LES ESCLAVES DE PARIi
Ah! si le patron voulait, continua-t-il, je donnerais aux Français le goûl
de la bonne musique. Mais non. il n'est pas artiste. N'it-t-il pas failli me jetei
dehors pour avoir seriné à mes élèves un air d'uu de mes opéras 1.
Le temps passait, mais le père Tantaine ne s'ennuyait pas.
– Comment. de vos opéras? interrogoa-t-il.
– Oui répondit Poluche d'un tout autre ton qu'il avait eu jusqu'alors. îl n'esl
pas un théâtre qui n'ait dans ses cartons un opéra de moi. Un de mes amis, qui
était poète, et qui est devenu fou à force de boire de l'absinthe, me composait
des livrets sublimes! Oh! ne riez pas. J'ai eu, tel que vous me voyez, un pri\
au Conservatoire. J'ai eu des illusions, je voulais être célèbre et être aimé Je
buvais de l'eau claire et je travaillais la nuit! Un jour pourtant je me suis
lassé de danser devant le buffet de la gloire, et j'ai cherché des leçons. Hélas
je suis si ridicule et si laid qu'on ne voulait pas de moi dans les pensionnats. Je
mourais de faim quand j'ai recontré le bourgeois. Il m'a tenté, j'ai succombé. J'ai
cinq francs par jour de fixe et deux sous par élève. Je fais un métier ignoble,
je me méprise, mais je mange I.
Il s'interrompit tout à coup et prêta l'oreille d'un air inquint.
Voici le bourgeois! fit-il j'ai reconnu son pas. Si vous voulez lui parler,
de.iooudous il ue moute jamais, l'escalier lui fait peur
XXII
Voir ce marchand de renseignement'! que Peluche appelle « le bourgeois, » H
qui glorifie le nom de Perpignan, c'est le juger.
Impossible de se méprendre à cette superbe nature de gredin où il se trouve
h la fois du charlatan, du garçon coiffeur, du mouchard et du maquignon.
Perpignan est un petit homme apoplectique, très gros, trop court, fort rougn,
à la lèvre impudente et à l'œil cynique.
11 est toujours trop bien mis. On jurerait qu'il vient de voler à la devantur
d'un bijoutier ses bagues, ses chaînes et ses breloques.
Parle-t-il, test des profondeurs de son ventre, siège de ses pensées, qu'il tin'
sa forte voix de basse, dont il se plaît à exagérer le volume.
Tel, effrayant en sa vulgarité, apparut l'ancien cuisinier au bon père Tantainu
qui descendait à la suite du patient professeur, le dangereux escalier.
Ah! si le patron voulait, continua-t-il, je donnerais aux Français le goûl
de la bonne musique. Mais non. il n'est pas artiste. N'it-t-il pas failli me jetei
dehors pour avoir seriné à mes élèves un air d'uu de mes opéras 1.
Le temps passait, mais le père Tantaine ne s'ennuyait pas.
– Comment. de vos opéras? interrogoa-t-il.
– Oui répondit Poluche d'un tout autre ton qu'il avait eu jusqu'alors. îl n'esl
pas un théâtre qui n'ait dans ses cartons un opéra de moi. Un de mes amis, qui
était poète, et qui est devenu fou à force de boire de l'absinthe, me composait
des livrets sublimes! Oh! ne riez pas. J'ai eu, tel que vous me voyez, un pri\
au Conservatoire. J'ai eu des illusions, je voulais être célèbre et être aimé Je
buvais de l'eau claire et je travaillais la nuit! Un jour pourtant je me suis
lassé de danser devant le buffet de la gloire, et j'ai cherché des leçons. Hélas
je suis si ridicule et si laid qu'on ne voulait pas de moi dans les pensionnats. Je
mourais de faim quand j'ai recontré le bourgeois. Il m'a tenté, j'ai succombé. J'ai
cinq francs par jour de fixe et deux sous par élève. Je fais un métier ignoble,
je me méprise, mais je mange I.
Il s'interrompit tout à coup et prêta l'oreille d'un air inquint.
Voici le bourgeois! fit-il j'ai reconnu son pas. Si vous voulez lui parler,
de.iooudous il ue moute jamais, l'escalier lui fait peur
XXII
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qui glorifie le nom de Perpignan, c'est le juger.
Impossible de se méprendre à cette superbe nature de gredin où il se trouve
h la fois du charlatan, du garçon coiffeur, du mouchard et du maquignon.
Perpignan est un petit homme apoplectique, très gros, trop court, fort rougn,
à la lèvre impudente et à l'œil cynique.
11 est toujours trop bien mis. On jurerait qu'il vient de voler à la devantur
d'un bijoutier ses bagues, ses chaînes et ses breloques.
Parle-t-il, test des profondeurs de son ventre, siège de ses pensées, qu'il tin'
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