des
rouges et des rouilles et celle, com
bien riche aussi, des bleus), le cos
tume n’est plus reconnaissable.
Une blouse à basque irrégulière
et faite, surtout, de pans dépendants
d’une ceinture drapée, ou de la pro
longation de revers, on aboutit à un
résultat analogue. Sans compter que,
selon la nature et la nuance du tissu
employé, on pourra varier à l’infini
l’allure de la toilette, la faire plus
ou moins habillée.
Lorsqu’il s’agit de modifier l’ap
parence de l’une de ces robes de
cotonnade, si goûtée cet été, les
difficultés se corsent ; cependant la
chose n’est pas impossible.
Et, d’abord, il faut reconnaître,
pour les en louer, que les fabricants
ont fait preuve d’une habileté con
sommée. Les impressions, l’apprêt,
les couleurs de ces tissus faits d’une
matière si peu précieuse sont vrai
ment ahurissantes. Ce n’est guère
qu’au toucher que l’on réalise
qu’on n’a point affaire aux belles
étoffes de jadis. Et comme lesdits
fabricants ont su rendre infrois
sables leurs .nouvelles créations, on
n’hésite plus à leur faire bon
accueil.
Si, donc, l’on posède une jupe
taillée dans l’une de ces récentes
venues, on aura le choix, pour réa
liser la blouse, le petit paletot, la
veste destinés à l’accompagner, en
tre la plus claire ou la plus foncée
des nuances qui se trouvent dans
l’imprimé. De ce choix pourra dé
pendre le degré d’élégance donné
à l’ensemble. Autant il est à recom
mander de recourir pour la jupe
de lainage fantaisie ou de couleur
unie, à la ligne droite, c’est-à-dire
à la coupe du tailleur classique, au
tant il est souhaitable de choisir,
pour la jupe en imprimé, un mo
dèle assez ample, que ila largeur soit
donnée par des godets ou par des
plis.
Il n’est pas douteux que, pour la
facilité des combinaisons destinées
à multiplier les apparences diverses
de la toilette, mieux vaut avoir
affaire à une jupe indépendante —
sans compter que l’on peut très
bien réaliser une robe entière avec
un corsage indépendant lui aussi.
Cependant, s’il n’en était pas ainsi,
rien ne serait perdu : un grand col
genre pèlerine courte ou un jeu de
revers et une large ceinture drapée
autour des hanches suffiraient pour
transformer la robe. Dans ce cas,
l’on choisirait un tissu qui tranche
nettement sur la ou les couleurs de
ladite robe.
Est-il besoin de dire que l’en
semble aurait d’autant plus d’allure
que l’on se serait donné la peine
d’assortir, à la garniture, les chaus
sures, les gants, le sac, le cas
échéant, le chapeau. Etant donné
que le noir figure parmi les couleurs
susceptibles de s’harmoniser avec
celles de la robe, quelles qu’elles
soient, on avouera volontiers qu’il
n’est pas très difficile d’obtenir
d’heureux résultats.
CLEMATITE.
N otre cher Saiiil-Gerraain,
celui qu’aimait Giraudoux
et que Léo Larguier pros
pecte, chaque jour, de sa
lente démarche de montagnard
déraciné ! Il n’est pas un auteur
français de notre temps qui ne se
soit assis sur les banquettes des
« Deux Magots », du « Flore »,
du « Lipp ». Qu’on le veuille ou
non, il souffle la un air qu’on ne
respire pas ailleurs. Du vieux clo
cher quadrangulaire si joliment
équarri dans le ciel d’ile-de-
France, il tombe sur la place et
les maisons d’alentour une har
monie qui s’impose, -simple et
grande, au couchant estival com
me aux spirs brumeux d’octobre.
Ce Sain t-Germain-des-P rés si
lucide et français, certains le dé
couvrent maintenant et veulent
lui prêter'une fantaisie burlesque
qui ne cadre pas avec l’équilibre
des lieux et des souvenirs. Pour
tant les théories les plus fracas
santes se sont apaisées dans cette
atmosphère française. Comme si
l’ombre de Boileau veillait enco
re, non loin, même les trompettes
de « Dada », même les floraisons
sublunaires et oniriques du Sur
réalisme se sont ouatées là d’un
cordial silence, imprégnées d’une
tendresse latente et purgées de
leurs maléfices trop criards.
Les meneurs de jeu ont parti
cipé de cette décantation. André
Breton a toujours son profil olym
pien, mais il faut être un initié
pour suivre la trame de son rêve
dans ses yeux noyés de songe
parmi ses admirateurs pressés au
tour de lui sur les banquettes.
Le vrai visage littéraire de Saint-
Germain-des-Prés, il est bien loin
de ces éclats qu’une jeunesse
bruyante, pour ne pas dire inter
lope, voudrait lui conférer.
Je n’oublie pas les tenues ou-,
trancières, ni les orchestres nè
gres, ni les ébats nocturnes dans
\ les « caves ». Mais nous ne som
mes plus au grand air de'Paris
avec ces exhibitions. Ces ébats
souterrains qu’on voudrait élever
à l’état de mythes peuvent inté
resser les amateurs de chorégra
phies excentriques mais n’ont rien
à voir avec la poésie vivante et
dynamique de Saint-Germain.
Ceux qui cuvent leurs œuvres
dans les cafés méditatifs d’allure
même lorsque les fumées de l’apé
ritif exaltent les propos, ils sont
bien loin des pauvres êtres qui
n’ont que des outrances de tenue
ou des ferveurs pour se distin
guer.
J’en appelle aux familiers du
coin, à ceux qui, depuis des an
nées, se sont complus à la poésie
de ce carrefour d’élection, le
S a 1 n t - G e r m a i n - d e s - P r é s véridique
est aussi sérieux que l’était le rtir
nastère de ce nom.
D’un sérieux toujours envelon.
pant, quelles que soient les cir
constances, mais qui garde à
sourire des cénobites en l'ace dp
leurs rêves, beaucoup plus joveuv
que certains pensent, et extasiés
pour tout dire, aux visions^ dp’
ciel qui les ravissent.
N’est-ce pas, Rosita, que c’est
ainsi que vous voyez l’atmosphère
des « Deux Magots » ou di
« Flore » lorsque les propos vont
plus loin que les rêves ne sem
bleraient l’indiquer, la pensée de
l’œuvre ne quittant jamais cenv
qui parlent et dominant tout ?
Au lieu de légèreté, c’est de n,.,.
sistance anxieuse qu’il s’agit p 0u ~
les vrais lidèles de Saint-Ger-
main-des-Prés, d’une constant
qui ne se dément jamais et vous
enveloppe de son obsession.
... Loin de PariS, face aux cam
pagnes d’Üc où crépite le soleil
estival, j’aperçois mieux encore le
charme discret de ce quartier si
propice aux artistes. On s’arrête
à la devanture d’une galerie pour
goûter une toile. Ou bien c’est un
beau livre qui vous offre le luxe
de ses images et de ses mots. Ou
encore, tout simplement, vous res,
pirez la douceur excitante tom
bée du ciel amical.
Et vous avez l’ami qui vous
attend, les mains pleines de jour
naux, l’âme pleine de paradoxes
parmi lesquels l’idée originale ne
demande qu’à germer au feu de
la conversation pour se fixer en
suite avec son pouvoir de séduc
tion irrépressible.
Puis, rien ne vous empêche
d’être seul lorsque vous le souhai
tez. 11 vous est possible de vous
isoler comme vous feriez dans la
forêt des rêves. Personne ne dé
rangera votre méditation. Nous
sommes loin, ici, de la cohue des
boulevards ou même de l’osten
tation plus ou moins frelatée des
Champs-Elysées. Peut-être l’in
fluence encore vivante de Racine
qui vit son univers terrestre se
clore dans une rue voisine. Plu
tôt la décantation impalpable de
Par^s qui a fixé là, à l’ombre du
clocher si droit et si simple, spn
filtre le plus efficace.
Les novices peuvent croire qu’on
y débite les poudres miraculeuses
nécessaires aux charlatans. En
réalité, c’est de mise au, point
qu’il s’agit surtout, de clarté à at
teindre dans le rare 'et le fort,
d’un édifice à construire dont tou
tes les parties s’équilibreront dans
l’harmonie, avec la distinction de
la petite place, si humble et si
prenante, du clocher si humain,
du ciel unique et qui sourit avec
ia même distinction qu’il avait.
jadis, sur les prés de l’abbaye.
'ffcslcalc&mes
O Catalanes, qui gardez sur vos visages
La noblesse romaine et l’ardente pâleur
Dont notre mer latine aux éclatants rivages
A, par ses reflets d’or, patiné vos couleurs ;
A vous, en qui le geste et l’allure hautaine
Des Sarrazines qui venaient à vos fontaines.
Après plus de mille ans paraît revivre encor
Et baiance à jamais le rythme de vos corps ;
A vous de qui les mains belles et nonchalantes
Semblent les mains des Espagnoles de jadis,
Qui vous portèrent, de Grenade ou de Cadix,
Le secret de leur grâce impérieuse et lente ;
Mais surtout, mais surtout à vous dont la bonté
Fait que la lutte ardente ou ia haine s’apaise
Et dont chacun de nous tant de fois a goûté
La franchise charmante et simple de Françaises,
Je voudrais, comme on offre à des reines, offrir
Les plus riches grenats sertis par nos orfèvres
Et ces divines fleurs, douces comme vos lèvres,
Qui brillent de Collioure aux forêts de Caprir,
Mais je n’ai rien ! L’exil du pays me condamne
A n’avoir de chez nous ni bouquet, ni joyau.
Et cependant je ne veux pas, ô Catalanes,
Vous laisser repartir sans vous faire un cadeau.
Alors mes fleurs, les fleurs que ce soir je vous jette
Ce sont les mots dorés que j’ai choisis pour vous,
Et je vous donne encore, en place de bijoux.
Ce grenat clair et pur qu’est cœur de poete .
Henry NOELL-
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