Corymbe : cahiers littéraires / dir. Noël Santon

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246 pages

Titre : Corymbe : cahiers littéraires / dir. Noël Santon

Éditeur : [s.n.] (Saint-Julien-de-L'Escap)

Éditeur : [s.n.][s.n.] (Saint-Jean-d'Angély)

Date d'édition : 1937-07-01

Contributeur : Santon, Noël (1900-1958). Directeur de publication

Contributeur : Leprohon, Pierre (1903-1993). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327492968

Type : texte texte

Type : publication en série imprimée publication en série imprimée

Langue : français

Description : 01 juillet 1937 01 juillet 1937

Description : 1937/07/01 (A7,N37A42)-1938/06/30. 1937/07/01 (A7,N37A42)-1938/06/30.

Droits : Consultable en ligne

Identifiant : ark:/12148/bpt6k11586433

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-27868

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 08/08/2014

Hommage à une souveraine

Si l’on me demandait quels sont les yeux les plus extraordinaires
qu’il m’a été donné de rencontrer jusqu’ici, je répondrais : les
yeux d’aurore humide et bleue de Sarah Bemhardt, les rieurs
yeux verts de Rachilde la Satané, les grands yeux triangulaires
de Colette la Féline, les yeux de nuit ardente et tragique, et qui
semblent souffrir d’un sombre excès de vision, de Lucie Delarue-
Mardrus...
Elle-même en a dit, dans un de ces vers aux longues résonan
ces qui abondent en son œuvre lyrique :
Mes yeux épouvantés, noirs et silencieux
Qui a vu une fois ces yeux-là ne les oubliera plus. Qui a le bon
heur de les contempler souvent, n’en épuise pas le mystère et ne
les interroge pas sans trouble. Car leur ombre brûle avec une inten
sité panique à la très secrète frontière où se fondent la contem
plation du monde intérieur et la compréhension du monde exté
rieur, au foyer même du génie en proie à une perpétuelle création.

Je la vis pour la première fois à l’époque où jeunes toutes deux,
nous happions la vie avec ivresse. Je devinai immédiatement
qu’elle ne ressemblait à aucune autre, qu’elle était l’égale des
plus grandes, que l’on entrait avec elle dans le royaume des fées
et que l’on ne pouvait la comprendre qu’à travers la plus fabu
leuse poésie. Depuis je n’ai cessé de suivre son ascension brillante,
rapide et continue.
Elle venait alors de débuter dans les Lettres par deux recueils
poétiques, Occident, Ferveur, et par un roman, Marie, fille-mère.
Ces livres dénonçaient une originalité puissante, une singulière
maîtrise verbale, et le pouvoir de féconder l’un par l’autre :
romantisme et réalisme.
Le grand public la connaissait déjà par ses contes du Journal.
Et déjà les philistins s’effarouchaient. Un tempérament neuf, une
nature hardie ne s’affirment pas impunément ! Quel grand artiste
n’a suscité, lors de son apparition, pareils protestataires ? De
bon augure, l’hostilité des médiocres. Il fallait pourtant être bien
dur d’oreille, et d’âme fermée, pour ne pas écouter avec ravisse-

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