Titre : La Caricature morale, politique et littéraire / A. Audibert, rédacteur en chef ; [directeur : Ch. Philipon]
Éditeur : Aubert (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1832-02-16
Contributeur : Philipon, Charles (1800-1862). Directeur de publication
Contributeur : Audibert, Auguste (18..?-1832). Rédacteur
Contributeur : Desnoyers, Louis (1802-1868). Rédacteur
Contributeur : Gonzalès, Emmanuel (1815-1887). Directeur de publication
Contributeur : Huart, Louis (1813-1865). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344523348
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4371 Nombre total de vues : 4371
Description : 16 février 1832 16 février 1832
Description : 1832/02/16 (T3,N68). 1832/02/16 (T3,N68).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1048914w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES FOL-LC2-2828, Z-1643-1646
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/09/2013
LA CARICATURE.
541 —
neussé-je pas écrit un article. Mais non , pour la moindre bêtise ,
pour un schakot placé à rebours, un pantalon mis à l’envers, pour un
bouton absent, pour un mot sous les armes, un faux pas dans les
rangs, il se met dans des colères tout homériques. C’est beau, mais
c’est blessant ; un jour ou l’autre quelque langue affilée le lui fera
bien voir : déjà même, chose pareille est advenue, je ne sais point si
c’est à lui. Voici le fait : Un bizet se présente quelques minutes trop
tard. —« F....! lui vocifère le chef, on doit venir à l’heure! Je
n’aime pas les tortues ! » —«Monsieur, lui répond le bizet, si la
tortue vient un peu tard , c’est qu’elle s’occupait à gagner votre vie. »
Le chef rougit à ce propos ; il voulut feindre de sourire, mais son
sourire, qu'alongeait le dépit, fit le tour de sa tête ; ce qui l'empêcha
ce jour-là de commander lui-même la manœuvre.
Non, non, je vous le dis, je conçois l’épicier. Dieu dit jadis : fiat
lux, et lux fuit: que la lumière soit, et la lumière fut. Ce qui fait
que nous avons quatorze heures de nuit, et que certaines peuplades
n’y voient clair que six mois de l’année. L’épicier était donc néces
saire , qui nous vendît de la chandelle et de l’huile à quinquet ; l'épi-
cier était donc dans la prévision éternelle de Dieu ; c’est le complé
ment de la parole toute puissante; c’est le verbe fait graisse, fait
mèche, fait luminaire; c’est du soleil patenté, de la lune établie;
c’est de la Providence en boutique.
Je conçois le secrétaire, le tailleur, le savetier et le marchand de
brioches. Dieu dit à l’homme : « Tu es le roi de la création ; pense et
marche. » Ce qui fait qu’il y a tant de Béotiens qui ne pensent pas ,
que l’homme eut la fringale, qu’il grelotta et qu’il lui vint des duril
lons aux pieds.
Je conçois, pour des motifs de même sorte , les rois , les espions et
les sergens de ville. Dieu a dit à l'homme : « Sois libre. » D’où les véri
tés politiques et les monarques populaires.
Je conçois les voleurs ; car Dieu a dit à l’homme : « La terre t’ap
partient. »
Je conçois certaines princesses ; car Dieu a dit : Crescite et multi-
plicamini.
Je conçois le journaliste, car il y a des rois et des Lancelot.
Je conçois l’arracheur de dents, l’ambassadeur, le scrofuleux, le
conseiller d’état, le rampailleur de chaises , le ministre, le rhinocé
ros , l’assommeur, le procureur du roi et le chien enragé.
Je conçois le vidangeur, j’en sens même l’utilité.
Je conçois tout enfin, dans ce meilleur des mondes, tout, — excepté
M. Lancelot.
L. DERVILLE.
lanches.
542 —
2 0 7 ' -
gligé de remplir ceux qui, pendant trois jours, en eurent les clés
dans la main... C’est qu’ils ne nourrissaient que des pensées de liberté
les braves’.... —Et aujourd’hui.... aujourd’hui, combien il serait
surpris, celui qui, après avoir quitté la France en août 1830 et de
mandant qui occupa ces cages pendant son absence, recevrait ces
noms par réponse : Marrast! Lcnnox! Bascans! Barthélemy ! Thouret’
Trélat! Raspail! Cavaignac! Sarrut! Philipon ! et tant d’autres en
core que leur nombre empêche de compter ’!! Mais M. Thiers appelle
cela gouverner aux oiseaux.
Némésis.
L’ARMEE PONTIFICALE.
.... Quels soldats! Jamais sentine de galère
Ou chaîne de forçats défilant deux à deux,
Sur le chemin d’un port, n’en vit de plus hideux.
C’étaient des spadassins qui portent sur leur face
Ce teint cadavéreux que nul soleil n’efface;
Des Reîtres vagabonds , de bas aventuriers
Qui sur les grands chemins vont cueillir des lauriers;
Des héros vendéens, experts en embuscades ;
Des Suisses, tout brûlés du feu des barricades ;
Des brari redoutés, de Galâbre venus ,
Sur la pointe des rocs bondissant à pieds nus ;
Des bandits, qui chargeant l’espingole assassine,
Attendent les mylords de Naple à Terracine ;
De sauvages brigands armés de coutelas ;
Des Sigisbés vieillis, des Gitons de prélats,
Posthumes héritiers des cinq villes maudites,
Pour les chances des nuits hideux hermaphrodites :
Voilà ceux que le Pape, en style officiel,
Dans Rome a proclamés les défenseurs du ciel!!!
Jantaisies.
CONTES BRUNS,
—- No 157. —
Qué têtes ! Telle est l’exclamation générale qu’arrachait la vue des
deux personnages dont nous retraçons ici le fidèle croquis. Chacun se
questionnait sur la bizarrerie de leur forme, la singularité de leur
tournure; les uns prétendaient se rappeler les avoir déjà vus quelque
part; d’autres assuraient que c’était ï homme-légume des Funambules
qui se promenait avec Débureau; mais tous s’accordaient sur un
même point ; c’est que, si la transformation est originale, elle n’est
guère gracieuse. Quant à nous, partisans de tous les genres de
liberté, nous croyons que c’est un nouveau costume qu’a créé l’épo
que joyeuse du carnaval, et cela seul nous le fait respecter.
— No 158. —
Le marchand de cages. —Sainte-Pélagie, la Force, la Concier
gerie , Pôissy, Clamart , Bicêtre, voilà des noms de cages qu’ont né-
PAR UNE TÈTE A L’ENVERS,
Un volume in-8°, orné de vignettes; chez URBAIN CANEL et GUYOT. Prix : 7 fr. 50 c.
Ils étaient trois, avec de l’esprit comme quatre ; trois anonymes,
ayant noms Châles, Balzac et Rabou , qui avaient fait des contes. Ils
les appelèrent bruns, sans doute pour satisfaire aux lois de la couleur
locale; restait à présenter les trois chefs sous le même bonnet, on si
gna d’une tête à l’envers; puis, de cette réunion de travaux épars,
dont chacun des auteurs ne dut faire qu’une bouchée, il est résulté
pour le public un délicieux morceau de littérature, un volume a
formes bizarres, à détails altachans , parfumé de ce cynisme de bon
goût qu’il n’appartient qu’à la supériorité d’afficher.
Tout d’abord , félicitons Messieurs des Contes bruns de n’avoir point
glissé dans quelque coin de leur titre le mot fantastique programme
vulgaire d’un genre encore dans toute sa nouveauté , il est vrai, mais
541 —
neussé-je pas écrit un article. Mais non , pour la moindre bêtise ,
pour un schakot placé à rebours, un pantalon mis à l’envers, pour un
bouton absent, pour un mot sous les armes, un faux pas dans les
rangs, il se met dans des colères tout homériques. C’est beau, mais
c’est blessant ; un jour ou l’autre quelque langue affilée le lui fera
bien voir : déjà même, chose pareille est advenue, je ne sais point si
c’est à lui. Voici le fait : Un bizet se présente quelques minutes trop
tard. —« F....! lui vocifère le chef, on doit venir à l’heure! Je
n’aime pas les tortues ! » —«Monsieur, lui répond le bizet, si la
tortue vient un peu tard , c’est qu’elle s’occupait à gagner votre vie. »
Le chef rougit à ce propos ; il voulut feindre de sourire, mais son
sourire, qu'alongeait le dépit, fit le tour de sa tête ; ce qui l'empêcha
ce jour-là de commander lui-même la manœuvre.
Non, non, je vous le dis, je conçois l’épicier. Dieu dit jadis : fiat
lux, et lux fuit: que la lumière soit, et la lumière fut. Ce qui fait
que nous avons quatorze heures de nuit, et que certaines peuplades
n’y voient clair que six mois de l’année. L’épicier était donc néces
saire , qui nous vendît de la chandelle et de l’huile à quinquet ; l'épi-
cier était donc dans la prévision éternelle de Dieu ; c’est le complé
ment de la parole toute puissante; c’est le verbe fait graisse, fait
mèche, fait luminaire; c’est du soleil patenté, de la lune établie;
c’est de la Providence en boutique.
Je conçois le secrétaire, le tailleur, le savetier et le marchand de
brioches. Dieu dit à l’homme : « Tu es le roi de la création ; pense et
marche. » Ce qui fait qu’il y a tant de Béotiens qui ne pensent pas ,
que l’homme eut la fringale, qu’il grelotta et qu’il lui vint des duril
lons aux pieds.
Je conçois, pour des motifs de même sorte , les rois , les espions et
les sergens de ville. Dieu a dit à l'homme : « Sois libre. » D’où les véri
tés politiques et les monarques populaires.
Je conçois les voleurs ; car Dieu a dit à l’homme : « La terre t’ap
partient. »
Je conçois certaines princesses ; car Dieu a dit : Crescite et multi-
plicamini.
Je conçois le journaliste, car il y a des rois et des Lancelot.
Je conçois l’arracheur de dents, l’ambassadeur, le scrofuleux, le
conseiller d’état, le rampailleur de chaises , le ministre, le rhinocé
ros , l’assommeur, le procureur du roi et le chien enragé.
Je conçois le vidangeur, j’en sens même l’utilité.
Je conçois tout enfin, dans ce meilleur des mondes, tout, — excepté
M. Lancelot.
L. DERVILLE.
lanches.
542 —
2 0 7 ' -
gligé de remplir ceux qui, pendant trois jours, en eurent les clés
dans la main... C’est qu’ils ne nourrissaient que des pensées de liberté
les braves’.... —Et aujourd’hui.... aujourd’hui, combien il serait
surpris, celui qui, après avoir quitté la France en août 1830 et de
mandant qui occupa ces cages pendant son absence, recevrait ces
noms par réponse : Marrast! Lcnnox! Bascans! Barthélemy ! Thouret’
Trélat! Raspail! Cavaignac! Sarrut! Philipon ! et tant d’autres en
core que leur nombre empêche de compter ’!! Mais M. Thiers appelle
cela gouverner aux oiseaux.
Némésis.
L’ARMEE PONTIFICALE.
.... Quels soldats! Jamais sentine de galère
Ou chaîne de forçats défilant deux à deux,
Sur le chemin d’un port, n’en vit de plus hideux.
C’étaient des spadassins qui portent sur leur face
Ce teint cadavéreux que nul soleil n’efface;
Des Reîtres vagabonds , de bas aventuriers
Qui sur les grands chemins vont cueillir des lauriers;
Des héros vendéens, experts en embuscades ;
Des Suisses, tout brûlés du feu des barricades ;
Des brari redoutés, de Galâbre venus ,
Sur la pointe des rocs bondissant à pieds nus ;
Des bandits, qui chargeant l’espingole assassine,
Attendent les mylords de Naple à Terracine ;
De sauvages brigands armés de coutelas ;
Des Sigisbés vieillis, des Gitons de prélats,
Posthumes héritiers des cinq villes maudites,
Pour les chances des nuits hideux hermaphrodites :
Voilà ceux que le Pape, en style officiel,
Dans Rome a proclamés les défenseurs du ciel!!!
Jantaisies.
CONTES BRUNS,
—- No 157. —
Qué têtes ! Telle est l’exclamation générale qu’arrachait la vue des
deux personnages dont nous retraçons ici le fidèle croquis. Chacun se
questionnait sur la bizarrerie de leur forme, la singularité de leur
tournure; les uns prétendaient se rappeler les avoir déjà vus quelque
part; d’autres assuraient que c’était ï homme-légume des Funambules
qui se promenait avec Débureau; mais tous s’accordaient sur un
même point ; c’est que, si la transformation est originale, elle n’est
guère gracieuse. Quant à nous, partisans de tous les genres de
liberté, nous croyons que c’est un nouveau costume qu’a créé l’épo
que joyeuse du carnaval, et cela seul nous le fait respecter.
— No 158. —
Le marchand de cages. —Sainte-Pélagie, la Force, la Concier
gerie , Pôissy, Clamart , Bicêtre, voilà des noms de cages qu’ont né-
PAR UNE TÈTE A L’ENVERS,
Un volume in-8°, orné de vignettes; chez URBAIN CANEL et GUYOT. Prix : 7 fr. 50 c.
Ils étaient trois, avec de l’esprit comme quatre ; trois anonymes,
ayant noms Châles, Balzac et Rabou , qui avaient fait des contes. Ils
les appelèrent bruns, sans doute pour satisfaire aux lois de la couleur
locale; restait à présenter les trois chefs sous le même bonnet, on si
gna d’une tête à l’envers; puis, de cette réunion de travaux épars,
dont chacun des auteurs ne dut faire qu’une bouchée, il est résulté
pour le public un délicieux morceau de littérature, un volume a
formes bizarres, à détails altachans , parfumé de ce cynisme de bon
goût qu’il n’appartient qu’à la supériorité d’afficher.
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