LE CHANTAGE
émotion, et ses yeux, en s'arrfitant sur Paul, qui s'inclinait devant elle, expri-
maient une indifférence parfaite.
M. Martin-Rigal ne s'attendait certes ni à tant d'énergie ni à tant de réserve.
Mais Flavie avait médité ses dernières paroles et compris lour justesse. Placée
assez loiu de Paul, à table, elle eut le courage de s'abstenir de le regarder.
Après le dîner seulement, lorsque les tables de whist furent organisées, Flavie
osa s'approcher de Paul et d'une voix tremblante, elle lui demanda de faire
entendre au piano quelquesunes do ses compositions.
Paul était médiocre exécutant; sa musiquo ne valait pas grand'chose, et pour-
tant Flavie l'écoutait avec un recueillement béatifique comme si Dieu lui eût
envoyé un de ses anges pour lui donner une idée des symphonies célestes.
Assis l'un près de l'autre, M. Martin-Rigal et le docteur Ilortebize suivaient
d'un regard plein de sollicitude les émotions de la jeune fille.
Comme elle l'aime! murmurait le banquier, et ne savoir au juste les
pansées de ce garnement, qui certes uo se doute pas de son bonheur 1
– Bast! Mascarot le confessera demam.
Le banquier ne répondit pas.
Je crois que demain, reprit le docteur, ce cher Baptistin aura diablement de
l'occupation. A dix heures, conseil général. Njus verrons donc enfin le fond du
sac de notre ami Catenac. Je suis curieux aussi dc voir quelle figure fera le mar-
quis de Croisenois quand on lui apprendra ce qu'on attend de lui.
Cependant, l'heure s'avançait, et les invités se rôtiraient un à un.
Le docteur fit uu signe à son protégé, et ils sortirent ensemble.
Flavie, ainsi qu'elle l'avait promis, avait été si bonne comédienne, que Paul se
demandait s'il devait croiro et espérer.
XV
Lorsque B. Mascarot réunit en conseil ses honorables associés, Beaumarchef a
l'habitude de revêtir ce qu'il nomme sa « grande tenue. »
Outre que très souvent il est appelé pour donner des renseignements et qu'il
tient à paraître avec tous ses avantages, il a la vénération innée de la hiérarchie,
et sait ce qu'on doit ses supérieurs.
Il garde pour ces occasions solennelles, lo plus beau do ses pantalons à la
émotion, et ses yeux, en s'arrfitant sur Paul, qui s'inclinait devant elle, expri-
maient une indifférence parfaite.
M. Martin-Rigal ne s'attendait certes ni à tant d'énergie ni à tant de réserve.
Mais Flavie avait médité ses dernières paroles et compris lour justesse. Placée
assez loiu de Paul, à table, elle eut le courage de s'abstenir de le regarder.
Après le dîner seulement, lorsque les tables de whist furent organisées, Flavie
osa s'approcher de Paul et d'une voix tremblante, elle lui demanda de faire
entendre au piano quelquesunes do ses compositions.
Paul était médiocre exécutant; sa musiquo ne valait pas grand'chose, et pour-
tant Flavie l'écoutait avec un recueillement béatifique comme si Dieu lui eût
envoyé un de ses anges pour lui donner une idée des symphonies célestes.
Assis l'un près de l'autre, M. Martin-Rigal et le docteur Ilortebize suivaient
d'un regard plein de sollicitude les émotions de la jeune fille.
Comme elle l'aime! murmurait le banquier, et ne savoir au juste les
pansées de ce garnement, qui certes uo se doute pas de son bonheur 1
– Bast! Mascarot le confessera demam.
Le banquier ne répondit pas.
Je crois que demain, reprit le docteur, ce cher Baptistin aura diablement de
l'occupation. A dix heures, conseil général. Njus verrons donc enfin le fond du
sac de notre ami Catenac. Je suis curieux aussi dc voir quelle figure fera le mar-
quis de Croisenois quand on lui apprendra ce qu'on attend de lui.
Cependant, l'heure s'avançait, et les invités se rôtiraient un à un.
Le docteur fit uu signe à son protégé, et ils sortirent ensemble.
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demandait s'il devait croiro et espérer.
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Il garde pour ces occasions solennelles, lo plus beau do ses pantalons à la
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